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Gaza, Jordanie : le retour de la lutte de masse au Moyen-Orient

Photo : Wikimedia Guerre en Syrie, terrorisme d’État israélien dans les territoires palestiniens occupés, instabilité et dictatures, la situation au Moyen-Orient est loin d’être rose. Il existe toutefois des éléments plus positifs. Comme les tentatives des régions kurdes de construire une alternative à la guerre et à la division sectaire au Nord de la Syrie, hélas aujourd’hui sous la pression de l’agression de l’armée turque. Ces dernières semaines ont aussi connu un puissant mouvement social en Jordanie de même qu’une mobilisation de masse à Gaza.
Par Koerian (Gand)
Jordanie : l’austérité pousse à la révolte
Les manifestations et les grèves ont conduit à la démission du Premier ministre jordanien au début du mois de juin. Jusqu’à récemment, la Jordanie était considérée comme un facteur stable dans une région plongée dans les troubles. Pendant le processus de révolution et de contre révolution au Moyen Orient et en Afrique du Nord en 2011, le pays était resté relativement calme et tenu en laisse par les États-Unis et le FMI.
Le FMI a forcé le roi Abdallah II et le premier ministre Mulki à appliquer un programme d’économies budgétaires en échange d’un prêt de 723 millions de dollars destiné à réduire la dette publique, représentant 96% du PIB. L’Arabie saoudite a cessé de fournir son aide à la Jordanie fin 2017, ce qui a plongé le pays dans la tourmente économique.
Les taxes ont fait grimper le prix des services et des biens de base comme l’eau et le carburant. Cela a mis la classe ouvrière et les pauvres sous pression. La Jordanie connaissait déjà un taux de chômage de 18,5% et 20% de sa population vit sous le seuil de pauvreté.
La grève générale et les protestations massives ont commencé en réaction à l’augmentation de l’impôt sur le revenu des travailleurs, y compris les plus faibles. La classe ouvrière appauvrie et la classe moyenne se sont unies dans la résistance. Les médias sociaux ont explosé et les rues ont été occupées. Le gouvernement avait augmenté les prix de l’électricité et du carburant pour la cinquième fois cette année, jetant encore plus d’huile sur le feu. Les syndicats des secteurs privé et public ont uni leurs forces, les stations-service ont été boycottées et des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre les coupes budgétaires, les diktats du FMI et même contre le Roi.
La maison royale et les États du Golfe tentent de calmer le jeu
L’ampleur des manifestations était telle que le roi Abdallah n’a pas pu les arrêter. Craignant pour sa propre position, il a choisi de sacrifier le premier ministre et est revenu sur les dernières hausses de prix.
Bien que l’élite jordanienne soit sur la défensive, les dirigeants syndicaux se sont laissé voler l’initiative. La première tempête semble être passée, mais le risque de nouvelles mobilisations sociales est élevé. Le nouveau Premier ministre, Razzaz, provient de l’ancien cabinet et est un ancien collaborateur de la Banque mondiale, tout entier acquis à la doctrine néolibérale.
Entre le marteau d’une classe ouvrière à la confiance renforcée et l’enclume du FMI, le gouvernement cherche une fois de plus le soutien de l’étranger, principalement des pays du Golfe. L’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis ont promis une nouvelle aide de 2,5 milliards de dollars. Ce soutien peut donner un peu de répit à l’élite jordanienne, mais il n’offre pas de solution à la crise fondamentale que traverse le pays.
Une vague régionale de protestations
Dans une région qui a connu une vague de mouvements révolutionnaires en 2011 et 2012, avec des mesures néolibérales et des régimes autoritaires qui vacillaient, un tel soulèvement a le potentiel de faire tâche d’huile. Au début de cette année, des soulèvements de masse ont eu lieu en Iran et, en Egypte, les troubles sociaux peuvent reprendre à tout moment. Un soulèvement réussi peut donner aux jeunes et aux travailleurs de toute la région la confiance nécessaire pour entrer en action. Ce n’est pas pour rien que l’Arabie saoudite semble répondre à la demande de soutien jordanienne : une nouvelle vague de soulèvements dans la région pourrait menacer le régime saoudien lui-même.
Rébellion à Gaza
Des actions de masse ont lieu depuis le 30 mars contre le siège de Gaza par Israël ainsi qu’en faveur du droit au retour des réfugiés palestiniens. Israël a réagi avec une répression sanglante : plus de 150 hommes, femmes et enfants ont été tués par les forces de défense israéliennes, des milliers d’autres ont été blessés.
Pour démolir ce nouveau mur de répression, la solidarité internationale des travailleurs est nécessaire. Une lutte bien organisée, avec un programme qui offre des solutions réelles aux besoins des masses palestiniennes, peut renforcer la solidarité avec les travailleurs de Jordanie, du Liban et aussi d’Israël. La lutte en Jordanie peut représenter une source d’inspiration et une voie à suivre. Aujourd’hui, plus de deux millions de Palestiniens vivent en Jordanie et ces pays entretiennent des liens historiques.
