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Tag: Hongrie
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Nouvelle victoire pour Viktor Orbán. Que se passe-t-il en Hongrie ?

Le parlement hongrois. Photo : Wikimedia Commons Viktor Orbán est le plus ancien chef de gouvernement de l’Union européenne. Le 3 avril, il a de nouveau remporté les élections et gouvernera avec une majorité des deux tiers. Il l’a remporté contre une coalition de tous les partis d’opposition établis. Que s’est-il passé ?
Par Till Ruster, Sozialistische LinksPartei (section autrichienne d’ASI)
Disons-le tout net : dans un pays dont le chef de gouvernement est notoirement autoritaire et au pouvoir depuis 2010, aucune campagne électorale ne pourrait être « équitable », même selon les normes bourgeoises.
Les principaux partis d’opposition n’ont pratiquement pas eu accès aux médias, qu’ils soient publics ou privés. Orbàn a construit autour de lui une clique de capitalistes hongrois aussi dépendante de lui que lui l’est d’eux. Il les rend plus riches, ils le maintiennent au pouvoir. Ces « amis » ont racheté les médias indépendants après qu’Orbàn en ait fermé certaines. Ainsi, tout ce que l’on pouvait entendre sur l’opposition dans les médias n’était qu’accusations à son encontre de la part du gouvernement.
Après avoir adopté une nouvelle constitution et introduit d’autres règles électorales, Orbàn a aménagé le système de vote de manière à soutenir le parti le plus fort. La plupart des sièges parlementaires sont élus directement par circonscription et sont remportés par le candidat le plus fort, qu’il ait ou non une majorité de 50 %. De cette façon, comme cela se passe dans certains autres pays, des millions de voix ne comptent tout simplement pas.
Mais même avec ces avantages, le parti d’Orbàn, le Fidèsz, n’était toujours pas sûr de gagner. Il a donc dépensé environ dix fois plus dans la campagne électorale que tous les autres partis réunis.
Mais ce serait manquer de perspicacité que d’expliquer ce succès uniquement par la manipulation et le manque de fair-play. Le Fidèsz dispose encore d’un soutien important dans la population, notamment dans les zones plus rurales. Orbàn a pu conserver ce soutien même pendant la période récente, très difficile, où le Covid et l’inflation ont rendu insupportable une situation sociale déjà précaire pour de nombreux Hongrois. Avec un grand nombre de personnes travaillant dans les pays européens voisins, les confinements signifiaient souvent que des revenus pouvaient complètement disparaître.
Une neutralité pro-Poutine ?
On aurait pu s’attendre à ce que la guerre en cours en Ukraine complique la tâche de l’extrême droite européenne, qui a toujours été très proche de Poutine. Cela est particulièrement vrai pour Orbàn, dont la « démocratie illibérale » est considérée par beaucoup comme un modèle pour l’extrême droite en Europe. Cette proximité n’est pas seulement politique : la Russie et la Chine financent d’importants projets d’infrastructure, comme l’extension de la plus importante centrale nucléaire de Hongrie.
Le Fidèsz ne se lasse pas de se représenter comme le parti de la révolte de 1990 contre le stalinisme. Orbàn lui-même a fait sa première apparition politique publique en 1989, lorsqu’il a exigé le retrait de l’armée soviétique de Hongrie lors d’une manifestation de l’opposition à Budapest. Chaque année, en octobre, il prend la parole lors de la commémoration nationale du soulèvement de 1956, expliquant que la Hongrie est aujourd’hui assiégée par des puissances étrangères et qu’elle doit leur résister comme elle l’a fait en 1956. Même si la situation était très différente en 1956, lorsque le Kremlin a envoyé des troupes pour réprimer un soulèvement ouvrier contre le stalinisme en faveur du socialisme démocratique, et en 1990, il existe des similitudes avec l’agression russe en Ukraine aujourd’hui.
Mais Orbàn a réussi à présenter la situation différemment pendant sa campagne électorale. Parmi les puissances qui veulent contrôler la Hongrie, a-t-il expliqué, il n’y a pas que la Russie, mais aussi l’UE et l’OTAN. La seule solution, a-t-il dit, est la « neutralité » et le souci de la Hongrie avant tout. Tous ceux qui veulent entraîner la Hongrie plus profondément dans ce conflit sont des ennemis du peuple. Dans son discours de victoire, il a même qualifié Zelensky d’ennemi parce qu’il aurait tenté d’intervenir dans les élections au nom de l’opposition pro-UE.
Cela révèle un conflit permanent entre la Hongrie et l’Ukraine au sujet de la minorité hongroise de ce pays. Orbàn intervient régulièrement en leur nom, non seulement en Ukraine mais aussi dans les pays voisins qui se sont séparés de l’ancienne « Grande Hongrie » après la Première Guerre mondiale, et il est jusqu’à aujourd’hui un point de référence, en particulier, mais pas seulement, pour les forces nationalistes de droite. Dans la plupart de ces pays, y compris en Ukraine, ces minorités font l’objet d’une discrimination, même si elle n’est pas aussi forte qu’Orbàn le prétend, alors que des minorités telles que les Roms sont victimes de discrimination en Hongrie même. Ainsi, l’accueil de 500.000 réfugiés de guerre ukrainiens peut sembler être un acte de solidarité, mais le fait que certains d’entre eux appartiennent à la minorité hongroise fait que cet acte s’inscrit parfaitement dans son programme nationaliste.
Quelques jours après sa victoire électorale, Orbàn a exprimé un soutien plus fort à Poutine en acceptant de payer le gaz en roubles et en proposant de servir d’intermédiaire.
Pendant l’élection, cette position sur la guerre en Ukraine s’est avérée populaire. Elle correspondait à un état d’esprit du type « nous avons assez de problèmes comme ça, laissons les puissances mondiales se battre entre elles ». Et c’est là la principale caractéristique du phénomène Orbàn aujourd’hui. Il n’est pas un leader célèbre en qui les gens ont confiance pour améliorer les choses, il est plus souvent accueilli avec cynisme et considéré comme un moindre mal. Les gens remarquent la corruption qui caractérise le parti Fidèsz du sommet à la base, c’est bien trop évident pour être négligé. Mais au moins elle ne s’y aggrave pas aussi vite qu’ailleurs, semblent croire de nombreuses personnes.
C’est le résultat de l’expérience des années 1990 et des gouvernements sociaux-démocrates du début des années 2000. Après l’effondrement du stalinisme, le niveau de vie a chuté rapidement, contredisant toutes les promesses faites par les partis pro-UE de l’époque. Orbàn rappelle cette période aussi souvent que possible à la population.
C’est tout particulièrement efficace lorsqu’il mentionne son prédécesseur, le social-démocrate Ferenc Gyurcsány, qui a été filmé en 2006 sur un enregistrement en admettant avoir menti aux Hongrois sur la situation financière désastreuse du pays. Nombreux sont ceux qui lui imputent, ainsi qu’à son parti, les dures retombées de la crise financière de 2008, lorsque des centaines de milliers de Hongrois ont perdu leur maison ou leur petite entreprise parce qu’ils ne pouvaient plus rembourser les prêts Forex. Il s’agissait de prêts en euros contractés en francs suisses qui devaient être remboursés alors que le forint hongrois s’effondrait. Cette situation a préparé le terrain pour l’arrivée au pouvoir d’Orbàn en 2010.
La meilleure opposition qu’un gouvernement puisse espérer
Depuis plus de dix ans, l’opposition tente de trouver un moyen de faire face au phénomène Orbàn. Les sociaux-démocrates se sont divisés en deux partis, le parti « socialiste » (MSZP) et la coalition démocratique (DK), tandis que d’autres partis se sont transformés. Les Verts hongrois (LMP) ont adopté des positions nationalistes et souvent racistes, tandis que le parti Jobbik a tenté de se réinventer, après avoir été l’un des partis néofascistes les plus puissants d’Europe, pour présenter une alternative plus conservatrice au Fidèsz. Plutôt que de développer une alternative politique claire au Fidèsz, ils se sont tous rapprochés de lui et l’ont imité.
Ce faisant, ils ont tourné le dos aux énormes et importants mouvements sociaux qui ont eu lieu contre Orbàn et ses attaques contre les droits des travailleurs, les droits démocratiques et sociaux et la jeunesse. Il y a notamment eu une série de grèves bien suivies des enseignants concernant les salaires et les effectifs, qui, malgré les tentatives d’interdiction de la grève, ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs manifestations depuis leur début en janvier. Non seulement aucun de ces partis n’a joué un rôle majeur dans ces protestations, mais ils n’en ont même tiré aucun élan.
Après des années de luttes intestines au sein des différents partis et entre ceux-ci, ils se sont donc orientés vers la construction d’une alliance électorale contre Orbàn et son gouvernement. Baptisée « Hongrie unie », elle comprenait les partis sociaux-démocrates déjà discrédités, les verts et le Jobbik d’extrême droite. Cette tactique a été qualifiée « d’arme ultime ». Ils ont organisé des élections primaires dans chaque circonscription pour décider qui serait le candidat le mieux placé contre le Fidèsz. Mais c’est à peu près tout. Après une lutte douloureuse, ils ont réussi à élaborer un programme de compromis auquel personne ne croyait vraiment et après une primaire nationale, Péter Márki-Zay a été désigné comme le meilleur candidat pour affronter Orbàn. La « Hongrie unie » n’a finalement obtenu que 37% des voix.
Péter Márki-Zay était un partisan de longue date du Fidèsz. Il soutient toujours les principaux principes de son programme. Il affirme simplement que, contrairement à Orbàn, il s’en tient au style de vie d’un patriote extrêmement conservateur, sans scandales et sans corruption (du moins jusqu’à présent), mais avec le même nationalisme sexiste, homophobe et raciste dont il est fier. Il était facile pour Orbàn de le dépeindre comme une mauvaise copie de lui-même.
Plus tôt dans l’année, alors que les questions clés débattues étaient la corruption, l’éducation et les soins de santé, Orbàn a été contraint de s’effacer, et à un moment donné, les sondages d’opinion ont suggéré que les deux groupes se disputaient la première place. Mais lorsque la guerre en Ukraine a éclaté, en opposition aux tendances pro-russes d’Orbàn, la « Hongrie unie » s’est retrouvée à défendre une position pro-UE en appelant à renforcer les sanctions et le soutien militaire à l’Ukraine.
Il y a beaucoup d’opposition à Orbàn, mais la « Hongrie unie » se contente simplement de ne pas être lui. C’est insuffisant pour mobiliser un enthousiasme. Une tactique similaire avait été utilisée lors des élections municipales de 2019 et, à Budapest, l’opposition a remporté le poste de maire, sans changement politique spectaculaire depuis lors.
Des tactiques similaires ont été utilisées ailleurs où il y a des dirigeants autoritaires de longue date. Le « vote intelligent » a été utilisé récemment en Russie, où les principaux groupes d’opposition, y compris certains groupes de gauche, ont appelé à voter pour le candidat le plus susceptible de gagner contre le parti de Poutine. Dans les quelques endroits où cela a réussi, cela a toutefois conduit à l’élection de députés qui comptent désormais parmi les plus farouches partisans de la guerre de Poutine.
Il est important de tirer les leçons de cette élection en Hongrie. Soutenir le « moindre mal » ne suffit pas à inspirer l’opposition, en particulier lorsque ce même « moindre mal » était lui-même responsable de la création des conditions économiques et sociales, y compris la corruption généralisée qui a conduit, en premier lieu, à la victoire initiale d’Orbàn. Non seulement les gens ont le droit d’être sceptiques face à une telle option, mais ils ont déjà démontré lors des élections précédentes qu’ils ne font pas confiance aux vieux partis établis pour offrir un meilleur avenir. Et comme les partis de la coalition « Hongrie unie » ont de toute façon rapproché leur politique de celle du Fidèsz, les électeurs ont raison de ne pas s’attendre à un changement de cap spectaculaire.
