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  • Notre patrimoine et nos infrastructures méritent plus d’investissements publics !

    Photo de GodefroyParis — de WikimediaCommons, CC BY-SA 4.0, Link

    L’austérité qui a frappé les travailleurs et leurs familles toutes ces dernières années n’a épargné ni les services publics, ni les infrastructures. Au prix d’une augmentation du nombre d’incidents. En Belgique, le souvenir de l’effondrement des tunnels bruxellois est encore vif. On se souvient aussi que la pluie a percé le plafond de certains musées. A l’étranger, il y a eu l’effondrement du viaduc du Polcevera à Gênes, l’incendie du Musée national du Brésil à Rio de Janeiro et, maintenant, celui de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

    C’est connu, la politique d’austérité a été synonyme de transfert de richesses des pauvres vers les riches, mais aussi de la collectivité vers les riches. C’est à peine s’il y a encore eu des investissements dans les services publics et l’infrastructure, en ce compris le patrimoine. Les experts affirment que chaque “pays civilisé” consacre 3% de son PIB aux investissements publics. Cela fait 30 ans que la Belgique n’atteint pas cela. Pourquoi n’y a-t-il plus d’investissement aujourd’hui ?, questionne De Tijd dans un édito du 16 août 2018. ‘‘Parce que les autres dépenses devraient être supprimées. Les politiciens, cependant, préfèrent dépenser de l’argent en cadeaux pour plaire aux électeurs et aux groupes d’intérêt. Les investissements dans les infrastructures de base en souffrent.’’ Bref : tout doit céder la place aux cadeaux fiscaux à une petite minorité d’ultra-riches.

    Les spécialistes du patrimoine se plaignent partout du manque de moyens. C’était déjà le triste constat qui avait été tiré du désastre de l’incendie du Musée national du Brésil. Mais le problème ne se limite pas au monde néocolonial ou aux pays émergents. En Europe occidentale également se font sentir les conséquences d’années d’économies. Ce n’est que lorsqu’il est trop tard, comme dans le cas de l’incendie de Notre Dame, que l’on s’en aperçoit soudainement. Et alors arrivent les milliardaires qui désirent «donner » des millions d’euros. C’est à peine s’ils acceptent encore de payer des impôts, ce qui a un sévère impact sur les fonds dédiés au patrimoine notamment. Et n’oublions pas que leurs donations sont soumises à l’exonération fiscale ! La générosité des donateurs est en réalité en partie payée par les caisses publiques : les entreprises qui investissent dans la culture peuvent fiscalement déduire 60% de ces dépenses (66% de réduction d’impôt sur le revenu pour les particuliers). Selon cette logique, l’impôt cède la place à la charité. Nous voilà donc remontés au XIXe siècle ou, dans le cas de l’art, au Moyen Âge, lorsque l’art était une prérogative privée des plus riches.

    En Belgique, Theo Francken a encore fait parler de lui sur tweeter : « Après la destruction par l’État islamique des plus anciens monastères et sanctuaires du christianisme en Syrie, nous risquons de perdre le monument le plus beau et le plus impressionnant d’Europe. Quelle journée noire ! » L’objectif de l’ancien secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration était bien entendu de s’en prendre une fois de plus aux musulmans. Francken avait été moins loquace au sujet de l’attentat de Christchurch…

    Le gouvernement auquel a participé Francken, que la N-VA entend d’ailleurs remettre sur les rails après les élections, n’a pas ménagé ses efforts pour que le taux d’investissements publics n’atteigne pas les 3% du PIB. Son parti veut réaliser d’autres économies, tout comme en 2014, en faisant valoir que le déficit budgétaire doit être comblé.

    Il est remarquable que les politiciens de droite parlent souvent de “nos valeurs culturelles”, mais qu’ils ne se montrent pas prêts à investir massivement dans les infrastructures et le patrimoine. Leur rhétorique ne sert qu’à diviser et à jouer sur le racisme. La culture, ils s’en moquent. La seule force qui exige sérieusement la fin de cette politique d’austérité, c’est le mouvement des travailleurs.

    Certains peuvent se demander s’il ne vaudrait pas mieux investir dans le logement plutôt que dans une vieille cathédrale. Il est vrai que le parallèle s’impose avec la catastrophe survenue dans le bloc londonien des tours Grenfell en 2017. A l’époque, les milliardaires n’ont pas fait la queue pour construire de nouveaux logements. Lorsque les projets de construction et les investissements dépendent de la charité, ce n’est pas la communauté qui fixe les priorités et, en outre, la réponse aux catastrophes n’arrive qu’après coup, les moyens manquent pour la prévention. Des investissements publics considérables sont nécessaires dans le logement et les infrastructures, dont le patrimoine. En tant que service public, le patrimoine doit être sous le contrôle de la collectivité afin d’être accessible à de larges couches de la population.

  • Pourquoi un plan radical d’investissements publics est-il nécessaire ?

    L’échec de l’austérité illustrée par l’infrastructure délabrée

    Si quelque chose caractérise la période actuelle, c’est bien l’inégalité. Une poignée d’ultra-riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Comment y parviennent-ils ? Au prix d’un travail acharné, dit-on parfois. C’est vrai. Cependant, c’est notre travail qui les enrichit ! C’est non seulement le cas directement, puisqu’une partie de la valeur que nous produisons est accaparée par les patrons, mais aussi de façon indirecte, à travers la politique d’austérité. Celle-ci réduit considérablement les dépenses publiques. La pénurie de moyens frappe durement les soins de santé, l’enseignement ou encore les infrastructures (routes, bâtiments, etc.). Les conséquences sont désastreuses.

    La politique d’austérité signifie que la population ordinaire est de moins en moins protégée en cas de malheur. Jusqu’à un quart des ouvriers n’ont pas d’épargne et une personne sur six ne saurait pas s’en sortir un mois sans salaire. Mais le filet de sécurité collectif disparaît lui aussi : les chômeurs et les malades sont ciblés par des mesures de ce gouvernement (et les précédents). Disposer d’un logement abordable relève de l’impossible parce que les autorités n’investissent pas et laissent tout au marché privé, qui réalise de juteux profits. L’infrastructure délabrée met à nu un système qui ne génère pas d’optimisme ou de confiance en l’avenir. La confiance dans ce système devient progressivement aussi instable que l’était le pont Morandi à Gênes. La question n’est pas de savoir s’il va s’effondrer, mais quand.