A la fin des années 1980, sur base de grèves et d’un soulèvement populaire généralisé et bien organisé, la première Intifada palestinienne a pu poser un véritable défi au régime israélien. Cependant, au lieu de forger des liens avec la classe ouvrière organisée de la région sur base d’un programme social, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a négocié avec les régimes de ces pays et de l’Occident. Elle a étouffé l’Intifada avec les accords d’Oslo, ce qui n’a fait que renforcer l’emprise d’Israël sur les territoires palestiniens.
Des exigences telles qu’une sécurité sociale adéquate, de bons emplois permanents et une éducation gratuite peuvent unir les travailleurs au-delà des frontières nationales contre leurs régimes répressifs respectifs. Bien que la lutte en Jordanie semble avoir pris fin pour le moment, toute protestation constante des travailleurs dans la région pourrait déclencher un raz-de-marée et emporter les élites autoritaires de la région.
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Gaza : Il faut des actions de masse et l’unité des travailleurs contre la terreur d’Etat israélienne

Au cours des dernières semaines, la colère de la population palestinienne a éclaté dans la bande de Gaza à l’occasion de mobilisations de masse. L’État d’Israël a répondu par une violente répression faisant une centaine de morts et des milliers de blessés.
Par Baptiste (Hainaut), article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Histoire de l’oppression
Il y a 70 ans, l’État d’Israël a été fondé sur le territoire correspondant alors à la Palestine. Cet évènement est surnommé ‘‘Nakba’’, ce qui signifie en arabe ‘‘catastrophe’’. De fait, l’octroi d’un Etat pour la communauté juive a été décidé par les puissances impérialistes au mépris de la population palestinienne. Au-delà de toute considération communautaire, il s’agit d’une catastrophe pour les Palestiniens car cela a signifié l’exil et la pauvreté pour près de 750.000 d’entre eux. Aujourd’hui 70% de la population gazaouie est constituée de familles refugiées de 1948. Les expulsions se sont poursuivies pendant des décennies, s’accompagnant d’une occupation des territoires palestiniens, de confiscations des terres, de colonisations, de destructions et de violences militaires se traduisant par de nombreux morts et emprisonnements. La fondation de l’État d’Israël est le début, pour plusieurs générations, d’un interminable état de guerre
Cette tragédie reste présente dans la vie quotidienne des Palestiniens, marquée par la pauvreté, la répression, l’état de siège. Dans la bande de Gaza, où vivent près de 2 millions de personnes, cette situation est particulièrement aigüe. Le chômage atteint officiellement près de 40% et s’accentue encore parmi la jeunesse (60% chez les moins de 30 ans). Les coupures d’eau courante et d’électricité sont quotidiennes. C’est la conséquence de la politique de guerre menée par l’Etat d’Israël, renforcée par le blocus de Gaza depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas dans cette zone il y a 12 ans.
La ‘‘marche du retour’’ et le spectre de la 1e Intifada
C’est dans ce contexte que des mobilisations ont été organisées depuis le 30 mars à Gaza, avec comme point culminant une ‘‘grande marche du retour’’ le 15 mai. Plus qu’une commémoration de la Nakba, c’est un sentiment de révolte qui caractérise la jeunesse palestinienne. 75% des Gazaouis ont moins de 25 ans. C’est toute une génération qui a grandi dans cette prison à ciel ouvert, et qui n’a pas grand-chose à perdre dans une lutte pour une vie digne.
Ces mobilisations sont allées crescendo jusqu’au 14 mai, date choisie par les États-Unis pour inaugurer leur ambassade à Jérusalem. Cette délocalisation à Jérusalem symbolise le soutien total de l’administration Trump à l’Etat d’Israël pour la domination territoriale et le mépris envers la population palestinienne et ses aspirations. Cette inauguration a forcément mis de l’huile sur le feu alors que près de 50.000 Palestiniens étaient présents au abord du mur de Gaza ce 14 mai pour protester. Un chiffre considérable au vu de la militarisation de la zone.Ces mobilisations de masse ont rappelé aux dirigeants israéliens la 1ere Intifada, au cours de laquelle la révolte des Palestiniens s’était traduite en actions de masses, allant jusqu’à générer des comités d’organisation de la lutte démocratiques et indépendants pour aider à organiser la résistance, défendre les manifestation et générer une polarisation parmi la population israélienne. C’est pour éviter à tout prix un tel mouvement de masse que le gouvernement de Netanyahu a organisé une répression sanglante, en autorisant explicitement les soldats à tirer pour tuer sur les manifestants sans armes, faisant 112 morts dont la moitié sur la seule journée du 14 mai.
Comme si l’augmentation de la puissance du conflit n’était pas ‘‘suffisante’’, le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien augmente encore les tensions nationales dans la région, et ses conséquences peuvent être très destructrices, avec en ce compris un réel danger de guerre.
L’action de masse comme méthode de lutte
Une chose est certaine : la misère et la répression ne mettront pas fin à la colère. Mais tant le Fatah que le Hamas ne sont pas à même de donner une orientation politique viable à la lutte pour la libération du peuple palestinien.
