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USA: La Convention démocrate la plus contestée depuis 1968
Il nous faut un nouveau parti des 99% pour vaincre la classe des milliardaires
La Convention nationale démocrate (DNC) s’est retrouvée engloutie dans la controverse, les tensions et la contestation. A l’intérieur du DNC, à l’extérieur de ses portes et dans toute la ville de Philadelphie, dans le métro, dans les bars, les restaurants et les hôtels, la polarisation politique est évidente. À bien des égards, cette DNC est la plus controversée depuis 1968. Cela ne fait qu’à nouveau souligner les bouleversements qui prendront place dans les années à venir dans l’opposition à l’establishment.
Par Patrick Ayers, Socialist Alternative (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux Etats-Unis)

Protestations à Philadelphie. Des milliers de personnes ont participés aux actions de protestation à l’occasion de la DNC. En dépit d’une chaleur à certains moments véritablement étouffante, quatre manifestations ont eu lieu quotidiennement du centre-ville vers le parc FDR (Franklin Delano Roosevelt), aux portes de la muraille militarisée entourant la DNC.
Les plus grandes manifestations ont eu lieu le dimanche et le lundi, avec la participation de milliers de personnes, la grande majorité d’entre eux n’étant membre d’aucune organisation traditionnelle de gauche. Cette foule représente une nouvelle génération de militants réveillée par la campagne de Bernie Sanders et maintenant prête à aller au-delà. Le slogan le plus populaire était de loin : “Hell No, DNC, nous n’allons pas voter pour Hillary!” Le hashtag #Demexit (en référence au Brexit) est devenu très populaire.
La candidate du Parti Vert Jill Stein était très présente avec un profil énergique dans ces manifestations. Les manifestants l’ont traitée comme une rock star. La grande majorité des manifestants, venus des quatre coins des États-Unis, semblent décidés à la soutenir. Nombreux sont toutefois ceux qui sont prêts à la soutenir en signe de protestation tandis que d’autres entretiennent toujours l’espoir que le Parti démocrate peut être réformé. Socialist Alternative (CIO-USA) a participé à toutes les manifestations, en appelant à soutenir Jill Stein et à construire un nouveau parti des 99%, comme outil essentiel pour développer des mouvements sociaux de masse afin d’aboutir à une véritable révolution politique.
Le “Walk-out”
La DNC a provoqué la colère de nombreux partisans actuels et anciens de Bernie Sanders, non seulement à l’extérieur de ses murs mais aussi en son sein. Des centaines de délégués sont sortis de la convention en signe de protestation le mardi soir (le «Walk-out»).
Quelques jours avant que les délégués du Parti démocrate ne se réunissent à Philadelphie, les emails de la direction du parti publiés par Wikileaks ont révélé au grand jour ce que la plupart des partisans de Bernie avaient déjà soupçonné: la direction du parti a truqué le processus des primaires en la faveur d’Hillary. Les délégués ont subi une pression énorme pour rejoindre la campagne d’Hillary avant même d’arriver à Philadelphie. Pourtant, de nombreux partisans de Bernie ont résisté et s’opposent à la manière dont ils ont été traités.
Bernie a joué le rôle de pacificateur en chef de l’establishment du parti, mais il a échoué. Beaucoup de ses partisans ont hué son soutien à Hillary le lundi matin lors d’une réunion de pré-convention de ses délégués.
Depuis lors, la DNC est allée plus loin pour imposer l’unité en instrumentalisant la peur de Trump, l’autorité morale des dirigeants progressistes et la pure et simple discipline imposée. Nina Turner, partisane de Bernie de premier plan et sénatrice de l’Ohio du Parti démocrate, s’est vue dépouillée de ses droits de même que d’autres partisans de Bernie qui ont protesté à l’intérieur de la salle de la Convention.
