Tag: Irlande

  • Irlande : Campagne contre la ‘‘Household Tax’’

    Le gouvernement irlandais veut instaurer une ‘‘Household tax’’, soit un impôt foncier de 100 euros sur chaque maison et est la suite logique de la précédente taxe sur l’eau. Avec cette taxe, un pensionné ou un travailleur précaire devra débourser exactement la même chose qu’un millionnaire ! C’est tout particulièrement dégueulasse dans le contexte actuel de l’Irlande. Ce nouvel impôt n’a absolument rien à voir avec l’amélioration des services proposés par les collectivités locales, il ne s’agit que de continuer de saigner les travailleurs et leurs familles pour payer le renflouement des banques.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    En Irlande, chacun sait fort bien que cet impôt commencera à 100 euros, mais grimpera implacablement si nous nous laissons faire. L’Economic Social and Research Institute (un think tank influent en Irlande) réclame que cette taxe se poursuive pour des années et des années, son principal économiste, John Fitzgerald, allant même jusqu’à dire qu’il ne s’agit là que d’un ‘‘début’’ et qu’il va falloir augmenter cette taxe jusqu’à 800 euros en plus d’une taxe sur l’eau de 500 euros.

    La vie quotidienne devient déjà intolérable en Irlande avec les nombreuses coupes salariales, l’augmentation des taxes ou des hypothèque,… Jusqu’où cela peut-il encore aller ?

    Balayant toutes leurs promesses électorales, le Fine Gael (centre-droit) et le Parti Travaillsite (la coalition au pouvoir depuis les récentes élections) veulent totalement collaborer aux diktats de l’Union Européenne, de la Banque Centrale et du Fonds Monétaire International. Pour la population, cela signifie de faire face à de nouvelles mesures d’austérité. Cette politique, en plus des licenciements et du chômage, qui se mène depuis déjà un moment et qui consiste à pomper les moyens des ménages, a fait chuter la consommation personnelle de 13 milliards d’euros en 3 ans dans le pays. L’austérité cause des ravages à travers l’Europe, elle ne fera qu’empirer la crise et de garantir la faillite.

    Can’t Pay! Won’t Pay!

    Ce nouvel impôt n’est pas une fatalité. Nous pouvons le vaincre, mais uniquement avec une campagne de non-paiement de la taxe construite par la base, avec l’implication réelle de la population, dans chaque secteur de la société. Le Socialist Party (parti-frère du PSL en République irlandaise) plaide en ce sens. Dans les années ‘90, le Socialist Party avait dirigé une campagne similaire, l’Anti Water Charges Federation, contre une taxe sur l’eau, une campagne couronnée de succès.

    La construction de cette campagne massive de non-paiement, y compris aux tribunaux et par une opposition politique résolue, avait alors forcé le gouvernement de l’époque de supprimer cette taxe. Les élections partielles de 1996 à Dublin West étaient devenues un véritable referendum sur cette question, l’establishment politique avait été profondément ébranlé. Joe Higgins s’y était présenté et n’avait raté son élection que de peu (il fut élu au Parlement l’année d’après).

    Le ministre Bruton a déclaré que cette taxe n’était ‘‘que de 100 seulement’’. Cette somme constitue déjà un fardeau actuellement pour les ménages irlandais, et elle grimpera au delà des 1.000 euros très vite, la troïka européenne ayant exigé de nouveaux impôts de ce type pour les deux années à venir. Le gouvernement ne fait en fait que tâter le terrain pour l’instauration de nouvelles taxes, plus lourdes, à l’avenir. Si cette Household Tax est facilement acceptée, le gouvernement se sentira plus confiant pour poursuivre cette politique, et l’amplifier. Construire une campagne massive de non-paiement maintenant, c’est aussi rendre plus difficile l’application d’autres attaques par la suite.

    Ne nous laissons pas intimider!

    Le gouvernement fera tout pour forcer la population à céder, avec la menace d’amendes draconiennes et de condamnations aux tribunaux. Cela contraste violement avec l’attitude très douce adoptée par les autorités face aux criminels en col blanc millionnaires qui ont détruit l’économie ! Aucun banquier ou homme d’affaire n’a été inquiété. En construisant une puissante campagne de désobéissance civile de masse, implantée dans chaque région, la solidarité peut donner confiance aux ménages pour s’unir et maintenir leur refus de payer cette taxe. Il est impossible de tirer des milliers de personnes devant les tribunaux.

    Opposition politique

    Le Parti Travailliste est maintenant du côté du Fine Gael et du Fianna Fail (centre droit) pour soutenir l’instauration de taxes qui frapperont les ménages – en dépit des différentes annonces dans les médias durant la dernière campagne électorale. Il faudra se souvenir de cette trahison cynique tandis que les politiciens travaillistes qui disent s’opposer à cette taxe tout en restant bien tranquille au sein du Parti Travailliste ne sont que de vulgaires opportunistes. Le Sinn Fein a déclaré qu’il s’opposait à la Household Tax, mais a malheureusement décidé de ne pas mettre ses ressources et ses moyens derrière une campagne de non-paiement, qui reste la seule façon de mettre en échec cette véritable escroquerie. Ceci décevra sans doute beaucoup d’électeurs du Sinn Fein.

    Le Socialist Party / United Left Alliance est le seul parti qui propose clairement le boycott et est actif dans la construction d’une campagne nationale, indépendante et basée sur une implication active de la population. Notre expérience dans ce type de campagne est par ailleurs unique dans le pays.

    En dépit de la propagande quotidienne des médias traditionnels, il existe de grandes richesses inexploitées en Irlande. Le pays n’est pas s’est pas brisé. L’Irlande reste en 6e position sur les 27 pays de l’Union Européenne en termes de richesse financière. Naturellement, cette richesse est concentrée dans quelques mains seulement. La Banque Centrale a rapporté qu’en mai 2011, il y avait quelque 120 milliards d’euros en dépôt dans les banques irlandaises – pourquoi ne pas instaurer un impôt sur la fortune plutôt que de faire subir de nouvelles taxes à la population et de prendre en otage notre enseignement et nos services de santé ? Les ressources naturelles de gaz et de pétrole pourraient également être exploitées au profit de la société irlandaise, plutôt que pour une ou deux multinationales.

    • Résistance croissante contre la politique antisociale en Irlande (Août 2011)
    • Irlande : Retour sur les dernières élections générales (28 mars 2011)
    • Première réunion du nouveau Parlement irlandais: L’opposition de gauche se fait entendre (10 mars 2011)
    • Irlande: L’opposition de gauche entre au Parlement (27 février 2011)
  • Ecole d’été du CIO : Résistance croissante contre la politique antisociale en Irlande

    Lors de l’école d’été du CIO, les deux parlementaires du CIO en Irlande étaient présents, de même que Paul Murphy, député européen, lui aussi élu en Irlande. Ils ont pris part à plusieurs discussions. Lors de la discussion sur l’Europe, Clare Daly (élue au Parlement irlandais dans la circonscription de Dublin-Nord) a pris la parole au sujet de la résistance qui se développe dans son pays.

    Alors que le gouvernement irlandais va partout répéter que l’Irlande n’est pas la Grèce, beaucoup de gens se demandent pourquoi les irlandais ne réagissent pas comme les masses en Grèce. Ils se demandent pourquoi la résistance n’est pas encore plus grande contre cette politique unilatéralement favorable aux banquiers et aux spéculateurs.

