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  • Flambée des prix du pétrole. Précarité pour les uns, juteux bénéfices pour les autres

    Il y a un an, ceux qui osaient miser sur un baril à 70 dollars pour l’année 2005 étaient presque considérés comme des fous. Maintenant, même les économistes bourgeois n’hésitent plus à évoquer un « troisième choc pétrolier » et parlent d’un baril à 80 dollars – l’équivalent en dollar d’aujourd’hui du record établi lors du deuxième choc, en 1979- comme une perspective à court terme relativement probable. Depuis l’intervention impérialiste en Irak, les pics historiques n’ont fait que se succéder à un rythme presque ininterrompu : en deux ans, le prix du baril a été multiplié par 2,5. Les travailleurs trinquent, les multinationales pétrolières comptent leurs sous.

    Cédric Gérôme

    Anarchie capitaliste ou planification socialiste?

    Sous le capitalisme, la recherche du profit à tout prix et l’absence d’une planification ordonnée de la production entraînent inévitablement un manque total de stratégie à long terme. Depuis 1950, l’utilisation du pétrole brut est en augmentation de 57%. Certains experts estiment qu’une augmentation similaire est à prévoir pour les 25 prochaines années, et pourrait atteindre les 121 millions de barils par jour (contre 77 aujourd’hui) à l’ombre de 2030. Cette énergie fossile est certes indispensable, mais la manière dont elle utilisée relève de l’anarchie la plus aberrante.

    Un simple exemple: le manque d’investissements publics dans les transports en commun et les politiques d’aménagement du territoire poussent les gens à privilégier la voiture comme mode de transport ; or, une même dépense d’énergie permet à un voyageur de parcourir une distance 11 fois plus grande en tram qu’en voiture… De même, les bilans des marées noires de l’Erika et du Prestige ont encore démontré à quel point, dans une logique capitaliste, la gestion des matières premières et des ressources énergétiques est totalement irresponsable.

    Un cocktail explosif

    Aujourd’hui, l’instabilité politique mondiale fait peser de lourdes craintes quant aux possibilités d’approvisionnement, d’autant que le manque d’investissements dans le raffinage ces 25 dernières années ne saurait faire face à une demande qui ne fléchit pas. Depuis plusieurs années en effet, les compagnies extraient davantage de pétrole qu’elles n’en raffinent. Ce coktail crée une envolée vertigineuse des prix du pétrole. La seule “issue” à cette situation nous semble être…une profonde récession entraînant une chute de la demande de pétrole. Car une augmentation sensible de l’offre, qui rétablirait l’équilibre des prix, est hautement improbable, les producteurs d’or noir n’ayant pas de réserves inemployées, toutes leurs capacités tournant pratiquement à plein régime.

    En dépit des nombreuses déclarations de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui fournit 40% des réserves de pétrole brut mondial) concernant un relèvement de ses quotas de production, ses capacités excédentaires sont limitées. Elle produit déjà à son niveau le plus haut depuis 26 ans, et ce ne sont pas ses maigres offres supplémentaires qui vont significativement inverser la tendance. La découverte de nouveaux gisements est quant à elle de plus en plus rare. Au point qu’une véritable course aux réserves est en train de s’engager; plus globalement, les approvisionnements en énergie deviennent un nouveau terrain de confrontation entre les grandes puissances. Cela est notamment illustré par la véritable guerre que se mène la Chine et le Japon pour le contrôle du pétrole russe.

    L’Irak : la quête d’un nouvel eldorado

    Selon les plans de l’administration Bush, le pillage et le contrôle des ressources pétrolières de l’Irak était sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas. Mauvais calcul. Avant l’entrée des troupes américaines dans le pays, l’Irak exportait plus de deux millions de barils par jour. En comparaison, les exportations étaient déjà réduites à une moyenne de 1,5 millions de barils par jour pour l’année 2004. Aujourd’hui, le niveau de la production est toujours plus bas que celui d’avant-guerre, pour cause du chaos qui règne dans le pays et des attaques régulières sur les infrastructures pétrolières.

    Cet effondrement des exportations pétrolières de l’Irak, cumulé à l’accroissement de l’instabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient – région qui regorge deux tiers des ressources pétrolières mondiales- semble être la cause première de la flambée des prix du brut. A cela se rajoutent d’autres facteurs, qui s’influencent mutuellement : forte demande de la Chine et de l’Inde, spéculation intense sur les marchés financiers, tensions politiques dans d’autres pays producteurs (Nigéria, Vénéuela…). En ce sens, le récent cyclone Katrina n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu. Environ 91,7 % de la production quotidienne de la région, soit 1,38 million de barils par jour, a été interrompue. L’arrivée de Katrina a contraint à la fermeture un grand nombre d’installations du Golfe du Mexique, où se concentrent un quart des infrastructures pétrolières des États-Unis.

    Des bénéfices affolants

    Mais tous ces phénomènes ne doivent pas nous faire oublier la toile de fond sur laquelle ils s’opèrent : la crise mondiale du capitalisme, à travers laquelle se meut une poignée de multinationales qui profitent de leur mainmise sur cette ressource énergétique de première importance pour imposer leurs conditions et surtout leurs prix à l’ensemble de la planète. “Le Soir” du 8 septembre titrait: “Des bénéfices affolants”. C’est le moins que l’on puisse dire: les 5 plus grosses multinationales pétrolières ont réalisé un bénéfice net cumulé de 43,47 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2005, une augmentation de 30% par rapport à l’année dernière. “En tant qu’actionnaire, cela ne me dérange pas, mais je plains bien entendu les ménages modestes qui doivent encaisser la facture du mazout cher”, commentait Albert Frère, actionnaire chez Total. On le remerciera au passage pour cette belle démonstration de compassion.

    Les travailleurs paient la note

    Au-delà de l’augmentation du prix à la pompe et du mazout de chauffage, les prix élevés du pétrole entraîne une augmentation des coûts de production, qui mine la rentabilité des entreprises. Cela fournit de nouveaux prétextes aux entreprises pour licencier et stimule de surcroît une augmentation générale des prix, qui frappe les travailleurs de plein fouet.

    Le MAS exige:

    > la réaffectation des recettes pétrolières dans les secteurs prioritaires tel que l’enseignement, les soins de santé, le logement.

    > l’abolition de la TVA sur le mazout et sur les autres sources de chauffage, le gel immédiat des prix

    > le retour du carburant dans l’index

    > la nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle ouvrier, ce qui permettrait aussi de mettre la main sur tout les brevets d’énergies alternative accaparés par les multinationales.

  • MANIFS MASSIVES CONTRE LE G8 EN ECOSSE

    En juillet, nous avons participé avec le MAS aux manifestations contre le sommet du G8. Nous avons diffusé nos idées et discuté avec beaucoup de manifestants sur l’alternative que nous proposons au système actuel. Par notre participation, nous avons démontré ainsi que nous ne sommes pas du tout d’accord avec le régime capitaliste qui dirige notre société aujourd’hui.

    Annemarijn Juffermans.

    Cette année la réunion du G8 a eu lieu en Ecosse. Le G8 se réunit annuellement. Ils comprend les dirigeants des 7 pays industrialisés les plus riches plus la Russie ; ces pays sont les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et le Canada. Le G8 a surgi pour offrir une “solution” aux problèmes économiques actuels. Souvent, l’Afrique est un point important de leur ordre du jour, mais toutes les solutions trouvées sont vouées à l’échec. Ce sont des capitalistes qui donnent une réponse assez simpliste aux problèmes que connaît l’Afrique. Ainsi, on prétend que l’Afrique est confrontée à la pauvreté et à la guerre parce que ces pays sont conduits par des mauvais gouvernements. En réalité, ces crises ont été favorisées par les longues années d’exploitation par l’occident.