Les choses ont atteint leur point culminant le mardi. La DNC avait bloqué les tentatives faites par les délégués de Bernie de proposer démocratiquement une alternative à la nomination de Tim Kaine à la vice-présidence. Tim Kaine a derrière lui une longue liste de prise de position contre le droit des femmes de décider de leur corps ou encore en soutien à la peine de mort et aux politiques économiques pro-entreprises. Sa nomination a été considérée comme une nouvelle trahison. En ne permettant aucune discussion démocratique sur sa nomination, la DNC a livré un exemple de plus de l’arrogance indéfendable des dirigeants du Comité national démocrate antidémocratique.
Après le vote effectué le mardi soir, des centaines de délégués ont quitté la Convention. Les actions de la direction du parti ont créé l’atmosphère pour ce débrayage, mais il ne s’agissait pas totalement d’une action spontanée – aucune protestation efficace ne l’est jamais vraiment.
Kshama Sawant, «Bernie or Bust» (Bernie ou rien), Occupy Wall Street, Movement4Bernie et Socialist Alternative avaient aidé à organiser ce départ collectif. Les membres de Socialist Alternative Pam Keely et Kshama Sawant ont été cités dans Vox.com: «Nous devions le faire», a déclaré à VICE Pam Keeley, déléguée de Bernie Sanders de l’État de Washington, l’une des organisatrices du walk-out. «Nous en avons eu assez de l’hypocrisie, des mensonges, d’être utilisés pour recueillir des votes et des fonds de campagne pour être ensuite jetés comme des ordures. C’est essentiellement un soulèvement de la base.» Elle a précisé qu’environ 80 délégués ont quitté la Convention mais que «plusieurs centaines» en ont été empêchés par la police.
Selon un délégué, Sanders lui-même a envoyé un e-mail demandant à ses délégués de ne pas quitter la Convention. Mais certains de ses partisans sont profondément désenchantés de leur ancienne icône et sont convaincus que le candidat a quitté la voie qu’il a aidé à tracer.
«La raison pour laquelle les gens se sont retrouvés derrière Bernie Sanders était que son message était un message de rébellion contre un establishment détesté», a expliqué Kshama Sawant, élue socialiste au Conseil de la ville de Seattle qui a soutenu le débrayage, a déclaré VICE. «Il n’était pas logique pour Bernie d’attendre que ses partisans soutiennent son choix (en faveur d’Hillary) et disent :« Toute cette révolution politique, c’était super pour quelques mois, mais maintenant, plions-nous devant la quintessence même de cet establishment que nous détestons.»
Une foule de près de 5.000 manifestants se sont rassemblés devant la DNC dès que le débrayage a été connu. Socialist Alternative fut l’une des rares organisations présentes parmi cette foule énergique. Les chants et slogans ont résonné sans interruption en dépit des tensions avec la police, du spray au poivre et des arrestations. La foule a ensuite rejoint Black Lives Matter. Jill Stein s’est adressée à la foule sous les vivats tandis que les manifestants ont occupé les carrefours.
La DNC et la police n’ont pas permis aux manifestants et aux délégués oppositionnels toujours à l’intérieur de se retrouver le mardi soir. Les délégués ont organisé un sit-in à l’intérieur de la tente des médias de la DNC, puis ont été dispersés et envoyés dans des directions différentes. Mais le mercredi et le jeudi, de nombreux délégués oppositionnels ont rejoint les manifestations en dehors de la DNC.
Il nous faut un parti des 99%
La Convention de 1968 a été considérée comme un tournant radical du mouvement contre la guerre du Vietnam. De même, les bouleversements qui ont accompagné la DNC de 2016 et plus généralement les élections présidentielles elles-mêmes constituent un point tournant historique pour la gauche dans la société américaine.
En dépit de la capitulation de Bernie Sanders, beaucoup de ses partisans n’ont pas sombré dans la défaite sans combattre. L’establishment du Parti démocrate va tout faire pour contrecarrer et piéger toute véritable révolution politique.
Il est maintenant temps d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Pour gagner notre révolution politique, nous ne pouvons pas compter sur un seul individu. Pour mener à bien la révolution politique, nous avons besoin de notre propre organisation de masse indépendante. Nous avons besoin d’un nouveau parti des 99% pour aider à canaliser la colère croissante de millions de personnes, choisir nos propres candidats, construire des mouvements sociaux de masse à la base et vaincre la classe des milliardaires et son système à deux partis.