    Mais aux élections, la population a voulu punir les dirigeants traditionnels, et le Fianna Faill a connu une descente aux enfers historique. Sur ces dernières 85 années, ce parti a participé au gouvernement durant 65 d’entre elles. Durant des années et des années, ce parti a été le plus grand parti d’Irlande, mais cela est maintenant totalement changé. Dans la capitale, à Dublin, le Fianna Fail a encore un siège, soit la moitié de ce que nous avons obtenu avec le Socialist Party, et un quart de ce qu’a obtenu l’ULA, United Left Alliance, l’alliance que nous avons initiée et qui a en tout remporté 5 sièges au Parlement, dont les deux nôtres. Cette chute du parti historique de l’élite dirigeante exprime la profonde volonté de changement qui vit parmi les couches larges de la population.

    Mais le nouveau gouvernement mène une politique exactement similaire à celle du précédent. Si l’on rassemble l’ancien gouvernement et l’actuel, on obtient 130 sièges sur 166 au Parlement. Il est donc clair que l’opposition à la politique antisociale n’est pas représentée à la mesure de ce qu’elle devrait. D’ailleurs, le nouveau gouvernement a directement perdu du soutien, dès que l’orientation de sa politique ne faisait plus aucun doute. Quant aux dirigeants syndicaux, ce n’est pas eux qui vont tenter de donner une expression au mécontentement populaire. Aux dernière élections, ils ont appelé à voter pour le Labour, le parti travailliste qui est maintenant au pouvoir, et ils sont restés pieds et poings liés à la logique parlementaire, ils n’ont rien organisé.

    Le fossé est gigantesque entre la volonté des masses de faire quelque chose et l’étape actuelle de construction d’une voie de sortie. Les masses refusent de payer pour la crise, mais ne voient pas bien comment concrétiser cette volonté. En Irlande, il y a actuellement un demi-million de chômeurs, et un quart de la population dispose à peine de 20 euros par semaine après avoir payé ses besoins de base. Malgré cette situation de crise, le nombre de millionnaires en Irlande a augmenté de 2000 personnes depuis le début de la crise: la polarisation des richesses est énorme. Entre les travailleurs très mal payés et les chômeurs, ceux qui vivent bien dans le pays constituent une minorité.

    Les partis qui constituent le gouvernement actuel avaient promis de diminuer le rythme des économies. Ils ont menti. Des coupes d’austérité supplémentaires arrivent maintenant dans la santé publique et dans l’enseignement. Contre cela, la résistance se développe, et il y a par exemple eu des milliers de manifestants contre la fermeture d’hôpitaux locaux. A titre d’exemple, le Premier ministre n’a pas pu aller regarder un match de football de l’équipe locale de son district électoral, les supporters de l’équipe adverse s’étant mobilisés pour exprimer leur mécontentement concernant la fermeture d’un hôpital dans leur quartier au cours du match.

    Le gouvernement n’a pas encore 100 jours, mais un de ses membres a déjà démissionné. C’est un gouvernement très instable. Ce n’est que le début, à l’automne, le gouvernement devra appliquer les mesures du FMI, faites de coupes sévères: impôts sur le logement, santé, éducation,… Il rencontrera la résistance des masses.

    Dans la période à venir, ce que l’ULA va pouvoir construire comme campagne sera un élément crucial. Il est nécessaire de développer une forte opposition de gauche sur le plan politique également. Le Sinn Fein, par exemple, a toujours été contre les coupes en paroles, mais n’a jamais rien fait pour organiser la résistance. Notre parti, le Socialist Party, est directement responsable de cette organisation, et nous l’avons déjà démontré, notamment lors de précédentes attaques dans l’enseignement spécialisé. Nous avons concrètement mobilisé avec les parents des patients et le personnel contre la réduction de budgets dans l’enseignement spécialisé. Beaucoup de parents ou de professeurs étaient véritablement en colère de voir le gouvernement s’en prendre ainsi aux plus faibles, mais ils ne savaient pas bien comment organiser ce mécontentement. Nous avons pris l’initiative de lancer une plate-forme et une manifestation avec eux, ainsi qu’avec d’autres parlementaires indépendants, et 1.000 personnes ont ainsi défilé au Parlement. Cela peut constituer une bonne base pour une large campagne sur ce thème.

    En septembre, de nouvelles actions suivront. Le gouvernement poursuivra ses attaques, et nous assurerons que l’hiver prochain sera un hiver de résistance.

  • Ecole d’été du CIO – Europe: Développement de la crise économique, sociale et politique

    Cette crise est la plus sévère depuis des décennies et la nouvelle génération qui participe maintenant aux luttes arrive au moment des mobilisations de masse en Tunisie, en Égypte, en Espagne, en Grèce,… Cette nouvelle génération peut aujourd’hui écrire l’histoire. Aucun pays d’Europe n’est pas affecté par ces évènements.

    Résumé de l’introduction à la discussion de Peter Taaffe

    La période que nous connaissons est faite de changements abrupts. Dans tâches qui, avant, se concevaient sur quelques années se produisent maintenant en quelques semaines, voire en quelques jours.

    Aujourd’hui, la Grande-Bretagne n’est pas le pays le plus avancé sur le terrain de la lutte des classes, mais ce qui se produit avec Rupert Murdoch intéresse les masses, et la situation est certainement plus profonde qu’au moment du Watergate aux USA à la fin des années ’60. Ce scandale touche le plus grand géant des médias au monde, et éclabousse le monde politique, il met à nu la conspiration capitaliste qui uni les médias, les politiciens et les grands patrons. Cela a bien entendu toujours existé mais, là, ce fait est démontré au grand jour, aux yeux de tous les britanniques et ailleurs. Cela peut entraîner la chute de l’empire Murdoch, mais aussi celui du gouvernement Cameron. Murdoch n’a même pas de considération pour son propre système. Il a dit au Parlement britannique que son modèle est celui de Singapour, un pays où la répression envers le mouvement ouvrier est très grande, et le salaire d’un parlementaire de un million de livres par an. C’est une véritable provocation. Murdoch a aussi été impliqué dans la surveillance de nos camarades à l’époque de la lutte contre la Poll Tax en Grande Bretagne, ainsi que dans la campagne contre le militant de gauche radicale écossais Tommy Sheridan.

    Le point le plus important de cette discussion, c’est la crise économique. Les bourgeois craignent énormément la généralisation de la situation de la Grèce, de l’Espagne,… à tous les pays d’Europe. Ces évènements valident une fois de plus la théorie de la Révolution Permanente du révolutionnaire russe Léon Trotsky. Nous avons vu les événements passer très vite d’un pays à l’autre. Nous aborderons le Moyen Orient et l’Afrique du Nord dans une autre discussion, mais il est clair que cela a influencé et enthousiasmé les luttes à travers le globe. Et alors que certains affirmaient que la lutte de classe n’existait pas en Israël, nous assistons maintenant à des luttes et à des occupations de place en Israël également. (Depuis lors, quelque 150.000 employés municipaux israéliens ont été en grève, en solidarité avec la contestation contre l’explosion des prix des logements. Le pays vient de connaître les plus grosses mobilisations de son histoire, NDT).