    Nous sommes allés manifester pour proclamer notre alternative socialiste. Les autres alternatives ne sont pas capables de résoudre les problèmes contemporains. Le sommet du G8 montre clairement qu’il est grand temps pour un nouveau régime.

    En Ecosse, nous avons organisé un camp de jeunes, auquel beaucoup de nos membres et contacts ont participé. De cette façon, nous pouvions lier les actions que nous avons menées à la théorie marxiste.

    Manifs Massives

    Ils y avaient différentes manifestations. La première manif était à Edinbourgh. Elle comptait environ 250.000 personnes. Les organisateurs avaient appelé à une manifestation en blanc. Le but était clairement de maintenir le niveau politique le plus bas possible. Notre délégation d’environ 250 personnes était habillée entièrement en rouge et était la plus combative. Nous avons ensuite organisé un meeting auquel beaucoup de personnes ont assisté.

    Répression

    Il y avait encore quelques manifestations plus petites, comme une devant un centre d’accueil pour des demandeurs d’asile et une autre devant une centrale nucléaire, auxquelles nous avons aussi participé. La dernière manif était à Gleneagles. C’est là où la réunion du G8 avait lieu. La police n’était pas très favorable à cette manif et beaucoup de mesures avaient été prises. On a mis du temps pour former notre délégation. Après un temps d’attente assez court, nous avons commencé la manif, mais après une demi heure elle était stoppée. On nous a dit qu’il y avait des affrontements avec la police au début de la manif. Après, les médias s’étendaient sur ces violences, même si elles n’étaient que très minimes.

    Le rôle des anarchistes

    Nous voulons ajouter encore un petit commentaire sur les anarchistes présents en Ecosse. Ils étaient venus avec l’idée de bien se faire entendre. Il l’ont fait de façon bizarre, en se séparant du reste des manifestants. Ils ont formé par exemple un ‘bloc noir’. Ils ont été directement par écartés par la police.

    Ils ont ensuite été vers l’affrontement avec la police. Bien sûr, les médias trouvent cela fantastique parce que c’est plus sensationnel qu’une manif tranquille. Nous trouvons que c’est stupide qu’ils se concentrent uniquement sur cela, parce que cela a un impact négatif sue l’ensemble de la manif.

  • 60 ans après la Seconde Guerre mondiale

    On commémore ces temps-ci le 60ème anniversaire de la fin la Seconde Guerre mondiale. Les médias nous ont abreuvés d’articles et de témoignages historiques sur ce qui fut la plus grande boucherie à ce jour de l’histoire humaine (60 millions de morts). Un dossier de plus? Non, car les commémorations occultent trop souvent les tenants et aboutissants de cette guerre qui a changé pour près d’un demi-siècle les rapports de force au niveau mondial.

    Thierry Pierret

    La Première Guerre mondiale avait été une guerre de repartage du monde entre puissances impérialistes. Pendant des décennies, il y avait une course de vitesse entre les différentes puissances européennes pour s’emparer des différents pays d’Afrique et d’Asie. La Grande-Bretagne et la France étaient sorties gagnantes de cette course de vitesse, l’Allemagne devant se contenter des “miettes” du monde colonial.

    C’est la volonté de l’Allemagne d’imposer un repartage du monde à son avantage qui a plongé le monde dans la “Grande Guerre” en 1914. Les principaux partis sociaux-démocrates s’étaient rangés derrière le drapeau de leur propre impérialisme. C’est la Révolution russe qui a mis fin à la Grande Guerre sur le front de l’est avec l’armistice de Brest-Litovsk. Quelques mois plus tard, la révolution en Allemagne mettait fin aux hostilités sur le front occidental. Malheureusement, la révolution en Allemagne n’a pas abouti à la prise du pouvoir par les travailleurs comme en Russie. Le Parti social-démocrate (SPD) y était autrement plus puissant que les mencheviques en Russie et le jeune Parti communiste allemand (KPD) a commis des erreurs tactiques. La défaite de la révolution en Allemagne, mais aussi en Italie, en Hongrie, en Slovaquie,… ouvre désormais la voie à une période de contre-révolution en Europe qui sera le prélude à une nouvelle conflagration mondiale.

    La montée du fascisme

    La petite-bourgeoisie était prise en tenaille entre le mouvement ouvrier d’une part, la grande industrie et les banques d’autre part. La faillite les guette et, avec elle, la nécessité de vendre leur force de travail pour vivre. Ils aspirent au retour à l’ordre, c’est-à-dire à la situation qui prévalait avant l’industrialisation, à savoir une société de petits producteurs. Les fascistes les séduisent avec leurs diatribes contre “le capital financier” et contre le communisme. La crise économique des années trente verra les secteurs décisifs de la bourgeoisie soutenir le fascisme pour rétablir ses profits en écrasant le mouvement ouvrier et en forçant l’ouverture des marchés extérieurs aux produits allemands.

    Il est donc faux de prétendre que la mégalomanie de Hitler et de Mussolini serait la cause de la Seconde Guerre mondiale. En fait, le programme des partis fascistes correspondait aux nécessités du capitalisme en période de crise aigüe. La seule façon pour la bourgeoisie des pays vaincus (Allemagne) ou mal desservis par la victoire (Italie) de restaurer sa position, c’était d’imposer un nouveau partage du monde par la guerre. Or seuls les partis fascistes étaient déterminés à le faire là où les partis bourgeois classiques étaient soucieux de préserver les équilibres internationaux. Il y a donc un lien entre le fascisme et la guerre dans la mesure où ce sont deux conséquences parallèles de la crise du capitalisme en décomposition.

    Capitulation du mouvement ouvrier

    La victoire du fascisme n’était pas inéluctable. En Allemagne, les partis ouvriers et leurs milices – SPD et KPD – étaient plus puissants que le Parti nazi. Mais le SPD refusait l’affrontement sous prétexte de respecter la légalité là où les nazis n’en avaient cure. Plutôt que d’organiser les travailleurs, il préférait s’en remettre au Président Hindenburg comme “garant de la démocratie”.

    Quant au KPD, il suivait la ligne de Moscou qui professait la théorie absurde selon laquelle la social-démocratie et le nazisme étaient des frères jumeaux (théorie du social-fascisme). Le KPD a même organisé des activités en commun avec les nazis! Cette attitude des dirigeants des deux grands partis ouvriers allemands a complètement désorienté les travailleurs allemands face aux nazis. En 1933, Hitler prenait le pouvoir sans coup férir avec la bénédiction de Hindenburg…

    Le Pacte germano-soviétique

    L’arrivée au pouvoir de Hitler – dont Staline était pourtant largement responsable – a semé la panique à Moscou. Pour assurer sa défense, l’URSS va désormais privilégier une stratégie d’entente avec la France et la Grande-Bretagne. Pour ce faire, il ne fallait rien faire qui puisse effrayer les bourgeoisies française et britannique. Par conséquent, les partis communistes occidentaux devaient adopter un profil bas et privilégier des alliances non seulement avec la social-démocratie, mais aussi avec la “bourgeoisie progressiste”.

