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Tag: Georges Debunne
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C’était il y a tout juste 50 ans : le 12 janvier 1961, attaque des gendarmes à Charleroi
Dans les endroits plus éloignés des centres industriels, on signale une reprise partielle du travail mais, dans les provinces du Hainaut et de Liège, la grève générale est toujours totale. En Flandre, c’est la même situation. Ce jeudi 12 janvier 1961, nous sommes au vingt-quatrième jour de grève. La classe ouvrière reste entièrement mobilisée, la situation politique est engagée, le gouvernement reste obstinément sur ses positions et les gros bastions ouvriers sur les leurs.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
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– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
– 11 janvier
[/box]Ce jour là, à Charleroi, se tient à la Maison des Huit Heures une grande assemblée des Services Publics. Les Jeunes Gardes Socialistes sont présents, comme à toutes les actions qui se déroulent dans la région de Charleroi. L’orateur invité est Georges Debunne, président national de la CGS P, accueilli au chant d’ une vibrante « Marseillaise ». A l’ issue de cette assemblée, une manifestation est prévue, mais de violents incidents éclatent alors que les participants quittent paisiblement l’établissement : ils sont attaqués par un important dispositif de gendarmes à cheval qui chargent les grévistes avec violence sans la moindre raison, il s’ ensuit un véritable climat d’ émeute généralisée.
Les 2000 manifestants carolos subissent une charge dans le dos de la part des gendarmes à cheval. Si la gendarmerie avait voulu que Charleroi ait elle aussi ses morts, comme Bruxelles et Liège, elle n’ aurait pas agit autrement. Une vingtaine de cavaliers, ainsi que plusieurs camions chargés de gendarmes et de canons à eau s’ étaient placés durant le meeting en face de la Maison des Huit Heures pour empêcher les grévistes de sortir de l’ établissement. Mais ils ne réussissent pas entièrement, malgré une charge sabre au clair et à coups de crosse contre les grévistes. Il y a une douzaine de blessés, dont deux femmes blessées à coups de crosse l’une à la figure et l’autre au dos. Schmitz, du Comité Exécutif de la CGS P, a la main fendue d’ un coup de sabre. Deux gendarmes sont molestés par trois grévistes en colère dans la bagarre.
Les canons à eau déchargent leur liquide à bout portant, renversent plusieurs grévistes et brisent les vitrines du local de la CGSP. Les manifestants, furieux, scandent «Gestapo» et «casques à pointe.» A la fin du meeting, Hubert Billen, le secrétaire régional de la CGSP, avait annoncé que la manifestation qui allait se dérouler devait avoir lieu dans le calme. Deux heures plus tard, comme la bagarre continue, les gendarmes lancent des grenades lacrymogènes et ensuite des grenades offensives pour disperser en partie les grévistes qui continuent à se regrouper aux abords de la place Charles II. Les gendarmes à cheval tentent de rentrer dans l’ établissement. Les autos-pompes qui avaient pris position sur la place Charles II actionnent leurs canons à eaux, les travailleurs sont trempés de la tête aux pieds alors que l’ hiver est glacial ; les vitres de la façade volent en éclat sous la charge des gendarmes, les tables sont renversées, le sol est inondé. Les ouvriers sont révoltés, plusieurs réagissent en réclamant et en scandant : «des armes, des armes !»
Hubert Billen, présent sur place, tente de calmer la colère ouvrière ; il a fort à faire, il est violemment pris à parti de toutes parts, les grévistes le traitent de « poltron » lorsqu’il déclare : «Que feriez-vous avec des armes ?». Finalement, cette émeute fait une douzaine de blessés dont deux gendarmes.
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C’était il y a tout juste 50 ans : le 4 janvier 1961 : Le poison du fédéralisme
Le pays reste toujours paralysé par la grève générale, de nouvelles manifestations ont lieu à Bruxelles. Les gendarmes, en nombre, chargent les grévistes sabre au clair et un gréviste est grièvement blessé. Un important dispositif de gendarmes est venu en renfort pour garder la zone neutre et le Parlement.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
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– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
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Malgré les nombreuses mesures de répression de la gendarmerie, la lutte n’a pas pu être arrêtée, et elle se poursuit. La lutte des grévistes contre le gouvernement et l’Etat bourgeois a pour effet de galvaniser la volonté de la classe ouvrière dans son ensemble. Depuis le 20 décembre 1960, la grève générale n’a pas cessé de prendre de l’ampleur dans tout le pays. En Flandre, les débrayages se multiplient de jour en jour. Cette extension de la grève en Flandre est toujours accompagnée de manifestations de plus en plus nombreuses.
Les luttes se développent et on constate une accentuation du caractère aigu de la grève générale partout dans le pays. Progressivement, le conflit prend la tournure d’un mouvement insurrectionnel. Les grévistes sont de plus en plus nombreux à participer aux différentes manifestations, la grève générale est toujours efficace, le potentiel économique du pays est toujours paralysé après 16 jours de grève.
Dans une grève générale d’une telle ampleur, il y a toujours des variations sur le front des mouvements de la lutte, mais le plus important à mettre en évidence, c’est que la volonté de la grande majorité des grévistes à poursuivre le combat reste intacte ; ils attendent avec maintenant beaucoup plus d’impatience que les directions ouvrières décrètent les mots d’ordre qu’ils réclament. Pendant ce temps, les députés du PSB restent cantonnés au sein du Parlement.
Le Comité de Coordination des régionales Wallonnes de la FGTB réuni ce 4 janvier 1961, toujours sous la présidence d’André Renard, publie une résolution dont voici un extrait : (Le Comité) «S’indigne du comportement des soi disant forces de l’ ordre, qui se transforment en forces provocatrices dans certaines régions de Wallonie, qui se livrent à des excès que réprouve l’ ensemble de la population ; Souligne le caractère sérieux et de froide détermination qui animait tous les participants ; Félicite les travailleurs qui ; tant à Bruxelles qu’ en pays flamand, sont, eux aussi, descendus dans la rue pour clamer, comme les travailleurs de Wallonie, leur opposition irréductible à la loi unique, objectif unique de l’action engagée.»
On peut constater que le ton a changé au sein du comité de la FGTB wallonne, c’est ce qui a fait dire à « La Cité » du 3 janvier «que la position d’André Renard au sein des fédérations Wallonnes tendrait à s’affaiblir, et que le comité de Coordination des régionales wallonnes aurait perdu de sa cohésion.» C’est l’introduction de la revendication du fédéralisme qui pose problème.
Quinze mille manifestants occupent pendant tout l’après-midi le centre de Bruxelles. Georges Debunne, secrétaire national de la CGSP, veut prendre la parole du balcon du local socialiste pour inviter les manifestants à se disperser. La Cité rapporte que : «des huées et des cris viennent l’interrompre, les manifestants réclament la “Marche sur Bruxelles”, “Au Parlement”, “De l’action aujourd’hui”». Quand Debunne redemande aux manifestants de se disperser, ce sont de nouvelles huées. Il insiste, on l’entend péniblement déclarer que les manifestants ne doivent pas donner l’impression qu’ils ne s’entendent pas avec leurs dirigeants, et leur fixe rendez-vous à demain 10h00 à la maison du Peuple. Cela suscite de nouvelles huées.
Une colonne de manifestants de la Jeune Garde Socialiste et d’étudiants continue seule et marche sur la Sabena, attaquant les autobus qui roulent encore et en chantant l’Internationale. A l’issue de la dislocation de la manifestation, c’est un groupe de quelques deux cents jeunes qui se regroupe et tente de gagner la zone neutre. Sur leur passage ils lapident un tram qui roulait malgré les consignes de grève, les vitres de la Sabena sont à nouveau brisées. Aux abords de la zone neutre, de violents heurts éclatent avec les gendarmes, nombreux à défendre la zone. Plusieurs arrestations sont opérées. Le gouvernement a pris des mesures de sécurité supplémentaires. Des renforts de gendarmerie ont pris position, toutes les grilles sont fermées. Le lendemain, le journal lié au PSB Le Peuple condamne sévèrement «le déchaînement d’une bande d’écervelés, de blousons noirs, qui par leur action après la manifestation, ont fait régner « pendant une demi-heure une atmosphère d’émeute.» Les dirigeants réformistes du PSB se désolidarisent donc publiquement de l’action des jeunes !
La fédération bruxelloise des Jeunes Gardes Socialistes publie une mise au point qui donne une idée du fossé existant entre les grévistes de la base et les dirigeants socialistes. En voici le texte : «Depuis quelques jours, on assiste à un lâchage systématique de certains actes commis par les grévistes manifestants à Bruxelles. Ce sont les journaux ouvriers qui dénoncent : «Actions de blousons noirs et de gamins». Ces gamins sont au même titre que les autres des travailleurs en grève. Il leur a souvent fallu plus de courage que leurs aînés pour participer à celle-ci. Hier les jeunesses communistes, aujourd’hui les étudiants socialistes et communistes dénoncent également les «irresponsables» Où sont les irresponsables ? Ce ne sont pas nécessairement ceux qui cassent des vitrines, arrêtent des autobus ; ceux-là sont généralement des grévistes excédés de tourner en rond depuis plus de dix jours, qui cherchent désespérément d’autres formes d’action. Mais ceux qui, les jours passés, clamaient « au Parlement » et qui criaient à la provocation sont des irresponsables… La Jeune Garde Socialiste, en tant qu’organisation ouvrière – bien que n’ayant pas donné de consignes de violence – se refuse à assimiler à des provocateurs ou à des gamins les centaines de jeunes grévistes qui sont passés à l’action directe. Ces actes de violence sont l’expression du désir des jeunes ouvriers de briser un régime qui leur refuse toute perspective d’avenir.»
Quelle va maintenant être l’attitude des dirigeants qui prétendent se battre sur des positions de classe, coincés qu’ils sont entre le marteau de l’avant-garde ouvrière qui commence à s’organiser dans l’action, et l’enclume des directions traditionnelles enlisées dans la discussion parlementaire et les marchandages de sommet ?
Pour la tendance Renard de la FGTB, qui s’est toujours piquée de diriger l’avant-garde, il est urgent de trouver une solution qui préserve cette apparence, tout en évitant à ses dirigeants de prendre vraiment la tête d’une offensive révolutionnaire contre la bourgeoisie. Cette solution, André Renard et ses amis croient l’avoir trouvée avec le nouvel objectif du fédéralisme wallon. Abandonnant délibérément le terrain de la lutte de classe, sur lequel, c’était imminent, les ouvriers révolutionnaires allaient les obliger à passer à l’attaque, les dirigeants syndicalistes de la FGTB wallonne effectuent un repli en règle. Ils tentent désormais de canaliser l’action vers les objectifs plus sentimentaux et plus passionnels de l’autonomie wallonne, ce qui n’a plus rien à voir avec les objectifs révolutionnaires que la classe ouvrière s’était fixée dès le début de la grève générale.
Le but de l’opération «fédéralisme» lancé par André Renard n’en est pas moins de donner le change à la classe ouvrière, frustrée par ses dirigeants quant aux objectifs de sa grève générale. Il s’agit de faire diversion, dans la phase la plus critique de la guerre de classe dans laquelle se débat le prolétariat belge. Dans la région flamande, la grève est moins ample qu’ailleurs, et aussi plus difficile, nous l’avons déjà dit. Le patronat, le gouvernement et les forces de répression exercent une pression plus forte sur les militants ouvriers. Dans ces circonstances, la revendication du fédéralisme des dirigeants syndicaux de la FGTB wallonne ne peut que précipiter la retraite des travailleurs flamands.
Mais au moment où André Renard lance sa campagne pour l’autonomie wallonne, il y a encore des dizaines de milliers de travailleurs flamands en grève ; non seulement dans les grandes cités ouvrières flamandes de Gand et d’Anvers, mais aussi dans les petites villes comme Bruges, Courtrai, Denaix, Alost, Furnes, Menin, où les grévistes mènent un combat plus héroïque encore, car plus difficile. Dans ces conditions, les responsables wallons de la FGTB, parfaitement au courant de cette situation, se doivent d’aider leurs camarades flamands à poursuivre la lutte, en envoyant des délégations de grévistes aux manifestations et avec prise de parole dans leurs meetings. Mais ce n’est évidemment pas le but des bureaucrates syndicaux de la FGTB wallonne. Bien que les travailleurs flamands de la base réclament la venue d’André Renard, celui-ci ne daigne pas se déplacer, soit disant par respect pour les sommets de l’appareil réformiste de la FGTB flamande.
On ne saurait donc être trop sévère pour la campagne pour le fédéralisme du mouvement Renardiste, une vulgaire manœuvre de division, un coup de poignard dans le dos des travailleurs flamands.
Chez ces derniers, la colère est grande. De surcroît, ils subissent la pression idéologique de la bourgeoisie flamande sur le thème national, pression qui se fait plus lourde au fur et à mesure que la propagande «wallingante» s’accentue. L’amertume et la colère sont grandes chez les militants ouvriers qui ne désarment pas pour autant. D’ailleurs, la presse ouvrière flamande titre que : «Les travailleurs flamands préfèrent se soumettre à une Wallonie rouge qu’à une Flandre noire.» On ne répètera jamais assez que c’est l’extraordinaire instinct de classe des travailleurs wallons qui a empêché les bureaucrates de détourner le mouvement vers la régionalisation dès le début, malgré les tentatives de l’appareil qui créait, dès le 23 décembre 1960, le « Comité de Coordination des Régionales wallonnes de la FGTB ». De même, on ne dira jamais assez non plus que l’abandon de la lutte à l’échelle nationale, préméditée par André Renard, ainsi que l’introduction de la revendication du fédéralisme ont été fatals au succès du mouvement de grève générale.
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Un nouveau parti des travailleurs reste nécessaire !
Le CAP a déçu les espoirs mais…
Imagine-toi… Imagine-toi qu’il existe un parti large qui soit corps et âme dans le camp de la classe ouvrière, notamment dans la discussion sur le pouvoir d’achat pour revendiquer une sérieuse augmentation des salaires et des allocations. Imagine-toi qu’un parti aie pu, durant la grève des cheminots, mener une campagne de soutien massive en faveur des grévistes, un parti capable de démasquer les mensonges de la direction, des politiciens et des médias en utilisant ses élus et ses porte-paroles. Imagine-toi que toute cette aberration néolibérale qui n’a pas aujourd’hui de contradicteur ait face à elle un véritable parti des travailleurs…
Confrontées à l’opportunité de construire un tel parti, des centaines de personnes se sont inscrites en quelques semaines auprès de l’ancien parlementaire du SP Jef Sleeckx et du Comité pour une Autre Politique lors de l’été 2006. “Un parti des travailleurs pour l’hiver” écrivaient les journaux flamands. Noël Slangen, ancien conseiller en communication de Verhofstadt, déclarait même qu’un tel parti a un potentiel de 10 à 15% pour autant qu’il ne se laisse pas tenter par une collaboration au pouvoir.
L’appel lancé par Jef Sleeckx et l’ancien président de la FGTB Georges Debunne pour créer un nouveau mouvement politique qui participerait aux élections parlementaires de 2007 a suscité de grands espoirs. Malheureusement, le CAP n’a pas été capable de répondre à ces attentes. Retenu par d’innombrables discussions qui n’ont pas créé de clarté sur la nature du parti qu’il entendait construire, le CAP a laissé de nombreuses personnes sur leur faim, les amenant à adopter une attitude attentiste. Ni Sleeckx, ni Debunne ne se sont révélés capables de donner une claire direction à l’initiative.
Le MAS/LSP a, ces deux dernières années, investi beaucoup dans le CAP parce que nous pensions qu’il s’agissait d’une occasion unique. Nous nous sommes d’ailleurs peut-être trop engagés dans le CAP, et de façon trop inconditionnelle. Trop, parce que nous avons essayé de compenser les faiblesses du CAP, qui devaient finir par finalement l’emporter, par notre dévouement et notre énergie. Trop inconditionnelle, parce que nous avons dû accepter trop de compromis qui mettaient en danger l’avenir du projet, comme par exemple le slogan électoral très vague “Une autre politique est possible”.
Le mauvais résultat électoral ne signifiait cependant pas la fin du CAP. Il lui était encore possible de jouer un rôle en promouvant l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, comme cela avait été décidé lors de la dernière conférence nationale en octobre 2007. Une faible minorité, dominante dans le secrétariat national, a toutefois refusé dans les faits de mettre en pratique cette décision et le CAP est devenu un groupe très restreint avec un projet idéologique vague et imprécis. Depuis avril, les membres du MAS/LSP se sont retirés des organes élus du CAP. Au niveau local, nous restons impliqués, dans la mesure du possible, pour organiser des activités qui mettent en avant la question d’un nouveau parti des travailleurs.
Où va le PTB ?
Le PTB a officialisé à la clôture de son Congrès l’arrivée d’un PTB renouvelé. C’était là le point final d’un changement déjà perceptible en pratique depuis un moment. Le PTB semble avoir écarté de son site, de son journal et de son image tout ce qui peut rappeler de près ou de loin le stalinisme. Malheureusement, ce parti a choisi dans le même mouvement de jeter à la poubelle toute référence au changement révolutionnaire de la société et à la nécessité du socialisme. Dans les interviews, les nouveaux porte-parole du PTB assurent que le parti est devenu réformiste tout en évitant des termes trop radicaux, pour surtout éviter d’effrayer qui que ce soit. C’est en définitive le corollaire d’un parti stalinien confronté au fait que le stalinisme comme idéologie n’a plus d’avenir au 21e siècle.
Au vu de l’échec du CAP, il n’est pas impossible que le PTB, à défaut de quelque chose de meilleur, puisse commencer à construire lentement un relatif succès électoral. Mais nous pensons qu’un tel succès renforcerait toutefois la tendance électoraliste et réformiste du PTB.
Et pour les élections de 2009 ?
La question cruciale qui se pose vis-à-vis des élections de 2009 est de savoir si oui ou non il y aura une liste de gauche crédible. Une liste capable d’illustrer politiquement ce que la classe des travailleurs a exprimé au travers d’innombrables actions, grèves et manifestations autour du pouvoir d’achat. Un appel franc pour des listes anti-néolibérales les plus fortes possibles pourrait conduire à beaucoup d’enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Si rien ne sort du mouvement, c’est au PTB et au MAS, qui ont à la fois la force et l’autorité nécessaires, de lancer ensemble un tel appel.
Une telle campagne pourrait persuader des milliers de personnes de rentrer en action politique. Nous espérons que le résultat organisationnel d’une telle campagne soit un nouveau parti large où le débat peut être mené librement. Entre-temps, la construction d’un nouveau parti reste sur la liste « à faire » du mouvement ouvrier.
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Non-marchand. Il faut de l’action maintenant !
Accord fédéral 2005-2010 insuffisant :
Lors du vote de l’accord fédéral actuel en 2005, beaucoup doutaient que celui-ci puisse être suffisant pour remplir les besoins immédiats du secteur. Cela fut illustré, surtout à la FGTB, par le résultat du vote: la plus grande section du SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde avait rejeté l’accord à 90%. Finalement, tant la SETCa que la Centrale Générale ont accepté l’accord à respectivement 68% et 73%. Il y avait également du doute au sein de la LBC et de la CNE, mais pour l’une ou l’autre raison cela ne s’est pas traduit dans le résultat du vote. Finalement, le sentiment d’avoir obtenu le maximum possible a été décisif. Beaucoup a certes été arraché, mais cela ne diminue en rien le fait que seulement 14% des revendications ont étés reprises dans cet accord.
Aujourd’hui, en 2008, nous avons atteint la phase d’alarme ‘ROUGE’ sur le lieu de travail. Entretemps, nous sommes liés pour encore 2 ans à un accord insuffisant qui ne sera appliqué complètement qu’en 2015.
Le manque aigu et chronique de personnel est plutôt la règle que l’exception, et ce alors que la charge de travail s’accroît systématiquement (entre autres à cause du vieillissement et de l’augmentation des tâches administratives). Les heures supplémentaires atteignent des chiffres astronomiques (par milliers par hôpital), et la récupération reste lettre morte (sans parler du paiement); et nous pourrions continuer la liste encore longtemps…
Comme la LBC le dit correctement dans son tract, il faut d’urgence plus de mains dans notre secteur. Déjà plus de 2.000 soignants ont obtenu le diplôme d’infirmier via un projet spécial de formation. Malgré le fait qu’il y ait des centaines de candidats pour l’année scolaire suivante, le projet n’est plus prolongé, ‘il n’y a pas d’argent’.
PAS D’ARGENT ?
Pas d’argent, alors que les baisses de charges aux patrons atteignent des milliards d’euros par an. Il suffit de citer l’intérêt notionnel … du profit pur qui disparaît dans les poches des grands actionnaires. Toute une série d’entreprises du Bel 20 ne paient pas un centime d’impôts. Il y a bien de l’argent, mais le gouvernement préfère jouer les Robin des Bois à l’envers : voler les poches des travailleurs pour donner aux riches.
POUVOIR D’ACHAT: DANS NOTRE SECTEUR AUSSI, TRES PROBLEMATIQUE!
DU POUVOIR D’ACHAT PAR DES AUGMENTATIONS SALARIALES !
Pendant que notre secteur se trouve en queue de peloton en terme de conditions salariales (malgré les conditions de travail hyper flexibles) nous sommes liés à un plan quinquennal. D’autres secteurs peuvent corriger la situation tous les deux ans via un Accord Interprofessionnel (AIP). Les ‘cacahuètes’ que nous avons obtenu dans l’accord actuel ne suffissent pas à compenser la montée du coût de la vie, sans même compter le retard salarial par rapport à d’autres secteurs.
Ces 6 derniers mois, les prix des produits de base ont augmenté en moyenne de 13%, selon une enquête réalisée dans les grandes surfaces de Delhaize, Colruyt et Carrefour par le journal télévisé de la VRT (19 avril 2008)
Selon une étude récente de la FGTB, 20% des travailleurs actifs font partie de la catégorie des ‘travailleurs pauvres’. Ces gens ne sont plus capables de se payer des concerts ou une soirée au cinéma, ils ne peuvent pas s’acheter une maison ou voyager. 35% de ceux qui ont répondu à l’enquête disent avoir des difficultés pour payer les études de leurs enfants, 37% affirment ne pas pouvoir épargner. Le phénomène de ‘working poor’ se développe principalement dans le secteur public et … dans le non-marchand.
Les ‘cacahuètes’ dans l’accord actuel se résument à la prime ‘d’attraction’ et à l’augmentation de la prime de nuit et de celle du dimanche et des jours fériés de 50 à 56 %. Pas vraiment spectaculaire. Les primes ne sont pas reprises dans le calcul de la pension, et sont plus faciles à retirer. La seule solution pour le pouvoir d’achat, c’est une augmentation considérable des barèmes. Un 13ème mois complet et une augmentation des primes pour les prestations irrégulières restent à l’ordre du jour.
DES ACCORDS DE CINQ ANS NE FONCTIONNENT PAS DANS LA VIE REELLE
Vu l’évolution dans notre secteur, il est nécessaire de suivre le tout avec une vision à plus long terme. Il ne s’agit pas seulement des conditions de travail, mais aussi de l’état général des soins de santé dans le pays. De mauvaises conditions de travail laissent la voie à une commercialisation accrue et le développement de soins de santé à plusieurs vitesses. Les travailleurs en sont doublement victimes : en tant que travailleurs et en tant que patients.
L’accord interprofessionnel biannuel ne s’applique pas au non-marchand SAUF si c’est pour nous serrer la ceinture, ou pour une détérioration des conditions de travail, comme le crédit-temps lors du pacte de solidarité entre les générations. Le non-marchand ne participe qu’aux désavantages de l’AIP, à quand les avantages? Peut-être que des accords bi-annuels c’est un peu trop, mais une ‘évaluation partielle’ devrait être possible.
LA COLERE BLANCHE A REINVENTER: POUR UN FRONT COMMUN SYNDICAL HONNETE ET CONSTRUCTIF
Il est nécessaire que les directions nationales des syndicats, ensemble avec les militants de base, tirent des leçons de la colère blanche précédente, tant sur le plan des revendications, que sur le plan des méthodes d’action (organisation et planification) et des résultats obtenus. Les conclusions devraient alors aboutir, via une discussion aussi large que possible en front commun syndical, et un plan d’action détaillé pour la prochaine colère blanche.
Dès le début de la Colère Blanche un ultimatum clair et concret pourrait être posé au gouvernement. Et ceci accompagné d’un plan d’action, qui construit petit à petit les actions et mène à un point culminant avec un maximum d’impact (coordonné tant sur le plan national que sur le plan provincial et local). Si on passe à l’action, il faut que les gens aient une perspective claire. La fin relativement chaotique du mouvement précédent avec ‘la grève au finish’ n’avait pas eu un effet favorable (cela ressemblait plus à l’étouffement de la grève)
LES LEÇONS DE LA COLERE BLANCHE EN FINLANDE EN 2007
RESULTAT: UNE AUGMENTATION SALARIALE DE 22 A 28 %, ETALEE SUR 4 ANNEES !
L’année passée, les soignants finlandais, avec leur syndicat TEHY, ont obtenu une victoire spectaculaire par leur positionnement ferme. La raison du mouvement était la baisse du pouvoir d’achat et la fuite massive d’infirmiers vers les autres pays scandinaves, où les salaires et les conditions de travail sont nettement meilleures.
Tout un plan de campagne avait été élaboré et une piste tout à fait inorthodoxe a été suivie: la menace de démission collective en masse … par les travailleurs. D’ans un premier temps, des grèves traditionnelles, des manifestations et des arrêts de travail se sont tenus afin de préparer l’ultimatum. Les démissions en masse devaient se faire en plusieurs vagues, et les militants syndicaux auraient eu droit à une indemnité de grève tant qu’il n’y aurait pas eu une solution avec réembauche de tout le monde.
Mais ça n’a pas été jusque-là. Malgré le vote d’une loi d’urgence au parlement lors du weekend précédant la fin de l’ultimatum, le gouvernement et les employeurs n’ont pas osé aller à la confrontation avec le syndicat des infirmiers (TEHY). La loi d’urgence aurait rendu possible la réquisition des travailleurs, même après leur démission. Mais il était clair qu’une partie importante des infirmiers n’auraient pas accepter les réquisitions : soudainement beaucoup d’entre eux avaient complètement disparu …
Malgré la forme drastique d’action, qui menaçait de mettre à l’arrêt les soins de santé dans leur totalité, les acteurs avait un soutien large dans l’opinion publique. Le gouvernement avait pourtant déjà organisé des ponts aériens vers d’autres hôpitaux en Europe pour gérer les cas les plus graves …
LEÇONS POUR LA BELGIQUE ?
L’impact des actions de grèves dans notre secteur est, comme en Finlande, plutôt limité, à cause des réquisitions massives, qui dans beaucoup de cas ont l’effet pervers que durant les grèves, il y a plus de personnel présent que d’habitude vu le contrôle supplémentaire.
Des manifestations sont utiles pour annoncer nos revendications à un large public et pour mobiliser afin d’impliquer un maximum de collègues dans l’action. Comme moyen de pression sur le gouvernement et les employeurs, c’est beaucoup moins utile: à Bruxelles il y a quotidiennement diverses manifestations…
Il y a lieu de réfléchir sur ce qu’est un ‘vrai ultimatum’. Le bas taux de syndicalisation dans le non-marchand belge est plutôt un obstacle pour initier des actions collectives dures et rapides … il faudra en tenir compte. Un autre élément perdra toujours plus de sa valeur : l’idée de soi-disant ‘intérêts communs’ entre les travailleurs et les employeurs (lesquels veulent le plus de subsides possibles afin de pouvoir en mettre davantage dans leurs poches). La compétition croissante entre hôpitaux, entre autres par la commercialisation rampante, se fera sentir de plus en plus sur le lieu de travail par une politique de plus en plus répressive envers le personnel. Dans les maisons de retraites commerciales, nous en avons déjà un avant-goût !
MALAISE DANS LES HOPITAUX PRIVES A BRUXELLES…
Selon différents directeurs d’hôpitaux, durant les 5 années à venir, entre 1.000 et 2.000 lits se perdront à Bruxelles.
En-dehors de la question qu’il y ait oui ou non une surcapacité de lits à Bruxelles, ce détricotage se fera sur le dos des travailleurs et des patients. A cause d’une mauvaise gestion, beaucoup d’hôpitaux ont accumulé des dettes énormes, mais cela n’inquiètera pas les directions. Ce ne sont pas elles qui devront chômer ou attendre qu’un lit se libère lorsqu’elles seront malades! Les hôpitaux privés, qui n’ont rien à craindre ces prochaines années et semblent donc en bonne santé financière, se comptent sur les doigts d’une main.
Les premiers dominos sont déjà tombés avec le licenciement collectif à St. Etienne ainsi qu’à l’hôpital Français qui est, depuis le 7 avril, dans la première phase de la loi Renault. A Erasme, on s’attend à une restructuration considérable à partir de juin. A St-Luc on a accumulé une dette sérieuse. Les ‘tendances pharaon’ (ç.-à-d.: toutes sortes de projets de construction) de la part des directions n’y sont pas étrangères. On veut augmenter encore plus la flexibilité du personnel, mais on l’appelle différemment : ‘rentabiliser’.
Vu l’impact social de cette évolution en terme d’emplois et de services à la population, nous ne pouvons pas laisser traîner les choses en longueur.
Au lieu de s’attaquer à la vague de restructurations hôpital par hôpital, il nous faut une initiative syndicale unie au niveau de Bruxelles… afin de réveiller les responsables politiques et de leur mettre devant leurs responsabilités. Il y a beaucoup trop peu de contrôle de la part des autorités sur la manière dont les directions hospitalières utilisent les moyens de la communauté.
Comme dans le tract de la LBC pour le 30 avril:
“MAIS QUI LE RESOUDRA ?”Evidemment notre secteur ne se trouve pas sur une île; par conséquent, la politique néolibérale laisse des traces dans les soins de santé.
Il faut constater qu’aucun parti représenté dans le parlement ne défend de façon consistante les intérêts des travailleurs.
Des braillards populistes tel un Dedecker se rendent sympas par leur discours anti-establishment, mais parallèlement, leur programme économique est un rêve pour tout patron: engraisser les actionnaires sur le dos des travailleurs.
Lors de la discussion sur le Pacte de solidarité entre les Générations il n’y avait aucun parti traditionnel pour défendre les travailleurs et leurs syndicats; au contraire: la plupart étaient d’avis que les assainissements du pacte n’allaient pas assez loin.
La lutte syndicale a besoin d’un prolongement politique, mais celle-ci n’existe pas dans le parlement actuel. La seule alternative, c’est la construction d’un nouveau parti large et démocratique des travailleurs, mais il s’agit d’un processus complexe et de longue haleine: cela ne tombera pas soudainement du ciel! Tant que des parties importantes de la FGTB et de la CSC ne cassent pas leurs liens exclusifs respectifs avec le PS et le CDh-CD&V, une percée pour un parti viable et démocratique des travailleurs ne sera pas possible.
Après les actions contre le Pacte de Solidarité entre les Générations, de nouveaux mouvements politiques, dont le CAP, se sont créés. Le ‘Comité pour une Autre Politique’, né à l’initiative de vétérans du mouvement ouvrier (dont Jef Sleeckx et Georges Debunne) était le plus clair en terme de mise à l’ordre du jour de la nécessité d’une voix politique indépendante pour le mouvement ouvrier et les travailleurs en général. Ce n’est malheureusement resté qu’une tentative honorable… Beaucoup de gens dans le mouvement des travailleurs organisés ont suivi à distance ce développement, mais n’y ont pas participé activement.
Ce n’est que par la lutte sociale massive que cette question sera soulevée de nouveau. Entretemps nous devons construire des réseaux (inter)sectoriels de syndicalistes combatifs et critiques. C’est le défi qu’Hypertension s’est posé dans le non-marchand.
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Le MAS/LSP évalue son engagement dans le Comité pour une Autre Politique. Un nouveau chapitre dans le processus vers un nouveau parti des travailleurs
Depuis le milieu des années ’90, le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) et son précurseur « Militant », ont appelé à la formation d’un nouveau parti des travailleurs. Cet appel répondait au fait que les partis « socialistes » sociaux- démocrates (mais aussi les Partis « Communistes » ailleurs en Europe) avaient ouvertement laissé tombé, après la chute du mur de Berlin et l’effondrement des régimes staliniens, toute ambition pour un changement socialiste de la société. Ils ont ainsi approuvé la logique de profit du marché « libre », ont démantelé et vendu les anciens services publics au plus offrant (dans le meilleur des cas) et ont accompagné ou mené les attaques contre la sécurité de travail et d’existence des familles de la classe ouvrière.
Au niveau d’une entreprise ou d’un secteur, la lutte peut parfois freiner la politique néolibérale, comme aux Forges le Clabecq. Mais comme la législation sociale et les grandes lignes politiques sont déterminées au niveau (inter)national et/ou régional, un instrument politique pour les travailleurs est aussi nécessaire, afin d’y engager le combat. Cet instrument politique, un parti, doit selon nous réunir toutes les tendances du mouvement ouvrier préparées à lutter contre le néo-libéralisme. Il doit être un organe de lutte et pas une machine électorale. Et il doit encore, à l’époque post-stalinienne, être ouvert au débat démocratique, aussi entre les courants organisés.
Sinon, nous l’avons dit, ce serait un enfant mort-né. Dès le début, le MAS/LSP a été clair : au sein d’un tel parti large de lutte, le programme que nous défendons est celui du MAS/LSP. Le fait de reconnaître la nécessité d’un parti capable d’organiser la lutte ainsi que le débat démocratique et d’essayer d’en promouvoir la création n’est pas contradictoire avec le fait de rester persuader de la nécessité d’un changement socialiste de la société. Toutefois, nous considérons notre programme non comme un ultimatum mais comme une contribution. Après que la lutte contre le Pacte de génération ait conduit fin 2005 jusqu’à une rupture au sein de la FTGB entre la base syndicale et les responsables du parti social-démocrate, une chance sérieuse s’est présentée pour créer un tel parti. Le MAS/LSP, qui a à ce moment lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, n’a pas été le seul à le remarquer. Pas mal de délégations syndicales, des personnes issues du cadre moyen des syndicats, l’ancien président de la FGTB Georges Debunne et l’ancien parlementaire du SP Jef Sleeckx sont également arrivés à cette conclusion.
Ils ont voulu, selon les paroles de Sleeckx lors d’une réunion tenue entre lui et le Bureau Exécutif du MAS/LSP en janvier 2006, mettre en place un parti fédéral au-delà des frontières linguistiques dans lequel tous qui souhaitait lutter contre le néo-libéralisme serait le bienvenu tout en conservant sa spécificité propre. Un parti de lutte antiraciste qui serait, aux antipodes de la social-démocratie, bien présent sur les piquets de grève et dans la lutte sociale. Le potentiel énorme pour un tel parti est ressorti de l’intérêt porté par la presse au cours de l’été 2006 et des centaines de mails et de coups de fil spontanés qu’a suscité « l’initiative de Sleeckx ».
Mais toute nouvelle initiative démarre inévitablement avec des hésitations et de la lenteur. Au lieu de lancer aussi publiquement un appel clair pour un nouveau parti et utiliser cela comme pôle d’attraction, Sleeckx s’en est tenu à des appels vagues pour une « autre politique ». Nous supposons que Sleeckx a voulu gagner du temps pour impliquer plus de forces dans son initiative, mais nous pensons que cela a été contreproductif. Au fur et à mesure que la lutte contre le Pacte des Génération s’éloignait derrière nous, les délégations syndicales ont adopté une attitude plus attentiste. D’autres se sont imposés et ont exigé le privilège de changer unilatéralement les décisions, de mettre en question le caractère fédéral de l’initiative, puis le droit de conservé sa spécificité propre et finalement la participation électorale indépendante. La nouvelle initiative a été entrainée dans des manœuvres de ralentissement et d’opposition et le nombre de participants et leur enthousiasme a diminué lors de chaque nouvelle discussion. Finalement, Sleeckx a décidé de ne pas se présenter comme candidat aux élections législatives de 2007. Les syndicalistes qui étaient impliqués dans l’initiative lui ont reproché d’être resté sur le quai alors qu’ils étaient embarqués dans le train de son initiative.
Le MAS/LSP s’est pleinement et dès le début engagé dans l’initiative de Sleeckx. Nous avons mis à sa disposition nos militants et notre matériel, entre autres pour les interventions à VW à la fin de 2006, lors de la manifestation pour le pouvoir d’achat de fin 2007 ou encore pour récolter les signatures de parrainage pour se présenter aux élections et pour diffuser la propagande dans la campagne électorale de 2007. Chaque fois, nous avons largemment mobilisé la moitié de toutes les personnes présentes aux congrès et aux réunions nationales, sans faire usage de notre prépondérance numérique. Ne pas avoir utilisé notre majorité numérique explique le fait que les membres du MAS/LSP n’avaient que de rares places proéminentes sur les listes électorales et que le vague slogan électoral « pour une autre politique » est resté. Le MAS/LSP était prêt à continuer d’adopter cette attitude aussi longtemps qu’une petite chance existait pour que le comité pour une autre politique puisse se développer.
Nous devons malheureusement constater que, systématiquement, chaque nouvelle initiative mène à des discussions sans fin, qu’une partie non négligeable du CAP n’est pas gagnée à l’idée d’un parti qui se base sur « les travailleurs » et que les mots d’ordre du CAP se droitisent avec un tic de langage paternaliste de « félicitations aux travailleur ». Nous pensons que le rôle du CAP comme moyen pour promouvoir la création d’un nouveau parti des travailleurs est terminé, comme en témoigne son incapacité à jouer un rôle dans la crise politique actuelle et dans le mouvement autour du pouvoir d’achat. C’est une constatation lamentable. Le MAS/LSP a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter cette situation, sauf imposer notre majorité numérique. Chaque proposition concrète de notre part a été bloquée par une petite minorité au profit d’un projet sans contenu, vague et amateur.
Il semble que le PTB – qui s’est publiquement converti au « réformisme », de moins en moins présent dans les mouvements de lutte et qui dit explicitement ne pas être ouvert aux groupes organisés – va probablement être capable d’occuper une partie de l’espace électoral présent à la gauche de la social démocratie et des verts. Sleeckx, Debunne et le CAP n’ont qu’à se remercier eux-mêmes. Toutefois, le refus d’autoriser un véritable débat large et démocratique, également avec les forces organisées, et la base de son succès (le réformisme) peut casser cette situation après quelque temps, dès que la tentation des coalitions et des postes politique vaincra les principes idéologiques.
Le plaidoyer du MAS/LSP pour un nouveau parti large des travailleurs n’a jamais signifié de plaider pour le réformisme et un retrait de la lutte, mais de plaider au contraire pour un organe de lutte plus large ouvert à tous les courants du mouvement ouvrier et qui permette de débattre d’une alternative pour le mouvement ouvrier. Le fait que les dernières grandes réformes à l’avantage des travailleurs sont dans notre dos depuis des dizaines d’années déjà illustre que l’âge d’or du réformisme est lui aussi dans notre dos et que de véritables améliorations ne sont plus possibles que dans le cadre de mouvements de lutte qui remette en cause le capitalisme lui-même pour réaliser une société socialiste démocratique.
Les possibilités pour la construction d’un nouveau parti large des travailleurs semblent en ce qui nous concerne reportées à une date ultérieure. Nous voulons garder et entretenir les contacts avec un certain nombre de membres et de groupes locaux du CAP pour une nouvelle coopération à l’avenir. Entre-temps, nous voulons nous consacrer toutefois principalement à intégrer ces jeunes et ces travailleurs qui veulent nous aider à construire un parti orienté vers un changement de société, un parti socialiste révolutionnaire, le MAS/LSP. C’est déjà cela que nous avons fait avec nos initiatives dans le domaine de l’antiracisme et de l’anti-sexisme, avec notre coopération avec les groupes révolutionnaires issus de l’immigration et à l’étranger, ainsi que par notre travail patient sur les lieux de travail et dans les syndicats. Nous collaborerons dans la mesure du possible avec d’autres forces à gauche, sans exclusivités. Lorsque la moindre chance se présentera à nouveau de construire un véritable nouveau parti des travailleurs démocratique, nous nous intégrerons de nouveau à l’initiative.
Nous voulons soumettre cette prise de position les mois prochains à nos militants, jusqu’à notre comité national des 3 et 4 mai. Nous invitons aussi les membres du CAP qui le souhaitent à nous communiquer leur manière de voir les choses. Entre-temps, nous nous engageons dans les sections locales qui fonctionnent réellement. Sur le plan national, nous suspendront notre participation au secrétariat national et nous limitons notre présence au comité national du CAP à une présence minimale pour pouvoir donner notre avis si nécessaire. Nous espérons que les militants du CAP avec lesquels nous avons bien collaboré au cours des deux années passées montreront du respect et de la patience durant notre consultation interne.
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Présentation du CAP sur Wikipédia
Nous avons trouvé cet article sur l’encyclopédie libre wikipédia (http://fr.wikipedia.org). Si cela pose un problème à l’auteur, ou aux auteurs, que nous publions l’article sur notre site qu’il n’hésite pas à nous contacter. Dans le cas contraire, nous serions tout de même heureux de rentrer en contact avec lui, car nous avons été agréablement surpris par sa façon précise et honnête de présenter les choses.
Le Comité pour une Autre Politique (CAP), en néerlandais Comité voor een Andere Politiek, est un mouvement politique belge, orienté à gauche, et fondé fin 2005 (bien qu’officiellement lancé le 28 octobre 2006). ·
Création
Les initiateurs sont Jef Sleeckx, ancien député SP.a, Lode Van Outrive, ancien eurodéputé SP.a, et Georges Debunne, ancien président de la FGTB et de Confédération européenne des syndicats. Tous trois ont été actifs pendant des décennies au sein du mouvement socialiste belge.
Un congrès de fondation national a été organisé le 28 octobre 2006 devant un auditoire de l’Université libre de Bruxelles. Divers groupes politiques de gauche tels que le MAS, le PCB, et le POS y étaient présents afin de soutenir l’idée d’une formation de gauche large. Cette tradition d’assemblées nationales se perpétue depuis lors.
Histoire
L’histoire de la collaboration des trois initiateurs a débuté en 2005, après que le gouvernement belge ait annoncé que le projet de Constitution européenne ne serait pas soumis à un référendum, comme dans la plupart des pays d’Europe. Jef Sleeckx et Georges Debunne se rendirent au Parlement flamand le 8 novembre 2005 avec une pétition signée par 15000 citoyens belges, afin de demander qu’un référendum soit organisé en Flandre. Cette action ne porta pas de fruit, apparemment parce que la décision du référendum était d’ordre national, et non pas régional.
Fin 2005, les trois compères se retrouvèrent à nouveau dans le cadre de la lutte contre le Pacte des Générations – un plan de réformes des pensions qui avait été massivement critiqué par la population : les manifestations et grèves organisées en opposition à ce plan étaient les plus grandes qu’ait connues la Belgique depuis la lutte contre le Plan Global du gouvernement Dehaene, en 1992. Les sondages du moment montraient que près de 75% des Belges étaient opposés à ce plan, tandis que seuls 3% des parlementaires votèrent contre ce plan. C’est également dans le cadre de ces événements politiques, que des désaccords frappants furent marqués entre la FGTB et le SP.a – partenaire politique traditionnel de la FGTB en Flandre.
La conclusion tirée par les initiateurs du CAP, était que ces chiffres révélaient un gouffre énorme entre l’avis de la population, et les décisions prises par les personnes censées représentées cette même population.
Tirant l’analyse que ces désaccords provenaient d’un virage à droite du SP.a, qui se coupait ainsi de sa base militante traditionnelle, Jef Sleeckx et ses comparses décidèrent qu’il était temps de créer un nouveau mouvement politique à gauche du SP.a. Ils argumentaient aussi que la montée du parti d’extrême-droite Vlaams Belang était due à la recherche d’une alternative "populaire" de la part de l’électorat, et que seule la création d’un parti de gauche qui exprimerait réellement l’avis populaire pourrait enrayer la montée du VB (et non pas des mesures légales telles que l’établissement de cordons sanitaires et autres procès pour incitation au racisme), et ainsi résoudre la crise de la démocratie.
En cela, ils étaient également inspirés dans cette démarche par les positions et résultats obtenus par le WASG allemand et le SP néerlandais.
Cet avis fut exprimé dans un journal flamand, et attira l’attention de nombreuses personnes – notamment des délégués syndicaux anversois – qui partageaient l’avis des trois initiateurs. Voyant ce soutien, Jef Sleeckx prit la décision de concrétiser cette opinion, sous la forme du "Comité voor Een Andere Politiek", qui s’abrégea tout d’abord sous la forme EAP – Een Andere Politiek, puis sous la forme CAP actuelle. Jeff entreprit donc un tour de Flandre, puis de Belgique, en donnant des conférences prônant la mise en place de cellules CAP locales, qui auraient pour tâche de regrouper les partisans du projet de nouveau parti de gauche, et de commencer à préparer le congrès fondateur du 28 octobre 2006.
La date du samedi 28 octobre 2006 fut choisie pour commémorer la grande manifestation contre le pacte des Générations, qui avait eu lieu un an pile poil auparavant, le vendredi 28 octobre 2005 . La date initialement prévue était celle du 21/10, mais cela tombait, entre autres, en portaufaux avec les concerts contre la violence initiés par le groupe Deus. Ce congrès a donc confirmé le souci des 600 personnes présentes de construire une nouvelle formation politique qui réunirait l’ensemble des gens qui ne se retrouvaient plus ni dans la social-démocratie (PS, SP.a), ni dans l’écologisme politique (Ecolo, Groen!). Toute la "petite gauche" radicale était également présente, avec le MAS, le POS, le PC en tant que participants, et le Vonk et le CCI, qui étaient venus "pour voir". Le Bloc-ML était bien entendu absent, de même que le PTB, qui préféra garder cette date pour son festival cubain annuel.
Participation aux élections de 2007
Lors du deuxième congrès national CAP du 3 février 2007, une large majorité des participants décida de se présenter aux élections fédérales du 10 juin 2007.
Une proposition de Groen!, qui désirait intégrer des candidats CAP sur ses listes électorales, fut massivement rejetée. La raison principale de ce rejet était que le CAP refuse de collaborer avec des partis qui participent ou désirent participer à un gouvernement avec des partis qui appliqueront une politique jugée néolibérale par les membres du CAP ; une autre raison était que les membres du CAP craignaient d’être utilisés par Groen!. Il fut également discuté de la position du PTB vis-à-vis du CAP. Le PTB a en effet refusé de se joindre au CAP pour les élections. Selon certains, ce refus trouve son origine dans le fait que l’absence de Jeff Sleeckx sur les listes ne lui ferait gagner aucune voix. Selon d’autres, la raison de ce refus est que le PTB tente d’éviter les alliances électorales depuis "l’affaire Abou Jajah". Le PTB, quant à lui, a motivé ce choix par le refus du CAP de faire figurer les lettres "PTB" dans le nom de la liste (voir article où est mentionnée "la main tendue par le PTB+").
La troisième assemblée nationale du 14 avril 2007 a confirmé le programme électoral avec ses amendements. Outre les deux listes pour le Sénat (la liste francophone et la liste néerlandophone), le CAP présentera des listes pour la Chambre des Représentants dans toutes les provinces flamandes, ainsi que dans les provinces wallonnes du Hainaut et de Liège, et à Bruxelles. Ces listes, ainsi que l’ébauche de programme, sont accessibles sur le site du CAP.
La polémique autour du CAP en Belgique francophone
Une polémique s’est levée concernant les comités CAP en Wallonie et à Bruxelles. En effet, une autre tentative de rassemblement de la gauche, nommée "Une Autre Gauche" (UAG), s’était créée en Belgique francophone.
Il s’est cependant vite avéré que les objectifs et les méthodes d’UAG divergeaient trop de ceux du CAP que pour pouvoir poursuivre leur collaboration. D’autre part, la direction d’UAG était farouchement opposée à une fusion des deux mouvements pour n’en former qu’un seul sur le plan national. La polémique débuta lors des mobilisations pour la conférence du 28 octobre 2006. Dans le courant du mois de mai, le MAS décida de quitter UAG. Le jour-même du 28 octobre, aucune polémique ne fut ouvertement engagée au sujet des rapports entre UAG et le CAP.
Cependant, après la conférence du 28 octobre, des membres CAP résidant en Belgique francophone (pour la plus grande partie, membres du MAS) prirent l’initiative de lancer des comités CAP en Wallonie et à Bruxelles. La lettre de rupture justifiant cette décision peut être trouvée.
UAG demanda immédiatement à la direction du CAP de rappeler leurs militants à l’ordre, mais cette dernière hésita, et préféra ne pas prendre position, laissant les CAP francophones voler de leurs propres ailes. Il apparaît que la direction du CAP aurait préféré continuer à avancer en invitant à la fois les dirigeants d’UAG et ceux des CAP francophones aux réunions de direction. Mais cela était contesté par les CAPistes francophones qui contestaient la représentativité des délégués UAG. UAG boycotta alors l’assemblée du 3 février. C’est pourtant lors de cette conférence que fut ouvertement posée la question de la collaboration UAG-CAP par les membres du SAP (l’équivalent du POS en Flandre), à laquelle la direction CAP ne fournit à nouveau aucune réponse, tandis que d’autres orateurs décidèrent de s’exprimer à ce sujet, tantôt pour, tantôt contre UAG.
Les CAP wallons et bruxellois connurent ensuite une forte croissance, surtout dans le Hainaut et à Liège, se construisant rapidement autour de la dynamique de la préparation aux élections. Lors de la conférence du 14 avril, plus personne au sein du CAP ne parlait d’UAG.
A ce jour, il semble que la situation soit celle-ci :</b<
1) même s’il a été dit par plusieurs groupements (POS, PTB, PCB, etc.) que le CAP en Wallonie n’était rien d’autre qu’un "MAS+", il s’avère qu’à l’heure actuelle, après seulement trois mois de "vie séparée", la majorité des membres et des dirigeants du CAP wallon ne sont pas membres du MAS (voir, notamment, la composition des listes).
2) plusieurs membres importants d’UAG ont maintenant rejoint le CAP.
3) la majorité des membres du CAP, au niveau national, sont maintenant favorables aux CAP francophones, même si la crainte de les voir dégénérer en "comités MAS+" était forte au début.
4) UAG est maintenant considéré par la majorité des membres CAP comme un simple groupuscule d’activistes de gauche, qui est toujours invité à participer au CAP en tant qu’organisation fédérée, mais certainement plus en tant qu’équivalent CAP francophone, puisque les CAP francophones sont insérés dans les mêmes structures que les autres comités flamands (sans compter le plus grand nombre de membres, etc.).
5) la plupart des dirigeants du CAP (Raf Verbeke, Mon Steyaert, Jeff Sleeckx, Georges Debunne…) soutiennent les CAP francophones, bien que tacitement pour certains.
6) cependant, d’autres membres influents au sein du CAP, bien qu’en minorité, sont toujours opposés à ces comités, et parlent en leur nom en laissant croire qu’ils le font au nom de la majorité du mouvement, donannt de ce fait un poids aux arguments "anti-CAP francophone". C’est le cas notamment de Lode Van Outrive – qui, de ce fait, et pour d’autres raisons, s’isole par rapport au mouvement. Lode Van Outrive était d’ailleurs absent de l’assemblée du 14 avril.
7) au cours de cette polémique, le PCB s’est profondément divisé. En Wallonie, le PCB de La Louvière a déposé ses propres listes pour le Sénat et le Hainaut ; il semble que la section de Liège continue à collaborer avec UAG ; les sections flamandes ont, quant à elles, apparemment rejoint le CAP dans leur majorité.
8) la LCR (ex-POS) a également un rapport ambigu vis-à-vis de sa participation dans le CAP. Ses membres wallons participent toujours à UAG, avec une liste "Gauche" déposée dans le Hainaut. En Flandre, ses membres participent toujours officiellement au CAP, mais semblent être moins présents depuis le 3 février.
9) Enfin, le PTB reste très réservé par rapport à l’initiative du CAP. Voir, par exemple, l’article dans lequel il interviewe Lode Van Outrive sur la situation du CAP.
Perspectives pour le mouvement
Le CAP, jusqu’ici, tire un bilan extrêmement positif de la participation aux élections : le travail de longue haleine pour rassembler les fonds, discuter avec les gens, récolter les signatures, etc. a permis de créer des liens de collaboration au sein de la toute nouvelle équipe dirigeante du mouvement. Sans la construction autour du travail commun des élections, le CAP aurait dû affronter une période de stagnation, au cours de laquelle il n’aurait organisé qu’une réunion par-ci, par-là.
Le CAP a également reçu l’appui de personnalités de la gauche belge telles que Roberto D’Orazio. En Flandre également, c’est l’ancien bourgmestre limbourgeois SP.a Jules D’Oultremont qui a rejoint le CAP pour les listes limbourgeoises.
Des élections, le CAP espère retirer une certaine notoriété au sein de la gauche radicale belge. Les membres CAP attendent énormément des discussions qui pourraient se dérouler au sein de la gauche du PS, d’Ecolo et du PTB.
Outre les élections, le CAP a déjà organisé plusieurs manifestations contre les fermetures des bureaux de poste. Son bus était également présent à de nombreux piquets (Volkswagen, Arjo-Wiggins…) et manifestations (Gay Pride, manif anti-guerre en Iraq…). Le CAP a également le soutien de nombreux délégués syndicaux et du mouvement étudiant du MAS, les Étudiants de gauche actifs (EGA).
Le CAP s’attend maintenant à une nouvelle période favorable pour sa croissance. En effet, cela fait une année que la politique belge est dominée par les périodes électorales (communales en octobre 2006, législatives en juin 2007), et le "spectre" de la lutte contre le Pacte des Générations. Le CAP pense que la période post-électorale sera à nouveau dominée par ce qu’il appelle des "attaques néolibérales", et qu’il aura un important rôle à jouer dans le développement des luttes à venir.
Le CAP devrait tenir son prochain congrès national peu après les élections. Aucune date n’a cependant encore été avancée.
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Le CAP sera présent aux élections
Au moins 95% des 250 participants à la deuxième conférence du Comité pour une Autre Politique ont éliminé les derniers doutes existant sur la participation de l’initiative aux élections. Aux élections fédérales de juin, il y aura des listes « CAP » en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles.
Eric Byl
Un premier pas le 28 octobre
Le caractère de la conférence du 3 février était différent de celui de la conférence de fondation du 28 octobre. Le but de cette dernière avait été de tester la réponse que pouvait recevoir un appel pour une nouvelle formation ploitique large devant offrir une voix à ceux qui sont aujourd’hui réduits au silence.
La mobilisation était en quelque sorte plus importante que les décisions. Le MAS/LSP avait à ce titre livré une belle contribution en mobilisant presque 300 personnes – membres, sympathisants, collègues, amis,… – sur un total de 650 participants.
Le 28 octobre, il fallait commencer par installer la confiance entre des personnes et des groupes ayant parfois des origines et des perspectives assez différentes, balayer les préjugés et poser les bases de la coopération. Les différences politiques n’ont pas réellement été discutées en profondeur lors de cette réunion. Résultat : des groupes de travail où le but n’était pas toujours clair – et où la clarification des idées a parfois dû céder la place à des développements académiques longs et inutiles -, des réunions plénières où beaucoup de temps a été consacré à des contributions allant dans toutes les directions (y compris parfois dans des directions bizarres) et ensuite un sentiment de déficit démocratique.
La conférence du 28 octobre a tenté de réconcilier deux orientations opposées: un “regroupement de la gauche radicale” et la création d’une “nouvelle formation large” qui réponde à l’absence d’une représentation politique des travailleurs, de leurs familles et des autres opprimés. Beaucoup sont restés sur leur faim avec des sentiments partagés après cette conférence.
Le MAS/LSP a tiré de cette conférence un bilan critique sans perdre de vue qu’il s’agissait d’une étape insuffisante, mais sans doute nécessaire, que le mouvement devait dépasser.
La conférence du 3 février avait une autre tâche. L’accent n’a pas été mis sur la mobilisation, mais sur la discussion du contenu du programme électoral et, évidemment, sur la façon dont le CAP allait participer aux élections.
Plus de clarté après VW
Ce progrès n’a été possible que parce que beaucoup de choses ont été clarifiées depuis la conférence du 28 octobre,. La grève chez VW, la manière dont cette lutte s’est développée et l’intervention du CAP dans le comité de soutien ont illustré en pratique que le défi de la période à venir n’est pas de “regrouper” la petite gauche radicale, mais au contraire de remplir le vide laissé par l’absence d’une formation politique assez large, ouverte et crédible.
Les événements de VW ont été presque un laboratoire pour toute la société : l’emploi, les conditions de travail, la sécurité sociale, l’utilisation des moyens publics, la fiscalité, l’environnement, la pauvreté,… toutes ces questions y ont été posées.
Ce conflit a illustré la confrontation directe entre la vieille politique traditionnelle de cadeaux aux patrons, d’assainissements et de plans de démantèlement social et une autre politique orientée vers le maintien de l’emploi, des conditions de travail et de salaire. A VW, cela s’est exprimé clairement dans un conflit entre, d’un côté, le patron, le gouvernement et malheureusement une grande partie des dirigeants syndicaux et, de l’autre, la majorité des travailleurs soutenus par une partie des délégués syndicaux, surtout de la FGTB.
Le CAP a clairement choisi son camp et coopère avec les “rebelles” pour élaborer une stratégie combative et intervenir de manière active dans la lutte.
Relations avec Une Autre Gauche
Nous sommes arrivés à une fin (provisoire ?) des chamailleries avec le groupe francophone Une Autre Gauche (UAG). La différence d’orientation entre UAG et le CAP a été visible lors du conflit à VW, dont UAG a largement sous-estimé l’importance. Pour eux, la grève de VW n’était qu’une occasion parmi d’autres de mettre à l’agenda le “regroupement politique de la gauche”.
UAG a décidé à sa dernière assemblée générale de mettre en veilleuse les relations avec le CAP, officiellement parce que le MAS/LSP avait décidé “sans autorisation” (dans ces termes-là !) de mettre sur pied des noyaux du CAP en Wallonie. En fait, UAG exige du CAP un fonctionnement bureaucratique et antidémocratique similaire au sien. Rien d’étonnant donc à ce qu’UAG ne réussisse pas à impliquer dans son “regroupement de la gauche” les seules formations de la gauche radicale ayant une implication dans les entreprises et les quartiers, c’est-à-dire le PTB/PvdA et le MAS/LSP. UAG s’est déclarée opposée à une participation électorale et n’envisage éventuellement de présenter une liste pour la Chambre que dans le Hainaut (mais même cela nous semble improbable).
La conférence du 3 février a enregistré une présence significative du CAP francophone. À Liège, dans le Hainaut ou en Brabant wallon, les sections actives du CAP s’élargissent rapidement. Il manque encore des figures publiques comme Jef Sleekx, Lode Van Outrive et Georges Debunne, mais le potentiel pour une nouvelle formation y est au moins aussi grand qu’en Flandre.