En 2006, l’arrivée au pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza a été le prix à payer par le Fatah pour des décennies d’échecs à se fourvoyer dans des négociations avec les Etats bourgeois limitrophes pour aboutir à un Etat Palestinien bourgeois. De manière systématique, les intérêts de la classe dominante des pays voisins ont primé sur ceux du peuple palestinien. Une telle stratégie mène à l’impasse. Fort peu a été obtenu à l’issue de la 1e Intifada, en bonne partie à cause de la mauvaise stratégie du Fatah. Aujourd’hui, le Fatah se focalise sur une guerre contre le Hamas, quitte à le faire payer aux Gazaouis à travers des coupes, voire des non paiements de salaires de fonctionnaires ou des coupures dans l’approvisionnement en électricité.
Malgré une considération importante pour la situation sociale des masses et une rhétorique de libération nationale plus radicale, le Hamas n’a pas l’orientation stratégique qui permettrait d’obtenir une victoire. Le recours aux méthodes du terrorisme fournit un exutoire et assouvit une soif de vengeance. Mais cela n’a jamais permis d’obtenir une libération nationale. Au contraire, cela renforce l’implantation sociale d’un conflit national et par conséquent un statu quo. C’est malheureusement tout ce qu’a permis d’obtenir la vague d’attentats assimilée à la 2e Intifada, loin des aspirations de la 1e Intifada.
Les dirigeants du Hamas et de l’Autorité palestinienne contribuent à aggraver la situation, chacun à sa manière, mais le contrôle principal de la bande de Gaza reste entre les mains de la droite israélienne. Le gouvernement israélien, en coopération avec son homologue égyptien, applique un blocus en guise de politique punitive collective à l’encontre d’environ deux millions de personnes, accompagné d’une tentative longue et infructueuse de forcer un changement de direction politique.
L’unité avec les travailleurs de l’État d’Israël
L’allié principal du peuple palestinien dans la lutte contre l’oppression de l’Etat d’Israël, ce sont les travailleurs, les pauvres et les jeunes d’Israël. Il est erroné de considérer Israël comme un bloc uniforme et réactionnaire, sans discerner l’Etat et l’élite capitaliste des travailleurs. Car Israël fonctionne comme toutes les autres sociétés de classe, avec ses magnats et ses inégalités, et des luttes menées par les travailleurs et les jeunes pour défendre et obtenir des droits. S’il est vrai qu’il existe des crimes de haine perpétrés à l’égard de Palestiniens, ce n’est pas le fait d’une majorité de la communauté juive mais de l’extrême-droite, attisée par la rhétorique guerrière et la criminalisation des Palestiniens.
Dans ce sens, la stratégie de ‘‘l’équilibre des souffrances’’ stimulée par le Hamas est une impasse contre-productive. C’est une aubaine pour l’Etat d’Israël qui a vite fait d’instrumentaliser cela en légitime défense vis-à-vis des Palestiniens assimilés dans leur globalité à des terroristes du Hamas. L’ambassadrice d’Israël en Belgique en a donné un aperçu tant grossier que grotesque : ‘‘Tous les Palestiniens abattus par balle étaient des terroristes, y compris les 8 enfants’’. Le premier ministre Netanyahu utilise à plein cette ficèle, lui qui cherche à restaurer son autorité suite à un discrédit politique et des rumeurs de corruption.
Une stratégie visant à développer la solidarité entre les travailleurs et les jeunes Israéliens et Palestiniens permettrait au contraire de démasquer l’establishment israélien. Des organisations indépendantes et démocratiques des jeunes et des travailleurs sont nécessaires pour construire cette stratégie, tant du côté palestinien qu’israélien.
Une alternative socialiste est possible et nécessaire
Si des luttes significatives pourraient permettre de gagner des droits importants, c’est seulement sur une base révolutionnaire qu’il sera possible de donner une substance conséquente à ces droits, notamment le droit au retour pour les réfugiés, et ainsi garantir une complète égalité dans tous les domaines.
Le système capitaliste mène au chaos. Dans celui-ci, les fondamentalistes instrumentalisent la colère et le désespoir des masses face à la barbarie de l’État d’Israël quand ce n’est pas celle d’autres gouvernements despotiques comme celui d’Assad en Syrie. Et Trump vient encore en rajouter une couche.
La seule issue à ce conflit sanglant qui puisse satisfaire les droits des Palestiniens comme des Israéliens serait de mettre en avant une solution à deux États sur le long terme – une Palestine et un Israël socialiste – avec la possibilité d’une capitale partagée à Jérusalem, en liant cela au concept d’une confédération socialiste.
Dans le cadre du capitalisme, il n’y a pas la moindre possibilité de parvenir à une solution viable à deux États. On ne peut exclure un arrangement temporaire, mais cela ne serait pas non plus une solution aux problèmes nationaux des Palestiniens ni des Israéliens. Un enjeu vital pour une révolution au Moyen-Orient est de trouver une méthode pour dissocier les travailleurs israéliens de leur classe dirigeante. Alors, la classe des travailleurs, œuvrant de manière unifiée pourra donner naissance à une force capable de renverser les capitalistes, en Israël comme en Palestine, et capable de mettre sur pied un tel projet.