    Cette stratégie débouchera sur la formation de gouvernements de front populaire en France et en Espagne en 1936. Pour maintenir coûte que coûte ce front de collaboration de classe, le PC n’hésitera pas à casser la grève générale en France et à liquider la révolution en Espagne. Mais en 1938, Paris et Londres repoussent l’offre de Staline d’agir de concert pour contrer les visées de Hitler sur la Tchécoslovaquie.

    Staline change alors son fusil d’épaule et signe le Pacte germano-soviétique en 1939. Il croit ainsi assurer ses arrières. Bien plus qu’un pacte de non-agression, le Pacte germano-soviétique comportait un protocole secret qui organisait le dépeçage de l’Europe de l’est entre l’Allemagne et l’URSS. Alors que les bolcheviques avaient rendu publics tous les traités secrets en 1917, Staline renouait avec les pires méthodes des puissances impérialistes.

    Une nouvelle guerre de repartage

    La Seconde Guerre mondiale fut, en Europe de l’Ouest, en Afrique et en Asie, une nouvelle guerre de repartage du monde. L’Allemagne, qui avait été privée de toutes ses colonies en 1918, voulait prendre sa revanche. L’Italie, mal desservie par sa victoire en 1918, avait annexé l’Albanie et envahi l’Ethiopie en 1935. Mais l’Ethiopie était le seul pays africain qui restait à coloniser. L’Italie ne pouvait plus étendre son empire colonial qu’en empiétant sur les colonies françaises et britanniques. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne en 1940. En Asie, le Japon, après avoir annexé la Corée et la Mandchourie, s’était lancé à la conquête de la Chine toute entière. Il lorgnait sur les colonies françaises, britanniques et hollandaises en Asie. Mais les Etats-Unis s’opposaient aux prétentions impériales de Tokyo en Asie et lui ont coupé son approvisionnement en pétrole.

    D’où l’attaque sur Pearl-Harbour en décembre 1941 pour avoir les mains libres dans le Pacifique. Pearl-Harbour a fourni le prétexte rêvé au Président Roosevelt pour engager les Etats-Unis dans la guerre, puisque le Japon était un allié de l’Allemagne et de l’Italie. La guerre est désormais mondiale. Elle oppose les puissances impérialistes établies (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne) aux forces de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon), c’est-à-dire l’axe des mal servis du partage colonial. Mais entre-temps, il y a eu l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941. Cette nouvelle donne va non seulement changer le cours de la guerre, mais aussi en changer partiellement la nature.

    La victoire soviétique

    Staline avait cru gagner un répit de 10 ans en signant le Pacte germano-soviétique. Il en avait également profité pour ramener la frontière occidentale de l’URSS à celle d’avant 1914 (annexion de l’est de la Pologne, des pays baltes, de la Bessarabie). En revanche, l’invasion de la Finlande se solda par un fiasco. Staline, dans sa lutte acharnée contre l’opposition de gauche, avait liquidé tous les officiers qui avaient été formés par Trotsky. Privée de ses meilleurs officiers, l’Armée rouge s’est révélée incapable de venir à bout de l’armée finlandaise. Hitler en a conclu que l’Armée rouge n’était qu’un tigre de papier et qu’elle s’effondrerait sous les coups de la Werhmacht. Or les nazis, dans leur entreprise de destruction systématique du mouvement ouvrier organisé, ne pouvaient pas tolérer l’existence de l’état ouvrier – tout bureaucratisé qu’il fût – soviétique. Le 22 juin 1941, la Werhmacht envahissait l’URSS à la stupéfaction de Staline qui croyait dur comme fer au Pacte. Les premières semaines de l’offensive ont semblé donner raison à Hitler.

    L’Armée rouge, mal préparée, privée d’officiers compétents, s’effondrait sous les coups de butoir de la Wehrmacht, perdant des centaines de milliers de prisonniers et de tués en quelques jours. Mais Hitler avait sousestimé la capacité de résistance et d’auto-organisation de la population russe.

    Surtout, Hitler avait sousestimé le potentiel d’une économie planifiée même bureaucratiquement. Jamais un pays relativement arriéré comme l’URSS n’aurait pu fournir un tel effort de guerre dans les conditions d’une économie de marché. L’Armée rouge a pu stopper l’offensive hitlérienne avant de partir à la contre-offensive.

    L’URSS payera sa victoire de quelque 27 millions de morts. Les pertes sont d’autant plus lourdes que le régime nazi se déchaîne contre les “sous-hommes” (Juifs, Slaves, Tsiganes). Si l’antisémitisme du régime avait d’abord eu pour but de désigner un bouc-émissaire pratique aux souffrances de la population, il acquiert dès lors une dynamique propre qui conduira à la Solution finale.

    Mais cette pulsion mortifère exprime surtout l’impuissance des nazis à retourner la situation en leur faveur. A partir de ce moment, la guerre change de nature. On assiste à une course de vitesse entre l’Armée rouge et les anglo-américains. Ceux-ci ne se décident à ouvrir un nouveau front (débarquement de juin 1944) que pour endiguer l’avance soviétique. Après la capitulation allemande, cette course se poursuivra en extrême-orient où les Etats-Unis n’hésiteront pas à utiliser l’arme atomique pour contraindre le Japon à capituler sans délai et éviter une partition du Japon comme en Allemagne et en Corée.

    La révolution met fin à la guerre

    Les dirigeants américains et britanniques envisagent même de faire une paix séparée avec l’Allemagne pour repousser l’Armée rouge. Mais les nazis s’obstinent à vouloir mener la guerre sur les deux fronts et le putsch contre Hitler échoue. Surtout, les travailleurs n’auraient pas toléré la prolongation de la guerre et sa transformation en guerre est-ouest. En Italie, en France, en Yougoslavie, en Grèce, les partisans communistes libèrent la majorité du territoire. Ils sont une force avec laquelle les alliés doivent compter. La prise du pouvoir par les communistes était possible dans plusieurs pays, y compris à l’ouest. Mais Staline le leur a interdit et a ordonné aux partisans de rendre leurs armes en échange d’assurances de la part des Alliés. On peut dire que le stalinisme a joué le même rôle contre-révolutionnaire en 1945 que la social-démocratie en 1918. Dans les pays occupés par l’Armée rouge, nombre de communistes actifs dans la résistance sont liquidés car jugés peu fiables. Alors que c’est la révolution (ou la menace de révolution) qui a empêché les Alliés de continuer la guerre contre l’URSS, Staline a cru pouvoir opter pour la coexistence pacifique avec l’impérialisme (accords de Yalta). Mais Staline ne recueillera pas davantage les fruits de sa “modération” que dans les années trente. En 1949, les puissances impérialistes créent l’OTAN pour endiguer l’URSS et le monde bascule dans la guerre froide. Pendant près d’un demi-siècle, la violence de l’impérialisme sera contenue par l’existence du bloc de l’est. Mais les tares du stalinisme ont fini par avoir raison des états ouvriers bureaucratisés. La chute de l’URSS ouvre la porte à une nouvelle ère de tensions interimpérialistes.

  • Comité Exécutif international du CIO. APRES LA VICTOIRE DE BUSH: VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL?

    Comité Exécutif international du CIO

    LE COMITÉ POUR UNE INTERNATIONALE OUVRIÈRE (CIO), qui possède des sections dans 36 pays et sur tous les continents et dont fait partie le MAS/LSP, a tenu en Belgique son exécutif durant la 3ième semaine du mois de novembre. Les délégués – venus de tous les continents – ont brossé l’état de la situation politique et économique internationale et avancé des perspectives de développement.

    Vincent Devaux

    C’est reparti pour un tour

    L’actualité a partout été dominée par la question des élections américaines. Bush a été réélu alors qu’il est certainement le président US le plus haï depuis longtemps. Mais s’il a remporté les élections, son soutien s’est érodé et il est loin des 90% qu’il avait dans les sondages peu après le 11 septembre.

    Kerry ne représentait pas une alternative à la politique de Bush. Le slogan «Tout sauf Bush» appelant à voter démocrate a érodé le résultat de Ralph Nader (moins de 1%), seul candidat qui présentait un programme défendant les couches opprimées. Une grande partie des votes engrangés ne le sont pas sur base de la politique étrangère (Irak), ni même de sa politique intérieure, mais plutôt sur base des valeurs morales traditionnelles avancées par Bush dans sa campagne avec l’appui des évangélistes.

    L’incertitude sur la ligne politique pour son second mandat est tombée. On constate qu’il va poursuivre sa politique agressive. Il a déjà déclaré qu’il voulait un budget de 2.200 milliards de $ pour le budget de la défense jusqu’en 2008 et une diminution de l’impôt sur les plus-values.

    L’économie mondiale tirée par les Etats-Unis et la Chine est en porte-à-faux

    Bush va devoir tenir compte de deux déficits jumeaux colossaux: le déficit public et celui de la balance des paiements. Le financement de sa dette se fait au travers de l’émis-sion de bons du trésor, les 3/4 des investissements dans des bons d’états par les banques étrangères sont le fait de l’Asie, principalement la Chine et le Japon. Si la croissance US en 2004 a été de 4.4 %, elle est due partiellement à la baisse continuelle du taux d’intérêt passant de 6.25% à 1.25% en quelques années provoquant une surconsommation et la naissance d’une bulle immobilière. La baisse d’impôt – pour les plus riches- au début de la première législature de Bush et la guerre en Irak, remplissant les poches des marchands de canons par une politique de «keynésianisme négatif», a également permis de soutenir la croissance.

    La baisse du dollar permet de réduire artificiellement la dette US et permet d’écouler ses produits plus facilement sur le marché mondial et donc d’exporter la crise. Mais cette dépréciation du dollar mine la confiance des investisseurs qui choisissent de se tourner vers d’autres devises comme l’euro. L’importante croissance économique de la Chine ces dernières années (+/-9%) ne doit pas cacher son caractère inégalitaire entre les différentes provinces ; l’intérieur du pays principalement rural restant très pauvre. Le pouvoir central tente de contrôler l’ouverture de l’économie chinoise au capitalisme afin d’éviter l’implosion de cet énorme pays comme en URSS. L’économie chinoise, basée sur l’exportation de biens et l’importation d’énergie et de matières premières est très sensible à l’économie américaine et aux variations de ses taux d’intérêts. Une élévation des taux d’intérêts aurait un impact sur la croissance chinoise.Bien que les achats massifs de bons d’états US permettent de soutenir artificiellement la croissance des Etats-Unis et donc l’exportation de produits chinois, la Chine ralentit ses investissements dans la dette US car elle doit également diversifier ses investissements dans le secteur énergétique pour garantir son approvisionnement. Les deux économies sont très liées et sont actuellement la locomotive de l’économie mondiale, mais elles se soutiennent artificiellement et pourraient s’écrouler tel un château de carte.

    On a vu ces derniers mois une augmentation du prix du pétrole dépassant les 45 dollars le baril, due à la combinaison d’une croissance de la consommation d’une part et à l’instabilité de certains pays producteurs d’autre part: l’Irak qui ne peut rétablir son ancienne production, instabilité politique au Vénézuela, grèves à répétition au Nigéria, affaire Ioukos,… d’autre part il y a eu peu de découvertes de nouvelles ressources pétrolières ces dernières années et les installations n’ont pas été suffisamment développées, certains économistes pensent qu’il faudra 15 ans pour rétablir la situation. La production de l’acier au niveau mondial est également sous pression de la demande chinoise. Cette montée du cours du brut a des conséquences directes sur les prix des biens à la consommation et réduit le pouvoir d’achat des populations et cela même dans des pays comme l’Iran ou le Nigéria, exportateurs de brut mais qui doivent importer des produits raffinés.

    Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte en elle l’orage. (Jaurès)

    Les Américains n’ont pas les moyens de leur ambition: jouer les gendarmes du monde. S’ils ont annoncé la prise de Falluja en Irak comme une victoire, provoquant le déplacement dans des conditions précaires de 200.000 personnes, il est clair que c’est plutôt une défaite et que la résistance devient plus expérimentée. De plus le risque d’une guerre civile n’est pas exclu si les Sunnites ne sont pas représentés au parlement.

    La politique guerrière de Bush est partiellement responsable de la reprise de la course à l’armement. La Corée du Nord et l’Iran, qui développent un arsenal nucléaire, sont sous pression de l’Occident. Une intervention militaire en Iran n’est pas exclue mais beaucoup d’obstacles sont présents; accords gaziers avec la Chine et autres fournitures pétrolières avec autres pays, comme la Russie,… le pays est en pleine croissance ce qui n’était pas le cas de l’Irak après une guerre et une décennie d’embargo.

    De plus, avec une population trois fois plus nombreuse et un pays quatre fois plus grand que l’Irak il va être plus difficile d’y intervenir. Enfin, l’administration doit compter avec le mécontentement croissant parmi la population et l’armée américaine. Une intervention en Corée du Nord pourrait dégénérer en guerre régionale avec la proximité de la Corée du Sud et de la Chine.

    Une montée de la lutte des classes

    Le Nigeria a déjà vu 7 grèves générales contre l’augmentation du prix de l’essence depuis qu’Obasanjo est au pouvoir et qu’il mène une politique dure de privatisation des services publics. En Chine des mouvements à caractère insurrectionnels se multiplient.

    Une manif a rassemblé‚ 40 à 50.000 personnes à Wanzhou pour protester contre la bastonnade d’un travailleur par un fonctionnaire. Une grève de sept semaines a eu lieu dans une usine textile qui était privatisée, 7.000 personnes protestant contre leurs nouvelles conditions de travail et les licenciements, ce qui est une première depuis 1949. On doit également citer une occupation d’un barrage par des paysans qui est passée de 40.000 à 100.000 personnes après la mort d’un manifestant et qui a finalement obligé la police à se retirer. En Amérique Latine, la plupart des gouvernements – au Pérou, Brésil, Venezuela, Argentine,…- tiennent un discours anti-libéral. La Colombie a vu l’élection d’un président social-démocrate après 100 ans de pouvoir aux mains des conservateurs, signe de l’élévation de la conscience de la population. On voit néanmoins actuellement les limites de tous ces gouvernements qui ne cassent pas avec le capitalisme.

    L’Europe entre en marche Les attaques sur les conditions de vie des ouvriers entraînent la réaction de la classe ouvrière par des manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes (grèves générales en Italie…).

    En Angleterre, le syndicat des pompiers a consciemment brisé ses liens avec le Labour Party qui mène les attaques sur le niveau de vie des gens. L’Allemagne qui a certainement vu les pires attaques, a vu se développer les Journées du Lundi (contre le plan Hartz IV) ainsi qu’une nouvelle formation électorale qui pourrait être le point de départ d’un nouveau parti des travailleurs. Aux Pays-Bas, le modèle « Polders », basé sur la paix sociale a montré ses limites, la manif du 9 octobre dernier contre la politique de Balkenende a rassemblé entre 200.000 et 300.000 manifestants. En Pologne, avec un taux de chômage moyen de 20-30 %la population n’a plus d’illusions sur les soi-disant bénéfices de l’intégration au sein de l’U.E.

    Partout dans le monde nous voyons une montée de l’instabilité politique des tensions entre les grands blocs économiques, un pourrissement de la société dans les pays où intervient l’impérialisme et une escalade militaire. Seul un changement de société, porté par le développement de la lutte des classes peut éviter une explosion de barbarie.

  • MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI

    Une réponse à la politique du gouvernement et du patronat

    IL ÉTAIT LARGEMENT reconnu que le gouvernement et le patronat allait entamer l’attaque contre les acquis des travailleurs et leurs familles vers la fin de 2004. La résistance n’a pas attendu le moment où ces attaques allaient s’intensifier. Les dernières semaines, on a assisté aux grèves dans le secteur non marchand, dans l’enseignement francophone, à La Poste et à la STIB (transports en commun bruxellois). Le secteur privé, exception faite pour l’aéroport de Zaventem, demeure relativement calme, mais derrière les apparences la tension monte. L’automne chaud est déjà une réalité, mais malheureusement le mouvement ouvrier ne dispose pas d’un programme, d’une stratégie et surtout d’une direction capable de gagner la bataille.

    Eric Byl

    Les partis traditionnels de gauche

    Les travailleurs n’ont pas à compter sur le soutien des partis traditionnels prétendument «de gauche». Pour Ecolo et Agalev, il n’a fallu qu’une seule participation au pouvoir pour qu’ils apparaissent clairement dans quel camp ils jouaient. Grâce à ces deux partis on nous a imposé nombre de sanctions (contre la décharge de déchets clandestins, contre les fumeurs,…) et de nouveaux impôts (des taxes écologiques, eau de surface, essence,…), mais l’industrie et les gros pollueurs n’étaient jamais touchés. Deleuze (Ecolo), ancien Secrétaire d’État, voulait éviter la confrontation avec le patronat sur Kyoto en achetant de l’air propre à l’ex-Union Soviétique.

    Au gouvernement, Agalev surtout a compris l’art de mépriser la population. Mieke Vogels a menacé en tant que ministre flamande de la Santé de courtcircuiter les syndicats. Byttebier, qui lui a succédé, a insinué que pas mal d’handicapés fraudaient. Maintenant qu’il est chassé du gouvernement, Groen a fait sa réapparition dans les manifestations du non marchand. Mais ces manifestations sont organisées autour des mêmes revendications que les Verts rejetaient brutalement quand ils siégeaient sur les bancs du gouvernement.

    La social-démocratie participe au gouvernement depuis 1988. Pendant cette période la flexibilité a tellement augmenté que 39,5% des travailleuses sont aujourd’hui engagées à temps partiel. Les jeunes doivent presque exclusivement recourir au travail intérimaire. Les bâtiments publics et les entreprises publiques, construits avec l’argent de la communauté, sont vendus pour un quignon de pain aux amis du secteur privé. En échange, les dirigeants «socialistes» reçoivent des postes bien rémunérés dans une série de conseils d’administration. LucVanden Bossche, ancien ministre SP.a, a reçu en récompense le poste de directeur de Biac, la société qui exploite de l’aéroport de Bruxelles National. Le bourgmestre de Gand, Beke, siège au conseil d’administration de Dexia. Pour cette charge (assister à 7 réunions par an!), il reçoit 34.000 euros par an. Si le PS joue ici et là le jeu d’enfant terrible, le SP.a est l’instigateur de la politique d’austérité. Vande Lanotte et Vandenbroucke ont bataillé depuis le début de l’année pour la mise en oeuvre de mesures «structurelles». Vandenbroucke est l’arrogant responsable de la chasse aux chômeurs. Vande Lanotte est celui qui prépare la privatisation des services publics.

    Les directions syndicales

    Les syndicats organisent au moins 58% des travailleurs actifs (sans compter les prépensionnés et les chômeurs), ce qui représente une hausse de la syndicalisation de 8% sur dix ans. Si les syndicats s’étaient servi de cette force, le gouvernement et le patronat aurait pu faire une croix sur tous leurs plans d’austérité. Cela exige par contre une alternative contre la politique actuelle et c’est exactement cela qui fait défaut aux directions syndicales.

    Elles ne voient pas comment aller à contre-courant de la logique néo-libérale. Elles ont donné leur accord à l’introduction du travail intérimaire et des contrats précaires. Elles ont accepté la disparition de presque 10 000 postes de travail chez Belgacom au prix de cadences infernales. Elles sont maintenant sur le point d’accepter la scission de la SNCB qui coûtera à terme 10.000 emplois et menacera la sécurité des voyageurs et du personnel. A La Poste elles ont avalé Géoroute et Poststation qui feront disparaître 10.000 emplois.

    Faute d’une alternative réelle, les directions syndicales ne dépassent pas le stade d’une opposition superficielle. Si la pression d’en bas devient trop forte, elles organisent des actions pour donner un peu de voix à la colère, en mobilisant les travailleurs de façon divisée. Le mot «mobiliser» ne décrit pas vraiment la situation, car les directions syndicales «démobilisent». En fait, la politique syndicale actuelle consiste à organiser des manifestations d’enterrement lors des fermetures et d’entretenir des relations d’affaires avec les politiciens amis.

    Le lien entre l’ACV et le CVP, prédécesseur du CD&V , a toujours été problématique. Des gouvernements CVP successifs ont abusé de leurs liens avec l’ACV pour vendre leur politique aux travailleurs. Maintenant que le CVP n’est plus l’instrument le plus important de la bourgeoisie, le PS et le SP.a sont mis en avant. Les dirigeants de la FGTB et de l’ABVV ne se servent pas de leurs positions dans les bureaux politiques de ces deux partis pour imposer une politique plus sociale mais, inversement, pour faire avaler à la base syndicale la politique antisociale de ces deux partis.

    Cette démarche est plus d’une fois récompensée par une fonction publique lucrative. Tant que l’ACV restera dominé par le CD&V et la FGTB par le SP.a et le PS, les syndicats accumuleront les défaites dans la lutte des travailleurs.

    La crise structurelle

    Si on suit le patronat et ses valets politiques, la Belgique ne peut que se maintenir au sommet qu’en restant plus efficace que tous les autres pays du monde. «Efficace» ne signifie pas «plus social» ou « de meilleurs services et plus nombreux» ou «la satisfaction maximale des besoins d’un maximum de personnes». Non, «efficacité» doit exclusivement être synonyme de «rentabilité». Si l’on prend en considération les 30 dernières années, depuis la crise de 1974, alors notre système économique ne s’avère pas si «efficace». Il est vrai que les profits des entreprises ont considérablement augmenté. Cela ne résulte cependant pas de la croissance globale des richesses, mais de la politique de pillage au détriment de notre santé et de nos revenus. Les travailleurs de Belgique sont n°2 du monde, derrière la Norvège, au niveau de la productivité. Nous produisons en moyenne 11% de plus de valeurs par heure que nos collègues américains, 32% de plus qu’en Grande Bretagne, 39% de plus qu’au Japon et 8% de plus qu’en France. Notre système économique est tellement efficace que des personnes actives ne travaille même pas. Qui a du travail est en proie à un stress anormal. La Belgique est au premier rang mondial en matières de maladies liées au stress: l’infarctus et les dépressions.

    Selon les patrons et les politiciens qui les servent, les travailleurs belges coûtent trop cher. Entre 1981 et 2001 le coût salarial réel par unité produite a diminué annuellement de 0,3%. L’an dernier cette diminution se chiffrait au moins à 1,4%! On pourrait prétendre que les inactifs prennent tout l’argent.

    Mais en réalité, en vingt ans les pensions sont passées de 34% du salaire moyen à 32%. Ceux qui «profitent» des allocations de chômage ont subi la même perte en valeur: de 42% par rapport au salaire moyen à 28% en 20 ans. Il n’est donc pas étonnant que la pauvreté ait progressé. Au début des années 90 il y avait 6% de pauvres (chiffres officiels), c’est maintenant 13%. Voilà pour cette fameuse efficacité.

    Les propositions patronales pour les négoociations de l’accord interprofessionnel

    En préparation du budget et des négociations pour un nouvel accord interprofessionnel, le patronat, depuis l’été, a préparé l’une après l’autre diverses propositions. Il utilise comme un pied de biche l’exemple de Siemens en Allemagne: un allongement de la durée du travail sans adaptation du salaire. Le patronat prétend ainsi «sauver l’emploi». A Marichal Ketin (Liège), le patron avait proposé d’aug-menter le temps de travail de 36 à 40 heures et de licencier entre 10 et 20 intérimaires. En voilà une drôle de façon de «sauver» l’emploi! Heureusement, il n’a pas réussi à faire gober cela aux travailleurs.

    Pour la majorité des patrons, le débat sur le temps de travail est un épouvantail mis en avant pour effrayer les travailleurs et imposer d’autres mesures de régression sociale. La fédération patronale du métal, par exemple, réclame davantage la baisse des charges et surtout le gel des salaires. Dans la construction les patrons réclament surtout l’annualisation du temps de travail. Dans le secteur de distribution et de l’alimentation, la question centrale porte sur un assouplissement des heures supplémentaires.

    Afin d’être sûr que ce recul social sera accepté, on menace beaucoup. On essaye de nous faire croire que l’élargissement de l’Europe va mener à une invasion de main-d’oeuvre à bon marché. La Commission Européenne veut permettre que des travailleurs de l’Europe de l’Est soient embauchés, en Europe occidentale, aux salaires de l’Est! Il est évident que cela va saper les salaires et les conditions de travail ici. En même temps, Vandenbroucke veut obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi. Sa chasse aux chômeurs n’a rien à faire avec la prétendue «fraude sociale». Pour chaque poste vacant, il y a au moins 7 candidats. Chaque examen d’embauche suscite la candidature d’un nombre impressionnant de demandeurs d’emploi. Celui qui veut suivre une formation à l’Orbem ou au Forem doit patienter pendant des mois ou n’y a pas droit. L’objectif de la politique d’exclusion est d’utiliser les chômeurs pour saper les conditions de travail et les salaires de ceux qui ont encore du travail. Selon le rapport sur les salaires du Conseil Central de l’Economie, en préparation des négociations sur l’accord interprofessionnel, il n’y a, comme par hasard, toujours pas de marge pour une augmentation des salaires. Les salaires en Belgique ont progressé apparemment de 1,4% de plus que les salaires dans les trois pays voisins (France, Allemagne, Pays-Bas). Ce ne sont évidemment que des moyennes. Les salaires de managers comme Jan Coene, qui s’est octroyé une récompense de 800 millions de FB en trois ans, y sont aussi inclus. Par ailleurs, quand on dit que nos salaires ont «progressé plus rapidement» que dans les pays voisins, il est plus exact de dire qu’ils ont «baissé moins vite». En comparaison avec le patronat allemand et néerlandais, la Belgique est loin de la situation «optimale». En bref: malgré la misère dans laquelle vivent nos pensionnés, malgré la montée officielle du nombre de pauvres, nos patrons et leurs serviteurs politiques ont l’eau à la bouche quand ils rêvent d’une politique aussi anti-sociale que celle de Schröder et de Balkenende.

    Construire un rapport de forces

    Jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de richesses et autant de profits qu’aujourd’hui. Mais il n’y a jamais eu non plus autant de pauvres. Plus que jamais il faut que les travailleurs et leurs familles contrôlent la richesse qu’ils produisent et qu’ils l’utilisent pour satisfaire les besoins de l’ensemble de la population. Si les dirigeants syndicaux le voulaient, ils pourraient paralyser toute l’Europe. Mais la nécessité de se réapproprier les richesses disponibles, accaparées aujourd’hui par un petit nombre de parasites, cette idée ne leur vient pas à l’esprit. Leur attitude mène au défaitisme chez beaucoup de travailleurs.

    Le défaitisme peut temporairement paralyser le mouvement ouvrier, mais ne contrebalance pas les effets de la situation vécue. Chaque secteur se met en mouvement l’un après l’autre, souvent sans les directions syndicales qui ne peuvent garder les travailleurs sous contrôle. La seule capacité qu’elles développent magnifiquement c’est de fractionner la lutte secteur par secteur. Mais si on veut forcer le gouvernement et le patronat à faire des concessions, l’action coordonnée et généralisée est indispensable. C’est précisément ce que les directions syndicales essaient à tout prix d’éviter depuis la grève contre le Plan Global de 1993.

    Marche des jeunes

    Le MAS seul ne peut pas transformer cette situation. Nous pouvons tout au plus intervenir dans la situation politique et sociale sur base du mécontentement dans divers secteurs. Dans une période de montée rapide du chômage et avec en arrière-plan une chasse aux chômeurs, nous avons décidé de faire un appel avec notre campagne Blokbuster à une nouvelle Marches des Jeunes pour l’Emploi. En 1982 et 1984 il y avait des dizaines de milliers de jeunes dans la rue contre le chômage. Ces marches étaient préparées par de nombreux comités locaux de mobilisation dans les écoles et les entreprises. Ce n’étaient pas des manifestations comme les autres, mais des campagnes menées pendant toute une année.

    En 1993 Blokbuster et les Jeunes FGTB ont organisé une petite Marche des Jeunes de 7.000 manifestants. Cette Marche s’est tenue juste après la chute du stalinisme, quand le capitalisme semblait pour beaucoup de gens le seul système possible. De plus les Jeunes CSC avaient refusé de participer. La «petite gauche» était, comme d’habitude, plus occupée à insulter les organisateurs qu’à mobiliser. Le journal La Gauche appelait Blokbuster «une filiale de la maison de mère britannique Militant» et dépeignait les Jeunes FGTB comme «une organisation inerte avec juste un fichier de membres» . Solidaire ne pensait pas grand-chose de cette Marche des Jeunes.

    Aujourd’hui la situation est totalement différente. Le chômage monte à nouveau en flèche. Le gouvernement a lancé une offensive. Différents secteurs sont en lutte. Il ne manque qu’une initiative capable d’unifier les luttes et d’offrir une perspective. Nous pensons que la Marche des Jeunes pourrait jouer ce rôle. En avril 2004 Blokbuster a contacté les jeunesses syndicales avec une proposition d’une Marche des Jeunes en octobre. Elles ont marqué finalement leur accord pour le 19 mars 2005.

    Nous craignons toutefois que les jeunesses syndicales ne pensent pas au même type de Marche que nous. Nous la voyons comme un point culminant où des comités locaux dans les entreprises, les écoles et les quartiers mobilisent pendant des mois avec des tracts, des réunions, des sessions d’information dans les entreprises, des actions locales devant les agences d’intérim, à l’ONEM, etc. La Marche elle-même, on la voit comme une marche combative où les jeunes pourront mettre en avant avec force leurs revendications sur l’emploi et les conditions de travail. Pas par des émeutes ou d’autres sottises, mais par une présence massive et décidée.

    Nous craignons cependant que les jeunesses syndicales pensent plutôt en termes d’une grande city parade, avec plein de ballons, des chars carnavalesques, de la musique à plein tube, des groupes de danseurs, mais pas beaucoup de réelle mobilisation autour des revendications concrètes. Le caractère final de cette Marche dépendra en grande partie de notre force. Nous appelons nos lecteurs à mettre sur pied partout où ils peuvent des comités pour la Marche des Jeunes autour d’un nombre de revendications concrètes: il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs; pas de petits boulots précaires, mais des emplois stables avec un vrai salaire; 32 heures hebdomadaires sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.

  • UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse

    Union européenne:

    LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.

    Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.

    L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.

    La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.

    L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.

    Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.

    Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.

    Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.

  • Rapport du Comité Exécutif International – CIO

    Rapport du Comité Exécutif International – CIO

    Le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière a tenu sa réunion annuelle fin novembre. Les membres du CEI sont venus de 16 pays à travers le monde pour discuter et débattre des événements de 2003 et tracer les perspectives pour l’année 2004.

    Vincent Devaux

    Discussion sur la situation mondiale

    L’introduction de Peter Taaffe lors de la discussion générale sur la situation mondiale a mis l’accent sur les récentes mobilisations de masse. Les mobilisations contre la guerre ont rassemblé des millions de manifestants à l’échelle mondiale. Le 1er novembre la manifestation à Berlin contre l’austérité a rassemblé 100.000 personnes. Une grève générale de 9 jours a paralysé le Nigéria. L’accent a été mis sur la situation en Irak: l’armée américaine va-t-elle s’enliser dans un bourbier semblable à celui du Vietnam? Il y a déjà eu plus de soldats américains tués au cours des six derniers mois en Irak que durant les deux premières années de la guerre du Vietnam.

    La situation en Afghanistan – qui est redevenu le premier producteur d’opium au monde – est un exemple des foyers d’instabilité que la politique de Bush crée de par le monde. Brian, des USA, a évoqué la montée de la résistance à la guerre parmi les soldats et leurs familles.

    L’économie "en râde"

    La discussion s’est également concentrée sur l’économie mondiale. La situation économique stagne dans la zone euro, reste très faible au Japon et si la croissance aux USA semble forte (7,5%), près de 3 millions d’américains ont perdu leur emploi depuis que Bush est au pouvoir. L’appareil de production américain est en surcapacité de 25%.

    La croissance économique de la Chine, l’"atelier du monde" ne permettra pas de résoudre la crise économique mondiale. L’ Allemagne est toujours une force économique mais on attend 40.000 faillites et 300.000 emplois en moins pour 2004. Il y a cinq millions de sans-emploi en Allemagne ce qui est comparable au début des années 30. En Australie, l’économie est assez stable avec une croissance de 6% mais les boulots créés sont des temps partiels et la bulle de spéculation immobilière est en train d’éclater. Si notre camarade du Kazakhstan, nous signale une croissance de 3% dans son pays, il souligne que cette croissance provient de l’exportation du gaz et du pétrole et de l’exploitation des produits miniers mais le taux de chômage atteint les 50%.

    Les luttes en Amérique Latine

    Un thème important abordé lors de la réunion du CEI a été la situation en Amérique Latine. La situation au Brésil, avec le PT au gouvernement et Lula comme président, qui prend des mesures asociales pose la question d’un nouveau parti des travailleurs. La situation au Venezuela (Chavez), au Mexique (les Zapatistes), les derniers mouvements en Bolivie au Pérou et en Argentine… ne sont que quelques exemples du bouillonnement qui vit sur ce continent.

    Irlande: campagne contre le coût des déchets

    Un autre sujet important est la campagne faite en Irlande par nos camarades à Dublin contre les taxes sur les sacs poubelles. C’est une riche expérience de lutte que l’on doit étudier afin d’en tirer des leçons pour les prochains combats.

    Europe: croissance des oppositions

    La discussion sur l’Europe a montré la détérioration de la situation économique et les tensions qui s’aggravent entre les pays. La France et l’Allemagne ont rompu le pacte de stabilité et l’élargissement de l’Union Européenne est dans une phase difficile. On peut voir le développement des luttes en Grande-Bretagne chez les postiers, les cheminots,… Du point de vue syndical, les contradictions dans la société entraînent une pression au sein de certains syndicats qui mènent à des ruptures au sein de certains syndicats, par exemple au sein de la CFDT en France.

    Ce phénomène reste cependant marginal et la tendance principale serait une pression d’en bas sur les dirigeants syndicaux, voire leur débordement par la base.

    Construire le CIO

    La conférence s’est achevée sur la discussion de la construction du CIO. On peut mettre en avant le succès de la campagne d’International Socialist Resistance (34 sections en Angleterre), le facteur décisif de notre organisation dans le mouvement antiguerre, le travail de nos camarades de DSM (Democratic Socialist Movement) au Nigéria qui ont participé a une campagne électorale et ont montré leur poids dans les luttes dans des conditions très difficiles. Notre section grecque a doublé le nombre de ses membres en deux ans.

    Il est évident que nous entrons désormais dans une nouvelle phase dans le développement de la lutte des classes. La situation est complètement différente que celle des années 90. Et c’est à travers l’expérience des travailleurs en lutte que la nécessité d’un changement de société va émerger. Ce processus ne sera pas linéaire et de nombreux détours vont être pris avant d’en arriver à cette conclusion. Il y aura des nouvelles organisations de masse qui vont éclore et nous devrons nous impliquer dans ce processus afin de mettre en avant notre alternative.

  • La capture de Saddam Hussein ne signifie pas la fin de la résistance

    La capture de Saddam Hussein était sans doute un coup de chance psychologique pour l’impérialisme américain et britannique. Ceux-ci vont essayer de l’exploiter et de le présenter comme un changement fondamental en Irak.

    Déclaration du Secrétariat International du CIO

    L’arrestation de Saddam Hussein ne va pas mettre fin à la résistance. L’hypocrisie qui monte de Washington et Londres est remarquable. Aujourd’hui encore, l’impérialisme des Etats-Unis protège des ex-dictateurs comme Pinochet au Chili ou le dictateur indonésien Suharto. Ils étaient tous deux des amis importants des Etats-Unis. Et si Saddam Hussein n’avait pas envahi le Koweit en 1990, il le serait certainement encore aujourd’hui.

    Les problèmes graves en Irak ne vont pas disparaître. L’arrestation de Saddam Hussein aurait pu justifier l’occupant à quitter le pays. De plus, on risque d’associer chaque acte de résistance contre l’occupant à la volonté de faire revenir Saddam Hussein au pouvoir: la résistance va s’en trouver déforcée.

    Le sursaut de soutien pour Bush est plutôt instable et dépendra en réalité de la situation économique aux Etats-Unis et des développements ultérieurs en Irak. Blair, de son coté, ne tire pas vraiment profit de la capture de Saddam Hussein. Le fait que l’on n’ait toujours pas trouvé d’armes de destruction massives a nuit à l’image de Blair beaucoup plus qu’à Bush.

    Les conditions de vie de Saddam Hussein, planqué dans un cachee primitive, ont démontré qu’il ne pouvait pas avoir dirigé lui-même les attaques journalières contre les troupes d’occupation.

    Contrairement aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne,à la France et aux autres pays, le CIO – dont le MAS/LSP est la section en Belgique – n’a jamais soutenu le régime dictatorial de Saddam Hussein. En 1979, alors que Saddam Hussein prenait le pouvoir à l’occasion d’un coup d’État soutenu par les Etats-Unis, il était déjà responsable de la mort de beaucoup de membres du parti communiste irakien et de syndicalistes.

    Les marxistes ont toujours dénoncé et condamné l’oppression de la gauche, des chiites, kurdes et autres par Saddam Hussein. Nous avons milité pour un renversement de son régime et pour l’établissement d’un pouvoir entre les mains des travailleurs et des paysans pauvres d’Irak.

    Les acclamations de Bush et de Blair à l’occasion de l’arrestation de Saddam Hussein ne portent pas sur la victoire des droits démocratiques et de la justice, mais bien sur la réussite de leurs propres objectifs impérialistes. Fin novembre Bush a d’ailleurs félicité le nouveau président d’Azerbaïdjan, un allié dans la "guerre contre le terrorisme" alors même que "ses services d’ordre arrêtaient l’opposition et après que des observateurs indépendants aient critiqué les élections." (Financial Times, 27 nov. 2003)

    Tout comme Ben Laden, Saddam Hussein est sur beaucoup de plans un produit de l’Occident. Il défendait dans les années 1970 un point de vue de plus en plus pro-occidentale. Dans les années 1980, il était considéré par Reagan comme allié contre l’Iran des ayatollahs. En 1983 Saddam Hussein a reçu une visite de Donald Rumsfeld, l’actuel Secrétaire d’État à la Défense américain. A cette époque, Rumsfeld était passé à côté des chambres de torture sans les voir.

    Les Kurdes et les Chiites ne vont pas pleurer la perte de Saddam Hussein. D’autres, qui le voient comme un symbole du combat contre l’Occident, vont être aigris par ce succès obtenu par le pouvoir d’occupation. Un sentiment mêlé de colère puisque Saddam Hussein s’est rendu sans se battre, et ce à l’opposé de ses deux fils et d’un de ses petit-fils âgé de 15 ans.

    Il y aura une pression grandissante sur les forces d’occupation pour qu’elles quittent le pays. A coté de la capture de Saddam Hussein, Bush a aussi atteint d’autres de ses objectifs comme, par exemple, l’installation d’un régime pro américain. L’impérialisme n’a pas pour objectif de laisser la population irakienne décider démocratiquement de son propre avenir. Les élections ne sont promises que pour la fin de l’année 2005, alors qu’un rassemblement non-élu aura déjà élaboré une constitution.

    La résistance va s’approfondir

    Il va devenir évident que les Etats-Unis ne veulent en Irak qu’un gouvernement qui leur soit soumis, ce qui va entraîner une extension de la résistance irakienne de masse.

    Celle-ci est menée par une série de différents groupements armés et pas uniquement par des partisans de Saddam Hussein. En novembre, la CIA estimait qu’il y avait 50.000 rebelles. Ironiquement, avant que la guerre ne commence, l’Irak n’était pas considérée comme une base d’Al-Qaeda.

    Aujourd’hui, c’est bien le cas.

    En vue des prochaines élections présidentielles prévues dans dix mois aux Etats-Unis,

    Bush veut diminuer le plus rapidement possible leur engagement en Irak. Il ne peut néanmoins pas se risquer à laisser derrière lui une trop grande pagaille. Ceci aurait pour conséquence que toute la région, qui est la source de pétrole la plus importante du monde, devienne instable.

    C’est la raison fondamentale qui motive le changement de politique des Etats-Unis ainsi que leur tentative de transmettre le pouvoir de façon accélérée entre des "mains sûres". Le problème est à qui transmettre le pouvoir? Les différents groupes politiques, ethniques et religieux ne s’accordent guère. Même l’administration Bush est divisée. Le Pentagone parraine le Congrès National irakien de Chalabi; le Département d’Etat soutient les Démocrates Indépendants d’Irak; la CIA ne jure que par l’Accord National irakien mené par Alawi, un homme d’affaires.

    Les méthodes brutales appliquées en Irak, comme le bombardement de territoires habités en réponse aux attaques terroristes, n’ont fait que renforcer la résistance. La crise sociale, aggravée par les privatisations néolibérales, a provoqué le désespoir et la rage. L’occupation est à juste titre vue comme une mainmise sur l’Irak permettant aux multinationales américaines d’exploiter les richesses et la main d’oeuvre irakienne.

    57% de la population irakienne ne fait "pas du tout" confiance aux troupes américaines et britanniques. 37 % de la population ne fait pas confiance à l’ONU; qui est responsable de nombreuses années de sanctions économiques. Les dirigeants religieux jouissent d’une confiance plus élevée. C’est pour cela que les Etats-Unis essaient de les impliquer dans un régime fantoche.

    Des appels ont été lancés aux politiciens de Bush et les capitalistes ont changé de direction et ont laissé l’ONU déminer la situation en Irak. Ce qui revient à dire que l’occupation ne serait pas contrôlée par un seul pays (les Etats-Unis) mais par tous les impérialistes dirigeants du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont le Japon et l’Allemagne.

    Les marxistes plaident pour un retrait de toutes les troupes et pour le droit au peuple irakien de décider de son propre avenir.

    Charley Richardson, co-fondeur des "Military Families Speak Out" aux Etats-Unis, disait que la capture de Saddam Hussein "mettra fin à la dernière excuse de l’administration Bush de maintenir l’occupation. Cela va pousser à outrance la question de la raison pour laquelle nous sommes en Irak."

    Dans le pays, beaucoup de personnes vont demander que la justice se prononce rapidement et de façon transparente à l’égard de Saddam Hussein. Il est fort probable que l’on organisera les choses très rapidement et ce afin d’éviter des révélations pénibles sur les relations passées entre les Etats-Unis et Saddam Hussein.

    Un règlement de compte de Saddam Hussein ne peut venir que sur base d’une justice qui est organisée par des représentants des travailleurs et des pauvres irakiens, sur tous les aspects de son régime. Cela doit être vu comme faisant partie de la lutte contre l’occupation et le contrôle impérialiste sur l’Irak. Il est d’une importance fondamentale de construire un mouvement ouvrier indépendant qui est soutenu par les pauvres urbains et ruraux.

    Internationalement on doit soutenir les activistes qui essaient de construire ces organisations ouvrières et ceux qui luttent pour les droits démocratiques pour tout le monde, ainsi que pour les femmes et tous les groupes ethniques et religieux.

    Selon le CIO on doit immédiatement mettre sur pied des organes démocratiques sur tous les niveaux pour transmettre la gestion de la société irakienne à la population, avec des représentants de travailleurs et de pauvres paysans démocratiquement élus. Des milices multi-ethniques et démocratiquement élues devraient défendre la sécurité de la population des travailleurs.

    Un plan de contrôle et de gestion ouvrière de l’économie devrait être mis au point afin d’abolir la corruption, les privatisations et de mettre la production aux services de toute la population. Tout cela dans un cadre de construction d’un Irak socialiste au sein d’une fédération socialiste du Moyen-Orient.

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