Tag: le MAS

  • MANIFESTATION ANTI-NSV

    MANIFESTEZ AVEC NOUS

  • Contre le racisme!
  • Contre la politique antisociale!
  • 2 décembre > 19h > Gand (Zuid)

    LE NSV DÉFILERA le 2 décembre dans les rues de Gand. Le NSV est l’organisation étudiante du Vlaams Blok. Le Vlaams Blok a beau démentir tout lien avec le NSV, celui-ci n’en est pas moins le lieu de formation par excellence des futurs mandataires du Vlaams Blok. Le NSV peut se permettre d’être plus radical et on ne s’y embarrasse pas de précautions de langage en matière de racisme et de sexisme.

    Koenraad Depauw

    Qu’on en juge par l’article qu’ils ont publié dans leur journal sous le titre «L’égalité, un mythe». Ils y soutiennent que la boîte crânienne des gens de couleur est plus petite que celle des Blancs. Le NSV n’hésite pas non plus à utiliser la violence contre les immigrés, les réfugiés et les adversaires politiques. Le fait que des dirigeants du Vlaams Blok de premier plan comme Filip Dewinter et Frank Van Hecke y aient joué un rôle important lorsqu’ils étaient étudiants ne relève pas du hasard. Aujourd’hui encore, les membres du NSV se retrouvent au Vlaams Blok après leurs études.

    Pourquoi manifester contre le racisme et le NSV?

    Cette contre-manifestation a un double objectif. Une première raison de manifester est la violence dont le NSV est coutumier. La manif du NSV commence et se termine dans le quartier le plus animé de Gand. Il ne fera pas bon ce soir-là de se trouver dans les parages si on est un immigré, un réfugié ou un adversaire politique.

    Les fois précédentes, la contre-manifestation était tellement grande qu’elle a pu bloquer pacifiquement la manif du NSV de telle sorte qu’ils ont dû remonter dans leurs bus bien plus tôt que prévu. Nous voulons prévenir toute velléité de violence le 2 décembre par notre majorité numérique. C’est pourquoi nous organisons une contre-manifestation au lieu d’une «fête multiculturelle» ou d’une action ludique. Voilà pourquoi nous vous demandons de manifester avec nous, de participer à la campagne et de nous soutenir!

    Le Vlaams Blok fait 22% des voix à Gand. Nous pensons qu’on ne peut combattre le Vlaams Blok et le racisme qu’avec un programme social. C’est ce que fera le MAS le 2 décembre. Nous devons lutter pour des investissements massifs dans le logement social. Le coût élevé du logement est une des principales causes de la pauvreté en Belgique. Le MAS est pour la répartition du travail disponible entre tous sur base d’une réduction du temps de travail avec maintien du salaire. C’est la seule solution au problème du chômage. Nous pensons que la croissance du Vlaams Blok n’est pas due au manque de civisme ou à l’étroitesse d’esprit des Flamands. Le Blok prospère dans le climat de mécontentement général qui trouve sa source dans la politique néo-libérale antisociale des partis traditionnels. Par conséquent, seule une opposition de gauche à la politique de droite peut faire perdre du terrain au Vlaams Blok. Cela ne se manifestera pas en premier lieu dans les élections, mais dans la rue, dans les entreprises, dans la lutte sociale. C’est le message que nous voulons diffuser. Le Vlaams Blok n’est pas plus à même de résoudre les problèmes des petites gens que les partis traditionnels. Nous voulons aussi en convaincre les électeurs du Vlaams Blok.

  • STIB. La base est en ébullition

    STIB

    LES TRAVAILLEURS de la STIB (métro, tram, bus bruxellois) en sont assez des mauvaises conditions de travail. Coup sur coup, les travailleurs de tous les dépôts ont paralysé l’ensemble du réseau les vendredi 22 et 29 octobre ainsi que le vendredi 5 novembre. De plus, les conducteurs du dépôt de Molenbeek ont arrêté le travail le 27 octobre à la suite d’une agression contre un conducteur. Leurs collègues des dépôts de bus de Haren et de Delta ont suivi le mouvement le lendemain 28 octobre.

    Guy Van Sinoy

    DÉTÉRIORATION GÉNÉRALE DES CONDITIONS DE TRAVAIL

    La direction de la STIB entend gérer ce service public comme une entreprise capitaliste: faire rouler le maximum de véhicules avec le moins de conducteurs possible et encaisser un maximum de recettes. Il en résulte une détérioration grave des conditions de travail.

    Par manque de personnel il devient difficile de prendre congé. Sur certaines lignes, des services sont même supprimés faute de conducteurs en nombre suffisant. Les temps de parcours sont calculés au plus juste: coincés dans la circulation et à la merci du moindre incident de parcours, les conducteurs de bus et de tram accumulent du retard et n’ont plus la possibilité de prendre leur pause de 20 minutes pourtant prévue à l’horaire. De surcroît, pour augmenter les recettes, la STIB a instauré depuis plusieurs mois la montée à l’avant dans les bus: cela occasionne de nombreux retards et des incidents fréquents avec des passagers.

    Prétextant la difficulté de recruter des conducteurs, la direction de la STIB a tenté de faire rouler certains bus (bus scolaires, services spéciaux) en ayant recours à une agence d’intérim! Dans les ateliers d’entretien et de réparation il manque aussi du personnel. Certains ser vices (restaurants, usinage et fabrication de pièces,…) ont abondamment recours à des entreprises privées de sous-traitance.

    La liste des griefs du personnel est tellement longue que la CGSP a déposé 15 points de revendications avant la grève du 5 novembre.

    QUELLE STRATÉGIE DE LUTTE ?

    Les trois journées de grève totale (22/10, 29/10 et 5/11) n’ont pas été menées de front par tous les syndicats.

    Les permanents de la CSC, prétextant «ne pas prendre les usagers en otages», ont par exemple refusé d’appeler à la grève le 29/10 et ont lancé un mot d’ordre d’opération « tarif zéro » (les conducteurs roulent sans faire payer les passagers). Or ce type d’action est très impopulaire chez les conducteurs car on ne voit pas qui roule «au tarif zéro» et qui roule «au tarif normal». C’est peu mobilisateur. Résultat: malgré l’appel de la CSC, la journée du 29/10 a été une grève totale sur l’ensemble du réseau. Certains délégués CSC qui avaient malgré tout appelé à faire grève en front commun le 29/10 sont maintenant menacés de représailles par leur secrétaire syndical.

    Le syndical libéral, de son côté, souffle sans cesse le chaud et le froid. Dans ses tracts, la CGSLB appelle à la grève tous les vendredi. Devant les caméras, ses permanents n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer «les irresponsables» qui font grève.

    Dans ces conditions, on comprend qu’une bonne partie des travailleurs tournent leurs espoirs vers la CGSP (Plusieurs dizaines de travailleurs sont d’ailleurs passés de la CSC à la CGSP). D’autant plus qu’à travers cette lutte, de nouveaux militants CGSP se révèlent être à la hauteur de la situation dans la mesure où ils prennent leurs responsabilités. La présence aux assemblées CGSP est nombreuse et, le 26/10, l’assemblée CGSP a voté à l’unanimité que le secrétaire syndical devait s’abstenir de participer aux négociations avec la direction pendant une semaine. Les permanents régionaux de la CGSP ont donc décidé de ne pas affronter le mouvement mais de monter dans le train en marche en espérant… parvenir à l’arrêter.