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Israël-Palestine: Témoignage de Gaza
Ce qui suit est un rapport écrit par un activiste et auteur de Gaza, Rana Shubair, à la demande du Mouvement de lutte socialiste (MLS), la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Israël-Palestine.L’article est suivi de deux vidéos. La première est une séquence prise lors des manifestations du 14 mai à Gaza par la fille de Rana ; la deuxième est une séquence de membres du MSL participant à une manifestation contre les meurtres de manifestants à Gaza le 18 mai à Yad Mordekhay Junction en Israël, près de la clôture de Gaza.
Lundi sanglant
Le 14 mai était le premier jour des vacances d’été pour les écoliers. Ils avaient terminé les finales un jour avant et le lundi était censé être un jour de sortie en famille. Cependant, mes enfants m’ont surpris cette année en ne m’incitant pas à les emmener quelque part comme d’habitude. Le seul endroit où ils voulaient aller était la Marche du retour.
Il y avait beaucoup d’exaltation dans l’air les jours précédents, et nous avons tous senti que lundi serait le moment de la Marche par excellence. Il s’est avéré que c’était le cas, mais les soldats israéliens en ont fait un jour de deuil pour nous.
Nous sommes arrivés là (à l’est de la ville de Gaza) vers midi et la première chose que j’ai vue, c’était un grand drapeau palestinien, ce qui m’a rempli d’espoir et de courage. La zone du campement était inondée de gens se rassemblant dans différentes zones. Beaucoup se sont assis sous des tentes et beaucoup d’autres se sont levés et se sont assis à 300 mètres de la clôture barbelée.
En descendant vers la clôture, la fumée noire des pneus en feu remplissait l’air et, de temps à autre, les manifestants étaient confrontés à un torrent de grenades lacrymogènes. Certains portaient des masques pour se protéger, d’autres avaient des raquettes pour faire rebondir les grenades, beaucoup couraient dans la direction opposée pour éviter d’inhaler le gaz. Plus je me rapprochais de la zone de rassemblement, plus l’air commençait à être lourd.
Le nombre d’ambulances était plus élevé que n’importe quel autre jour. Elles étaient partout et ont manœuvré à partir de différents points.
A côté de moi se tenait un groupe de femmes qui imploraient à haute voix, appelant à la victoire.
Un vieil homme s’est assis sur une chaise devant une caméra et a été interviewé. Il avait l’air d’avoir plus de quatre-vingts ans et avait beaucoup d’histoires à raconter. C’était un survivant de la Nakba, plus âgé que l’État occupant d’Israël.
Toujours debout, j’ai entendu des cliquetis sporadiques de coups de feu. Avant d’arriver au campement, le nombre de morts parmi les manifestants était de 16. Quelques instants plus tard, j’ai entendu le nombre passer à 30.
Étant donné l’escalade folle des meurtres, je m’attendais à ce que les gens se dispersent. Mais ce fut exactement le contraire. Ils sont restés là avec une ténacité qui n’a fait que s’affirmer de minute en minute.
La Marche a ravivé l’espoir en nous tous à bien des égards. Les jeunes ont bravé sans crainte les tireurs d’élite israéliens lourdement protégés qui pouvaient si facilement choisir d’éliminer l’un d’entre eux. Tandis que je me tenais là, j’ai pensé : tous leurs mouvements sont mesurés et calculés. En fait, ce qu’ils font ressemble beaucoup à ce que font les braconniers. Ils observent leurs proies impuissantes et saisissent l’occasion de tirer.
A la fin de la journée, le bilan s’élevait à 60 morts parmi les manifestants. Ce fut une journée sanglante et inoubliable, qui a ajouté une autre Nakba à notre histoire. Pourtant, nous croyons fermement que le sang versé par les innocents sera la graine qui fera un jour fleurir notre liberté.
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Massacre à Gaza : pour une lutte de masse pour la levée du blocus !

Déclaration du secrétariat du Mouvement de lutte socialiste, Israël-Palestine (Première publication en hébreu le 16 mai 2018)
Alors qu’à Jérusalem, une cérémonie messianique prenait place pour l’inauguration de l’ambassade américaine, ce même jour du transfert de l’ambassade américaine fut le plus meurtrier dans la bande de Gaza depuis la guerre de 2014. Le gouvernement Netanyahu, main dans la main avec une odieuse campagne de provocation, a envoyé l’armée pour noyer dans le sang la protestation de masse des habitants de Gaza qui subissent depuis plus d’une décennie un siège brutal.
Une soixantaine de manifestants ont été abattus durant cette journée seule, ce qui s’ajoute aux dizaines de personnes tuées lors des manifestations de ces dernières semaines. Parmi les victimes se trouvaient des jeunes de 14 à 16 ans et un bébé de huit mois mort après une exposition massive aux gaz lacrymogènes.
Le massacre des manifestants – au service de la perpétuation du siège et de l’oppression des travailleurs palestiniens et des pauvres – n’a pas empêché Netanyahu de déclarer que c’est “un grand jour pour la paix” !
La provocation du transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem montre la manière dont l’administration Trump continue à piétiner les droits des Palestiniens, y compris leur propre État et leur capitale, Jérusalem, des droits que l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, de droite dure, nie explicitement. La même administration, qui a apporté son plein soutien au massacre, continuera à réciter des slogans cyniques sur la paix et à promouvoir le “Deal du siècle”, basé sur un soutien continu à l’occupation israélienne et le déni des droits des Palestiniens.