    Pas de lumière au bout du tunnel

    Ces derniers mois, nous avons connu une timide reprise économique. En Belgique, la croissance est présente quoiqu’inférieure à celle du reste de l’Europe. De nombreux facteurs de risque – de la guerre commerciale en cours à l’instabilité politique, en passant par les montagnes de dettes – font de plus en plus craindre une nouvelle récession. Cela aurait des conséquences d’une portée considérable dans notre pays. En 10 ans, les mesures d’économie budgétaire ont été massives. Comment pourrait-on aller encore plus loin ?

    C’est pourtant la seule perspective avancée par les analystes. Le scénario optimiste dépeint une croissance de seulement 1,5% pour cette année et des chiffres similaires sont attendus pour les années à venir. En sachant que l’inflation est de 1,9%, on comprend de suite que la croissance stagne. Selon la logique néolibérale, le seul remède est de saigner encore plus le malade.

    La reprise économique de ces dernières années n’a signifié aucune amélioration de nos conditions de vie. Au contraire, les travailleurs ordinaires et leurs familles ont le sentiment légitime d’avoir été laissés de côté. Des mesures comme le saut d’index ont réduit nos salaires, les réformes des retraites nous obligent à travailler plus longtemps, les attaques contre la sécurité sociale et les nombreuses augmentations d’impôts indirects (du carburant au sucre) nous pressent comme des citrons. Mais il n’est possible de presser un citron qu’une fois. Si la reprise de ces dernières années n’a pas entraîné de reprise pour la majorité de la population, que signifiera une nouvelle récession ? Sous le capitalisme, la lumière au bout du tunnel n’existe pas.

    Les investissements publics diminuent

    Les investissements publics ont diminué de moitié depuis les années 1970. À l’époque, 5,5% du PIB était consacré à l’investissement public en Belgique, contre seulement 2,3 % aujourd’hui, soit 9,7 milliards d’euros. (1) Dans les années ‘70, 100 km de nouvelles routes se sont ajoutés au réseau alors que, aujourd’hui, il n’est tout simplement pas possible d’entretenir le réseau existant. De Tijd écrivait le 17 août : ‘‘Depuis la fin des années ‘80, les investissements publics n’ont guère suffi à compenser la détérioration des infrastructures existantes. En plusieurs années, le taux d’investissement a même été inférieur à ce qui est nécessaire pour faire face à la vitesse à laquelle le béton s’érode.’’ (2) En dehors de l’Irlande, aucun autre pays européen n’investit aussi peu dans l’infrastructure routière. Nous pouvons encore comprendre qu’il y a moins d’investissements dans les routes en Irlande : il s’agit d’une île avec une seule grande ville. Mais la Belgique est une plaque tournante logistique en Europe, facilement accessible depuis l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Pourtant, le montant d’investissement dans nos routes est lamentable.

    Même un économiste libéral comme Bart Van Craeynest tire la sonnette d’alarme : ‘‘La Belgique est au plus bas avec ses investissements depuis plus de trente ans. Moins investir a été perçu comme une économie facile, car les gens n’en ressentent pas directement l’impact. Mais les conséquences sont les mêmes : des tunnels bruxellois qui s’effondrent, des carrefours de circulation qui se bouchent ou des problèmes avec les chemins de fer. Les dommages économiques causés par le manque d’investissements sont bien réels.’’ La situation est telle que même les partisans idéologiques de cette politique qualifient ses conséquences de désastreuses.

    Au cours des dix dernières années, la baisse des investissements s’est encore accélérée. Dans l’Union européenne, l’investissement public est tombé à 2,7 % du PIB en 2016, son niveau le plus bas en 20 ans. La Banque européenne d’investissement a constaté que les investissements sont de 20 % inférieurs au niveau d’avant la crise financière de 2008(3), ce qui signifie que la reprise économique ne s’est pas non plus répercutée sur l’infrastructure publique.

    Bien entendu, l’investissement public ne concerne pas seulement les routes et les infrastructures. Environ un tiers des investissements sont réalisés au niveau local. Sur les 9,7 milliards d’investissements publics, 3 milliards sont réalisés par les villes et communes. Cela concerne les écoles et les crèches, les maisons de quartier, les infrastructures routières et cyclables, la politique de la jeunesse, les centres culturels, la politique de lutte contre la pauvreté… Bref, toutes les structures de base de notre vie quotidienne. En 2012, les communes ont dépensé 4 milliards d’euros en investissements mais, en 2017, ce chiffre est tombé à 3 milliards d’euros : un quart de moins ! Cela signifie qu’il faut réduire les services et les effectifs, que les services existants sont devenus plus coûteux et que toutes sortes d’impôts et de taxes touchent la population ordinaire.

    Massacre social parmi le personnel communal : 17.000 statutaires en moins !

    Les économies réalisées par les collectivités locales – tant en termes d’investissements que de ressources de fonctionnement – ont un impact majeur sur l’emploi : entre 2011 et 2017, le nombre de fonctionnaires locaux dans les 589 communes belges est passé de 156.582 à 139.687, soit une baisse de 17.000 ou 11%. (4) Certaines de ces fonctions ont été externalisées ou reprises par des contractuels, mais la diminution est spectaculaire et affecte évidemment aussi le personnel restant. Plusieurs employés communaux nous ont confirmé qu’il y avait une augmentation du nombre de burnouts, des cas de stress et des tensions sur les lieux de travail. La charge de travail, le sentiment d’insécurité au travail et le problème des pensions futures des travailleurs statutaires s’accentuent.

    En Flandre, la composition du collège échevinal ne semble pas faire de différence dans la diminution du nombre d’employés statutaires. A Anvers (dirigée par la N-VA), la diminution de -11% est même plus faible qu’à Gand (dirigée par le SP.a), où elle a été de -18%. Cependant, il existe une différence communautaire : la plus forte baisse se situe en Flandre avec -15%, contre -2% en Wallonie. A Bruxelles, le personnel statutaire a augmenté de +8%. Cela s’explique en partie par le fait qu’il y a plus d’agents statutaires en Flandre : ce pourcentage est encore de 36%, alors qu’il n’est que de 24% dans les communes wallonnes.

    La forte baisse des investissements publics dans le cadre de la politique d’austérité des années ‘80 a également entraîné des pertes indirectes d’emplois (un emploi sur quatre dans le secteur de la construction).

    Pourquoi n’y a-t-il pas d’investissements ?

