Tag: Irlande du Nord

  • [INTERVIEW] L’occupation historique du chantier naval Harland & Wolff à Belfast

    Une lutte historique qui a sauvé des emplois

    Pendant neuf semaines, les travailleurs du chantier naval de Harland & Wolff à Belfast, un chantier historique d’où est sorti le Titanic, ont occupé leur site. Le chantier avait été placé sous administration judiciaire le 6 août, ce qui faisait planer la perte potentielle de 120 emplois dès lors que la maison mère en difficulté, Norwegian Dolphin Drilling, n’était pas parvenue à trouver un repreneur. Les travailleurs – membres des syndicats Unite et GMB – ont exigé que le gouvernement nationalise le chantier pour garantir son avenir. Les travailleurs, les jeunes et les syndicalistes se sont montrés solidaires de cette lutte importante afin de défendre cet emblème et de créer des emplois pour les générations à venir. Cette lutte a sauvé le chantier naval. Un nouveau repreneur a été trouvé..

    L’entretien ci-dessous a été réalisé avec Susan Fitzgerald, coordinatrice régionale d’Unite et membre du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    L’occupation du chantier naval Harland & Wolff était vraiment historique. Peux-tu nous expliquer comment le conflit a éclaté ?

    Des semaines avant l’éclatement du conflit, un repreneur était l’objet exclusif de l’attention de l’administration du chantier. Cet acheteur avait promis de reprendre les actifs et la main-d’œuvre de Harland & Wolff. Mais, à la dernière minute, il a considérablement réduit son offre et, surtout, a refusé de reprendre la main-d’œuvre. À ce moment-là, la direction s’est pris la tête entre les mains et a laissé aux syndicats le soin d’élaborer un plan de sauvetage du chantier naval, de le présenter aux travailleurs et d’en plus en discuter avec le gouvernement, les responsables politiques et l’administrateur.

    Pendant que ces pourparlers se poursuivaient, nous avons organisé des réunions régulières à la cantine avec tous les travailleurs. En plus de les tenir au courant de ce qui se passait, nous avons soutenu qu’il leur fallait passer à l’action pour imprimer leur empreinte sur les événements. Nous avons fait référence aux leçons des occupations ouvrières de l’usine de Ford/Visteon à Belfast et de Waterford Crystal, il y a dix ans. Nous avons également parlé d’autres occupations, y compris celles dirigées par des socialistes comme Jimmy Reid, le syndicaliste écossais qui avait organisé la lutte contre les licenciements au chantier naval de la Clyde, en Écosse, dans les années 1970.

    Nous avons souligné ce qui était nécessaire pour sauver le chantier naval : sa renationalisation. Les travailleurs savaient que le chantier naval avait été nationalisé de 1977 à 1989. Les arguments en faveur de la nationalisation n’étaient pas ‘‘idéologiques’’, mais découlaient du fait qu’il n’y avait pas de solution facile de la part du secteur privé. Pourtant, nous disposions des moyens nécessaires à la production d’énergie verte, un domaine dans lequel le chantier naval s’était engagé au cours des 10 à 15 dernières années.

    Pendant que les pourparlers se poursuivaient, dans les coulisses, des plans étaient en cours d’élaboration pour occuper le chantier si nécessaire. Un ‘‘Cobra Committee’’ a été créé sur le lieu de travail, sur le modèle des comités d’urgence du gouvernement britannique (un Cabinet Office Briefing Rooms, ou COBRA, est un dispositif de coordination des secours mis en place par le gouvernement du Royaume-Uni en cas de catastrophe ou d’attaque, NdT). Le 29 juillet, il était devenu clair qu’aucun plan de sauvetage de dernière minute n’arriverait et qu’il fallait que les travailleurs déclarent qu’ils reprenaient le chantier naval. Parallèlement, un développement similaire prenait place à Ferguson Marine, à Glasgow, le gouvernement écossais annonçant qu’il nationaliserait le chantier naval. Cela a renforcé les arguments en faveur de la nationalisation : si c’était possible en Écosse, pourquoi pas ici ?

    C’est ainsi que la principale banderole suspendue à la célèbre grue Samson proclamait ‘‘Sauvons notre chantier naval : renationalisation immédiate !’’

    Les travailleurs ont reçu un soutien impressionnant. Comment cette solidarité s’est-elle manifestée ?

    Une fois cette banderole érigée et l’occupation commencée, la solidarité est venue de la part de tous les types de travailleurs auxquels vous pouvez penser. Les travailleurs de Bombardier, basés à côté du chantier naval, ont été parmi les premiers à s’impliquer. Dès le début de l’occupation, ils avaient leur propre banderole proclamant ‘‘Les travailleurs de Bombardier sont solidaires des travailleurs de Harland & Wolff’’. Dans une scène qui rappelait le passé, alors qu’ils manifestaient ensemble pour de meilleurs salaires, les travailleurs de Bombardier se sont rendus sur la route de l’aéroport et ont été accueillis par des applaudissements et des vivats. C’était vraiment émouvant.

    De nombreux travailleurs intérimaires qui étaient passés par le chantier naval sont revenus et se sont présentés quotidiennement à l’occupation pour offrir leur soutien en considérant ce combat pour ce qu’il était vraiment : une lutte pour des emplois décents qui les concernait donc au premier chef. Lorsque le chantier naval Ferguson Marine a été nationalisé, les travailleurs y ont déclaré que Harland & Wolff était le prochain sur la liste. Ils ont eux aussi confectionné leur banderole de solidarité et ont envoyé un de leurs responsables syndicaux à Belfast pour qu’il transmette leurs salutations solidaires.

    Avant que l’occupation ne commence, c’étaient les fonctionnaires qui étaient en grève. Ils se faisaient photographier en tenant des pancartes de solidarité avec le chantier naval. Des gens de toute l’Irlande du Nord se sont montrés présents : des footballeurs, des musiciens, des comédiens, des écrivains, des musiciens traditionnels, etc. Lorsque le Congrès irlandais des syndicats (Irish Congress of Trade Unions) a organisé un rassemblement, chaque syndicat a laissé son drapeau à l’occupation pour clairement signifier qu’il s’agissait d’une lutte au bénéfice de l’ensemble du mouvement et pour démontrer son unité.

    La solidarité est venue de toute l’île d’Irlande, des travailleurs du Sud sont venus visiter l’occupation. Des travailleurs d’Unite – Construction et d’Unite – Energie sont venus visiter l’occupation en apportant avec eux des milliers d’euros pour le fonds d’aide aux plus démunis. Les travailleurs de Waterford Crystal se sont déplacés pour partager leur expérience de lutte et ils sont revenus encore avec un soutien financier fantastique.

    Les travailleurs ont reçu de la solidarité, mais ils étaient prêts à en rendre. Pendant la semaine de la Belfast Pride, les travailleurs ont hissé deux drapeaux arc-en-ciel à la porte du chantier. Ils y flottent encore aujourd’hui. Lors de diverses manifestations de la Pride, des drapeaux et des t-shirts ‘‘Sauvons notre chantier naval’’ étaient portés en soutien à l’occupation. Beaucoup de gens brandissaient également les pancartes du Socialist Party qui proclamaient ‘‘La Pride signifie solidarité’’ ou ‘‘Soutenez les ouvriers du chantier naval’’. Le 20 septembre, journée de la 3e grève mondiale pour le climat, les travailleurs ont décoré le site avec des affiches en soutien aux grèves pour le climat, ont porté des t-shirts qui y faisaient référence et ont aidé à porter des banderoles syndicales lors de la manifestation.

    De même, lorsque Boris Johnson est venu à Stormont, les ouvriers du chantier naval ont été les premiers à manifester. Évidemment, d’autres personnes se sont jointes à eux et y ont expliqué leur cause, y compris des militants de la langue traditionnelle irlandaise. Les travailleurs du chantier naval ont discuté avec eux de la manière de dire ‘‘Sauvons notre chantier naval’’ en irlandais. Nous l’avons ensuite chanté ensemble. Ce geste a été posé par les travailleurs du chantier naval, sous la direction de Joe Passmore, représentant d’Unite, pour tendre la main à toutes les communautés d’Irlande du Nord et leur témoigner du respect, ce qui illustre le potentiel qui existe lorsque les travailleurs luttent ensemble sur base du respect mutuel et de la solidarité.

    Sur ce point, les médias et d’autres ont tenté d’injecter le poison du sectarisme dans le conflit. Comment y avez-vous fait face ?

    Les travailleurs étaient très en colère lorsque la BBC a montré de vieilles images d’un travailleur catholique d’il y a 40 ans en train d’être interviewé au sujet des intimidations sectaires sur son lieu de travail ; non pas parce que quiconque devrait se livrer à une révision du passé, mais parce que c’était une description grossière du chantier naval, particulièrement dans sa forme actuelle. Cela a été considéré comme une insulte dans le contexte d’une lutte unitaire pour la défense de l’emploi.

    C’était aussi une présentation unilatérale de ce qui s’est passé dans les chantiers navals. J’ai mis au défi le rédacteur économique de la BBC de couvrir l’histoire du délégué syndical principal Sandy Scott qui, il y a cinquante ans, lorsque les Troubles ont commencé, a organisé une réunion de masse des travailleurs parce que les travailleurs catholiques n’étaient pas venus travailler par crainte d’attaques provoquées par les protestants. Lors de la réunion, les travailleurs des chantiers navals ont adopté à l’unanimité une motion organisant une grève symbolique contre le sectarisme et les délégués syndicaux ont ensuite visité les maisons des travailleurs catholiques des chantiers navals en leur demandant de revenir, avec succès. Au même moment, Ian Paisley n’a pu mobiliser que 180 personnes sur un effectif de 8.000 personnes pour soutenir ses manifestations. Il y a eu beaucoup de discussions au chantier pour savoir pourquoi nous n’entendons jamais ces histoires. Jusqu’à présent, il ne semble pas que la BBC ait suivi notre suggestion, mais nous avons pris contact avec Sandy Scott pour lui parler de l’occupation et louer son rôle.

    Comme cela a déjà été précisé, les travailleurs exigeaient la nationalisation du chantier naval. En tant que marxiste, qu’entends-tu par ce terme de nationalisation ?

    La revendication de la nationalisation du chantier naval par le gouvernement est tout à fait sensée, en particulier dans le contexte de la nécessité de faire face à la crise environnementale et de créer des emplois verts.

    Personne ne comprend mieux que les travailleurs ce qu’il faut pour diriger le chantier naval, ou ce qu’il faut pour répondre à ses besoins. Personne n’a investi plus que les travailleurs eux-mêmes dans le chantier naval et personne n’a fait preuve d’une plus grande volonté de se battre pour lui que les travailleurs eux-mêmes. Donc, à mon avis, il est tout à fait logique que non seulement le chantier naval soit pris en charge par l’État, mais qu’il soit confié à de véritables experts – les travailleurs – pour qu’ils le dirigent. En d’autres termes, qu’il devrait y avoir un contrôle et une gestion du chantier naval par les travailleurs. Cela signifierait que les travailleurs pourraient prendre des décisions, non pas en tenant compte simplement du profit, mais en tenant compte de ce qui est socialement utile et dans l’intérêt de notre environnement – comme l’énergie verte.

    L’arrivée d’un nouveau repreneur représente une victoire importante, en ce sens qu’elle assure les chantiers navals et les emplois qualifiés pour le moment. Cela n’a été possible que grâce à la lutte, qui a permis que les travailleurs soient sous licenciement temporaire et non tout simplement licenciés et qui a assuré que le thème de la sauvegarde du chantier naval soit constamment rappelé à l’ordre du jour. Néanmoins, la nationalisation aurait été et reste le meilleur moyen d’assurer la sécurité à long terme du chantier naval et de veiller à ce que les compétences des travailleurs soient utilisées au mieux pour la société dans son ensemble. Cela n’a jamais été sérieusement envisagé, ce qui en dit long sur la politique des principaux partis locaux et des conservateurs.

    J’étais loin d’être la seule socialiste sur ce chantier naval et l’une des choses que l’on voyait vraiment, c’était la capacité des travailleurs à tirer rapidement des leçons profondes de la lutte dans laquelle ils étaient engagés. En même temps, nous avions là une main-d’œuvre aux opinions politiques et religieuses très différentes, y compris avec des convictions très fortes. Pourtant, les travailleurs se sont montrés capables de discuter de ces questions d’une manière respectueuse.