Comme si l’augmentation de la puissance du conflit n’était pas “suffisante”, le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien augmente encore les tensions nationales dans la région, et ses conséquences peuvent être très destructrices, avec en ce compris un réel danger de guerre.
La protestation n’est pas du terrorisme !
Contrairement à la propagande de l’establishment israélien qui a favorisé l’hystérie sécuritaire et qualifié le mouvement de protestation “d’incident terroriste”, le Mouvement de Lutte Socialiste (organisation israélo-palestinienne du CIO, dont le PSL est la section belge) a clairement indiqué au cours des dernières semaines qu’il s’agit d’une protestation civile juste et importante qui devrait également recevoir la solidarité des travailleurs et des jeunes Israéliens.
La Confédération syndicale internationale (ITUC) a condamné les assassinats et blessures infligées aux manifestants par le gouvernement Netanyahu, ainsi que le transfert de l’ambassade orchestré par son ami Trump. C’est la responsabilité des responsables des organisations des travailleurs en Israël d’adopter ce type de position afin de participer à la recherche d’une solution pour les travailleurs des deux côtés de la division nationale.
Le rassemblement pour la “Grande Marche du Retour” est, à ce jour, la plus importante protestation contre le blocus de Gaza. La mobilisation de dizaines de milliers de manifestants dans une lutte pour leur vie est une source d’espoir. Le jour du transfert de l’ambassade, la bande de Gaza a été fermée et quelque 50 000 manifestants ont été signalés – un chiffre qui équivaut à des manifestations d’environ 200 000 personnes en Israël, selon la taille de la population.
Des semaines de manifestations avec des milliers et des dizaines de milliers de personnes n’ont fait aucun blessé ou mort en Israël, contre environ 110 Palestiniens tués et quelque 10 000 blessés dans la bande de Gaza, la plupart du temps par balles réelles. Ces chiffres suffisent à eux seuls à ridiculiser la rhétorique de l’establishment israélien qui parle de la “violence” et du danger présumé que représentent ces manifestations. Ils illustrent qui est réellement confronté à la violence, large et organisée ; c’est une guerre unilatérale contre les manifestants qui comprend des tirs précis de tireurs d’élite sur les manifestants et le recours à des chars d’assaut.
Les actions désespérées d’individus ou de groupes, comme le nombre d’incendies criminels par des “cerfs-volants incendiaires” ou l’endommagement des conduites de gaz à l’entrée de la bande de Gaza, ont causé des dommages mineurs, mais ils sont avant tout le résultat de la terrible détresse forcée quotidiennement avec une brutalité arrogante par le gouvernement capitaliste israélien.
L’activité du Hamas ?
En raison du blocus, les habitants de la bande de Gaza sont confrontés à seulement quatre heures d’électricité par jour, à un manque d’eau potable, à l’effondrement des infrastructures, au taux de chômage le plus élevé du monde, à de sévères restrictions de leurs libertés de mouvement, aux manques de traitements médicaux et à des tirs sur les pêcheurs, les agriculteurs et les manifestants. Dans ce contexte, on a même signalé une augmentation du nombre de suicides.
Oui, les dirigeants de droite du Hamas et de l’Autorité palestinienne contribuent à aggraver la situation, chacun à sa manière, mais le contrôle principal de la bande de Gaza reste entre les mains de la droite israélienne. Le gouvernement israélien, en coopération avec son homologue égyptien, applique un blocus en guise de politique punitive collective à l’encontre d’environ deux millions de personnes, dont la moitié a moins de 18 ans, accompagné d’une tentative longue et infructueuse de forcer un changement de direction politique.
L’establishment israélien saute, comme s’il trouvait un gros butin, sur l’affirmation du Hamas selon laquelle parmi les tués ces dernières semaines, 50 personnes seraient issues de ses rangs ; comme si l’affiliation politique des victimes changeait quelque chose au fait qu’il s’agissait de manifestants non armés, ne mettant personne en danger et qui ont été abattus avec des balles réelles. De même, l’affirmation des militaires selon laquelle 24 de ceux tués le 14 mai auraient été listés comme “ayant des antécédents terroristes” ou comme “activités terroristes hostiles” est totalement hors de propos. Ce sont des excuses démagogiques : l’armée a tiré sans distinction liée à l’identité politique ou au passé des blessés et des morts.
Il convient de noter que s’il semble que le Hamas ait été impliqué et – dans une certaine mesure – ai pu influencer les manifestations, non seulement les manifestations elles-mêmes étaient parfaitement justifiées, mais elles ont également été largement soutenues par la population de Gaza qui s’est mobilisée en masse, tous courants politiques confondus, en ce compris les résidents non affiliés politiquement.