    Il n’y a pas de voie de sortie aisée pour la crise des capitalistes, et des mouvements tel que celui des Indignés ne vont pas stopper maintenant. La politique de la bourgeoisie n’a jusqu’à présent pas marché du tout. Les injections de liquidités ont pu stabiliser la situation, sans créer les conditions pour un nouveau développement sain. Obama avait comparé cela au débat avec le new deal de Roosvelt, mais ses injections n’ont eu pour but que de sauver les institutions financières et bancaires, alors que le New Deal était composé d’un minimum d’investissements dans l’économie réelle (infrastructure,…). Là, les plans de sauvetage ont entraîné des plans de licenciements un peu partout, ce qui a amplifié les problèmes.

    Cette crise n’est pas cyclique, elle est systémique. C’est le système lui-même qui est en crise. Bien sûr, il n’y a pas de crise finale du capitalisme tant que la classe ouvrière ne prendra pas le pouvoir. Le capitalisme trouvera toujours un moyen de sortie sans cela, y compris vers un scénario ‘‘à la Mad Max’’, comme on peut le voir actuellement au Mexique avec la ‘‘guerre de la drogue’’.

    Ce qu’on voit aujourd’hui en Grèce avec la destruction des conditions de vie sans que la situation ne s’améliore doit servir de modèle pour la classe ouvrière des autres pays: le capitalisme n’a rien d’autre à nous offrir.

    Plusieurs données permettent de voir que nous sommes dans une situation pire que dans les années ’30. Certains économistes disent d’ailleurs que le modèle à prendre en compte aujourd’hui n’est pas la crise des années ’30, mais la grande dépression de la fin du XVIIIe siècle. Certains salaires ont été descendus jusqu’à 600 voir 500 euros par mois.

    Aujourd’hui, la Grèce illustre le mieux la crise et le potentiel pour la classe ouvrière. On dit qu’il y a une rémission depuis 2009 au niveau économique, le problème, c’est que personne ne l’a remarqué, et certainement pas la classe ouvrière ! Partout en Europe, cette dernière subit des attaques. La production industrielle a à peine augmenté de 0,4% en Grande Bretagne, de 0,2% en France, et elle décroit en Grèce ou en Espagne. L’Allemagne constitue une exception, elle a encore une bonne base industrielle, et en termes de machines et d’outils, la Chine est une bonne destination pour les exportations, mais la Chine peut s’enfoncer dans la crise. Il n’existe aucune source de stabilité. Le capitalisme mondial va très certainement expérimenter une nouvelle chute de l’économie. Après avoir un peu remonté, la chute sera dure, et c’est déjà ce qu’expérimentent plusieurs pays européens.

    La dette mondiale est de 2,6 fois le PIB mondial, soit deux fois plus qu’après la crise de 29. Au niveau de l’emploi, on est face à un chômage de masse de longue durée. Aux USA, le nombre de chômeurs actuels est bien plus important que dans les années ’30 (en pourcentage, officiellement 10%, plus probablement 20%). Dans certains pays, comme l’Espagne, le taux de chômage chez les jeunes atteint les 40%. Même en grande Bretagne, on estime qu’il y a 800.000 travailleurs qui n’ont pas travaillé depuis au moins un an. Dans les entreprises, c’est l’occasion d’une offensive pour les patrons. Une entreprise a ainsi licencié tous ses travailleurs, pour les réengager de suite avec de moins bonnes conditions de travail. Un hôpital où nous avons des camarades, en Angleterre, connaît des contrats ‘‘O heures’’, où c’est le patron qui décide du nombre d’heurs de travail.

    Les bourgeois n’ont qu’une réponse: augmenter l’austérité et planifier la pauvreté. Le phénomène de l’appauvrissement constant de la classe ouvrière de Marx se vérifie. Marx n’a jamais dit que c’était linéaire, il reconnaissait que c’était possible pour la classe ouvrière de voir ses conditions de vie s’améliorer avec une croissance économique, mais que la tendance générale était à l’appauvrissement.

    La tendance générale est à l’inflation, avec une tendance à la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole, ce qui alimente la colère des masses. La situation de paquets de stimulants, de plans de relance, vont accélérer cela, et l’on risque de se retrouver dans une situation de stagflation, où la stagnation économique se conjugue à une grande inflation.

    La Grèce est actuellement le maillon le plus faible du capitalisme européen, mais c’est l’avant-garde du mouvement ouvrier en Europe. Il y a eu 11 grèves générales depuis le début de la crise, et la jeunesse s’implique massivement. Au Portugal, il y a eu une manifestation de plus de 200.000 personnes sous le slogan ‘‘ce pays n’est pas un pays pour les jeunes’’, ça aurait été mieux s’ils avaient parlé du système, bien sûr, mais c’est un pas en avant. Le mouvement des indignés est clairement inspiré par les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient. La Grèce connaît pas mal d’éléments d’une situation prérévolutionnaire. L’Espagne et le Portugal aussi, mais peut-être pas à ce point. Pour l’Irlande, qui est en dépression constante, cela est moins le cas. La conscience des masses n’est pas gravée dans les esprits, elle découle de la situation générale, et des sauts de conscience sont à prévoir.

    Dans ce contexte, les opportunités qui s’offrent aux révolutionnaires marxistes vont augmenter. Nos camarades, partout dans le monde, ont préservé un noyau, un parti international qui va pouvoir sérieusement démontrer ce dont il est capable dans la période à venir. L’Irlande est un exemple de ce que nous pouvons faire quand la situation s’ouvre, avec les initiatives que nous avons prises, notamment autour de l’ULA (United Left Alliance, liste de gauche que nous avons initiée, et qui a remporté cinq élus aux dernières élections, dont deux de nos camarades, NDT). Comparons cela au NPA en France, ou au Bloco au Portugal. Durant des années, nous avons été à contre courant, c’était difficile mais, maintenant, la situation s’ouvre. La Grande Bretagne n’est pas immunisée à ce processus. En février, 750.000 personnes ont défilé dans les rues de Londres, et la grève du secteur public en juin était la plus grande depuis 20 ans. Même en Chine, l’augmentation des révoltes de masse pose la question de la révolution, mais dans un sens général et pas encore directement, dans un contexte de répression gigantesque. En Grèce aussi, la répression est aussi énorme. La facture de gaz lacrymogènes doit au moins être aussi grande que la dette du pays!

    Trotsky décrivait les bourgeois comme des gens aveugles, s’avançant vers le précipice. On est dans cette situation aujourd’hui, la bourgeoisie ne sait pas quoi faire. Les partis traditionnels bourgeois sont en crise profonde, ce qui affecte aussi les dirigeants syndicaux. Aujourd’hui, du point de vue social, pas encore politique, les masses sont massivement à gauche des organisations de gauche. Quand les politiciens bourgeois parlent de la crise de l’idéologie, c’est la crise de leur idéologie, mais le problème est qu’il n’y a pas encore d’alternative. En Grèce, 80% des sondés d’une étude ont dit que la société va dans le mauvais sens, mais 47% disent qu’aucun parti ne les représente.

    Mais même dans le pays le plus calme d’Europe, la Norvège, l’extrême droite peut faire des choses, comme nous l’avons vu avec les attentats d’Oslo. Il en va de même pour Marine Le Pen, qui a même apporté son soutien à la jeune immigrée victime de l’agression de DSK. Elle a aussi attaqué les syndicats, qui ne défendent plus les travailleurs selon elle. Cela veut dire que l’extrême-droite doit avoir un fort contenu social pour être capable de capitaliser sur la situation, et c’est en soi une indication intéressante, qui illustre la nécessité de construire de nouveaux partis larges pour représenter la classe des travailleurs, tout en défendant fermement les idées du socialisme.