    Un point de vue qui est devenu plus clair, cependant, est que ni les politiciens unionistes ni les politiciens nationalistes ne représentent les intérêts de la classe ouvrière. Je pense qu’il a été compris que, lorsque vous êtes dans une bataille comme celle-ci, les seules personnes sur lesquelles vous pouvez vraiment compter sont les autres travailleurs et vos propres organisations. En tant que socialiste, je pense qu’il est plus que jamais nécessaire que le mouvement ouvrier mette son propre programme sur la table et examine comment il peut défier les principaux partis d’une manière qui puisse unir les travailleurs.

    D’importants mouvements de jeunes se développent, y compris des grèves scolaires contre le changement climatique. En quoi cette lutte ouvrière est-elle pertinente pour ces mouvements ?

    Personne ne comprend aussi bien que les travailleurs de Harland & Wolff le rôle que le chantier naval peut jouer dans la création d’énergie verte. Au cours des 10 à 15 dernières années, ces travailleurs ont participé à la fabrication de prototypes et à la construction de l’infrastructure physique nécessaire aux éoliennes en mer. En tant que syndicat, nous nous battons depuis des années pour que Harland & Wolff devienne un spécialiste de l’énergie verte. Avant la récente crise, les représentants et moi-même avons pris l’initiative de rechercher et d’identifier les travaux possibles dans ce secteur. Nous avons utilisé la position du Socialist Party au Dáil (le parlement de la République irlandaise) pour poser des questions sur les projets à venir qui pourraient apporter du travail. Nous avons aussi voulu pousser les dirigeants d’Unite à faire de même au Parlement de Westminster, à Londres. Mais, rétrospectivement, il est clair que la direction n’avait aucun intérêt réel et qu’elle avait abandonné.

    Les écologistes connaîtront InfaStrata, la société qui a repris le chantier naval, pour son rôle dans le forage exploratoire de pétrole à Woodburn Forest près de Carrickfergus et le projet controversé de stockage de gaz à Islandmagee. Des membres du Socialist Party et de nombreux militants syndicaux ont participé à ces campagnes. Il ne fait aucun doute que de nombreux travailleurs voudront que leurs compétences soient mises à profit pour faire face à la catastrophe environnementale et le syndicat continuera de faire campagne en faveur des emplois verts et d’une transition juste. Le problème central, cependant, est que vous ne pouvez pas contrôler ce que vous ne possédez pas. Laissé entre des mains privées, le chantier naval sera utilisé pour ce qui est le plus rentable, qu’il s’agisse d’énergie renouvelable ou de combustibles fossiles. La seule façon de garantir que le chantier naval soit utilisé de manière écologique, c’est de le placer sous propriété publique et sous contrôle démocratique des travailleurs.

    Les travailleurs, bien sûr, savent aussi qu’un grand nombre des jeunes qui leur ont rendu visite sur le site étaient de jeunes socialistes et des militants écologistes. Tous les travailleurs ont vu dans la lutte qu’ils menaient non seulement la défense de leur emploi, mais aussi la lutte pour l’avenir des jeunes. Sauver le chantier naval donne l’occasion de transmettre les compétences qui existent dans le chantier naval à une génération plus jeune en faisant venir des apprentis, ce qui est essentiel si nous voulons utiliser le chantier naval pour créer des emplois verts.

    Assistons-nous à une reprise des luttes ouvrières en Irlande du Nord ? Il y a eu la grève des fonctionnaires, mais aussi celle des facteurs et celle des infirmières. D’autre part, 1.200 emplois sont menacés chez Wrightbus. Quelles leçons pensez-vous que les travailleurs peuvent tirer de ce conflit ?

    Avant ce conflit, le chantier naval et l’idée de la construction navale à Belfast étaient considérés comme une relique du passé. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui avaient confiance en l’avenir de l’industrie et qui pouvaient voir comment leurs compétences pouvaient être mises à profit.

    L’occupation a démontré la capacité des travailleurs à s’organiser et à relever le défi. Chaque jour de l’occupation, j’ai été témoin de l’ingéniosité et d’une grande capacité à régler des problèmes, petits ou grands. Ces travailleurs sont devenus des guerriers de classe pour répondre aux besoins de la lutte – organiser les finances, gérer les rotations, développer des structures et, surtout, développer un plan d’action pour gagner. Ils ont montré qu’ils peuvent défendre leur cause de façon réfléchie, tant vis-à-vis des médias que dans les réunions, tout en prenant soin les uns des autres pendant ces longues semaines. C’est impressionnant de voir comment la pensée des travailleurs était aiguisée, aux réunions ou dans des discussions privées, et avait développé une capacité à percer à jour les manœuvres des capitalistes.

    L’autre leçon dont nous avons parlé tout à l’heure, c’est que lorsqu’un groupe de travailleurs prend position, des milliers de travailleurs de tous horizons font preuve de solidarité. Nous avons été particulièrement surpris par la solidarité des syndicalistes et des travailleurs d’Afrique du Sud qui ont appris le conflit par l’intermédiaire de l’organisation sœur du Socialist Party, le Workers and Socialist Party. L’idée que ces travailleurs durement éprouvés ont été inspirés et ont agi en solidarité avec les travailleurs de Belfast était tout simplement incroyable et faisait l’objet de nombreuses conversations.

    Wrightbus est une autre illustration graphique du mépris total du système capitaliste pour les travailleurs, de sa volonté de jeter à la casse des travailleurs qualifiés qui ont donné des années de leur vie à une entreprise. La leçon de Harland & Wolff est que la lutte et la solidarité de classe sont essentielles à la défense de l’emploi. Au moment où nous parlons, les travailleurs du chantier louent des autobus pour se joindre aux travailleurs de Wrightbus à Ballymena dans un rassemblement pour sauver leur emploi.

    Comme avait l’habitude de dire le dirigeant syndical Bob Crow : ‘‘Si vous vous battez, vous pouvez gagner, sinon, vous avez déjà perdu’’. Il n’y a aucune garantie de victoire, mais la lutte de ces travailleurs a été essentielle pour garantir leurs emplois et l’avenir du chantier. La dernière chose que je voudrais dire, c’est que la lutte de ces travailleurs montre qu’une alternative socialiste aux échecs du capitalisme est possible et que l’agent clé pour y parvenir est la classe ouvrière.

  • Après la victoire du “oui” en Irlande, un référendum sur l’avortement en Irlande du Nord ?

    Après la victoire du “oui” en Irlande du Sud, les activistes pro-choix de ROSA en Irlande du Nord défendent l’abrogation de l’interdiction de l’avortement.

    L’Ecole d’été du Comité pour une Internationale, qui a eu lieu la semaine dernière à Barcelone pour la deuxième année consécutive, rassemble lors d’une semaine de discussions intenses des marxistes du monde entier, des membres des sections sœurs du PSL dans divers pays. Sur les événements politiques de l’année passée, mais aussi sur les perspectives mondiales à venir, les discussions permettent d’échanger les expériences et de comprendre comment la lutte s’organise.

    Par Brune (Bruxelles)

    L’une des nombreuses commissions organisées durant cette semaine portait sur la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande du Sud ; et comment la section sœur du PSL, le Socialist Party en Irlande – et son organisation féministe socialiste ROSA – ont organisée la plateforme pour le « Oui », contre le 8ème amendement à la Constitution qui, depuis des décennies, empêchait les Irlandaises d’avoir accès à un droit fondamental, celui de faire leurs propres choix sur leurs corps.

    Laura Fitzgerald est revenue sur divers détails qui ont permis de faire tourner la roue de l’Histoire du bon côté, comme l’organisation d’actions par ROSA (Train et Bus pour la pilule abortive) depuis des années pour conscientiser sur la non-dangerosité de la pilule ; mais aussi l’organisation de stands et le placardage par milliers avec l’image de Savita (une jeune femme décédée des suites d’une fausse couche qui aurait pu être résolue si l’avortement avait été légal), et qui rappelait à quel point le 8ème amendement avait un impact direct et dangereux sur les femmes et leur corps.

    Après la victoire du référendum historique en Irlande du sud, avec une participation tout aussi historique, la pression exercée sur l’establishment est telle que des événements importants pour donner aux femmes et aux femmes enceintes en Irlande du Nord le droit de choisir ont assez vite pris place.

    La Cour suprême (du Royaume-Uni) a dû reconnaître que le déni du droit à l’avortement dans les cas d’anomalies fœtales mortelles et de viols est une violation des droits de l’homme. La Chambre des communes (Chambre basse du Parlement du Royaume-Uni) a tenu un débat d’urgence sur la question du déni du droit à l’avortement en Irlande du Nord – cinquante ans après que le droit de choisir a été conquis en Grande-Bretagne, ce n’est que maintenant qu’il est considéré comme une urgence !

    Il est important de noter que les députés ont également déposé des amendements au projet de loi sur la violence domestique –ce qui décriminaliserait l’avortement dans tout le Royaume-Uni en abrogeant les articles 58 et 59 de la loi sur les infractions contre la personne. Ce projet de loi prévoit actuellement une peine d’emprisonnement à vie pour avoir subi un avortement en dehors des exemptions légales ou jusqu’à cinq ans pour avoir aidé quelqu’un à le faire. Même d’éminents conservateurs ont été forcés d’appuyer ce changement proposé.

    Les partis locaux sous pression

    Les partis locaux ressentent également la pression. Le DUP (Parti unioniste démocrate) n’a aucune raison de prétendre parler au nom du peuple d’Irlande du Nord ou même de ses propres électeurs sur cette question. Par exemple, Sammy Wilson – qui a prononcé un discours vicieux à la Chambre des communes où il a clairement montré sa haine et son mépris pour les femmes qui ont subi un avortement – est le député d’une circonscription où 73 % des électeurs appuient l’accès sans restriction à l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse ! Il y a quelques mois seulement, Michelle O’Neill disait que le Sinn Féin “n’est pas en faveur de l’avortement”. Maintenant, elle prétend être la championne de la question.

    Le Sinn Féin n’a pas dirigé le changement, mais a été entraîné dans le sillage du mouvement. En juin, le parti a tenu une conférence qui a soutenu l’accès sans restriction à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Cependant, en décembre, les députés du Sinn Féin ont refusé d’appuyer cette proposition au comité parlementaire du Sud chargé d’examiner la question, adoptant une position plus conservatrice que les représentants des principaux partis de l’establishment. Le Sinn Féin reste opposé à ce que Westminster légifère pour l’accès à l’avortement ici, insistant sur le fait que c’est un problème pour Stormont (Parlement d’Irlande du Nord)- en d’autres termes, les femmes et les femmes enceintes doivent continuer d’attendre le changement. En ce qui concerne le mariage homosexuel, Sinn Féin a demandé à Westminster de légiférer pour l’égalité en Irlande du Nord. Alors pourquoi cette différence ???

    Une récente conférence du SDLP (Parti social-démocrate et travailliste) a réaffirmé sa position “pro-vie”, mais a accordé à ses représentants élus le droit de voter avec leur conscience sur la question. L’UUP (Parti unioniste d’Ulster) et l’Alliance ont une position similaire. Ce n’est pas suffisant – la seule personne qui devrait avoir le choix sur la question de l’avortement est la personne enceinte elle-même. Le mouvement pro-choix ne peut pas faire confiance aux politiciens qui, depuis des décennies, refusent de faire confiance aux femmes.

    Mouvement de masse : la clé du changement

    Dans la foulée du référendum en Irlande du Sud, notre réponse doit être d’intensifier notre campagne. C’est pourquoi ROSA et Women on Web ont organisé le Bus4Choice qui a défié la loi, avec des activistes prenant des pilules abortives pour souligner leur disponibilité et démontrer leur sécurité. Parallèlement à un mouvement de masse comprenant des protestations et des grèves, cette désobéissance civile a joué un rôle clé dans le déplacement du débat sur le droit à l’avortement dans le Sud.

    Les militants pro-choix et les syndicalistes doivent s’organiser pour mobiliser le plus grand nombre possible de personnes dans la rue avant tout vote sur la dépénalisation. Il est essentiel de rechercher également la solidarité du mouvement syndical au Royaume-Uni. Les politiciens ne devraient pas douter que, si les droits en Irlande du Nord continuent d’être bafoués, ils seront confrontés à une campagne de désobéissance civile qui rendra la loi inapplicable.

    Aujourd’hui, malgré la division qui existe encore parmi la classe ouvrière de l’Irlande du Nord et du Sud, entre catholiques et protestants, la lutte pour l’avortement peut également permettre de faire le pont entre les deux ; puisqu’il y a un intérêt commun certain entre ceux-ci, celui de se battre pour un droit fondamental. La dépénalisation en Irlande du Sud donne déjà aujourd’hui une impulsion à la lutte en Irlande du Nord. Il n’est pas du tout exclu que des mouvements de soutien provenant de l’Irlande du Sud comme en Angleterre viennent mettre davantage de pression sur l’establishment.