Il existe aussi des voix critiques parmi les militants protestataires sur le rôle joué par le Hamas. Le Hamas lui-même n’a pas du tout tendance à offrir une voie de lutte de masse ; il a, par contre, certainement essayé d’exploiter le développement de la protestation pour tenter de récupérer la sympathie publique qu’il a perdue en raison de son incapacité à offrir une stratégie efficace pour sortir la bande de Gaza de la crise. Les habitants de Gaza, et eux seuls, devraient avoir le droit de choisir démocratiquement leurs dirigeants et la possibilité de les remplacer lorsqu’ils ont échoué et qui ne servent pas leurs intérêts.
Le gouvernement Netanyahu préfère une confrontation militaire
La véritable menace posée par la protestation n’était pas “l’extermination d’Israël”, comme l’a insinué Netanyahu – il sait lui-même combien cet argument est ridicule au vu de l’équilibre des forces entre d’un côté des milliers de manifestants et de l’autre la plus grande force militaire du Moyen-Orient. La véritable menace pour l’establishment israélien c’est l’audace héroïque des masses de Palestiniens – femmes et hommes, jeunes et vieux – en lutte contre l’intolérable régime oppression et qui les maintient dans la pauvreté et pour d’exiger des changements.
Dans le cadre de la propagande du régime, il y a un recyclage de l’affirmation selon laquelle les tentatives des manifestants de percer l’immense clôture de leur prison justifie pratiquement leur exécution, pas des moyens de dispersion de la manifestation ou des arrestations, mais des exécutions pures et simples. Cette revendication s’inscrit dans la droite ligne du régime de droite israélienne de continuer à imposer un siège aux pauvres de la bande de Gaza par tous les moyens nécessaires, y compris les assassinats.
Les socialistes rejettent catégoriquement un tel amalgame avec les actions du gouvernement capitaliste et soutiennent le droit des habitants de la bande de Gaza à protester, à lutter, à s’organiser et à se défendre contre les agressions militaires. Si de l’aile droite ne veut pas voir les masses percer les clôtures du siège, personne ne l’empêche de lever le blocus et de permettre la liberté de mouvement des résidents et des marchandises d’une manière organisée à travers les points de passage.
La véritable menace, que le gouvernement Netanyahu s’est efforcé de contrecarrer par une répression meurtrière, était l’expansion d’une lutte populaire de masse. Cela aurait pu forcer le régime de droite israélienne à se retirer de la politique de siège et cela aurait montrer la voie aux Palestiniens en général vers la construction d’une lutte efficace pour changer la situation sur le terrain. Il faut espérer qu’en dépit de la répression barbare des manifestants dans la bande de Gaza, la manifestation parviendra à se renouveler par la base à grande échelle avec la demande de changement.
Cependant, le gouvernement Netanyahu préfère une série de confrontations militaires avec le Hamas à une protestation populaire de masse. Il a ainsi envoyé des avions de combat pour bombarder dans la bande de Gaza en réponse à plusieurs tentatives des manifestants de percer la clôture de la plus grande prison du monde, et a menacé de renouveler la politique d’assassinats contre les dirigeants du Hamas. Dans ses actions pour protéger le siège et l’occupation, le régime de Netanyahu augmente le danger d’une nouvelle guerre sanglante.
Le gouvernement de droite continue également à rejeter les propositions répétées de désescalade du conflit et de réhabilitation de la bande de Gaza. De telles demandes sont sur la table depuis des années et auraient pu empêcher les horribles épisodes de guerre qui ont semé le deuil et la destruction à une échelle monstrueuse dans la bande de Gaza, et qui ont également conduit à des tirs de roquettes et des attaques contre des civils israéliens.
Le Mouvement de Lutte Socialiste continue d’avertir que la menace numéro un pour la sécurité des travailleurs israéliens est le gouvernement pro-capitaliste et colonie de Netanyahu, et son programme nationaliste et messianique de destruction, avec la coopération des imitateurs de Netanyahu – Lapid et Gabbai – sur les bancs de “l’opposition”.
Face à ce danger, une lutte devrait être construite des deux côtés de la fracture nationale et une alternative de changement socialiste devrait être proposée afin d’offrir une porte de sortie au travers du chemin de destruction conduit par Netanyahu, Trump et leurs partenaires.
Le Mouvement de Lutte Socialiste revendique :
- La fin des tirs sur les manifestants ! Stop à la politique de la gâchette ! Manifester n’est pas du terrorisme !
- La création d’une commission d’enquête indépendante – comprenant des représentants israéliens, palestiniens et internationaux d’organisations indépendantes des travailleurs, de la société civile et des droits de l’homme – pour enquêter sur l’assassinat des manifestants. Poursuivre la chaîne des responsables, y compris à l’échelon politique.
- L’adhésion des organisations ouvrières en Israël aux organisations ouvrières du monde entier en condamnant l’assassinat de manifestants et la poursuite du blocus et de l’occupation, et en soutenant la lutte pour la paix.
- Solidarité avec la protestation des habitants de Gaza. Oui aux manifestations conjointes des Juifs et des Arabes, des Israéliens et des Palestiniens, contre le siège, l’occupation, la pauvreté, les inégalités et le gouvernement Netanyahu pro- capital et pro-colonies. Oui à la lutte pour la paix et la justice sociale !
- Oui à l’expansion de la protestation populaire, oui à la lutte de masse des Palestiniens pour la libération nationale et sociale. Pour la mise en place de comités d’action démocratique pour aider à organiser des manifestations et à défendre les manifestations.