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Des délégués quittent la Convention démocrate: pas de soutien pour Hillary !
La nuit dernière, à Philadelphie, de nombreux délégués ont quitté ensemble la Convention nationale du Parti démocrate après qu’Hillary Clinton ait été officiellement nominée candidate démocrate aux élections présidentielles. Bernie Sanders avait mené une campagne de gauche au cours des primaires mais, dorénavant, il fait tout pour enrayer la colère contre l'establishment du parti. Il a décidé de soutenir la candidate de Wall Street et a promis de mener campagne en sa faveur. Un grand nombre de délégués élus durant ces primaires sur base du programme de la «révolution politique contre les milliardaires», selon le slogan de Sanders, pensent différemment. Ils ne sont pas prêts à jeter leurs idées politiques par-dessus bord. Leur départ collectif de la Convention démocrate a notamment été soutenu par Occupy Wall Street, la campagne «Bernie or Bust» (Bernie ou rien) et Movement4Bernie. Ci-dessous notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative, organisation-soeur du PSL) explique pourquoi ce départ collectif était nécessaire. (Cet article est paru la veille sur le site counterpunch.com).
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Appel de Kshama Sawant: quittez la Convention démocrate !
C’en est assez ! Soutenons les délégués courageux qui vont quitter la Convention (anti)démocrate pour protester contre des élections truquées.

Tract en faveur du débrayage collectif. Un débat sérieux et de grande importance fait rage parmi les Sandernistas (les partisans de Bernie Sanders) depuis que Bernie a approuvé la candidature d’Hillary il y a deux semaines. Ces questions deviennent plus pressantes encore avec l’ouverture de la Convention démocrate.
La question centrale est de savoir si nous devrions suivre l’exemple de Bernie pour soutenir la politique pro-entreprises d’Hillary Clinton ou plutôt continuer la révolution politique en construisant un mouvement indépendant du Parti démocrate. Alors que j’ai soutenu la campagne de Bernie durant les primaires démocrates, que j’ai pris la parole à des rassemblements de Bernie et que j’ai lancé le Movement4Bernie, je crois que nous ne pouvons tout simplement pas le suivre dans sa décision de soutenir Hillary. Notre révolution politique risque maintenant d’être transformée en son contraire et canalisée en soutien à l’ordre du jour néolibéral de la Convention démocrate.
Soutenir des politiciens de l’establishment corrompu n’est aucunement un moyen de vaincre la droite, cela ne fera que l’encourager tout en permettant à l’agenda politique d’être poussé plus loin à droite. Cette stratégie du moindre mal a échoué et c’est ce qui a poussé les 99% de la population au stade que nous connaissons aujourd’hui. L’indignation est grande face à la politique de l’establishment qui a permis à un populiste de droite de se trouver aux portes de la présidence.
Nous ne pouvons pas continuer dans cette impasse.Comme l’a illustré le choix de Clinton de Tim Kaine comme colistier, elle et la direction du Parti démocrate n’ont en aucune manière significative été «poussés vers la gauche» au cours de la primaire, en dépit de quelques concessions limitées concernant le texte de plate-forme (qui est non-contraignant) ainsi que les réformes mineures des règles au sujet des super-délégués.
Avec Tim Kaine, Hillary Clinton a choisi son jumeau politique néolibéral et a reçu l’approbation de Wall Street. Comme pour souligner la signification politique de ce choix de vice-président, et peut-être aussi comme signal pour les entreprises américaines, Tim Kaine a clairement exprimé son soutien total au Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et à la déréglementation bancaire quelques jours à peine avant sa nomination. Donald Trump va instrumentaliser les orientations politiques anti-travailleurs et pro-entreprises de Clinton et Kaine contre eux au cours des élections générales. La Convention démocrate lui offre une cible proche de la perfection.