    Durant la discussion de notre école d’été du CIO, le syndicat le plus important en Irlande, ICTU, a été cité ; nos camarades irlandais appellent celui-ci, avec l’aide de la base du syndicat qui peut faire pression comme le fait le référendum aujourd’hui sur les politiciens au Royaume-Uni, à prendre position sur le droit à l’avortement en Irlande du Nord afin de stimuler les mobilisations de masse pour ce droit fondamental encore aujourd’hui bafoué pour les femmes d’Irlande du Nord, et plus particulièrement les femmes de la classe ouvrière.

    Le Socialist Party (parti-frère du PSL) soutient la dépénalisation complète de l’avortement, mais nous devons aller plus loin et construire des mobilisations de masse un peu partout pour garantir que les avortements deviennent gratuits, sûrs, légaux et accessibles ici en Irlande du Nord.

  • Trop c’est trop ! Il faut affronter cette culture misogyne mondiale !

    L’article 40.3.3 de la Constitution irlandaise (le 8e amendement) garantit le droit à la vie de l’enfant à naître, ce qui interdit le droit à l’avortement à moins que la vie de la mère ne soit gravement menacée. C’est la loi la plus stricte d’Europe. 35 ans après que ce changement de constitution a été co-écrit par un archevêque et ensuite envoyé au Pape pour approbation, la lutte pour libérer l’Irlande de son oppression catholique est en cours.

    Par Laura Feeney

    Un référendum historique

    Un référendum a été convoqué pour le 25 mai afin d’abroger ce 8e amendement, mais il aura fallu une longue lutte pour que le sujet soit discuté au Parlement. C’est la pression de la rue qui en est responsable, en grande partie organisée par l’organisation socialiste-féministe ROSA. En Irlande, la campagne ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) a été créée après le décès de Savita Halappanavar, morte à la suite de complications liées à sa grossesse et à l’incapacité du médecin à l’opérer en raison du 8e amendement.

    En réponse à ce flot continu d’injustices horribles, une Assemblée citoyenne a voté en faveur de l’abrogation du 8e amendement et pour un accès non restrictif à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Ces recommandations étaient beaucoup plus radicales que celles des politiciens traditionnels. Une commission parlementaire a été mise sur pied tandis que les actions de ROSA et de la députée Ruth Coppinger (élue de Solidarity et membre du Socialist Party) ont souligné quelle était l’utilisation de pilules abortives illégales en Irlande. Cela a eu un impact significatif. Il est évident que l’avortement est déjà pratiqué en Irlande, sa légalisation en rendrait la pratique plus sûre. Les tensions sont vives avant la tenue du référendum qui survient dans un contexte où d’autres développements majeurs sont en cours sur le terrain de la lutte contre le sexisme et de radicalisation, particulièrement parmi les jeunes Irlandaises.

    ‘We stand with her’

    En Irlande du Nord, un procès très médiatisé impliquant une jeune femme de dix-neuf ans face à des joueurs de rugby professionnels a récemment attiré l’attention sur le combat à mener plus largement contre l’oppression sexiste. Ce procès était des plus pénibles pour les victimes d’agressions sexuelles. La jeune femme a été interrogée beaucoup plus longuement que les accusés, le jury a fait circuler ses sous-vêtements et une ancienne députée a déclaré qu’une fille de la classe moyenne ne se serait jamais retrouvée dans une telle situation. Lorsque le verdict a été annoncé, non coupable, la colère fut générale. Des rassemblements ont immédiatement eu lieu avec le hashtag #IBelieveHer (je la crois). Deux jours plus tard, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Dublin et devant le palais de justice de Belfast. Une pétition en ligne réclamant la tenue d’une enquête sur le comportement des joueurs a recueilli 65.000 signatures. L’Irish Rugby Union et l’Ulster Rugby ont dû annoncer que les contrats des deux joueurs, Paddy Jackson et Stuart Olding, étaient révoqués. 30.000 euros ont été récoltés pour le Dublin Rape Crisis Centre dans les deux jours qui ont suivi l’annonce du verdict.

    Les actions ont été absolument monumentales sur l’ensemble de l’île. Elles s’inscrivent dans un sentiment global. En Pologne, les femmes sont également choquées par l’éthique catholique réactionnaire et se battent pour changer leur loi archaïque sur l’avortement. Lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une ‘‘grève féministe’’ a été déclenchée en Espagne et pas moins de 5,3 millions de personnes sont descendues dans la rue pour lutter contre les abus sexuels et l’écart salarial ! En Irlande, durant les manifestations, de nombreuses pancartes reprenaient une citation de la militante Angela Davis : “Je n’accepte plus les choses que je ne peux pas changer. Je change les choses que je ne peux pas accepter.’’ ‘‘Trop, c’est trop !’’ est devenu un cri de ralliement. Ces femmes ne recherchent pas des réformes ou des solutions rapides et bâclées.

    ‘‘Je ne vais pas me rendre à la police. Je ne vais pas affronter l’Ulster Rugby.’’ C’est le message effrayant que la jeune victime a envoyé à son amie au lendemain de son agression. Les femmes savent que le système n’est pas à leurs côtés, mais contre elles. Ces hommes puissants n’allaient jamais être réprimandés dans une culture qui considère tout cela comme du ‘‘discours de vestiaire’’. Nous devons lutter contre ce système d’exploitation qui protège les plus puissants plutôt que les plus vulnérables. La ‘‘culture machiste’’ est ancrée à tous les niveaux de la société capitaliste : y compris les forces de police, les tribunaux et l’État. Nous savons que ces institutions ne sont pas là pour la démocratie ou l’égalité, ce sont des outils pour réprimer la révolte de la classe ouvrière. Les mesures qui ont été prises en réponse à cette situation devraient déclencher un feu dans le ventre de chacun. Le changement est imminent et nous n’attendrons plus. Trop, c’est trop.

  • Manifestations massives en Irlande contre le ‘‘victim blaming’’ dans une affaire de viol

    Ce jeudi 29 mars, des manifestations spontanées d’indignation ont éclaté dans toute l’Irlande, tant au nord qu’au sud, en raison de la décision d’un juge de Belfast d’acquitter des joueurs de rugby dans une affaire de viol. La victime a par contre été blâmée tout au long du procès. Femmes et hommes sont descendus par milliers dans les rues avec le hashtag #IBelieveHer (je la crois). En Irlande, la campagne féministe socialiste ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) est en première ligne de ces protestations.

    Vue du cortège de la manifestation de Dublin.

    Différentes études indiquent que 26 % des Irlandaises sont victimes de violence sexuelle ou physique de la part de leur partenaire ou non, tandis que 31 % sont victimes de violence psychologique, y compris de violence économique. Seules 21 % des femmes victimes de violence le signalent à la police. Moins d’un tiers d’entre elles considèrent que la police a pris l’affaire au sérieux.

    En ce moment, les droits des femmes font l’objet d’une plus grande attention dans la société irlandaise, ce à quoi contribue l’organisation prochaine d’un référendum pour l’abolition de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement. La campagne féministe socialiste ROSA a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de masse qui a conduit à l’organisation de ce référendum et défend l’importance de l’abolition de l’interdiction de l’avortement.

    Tout cela a assuré que ce verdict dans une affaire de viol très médiatisée entraîne immédiatement une vague d’indignation et d’actions. Des joueurs de rugby étaient accusés d’avoir violé une jeune femme lors d’une fête. Celle-ci a affirmé qu’elle avait bien accepté d’être embrassée par l’un d’eux, mais qu’elle n’avait donné aucun consentement pour aller plus loin. Les avocats des joueurs de rugby ont fait tout ce qu’ils ont pu pour faire reporter la responsabilité sur la jeune victime. Les vêtements qu’elle portait ont ainsi été présentés comme ‘‘preuves’’ de consentement ! Le procès a pris la forme d’une condamnation de la victime. Comme dans 94 % de toutes les affaires de viol en Irlande, les accusés n’ont pas été condamnés.

    A Dublin, notre camarade Ruth Coppinger (députée de Solidarity et membre du Socialist Party, notre parti-frère irlandais) a pris la parole au Parlement concernant cette affaire. 

    Directement après, elle s’est rendue participer aux actions de protestations dans la rue. Voici une vidéo de l’une de ses prises de parole :

    Laura Fitzgerald, de la campagne ROSA – Irlande a également pu prendre la parole :

    Des actions ont eu lieu dans toute l’île. D’autres actions sont encore prévues ce week-end. En Belgique, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) est solidaire de ces manifestations. #WeStandWithHer!

  • Pourquoi il faut s’opposer au sommet du G8

    Cette année, le sommet du G8 se tiendra dans le comté de Fermanagh, en Irlande du Nord, les 17 et 18 juin. Cette rencontre réunit les chefs de gouvernement de huit grandes économies capitalistes mondiales afin de discuter de la manière de continuer à favoriser au mieux les intérêts de ceux qu’ils représentent : les super-riches, les grandes entreprises et les banquiers.

    Socialist Party (CIO-Irlande du Nord)

    Les dirigeants du G8 représentent des gouvernements qui attaquent frontalement le niveau de vie de la population. Ils sont déterminés à faire payer aux simples travailleurs, aux jeunes et à la classe moyenne le coût d’une crise dont nous ne sommes pas responsables pour financer le renflouement des banquiers et des spéculateurs. Leur programme d’austérité tue l’économie et a créé un chômage de masse à travers le monde, en particulier chez les jeunes. Alors que les super-riches continuent de s’enrichir, des milliards de personnes sur notre planète vivent avec moins de 2 dollars par jour.

    Ensemble, les gouvernements du G8 sont coupables d’inaction concernant le changement climatique qui menace notre environnement et l’avenir de l’humanité. Pour eux, les profits des compagnies pétrolières sont plus importants que notre planète. En 2001, le G8 a publié un communiqué de promotion pour la fracturation hydraulique (« fracking »), une méthode dangereuse d’extraction de gaz susceptible de contaminer les réserves d’eau. Les multinationales et de nombreux politiciens locaux salivent à l’idée d’appliquer ce processus à Fermanagh, contre la volonté des collectivités locales.

    Le G8 et le système capitaliste qu’il représente sont étroitement liés à la guerre et à la souffrance que celle-ci cause chez les peuples à travers le monde. Les gouvernements membres se sont directement engagés dans les campagnes impérialistes en Irak, en Afghanistan, en Libye et au Mali pour ne citer que quelques exemples. Certains soutiennent l’oppression de l’État d’Israël sur le peuple palestinien. En attendant, ils financent et arment les régimes dictatoriaux dans le monde entier.

    Où qu’ils aillent, les pays du G8 ont été confrontés, à juste titre, aux protestations des syndicats, des militants de gauche radicale, des militants pacifistes et des défenseurs de l’environnement. Nous ne pouvons pas leur permettre d’utiliser l’Irlande du Nord comme tribune vers laquelle se tournent les caméras pour y faire des discours vides de sens sur la paix et la prospérité sans opposition. Rejoignons la protestation contre le G8 et aidons à faire passer un message clair au monde : nous nous opposons à l’agenda du G8 et ces criminels ne sont pas les bienvenus ici !

    Qui compose le G8 ?

    Obama – belliciste en chef

    Des milliers de civils ont trouvé la mort dans ses frappes de drones au Pakistan et dans d’autres pays. Obama a poursuivi l’occupation de l’Afghanistan. Il a brisé sa promesse de fermer le camp de torture de Guantanamo et a emprisonné Bradley Manning qui avait exposé au grand jour les crimes de guerre américains.

    Cameron – l’héritier de Thatcher

    Le gouvernement conservateur dirigé par Cameron dirige un programme de coupes brutales qui dévaste les communautés de la classe ouvrière en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord. Parallèlement, il défend systématiquement ses amis banquiers. Les réductions de Cameron sur les allocations – y compris sa taxe impopulaire sur « les chambres à coucher » – et les attaques contre les soins de santé nationaux (NHS) visent à démanteler l’État-Providence.

    Angela Merkel – architecte de l’austérité

    Angela Merkel est idéologiquement engagée dans le programme d’austérité européen visant à faire baisser le niveau de vie de la classe ouvrière. Elle a exigé que les travailleurs et les jeunes de Grèce et d’autres pays soient jetés par terre plutôt que de faire payer les banquiers.

