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Tag: Gaza
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Egypte : Le ''décret constitutionnel'' du président Morsi provoque des manifestations de colère
La classe ouvrière a besoin de son propre parti
Les élections parlementaires de novembre 2010, sous l’ancien président Hosni Moubarak, avaient tellement été truquées que son parti avait remporté 81% des sièges. Huit semaines plus tard, le soulèvement massif conduisait à son renversement. En novembre 2011, la jeunesse révolutionnaire opposée à la poursuite du règne du Conseil Suprême des Forces Armées (mis en place par Moubarak) a été brutalement attaquée par les forces de sécurité. Aujourd’hui, en novembre 2012, ils renouvellent les manifestations et les affrontements avec les forces de sécurité dans les rues du Caire et d’autres villes. Cette fois, le déclencheur a été la déclaration constitutionnelle faite par le Président Mohamed Morsi ce jeudi 23 novembre.
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
La déclaration de Morsi provoque rapidement une opposition
Quelques heures après la médiation du cessez-le-feu à Gaza entre le Hamas et le gouvernement Israélien, glorifié par les dirigeants du monde entier, Morsi a déclaré qu’il était ”autorisé à prendre toute mesure qu’il juge adéquate pour préserver la révolution, préserver l’unité nationale ou sauvegarder la sécurité nationale.” Aucune décision présidentielle prise depuis le 30 juin (quand Morsi a pris ses fonctions) ne pourrait donc être infirmée ni par une Cour, ni par l’assemblée constituante, qui ébauche une nouvelle constitution, ni par la chambre haute du parlement (le Conseil Shura).
Ces deux organismes sont dominés par les Islamistes politiques de droite du Parti Liberté et Justice de Morsi (les Frères Musulmans) ou du Parti Nour (les Salafistes) encore plus conservateurs. Ces dernières semaines, les membres chrétiens et libéraux de l’assemblée constituante en sont sortis, déclarant que les propositions constitutionnelles de la majorité sont antidémocratiques. Morsi a annoncé de nouveaux procès pour Moubarak et ses sbires récemment acquittés des meurtres organisés des manifestants de l’insurrection du 25 janvier 2011. Le procureur général, qui est aussi un survivant de l’ancien régime, a été destitué.
Dans les heures qui ont suivi l’annonce de Morsi, des milliers de personnes ont manifesté sur la place Tahir, dont beaucoup de supporters de foot, en scandant ”A bas Mohamed Morsi Moubarak” et ”le peuple veut renverser le régime”. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes, des grenailles et des pierres, et les manifestants ont mis en place des hôpitaux de fortune, dans des scènes qui rappellent les combats de rue de 2011.
Ce 24 novembre, des centaines de juges ont manifesté avec les mêmes slogans. Certains tribunaux sont entrés en grève et d’autres pourraient suivre. La direction de l’association des avocats a dit aux juges : ”le destin du pays est entre vos mains à présent. Si vous décidez de faire grève, nous ferons grève. Si vous décidez de faire un sit-in, nous vous rejoindrons.”
Pendant les dernières années de Moubarak, beaucoup de juges critiquaient le trucage des élections. Beaucoup reflètent le point de vue des opposants libéraux de la classe moyenne aux Frères Musulmans, bien que d’autres espèrent un retour de l’ancien régime, sous lequel ils ont prospéré. Une autre partie des juges soutient Morsi. Les scissions dans l’appareil judiciaire sont un signe de divisions plus larges en Égypte. Les actions en bourse ont chuté de 10% ce dimanche 25 novembre.
Des divisions apparaissent chez les Frères Musulmans
Les Frères Musulmans ne sont pas à l’abri de telles divisions. Il a été rapporté que le président du Conseil Shura a critiqué l’annonce de Morsi (bien qu’il l’ait nié par la suite), alors qu’il est un des dirigeants des Frères Musulmans, et le ministre de la justice a dit avoir des réserves sur l’annonce du président.
Il semblerait que Morsi puisse reculer devant la force de l’opposition plutôt que de risquer une montée de la confrontation dans les rues. Ce vendredi 23 novembre, une déclaration des Frères Musulmans a appelé à des marches le dimanche 25 et à une ”marche d’un million” le mardi 27, en soutien à Morsi. Mais le dimanche, le Parti Liberté et Justice a sorti une déclaration plus conciliante, disant qu’il ”est impatient d’avoir un dialogue avec tous les partis et forces politiques et les groupes sociaux et mouvements en ce qui concerne la situation actuelle et le projet (…), une opportunité pour obtenir le consensus souhaité, afin de remplir les espoirs et les aspirations de tout le peuple Egyptien”. Et le lundi, leur ”marche d’un million” a été annulée.
La répression contre les médias augmente. Plus tôt ce mois-ci, Dream TV (une chaîne privée) a reçu l’ordre d’arrêter sa diffusion (en dehors des émissions de sport et de divertissement). Elle avait un long passé de critique des régimes ancien et actuel. A présent, un tribunal a temporairement annulé l’interdiction. Une autre chaîne de télé qui soutenait l’ancien régime a aussi été fermée. Un éditeur de journal est en attente de son procès, accusé d’insulte envers le nouveau président. Ce dimanche, une réunion du syndicat des journalistes a menacé de faire grève en réponse aux mesures de Morsi.
Le mouvement ouvrier grandit – Morsi prépare la répression
La tentative de Morsi de renforcer ses pouvoirs montre son anxiété devant les défis à venir. Sa lune de miel au pouvoir est finie. Si beaucoup soutiennent encore Morsi, cela est surement stimulé par sont rôle de médiation à Gaza. Trois millions de travailleurs en Egypte sont maintenant organisés dans 800 syndicats indépendants (contre quatre syndicats indépendants avant l’insurrection de 2011). Deux mille dockers de Ain al-Sokhna employés par DP World (propriété du gouvernement de Dubaï) ont fait grève en octobre, dont 800 occupaient le port en se relayant, le mettant à l’arrêt. Ils protestaient contre le licenciement de huit syndicalistes et ont réussi à forcer l’entreprise à reculer. Cadbury, Suzuki Motors, Pirelli Tyres et d’autres multinationales ont toutes licencié des syndicalistes.