    Le rejet de la politique dans le mouvement des Indignés, c’est le rejet de la politique bourgeoise. Des groupes de gauche radicale se sont cachés pour intervenir dans le mouvement, et ont stoppé de se présenter comme des organisations politiques, une attitude opportuniste. Cette haine est profonde, mais aussi saine dans le sens où elle s’exprime contre les politiciens, y compris des anciens partis de gauche, et contre les dirigeants syndicaux. Il fallait construire là dessus. Nous sommes toujours ouvertement intervenus, sans connaître de rejet complet, mais bien des difficultés.

    Pour la suite, le mouvement ne peut pas exister sans appui réel de la classe ouvrière. Le mouvement de la classe ouvrière ne va pas se développer de manière linéaire. Il y aura des défaites, des retraits, et une organisation révolutionnaire est également testée à sa manière de gérer les reculs. Il peut y avoir des éléments de désespoir dans la jeunesse aujourd’hui, certainement dans une situation de chômage de masse. ‘‘Soit on se bat, soit on s’enfuit.’’ Une partie de la jeunesse en Espagne ou en Grèce essaye d’ailleurs d’émigrer, mais dans une période de crise généralisée et globale, l’émigration ne constitue pas une véritable alternative.

    Concernant le défaut de paiement de la Grèce, c’est une discussion que nous avons depuis un moment au CIO. La classe capitaliste européenne fonce contre la classe capitaliste grecque. Dans la crise de l’Argentine, le choc entre les masses et l’élite a été très rapide. Le président s’est enfui en hélicoptère, un peu comme la fuite de Saigon en ‘75. Des éléments similaires peuvent se produire. L’Argentine était un des principaux pays dirigeants de l’Amérique latine, maintenant, ce n’est plus rien. Cette crise de la dette grecque est une crise d’une monnaie qui a refusé une fiscalité unique. Certains disaient que l’euro allait conduire à une sorte d’Etats-Unis d’Europe. Il est clair que les Etats capitalistes ont besoin d’être organisés collectivement, la production actuelle s’organise au moins à l’échelle d’un continent. Mais seule la classe ouvrière est capable d’organiser l’Europe sur une base socialiste et démocratique. Les contradictions entrent les différentes bourgeoisies nationales sont trop fortes.

    Il reste encore la question de l’environnement, qui est une part importante de nos actions, comme nous l’avons vu en Allemagne avec le mouvement contre le nucléaire ou ‘‘Stuttgart 21’’. Cette question est destinée à devenir plus importante. Nous avons beaucoup de chiffres sur les conditions de production de voiture en Chine par exemple, en 2018, la Chine se retrouverait à produire autant que le reste du monde en 2000.

    En France, la situation est plus calme. Sarkozy peut être battu par Hollande ou Aubry, et on a suggéré un moment qu’il aurait pu être dépassé au premier tour par Marine Le Pen, c’est une expression du chaos politique, un phénomène qui ne touche pas que la France. En Belgique, il n’y a toujours pas de gouvernement réel, mais toujours le gouvernement en affaires courantes. La question nationale est à l’avant-plan de la scène politique, ce que l’on a également pu voir sous l’effet de la crise en Pays basque ou en Écosse. Même en Italie, les forces contestant l’unification italienne se développent. Nous ne sommes pas opposés à la séparation. Mais nous ne devons pas mettre ça en avant tant que ce ne soient les masses qui le fassent.

    Cette période est une période clé pour le CIO. La classe ouvrière entre en action, une nouvelle génération entre en action, c’est à nous de les aider à tirer les leçons des victoires et des défaites du passés, tout en étant réalistes sur les possibilités actuelles. Avec les 30 dernières années d’ossification et de destruction des organisations du mouvement ouvrier, il faudra des années pour reconstruire la conscience suffisante pour clairement engager l’assaut contre le capitalisme.

    Aujourd’hui, 3 multinationales contrôlent 90% du commerce international de grains et 500 milliardaires dominent la planète. La misère et la pauvreté ne peuvent être stoppées sans lutter contre ce système pourri. Il en va aussi de l’intérêt de notre environnement. La lutte pour le socialisme et une économie démocratiquement planifiée est une nécessité de la plus haute importance. Sans cela, le genre humain va au devant d’une grande catastrophe.

  • Ecole d’été du CIO – Joe Higgins : L’opposition à la dictature des marchés se développe

    Lors de l’école d’été du CIO qui s’est déroulé la semaine dernière, une discussion a été consacrée à la situation en Europe. En attendant un rapport de cette session plénière, voici ci-dessous l’intervention de notre camarade Joe Higgins, député du Socialist Party (CIO-Irlande) au Parlement irlandais.

    La crise du capitalisme européen est en préparation depuis des décennies et est le résultat de contradictions internes. Les nouvelles législations financières ont été mises en place dans la seconde moitié des années ’70, mais se sont renforcées après la crise de 1986. Dans les deux décennies qui ont suivi, la dérégulation et la mondialisation se sont extrêmement développées.

    En fait, il s’agissait d’une tentative de la bourgeoisie d’augmenter leurs profits avec des constructions financières puisque le profit dans la production n’était plus garanti de la même manière. En fait, ce processus avait déjà été expliqué par Marx. Cette orgie de spéculation est due au fait que les banques et les Hedges Funds essayaient de faire du profit sur la finance, le meilleur exemple étant les investissements dans les subprimes. La proportion dont le capital européen était devenu fictif est probablement le mieux illustrée par l’Irlande.

    Les banques irlandaises et du Royaume Uni ont investi 70 milliards d’euros vers l’Irlande ce qui, pour un pays de 4,5 millions d’habitants, était une spéculation insensée. Lorsque l’économie tournait encore, c’était surtout aux frais de la classe des travailleurs. Les prix des maisons ont explosé, les prêts hypothécaires sont passés de 20 à 40 ans,… A un certain moment, les prix de l’immobilier ont chuté, c’était le signal d’alarme pour les bourgeoisies européennes.

    La crise qui se développe en Espagne, au Portugal et en Grèce et une confirmation des perspectives précédentes du CIO. Nous avons toujours dit que c’était une folie économique d’imaginer que des économies aussi diverses que celle d’Irlande et d’Allemagne, par exemple, pouvaient être comprises dans un même espace monétaire.

    Maintenant, la réduction du taux pour les prêts accordés à l’Irlande, la Grèce,… est considérée comme une nouvelle extraordinaire. En Irlande: le taux passe de 5,5% à 3,5%, mais le montant des dettes reste le même. En bref, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. Depuis deux semaines, lorsque la nouvelle a été annoncée, le Premier Ministre et le ministre des finances n’ont de cesse de parler de la ”grande nouvelle”. Dans une intervention au parlement irlandais, Joe Higgins les a comparés à des coqs qui crient à chaque bruit pendant la nuit, persuadés que le soleil se lève alors qu’il est encore minuit.