    Poutine – dictateur élu

    Poutine règne sur un régime institutionnellement corrompu dirigé par une oligarchie parasitaire. L’appareil d’État intimide et harcèle ceux qui osent parler. Récemment encore, les membres du groupe punk Pussy Riot ont été condamnées à une lourde peine pour avoir interprété une chanson qui critiquait Poutine.

    Qu’en est-il des « bénéfices » du G8 ?

    En Irlande du Nord, une campagne de propagande médiatique a tenté de nous faire croire que le G8 est une bonne chose. On nous a raconté que ce sommet allait booster notre économie, attirer les investissements étrangers et le tourisme tout en plaçant clairement l’Irlande du Nord sur la ‘‘scène mondiale’’. Combien de fois avons-nous entendu ces mêmes déclarations pleines de promesses ? Les communautés de la classe ouvrière d’Irlande du Nord attendent toujours les ‘‘dividendes de la paix’’ promises il y a 15 ans !

    La vérité est que le programme d’austérité du G8 consiste à un sabotage de l’économie, localement et globalement. L’assemblée exécutive ôte 4,3 milliards de livres sterling de notre économie à travers les coupes budgétaires. L’investissement a chuté parce que les entreprises ne sont pas convaincues de pouvoir faire suffisamment de gros bénéfices. Le tourisme a chuté parce que les gens ont tout simplement moins d’argent à dépenser. La station Lough Erne, dans laquelle va se tenir le sommet, est un bel exemple de cette situation. Elle a déposé le bilan et a été fermée. Elle est maintenant réouverte provisoirement et le personnel a été réembauché avec de plus petits salaires. Tout l’argent que rapportera le sommet du G8 sera perdu dans le dispositif massif de sécurité.

    Pas d’argent pour les soins de santé – 30 millions de livres pour protéger le G8 !

    Fermanagh sera transformé en zone militarisée à l’approche du sommet du G8, provoquant un énorme bouleversement dans la vie de la population. Des milliers de policiers ont été postés dans la zone, ainsi que l’armée. Des autopompes ont été préparées et le Conseil national de police a autorisé l’achat d’avions drones espions. Pendant que les politiciens ferment les écoles et réduisent les services de santé, aucune économie n’est faite sur les exigences de Cameron et de Poutine.

    Il y a eu une tentative délibérée de la police, des politiciens et des médias pour intimider les gens à exercer leur droit de protester contre le G8. Cela s’est accompagné d’une tentative de discréditer les opposants au G8 en les faisant passer pour des voyous violents et à les lier à des républicains dissidents. Il s’agit d’une considération inexacte. Nous cherchons à manifester pacifiquement. Les véritables coupables de violence se situent au sein même du sommet du G8 !

    Rejoins l’opposition socialiste !

    <img src=

    Le G8 représente le système capitaliste qui voit notre monde dominé par une minuscule élite de super-riches. Ce système engendre la pauvreté, la guerre, la destruction environnementale et la division. Nous sommes pour un monde socialiste, dans lequel l’immense richesse qui existe deviendra une propriété publique et sera utilisée démocratiquement pour assurer une existence décente à tous.

    Le Socialist Party et son internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) cherchent à construire une force politique capable d’unir les travailleurs et les jeunes, passant au-delà du fossé sectaire entre catholiques et protestants, pour défendre nos intérêts communs, nos intérêts de classe.

  • ‘‘Socialisme 2013’’ : Une riposte socialiste contre le nationalisme

    Lors du week-end de discussion et de débat Socialisme 2013, il y aura deux commissions consacrées à la question nationale en Belgique et au nationalisme. Plusieurs pays d’Europe sont confrontés à une croissance du nationalisme, comme en Catalogne par exemple. La première commission sera concentrée sur le nationalisme en Europe à partir des exemples d’Irlande du Nors, d’Ecosse et d’Espagne. La seconde abordera plus spécifiquement la question nationale en Belgique dans le cadre des prochaines élections de 2014, avec Anja Deschoemacker.

    Samedi 13 avril, 15-17h30 – De l’Ecosse à la Catalogne, la montée du nationalisme en Europe.

    En 2014 un referendum aura lieu en Ecosse au sujet de l’indépendance. En Catalogne, la toute nouvelle majorité nationaliste au Parlement régional a voté pour l’organisation d’un tel referendum. Le regard de toutes les forces régionalistes et nationalistes est rivé sur ces développements. Sous la pression de l’approfondissement de la crise, parviendrons-nous à une situation où des pays européens vont effectivement commencer à désintégrer en régions différentes ? Qu’en pensent les marxistes, comment interviennent-ils dans ce débat et avec quel programme ?

    Cette commission aura pour orateurs Kevin Henry, membre du Socialist Party (parti-frère du PSL en Irlande du Nord), qui abordera la question de la remontée du nationalisme en Ecosse et en Irlande du Nord, et Juan Antonio Herdi, membre de Socialismo Revolucionario (parti-frère du PSL en Espagne), qui parlera des récents développements qui ont eu lieu en Catalogne mais aussi de la lutte de classe qui se développe en réaction à l’austérité brutale.

    Dimanche 14 avril, 10-12h. – Quel programme pour la question nationale en Belgique, en préparation aux élections de 2014 ?

    Dans son speech de nouvel an devant ces troupes, Bart De Wever a affirmé que 2013 était une année très importante pour le nationalisme flamand, une année où le confédéralisme est élaboré et préparé. Année importante aussi puisque les chiffres de l’année 2013 peuvent donner la date 1302, quand a eu lieu la fameuse Bataille des Eperons d’Or…

    Les médias et les grands partis politiques vont tout faire pour que le débat des élections de 2014 tourne exclusivement autour l’existence d’un Etat belge viable. Allons-nous vers une aventure qui peut conduire à l’autonomie de la Flandre ou les électeurs vont-ils voter contre une répétition du scénario de 2010, et donc préférer des ‘‘partis responsables’’ ? Mais le gouvernement qui sortira des urnes ne va pas se consacrer principalement à l’aspect institutionnel du vivre ensemble. Pour la première fois depuis longtemps, quatre années se succèderont sans aucune élection. La classe des travailleurs peut se préparer à une fameuse accélération de l’offensive concertée, unifiée et structurelle des gouvernements et du patronat contre nos acquis sociaux d’après-guerre.

    Anja Deschoemacker, membre de la direction du PSL, parlera du lien entre la nécessité d’une riposte du mouvement ouvrier pour préserver les restes de l’Etat-providence et de l’attitude que doivent adopter les marxistes au sujet de la question nationale afin d’éviter toute division au sein du mouvement des travailleurs.

  • Sri Lanka – De nouvelles possibilités malgré la répression continue

    Lors de l’édition 2012 de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un meeting a eu lieu sur le Sri Lanka et la campagne de solidarité avec la cause tamoule. Plusieurs Srilankais ont pris part à ce meeting dont un cadre de l’United Socialist Party (la section sri-lankaise du CIO) et deux membres du Frontline Socialist Party (FSP), un partis assez grand issu d’une scission récente du JVP, un partis cinghalais chauviniste. Le FSP est en train de réévaluer le passé politique du JVP dont il rejette désormais l’opportunisme et le nationalisme. Ceci a rendu possible un dialogue entre le FSP et diverses forces de gauche au Sri Lanka, parmi lesquelles l’United Socialist Party (USP).

    Rapport d’une discussion tenue à l’école d’été du CIO, par Christian (Louvain)

    Le gouvernement Srilankais prétend que la croissance économique atteint les 8% au Sri Lanka. Il n’est que naturel que trois ans après la fin d’une guerre civile de 30 ans le pays connaisse une certaine amélioration sur le plan économique. Toutefois, les données du gouvernement apparaissent peu réalistes et la croissance ne serait en effet que de 6,7%. À part ça, il est aussi vrai que les travailleurs, les paysans pauvres et les masses démunies en général continuent de se débattre pour survivre.

    Le Département pour les Recherches et les Statistiques estime qu’une famille moyenne au Sri Lanka a besoin de 250 euros (42.224 rupees) par mois pour subvenir à ses besoins de base. Toutefois, le salaire minimum n’est que de 40 euros dans le secteur privé et de 70 euros dans le secteur public. Etant donné cette situation, les syndicats revendiquent une augmentation immédiate des salaires de 12.500 rupees (74 euros). En janvier, le gouvernement a procédé à une dévaluation de la monnaie nationale de 3%. Entre temps, la valeur de monnaie sri-lankaise a connu une dépréciation réelle d’environs 30%. Ceci a entrainé une inflation de 37% qui s’exprime par une hausse importante des produits de base.

    Trois ans après la fin sanglante de la guerre civile au Sri Lanka, une amélioration sur le plan économique et politique se fait toujours attendre pour la majorité de la population. L’espoir que les sommes énormes consacrées à la guerre allaient désormais être investies dans l’amélioration du niveau de vie de la population a amèrement été déçu. Au contraire, la militarisation du pays continue de bon train et les dépenses militaires atteignent un niveau jamais connu, même durant la guerre civile. En effet, le gouvernement consacre plus de sept fois plus d’argent aux forces armées qu’à l’éducation. Pour le reste, la clique autour du Président Rajapaksa s’enrichit de plus belle et la corruption engloutit des sommes considérables.

    Les pays impérialistes occidentaux tout comme l’Inde font pression sur le gouvernement Sri Lankais pour qu’il trouve "une solution politique" à la question nationale. Ceci fut la plus importante promesse que Rajapaksa fit à ses gouvernements. En même temps, le gouvernement Indien se voit confronté à la pression populaire des masses dans l’Etat de Tamil Nadu pour faire quelque chose afin d’améliorer la situation de la minorité tamoule au Sri Lanka.

    Le régime Rajapaksa a démontrée qu’il n’est pas en mesure de dévier de sa politique de nationalisme bouddhiste cinghalais laquelle lui assure une certaine base électorale dans le Sud du pays. Dans le Nord, à majorité tamoule, les tamoules languissent encore dans les camps de détention. Le régime du Président Rajapaksa s’approprie les terres de la population tamoule pour les donner à des familles de militaires pauvres comme à des paysans et pêcheurs cingalais. Tout comme en Palestine, cette colonisation promet de compliquer la question nationale encore d’avantage. Trois ans après la fin de la guerre civile la discussion sur la question nationale est en train de redevenir primordiale.

    D’autre part, la diaspora tamoule tente de s’organiser pour former un front commun qui appellerait à la création Tamil Eelam (la patrie tamoule).

    Si les capitalistes sri-lankais auraient fait quelques concessions ou auraient même tenté de résoudre la question nationale, ceci aurait permis à la classe ouvrière d’à nouveau jouer un rôle déterminant. Après des années de division profonde de la classe ouvrière, la question communautaire aurait été enfin reléguée à l’arrière plan. Toutefois ceci n’aurait pas été dans l’intérêt de la bourgeoisie sri-lankaise.

    Résistance et répression

    Au moindre signe de lutte parmi les travailleurs, paysans, pêcheurs ou étudiants Rajapaksa est près à employer les forces armées pour étouffer toute résistance. Non seulement dans le Nord mais aussi dans le Sud à majorité cingalaise le régime a établit des camps militaires. Mais malgré ceci la lutte de classe reprend de l’ampleur autour d’un nombre de revendications immédiates. Le chauvinisme n’est plus aussi effectif qu’il ne l’était et ne suffit plus pour empêcher les luttes.

    Les derniers mois ont étés marqués par plusieurs conflits qui ont pu donner une certaine confiance aux travailleurs et aux couches les plus démunies. Dans une usine de textiles à Colombo sur le point d’être fermée, les travailleurs ont pu préserver leurs droits de pensions. D’autre part, des manifestations de pêcheurs contre une hausse de 50% sur le prix du carburant ont fini par obliger le gouvernement à faire d’importantes concessions. Ces deux conflits se sont soldés par des pertes de vies, un fait caractéristique pour la répression policière dans un pays semi-colonial comme le Sri Lanka où les droits syndicaux sont eux aussi rarement respectés. Le régime a su aussi s’attirer la rage des paysans pauvres avec une nouvelle loi visant a imposer l’usage de paniers en plastique pour le transport des fruits et légumes aux marchés. Cela a provoqué des manifestations un peu partout dans le pays.