    ÉLARGIR LA LUTTE

    Le MAS est intervenu dans la grève en diffusant deux tracts de soutien à la lutte et en appelant à l’organisation d’assemblées communes de tous les travailleurs des services publics (SNCB, La Poste,…) en vue de décider ensemble d’une action généralisée des travailleurs du secteur public.

  • Pays-Bas: “La coupe est pleine!”

    Aux Pays Bas, après des années de silence imposées par des négociations entre les partis politiques, les patrons et la direction syndicale, le célèbre modèle Polder, utilisé par la bourgeoisie pour maintenir la paix sociale au détriment des conditions de vie des salariés, a été définitivement enterré.

    Jan Van Emous

    Depuis le début des années 80, une modération salariale constante est prônée pour améliorer la compétitivité face aux pays voisins. Aux Pays Bas, les coûts salariaux seraient trop élevés. L’année dernière, le gouvernement Balkenende 2 mettait brutalement fin à ce modèle Polder.

    L’économie néerlandaise a souffert lourdement des récessions précédentes. La réponse du gouvernement a depuis prit la forme d’une attaque massive des acquis sociaux pour un montant historique de 17 milliards d’euros. L’indignation grandissante a mené en 2003 à une manifestation de 25.000 personnes à Amsterdam menée par le groupement de la gauche hollandaise "Renverser le courant". La direction syndicale n’avait cependant pas l’intention d’organiser la résistance puisque, pendant l’automne, elle négociait avec le gouvernement un ajournement de 2 milliards de réduction des dépenses en échange d’une nouvelle modération salariale globale. Pour 2004 et 2005, on n’a concédé aucune marge salariale en dépit des aspirations de la majorité des militants syndicaux.

    Offensive contre les acquis sociaux

    Depuis, le gouvernement a tiré la conclusion qu’il devait renforcer la pression. Au printemps 2004 et dans le budget 2005, on a encore proposé des économies pour 2 à 2,5 milliards d’euros. La situation se détériore sur tous les terrains sociaux: l’enseignement, les soins de santé, les allocations et les pensions font tous l’objet de mesures d’austérité. Les conditions de travail sont aussi dans le collimateur. L’allongement du temps de travail la semaine de 60 heures et la journée de 12 heures est à l’ordre du jour. On décourage fiscalement les prépensions pour les plus de 60 ans. On abolit les dispositions des conventions collectives qui limitent la concurrence salariale au sein d’un secteur.

    Ce printemps a vu la mise sur pied de la plate forme d’action "La coupe est pleine" à l’initiative de militants syndicaux du port de Rotterdam. Ce groupement, auquel participe aussi notre organisation soeur Offensief, a reçu beaucoup d’écho dans l’ensemble du pays. Ce succès pousse maintenant la direction syndicale à soutenir les actions contre le gouvernement afin de garder un pied dans le mouvement. Le gouvernement a clairement choisit d’entrer en confrontation avec le mouvement ouvrier organisé. Il espère sans doute que les syndicats soient incapables d’organiser une résistance digne de ce nom.

    Le premier jour de grève a drainé 60.000 manifestants dans les rues de Rotterdam: 3 fois plus que prévu. A Amsterdam, un jour de grève est organisé et une manifestation nationale est prévue pour le 2 octobre.

    Il faut la grève générale!

    La résistance peut facilement amener des centaines de milliers de personnes dans la rue car le gouvernement Balkenende ne recueille plus la confiance que de 20% des électeurs. Il reviendra aux militants de mettre en avant les bonnes tactiques et les bons slogans pour stopper les mesures d’économie.

    Offensief utilise le slogan: "Dehors le gouvernement!" avec comme sous titre: "Il faut la grève générale! Pas de compromis pourri avec le gouvernement. Le MAS/LSP enverra une délégation à la manifestation nationale du 2 octobre à Amsterdam.

  • Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs…

    Nous sommes tous attaqués. Défendons-nous tous ensemble!

    Si nous ne défendons pas activement nos droits, les patrons et le gouvernement nous prendront tout. En Allemagne, les manifestations hebdomadaires contre les baisses d’allocations font trembler le gouvernement Schröder. Nous devons suivre cet exemple de résistance active! Seule la solidarité entre les chômeurs, couplée à une mobilisation de tout le monde du travail, nous permettra d’empêcher la mise en oeuvre des mesures du gouvernement. C’est pourquoi le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) propose d’organiser une première action de protestation dans plusieurs villes du pays le lundi 11 octobre. Vous en êtes?

    RASSEMBLEMENT:

    11 octobre, 19h, Place Saint-Paul, Liège


    Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs… NON A LA CHASSE AUX CHÔMEURS!

    Nombre de jeunes chômeurs ont déjà reçu la lettre. Ils seront convoqués par l’ONEm en octobre pour un contrôle. L’ONEm, qui agit pour le compte du gouvernement, va contrôler s’ils ont fait des efforts “suffisants” pour trouver un emploi. Sinon gare aux sanctions. Les contrôles des chômeurs les plus jeunes (moins de 30 ans) commencent déjà cette année-ci. L’année prochaine, ce sera le tour des 30 à 40 ans. L’année suivante, ce sera le tour des 40 à 50 ans et ensuite celui des chômeurs âgés de plus de 50 ans.

    Est-ce qu’on est pour autant assuré de garder son allocation si on parvient à exhiber un tas de lettres de sollicitation sous le nez des contrôleurs de l’ONEm? Le MAS pense qu’il ne faut pas tomber dans le panneau. L’ONEm n’est pas une institution qui accompagne les chômeurs, comme l’ORBEm ou le FOREm. C’est une institution qui contrôle et qui sanctionne. Les syndicats se sont toujours opposés dans le passé à un contrôle direct par l’ONEm. Ils craignaient à raison la mise en place d’une machine à suspendre.

    Les gouvernements et le patronat mènent partout en Europe des programmes d’austérité de grande ampleur. Nos acquis sociaux se réduisent comme une peau de chagrin. En Allemagne, on veut ramener après 1 an le montant de l’allocation de chômage à 345 euros majorés d’un maigre supplément pour le loyer. En Belgique, les patrons ont jeté sur la table toute une kyrielle de revendications pendant les vacances: semaine des 40 heures sans hausse de salaire, suppression de la prépension, plus de flexibilité, gel des salaires, … Comment les patrons peuvent-ils imaginer créer plus d’emplois en faisant travailler les salariés plus longtemps pour le même salaire?

    Le “contrôle des chômeurs” veut atteindre le même résultat que les mesures en Allemagne. Le gouvernement belge veut limiter dans le temps le droit aux allocations de chômage. En menaçant d’envoyer plus vite les gens au CPAS, ils veulent nous faire accepter n’importe quel boulot pour n’importe quel salaire. Les patrons et le gouvernement espèrent de cette manière faire pression sur les salaires et les conditions de travail actuels.

    Pour être “compétitif” avec les autres pays capitalistes, le gouvernement veut brader notre force de travail. Suivre cette logique désastreuse revient à plonger dans l’exclusion et la misère un nombre croissant de familles de salariés.

    “Suspendre 30.000 chômeurs d’ici 2007”…

    Vous aurez beau envoyer des lettres de sollicitation, l’ONEm ne tiendra compte que d’une chose: le quota de suspensions que le gouvernement a fixé à l’avance! Le gouvernement Verhofstadt et l’artisan du contrôle des chômeurs, Frank Vandenbroucke (SP.a), se sont évidemment bien gardé d’en piper mot “officiellement”. Le journal financier De Tijd a pourtant fait état de notes internes aux cabinets SP.a et PS selon lesquelles le gouvernement entendait suspendre 30.000 chômeurs d’ici 2007 (10/01/2004). Cela permettrait d’économiser 209 millions d’euros en 3 ans. Avant même que la première rangée ne soit “contrôlée”, le gouvernement sait déjà combien de chômeurs il veut radier!