    Tout comme en Grèce, l’austérité et les coupes budgétaires ne résolvent rien, les problèmes continuent à croître. Le scandale autour de Murdoch a révélé aux masses les liens entre médias et politiciens. Mais en Europe, actuellement, la crise expose à des dizaines de millions de personnes la nature pourrie du monde de la finance et du capitalisme. En Grande Bretagne, les gens se demandent comment il est possible d’avoir accordé autant de pouvoir à l’empire Murdoch, sans le moindre contrôle. Au niveau économique, de plus en plus de gens vont également se poser cette question: comment est-il possible de vivre dans une telle dictature des marchés ?

    Partout, l’état d’esprit des masses est bien loin devant celui des dirigeants du mouvement ouvrier.

    Il y a un an, Joe Higgins, encore parlementaire européen à l’époque, avait relaté un meeting de Syriza où il était intervenu. La plupart des idées qu’il avait mise en avant – comme la nécessité d’organiser la résistance à l’échelle européenne avec par exemple une grève générale européenne de 24 heures, ou encore la nationalisation du secteur financier sous le contrôle démocratique de la population – étaient très bien passées. Aujourd’hui, l’approfondissement de la crise a rendu ces solutions encore plus concrètes aux yeux de beaucoup.

    L’establishment européen est responsable de la crise, nous ne devons rien attendre de lui. C’est à nous d’organiser la résistance au niveau européen, et cela va être de plus en plus accepté au fur et à mesure ou la classe des travailleurs sera affectée par la crise. Nous pouvons être confiants : nos analyses et nos idées correspondent de plus en plus à la conscience des masses.

  • Contre la dictature des marchés : de l’indignation à la révolution

    Des années durant, on a voulu nous faire avaler que les mouvements de masses étaient choses du passé, enterrées avec le XXe siècle. Mais l’actualité de ce début d’année 2011 s’est écrite au rythme des révoltes – ou révolutions – de masse en Tunisie, en Egypte, en Grèce, en Espagne,… L’enthousiasme provoqué par ces mobilisations s’est notamment concrétisé par la création de centaines de camps se revendiquant des ‘’indignadas’’ à travers le monde et par des manifestations, notamment le 19 juin, dans pas moins de 35 pays simultanément.

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Cet élément d’internationalisme et de référence aux luttes d’autres pays est un des facteurs parmi les plus frappants de ce puissant processus. La Puerta del Sol a été envahie le 15 mai dernier en référence aux occupations de places en Afrique du Nord et au Moyen-Orient puis, en un second temps, une multitude de camps ‘’d’indignés’’ ont émergés à la surface du globe. Un mois plus tard, le 15 juin, la mobilisation des indignés devant le parlement catalan à Barcelone a forcé les parlementaires à rejoindre l’enceinte du parlement en hélicoptère, un merveilleux moyen pour passer au dessus de la contestation populaire, au sens propre comme au figuré. Le même jour, en Grèce, la pression des masses a ébranlé le gouvernement, avec une grève générale à l’ampleur extraordinaire – et une participation comprise entre 80 et 100% selon les secteurs ! – rejointe par les ‘’indignés’’ grecs qui avaient commencé leurs occupations le 25 mai. La confédération syndicale grecque des secteurs privés et publics a ensuite appelé à une grève générale de 48 heures fin juin.

    Les journalistes et analystes des grands médias et des prestigieuses universités se trouvent souvent démunis face à ces évènements qui ne cadrent pas avec leurs ‘‘nouvelles’’ grilles d’analyses, et atteignent parfois le grotesque. Ainsi, Alain Bertho – professeur d’anthropologie à l’Université de Paris 8-Saint-Denis, ‘’spécialiste’’ de ce genre de thème après s’être fait connaître par un documentaire intitulé ‘’Les raisons de la colère’’ et avoir écrit le livre ‘’Le temps des émeutes’’ – reste malgré toutes ses études totalement surpris par ce mouvement. Lors d’une interview, à la question ‘’Pourquoi cette révolte se produit-elle aujourd’hui de façon simultanée dans plusieurs régions du monde ?’’, il n’a trouvé d’autre répondre que ‘’Alors ça ! Peut-être que les historiens réussiront à l’expliquer.’’ Voyons ce que les militants marxistes ont à dire à ce sujet avec leur ‘‘vieille’’ grille d’analyse basée sur la lutte des classes…

    Un malaise global

    Dans Lutte Socialiste, nous avons déjà eu l’opportunité de développer les causes sociales véritablement à la base du processus révolutionnaire qui a frappé l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et sur lesquelles sont venues naturellement s’ajouter des revendications démocratiques. La logique est ici identique. Derrière le mouvement pour la ‘’démocratie réelle’’ espagnol se trouve un contexte qui se répand et empire à travers le monde, un cocktail détonnant fait de situation sociale catastrophique, d’absence totale de perspectives d’avenir et de partis politiques à la solde de la dictature des marchés.

    En Espagne, il y a actuellement près de cinq millions de sans-emplois (dont 40% des jeunes de moins de 25 ans) et plus de 10 millions de travailleurs engagés dans des contrats précaires et temporaires, avec des salaires inversement proportionnels à l’ampleur de la crainte du lendemain. Cette situation est loin d’être confinée à la péninsule ibérique, comme l’illustrait parfaitement cette jeune femme qui, lors d’une manifestation en Irlande – pays également sévèrement frappé par la crise – portait une pancarte clamant avec angoisse ‘’J’ai émigré d’Espagne, où vais-je maintenant aller ?’’

    En 2009 déjà, alors que la crise ne faisait que commencer, le Bureau International du Travail avait publié un rapport qui dénonçait l’augmentation du chômage parmi la jeunesse ‘’Le chômage des jeunes, qui a augmenté de 7,8 millions de personnes depuis 2007, risque de produire une génération perdue de jeunes gens qui sont sortis du marché de l’emploi et qui ont perdu tout espoir d’obtenir un travail qui leur assure une vie décente.’’ Comment dès lors s’étonner de la révolte, surtout au regard des profits gigantesques que continuent d’engranger les banques, les spéculateurs, les actionnaires, les grands patrons, etc. ?

    La colère trouve sa voie

    Par contre, ils ont été nombreux ceux qui se sont étonnés de la passivité des appareils syndicaux. De même, les derniers qui entretenaient encore des illusions envers la social-démocratie en ont aussi été pour leurs frais. En Espagne et en Grèce, c’est la ‘’gauche’’ capitaliste qui conduit les travailleurs et leurs familles droit vers le gouffre, avec la bénédiction et le soutien de leurs ‘’camarades’’ européens. Cela explique aussi le côté fortement ‘‘antiparti’’ présent dans le mouvement. Nous estimons toutefois qu’il est erroné de rejeter toute intervention ouvertement politiquement organisée dans le mouvement. La démocratie réelle, c’est aussi pouvoir dévoiler son appartenance politique, y compris pour que l’on sache à qui on parle, et pouvoir avoir l’opportunité de défendre loyalement ses positions, ce pour quoi les masses se sont battues et continuent à se battre en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

    Quand, le 15 mai, les premiers jeunes plantent leurs tentes Puerta del Sol, ils le font donc sur un terreau de mécontentement largement partagé dans la société, comme en ont témoigné les très nombreuses personnes plus âgées ou militants syndicaux qui ont eux-aussi participé aux Assemblées Populaires et actions des Indignés. En Espagne, une grève générale avait mobilisé pas moins de 10 millions de travailleurs le 29 septembre 2010, à l’occasion d’une journée d’action européenne, mais n’avait été utilisée par les directions syndicales que comme un ‘’one-shot’’ destiné à laisser échapper de la pression au lieu de construire un rapport de forces contre l’austérité. Mais la colère à la base de la société à cherché à trouver une expression. Globalement, cette recette se retrouve partout et, si les degrés divergent, ce n’est qu’une question de temps avant que la sauce ne commence vraiment à être épicée, et la note des plus salées.