    De son côté, l’United Socialist Party (USP) a réagi à ces mouvements avec une campagne dans les lieux de travail et les universités. Dans notre tract, nous expliquons que le capitalisme n’est pas en mesure de trouver des solutions aux problèmes et qu’une alternative socialiste est à l’ordre du jour. Nos activités sont bien reçues. Nous avons organisé une série de meetings publics autour de la question: "Quelle alternative au régime Rajapaksa?" Ces meetings on eu lieux à Colombo comme à Ratmalana, Ehaliyagoda, Galle, Horana, Kalutara, Pollonnaruwa, Moragala et Nuwaraeliya. Notre journal mensuel "Étoile Rouge" apparait aussi bien en cingalais qu’en tamoul.

    Etant donné la répression du régime, le travail politique et syndical n’est pas sans dangers au Sri Lanka. Le jour même du Congrès visant à fonder le Frontline Socialist Party, deux futurs membres du bureau politique de cette organisation furent enlevés et maintenus en détention clandestine par les autorités. C’est seulement après une campagne internationale à laquelle nous avons contribué qu’ils furent relâchés. Les enlèvements et les assassinats d’activistes sont d’actualité au Nord comme au Sud du pays.

    Nouveau développements au sein de la gauche

    Le JVP (Front de Libération Populaire) fut un parti largement d’inspiration maoïste mais faisant aussi appel au nationalisme cingalais. Il a connu un grand essor durant la radicalisation étudiante des années 1980. En 1971 et puis encore en 1987-89, le JVP se lança dans des révolte sanglantes basées sur des tactiques de guérilla. Ayant pris la voie parlementaire depuis 1989, le flanc chauviniste du JVP se vit récemment dépassé dans son communautarisme par le régime de Rajapaksa. Dans ce contexte, une scission de gauche a conduit à l’établissement du Frontline Socialist Party (FSP). Celui-ci est en discussion avec toutes les forces de gauche afin d’arriver à plus de coopération au sein de la gauche Sri Lankaise.

    Avec l’USP, nous prenons part à cette discussion. Pour le 1er mai, nous avons pris part pour la première fois a un défilé commun à Colombo. Il est crucial d’arriver à plus d’unité parmi la gauche sur base d’un programme avec lequel nous serons plus fort dans la lutte des classes.

    Ces dernières années, presque tous les mouvements étudiants furent contrôlés par le JVP. Toutefois, avec la scission du FSP, de nouvelles possibilités se présentent pour la gauche d’intervenir parmi les étudiants. Ici, nous avons un rôle très important à jouer avec l’USP puisque les jeunes ne se sentent pas attirées par la gauche traditionnelle qui appuie aujourd’hui le régime. Dans la période à venir, l’USP va s’orienter d’avantage vers les jeunes tout en favorisant plus de dialogue au sein du mouvement ouvrier où une coordination réelle es actuellement presque inexistante. À cette fin, nous menons une campagne pour une convention démocratique des syndicats et des travailleurs laquelle pourrait unir les luttes des travailleurs et des masses démunies.

    La question nationale

    Il est important de préciser que le Sri Lanka fut le premier pays au monde à avoir un parti Trotskiste de masses; le LSSP. Ce partis a su rassembler cingalais et tamouls dans une lutte commune. Ce partis établi dans les années trente a fini par se compromettre en participant dans des coalition avec des partis bourgeois à partir de 1964. Une fois le LSSP discrédité comme force révolutionnaire, cela a laissé la porte grande ouverte à des mouvements comme le JVP. En même temps, parmi la minorité tamoule opprimée, l’idée d’atteindre l’indépendance par la voie armée gagna également en popularité.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a toujours insisté que de telles tactiques, comme dans le cas de l’IRA en Irlande du Nord, sont vouées à l’échec. Une minorité (au Sri Lanka les tamouls représentent 18% de la population) ne peut acquérir l’indépendance par la voie armée. Une telle approche ne fait que renforcer la répression de l’état qui peut désormais plus facilement faire recours au chauvinisme de la population majoritaire aliénée par les tactiques terroristes des indépendantistes. L’unique voie possible qui puisse aboutir à l’auto-détermination tamoule serait une lutte commune des travailleurs et paysans tamoules et cingalais pour le socialisme.

    Inversement, comme nous le rappelle Lénine, durant la révolution russe, ce fut l’unité sur basse du droit à l’auto-détermination pour toutes minorités nationales qui permit à la révolution de triompher. Malheureusement, le LSSP, miné par le réformiste et l’opportuniste parlementaire, n’était plus en mesure de mener une telle lutte pour un avenir socialiste, le seul avenir qui puisse répondre aux besoins des masses Sri Lankaises. C’est dans se contexte que le Sri Lanka a sombré dans 30 ans de guerre civile. Aujourd’hui, ce qui reste du LSSP fait partie de la gauche traditionnelle qui appuie le régime au pouvoir.

    Bien que marxistes révolutionnaires, il ne nous appartient pas de revendiquer l’auto-détermination tout en l’acceptant comme droit démocratique indispensable à l’unité de classe. Une approche correcte à la question nationale est un point crucial au Sri Lanka comme ailleurs dans le monde. Des régimes comme celui de Rajapaksa finissent par disparaitre tôt ou tard, mais la question nationale ne peut être résolue dans le cadre du capitalisme, surtout dans un contexte néocolonial. C’est aussi de plus en plus le cas dans les pays riches touchés par la crise. Les droits démocratiques sont un luxe que la bourgeoise peut de moins en moins se permettre sans mettre en péril son existence.

    Campagne de solidarité

    La campagne de solidarité avec la cause tamoule (Tamil Solidarity Campaign) initiée par le CIO est unique en son genre à cause de son approche de classe. Contrairement à d’autres groupes, elle ne tente de faire ni la charité ni encore moins le lobbying auprès de politiciens bourgeois. Au lieu de faire appel à la solidarité des 1% elle fait appel celle des 99%. Le modèle suivi est plutôt celui de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, laquelle fut essentiellement fondée sur la solidarité des travailleurs et des organisations ouvrières. En pratique ceci s’exprime, entre autres, par l’affiliation de UNISON, le plus grand syndicat du secteur publique en Angleterre, à la campagne de solidarité avec la cause tamoule. Nos camarades en Angleterre et au Pays-de-Galle, sont actuellement en train de promouvoir l’adhésion d’autre syndicats à la campagne. Cette approche de faire appel à la solidarité syndicale nous permet de faire le lien entre la politique néolibérale de Rajapaksa et l’austérité ici en Europe. En mettant la solidarité de classe au centre de notre campagne nous espérons aussi présenter une vision alternative à la diaspora tamoule et ne pas abandonner le champs aux nationalistes bourgeois.

    Malgré l’existence d’une grande diaspora tamoule dans de nombreux pays occidentaux, contrairement à la cause palestinienne, la cause tamoule est presque entièrement absente au niveau politique. Paul Murphy, le député européen de notre section irlandaise, utilise la plateforme que lui offre son mandat pour populariser la cause tamoule.

    D’autre part, notre campagne de solidarité cherche aussi à aller à l’encontre des illusions qui existent dans la diaspora tamoule en ce qui concerne les interventions de pays impérialistes ou d’institutions internationales comme les Nations Unies. Avant tout, les pays impérialistes souhaitent un régime stable au Sri Lanka qui puisse garantir leur investissements. Dans le cas où ils interviendraient, ce ne serait en aucun cas pour défendre les droits de l’homme. De surcroit, une intervention impérialiste risquerait de renforcer le régime Rajapaksa. Comme le régime ne dépend pas des impérialistes occidentaux que se soit à un niveau économique, politique ou militaire il peut se permettre de jouer la carte de anti-impérialiste. Ayant bénéficié du soutien de la Chine et de l’Inde durant la guerre civile, Rajapaksa permet aujourd’hui aux capitalistes Indiens de mettre en place une zone de libre échange dans le Nord du pays alors que la Chine construit un port gigantesque dans le Sud.

    Notre section belge elle aussi est active dans la campagne de solidarité avec la cause tamoule. Notamment à Anvers nous avons accueilli des immigrés tamoules dans notre organisation grâce à cette campagne. Ainsi, de telles campagnes de solidarité peuvent aussi contribuer à renforcer la solidarité de classe entre travailleurs belges et immigrés, une solidarité cruciale dans la lutte contre l’austérité et l’extrême droite. De plus, cela nous permet d’apprendre quelque chose de la riche histoire politique du Sri Lanka, une histoire qui a des leçons à nous livrer.

  • [INTERVIEW] Un marxiste élu à la tête du plus grand syndicat d’Irlande du Nord

    Notre camarade Padraig Mulholland, membre de notre parti frère en Irlande du Nord le Socialist Party, a récemment été élu président du syndicat NIPSA (Northern Ireland Public Service Alliance, le plus grand syndicat d’Irlande du Nord avec ses 45.000 membres), lors de la conférence annuelle du syndicat qui s’est tenue au début du mois de Juin. Entretien avec un dirigeant syndical combatif.

    Interview réalisée par l’hebdomadaire ”The Socialist”

    Quelle est la portée de ta victoire?

    A cette conférence, les délégués ont voté pour un candidat de gauche prêt à se battre. J’ai clairement fait savoir que je suis membre du Socialist Party et de Broad Left (Gauche Large), une initiative qui réuni des militants partisans d’un syndicalisme de combat et démocratique. Les candidats de cette initiative ont également remporté la vice-présidence et la trésorerie du syndicat. Ces résultats indiquent clairement le début d’un changement d’atmosphère au sein du syndicat. Les militants syndicaux savent que leurs conditions de travail font l’objet d’attaques sévères, tout comme les services publics eux-mêmes. Ils savent également qu’une direction syndicale ferme et résolue est nécessaire pour les mois à venir. Les permanents syndicaux doivent être bien conscients que notre syndicat est contrôlé par ses membres, et j’ai bien l’intention de solidement tenir compte des points de vue de la base.

    Quels sont les sujets brûlants qui font face au syndicat?

    Nous résistons à des coupes budgétaires immondes dans nos services publics, à des baisse salariales et à une détérioration de nos droits à la pension. Il est extrêmement important de continuer à mener campagne et de partir en action. Une action de grève coordonnée de l’ensemble du secteur public est d’ailleurs en préparation pour l’automne. Nos membres dans le secteur des logements sociaux partiront aussi en action ces prochaines semaines, et je ferai tout mon possible pour soutenir cette action.

    La conférence de la NIPSA a voté cette année pour commencer un débat portant sur la nécessité d’un fonds politique. Quelle est la portée des près de 50% de voix en faveur de cette motion ?

    Si cette motion avait été adoptée, elle aurait permis aux membres de se prononcer pour savoir si la NIPSA devrait être plus ‘‘politique’’. A mon sens, tous les syndicats devraient être politiques. Pour l’instant, nous ne pouvons que simplement défendre nos intérêts, sans aller plus loin. Nous avons besoin d’une voix politique, d’un nouveau parti des travailleurs qui ne soit pas sectaire sur la question de la confession religieuse et qui représente les intérêts de toute la classe ouvrière. Notre syndicat, qui a des membres tant parmi les protestants que parmi les catholiques, est très bien placé pour jouer un grand rôle dans la création d’un tel type de parti. Je crois que nous parviendrons bientôt à recevoir l’appui des deux tiers des délégués, tel que cela est nécessaire pour que la motion passe.


    La NIPSA est, en fonction des normes britanniques, un petit syndicat. Mais en Irlande du Nord, il s’agit du principal syndicat. Avec ses 46.000 membres parmi les catholiques et les protestants, il s’agit du seul syndicat à être actif dans tout le secteur public et dans toutes les régions d’Irlande du Nord. Le secteur public fait actuellement face à une offensive d’austérité à la fois de la part du gouvernement de Londres et de celui de Belfast.

  • Irlande : le Traité fiscal européen est passé

    Une victoire à la Pyrrhus pour l’establishment, qui dévoile leur vrai visage

    Le référendum irlandais portant sur le Traité Fiscal européen a constitué un enjeu international de grande importance. Ce pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), comprend une série de règles budgétaires parmi lesquelles le fait que les divers pays doivent réduire leurs déficits structurels à 0,5 % de leur PIB et la dette globale à 60 % de leur PIB. Ce traité institutionnalise l’austérité et représente une attaque très sérieuse contre les droits démocratiques en renforçant de façon importante les pouvoirs de la Commission européenne.

    Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Lors de ce référendum, le monde des affaires et les ‘‘dirigeants’’ de l’Union Européenne appuyaient le ‘‘Oui’’. A leur opposé, la classe ouvrière, en Grèce tout comme dans bien d’autres pays, espérait voir la victoire du ‘‘Non’’ en comprenant bien que la lutte contre l’austérité et le capitalisme à travers toute l’Europe se doit d’êtrer unifiée. Un ‘‘Non’’ aurait permis de donner un nouvel élan à cette lutte.