Les révélations de Wikileaks concernant la direction du parti démocrate ont clairement démontré la manière dont sont truquées les primaires démocrates, du début à la fin. Des milliers de mails ont exposé la partialité absolue d’une direction de parti corrompue. Ils ‘agit d’un terrain tout à fait hostile pour un opposant socialiste démocratique.
Les fuites ont aussi complètement exposé l’hypocrisie de la direction du Parti démocrate, qui prétend officiellement que sa priorité est de vaincre Trump. Elle a violemment et antidémocratiquement soutenu Clinton, en dépit du fait que les sondages montraient que Sanders était plus à même de vaincre n’importe quel candidat républicain.
Avec l’attention du pays et du monde concentrée sur la Convention démocrate à Philadelphie, nous avons maintenant des décisions sérieuses à prendre face à de puissantes opportunités. Les actes des délégués et des militants de Bernie Sanders tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la convention ont le potentiel de faire de cette semaine une page de l’Histoire.
Des milliers de personnes rejoignent les manifestations et les rassemblements dans les rues de Philadelphie. De nombreuses actions de protestation ont aussi lieu à l’intérieur de la Convention, notamment contre le Traité Trans-Pacifique avec une action qui a temporairement interrompu la procédure.
Mais la manifestation la plus puissante de toutes sera pour les délégués et les militants de totalement rejeter l’establishment démocrate néolibéral en sortant de la Convention avec le plus grand nombre possible.
Les délégués sont organisés pour une telle une action de débrayage, et plusieurs centaines de délégués peuvent collectivement quitter l’événement. Cela exigera un vrai courage. La Convention est un énorme spectacle soigneusement scénarisé par la noblesse du Parti, y compris des gens comme Michelle Obama et Elizabeth Warren. Mais cette année, peut-être en reconnaissance du soulèvement politique qui a eu lieu, la direction démocrate est allée jusqu’à donner à l’événement un verni populaire, certains travailleurs et militants pouvant eux aussi prendre la parole. L’ampleur et le caractère intimidant de cet événement de 50.000 personnes auront sans aucun doute un impact psychologique.
Mais ceux qui oseront passer à l’étape audacieuse de marcher hors de la Convention et des politiques néolibérales seront accueillis par un rassemblement de militants, de livestreamers, de journalistes et autres. Les médias de masse ont déjà contacté Movement4Bernie en prévision de l’événement. J’espère vous y voir.
Les délégués ont dû s’organiser en cachette, les dirigeants du parti ayant lancé une forte campagne d’intimidation contre tout délégué plaidant pour la tenue d’actions de protestation ou soutenant un autre candidat. La menace de voir leur statut de délégué révoqué a été explicitement évoquée. Mais l’organisation de cette sortie collective est devenue un peu plus connue la semaine dernière quand Occupy Wall Street s’est exprimé en faveur de cette action sur sa page Facebook et sur Twitter, de même que «Bernie or Bust» et Movement4Bernie.
L’un des arguments les plus courants porté contre ce débrayage est que les délégués renonceraient en quelque sorte à leur chance de se battre pour la politique de Bernie et perdraient ainsi leur voix. Mais ce débrayage se déroulera bien après les votes de la plate-forme et des nominations. Après cela, la Convention ne devient qu’une cérémonie antidémocratique : The Hillary Show ™
La peur de Donald Trump va decider de nombreux votes aux élections présidentielles de novembre, comme cela a encore été illustré par les authentiques réactions d’effroi face à l’horrible spectacle de la Convention nationale républicaine de la semaine dernière. Le danger du populisme de droite est réel. Mais c’est aussi pour cette raison qu’il serait tout à fait contre-productif de soutenir Clinton et la direction du Parti démocrate.
Ces dernières décennies, l’establishment démocrate a rejoint les républicains dans la réalisation du projet néolibéral sans être défié par la gauche.
Si les 99% de la population continuent de soutenir les politiciens néolibéraux sur base d’une approche de moindre mal, cela ne fera que créer plus d’espace pour le populisme de droite, comme nous l’avons vu dans d’autres pays. Cette année, l’absence de résistance de gauche au Parti démocrate signifierait que l’espace anti-establishment serait largement ouvert aux candidats de droite comme Donald Trump et le libertarien Gary Johnson. Johnson est déjà crédité de 9% dans certains sondages. Ce serait une catastrophe. Les millions de votes anti-establishment pour Trump et Johnson pourraient aider à consolider la base pour le populisme de droite et offrir le potentiel d’un nouveau parti de droite similaire au Front National en France. Ce danger a déjà été illustré en 2009 avec la croissance du Tea Party, lorsque la droite a exploité la véritable fureur face aux plans de sauvetage de Wall Street pour construire une nouvelle force politique, tandis que la gauche était occupée à excuser Obama.
Nous avons absolument besoin de vaincre la droite, mais cela nécessite une stratégie sérieuse. Pour réussir, nous aurons besoin de construire les mouvements sociaux les plus forts possibles et d’assurer qu’ils soient complètement indépendants des deux partis de Wall Street. Nous aurons besoin de construire notre propre parti politique de masse des 99%, un parti qui œuvrera aux côtés de ces mouvements plutôt que contre eux. Concrètement, en ce moment, nous avons besoin de construire le soutien le plus large possible pour la candidate du Parti Vert Jill Stein, dont la campagne est la continuation claire de notre révolution politique.
Un nouveau parti de masse des 99% devra rejeter tout l’argent et l’influence du monde des entreprises et combattre sans ambiguïté pour nos intérêts. Voilà ce que Bernie a commencé à faire dans ces primaires, et c’est la raison pour laquelle il bénéficié d’un soutien large et véritable non seulement de la part d’électeurs démocrates mais aussi d’indépendants et même de certains républicains. Il n’y a pas de “secret” pour expliquer pourquoi il se porte beaucoup mieux dans les sondages contre Trump qu’Hillary. Le soutien d’Hillary pour le «libre-échange» et les politiques pro-entreprises et anti-travailleurs est clair aux yeux de tous. Bernie a été en mesure d’apporter un défi historique à la direction du Parti démocrate en dépit de toutes les attaques antidémocratiques menées contre sa campagne précisément parce qu’il a appelé à une révolution politique contre la classe des milliardaires.
Malheureusement, Bernie n’a pas continué sur cette voie et a appelé à voter pour l’establishment que nous combattons.Les choses sont maintenant entre nos mains. Pour arracher les choses pour lesquelles nous nous battons, notre mouvement devra se tenir sur ses propres pieds et aller au-delà de Bernie en commençant à poser les bases de la construction de propre parti, un parti de masse des 99%.
Et pour ce faire, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer des moments comme celui-ci. Un débrayage de centaines de délégués de la convention combiné à des manifestations de masse, comme cela se passe déjà dans les rues de Philadelphie, constituera une prise de position audacieuse en direction de l’indépendance politique des travailleurs et des jeunes.
Ça suffit. Joignez-vous à moi pour soutenir les délégués courageux qui sortiront de la Convention antidémocratique et de ce processus truqué.
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USA : Les électeurs rejettent le programme de la droite
Il faut se préparer à lutter contre la politique des deux partis de Wall Street
Des dizaines de millions de personnes ont soupiré de soulagement en entendant que Mitt Romney et Paul Ryan n’entreraient pas à la Maison Blanche. Les syndicalistes, les femmes, les afro-américains, les latinos et les LGBT ont considéré avec raison le programme des Républicains comme une véritable menace.
Bryan Koulouris et Ty Moore, Socialist Alternative (Partisans du CIO aux USA)
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La droite a essayé de voler ces élections en intimidant les électeurs, en prenant une posture économique faussement populiste dans les dernières semaines, en injectant environ un milliard de dollars dans la campagne,… afin de tenter de convaincre les pauvres, les jeunes et les personnes de couleur de renoncer à leurs droits. Mais le soutien électoral d’Obama n’était en rien semblable à celui qui avait couronné la campagne énergique et enthousiaste de 2008. Cette année, la participation a baissé de 12 millions d’électeurs comparé à 2008. La plupart des gens ont voté Obama en le voyant comme le ”moindre mal” plutôt que comme le sauveur qui apporterait ”l’espoir et le changement” d’il y a 4 ans.
Le mouvement Occupy Wall Street a eu un impact sur l’élection en mettant en avant une discussion sur les inégalités économiques entre ”les 99% et les 1%”. Des millions de gens ont été indignés de voir que 6 milliards de dollars ont été dépensés dans les élections fédérales. Le message d’Occupy contre la domination des grandes entreprises a aussi alimenté une saine haine contre Mitt ”Milliards” Romney.
Obama a remporté cette élection malgré son bilan politique favorable aux grandes entreprises. Les banques ont reçu des milliers de milliards de subventions alors que les services sociaux ont subi des coupes budgétaires et que des millions de familles ont perdu leurs maisons. Beaucoup d’électeurs anti-guerre ont soutenu Obama, malgré les bombardements continuels de civils dans plusieurs pays, malgré la continuité du modèle de Bush d’une présidence impérialiste qui n’a de comptes à rendre à personne, malgré la guerre en Libye, malgré le fait que les attaques de drones, partout dans le monde, ne fassent l’objet d’aucune discussion au Congrès.
Beaucoup d’électeurs d’Obama ont été profondément déçus de sa performance pendant ces quatre dernières années, le voyant – très justement – comme une marionnette de Wall Street et des 1% de super-riches. L’administration Obama a commencé son deuxième terme sans réel mandat. La ”base” du Parti Démocrate parmi les syndicalistes, les personnes de couleur, les femmes et les LGBT a ravalé sa colère contre Obama pendant l’élection et a voté pour le ”moindre mal”. Maintenant, après les élections, toute la colère refoulée est prête à bouillir.
La demande d’emplois, d’investissements dans l’énergie, de fonds pour l’éducation, du droit au logement, et de solutions à une liste sans fin d’injustices va revenir à la surface. Et Obama va recommencer à faire passer les intérêts de Wall Street et du grand capital en premier, provocant à nouveau l’indignation et l’opposition. Le temps est mûr pour construire de nouveaux mouvements des travailleurs et des opprimés, politiquement indépendants des deux partis des grandes entreprises.
Une situation en changement
Pour la première fois au niveau national, les électeurs de Washington, du Minnesota, du Maine et du Maryland ont voté en faveur du droit au mariage entre personnes de même sexe, un tournant historique dans la lutte pour l’égalité pour les LGBT. Beaucoup d’autres questions progressistes ont gagné dans le pays, depuis des augmentations du salaire minimum à la défense des droits syndicaux et des mesures contre la très raciste ”guerre contre la drogue”. Les électeurs du Minnesota ont rejeté une tentative d’inscrire dans leur constitution des restrictions électorales parmi les plus dures du pays. Cela montre un changement dans la démographie et un changement dans les attitudes parmi les travailleurs et les jeunes. Si on ajoute à cela la colère massive de la classe ouvrière, tout cela constitue une base pour des mouvements explosifs dans les prochaines années.
Romney a largement basé sa stratégie sur le vote des hommes blancs (surtout dans le Sud) et l’espoir qu’il y aurait une forte abstention (quitte à truquer le scrutin pour que ce soit le cas). Depuis les années 1960, la tactique des Républicains a toujours été de gagner les élections en attisant la peur et la haine chez les électeurs blancs. Cette stratégie va être de plus en plus difficile à appliquer dans les élections nationales, ce qui va devenir encore plus clair dans les prochaines élections avec la nouvelle génération qui atteint l’âge de voter. Cette défaite électorale va approfondir cette crise qui fermente dans le Parti Républicain, qui va être forcé de redéfinir son identité ou risquer d’être réduit à un parti minoritaire permanent.
Même s’il n’y a pas eu de grand changement dans la composition du Congrès selon les lignes des partis, les changements de législateurs Républicains valent le coup d’être remarqués. Les Républicains ”modérés” du Maine et le ”centriste” Dick Lugar ont perdu leurs sièges, tout comme plusieurs des plus fous du Tea Party. Malgré plusieurs défaites du Tea Party, l’équilibre des forces dans la délégation Républicaine au Congrès s’est déplacé encore plus vers la droite, préparant le terrain pour une nouvelle impasse du bipartisme.
Mais dans le discours de victoire d’Obama, il a répété son engagement de ”franchir l’allée” vers les Républicains. En fait, le bipartisme d’Obama est élaboré cyniquement pour donner une couverture à ses politiques ouvertement en faveur des grandes entreprises, qui vont bientôt être exhibées. Les deux partis préparent des coupes historiques dans la Sécurité Sociale, Medicare et dans d’autres programmes vitaux, avant la fin de l’année 2012. Cela pourrait provoquer une radicalisation, des manifestations et davantage de luttes. Dans ce contexte, il y a des opportunités de construire une résistance unifiée de la classe ouvrière, des campagnes électorales contre le monde des affaires, et un parti politique des 99%.
Construire le mouvement socialiste dans un nouvel environnement
Le résultat historique obtenu par la candidate de Socialist Alternative (les partisans du CIO aux USA), Kshama Sawant, dans l’état de Washington, illustre le potentiel présent pour construire un mouvement contre le capitalisme. Se présentant ouvertement comme socialiste, Sawant a obtenu plus de voix que n’importe quel Républicain n’en a jamais obtenu contre Frank Chopp durant les 18 ans de carrière de ce puissant politicien Démocrate.
En faisant campagne contre les coupes budgétaires et les évasions fiscales et en appelant à la propriété publique de Boeing, Microsoft et Amazon, le défi électoral de Socialist Alternative a permis de populariser les idées du socialisme démocratique, de gagner plus de 11 906 voix de la classe ouvrière qui pourraient atteindre les 20 000 une fois le décompte terminé. Ce résultat est le plus élevé au niveau local pour les candidats indépendants de gauche sur cette année 2012, dans tout le pays, et quelque chose doit être construit à parti de là.
Pour tirer profit de cette situation, nous avons besoin d’appeler audacieusement à une résistance organisée contre les coupes budgétaires en impliquant les centaines de milliers de membres des syndicats, les militants du mouvement Occupy, les militants des collectivités locales et les jeunes. Ces coalitions auront besoin de préparer des grèves et des actions directes massives pour défendre le niveau de vie contre les attaques du capital. A partir de ces luttes, nous pouvons créer la base pour ce dont nous avons besoin – un parti massif de la classe ouvrière avec un programme socialiste démocratique.
Parmi d’autres nouvelles, il y a la menace du populisme de droite. Gary Johnson, le candidat du Parti Libertaire à la Présidentielle, a reçu plus d’un million de voix, trois fois plus que la plus importante candidate de gauche, Jill Stein du Parti Vert. Comme les victoires du Tea Party en 2010, cela donne un aperçu du potentiel de croissance pour les idées populistes de droite si la gauche et le mouvement ouvrier échouent à construire une alternative politique massive à l’establishment capitaliste détesté.
Ces élections, qui ont lieu lors de la cinquième année de la crise économique, ont montré l’approfondissement de la polarisation de la société américaine. Cette polarisation politique et sociale découle de l’affûtage des divisions de classe et de la montée du désespoir de dizaines de millions de travailleurs. Le manque d’une voie politique clairement pour la classe ouvrière dans les élections et la concurrence entre les politiciens capitalistes donnent une expression déformée à la colère de classe. Dans cette situation, les idées de droite pourraient récolter du soutien, et ces quatre dernières années nous avons vu une montée rapide des groupes haineux.
D’un autre côté, là où une initiative audacieuse de la gauche est menée, la polarisation de classe peut aussi conduire les gens à considérer des solutions plus radicales. Il y a de plus en plus de recherche d’idées qui ouvrent une porte de sortie de la misère capitaliste supervisée par les deux partis du grand capital. Comme le montre la campagne de Socialist Alternative pour Kshama Sawant, la société américaine devient de plus en plus fertile pour les idées socialistes.