Un autre parti est entré au Parlement, « Notre Patrie », en obtenant 6% des voix et 6 sièges. Alors que le Jobbik cherchait la « respectabilité » en se rapprochant du conservatisme autoritaire du Fidèsz, les éléments les plus extrêmes, proches du fascisme, se sont séparés pour former ce nouveau parti. De manière significative, c’est le seul autre parti qui a bénéficié d’un temps d’antenne dans les médias publics et privés, ce qui n’a été possible qu’avec l’approbation du gouvernement. Cela suggère qu’il pourrait jouer un rôle, comme le font les partis d’extrême droite dans d’autres pays, en tant qu’outil que le parti au pouvoir peut utiliser pour se pousser plus à droite.
Quelle est la force du gouvernement ?
Le même jour que les élections, un référendum a également été organisé, proposé par le Fidèsz, visant à restreindre les droits de la communauté LGBT. Orbàn a tenté d’utiliser cette question pour se placer à l’avant-garde du conservatisme et des « valeurs familiales ». Il a fortement soutenu les questions homophobes du référendum, qui visaient à restreindre la représentation de l’homosexualité ou des questions transgenres dans les écoles, ainsi que l’éducation sexuelle en général. Mais alors que le taux de participation aux élections était de près de 70 %, moins de 50 % des électeurs ont voté au référendum et les propositions n’ont donc pas été adoptées, ce qui montre qu’Orbàn a du mal à mobiliser ses partisans sur des questions spécifiques.
Cela pourrait bien être plus important dans un avenir proche. L’inflation est déjà extrêmement élevée, atteignant 8,6 % en mars, et il est probable qu’elle atteigne bientôt les deux chiffres. Bien que le Fidèsz ait réussi à conclure un accord avec les banques étrangères pour un mémorandum visant à alléger la pression sur de nombreux prêts Forex, cela ne durera que jusqu’à l’été. Nombreux sont ceux qui risquent d’avoir plus de mal à les rembourser aujourd’hui qu’en 2008, ce qui pourrait les conduire à perdre leur logement, voire pire.
La Hongrie est également soumise à des pressions particulières en raison du développement des conflits mondiaux. Orbàn a réussi à monter la Chine, la Russie et l’Union européenne l’une contre l’autre, en prenant de l’argent de chacune de ces parties sans trop s’engager dans l’une d’elles. À l’heure actuelle, l’économie hongroise dépend des investissements chinois et russes, ainsi que de l’UE, notamment dans le secteur agraire sous-développé. Il ne semble pas possible que la Hongrie soit en mesure de maintenir longtemps sa position « d’ami de tous et de personne ». En effet, deux jours après les élections, l’UE a entamé un processus visant à priver la Hongrie d’une grande partie de son soutien en réponse aux politiques autoritaires du Fidèsz.
Depuis quelques années, l’alliance hongro-polonaise fait office d’alternative de droite aux puissances européennes que sont l’Allemagne et la France, notamment en ce qui concerne les politiques financières et la question des réfugiés. Mais la « neutralité » d’Orbàn à l’égard de Poutine met en péril l’importante relation entre le Fidèsz en Hongrie et le parti d’extrême droite au pouvoir, Prawo i Sprawiedliwość (Droit et Justice PiS) en Pologne. Le PiS est l’une des voix les plus fortes de l’UE pour donner à l’Ukraine le maximum de soutien, y compris militaire. Ce n’est pas seulement par soutien à l’Ukraine, mais parce que le PiS a besoin de jouer sur le nationalisme pour dévier l’attention des propres problèmes économiques et sociaux de la Pologne. Cette situation démontre que les alliances internationales entre forces nationalistes ont souvent leurs limites.
Une véritable alternative est-elle envisageable ?
Orbàn peut survivre grâce à la faiblesse des partis d’opposition. Pour les travailleurs et les jeunes, il est grand temps de rompre avec ces partis, de construire leurs propres organisations et de développer leur propre programme politique. L’adoption d’un point de vue de classe clair est cruciale à cet égard. Le racisme et le nationalisme sont utilisés en Hongrie pour masquer le fait que non seulement le Fidèsz, mais aussi tous les partis établis ne représentent pas les intérêts de tous les « Hongrois », comme ils le prétendent. Au contraire, en ignorant les intérêts de la classe ouvrière, des femmes, des LGBT, des jeunes et des minorités opprimées, les partis établis représentent simplement les différentes factions de la classe dirigeante.
Il y a clairement non seulement la nécessité, mais aussi un énorme potentiel pour une alternative de la classe ouvrière dans la politique hongroise. En 2019, le pays a été secoué par des mobilisations sociales concernant les lois sur le travail, les lois dites « esclavagistes », et les attaques contre les droits démocratiques. Plus tard, des manifestations ont eu lieu en faveur de la liberté artistique et universitaire. En 2021, ce fut au tour de la communauté LGBT de protester. Des manifestations contre la nouvelle loi sur le travail en 2018, aux grèves des ouvriers de l’automobile en 2019 jusqu’aux manifestations des enseignants d’aujourd’hui, nous constatons que le mouvement ouvrier hongrois est loin d’être en sommeil.
Une véritable alternative politique au régime actuel, corrompu et autoritaire, se baserait sur la classe ouvrière et les différentes luttes en cours. Seule une opposition claire, avec un programme qui fait face aux problèmes sociaux et qui mobilise réellement la résistance dans l’intérêt de la classe ouvrière – au lieu de se contenter de demander une voix aux élections avant de revenir aux « vieilles méthodes » telles qu’elles étaient avant l’arrivée au pouvoir d’Orbàn – peut délivrer un changement réel.
La pression exercée sur les organisations et les partis de gauche pour qu’ils soutiennent les blocs pro-capitalistes est énorme dans une situation comme celle de la campagne électorale en Hongrie ces derniers mois. La détermination est requise de la part d’une organisation fortement enracinée dans la classe ouvrière et les luttes qui s’y déroulent pour résister à la pression de rejoindre une alliance comme “La Hongrie unie”. Une organisation de travailleurs doit montrer qu’elle, son programme et ses politiques sont fondamentalement différents et indépendants non seulement de l’actuel riche au pouvoir, mais aussi de tous les partis des riches en général.
En particulier dans les mois à venir, la lutte ne devra pas seulement être menée contre le gouvernement avec ses mesures racistes et antidémocratiques, mais pour la défense des emplois, des salaires, et du secteur de la santé et de l’éducation, alors que leur soutien financier est sacrifié pour augmenter les dépenses militaires et la grave situation économique en général.
Il est important de lier ces luttes pour trouver une réponse politique aux partis des riches : un nouveau parti indépendant des travailleurs capable de s’opposer aux politiques capitalistes des partis actuels, en plaidant au contraire pour une économie planifiée véritablement démocratique, gérée au profit de tous, dans le cadre d’une Hongrie socialiste démocratique et d’une fédération socialiste plus large en Europe. Ce serait la véritable « arme ultime » dont Orbàn et ses amis capitalistes ont peur.
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Hongrie 1956 : quand les conseils ouvriers ont fait trembler la bureaucratie soviétique et la bourgeoisie du monde entier
Ce 23 octobre 2016, cela fera exactement 60 ans que s’est déclenchée la révolution hongroise de 1956. Il y a dix ans, cet anniversaire, ainsi que les violentes émeutes qui l’ont accompagné, ont remis la Hongrie et le souvenir de la révolution au centre de l’actualité. L’ensemble de la presse et des politiciens se rejoignaient tous pour saluer au passage «la première révolution dirigée contre la tyrannie communiste». Contre la tyrannie ? Très certainement. Mais de là à faire l’amalgame stalinisme = communisme, il n’y a qu’un pas que la majorité des commentateurs bourgeois franchissent allègrement.Par Cédric Gérôme, texte initialement publié en 2006
Lors de la commémoration du soulèvement de 1956, organisé en 2006 en grande pompe par le gouvernement hongrois, José Manuel Barroso, à l’époque président de la Commission Européenne, n’hésitait pas à dire que « les Hongrois, par leur sacrifice, ont préparé la réunification de l’Europe ». Les groupes d’extrême-droite hongrois, quant à eux, revendiquaient la paternité de la « révolution contre les communistes, qui sont d’ailleurs toujours au pouvoir. » Face à cet amas d’hypocrisie et de confusion idéologique, il ne nous a pas semblé superflu de revenir sur les événements de ‘56, ses acteurs, son caractère et ses implications…
Hongrie 1956 : quand les conseils ouvriers ont fait trembler la bureaucratie soviétique et la bourgeoisie du monde entier
« Comment les dirigeants pourraient-ils savoir ce qui se passe ? Ils ne se mêlent jamais aux travailleurs et aux gens ordinaires, ils ne les rencontrent pas dans les bus, parce qu’ils ont tous leurs autos, ils ne les rencontrent pas dans les boutiques ou au marché, car ils ont leurs magasins spéciaux, ils ne les rencontrent pas dans les hôpitaux, car ils ont leurs sanas à eux. »« La honte n’est pas dans le fait de parler de ces magasins de luxe et de ces maisons entourées de barbelés. Elle est dans l’existence même de ces magasins et de ces villas. Supprimons les privilèges et on n’en parlera plus. » (Gyula Hajdu et Judith Mariássy, respectivement militant communiste et journaliste hongrois en 1956)
1) La Hongrie au sortir de la guerre
Après la deuxième guerre mondiale, les Partis Communistes et l’URSS avaient acquis une grande autorité suite à la résistance héroïque de la population russe contre l’invasion du pays par l’armée nazie. L’URSS sortit renforcée de la guerre : ayant repoussé l’armée allemande jusqu’aux frontières de l’Elbe, elle avait conquis la moitié d’un continent. La conférence de Yalta en février 1945 consacra cette nouvelle situation : les parties de l’Europe qui avaient été « libérées » par l’Armée Rouge resteraient sous la sphère d’influence russe.
La fin de la seconde guerre mondiale était allée de pair avec une radicalisation des masses et des événements révolutionnaires dans toute une série de pays. En effet, les masses ne voulaient pas seulement en finir avec le fascisme ; elles voulaient aussi extirper la racine sociale et économique qui l’avait fait naître : le capitalisme. Dans la plupart des pays européens, la bourgeoisie devait faire face à des insurrections de masse. Mais s’il y avait bien un point sur lequel les Partis Communistes stalinisés et les capitalistes s’entendaient parfaitement, c’était sur le fait qu’une révolution ouvrière devait être évitée à tout prix. Dans les pays capitalistes, les PC –tout comme les partis sociaux-démocrates- usèrent de leur autorité pour venir en aide aux classes dominantes, en ordonnant aux partisans de rendre les armes et en participant à des gouvernements d’ « union nationale » avec les partis bourgeois (en France, en Italie, et en Belgique notamment). En vérité, il s’agissait bien là d’une contre-révolution, mais sous un visage « démocratique ». En France, pour ne citer qu’un seul exemple, les groupes de résistance, sous l’instruction des dirigeants staliniens, durent rendre leurs armes au prétendu « gouvernement de Libération Nationale ». Maurice Thorez, secrétaire général du PCF de l’époque, déclarait : « Les Milices Patriotiques ont très bien servi dans la lutte contre les nazis. Mais maintenant, la situation a changé. La sécurité publique doit être assurée par la police régulière. Les comités locaux de libération ne peuvent pas se substituer au pouvoir du gouvernement. »
Dans les pays de l’Est (Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, etc), si l’entrée de l’Armée Rouge avait souvent été perçue comme une libération, la bureaucratie du Kremlin était pourtant déterminée à maintenir la situation sous son contrôle et à empêcher que la classe ouvrière entre en mouvement de manière autonome. Petite anecdote illustrative : en Bulgarie, lorsque la machine militaire nazie s’effondra durant les mois d’automne 1944, les milices ouvrières, à Sofia puis dans d’autres villes, désarmèrent et arrêtèrent les fascistes, élirent des tribunaux populaires, organisèrent des manifestations de masse. Sentant le danger, le Haut Commandement russe ordonna tout de suite à ses troupes stationnées dans le pays : « Faites tout pour revenir à la discipline antérieure. Abolissez les comités et les conseils. Nous ne voulons plus voir un seul drapeau rouge dans la ville. »
Après la guerre, dans des pays comme l’Italie ou l’Allemagne, la bourgeoisie avait sciemment maintenu dans l’appareil d’Etat du personnel politique ou militaire ayant occupé des fonctions importantes sous le fascisme ; les staliniens, quant à eux, firent exactement la même chose à l’Est. A cette époque, gagner les masses à un programme révolutionnaire n’aurait été que trop facile ; mais c’était là précisément ce que la bureaucratie stalinienne voulait éviter à tout prix. Dans les pays occupés par l’Armée Rouge, nombre de communistes et de travailleurs actifs dans la résistance seront liquidés, car jugés peu fiables. Qualifiés pendant la guerre de « braves combattants », ils devenaient à présent des « bandits », des « forces ennemies », voire même des « éléments pro-hitlériens », et étaient soumis en conséquence à la plus sévère répression. Plusieurs milliers d’entre eux seront torturés ou exécutés, pour la simple raison d’avoir voulu contester la toute-puissance de la bureaucratie. Pour mener à bien ce travail peu reluisant, les meilleurs alliés que les staliniens pouvaient trouver étaient… les vermines de l’ancien régime, convertis en « communistes » pour l’occasion. En Roumanie, le vice-Premier ministre du gouvernement nouvellement formé, un certain Tatarescu, avait par exemple dirigé en 1911 la répression contre un soulèvement dans les campagnes qui avait causé la mort de 11.000 paysans. En Bulgarie, le premier ministre, le Colonel Georgiev, et le ministre de la guerre, le Colonel Velchev, avaient tous deux été membres de la Ligue Militaire, une organisation fasciste sponsorisée par Mussolini. En Hongrie enfin, en décembre 1944, un gouvernement de « libération » fut formé ; son premier ministre était Bela Miklos, à savoir le tout premier Hongrois à avoir reçu personnellement des mains d’Hitler la plus grande décoration de l’ordre nazi !
La population hongroise avait connu la défaite d’une première révolution en 1919. Ensuite elle dût subir les conséquences de cette défaite par l’instauration du régime fasciste de l’Amiral Horthy. Celui-ci liquida avec zèle les syndicats, tortura et massacra les communistes et les socialistes par milliers. Pendant la guerre, le pays fut occupé par les troupes nazies, accompagnées d’une nouvelle vague de terreur. Compte tenu de ces antécédents, il est clair que pour la population hongroise, le fait de constater qu’un régime qui portait sur son drapeau les acquis de la révolution russe d’octobre 1917 reconstruise l’appareil d’Etat avec les pires crapules de l’ancien régime n’en était que plus insupportable.
Après la guerre, la Hongrie, comme tous les pays tombés sous l’égide de l’Armée Rouge, s’intégra au modèle économique russe et nationalisa son économie. A la fin de 1949, le processus de nationalisation de tous les principaux secteurs de l’économie hongroise était achevé. Bien évidemment, cela ne se faisait pas à l’initiative ni sous le contrôle des masses ouvrières : dès le début, celles-ci furent placés sous le joug d’une bureaucratie parasitaire calquée sur le modèle de l’URSS, qui disposait en outre d’une des polices secrètes les plus brutales de tout le bloc de l’Est, et s’accaparait, de par ses positions politiques, des privilèges exorbitants : en 1956, le salaire moyen d’un travailleur hongrois était de 1.000 forints par mois. Celui d’un membre de base de l’A.V.O. (=la police politique) était de 3.000 forints, tandis que le salaire d’un officier ou d’un bureaucrate de haut rang pouvait varier entre 9.000 et 16.000 forints par mois.
Sur papier, beaucoup de travailleurs hongrois restaient encore membres du Parti Communiste. Cependant, cela était davantage lié au climat de terreur régnant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti, plutôt qu’à des considérations politiques. Pour preuve, en octobre 1948, l’éditeur principal du « Szabad Nep » -le journal officiel du parti- se plaignait lui-même du fait que seuls 12% des membres du parti lisait le journal. Autre chiffre particulièrement révélateur de la répression politique qui sévissait en Hongrie à cette époque : entre 1948 et 1950, le PC hongrois expulsa de ses rangs pas moins de 483.000 membres !
2) La rupture
Le bureaucratisme stalinien constituait un système de gouvernement et de direction économique de moins en moins adapté aux nécessités de son temps, et de plus en plus en contradiction avec la situation réelle, tant en URSS que dans les pays dits « satellitaires » d’Europe de l’Est. L’annonce de la mort de Staline par le Kremlin en mars 1953 fut perçue comme un signal par les populations ouvrières du bloc de l’Est et ouvrit une période de résistance dans ces pays contre les méthodes de terreur et de despotisme qui devenaient chaque jour plus intolérables. En juin de la même année, les travailleurs de Plzen, un des principaux centres industriels de Tchécoslovaquie, démarrèrent spontanément une manifestation de masse demandant une plus grande participation de leur part aux décisions dans les usines et sur les lieux de travail, la démission du gouvernement ainsi que la tenue d’élections libres. Deux semaines plus tard, le 17 juin 1953, les travailleurs de Berlin-Est se rebellaient à leur tour par des manifestations et des grèves, mouvement qui culminera dans une grève générale se répandant comme une traînée de poudre dans toute l’Allemagne de l’Est. Il sera réprimé sans ménagement par les troupes russes, au prix de 270 morts.Les dirigeants de l’URSS comme des pays « satellitaires » commençaient à s’inquiéter. Il fallait trouver les moyens de calmer les esprits, les voix de plus en plus nombreuses qui s’élevaient contre le régime d’oppression politique imposé à la population. Effrayée par la possibilité d’explosions plus importantes encore, la bureaucratie décida d’adopter un « cours nouveau » : une certaine relaxation politique consistant en réformes et concessions venues d’en-haut (=initiées par la bureaucratie elle-même) afin d’éviter une révolution d’en-bas (=une révolution politique initiée par la classe ouvrière). Ainsi, en Hongrie, les tribunaux de police spéciaux furent abolis, beaucoup de prisonniers politiques furent libérés, il fut permis de critiquer plus ouvertement la politique du gouvernement. Sur le plan économique, on accorda plus d’importance à la production de biens de consommation et moins à l’industrie lourde. Dans les campagnes, on mit un frein aux méthodes de collectivisation forcée. Cependant, cela ne fit qu’ouvrir l’appétit aux travailleurs et aux paysans ; car ce que ceux-ci désiraient en définitive, c’était chasser pour de bon la clique dirigeante du pouvoir.
Historiquement, l’année 1956 fut incontestablement une année cruciale dans la crise du stalinisme. Car si 1956 fut l’année de la révolution hongroise, cette dernière n’était elle-même qu’une composante d’une crise générale traversée par les régimes staliniens. La révolution de 1956 marquait un point tournant : elle indiquait la fin d’une époque et le début d’une ère nouvelle. Précurseur d’autres mouvements contre la bureaucratie stalinienne, tels que le Printemps de Prague de 1968, elle était la première véritable révolution dirigée contre ceux-là même qui continuaient à se proclamer les héritiers de la révolution russe de 1917. Or, comme Trotsky l’avait expliqué déjà 20ans auparavant, ceux qui se trouvaient au Kremlin n’étaient plus les héritiers de la révolution, mais bien ses fossoyeurs.
Déjà, en février 1956, au 20ème congrès du PC russe, et trois ans après la mort de Staline, Nikita Kroutchev, premier secrétaire du parti, avait lancé une véritable bombe politique dans le mouvement communiste mondial en exposant son fameux « rapport secret », qui détruisait le mythe du « Petit Père des Peuples » et dévoilait publiquement la terreur de masse, les crimes abominables et la répression politique menée méthodiquement par le régime de Staline pendant des années. Auparavant, ne pas avoir la photo de Staline chez soi était considéré comme un acte de défiance au régime. A présent, on transformait en diable celui qui avait été mystifié des années durant comme un dieu vivant ! Les raisons de ce revirement peuvent en être trouvées dans cet extrait d’un article de la « Pravda » -organe de presse du PC russe- : « Le culte de la personnalité est un abcès superficiel sur l’organe parfaitement sain du parti. » Il s’agissait de donner l’illusion que maintenant que le « Petit Père des Peuples » avait trépassé, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais les travailleurs n’étaient pas dupes. En outre, il est difficile de continuer à pratiquer une religion à partir du moment où l’on a détruit son dieu. Car si Kroutchev et ses supporters tendaient à rompre avec les aspects les plus tyranniques du stalinisme, ils étaient bien incapables, de par leur propre position, à s’attaquer à la racine même de cette tyrannie : c’est pourquoi Kroutchev se verra obligé d’écraser dans le sang la révolution hongroise en utilisant les mêmes méthodes que celles qu’il avait dénoncées quelques mois plus tôt.
3) L’explosion
De juin à octobre 1956, un mouvement important des travailleurs polonais oblige la bureaucratie polonaise à faire d’importantes concessions. Des postes dans le parti sont attribués à des anti-staliniens et fin octobre, le poste de 1er secrétaire du parti est attribué à Gomulka, un vieux communiste relativement populaire qui avait été jeté en prison par Staline. Si Gomulka restait un homme de l’appareil, sa nomination à la tête du parti était malgré tout perçue comme une victoire importante. Un responsable haut-placé du régime commente ces événements en affirmant qu’ « il faut voir ces incidents comme un signal alarmant marquant un point de rupture sérieux entre le parti et de larges couches de la classe ouvrière. » Toutefois, en Pologne, la bureaucratie sera capable de maintenir le mouvement sous contrôle. Mais en Hongrie …En Hongrie, depuis quelques mois, l’agitation s’était accentuée, essentiellement parmi les intellectuels et dans la jeunesse, autour du cercle « Petöfi », formé fin ‘55 par l’organisation officielle des jeunesses communistes (DISZ). Celle-ci prend des positions de plus en plus virulentes par rapport au régime : « Il est temps d’en finir avec cet Etat de gendarmes et de bureaucrates » est le type de déclarations que l’on peut lire dans leurs publications. La « déstalinisation » leur permet à présent d’exprimer au grand jour ce qu’ils pensaient depuis longtemps tout bas.
A partir de septembre et de début octobre, les travailleurs commencent à leur tour à s’activer. En octobre, lorsque les travailleurs et les jeunes apprennent la nouvelle de ce qui s’est passé en Pologne, il se sentent pousser des ailes. Le 21 octobre, les étudiants de l’Université Polytechnique de Budapest tiennent une assemblée, où ils réclament la liberté de la presse, de parole, d’opinion, la suppression du régime du parti unique, l’abolition de la peine de mort, l’abolition des cours obligatoires de « marxisme ». Ils menacent d’appuyer leur programme par des manifestations de rue s’ils n’obtiennent pas satisfaction. Le 22 octobre, le cercle Petöfi lance pour le lendemain le mot d’ordre d’une grande manifestation publique en solidarité avec leurs frères polonais.
L’interdiction initiale de la manifestation, plusieurs fois répétée à la radio, puis la décision soudaine de l’autoriser, produisent un effet de choc. La population tout entière a pu constater les hésitations des dirigeants, et elle voit la décision finale des autorités comme une capitulation devant la force potentielle du mouvement. La manifestation est un succès, rassemble plusieurs dizaines de milliers de personnes. En tête, des jeunes portent d’immenses portraits de Lénine. On peut lire des slogans tels que « nous ne nous arrêterons pas en chemin : liquidons le stalinisme », « indépendance et liberté » etc. Vers 18h, les bureaux et les usines se vident, et les ouvriers et employés qui sortent du boulot rejoignent les étudiants. Le mouvement gagne en ampleur, les transports publics s’arrêtent de fonctionner ; on dénombre bientôt plus de 300.000 manifestants dans les rues de Budapest.
Un groupe de plusieurs centaines de personnes issues de la foule décident de se rendre à la Place où se dresse une statue géante en bronze de Staline et la déboulonnent. Une délégation de 16 personnes se rend à l’immeuble où est localisé le centre de radio de Budapest, afin de tenter de diffuser leur appel sur les ondes. Comme la délégation tarde à sortir de l’immeuble, la foule s’impatiente. C’est dans la confusion générale qu’éclatent les premiers coups de feu dans la foule, tirés par des membres de l’A.V.O. Il y a trois morts. Ensuite, les premiers tanks et camions arrivent en renfort. Cette échauffourée met le feu aux poudres : la révolution hongroise a commencé.
4) La force des travailleurs en action
Les travailleurs commencent à s’armer pour riposter : certains s’emparent d’armes dans les armureries, d’autres se rendent vers les casernes. Comme à Barcelone en 1936, certains soldats leur ouvrent les portes, leur lancent des fusils et des mitraillettes par les fenêtres, ou amènent carrément dans la rue des camions chargés d’armes et de munitions et les distribuent à la population. Beaucoup rejoignent les rangs des manifestants. Dès le 24 au soir, il n’y aura pratiquement plus aucune unité de l’armée hongroise qui obéisse au gouvernement. Seule la police politique combat les insurgés. Des barricades commencent à se dresser ; dans certains quartiers de Budapest, même des enfants apportent leurs jouets pour aider à la construction des barricades.Les batailles de rue durent toute la nuit. A une heure du matin déjà, la plupart des grosses artères de la ville sont occupés par des travailleurs armés. Vers 8h du matin, le gouvernement hongrois annonce qu’il a fait appel à l’aide militaire russe pour écraser ce qu’il appelle « des petites bandes de contre-révolutionnaires armés qui pillent la ville. » Les bureaucrates du Kremlin et leurs agents de l’appareil hongrois sont décidés à conserver à tout prix le contrôle de la situation, quitte à noyer dans le sang la révolution naissante. Cette décision ne fait que renforcer la détermination des révolutionnaires et radicalise encore davantage le mouvement. Le premier conseil de travailleurs et d’étudiants est formé à Budapest.
Les chars russes commencent à entrer dans la ville dans la matinée du 24 octobre. Au début, certains soldats russes envoyés pour écraser l’insurrection ne savent même pas qu’ils sont en Hongrie : on leur a raconté qu’ils ont été envoyés à Berlin pour « combattre des fascistes allemands appuyés par des troupes occidentales. »
Les combats de rue se prolongent pendant plusieurs jours. Rapidement, les quartiers prolétariens deviennent les bastions de l’insurrection. Un correspondant de « The Observer » explique: « Ce sont les étudiants qui ont commencé l’insurrection, mais, quand elle s’est développée, ils n’avaient ni le nombre ni la capacité de se battre aussi durement que les jeunes ouvriers. ».
Dès l’annonce de l’envoi de troupes russes, la grève générale insurrectionnelle est déclarée ; elle se répand rapidement dans tout le pays. Elle se traduit immédiatement par la constitution de centaines de comités et conseils ouvriers qui s’arrogent le pouvoir. Avant le 1er novembre, dans tout le pays, dans toutes les localités, se sont constitués, par les travailleurs et dans le feu de la grève générale, ces conseils qui assurent le maintien de l’ordre, la lutte contre les troupes russes et contre celles de l’A.V.O. par des milices d’ouvriers et d’étudiants armés ; ils dissolvent les organismes du PC, épurent les administrations qu’ils ont soumises à leur autorité, assurent le ravitaillement de la capitale en lutte.
Un journal aussi réactionnaire que « La Libre Belgique » publiait le lundi 23 octobre l’interview d’un certain Nicolas Bardos, docteur en sciences-économiques, qui a fui la Hongrie en 1956. Celui-ci relate : « A la sortie d’une pause de nuit, je suis tombé dans la rue sur une manifestation où ouvriers et employés étaient accompagnés d’étudiants derrière un drapeau troué. Deux jours plus tard, je me suis rendu compte de la décomposition de l’Etat. Tout s’est arrêté et réorganisé très vite. Des conseils ouvriers se sont mis en place… ». Ces conseils renouent spontanément avec les formes d’organisation caractéristiques de la démocratie ouvrière : ils sont élus par la base, avec des délégués révocables à tout moment et responsables devant leurs mandats. Leurs revendications politiques diffèrent, mais tous comprennent : l’abolition de l’A.V.O., le retrait des troupes russes, la liberté d’expression pour tous les partis politiques, l’indépendance des syndicats, l’amnistie générale pour les insurgés emprisonnés, mais aussi et surtout la gestion par les travailleurs eux-mêmes des entreprises et des usines.
Ce dernier point apporte un démenti flagrant à la version prétendant que cette révolution était dirigée contre le « communisme » en général. Le 2 novembre 1956, un article paraît dans « Le Figaro » affirmant ceci : « Les militants hongrois sont soucieux de restaurer une démocratie à l’occidentale, respectueuse des lois du capitalisme. » Cette affirmation est pourtant contredite par les militants révolutionnaires eux-mêmes. La fédération de la jeunesse proclame fièrement : « Nous ne rendrons pas la terre aux gros propriétaires fonciers ni les usines aux capitalistes » ! Dans le même registre, le Conseil Ouvrier Central de Budapest déclare : « Nous défendrons nos usines et nos terres contre la restauration capitaliste et féodale, et ce jusqu’à la mort s’il le faut. » Certes, dans l’atmosphère générale, des réactionnaires ont pu s’infiltrer et pointer le bout de leur nez. Pas plus. Un seul journal réactionnaire a paru. Il n’a publié qu’un seul numéro, car les ouvriers ont refusé de l’imprimer dès le lendemain. Cela n’a pas empêché les journaux bourgeois en Occident de parler de « floraison de journaux anti-communistes ».
5) Les chars russes
Au fur et à mesure que les soldats russes restent sur place, ils comprennent de mieux en mieux pourquoi on les a envoyés : ils n’ont pas vu de troupes occidentales, ils n’ont pas vu de fascistes ni de contre-révolutionnaires ; ils ont surtout vu tout un peuple dressé, ouvriers, étudiants, soldats. Certains soldats russes doivent être désarmés et renvoyés vers la Russie, du fait qu’ils refusent d’appliquer les ordres. D’autres fraternisent avec les révolutionnaires et rejoignent carrément le camp des insurgés. Dès le second jour de l’insurrection, un correspondant anglais signale que certains équipages de tanks ont arraché de leur drapeau l’emblème soviétique et qu’ils se battent aux côtés des révolutionnaires hongrois « sous le drapeau rouge du communisme ».L’utilisation de l’armée russe à des fins répressives devient de plus en plus difficile. Après un premier repli stratégique pour s’assurer des troupes plus fraîches et plus sûres, le 4 novembre, le Kremlin lance une seconde intervention, armée de 150.000 hommes et de 6.000 tanks pour en finir avec la révolution. Une bonne partie des nouvelles troupes viennent d’Asie soviétique, dans l’espoir que la barrière linguistique puisse empêcher la fraternisation des soldats avec les révolutionnaires hongrois.
Pendant quatre jours, Budapest est sous le feu des bombardements. Le bilan de la deuxième intervention soviétique à Budapest est lourd : entre 25.000 et 50.000 morts hongrois, et 720 morts du côté des soldats russes. La répression par les troupes de l’A.V.O., qui « nettoient » les rues après le passage des tanks, est extrêmement féroce : des révolutionnaires attrapés dans les combats de rue sont parfois pendus par groupes sur les ponts du Danube ; des pancartes sont accrochées sur leurs cadavres expliquant : « Voilà comment nous traitons les contre-révolutionnaires ». Tout cela se fait bien entendu dans l’indifférence totale des soi-disant « démocraties » occidentales. Le secrétaire d’Etat des USA affirme dans un speech à Washington : « D’un point de vue de la loi internationale sur la violation des traités, je ne pense pas que nous puissions dire que cette intervention est illégale ». Ce positionnement de l’impérialisme américain permet d’apprécier à sa juste valeur l’ «hommage » rendu aux insurgés de ’56 par George W.Bush lors de sa visite en Hongrie en juillet 2006!
Les combats durent pendant huit jours dans tout le pays. Si l’intervention des chars russes leur a assénés un sérieux coup, les travailleurs ne sont pourtant pas encore complètement battus. Une semaine après le déclenchement de la seconde intervention russe, la majorité des conseils ouvriers sont encore debout. Une nouvelle grève générale, assez bien suivie, aura même encore lieu les 11 et 12 décembre ! Pourtant, le répit obtenue par la réaction à travers cette deuxième intervention militaire–nettement plus efficace que la première-, combinée au manque d’un parti ouvrier révolutionnaire avec une stratégie claire visant à destituer la bureaucratie de ses fonctions, permet à la terreur contre-révolutionnaire de déclencher une offensive sans précédent. Le 20 novembre, les derniers foyers de résistance commencent à s’éteindre. Début décembre, le gouvernement lance la police contre les dirigeants des conseils ouvriers ; plus d’une centaine d’entre eux sont arrêtés dans la nuit du 6 décembre. Sous les coups de la répression, les conseils ouvriers nés de la révolution disparaissent les uns après les autres. La révolution hongroise recule.
Le 26 décembre 1956, la force des conseils ouvriers hante encore la bureaucratie. Un ministre hongrois, un certain Gyorgy Marosan, déclare que « si nécessaire, le gouvernement exécutera 10.000 personnes pour prouver que c’est lui le vrai gouvernement, et non plus les conseils ouvriers. »
Le 5 janvier 1957, en visite à Budapest, Kroutchev, rassuré, affirme qu’ « en Hongrie, tout est maintenant rentré dans l’ordre. »
Le 13 janvier de la même année, la radio diffuse une annonce officielle déclarant qu’ « en raison de la persistance d’activités contre –révolutionnaires dans l’industrie, les Tribunaux ont désormais le pouvoir d’imposer la peine de mort à quiconque perpétuera la moindre action contre le gouvernement. » Cela implique le simple fait de prononcer le mot « grève » ou de distribuer un tract.
6) Conclusion
La version que la bourgeoisie présente de ces événements est sans ambiguïté : le peuple hongrois a démontré sa haine du communisme et sa volonté de revenir au bon vieux paradis capitaliste. Pour des raisons quelque peu différentes, la version des staliniens s’en rapproche étrangement : les révolutionnaires sont sans vergogne qualifiés par la bureaucratie de « contre-révolutionnaires », de « fascistes », d’ « agents de la Gestapo ». Dans un cas comme dans l’autre, les insurgés sont présentés comme des éléments pro-capitalistes. Or il n’en est rien : tout le développement de la révolution hongroise dément une telle analyse.
En 1956, le programme qu’exprimaient des millions de travailleurs de Hongrie à travers les résolutions de leurs conseils et comités, reprenait dans les grandes lignes le programme tracé vingt ans plus tôt dans « La révolution trahie » par Trotsky, où celui-ci prônait pour la Russie une révolution politique contre la caste bureaucratique au pouvoir, comme seule issue afin d’empêcher un retour au capitalisme qui renverrait l’Etat ouvrier des décennies en arrière.
Trotsky disait : « L’économie planifiée a besoin de démocratie comme l’homme a besoin d’oxygène pour respirer ». Les travailleurs ne refusaient pas la production socialisée ; ce qu’ils refusaient, c’était que cette dernière se fasse au-dessus de leurs têtes. Ils se battaient pour le véritable socialisme, c’est-à-dire un socialisme démocratique. C’est pour cette raison que la victoire des conseils ouvriers était apparue comme un péril mortel à la bureaucratie de l’URSS. De plus, son exemple était un danger direct pour toute la hiérarchie de bureaucrates de que l’on appelait hypocritement les « démocraties populaires ».
Mao, Tito, et tous les autres, sans exception, supportèrent sans hésiter la ligne suivie par Moscou. Le Parti Communiste Chinois alla même jusqu’à reprocher aux Russes de ne pas avoir réagi assez vigoureusement pour écraser la révolution hongroise. Dans les pays occidentaux, les PC estimaient que l’intervention soviétique était inévitable et nécessaire si l’on voulait « sauver le socialisme » : il leur en coûtera des dizaines de milliers de membres, le PC anglais perdant plus du quart de ses effectifs.
Malheureusement, les travailleurs hongrois se sont lancés dans la révolution sans disposer d’une direction révolutionnaire permettant de faire aboutir le mouvement jusqu’à sa conclusion : là était le gage d’une possible victoire.Il est regrettable que certains commentateurs de gauche tirent des conclusions complètement opposées. C’est le cas de Thomas Feixa, journaliste au « Monde Diplomatique », qui écrit : « La grève générale et la création de conseils autonomes opérant sur la base d’une démocratie directe bat en brèche la formule du parti révolutionnaire défendue par Lénine et Trotsky, celle d’une organisation autoritaire et centralisatrice qui réserve les décisions à une élite savante et restreinte. » La contradiction qui est ici posée entre les conseils ouvriers d’un côté, et le parti révolutionnaire de l’autre, n’a pas de sens. Les conseils ouvriers existaient également en Russie : les soviets, qui permettaient précisément que les décisions ne soient pas « réservées à une élite savante et restreinte », mais impliquaient au contraire la masse de la population dans les prises de décision.
Que les soviets aient finalement perdu leur substance et furent sapés par la montée d’une bureaucratie totalitaire qui a fini par gangrener tous les rouages de l’appareil d’Etat, c’est une autre histoire que nous n’avons pas l’espace d’aborder ici. Mais une chose est certaine : la victoire des soviets russes a été permise parce qu’ils disposaient d’une direction révolutionnaire à leur tête, représentée par le Parti Bolchévik. Si l’héroïsme des travailleurs hongrois avait pu être complété par l’existence d’un parti tel celui des Bolchéviks en 1917, le dénouement de la révolution hongroise aurait été tout autre, et la face du monde en aurait peut-être été changée.
Andy Anderson, auteur anglais d’un livre appelé « Hungary ‘56 », explique quant à lui : « Les travailleurs hongrois ont instinctivement, spontanément, créé leurs propres organes, embryon de la société qu’ils voulaient, et n’ont pas eu besoin d’une quelconque forme organisationnelle distincte pour les diriger ; c’était ça leur force. » Encore une fois, ce qui constituait la faiblesse principale du mouvement –sa spontanéité- est ici transformée en son contraire, et présentée comme sa force principale. Il est d’ailleurs assez révélateur de constater qu’aucun de ces deux auteurs n’aborde la question de savoir pourquoi la révolution hongroise a échoué. Elle a échoué car il manquait aux travailleurs hongrois la direction capable de coordonner leur action, de construire un soutien solide dans les populations ouvrières des autres pays de l’Est par une stratégie consciente visant à étendre la révolution à l’extérieur et ainsi desserrer l’étau qui pesait sur les révolutionnaires hongrois, de déjouer les pièges de la bureaucratie et, surtout, de balayer définitivement celle-ci du pouvoir. C’est bien à cause de cela que les conseils ouvriers sont restés en Hongrie à l’état d’ « embryons de la nouvelle société » et ne sont jamais devenus des organes de pouvoir effectifs.
Sources :
« La révolution hongroise des conseils ouvriers », Pierre Broué.
« Hungary ‘56 », Andy Anderson
« Le Monde Diplomatique » (octobre 2006)
« La Libre Belgique » (23 et 24 octobre 2006) -
NON a l'extreme droite a Namur !
RASSEMBLEMENT CONTRE LA PRÉSENCE DE L’EXTRÊME-DROITE À NAMUR ! PLACE D’ARMES, VENDREDI 6 JUILLET À 10H
Le groupuscule d’extrême-droite Solidarité Unitaire, fondé par des membres de l’ex-Front National, compte manifester ce vendredi à Namur. Ce cas illustre une fois de plus la volonté de plusieurs partis d’extrême-droite de s’implanter dans notre ville. Il y a quelques semaines, d’autres extrémistes avaient distribué sur le marché des tracts accusant les « immigrés » d’être responsables du chômage et de la montée de la précarité. Nous, militants ou simples citoyens namurois, refusons la présence des partis de la haine à Namur.
Des indignés – PSL – JOC – jeunes FGTB – PTB
En France, Marine Le Pen a dépassé le score de son père de 2002. En Grèce, le parti néo-nazi "Aube Dorée" – responsable de plusieurs pogroms anti-immigrés et dont le programme contient l’installation de mines antipersonnel aux frontières du pays – a atteint les 7% des voix. Aux Pays-Bas, en Suisse, en Hongrie, en Norvège, etc. ; on constate une poussée de l’extrême-droite violente.
En Belgique, les sondages indiquent une remontée du Vlaams Belang et la recrudescence de l’activité des partis nationalistes est évidente. Certains se donnent une image de progressistes en cachant la réalité de leurs programmes qui ont tous en commun d’être racistes, sexistes, homophobes et profondément réactionnaires. La crise économique et l’austérité, la montée du chômage et des exclusions, le manque de perspectives démontrent l’absurdité du système économique en place. Avec ses méthodes habituelles de division, l’extrême-droite est le meilleur allié des politiciens qui nous font payer la crise des banquiers et des nanciers.
Travailleurs belges ou immigrés, nos intérêts sont les mêmes.
Organisons la colère sans nous tromper de cible !
Nous appellons à un rassemblement pacique ce vendredi 6 juillet à 10h, Place d’Armes. Construisons une plate-forme large et ouverte réunissant organisations et citoyens pour combattre les idées d’extrême-droite !
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NON à la violence homophobe ! De nouveaux incidents en Grèce et en Ukraine
En Ukraine, on s’apprêtait à célébrer la Gay Pride ce dimanche 20 mai. C’était sans compter sur la présence de 400 néonazis prêts à en découdre (voir la photo ci-contre), sans que la police ne protège les participants à la Gay Pride. Celle-ci a donc dû être annulée sous la pression de ces brutes bavant de rage. En Grèce, l’organisation néonazie Aube Dorée s’en ait physiquement pris à des immigrés et a prévenu la communauté homosexuelle : ‘‘vous êtes les suivants’’.
- Rubrique LGBT de ce site
Le 12 mai dernier, notre pays a connu une Belgian Lesbian and Gay Pride particulièrement suivie, avec des dizaines de milliers de participants. Après celles-ci, quelques critiques se sont faites entendre concernant le caractère commercial de l’évènement, ou son côté quasiment unilatéralement festif. Le PSL est intervenu à cette occasion en voulant souligner un autre aspect de la Gay Pride : celui de la lutte contre les discriminations et la violence homophobe, son aspect revendicatif. Le récent meurtre du jeune homosexuel Ihsane Jarfi à Liège a encore tout récemment clarifié que cette lute est loin d’être terminée dans notre pays également. Nous avons besoin d’un programme politique qui couple la lutte pour des droits égaux à la lutte du mouvement des travailleurs contre chaque forme de discrimination. Tout ce qui nous divise nous affaiblit ! Nous plaidons pour des manifestations combatives sur ces questions, ce qui peut en outre être un encouragement pour les luttes dans les pays où il est moins évident de défendre son orientation sexuelle.
Homophobie en Ukraine
Deux projets de lois sont actuellement en discussion en Ukraine pour interdire le travail des associations LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) ou la publication d’articles à ce sujet dans la presse. De lourdes amendes et des peines de prison pouvant atteindre les 5 ans sanctionneront bientôt les militants LGBT.
L’homophobie reste bien ancrée en Europe de l’Est de manière générale. La Russie, la Hongrie, la Moldavie, la Lituanie, et la Lettonie ont déjà instauré des lois homophobes, poussant les LGBT à vivre dans la crainte, à vivre dans la haine. Ces lois contre la "propagande" homosexuelle empêchent tout débat public sur l’homophobie, interdisent les gay pride, et rendent illégale l’éducation sexuelle dans les écoles.
Grèce : les néonazis passent à l’action
En Grèce, dans le contexte actuelle de crise, les militants du parti néo-nazi "Aube dorée" (qui vient de faire son entrée au Parlement) ont distribué des tracts homophobes à Gazi, le quartier gay d’Athènes, sur lesquels on pouvait lire : "Après les immigrés, vous êtes les suivants!" Une menace qui inquiète sérieusement la communauté LGBT puisque le parti néo-nazi est coutumier des ratonnades, et propose par ailleurs avec beaucoup de sérieux la mise en place de champs de mines autours des frontières pour empêcher l’immigration !
La violence contre les militants de l’égalité des droits est aussi en augmentation. En Russie, à Saint-Pétersbourg, le bus des militants gays et lesbiennes qui se rendaient à la Journée Mondiale de lutte contre l’Homophobie a été sauvagement prit d’assaut par des skinheads armés de bâtons. Après avoir brisé les vitres du bus en marche, ces brutes épaisses se sont jetées sur les gays et les lesbiennes piégés à l’intérieur du véhicule. "Nous allons tous vous pendre et vous enterrer", beuglaient-ils alors (voir la vidéo sur le site du Standaard).
Dans ce cadre, le fait que le Parlement européen ait, pour la première fois de son histoire, appelé les pays européens à légaliser la cohabitation et le mariage entre personnes de même sexe est un élément positif. Mais il s’agit d’une résolution non-contraignante, qui sont très très loin de compenser les dégâts de la machine d’austérité européenne, y compris sur le plan des droits des personnes LGBT. Face à la pénurie de moyens pour satisfaire les besoins de la collectivité (en termes d’emplois, de logements, d’accès à l’enseignement,…), et faute de riposte collective face à l’austérité, des organisations d’extrême-droite peuvent se développer en pointant des boucs émissaires. L’exemple de la Grèce indique très clairement que ce danger n’est pas un fantasme.
No passaran !
Chez nous, l’homophobie est largement sous-estimée, notamment dans le monde du travail (voir le tract de la commission LGTB du PSL distribué le premier mai), mais pas seulement. L’horreur de Liège nous le rappelle cruellement (tract du PSL distribué lors de la Belgian Gay and Lesbian Pride). La marche vers l’égalité réelle est encore longue. Les discours de haine et les agressions contribuent a créer une climat de haine, d’intolérance et de violence. Nous revendiquons :
- Pour une éducation sexuelle digne de ce nom (dans les écoles et au travers des médias)
- Pour une réelle égalité des droits.
- Les injures homophobes doivent être combattues au même titre que le racisme ou le sexisme
- Pour une lutte commune des différentes minorités dans le cadre de la lutte globale du mouvement des travailleurs : tout ce qui nous divise nous affaiblit !
- Pour une alternative socialiste démocratique qui assure à chacun un bon avenir, un emploi décent, un logement abordable et des services publics conséquents et gratuits face au capitalisme et sa logique de chômage, de pauvreté, de racisme, de sexisme, d’homophobie et d’exploitation.
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Femmes et homos : solidarité !
L’histoire du mouvement lesbien, gay, bi, trans (LGBT) s’inscrit dans celle des mobilisations féministes. En effet, depuis les premières heures du mouvement de libération des femmes, les LGBT se battent côte à côte avec les féministes. La légalisation de la contraception et de l’avortement, acquise de hautes luttes par les féministes et le mouvement social des années 60 à 80, a ainsi oeuvré à l’ouverture des moeurs et à la remise en cause d’un ordre moral visant à enfermer la sexualité dans une définition «reproductive». Ce combat a considérablement contribué à l’émancipation des femmes, des gays et des lesbiennes.
Tract de la commission LGBT du PSL pour la manifestation ”Pro-choix” du 24 mars
Saviez-vous par ailleurs qu’au moment où les filles du MLF imprimaient des tracts à Paris, des émeutes éclatèrent devant un bar gay à New York après une descente policière de trop. Pendant plusieurs jours, environ 2.000 LGBT affrontèrent les forces de l’ordre devant le bar Stonewall. Ces émeutes représentent le point de départ du mouvement de libération homosexuel.
En juin 1970, le mouvement s’étend dans le monde entier. Le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) nait ainsi à Paris pour lier les luttes féministes et les luttes homosexuelles en mettant en exergue notre oppression commune.
nous avons des combats communs
Les femmes et les LGBT ne partagent pas seulement une histoire commune, nous allons devoir également mener des combats ensemble. En effet, depuis 2008, l’Europe connait une des crises économiques les plus dures de son histoire. Après avoir joué au casino, on a vu les banques faire appel aux gouvernements pour racheter leurs pertes. Et pour renflouer les caisses des Etats, ceux-ci ont mis en place des plans d’austérité pour nous faire payer la facture, à la place des traders. Bizarrement, l’idée d’augmenter les impôts des plus riches, de stopper l’évasion fiscale, ou de partager les dividendes des actionaires ne leur vient pas à l’esprit, mais réduire les services publics et les dépenses de l’Etat, ça ils kiffent. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement pour les femmes et les LGBT ?
Non à l’austérité
En Belgique, le gouvernement Di Rupo prévoit ainsi pas moins de 14 milliards d’euros d’économie dans les services publics. On sait que couper dans les services publics, c’est reporter toujours plus de charges vers la famille (que ce soit l’éducation des enfants, les soins médicaux, ou l’accompagnement des personnes agées…). Cette façon de désengager l’Etat de ses responsabilités fait peser un lourd tribut aux femmes (les tâches ménagères leur étant trop souvent relayé) et discrimine les LGBT qui en sont exclus.
Il faut aussi rappeler que moins de personnel dans l’éducation, c’est laisser l’éducation sexuelle dans les mains de la télévision et d’internet. Rogner le budget des soins de santé, c’est rogner sur les campagnes de prévention et de dépistage des IST. Pourtant, aujourd’hui déjà, beaucoup de besoins médicaux restent sans réponse (comme le remboursement de la contraception). Réduire le nombre de places dans les refuges d’accueil, c’est toujours plus de jeunes LGBT ou de femmes victimes de violence conjugale mises à la rue. Brader nos pensions, c’est précariser les LGBT les plus âgés qui ne peuvent pas toujours compter sur l’aide financière d’un enfant, et pénaliser les femmes qui n’ont pas pu valoriser une carrière pleine. Dès lors, il faut savoir que s’en prendre aux services publics, c’est s’en prendre aux femmes et aux LGBT les plus vulnérables.
Non à la droite et l’ordre moral
Profitant de la crise, les forces les plus concervatrices refont surface. La droite populiste et l’extrême droite s’en prennent aux droits des LGBT, des femmes et des minorités. En Hongrie par exemple, la nouvelle constitution considère l’embryon comme une personne à part entière et ne reconnait que le mariage hétérosexuel. En France, le président Sarkozy affirme que «le mariage gay est une mode qui menace l’identité française». En Grèce, l’extrême droite a débarqué au gouvernement avec dans ses valises un machisme et une homophobie des plus ouvertes. En Belgique, on assiste à un retour des intégristes comme Mgr Léonard qui milite pour abolir le droit à l’avortement et considère l’homosexualité comme anormale. Tout cela doit cesser !
Il faut agir
La partie est donc loin d’être gagnée. Pour nous, les femmes et les homos, il est plus que jamais nécessaire de compter les uns sur les autres pour pouvoir conserver nos acquis et conquérir de nouvelles libertés. Il faut continuer à défendre le droit à l’IVG pour toutes et promouvoir des campagnes d’éducation aux différentes sexualités. Il faut refuser l’austérité et défendre des services publics forts. Pour ce faire, il faut relancer des dynamiques entre le mouvement féministe et LGBT. Prennez contact avec les associations féministes et LGBT dans votre quartier. Ce n’est qu’un début, continuons le combat.
Pour plus d’infos, prends contact avec nous:
socialisme.be – info@socialisme.be – 02/ 345 61 81
Boite Postale 131, 1080 Molenbeek Sainctelette
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Dépêche Etudiants de Gauche Actifs Secondaire & Supérieur – Mars 2012
La nouvelle dépêche des Etudiants de Gauche Actifs est diffusée depuis plusieurs jours déjà dans différentes écoles, hautes écoles et universités du pays. Au programme, un bilan des activités de février et un agenda – bien chargé – pour ce mois de mars, avec manifestation anti-nucléaire, antifasciste, en solidarité avec les sans-papiers, en défense du droit des femmes,…
MANIFESTATION ANTI-FASCISTE
15-03 à 20h Gare de Leuven
Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine. Cette année, elle prendra place à Louvain. Le NSV a une tradition de racisme extrême, manifeste ses sympathies fascistes et n’a pas peur de recourir à la violence.
Europe: croissance de l’extrêmedroite violente
En Juillet dernier, le fasciste Anders Breivik a tué des dizaines de jeunes du Parti travailliste norvégien, après avoir commis un attentat à la bombe dans le centre d’Oslo. Il a motivés ses actes avec un manifeste contre les immigrés et le “marxisme culturel.” Ce manifeste a été retrouvé dans la boîte aux lettres des membres NSV de Gand et des membres du Vlaams Belang que Breivik apparemment apprécie. L’année dernière, en Allemagne, un groupe terroriste néo-nazi a commis plusieurs attaques meurtrières contre des immigrés turcs. En décembre, un militant d’extrême-droite italien a abattu à Florence 2 vendeurs ambulants sénégalais. En Hongrie, le parti néo-fasciste Jobbik a obtenu 16% des voix. Les marches fascistes de Jobik – tacitement autorisées par l’État –ciblent les Tsiganes, les Juifs et les progressistes. Un porte-parole de Jobbik, le 11 Octobre 2011, a été invité par le NSV à l’Université de Gand. Ou encore, l’ex-président du NSV Hasselt, Thierry Vanroy, a écrit sur un forum internet: “Une fois que la démocratie s’effondrera dans le chaos, j’espère qu’une main de fer fasciste prendra le relais.”
Ils cultivent l’absence de perspective engendrée par la crise du capitalisme.
Les groupes néo-fascistes comme le NSV peuvent bénéficier d’un climat d’assainissements durs dans les services publics, de montée du chômage, de manque de perspectives, de bas salaires … pour répandre un message de haine et de division et passer à l’acte. Blokbuster trouve irresponsable que le NSV soit de plus en plus reconnu officiellement dans les universités alors qu’il est prouvé que ces tyrans sont des racistes autoproclamés. C’est jouer avec le feu. Dans le contexte d’un système capitaliste en crise, des individus ou des groupes instables au sein de l’extrême droite reçoivent une chance de mettre en pratique leur idéologie raciste et violente. Dans la lutte contre l’allongement du stage d’attente pour les jeunes, contre l’augmentation des minervaux des universités, contre le chômage et les emplois précaires, nous devons être « tous ensemble » pour défendre nos intérêts. Ce ne sont pas les immigrés, les « Wallons » ou les « Flamands » et les syndicalistes combattifs qui sont la cause de la crise et du déclin social, mais les banques et les 1% de super-riches dont les profits passent avant tous les droits sociaux et les acquis des jeunes et du mouvement des travailleurs.
Vers une grande manifestation anti-NSV pacifique. Des emplois, pas de racisme !
Blokbuster et Etudiants de Gauche Actifs veulent démontrer clairement avec cela que la majorité des étudiants et des résidents à Louvain ne sont pas d’accord avec les idées et les méthodes du NSV. Nous portons un message contre le racisme et la division parmi les victimes des politiques néolibérales. Nous exigeons le retrait de la reconnaissance du NSV à la KUL et nous voulons également stimuler la discussion sur la nécessité d’un autre type de société, non pas centré sur les profits, mais sur les besoins et les intérêts de la majorité.
Participer à la campagne Anti-NSV avec EGA? Contacte-nous par mail à: ega@gauche.be
EGA en Action
30/1 EGA secondaire participe à la Grève Générale
EGA a proposé aux jeunes de l’Athénée Charles Janssens (ACJ), une école d’Ixelles, de soutenir les travailleurs en participant à la grève. Et l’action fut un franc succès! Directement, nous avons accroché notre calicot ‘‘Nous voulons des écoles, du travail, un avenir’’ sur la place de Londres, juste à côté de l’école, que nous avons #occupé, les slogans ont commencé à être scandés et nous avons aussi tenu une assemblée ou chacun pouvait prendre la parole. Aux moments les plus forts, il y avait une trentaine d’écoliers ainsi rassemblés.
8/2 Action contre le procès du Muffinman
EGA Secondaire – Gand a mobilisé une trentaine de lycéens pour l’action de soutien au Muffinman. Il a été acquitté par la Cour d’appel de Gand. Il avait été précédemment condamné pour avoir emporté des muffins qui avaient été jetés par un grand magasin. La direction du magasin et le tribunal de première instance avaient qualifié cela de ‘’Vol’’. Nous défendons la nécessité que le secteur alimentaire soit basé sur les besoins de la population et non pas sur la soif de profits de quelques capitalistes.
23/2 Succès du débat à l’unif de Gand sur la grève générale
Ce 23 février, les Etudiants de Gauche Actifs Supérieur à Gand avaient organisé un débat entre partisans et adversaires de la grève générale du 30 janvier dernier. Face à une audience d’environ 150 personnes, le débat fut agité. Marc De Vos, de l’institut libéral Itineras’est par la suite fendu d’un tweet magistral : ‘‘Karl Marx est vivant, il se trouve dans l’auditoire D.’ Oui, Marx avait tendance à être gênant, et ses idées le sont toujours. Pour beaucoup de patrons et pour tous les défenseurs du système, il reste le trouble fête par excellence.
29/2 Action de Solidarité avec les étudiants de Valencia
Depuis quelques semaine, à Valencia, en Espagne, des écoliers et des travailleurs sont en lutte contre l’austérité et la répression policière. A cette occasion, nous avons pris l’initiative, avec d’autres organisations (Fgtb-ULB, Attac-ULB, JAC, JOC, FEWLA) d’organiser une action de solidarité. Nous avons pu réunir une trentaine de personnes. Après l’action, nous somme parti en délégation vers la Banque Nationale, pour le rassemblement syndical pour montrer que les étudiants aussi se mobilisent contre l’austérité!
ISR
EGA fait partie d’une organisation de jeunes présente dans plus de 40 pays, ISR (International Socialist Resistance). Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masse en Grèce, en Espagne, en Russie, au Québec,…
125.000 étudiants en grève au Québec
Les étudiants québecois sont en grève “indéfinie” depuis le 27 février contre la hausse des minervals à 1625$. Ce n’est pas aux étudiants de payer leur crise. Des dizaines de milliers de jeunes ont manifesté à Montréal et à Québec. Une nouvelle manifestation nationale aura lieu le 22 mars. Les étudiants “d’Alternative Socialiste” (équivalent d’EGA au Québec) joue un rôle important dans les assemblées générales et sur les piquets de grève.
Grève des étudiants en Angleterre le 14 mars
Le NUS (syndicat national des étudiants) appel à une journée de grève dans l‘enseignement supérieur en Angleterre contre les coupes budgétaires. Cela faisait 90 ans que le NUS n’avait plus appelé à une grève étudiante. Socialist Students (EGA en Angleterre) mènent une campagne quotidienne sur l’ensemble des universités et des hautes écoles du pays pour faire du 14 mars une journée d’action massive.
Agenda
Action Stop ACTA !
ACTA, est un accord qui menace la liberté d’Internet, qui permet de poursuivre celui qui enverrait un extrait de musique par mail et qui introduit une surveillance systématique des échanges d’information sur Internet. Les médicaments génériques pourront être interdits, tout comme l’utilisation de certaines semences qui seront protégées par des brevets. Ces mesures visent uniquement à protéger les énormes profits des industries du disque, du cinéma, pharmaceutique et agro-alimentaire.
Samedi 10 mars – 14h à Bruxelles
Manifestation nationale «PLUS JAMAIS DE FUKUSHIMA»
La cathastrophe nucléaire à Fukushima a clairement illustré la responsabilité des actionnaires des grandes entreprises dans la crise environnementale. Tepco (Tokyo Power Electric Company, premier producteur privé d’énergie au monde), qui a en charge les réacteurs de Fukushima, avait falsifié une trentaine de rapports d’inspection des réacteurs nucléaires. Les capitalistes se soucient peu de notre sécurité, de notre santé, de notre environement et de nos vies. Leur soif de profit et leur avidité est sans limite.
Dimanche 11 mars à 14h30 à la Gare du Nord – Bruxelles
Manifestation Antifasciste contre le NSV à Louvain
Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine dans l’une des villes universitaires en flandre. En 2012, c’est au tour de Louvain. Comme chaque année, BlokBuster organise une contre-manifestation à une distance sécurisée du NSV. Nous voulons coopérer avec d’autres organisations et avec les jeunes résidant à Louvain pour exprimer dans la rue un message clair contre le racisme et le fascisme et pour une société où les vrais problèmes sociaux sont abordés.
Jeudi 15 mar s à 20h Martelarenplein – Leuven
Manifestation Vottem «camp de la honte, 13 ans déjà…»
EGA participe à la manif contre le centre fermé pour sans-papiers situé à Vottem. Nous défendons la suppression des centres fermés, l’arrêt des expulsions et la régularisation des sans-papiers et le droit de chacun à avoir un emploi décent. Ce ne sont pas eux qui sont responsables de la pénurie d’emplois, c’est la soif de profit des patrons. C’est d’ailleurs cette même logique qui maintient des dictatures dans les pays du monde néocolonial. Nous disons : c’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leur victime !
Dimanche 18 mars à 14h Parc de la Citadelle – Liège
Manifestation «Pro-Choix» pour le droit des femmes
Depuis 2 ans, une marche réactionnaire contre l’avortement est organisée à Bruxelles. L’archevêque Léonard, les milieux ultraconservateurs et l’extrême-droite y participent. Un rassemblement de protestation contre cette Marche est prévu contre cette Marche est prévue le 24 mars par la plateforme “Abortus Right”. Nous défendons la nécessité de construire une manifestation d’ampleur en mars prochain en allant chercher le soutien dans le mouvement syndical, le mouvement de défense des droits des femmes et des LGBT.
Samedi 24 mars à 14h Place Poelaert – Bruxelles
Weekend Socialisme 2012
Socialisme 2012 est un weekend de discussion avec des orateurs belges et internationaux, dont des participants au processus révolutionaire en Tunise ou à #Occupy Wall Street,… L’occasion pour nous rencontrer dans une ambiance combattive, pour assister aux débats sur des sujets comme “Pourquoi le capitalisme mène irrémédiablement à la crise?”, “Les Jeunes en Lutte pour l’Emploi”, “L’Extrême-droite en Europe : NO PASARAN ! et bien d’autres sujets… inscrit-toi via info@socialisme.be
28/29 avril au centre culturel ‘De Rink’ – 7 Place de la Vaillance, Anderlecht
MANIFESTATION PRO-CHOIX
“ABORTION RIGHT” 14h Place Poelaert – BXL
Il y a plus de 20 ans, l’avortement a été dépénalisé en Belgique. Pourtant, depuis deux ans, des « Marches pour la Vie » sont organisées. Leurs organisateurs sont pour l’abolition du droit à l’avortement.
Le mouvement «Pro Life» essaie de s’implanter en Belgique. Le groupe “Sinterklaas” organise des actions devant des centres de planning familial en brandissant des photos de foetus et, si ça ne leur est pas interdit, en jetant de l’eau bénite sur les patientes des centres. Nous ne pouvons pas accepter ces campagnes d’intimidation et de culpabilisation.
Ils profitent de la crise économique et politique, pour essayer de faire accepter leurs idées réactionnaires et attaquer le droit des femmes à décider pour leur propre corps ! Dans plusieurs pays, le droit à l’avortement est déjà limité. En Espagne, le gouvernement conservateur a annoncé un durcissement de la législation : les filles mineures seront obligées de demander l’accord de leurs parents. Pourtant l’interdiction de l’avortement n’a pour conséquence qu’une augmentation des interventions dangereuses. Les femmes avortent tout de même mais en utilisant des procédés qui mettent leur vie en danger ! Voilà pourquoi partout où les mouvements « Pro-Life » manifestent nous devons leur opposer une résistance avec un programme clair !
- Maintien du droit à l’avortement et allongement du temps durant lequel on peut légalement avorter !
- Pour l’accès à une contraception gratuite et de qualité pour tous !
- L’éducation sexuelle ne peut être laissée entre les mains des programmes télévisés et d’internet ! Pour un refinancement public de l’enseignement, permettant une éducation sexuelle sérieuse !
Mais la politique de casse sociale ne laisse aucune chance au «libre choix». Beaucoup de femmes décident encore d’avorter pour des raisons financières. Nous défendons également le droit d’avoir des enfants sans que cela nous rende plus pauvre ou nous prenne tout notre temps.
- Pour un logement et un revenu décent pour tous !
- Nous n’avons pas besoin d’économies dans les services publics mais plutôt d’un élargissement de différents types de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs.
Organisons-nous !
Seule une lutte collective des travailleuses et des travailleurs peut obtenir ces acquis. C’est la seule manière efficace pour lutter contre ces organisations opportunistes qui exploitent les problèmes sociaux pour imposer leurs idées réactionnaires. Dans une société dirigée par les profits d’une infime minorité, le sexisme tout comme le racisme ou l’homophobie, est utilisé pour diviser. Nous avons besoin d’un système qui répond aux besoins de la majorité, un système socialiste.
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Hongrie : En route vers la faillite et la dictature?
Les médias internationaux parlent beaucoup de la Hongrie, à la fois en raison de la politique de droite de son gouvernement et de la crise économique du pays, une nouvelle menace pour la stabilité de l’euro. Bien que le pays ne soit pas membre de l’eurozone, tout en étant membre de l’Union Européenne, l’euro a chuté suite aux rapports faisant état des problèmes économiques de la Hongrie.
par Tilman M.Ruster, SLP (CIO-Autriche)
Le danger pour la zone euro réside dans de gros investissements et des prêts élevés accordés par les banques européennes (notamment autrichiennes, allemandes et suisses), et qui embrouillent ces dernières dans la crise hongroise. Le problème, c’est que la plupart de ces prêts ont été effectués en devises étrangères. Au cours de cette crise, la monnaie hongroise a continuellement été dévaluée, ce qui rend le remboursement de ces prêts en euros ou en francs suisses presque impossible. Il ne s’agit pas uniquement de prêts octroyés à l’État ou aux entreprises, les ménages privés sont ainsi particulièrement touchés. Lorsque la monnaie hongroise était plus forte, de nombreuses banques ont accordé des prêts en euros ou en francs suisses, qui ne peuvent maintenant plus être remboursés. Beaucoup de ménages sont donc actuellement en situation d’insolvabilité. Depuis le 11 janvier, le gouvernement hongrois, le FMI et l’UE ont négocié un plan de sauvetage en prenant exemple sur le plan grec.
Le gouvernement conservateur populiste de droite du Fidesz, dirigé par Victor Orbán, a tout tenté pour empêcher que cela ne se passe. Le remboursement d’un plan de sauvetage de 2008 a été terminé en 2010. Le gouvernement nouvellement élu d’Orbán a résisté à quelques-uns des diktats de l’UE et du FMI, notamment en introduisant une taxe limitée sur les banques et une ‘‘taxe de crise’’ qui a particulièrement touché les entreprises étrangères. Ces mesures fiscales ne font pas d’Orbán un homme de ‘‘gauche’’ pour autant. Il s’agissait plutôt d’une tentative visant à défendre les intérêts nationaux de la faible classe dirigeante hongroise tout en évitant d’immédiatement devoir faire face à la colère des électeurs du Fidesz. Le gouvernement du Fidesz a tenté de maintenir son soutien populaire, y compris chez certains travailleurs, en s’attaquant aux riches. Mais cela ne change en rien son caractère capitaliste. Ainsi, la taxe sur les banques a été suivie de cadeaux fiscaux pour les riches. L’alliance entre Orbán et les capitalistes n’est pas rompue, et de moins en mois de Hongrois soutiennent le Fidesz.
Suite à cela, Orbán a tenté d’utiliser sa majorité des deux tiers au parlement afin de faire adopter de brutales mesures d’austérité, comme celles mise en vigueur en Grèce par la troïka UE, BCE et FMI, sur base nationaliste. Ces énormes attaques contre les droits des travailleurs, les retraites, les soins de santé, l’aide sociale, les chômeurs, etc. ont été encadrées par une massive propagande raciste. Par exemple, lorsque la protection de l’emploi a été effectivement abolie, le gouvernement s’est justifié en accusant le ‘‘Rom paresseux’’ de paralyser toute l’économie. En outre, la proposition récemment introduite de détenir les travailleurs sans emploi dans des camps de travail obligatoire avec un personnel de sécurité destiné à les surveiller a été présenté comme une ‘‘mesure de sécurité’’ envers les Roms, dont le taux de chômage avoisine les 50%.
Il existe une opposition à ces mesures, mais qui ne dispose pas d’une voix politique claire. Le Fidesz a d’ailleurs lui-même une base électorale assez faible. Les 53% des voix obtenus aux élections de 2010 l’ont été sans grand enthousiasme de la part de la population, seuls 47% des Hongrois étant allés voter. L’opposition parlementaire se compose de l’ancien parti stalinien et désormais social-démocrate (le parti ‘‘socialiste’’ MSzP) et des vert libéraux (LMP), derrière le slogan ‘‘la politique peut être différente’’. Le MSzP est sérieusement discrédité pour avoir fait partie du gouvernement précédent, et ne s’est toujours pas relevé du scandale qui a éclaté quand, peu de temps après avoir remporté les élections de 2006, un enregistrement du Premier ministre du MSzP, Ferenc Gyurcsány, a été rendu public. Dans celui-ci, il déclarait au cours d’une réunion privée du parti ‘‘nous avons merdé…il est évident que nous avons menti tout au long des 18 derniers mois…’’ Depuis lors, ce parti ‘‘d’opposition’’ ne constitue plus une alternative crédible aux yeux des masses en colère.
Le soutien des néo-fascistes
A l’extrême droite, il y a le parti néo-fasciste Jobbik. Pendant la crise politique de 2006, ce parti a pu jouer un rôle important. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé pour une ‘‘Hongrie nationale’’, des bagarres de rue éclatant ça et là avec la police. Ils ont même été jusqu’à utiliser un tank qu’ils avaient réquisitionné et ont occupé le centre de télévision nationale ! Les gauchistes, homosexuels, juifs et autres minorités ont dû se cacher ou fuir Budapest. Des voix se sont élevées pour dénoncer cette tentative de coup d’état du Jobbik.
Malheureusement, beaucoup de Hongrois considèrent le Jobbik comme une force d’opposition crédible, même si son programme est identique en de nombreux points à celui du parti au pouvoir, le Fidesz. Le Jobbik se fait passer pour un parti ‘‘anticapitaliste’’, mais il accuse ‘‘les forces juives internationales’’ d’être responsables du capitalisme et de la crise du système. Actuellement, le Jobbik n’est pas un réel danger pour le gouvernement. Mais il représente par contre un danger très réel pour les opposants et les minorités du pays. Il terrorise ainsi ses ennemis grâce à sa ‘‘Garde hongroise’’, une troupe paramilitaire de voyous et de skinheads. Dans certaines régions, cette garde prétend même jouer le rôle de “police auxiliaire”. À la requête de l’aile droite des autorités locales, ils effectuent des patrouilles, de réelles tournées de terreur, en se prenant pour des ‘‘fonctionnaires’’ en mission. Les Roms, plus de 6% de la population, ont déjà été chassés de certains villages.
Une opposition populaire croissante
La plupart des syndicats n’ont pas montré beaucoup de résistance face aux attaques brutales du gouvernement. La plupart d’entre eux sont affiliés au MszP, la social-démocratie. Les syndicats du secteur public font toutefois exception sur cette question. Après les attaques contre les salaires et les emplois, des grèves se sont développées chez les pompiers et les policiers. On a aussi vu des grèves dans les transports en commun, chez le personnel des bus et les cheminots, en riposte à des attaques contre les retraites et les régimes de retraite anticipée. Le syndicat du Jobbik dans la police, qui organise au moins 10% des forces de police, se dit “prêt à passer à l’action”, mais n’a pas participé à la grève. Il a d’ailleurs volontairement été exclu de l’action par les autres syndicats.
Le gouvernement a tenté d’empêcher l’organisation de tels événements en s’attaquant aux droits démocratiques gagnés par les luttes des générations précédentes et en tentant de virer les syndicats du secteur public.
La nouvelle loi sur les médias a fait les gros titres de la presse en dehors de la Hongrie et a suscité des protestations internationales. Mais le gouvernement censurait déjà ses médias. Le 2 janvier, lors de la manifestation de masse contre la nouvelle constitution d’Orbán, la chaîne de télévision gérée par l’Etat a placé le journaliste couvrant l’évènement à un des seuls endroits de la ville où aucun manifestant ne pouvait être vu, une pratique qui est déjà devenue routinière. La nouvelle loi a permis la création d’une nouvelle commission visant à empêcher la publication de rapports critiques et d’imposer des amendes élevées aux médias d’opposition. Des passages de cette nouvelle loi ont cependant été récemment retirés par la Cour constitutionnelle. Cela illustre que, malgré tout, certains secteurs du pouvoir sont opposés aux mesures du Fidesz, qui conduisent tout droit à régime autoritaire et dictatorial.
Toutefois, des mesures gouvernementales ont été prises contre ces juges constitutionnels ‘‘rebelles’’. Dans un premier temps, le gouvernement a créé les ‘‘lois cardinales’’ distinctes de la Constitution. Elles sont contraignantes, sans être soumises au contrôle de la Cour constitutionnelle dont les membres sont élus à vie par le parlement. Au lieu de cela, ces lois sont sous l’égide d’un nouveau conseil des gardiens appelés la ‘‘curie’’ dont les juges constitutionnels ne sont qu’une partie des membres.
Le président de la Cour constitutionnelle, proche du MSzP, a été contraint de démissionner. Il est susceptible d’être remplacé par un membre du gouvernement loyal à Orbán.
Une nouvelle constitution autoritaire et nationaliste
Les implications de la nouvelle Constitution, entrée en vigueur le 1er janvier, vont beaucoup plus loin. Un conseil central de banquiers est désormais en mesure de dissoudre le parlement s’il accepte "des mesures qui mettent en danger le budget". Ce conseil est rempli de membres du Fidesz. D’autres instances publiques sont également tenues en laisse par le Fidesz et, dans certains cas, par des membres du Jobbik, et de manière agressive. Cela donne à Orbán la possibilité de garder le pouvoir, même en cas de défaite électorale, et d’installer des éléments de dictature au gouvernement. Qu’il en vienne à les utiliser dépend de nombreux facteurs, notamment du développement de la crise économique et de la résistance de la classe des travailleurs hongroise.
Le gouvernement encourage et exploite le nationalisme hongrois. Le terme de ‘‘république’’ a été supprimé de la nouvelle constitution car le Fidesz veut utiliser le terme Hongrois comme une identité générale et ne faisant pas référence uniquement à l’Etat actuel. C’est très clair quand on remarque l’inclusion dans la nouvelle constitution de références à des “Hongrois de souche” vivant à l’extérieur des frontières imposées en 1919 par les vainqueurs de la première guerre mondiale. Récemment, le démocrate-chrétien vice-Premier ministre, Zsolt Semjén, a expliqué lors d’une réunion des “Hongrois de souche” à Vienne que donner la citoyenneté hongroise à tous les Hongrois de souche améliore à l’échelle internationale l’unité juridique de la nation et donc la survie des Hongrois. Il a déclare qu’une «impulsion forte» est nécessaire pour stopper l’assimilation des Hongrois de souche à l’étranger, ce qui implique l’octroi de la citoyenneté et du droit de vote en Hongrie.
L’opposition sape le soutien au Fidesz
Mais la résistance existe. En 2011, il y a eu une vague de manifestations et de grèves. Le 2 janvier, plus de 50.000 personnes ont envahi les rues pour protester contre la nouvelle constitution. Une des causes de cette participation massive est la colère qu’engendrent les privations provoquées par les réformes d’Orbán.
Lors des précédentes manifestations, par exemple pour la liberté de presse, les questions sociales étaient toujours bien présentes en arrière-plan. Le mécontentement se voit dans les sondages, le soutien au Fidezs a chuté à 14% en janvier 2012 (qu’il faut comparer aux 53% obtenus lors des dernières élections). Seuls 40% des électeurs disent vouloir voter, encore moins qu’en 2010. Pourquoi aller voter ? Toutes les tâches parlementaires importantes ont été attribuées à des organismes non élus.
Les partis établis ne représentent fondamentalement aucune alternative face aux mesures d’austérité d’Orban. Près de 60% des Hongrois disent qu’ils ne soutiennent actuellement aucun parti. Le MszP enregistre seulement 11% de voix, tandis que le LMP a à peine fait 4%. La Coalition démocratique, une scission du MSzP dirigée par l’ex-Premier ministre, M. Gyurcsány, a été jusqu’à présent incapable de combler cette lacune et enregistre près de 2%. Dans le même temps, le Jobbik bénéficie d’une stabilité dans les sondages, à 20%. Mais quand les néo-fascistes sont apparus à la manifestation du 2 janvier, ils ont été chassés par des gens qui criaient “les nazis dehors”!
Le nouveau mouvement de protestation apporte avec lui de possibles nouvelles bases pour les partis de gauche. Au début, il s’agissait principalement d’étudiants et de quelques citoyens en colère qui sont descendus dans les rues. La classe ouvrière a participé à des manifestations depuis 2011 et a commencé à imprimer sa marque sur le mouvement. Les syndicats ont participé à la manifestation du 2 janvier. Cela illustre la pression des membres du syndicat sur leurs leaders, et c’est un bon signe!
De nouveaux mouvements et partis
Le rapport des militants du Comité pour une Internationale Ouvrière montrent que, parmi beaucoup d’autres structures, deux initiatives en particulier ont commencé à se détacher des mouvements vers la formation de partis politiques. Une formation est appelée Szolidaritas. Le nom fait référence au syndicat polonais Solidarnośc. Cela montre les origines syndicales du parti, mais reflète aussi le fait que le programme du parti reste sur une base capitaliste.
La seconde formation est appelée 4K! (Mouvement de la Quatrième République) et a été lancé fin 2011. Il prévoit d’organiser son premier Congrès en mai. Jusqu’à présent, c’est un petit groupe hétérogène d’opposition existant essentiellement sur le net. Mais avec les grandes manifestations, il est devenu un pôle d’attraction de gauche pour beaucoup de gens en Hongrie. Son profil politique n’est pas encore clair, mais il traite seulement des questions de droits démocratiques.
Le moment est venu de constituer un parti à gauche qui lutte pour les travailleurs, les chômeurs et les jeunes. Il pourrait faire en sorte que le mouvement de protestation actuel ne s’éteigne pas. Pour réussir un nouveau parti comme celui-là, le programme est important à deux égards. D’une part il y a un besoin de propositions concrètes sur la façon dont le mouvement pourrait se développer. Les grèves seraient un instrument pour frapper le gouvernement là où ça fait mal. Le gouvernement serait ainsi forcé de se comporter ouvertement en faveur des grandes entreprises. Impliquer des organisations roms dans un nouveau parti et dans les manifestations est également important. Surmonter la fracture raciste est la clé de la lutte contre le Fidesz et le Jobbik.
Plus importantes encore sont les revendications qu’un tel nouveau parti aurait à mener dans le mouvement.
La réduction des droits démocratiques et les attaques racistes contre les Roms sont des symptômes que des attaques radicales sur les salaires, l’État-providence et les conditions de vie des travailleurs ont déjà été menées. Il y a une nécessité pour un programme de lutte contre la crise, pas seulement contre Orbán. En bref, il y a un besoin évident d’un programme anticapitaliste!
Beaucoup de gens en Hongrie ont déjà perdu toute illusion d’avenir au sein du capitalisme. Certains ont des souvenirs nostalgiques du «communisme du goulasch» qui a existé jusqu’en 1989, l’économie planifiée ayant au moins assuré la sécurité sociale, mais gouvernée par une élite autoritaire stalinienne ne permettait pas de réels droits démocratiques. Les jeunes, en particulier, ne veulent pas de ça, tout comme les personnes âgées ne désirent pas vraiment un retour en arrière. Beaucoup sont à la recherche d’autres alternatives au capitalisme. Un nouveau parti, armé de l’idée d’un véritable socialisme démocratique pourrait être très fructueuse.
Avec un programme clair et des stratégies de grèves et des actions de masse permettront d’accroître la confiance des travailleurs et des syndicats. Préparé de cette manière la classe ouvrière pourrait s’employer à faire tomber le gouvernement, ayant une réelle alternative à offrir à la grande majorité des partis existants!
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15 mars 2012 : Manifestation antifasciste à Louvain
Le 15 Mars, le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, organise sa marche annuelle de la haine. Cette année, elle prendra place à Louvain. Le NSV a une tradition de racisme extrême, manifeste ses sympathies fascistes et n’a pas peur de recourir à la violence.
Tract des Etudiants de Gauche Actifs
Rejoignez la résistance antifasciste !
Europe: croissance de l’extrême-droite violente
En juillet dernier, le néofasciste Anders Breivik a tué des dizaines de jeunes du Parti travailliste norvégien, après avoir commis un attentat à la bombe dans le centre d’Oslo. Il a motivé ses actes par un manifeste contre les immigrés et le “marxisme culturel.” Ce manifeste a été retrouvé dans les mails de membres du NSV de Gand et chez des membres du Vlaams Belang, que Breivik apprécie apparemment. L’année dernière, en Allemagne, un groupe terroriste néo-nazi a commis plusieurs attaques meurtrières contre des immigrés turcs. En décembre, un militant d’extrême-droite italien a abattu 2 vendeurs ambulants sénégalais à Florence. En Hongrie, le parti néo-fasciste Jobbik a obtenu 16% des voix. Les marches néofascistes du Jobik – tacitement autorisées par l’État – ciblent les Tsiganes, les juifs et les progressistes. Un porte-parole du Jobbik, le 11 octobre 2011, a été invité par le NSV à l’Université de Gand. L’ex-président du NSV à Hasselt, Thierry Vanroy, a aussi écrit sur un forum internet: “Une fois que la démocratie s’effondrera dans le chaos, j’espère qu’une poigne de fer fasciste prendra le relais.”
Ils cultivent l’absence de perspective engendrée par la crise du capitalisme
Les groupes néo-fascistes comme le NSV peuvent bénéficier d’un climat d’assainissements durs dans les services publics, de montée du chômage, de manque de perspectives, de bas salaires,… afin de répandre un message de haine et de division et de passer à l’acte. Blokbuster trouve irresponsable que le NSV soit de plus en plus officiellement reconnu dans les universités alors qu’il est prouvé que ces tyrans sont des racistes autoproclamés. C’est jouer avec le feu. Dans le contexte d’un système capitaliste en crise, des individus ou des groupes instables au sein de l’extrême droite reçoivent une chance de mettre en pratique leur idéologie raciste et violente. Dans la lutte contre l’allongement du stage d’attente pour les jeunes, contre l’augmentation des minervaux des universités, contre le chômage et les emplois précaires, nous devons être ‘‘tous ensemble’’ pour défendre nos intérêts. Ce ne sont pas les immigrés, les ‘‘Wallons’’ ou les ‘‘Flamands’’ et les syndicalistes combattifs qui sont la cause de la crise et du déclin social, mais les banques et les 1% de super-riches dont les profits passent avant tous les droits sociaux et les acquis des jeunes et du mouvement des travailleurs.
Vers une grande manifestation anti-NSV pacifique. Des emplois, pas de racisme !
Blokbuster et Etudiants de Gauche Actifs veulent démontrer clairement avec cela que la majorité des étudiants et des résidents à Louvain ne sont pas d’accord avec les idées et les méthodes du NSV. Nous portons un message contre le racisme et la division parmi les victimes des politiques néolibérales. Nous exigeons le retrait de la reconnaissance du NSV à la KUL et nous voulons également stimuler la discussion sur la nécessité d’un autre type de société, non pas centré sur les profits, mais sur les besoins et les intérêts de la majorité.
Plus d’infos? Participer à la campagne Anti-NSV avec EGA? Contacte-nous par mail à: ega@gauche.be