    En fin de compte, le Traité Fiscal (surnommé par nous et d’autres comme étant le Traité d’Austérité) a été adopté ce jeudi 31 mai à 60% contre 40, avec un taux de participation de 50,6 %. Ce résultat ne peut toutefois pas être interprété par le gouvernement comme étant une grande victoire ou une approbation de la politique d’austérité. Aucun enthousiasme ne se trouve derrière ce vote pour le ‘‘Oui’’. Comme un ministre l’a admis, ceux qui ont voté en faveur du traité l’ont fait avec une ‘‘réticence extrême’’. Un éditorial du Sunday Independent a d’ailleurs commenté que ‘‘loin d’être un vote de confiance envers l’Europe, ou le gouvernement, le Oui maussade que ce référendum a obtenu de la part d’une population réticente était un acte de désespoir.’’

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A lire également

    MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

    Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

    [/box]

    Le Socialist Party (section du CIO en République Irlandaise) et ses représentants les plus proéminents, les députés Clare Daly et Joe Higgins ainsi que le député européen Paul Murphy, se sont battus dans une campagne très soutenue commentée par de nombreuses personnes.

    Un chantage et une intimidation sans précédent

    La campagne du ‘‘Oui’’ a entièrement reposé sur le chantage et la menace. Le texte du Traité Fiscal a été décidé l’été dernier mais, en février, un préambule a été ajouté selon lequel seuls les pays ayant accepté le Traité Fiscal seraient en mesure d’accéder aux fonds du mécanisme européen de stabilité qui doit bientôt voir le jour (MES, qui doit remplacer en juillet 2012 le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière qui avaient été mis en place suite à la crise de la zone euro). Ce MES est un nouveau de 700 milliards d’euros destiné à renflouer les spéculateurs et les banquiers et à restaurer la stabilité de l’euro au détriment de la classe ouvrière européenne.

    Cette clause de chantage soutenue par le gouvernement irlandais a été spécialement conçue pour faire de la question de l’accès à une aide financière en cas de future insolvabilité ou de faillite le thème dominant de cette campagne. Cette clause a véritablement représenté une arme pointée sur la tête des électeurs afin de les forcer à voter ‘‘Oui’’, sous la menace de sinon devoir faire face à un effondrement financier. Voilà qui en dit beaucoup sur les aspirations démocratiques de l’Union européenne ou du gouvernement irlandais.

    Avec cette menace, l’establishment a affiché son impitoyable détermination de voir le traité passer de force. Cette intimidation a eu un impact majeur en se basant sur les craintes bien réelles d’un approfondissement majeur de la crise économique. Les partisans du ‘‘Oui’’ recevront une récompense amère pour ces intimidations brutale au cours des mois et années à venir.

    Durant la campagne, la population a été menacée par l’idée que, sans source de financement et de crédit, l’année 2014 serait immédiatement marquée par une austérité catastrophique pire encore que celle que les travailleurs irlandais et leurs familles ont dû subir jusqu’à présent ; que le Budget de décembre serait également pire en cas de défaite du ‘‘Oui’’ ; que le ‘‘Oui’’ signifiait stabilité, investissements et emplois au contraire du ‘‘Non’’, etc. L’establishment a également reçu l’aide de la Commission référendaire, soi-disant indépendante.

    Une loi datant de 1994 force les médias (TV et radio) à respecté une parité à) l’occasion des campagnes référendaires. Les médias sont donc formellement tenus d’accorder une couverture identique aux deux camps dans le cadre d’une campagne pour un référendum. En dépit de cette obligation juridique, la partialité des médias a atteint des sommets qui n’avaient jusqu’alors jamais été vus.

    De nombreux présentateurs ont publiquement soutenu l’establishment et ont aidé à concentrer le débat sur la question du financement afin d’éviter toute véritable discussion sur le contenu réel du Traité Fiscal et de son impact en termes d’austérité.

    La clause de chantage sur le financement et le rôle des médias sont des facteurs centraux pour permettre de comprendre le résultat final du référendum. Ce résultat est révélateur de l’atmosphère actuelle et de l’état de conscience général des masses. La compréhension que l’austérité est mauvaise pour l’économie est générale, et le sentiment anti-austérité est général à son encontre, comme l’a d’ailleurs exprimé l’opposition à la récente taxe sur les ménages (voir notre article : Un Irlandais sur deux a refusé de payer la nouvelle taxe d’habitation). C’est parmi la classe ouvrière et parmi ceux qui sont les plus touchés par diverses réductions budgétaires, nouveaux impôts et mesures d’austérité que ce sentiment est le plus fort.

    Une réelle crainte d’un effondrement financier

    Cependant, pour des couches importantes de la population, dont la classe moyenne et certaines sections de la classe ouvrière qui s’en sortent mieux, la peur de l’austérité est surpassée par la crainte d’un potentiel effondrement financier à l’arrivée du terme de l’actuel programme de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International (l’Irlande, avec la Grèce et le Portugal, es passée sous la tutelle directe de ses créanciers par les plans d’ « aide » conclu avec la Troïka – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Même si de très nombreuses personnes ne croient pas sérieusement en la menace que l’Union Européenne pourrait bloquer ses fonds en cas de victoire du ‘‘Non’’, ils ont malgré tout voté pour ce qu’ils considéraient comme étant l’option la moins risquée.

    La réalité, qui est que la politique d’austérité détruit l’économie irlandaise et européenne, a été quelque peu étouffée par l’intense propagande qui a défendu que ce Traité faisait partie d’un plan de relance. Le gouvernement irlandais a même essayé d’incorporer la victoire de François Hollande en France dans leur campagne afin de diffuser l’idée que l’austérité peut aller de pair avec la croissance, prétendant même que des plans de croissance importants sont en vue, une fois le traité adopté bien entendu.

    L’establishment a encore tenté de présenter l’effondrement de l’économie grecque et l’instabilité du pays comme des conséquences directes de la lutte contre l’austérité et du non respect des conditions de la troïka. Pour l’essentiel, le vote ‘‘Oui’’ est donc basé sur la combinaison d’une intense campagne d’intimidation avec des promesses de relance de l’économie.

    Mais il faut aussi mentionner l’absence de la compréhension qu’une alternative existe face à la dictature du capitalisme et des marchés et qu’il est possible d’instaurer des politiques de type socialiste. Cela a clairement freiné la confiance de la population à voter ‘‘Non’’.

    Une opposition sans cesse plus dure contre l’austérité et l’Union Européenne

    Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, le fait que 40 % des électeurs aient tout de même voté contre le traité est un très important et très significatif. Il s’agit d’un élément très positif quant à la détermination de larges sections de la classe ouvrière, plus particulièrement. Cela indique clairement que la campagne du ‘‘Non’’, dominée par la gauche, a eu un impact.

    Alors qu’un nombre important de personnes issues de la classe ouvrière ont voté oui, il est également exact d’affirmer que ce vote reflète une grande polarisation de classe. Seules cinq des quarante trois circonscriptions a connu une majorité contre le traité, mais il est clair que, globalement, la majorité de la classe ouvrière a voté contre. Le ‘‘Oui’’ a bénéficié de fortes majorités dans les zones qui concentrent la classe moyenne, et dans les zones rurales et agricoles. En revanche, les résultats indiquent que de nombreuses villes et districts où est concentrée la classe ouvrière, le vote ‘‘Non’’ a pu atteindre les 70 %, 80 % ou même 85 %.

    Après les élections générales de février 2011, nous avions très correctement prédis que la coalition au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, connaîtraient une importante baisse de soutien. De la même manière, le résultat de ce référendum sera ébranlé par les événements à venir. L’establishment a obtenu son ‘‘oui’’ en se basant sur l’intimidation, le chantage et de fausses promesses. Le fait même que le gouvernement ait fondé sa campagne sur la nécessité d’être en mesure d’accéder aux fonds européens dans le cas de la nécessité d’un nouveau plan de sauvetage est en soi la preuve de l’échec total de la politique d’austérité. Durant la campagne, le premier ministre Enda Kenny et d’autres ont une fois de plus promis l’arrivée d’une reprise économique, mais l’approfondissement de la crise économique et de la crise de la dette au sein de la zone euro exposeront la nature mensongère de ces promesses de la part du gouvernement.

    Kenny a également déclaré qu’un accord sera conclu avec l’Union Européenne pour réduire l’insoutenable dette du pays. A mesure qu’il deviendra clair qu’il n’y aura ni reprise économique ni réduction du chômage et que toute modification de la dette sera conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, l’Irlande sera ravagée par le genre d’instabilité que l’establishment essaye désespérément d’éviter.

    L’intimidation n’est pas une politique durable, elle ne pourra pas être un barrage éternel pour protéger l’establishment capitaliste. Comme l’a dit Napoléon : ‘‘on peut faire beaucoup de choses avec les baïonnettes, sauf s’assoir dessus.’’ L’aggravation de la crise économique combinée à de plus importantes mesures d’austérité et à plus d’attaques contre les droits démocratiques préparera le terrain pour une explosion de la colère, des lutte et de la radicalisation politique.

    La question du financement

    Certains commentateurs ont affirmé que puisque le résultat final du référendum correspond aux premiers sondages parus avant le début de la campagne, cette dernière n’aurait pas eu d’effet. C’est faux. L’establishment irlandais, l’Union Européenne et les médias étaient très bien préparés et ont agi de façon extrêmement coordonnée dans le cadre d’une offensive massive contre la campagne du ‘‘Non’’ avec la menace du financement du pays comme arme principale.

    Fondamentalement, ils ont utilisé leur contrôle capitaliste sur le système financier comme un levier destiner à forcer la population à accepter plus encore d’austérité capitaliste. De la même manière que le contrôle de l’eau et l’approvisionnement en eau doit être domaine du public, il n’y a aucune raison que le crédit et la fiance ne soient pas considérées comme une fonction publique essentielle plutôt que d’être laissée soumise à la soif de profits des investisseurs privés. Ce contrôle privé est utilisé pour forcer les gens à payer une forte rançon, à l’instar des usuriers. Toute contestation de ce fait conduit à des exigences pires encore. Cette course vers le bas ne peut être efficacement défiée que par le biais de la lutte pour mettre fin au contrôle du système financier.

    Les médias, en jouant sur la peur, ont utilisé leur influence pour faire passer l’idée que tous les financiers étaient prêts à immédiatement retirer leurs fonds d’Irlande. Ensuite, ils ont massivement appuyé la thèse selon laquelle il n’existait aucune crédibilité sans une solution immédiate qui soit acceptable pour les marchés financiers. Dans la première semaine et demi de la campagne, le camp du ‘‘Oui’’ et les médias ont restreint le débat sous cet angle et frappé à grands coups contre le camp du ‘‘Non’’. Ils ont alors considérablement augmenté le soutien pour voter Oui.

    Il s’agit d’une version émoussée du vieil argument antisocialiste ‘‘c’est très bien, mais d’où proviendra l’argent?’’ Cette attaque a eu plus d’effet maintenant qu’elle n’en a eu dans les années ‘70 et ‘80 en raison des problèmes économiques qui semblent plus aigus qu’à l’époque, et aussi en raison du fait que l’idée de prendre collectivement possession des richesses et des leviers du pouvoir est plus éloignée de l’esprit des gens qu’il y a quelques décennies.

    Cependant, il est évident que plus d’austérité conduira à une crise plus profonde, et il pourra y avoir un changement radical dans la manière qu’ont les gens de voir les choses, et notamment ce qui est possible et nécessaire pour riposter face à la crise. La population deviendra moins sensible aux diktats, à l’intimidation et aux manipulations, et bien plus de personnes seront ouvertes à entendre des solutions réelles et radicales. Nous avons d’ailleurs déjà pu quelque peu le constater durant la campagne, à mesure que nous répondions aux attaques de la campagne du ‘‘Oui’’ concernant l’austérité. Nous avons pu réussir à briser l’élan initial du camp du ‘‘Oui’’.

    Alors que la campagne du ‘‘Non’’ a été en mesure de saper les arguments de l’establishment, elle n’a pas été capable de réellement développer une forte impulsion derrière elle. En fin de compte, nous avons obtenu un résultat avec lequel peu de gens soutiennent, une majorité acquise pour ce qu’ils considéraient comme le moindre mal, sans enthousiasme.