Le 14 novembre, les travailleurs du métro du Caire sont partis en grève, revenant 4 heures plus tard, après que le président de l’entreprise ait accepté de démissionner et que des négociations salariales aient été acceptées. Les dirigeants des grévistes ont été convoqués par les forces de sécurité et accusés d’entraver le travail, mais ils ont averti que les travailleurs repartiraient en grève s’ils étaient malmenés.
Après beaucoup de grèves et de manifestations ces derniers mois, Morsi a pris un ton menaçant : ”dans la nouvelle loi, il n’y a aucune place pour les blocages de routes ou l’obstruction à la production”. Le gouvernement rend l’organisation de syndicats indépendants plus difficile. Il veut renforcer la Fédération Syndicale Egyptienne appuyée par l’Etat, en remplaçant les dirigeants de l’ère Moubarak par de nouveaux dirigeants.
Un prêt du FMI avec obligations
Le Fond Monétaire International vient d’approuver un prêt de 4 ,8 milliards d’euros pour aider le déficit budgétaire Egyptien qui augmente. Par peur d’autres mouvements révolutionnaires, ”il y a un désir international d’aider à stabiliser le règne de Mohamed Morsi et de prévenir de chocs économiques qui pourraient provoquer des troubles dans les nations les plus peuplées du monde arabe”. (Financial Times, 24/11/12)
Le prix de ce prêt est un programme de ”réformes” de 22 mois, qui vise en particulier à couper les subventions sur l’énergie, qui représentent 20% du budget. Des millions de personnes dépendent du carburant subventionné pour cuisiner, se chauffer ou pour le transport. Un porte-parole du FMI a déclaré : ”Etant donné l’ampleur [des subventions], cela prendra plusieurs années de les réduire. Pour que la population s’approvisionne et pour protéger ceux qui sont dans le besoin, l’argent économisé ne peut pas être utilisé exclusivement pour réduire le déficit mais doit aussi consolider les dépenses sociales nécessaires.”
Le coût de la nourriture continue d’augmenter, ce qui cause de grandes difficultés. Tous les problèmes de l’époque de Moubarak restent – dont la pénurie d’emplois et de logements, les soins de santé inadéquats, le harcèlement sexuel envers les femmes, les coupes dans l’électricité et l’eau, les routes et les transports publics surchargés et mal entretenus.
Plus de 50 jeunes enfants ont été tués en allant à l’école lorsque leur bus a été percuté par un train le 17 novembre – la dernière de nombreuses tragédies en Egypte, où la sécurité déplorable prend des vies innocentes. Les infrastructures continuent de se détériorer, sans avoir été transformées par les soulèvements révolutionnaires en deux ans. Le premier ministre a été chassé de l’hôpital qu’il visitait par des membres des familles.
Pour une organisation indépendante de la classe ouvrière avec un programme socialiste
Les travailleurs ont besoin de continuer à construire leurs propres syndicats indépendants. Un parti de masse des travailleurs est aussi nécessaire pour rassembler les militants ouvriers, jeunes et des communautés impliqués dans la lutte. Bien qu’il soit juste de marcher ensemble avec les forces libérales en opposition aux mesures antidémocratiques de Morsi, les organisations ouvrières ont besoin d’une identité et d’un programme indépendants.
Il y a moins de 6 mois, les Socialistes Révolutionnaires (liés à la Tendance Socialiste Internationale) ont appelé à soutenir Morsi au second tour de l’élection présidentielle pour faire perdre Ahmed Shafiq, le candidat de l’ancien régime. Ils ont écrit à propos de ”l’erreur de ne pas faire de distinction entre le réformisme des Frères Musulmans et le ”fascisme” de Shafiq” (Déclaration du 28 mai). Quelle sorte de ”réformisme” Morsi montre-t-il à présent, en négociant avec le FMI et en essayant de se mettre au-dessus de toute contestation démocratique ?
Les Socialistes Révolutionnaires disent à présent que le régime des Frères Musulmans et les survivants de l’ancien régime sont ”deux faces de la même pièce… Nous disons à Morsi : vous et votre organisation êtes les vraies menaces contre la révolution, puisque vous acceptez les hommes d’affaire de Moubarak, courrez après les prêts du FMI, menacez l’unité nationale et vendez la révolution” (23 novembre 2012).
De tels revirements, sans analyse des positions erronées passées, provoquent la confusion plutôt que la clarification. Qui les Socialistes Révolutionnaires incluent-ils dans leur ”unité nationale” ? Est-ce la même ”unité nationale” dont Morsi parle dans sa déclaration ?
Ce qui est crucial aujourd’hui, c’est l’unité entre les travailleurs, les pauvres et les jeunes autour d’un programme de changement socialiste démocratique. Une deuxième révolution est nécessaire pour gagner de réels droits démocratiques sur la durée, et pour faire passer toutes les principales entreprises et les banques dans la propriété publique, sous contrôle réellement démocratique.
Les richesses de l’Egypte pourraient alors être utilisées de manière planifiée au profit de tous, pour mettre fin aux désastres tels que l’accident de train le 17 novembre. Une Egypte socialiste inspirerait une nouvelle vague de révolution socialiste démocratique dans la région.
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Les dirigeants israéliens sèment carnage et terreur pour servir leurs propres intérêts
‘‘Nul pays au monde ne tolérerait que des missiles pleuvent sur ses citoyens de par delà les frontières’’, a déclaré Obama, en soutien à Israël pour le bombardement de Gaza, des paroles qui déformaient délibérément la réalité qui est que la bande de Gaza est sous l’occupation brutale du régime israélien.
La situation est pire encore que ce que le mot ‘‘occupation’’ laisse présager. Gaza n’a absolument aucun contrôle sur ses frontières ou sur son commerce extérieur. Le territoire tout entier a été condamné à une pauvreté terrible suite à son blocage par l’armée et la flotte israélienne depuis six ans maintenant. La bande de Gaza a été victime d’incursions militaires régulières, de meurtres, d’agressions et d’emprisonnements arbitraires.
Dans le reste des territoires palestiniens occupés (essentiellement la Cisjordanie), le gouvernement israélien a poursuivi une politique de destruction des maisons et des vergers palestiniens afin de faire de la place pour les colons juifs et pour l’infrastructure d’État israélienne ainsi que pour empêcher la création d’un État palestinien.
Alors qu’ont estime que les milices palestiniennes à Gaza représentent 35.000 personnes équipés d’armes et de missiles de contrebande, Israël possède une armée de 175.000 soldats, avec 45.000 autres en réserve, avec une aviation, des hélicoptères, des drones, des tanks, et d’autres armes et bombes hypersophistiquées. Israël possède également des intercepteurs de missile ‘‘Iron Dome’’ qui identifient et détruisent en plein vol la plupart des missiles palestiniens.
Nous ne voulons pas fermer les yeux sur les attaques portées contre Israël. Elles causent parfois la mort de victimes innocentes, et en blessent d’autres. Certaines attaques ont presque atteint les zones de Tel Aviv et de Jérusalem, et elles ne servent en rien la cause palestinienne. Mais utiliser ces attaques pour justifier le massacre d’envergure contre les habitants de Gaza à l’aide d’armes high-tech est une tentative de cacher les véritables intentions des dirigeants israéliens et celles de leurs amis des classes dirigeantes du monde entier.
Le cessez-le-feu
L’opération ‘‘Pilier de défense’’ a semé la mort et la terreur à Gaza. Elle a mobilisé plus de troupes que l’opération ‘‘Plomb durci’’ de 2008-2009. Le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieverman a expliqué que ‘‘cette fois’’, l’invasion terrestre devrait être menée ‘‘jusqu’au bout’’, contrairement à la dernière fois. Les puissances mondiales et régionales ont toutefois fait pression pour l’instauration d’un cessez-le-feu afin d’éviter une invasion terrestre. Obama s’est juste contenté de dire qu’il serait ‘‘préférable’’ d’éviter une invasion terrestre. Mais la décision du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’accepter un cessez-le-feu n’est pas venue des suites des pressions internationales, mais d’un sondage israélien qui indique que même si 80% de la population approuve les bombardements, seuls 30% d’entre elle cautionnerait une invasion.
Le gouvernement déclare qu’il est de son devoir de stopper les attaques de missiles de Gaza. C’était aussi le but déclaré du massacre de 2008-2009, mais cela a échoué, et cette offensive est vouée au même sort. Nulle démonstration de force n’empêchera les habitants de Gaza de résister à l’occupation et à lutter pour rendre leurs vies plus tolérables. En plus de l’échec de la brutalité militaire, si les choses se poursuivent ainsi, les victimes en Israël vont se faire plus nombreuses, ce qui conduira à une remise en question et à une opposition à la guerre au sein même d’Israël.
De plus, la colère et la condamnation du massacre de la part de la population de tout le Moyen-Orient et à travers le monde va croître en parallèle avec le nombre de victimes en Palestine. Certains stratèges occidentaux craignent qu’une conséquence au désir des dirigeants israélien de détruire le Hamas soit le soutien indirect à d’autres milices palestiniennes, comme la Jihad Islamique, le partenaire favori du régime iranien à Gaza.
En réalité, bien que le Hamas lance de manière périodique des missiles sur Israël, et continue de le faire actuellement, il a à plusieurs reprises tenté d’imposer un cessez-le-feu à ses propres milices et à d’autres, afin de consolider son contrôle de la bande de Gaza en négociant avec Israël une certaine relâche de la répression et de la privation.
Peurs et objectifs de Netanyahu
Peu après la chute de missiles israéliens le 14 novembre, qui a tué le dirigeant militaire du Hamas Ahmed Jabari lors des premiers assauts, un accord de cessez-le-feu avait été conclu par Jabari. Mais Netanyahu et sa clique avaient d’autres plans en tête. Cela ne veut pas dire que la stratégie de Netanyahu est soutenue par toute la haute société israélienne, car il y a eu de nombreux avertissements du contraire et des dissensions ouvertes. Efraim Halevy, ancien dirigeant de l’agence d’information du Mossad, s’est ainsi distancé des attaques et a écrit : ‘‘Il est impératif qu’Israël contribue a un plan décidé par l’Egypte et soutenu par les Etats-Unis pour la région’’.
Mais Netanyahu a depuis longtemps préparé la voie à une possible attaque militaire contre l’Iran et est maintenant délibérément passé à la vitesse supérieure dans le conflit national. De la pure folie, menée avec au cœur la volonté de servir intérêts de l’impitoyable classe capitaliste. Cette dernière craint que le Hamas aient de nouveaux alliés dans la région suite à la victoire des islamistes en Egypte et en Tunisie, et au soutien croissant de la Turquie. Il y a quelques semaines l’émir du Qatar avait aussi visité Gaza et y a investi 400 millions de dollars, ce qui a renforcé la position du Hamas. L’élite du Qatar tente de développer sa propre influence régionale, notamment en profitant de la détresse des Palestiniens. Cela a été encouragé par le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, qui s’est soustrait à l’aide du régime d’Assad en Syrie où il était basé, afin de s’installer à Doha, au Qatar.
Le président égyptien Mohamed Morsi, des frères musulmans, ne veut pas faire ouvertement affronter l’élite égyptienne et veut garder le soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne et donc éviter tout conflit avec Israël. Il a donc collaboré avec des agences de sécurité israéliennes au blocage de Gaza et du Sinaï. Mais la population égyptienne en colère fait pression sur lui pour soutenir Gaza. Les dirigeants israéliens sont très inquiets à propos d’autres évènements dans la région, particulièrement concernant la Syrie et ses répercussions au Liban.
Il y a également eu des grèves, des manifestations et des émeutes contre le régime jordanien, un autre voisin d’Israël. Les capitalistes israéliens ne veulent pas que cette rébellion et les précédents soulèvements dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’inspirent les palestiniens des territoires occupés, ou ceux d’Israël, à se battre massivement aux côtés de la classe ouvrière israélienne. De plus, la réélection d’Obama n’a pas été de bon augure pour Netanyahu, qui ne veut pas se voir forcé d’entamer un processus de paix avec les Palestiniens. Il y a encore la tentative d’adhésion à l’ONU de la part de l’Autorité Palestinienne.