    L’infrastructure et les services participent au tissu social d’une collectivité. Là où il y a des pénuries, les tensions augmentent. De plus, les déficits actuels sont dangereux. L’effondrement du pont Morandi à Gênes a tué 43 personnes. Et s’il y a une catastrophe demain dans un des tunnels de Bruxelles ? Ou si un pont s’effondre ? Il y a 31 ponts sur une liste flamande de vigilance accrue, environ 50 des 4.500 ponts wallons sont sur la liste des problèmes et à Bruxelles deux des 92 ponts sont sur cette liste des problèmes à surveiller.

    En 2016, le professeur de finances publiques Wim Moesen a déclaré : ‘‘Un pays civilisé consacre trois pour cent de son produit intérieur brut à l’investissement public.’’ (5) La Belgique se situe en dessous de ce niveau depuis une trentaine d’années. Ces dernières années, tous les investissements publics (du fédéral au communal) ont représenté de 2 à 2,5 % du PIB, la plupart de ces ‘‘investissements’’ étant en fait des amortissements et non de nouveaux investissements. L’investissement public net ne représente qu’une fraction de 1% du PIB. Il y eut même, certaines années, un désinvestissement net.

    Les investissements sont maintenus aussi bon marché que possible. L’ingénieur en génie industriel Wim Van den Bergh (Université d’Anvers) a déclaré dans DS Weekblad : ‘‘Techniquement, nous pouvons construire des ponts et des routes parfaitement pour les 50 ou même 100 prochaines années, les ingénieurs ont le savoir-faire. Mais quand mes étudiants arrivent sur le marché, on ne parle que de prix. Les marges sont devenues si faibles que la qualité en souffre. C’est ainsi que nous ouvrons la porte à la dégradation.’’ Van den Bergh ajoute : ‘‘Je me sens mieux quand je conduis sur une route bien construite ou quand j’entre dans un bel immeuble, tout comme c’est mieux pour le moral quand on vous enseigne dans un bel immeuble scolaire. Les bâtiments inesthétiques et les mauvaises routes rendent les gens tristes.’’ (6)

    Pourquoi n’y a-t-il plus d’investissement aujourd’hui ? questionne De Tijd dans un édito du 16 août 2018. ‘‘Parce que les autres dépenses devraient être supprimées. Les politiciens, cependant, préfèrent dépenser de l’argent en cadeaux pour plaire aux électeurs et aux groupes d’intérêt. Les investissements dans les infrastructures de base en souffrent.’’ (7) L’argent manquerait car il a été dépensé pour satisfaire la population ? C’est faux. Ce sont les cadeaux fiscaux aux ultra-riches qui représentent le problème.

    Le gouvernement affirme être en train de renverser la vapeur, il y a même un véritable pacte d’investissements. Lors de son lancement en mars 2017, le Premier ministre Michel a opportunément inclus les investissements existants tels que ceux de la liaison Oosterweel à Anvers ou encore l’achat d’avions de combat. Ce ‘‘pacte d’investissement’’ vise à porter l’investissement public à 3,2 % du PIB. Un comité d’experts a calculé que pas moins de 150 milliards d’euros pourraient être investis d’ici 2030. La plupart des idées restent toutefois vagues, sans propositions d’investissement concrètes et encore moins de propositions de financement concrètes. Avec ce pacte d’investissement, Michel dit qu’il veut transformer notre pays en un ‘‘nouvel eldorado’’. (8) Mais au cours de cette législature, aucun changement n’est survenu dans les investissements publics. Sous la pression de la logique d’austérité, les investissements sont restés inférieurs aux normes.

    Pour un plan radical d’investissement public

    Augmenter les investissements publics global, qui est passé de 2,3 % du PIB à 5,5 % comme au début des années 70, a plus que doublé. Si ces 2,3% correspondent aujourd’hui à 9,7 milliards d’euros d’investissements publics, 5,5 % représenteraient 23 milliards d’euros. Si plus d’un tiers à 40% devaient être investis par les municipalités, nous parlerions d’un budget de 7,7 à 9,3 milliards d’euros par an au lieu des 3 milliards actuels. Ces ressources sont nécessaires pour éliminer les déficits sociaux.

    Cela signifierait que les pénuries croissantes de logements sociaux, d’éducation, de garderies et de services pourraient être traitées dans le cadre d’un plan radical d’investissement public. Un tel plan donnerait à de plus larges couches de la population une meilleure perspective d’avenir : les ressources existantes et les possibilités technologiques seraient enfin utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population, et non au profit d’une petite minorité. Les investissements seraient également plus durables.

    Aller chercher l’argent là où il est

    Les années de laisser-aller et d’austérité résultent en partie des défaites des luttes passées et de l’offensive idéologique néolibérale qui a poussé le mouvement ouvrier dans une position très défensive dans les années 1990. La situation évolue progressivement : aujourd’hui, même les défenseurs de ce système doivent reconnaître que les politiques menées conduisent à un manque de ‘‘civilisation’’, pour paraphraser les propos du professeur Moesen. Parmi les jeunes, on constate une recherche croissante d’alternatives aux Etats-Unis mais aussi en Europe : le socialisme est plus populaire que le capitalisme parmi les jeunes Américains. Au Royaume-Uni, le dirigeant de gauche du parti travailliste Jeremy Corbyn est largement le plus populaire parmi la jeunesse.

    Soyons honnêtes, il faudra se battre pour changer de politique. Les ultra-riches ne renonceront pas volontairement à leur position privilégiée. Sans rapport de forces, nous n’obtiendrons pas un plan d’investissements publics massifs. Cette lutte ne peut qu’être renforcée en étant d’emblée associée à l’idée d’une alternative au capitalisme : une société socialiste où les ressources disponibles seraient utilisées en fonction des besoins et des exigences de la population, les secteurs clés de l’économie étant aux mains des pouvoirs publics pour s’inscrire dans une démarche planifiée sous gestion démocratique.

    Les campagnes électorales menées par le PSL – à la fois avec nos candidats de Saint-Gilles (Gauches Communes) et de Keerbergen (Consequent Links) et, là où nous ne disposons pas de nos propres candidats mais appelons à voter en faveur du PTB, mais à rejoindre le PSL – soulignent la nécessité d’investissements publics massifs. Nous voulons préparer le terrain afin d’y parvenir par la lutte. Ce défi se pose également après les élections locales du 14 octobre : des administrations communales rebelles peuvent briser la logique d’austérité et construire un front de villes et communes désireuses de briser la camisole budgétaire qui les étouffe pour répondre aux besoins de la population. Il ne suffit pas de rejeter la politique d’austérité, nous devons également défendre de nouveaux investissements et de nouvelles réalisations sociales.

    Notes

    1) Nationale Bank: https://www.nbb.be/doc/ts/publications/other/Report_public_investments_fr.pdf
    2) “Belgische investeringen in beton lopen hopeloos achter,” De Tijd 17 augustus 2018, https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/algemeen/belgische-investeringen-in-beton-lopen-hopeloos-achter/10040516.html
    3) “België barst: een infrastructureel probleem. ‘We zijn al 30 jaar putjes aan het vullen’,” De Standaard weekblad 15 september 2018, http://www.standaard.be/cnt/dmf20180914_03743593
    4) “17.000 jobs weg bij gemeenten,” Het Laatste Nieuws 25 januari 2018, https://www.hln.be/de-krant/17-000-jobs-weg-bij-gemeenten~a08f8d54/
    5) “Gat in de begroting, gaten in het wegdek,” NRC 29 september 2016, https://www.nrc.nl/nieuws/2016/09/29/gat-in-de-begroting-gaten-in-het-wegdek-4516264-a1523957
    6) “België barst: een infrastructureel probleem. ‘We zijn al 30 jaar putjes aan het vullen’,” De Standaard weekblad 15 september 2018, http://www.standaard.be/cnt/dmf20180914_03743593
    7) “Investeringen,” De Tijd 16 augustus 2018, https://www.tijd.be/opinie/commentaar/investeringen/10040500.html
    8) “Experts presenteren Investeringspact van 150 miljard,” De Tijd 11 september 2018, https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/federaal/experts-presenteren-investeringspact-van-150-miljard/10048224.html

    Le Musée national de Rio de Janeiro détruit par la négligence

    Le manque d’investissement a des effets désastreux. Le Brésil en est un exemple remarquable. Le Musée national de Rio de Janeiro a été presque entièrement détruit par un incendie le 2 septembre. Le bâtiment et ses collections ont presqu’été totalement détruits. Le musée était le plus ancien du pays et contenait des pièces inestimables, dont le crâne de Luzia, le plus ancien vestige humain jamais trouvé en Amérique latine. Un membre du personnel du musée a déclaré : ‘‘C’est 200 ans de travail d’un institut scientifique, le plus important d’Amérique latine. Tout est détruit.’’

    Le musée attendait un prêt de 5 millions d’euros pour installer un système de détection et de lutte contre l’incendie. On savait depuis longtemps que le musée était en mauvais état, mais aucun fonds n’a été débloqué pour sa rénovation ou sa sécurité. Un anthropologue belge associé à l’Université de Rio a déclaré : ‘‘C’est un symbole de la situation dramatique à Rio et dans tout le Brésil : une réduction systématique des investissements dans la recherche historique et scientifique, dans l’éducation et dans le patrimoine.’’ Même le secteur de la lutte contre l’incendie a souffert du manque d’investissement.

    Le manque d’investissement dans la science et la culture a été dénoncé le 3 septembre. La réaction du gouvernement ? Les manifestants ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes. On investit dans la répression, mais pas dans la science et la culture. Cela en dit long sur la santé du capitalisme.

  • Italie. Effondrement du pont Morandi : vos profits, nos morts.

    C’est la soif de profits capitaliste qui est responsable !

    Le 14 août, à 11h37, un tronçon d’environ 200 mètres du pont Morandi s’est effondré sur l’autoroute A10 Gênes/Ventimiglia qui traverse les quartiers résidentiels de la ville de Gênes.

    Par Giuliano Brunetti, Resistenze Internazionali (CIO-Italie)

    L’effondrement du pont Morandi a entraîné la mort de 43 personnes et blessé des dizaines de personnes, dont beaucoup gravement. Le risque d’effondrement d’une autre section du pont a contraint la municipalité de Gênes et la protection civile à exiger l’expulsion immédiate des habitations dans la zone de la via Fillak. Actuellement, plus de 600 personnes ont été déplacées.

    Pour donner une idée de la dimension émotionnelle de la tragédie : chaque année, 25 millions de voitures en moyenne circulent sur ce tronçon d’autoroute. Il s’agit d’un pont colossal, ouvert comme symbole du boom de l’Italie en 1967. Le pont était le lien principal entre Gênes et l’ouest de la Ligurie, dans une ville notoirement enclavée entre la mer et les Alpes.

    Le viaduc de Polcevera, situé à proximité, était également le principal point de transit à destination et en provenance de la France. Tous les Génois, et beaucoup d’autres, ont traversé le pont Morandi à plusieurs reprises. Cette immense tragédie a choqué toute une ville et tout un pays. Une immense solidarité est arrivée aux victimes de toute la ville de Gênes et de toute l’Italie. Par exemple, la municipalité de Naples a annulé les festivités du front de mer à la mi-août en solidarité avec les victimes. Il y a de plus en plus de rumeurs selon lesquelles le début de la saison de football pourrait être repoussé. Chacun d’entre nous se demande comment il est possible, dans un pays où les ponts et les aqueducs construits il y a deux millénaires par les anciens Romains sont encore debout, qu’une structure aussi imposante, conçue pour durer des siècles, puisse tomber d’un moment à l’autre.

    Le jour des funérailles des victimes, alors que les recherches se poursuivent dans les décombres, Resistenze Internazionali entend d’abord se joindre à la solidarité avec les parents et amis des victimes de cette tragédie qui a impliqué principalement des travailleurs. Parmi les morts établis, il y a des transporteurs routiers, des employés d’entreprises municipales de l’AMIU (dont un jeune travailleur qui avait un contrat à court terme) et ASTER, ainsi que des jeunes et des familles qui allaient à la plage.

    La privatisation, le profit et le capitalisme sont responsables

    Ce massacre aurait pu et aurait dû être évité. L’effondrement du pont Morandi et ses conséquences désastreuses sur la vie de centaines de personnes ont pour seules causes la soif de profit du secteur privé et les politiques criminelles de privatisation du réseau autoroutier italien. Elles ont permis à des particuliers et plus particulièrement à la famille Benetton, l’une des pires du capitalisme italien, de marquer de leur empreinte l’ensemble du réseau autoroutier italien.

    L’effondrement du pont Morandi n’est pas le résultat d’un événement imprévisible. Le pont ne s’est pas effondré à cause de grandes précipitations ou parce qu’il a été frappé par la foudre mais à cause d’un choix politique précis ; confier la gestion du réseau autoroutier italien au secteur privé. Un secteur privé qui cache ses intérêts et ses responsabilités par le biais d’un système de sociétés écrans et de filiales protégées par des lois écrites spécialement pour elles.

    La privatisation du réseau autoroutier italien a été réalisée par le gouvernement dit de centre-gauche de Massimo D’Alema en 1999. Cependant, pour être honnête, nous devons reconnaître que la frénésie de privatisation a commencé dans les années 1980 et a été menée à la fois par le “centre-droit” et par le “centre-gauche” au cours des vingt dernières années, avec son apogée lorsque le “centre-gauche” était au gouvernement.

    Dans le cadre de cette politique de privatisation, l’État a accordé une concession sur les 6.500 km d’autoroutes à des intérêts privés qui, en échange du paiement d’une redevance annuelle symbolique, ont empoché des sommes vertigineuses grâce aux péages sans investir dans l’entretien. Les coûts de maintenance sont en contradiction ouverte avec le principe cardinal des capitalistes individuels dans leur économie capitaliste : la maximisation du profit à tout prix, même lorsque cela va à l’encontre des intérêts généraux de la société.

    En 2000, la famille Benetton a pris le contrôle de la plus grande société concessionnaire, Autostrade per l’Italia, qui gère la majeure partie du réseau autoroutier, y compris le tronçon du pont Morandi.

    Autostrade per l’Italia, qui gère l’ensemble du réseau autoroutier national, est aujourd’hui contrôlée par Atlantia SpA, une société holding contrôlée à 30% par la famille Benetton. Atlantia gère et contrôle des autoroutes et des aéroports dans le monde entier avec des investissements de plusieurs milliards de dollars en Inde, au Brésil, en France et, depuis 2018, également en Espagne grâce à l’achat d’actions d’Abertis Infraestructuras, qui gère les péages sur les autoroutes espagnoles. Ce géant a réalisé, rien qu’en 2018, un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros par le seul péage, ce qui fait qu’il ne s’agit pas vraiment d’une entreprise en crise.

    Comme on le sait, la famille Benetton, qui est l’actionnaire majoritaire d’Atlantia, a des investissements et des participations dans divers secteurs et n’épargne aucun effort pour maximiser ses profits. Des liens ont été démontrés entre cette famille et les entreprises bangladaises pour lesquelles travaillaient les victimes de la tragédie du Rana Plaza, en 2013, catastrophe au cours de laquelle un bâtiment de huit étages s’est effondré à Dhaka, tuant plus d’un millier de travailleurs du textile.

    En Argentine, la même famille est impliquée dans la privatisation des terres agricoles en Patagonie et dans la “disparition” en 2017 de l’activiste mapuche Santiago Maldonado qui luttait pour la défense de sa terre.

    En réponse aux rumeurs selon lesquelles sa concession pour la gestion des autoroutes pourrait être révoquée (qui durerait normalement jusqu’en 2042), la société a déclaré qu’elle considérait ces rumeurs comme des attaques injustifiées, soulignant qu’en cas de révocation, elle exigera le paiement de la valeur restante de la concession, qui, selon une première estimation, s’élèverait à 20 milliards d’euros.

    Bref, nous avons affaire à une famille de capitalistes cyniques, rapaces et assoiffés de profit. Mais le problème, ce n’est pas la famille Benetton, c’est un système qui leur confie la gestion privée des infrastructures, un système qui privatise les gains et socialise les pertes.

    Rage et colère parmi les victimes et le public

    Aujourd’hui, samedi 18 août, les funérailles nationales ont eu lieu pour les victimes de la tragédie. De nombreuses familles ont refusé de participer aux funérailles d’État. La mère de l’une des victimes a ouvertement dénoncé les politiciens qui se rendaient sur les lieux de la catastrophe. La mère d’une autre victime a dit : “L’État a causé tout cela et il y a eu un défilé politique honteux : ils ne doivent pas se montrer”. Le père d’un autre des garçons morts a écrit sur Facebook “Nous ne voulons pas une farce funéraire, mais une cérémonie à la maison, dans notre église de Torre del Greco. C’est une douleur privée, vous n’avez pas besoin de défilés. A partir d’aujourd’hui commence notre guerre pour la justice, pour la vérité : cela ne doit plus se produire”.

    Le fait que tant de familles aient rejeté les funérailles d’État est un fait extrêmement significatif et démontre l’abîme qui existe entre les citoyens ordinaires, les institutions et l’élite politique considérée comme responsable de cette tragédie.

    Les funérailles d’État se sont déroulées dans une atmosphère surréaliste, toute la ville semblait endormie avec des boutiques et des restaurants qui fermaient en signe de deuil et de respect pour les victimes. Les plus hautes fonctions de l’État ont pris part à la cérémonie. Le président de la république Sergio Mattarella était présent, de même que le premier ministre Giuseppe Conte et les vice-premiers ministres Salvini et Di Maio. Les journalistes et les commentateurs du régime ont parlé d’applaudissements pour les représentants du gouvernement. En fait, les applaudissements s’adressaient aux pompiers, aux hommes et aux femmes de la protection civile et aux travailleurs de la santé qui travaillent depuis des jours dans les ruines du pont Morandi.

    S’il est vrai qu’il n’y a pas eu d’hostilité particulière à l’égard des politiciens du gouvernement, cela est dû à leur promesse de ‘‘mettre en œuvre la justice’’ et à la décision prise par le ministre des Infrastructures, Toninelli, d’engager des procédures pour retirer la concession d’Etat des autoroutes italiennes au groupe Atlantia. Ce sentiment fait écho à la force de l’atmosphère anti-establishment, canalisée vers un gouvernement auquel beaucoup de gens ordinaires délèguent en ce moment leurs espoirs de vengeance.

    Cela dit, la distance entre les paroles des représentants du gouvernement et la solidarité réelle issue d’en bas, des milliers et milliers de citoyens génois solidaires des victimes, était palpable.

    L’effondrement du pont Morandi a ouvert un grand débat dans la société italienne. Cet événement a eu et aura des conséquences sociales et politiques incalculables. Pour de nombreux citoyens ordinaires, cela signifie l’effondrement définitif de la confiance dans les institutions. Beaucoup se demandent : ” Si je ne peux pas faire confiance aux “experts” et aux techniciens, même pour l’entretien d’un pont sur l’une des autoroutes les plus fréquentées d’Italie, à quoi et à qui puis-je faire confiance ?’’

    L’élite politique en désarroi – pour une nationalisation sans compensation du réseau autoroutier !

    L’effondrement a mis les principaux partis politiques en difficulté. Par exemple, le M5S a dû supprimer de ses sites les articles qui décrivaient l’effondrement possible du pont Morandi comme un ‘‘conte de fée’’. En même temps, il est apparu que les Benettons finançaient les campagnes électorales du Parti démocrate et de la Lega dirigée par Salvini, actuellement vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur. Le premier ministre actuel, Conte, alors qu’il travaillait auparavant comme avocat, a été conseiller juridique de l’Aiscat, l’association italienne des autoroutes et tunnels, et de l’A4 Brescia-Padova, dont il a défendu les intérêts.

    Malgré cela, sous la pression de l’opinion publique, Conte a déclaré que l’annulation de la concession des autoroutes au groupe qui les gère actuellement était possible. La révocation de la concession au groupe est déjà peu. Mais en restant dans le cadre des règles de l’économie capitaliste, cependant, l’Etat risque de devoir payer une “pénalité” pour l’annulation de la concession et, paradoxalement, d’enrichir davantage les actuels propriétaires de la concession.

    En outre, retirer le contrôle des autoroutes d’un grand groupe capitaliste pour le remettre entre les mains d’un autre ne résoudra pas le problème de l’entretien, des péages coûteux et du profit privé.

    Une récente enquête réalisée peu après la tragédie a montré que 81 % des Italiens sont favorables à la renationalisation des autoroutes. C’est la voie à suivre ! Il est nécessaire de renationaliser au plus vite l’ensemble du réseau autoroutier, de l’arracher aux griffes du privé et de procéder immédiatement au contrôle et à l’entretien de toutes les infrastructures à partir de celles en béton armé construites dans les années 1960.

    Mais pour éviter que les coûts de la nationalisation ne retombent sur les gens ordinaires, peut-être sous la forme d’une nouvelle augmentation des péages, il est essentiel qu’elle soit effectuée sans aucune forme de compensation pour les anciens opérateurs du réseau autoroutier.

    La critique légitime de la privatisation et du groupe Benetton ne doit toutefois pas nous empêcher de voir le lien entre cette catastrophe et la crise à long terme du capitalisme en Italie et les politiques d’austérité. Les investissements dans les routes italiennes sont passés d’environ 14 milliards d’euros en 2007 à 5 milliards d’euros en 2015. Le pont Morandi est le 12e pont italien à s’être effondré depuis 2004.

    En voulant canaliser la colère populaire contre l’effondrement du pont en direction de l’Union européenne, Matteo Salvini, le dirigeant de la Lega qui est vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, a déclaré que cet effondrement était dû aux politiques d’austérité souhaitées par Bruxelles.

    Cette tentative maladroite et grossière d’instrumentaliser la colère populaire qui existe dans la société italienne contre l’Union européenne vise d’une part à masquer la responsabilité directe et indirecte de son parti et de son gouvernement dans cet effondrement. D’autre part, elle sert à détourner l’attention des véritables responsables et à essayer de dévier la colère populaire pour éviter d’affronter les thèmes des concessions étatiques, des privatisations et de la renationalisation des autoroutes. Cette tentative doit être immédiatement rejetée. Nous n’acceptons pas qu’un ministre de l’Intérieur qui, le soir de la tragédie, n’a pas visité la ville, mais a fait la fête avec ses amis siciliens instrumentalise les événements pour son profit médiatique. Ce n’est pas un hasard si Salvini, ne voulant pas ou ne sachant pas comment commenter sérieusement l’incident, continue de publier des interviews contre les migrants. Le jour des funérailles d’État, il a pris des selfies avec ses partisans durant la cérémonie !

    Nous devons rejeter les tentatives nationalistes de Matteo Salvini de détourner les critiques du capitalisme lui-même et de la classe dirigeante italienne en blâmant simplement les politiques d’austérité souvent exigées par l’Union européenne (UE). L’UE a imposé des politiques d’austérité à de nombreux pays, mais à elle seule, une rupture avec l’UE et ses politiques ne produira pas de changement fondamental.

    Seule une rupture structurelle avec le capitalisme et les lois qui régissent son fonctionnement pourront prévenir des tragédies similaires à l’avenir. Une société socialiste, basée sur le pouvoir et l’auto-organisation des travailleurs et des gens ordinaires, n’affecterait pas seulement des ressources à l’entretien et au contrôle des infrastructures, mais choisirait de construire des ponts, des routes et des autoroutes en utilisant le critère de l’utilité, du bénéfice social et de l’impact écologique et non celui du profit à court terme. C’est pour cette perspective que Resistenze Internazionali (section italienne du Comité pour une Internationale Ouvrière) se bat.

    Pour éviter que ces tragédies ne se reproduisent et pour honorer les victimes de cet effondrement, Resistenze Internazionali exige :

    • La création d’une commission d’enquête non gouvernementale indépendante et reposant sur des organisations. populaires comme les syndicats et les groupes communautaires, afin de déterminer la responsabilité pénale de ce qui s’est passé.
    • L’indemnisation appropriée des familles des victimes et des personnes déplacées.
    • Le contrôle immédiat de la sécurité de toutes les structures à risque en commençant par le remplacement de tous les piliers en béton armé par des structures en fer.
    • La révocation sans compensation de la concession de l’État au groupe Autostrade per l’Italia.
    • L’abolition du secret d’État sur toutes les concessions d’État.
    • La suppression des péages autoroutiers.
    • La renationalisation, sans compensation d’entreprises comme Atlantia, du réseau autoroutier italien et sa mise sous contrôle et gestion des travailleurs du secteur et de leurs représentants, avec le financement public nécessaire, dans le cadre d’un plan de transport global.

  • Après des années de négligence, il nous faut un plan massif d’investissements publics!

    Tunnel de Cortenbergh à Bruxelles. Photo : Wikimédia

    – Le pont de Gênes qui s’est effondré est mort de la même maladie que celle qui touche les tunnels de Bruxelles et de nombreuses autres infrastructures : un manque chronique d’investissement et d’entretien dans le cadre d’une politique d’austérité.
    – Pour un plan massif d’investissements publics à tous les niveaux : communes, régions, fédéral.

    L’effondrement du pont en Italie est le résultat d’un manque d’investissement et d’entretien. 25 ans de politique d’austérité provoquent des situations similaires dans toute l’Europe. Les tunnels de Bruxelles, les conduites d’eau, l’humidité s’infiltrant dans les musées et autres bâtiments publics, … Heureusement, nous n’avons pas encore eu de catastrophe comme celle de Gênes. Mais avec la politique actuelle, ce n’est qu’une question de temps.

    Les investissements publics dans les infrastructures et dans d’autres domaines ont fortement diminué au cours des 25 dernières années. En 2016, le professeur de finances publiques Wim Moesen déclarait : “Un pays civilisé consacre 3% de son produit intérieur brut à l’investissement public. ” La Belgique est à la traîne depuis une trentaine d’années. Ces dernières années, tous les investissements publics (à tous les niveaux : du fédéral au communal) ont représenté entre 2 et 2,5 % du PIB, la plupart de ces “investissements” étant en fait des amortissements plutôt que de nouveaux investissements. L’investissement public net ne représente qu’une fraction d’1% du PIB.

    Graphique issu du journal Le Soir en 2016

    Pour atteindre le niveau des années 1970, il faudrait investir environ 15 à 20 milliards d’euros par an. Pour compenser le sous-investissement chronique de ces 25 dernières années, un investissement plus massif est nécessaire. Une part importante des investissements publics est réalisée au niveau communal (jusqu’à 40% des investissements publics) : écoles, crèches, centres d’accueil et de soins, infrastructures routières et cyclables, centres culturels, … Ces dernières années, les investissements publics dans les communes belges ont encore diminué d’un quart : de 4 milliards d’euros en 2012 à 3 milliards d’euros en 2017. Entre 2012 et 2017, 5.200 emplois équivalents temps plein ont disparu dans les communes. Cela signifie moins de services et moins de qualité, ainsi que de nombreux problèmes de stress et d’épuisement chez les employés communaux qui essaient de faire pour le mieux avec les moyens du bord.

    Le résultat du manque d’investissement est visible pour tous : les problèmes avec les tunnels de Bruxelles, mais aussi avec d’autres routes, canaux et infrastructures ferroviaires. Des trous de voirie sont apparus à divers endroits à Bruxelles : des affaissements importants de la route à la suite de fuites dans les conduites d’eau. Ce phénomène ne se limite pas à Bruxelles : 17,8 litres d’eau potable sont perdus par 100 litres d’eau potable en Flandre en raison de fuites. Et on nous dit de ne pas arroser notre jardin pendant la canicule… Restaurer le réseau d’eau n’est pas à l’ordre du jour. “Ce n’est pas économiquement justifié” disait d’AquaFlanders lorsque les chiffres de pertes dues aux fuites a été révélé. Pratiquement tous les services à la population – des crèches aux soins aux personnes âgées en passant par les écoles – craquent sous les déficits et sont en partie externalisés vers le secteur privé, qui n’a pour ambition que de faire du profit. C’est à peine s’il y a eu de nouveaux investissements dans le logement social, la garde d’enfants, les centres communautaires, etc. Cela a permis au secteur privé de jouer un rôle plus important. L’un des résultats : le prix moyen des logements en Belgique a quadruplé en 25 ans !

    Nous revendiquons un plan massif d’investissements publics dans le logement social, l’éducation, les soins, les routes, … Un tel plan entre en conflit direct avec la politique d’austérité qui met la communauté en veilleuse pour financer les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises (des cadeaux qui sont d’ailleurs peu investis de manière productive, et préférablement transférés dans des paradis fiscaux). Un plan massif d’investissements publics au niveau communal, régional et fédéral se heurte au carcan financier ; il ne sera réalisable que si nous nous opposons à la cupidité du secteur bancaire et des grandes entreprises. L’ensemble du secteur bancaire, ainsi que d’autres secteurs-clés de l’économie, doivent être mis entre les mains du secteur public afin que des investissements indispensables puissent être faits pour répondre aux besoins nombreux et croissants de la communauté. Nous n’obtiendrons pas cela comme un cadeau, il faudra une lutte de masse. Saisissons toutes les occasions de présenter nos revendications de manière offensive, à commencer par la lutte sociale contre le gouvernement de droite et les élections communales d’octobre. Rejoignez le PSL pour mettre en avant une alternative socialiste combattive !

  • Que se cache-t-il derrière le "Pacte d'investissements" de Charles Michel?

    article-ben

    Une déclaration d’intention pour demain qui tente de cacher l’austérité et le manque d’investissement d’hier et d’aujourd’hui?

    Après le ‘‘Jobs, Jobs, Jobs’’ de l’année passée, Charles Michel annonce vouloir lancer un ‘‘pacte national pour les investissements stratégique’’ de plusieurs milliards qui s’étalerait de 2017 à 2030(1). Même s’il n’en précise pas les détails, il a vaguement sous-entendu que cela prendrait la forme de partenariat public-privé (PPP).

    Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Soyons clairs, connaissant les problèmes de calculs du gouvernement, on peut clairement mettre en doute ses volontés et ses capacités réelles d’investissements. Sans rompre avec les logiques budgétaires néolibérales, il est en outre impossible de remédier au manque d’investissements publics. On se souvient du Tax shift : le gouvernement donne d’une main ce qu’il reprend trois fois de l’autre.

    Alors que le gouvernement a fait tomber sur nous une avalanche d’austérité, pour corriger le trou dans le budget 2016 et maintenir son objectif d’équilibre en 2017, il doit encore trouver 2,4 milliards et il se dit déjà que, pour 2018, il faudrait trouver 5 milliards supplémentaires, en grande partie parce que le Tax shift n’est pas suffisamment financé. Pour ne pas arranger les choses, il y a cette discussion sur une réforme de l’Impôt des sociétés visant à rabaisser le taux vers 24% selon la proposition de la FEB ou vers 20% selon la proposition du ministre des finances Van Overtveld, ce qui couterait quelque chose comme 7,3 milliards d’euros par an.

    Les soi-disant quelques milliards qui seront investis publiquement ne compenseront donc peut-être même pas les économies qu’on va nous imposer. Mais surtout, avec quelques milliards, nous resterions très loin de ce qui se faisait comme investissements publics dans les années ‘70. Si nous voulions faire des investissements publics dans les mêmes proportions qu’à l’époque, c’est à dire autour de 4,5% du PIB, c’est des montants de l’ordre de 15 à 20 milliards d’euros qu’il faudrait investir publiquement en Belgique chaque année ! Pire, du fait que, depuis les années ‘80, les investissements publics ont chuté autour de 2% du PIB seulement. Ce qui signifie concrètement que ceux-ci compensent à peine la dépréciation du capital. Il faudrait donc investir encore plus massivement afin de compenser le sous-investissement chronique depuis un quart de siècle.

    On le voit, les infrastructures ne sont plus correctement entretenues, ce qui explique les tunnels, ponts, routes, infrastructures fluviales et ferroviaires qui tombent en ruines ou tardent à se développer, comme par exemple le RER ou le port d’Anvers. Dans l’enseignement francophone, les estimations parlent de 20.000 places manquantes d’ici 2022(2) alors qu’à Bruxelles, de nombreuses écoles ont déjà sacrifié leurs cours de récréation pour y installer de nouvelles classes dans des containers. Rajoutons le manque de logements publics, de crèches, de maisons de quartier, le sous-investissement massif dans les soins de santé, les différents SPF (Services Publics Fédéraux) comme la justice ou les finances, etc.

    Un plan d’investissements est donc plus que jamais nécessaire, mais nous ne devons pas être naïfs. Pour que celui-ci permette de répondre aux nombreux besoins de la collectivité, il faudra s’attaquer à la logique néolibérale et au capitalisme lui-même. Seule des luttes de masse peuvent arracher de réels investissements publics.

    (1) ‘Jeudi en prime’ 1/09/16
    (2) Le Soir, 10/09/16

  • Bruxelles et ses tunnels délabrés : il nous faut des investissements massifs dans l’infrastructure

    Quand on s’est enfui la tête sous le sable pendant plusieurs années, la confrontation à la réalité matérielle est parfois difficile. Le manque chronique d’investissements dans l’infrastructure publique et les services publics a entrainé fin janvier la fermeture du tunnel Stéphanie à Bruxelles, une artère importante pour les navetteurs vers la Capitale. Le tunnel menaçait littéralement de s’effondrer.

    Par Tim (Bruxelles)

    Tous les gouvernements belges de ces dernières décennies se sont trompés eux-mêmes en croyant que le manque d’investissements dans l’infrastructure et les services publics n’aurait pas de conséquences à long terme. Les cadeaux fiscaux ont été offerts dans tous les sens et, en combinaison d’un fondamentalisme budgétaire, les moyens ont manqué pour les services publics. Le service à la population a été démantelé ou privatisé, l’infrastructure n’a pas été entretenue ou adaptée à l’évolution de la société. Visiblement, la logique était de croire que regarder ailleurs suffirait à faire disparaître le problème de lui-même.

    Cette vision idéaliste sur la réalité est inévitablement rattrapée par les faits, tôt ou tard. ‘‘La réalité, c’est ce qui refuse de disparaître quand on cesse d’y croire’’, résumait déjà le fameux écrivain de science-fiction Philip K. Dick. Aucun problème n’a disparu: les routes belges sont devenues de véritables parcours du combattant plein de trous et de fissures, les écoles et les hôpitaux suivent la même voie et, depuis janvier 2016, l’état pitoyable de quelques tunnels bruxellois assure qu’il n’est pas des plus approprié d’y passer en voiture. Ce manque de planification et d’investissements dans l’infrastructure publique a été illustré une fois de plus de manière un peu plus comique quand Bruxelles Mobilité a dû ouvertement admettre qu’une bonne partie de ses archives était en train de pourrir dans un de leurs tunnels et avait partiellement été mangé par les souris!

    Quelques jours avant la fermeture du tunnel Stéphanie, le gouvernement bruxellois a lancé quelques pistes pour s’en prendre à cette problématique. Trop tard, bien sûr, mais surtout totalement insuffisant. Aucune proposition ne représente une réelle solution.

    Une de ces idées était de fermer certains tunnels, entre autre le tunnel Léopold II. Pas moins de 65.000 voitures y passent quotidiennement. Imaginons un instant que toutes ces voitures doivent à l’avenir voyager en surface à travers Bruxelles… La discussion ne porte de plus pas que sur les tunnels Stéphanie et Léopold II : les tunnels Pachéco, Rogier, Montgomery, Georges-Henri, Trône et le complex de tunnels Reyers doivent aussi être rénovés de toute urgence. L’effort sera déjà considérable de gérer le trafic à Bruxelles avec un tunnel fermé, que faire en les fermant tous ?

    D’autres idées reprennent diverses variations d’un système de péage dans la région bruxelloise, soit pour toute la région, soit pour certains endroits, soit pour les tunnels uniquement. Toutes ces propositions placeraient à nouveau le fardeau du manque d’entretien et d’investissement sur le dos des travailleurs et de leurs familles en payant une deuxième fois des taxes pour l’infrastructure publique !

    Que l’infarctus de circulation qui s’appelle Bruxelles ne peut qu’être résolu en réduisant le nombre de véhicules dans la ville, c’est une évidence. Mais faisons-le en offrant assez d’alternatives : de bons transports en commun publics, une bonne infrastructure pour l’utilisation de vélos, des parkings en dehors de la ville pour décharger le centre,… Mais le gouvernement applique une politique d’austérité sur les transports en commun alors qu’il est on ne peut plus clair que ce sont des investissements dont nous avons besoin.

    Ainsi, le réseau de RER (des trains régionaux autour de Bruxelles) accuse un retard qui se compte en années. Ce réseau devait être complètement opérationnel en 2012 mais il a systématiquement été retardé faute de budgets. Pour le moment, la date de mise en service est fixée à 2025. Fin 2015, la première partie du réseau est devenue opérationnelle, mais le CEO de la SNCB, Jo Cornu, a de suite placé le réseau sous une entité à part au sein de la SNCB : le réseau S. Est-ce parce que le réseau est destiné à être totalement privatisé une fois terminé? Une approche correcte de la problématique de la mobilité à Bruxelles peut difficilement coexister avec les énormes économies qui frappent la SNCB et les augmentations de tarifs qui prévues. Jo Cornu a d’ailleurs tenu à préciser que ces augmentations de tarifs toucheront surtout les heures de pointes, très exactement les moments où la circulation à Bruxelles est la plus compliquée! Pour ne pas encore parler des moyens dont la STIB a besoin pour faire les nécessaires investissement dans son réseau : une ligne de métro à Ixelles pour décharger les lignes de bus surchargés, le métro vers l’aéroport, le renouvellement de la flotte de véhicules,…

    Ceci démontre que l’anarchie de l’économie capitaliste n’offre pas de possibilités pour une planification à long terme, même pas s’il s’agit d’un thème aussi important que la mobilité. Une économie socialiste démocratiquement planifiée ne prévoirait pas seulement les moyens pour remettre en ordre le réseau de routes et de tunnels à court terme mais investirait surtout en masse dans les alternatives à l’utilisation de voitures individuelle. Il y a assez de richesses dans cette société, nous devrons seulement nous organiser pour que celles-ci soient aux mains de la population entière, pour pouvoir décider de manière démocratique des problèmes à résoudre en priorité.

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