    Retombées politiques

    Ce résultat n’a pas renforcé le gouvernement, qui a l’accueilli avec soulagement. Mais s’ils avaient perdu le référendum, ils auraient fortement été affaiblis. Pour faire passer le traité, ils ont fait des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir ; l’ébranlement du soutien au gouvernement va donc s’accélérer à mesure que la crise va persister et s’empirer.

    Le soutien pour le parti travailliste est particulièrement en déclin. Après une année au pouvoir, ils ont déjà perdu 50% de leurs votes, selon un sondage effectué il y a maintenant un peu plus d’une semaine. D’autre part, de nombreux rapports font état de l’accueil hostile qu’ils ont reçu dans les quartiers ouvriers durant la campagne. Cette pression sur et à l’intérieur du parti travailliste va certainement empirer.

    <h>Le Sinn Fein et l’United Left Alliance sortent gagnants

    Même s’ils figurent dans le camp des perdants, ceux à qui cette campagne a principalement bénéficié sont le Sinn Fein et l’United Left Alliance (une alliance large de gauche qui dispose de 5 élus au parlement, dont deux du Socialist Party), les principales forces du camp du Non. Le Sinn Fein et le Socialist Party ont tous deux bénéficié du soutien financier du groupe parlementaire européen de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL). Avec ses ressources financières massives, ses 14 députés et ses 54 conseillers locaux, le Sinn Fein avait déjà d’énormes réserves et ressources avec lesquelles faire campagne.

    Le Sinn Fein a bénéficié d’une large couverture médiatique pour le camp du ‘‘Non’’ et leur campagne a eu un impact. Ils se sont positionnés en opposition à l’austérité et ont choisi d’accentuer cela plutôt que d’attaquer sous l’angle les droits démocratiques dans une optique de souveraineté nationale ou de droits nationaux. Mais ont limité leurs critiques contre l’Union Européenne et le capitalisme, impliquant ainsi qu’un meilleur accord pouvait être tiré des négociations avec l’Union Européenne.

    De façon très ironique, le parti travailliste a riposté en expliquant que le Sinn Fein s’oppose à l’austérité en République irlandaise alors qu’ils l’imposent en Irlande du Nord. Cette belle hypocrisie a été vaine car le parti travailliste, plus que personne d’autre, ne dispose dorénavant d’aucune crédibilité pour mener ce genre d’attaque. Cela a eu peu d’effet.

    Il nous faut un nouveau parti des travailleurs !

    Le soutien au Sinn Fein a régulièrement augmenté depuis les élections législatives de l’an dernier où ils avaient obtenu 10%. Le dernier sondage leur donne maintenant 24%, soit 3% de plus que lors du précédent sondage et plus de deux fois le score du parti travailliste.

    Mais certaines parmi la classe ouvrière ne voteront jamais pour le Sinn Fein quelles que soient les circonstances. Cependant, il semble bien que le Sinn Fein sera le principal bénéficiaire de la crise politique qui concerne tous les partis traditionnels, à moins qu’une réelle alternative issue de la classe ouvrière et authentiquement à gauche puisse se développer. Au vu de la tendance actuelle, le Sinn Fein pourrait devenir le plus grand parti dans les prochains sondages.

    Les conditions peuvent-elles se développer pour le lancement d’une force de gauche réellement socialiste avant même l’explosion politique et sociale inhérente à la situation actuelle ? Pour répondre à cela, la manière dont se développera la lutte contre la ‘‘Household Tax’’ (la taxe sur les ménages) sera d’une importance cruciale.

    La campagne du Socialist Party

    Le Socialist Party est arrivé dans cette campagne en plus forte position que lors des précédents référendums européens. En 2008, pour la campagne du premier référendum sur le Traité de Lisbonne, notre camarade Joe Higgins avait joué un rôle crucial alors qu’il n’était pas encore élu député. Il a eu un impact réel sur le résultat du vote. Cette fois nous n’avions pas seulement Joe, qui a fait beaucoup d’apparitions publiques énergiques, nous avions aussi la députée Clare Daly et le parlementaire européen Paul Murphy (qui remplace Joe Higgins au parlement Européen où il a été élu en 2009 avant d’être élu au Parlement Irlandais).

    C’était la première campagne référendaire de Clare en tant que députée et il est unanimement admis qu’elle a fait une très bonne performance dans toute une série d’apparitions et de débats, dont des débats contre d’importants porte-paroles du gouvernement. Elle a eu un réel impact sur cette campagne, à l’image de son impact dans les diverses campagnes depuis son entrée au Parlement l’an dernier, aux côtés de Joe Higgins.

    Ce referendum était particulièrement important pour notre député européen Paul Murphy. Contrairement à Joe et Clare, Paul n’a jamais été candidat lors d’une élection et ne disposait pas du même parcours ni du même profil que nos autres camarades. Mais de nombreux commentateurs l’ont décrit comme l’un des plus capables représentants du camp du Non, un porte-parole parmi les plus clairs. Ils ont ainsi affirmé que sur base de sa performance et de son nouveau profil, il a grandement augmenté ses chances d’être réélu au parlement Européen en 2014.

    En mars, et à nouveau durant la campagne en mai, le Socialist Party a distribué des milliers de tracts dans chaque foyer de Dublin, au-delà des 400.000. De plus, nous avons organisé la distribution massive de plus de 50.000 tracts, dont une diffusion massive dans des communautés de la classe ouvrière cruciales à Cork. Nos membres ont été actifs dans les comtés de Meath, Kildare, Wicklow, Wexford, Waterford, Kerry, Tipperary, Clare, Laois, Offaly et dans les villes de Galway, Limerick Kilkenny et Carlow et Drogheda.

    Nos camarades se sont aussi impliqués dans les activités de la campagne contre la household tax et de l’United Left Alliance. Cependant, ce sont les affiches et les panneaux du Socialist Party qui ont le plus d’impact dans la campagne et qui ont suscité le plus de commentaires. L’Irish Times, dans sa revue de campagne de dimanche, parlait ainsi de ‘‘l’ubiquité des affiches de référendum’’ du Socialit Party. Selon le dictionnaire, ‘‘ubiquité’’ signifie ‘‘omniprésence, fait d’être partout ou dans un nombre d’endroits indéfini en même temps.’’

    Nous avons produit des milliers d’affiches en 4 versions différentes pour lancer la campagne, suivis au milieu de la campagne par 4 versions de très grands panneaux d’affichages, surtout aux centres-villes. Nous avons fini la campagne d’affichage avec des milliers de nouvelles petites affiches.

    Nos affiches, combinant contenu et graphisme frappant, l’emportaient sur les autres, en particulier avec le manque de contenu des affiches du Oui. Elles figuraient dans de nombreux journaux, reportages télé et blogs, que ce soit en Irlande ou à l’étranger, ainsi que dans les réseaux sociaux. Les affiches sont un moyen très important de faire passer un message à une échelle de masse très rapidement, et ont un impact réel.

    Nos affiches liaient l’austérité à la household tax et à la water tax (une nouvelle taxe sur l’eau). Nos panneaux d’affichages de 8 pieds sur 4 avec une photo d’Angela Merkel et la citation ‘‘Les freins à la dette seront obligatoires et valables pour toujours. Jamais vous ne pourrez les changer par une majorité parlementaire’’ et avec la phrase ‘‘le traité détruit la démocratie’’ étaient frappantes. Nos panneaux qui utilisaient l’image connue du film Les Dents de la Mer (où le requin arrive des profondeurs) pour illustrer les coupes budgétaires que le Traité implique ont provoqué beaucoup de commentaires et ont été repris sur de nombreux blogs. Un magazine de musique et d’actualités irlandais, de même que le quotidien The Guardian, ont commenté l’impact que l’une de nos petites affiches avait eu sur les réseaux sociaux. L’affiche disait ‘‘les super riches de l’UE cachent 3 milliards d’euros en cash – alors qu’il y a 25 millions de chômeurs – opposons les besoins du publics à l’avidité capitaliste – Votez Non’’ et montrait une image de Montgomery Burns enlaçant des paquets de billets.

    Household tax – deuxième tour

    Cette campagne est une très bonne plate-forme à partir de laquelle le Socialist Party et l’United Left Alliance peuvent croître et avancer dans les mois à venir.

    Dans cette période, la lutte contre la household tax va aussi certainement se relancer puisqu’il est vraisemblable que le gouvernement tente de conduire devant les tribunaux ceux qui ont refusé de payer ce nouvel impôt. 50% des foyers ne se sont toujours pas enregistrées pour le payer. Nous aurons dès lors de grandes opportunités pour mettre ce vote de côté et construire un mouvement capable de battre ce gouvernement, l’Union européenne et leur politique d’austérité.

  • Reprise de la lutte des classes en Europe tandis que la crise de la zone euro s’approfondit

    Le Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 17 au 22 janvier 2011, en Belgique, avec 33 pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique représentés. Après le premier rapport du meeting du CEI sur la situation mondiale, voici un rapport de Finghin Kelly sur les développements cruciaux en développement en Europe.

    Finghín Kelly, Socialist Party (CIO en Irlande)

    L’année dernière, l’Europe a connu une forte remontée des luttes, avec des mobilisations et des mouvements considérables. L’Europe a aussi été balayée par les mouvements Occupy et des Indignés. C’est dans ce contexte et celui de la crise économique, politique et sociale que le CEI a discuté des perspectives européennes, discussion introduite par Tony Saunois et conclue par Clare Doyle, tous deux membres du Secrétariat International du CIO.

    La classe dominante européenne a implanté des programmes d’austérité vicieux pour tenter de faire payer la crise du capitalisme à la classe ouvrière. Les réformes qui ont été obtenues après des années de lutte, comme les droits à la pension, à la sécurité sociale, les conditions de travail et les dépenses sociales, sont maintenant violemment attaquées. Ce processus élimine tous les acquis et conquêtes de la classe ouvrière depuis la seconde guerre mondiale. C’est une réponse aux idées réformistes de l’après-guerre, dans une période de croissance économique, qui a laissé place à un retour sur les conditions de vie et l’Etat-providence. Cela ne veut toutefois pas encore dire que les idées réformistes ne vont pas resurgir.

    L’approfondissement de la crise de la zone euro, à laquelle le capitalisme est complètement incapable de répondre, est une bonne illustration de l’instabilité et de la fragilité de la position des capitalistes.

    En réponse à cela et à la montée de la riposte des travailleurs contre les plans des banques et du marché, les Etats utilisent de plus en plus des méthodes autoritaires, anti-démocratiques ou celles du ”Bonapartisme parlementaire”, avec une augmentation de la répression et le minage des institutions ”démocratiques”.

    Les attaques de l’austérité sont visibles partout en Europe. Les contributeurs à la discussion ont illustré la nature de l’austérité dans chaque pays ainsi que la révolte et les résistances qu’elles ont provoquées. L’austérité et la réaction à celle-ci ont particulièrement été aigües en Grèce. Les contributions des participants Grecs au CEI ont montré quelle situation explosive existe dans ce pays.

    La Grèce a connu 14 grèves générales, dont deux de 48 heures, au cours des deux dernières années uniquement. Plusieurs intervenants ont vivement montré ce que l’austérité signifie pour les travailleurs grecs. Les conditions de vie se sont effondrées, avec des parts entières de la société ruinées ou appauvries, dont une partie de la classe moyenne. Le chômage est massif : celui des jeunes est maintenant proche de 50%. Des enquêtes montrent que 91% des foyers ont subi une forte baisse de leur revenu – en moyenne une diminution de 30%. Maintenant, 78% des foyers ont des difficultés à subvenir à leurs besoins. Ceci a conduit à des exemples tragiques de familles proposant leurs enfants à l’adoption.

    L’émigration est un problème énorme dans beaucoup de pays ; l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Grèce en particulier connaissent une émigration massive des jeunes. Non seulement cela a des conséquences sociales dévastatrices, mais cela complique les luttes de masse et peut agir comme une soupape temporaire pour le capitalisme, car les couches les plus énergiques sont alors éloignées des luttes.

    Mouvements sociaux

    Le CEI a entendu beaucoup de rapports des mouvements sociaux en Grèce, dont le mouvement de non-paiement d’une nouvelle taxe par foyer, et d’autres campagnes contre les péages routiers et le prix du métro et du bus après des hausses massives. Le CEI a aussi entendu des rapports du mouvement qui rejette l’implantation d’une décharge dans une ville grecque, une révolte ouverte contre les autorités.