    Le PS et le SP.a au gouvernement, les anciens partis ouvriers, ne défendent plus d’aucune manière que ce soit les intérêts des travailleurs et des jeunes. Ils appliquent la politique de régression sociale de la bourgeoisie en invoquant – comble de cynisme! – des arguments “sociaux” à l’appui de cette politique. Les directions syndicales ne se compromettent que trop souvent dans la régression “socialement” assistée. Elles s’abstiennent de mobiliser leur base lorsque plane la menace de licenciements collectifs et s’inscrivent dans la logique de la flexibilité.

    Les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer à cette mesure d’austérité antisociale qu’on nomme “contrôle des chômeurs”. La responsabilité du manque d’emplois et de la crise économique incombe au système lui-même et pas à ses victimes que sont les chômeurs. Le VDAB (l’équivalent flamand de l’ORBEm et du FOREm) a même dû reconnaître récemment qu’il y avait (officiellement) 6 demandeurs d’emploi pour chaque offre d’emploi. En août, il y en avait même 18 pour chaque emploi fixe et à temps plein – par opposition aux emplois temporaires ou à temps partiel. Si on additionne toutes les catégories de chômeurs que les gouvernements successifs ne prennent officiellement plus en compte pour enjoliver leurs statistiques, on arrive peut-être à 1 emploi à temps plein et à durée indéterminée pour 30 chômeurs! On comptait pas moins de 1.143.500 allocataires à charge de l’ONEm à la fin 2003 contre 71.000 en 1970! La crise est structurelle.

    La quête d’un emploi nous met en “concurrence” avec des dizaines, voire des centaines d’autres demandeurs. Dans une telle situation, nous ne pouvons pas accepter qu’on se mette à faire la chasse aux chômeurs! Il faut s’attaquer au chômage causé par le système de profit capitaliste. Pas aux chômeurs!

    Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs…

    NON A LA CHASSE AUX CHÔMEURS!

    N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour collaborer!

    Tél. 02/345.61.81 ou envoyez un e-mail à une section locale du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS): liege@lsp-mas.be

  • Albert Faust (1945 -2004)

    Albert Faust, ex-secrétaire général du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et ex-président de la FGTB de Bruxelles est mort à l’âge de 59 ans ce dimanche 18 juillet 2004 à la suite d’une maladie incurable.

    Pour le MAS/LSP, Guy Van Sinoy

    Albert Faust avait pris depuis de nombreuses années des positions en pointe sur le terrain syndical, social et politique: mise sur pied d’une Commission des travailleurs immigrés dès les années 70, actions de solidarité contre le licenciement de délégués syndicaux employés ou ouvriers, occupation du siège de la FEB, organisation de fêtes de la FGTB le 1er Mai indépendamment du PS, soutien au peuple palestinien, campagnes contre le racisme et contre le fascisme, soutien au 13 de Clabecq, campagne de syndicalisation et de défense des travailleurs sans-papiers,…

    En juillet 2002, il avait été éliminé de façon anti-statutaire de ses responsabilités syndicales et licencié de façon illégale par le président national du SETCa national Christian Roland. Elimination anti-statutaire car Faust avait été élu par un congrès seul apte à le démettre de ses fonctions. Licencié de façon illégale car employé par le SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde il ne pouvait être licencié par le SETCa national qui n’était pas son employeur.

    Pour réaliser ce coup de force, Christian Roland avait besoin de deux conditions: le feu vert de la FGTB nationale (car Faust était aussi président interprofessionnel de la FGTB de Bruxelles) et un appui au sein du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde. Il a trouvé cet appui auprès d’un certain nombre de secrétaires du SETCa BHV ligués dans une coalition sans principes: d’un côté des carriéristes prêts à tout, de l’autre des compagnons de route du PTB estimant être plus à gauche que Faust. Du côté de la FGTB nationale le feu vert avait déjà été donné par Mia De Vits quand elle avait annoncé lors de son arrivée à la présidence de la FGTB son intention de combattre au sein du syndicat «l’extrême gauche comme l’extrême droite». Le véritable enjeu pour la FGTB nationale était la reprise en main de la FGTB de Bruxelles jugée trop indépendante à l’égard du PS.

    Accusé de détournement de fonds par le tandem De Vits/Roland, Albert Faust avait d’emblée été placé par ses accusateurs dans une situation difficile car lors d’une conférence de presse Christian Roland n’avait pas hésité à communiquer à la presse des copies de documents comptables fragmentaires et invérifiables «semblant prouver» la mauvaise gestion de Faust. Le proverbe dit: «Il n’y a pas de fumée sans feu». Une fois publiés dans la presse, ces documents (vrais, fragmentaires ou carrément faux) avaient vite eu pour effet de jeter le trouble chez la masse des syndiqués. De surcroît la maladie foudroyante qui a frappé Albert l’a placé dans l’incapacité de se défendre.

    Pour l’appareil tenter de faire croire que Faust avait détourné des fonds était indispensable pour le discréditer car, de par son action militante en tant que responsable syndical, il était très populaire auprès de centaines de militants du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et d’autres centrales.

    Le MAS/LSP ne partageait pas toujours les positions d’Albert Faust, mais il fallait se dresser sans réserves contre son élimination bureaucratique annonciatrice d’un tournant à droite de la FGTB et d’une nouvelle chasse aux sorcières. Dans les mois qui ont suivi l’élimination d’Albert Faust des dizaines de militants, de délégués, de permanents ou de membres du personnel du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde ont d’ailleurs été éliminés. Les responsables de ce gâchis devraient d’ailleurs tirer les conclusions de leur politique destructrice de l’organisation syndicale et démissionner.

    Le MAS/LSP salue la mémoire d’Albert Faust car c‘était un combattant du mouvement ouvrier – responsable syndical – comme on en trouve peu aujourd’hui. Il adresse aussi à tous les militants qui se sont dressés contre cette élimination bureaucratique et qui luttent pour un syndicalisme de combat et démocratique un salut fraternel.

  • LE CAPITALISME MÈNE À LA CRISE

    En 20 ans la valeur des biens et des services produits annuellement en Belgique a plus que doublé (de 106 à 268 milliards d’euros). Cependant les statistiques montrent que les pauvres officiellement recensés représentent 13% de population, contre 6% il y a 20 ans. Les listes d’attente pour les institutions de soins et pour les habitations sociales n’ont jamais été aussi longues. Le nombre de chômeurs, malgré les promesses de Verhofstadt, a progressé de 7% en un an. Le MAS pense que c’est le capitalisme lui-même qui crée ces contradictions.

    Eric Byl

    Dans toutes les sociétés précapitalistes la production était principalement organisée pour se procurer des biens utiles. L’argent n’était qu’un moyen d’échange. Le capitalisme a fait en sorte que la valeur d’usage d’un bien est devenue subordonnée à sa valeur d’échange. Les biens sont devenus des marchandises: non pas produits pour leur utilité mais pour la vente et pour en tirer plus d’argent qu’ils n’avaient coûté. L’argent est devenu le but, la marchandise un moyen.

    Les marchandises contiennent une valeur d’usage. Cet usage dépend d’un individu à l’autre, en fonction des besoins. Bien que la valeur d’usage soit la base pour l’échange – un fumeur achète des cigarettes pour leur usage – cette valeur d’usage ne peut expliquer pourquoi un fumeur paiera autant qu’un non-fumeur. De même pour ceux qui achètent des parfums. A côté de la valeur d’usage existe donc une seconde valeur d’une marchandise: sa valeur d’échange.

    Les valeurs d’usage peuvent aussi être trouvées dans la nature sans intervention du travail humain. L’air que nous respirons, par exemple. La valeur d’échange est par contre exclusivement produite par la force humaine de travail dans des conditions historiques spécifiques.

    La formation du prix

    A chaque fois la surproduction La valeur d’échange d’une marchandise est déterminée par la quantité moyenne de travail nécessaire pour la produire. Nous parlons ici de temps de travail moyen socialement nécessaire. Travailler plus lentement ou avec des outils vétustes n’ajoute pas un gramme de valeur d’échange, on parle alors de temps de travail superflu. Le degré d’instruction est aussi important. Le travail qualifié exige du temps de travail pour la formation et est donc égal à plusieurs unités de travail simple. Le prix naturel d’une marchandise est sa valeur d’échange.

    La formation de monopoles et la pénurie peuvent momentanément faire grimper le prix au-dessus du prix naturel. D’autre part, une offre abondante de marchandises peut faire baisser le prix en-dessous du prix naturel. Mais cela n’explique pas pourquoi un cure-dents coûte immanquablement moins cher qu’une voiture.

    Plus-value

    Pendant longtemps on a pensé que le bénéfice était réalisé en vendant cher quelque chose que l’on avait acheté bon marché. Si c’était ainsi, chacun vendrait plus cher. Ce que l’on gagnerait alors en tant que vendeur d’une marchandise, on le perdrait en tant qu’acheteur d’une autre marchandise. Seul le travailleur est roulé de cette manière, car la force de travail est la seule force de production qui fournit plus que sa valeur d’échange originelle. Pour les machines, les immeubles et les matières premières le capitaliste paie à son fournisseur le prix correspondant à la valeur d’échange nécessaire pour produire ces marchandises. Il ne fait ni profit ni perte. Seul le fournisseur a fait du profit.

    Le secret de l’exploitation capitaliste réside ailleurs. Le capitaliste achète la force de travail comme n’importe quelle autre marchandise: à la valeur nécessaire de (re)production de cette force de travail. Cela s’appelle le salaire. C’est la somme du salaire brut et des cotisations dites «patronales» à l’ONSS. Il n’achète pas le résultat du travail mais un nombre d’heures de capacité de travail. Il organise la production de telle sorte que le travail rembourse le plus vite possible ce qu’a coûté son salaire. Le temps restant pendant lequel le travailleur continue de produire, il offre gratuitement sa force de travail. On appelle cela la plus-value ou encore le travail non rémunéré.

    Le taux d’exploitation

    Le rapport entre le travail non-payé et le travail payé détermine le taux d’exploitation. Les capitalistes essaient constamment d’élever ce taux d’exploitation en allongeant la durée du travail ou en installant des machines plus performantes pour réduire le temps de travail nécessaire (qui sert à couvrir le salaire). Aujourd’hui on essaie d’augmenter le taux d’exploitation en éliminant les temps morts (comme le temps pour aller pisser) et en faisant appel au travail intérimaire quand il y a beaucoup de travail.

    L’Institut National de Statistiques (INS) donne un aperçu du rapport entre les coûts salariaux (le travail payé) et la valeur ajoutée (le travail non payé) en 2000. Dans toute l’industrie les entreprises ont reçu en moyenne 100 euros de travail non payé pour 60 euros de travail payé: un taux d’exploitation de 166%. Le coût salarial moyen par travailleur s’élève annuellement à 39.594 euros, la valeur ajoutée s’élève quant à elle à 65.991 euros! Dans la chimie, le taux d’exploitation se chiffre à 217%. Dans le textile: 165% (http:/ /statbel.fgov.be/figures/d422_fr.asp).

    Ces chiffres sont des moyennes. Les traitement des managers sont compris dans le coût salarial. Au Benelux, les managers doivent se «contenter» en moyenne d’1,4 million d’euros par an. Cela permet cependant d’expliquer comment Albert Frère, le seul Belge figurant sur la liste des 500 personnes les plus riches au monde, a pu amasser une fortune estimée à un milliard d’euros. Il a commencé sa carrière sans diplômes comme marchand de ferraille. Il a aujourd’hui 77 ans. Il a donc amassé à ce jour 13 millions d’euros pas an, depuis sa naissance. Et cela on ne peut pas le faire uniquement en travaillant dur.

    Surproduction

    Parce que les travailleurs fournissent du travail gratuit, ils ne peuvent jamais acheter tout ce qu’ils ont produit. Les capitalistes, une petite minorité qui se restreint, ne sont pas non plus capables de le faire. On peut d’ailleurs se demander dans quelle mesure les capitalistes sont prêts à acheter la camelote produite par leurs usines. Résultat: un penchant constant à la surproduction.

    Aujourd’hui celle-ci a atteint un point structurel. L’application des sciences modernes et des techniques atteint les limites du marché capitaliste qui ne peut déjà pas absorber tout ce qui est produit. Nous sommes arrivés à ce que l’on appelle une dépression: une longue période de croissance économique faible, de stagnation et de récessions périodiques caractérisées par un chômage structurel élevé.

    La bourgeoisie essaie de repousser devant soi la crise en incitant les travailleurs, les entreprises et les pouvoirs publics à acheter à crédit. Ce qui provoque un amoncellement de dettes qu’il faut un jour apurer, mais cela peut aussi étrangler totalement l’économie. La bourgeoisie agit donc comme le ferait un toxicomane: se donner un dernier «shoot» de crédit.

    Le taux de profit

    Le capitaliste n’est pas seulement intéressé par le taux d’exploitation mais aussi par le rapport entre le travail non payé et la totalité de ce qui a été investi en capital. On appelle cela le taux de profit ou la quantité de profit par unité de capital investie. Celui-ci a constamment tendance à baisser ce qui signifie qu’il faut investir de plus en plus de capitaux pour maintenir les profits. La concurrence oblige les capitaliste a installer des machines de plus en plus performantes, qui coûtent de plus en plus chers et qui doivent être amorties de plus en plus vite. C’est pour cela que les patrons instaurent le travail en équipes et le travail en continu. Leurs investissements doivent tourner 24h sur 24. La demande croissante de capitaux à investir se fait au détriment des dépenses en force de travail, seule source de plus-value.

    La bourgeoisie essaie de rétablir le taux de profit en augmentant le taux d’exploitation. Cela a pour conséquence de réduire le pouvoir d’achat. Résultat: les progrès scientifiques et techniques ne se traduisent pas dans la société capitaliste par plus de bien-être, mais par le chômage et l’affaiblissement du marché. Le taux de profit est tellement bas que la spéculation en bourse rapporte souvent plus.

    La crise est structurelle. Chaque solution se heurte aux limites du capitalisme. Ne nous demandons pas comment prolonger l’agonie de ce système, mais comment satisfaire les besoins des travailleurs et de leur famille.

    Le MAS est pour un partage équitable du travail disponible entre toutes les mains par l’application des 32 heures. Sans perte de salaire car nous ne voulons affaiblir le pouvoir d’achat et parce qu’il y a déjà suffisamment de travail salarié non payé. Nous n’avons rien contre le fait de consacrer une partie de notre travail pour les soins, l’enseignement et les services publics mais par pour remplir les coffres-forts d’une poignée de riches. Seule une société socialiste démocratique en est capable.

  • Élections européennes: une défaite pour l’establishment

    LES ELECTIONS européennes de juin ont gravement sanctionné Blair, Schröder, Berlusconi, Chirac , Verhofstadt et Co. La faible participation de l’électorat (en moyenne 42%) et le succès des formations résistant contre le projet de l’Union Européenne (UE) ou ayant un discours populiste en disent long sur l’engouement pour l’UE.

    Geert Cool

    Les résultats de nos camarades ailleurs en Europe

    Le MAS n’avait pas seulement des candidats en Belgique, ses organisations soeurs étaient présentes aux élections dans plusieurs pays : en Irlande, le Socialist Party a obtenu 5,5% des voix à Dublin pour les élections européennes. Ses forces était surtout mobilisées pour les communales où le nombre d’élus du Socialist Party a doublé de 2 à 4. Nous avons maintenant des conseillers communaux à Dublin et Cork.

    A Coventry St. Michaels, les marxistes ne devaient pas nécessairement se contenter d’un beau pourcentage après la virgule: le Socialist Party a obtenu 4,2% et a décroché deux élus. De bons résultats ont aussi été enregistrés ailleurs en Angleterre et au Pays de Galles.

    Enfin, 2,5% dans la ville Rostock a permis à notre organisation soeur allemande d’obtenir sa première élue communale. C’est un résultat significatif car Rostock fut, au début des années 90, le théâtre du spectaculaire incendie d’un centre d’asile provoqué par des groupements néo-nazis. Aujourd’hui, une véritable opposition est présente dans le conseil communal de Rostock.

    La quasi totalité des partis au gouvernement ont perdu des plumes : les sociaux-démocrates de Schröder récoltaient 21,5% des votes (jamais il n’ont fait si peu depuis 1932), le Labour Party de Blair n’était que le troisième parti (après les Tories et les Liberal- Democrats) aux élections communales et n’obtenait que 22% aux européennes (leur score le plus bas depuis 1918), l’UMP de Chirac faisait juste 17%…

    Pour une couche croissante de la population, il devient évident que l’UE est un instrument du capital, responsable des attaques sur les acquis sociaux et les conditions de travail: l’UE fait pression sur les états-membres pour progressivement supprimer les allocations de chômage, pour augmenter l’âge de la retraite, L’UE propose de libéraliser les services (via la directive Bolkestein, par exemple), ce qui va exercer ici une pression énorme sur les salaires et les conditions de travail. Rien d’étonnant à ce que l’enthousiasme pour l’UE soit si limité. Remarquons aussi que dans les nouveaux états-membres, la participation électorale était de 28%.

    La défaite de l’establishment ne peut être expliquée que partiellement par la politique de l’UE. L’élément le plus important est le dégoût général envers ces gouvernements sur le plan intérieur et/ou vis-à-vis du soutien pour la guerre en Irak : Blair et Berlusconi payent cher ce soutien à l’encontre de l’opinion publique ; les privatisations et les assainissements dégradant le niveau de vie sont aussi des éléments majeurs à la perte de confiance envers les instruments politiques de la bourgeoisie. Le plus grand problème lors des élections européennes était l’absence générale d’alternatives claires. Des formations populistes pouvaient donc facilement gagner du terrain. L’UK Independance Party (UKIP) d’un politicien raté Labour Kilroy-Silk (ayant échoué contre les socialistes de gauche dans le Labour Party à Liverpool et qui est ensuite devenu présentateur TV) obtenait un score spectaculaire de 16,7% pour les élections européennes. Faut-il le souligner ? L’UKIP n’a pas de membre et manque cruellement de sections dans des grandes parties de la Grande-Bretagne.

    D’autres scores remarquables ont été enregistrés pour des figures vues comme incorruptibles, comme Paul Van Buitenen (fonctionnaire de l’UE s’étant fait connaître en résistant à la corruption) avec sa liste "Europe Transparent" aux Pays-Bas qui a obtenu 7%. En Autriche, il existait une liste comparable. La montée rapide de telles formations est surtout l’expression d’un manque total de confiance envers les partis traditionnels. La défaite de ces derniers était d’ailleurs le message central des européennes.

    Ceci rend très concrète la question d’une alternative politique. Que va faire la gauche pour répondre aux couches de la population toujours plus larges qui se détournent de l’establishment politique ? Qu’il ne s’agisse pas d’une question facile est devenu clair en France, où l’alliance LO/LCR (deux formations avec lesquelles nous avons des divergences fondamentales) est retombée à 3,3%, perdant ainsi ses cinq parlementaires européens. Deux ans auparavant, lors des élections présidentielles LO et LCR obtenait ensemble 10,4%. N’ayant pas saisi les opportunités pour construire un puissant nouveau parti des travailleurs, LO/LCR s’est vu dans l’incapacité de créer une dynamique pour maintenir et améliorer son score.

    C’est un avertissement aux autres partis de gauches qui ont obtenu de bons résultats comme le Bloc de Gauche au Portugal, la Rifondazione Comunista en Italie et le SP aux Pays- Bas. La méfiance envers les partis traditionnels est flagrante. C’est positif en soi, mais il faut aller plus loin en développant une phase dans laquelle des parties importantes de la classe ouvrière s’engagent activement dans des mouvements de lutte pour défendre leur acquis sociaux.

  • Le MAS sort renforcé des élections

    Le score électoral du MAS/ LSP est petit comparé à celui des partis traditionnels. Nous n’avions cependant pas d’autres ambitions que celle de nous faire connaître et nous renforcer. En Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, nous gagnons des membres.

    Eric Byl

    En Belgique francophone, 5.675 personnes ont choisi le MAS pour sa première participation électorale. Mais la priorité était le renforcement de nos sections de Bruxelles, Liège et Mons et la possibilité de voir émerger d’autres sections à Ixelles, Wavre, Tubize et Verviers. De plus, à Tournai, La Louvière et Charleroi, bien des gens ont pris contact avec le MAS. Enfin, notre travail étudiant à l’ULB et à l’ULG s’élargi avec une section à l’UCL.

    En Belgique néerlandophone, le LSP a obtenu 14.166 voix, bien plus qu’aux élections législatives de 2003 où c’était notre première participation sous ce nom. Nous avons bien progressé en nombre de membres, surtout à Anvers et à Ostende. A Beveren-Waas nous avons dorénavant une section à part entière. Nous voulions également essayer de nous implanter au Limbourg, et sommes près d’y arriver.

    En Flandre Orientale notre liste aux élections régionales récolte 2.509 voix, contre 3.751 voix pour les européennes. En 2003 nous avions obtenu 2.843 voix au Sénat et 2.929 à la Chambre. Cette différence pour l’Europe et le Conseil régional flamand est partiellement expliquée par la campagne «Groen! est nécessaire» qui a eu un certain écho dans les milieux progressistes, au contraire des quartiers populaires. C’était notre deuxième participation électorale et notre électorat n’est pas vraiment stabilisé. Il «flotte» donc plus, par exemple, que celui du PTB qui a derrière lui 30 ans de participations électorales.

    Cette fois encore le MAS/LSP a fait une campagne avec un petit budget: une affiche centrale, un dépliant et un programme. Nous avons dépensé 6.000 euros: une paille en comparaison des 5 millions d’euros que les partis traditionnels dépensent aux élections, et même comparé au PTB qui a dépensé 31.000 euros. Pour les élections européennes, chaque voix a coûté 0,30 euro au MAS/ LSP. Pour les partis traditionnels et le Blok, cela fait de 4 à 7 euros par voix et pour le PTB 1,50 euro par voix.

    Un vote pour le MAS/LSP était-il un vote perdu? Ni le cordon sanitaire, ni la condamnation du Vlaams Blok n’ont endigué la progression électorale du Vlaams Blok. Et ce n’est pas la poursuite de la politique néo-libérale qui fera reculer le Blok.

    Il faut une politique qui parte des besoins de la population. Compter sur les Verts ou sur le PS/SP.a pour appliquer une telle politique est illusoire. Le MAS a fait le choix de construire patiemment une organisation de cadres.

    A court terme, c’est moins spectaculaire que de constamment réinventer des illusions électorales. A long terme, c’est la seule garantie pour une politique différente. Dans les années 70 les marginaux d’extrême droite du Vlaams Blok n’étaient pas pris au sérieux. Ils ont patiemment construit leur parti, qui est devenu le plus grand de Flandre. Même dans l’opposition le Blok parvient à faire partiellement appliquer son programme réactionnaire par les autres partis. Certains à gauche voudraient atteindre des scores électoraux importants sans faire cet effort et ironisent sur les résultats de la «petite» gauche. Nous pensons qu’ils ont tort. Loins de ces illusions, nous appelons nos lecteurs à rejoindre le MAS et à construire avec nous une réelle alternative de gauche.

  • L’extrême droite sort grand vainqueur. Qu’est-ce que c’est et comment la combattre?

    L’extrême droite sort grand vainqueur

    Depuis les élections du 13 juin, la presse se répand en analyses de la victoire de l’extrême droite. Comment expliquer ce phénomène ? D’où tire-t-elle son succès et comment pouvons-nous la combattre ? Le MAS a acquis une longue tradition de mobilisations contre l’extrême droite à travers ses campagnes jeunes (Blokbuster) et ses organisations étudiantes (Actief Linkse Studenten/Etudiants de Gauche actifs). Nous ne prétendons pas détenir la vérité. Cet article se propose de donner notre vision des raisons du succès de l’extrême droite et de la façon dont on peut la combattre.

    Eric Byl

    Le Vlaams Blok plonge ses racines dans la collaboration lors de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant plus de trente ans, il s’est attelé à construire une organisation de cadres, d’abord au sein du CVP jusqu’en 1954, ensuite au sein de la Volksunie jusqu’en 1970. Dès sa création en 1978, le parti disposait non seulement d’un cadre mais aussi de tout un réseau de connections. L’argent ne lui a jamais fait défaut. Il n’avait qu’à attendre que le contexte politique devienne favorable pour briser son isolement.

    Ce contexte existait depuis le début de la crise économique dans les années septante. A l’époque, le Blok devait toutefois compter avec des dirigeants syndicaux qui savaient encore organiser des actions collectives et avec des partis (le PSB et à partir de 1976 le PS et le SP) qui, s’ils collaboraient déjà avec le patronat, défendaient au moins en paroles les intérêts des travailleurs et plaidaient encore pour le socialisme.

    Du côté francophone, le FN – créé par Daniel Féret en 1985- s’il n’atteint pas le score du Vlaams Blok en Flandre, réussit quand même à doubler et tripler son score par apport aux régionales de 99.Et cela malgré le fait que le FN, contrairement au Blok, n’est pas présent sur le terrain et n’a pas un cadre organisé. Et également en dépit du fait que l’extrême droite est depuis de nombreuses années déchirée par des conflits de chapelles. Il ne faut pas sous-estimer les possibilités de croissance de l’extrême droite en wallonie. Le terreau est présent .

    Avant toute percée électorale, le Vlaams Blok a dû attendre la chute du Stalinisme dans le bloc de l’Est (1989-91). Depuis lors, tant le PS que le SP se sont soumis aux lois du marché libre et au néo-libéralisme. Des pans entiers du mouvement ouvrier se sont sentis exclus, non seulement par la société, mais aussi par tous les partis politiques, y compris le PS et le SP. C’était d’abord les chômeurs, puis les travailleurs intérimaires, ensuite ceux qui travaillent encore dans l’industrie et ils sont de plus en plus nombreux ceux qui ont jadis connu la sécurité d’emploi et qui souffrent aujourd’hui de mauvaises conditions de travail ou qui craignent pour leur emploi (La Poste et la SNCB).

    C’est la combinaison de la crise économique et de la politique antisociale, ainsi que le refus des dirigeants syndicaux de mobiliser et l’obstination du PS et du SP.a à exécuter loyalement la politique d’austérité, qui est à la base du succès de l’extrême droite.

    Le Flamand, un petit blanc apeuré ?

    Certains vont expliquer le résultat électoral du Blok par la psychologie des Flamands. "J’ai honte", "1 Flamand sur 4 est un blokker", etc… Nous comprenons évidemment ce type de réaction, mais elle est inadéquate. Nous n’avons pas plus à avoir honte qu’à être fiers d’être Flamands, Wallons, Bruxellois, immigrés ou quoi que ce soit d’autre. Si nous devons avoir honte de quelque chose, c’est de la politique antisociale, de l’exclusion, de la pauvreté et du chômage. Stigmatiser les victimes de cette politique ne nous avancera à rien, qu’il s’agisse d’immigrés ou qu’il s’agisse de Flamands.

    "C’est un dimanche noir de noir. Tous les Flamands devraient avoir honte", assène Etienne Vermeersch, professeur de philosophie morale à l’Université de Gand (RUG), qui était le philosophe-maison du SP.a dans un passé récent. De quelle autorité Vermeersch se prévaut-il pour parler ainsi? Qu’a-t-il fait pour stopper le Blok? Nous ne l’avons jamais vu à nos côtés lorsque nous menions l’action contre des débats avec le Vlaams Blok ou contre la présence de Roeland Raes, un idéologue révisionniste du Blok, au Conseil d’Administration de la RUG.

    Mais la Flandre n’est-elle pas une des régions les plus riches? Yves Desmet du quotidien De Morgen incrimine ce que l’économiste américain Galbraith nomme "le chauvinisme du bien-être"; plus les gens possèdent, plus il craignent de le perdre. En bref: pour Desmet, la Flandre va bien et si on vote quand-même pour le Blok, c’est que les Flamands sont des écureuils apeurés qui craignent de devoir céder une parcelle de leur bien-être. Si au lieu de parler pour lui-même, Desmet avait essayé de percevoir la signification sociétale de la formule de Galbraith, il aurait peut-être réalisé que le pays le plus riche au monde, les Etats-Unis, est en même temps le pays où le fossé entre riches et pauvres est le plus grand. Desmet aurait alors peut-être vu que le fossé entre riches et pauvres s’est aussi élargi en Europe et en Belgique. Qu’il y a donc des gens qui votent Vlaams Blok parce qu’ils se sentent exclus et d’autres qui votent Vlaams Blok parce qu’ils veulent protéger leurs biens contre ceux qui sont exclus.

    Walter Pauli du Morgen écrit que ça illustre la faillite de la lutte contre l’extrême droite. "On a tout essayé", dit-il, "seule une voie demeure inexplorée". Il se garde bien de l’écrire, mais la voie dont il parle est bien évidemment celle de prendre le Blok dans une coalition et de le brûler au pouvoir. Mais a-t-on vraiment tout essayé? Aucun parti traditionnel ne remet en cause la politique d’austérité néo-libérale qui lèse tant les travailleurs et leurs familles. Blokbuster, la campagne antifasciste du MAS, a toujours dû tout faire soi-même, a été mis sur le même pied que le Blok lui-même par les politiciens traditionnels, mais contrairement à ce dernier n’a pas reçu des millions d’argent public. Essayé? Nous l’avons fait, pas Pauli ni "le monde politique". Pauli conclut: "le droit de vote pour les immigrés était une erreur et il faut aussi rediscuter du cordon sanitaire".

    Tout est socio-économique dans la crise

    Nombre d’analyses pointent du doigt les bévues des excellences libérales pour expliquer le succès du Vlaams Blok. Les bévues libérales ont sans aucun doute joué un rôle important dans la défaite du VLD et du MR. Cette explication est pourtant insuffisante. Le cartel SP.a-Spirit était un modèle d’unité et a quand même perdu près de 4% par rapport à 2003. De plus, le rififi au VLD et au MR ne tombait pas du ciel. Les milieux patronaux voulaient que le gouvernement fasse avaler une politique d’austérité encore plus drastique à la population. Les libéraux devaient coûte que coûte afficher leur détermination. Ils ont pourtant été doublés sur leur droite par les ministres SP.a. Dans cette situation, des pontes libéraux ont essayé de marquer des points à titre individuel en sautant sur le dossier de l’heure sans se soucier des conséquences. Le cas d’Alain Destexhe est assez exemplatif à cet égard.

    Le débat sur le droit de vote des immigrés non-européens a été le principal facteur de dissensions chez les libéraux. Toutefois, là où le MR a su maintenir une unité de façade sous la férule de Louis Michel, le VLD s’est déchiré au grand jour. Si le SP.a a été le seul parti flamand à voter pour, il n’a pas su donner la réplique aux opposants. Il n’a pas su démasquer la politique de diviser pour régner du patronat ni replacer la nécessité des droits égaux entre Belges et immigrés dans le cadre de la lutte commune pour leurs droits. Résultat: les opposants au droit de vote ont monopolisé le débat. C’est trop facile de dire aujourd’hui que le droit de vote aux immigrés était une erreur. La seule erreur qui a été commise dans ce dossier, c’est le mutisme des partisans du droit de vote.

    Il ne fait pas de doute que l’élargissement de l’Europe ira de pair avec une régression au niveau des conditions de vie et de travail. Si le patronat en retirera de plantureux bénéfices, les travailleurs et leurs familles payeront la note. L’"unification européenne" n’a pourtant pas d’autre but. Le commissaire européen Bolkestein fait déjà circuler une proposition de libéralisation des services. Si sa directive passe, des Polonais et des Tchèques travailleront bientôt ici, non pas à un salaire belge, mais à un salaire d’Europe de l’est. Les patrons saisiront l’occasion pour exiger des travailleurs belges de nouvelles concessions en termes de salaires et de conditions de travail. Le PS et le SP.a auraient dû plaider pour la nécessité d’une lutte unifiée des Belges et des immigrés contre le projet européen antisocial. Quiconque divise les travailleurs belges et immigrés en leur refusant l’égalité des droits ne fait que jouer le jeu du patronat européen. Si le SP.a a préféré se taire, c’est parce qu’il est d’accord avec Bolkestein sur le fond même s’il aurait sans doute souhaité plus de doigté dans la forme.

    La faute de la presse?

    Les partis traditionnels ont tout fait pour imposer le silence à leurs concurrents. Du côté francophone, il s’en est fallu de peu que tous les petits partis voient leurs listes invalidées pour le scrutin européen. Ils n’ont finalement pas osé aller jusque là, c’eût sans doute été trop flagrant. Nous avons dû faire une croix sur les médias, qu’ils soient publics ou commerciaux. Qu’on ne vienne plus nous dire que la presse commerciale serait "moins partisane" que les médias publics. Le MAS a dû faire des pieds et des mains pour avoir droit à deux courtes tribunes sur les ondes de la RTBF, l’une en radio, l’autre en télévision à une heure tardive. Plutôt que de permettre à des partis comme le MAS ou le PTB+ de s’exprimer, les médias francophones ont préféré se livrer à une campagne tapageuse contre l’extrême droite. Celle-ci a pu ainsi apparaître comme la seule alternative crédible. Les médias ont sans aucun doute une lourde responsabilité dans le succès du FN comme du Vlaams Blok.

    La question nationale

    A l’exception de Groen!, tous les partis flamands plaident pour des baisses d’impôt… afin de stimuler l’économie et de lutter contre le chômage. Seul Groen! défend l’idée que ces impôts sont nécessaires pour financer les soins de santé et les services à la collectivité. Rares pourtant sont ceux qui croient encore les Verts après leur participation à Verhofstadt I et la kyrielle de taxes écologiques qui s’en sont suivies. Les Verts sont perçus comme des partis qui veulent responsabiliser les petites gens en les accablant de taxes tout en épargnant les gros pollueurs industriels qui tirent à chaque fois leur épingle du jeu.

    De tous les partis flamands, seul le Vlaams Blok a fait ses comptes. Il veut en finir avec les milliards de transfert nord-sud, 10 milliards d’euros paraît-il, et utiliser cet argent pour une politique "sociale" flamande. Les partis traditionnels ont beau promettre des baisses d’impôt, ils ne disent pas où ils vont aller chercher l’argent. Tout au plus se contentent-ils d’assurer qu’il y a assez d’argent en caisse. Mais si c’est vrai, comment se fait-il qu’il y ait de si longues files d’attente dans les institutions de soin, les logements sociaux et que les bâtiments scolaires tombent en ruine?

    Rares sont ceux qui sont dupes des promesses de Verhofstadt et du Ministre-Président flamand sortant Bart Somers. La grande majorité des Flamands craignent la hausse du chômage et de la pauvreté. Ils sont évidemment pour un certain degré de solidarité, mais, du fait que le Blok accuse la Wallonie d’en abuser et que les autres partis flamands se taisent là-dessus, voire abondent dans le même sens, nombre d’entre eux deviennent réceptifs à l’idée que les Flamands doivent d’abord penser à eux-mêmes.

    Il est pourtant facile de répondre à l’argument du Vlaams Blok que chaque ménage flamand transfère une petite voiture familiale (400.000 fr) par an à la Wallonie. La Wallonie a été pendant des décennies le creuset de toute la richesse en Belgique. L’industrie lourde n’en a pas moins exigé un lourd tribut avec beaucoup plus de maladies professionnelles qu’en Flandre. La crise de l’industrie lourde a durement frappé la région qui connaît des taux de pauvreté et de chômage qu’on a peine à imaginer en Flandre. Le Blok utilise les travailleurs wallons et leurs familles comme des boucs-émissaires. Il ne dit pas un mot sur la voiture de luxe que chaque famille belge paye par an aux patrons. Ceux-ci empochent chaque année 25 milliards d’euros de bénéfices, bien plus que les 10 milliards de transfert. Le Blok tait aussi les 15 milliards d’intérêts que nous payons chaque année en remboursement de la dette publique, laquelle n’est que la conséquence des cadeaux plantureux qui ont été faits aux patrons sous forme de baisses de charges et d’impôts. Enfin, le Blok ne dit rien des 20 milliards de fraude fiscale qui minent notre économie année après année. On cherchera en vain dans le programme du Vlaams Blok le rétablissement des pouvoirs de police judiciaire de l’Inspection spéciale des Impôts.

    La question flamande a sans aucun doute joué un rôle important dans la construction du Blok. Tous les sondages démontrent pourtant que ça ne joue pas un rôle significatif dans son succès électoral actuel. Cela se reflète d’ailleurs dans la rhétorique du Blok. Le slogan "que la Belgique crève" a été mis en sourdine, il n’y a plus qu’au CD&V qu’on parle encore d’un big bang communautaire. Le Blok mesure ses propos:

    S’il n’y a pas de réponse collective à la crise, le bras de fer sur la clé de répartition des déficits reprendra de plus belle. Dans ce cas, les contradictions nationales éclateront de nouveau.

    Rompre le cordon sanitaire?

    Maintenant que le Blok est devenu le deuxième parti flamand faute de réponse collective à la crise et à cause de la politique d’austérité néo-libérale, des voix se font entendre, non pas pour remettre en cause cette politique, mais bien pour "brûler" le Blok dans une participation gouvernementale. On espère ainsi obtenir le même résultat qu’avec le FPÖ de Haider en Autriche. Lors des dernières élections, le FPÖ y est passé de 23% à 6%.

    Le Blok se verrait bien au gouvernement flamand. Il est même prêt à soutenir depuis les bancs de l’opposition un gouvernement minoritaire du CD&V-NV-A, éventuellement flanqué du VLD. Le MAS considère le Blok comme un parti néo-fasciste. Néo parce que les conditions sociales d’aujourd’hui sont totalement différentes de celles des années trente, fasciste parce que la direction et les cadres du Blok n’ont pas renoncé à briser les organisations du mouvement ouvrier en mobilisant contre lui les groupes moyens de la société et les éléments déclassés de la classe ouvrière, c’est-à-dire des travailleurs que le chômage et la misère ont rendus étrangers à leur propre classe.

    Le Blok sera obligé de faire des concessions sous la pression de sa base électorale et de carriéristes qui estiment qu’il est temps de rompre avec le passé. Enfin, les voix pour le Blok ne sont pas un vote de soutien à son programme fasciste, mais principalement un vote de protestation. La nature d’un parti, y compris celle du Blok, peut changer. Il semble que la condamnation en justice du parti ait donné à sa direction l’occasion de donner au Blok un visage plus acceptable en le profilant comme un "parti conservateur de droite". Même dans ce cas, le Blok continuera d’abriter en son sein toutes sortes de néo-fascistes.

    Quoi qu’il en soit, la Belgique n’est pas l’Autriche et le Vlaams Blok n’est pas le FPÖ. Les partis traditionnels réalisent qu’ils doivent faire quelque chose, mais personne n’est prêt pour le moment à signer un contrat de mariage avec le Blok. Un meurtre, un grave fait de drogue, un membre en vue qui bat sa femme publiquement et devant ses enfants, il s’en sera passé des choses en pleine campagne électorale. Une candidate d’ouverture, débauchée à la NV-A, qui reconnaît ouvertement être à la tête d’un bureau d’escorte, un joli nom pour une agence de prostituées de luxe, ce n’est pas le genre de choses sur lesquelles les partis traditionnels peuvent fermer les yeux pour entrer dans une coalition. Les points de vue du Blok sur la Belgique et la Maison royale ne trouveront guère plus de succès auprès de l’establishment. De plus, il n’est pas du tout certain que le Blok prendra le même chemin que le FPÖ en cas de participation gouvernementale.

    Il en faudra donc plus avant que l’establishment n’accueille le Vlaams Blok dans ses rangs. Tant que la bourgeoisie et ses laquais politiques auront la politique néo-libérale pour seule réponse à la crise et tant que les syndicats refuseront de mobiliser massivement les travailleurs, l’extrême droite se remettra toujours de défaites temporaires comme celle du FPÖ. La bourgeoisie sera placée tôt ou tard devant un dilemme: ou bien rompre le cordon sanitaire, ou bien abandonner la politique d’austérité. Si c’est ça le choix, alors les jours du cordon sanitaire sont comptés. Il y aura peut-être des coalitions locales avec le Blok après les élections communales de 2006. Il n’y a qu’une seule réponse sensée au Blok, c’est la création d’une véritable alternative de gauche qui joue résolument la carte de la lutte collective pour changer la société.

  • Ni les partis traditionnels ni les fascistes N’ONT DE SOLUTIONS!

    Chômage, pauvreté, listes d’attente, services publics

    LA DEFAITE électorale du MR a rendu politiquement impossible le maintien de la coalition violette. En sanctionnant le MR et en plébiscitant le PS, les travailleurs et leurs familles ont voulu voter contre la politique néo-libérale. Pourtant, la nouvelle coalition entre le PS, le CDH et Ecolo – l’Olivier – ne remettra pas en cause le "Contrat d’Avenir pour la Wallonie".

    Anja Deschoemacker et Thierry Pierret

    Le Contrat d’Avenir vise à "redresser la Wallonie" en faisant table rase des obstacles – syndicaux et environnementaux – aux profits des entreprises. Le PS et le CDH refusent de réclamer un refinancement de l’Etat fédéral pour répondre aux besoins criants de l’enseignement. Sous prétexte de ne pas déforcer leur position face aux revendications des partis flamands.

    Les mois qui viennent seront chauds sur le plan communautaire. Cette nouvelle poussée de fièvre n’aura pas d’autre but que de jeter un rideau de fumée sur un fait capital : à défaut de parler la même langue, les partis établis du pays parlent tous le même langage, celui de faire payer la crise à la population laborieuse. Dès le mois d’octobre, quelque 90.000 jeunes chômeurs seront convoqués à l’ONEm en vue de contrôler leur disponibilité. Plusieurs milliers d’entre eux seront suspendus les mois suivants. Ensuite, ce sera le tour de la tranche d’âge supérieure. Aucun parti ne s’y oppose. Si personne ne s’y oppose, les chômeurs seront un oiseau pour le chat. La perte de leurs allocations les forcera à accepter n’importe quel emploi, des emplois précaires, mal payés et /ou ultra-flexibles.

    La population laborieuse – y inclus ceux que le manque d’emplois force à vivre d’une allocation – ne pourra utiliser aucun des partis établis comme instrument pour défendre ses intérêts. Pour lutter contre la course à la flexibilité et le détricotage de toute protection des salariés contre l’arbitraire patronal. Pour lutter pour le maintien et même de la nécessaire extension de la sécurité sociale et des services publics. Depuis 1991, le MAS lie la lutte contre l’extrême droite à celle pour un programme social qui puisse éliminer le terreau du Vlaams Blok et du Front National. Les voix pour ces partis ne sont pas des voix pour le fascisme. Nombre d’entre elles sont des votes de protestation. Les sentiments racistes qui vivent dans une partie de la population laborieuse sont dus à la manipulation. On crée l’illusion – pas seulement l’extrême droite – qu’on peut s’en sortir en excluant les immigrés ou en larguant les Wallons. En réalité, ce serait encore pire.

    Si la population laborieuse veut en finir avec la politique de droite, elle devra lutter de façon unifiée. Cette lutte pourrait donner lieu à des initiatives susceptibles de mener à terme à la création d’un parti qui défende réellement les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le MAS a déjà pris langue avec les organisations de jeunes des syndicats et des dizaines d’autres organisations afin d’organiser ensemble une nouvelle marche des jeunes pour l’emploi.

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