- Stop aux politiques de soi-disant “Gestion des conflits”. Stop blocus contre les habitants de la bande de Gaza, stop à l’occupation. Stop à l’imposition de la pauvreté et de la détresse et aux dépossessions. Pour la fin de l’oppression nationale du peuple palestinien.
- Mettre fin à la négation du droit à l’autodétermination – oui à un État palestinien indépendant, démocratique, socialiste et égal, avec sa capitale à Jérusalem-Est, aux côtés d’un Israélien démocratique et socialiste qui assurera une véritable égalité des droits pour tous.
- Pour une solution juste pour les réfugiés palestiniens. La reconnaissance de l’injustice historique de la Nakba – la destruction de centaines de communautés et le déracinement de centaines de milliers de personnes – et la reconnaissance du droit des réfugiés qui le souhaitent à rentrer chez eux, tout en assurant une vie décente et l’égalité pour tous les résidents.
- Une lutte pour la paix régionale. Solidarité avec les luttes au Moyen-Orient et dans le reste du monde contre les élites corrompues, l’oppression et la pauvreté. Oui à l’égalité pour toutes les nationalités, à la démocratie et au changement socialiste.
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Gaza: Protester n’est pas du terrorisme
- Pour une enquête indépendante sur les tueries
- Stop au blocus, stop à l’occupation israélienne!
- Pour une solution socialiste à la question nationale
Marcher sur la terre de votre propre pays n’est généralement pas considéré comme un crime. Mais pour deux millions de Palestiniens emprisonnés à Gaza, une telle action est considérée comme une menace pour l’Etat d’Israël.
Lorsque les habitants de Gaza, la plus grande prison du monde, ont lancé une protestation de masse contre le siège brutal d’Israël et d’Égypte et la terrible détresse dans laquelle ils se trouvent, le gouvernement Netanyahu a envoyé l’armée contre eux.
Le résultat fut la mort de 18 Gazaouis et plus de 1.500 blessés lors de la Marche palestinienne vers la frontière entre Gaza et Israël pour marquer le Jour de la Terre (commémoration des Palestiniens tués le 30 mars 1976 pour protester contre l’expropriation de leurs terres par Israël), et exiger la levée du siège de Gaza par Israël.
Il est typique de la machine “hasbara” (propagande) de l’occupation de retourner la réalité et de qualifier de “violente” toute manifestation palestinienne. L’agression militaire quotidienne et le siège qui étrangle environ deux millions de personnes ne sont pas considérés comme violents, mais bien par contre la protestation de masse contre cette situation.
La répression des manifestations par le gouvernement Netanyahou n’a pas pour but de protéger le public israélien. Non. La provocation, la diabolisation et la guerre militaire contre des civils non armés ont pour but de dissuader le peuple palestinien de se battre pour ses droits et de noyer sa protestation dans le sang. Il est destiné à maintenir le siège, l’oppression nationale des Palestiniens, la pauvreté et la détresse. Et il est destiné à jeter du sable aux yeux des travailleurs juifs et des jeunes et à les mobiliser contre la lutte des travailleurs et des jeunes palestiniens pour une vie digne. Pour Netanyahu en particulier, la guerre contre les manifestations offre une autre occasion d’exploiter les craintes concernant la sécurité parmi le public israélien afin de détourner l’attention du public des soupçons de corruption à son encontre et des échecs énormes de son gouvernement.
Il est important de souligner qu’un régime qui attaque les manifestants est un danger potentiel aussi pour les luttes futures des travailleurs israéliens et des jeunes qui feront face à une opposition et à une dénonciation féroce de la classe dirigeante. De plus, le massacre de manifestants palestiniens et la poursuite même du siège et de l’occupation, non seulement suppriment tout horizon de paix, mais constituent un avertissement du danger d’une nouvelle détérioration de la vie des travailleurs dans un avenir immédiat. Il est important que les travailleurs et les jeunes israéliens expriment leur opposition et participent aux manifestations contre la politique sanglante du gouvernement Netanyahu.
Avec la provocation que constitue le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, qui ignore de fait le droit des Palestiniens à leur propre État avec Jérusalem comme capitale, ainsi qu’avec le 70e anniversaire d’Israël, qui est officiellement célébré en ignorant la situation et les droits des Palestiniens, la récente protestation fait partie d’une série de manifestations prévues pendant un mois et demi. Celles-ci marqueront le 70e anniversaire de la Nakba palestinienne – la destruction systématique de centaines de villages et de communautés palestiniennes occupées et le déracinement de plus de 750.000 résidents pendant la guerre de 1948.
Au cours des prochaines semaines, des rassemblements et des manifestations sont prévus dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, ainsi qu’en Jordanie, en Syrie et au Liban. Ces protestations, soutenues par les principales factions du mouvement national palestinien, est la plus étendue pour les droits des réfugiés palestiniens depuis les manifestations houleuses de milliers de réfugiés aux frontières avec Israël lors de la Journée de la Nakba en 2011, dans le contexte des mouvements révolutionnaires appelés le «printemps arabe». A l’époque, quinze manifestants avaient été tués et des centaines blessés.