    Rôle et pouvoir des assemblées

    Un des autres aspects parmi les plus importants de la révolte des Indignés est représenté par les Assemblées Populaires. Dans la plupart des pays, celles-ci ne rassemblent essentiellement que des militants, des ‘‘indignés de longue date’’. Mais lorsqu’elles sont couplées à un mouvement de masse de la jeunesse et à des mobilisations plus larges dans la population, elles ont un réel potentiel d’être de puissants organes de lutte.

    L’histoire révolutionnaire du mouvement ouvrier est marquée par l’émergence de conseils de travailleurs, d’organes de lutte dans les quartiers et sur les lieux de travail. Il en fut ainsi avec les ‘‘soviets’’ de Russie en 1905 et 1917 (c’est-à-dire les ‘‘conseils’’), en Allemagne en 1918, avec les conseils ouvriers qui ont émergé des luttes contre le stalinisme à Berlin-Est en 1953, en Hongrie en 1956 ou encore en Tchécoslovaquie en 1968. On peut encore parler des conseils ouvriers qui se sont développés en Espagne dans les années ’30 avant ou encore au Chili début des années ’70 avant le coup d’Etat de Pinochet. De même, dans de nombreuses grèves générales, les comités de grève ont dépassé les appareils syndicaux traditionnels et représentaient un grand danger, au même titre que les conseils ouvriers, pour le pouvoir en place. De ces organes, peut naître une nouvelle société.

    Dans un premier temps, ces organes ont à organiser la lutte mais, pour peu qu’ils se basent sur la force du mouvement des travailleurs et recourent à des méthodes telles que la grève générale, ils sont capables de bloquer l’économie et les institutions capitalistes, et de poser la question cruciale : qui est le maître dans les entreprises, dans l’économie et dans l’Etat, les travailleurs ou les capitalistes ?

    En Espagne et en Grèce, les Assemblées Populaires sont encore à leur tout début, leur développement ultérieur est fort loin d’être garanti. Mais si ces Assemblées s’étendent localement, régionalement et au niveau de l’Etat, tout particulièrement sur les lieux de travail, et sont coordonnées par l’élection démocratique de représentants, il est possible de commencer à construire une alternative démocratique à la dictature des marchés capitaliste dans le cadre même de la lutte contre le système, en commençant par l’organisation de la résistance contre les attaques antisociales et le contrôle des dirigeants syndicaux tout en impliquant sans cesse plus de gens dans l’organisation des actions.

    L’alternative que nous défendons est une société basée sur le contrôle démocratique des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, transport,…), c’est-à-dire leur expropriation pour qu’ils soient nationalisés sous le contrôle démocratique de la collectivité, des travailleurs et des jeunes, par l’intermédiaire. A partir de là, l’économie pourrait être orientée vers la satisfaction des besoins de la majorité grâce à une planification démocratique de la production. Le parti que nous construisons internationalement vise à défendre ces positions, pour éviter que l’énergie des masses soit gaspillée.

  • [DOSSIER] Qu’est-ce que la révolution et comment la faire aboutir ?

    Trente ans de capitalisme néolibéral ont plongé la société dans le chaos. Dans des pays comme l’Espagne ou la Grèce, plus de 40% de la jeunesse est au chômage, une génération sans avenir. Même dans les pays capitalistes les plus riches, comme aux États-Unis, les jeunes demeurent plus longtemps chez leurs parents à cause des bas salaires et des emplois instables qui ne permettent pas de se construire une vie indépendante. L’exploitation et l’inégalité se sont tellement accrues qu’il est aujourd’hui impossible d’entretenir toute une famille avec un seul salaire, comme cela était possible dans les années ‘60, durant l’extraordinaire période de croissance du capitalisme qui a suivi la seconde guerre mondiale.

    Par Peter Delsing

    Le capitalisme en crise générale

    L’actuelle forme d’organisation de la société, basée sur la propriété privée des moyens de production et orientée vers le profit, se heurte à ses propres limites : baisse du niveau de vie, destruction de l’environnement, flux de réfugiés, guerres et interventions impérialistes et enfin instabilité générale sur les plans financier et économique.

    La classe dirigeante capitaliste craint que son système ne soit devenu incontrôlable. Mais ces gens sont incapables de donner une solution pour l’immense crise de la dette qui menace de disloquer le système tout entier, en commençant par les maillons les plus faibles que sont la Grèce, l’Irlande, le Portugal, etc. Dans ces pays, il est possible d’assister à des soulèvements massifs de la population, la politique d’austérité commence sérieusement à ressembler à de la torture sociale. La situation est intenable pour la plus grande partie de la population, tous les acquis du passé étant maintenant en danger. En Espagne, les idées révolutionnaires ont spontanément repris vigueur, même sans l’apport des marxistes, au cours de la récente révolte de la jeunesse qui a déferlé sur les places du pays.

    Il ne s’agit pas encore d’un clair soutien à l’idée de socialisme ou à celle d’une économie démocratiquement planifiée, mais cela illustre toutefois que le socialiste révolutionnaire Karl Marx avait bien raison : une fois qu’une société ne peut plus développer les forces productives, une fois que la bourgeoisie ne peut plus représenter le présumé “intérêt général”, alors survient une période révolutionnaire. En Grèce, des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes considèrent les parlementaires comme étant des “traitres”, les politiciens ne peuvent plus se promener en rue. Des “grèves politiques” orientées vers la chute du gouvernement y sont à l’ordre du jour.

    La question qui se pose est la suivante: quelle est l’alternative ?

    Égypte et Tunisie : l’idée de “révolution” à nouveau à l’avant-plan

    A la chute du stalinisme – caricature totalitaire de “socialisme” – les capitalistes et leurs idéologues ont eu le champ libre. Pour eux, il n’était pas encore suffisant de bêtement assimiler le stalinisme avec la première période démocratique de l’État ouvrier russe (pendant et juste après le mouvement de masse révolutionnaire et la prise du pouvoir en 1917). Il était clair pour eux que l’idée même de révolution était en soi à proscrire, qu’une rupture fondamentale avec le capitalisme ne pourrait que conduire à une nouvelle dictature.

    Cependant, le système des soviets – des comités démocratiquement élus sur les lieux de travail, dans les casernes, les quartiers, etc. – représente la forme de société la plus démocratique jamais connue. En dehors de cela, au niveau d’une ville, la Commune de Paris en 1871 avait déjà été caractérisée par Marx comme étant la ‘‘révélation finale quant à la forme politique de l’émancipation de la classe ouvrière.’’ Ce n’est que par l’isolement de l’Union soviétique, par l’absence d’une révolution dans un pays occidental plus développé, que la bureaucratie stalinienne a pu de plus en plus écarter du pouvoir les travailleurs et leurs représentants, à partir de 1924.

    Récemment, et quasiment en direct à la télé dans le cas de l’Égypte, nous avons pu observer la véritable dynamique d’une révolution. Cela part d’une situation où les conditions de vie de la majorité de la population sont largement considérées comme injustes et intenables. Le cocktail de la dictature asphyxiante, avec le soutien de la part des régimes occidentaux, du chômage de masse, de la dégénérescence néolibérale,… n’était plus passivement accepté.

    En outre, avec les canaux d’information croissants, l’internet (les vidéos You Tube, etc.), il était difficile de présenter ces mouvements de masse en Tunisie et en Égypte comme étant l’oeuvre d’un petit groupe de conspirateurs ou de putschistes.

    Même la presse bourgeoise ne pouvait que difficilement nier le fait, bien que parfois en grinçant des dents, que ces révolutions devaient être décrites comme “massives” et “justes”. Les médias ont été moins prompts à rapporter que c’est l’intervention des travailleurs égyptiens en tant que classe, via les méthodes de lutte syndicale et de grèves, qui a constitué l’élément décisif pour la fuite du dictateur Moubarak. Si un pion a été sacrifié, le système derrière lui est encore en grande partie sur pied.

    Un processus révolutionnaire apparait lorsque les masses entrent sur la scène de l’Histoire et tentent de prendre leur sort en mains. C’est ce que nous avons vu en Tunisie et en Égypte. Ce sont des moments de politisation de masse de la société, avec une immense soif d’idées capables de faire progresser la lutte.

    Les conditions pour une révolution

    Léon Trotski décrit bien dans son “Histoire de la révolution russe” à la fois la fermentation à l’oeuvre dans la société et comment les conditions en sont arrivées à être mûres pour la révolution. Les forces féodales et bourgeoises étaient trop faibles et trop divisées pour faire avancer la société. Les classes moyennes étaient mécontentes et entraient même en action : les paysans, les petits propriétaires, ont pris les terres des grands propriétaires. Les étudiants étaient alors inspirés par la lutte des travailleurs dans les usines et rejoignaient le mouvement révolutionnaire. Les mêmes phénomènes se voient aujourd’hui au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi qu’en Europe méridionale. Le capitalisme en tant que système n’offre plus aucune issue. Les étudiants et les jeunes sont la flamme de la révolution, mais c’est la classe ouvrière organisée qui constitue la force décisive dans la société. Elle seule possède la puissance économique – avec les mobilisations de masse, les grèves, les occupations d’entreprise,… – pour bloquer la société et poser les bases d’un autre système.

    Il est compréhensible que dans le mouvement de la jeunesse, en Espagne par exemple, il y ait une méfiance à l’encontre des dirigeants syndicaux bureaucratiques qui offrent peu de considération à leur base. Mais cette direction doit être distinguée des membres de la base, qui ne font pas partie de ceux qui tirent les ficelles avec la classe dirigeante, et ne sont pas liés à son appareil d’État. Nous avons besoin de syndicats démocratiques, avec une direction liée aux militants et sous le contrôle direct de la base, des syndicats qui luttent contre le capitalisme lui-même et ne se laissent pas absorber dans l’État bourgeois. En Espagne et en Grèce, nous voyons maintenant aussi des éléments d’une union de la jeunesse et de syndicats combatifs, ou avec une partie de la base syndicale, dans le cadre de la résistance contre les coupes budgétaires. Cela est potentiellement une force extrêmement puissante dans la lutte pour un changement de société.

    Il faut un parti de masse

    Pendant la première phase des révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, de nombreux éléments classiques dans un processus révolutionnaire sont apparus. La classe dirigeante est discréditée et divisée. Les classe moyennes sont en colère contre le régime, ou se tiennent dans la rue aux côtés de la classe ouvrière. La classe ouvrière est prête à se battre pour ses intérêts et entraine les autres couches de la société dans son sillage. Les masses avancent sur la scène de l’Histoire.

    Les faiblesses de ces révolutions, que nous avons déjà mentionnées, et qui expliquent aussi pourquoi les vieux régimes existent toujours et tentent de reprendre le contrôle de la situation, sont le manque d’une conscience socialiste et d’un parti de masse capable d’apporter un programme révolutionnaire et socialiste dans le mouvement.

    Il est compréhensible que beaucoup de gens se méfient des partis politiques traditionnels ou autres véhicules bureaucratiques. Mais un parti démocratique de masse, avec une direction révocable à tout moment et qui ne gagne pas plus que le salaire moyen d’un travailleur qualifié, est une condition essentielle pour unifier l’ensemble des couches des masses en lutte, et ainsi jeter la base pour un gouvernement des travailleurs, des opprimés et des jeunes, élus directement sur les lieux de travail, dans les écoles, dans les quartiers, etc.

  • [DEBAT] avec Paul Murphy, qui a participé à la 2e “Flottille de la liberté” pour Gaza!

    Comment briser le blocus de Gaza ? Comment obtenir un Etat Palestinien viable ? Ces questions seront au centre de ce débat en présence de Paul Murphy, député européen du Socialist Party (section du CIO en République irlandaise).

    Ce mercredi 13 juillet, à 19h

    Au "Randstad", 45-47 rue du jardinier, 1080 Molenbeek (Bruxelles)

    Entrée libr, débat organisé par le Parti Socialiste de Lutte, parti-frère du Socialist Party (Irlande)

    Page Facebook de l’évènement

  • [PHOTOS] Rassemblement et assemblée populaire à l’appel des Comités d’Action Europe

    Ce mercredi 22 juin, à la veille de l’ouverture d’un nouveau sommet européen des chefs d’Etats à Bruxelles, quelques centaines de syndicalistes, de travailleurs et de jeunes se sont rassemblés au Rond point Schuman (au lieu du sommet) à l’appel des Comités d’action Europe. Une Assemblée Populaire y a pris place contre les plans d’austérité imposés à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande par le FMI, la BCE et la Commission Européenne ainsi que contre le projet de "gouvernance économique", un système contraignant visant à imposer l’austérité dans chaque pays de l’UE qui a été adopté par le parlement européen ce jeudi 23 juin.

    Par Boris, photos de Karim et Pablo (Bruxelles)

    L’Assemblée Populaire a aussi permis une rencontre et un dialogue entre différents délégués et militants (les Comité d’action Europe rassemblent surtout des syndicalistes) ainsi qu’avec un certain nombre de jeunes qui participent au mouvement des Indignés en Belgique. Plusieurs membres du PSL sont intervenus à l’Assemblée, entre autres pour défendre une orientation des actions de la jeunesse vers le mouvement de travailleurs et également pour défendre la nécessité d’avoir une alternative au capitalisme.

    Paul Murphy, l’eurodéputé irlandais du Socialist Party (le parti-frère du PSL en Irlande) est également intervenu afin d’exprimer que ce n’est pas dans l’enceinte du Parlement que l’on va bloquer la volonté de faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles, mais bien avec des mouvements de résistance, comme cela se déroule actuellement en Grèce. Il a aussi mis en avant l’initiative prise en commun avec 11 autres eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne à l’occasion de la manifestation européenne de la Confédération Européenne des Syndicats qui s’est tenue ce 21 juin au Luxembourg. Ils défendent l’idée d’une journée d’actions coordonnées à l’échelle européenne avec l’idée d’une grève générale européenne de 24 heures. Plusieurs intervenants sont d’ailleurs également intervenus par la suite en reprenant cette idée d’une grève générale européenne de 24 heures.

    Après l’Assemblée, deux à trois cents personnes ont manifesté jusqu’au Parlement européen. La manifestation pacifique a été attaquée par la police, qui a lancé des gaz lacrymogènes et arrêté plusieurs jeunes. Une assemblée a alors pris place devant le Parlement. Les dernières personnes présentes ont été dispersées par les charges successives de la police et par les gaz.