    Ces mouvements considérables ne sont pas confinés à la Grèce; le Portugal a connu sa plus grande grève générale depuis 1974. En Grande Bretagne et en Irlande du Nord, le secteur public a mené une grève historique contre les attaques du gouvernement de coalition contre les retraites. Entre 1 et 2 millions de travailleurs sont entrés en action : c’est la plus grande grève depuis la Grève Générale de 1926. La Belgique a aussi connu de grandes mobilisations et une grève générale du secteur public en décembre. Le 30 janvier, il y aura une grève générale contre l’austérité du nouveau gouvernement (ce rapport a été publié en anglais avant que celle-ci ne se déroule, NDLR).

    L’Espagne a été secouée par les mouvements de masses, qui ont impliqué des millions de travailleurs et de jeunes, un mouvement qui a joué un rôle-clé dans le renversement du gouvernement Zapatero. De plus, l’Espagne a été le terrain du développement du mouvement des Indignados, qui s’inspirait des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et s’est à son tour exporté à travers le monde et a nourri le mouvement Occupy. Le CEI a entendu beaucoup de rapports de ces mouvements.

    Ces mouvements ont été une manifestation importante de la jeunesse radicalisée qui souffre d’un chômage élevé et est touchée par l’austérité. En Espagne, le chômage est de 21%, celui des jeunes est maintenant de 50%.

    Le mouvement Occupy est arrivé comme une première réponse des travailleurs et des jeunes à cette crise historique. C’est un mouvement extrêmement important et significatif qui s’est approfondi et qui a eu plus d’effet que les mouvements anticapitalistes de la dernière décennie. Ce mouvement contient des éléments des « mouvements sociaux », qui ont émergé en Amérique Latine dans les dernières décennies par des luttes construites par la base pour combattre dans l’intérêt des principaux secteurs de la société. Tout comme dans ces mouvements, la question de lier le mouvement Occupy aux luttes de la classe ouvrière organisée est décisive. Il est nécessaire de lier les mouvements sociaux aux mouvements de la classe ouvrière. Les camarades du CIO au Brésil ont connu une situation similaire et se sont battus pour la formation d’une nouvelle centrale syndicale, Conlutas, qui inclut les mouvements sociaux tout en étant basée sur la classe ouvrière.

    Tendance anti-capitaliste

    Ces mouvements représentent le développement d’une tendance antisystème et anticapitaliste. Dans de nombreux cas, il lui a manqué une alternative claire par laquelle remplacer le capitalisme. Une autre caractéristique significative de ces mouvements, c’est que, bien qu’ils n’aient la participation active que d’une minorité, le soutien pour ces mouvements est très large parmi la classe ouvrière.

    Il y a eu une discussion sur l’atmosphère « anti-parti » de ces mouvements. Cette tendance reflète le scepticisme et même l’hostilité envers les partis politiques traditionnels. Les marxistes doivent dialoguer avec ces mouvements sur l’alternative au capitalisme, présenter le socialisme et lier les mouvements à la classe ouvrière et des communautés organisées, défendant l’idée du besoin d’un instrument politique pour la classe ouvrière pour permettre la lutte pour le socialisme.

    Le développement de la conscience de différentes parties de la société, et de la classe ouvrière en particulier, a été discuté au CEI. Beaucoup de travailleurs espèrent encore que les politiques réformistes ou Keynésianistes peuvent vaincre la crise, alors que d’autres en arrivent à la conclusion que le capitalisme est dans une impasse.

    La politique du “moindre mal” vue dans les élections, ou les succès des partis sociaux-démocrates dans les sondages, ont aussi été discutés. Cela ne reflète pas de grandes illusions dans ces partis mais un espoir qu’ils pourront amoindrir les effets des mesures d’austérité. Le soutien pour ces partis peut très vite s’éroder. Cela s’est vu en Irlande, où une coalition Fine Gael / Labour a été élue en février à une large majorité, dans l’espoir qu’ils « brûleraient les porteurs d’obligations ». Mais ces espoirs ont été balayés par les politiques de coupes du nouveau gouvernement de coalition.

    La question du moindre mal est posée dans plusieurs pays dont la France, où le parti « socialiste » peut mettre en échec Sarkozy cette année (surtout après la perte du triple A par la France). Cette question est fortement liée au manque d’alternatives de masse à gauche des partis traditionnels. L’échec du NPA en France à se développer comme une référence massive dans un contexte de radicalisation montante est aussi décisif. En Espagne, ce même facteur a conduit à la venue au pouvoir du parti de droite PP : bien que son soutien n’ait pas beaucoup augmenté. Beaucoup se sont tournés vers lui pour porter un coup au gouvernement PSOE, qui a été massacré aux élections de novembre.

    Les intervenants ont montré comment une conscience socialiste relativement faible parmi les masses de la classe ouvrière peut être un facteur-clé dans la limitation des mouvements de masse d’opposition.

    C’est en train de changer et on peut s’attendre à des bonds en avant dans la conscience de classe à mesure que la lutte se développe, ce qui va augmenter de beaucoup l’attrait pour le socialisme. L’idée et le mot « socialisme » ont été entachés, non seulement par le stalinisme, mais aussi par les gouvernements « socialistes » qui en Europe du Sud ont appliqué des programmes d’austérité. Cela renforce le rôle des marxistes et socialistes authentiques d’expliquer et de populariser une alternative socialiste basée sur la propriété publique et le contrôle démocratique des principales ressources et industries de la société à travers un gouvernement des travailleurs.

    Rôle des syndicats

    Le rôle joué par les directions syndicales et les partis de gauche a été indentifié comme un facteur qui bride le développement de la conscience de la classe ouvrière. Là où les dirigeants syndicaux ont appelé à une grève, ils l’ont généralement fait les dents serrées et seulement après une forte pression venue d’en bas.

    Dans certains cas, les syndicats ont été désertés par leurs activistes et ne sont plus des pôles d’attraction pour les jeunes et les chômeurs radicalisés. Certains des appareils syndicaux sont devenus des organisations « jaunes » ou « d’entreprise » qui agissent comme le bras droit du patronat. C’est une complication pour la lutte. C’est une tâche essentielle pour les militants de se battre pour construire des groupes d’opposition dans les syndicats et essayer de se réapproprier les syndicats. Les véritables socialistes n’adoptent pas une approche sectaire ou gauchiste des syndicats mais doivent aussi se préparer à des scissions et la formation de nouvelles organisations syndicales.

    Le CEI a discuté de l’échec des nouveaux partis et formations de gauche à exploiter la situation.

    Beaucoup n’ont pas réussi à attirer les secteurs radicalisés de la jeunesse et n’ont pas été actifs dans les luttes. Ils ont échoués à augmenter en nombre, bien que dans quelques cas ils aient eu quelques succès électoraux et de bons résultats dans les sondages.

    Il est clair que la crise économique s’intensifie mondialement ; l’Europe et l’Euro sont au cœur de la crise. La question de l’éclatement de l’euro et d’une reconfiguration de l’UE est posée. Le CEI a discuté en profondeur et en détail de comment la crise peut se développer et des conséquences de cela.

    Les dégradations de notes par les agences de notation montrent qu’elles n’ont pas confiance en les programmes d’austérité pour sortir de la crise. La question du défaut de paiement est beaucoup posée, les « marchés » et beaucoup de commentateurs capitalistes indiquent que le défaut de paiement de la Grèce et du Portugal est une possibilité immédiate. Cela serait le premier cas d’un pays occidental depuis 70 ans.

    Quel futur pour l’euro?

    L’éclatement de l’euro aurait de lourdes conséquences pour l’économie européenne et mondiale. Les estimations montrent qu’un million d’emplois disparaitraient rien qu’en Allemagne et que le PIB de l’Allemagne diminuerait de 25%. Les classes dirigeantes capitalistes d’Allemagne et des autres pays feront donc tout ce qu’elles peuvent pour garder l’euro. Les euros-obligations ou un plus grand rôle de la BCE sont mis en avant comme moyen de sortir de la crise par beaucoup de commentateurs capitalistes et une partie de la gauche soutient ces mesures. Beaucoup d’intervenants en ont parlé au CEI. Les différents pouvoirs capitalistes agiront pour protéger leurs intérêts nationaux. Le capitalisme allemand ne veut pas voir l’utilité des euros obligations à ce stade. Cependant, il pourrait y être amené par la pression des évènements, dans une tentative désespérée de sauver l’économie européenne du désastre. Mais même cela ne sera pas une solution à la crise, ni à long ni même à moyen terme.

    Plusieurs intervenants ont aussi souligné et discuté de la tendance accrue à court-circuiter les procédés démocratiques parlementaires « normaux » et le rognage des droits démocratiques. L’année dernière, des gouvernements « technocratiques » ont été imposés en Italie et en Grèce, quand les marchés et l’UE ont perdu la foi dans la capacité des gouvernements de ces pays à mener à bien les énormes coupes d’austérité.

    Le gouvernement italien qui a été intronisé était, en réalité, un gouvernement des banquiers, puisque chaque membre du cabinet a un passé dans les grandes banques ou les institutions financières ou de forts liens avec elles.

    La commission européenne a aussi accru son intervention dans de nombreux pays ; ce qui se voit clairement dans les pays « programme », où des programmes d’austérité détaillés ont été planifiés par la « troïka », en conjonction avec les gouvernements nationaux. Même dans les autres pays, cette intervention a augmenté. En Belgique, la Commission a exigé que le gouvernement se réunisse un weekend pour trouver d’autres idées de coupes, parce que selon elle, les coupes n’allaient pas assez loin.

    Mesures autoritaires

    L’érosion de la démocratie ne s’est pas faite seulement aux niveaux des parlements et des gouvernements ; une tendance générale à l’usage de mesures étatiques autoritaires, la répression et la criminalisation des protestations, ont été discutés. Cela s’est vu dans les tentatives de mettre fin au mouvement Occupy, en Espagne et partout ailleurs.

    L’érosion des droits démocratiques est évidente en Hongrie, le premier pays européen à être renfloué par le FMI pendant la crise économique. Les délégués ont rapporté les attaques au droit de grève, le nouveau code du travail et les camps de travail pour les chômeurs-longue durée. Comme dans les autres pays, les droits aux pensions et aux retraites anticipées ont été attaqués. La répression contre les Roms a empiré. Un nouvel impôt à taux unique augmente les difficultés économiques des pauvres. La liberté des médias a été rognée par de nouvelles lois. Une nouvelle constitution introduite par le gouvernement ronge beaucoup de droits démocratiques de base.

    En même temps qu’une crise économique, les classes capitalistes européennes font face à une crise politique. Les réserves politiques de la bourgeoisie leur échappent parce que les partis politiques traditionnels sont discrédités par leurs politiques de coupes. Nous avons vu une série de crises gouvernementales en Europe. Tous les pays au premier plan de la crise de l’euro ont subi des changements politiques : l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont changé de gouvernement en 2011.

    Même en Allemagne, où il y a eu quelque croissance économique, cela n’a pas donné un coup de pouce aux partis dirigeants. Par exemple, le FDP est en crise et est menacé de perdre ses représentants parlementaires.

    Des évènements tumultueux dans les mois à venir

    Les anciens partis des travailleurs se sont encore droitisés pendant la crise et se sont discrédités aux yeux des travailleurs. Le Labour en Grande Bretagne a dit qu’il ne reviendrait pas sur les coupes du gouvernement Con-Dem quand il reviendrait au gouvernement. En Italie, le PD (Parti Démocrate) a voté pour les coupes de Monti !

    Dans un certain nombre de pays, le vide politique est partiellement rempli par les forces de droite. Le Front National en France utilise cyniquement une rhétorique populiste anti-banque pour essayer d’augmenter son soutien. L’émergence du parti néo-fasciste Jobbik en Hongrie a aussi été discutée en exemple de la façon dont l’extrême-droite peut occuper cet espace. Le danger de l’extrême-droite et la menace raciste peuvent être combattus par le mouvement ouvrier avec un clair programme de classe qui unifie les travailleurs contre les attaques néolibérales et lutte pour les emplois, le logement et des aides sociales pour tous, et pour un vrai changement de système.

    Dans cette situation, la question nationale va réapparaitre. Les développements en Écosse et en Espagne ont été discutés par les intervenants de ces pays, où la crise a fait monter la question nationale et posé la question du séparatisme. Les forces du CIO, tout en défendant le droit à l’auto-détermination, opposent une alternative de lutte unifiée et socialiste pour atténuer le nationalisme bourgeois.

    De cette excellente et très riche discussion, il ressort très clairement que l’Europe va connaitre des évènements tumultueux dans les mois et années qui viennent, au fur et à mesure que la crise économique et politique s’approfondit. Cela va donner au CIO d’énormes opportunités pour construire le soutien aux idées socialistes.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop