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Tag: Italie
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N’acceptons aucune discrimination !
Ces dernières années, on nous a répété que tous les problèmes de discrimination avaient été résolus : l’égalité légale pour les homosexuels et les femmes avait été obtenue et le dernier élément de discrimination – le ‘‘plafond de verre’’, c’est-à-dire les obstacles que rencontrent les femmes pour accéder à des postes élevés au travail – était en train de rompre.
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Action du personnel hôtelier lors de la parution de DSK devant le juge.
[/box]Mais lutter pour les droits des femmes ou ceux des LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans) reste nécessaire, comme en témoignent la violence homophobe croissante dans des villes comme Bruxelles et Anvers ou encore l’omniprésence du sexisme et de la violence contre les femmes dans notre société. Ces derniers temps, de nouveaux exemples ont encore attiré l’attention sur ces problèmes. Le fait que Berlusconi est un homophobe en plus d’être effroyablement sexiste était déjà connu de longue date. Mais l’affaire Dominique Strauss-Kahn (DSK) a aussi éclaté.
Lorsqu’il a dû paraître devant le juge, 200 travailleuses du secteur hôtelier ont manifesté devant le tribunal, une action organisée par le syndicat du personnel hôtelier. Ce syndicat comprend 30.000 membres à New York et a remarqué que beaucoup de travailleurs du secteur sont victimes d’abus sexuels, et mène donc campagne à ce sujet. La femme de chambre qui est la victime présumée de l’affaire DSK est d’ailleurs membre de ce syndicat, et c’est suite au travail du syndicat qu’elle a osé parler.
En Italie, en février dernier, un million de femmes (et d’hommes) sont descendus en rue de 230 villes de tout le pays pour protester contre le sexisme, dans un pays où le ministre de l’Egalité des chances est une ancienne miss Italie… Plus tard se sont aussi déroulées les ‘‘Slutwalks’’.
La société capitaliste est totalement pénétrée de sexisme, c’est une société où la femme est présentée comme objet sexuel, comme une marchandise à ‘‘embellir’’ à l’aide de l’industrie cosmétique.
Parallèlement, nous devons nous opposer à toutes les tentatives réactionnaires destinées à revenir sur nos droits, comme c’est le cas avec les réactionnaires anti-avortement. Cette offensive est notamment soutenue par l’archevêque Léonard et d’autres personnalités religieuses, qui participent chaque année à une manifestation ‘‘pour la vie’’.
Nous défendons le droit des femmes à faire leur choix en toute liberté, de préférence d’ailleurs avec une prolongation du délai durant lequel il est possible de se faire avorter. Mais nous lions ce combat à celui pour une vie décente, avec de bons salaires et de bonnes allocations sociales, afin d’assurer qu’aucune femme ne choisisse d’avorter principalement pour des raisons financières.
Le PSL souhaite à nouveau participer à la mobilisation pour un rassemblement ‘‘pro-choix’’ contre le rassemblement anti-avortement qui se tiendra fin mars 2012. Vous voulez collaborer à cette protestation ? Contactez-nous : femmes@socialisme.be
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Ecole d’été du CIO – Europe: Développement de la crise économique, sociale et politique
Cette crise est la plus sévère depuis des décennies et la nouvelle génération qui participe maintenant aux luttes arrive au moment des mobilisations de masse en Tunisie, en Égypte, en Espagne, en Grèce,… Cette nouvelle génération peut aujourd’hui écrire l’histoire. Aucun pays d’Europe n’est pas affecté par ces évènements.
Résumé de l’introduction à la discussion de Peter Taaffe
La période que nous connaissons est faite de changements abrupts. Dans tâches qui, avant, se concevaient sur quelques années se produisent maintenant en quelques semaines, voire en quelques jours.
Aujourd’hui, la Grande-Bretagne n’est pas le pays le plus avancé sur le terrain de la lutte des classes, mais ce qui se produit avec Rupert Murdoch intéresse les masses, et la situation est certainement plus profonde qu’au moment du Watergate aux USA à la fin des années ’60. Ce scandale touche le plus grand géant des médias au monde, et éclabousse le monde politique, il met à nu la conspiration capitaliste qui uni les médias, les politiciens et les grands patrons. Cela a bien entendu toujours existé mais, là, ce fait est démontré au grand jour, aux yeux de tous les britanniques et ailleurs. Cela peut entraîner la chute de l’empire Murdoch, mais aussi celui du gouvernement Cameron. Murdoch n’a même pas de considération pour son propre système. Il a dit au Parlement britannique que son modèle est celui de Singapour, un pays où la répression envers le mouvement ouvrier est très grande, et le salaire d’un parlementaire de un million de livres par an. C’est une véritable provocation. Murdoch a aussi été impliqué dans la surveillance de nos camarades à l’époque de la lutte contre la Poll Tax en Grande Bretagne, ainsi que dans la campagne contre le militant de gauche radicale écossais Tommy Sheridan.
Le point le plus important de cette discussion, c’est la crise économique. Les bourgeois craignent énormément la généralisation de la situation de la Grèce, de l’Espagne,… à tous les pays d’Europe. Ces évènements valident une fois de plus la théorie de la Révolution Permanente du révolutionnaire russe Léon Trotsky. Nous avons vu les événements passer très vite d’un pays à l’autre. Nous aborderons le Moyen Orient et l’Afrique du Nord dans une autre discussion, mais il est clair que cela a influencé et enthousiasmé les luttes à travers le globe. Et alors que certains affirmaient que la lutte de classe n’existait pas en Israël, nous assistons maintenant à des luttes et à des occupations de place en Israël également. (Depuis lors, quelque 150.000 employés municipaux israéliens ont été en grève, en solidarité avec la contestation contre l’explosion des prix des logements. Le pays vient de connaître les plus grosses mobilisations de son histoire, NDT).
Il n’y a pas de voie de sortie aisée pour la crise des capitalistes, et des mouvements tel que celui des Indignés ne vont pas stopper maintenant. La politique de la bourgeoisie n’a jusqu’à présent pas marché du tout. Les injections de liquidités ont pu stabiliser la situation, sans créer les conditions pour un nouveau développement sain. Obama avait comparé cela au débat avec le new deal de Roosvelt, mais ses injections n’ont eu pour but que de sauver les institutions financières et bancaires, alors que le New Deal était composé d’un minimum d’investissements dans l’économie réelle (infrastructure,…). Là, les plans de sauvetage ont entraîné des plans de licenciements un peu partout, ce qui a amplifié les problèmes.
Cette crise n’est pas cyclique, elle est systémique. C’est le système lui-même qui est en crise. Bien sûr, il n’y a pas de crise finale du capitalisme tant que la classe ouvrière ne prendra pas le pouvoir. Le capitalisme trouvera toujours un moyen de sortie sans cela, y compris vers un scénario ‘‘à la Mad Max’’, comme on peut le voir actuellement au Mexique avec la ‘‘guerre de la drogue’’.
Ce qu’on voit aujourd’hui en Grèce avec la destruction des conditions de vie sans que la situation ne s’améliore doit servir de modèle pour la classe ouvrière des autres pays: le capitalisme n’a rien d’autre à nous offrir.
Plusieurs données permettent de voir que nous sommes dans une situation pire que dans les années ’30. Certains économistes disent d’ailleurs que le modèle à prendre en compte aujourd’hui n’est pas la crise des années ’30, mais la grande dépression de la fin du XVIIIe siècle. Certains salaires ont été descendus jusqu’à 600 voir 500 euros par mois.
Aujourd’hui, la Grèce illustre le mieux la crise et le potentiel pour la classe ouvrière. On dit qu’il y a une rémission depuis 2009 au niveau économique, le problème, c’est que personne ne l’a remarqué, et certainement pas la classe ouvrière ! Partout en Europe, cette dernière subit des attaques. La production industrielle a à peine augmenté de 0,4% en Grande Bretagne, de 0,2% en France, et elle décroit en Grèce ou en Espagne. L’Allemagne constitue une exception, elle a encore une bonne base industrielle, et en termes de machines et d’outils, la Chine est une bonne destination pour les exportations, mais la Chine peut s’enfoncer dans la crise. Il n’existe aucune source de stabilité. Le capitalisme mondial va très certainement expérimenter une nouvelle chute de l’économie. Après avoir un peu remonté, la chute sera dure, et c’est déjà ce qu’expérimentent plusieurs pays européens.
La dette mondiale est de 2,6 fois le PIB mondial, soit deux fois plus qu’après la crise de 29. Au niveau de l’emploi, on est face à un chômage de masse de longue durée. Aux USA, le nombre de chômeurs actuels est bien plus important que dans les années ’30 (en pourcentage, officiellement 10%, plus probablement 20%). Dans certains pays, comme l’Espagne, le taux de chômage chez les jeunes atteint les 40%. Même en grande Bretagne, on estime qu’il y a 800.000 travailleurs qui n’ont pas travaillé depuis au moins un an. Dans les entreprises, c’est l’occasion d’une offensive pour les patrons. Une entreprise a ainsi licencié tous ses travailleurs, pour les réengager de suite avec de moins bonnes conditions de travail. Un hôpital où nous avons des camarades, en Angleterre, connaît des contrats ‘‘O heures’’, où c’est le patron qui décide du nombre d’heurs de travail.
Les bourgeois n’ont qu’une réponse: augmenter l’austérité et planifier la pauvreté. Le phénomène de l’appauvrissement constant de la classe ouvrière de Marx se vérifie. Marx n’a jamais dit que c’était linéaire, il reconnaissait que c’était possible pour la classe ouvrière de voir ses conditions de vie s’améliorer avec une croissance économique, mais que la tendance générale était à l’appauvrissement.
La tendance générale est à l’inflation, avec une tendance à la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole, ce qui alimente la colère des masses. La situation de paquets de stimulants, de plans de relance, vont accélérer cela, et l’on risque de se retrouver dans une situation de stagflation, où la stagnation économique se conjugue à une grande inflation.
La Grèce est actuellement le maillon le plus faible du capitalisme européen, mais c’est l’avant-garde du mouvement ouvrier en Europe. Il y a eu 11 grèves générales depuis le début de la crise, et la jeunesse s’implique massivement. Au Portugal, il y a eu une manifestation de plus de 200.000 personnes sous le slogan ‘‘ce pays n’est pas un pays pour les jeunes’’, ça aurait été mieux s’ils avaient parlé du système, bien sûr, mais c’est un pas en avant. Le mouvement des indignés est clairement inspiré par les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient. La Grèce connaît pas mal d’éléments d’une situation prérévolutionnaire. L’Espagne et le Portugal aussi, mais peut-être pas à ce point. Pour l’Irlande, qui est en dépression constante, cela est moins le cas. La conscience des masses n’est pas gravée dans les esprits, elle découle de la situation générale, et des sauts de conscience sont à prévoir.
Dans ce contexte, les opportunités qui s’offrent aux révolutionnaires marxistes vont augmenter. Nos camarades, partout dans le monde, ont préservé un noyau, un parti international qui va pouvoir sérieusement démontrer ce dont il est capable dans la période à venir. L’Irlande est un exemple de ce que nous pouvons faire quand la situation s’ouvre, avec les initiatives que nous avons prises, notamment autour de l’ULA (United Left Alliance, liste de gauche que nous avons initiée, et qui a remporté cinq élus aux dernières élections, dont deux de nos camarades, NDT). Comparons cela au NPA en France, ou au Bloco au Portugal. Durant des années, nous avons été à contre courant, c’était difficile mais, maintenant, la situation s’ouvre. La Grande Bretagne n’est pas immunisée à ce processus. En février, 750.000 personnes ont défilé dans les rues de Londres, et la grève du secteur public en juin était la plus grande depuis 20 ans. Même en Chine, l’augmentation des révoltes de masse pose la question de la révolution, mais dans un sens général et pas encore directement, dans un contexte de répression gigantesque. En Grèce aussi, la répression est aussi énorme. La facture de gaz lacrymogènes doit au moins être aussi grande que la dette du pays!
Trotsky décrivait les bourgeois comme des gens aveugles, s’avançant vers le précipice. On est dans cette situation aujourd’hui, la bourgeoisie ne sait pas quoi faire. Les partis traditionnels bourgeois sont en crise profonde, ce qui affecte aussi les dirigeants syndicaux. Aujourd’hui, du point de vue social, pas encore politique, les masses sont massivement à gauche des organisations de gauche. Quand les politiciens bourgeois parlent de la crise de l’idéologie, c’est la crise de leur idéologie, mais le problème est qu’il n’y a pas encore d’alternative. En Grèce, 80% des sondés d’une étude ont dit que la société va dans le mauvais sens, mais 47% disent qu’aucun parti ne les représente.
Mais même dans le pays le plus calme d’Europe, la Norvège, l’extrême droite peut faire des choses, comme nous l’avons vu avec les attentats d’Oslo. Il en va de même pour Marine Le Pen, qui a même apporté son soutien à la jeune immigrée victime de l’agression de DSK. Elle a aussi attaqué les syndicats, qui ne défendent plus les travailleurs selon elle. Cela veut dire que l’extrême-droite doit avoir un fort contenu social pour être capable de capitaliser sur la situation, et c’est en soi une indication intéressante, qui illustre la nécessité de construire de nouveaux partis larges pour représenter la classe des travailleurs, tout en défendant fermement les idées du socialisme.
Le rejet de la politique dans le mouvement des Indignés, c’est le rejet de la politique bourgeoise. Des groupes de gauche radicale se sont cachés pour intervenir dans le mouvement, et ont stoppé de se présenter comme des organisations politiques, une attitude opportuniste. Cette haine est profonde, mais aussi saine dans le sens où elle s’exprime contre les politiciens, y compris des anciens partis de gauche, et contre les dirigeants syndicaux. Il fallait construire là dessus. Nous sommes toujours ouvertement intervenus, sans connaître de rejet complet, mais bien des difficultés.
Pour la suite, le mouvement ne peut pas exister sans appui réel de la classe ouvrière. Le mouvement de la classe ouvrière ne va pas se développer de manière linéaire. Il y aura des défaites, des retraits, et une organisation révolutionnaire est également testée à sa manière de gérer les reculs. Il peut y avoir des éléments de désespoir dans la jeunesse aujourd’hui, certainement dans une situation de chômage de masse. ‘‘Soit on se bat, soit on s’enfuit.’’ Une partie de la jeunesse en Espagne ou en Grèce essaye d’ailleurs d’émigrer, mais dans une période de crise généralisée et globale, l’émigration ne constitue pas une véritable alternative.
Concernant le défaut de paiement de la Grèce, c’est une discussion que nous avons depuis un moment au CIO. La classe capitaliste européenne fonce contre la classe capitaliste grecque. Dans la crise de l’Argentine, le choc entre les masses et l’élite a été très rapide. Le président s’est enfui en hélicoptère, un peu comme la fuite de Saigon en ‘75. Des éléments similaires peuvent se produire. L’Argentine était un des principaux pays dirigeants de l’Amérique latine, maintenant, ce n’est plus rien. Cette crise de la dette grecque est une crise d’une monnaie qui a refusé une fiscalité unique. Certains disaient que l’euro allait conduire à une sorte d’Etats-Unis d’Europe. Il est clair que les Etats capitalistes ont besoin d’être organisés collectivement, la production actuelle s’organise au moins à l’échelle d’un continent. Mais seule la classe ouvrière est capable d’organiser l’Europe sur une base socialiste et démocratique. Les contradictions entrent les différentes bourgeoisies nationales sont trop fortes.
Il reste encore la question de l’environnement, qui est une part importante de nos actions, comme nous l’avons vu en Allemagne avec le mouvement contre le nucléaire ou ‘‘Stuttgart 21’’. Cette question est destinée à devenir plus importante. Nous avons beaucoup de chiffres sur les conditions de production de voiture en Chine par exemple, en 2018, la Chine se retrouverait à produire autant que le reste du monde en 2000.
En France, la situation est plus calme. Sarkozy peut être battu par Hollande ou Aubry, et on a suggéré un moment qu’il aurait pu être dépassé au premier tour par Marine Le Pen, c’est une expression du chaos politique, un phénomène qui ne touche pas que la France. En Belgique, il n’y a toujours pas de gouvernement réel, mais toujours le gouvernement en affaires courantes. La question nationale est à l’avant-plan de la scène politique, ce que l’on a également pu voir sous l’effet de la crise en Pays basque ou en Écosse. Même en Italie, les forces contestant l’unification italienne se développent. Nous ne sommes pas opposés à la séparation. Mais nous ne devons pas mettre ça en avant tant que ce ne soient les masses qui le fassent.
Cette période est une période clé pour le CIO. La classe ouvrière entre en action, une nouvelle génération entre en action, c’est à nous de les aider à tirer les leçons des victoires et des défaites du passés, tout en étant réalistes sur les possibilités actuelles. Avec les 30 dernières années d’ossification et de destruction des organisations du mouvement ouvrier, il faudra des années pour reconstruire la conscience suffisante pour clairement engager l’assaut contre le capitalisme.
Aujourd’hui, 3 multinationales contrôlent 90% du commerce international de grains et 500 milliardaires dominent la planète. La misère et la pauvreté ne peuvent être stoppées sans lutter contre ce système pourri. Il en va aussi de l’intérêt de notre environnement. La lutte pour le socialisme et une économie démocratiquement planifiée est une nécessité de la plus haute importance. Sans cela, le genre humain va au devant d’une grande catastrophe.
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Les conséquences de la crise bancaire sur les communes
Pendant des années, le Holding communal, qui regroupe la participation des communes (principalement dans Dexia), a ramené de juteux dividendes aux pouvoirs locaux. Mais depuis 2008 et le quasi-naufrage de Dexia, plus rien n’est assuré. Ces dernières années, pour verser ses dividendes, le Holding puise dans ses bénéfices reportés des années précédentes. Cette ‘‘cagnotte’’ s’épuise très vite: 85 millions fin 2008, 8,6 millions fin 2010.
Par Stéphane Delcros
En 2008, la crise avait poussé le Holding communal à injecter 500 millions d’euros pour sauver Dexia, l’ancien crédit communal, dont il est actionnaire à 14,14%. Pour pouvoir emprunter, le Holding avait offert cette participation dans Dexia en garantie. Mais l’énorme chute boursière des actions (-27% en 12 derniers mois) a entrainé celle de la garantie du Holding.
Fin mai, Dexia a accéléré son plan de restructuration en cédant des actifs toxiques et en vendant à perte des obligations. La perte attendue est de 3,6 milliards aux résultats du 2e trimestre. Dexia ne versera pas de dividendes à ses actionnaires, donc également au Holding. Les régions et l’Etat fédéral devraient à nouveau garantir la dette du Holding, même avec un montant nécessaire beaucoup plus élevé, mais cela ne règle pas le problème fondamental.
L’avenir de nos servicescommunaux
En 2008 -2009, lorsque les communes ont recapitalisé le Holding, l’accord leur prévoyait un rendement important de 13%. Beaucoup de responsables communaux ont été alléchés et ont endetté leur commune pour effectuer ce placement. Mais à cause de la situation de Dexia et donc du Holding, ce dividende est finalement diminué, mais les emprunts doivent être remboursés… Dexia est aussi vulnérable par ses partenaires en Espagne et en Italie. Quel est l’avenir de notre argent en cas de nouvelle chute financière et bancaire ?
La région wallonne devrait cette année verser elle-même aux communes la différence de dividende non perçu. Mais combien de temps ce système va-t-il tenir ? En 2011, ils devraient encore réussir à reporter le problème. Et 2012 ? Les prochains mois seront indécis concernant l’avenir financier de nos communes. Ne les laissons pas s’écouler sans commencer dès maintenant à construire un rapport de force en notre faveur, avec les habitants et le personnel des services communaux.
Aux niveaux local, régional et national, notre argent ne devrait pas être soumis à la spéculation et aux lois du néolibéralisme orienté vers les portefeuilles d’une petite élite. Il est urgent de dépasser les petites limites budgétaires accordées par le capitalisme et de décider nous-mêmes ce qui doit être fait avec notre argent.
Revendiquons la nationalisation complète du système bancaire et financier sous le contrôle des travailleurs, et arrachons-leur des mains la gestion de la vie communale pour l’orienter en fonction des besoins réels et non des possibilités budgétaires.
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Italie : Dixième anniversaire de la Bataille de Gênes contre le G8
De grandes opportunités perdues pour construire un nouveau parti de masse des travailleurs
Il y a de cela dix ans, le 21 juillet 2001, quelque 300.000 travailleurs et jeunes marchaient avec rage et colère dans les rues de Gênes. C’était le point culminant d’une semaine de protestations contre le sommet du G8 tenu dans cette ville, sous l’égide de George Bush. Le nombre de manifestants avait été gonflé par l’outrage cause par le meurtre d’un jeune manifestant – Carlo Giuliani – commis la veille place Alimonda par les forces de l’ordre italiennes. Cette manifestation avait elle aussi été attaquée et brisée par la police, à coups de gaz lacrymogènes et de matraques.
Clare Doyle, CIO
Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) était présent avec un contingent d’une centaine de membres issus de 12 pays différents. Sur la route de Gênes, tous les manifestants avaient eu des difficultés à passer les barrages policiers – aux frontières du pays ainsi qu’en bordure de la ville. Certains avaient d’ailleurs dû faire demi-tour. La plupart des autres avaient dormi sur les plages, dans leurs voitures, dans leurs bus, ou dans des tentes à proximité de l’endroit du Forum Social, près de la mer.
Lors de la manifestation, le CIO – qui n’avait alors que des ressources limitées en Italie – portait des pancartes revendiquant la fin des provocations policières ainsi qu’une grève générale de 24 heures en protestation au meurtre et à la brutalité policière. C’était avant l’attaque sanglante qui se déroula la nuit, du fait des carabinieri (la police spéciale), à l’école Diaz, où des dizaines d’organisateurs des protestations et de manifestants étaient en train de dormir. Les carabinieri étaient arrivés en véhicules blindés pour attaquer l’endroit avec une violence inouïe, brisant des membres et écrasant les têtes contre le sol. Aujourd’hui encore, on ne peut que se demander comment il est possible qu’il n’y ait pas eu au moins un mort de plus à Gênes.
Jusqu’à aujourd’hui, pas un seul membre d’envergure des forces de l’Etat n’a été puni pour la mort de Carlo (dont les parents étaient encore récemment présents lors d’un meeting de Controcorrente, le CIO en Italie) ou pour le raid de l’école Diaz. Il est incroyable que le second gouvernement de Berlusconi ait pu survivre cinq autres années, des années de grèves de masse et de protestations contre ses politiques néolibérales. Il y ainsi notamment eu à Rome une manifestation de trois millions de personnes contre une modification de la législation du travail adoptée après les luttes de la décennie mouvementée des années ’70, une décennie véritablement marquée par la lutte de classe.
En fait, une opportunité en or a été gaspillée pour la construction du soutien pour un parti des travailleurs à cet époque relativement neuf: le PRC, Partito della Rifondazion Comunista (parti de la Refondation Communiste). Ce parti avait été lancé pour remplir le vide à gauche qui a été entraîné par l’effondrement des pays staliniens et par celui du parti ‘communiste’ d’Italie, devenu une formation complètement capitaliste.
L’absence d’une réelle alternative combative pour les travailleurs et les jeunes a permis à Berlusconi de revenir plus tard pour un troisième gouvernement après une période de ‘centre-gauche’ sous Romano Prodi, c’est-à-dire une période où le ‘centre-gauche’ a mené une politique de coupes budgétaires, de vote de crédits de guerre et de privatisations.
Maintenant, l’Italie, la troisième plus grande économie de la zone euro, fait face à une crise majeure de confiance en son économie et en sa capacité à rembourser ses dettes. Les travailleurs et les jeunes sont en pleine ligne de mire des attaques antisociales et d’une rafale d’austérité. Une riposte est plus que nécessaire.
Le CIO en Italie est représenté par Controcorrente, dont les membres sont actifs au sein du PRC et également à l’extérieur de ce parti en déliquescence. Marco Veruggio est membre du Comité National Politique du PRC et est l’auteur de l’article ci-dessous, initialement publié sur le site de Controcorrente.
2001 to 2011
Que reste-t-il du mouvement antimondialisation capitaliste?
A Gênes, une série d’initiatives, de meetings et de débats ont été organisés pour commémorer ce qui s’est produit dans cette ville du 19 au 21 juillet 2001. Avec un anniversaire tel que celui-là, bien plus que de simplement se remémorer les faits – il existe tout un tas de publications, de films et d’initiatives à ce sujet – il est utile de dresser un bilan des évènements. Il nous semble particulièrement intéressant d’aborder non pas exclusivement ce qui s’est passé lors du G8, mais surtout ce qui s’est passé après le mouvement antimondialisation capitaliste et comment la gauche italienne a utilisé l’enthousiasme généré par les mouvements de masse de Gênes.
Marco Veruggio, Controcorrente (CIO-Italie), Gênes
Au crédit de ce mouvement antimondialisation capitaliste, on peut mettre le fait qu’il a attiré l’attention de millions de personnes à travers le monde sur des thèmes dont l’importance est seulement pleinement comprise aujourd’hui. C’est surtout vrai dans le cas des effets de la compétition de l’économie de marché globale, particulièrement parmi les couches les moins politisées de la population, et dans celui de la ‘financialisation’ de l’économie, tout cela s’accompagnant de l’idée qu’un ‘autre monde est possible’. Mais c’est précisément sur cette question cruciale, celle de l’alternative au capitalisme, que le mouvement antimondialisation capitaliste a failli, en développant une série de théories et de modèles au fil des ans, qui se sont effondrés sous les coups de leurs contradictions internes.
Prenons par exemple les théories de Toni Negri sur l’impérialisme et sur le rôle central de la classe ouvrière. Selon lui, il n’y a plus de puissances impérialistes en conflit pour se diviser le monde, mais un simple et unique ‘impero americano’. Il est aussi question dans ses théories de l’idée selon laquelle la transformation sociale ne serait plus à l’avenir l’œuvre de la ‘vieille’ classe ouvrière mais de la ‘multitude’, ou encore que le travail intellectuel avait remplacé le travail industriel. Mais avec cela, on est incapable d’expliquer ce qui s’est produit les dix années qui ont suivi. Il y a eu le développement d’un ‘impérialisme européen’, qui joue aujourd’hui un rôle dirigeant dans l’intervention militaire en Libye. La Chine est aussi arrive sur le devant de la scène, et pas seulement comme un rival économique des USA et de l’UE. De l’autre côté, la classe ouvrière industrielle est revenue tout au devant de la scène sociale, comme par exemple avec le conflit en Italie entre la FIOM (syndicat métallurgiste) et les patrons de FIAT. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, il y a aujourd’hui environ un milliard de travailleurs dans l’industrie en plus à travers le monde, précisément suite à la globalisation.
Des ‘solutions’ impraticables sous le capitalisme
De l’autre côté, même les modèles qui étaient mis en avant en exemple, comme le Brésil du temps de Lula et de la soi-disant ‘démocratie participative’, ont révélé leurs limites à long terme. Le PT (Parti des Travailleurs) de Lula a vécu de sérieuses défaites électorales, y compris à Porto Allegre, et se parti reste au pouvoir uniquement parce qu’il représente la force la plus capable d’appliquer les désirs du Fonds Monétaire International. Le fait que le Brésil ait endossé le commandement des troupes militaries envoyées en Haïti indique également que le développement économique du pays s’est accompagné d’un développement similaire du pays en tant que puissance politique et militaire, avec sa propre sphère d’influence et une expansion sur l’échiquier d’Amérique latine. On peut encore parler de l’émergence de mécanismes et de structures perverses sur les marchés financiers – bulles spéculatives, etc. – qui révèlent que la Taxe Tobin (pour laquelle militait le mouvement ‘No Global’) est insuffisante, même considérée comme étant tout juste un instrument régulateur.
A ce moment, nous étions sévèrement critiques pour avoir soulevé ces objections. Mais l’épreuve du temps a démontré qu’elles étaient justifiées. Les dirigeants de la gauche, y compris Fausto Bertinotti du PRC, se déclaraient totalement en accord avec le mouvement. En réalité, ils n’ont fait qu’utiliser le nom de l’antiglobalisation et l’attraction représentée par le PRC au sein d’une couche de militants du mouvement dans le but de négocier avec le centre-gauche et de construire un certain rapport de force pour que le PRC rentre dans le gouvernement. Un pacte de réciprocité ave la bureaucratie du mouvement a apporté du soutien électoral pour les partis de gauches, avec en retour une représentation parlementaire pour le mouvement. Par la suite, cette représentation parlementaire a été utilisée pour soutenir les missions militaires et les politiques néolibérales d’un gouvernement dirigé par l’un des conseillers les plus en vue de Goldman Sachs, Romano Prodi.
Nous pensons que la lutte pour une alternative est possible, mais si les forces sur lesquelles se baser, les moyens et les objectifs sont clairement définis. Nous continuons à penser que pour parvenir jusqu’au bout d’un processus de changement social, les travailleurs actuels et les jeunes – les travailleurs de demain – dans leurs organisations politiques et sociales, constituent la principale force sur laquelle se baser. Le moyen doit être la lutte et l’objectif une société où le gouvernement serait une expression de ceux qui produisent les richesses et non de ceux qui utilisent cette richesse pour produire des crises économiques, des guerres et la destruction de l’environnement.
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Le scandale du travail précaire: Nous voulons des emplois décents et un avenir !
Depuis les années ‘90, le développement du néolibéralisme a provoqué la déréglementation du marché de travail, entrainant une dégradation systématique des conditions de travail et de salaire. Les contrats à durée indéterminée (CDI), fruit des luttes de nos aînés, permettaient d’avoir une certaine stabilité et surtout de pouvoir s’assurer un avenir. Aujourd’hui, le contraire se développe ; le travail précaire avec en conséquence le développement de ‘‘travailleurs pauvres’’.
Par Clara
Les contrats précaires, ce sont tous ces contrats temporaires et de mauvaise qualité : à bas salaires, flexibles, nonrenouvelables, à courte durée, d’une seule journée, avec des titres-services,… Ces conditions de travail ont pour conséquence une grande vulnérabilité des travailleurs. Comment construire son avenir sans savoir où et dans quelles conditions travailler demain ? Une des principales conséquences est que le pouvoir d’achat des travailleurs diminue. Avoir un travail aujourd’hui ne signifie pas être capable d’assumer tous les frais nécessaires pour vivre. En Belgique, il y a déjà 4,8% des travailleurs officiellement pauvres et, avec l’impact de la crise, le nombre de travailleurs qui doit prendre deux emplois a progressé quatre fois plus vite l’an dernier que par le passé. (1)
Depuis 20 ans, le travail intérimaire est la forme de travail atypique qui s’accroît le plus rapidement. Au Danemark, en Italie, en Espagne et en Suède, le recours aux travailleurs intérimaires a quintuplé sur ce laps de temps. Il a au minimum doublé dans la plupart des autres pays européens.(2) En Belgique, le travail intérimaire est passé de 50.591 personnes en 1985 à 326.103 en 2009. C’est une multiplication par 6 !
Baisse du chômage et emploi indécent
Fin février, le chômage officiel a baissé de 3,8% sur base annuelle (3) (- 6,8% en Flandres, -3,5% en Wallonie et +2,4% à Bruxelles). Les politiciens traditionnels présentent cela comme une victoire mais cette baisse est basée sur des emplois hyper-flexibles et des ‘‘contrats poubelles’’, sur la diminution des salaires et des heures de travail. Sur cette même période, le travail intérimaire affiche en effet une croissance de 19,32% ! (4) Les emplois stables qui ont disparu avec les vagues de licenciements et les restructurations ne sont pas restaurés avec ‘‘l’embellie’’. Les patrons profitent de la crise pour réembaucher sous toutes formes d’emplois précaires et incertains.
Les plus touchés : les jeunes
Les jeunes sont les plus fortement touchés par la crise, ils ont souvent été les premiers jetés à la porte des entreprises. La baisse momentanée du chômage des jeunes sur base annuelle (de 9.2%) a été, pour la ministre fédérale de l’emploi Joëlle Milquet, l’occasion de vanter son plan ‘‘win-win’’ qui favorise les patrons par le biais de grandes réductions des coûts afin que l’embauche des jeunes se fasse au final aux frais de la collectivité. Cette mesure ne fait que déplacer le chômage entre les diverses catégories d’âge et n’offre aucune perspective d’avenir pour tous ces jeunes, le patron ayant toute la liberté de pouvoir bénéficier de ces cadeaux avec des contrats à durée déterminée (CDD) et autres, pour se débarrasser facilement de ses employés une fois les subventions périmées et remplacées par d’autres.
Les CDI sont les contrats qui nous permettent d’obtenir les conditions de vie les plus acceptables, mais ce sont aussi les plus difficiles à obtenir, surtout pour les jeunes qui sont systématiquement confrontés au travail intérimaire et aux CDD. La précarisation du travail des jeunes est une tendance générale.
Devant ce phénomène, le discours dominant tente de nous faire avaler le mythe du ‘‘tremplin vers des emplois plus stables’’. Pour défendre la flexibilité, on nous dit que c’est une occasion de passer par différents postes de travail et d’avoir de l’expérience professionnelle. Mais la réalité dément ces affirmations. Chaque jour, de plus en plus de personnes doivent accepter ces ‘‘contrats poubelles’’ qui ne leur permettent pas de construire leur avenir. Les travailleurs espagnols appellent ce phénomène: ‘‘los mileuristas’’, ceux dont le salaire ne dépassera jamais la limite de 1000 € par mois.
Les différentes attaques contre les chômeurs obligent les jeunes à accepter n’importe quel contrat. La concurrence promue par le système néolibéral est écrasante, on peut être à tous moments remplacés par d’autres. Les travailleurs sont devenus des marchandises ‘‘utilisables’’ selon les besoins du marché.
Jeunes en Lutte pour des emplois décents
Comme les travailleurs précaires changent fréquemment de lieux de travail et sont menacés de ne pas voir leur contrat renouvelé, il n’est pas facile pour eux de défendre leur droit. C’est un autre avantage pour les patrons: éviter l’organisation des travailleurs sur leur lieu du travail.
Contrairement à ce que les patrons et leurs politiciens disent, cette situation n’est pas une fatalité. Des profits importants sont encaissés, les travailleurs n’en profitent pas et doivent payer pour leur crise. Nous devons unir nos forces face aux attaques contre nos conditions de travail et de vie.
Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi s’organisent de manière combative pour dénoncer cette précarisation des conditions de travail chez les jeunes. La création massive d’emplois décents est nécessaire pour permettre aux jeunes d’avoir une certaine stabilité et donc des bonnes conditions de vie. Rejoins-nous dans la campagne des Jeunes en Lutte pour l’Emploi !
- Stop aux contrats précaires : Un emploi = 1 CDI à temps plein !
- Des emplois décents pour tous avec un salaire minimum de 1500 € net !
- Stop à la chasse aux chômeurs !
- Partageons l’emploi disponible, 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
Notes :
- Banque carrefour du Service public fédéral Economie
- Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et Travail
- Onem
- Federgon, (nombre d’heures d’intérim prestées en données corrigées des variations saisonnières et des effets de calendrier).
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La réponse politique de Gustave Dache au texte des quatre mandelistes de la LCR
Suite à la publication du livre de Gustave Dache sur la grève générale de 60-61, la LCR avait fait une critique de l’ouvrage sur son site ("Comment Gustave Dache réécrit l’histoire de la grève de 60-61" *). Voici la réponse de Gustave.
Je n’avais jusqu’ici pas eu la possibilité de trouver le temps nécessaire à la rédaction de cette réponse politique, étant donné les nombreuses conférences sur la grève générale de 60-61 que j’ai été amené à faire dans plusieurs endroits du pays et le suivi attentif que j’ai porté à la situation politique en Belgique, et notamment aux récentes luttes contre l’Accord interprofessionnel. Mais mieux vaut un peu tard que jamais. En politique, il n’y a jamais prescription.
Par Gustave Dache, auteur du livre ""La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61"
Pour en savoir plus
- Rubrique de ce site consacrée à la grève générale de l’hiver 60-61
- Présentation du livre de Gustave Dache
- Retour sur la "Grève du siècle" Dossier de Lutte Socialiste basé sur le livre de Gustave
- Les grèves générales à nouveau à l’ordre du jour
Quelques unes des activités autour de ce livre
- Conférence-débat : "Le mouvement ouvrier : hier, aujourd’hui et… demain" (21 janvier)
- Soirée 60-61 à Namur (8 janvier)
- Colloque "Grande Grève" à l’Université de Liège (12 décembre)
- Conférence à l’ULB: Hier et aujourd’hui, luttons pour nos droits ! (6 décembre)
- Charleroi: Rencontre intergénérationnelle sur la grève générale de l’hiver 60-61 (26 novembre)
- Charleroi: Inauguration d’une exposition de photographies sur la grève générale de 1960-61 (13 novembre)
Je ne suis pas partisan d’entretenir, avec qui que ce soit, des querelles d’anciens combattants nostalgiques. Mais je ne pouvais rester politiquement indifférent au texte publié sur internet par quatre de mes détracteurs mandelistes de la LCR. J’ai donc voulu répondre, sans pour autant être exhaustif car cela m’aurait entraîné beaucoup trop loin.
J’invite par contre ceux qui trouveraient mes réponses trop laconiques ou pas suffisamment complètes à prendre la peine de lire mon livre qui, lui, est beaucoup plus complet concernant mes analyses et critiques sur le sujet en question. Au-delà des querelles, ce qui me paraît politiquement le plus important, c’est de faire une analyse politique objective de la grève du siècle et d’en tirer les leçons afin de saisir toutes les possibilités et la portée révolutionnaire que cette grève générale historique a engendré. Mais il ne faut pas non plus négliger d’également rappeler les responsabilités écrasantes des partis politiques et des syndicats.
Une analyse politique de la lutte de classe révolutionnaire, comme celle de l’hiver 60-61, suscite souvent la controverse, car la perception politique des un et des autres n’est pas nécessairement la même. Mais dans la pratique, cette perception doit déterminer une orientation qui a toujours une signification politique précise.
”Prendre la juste mesure de l’évènement”
Les quatre auteurs de la réponse de la LCR ont une perception de la grève générale de 60-61 particulièrement restrictive. Sous le prétexte de ‘‘prendre la juste mesure de l’évènement’’, ils ont une fâcheuse tendance à systématiquement minimiser le sens réel et profond de la lutte de classe engagée ainsi que sa portée objectivement révolutionnaire, pour des raisons qui restent aussi évidentes aujourd’hui qu’hier. Ils n’ont pas senti le souffle brûlant de la révolte de la classe ouvrière, descendue dans la rue pour changer la société. C’est pourquoi l’on trouve chez Ernest Mandel et sa tendance autant d’acharnement à essayer de démontrer que la grève du siècle – qui restera dans la mémoire des grévistes comme la grève du million – n’était pas pour eux une grève générale aux implications révolutionnaires.
En février 1961 déjà, dans la brochure ‘‘La grève belge de 1960-61’’, dont Ernest Mandel est l’un des principaux auteurs, on peut constater que la page 15 est entièrement consacrée à démontrer que la grève n’était pas générale, à cause du soi-disant fait que les travailleurs flamands n’avaient pas suivi le mouvement de grève. D’après Mandel et sa tendance, les travailleurs qui avaient fait grève n’auraient été ‘‘au total (…) quelque 400.000 travailleurs’’. Voilà ce qui explique que le journal La Gauche et Mandel sont restés muets sur la lutte pour le pouvoir engagée par les travailleurs dans cette grève générale sans précédent dans toute l’histoire du mouvement ouvrier belge, lutte pour le pouvoir découlant de toute grève générale qui paralyse toute l’économie d’un pays.
Dans cette Belgique de décembre 60 – janvier 61, la lutte des grévistes pour le renversement de la bourgeoisie et pour le pouvoir ouvrier était implicitement présente. La situation ouverte par la grève générale elle-même était un fait concret de la lutte de classe révolutionnaire. Elle était d’ailleurs perçue comme telle par les commentateurs de la presse belge et par les commentateurs étrangers les plus avertis. Mais Ernest Mandel lui aussi était parfaitement conscient du contenu révolutionnaire de la grève générale et du problème du pouvoir qu’elle posait. Seulement, il n’était pas moins conscient de l’impossibilité de concilier la politique marxiste révolutionnaire à la base de la fondation de la Quatrième Internationale et celle du centrisme d’André Renard, avec lequel il ne voulait rompre à aucun prix. Le prix payé en restant à la botte de ce dernier a été l’abandon de la politique du trotskisme et du marxisme révolutionnaire de la IVe Internationale.
Voilà pourquoi on trouve autant d’acharnement à nier l’évidence de la réalité de la grève générale, acharnement qui n’était en fin de compte que l’expression d’une capitulation face aux actes que la situation révolutionnaire exigeait de prendre et qui furent escamotés.
Si aujourd’hui certains mandelistes reconnaissent timidement, du bout des lèvres et 50 ans après (mieux vaut tard que jamais) que la grève était une grève générale, si aujourd’hui ils l’admettent enfin, c’est parce que cela n’implique plus de devoir prendre directement les responsabilités révolutionnaires qui s’imposaient à l’époque.
Prudence et soumission face à l’appareil renardiste
Mon livre sur ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61” démontre avec pertinence que cette grève générale était entrée dans une situation nettement révolutionnaire, insurrectionnelle dans ses actes et révolutionnaire dans ses objectifs. Cette publication a provoqué chez certains mandelistes de la LCR des réactions pour le moins controversées. Le contraire aurait été étonnant puisque, il y a presque 50 ans, en juillet 1962, prenait place une rupture politique, rupture entre la tendance Mandel et la plupart des vétérans trotskistes de Charleroi, accompagnés de plusieurs jeunes militants trotskistes.
Les divergences politiques qui avaient provoqué la rupture étaient irrémédiables et partaient de plusieurs points essentiels. Il était entre autres question de la tactique de prudence excessive et de soumission de La Gauche et de la tendance Mandel face à l’appareil renardiste. D’ailleurs, pour André Renard, le programme des réformes de structures préconisées par la FGTB adopté en 1954 et 1956, signifiait de passer du stade du capitalisme libéral à celui du capitalisme dirigiste, consistant à rendre l’économie capitaliste plus performante. Les dirigeants réformistes de la FGTB n’avaient pour seul but avec ce programme que de moderniser l’économie capitaliste. Ils ne voulaient en aucun cas remettre en cause les fondements même du régime capitaliste.
Ce n’est pas que les militants révolutionnaires qui prirent, avant la grève générale, l’initiative de propager et de soutenir les réformes de structures, croyaient réellement en leur efficacité. Mais celles-ci pouvaient être un stimulant, un moyen transitoire pour provoquer la mobilisation des grandes masses ouvrières dans la lutte révolutionnaire pour le pouvoir. C’est ce qui s’est d’ailleurs en partie produit.
Il était encore question du fait que certains dans le courant trotskiste étaient trop intégrés dans le PSB, par l’intermédiaire d’un entrisme sans perspectives révolutionnaires conséquentes. En effet, la tactique entriste pratiquée dans les organisations réformistes par Ernest Mandel et sa tendance a consisté en une prudence politique excessive, sous prétexte de ne pas affronter ouvertement les dirigeants des appareils bureaucratiques au risque, d’après eux, de se couper des masses. Mais à ce moment, parmi les masses, il y avait une tendance importante, surtout parmi l’avant-garde, à vouloir rompre avec la social-démocratie. Si cette volonté n’a pas été concrétisée, c’est par manque d’un relai et d’une direction politiques bien déterminés à rompre avec la social-démocratie capitularde.
Cette pratique de prudence politique démesurée appliquée par Mandel et sa tendance comportait des risques d’abandon idéologique et d’intégration dans les structures des appareils réformistes. C’est ce qui c’est avéré fatal pour cette tendance. Pourtant, la tactique entriste – comme toute forme de lutte – devait se dérouler sous le drapeau déployé du marxisme révolutionnaire. Cette tactique ne pouvait se concevoir que pour accélérer le processus de maturité en vue de la rupture avec le réformisme afin de regrouper dans les plus brefs délais les forces révolutionnaires. C’est pourtant aussi ce que la Quatrième Internationale, à sa fondation (en 1938), avait clairement indiqué. Pour appartenir à cette organisation révolutionnaire, il fallait mener concrètement une lutte politique ouverte et systématique, dénonçant sans complaisance et sans délai la capitulation des directions staliniennes et réformistes de gauche comme de droite.
Autre critique, le refus de dénoncer l’introduction intempestive du fédéralisme par André Renard en plein conflit de classe. Le fédéralisme n’était en aucun cas l’objectif de la grève. L’introduction du fédéralisme n’était pour ses partisans qu’une échappatoire, une sorte de sortie de secours, face aux objectifs radicalement anticapitalistes et révolutionnaires engagés par la classe ouvrière du pays et auxquels voulait échapper l’appareil renardiste.
Enfin, il était aussi question du refus systématique de Mandel et de sa tendance de rompre avec le PSB en plein conflit, et même juste au lendemain, au moment où les grandes masses de grévistes avaient fait leur propre expérience dans la lutte de la capitulation et de la trahison de la direction social-démocrate réformiste du PSB et de la FGTB.
La rupture politique de la plupart des vétérans trotskistes de Charleroi avec Mandel et sa tendance ne s’était pas produite à la légère. La plupart de ces vétérans étaient membres de la IVe Internationale depuis de nombreuses années. Il n’a d’ailleurs jamais été question pour ces vétérans de renoncer à la lutte révolutionnaire et encore moins de rompre avec le Programme de Transition adopté par la Quatrième Internationale à sa fondation, ni avec son fondateur Léon Trotsky.
Compagnons de lutte de Léon Lesoil, lui-même ami de Trotsky qu’il rencontra en 1935 à Anvers pour regrouper les forces révolutionnaires, ces vétérans avaient une longue expérience des luttes révolutionnaires sur le terrain, puisque certains parmi eux avaient été très actifs durant les grèves générales de 1932, de 1936, de 1950 et de 1960-61. Quelques uns avaient aussi été animateurs de la grève des mineurs qui eut lieu sous l’occupation allemande en juin 1942 et la plupart avaient participé à la résistance.
La dualité de pouvoir
Aux yeux de certains sceptiques, cela peut paraître téméraire mais, effectivement, je reste intimement convaincu que la Belgique de 60-61 a connu une situation politique objectivement révolutionnaire au cours de laquelle toutes les conditions étaient réunies pour le renversement de la bourgeoisie et pour s’emparer du pouvoir.
D’ailleurs, dans plusieurs endroits du pays, une dualité de pouvoir existait déjà. Mais à ce sujet, relisons ce que disait alors correctement, et sans équivoque possible, La Gauche, le 11 mars 1961 : ‘‘Bien plus que toutes ‘‘violence’’, que tout bris de vitre, que toute émeute, c’est ce pouvoir nouveau embryonnaire qui a fait trembler de rage la bourgeoisie, qui la frappée de frayeur.’’ Le nouveau pouvoir embryonnaire des comités de grève – avec les piquets de grève mobiles, le moteur essentiel de la grève générale – veillait au maintien de la paralysie totale de toute l’économie du pays et également de toute la circulation. C’est ce nouveau pouvoir embryonnaire qui a vraiment frappé de frayeur la bourgeoisie et qui a, en fait, ouvert une situation objectivement révolutionnaire.
Mais certains militants trotskistes de la tendance d’Ernest Mandel qui étaient actifs dans ces comités de grève ont constaté eux-mêmes que les orientations et décisions politiques de la grève générale échappaient au contrôle et à la volonté des grévistes dans ces comités de grève, pourtant le moteur essentiel de la grève générale. Les décisions politiques étaient l’exclusivité du Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB. C’était pourtant ce pouvoir embryonnaire des comités de grève qui avait effrayé aussi bien la bourgeoisie que les appareils bureaucratiques des partis et syndicats ouvriers.
Pour contrer l’exclusivité politique des réformistes du C.C.R.W., la tendance trotskiste de Charleroi proposait la tenue d’un Congrès national des comités de grève comme organe souverain des grévistes dans la grève générale et de l’action révolutionnaire des masses. Pour proposer ce mot d’ordre et faire de l’agitation systématique en ce sens, il suffisait de penser et d’agir en marxiste-révolutionnaire et pas en liquidateurs du trotskisme.
Là aussi, Mandel et ceux de sa tendance dans les comités de grève ont choisi de sauvegarder leurs liens avec les appareils réformistes. Comme seule réponse à cette domination du CCRW, ils ont simplement choisi de proposer la tenue d’un ”Congrès extraordinaire de la FGTB.” Faire cette proposition dans La Gauche (le 24 décembre 1960), c’était en fait proposer que les décisions politiques sur la grève générale restent sous le contrôle de la clique bureaucratique su CCRW de la FGTB.
Cette proposition politique de Mandel et de sa tendance n’était autre que l’expression clairement établie de la liquidation du Programme de Transition défini lors de la fondation de la Quatrième Internationale. En politique marxiste-révolutionnaire, il ne suffit pas de constater que les décisions politiques échappaient au contrôle des grévistes, il fallait réagir en conséquence pour que les décisions politiques sur l’orientation de la grève générale reviennent de droit aux grévistes. C’est ce qui n’a pas été fait par ceux-là mêmes qui se profilent comme révolutionnaires.
Dans ces circonstances, si la classe ouvrière n’est pas parvenue à atteindre son objectif révolutionnaire, l’échec est incontestablement dû au fait qu’elle a été une nouvelle fois abandonnée. Elle s’est retrouvée sans direction capable de mener le combat de classe en cours jusqu’à son terme.
En effet, la classe ouvrière radicalisée, engagée dans ce combat à mort, a été une nouvelle fois trahie par les directions traditionnelles du mouvement ouvrier, y compris par la gauche syndicale renardiste de la FGTB si appréciée par Ernest Mandel et sa tendance. Encore aujourd’hui, certains mandelistes restent convaincus qu’André Renard a, lors de la grève générale de 60-61, bien servi les intérêts de la classe ouvrière du pays. Cela confirme la plate soumission de Mandel et sa tendance au renardisme. Il faut pourtant se rendre compte que, durant cinq semaines de grève générale totale, des milliers et des milliers de grévistes sont descendus dans la rue pour exprimer avec ténacité leur volonté de monter à l’assaut du régime capitaliste dans la capitale. C’était d’ailleurs la signification profonde de la revendication d’une Marche sur Bruxelles, réclamée par les grévistes du pays.
Une situation révolutionnaire
Léon Trotsky disait notamment : ‘‘La grève générale a une tendance interne à se transformer en conflit révolutionnaire déclaré, en lutte directe pour le pouvoir’’ (Où va la France). Il est pourtant à constater que tous ceux qui se disent trotskistes ne sont visiblement pas d’accord avec cette position politique définie par Trotsky. Pourtant, qu’on le veuille ou non, qu’on soit d’accord ou non, que l’on en ait conscience ou non, qu’on veuille le nier ou non, la réalité est que la Belgique a connu en hier 60-61 une situation objectivement révolutionnaire qui posait directement, comme toute grève générale qui paralysie l’économie d’un pays, la question du pouvoir. Par contre, les quatre mandelistes de la LCR disent : ‘‘Nous ne partageons pas cette appréciation’’. Voici ce qu’ils disent précisément ‘‘La grève du siècle a montré le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière, mais la situation n’a jamais été révolutionnaire’’.
Aujourd’hui, après l’avoir nié pendant longtemps, les mandelistes ont découvert qu’effectivement il y avait bien eu une grève générale en Belgique et qu’elle était même, pour certains d’entre eux, pré-révolutionnaire. Les années passant, comparativement à la brochure ‘‘Forces et faiblesse d’un grand combat’’, il y a là un progrès théorique. Avec encore quelques dizaines d’années de patience, ils découvriront peut-être que cette grève générale de l’hiver 60-61 appartient comme toute grande grève générale à la catégorie des ‘‘luttes révolutionnaires’’.
D’un autre côté, ils reconnaissent aussi que ‘‘La grève du siècle a montré le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière.’’ Jusqu’ici, rien à redire, cette appréciation politique est correcte. Mais ensuite, là où ça se gâte, c’est quand ils affirment dans la même phrase que ‘‘la situation n’a jamais été révolutionnaire’’. Examinons en profondeur cette position politique.
Si c’était réellement le cas, comme le prétendent obstinément les quatre de la LCR, alors une importante question doit impérativement se poser à tous les véritables marxistes-révolutionnaires de bonne foi : dans ces circonstances politiques, quel genre d’action radicale devrait être entreprise par les révolutionnaires pour transformer effectivement ce ‘‘potentiel révolutionnaire’’ en ‘‘situation révolutionnaire’’ ? Rester obstinément soumis, comme l’ont fait Mandel et sa tendance, à la discipline des appareils réformistes du PSB et de la FGTB ? Ces mêmes appareils qui pratique depuis toujours et en toutes circonstances la collaboration de classe et l’intégration continue au régime capitaliste ? Certainement pas. En restant docilement à la remorque de la tendance de gauche néo-réformiste, au centrisme du renardisme ? Certainement pas.
Les marxistes-révolutionnaires se réclamant de la IVe Internationale dignes de ce nom devaient-ils mener oui ou non une agitation politique conséquente en s’appuyant sur la volonté de lutte des masses en mouvement dans le but d’amener de larges couches à prendre conscience de la nécessité de remettre en question le fondement même de l’État bourgeois ? Cela n’est possible qu’en étant libéré de toute entrave tactique de la discipline bureaucratique des appareils réformistes de gauche et de droite, dans le but d’accentuer et d’approfondir la lutte potentiellement révolutionnaire en cours, pour la faire évoluer, en acceptant toutefois qu’elle ne l’était pas, en situation révolutionnaire. Même au risque d’exclusion du PSB en plein conflit, cette mission était impérativement à accomplir courageusement. Certainement que oui.
L’agitation des marxistes-révolutionnaires devait se développer autour de voies et de moyens propres à organiser la lutte des grévistes contre l’État bourgeois. Les grévistes des secteurs décisifs de l’économie du pays étaient engagés dans une action qui mettait en question l’existence même du régime capitaliste. Dans ces circonstances, la priorité est toujours de donner aux grévistes l’armement politique dont ils avaient besoin dans cette lutte pour le pouvoir. Cette tactique d’agitation révolutionnaire, dans un conflit classe contre classe et généralisé comme celui de 60-61, aucun marxiste digne de ce nom ne peut s’y soustraire. Malheureusement, cela n’a pas été fait par ceux qui pourtant se prétendaient le symbole de la gauche révolutionnaire.
Lors d’une grève générale, dire prétentieusement que la ‘‘situation n’a jamais été révolutionnaire’’ comme le font encore aujourd’hui certains mandelistes de la LCR, c’est en soi révélateur d’un manque de confiance dans la capacité révolutionnaire des masses. Ce qui en découle inévitablement, c’est une incompréhension de la théorie et de la pratique du marxisme. C’est ce qui engendre toute une série de contradictions politiques et d’appréciations politiques incorrectes.
Il faudrait tout d’abord savoir quel sens et quelle nature politique profonde les mandelistes accordent-ils réellement à une grève générale telle que celle de l’hiver 60-61, reconnue par tous comme étant historique. Ensuite, avant de contester à tord, il faudrait tout d’abord qu’ils se mettent d’accord entre eux. Parce que, dans la réalité, ce n’est certainement pas le cas.
Je vais partir ici de citations et d’affirmations politiques correctes, qui seront peut-être plus facilement acceptées par mes quatre détracteurs de la LCR puisqu’elles sont issues de leur maître à penser politique, qui n’est autre qu’Ernest Mandel, auquel ils se réfèrent si souvent. Ne disait-il pas, dans ses moments de lucidité politique, à propos de la grève générale de 60-61 qu’elle était : ‘‘profondément anticapitaliste et objectivement révolutionnaire’’ (Force et faiblesse d’un grand combat, p.23) ?
Hélas, Mandel le disait en 1962, après le conflit. Mieux vaut tard que jamais. Mais de toute façon, le marxisme ne saurait se contenter d’affirmation politique correcte après coup. Cette affirmation, à laquelle on peut souscrire sans réserve, avait des implications politiques concrètes à prendre dans la lutte de classe au moment où celle-ci se déroulait. C’est suivant leur attitude face à ces implications, prises ou pas, que l’on doit objectivement juger ces auteurs. Mais, hélas, dans le cas de Mandel et de sa tendance, de fut pour le moins décevant.
Inutile de dire que la plupart des militants trotskistes de Charleroi partageaient entièrement et sans réserve l’analyse portant sur le caractère ‘‘objectivement révolutionnaire’’ de la grève générale de 60-61. Dans ces circonstances politiques objectivement révolutionnaires, il ne doit plus faire aucun doute pour un révolutionnaire que la grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire était indiscutablement susceptible de remettre en cause le régime capitaliste. Dans ces conditions, il était objectivement nécessaire d’agir politiquement dans le sens de la lutte pour le pouvoir.
François Vercamen, du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale et mandeliste lui-aussi, va également beaucoup plus loin dans son analyse sur les grèves générales que mes quatre détracteurs lorsqu’il classe la grève générale de 60-61 dans la catégorie des grèves générales semi-révolutionnaires : ‘‘(…) les grèves générales belges (1950-1960/61), la grève générale en Grèce (1965), Mai ’68 en France et Italie (1969-73-75), la révolution au Portugal (1974-75). Ces luttes semi-révolutionnaires sont d’une ampleur et d’une force inégalée.’’ (François Vercamen, Ernest Mandel et la Capacité Révolutionnaire de la Classe Ouvrière, http://www.ernestmandel.org/fr/surlavie/txt/ernest_mandel_et_la_capacite_revolutionnaire.htm) Ce n’est pas encore là une analyse politique qui reflète la situation objectivement révolutionnaire de la grève générale belge de 60-61, mais c’est déjà un énorme pas en avant vis-à-vis de mes quatre détracteurs. Mais tous en restent à une analyse politique qui se situe en dessous de la réalité objectivement révolutionnaire.
Cette analyse est donc un énorme pas en avant vis-à-vis de la position politique de mes quatre détracteurs mandelistes de la LCR qui n’ont toujours pas compris qu’une grève générale porte en elle l’essence d’une situation révolutionnaire. Pour ces détracteurs de la LCR, il est toujours nécessaire de rappeler constamment, comme le disait couramment Trotsky, que : ‘‘la grève générale, comme le sait tout marxiste, est un des moyens de lutte les plus révolutionnaires.’’ (Où va la France) D’ailleurs, pour les véritables marxistes révolutionnaires, il y a très longtemps qu’il n’est plus question de savoir que la grève générale ‘‘est un des moyens de lutte des plus révolutionnaires’’ puisque cette question a déjà depuis longtemps été tranchée par Rosa Luxembourg, que Lénine surnomma la ‘‘représentante du marxisme la plus authentique’’ lorsqu’elle disait en parlant de la grève générale que : ‘‘En réalité, ce n’est pas la grève en masse qui produit la révolution, c’est la révolution qui produit la grève en masse’’ (Grève de masse, parti et syndicat) Raison de plus pour considérer que, comme c’est la révolution qui produit la grève générale, dans ces circonstances politiques tout à fait particulières, il est d’une évidence tout à fait incontestable que lorsqu’il y a effectivement une grève générale comme en 60-61 en Belgique, la situation est objectivement révolutionnaire.
D’ailleurs, tout au long de sa vie, Lénine montra avec une détermination inébranlable ‘‘qu’il fallait préparer activement une situation révolutionnaire’’ même en période de mouvement de grève moins généralisé, avec toujours comme objectif essentiel de contraindre l’adversaire à céder. Mais aujourd’hui comme hier, si les pseudos-marxistes belges continuent à réfuter ces vérités définies par des figures incontestablement reconnues historiquement, c’est certainement parce qu’ils n’ont lu ni Lénine, ni Trotsky, ni Rosa Luxembourg à la bonne page.
Par contre, ce que notre tendance trotskiste de Charleroi a constaté, c’est qu’Ernest Mandel est incontestablement resté pendant ‘‘ces heures décisives’’ de 60-61 un militant discipliné du Parti Socialiste Belge. D’ailleurs, les dirigeants réformistes du PSB ont pu tolérer pendant la grève générale son gauchisme verbal qui resta malgré une ‘‘situation objectivement révolutionnaire’’ dans les limites du cadre de simple pression sur le parlementarisme, sans déborder sur des objectifs révolutionnaires.
L’exemple de la ‘‘Marche sur Bruxelles’’ est édifiant à cet égard. Selon La Gauche et Mandel, ce n’était pas une mobilisation générale de la classe ouvrière en vue d’un affrontement révolutionnaire dans la capitale, mais plutôt une manière de faire pression sur le parlement : la classe ouvrière ‘‘y pèserait de tout son poids sur le Parlement’’ ou encore ‘‘Notre proposition n’a rien d’insurrectionnel. Elle est parfaitement légale.’’ Et en effet ô combien légale et peu insurrectionnelle. Dans ces circonstances d’une légalité on ne peut plus parfaite, il n’était pas du tout possible d’œuvrer pour la révolution socialiste.
L’histoire de la lutte de classe internationale nous enseigne que lorsqu’une situation est objectivement révolutionnaire, elle exige de l’audace politique de la part de ceux qui jusque là se définissaient comme révolutionnaires. Laisser échapper une crise révolutionnaire sans tout tenter pour la faire aboutir est déjà une capitulation des intérêts de la révolution. Le combat spontané des masses, si puissant soit-il, ne peut à lui seul arracher la victoire du socialisme.
Comme le disait également Trotsky : ‘‘La grève générale n’est possible que dans les conditions d’une extrême tension politique et c’est pourquoi elle est toujours l’expression indiscutable du caractère révolutionnaire de la situation’’ (Où va la France) Cette citation exprimée en mars 1935 reflète très exactement la situation révolutionnaire qui existait en Belgique en hiver 60-61.
Pourtant, pour les quatre mandelistes de la LCR, la grève générale de 60-61 n’appartient pas à la catégorie des ‘‘luttes révolutionnaires’’. Et, par conséquent, elle n’était pas davantage une ‘‘situation révolutionnaire’’. Si, par lutte révolutionnaire, on entend un soulèvement armé, c’est absurde. Au début d’une grève générale révolutionnaire, les travailleurs en grève ne sont généralement pas armés. Mais quand certains en viennent précisément à s’armer au cours des épisodes successifs de la lutte de classe pour le pouvoir, c’est alors un indice sérieux de la volonté révolutionnaire des grévistes, qui ne peut tromper que ceux qui ne veulent rien voir, rien entendre, rien comprendre et surtout ne rien entreprendre de sérieux qui puisse aboutir à la victoire de la lutte révolutionnaire engagée. Voici quelques exemples. Plusieurs acteurs de la grève générale ont pu voir des grévistes armés dans l’émission de la RTBF du 14 décembre 2010 ‘‘Ce jour-là’’. Jean Louvet, militant de la CGSP à l’époque, se souvient qu’il a vu des gens armés : ‘‘J’ai vu des armes sorties de la résistance’’. Il n’y a d’ailleurs pas que les grévistes à les avoir vues. D’après le rapport d’état-major de la gendarmerie, fourni au Ministre de l’Intérieur, au sujet des faits survenus lors de la période de grève du 20 décembre 1960 au 20 janvier 1961 : ‘‘les piquets de grève ont été particulièrement actifs et parfois même brutaux (…) Certains des membres qui les composaient étaient armés’’. (Annales Parlementaires, 4 XI, 1960-1961 n°2)
En pleine grève générale, avec des arrestations arbitraires presque tous les jours dans le pays (environ 3.000 arrestations de grévistes ont eu lieu durant la grève), être appréhendé porteur d’armes à feu, c’était prendre des risques aux conséquences très graves. Bien des grévistes étaient partagés entre leur volonté révolutionnaire et les risques qu’ils encouraient. Plusieurs n’hésitèrent pourtant pas à prendre ces risques énormes, pour la victoire de la grève. Voici quelques exemples relevés par la gendarmerie, parmi de nombreux autres.
- ”A Ath – Coup de feu. Le sous-chef de gare de Ath a essuyé un coup de feu tiré du viaduc de Ath. Il venait de son domicile et était accompagné de gendarmes.”
- ”A Liège, 2 arrestations par la BSR pour bris de vitres, jet de billes sur toit vitré et port de pistolet.”
- ”A Polleur, un coup de feu a été tiré contre un autobus de la ligne Verviers-Malmédy.”
- ”A Sombreffe une arrestation, transport de fusil de chasse par gréviste dans V.W.”
- ”A Trembleur, des coups de feu contre un car transportant quelques ouvriers de charbonnage.”
- ”La brigade d’Herstal a saisi deux pistolets.”
- ”Une arrestation à Piéton, pour port d’arme prohibé.”
- ”A Fléron, coup de feu dans les vitraux d’un café.”
- ”A Marienbourg, menaces à l’aide d’armes.”
- ”A Chatelet, un des deux individus transportant des bouteilles d’essence était porteur d’un pistolet 22 long avec balles, dont la tête avait été limée et fendue.”
- ”Au puit 6, à Anderlues, huit individus ont tenté sous la menace de leurs armes de s’approprier des explosifs.”
Tous ces exemples sont issus des Annales parlementaires, 4 XI, 1960-1961 n°2.
Si, après cette brève énumération de grévistes porteurs d’armes à feu – et qui ont parfois fait feu – certains mandelistes considèrent toujours que la ”situation n’a jamais été révolutionnaire”, alors c’est peine perdue de pouvoir les convaincre de quoi que ce soit.
Tous ces coups de feu tirés, ces arrestations de grévistes en possession d’armes à feu en plus des quelque 100 actes de sabotage par jour, les grévistes n’hésitant pas à risquer leur vie pour les commettre, tout cela ne peut que démontrer l’extraordinaire volonté et la détermination des grévistes d’aller jusqu’au bout de la situation effectivement révolutionnaire qui existait. Tous ces actes ont été l’expression de tout le potentiel d’une situation insurrectionnelle et révolutionnaire de la grève générale.
Durant cette mobilisation spontanée et gigantesque, sans précédent dans l’histoire ouvrière belge, toutes les digues des directions traditionnelles furent complètement débordées. Toute l’économie du pays était complètement paralysée par la grève générale. C’est dans ce contexte que le secrétaire général de la FGTB nationale et député socialiste d’Anvers, Louis Major, a déclaré sous forme d’excuses à la Chambre le 21 décembre 1960 que: ”Nous avons essayé, Monsieur le Premier Ministre, par tous les moyens, même avec l’aide des patrons, de limiter la grève à un secteur professionnel.” (Annales parlementaires, 1960, p. 20) Cool, le président de la CSC, dira quant à lui : ”Je ne tiens plus mes troupes en main. En dépit de mes consignes (…) je ne réponds pas de ce qui pourrait arriver.”
Ces déclaration expriment l’impuissance des dirigeants syndicaux nationaux de pouvoir arrêter le débordement des appareils, débordement ouvrier qui inonda la société toute entière. Mais malgré tout ce qui précède, les quatre mandelistes de la LCR ne sont toujours pas de cet avis. Voici ce qu’ils en disent:
”Le marxisme révolutionnaire parle de grève générale quand le fleuve ouvrier déborde les digues et inonde la société au point que plus personne ne sait quand et comment le faire rentrer dans son lit. C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que toute grève générale ouvre une situation potentiellement révolutionnaire, donc potentiellement insurrectionnelle.”
Mais, justement, c’est ce qui s’est réellement passé dans les faits. Même un réformiste de droite comme Louis Major a publiquement avoué au Parlement, deux jours seulement après le déclenchement de la grève générale, que: ”Personne ne peut plus aujourd’hui arrêter le mouvement” (Annales parlementaires 22/12/60, p.7) Le journal Le Peuple s’indigne que ”le PSC ait osé qualifier les grèves d’insurrectionnelles.” La presse socialiste de Charleroi du 23 décembre 60 parle de M. Eyskens en disant: ”Il est le chef d’un parti qui n’a pas hésité à provoquer une atmosphère de guerre civile.”
Le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB, présidé par André Renard et composé des dirigeants réformistes de la FGTB, qui était l’expression réformiste de l’appareil syndical de la FGTB dans sa fonction de collaboration de classe avec le patronat et qu’on ne peut en aucun cas cataloguer comme révolutionnaire, avait pourtant souligné avec satisfaction que le mouvement a ”renoué magnifiquement avec les plus nobles traditions révolutionnaires du mouvement socialiste des années glorieuses de la fin du siècle dernier.” Ce comité composé de réformistes avait-il une perception plus exacte de la situation de la grève générale que les pseudo-révolutionnaires mandelistes qui n’ont toujours pas senti le souffle brûlant de la lutte révolutionnaire qui se déroulait sous leurs yeux en 60-61?
* L’intégralité du texte de la LCR, se trouve à la fin de la seconde partie de cette réponse (voir ci-dessus)
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1er mai : fête des travailleurs ou lutte pour le socialisme ?
Le premier mai, c’est la fête des travailleurs. Mais que peuvent donc bien aujourd’hui fêter les travailleurs ? La norme salariale de 0,3%? La cherté de la vie ? L’augmentation de la pauvreté et du nombre de travailleurs pauvres ? La destruction des services publics? Aujourd’hui plus que jamais, surtout à la lumière des brutales attaques antisociales qui tombent sur l’Europe et ailleurs, il faut renouer avec les traditions de lutte, et pas seulement de commémoration, de la fête du 1er mai.
Par Nicolas Croes
Aux sources du Premier mai Si l’origine du Premier Mai remonte aux Etats-Unis, la première journée d’arrêt total du travail pour revendiquer l’instauration des 8 heures de travail par jour est issue d’Australie. En 1856, une première journée y avait été organisée le 21 avril, et le succès de la mobilisation ouvrière fut tel que décision fut prise de l’organiser tous les ans. La révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg commenta ainsi ces faits: ‘‘De fait, qu’est-ce qui pourrait donner aux travailleurs plus de courage et plus de confiance dans leurs propres forces qu’un blocage du travail massif qu’ils ont décidé eux-mêmes ? Qu’est-ce qui pourrait donner plus de courage aux esclaves éternels des usines et des ateliers que le rassemblement de leurs propres troupes ?’’ L’idée d’une fête des travailleurs, à la fois moment de lutte et rassemblement servant à illustrer la force potentielle du mouvement ouvrier, commença alors à faire son chemin. La date du Premier Mai fut choisie par les syndicats rassemblés dans l’American Federation of Labour (AFL) en 1886, là encore pour revendiquer la journée des huit heures, exigence qui allait devenir le socle sur lequel s’est construite la tradition du Premier Mai. D’ailleurs, avant le muguet, l’usage était de porter sur soi un triangle rouge symbolisant les trois ‘‘huit’’ – huit heures de travail, huit heures de loisir, huit heures de sommeil. Ce jour de mai 1886, quelque 340.000 ouvriers américains ont paralysé des milliers d’usines par leur action de grève. A certains endroits, la répression fut des plus féroces, et six grévistes laissèrent leur vie sous les coups de la police à Chicago, à la fabrique de faucheuses Mc Cormick.
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Préserver et défendre le Premier Mai
L’évolution qu’a connu le 1er Mai à travers les années permet de retracer l’évolution du mouvement ouvrier luimême, y compris des coups qui lui ont été portés. Certains 1er Mai sont ainsi marqués d’une pierre noire. En Italie et en Allemagne, les fascistes, arrivés au pouvoir avec la bénédiction et le soutien de la grande bourgeoisie mais soucieux de garder la classe ouvrière sous leur contrôle, joueront habilement d’un anticapitalisme démagogique en organisant des manifestations grandioses et des parades obligatoires pour ce qu’ils rebaptisent ‘‘la journée nationale du travail’’.
Aujourd’hui encore, le Front National français tente d’instrumentaliser la date du Premier Mai, et l’extrême-droite en Belgique tente aussi de le faire. Nous avons ainsi participé à une mobilisation en 2008 destinée à bloquer les néo-fascistes du groupuscule Nation qui voulaient faire un défilé de Premier mai à Charleroi.
[/box]A l’exemple des travailleurs américains, les 400 délégués du congrès de fondation de la Deuxième Internationale (l’Internationale Socialiste, qui était encore fort loin de la caricature pro-capitaliste qu’elle est aujourd’hui devenue) décida en 1889 de mener campagne partout pour l’instauration des huit heures le 1er Mai, pas seulement en mots, mais avec grèves et manifestations. Cet appel a suscité un enthousiasme gigantesque qui a littéralement frappé d’effroi les différentes bourgeoisies nationales. A Vienne, à Paris et ailleurs, la bourgeoisie prépara ses régiments à intervenir, craignant un soulèvement imminent des travailleurs. En Belgique, des exercices de tirs spéciaux pour la garde civile ont été organisés ‘‘afin d’être prêts pour le 1er Mai’’ ! Face au succès incroyable de cette journée, la date est restée et, même lorsque la journée des huit heures a été obtenue de haute lutte dans toute une série de pays, la tradition est restée de manifester le Premier Mai en souvenir des luttes passées et le regard dirigé sur les luttes du moment ou à venir.
Et aujourd’hui ?
Le Premier Mai a toujours été très intimement lié à la classe ouvrière, et a reflété ses forces et ses faiblesses, ses périodes d’avancées comme celles de recul. Au fur-et-à-mesure, et particulièrement à la fin du vingtième siècle, les manifestations syndicales et les grèves du Premier Mai sont devenues des rassemblements souvent peu combatifs.
Le Premier Mai est souvent l’occasion pour les sociaux-démocrates du PS, du SP.a et de leurs amis d’autres pays de se référer au socialisme, une fois par an, pour ensuite activement trahir cet idéal le reste de l’année. Pour nombre de bureaucrates syndicaux, c’est la journée où l’on glorifie de petites victoires, où mettre en évidence une attaque bloquée tout en évitant soigneusement d’expliquer pourquoi les autres sont passées. Mais, à travers le globe, la combativité et la volonté de lutte reviennent aujourd’hui, à des degrés divers il est vrai. Mais partout la colère cherche à s’organiser, partout de plus en plus de questions sont soulevées par les dégâts sociaux et environnementaux du capitalisme, partout se développe la recherche d’une alternative. Toutes les digues qui ont été érigées pour canaliser la colère des travailleurs, et notamment les directions syndicales, ne retiendront pas éternellement les flots du mécontentement ouvrier.
Défendre le socialisme, 365 jours par an
L’an dernier, dans les discours du premier mai, l’absence de toute réponse claire face à la crise était frappante. Comment défendre l’emploi, quelles revendications sont nécessaires et comment construire un rapport de force, toutes ces interrogations sont restées sans réponse. Les attaques contre les libéraux n’ont pas manqué, mais c’était surtout une manière pour les appareils syndicaux d’apporter un soutien au PS et au SP.a avant les élections anticipées. Pourtant, ces partis collaborent à la politique des différents gouvernements depuis des décennies ! En Irlande, au Portugal, en Espagne ou en Grèce, ce sont les partis sociaux-démocrates qui appliquent loyalement les diktats du Fonds Monétaire International (actuellement dirigé par un membre du PS français…) et frappent les populations de leurs plans d’austérité.
Le meilleur programme anticrise à défendre aujourd’hui est un programme clairement socialiste, avec pour base les besoins et les nécessités de la majorité de la population. Créer de l’emploi, c’est possible, en répartissant le travail disponible par une réduction de la semaine de travail et la protection des prépensions. La nationalisation des secteurs- clé de l’économie – notamment du secteur financier ou celui de l’énergie – peut assurer que ce soient les spéculateurs qui se retrouvent au chômage et que ces secteurs-clé soient mis au service de la majorité de la population. Voilà des revendications capables de répondre aux crises du capitalisme et de construire une société enfin au service de la majorité de l’humanité. Emprunter cette voie, c’est emprunter le chemin de la lutte.
Les patrons sont organisés au niveau international tandis que les travailleurs limitent pour l’instant leurs luttes aux frontières nationales, et sont mis en concurrence les uns avec les autres par les différentes bourgeoisies. Imaginons un instant l’impact qu’aurait une initiative européenne visant à réunir les résistances ! Un bon prochain pas à poser dans cette direction serait de propager l’idée d’une grève générale de 24h à l’échelle européenne, une bonne manière de renouer avec les principes de solidarité internationale du premier mai et de montrer de manière éclatante qui est le véritable créateur de richesses dans la société.
Lors du 1er Mai 2010, les militants du PSL étaient présents dans 17 villes, dans tout le pays, d’Anvers à Charleroi et de Liège à Ostende. Plus de 700 exemplaires de notre mensuel avaient été vendus aux différents rassemblements, manifestations syndicales, etc. Cette année encore, vous pourrez trouver des rapports et photos des différentes activités organisées le Premier Mai et auxquelles participe le PSL sur notre site internet www.socialisme.be.
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[DOSSIER] Hausse des prix: Une réponse socialiste
En février, nous avons payé nos achats en moyenne quasiment 3,4% plus cher que l’an dernier, la plus forte augmentation de l’inflation depuis octobre 2008. Grâce à l’indexation automatique des salaires, cela sera heureusement compensé – avec retard et de façon partielle seulement. Mais juste au moment où cette indexation doit nous protéger de la perte de pouvoir d’achat, le patronat lance son offensive. Il peut compter sur l’appui des institutions internationales. Quelle est la réponse socialiste face aux hausses des prix ?
Par Eric Byl
Comment expliquer les hausses des prix?
Souvent, on associe la crise aux hausses des prix ou à l’inflation. C’est pourtant l’inverse en général. Les crises vont de pair avec des baisses de prix, la déflation, alors que les reprises s’accompagnent d’une hausse de l’inflation. En temps de crises, lorsque les produits se vendent plus difficilement, les patrons ont tendance à baisser les prix. Ils diminuent les coûts de production, surtout les salaires, ou se contentent d’une marge de profit plus restreinte. Lors de la reprise, ils essayent alors de vendre à des prix plus élevés afin de rehausser la marge de profit. Dans un monde où l’offre et la demande s’adapteraient de façon équitable, les prix évolueraient de façon assez stable autour de la valeur réelle du produit, c.à.d. la quantité moyenne de temps de travail nécessaire pour produire la marchandise, de la matière première au produit fini.
Mais le monde réel s’accompagne de changements brusques, avec des accélérations soudaines et des ralentissements abrupts. La nature ellemême connait de nombreux caprices. De mauvaises récoltes en Russie et en Ukraine, pour cause de sécheresse, ont contribué à faire augmenter les prix de la nourriture. Un système de société peut tempérer ces caprices, les corriger, mais aussi les renforcer. Les incendies de forêts, les tempêtes de neige, les inondations, les tremblements de terres et les tsunamis s’enchaînent, avec en ce moment au Japon la menace d’une catastrophe nucléaire. Nous ne connaîtrons avec certitude la mesure exacte de l’impact humain sur le réchauffement de la planète qu’au moment où la recherche scientifique sera libérée de l’emprise étouffante des grands groupes capitalistes. Mais que la soif de profit pèse sur l’être humain et son environnement, conduit à la négligence des normes de sécurité et à des risques inacceptables, le PSL partage avec beaucoup cette conviction.
La Banque Mondiale estime que la hausse des prix de l’alimentation a, depuis juin 2010, poussé 44 millions de personnes en plus dans l’extrême pauvreté. Son index des prix de l’alimentation a gagné 15% entre octobre 2010 et janvier 2011. Diverses raisons sont citées: la croissance démographique dans les régions pauvres, la demande de biocarburants, la sécheresse, les inondations et d’autres catastrophes naturelles, la faillite de paysans africains face à la concurrence des excédents agricoles de l’occident, la spéculation qui accélère les hausses des prix. La hausse des prix de l’alimentation et la montée du coût de la vie ont constitué des éléments primordiaux dans les révolutions au Moyen- Orient et en Afrique du Nord.
Le seul système qui fonctionne?
L’establishment prétend que le capitalisme est le seul système de société qui fonctionne. La noblesse féodale et les esclavagistes avant elle prétendaient de même à leur époque concernant leurs systèmes. Chaque système fonctionne, il n’existerait pas sinon. Il répond toujours à un certain degré de développement de nos capacités productives. Dès qu’un système de société devient un frein à l’application de savoirs scientifiques et techniques, il provoque le chaos plutôt que le progrès. C’est alors que le moteur de l’histoire se déclenche; la lutte des classes.
Brûler des combustibles fossiles est un gaspillage de richesses livrées par des processus naturels qui ont pris des millions d’années, et c’est catastrophique pour notre environnement.
Nous le savons depuis plusieurs dizaines d’années. Mais depuis ce temps, la recherche scientifique concernant les sources d’énergies alternatives est sabotée par les fameuses ‘’sept soeurs’’, les sept sociétés pétrolières les plus grandes au monde. Des moteurs actionnés par hydrogène, énergie solaire et éolienne, masse bio, etc. sont trop menaçants pour leurs profits. Au lieu d’orienter la recherche vers les énergies renouvelables, elle a pratiquement été exclusivement consacrée au développement du nucléaire ‘’bon marché’’. Avec la ponctualité d’une horloge, nous sommes rappelés à la réalité des dangers de cette technologie.
Ce n’est pas une surprise si la demande d’énergie augmente. On aurait pu investir depuis longtemps pour des économies d’énergie et dans le développement de sources d’énergie renouvelables. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne le capitalisme.
Les investisseurs privés ne sont intéressés que s’ils peuvent récupérer à cout terme leur investissement, avec une bonne marge de profit. C’est valable pour les mesures d’économies d’énergie et pour l’énergie renouvelable tout autant que pour les combustibles fossiles plus difficiles à extraire, par exemple. Avec la spéculation, le manque d’investissements pour garantir une offre suffisante a été à la base de la forte envolée des prix du pétrole, jusqu’à atteindre 147$ le baril, il y a deux ans. La récession a fait retomber la demande et le prix, mais le problème a continué à proliférer. La perversité du capitalisme s’exprime dans la réaction des ‘‘marchés’’ face aux insurrections démocratiques contre les dictateurs corrompus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les ‘‘marchés’’ craignent que la démocratie menace l’approvisionnement en pétrole. Au cas où la dictature en Arabie-Saoudite succomberait elle aussi, un prix de 200$ ou plus est à l’horizon pour le pétrole. Pour l’économie capitaliste mondiale, cela équivaudrait à une crise cardiaque.
Les prix de l’énergie et de l’alimentation en hausse en Belgique
Cette perversité du capitalisme échappe à ceux qui plaident pour la mise sous curatelle de l’indexation salariale en Belgique. Ils savent que les prix du pétrole et de l’alimentation sont en hausse partout dans le monde, ce qu’ils n’expliquent pas par le capitalisme, mais comme quelque chose qui nous tombe dessus tel un phénomène naturel. Ce ‘‘phénomène naturel’’ s’infiltre en Belgique. Les prix de l’énergie et de l’alimentation, surtout, ont augmenté en flèche ces derniers temps. Sans produits liés à l’énergie – le fuel, le diesel, le gaz et l’électricité – l’inflation serait plus basse de moitié.
La bourgeoisie belge préfère couper dans l’investissement pour le renouvellement de la production. Aujourd’hui, elle se trouve à la queue du peloton en termes d’investissements dans la recherche et le développement. Nos politiciens en sont le parfait miroir. Depuis des années, ils économisent sur les investissements nécessaires dans l’entretien des routes, des bâtiments scolaires, de l’infrastructure ferroviaire, etc.
Nous en subirons les conséquences des années encore. ‘’Si la politique énergétique de nos autorités ne change pas immédiatement, des coupures d’électricité se produiront, littéralement’’. C’était la conclusion d’une récente émission de Panorama. ‘’La Belgique manque d’électricité parce que nos gouvernements ont fait construire trop peu de centrales et parce que le réseau à haute tension qui devrait importer du courant supplémentaire n’a pas la capacité de répondre à la demande.’’ Mais GDF Suez, la maison mère d’Electrabel, a réalisé l’an dernier un profit record de 4,62 milliards d’euros.
Le secteur de l’énergie n’est pas le seul à manier des marges de profits indécentes. Selon le rapport annuel de l’observatoire des prix, les hausses des prix des matières premières mènent à des adaptations de prix exagérées en Belgique. En plus, cela n’est qu’à peine corrigé lorsque les prix des matières premières reculent. Toutes les chaines de supermarchés le font. Ce sont les prix des produits de base tels que les pommes de terre, les oignons, le fuel et le gaz qui haussent fortement. Des marchandises moins couramment achetées, comme les télévisions à écran 16/9e ou les PC, ont vu leur prix baisser.
Indexation des salaires, un acquis du mouvement ouvrier
Il existe des moyens de tempérer les caprices de la nature et du système capitaliste. La classe ouvrière en a arraché plusieurs durant le siècle précédent. Ainsi, après la révolution Russe de 1917 et la vague révolutionnaire qu’elle a engendrée, un index des prix à la consommation a été obtenu dès 1920 en Belgique. A l’origine, seul un nombre limité de conventions collectives avaient introduit l’indexation automatique des salaires. Mais après chaque grande grève, ce nombre s’est élargi.
Dans son Programme de Transition de 1938, Trotsky plaidait en faveur de l’échelle mobile des salaires, l’appellation contemporaine de l’adaptation automatique des salaires au coût de la vie, afin de protéger les foyers des travailleurs de la pauvreté. Parallèlement, il plaidait aussi pour l’introduction d’une échelle mobile des heures de travail, où l’emploi disponible est partagé entre tous les travailleurs disponibles, cette répartition déterminant la longueur de la semaine de travail. ‘’Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu’avec l’ancienne semaine de travail. La “possibilité” ou l’ “impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux toute la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste.’’
Après la deuxième guerre mondiale, le rapport de forces était favorable au mouvement ouvrier. Le système a graduellement été introduit dans tous les secteurs. Mais comme toute victoire du mouvement ouvrier, cet acquis aussi a été attaqué dès que le rapport de forces a commencé à se modifier. En 1962, le ministre des affaires économiques, Antoon Spinoy (PSB !) a essayé de retirer de l’index la hausse des prix des abonnements sociaux pour le transport public. En 1965, ce même gouvernement a à nouveau essayé, cette fois-ci avec le prix du pain. En 1978, de nouveau avec le PSB, le gouvernement a réussi à remplacer les produits de marques compris dans l’index par des produits blancs. En mars 1976, la loi de redressement de Tindemans – Declercq a aboli l’indexation pour la partie du salaire supérieure à 40.250 francs belges (1.006,25 euros). Cette mesure sera retirée en décembre, suite à la résistance de la FGTB.
La victoire du néolibéralisme à la fin des années ’70 et au début des années ’80 a conduit à des attaques systématiques contre le mécanisme de l’indexation. Le gouvernement de droite des libéraux et des chrétiens-démocrates a appliqué trois sauts d’index entre 1984 et 1986. A trois reprises, donc, l’indexation des salaires n’a pas été appliquée. Ceci continue encore aujourd’hui à agir sur les salaires. En 1994, le gouvernement de chrétiens-démocrates et de sociaux-démocrates a retiré le tabac, l’alcool et l’essence de l’index ‘’santé’’. Depuis, dans divers secteurs, des accords collectifs all-in et saldo ont été introduits. Ces accords neutralisent en partie l’effet de l’indexation des salaires.
La Belgique est-il le seul pays où s’app lique l’indexation automatique des salaires ?
Dans certains secteurs de l’industrie aux États-Unis et en Grande-Bretagne, de tels accords étaient largement répandus jusqu’en 1930. En Italie, cela a été introduit dans les années ’70, mais a, depuis, été partiellement aboli. Au Brésil, au Chili, en Israël et au Mexique, l’indexation salariale a été abolie cette dernière décennie.
Aujourd’hui, l’indexation automatique des salaires ne s’applique plus qu’en Belgique et au Luxembourg. A Chypre, elle existe aussi, mais ne s’applique pas à tous les travailleurs. En Espagne, au Portugal, en Finlande, en Italie, en Pologne et en Hongrie, des mécanismes d’indexation salariale sont repris dans des accords de secteurs où dans des contrats individuels. En France, en Slovénie et à Malte, les salaires minimaux sont indexés.
D’abord produire, ensuite partager
Dans leurs attaques contre l’indexation automatique, les politiciens et les économistes bourgeois accentuent toujours qu’il faut ‘’d’abord produire les richesses avant de pouvoir les partager’’. Il faut raconter cela au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ! Tant Moubarak que ses fils Gamal et Alaa sont milliardaires. De l’ancien dictateur Tunisien Ben Ali et sa famille, il est connu qu’il dispose d’une fortune immobilière correspondant à une valeur de 3,7 milliards d’euros en France uniquement. Les barons du textile belge qui ont massivement délocalisé vers la Tunisie dans les années ’70 y sont devenus indécemment riches. Combien de richesses faut-il avant que le partage ne commence ?
Ce n’est pas de cela qu’ils parlent, mais bien des effets soi-disant pervers de l’indexation de salaires. Ainsi, l’indexation créerait selon Thomas Leysen dans Le Soir du 19 mars, une perception erronée de la marge salariale. L’économiste Geert Noels appelle cela ‘’le handicap concurrentiel automatique’’. Pour le professeur en économie Joep Konings (KULeuven) l’indexation automatique protège les habituels bien payés, mais complique l’accès aux emplois pour ceux qui n’en ont pas, puisque les entreprises seraient plus prudentes avant de recruter: ‘’Abolir l’indexation salariale automatique serait donc une mesure sociale.’’ Il rajoute qu’il faut l’accompagner de l’abolition de l’indexation des allocations sociales, au risque de voir la différence entre travailler ou ne pas travailler se réduire.
Unizo, l’organisation des petits patrons en Flandre, plaide en faveur de ‘’quelques sauts d’index’’. Le professeur Peersman (UGand) veut annuellement adapter le salaire aux objectifs de la Banque Centrale Européenne. Son collègue De Grauwe (KULeuven) veut retirer le coût de l’énergie importée de l’index. Wivina Demeester, ancienne ministre CD&V, plaide pour une indexation en chiffres absolus au lieu de pourcentages. Mais selon De Grauwe, cela rendrait le travail non qualifié relativement plus cher et aurait par conséquent un effet non souhaitable. La Banque Nationale s’en tient à mettre en garde contre une spirale salaire-prix où des hausses de prix entraineraient des augmentations salariales qui seraient compensées par de nouvelles hausses de prix et ainsi de suite. Ce n’est pas un nouvel argument. Elle veut nous faire croire que lutter pour des augmentations salariales n’a pas de sens.
Marx a déjà répondu à ces argument il y a 150 ans dans sa brochure ‘’Salaire, prix, profit’’ En réalité, le patron essaye d’empocher lui-même une partie aussi grande que possible de la valeur que nous avons produite. La peur de l’inflation n’a jamais freiné les patrons à empocher le plus de profits possibles. Avec un profit à hauteur de 16 milliards d’euros, une hausse d’un tiers comparée à 2009, les plus grandes entreprises belges disposent à notre avis de beaucoup de marge. En plus, des dividendes sont royalement versés aux actionnaires. Le producteur de lingerie Van de Velde, pour donner un exemple, a versé en 2010 quelque 70% du profit réalisé à ses actionnaires. Même en pleine crise, en 2009, les patrons des entreprises du Bel 20 s’étaient accordés en moyenne une augmentation salariale de 23%.
Contrôles des prix
Il n’y a rien à reprocher aux travailleurs en Belgique. Nous sommes toujours parmi les plus productifs du monde, loin devant nos collègues des pays voisins. Grâce à notre mécanisme d’indexation, la demande intérieure a mieux résisté à la crise de 2009 que dans d’autres pays, y compris en Allemagne. La contraction économique et le recul des investissements ont été moindres, tout comme la hausse du chômage. A l’époque, tout le monde a reconnu que c’était dû aux prétendus stabilisateurs automatiques, ce qui fait référence à la sécurité sociale et au mécanisme d’indexation.
Nos prix de l’énergie sont largement plus élevés que ceux pratiqués à l’étranger. Des profits énormes sont drainés vers les poches des actionnaires, qui ne se trouvent d’ailleurs pas tous en France. De plus, en Belgique, l’industrie est très dépendante de l’énergie, mais là aussi on investit à peine dans une utilisation rationnelle de l’énergie. Nulle part ailleurs en Europe autant de voitures d’entreprises ne sont utilisées à titre de compensation salariale afin d’éviter des charges sociales. En comparaison des pays voisins, il y a en Belgique très peu de logements sociaux. Nos bâtiments résidentiels, tout comme nos bâtiments scolaires vieillis, sont extrêmement mal isolés et souvent encore chauffés au fuel, d’où les plaidoyers pour des contrôles transparents sur les prix.
Le SP.a vise en premier lieu les prix de l’énergie. Le PS veut s’attaquer à l’inflation par des contrôles des prix d’au moins 200 produits. Nous sommes un peu étonnés que personne n’ait encore proposé d’introduire, à côté de la norme salariale, une norme des prix, où les prix ne pourraient monter plus que la moyenne pondérée des prix pratiqués dans nos pays voisins. Pour beaucoup de gens, le contrôle des prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu. Au Venezuela, Chavez a également introduit des contrôles des prix sur les denrées alimentaires, mais les rayons sont presque vides. Morales en Bolivie s’est heurté à une grève des employeurs lorsqu’il a voulu bloquer les prix des tickets de bus. Les propriétaires ont organisé un lock-out.
Nous ne croyons pas que cela se produirait facilement en Belgique, ni pour l’alimentation, ni pour les loyers, ni pour l’énergie. Mais la leçon à tirer est qu’il est impossible de contrôler la distribution sans que l’autorité reprenne également la production en main, en assurant que le revenu du petit producteur soit garanti. Les contrôles des prix sont en fait une forme de contrôle des profits. Les entreprises privées essayeront de restaurer leur marge de profit aux dépens des travailleurs et si cela échoue, ils menaceront de délocaliser ou de stopper les investissements prévus.
LE PSL TROUVE QUE LES TRAVAILLEURS N’ONT PLUS À PAYER LA CRISE PROVOQUÉE PAR DES SPÉCULATEURS
- Pas touche à l’indexation automatique, pour le rétablissement complet de l’index. Liaison au bien-être de toutes les allocations.
- Pas d’allongement du temps de travail, mais une semaine de travail de 32 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, pour que le travail disponible soit réparti entre tous. Cela peut s’accompagner de crédit bon marché aux indépendants et de subsides salariaux sur base de coûts prouvés.
- Ouverture des livres de comptes de toutes les grandes entreprises afin de contrôler leurs véritables coûts, les profits, les salaires des directions et les bonus.
- Nationalisation du secteur énergétique sous contrôle des travailleurs et sous gestion des travailleurs eux-mêmes, pour être capables de libérer les moyens afin d’investir massivement dans l’énergie renouvelable et l’économie de l’énergie.
- Pour le monopole d’État sur les banques et le crédit sous contrôle démocratique de la communauté. Au lieu de devoir supplier les directions des banques afin d’obtenir du crédit, le public pourrait alors planifier les investissements publiques nécessaires aux besoins réels de la population.
- Pour une société socialiste démocratiquement planifiée et pour rompre avec le chaos capitaliste