Mais la véritable raison du timing de cette attaque réside dans la tenue des prochaines élections en janvier, si elles ne sont pas reportées. Les deux partis de droite menés par Netanyahu et Lieberman veulent accroître leur nombre de sièges à la Knesset (le parlement). Ces deux partis ont donc joint leurs forces, mais des sondages après l’attaque sur Gaza n’ont pas révélé le soutien auquel ils s’attendaient. Cette attaque leur est toutefois bénéfique dans la mesure où elle distrait les Israéliens en leur faisant penser à autres choses qu’aux coupes budgétaires et à la diminution de leurs conditions de vie. De plus, elle donne une impression de consolidation de la Défense. La population d’Israël est sujette à une propagande massive de la part du régime, qui développe qu’il s’agit de la seule manière d’améliorer la sûreté du pays. Mais une minorité importante se rend bien compte que l’armée ne garantit pas sa sécurité, et une partie de cette minorité participe à des manifestations anti-guerre au sein même de l’Etat d’Israël.
Des organisations pour les travailleurs
Le cessez-le-feu, même s’il est un soulagement, ne répond pas aux aspirations des Palestiniens, pas plus que toute autre négociation de paix. Les dirigeants capitalistes des deux côtés de la frontière n’ont aucun programme allant dans cette direction, ni aucune solution pour mettre fin aux bains de sang.
Pour les Palestiniens, ni le Hamas, une organisation islamique de droite, ni la direction du Fatah en Cisjordanie n’ont une stratégie viable pour mettre fin à l’occupation ou fournir des conditions de vie décentes. Au lieu de cela, les masses palestiniennes ont besoin de construire leurs propres organisations démocratiques pour organiser la défense et prendre des mesures offensives basées sur la lutte de masse, contre le blocus et la privation de terres.
En Israël, suite au mouvement social sans précédent ayant impliqué des centaines de milliers de personnes en 2011, il faut un nouveau parti des travailleurs pour concrétiser les attentes du mouvement – des services, salaires et logements décents, etc.
C’est par la construction de nouveaux partis de masse des travailleurs dans la région que les capitalistes pourront être jetés dehors, et que des idées socialistes pourront prendre racine. Telle est la route vers la construction de deux États socialistes : une Palestine socialiste et un Israël socialiste en tant que partie d’une confédération socialiste de Moyen-Orient, pour jeter les bases d’un futur libéré de la guerre, de la terreur et de la pauvreté.
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Bruxelles rassemblement contre l'offensive meurtrière contre Gaza
Ce vendredi 16 novembre, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant la Bourse de Bruxelles afin de dénoncer les assauts sanglants contre Gaza avec l’opération ”Pilier de Défense". Non à la terreur d’Etat Israélienne ! Stop au massacre ! Pour la fin des tirs de missiles et des autres attaques contre Gaza!
Par Nico M. (Bruxelles)
Manifestation ce dimanche 25 novembre, au départ de la Gare du Nord (Bruxelles) à 13h30
- Gaza : Non à la terreur d’Etat Israélienne!
- Gaza : Non à la terreur d’Etat Israélienne!
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[DOSSIER] Quel avenir pour la Libye après la mort de Kadhafi ?
Dans cet article, publié initialement en anglais le 25 novembre, Robert Bechert (du Comité pour une Internationale Ouvrière) fait le point sur la situation après la mort de Kadhafi et développe la nécessité de construire une organisation indépendante des travailleurs, des jeunes et des pauvres de Libye, afin d’éviter le déraillement de la révolution.
Robert Bechert, CIO
Tandis que la défaite des dernières véritables forces de défense du régime dictatorial et de plus en plus mégalomane de Kadhafi a été largement acclamée, la manière dont ce régime est tombé signifie que de sombres nuages recouvrent le futur de la révolution libyenne.
Les masses laborieuses et la jeunesse libyennes sont maintenant confrontées tant à des opportunités qu’à des dangers. L’absence d’un mouvement ouvrier indépendant, l’amertume découlant d’une guerre civile de plus en plus brutale, et en particulier de l’intervention de l’OTAN, se sont combinées à l’histoire et aux caractéristiques propres de la Libye pour produire une situation sociale et politique extrêmement compliquée.
En aout, juste après la chute de Tripoli, nous écrivions que ‘‘La chute de Tripoli a été accueillie avec joie par un grand nombre de Libyens, mais certainement pas par l’ensemble d’entre eux. Un autre dirigeant autocratique, entouré de sa famille et de ses laquais privilégiés, a à son tour été renversé. Si cela avait été purement le produit d’une lutte de la part des masses laborieuses libyennes, cela aurait été largement acclamé, mais l’implication directe de l’impérialisme porte une ombre fort sombre au tableau du futur de la révolution…
‘‘Tandis que de nombreux Libyens font la fête, les socialistes doivent être clairs sur le fait que, contrairement à la chute de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Égypte, la manière dont Kadhafi a été éliminé signifie que ce qui est une victoire pour la population libyenne, en est également une pour l’impérialisme. Sans les soldats, forces aériennes, armes, organisations, et entrainement fournis par l’OTAN et par d’autres pays tels que l’autocratie féodale qatarie, Tripoli ne serait pas tombée aux mains des rebelles de la manière dont cela s’est produit.’’ (“Le régime Kadhafi s’effondre”, 26 aout 2011, www.socialistworld.net).
Bien entendu, les dirigeants occidentaux célèbrent aujourd’hui la mort de leur récent ami et allié Kadhafi avec un mélange d’hypocrisie et de recherche de profit. Ils ont ressorti du placard les vieux chefs d’accusation selon lesquels Kadhafi soutenait l’IRA en Irlande et, de manière générale, le terrorisme à l’échelle internationale. Toutes ces accusations avaient avaient sombré dans l’oubli après que Kadhafi soit devenu leur allié dans le cadre de la “guerre contre la terreur”. De telles charges pourraient d’ailleurs (et devraient) être dirigées contre le premier ministre britannique Cameron et tous les autres qui ont soutenu la guerre en Irak. Il y a aussi l’exemple des prédécesseurs de la flopée actuelle de dirigeants capitalistes qui, dans un passé pas si lointain, ont financé et armé les rebelles Contras au Nicaragua ou encore les Moudjahidines afghans, si merveilleusement “démocratiques” et “pro-femmes”.
Tandis que certains dirigeants de l’OTAN ont, après le désastre de l’invasion de l’Irak, utilisé cette guerre comme une tentative de réhabiliter la doctrine de l’“intervention humanitaire”, d’autres sont plus prudents, vu qu’ils ne sont guère confiants concernant l’avenir de la Libye. Les enquêtes menées par les gouvernements occidentaux autour des circonstances exactes de la mort de Kadhafi ne sont qu’une tentative de répondre à une partie du mécontentement public dans les médias. Ces derniers, avec les images du cadavre de Kadhafi, se sont lancés dans une véritable orgie de “death porn”. C’est aussi une manière de se donner une certaine marge pour se distancier des futurs développements en Libye, au cas où ceux-ci ne se dérouleraient pas de la manière dont ils l’espèrent.
L’administration Obama est complètement hypocrite lorsqu’elle réclame de savoir comment Kadhafi a été tué. Après tout, n’a-t-elle pas elle-même récemment tué Ben Laden plutôt que de le prendre prisonnier ? Nous aurions préféré que Kadhafi soit jugé pour ses crimes devant un tribunal populaire, ce qui aurait permis de révéler au grand jour la corruption de son régime répressif et ses liens avec l’impérialisme. Mais c’est précisément à cause de ces liens que l’impérialisme se réjouit si ouvertement du fait que Kadhafi ait été tué…
Les multinationales ont déjà commencé à réfléchir à la meilleure manière de tirer profit de la reconstruction de la Libye. Le gouvernement britannique a calculé qu’il y aurait au moins pour plus de 200 millions d’euros de contrat “à saisir” en Libye (London Evening Standard, 21 octobre 2011). Ainsi, dès le lendemain de la mort de Kadhafi, le ministre de la Défense britannique ordonnait aux entreprises britanniques de “faire leurs valises” pour aller en Libye y décrocher des contrats. Il n’a pas été rapporté s’il a précisé ce qu’il fallait mettre exactement dans ces valises, mais on peut d’avance supposer que quelques pots-de-vin seront en jeu. C’est là la manière “normale” de faire leurs affaires pour les compagnies internationales, surtout dans les pays riches en matières premières. À peine deux jours après cela, on apprenait que le même ministère de la Défense allait entamer des procédures légales pour empêcher un lieutenant-colonel britannique à la retraite, Ian Foxely, de publier un livre. Ce livre décrit en détails le paiement de 11,5 millions de livres sterling (13M€) qui auraient été versé à un prince saoudien pour “appuyer” un contrat de livraison de matériel militaire (Sunday Times de Londres, 23 octobre 2011).
Voilà la norme pour les puissances impérialistes. Elles n’ont jamais eu le moindre scrupule quant à leur soutien à des régimes dictatoriaux tels que l’Arabie saoudite aujourd’hui ou Kadhafi hier, tant que cela peut satisfaire leurs intérêts économiques et/ou stratégiques. Ainsi, ce n’était pas un problème pour le Royaume-Uni ni pour les États-Unis de “livrer” leurs propres prisonniers aux geôles de Kadhafi.
L’insurrection de masse de février
Au départ, Kadhafi, ayant tiré les leçons du renversement de Ben Ali et de Moubarak, a lancé une contre-offensive contre Benghazi et les autres centres de la révolution de février. Ceux-ci étaient certainement menacés, mais Benghazi, cité d’un million d’habitants, aurait pu être défendue par une défense populaire de masse, en plus d’un appel révolutionnaire aux travailleurs, aux jeunes et aux pauvres du reste de la Libye. Cela aurait pu mener à une victoire bien plus rapide et aurait évité l’intervention impérialiste.
À Benghazi en février, au début de la révolution, des affiches écrites en anglais étaient placardées dans la ville, avec le slogan “Non à l’intervention – les Libyens peuvent se débrouiller tout seuls”. Mais la direction auto-proclamée de l’insurrection ne voulait pas entendre parler de cela. Dominé par une clique de renégats du régime et d’éléments ouvertement pro-impérialistes, le Conseil national de transition (CNT), mettant de côté l’élan populaire initial et son attitude opposée à toute intervention étrangère, s’est tourné vers les puissances impérialistes et les États arabes semi-féodaux pour y chercher un soutien.
Les grandes puissances impérialistes ont sauté sur cette occasion d’intervenir, tout en se justifiant à l’aide d’arguments “humanitaires”, pour ‘‘sauver des vies’’. Elles tentaient ainsi de contenir la révolution, de reconstruire leurs points d’appui dans la région et d’accroitre leur exploitation des ressources naturelles libyennes. D’où leur approche extrêmement sélective en ce qui concerne la défense des civils.
Ces mêmes puissances impérialistes qui sont accourues à grands cris défendre Benghazi n’ont absolument rien fait pour empêcher l’offensive menée par le gouvernement israélien en 2008-09 contre Gaza. Cette année-ci, l’impérialisme a virtuellement gardé le silence sur la brutalité de ses proches alliés – le régime bahreïni et l’autocratie saoudienne – lorsque ces derniers ont manœuvré afin d’écraser l’opposition de la manière la plus violente qui soit. D’une manière qui n’est pas sans rappeler l’effondrement des régimes staliniens il y a 20 ans, l’impérialisme a tiré parti d’un mouvement spontané qui savait fort bien contre quoi il se battait, mais qui par contre ne possédait pas un programme clair qui lui soit propre. C’est pourquoi les militants du Comité pour une Internationale Ouvrière à travers le monde se sont résolument opposés à l’intervention de l’OTAN et ont constamment prévenu qu’il ne fallait en aucun cas entretenir la moindre illusion envers l’OTAN, insistant sur le fait que les travailleurs et la jeunesse du pays devaient construire ensemble leur propre mouvement démocratique et indépendant s’ils voulaient assurer que cette révolution puisse réellement transformer leurs vies.
Qui dirige la Libye aujourd’hui ?
Les puissances impérialistes, le CNT et d’autres affirment que la Libye a connu la plus complète de toutes les révolutions survenues en Afrique du Nord au cours de cette année. Dans un certain sens, c’est vrai puisque, malgré le fait qu’une certaine couche d’ex-cadres de Kadhafi ait décidé de virer de bord, la plupart du vieil État, et en particulier les forces armées et la police, a entièrement été démantelée au cours de la révolution et de la guerre civile. Mais, à la fois, ce n’est pas vrai, dans le sens que les révolutions en Tunisie et en Égypte ont toutes deux été un mouvement de masse qui a terrifié l’impérialisme, malgré le fait que dans ces deux cas, la machine étatique du vieil État soit jusqu’à présent en grande partie parvenue à se préserver en sacrifiant à cet effet le vieux dictateur qui se trouvait à sa tête. En Libye, au contraire, l’impérialisme s’est non seulement accommodé de la révolution mais, dans un certain sens, il en a même tiré profit.
À de nombreux égards, le CNT reste toujours essentiellement une force nationale fictive, sa base de pouvoir demeurant surtout à l’est, autour de Benghazi. C’est d’ailleurs de là aussi qu’a été proclamée la fin de la guerre civile le 23 octobre dernier. Aucune date n’a encore été avancée pour le déménagement du CNT à Tripoli – qui n’est pas seulement la capitale de la Libye, mais aussi la ville où vit un tiers de la population du pays. Les dirigeants du CNT ne sont toujours pas parvenus à nommer un nouveau “cabinet” pour remplacer celui qui a démissionné après le meurtre – toujours inexpliqué – du commandant militaire du CNT, le général Younès, par certains de ses ex-alliés rebelles. Le premier “premier ministre” du CNT, l’infâme Mahmoud Jibril, a été maintenant remplacé par Ali Tarhouni. Tarhouni était l’ancien ministre des Finances du CNT. Jusqu’à la révolution, il était professeur d’économie à l’université de Seattle, aux USA. Sa femme est avocate et travaille pour le Parquet de l’Etat de Washington. Tarhouni a reçu un mois pour nommer un cabinet intérimaire, ce qui montre bien l’ampleur des problèmes auxquels est confronté le CNT, ne serait-ce que pour se constituer lui-même.
La tragédie de la première étape de la révolution libyenne est le fait que l’insurrection initiale, essentiellement spontanée, n’a pas eu pour résultat le développement d’une auto-organisation démocratique des masses laborieuses et de la jeunesse.
Malgré l’implication d’un grand nombre de Libyens dans les combats et malgré l’armement de masse de la population, il n’y a jusqu’à présent aucun signe de la moindre tentative de la part des travailleurs, des jeunes et des pauvres libyens d’établir leur propre pouvoir indépendant, démocratique et collectif sur la société. Tandis que des organes locaux, souvent de quartier, ont surgi çà et là, ils ne sont pas connectés ensemble, ni systématiquement démocratiques. Sans organisations fortes, démocratiques et indépendantes dans les quartiers et dans les entreprises, ce sont les milices et les mosquées qui sont en train de prendre la direction de l’organisation de la sécurité et du redémarrage des services publics. Mais ces milices ne sont pas dirigées de manière démocratique et la population n’a aucun contrôle sur elles. Elles sont divisées selon des lignes géographiques, tribales, ethniques ou philosophiques, et leurs dirigeants ont leur propre agenda.
En l’absence, jusqu’à présent, du développement d’un mouvement ouvrier et de forces de gauche, les groupes islamistes ont commencé à tenter de se constituer un soutien plus large. L’État pétrolier autocratique du Qatar, qui possède le réseau télévisé al-Jazira, joue un rôle crucial par son soutien à des milices ou à des dirigeants individuels.
Lorsqu’il a proclamé à Benghazi la “Libération de la Libye” et la fin des combats, le président du CNT Jalil – l’ex-ministre de la Justice de Kadhafi – a déclaré : ”En tant que pays islamique, nous avons adopté la charia comme base de notre loi.” Qui au juste a pris cette décision ? Ce n’est pas très clair, mais cela reflète l’influence croissante des forces islamistes. Jalil a annoncé dans la foulée, et de manière complètement inattendue, l’interdiction des intérêts sur les prêts d’argent et l’abolition d’une loi décrétée naguère par Kadhafi qui requérait des hommes une autorisation de la part de leur femme dans le cas où ils voulaient prendre une seconde épouse. Jalil a justifié cela par le fait que : ”Ceci n’est pas notre Coran. Nous considérons le Coran comme étant la première source pour notre Constitution et pour toutes nos règles – pas la seule, mais la principale.”
L’impérialisme, tout en espérant que le CNT sera capable d’incorporer les différents éléments afin de stabiliser la situation, éprouve également de fortes craintes quant à la manière dont la situation pourrait se développer.
Paddy Ashdown, l’ex-“haut représentant” de l’OTAN pour la Bosnie-Herzégovine, est d’avis que des élections devraient être organisées ”aussi tard que possible” en Libye. La première priorité, selon Ashdown, est de rétablir le ”règne de la loi – peut-être même la loi martiale dans un premier temps”, et de même, ”le monopole étatique de l’usage de forces mortelles” (The Guardian, Londres, le 22 octobre 2011). Bien entendu, pour des raisons de présentation, Ashdown a refusé de dicter qui devrait selon lui établir cet “État” en premier lieu. Cherchant à ne pas paraitre trop brutal, Ashdown a décidé d’éviter de mentionner le fait que ce qu’il voulait vraiment dire est qu’il faut que la Libye soit dirigée par un gouvernement auto-proclamé, soutenu par l’impérialisme, et que toute implication de la population libyenne soit postposée jusqu’à “aussi tard que possible”. Et m… pour la démocratie !
La stabilisation ne sera toutefois pas facile. De nombreux Libyens, surtout parmi la jeunesse, sentent maintenant qu’ils ont l’opportunité et le pouvoir de décider de leur propre avenir. Il sera difficile d’immédiatement asseoir l’autorité du CNT ou de tout autre gouvernement. En outre, on voit se dessiner des lignes de rupture parmi les différentes milices, par exemple entre celles de Misrata et de Zintan à l’Ouest, et celles de Benghazi à l’Est. La minorité berbère (qui a joué un rôle crucial dans les combats à l’ouest du pays) a aussi ses propres revendications et il existe encore des tensions entre les diverses milices de Tripoli. En ce moment, l’impérialisme espère que la richesse pétrolière libyenne permettra de maintenir le pays en un seul morceau. Mais cette même richesse pourrait également conduire à des luttes, en particulier entre les différentes élites en compétition pour le partage du butin.
Bien qu’un certain sentiment d’appartenance nationale libyenne se soit accru au cours des dernières décennies, la révolution et la guerre civile ont de nouveau ouvert des lignes de fracture sur des bases tribales, claniques, ethniques et régionales. Elles pourraient, en l’absence d’un mouvement ouvrier capable d’unifier les masses laborieuses par la lutte, mener à des divisions croissantes à l’avenir. Celles-ci pourraient être encore attisées par les conditions qui vont suivre la fin de la guerre civile. La combinaison de la hausse du niveau de vie depuis 1969 et de la campagne de bombardement de l’OTAN ont poussé toute une série de gens à se battre fermement afin de défendre le régime ou, de leur point de vue, afin de repousser l’envahisseur étranger.
Mais ce n’est encore que le début ; les travailleurs et la jeunesse libyens n’ont pas encore posé leurs revendications sur la table. Un facteur crucial dans la révolution a été la révolte retentissante de la jeunesse contre la corruption et le népotisme étouffant du régime de Kadhafi. 30% des 6,5 millions de Libyens ont moins de 15 ans, l’âge moyen est de 24 ans, et il y a près d’un quart de million d’étudiants dans le supérieur. Ceux-ci attendent beaucoup de la suite des événements, surtout en ce qui concerne la fin du chômage qui touche aujourd’hui 20% de la population.
Le pétrole et le gaz ont fait de la Libye un pays riche. La Banque mondiale estime qu’elle possède pour 160 milliards de dollars de réserve en devises étrangères. Ce revenu et cette richesse ont permis à Kadhafi de rehausser le niveau de vie. L’éducation et les soins de santé étaient gratuits, et de nombreuses denrées de base étaient subsidiées. L’espérance de vie était de 51 ans en 1969 (l’année où Kadhafi a pris le pouvoir), et de 74 ans aujourd’hui. Tout cela explique pourquoi son régime a conservé un certain soutien malgré tout. Mais toutes ces mesures dépendent du prix du pétrole. Toute nouvelle rechute de l’économie mondiale transformerait la situation de manière fondamentale et menacerait de plonger le pays dans le désastre. Lorsque les prix du pétrole ont chuté dans les années ’80, le PIB libyen s’est effondré de 40%.
Maintenant, plus que jamais, la création d’organisations ouvrières démocratiques et indépendantes, y compris un parti des travailleurs, est une question vitale. C’est là la seule manière par laquelle les travailleurs, les opprimés et la jeunesse seront capables de parvenir à une réelle transformation révolutionnaire du pays et de contrer les plans de l’impérialisme, de mettre un terme à la dictature et de transformer les vies de la masse de la population.
Sans cela, d’autres forces vont venir remplir le vide. Afin de limiter l’influence de celles-ci et de mener à bien ses propres objectifs, le mouvement ouvrier aura besoin de défendre l’ensemble des droits démocratiques, d’impliquer les travailleurs immigrés et de défendre leurs droits, et de s’opposer à la privatisation des richesses de la Libye.
Il devra également exiger le retrait de toutes les forces militaires étrangères et s’opposer à toute nouvelle intervention de leur part, tout en réclamant l’élection démocratique d’une Assemblée constituante et, avant tout, en rejetant toute participation à un gouvernement avec des forces pro-capitalistes. Au lieu de cela, il devra s’efforcer de bâtir un gouvernement constitué de représentants des travailleurs et des pauvres, basé sur des structures démocratiques ancrées dans les entreprises et dans les quartiers et communautés. Un tel gouvernement utiliserait les ressources de la Libye pour sa population. Cela serait une véritable victoire pour la révolution libyenne, et constituerait un exemple à l’échelle internationale sur la manière de mettre un terme à la fois à la dictature et aux misères du capitalisme.
Réécrire l’Histoire
Après l’élimination de Kadhafi, il était inévitable que l’impérialisme et les restes de la vieille élite renversée en 1969 se mettent à réécrire l’histoire de la Libye, de manière complètement exagérée, cherchant à faire passer l’idée qu’il était une fois, avant Kadhafi, où la Libye a connu une période “démocratique”.
Au cours des 42 ans où il est resté au pouvoir, Kadhafi a effectué de nombreux revirements politiques, parfois de manière fort brusque. En 1971, il a aidé le dictateur soudanais de l’époque, Nimeiry, à écraser un coup d’État de gauche qui avait été organisé en réaction à la répression de la gauche, y compris l’interdiction du parti communiste soudanais qui comptait alors un million de membres. Six ans plus tard, Kadhafi proclamait une “révolution populaire” et changeait le nom officiel du pays de “République arabe libyenne” à “Grande Jamahiriyah arabe libyenne populaire et socialiste”. Malgré le changement de nom et la formation de soi-disant “comités révolutionnaires”, cela n’avait rien à voir du tout avec un véritable socialisme démocratique, et n’était aucunement un pas en avant dans cette direction. Politiquement, le régime était similaire aux anciens régimes staliniens d’Union soviétique et d’ailleurs ; mais la Libye, malgré des nationalisations à tout va, n’avait pas totalement rompu avec le capitalisme. Plus tard, après 2003, Kadhafi avait commencé à privatiser l’économie. Sous Kadhafi, les travailleurs et la jeunesse libyens n’ont jamais dirigé le pays. Kadhafi restait au pouvoir. Cela était souligné par le rôle de plus en plus proéminent qui était joué par bon nombre de ses enfants au sein du régime.
Mais dire qu’il n’y avait aucune démocratie sous Kadhafi, ne revient pas à dire qu’il y en avait une avant 1969 ! Formellement, il y a eu en Libye cinq élections organisées sous la monarchie soutenue par le Royaume-Uni et par les États-Unis – mais quel était leur véritable caractère ? Après l’indépendance en 1951, les toutes premières élections organisées en Libye, en 1952, n’ont permis la participation que de 140.000 électeurs masculins, “sains d’esprit et solvables”. Le vote n’était secret que dans dix circonscriptions urbaines. Malgré une fraude éhontée à travers tout le pays, l’opposition du Parti du Congrès national a remporté la majorité des sièges à Tripoli. À la suite des protestations contre le trucage des élections, les partis politiques se sont vus frappés d’interdiction et le dirigeant du PCN, Bashir Bey Sadawi, a été expulsé du pays.
Lors des quatre élections suivantes, seuls des individus, et non des partis, ont eu le droit de se présenter aux élections. Mais en 1964, malgré le harcèlement et les arrestations, toute une série de candidats d’opposition ont tout de même été élus. Le parlement a cependant rapidement été dissout et de nouvelles élections ont été organisées en 1965, avec encore plus de fraudes, souvent de manière extrême, afin d’assurer la victoire des candidats pro-gouvernement dans cette dernière “élection” avant le renversement de la monarchie, en 1969.
L’impérialisme n’a jamais particulièrement souhaité le maintien de la Libye en tant qu’État uni. Il était alors confronté à la popularité croissante en Libye, et ailleurs au Moyen-Orient, du dirigeant nationaliste radical égyptien, le colonel Nasser. En 1959, les États-Unis discutaient du fait que, au cas d’un coup d’État nassérite en Libye, ”La Tunisie, auparavant renforcée comme il se doit par les États-Unis, devrait se saisir de la Tripolitaine”, c.-à-d. que la Libye devrait être partitionnée.
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Flottille de la Liberté vers Gaza : Libération immédiate de tous les détenus !
Depuis le 4 novembre, l’eurodéputé du Socialist Party (CIO-Irlande) Paul Murphy est détenu par l’armée israélienne en compagnie d’autres activistes de Flottille de la Liberté. Cette troisième flottille internationale de solidarité composée du navire irlandais MV Saoirse (‘‘liberté’’ en gaélique) et du canadien The Tahrir (‘‘Libération’’ en arabe) tentait de se rendre à Gaza en solidarité avec les souffrances du peuple palestinien et pour délivrer de l’aide humanitaire.
La marine israélienne a notamment déployé un canon à eau à grande puissance contre le Saoirse (voir la vidéo ci-dessous). Les militants ont par la suite été emmenés face aux autorités policières et chargées de l’immigration, sous l’inculpation du “crime” d’être entré en Israël “illégalement”. Mais en fait, ils ont littéralement été kidnappés dans les eaux internationales sur leur route pour Gaza.
L’eurodéputé Paul Murphy a été capable de passer un appel téléphonique de trois minutes de la prison de Giv’on où il est détenu en Israël (appel d’ailleurs mis sur écoute par les autorités de la prison). Paul a ainsi pu donner un bref aperçu des traitements dont il a été victime avec ses codétenus : "Notre bateau a presque été coulé suite à la manière dont il a été approché et arraisonné par la marine israélienne. Les gens étaient menottés et privés de tous leurs effets personnels."
"A la prison de Givon les autorités ont tenté de nous désorienter par des privations de sommeil, le retrait de nos montres et les horloges de la prison indiquant de fausses heures. On ne nous a donné aucun délai sur la durée où nous allons être gardés avant le procès d’expulsion. On nous a dénié le droit, prévu par le droit israélien, de contacter nos familles dans les 24h suivant notre arrestation."
"Sur la base de l’action que nous avons menée notre condition s’est améliorée et nos livres et matériels d’écriture nous ont été rendus."
"Nous allons rencontrer l’ambassadeur aujourd’hui et nous avons une aide consulaire. Nous demandons au gouvernement irlandais qu’il exige auprès des autorités israéliennes notre libération immédiate."
"Nous restons déterminé et engagé dans notre mission qui a une fois de plus montré la nature criminel de l’Etat israélien dans son choix de bloquer l’accès à Gaza à ceux qui souhaitent apporter une aide pour atténuer la pauvreté et la souffrance que les populations sur place endurent."
Protestations de solidarité en Israël
Les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Israël font actuellement campagne pour la libération de Paul et des autres détenus, notamment avec des actions de protestations qui se sont déroulées à Tel-Aviv et à Haïfa. Ils prévoient d’autres actions, ce qui coïncide avec une grève générale de 4 heures dans le pays à l’appel d’Histadrut, la principale centrale syndicale du pays. Les camarades israéliens du CIO ont compris que Paul et les autres activistes devaient être emmenés devant un juge, sans toutefois avoir pu recevoir de plus amples informations. Selon la Loi israélienne, cela doit être fait dans les 72 heures suivant l’arrestation. Paul et les autres seront probablement déportés cette semaine.
D’autre part, la campagne ‘‘Irish Ship to Gaza’’ a appelé à une manifestation à l’extérieur du Ministère des Affaires étrangères à Dublin.
Le CIO appelle chaque lecteur à envoyer des lettres de protestations aux ambassades et consulats d’Israël revendiquant la libération immédiate de Paul Murphy et des autres activistes du Saoirse et du Tahrir, ainsi qu’à la prison de Giv’on, en envoyant des fax aux numéros suivants: +972 8 919 3261 et +972 8 919 3260.
Nous vous demandons aussi demandons d’envoyer des e-mails de protestation à la fois à l’ambassade d’Israël à Bruxelles ainsi qu’aux bureaux du Ministère des Affaires étrangères en Israël aux adresses suivantes: amb-sec@brussels.mfa.gov.il, sar@mfa.gov.il, mankal@mfa.gov.il, pniot@mfa.gov.il
Voici ci-dessous un exemple de mail à envoyer:
Mr ambassador, Mr Minister,
We strongly protest against the illegal detention of 21 activists from the Freedom Flotilla to Gaza. Amongst them is a member of the European Parlaiment, Paul Murphy.
The Freedom Flotilla was heading to Gaza to deliver humanitarian goods such as medicines. The boats had no intention to enter Israel. The Israeli army has in reality hijacked the boats.
We demand the immediate release of the activists and will step up protests against the repressive measures of the Israeli regime including the siege of Gaza.