    Photos de Karim

    Photos de Pablo

  • La Commission Européenne veut appliquer une doctrine de choc économique

    Selon le président de la commission européenne Barroso, une ‘‘révolution silencieuse’’ prend place dans l’Union Européenne. Cette politique économique en réalité contre-révolutionnaire est basée sur la fin de toute entrave démocratique afin de pouvoir imposer une doctrine de choc pour institutionnaliser l’austérité, les privatisations et la baisse des salaires.

    Article de Paul Murphy, tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    En imposant des mesures de ‘‘surveillance économique’’ avec amendes pour les pays qui n’atteignent pas les objectifs économiques, la commission européenne veut éviter que les gouvernements ne s’inclinent face aux protestations massives contre la politique d’économie budgétaire.

    Trois éléments sont importants dans les propositions européennes actuelles. Le premier est que les budgets nationaux doivent être désormais soumis à la commission et au conseil pour approbation avant qu’un débat parlementaire ne soit mené dans le pays lui-même. Le but est clair : la commission veut s’assurer que la politique menée soit néolibérale.

    Ensuite, il s’agit de renforcer les mesures du Pacte de stabilité. Selon celui- ci, la dette publique peut s’élever au maximum à 60% du PIB et le déficit annuel à 3%. A l’avenir, les pays qui ne réaliseraient pas ces objectifs auraient une sanction et 0,2% du PIB doit être versé sur un compte séparé. Ce dépôt est transformé en amende si les directives de la commission ne sont pas suivies, amende pouvant atteindre 0,5% du PIB.

    Le dernier élément est une procédure visant à combattre ‘‘les déséquilibres macro-économiques’’. La Commission veut définir en détail certains paramètres afin de mesurer la viabilité de chaque pays. Si un Etat membre ne réalise pas ces objectifs, des amendes peuvent lui être infligées.

    Ce genre de propositions fait partie des tentatives de la classe capitaliste européenne destinées à éviter l’émiettement de la zone euro en menant une attaque coordonnée contre les conditions de vie de la population. Une telle approche est exigée depuis longtemps par les divers lobbys et grandes entreprises, en particulier la Table ronde européenne des industriels. Ces derniers exigent une spirale négative pour les salaires et les conditions de travail à travers toute l’Europe pour maximaliser leurs propres bénéfices.

    Ces tentatives sont toutefois vouées à l’échec, elles ne parviendront pas à éviter les divergences d’intérêt entre les différentes classes capitalistes nationales européennes. La résistance des travailleurs et de leurs familles contre la politique d’austérité jouera un rôle décisif pour stopper celle-ci.

    Les patrons et leurs gouvernements coordonnent leurs attaques à travers l’Europe, nous devons agir comme eux. L’UE et le FMI veulent imposer au Portugal des conditions similaires à celles de l’Irlande et de la Grèce. Nous devons résister ensemble à travers toute l’Europe, par exemple avec une grève générale européenne, pour stopper l’offensive contre nos conditions de vie et l’institutionnalisation des attaques antisociales.

  • La politique d’austérité, ça ne marche pas

    L’illusion selon laquelle la Grèce, le Portugal, l’Irlande et d’autres pays embarqués dans les griffes des marchés financiers pourraient trouver une issue en assainissant commence à partir en fumée. De plus en plus de représentants de l’establishment plaident prudemment pour un rééchelonnement des dettes afin d’éviter le pire. Car les résultats des plans d’austérité sont décevants : au lieu d’approcher d’une solution, les problèmes se sont aggravés.

    Par Eric Byl

    Les politiciens et patrons belges ainsi que leurs “cellules de réflexion” sont d’accord : il faut de toute urgence un vrai gouvernement afin de prendre des mesures structurelles. Ce n’est pas que Leterme présente un mauvais rapport ; les assainissements réalisés par l’AIP sur le dos des travailleurs ou ceux consécutifs au fonctionnement avec des douzièmes provisoires ne sont pas négligeables.

    Mais, en comparaison de l’Irlande, du Portugal, de la Grèce ou du Royaume Uni – où c’est à la hache qu’on coupe dans les services publics, les salaires et les allocations sociales – jusqu’à maintenant, nous nous en sortons à bon compte. Trop d’ailleurs, aux dires du patronat et de ses laquais. Notre pays échappe pour l’instant à la pression des agences de notation de crédit, au contraire de l’Etat grec qui est maintenant forcé de payer des intérêts de 15,1% pour ses emprunts sur dix ans. En mai 2010, quand le FMI et les Etats-membres de l’Union Européenne avaient permis un emprunt de 110 milliards d’euros, il ne s’agissait encore ‘‘que’’ de 8%. En Grèce, le déficit budgétaire est de 10,5% et la dette de l’Etat a grimpé jusqu’à 142,8% du PIB. Ce n’est pas étonnant. Le plan d’austérité draconien que l’UE et le FMI ont imposé à la population grecque a, l’an dernier, fait chuter l’économie de 4,5% après une contraction antérieure de 2,3%. Cette année encore, on s’attend à un rétrécissement de 3,5%.

    En Irlande aussi, les mesures d’austérité draconiennes conduisent à une croissance économique négative. Le déficit budgétaire est maintenant de 32,4%, après une croissance négative trois ans de suite. Le plan d’austérité que le FMI et l’UE imposent au Portugal en échange d’un emprunt de 78 milliards d’euros va dès cette année jeter l’économie portugaise dans une récession de deux ans. L’an dernier, le Royaume Uni pouvait encore, comme il ne fait pas partie de la zone euro, présenter des chiffres de croissance économique soutenus par une politique de taux d’intérêts extrêmement bas sur leur monnaie, mais le déficit budgétaire a augmenté jusqu’à 10,4%.

    Nous insistons : ce ne sont pas les travailleurs et leurs familles qui ont massivement investi dans les crédits toxiques, mais bien les banques et beaucoup d’entreprises privées. Cela vaut pour la Belgique, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande,… Quand les banques ont dû être sauvées, elles n’ont jamais été forcées d’accepter le type de mesures aujourd’hui dictées aux pays plongés dans une spirale de dette à cause du sauvetage de leur secteur bancaire. Les paquets d’aide à ces pays n’ont rien à voir avec la solidarité. Ils ne servent qu’à mettre à couvert les banques allemandes, françaises et autres qui ont fortement investi dans les crédits des pays PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). En même temps, les marchés ‘‘plus sains’’ au nord pompent le capital des marchés contractés des pays sous curatelle. C’est la raison principale qui explique l’actuelle croissance allemande.

    Les assainissements arrivent néanmoins à leurs limites. Qu’importe ce que peuvent dire les grands patrons européens : la publication dans Der Spiegel de la menace de la Grèce (évidemment niée par le gouvernement grec) de se retirer de la zone euro et de réintroduire le Drachme a suffi pour extorquer le rééchelonnement de la dette tant vilipendée. Ils n’aiment pas l’avouer, mais la volonté du FMI et de l’UE de considérer un ajournement du paiement de la dette grecque, ça revient à quoi d’autre qu’à un rééchelonnement? La rapacité ne connaissant toutefois pas de limites, la Grèce est en échange sensée mettre ses entreprises publiques en vente.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop