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Tag: La Meuse
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Une politique scientifique qui n’entraîne aucun progrès social
Les moyens publics pour la recherche et l’innovation sont surtout orientés vers un groupe très select d’entreprises qui encaissent les subsides et suppriment pourtant des emplois. Une réponse de la Ministre flamande de l’Innovation, des Investissements publics, des Médias et de la Lutte contre la Pauvreté Ingrid Lieten (SP.a) à une question posée au parlement flamand a démontré que 59% des subsides attribués entre 2002 en 2011 sont arrivés dans les caisses de dix grandes entreprises qui, dans la même période, ont supprimé 6.600 emplois. Il s’agit entre autres de Janssen Pharmaceutica, Alcatel-Lucent, Philips, Umicore, Bekaert, ON Semiconductors et Agfa. Du côté francophone, nous ne disposons pas de chiffres, mais, là aussi, Jean Claude Marcourt, Demotte & Co accentuent le développement du soutien au secteur de l’innovation. Pour stimuler l’emploi bien sûr…
Par Tim (Bruxelles)
“Ecosystèmes et emplois indirects”
La ministre Lieten a bien été forcée d’admettre que ces données étaient spectaculaires, en rajoutant toutefois très vite que les subsides pour l’innovation et la recherche ‘‘ne servent pas seulement à créer l’emploi chez les entreprises soutenues’’, que les ‘‘écosystèmes et les emplois indirects’’ sont également importants. Il faut autrement dit tenir également en compte les activités économiques des fournisseurs et des clients de l’entreprise en question. Le revers de la médaille, c’est bien sûr le fait qu’avec la fermeture d’une grande entreprise, c’est tout son ‘écosystème’ qui est menacé. Les fermetures et les licenciements chez Ford, ArcelorMittal ou Catterpillar entraînent déjà une importante dislocation économique dans des régions entières.
Les dossiers introduits par les entreprises pour recevoir des subsides pour la recherche et le développement sont tenus secrets. Nous ne disposons donc d’aucune donnée publique sur la manière dont ces entreprises calculent les retombées économiques et sociales de leurs investissements. C’est bien dommage. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que l’agence flamande pour ‘‘l’Innovation par la Science et la Technologie’’ (IWT) distribue chaque année environ 110 millions d’euros de subsides à des entreprises qui organisent des bains de sang sociaux. Un certain contrôle serait peut-être le bienvenu…
“Valeur ajoutée”
L’IWT soutient en principe des projets dont la valeur ajoutée est au moins 25 fois plus grande que le subside attribué. Pour chaque euro de subside, l’agence s’attend donc au moins à 25 euros de valeur ajoutée. Dans certains cas, cet objectif peut être réduit à 10. ‘‘Valeur ajoutée’’ étant une description assez vague, l’IWT ne prend en compte que les frais salariaux prouvés et les amortissements sur investissements. On ne regarde pas seulement à l’emploi supplémentaire, mais aussi aux jobs qui seraient délocalisés ou rayés de la carte faute de subside ainsi qu’aux investissements et aux emplois chez les fournisseurs, les institutions de recherche et les clients.
Puisque cette description de ‘‘valeur ajouté’’ reste floue, comment calculer si plus d’emplois seraient perdus sans subsides ? De plus, si une ‘‘valeur ajoutée’’ est réalisée au sein de l’Espace économique européen, les subsides ne peuvent légalement pas être récupérés. Si, par exemple, une entreprise comme Bekaert reçoit des subsides des autorités pour, par après, délocaliser sa production en Slovaquie, on ne peut légalement rien y faire…
VOKA : le problème est la recherche publique
Avec ces chiffres qui donnent à réfléchir, on pourrait s’attendre à un minimum de modestie de la part du patronat. Ce n’est pas leur point fort. La fédération patronale flamande VOKA a lancé la contre-attaque en dénonçant le fait que la plupart des investissements publics dans la recherche tombaient dans les caisses d’organisations publiques de recherche (comme les universités) sans qu’il n’existe de ‘‘retombée positive à long terme.’’
Au lieu d’accorder des budgets aux universités, hautes-écoles et autres institutions publiques de recherche, les petits patrons flamands veulent que le gouvernement n’investisse que dans la recherche qui a un impact économique immédiat. Une telle politique aurait signifié de ne jamais connaître bon nombre d’inventions qui font aujourd’hui notre quotidien. De plus, les institutions publiques de recherche créent directement des emplois et des investissements dans l’infrastructure. Les institutions publiques de recherche ne connaissent en effet pas le phénomène des énormes profits à verser en dividendes aux actionnaires…
De plus, il est faux de dire que la majorité des moyens sont alloués aux institutions publiques. En 2011, l’IWT a distribué 232 millions de subsides pour la recherche et l’innovation, dont 144 millions au privé et 88 millions pour les institutions publiques ! Une partie des subsides au privé revient toutefois aux universités et aux hautes-écoles qui mettent à disposition des entreprises leur infrastructure ou leur capacité de recherche, en tant que ‘‘partenaire de recherche’’. Ainsi, 48,4% des moyens versées par l’IWT vont vers les institutions publiques. Avec ces moyens, ces institutions ont créé plus de 1.500 emplois ! C’est tout le contraire des entreprises privées.
La problématique plus large
Le manque d’investissements dans la recherche et développement est général. En 2002, l’Union Européenne s’était fixée pour objectif d’atteindre la ‘‘norme de 3%’’ en 2010 : les investissements publics dans la recherche et le développement devaient atteindre 1% du PIB, les investissements privés 2% du PIB. En Flandre, seulement 2,12% ont été atteint – du côté francophone, la situation est pire encore – et le secteur privé est davantage en retard que le secteur public. Parmi les pays voisins, seuls les Pays-Bas font pires que nous.
Cela n’est pas une coïncidence. Sous le capitalisme, les entreprises n’investissent que lorsqu’elles peuvent réaliser des profits à relativement court terme. Une technologie socialement utile mais qui ne rapporte pas suffisamment de plus-value économique ne présente pas d’intérêt suivant cette approche. C’est la conséquence logique de la propriété privée des moyens de production : les capitalistes sont mutuellement en compétition, et essaient d’obtenir un rendement maximal avec leurs investissements privés. En période de crise, la spéculation et les transactions financières sont plus rentables que la recherche et le développement de la production et des activités économiques réelles. Le capitalisme se heurte à ses propres contradictions : la propriété privée des moyens de productions a atteint ses limites.
Pour une vision socialiste
Un véritable programme socialiste doit se fixer pour objectif de libérer la recherche et l’innovation du carcan de la propriété privé. La nationalisation des 500 plus grandes entreprises de ce pays, et leur mise sous contrôle démocratique de la collectivité, amènerait une énorme richesse qui pourrait être utilisée dans la recherche et le développement. Nous pourrions ainsi fournir de véritables moyens au développement de technologies socialement utiles. Nous pourrions investir dans des bus, des trains et des voitures de qualité et écologiques, dans des maisons passives pour combler la manque de maisons sociales,… Il serait aussi possible de rassembler toutes les recherches sur le cancer et le SIDA au lieu de la fragmentation qui existe actuellement dans des dizaines d’entreprises.
Nationaliser pour le progrès social et technologique
En 2011, le projet de recherche “COMPLEX” a commencé, un projet de l’Université de Gand et de 7 partenaires industriels. Le projet examine la possibilité de transformer les entreprises d’assemblages de voitures en usines où l’on peut produire tant des voitures à combustion classique que des engins hybrides et électriques.
Les possibilités des voitures électriques sont énormes. L’Université de Gand utilise déjà plusieurs voitures aux performances très similaires à celles d’une voiture avec combustion fossile. Mais aucune entreprise n’est prête à réserver un hall de production dans ses usines pour la fabrication de voitures électriques : le risque commercial est trop grand dans une situation de surproduction. Le projet COMPLEX apporterait une solution. Mais un des cas pratiques à l’étude est le hall de production de… Ford à Genk. La fermeture de Ford menace dès lors la poursuite de cette recherche…
Pourquoi alors ne pas nationaliser l’usine et la faire redémarrer sous contrôle public ? L’entreprise pourrait ainsi être transformée en une unité de production et de recherche publique pour la mobilité. Les lignes de production pourraient être adaptées pour pouvoir également produire des bus et des trains. Sur base des résultats du projet COMPLEX, nous pourrions commencer assez vite la production de voitures électriques. L’acier nécessaire à cette fin pourrait être trouvé à Liège, et transporté par la Meuse et le Canal Albert, pour ne pas engorger les routes.
Pour construire de nouvelles lignes de métro ou de tram, pour élargir la jonction Nord-Midi à Bruxelles, ou pour construire des pôles de recharge pour les voitures et bus électriques, des machines de construction pourraient être fabriquées à Gosselies, où Caterpillar vient d’annoncer 1.400 licenciements. Les machines de construction et l’acier pourraient également être utilisées pour la construction de maisons sociales passives, d’écoles et de crèches modernes. En nationalisant le secteur bancaire, et en le transformant en un véhicule d’investissements publics avec des garanties par le gouvernement, et sous contrôle public, les travailleurs et leurs familles recevraient un bon taux d’intérêt garanti sur leurs épargnes, et il y aurait des crédits à bon marché pour les maison particulières et pour les PME.
Dans le cadre du système actuel, tout ceci est impossible. Mais les moyens pour une telle politique existent. Pensons seulement aux 30-35 milliards d’euros que des Belges ont illégalement planqués en Suisse, ou aux 92 milliards d’euros de profits des entreprises belges (2009). Aujourd’hui, ceci pourrait paraitre irréaliste, mais n’est-il pas plus irréaliste de continuer à assainir et de supprimer des emplois et des services publics quand des alternatives existent ?
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Une presse libre et indépendante ? Nous avons besoin de nos propres médias !
On tente de nous faire croire que la presse diffuse les informations le plus objectivement possible. Cette ‘‘objectivité’’ mérite d’être interrogée. La liste des exemples est longue, mais la grève générale du 30 janvier est un des plus beaux exemples du parti pris de nos médias. Une grève ‘‘inutile’’, qui nous enfoncerait même dans la crise, du fait de travailleurs irresponsables face à ce chaos économique, allant même jusqu’à creuser la tombe de notre sainte patrie !
Par Daphné (Liège)
Encore plus honteux, dans la rubrique ‘‘les tabous des belges’’ paru dans le soir du 6 février, on a pu trouver une propagande digne de la droite militante. ‘‘Les chômeurs sont des profiteurs’’ : la suite des propos sont à cette image : durs, honteux, percutants. Les chômeurs y sont catégorisés : le chômeur bobo, l’arnaqueur professionnel,… Et pour illustrer ce dossier : une caricature d’un chômeur au teint fortement basané dans sa Rolls Royce, cigare au bec, casquette d’ouvrier, revenant de l’Onem et se payant des vacances au Farniente. C’est tout simplement une attaque honteuse et xénophobe qui vise à nous diviser. Ils y avancent des chiffres abracadabrants, un ménage de chômeur gagnerait en moyenne 2500 euros par mois ! Rien que pour l’année 2010, les fraudeurs auraient allégé les caisses sociales de… 100 millions d’euros ! Imaginons même que ces chiffres soient corrects, ils font pâle figure à côté de la fraude fiscale, estimée… entre 16 et 30 milliards d’euros par an ! Pas de dossier à ce sujet dans les pages du Soir…
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Placez votre message de voeu de mai dans ce journal ! Soutenez-nous !
Chaque année, à l’occasion du 1er mai, fête des travailleurs, vous avez la possibilité de nous aider en présentant vos voeux, vos encouragements, vos messages de lutte ou en faisant éventuellement connaitre votre commerce, club ou association dans l’édition de Lutte Socialiste du mois de mai. Placez un message de voeu de mai dans notre journal !
- Plus d’infos
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Fin de l’année 2011, l’agence Belga a licencié 9 membres de son personnel, au moment où on apprenait que SudPresse (La Meuse, La Capitale,… et dépendant du groupe Rossel) devait subir une importante restructuration (35 emplois sont menacés). Peu de temps après, Le Soir (qui dépend également du groupe Rossel) annonçait qu’il se séparait de plusieurs journalistes. Conclusion : toujours autant d’articles à produire avec moins de personnel, soit une pression de travail accrue, moins de temps pour analyser l’information,… mais aussi la menace implicite de licenciements. Ce climat est-il propice à la diffusion d’une information de qualité ?
Au sein des conseils d’administration des grands médias ‘‘indépendants’’ belges siègent des personnes liées aux plus grands groupes industriels et financiers du pays. On devrait donc se dire qu’il est ‘‘normal’’ que ceux-ci soient moins objectifs que nos médias publics. Mais il faut savoir que nos médias publics sont eux-mêmes dirigés par les partis qui appliquent la politique néolibérale. La RTBF, par exemple, a dans son conseil d’administration cinq administrateurs PS, deux administrateurs CDH, deux administrateurs Ecolo et quatre administrateurs MR. Bref, de tous côtés, nous sommes cernés par un monopole néolibéral sur l’information.
Fasse à ce contrôle pro-patronal de l’information, le mouvement des travailleurs a besoin de ses propres médias. C’est dans ce cadre que nous disposons nous-mêmes de nos sites internet et de ce mensuel, entièrement financés par l’argent que nous collectons dans la rue et auprès de nos membres et sympathisants. Nous aussi nous sommes financièrement dépendants de ceux que nous défendons, et ce ne sont pas les patrons ! N’hésitez pas à nous soutenir en vous abonnant vous aussi !
“Les médias relaient les discours du pouvoir”
Geoffrey Geuens est chargé de cours en communication à l’Université de Liège. Pour lui, les médias “ne sont pas indépendants”, notamment en raison du capital des entreprises de presse et de la disposition des élites médiatiques à relayer le discours du pouvoir. Morceaux choisis d’une interview accordée au Soir :
‘‘Affirmer que la presse est dirigée par des personnalités qui n’ont d’intérêts que dans ce secteur, c’est le contraire de la vérité. La plupart de ces familles sont aussi dans les plus grandes fortunes du pays. (…) La presse se présente comme un contre-pouvoir, mais elle joue plutôt le rôle d’attaché de communication du gouvernement en cette période de crise. Ce n’est pas un complot, c’est une proximité idéologique.’’
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Di Rupo contre les femmes – L’austérité les frappe durement
Les nouvelles mesures du gouvernement Di Rupo constituent une offensive importante contre les travailleurs. Certains groupes sont plus particulièrement touchés, comme les jeunes et les femmes. Les attaques contre les allocations de chômage, les fins de carrière, les crédit-temps et les interruptions de carrière signifient pour beaucoup de femmes une réelle dégradation de leurs conditions de vie et de travail.
Par Aisha, porte-parole de la commission femmes du PSL
La crise économique avait déjà touché les conditions de vie des femmes à différents niveaux. La baisse du pouvoir d’achat s’est fortement faite sentir pour les revenus les plus faibles, et les femmes gagnent toujours jusqu’à 25 % de moins que les hommes. De plus, les fermetures d’entreprises et les licenciements massifs ont mis sous pression le marché du travail, rendant l’accès à l’emploi encore plus difficile.
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Les femmes devraient-elles travailler plus longtemps ?
Le 22 février, le ‘‘journal’’ La Meuse a posé en première page la question suivante : les femmes ne devraient-elles pas travailler plus longtemps que les hommes ? Etant donné que leur moyenne d’espérance de vie est plus élevée… Au vu de toute la propagande qui défend l’augmentation de l’âge de départ en retraite sur base de l’augmentation globale de l’espérance de vie, ce n’est pas une question si absurde. Le fait est que ce n’est pas la seule donnée à prendre en compte. Aujourd’hui nous vivons effectivement plus longtemps, mais nous produisons également beaucoup plus de richesses en travaillant. L’augmentation de la productivité rend d’ailleurs impossible de travailler plus longtemps pour de nombreuses personnes.
En prenant l’espérance de vie pour seul critère, plusieurs choses devraient changer. En 2010, une étude de la Fondation roi Baudouin et des autorités scientifiques fédérales a démontré qu’une femme qui avait pu faire des études supérieures avait une espérance de vie augmentée de 7,5 ans en moyenne. A 25 ans, une femme hautement scolarisée peut espérer avoir en moyenne 47 ans de bonne santé devant elle, contre 36 ans pour une femme qui n’a connu que l’enseignement secondaire, et 29 ans pour une femme qui n’a pas terminé ses secondaires.
La pension des femmes 23% plus basse…
Alors que La Meuse remet en question l’âge de départ des femmes à la retraite, comme expliqué ci-dessus, des données très intéressantes et pertinentes ont été publiées par l’Institut pour l’égalité des chances concernant la différence entre les hommes et les femmes. L’écart salarial entre les hommes et les femmes dans le secteur privé, observé sur la base du salaire horaire brut, s’élève à 25% chez les employés et 17% chez les ouvriers. L’écart salarial dans le secteur public est beaucoup moins élevé (5% chez les contractuels) et s’explique par le fait que les salaires sont beaucoup plus réglementés dans l’administration. Au niveau des pensions, la différence est en moyenne de 23%, à cause de l’écart salarial mais aussi par des carrières plus irrégulières. Les réformes de Van Quickenborne concernant le crédit-temps pénalisé dans le calcul de la pension va encore plus durement frapper les femmes. Le ministre estime visiblement qu’un écart 23% au niveau de la pension n’est pas suffisant.
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Aujourd’hui, 1 personne sur 8 vit dans un ménage sans emploi dans notre pays. Les chômeurs sont d’ailleurs systématiquement mis sous pression, comme avec cette nouvelle mesure qui organise la diminution des allocations de chômage dans le temps et va, de ce fait, pousser encore plus de personnes dans la précarité. Les chômeurs de longue durée, majoritairement des femmes, vont voir leur revenu rabaissé au strict minimum, ce qui rend impossible d’assurer les besoins quotidiens d’une famille.
Ces mesures, associées à l’augmentation des contrôles et des sanctions, ont en fait pour réel objectif d’obliger les chômeurs à accepter n’importe quel travail sous n’importe quelles conditions, afin de construire un large secteur à bas salaire dans la société. Mais pour les femmes, qui portent encore sur leurs épaules une bonne part des tâches ménagères et de l’éducation des enfants, cela peut se révéler une mission impossible ! Comment combiner un emploi qui peut se trouver jusqu’à 60 km de la maison, un salaire de misère et des garderies trop peu nombreuses et trop chères ?
A cela vient encore s’ajouter des mesures plus restrictives pour les crédits-temps. Or, 95% des crédits-temps à temps plein sont pris par des femmes afin de s’occuper des jeunes enfants. Aujourd’hui déjà, seules 37% des femmes faiblement qualifiées travaillent à temps plein et ce chiffre baisse à 11% après la naissance d’un premier enfant.
Toutes ces mesures vont pousser encore plus de femmes vers les emplois précaires, à temps partiels ou encore tout simplement hors du marché de l’emploi. Les mesures sur les fins de carrière ont également des effets importants sur les conditions de vie des femmes. Un pensionné sur trois et plus d’une pensionnée sur deux doivent déjà vivre avec moins de 1000 euros par mois ! Mais le gouvernement a pris des mesures qui vont empirer cette situation. En augmentant le nombre d’années de carrière demandé pour le départ en prépension, le gouvernement oblige à travailler beaucoup plus tard, très certainement dans le cas des femmes qui, souvent, doivent travailler à temps partiel ou faire une pause durant leur carrière. Aujourd’hui 44,3% des femmes travaillent à temps partiel pour 9,3% des hommes. Il devient dès lors très difficile de remplir les conditions demandées pour la pension ou la prépension.
Face à ces attaques, nous avons besoin d’un programme et d’un plan d’action qui unissent l’ensemble des travailleurs. L’absence de réponses face aux problèmes sociaux ouvre la voie aux groupes qui cherchent à diffuser leurs idées réactionnaires. Ainsi, depuis trois ans, des ‘‘Marches pour la Vie’’ sont organisées avec le soutien de Mgr Léonard. Leurs organisateurs militent pour l’abolition du droit à l’avortement. Pour le PSL, personne ne doit s’approprier le pouvoir de décider de l’orientation de sa vie à la place de qui que ce soit, y compris d’avoir des enfants ou pas. C’est pourquoi nous défendons le droit à l’avortement. Mais nous pensons également que beaucoup de femmes n’auraient pas recourt à l’avortement avec une meilleure situation financière. Nous revendiquons donc que chacun dispose des conditions matérielles permettant de faire un véritable choix. Participez à notre campagne pro-choix !
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En Bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, des cartoons, de petites vidéos,…
Course à droite dans le groupe Rossel…
Le groupe de presse Rossel, c’est Le Soir, mais aussi Sudpresse (La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Capitale,…), le Vlan, la Voix du Nord, L’Echo / De Tijd, RTL-TVI, Club RTL, Plug RTL, Bel RTL et Radio Contact. Bref, un monstre des médias. Et dans la bataille de l’austérité, quel est le camp choisi par le groupe? Celui du patronat évidement. Le Soir s’est ainsi fendu de dossiers nauséabons sur les "tabous” que représentent les syndicats et les chômeurs. Quant à la Meuse, elle a publié en première page ce mercredi ”Les femmes ne doivent-elles pas travailler plus longtemps que les hommes?” Et de continuer, toujours en première page, "Comme l’espérance de vie féminine est plus grande, la question de l’âge de départ à la retraite en fonction du sexe pourrait se poser un jour” Voilà une belle logique de cours de récré ! Précisons toutefois que le ”journaliste” n’était pas une femme.
La pension des femmes 23% plus basse…
Alors que La Meuse remet en question l’âge de départ des femmes à la retraite, comme expliqué ci-dessus, des données très intéressantes et pertinentes ont été publiées par l’Institut pour l’égalité des chances concernant la différence entre les hommes et les femmes. L’écart salarial entre les hommes et les femmes dans le secteur privé, observé sur la base du salaire horaire brut, s’élève à 25% chez les employés et 17% chez les ouvriers. L’écart salarial dans le secteur public est beaucoup moins élevé (5% chez les contractuels) et s’explique par le fait que les salaires sont beaucoup plus réglementés dans l’administration. Au niveau des pensions, la différence est en moyenne de 23%, à cause de l’écart salarial mais aussi par des carrières plus irrégulières. Les réformes de Van Quickenborne concernant le crédit-temps pénalisé dans le calcul de la pension va encore plus durement frapper les femmes. Le ministre estime visiblement qu’un écart 23% au niveau de la pension n’est pas suffisant.
Confessions d’un cheminot
Cette semaine, Le Vif a laissé la parole à un agent de la SNCB. Morceaux choisis : ”Pour le moment, ce qui tracasse les collègues, c’est l’augmentation du tarif pour les gens qui achètent leur billet dans le train. Apparemment, à partir d’octobre, ce ne sera plus 3 euros, mais 7 euros de supplément si on paye son ticket à bord. Mettre 7 euros en plus à un voyageur, imaginez… On va recevoir des coups. (…) Un samedi soir, je suis resté trois heures en rade à Floreffe. Caténaire cassée. Une locomotive diesel aurait dû venir secourir mon train. Mais le dispatching m’explique : pas de conducteur, pas de locomotive non plus. J’avais à bord un groupe de jeunes qui devaient se rendre à une mégasoirée à Hasselt. Ils étaient surexcités. J’ai cru que je ne survivrai pas. Toutes les demi-heures, je téléphonais au dispatching pour leur demander s’ils avaient une solution. On me répondait : ah non… Les voyageurs énervés ont compris que je n’en savais pas plus qu’eux. Finalement, Securail a envoyé un bus. C’est typique. Le week-end, il n’y a plus de personnel ni de machines disponibles pour ce genre d’incidents.”
A côté des exemples du sous-investissement, le cheminot a également pointé du doigt les problèmes de gestion : ”A Charleroi, les toilettes du local des accompagnateurs de train sont bouchées. De la pissotière au gros tuyau, ça relève de la SNCB. A partir du gros tuyau, par contre, c’est le holding. Le holding dit : le petit tuyau est bouché, c’est à la SNCB de réparer. La SNCB rétorque : pour réparer, il faut casser le mur, qui appartient au holding. Véridique !”
Toutes les 3 minutes, un salarié européen meurt à cause de son travail
Laurent Vogel, de l’Institut syndical européen, a récemment accordé une interview au site Bastamag.net au sujet de l’état de santé des travailleurs européens à l’heure des plans d’austérité. Alors que l’âge de départ en retraite est sous pression partout en Europe : ”Nous assistons à une détérioration de la santé au travail sur le long terme. Le problème est moins l’impact immédiat des conditions de travail sur la santé que le cumul des atteintes à la santé dans la durée. Dans le cadre de l’enquête européenne sur les conditions de travail, lorsque l’on demande aux salariés s’ils se sentent capables de travailler jusqu’à l’âge de 60 ans, les réponses négatives sont importantes. Un effet d’usure se manifeste : seulement 44 % des ouvriers non qualifiés pensent ainsi pouvoir tenir le coup jusqu’à 60 ans, et à peine la moitié des ouvriers qualifiés.” En Europe, 460 personnes meurent chaque jour à la suite d’accidents et de maladies liés au travail (168 000 par an selon la Commission des affaires sociales du Parlement européen). selon Laurent Vogel, c’est ”une estimation plutôt basse.”
La stratégie du choc en Grèce, interview de Naomi Klein
Retranscription en français
”Ce qui se passe actuellement en Grèce, ressemble en quelque sorte à ce qui s’est passé en Corée du sud durant la crise asiatique, dans le sens où il y a eut cette guerre évidente avec la démocratie. La Corée du sud était en pleine période électorale quand le FMI a obligé tous les candidats à la présidence à signer l’accord passé avec le FMI. En réalité le FMI a annulé le sens même des élections.
”Et peu importe le résultat des élections, l’accord reste inchangé parce qu’ ils redoutaient que celui qui négocie avec le FMI, n’aura pas une grande influence politique pour imposer l’accord et perdra les élections.
”C’est le moment ou le masque tombe complétement et où le système des marchés est en guerre avec la démocratie. Les projets du néolibéralisme sont de discréditer la démocratie et de faire en sorte que les élections deviennent une course au candidat le plus populaire. Les marchés veulent de la sécurité. La sécurité que les élections n’amènent aucun changement au statu quo des affaires.
”Et il y a beaucoup de mécanismes pour assurer ce statu quo. La soit-disant indépendance de la banque centrale est un de ces mécanismes avec lequel ils disent : « les hommes politiques ne peuvent pas toucher à nos jouets ».
”Dans « la Stratégie du Choc » je raconte que c’est ce qui s’est passé au Chili durant la période transitoire vers la démocratie. La fin de la dictature de Pinochet est survenue comme le régime Pinochet l’a voulue. C’était une transition contrôlée. Les « Chicago boys » (groupe d’économistes qui ont travaillé avec Pinochet) disaient ouvertement qu’ils allaient réinventer le sens, la définition de la démocratie, vers une démocratie technocratique.
”Dans la réalité il s’agit d’une démocratie où l’économie est hors d’atteinte des politiques. Ils ont utilisé des mécanismes constitutionnels, de sorte que tout changement des règles du jeu économique devienne impossible ou illégal. Les programmes de restructuration sont une des manières d’atteindre leurs buts. Les accords du libre échange en est une autre.
”Il y a plusieurs manières de raconter l’histoire du néolibéralisme, comme l’histoire du « comment lier les mains de la démocratie », de sorte qu’elle ne puisse pas inciter le pouvoir à changer l’économie.
”La Grèce est considérée comme une nation peuplée d’enfants à qui il faut retirer des mains les clés de la voiture.”
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TEC : Il faut un plan d’action qui unisse travailleurs et usagers!
Les dernières journées de grève qui ont touché le TEC en région liégeoise, au sujet d’un problème relatif au statut des chefs d’équipes techniques, ont fait beaucoup de bruit. Tandis qu’un groupe facebook appelait à une manifestation pour ce samedi contre ces grèves et pour le service minimum, une fois de plus, ce fut aussi l’occasion de constater à nouveau à quel point la presse traditionnelle est bien peu ‘‘objective’’ dans sa manière de traiter l’information.
Par Nicolas Croes
Pour RTL-TVI – qui s’est fait une certaine réputation en trainant dans la boue le moindre conflit social – c’était l’occasion à ne pas louper ! Un de ses reportages annonçait : des ‘‘Liégeois pris en otage par la TEC’’ veulent voir les TEC privatisés. Et le journaliste de poursuivre en parlant des chauffeurs de lignes privées qui, eux, n’arrêtent pas de travailler, même quand ils reçoivent des pavés sur les bus. Tout juste est-il brièvement expliqué que, quand même, dans le privé, on roule 12, parfois 14 heures d’affilée… Et oui, faire grève, c’est utile, et ça permet de défendre les droits des travailleurs, mais bon, ça, on préfère ne pas trop en parler à RTL.
Quant au quotidien-feuille-de-choux liégeois La Meuse, il n’a pas non plus hésité et a de son côté et notamment titré : ‘‘Les chauffeurs et les syndicats font-ils "la grève du cerveau"? Ce n’est pas avec le même ton et la même arrogance qu’ils parlent de l’austérité ou des profits des grands actionnaires, loin de là… En fait, la couverture médiatique de la grève fut unilatéralement utilisée comme une campagne de propagande destinée à pousser l’idée du service minimum et de la privatisation des transports en commun.
Autre élément, cet appel à manifester contre les grèves au TEC et pour l’instauration d’un service minimum lancé par deux étudiants liégeois (tous deux précisent toutefois bien qu’ils sont contre la privatisation du TEC et qu’ils croient au service public). Bien entendu, nous comprenons bien que cette grève, survenue en pleine période d’examen, a entraîné de nombreuses complications. Mais pour réellement parvenir à une solution, l’instauration du service minimum n’est pas une aide, que du contraire. Pour la direction du TEC, ce serait l’occasion de faire passer des mesures d’austérité, d’attaquer les conditions de travail et de salaire,… et les travailleurs ne seront pas les seuls à en pâtir ! Comme les usagers des transports en commun ne le savent que trop bien, le manque de moyens, de personnel,… cela a comme résultat des retards, des suppressions de ligne,… Au final, défendre le droit de grève, c’est défendre un moyen destiné à lutter pour un service public de qualité.
On ne fait jamais grève par plaisir, contrairement à ce que certains médias tentent de nous faire avaler. Souvent, quand la raison officielle d’une grève semble infime, c’est qu’elle est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il s’agit dès lors plus d’un contexte d’accumulation de frustration et de colère face à une accumulation de problèmes. Mais, tant au TEC qu’à la SNCB et ailleurs, ces problèmes s’accumulent sans qu’un plan d’action syndical ne soit discuté et sans que les directions syndicales ne s’en soucient de trop. Anne Demelenne, la secrétaire générale de la FGTB, s’est d’ailleurs publiquement dédouanée de ces actions de grève lorsqu’elle était en visite auprès du très (très) patronal ‘‘Cercle de Lorraine’’, en précisant que la grève avait d’abord été déclenchée par la CSC… On fait mieux comme soutien aux luttes des travailleurs !
Imaginons l’impact qu’aurait une campagne de sensibilisation des syndicalistes du TEC à destination des usagers, expliquant en détail les problèmes auxquels les travailleurs font face, à quel point cela nuit à la prestation d’un service de qualité,… avec distribution de tracts, affiches aux arrêts de bus,…
Il serait non seulement possible de barrer la route à la propagande patronale dans les médias en s’en prenant à l’incompréhension des usagers, mais aussi d’appeler ces derniers à la solidarité. Une telle lutte, préparée suffisamment longtemps à l’avance, aurait un puissant impact, non seulement dans ce secteur précis, mais également dans d’autres, en illustrant comme gagner l’opinion publique et l’impliquer dans la lutte.
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C’était il y a tout juste 50 ans : le 6 janvier 1961, émeute à Liège
Il n’ y a pas qu’en Wallonie que les grévistes réclament la marche sur Bruxelles. A Gand, 12.000 manifestants crient également « A Bruxelles », il y en a 3.000 à Forest. Des concentrations importantes ont lieu quasi quotidiennement dans le Borinage, Le Centre, et la région de Charleroi. A Liège, la concentration décidée par la régionale de la FGTB est un gigantesque succès. Mais c’est dans le sang que cette manifestation se terminera.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
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– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
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Le journal La Wallonie parle de 50.000 manifestants à Liège. La colère gronde. Plusieurs journaux de droite se bornent à dire que la Place Saint-Paul où a lieu le meeting : «étai couverte de monde». La foule est immense et impressionnante, les rues voisines sont bloquées par une marée humaine. C’est la réponse des grévistes à André Renard qui, pour essayer de justifier son refus de marche sur Bruxelles, invoquait que si cette fois-ci les travailleurs n’étaient pas 50.000 à monter sur Bruxelles, ce serait un échec.
Les troupes se sont mobilisées et, rien que pour la régionale de Liège, il 50.000 manifestants dans la rue, prêts pour la marche sur Bruxelles. Même la FGTB est impressionnée de voir une mobilisation aussi massive après dix-huit jours de grève générale.
André Renard exhorte les grévistes à la « discipline » et à la « dignité » et les invitent à rentrer chez eux dans le calme. Renard doit, une nouvelle fois, repousser la Marche sur Bruxelles, l’affrontement révolutionnaire des grévistes contre les symboles du pouvoir réunis dans la capitale, mot d’ordre réclamé par les grévistes avec une force et une résonance incommensurable.
S’ adressant à la foule, Renard parle avec modération et, à l’ issue du meeting, il conseille aux grévistes de se disperser dans le calme. Le quotidien Le Peuple, lié au PSB, relate : «L’orateur calme tout d’ abord certains exaltés qui réclament à corps et à cri une marche sur Bruxelles. Il leur rappelle qu’au moment opportun, les dirigeants syndicaux sauront prendre leurs responsabilités.» Et Renard, à bout d’ arguments, évoque l’abandon de l’ outil: «Pour cette arme redoutable, nous choisirons le moment opportun. Il y a la sidérurgie. Nous allons l’atteindre dans les jours qui viennent, peut-être même dans les heures qui viennent. Nous savons ce que cela peut coûter à la classe ouvrière. Si cela peut vous faire mal, nous savons que cela peut faire encore plus mal à l’ adversaire.»
Des promesses, encore des promesses, toujours des promesses d’action mais, comme toujours, aucune de celles-ci ne sera tenue, elles sont lancées dans le seul but de faire patienter les grévistes qui vont une fois de plus se retrouver seuls dans des actions de rues. Des paroles, encore des paroles, toujours des paroles, parfois modérées, parfois radicales, mais rien ne se concrétise par des actions percutantes, pour la simple raison que les directions du PSB et de la FGTB, complètement compromises, n’ont aucune intention d’affronter réellement l’ Etat Bourgeois.
Voici le compte rendu du discours d’André Renard paru dans le journal La Wallonie du 7 janvier 1961 : «Les travailleurs wallons font la grève totale, nous en sommes fiers, mais les camarades flamands, eux-aussi, sont en grève. Nous leur rendons hommage et particulièrement aux Anversois. Jamais il n’ a été question de rompre la solidarité avec nos camarades flamands en lutte». Mais, après avoir «tendu une main fraternelle à nos camarades flamands» Monsieur Renard fait une profession de foi fédéraliste décidée et enthousiaste, car il ne veut plus subir «la domination cléricale flamingante». Il évoque alors les moyens que les grévistes ont encore à leur disposition pour faire triompher leur cause : la grève perlée que «les capitalistes craignent particulièrement car pareille grève fait baisser le rendement des usines de 50 %» et l’abandon de l’outil que nous utiliserons «soit dans les prochains jours, peut-être dans les heures qui viennent» Et il conclut : «Un seul mot d’ ordre : tenir. Avec des piquets de grève plus durs que jamais, car la lutte est presque gagnée. La classe ouvrière de Wallonie forme un bloc sans fissure. Il faut tenir. Tenir aussi longtemps qu’il le faudra.» Parler de grève perlée au moment où toute l’ économie du pays est paralysée par la grève générale, c’ est vraiment entraver et se mettre en contradiction avec le déroulement efficace de celle-ci…
Le ton de la manifestation monte de minute en minute, la nervosité et la colère des grévistes sont poussées à bout par le discours de Renard, qui ne répond pas aux attentes des grévistes, ainsi que par le manque de mots d’ ordre d’ action qu’ils sont en droit d’ attendre de la FGTB nationale et régionale, et de Renard en particulier. Ils sont déçus et vont le faire savoir.
Les discours des orateurs à peine terminés, des cortèges de plusieurs milliers de manifestants se dirigent et occupent le centre ville. Sur le parcours, les locaux du journal La Meuse, accusé de délation par les grévistes, sont saccagés. Un car de police est renversé et incendié. Des banques, le siège des mutualités chrétiennes et le local des classes moyennes voient leurs vitres voler en éclats. En certains endroits, les grévistes établissent des barricades avec des pavés, mais également avec des voitures ou des roulottes de voirie. Le centre de Liège est un véritable champ de bataille où les grévistes s’organisent et sont prêts à l’affrontement avec les forces de répression du gouvernement.
Face à ce déploiement spontané des ouvriers, les forces de l’ordre sont complètement débordées et partout dans le centre de Liège, c’est l’affrontement. La grève générale est maîtresse de la rue. C’est devant la gare des Guillemins que la bataille est la plus violente et la plus rude.
Lorsque les manifestants arrivent aux abords, l’armée défend l’édifice. Au moment où la gare est sur le point d’être investie, le commandant de l’unité fait tirer en l’air une rafale d’ avertissement. Les gendarmes, arrivés à la rescousse, lancent des grenades lacrymogènes à hauteur d’homme pour refouler la foule, sans succès. La gare des Guillemins est complètement saccagée par les grévistes en colère.
Cette toute nouvelle gare des Guillemins représentait la fierté d’ un édifice publique important, sa construction avait été réalisée par les pouvoirs publics et, aux yeux des grévistes, en s’attaquant au bâtiment, ils avaient, faute de mieux, le sentiment de s’attaquer à l’Etat bourgeois lui-même.
Pendant tout l’après-midi et dans la soirée de ce 6 janvier, le centre de Liège est un véritable champ de bataille. Liège vit pendant plus de sept heures une véritable insurrection ouvrière. Les travailleurs, excédés d’être abandonnés par leurs dirigeants, se battent avec leurs poings nus et avec une énergie qui inspire le respect de toute la classe ouvrière belge, contre de véritables bataillons de gendarmes qui n’ont pas hésité à tirer sur la foule. Dans la soirée, on compte deux morts parmi les grévistes et plus de 75 blessés. Le bilan des sept heures d’insurrections s’établit comme suit : 75 blessés dont 9 grièvement. Dans ce nombre 25 manifestants, 33 agents de police, 16 gendarmes, 1 pompier. Parmi les 9 blessés graves, 2 manifestants dont un très grièvement, 3 agents et 4 gendarmes.
Certains intellectuels ont des préjugés défavorables à la classe ouvrière. Ainsi, quand Valmy Feaux exprime son opinion sur l’origine de l’émeute insurrectionnelle de la gare des Guillemins, il écrit que «Ce sont les manifestants qui occasionnent le désordre que nous avons évoqué et qui durera plus de sept heures.» (V. Feaux, La grève de l’ hiver 1960-1961, cinq semaines de lutte sociale, P.126) Alors que, d’après plusieurs témoignages dont ceux des dirigeants syndicaux qui se trouvaient directement sur la place aux moments des évènements, ce sont une nouvelle fois les provocations policières qui ont énervé les manifestants. La police avait érigé des barrages pour empêcher les grévistes de passer afin de se rendre dans leurs communes respectives. Ensuite, les manifestants ont brutalement été attaqués et pourchassés à coups de bombes lacrymogènes ou par les autopompes et leurs puissants jets d’eau glacée. Les manifestants furent alors brutalement dispersés dans les rues avoisinantes par une importante colonne de policiers et de gendarmes, ce qui a provoqué des réactions de colère violente de la part des grévistes, qui s’ en sont finalement pris à la gare des Guillemins.
Environ 28 blessés sont hospitalisés, 6 d’entre eux sont atteints par balle. Lefèbvre, le ministre de l’intérieur, soutient la thèse de la légitime défense au cours d’ une «émeute organisée» Ce 6 janvier qui fit plusieurs victimes tuées par balle. En effet, Laurent Rodder un ouvrier affilié au PSB est grièvement blessé, la rate et le foie perforé par une balle dans le dos. Alors qu’Albert Boutet âgé de 25 ans est lui plongé dans un coma critique. Il décède peu après. Jos Woussen âgé de 32 ans, ancien champion de boxe décèdera également suite à ses blessures, atteint d’ une balle à la tête.
Les travailleurs se sont courageusement battus. Ils ont fait, une fois de plus, la preuve de leur ténacité, de leur courage et de leur instinct de classe. Ils se sont battus, chacun à leur poste, mais ils n’ont pas réussi à se libérer de l’étouffoir de leurs organisations bureaucratisées.
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Blokbuster proteste auprès de la ville de Maastricht
Dimanche dernier s’est tenue une manifestation antifasciste à Maastricht à laquelle a participé une délégation de Blokbuster, notre campagne antifasciste flamande. Blokbuster a écrit une lettre de protestation à la ville de Maastricht car, sur décision du bourgmestre, environ 300 antifascistes ont été détenus pendant des heures, sans aucun droit et sans que la moindre procédure n’ait été entamée. Pendant que les anti-racistes étaient encerclés par la police, l’extrême-droite a pu défilé dans la ville.
Monsieur,
Dimanche dernier, nous avons été détenus avec un grand groupe d’anti-racistes dans votre ville, sans aucune justification, et nous voulons réagir. Nous avons été enfermés pendant des heures sans une seule information dans un petit bout d’une place sur les rives de la Meuse.
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Photo de Voorpost-Nederland en 2005. Le caractère néonazi de ce groupuscule est difficile à nier…
[/box]La ville Maastricht est entre autres connue pour son rôle européen. Nous savons déjà que la libre circulation des services est utilisée pour miner nos salaires et que la libre circulation des personnes ne vaut pas pour les sans-papiers. Mais, apparemment, la libre circulation des personnes ne s’applique pas non plus dans la ville de Maastricht elle-même.
Nous trouvons aussi assez hypocrite que les autorités occidentales critiquent les pays qui ne respectent pas les droits démocratiques et arrêtent des gens sans raison alors qu’elles font la même chose. Aucune procédure administrative n’a été entamée contre les militants bloqués contre leur gré durant des heures sans aucune disposition de base (hygiène, boissons, nourriture,…). Selon les agents qui nous détenus, cette décision est venue de vous.
Nous protestons contre les mesures de cette sorte qui évoquent plutôt Guantanamo Bay qu’un Etat de droit démocratique. Les agents qui nous ont détenus nous ont affirmé que nous n’étions pas arrêtés. Nous n’avons toutefois pas disposé de notre liberté d’aller et de nous trouver où nous voulons. Apparemment, il existe à Maastricht quelque chose comme des gens "un peu arrêté" : effectivement en détention, mais que cela ne s’appelle une arrestation.
Dit is een inbreuk op het democratisch recht om te manifesteren en dient enkel om betogers te intimideren en potentiële betogers af te schrikken. Wij zullen er niet aan twijfelen om dit optreden van uwentwege voor een breder publiek aan te klagen. Cela constitue une violation du droit démocratique de manifester. Cette mesure a pour but d’intimider et d’effrayer les manifestants et les potentiels futurs manifestants. Nous n’allons pas hésiter à dénoncer publiquement ces pratiques.
Bien à vous,
Geert Cool, au nom de Blokbuster
Quelques photos
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Visite militante de Liège et BBQ
Visite militante de Liège et BBQ
Il y a tout juste une semaine, nous avons organisé une petite visite de Liège avec sur base de l’histoire des luttes et des révoltes populaires dans la cité ardente, qui a décidément bien mérité son surnom… C’était pour nous l’occasion de commencer les vacances et nos campagnes d’été par une rencontre agréable à laquelle un peu plus d’une trentaine de personnes ont pris part, dont de jeunes ouvriers qui ont fait la connaissance de notre organisation à travers notre campagne pour plus de pouvoir d’achat.
Cette activité s’est déroulée une semaine à peine après la soirée de fin d’examen des Etudiants de Gauche Actifs, qui a également été une belle petite réussite. Réussite visiblement dans la droite lignée des traditions liégeoises, aux dires d’un certain Hubert Thomas… Ce dernier avait déclaré en 1541: «Personne ne croirait que les Liégeois sont buveurs au-delà de toute mesure, et moi-même je n’aurais rapporté cet amour du vin de mes compatriotes si je ne savais qu’aujourd’hui l’art de boire congrûment n’est pas compté par eux au nombre des vices, mais bien estimé à l’égal des premières vertus… Celui qui se montre sobre et frugal est méprisé, bafoué : on s’écrie qu’il doit avoir sur la conscience quelque crime qu’il craint de dévoiler pendant son ivresse.» Hum…
1.000 ans de luttes populaires à Liège
Bien entendu, c’est un autre aspect de l’histoire populaire de notre ville qui a été mis à l’honneur durant la visite, celui de la combativité du peuple liégeois au cours de l’histoire. La Cité Ardente peut s’enorgueillir de quelques beaux faits d’armes propres à rendre fiers les militants d’aujourd’hui… Notre guide n’a pas manqué d’insister sur ce point : Jean Peltier n’est pas seulement militant de longue date et passionné d’histoire, c’est aussi un amoureux de sa ville qui sait susciter l’intérêt, et avec beaucoup d’humour, ce qui ne gâche bien évidemment pas les choses…
Parmi tous les évènements hauts en couleur (rouge…) qui parsèment l’histoire de Liège, l’épisode de la Révolution liégeoise de 1789 est probablement le plus connu. Dès que les échos de la révolution française sont parvenus aux oreilles des Liégeois, le Prince-Evêque qui exerçait le pouvoir a été chassé. Après plusieurs années de luttes, en 1795, le rattachement à la France est voté, ce qui est un fait unique en Europe. Ce fait est révélateur de l’adhésion aux idéaux révolutionnaires portés par la jeune République, mais aussi des liens étroits que le parti populaire, à Liège, avait entretenu avec la France au cours des siècles précédents. Cette date a signifié la fin de la principauté de Liège et d’une histoire indépendante d’un millénaire, mais c’est loin d’être la seule à retenir pour les révolutionnaires d’aujourd’hui.
Ainsi, en 965 déjà, une révolte populaire éclate contre la politique fiscale de l’évêque Eracle (peut être un ancêtre de Didier Reynders ?).
Peu de temps après arrive l’évêque de Liège le plus célèbre, Notger, qui est aussi un seigneur féodal. C’est à partir de ce moment que la Principauté prend corps peu à peu. Il redescend de Publémont où s’était réfugié Eracle, fait construire une nouvelle cathédrale et un nouveau palais Place Saint-Lambert (l’actuel date de 1536), plusieurs collégiales et une nouvelle muraille autour d’une zone élargie incluant un centre économique (Place du Marché) et commerçant (en Neuvice).
Pendant les 5 premiers siècles de son existence, la principauté de Liège est une région très riche grâce aux terres fertiles de Hesbaye, aux bois des Ardennes, à la pierre, la houille et le fer que l’on trouve en abondance. Le commerce s’effectue d’abord le long de la Meuse, puis se développe un peu partout en Europe. Liège est alors célèbre pour son artisanat (dinanderies, textile), pour ses banquiers et son art, essentiellement religieux. Tout cela suscite les convoitises de l’extérieur… mais aussi des luttes pour mieux répartir cette richesse à l’intérieur.
Car le peuple connaît dans la principauté des conditions de vie très difficiles et dès le début, des luttes opposent les pauvres aux riches et aux puissants. C’est ainsi que Huy, qui dépend de la Principauté, connait la première Charte des Libertés au nord des Alpes, en 1066. Plus réticent à accorder des libertés sous son propre balcon, l’Evêque de Liège n’accordera les premières libertés aux Liégeois qu’en 1198.
Dès le 13e siècle, les luttes sociales s’aiguisent. Le Prince-Evêque et les nobles, qui acceptent mal de voir leurs privilèges rabotés, essaient de récupérer l’intégralité du pouvoir. Les métiers résistent à la politique du Prince-Evêque et essaient de conquérir de nouveaux droits. Régulièrement, le Prince-Evêque est obligé de faire appel à des seigneurs étrangers pour résister militairement aux soulèvements populaires. En 1255 se déroule l’insurrection des batteurs de Dinant, en 1297 le soulèvement du commun de Huy et en 1302 la révolte des métiers de Saint-Trond. Mais la plus grande lutte a lieu à Liège en 1312. C’est la Mal Saint-Martin.
Quand les Liégeois brûlent les églises…
Avec les nobles et les curés dedans !
Le jour de la Saint-Anne, le 3 août, les nobles ont tenté de récupérer l’intégralité de leur pouvoir, raboté au cours des dernières années. Le rassemblement des seigneurs était prévu durant la nuit, Place du Marché, où des renforts du comte de Looz devaient rejoindre le groupe et mettre le feu à la halle aux viandes. C’est que, dix ans plus tôt, un boucher avait coupé la main d’un noble, ce qui avait ouvert la voie à des luttes et des victoires du peuple contre les nobles…
Mais des domestiques des seigneurs avaient éventé la surprise en annonçant l’attaque. A la deuxième torche lancée sur le quartier, les bouchers, rejoints par les autres métiers, sortent de leurs cachettes et se jettent avec fureur sur les assaillants. Durant toute la nuit, la bataille fait rage. A l’aube, les soldats du comte de Looz manquent toujours à l’appel, les troupes des seigneurs commencent à faiblir. Tout comme Eracle en son temps, ils se réfugient alors sur les hauteurs de Publémont pour attendre les renforts.
Après des heures de bataille, les nobles semblent reprendre du terrain. C’est alors qu’arrivent des renforts… mais pas ceux attendus! De Vottem, d’Ans, de Montegnée, de Saint-Léonard, de Huy et d’ailleurs, les troupes des métiers arrivent, bien décidés à vaincre ou mourir. Suite à la violence du nouvel assaut, les seigneurs sont repoussés et cherchent refuge dans la collégiale, en pensant que personne ne violerait l’asile accordé par les lieux saints. Ils avaient raison. Plutôt que d’y entrer, les Liégeois y ont mis le feu. C’est à ce moment que le Tiers-Etat a obtenu un droit de veto. Par la suite, le peuple de Liège a pu être bien plus tranquille…
Les 600 Franchimontois
Les luttes pour les libertés vont continuer par la suite, faites d’avancées et de reculs – mais Liège a aussi des ennemis à l’extérieur (le Brabant, notamment, qui est l’ennemi héréditaire). Au 15e siècle, la principale menace vient de Bourgogne. Avec l’extension de ce duché, Liège est prise en étau.
La Bourgogne multiplie les pressions (tentative de coup d’Etat en 1433 – Louis de Bourbon, neveu de Philippe le Bon, est nommé Prince-Evêque en 1466) puis passe à l’action (prise et sac de Dinant 1466, puis prise de Liège novembre 1467). Liège se révolte en septembre 1468, mais est assiégée en octobre de la même année. C’est l’épisode célèbre des 600 Franchimontois, qui tentent une sortie pour assassiner Charles le Téméraire. Ils sont massacrés et le pillage, les massacres et les incendies dureront 7 semaines : les murailles et les 2/3 de la ville sont détruits. Environ 10.000 des 25.000 habitants sont tués, des milliers d’autres réussissent cependant à prendre la fuite.
Charles le Téméraire décède en 1477 devant Nancy et le Perron, symbole des libertés liégeoises déménagé à Bruges en 1468, est ramené à Liège l’année suivante. Les institutions démocratiques sont rétablies, mais il faudra du temps pour que Liège se reconstruise.
La vie reste très dure pour les pauvres. Lors de la crise agricole de 1491, les étrangers sont expulsés… de même que les femmes dont le mari est à la guerre ! C’est dans ce contexte que se déroule la révolte des habitants de la banlieue (les Rivageois). C’est aussi à partir de ce moment que les inégalités de classe prennent un tour de plus en plus aigu au sein du Tiers-Etat.
Inégalités au sein du Tiers-Etat
En 1620, deux « partis » font leur apparition: les Chiroux (nobles, grands bourgeois, tourné vers l’Empire germanique) et les Grignoux (petite bourgeoisie et peuple, tourné vers la France). Les surnoms donnés aux factions sont explicites: les « mangeurs de tartes aux pommes » pour els riches contre les « mangeurs de boudins » pour les pauvres. L’agitation sociale est alors permanente, à tel point qu’en 1684 est construite une citadelle, à l’emplacement de l’actuel centre hospitalier de la Citadelle, pour surveiller la ville.
Les princes-évêques et la noblesse essaient de conserver l’ordre ancien, la grande bourgeoisie veut augmenter sa part de pouvoir tandis qu’une partie de la petite-bourgeoisie (surtout les avocats) est pour sa part gagnée aux idées des Encyclopédistes français (avec parfois un écho chez certains Princes-Evêques !).
Il reste encore à parler de la grève générale de 1886, la première de Belgique, partie de Liège à l’occasion du 15e anniversaire de la Commune de Paris. Le quotidien La Meuse a écrit à cette époque: « Le spectre rouge n’est pas une chimère. Le Spectre rouge, aujourd’hui même, montre sa face hideuse en Irlande et en France, en Russie et en Angleterre. En Irlande, où les crimes agraires sèment la terreur, à Londres, où le pillage, le vol, brisent les vitrines, à Decazeville, où des milliers de malheureux, enrôlés par des scélérats, désertent leur travail et laissent leurs enfants manquer de pain, le Spectre rouge a montré sa face hideuse et agité son linceul sanglant (…). Oui, là est le vrai danger, car il menace l’édifice social, le travail et la liberté (…). C’est à l’œuvre de la défense et de la préservation sociale qu’il faut appeler tous les bons citoyens, tous les vrais libéraux, et ce n’est pas en décrétant le suffrage universel, en donnant le droit de vote aux ignorants et la toute puissance électorale aux imbéciles que l’on fera chose utile pour le pays et le salut public ».
Mais les luttes du mouvement ouvrier se sont déroulées à l’extérieur de la ville, à Seraing ou encore Herstal, et pour faire une visite en racontant cette histoire, il nous faudrait un bus… Pour l’année prochaine ?
BBQ dans notre local remis à neuf
Après la visite, histoire de reprendre des forces après une longue marche, un barbecue était organisé à notre local, repeint et rénové. Cela nous permet de maintenant avoir sur Liège un centre qui dispose d’une petite salle de réunion, d’un bureau spécifiquement réservé à l’organisation, d’une réserve, etc. Tout comme la visite, c’était l’occasion de récolter un peu de soutien pour notre fonds de lutte, afin de pouvoir payer les tracts, affiches, etc. qui nous permettent de poursuivre nos activités. Les discussions sont allées bon train et chacun garde un souvenir très fort de cette soirée agréable… en attendant de poursuivre ces discussions et de participer activement aux actions de notre parti!
Lien:
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Il pleut, il pleut bergère…
En cet automne pluvieux, quelques bonnes nouvelles ne font pas de tort. Ainsi, Le Soir Magazine (1) a publié le hit-parade des 25 familles les plus riches de Belgique. Ils se portent bien ! Pour nous, l’avenir, de radieux, devient bien sombre (les ménages doivent s’attendre à débourser 500 euros de plus l’an prochain pour leurs factures !), et le parapluie de l’index-santé est bien troué face à l’averse de hausse des prix !
Jean Peltier
La valse des milliards…
Premier enseignement du classement de Le Soir Magazine, c’est la bière qui rapporte le plus ! On trouve en effet en n°1 les De Spoelbech (de la brasserie Haacht) et en n°4 les Vandamme (Piedboeuf et Stella Artois), tous désormais bien calés au chaud dans le groupe multinational Inbev, ces deux familles pesant respectivement 3,13 et 1,63 milliards d’euros. Deuxième découverte, l’acier wallon mène à tout… à condition d’en sortir à temps : les Frère (passés depuis au groupe médias RTL-Bertelsmann) sont n°2 avec 2,98 milliards et les Boël (réinvestis dans le holding Sofina) n°4 avec 1,42 milliards. Au milieu on trouve la famille Colruyt, n°3 avec 2,52 milliards d’euros.
Si Le Soir Magazine a un regard ému pour les petits péchés mignons de ces messieurs-dames (les arbres pour Philippe de Spoelbergh, le vin pour Albert Frère), il n’a pas eu le mauvais goût de dresser en parallèle le hit-parade des milliers de licenciements qui ont jalonné le chemin de ces « riches bien de chez nous »…
…les trous dans la tirelire…
On redescend sur terre avec un autre hit-parade. Test-Achats a calculé l’impact de quelques-unes des hausses de prix déjà annoncées pour 2008 sur le budget d’un ménage moyen (2). Ca va faire mal !
En n°1, le gaz : + 247 euros (75 pour la distribution et 172 pour la consommation). En n°2, l’alimentation : + 140 euros (pain, beurre, lait, poulet, légumes en conserve… et bière, ce qui devrait quand même faire plaisir aux familles Spoelbech et Vandamme). En n°3, l’électricité : + 30 euros. Rien que ces trois postes représentent 417 euros. Test-Achat n’a pas pu chiffrer l’impact de l’essence et du mazout de chauffage parce qu’il est impossible de prévoir quand (ou si) les prix vont se stabiliser un jour. Mais on doit s’attendre à devoir sortir de notre poche un minimum de 500 euros en plus l’an prochain.
…et le parachute troué de l’index-santé
Comme on ne peut pas vraiment espérer que les familles Frère, Boël et Colruyt vont y aller de leur poche pour nous aider (elles sont actuellement fort occupées à appuyer les efforts des libéraux pour imposer une nouvelle réforme fiscale en faveur des riches), il reste à se consoler en se disant que l’index absorbera les hausses de prix. Stop, on arrête de rêver. L’index des prix a été tellement bien trafiqué par les gouvernements précédents que l’index-santé (c’est son nom officiel) exclut purement et simplement le tabac, les alcools et les carburants dans son calcul. En plus, la part consacrée dans son calcul aux postes les plus importants – 19% pour les dépenses d’alimentation, 6% pour le loyer, 15,5% pour le logement en général – est largement sous-estimée par rapport a ce qu’ils représentent réellement dans les dépenses des familles populaires.
Résultat, ces manipulations nous coûtent au bas mot 20 euros net par mois par rapport à la hausse réelle du coût de la vie (3). C’est-à-dire la moitié des augmentations prévues l’an prochain…
1. Le Soir Magazine du 3 octobre
2. La Meuse du 16 octobre
3. La Meuse du 25 octobre -
Logements sociaux à Droixhe: petit historique d’une lutte en cours
Ce court rapport de la lutte que mènent aujourd’hui les locataires des logements sociaux de Droixhe n’a pour but que de mettre au courant de la situation à l’heure actuelle. On n’y trouvera pas d’analyse fouillée mais un compte-rendu fidèle de la façon dont nous avons mené cette campagne jusqu’à présent.
Simon Hupkens
Introduction
La plaine de Droixhe constitue un quartier de la ville de Liège qui est au centre des débats sur l’urbanisme depuis des années. Construite dans les année 60′ cette cité était considérée comme un modèle de modernité. Les habitations sociales de qualité y côtoyaient les petits commerces, une école primaire et une crèche, un centre culturel et un espace vert. On était à cette époque en Europe, dans un modèle de construction massive de ces cités qui deviendront plus tard le symbole du désespoir économique et culturel. Liège ne faisait pas exception à la règle. Il suffit de rappeler qu’au même moment que l’on construisait les tours de Droixhe, l’université de Liège se dotait d’un campus mégalomane sur les hauteurs de la ville. Bien sûr, ce qui se passa ailleurs se produisit aussi à Liège, quoiqu’à une autre échelle. L’arrivée d’immigrants dans les annèes 70 et 80 peupla la cité d’une population précaire tandis que la rigueur budgétaire prônée à toutes les strates du pouvoir incitait les autorités communales à se concentrer sur le centre-ville (déjà suffisamment problématique) et à abandonner à son sort le quartier de Droixhe. Celui-ci devînt bientôt synonyme de quartier à risque, sorte de réplique miniature des banlieues françaises dans l’imaginaire liégeois. Dans les années 80′, le quartier fera plus d’une fois la une des journaux régionaux pour des faits de petite délinquance.
Devant l’état de délabrement urbanistique et social du quartier, différents pouvoirs ont fini par vouloir réagir. C’est ainsi qu’au cours des années 90′, différents plans de réhabilitation ont vus le jour. Tous ont été bloqués à un niveau de pouvoir ou à un autre. En effet, la problématique du logement social recouvre de nombreuses strates de pouvoirs, qui va du communal au régional. Les enjeux politico-budgétaires et les guérillas entre institutions politiques ou administrations ont donc primés sur les projets de requalification, laissant le quartier continuer à sombrer. Fin des années 90′, on solutionnera le problème en vidant les 5 plus gros bâtiments de leurs locataires. Cette opération dépeuple le quartier d’une grosse partie de ses habitants, ce qui bien sûr fait baisser la criminalité mais ne participe pas réellement au renouveau de l’espace.
Le lancement des travaux
En 1997, les habitations sociales de Droixhe sont détachées de leur maison mère (la maison liégeoise) et sont confiées pour 10 ans à une structure autonome, la société Atlas, société publique chargée d’assurer la rénovation des immeubles. A cette époque, les pouvoirs publics se demandent toujours comment dégager les sommes nécessaires. Qu’importe, la nouvelle structure se chargera de les obtenir. Ceci sera fait par petites tranches mais le gros des moyens n’arrivera que 10 ans plus tard. Un financement spécial du ministère du logement et la perspective d’un partenariat avec le privé permettent le lancement de travaux d’ampleur.
Atlas, qui arrive au terme de son mandat sur les logements entame la rénovation d’une deuxième tranche d’immeubles(un des tous gros immeuble avait été rénové précédemment place de la libération): les 5 tours de l’avenue Georges Truffaut. Il y sera souvent fait référence plus bas.
Les locataires des immeubles concernés accueillent les travaux avec enthousiasme. Une rénovation tous les 50 ans, ce n’est pas du luxe! Ils vont cependant vite déchanter. Cette rénovation (le terme technico-médiatique est « requalification ») répond d’abord à des impératifs économiques et urbanistiques globaux au détriment du bien-être des locataires.
Les travaux se font sans discussion avec les premiers concernés. Tout est décidé de façon bureaucratique par la direction de la société Atlas. Un fonctionnement autoritaire peut être supporté dans une certaine mesure s’il est efficace. Immanquablement cependant, il suscite les frustrations. Dans le cas d’Atlas, la mauvaise gestion se superpose à l’autoritarisme.
Les locataires commencent donc, tout naturellement à remettre en cause les travaux. Ceux-ci sont la cause de nombreux désagréments (bruit, poussière) et parfois, de situations extrêmement précaires. On voit ainsi des familles camper dans leur appartement en chantier ou des personnes âgées contraintes à déménager seules. Contrairement à ce qui s’était passé lors des travaux place de la Libération, il se trouve parmi les locataires des personnes suffisamment conscientes pour tenter de transformer le mécontentement en lutte.
Prise de contact
Ces personnes sont deux locataires qui joueront par la suite un rôle primordial dans la lutte qui s’annonce. Il s’agit d’Anne et Jean-Luc, deux amis habitants dans les bâtiments en travaux. Pour dénoncer la situation pénible que vivent les locataires, ils tentent d’abord d’alerter la presse. C’est ainsi qu’Anne rédige un article qui paraît dans le Cinétélé revue de janvier 2007. Ce seul article crée déjà l’émoi au sein de la direction d’Atlas. Mais les deux locataires sont conscients qu’il leur faut un soutient politique pour faire avancer leur entreprise. Ils cherchent d’abord du côté des partis traditionnels mais trouvent chaque fois porte close. Jusqu’au jour où Anne tombe sur un article du MAS traitant de la situation à Droixhe. Cet article est rédigé par un militant habitant et travaillant dans le quartier. Par l’intermédiaire d’un voisin engagé dans le travail de quartier, Anne et Jean-Luc rencontrent ce militant. La situation est exposée. Le MAS décide de soutenir l’action des locataires.
Parallèlement, Jean-Luc et Anne continuent leur campagne de presse. Jean-Luc fait appel à des journalistes de La Dernière Heure qui font paraître un article sur sa situation personnelle dans leur édition du 15 février. Article auquel réagit immédiatement Atlas par un droit de réponse, signe que la société de logement ne se sent sans doute pas vraiment à l’aise sur la question.
Poser des bases
Dans le même temps, sous l’impulsion du MAS, un petit collectif est réunis. Il est constitué d’un noyau de 4 ou 5 locataires. Des bases de fonctionnement sommaires sont posées. Notamment en ce qui concerne l’implication du MAS. Il est clair dès le départ que les décisions sont prises par les locataires et par eux seuls. Le MAS n’intervient qu’à titre de conseil. Il met ses militants et son expérience des luttes au service de la campagne menée par le collectif mais respecte l’autonomie du mouvement.
Comme première action, le collectif décide de continuer sur la lancée d’Anne et Jean-Luc en lançant une campagne de presse importante. Celle-ci aurait pour but de sensibiliser la population à ce que vivent les locataires de Droixhe tout en faisant pression sur les politiques. Comme il est aussi important de mobiliser les locataires pour élargir au maximum le collectif, il est décidé qu’une conférence de presse sera couplée à une Assemblée Générale de locataires. Elle sera menée au nom du comité de locataires pour une meilleure requalification. Un tract est distribué dans tous les immeubles qui invite les locataires à y être présent. Pour autant, le collectif veux laisser une chance à Atlas de s’expliquer. C’est pourquoi invitation est faite à la direction de venir exposer son point de vue.
Cette conférence/AG est prévue pour le 7 avril. Un communiqué est envoyé à la presse qui relayent l’appel. (La Meuse annonce la réunion dans son édition du 6 avril). elle se tiendra dans les locaux du café Le Parc, un café associatif du quartier. A l’annonce de la conférence, Atlas fait immédiatement pression sur l’ASBL dont dépend le café pour empêcher la réunion. Pression qui s’avère vaine puisque la conférence se tiendra bel et bien.
La conférence de presse et ses suites
Le jour même, une septantaine de locataires sont présents. La presse, tant régionale que nationale est largement mobilisée. Jean-Luc et le MAS expliquent la situation et le projet du collectif. Les revendications sont clairement exprimées: un logement de transit pour tous et des espaces pour stocker le mobilier, des indemnités pour pouvoir réaménager son appartement après requalification et une amélioration de la sécurité sur le chantier ainsi qu’une aide au déménagement pour tous les locataires. Pour appuyer ces revendications, le collectif propose de soumettre une pétition à la direction d’Atlas. Cette pétition n’est pas proposée toute faite aux locataires. En effet, il avait paru plus logique de discuter des revendications avec l’ensemble des personnes présentes. Cependant, les points mis en avant par le collectif ne soulèvent pas de controverse parmi les locataires. Dans la salle se trouvent des membres du CCLP (comité consultatif des locataires et propriétaires). Il s’agit de l’organe officiel de représentation des locataires auprès de la société. Leurs interventions vont dans le sens du collectif. Mais nous verrons plus loin quelle sera la position réelle du CCLP.
Après la conférence, RTC (la télé régionale) va filmer les appartements en chantier. Cette conférence de presse est donc un succès, la répercussion dans la presse de la campagne menée par les locataires est énorme. RTL en fait même le premier sujet de son journal télévisé de 19h le lendemain.
Sensibilisation et mobilisation
Dès le surlendemain, locataires et militants du MAS commencent à faire signer la pétition. En deux semaines, 550 signatures seront récoltées dont la moitié de locataires habitant l’avenue Georges Truffaut, c’est à dire les premiers concernés. Si l’on tient compte du fait que souvent une personne par ménage a signé la pétition, le collectif se voit soutenu par une grande majorité de locataires.
Le 25 avril, une seconde AG de locataires est convoquée dans le local de l’association de locataires (une asbl différente du CCLP dont le but est de proposer des activités culturelles aux locataires des tours). Elle réunis une quarantaine de locataires. Le collectif propose de conclure la campagne de signatures par une remise des pétitions à la direction d’Atlas. Avec pour l’occasion une petite manifestation de locataires. Cette action est approuvée par les locataires présents et prévue pour le 28 avril.
Malgré le court délai dans lequel cette manifestation est organisée, elle réunit le jour dit une quarantaine de locataires. Elle a eu suffisamment d’échos pour attirer sur place la presse régionale et effraye suffisamment Atlas pour que deux policiers soient dépêchés sur le lieu du rassemblement. La manifestation se met en route vers les bureaux d’Atlas. Malgré l’opposition d’un employé zélé, les manifestants occupent les bureaux et demandent à parler au conseil d’administration (c’est à dire aux responsables politiques) alors en réunion. Cinq délégués sont admis à discuter avec le CA (après avoir éjecté du processus de discussion un militant du MAS sous prétexte qu’il n’était pas locataire). Au sortir d’une réunion de deux heures, le CA a accepté l’ensemble des revendications sur le principe. Mme Yerna, échevine PS et présidente de la société propose d’y travailler directement sous condition que le collectif ne mobilise plus. Les délégués présents ne promettent rien, s’en remettant à une décision future d’une AG de locataires. En quittant les lieux, les manifestants ont obtenu une autre réunion sous quinzaine pour discuter de l’avancement des choses. La presse répercute correctement l’action. RTC en faisant à nouveaux un sujet de son journal de 18h.
Les choses avancent…
Le 4 mai, une AG de locataires est de nouveau convoquée afin de maintenir les habitants mobilisés. Elle se tient de nouveau dans les locaux de l’association des locataires. Une quarantaine de personnes assistent à cette réunion. On craint l’essoufflement mais de nouvelles têtes sont présentes. Un compte-rendu de la discussion avec le CA d’Atlas est fait et les délégués sont confirmés dans leur fonction par les locataires présents.
Le lendemain, 5 mai, nouvelle réunion avec Mme Yerna. Il y a une petite mobilisation de locataires qui accompagnent les délégués… ce qui ne plaît évidemment pas à la présidente mais permet de maintenir la pression sur elle. Une discussion très concrète s’engage. Atlas propose de dégager un budget pour engager des ouvriers afin renforcer les équipes de déménagement. On parle peu des indemnités mais par contre, Mme Yerna évoque des rénovations « cléf sur porte » pour tous les locataires et des appartements de transit pour tous. Pour venir plus facilement à bout des problèmes de transit, elle propose des mutation définitives vers des appartements déjà rénovés. Les plaintes concernant la sécurité sont entendues. Dès le surlendemain, des mesures sont prises.
Cependant la présidente tient à ce que le CCLP participe au financement de ces décisions. Elle propose, en accord avec le collectif que le CCLP active son « fond de solidarité ». Ce fond est en réalité financé par une cotisation des locataires prélevée sur leur loyer à hauteur de 2%. Il est destiné à aider des locataires en cas de difficulté comme le décès d’un conjoint. Le travail du collectif s’oriente alors vers un lente et fastidieuse entreprise auprès du CCLP pour le convaincre de l’intérêt de céder une partie de ce fond. Il s’agit bien sûr d’une manœuvre dilatoire de la part de la direction d’Atlas qui espère que le collectif se heurte à un refus net de la part du CCLP.
…puis stagnent
En effet, le collectif sous-estime le poids des conflits personnels qui agite le CCLP. Si son président semble d’accord avec la condition posée par Mme Yerna, on se rend vite compte qu’il agit sans l’accord de son équipe et qu’il promet des choses qu’il ne peut pas tenir. Cette situation va aboutir à une Assemblée Générale de locataire qui vire au chaos quand l’équipe du CCLP vient démentir les dires de son président. Une AG catastrophique où l’on en vient aux mains et où la police évacue les lieux! Suite à cette réunion, toute l’équipe du collectif sort quelque peu démotivée mais aussi déterminée à continuer le travail. Il est décidé de revoir le CCLP en entier, et eux seuls, pour tenter des les convaincre.
Un intermède ministériel
Anne apprend par hasard que le 22 mai le ministre du logement André Antoine va tenir une conférence de presse sur les moyens qu’il va dégager pour le logement social à Droixhe. Averti moins de 24h avant la tenue de cette conférence de presse, le collectif mobilise très vite. Une vingtaine de locataires sont présents sur les lieux de la conférence de presse le lendemain matin. Il est clair que le ministre ne tenait pas à voir les premiers concernés à sa conférence de presse policée! Il expose son plan: un Eden devrait surgir du marasme de Droixhe grâce aux moyens débloqué par lui même…mais les locataires doivent se montrer patients. Rien de concret concernant la situation vécue par les habitants des immeubles. La présence des locataires permet non seulement de rappeler à la presse la présence du collectif sur ce dossier mais aussi de prendre Mr Antoine en flagrant délit de mensonge. Quand un militant du MAS lui demande si tous les locataires auront droit à une allocation de déménagement, il répond par l’affirmative. Les locataires savent éminemment que seuls les handicapés et les personnes isolées y ont droit.
Négociations avec le CCLP
Le lendemain de cette mobilisation, le collectif tient une réunion avec le CCLP nouvelle mouture: Un nouveau président est à sa tête qui semble faire sensiblement plus l’unanimité que le précédent. Leur discours va tout à fait dans le bon sens jusqu’à ce qu’intervienne l’un des membre qui bloque la discussion. Finalement, Anne et Jean-Luc apprendront que le CCLP débloque officiellement 10.000€ pour financer les propositions de Mme Yerna. C’est beaucoup moins que ce à quoi le collectif s’attendait. Mais des membres du CCLP affirment qu’il ne s’agit que d’une base de discussion avec le CA d’Atlas. Une réunion est prévue entre le collectif, le CCLP et Atlas où les choses de devraient se clarifier.
Conclusions provisoires
A l’heure où se rapport succin est rédigé, le processus est donc toujours en cours. Il est difficile de savoir à quoi il va aboutir. Cependant, si on dresse un bilan, on s’aperçoit que celui-ci, tout modeste qu’il soit encore est bien positif. Le collectif est parvenu à faire surgir dans le dossier un nouvel acteur collectif: les locataires. Complètement éjectés du processus de décision jusqu’alors, les politiques doivent maintenant compter avec eux. Une revendication a été acceptée et mise en oeuvre jusqu’à présent: la sécurisation du chantier. Cependant, il n’appairait pas dans ce rapport les nombreuses interventions que le collectif a mené pour régulariser des situations individuelles parfois tragiques. Deux ménages ont ainsi vu leur situation se résoudre provisoirement ou définitivement grâce à l’action du collectif, principalement Anne et Jean-Luc qui sont intervenu chaque foi très rapidement.
La campagne a également permit de réveiller les structures officielles de représentation des locataires qui, sentant leur légitimité décroître, se sont mises au boulot. Le collectif est à présent engagé dans un travail de négociation très difficile car il faut éviter les manœuvres et des politiques et des bureaucrates des structures officielles pour faire baisser la pression. Ce travail de négociation est nécessaire mais il ne sera efficace que s’il est appuyé par des mobilisations régulières. Au cours de la campagne, le collectif s’est heurté à la difficulté d’engager massivement les locataires dans le processus revendicatif. Si les locataires sont nombreux à soutenir la campagne, notamment en participant aux mobilisations, très peu sont prêts à prendre le temps de réunions souvent longues et rébarbatives. Même les AG ne donnent pas les résultats espérés en terme de débat même si elles ont permis de maintenir un contact permanent avec les locataires.
Le défi est donc bien celui-là: continuer et intensifier le travail avec les locataires pour élargir la base du comité tout en évitant de se perdre dans des discussions sans fins avec les politiques.