Le premier jour de protestation a eu lieu le 30 mars, jour de la terre, commémorant la grève arabo-palestinienne en Israël en 1976, au cours de laquelle six manifestants avaient été abattus. “Qu’est-ce qu’il y a de dangereux avec des enfants se tenant à des centaines de mètres des chars et des soldats armés? Tout ce que nous avons demandé d’exprimer dans la marche est simplement nos vies intolérables”, a déclaré Hasan al-Kurd, l’un des organisateurs de la manifestation, sur le site israélien Local Call. “Nous avons eu beaucoup de morts et de blessés. Mais pensent-ils vraiment que c’est ce qui nous arrêtera? Après tout, nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à manifester. Je veux faire appel au public israélien et lui demander de faire pression sur son gouvernement. Les gens ici vont continuer à mourir et à la fin cela va exploser à leur visage .
“Nous ne sommes pas venus ici pour nous battre, nous sommes venus pour retourner dans notre pays”, pouvait être lu en hébreu pendant la manifestation palestinienne. Environ 70% des habitants de la bande de Gaza sont des réfugiés, c’est-à-dire une population déracinée par la force en 1948 et poussée dans la bande qui est devenue l’une des zones les plus densément peuplées du monde et un ghetto assiégé de pauvreté et de crises terribles.
“Le monde doit comprendre que nous vivons dans une grande prison, chaque citoyen de Gaza le ressent dans sa propre vie et veut transmettre ce message”, a déclaré un membre du comité d’organisation cité dans Haaretz. “La marche est pour notre retour, elle est censée transmettre au monde un message : Assez avec le siège, assez avec l’occupation’’, a-t-il expliqué.
Tandis que le gouvernement du capital et des colonies de Netanyahu organise des célébrations pour marquer le 70e anniversaire d’Israël – et pour mobiliser la sympathie du public avec le nationalisme – les droits des réfugiés palestiniens et les droits des Palestiniens en général continuent d’être grossièrement attaqués quotidiennement.
Le 15 mai, date de la Nakba, les manifestations devraient atteindre leur sommet avec la “One Million March”. La lourde répression militaire vise à contrecarrer l’expansion du mouvement de protestation, car un scénario dans lequel les masses se battent pour leurs droits menace le régime d’occupation, comme chaque dictature. La mobilisation de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de personnes, pourrait permettre, entre autres, une manifestation de masse contre les barrières du siège de la bande de Gaza – un scénario que non seulement le gouvernement israélien craint mais aussi le Hamas. Le Hamas ne s’intéresse pas vraiment à une lutte de masse indépendante qui échapperait à son contrôle et prouverait que les masses palestiniennes peuvent faire ce dont la puissance militaire du Hamas n’est pas capable : menacer le pouvoir, le siège et l’occupation.
Dans le contexte d’une lourde répression militaire, on ne sait pas encore dans quelle mesure ce mouvement pourra se développer dans les semaines à venir. L’expansion du groupe qui organise les activités de protestation peut aider à renforcer la protestation, en organisant des comités démocratiques de résidents et en tenant des réunions pour discuter et décider des prochaines étapes de la lutte et des moyens d’organiser l’autodéfense des manifestants.
La tendance constante de la classe dirigeante israélienne à exploiter les craintes de la population israélienne doit être remise en question, ce qui ne peut être fait qu’en offrant une réelle alternative.
Les socialistes soutiennent une lutte palestinienne massive et indépendante, telle qu’elle a été organisée pendant la première Intifada. Nous soulignons qu’il est dans l’intérêt de la population des travailleurs israélienne et des jeunes de ne pas se laisser tromper par les incitations du gouvernement Netanyahu, mais de tendre une main courageuse de solidarité et de paix aux manifestations palestiniennes et de protester contre le gouvernement capitaliste israélien, contre l’occupation et le siège.
Tout en luttant maintenant pour mettre fin à la répression et gagner des revendications démocratiques et sociales, une alternative plus large doit être proposée. Des luttes significatives pourraient certainement gagner des acquis importants, mais c’est seulement sur une base socialiste qu’il sera possible d’unifier les conditions de vie des Palestiniens avec celles des Israéliens – et d’élever, en fait, le niveau de vie général bien au-delà des meilleures conditions réalisé sous le capitalisme – et de garantir une complète égalité des droits dans tous les domaines. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de s’assurer que toutes les ressources servent rationnellement et démocratiquement le bien-être des masses, et de permettre également l’investissement nécessaire pour les réfugiés palestiniens. Une solution juste à leur situation exige une lutte pour garantir des conditions de bien-être et d’égalité dans la région, et la promotion du dialogue direct et du consentement, qui inclurait la reconnaissance de l’injustice historique et du droit au retour.
Il faut en finir avec le déni du droit à l’autodétermination : Pour un État palestinien indépendant, démocratique, socialiste et égal, avec Jérusalem-Est comme capitale, à côté d’un Israël démocratique et socialiste qui garantissent une véritable égalité des droits pour tous.
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Ariel Sharon : Mort de l’architecte brutal de crimes monstrueux
Le boucher de Sabra et Chatila est mort. Ariel Sharon, connu autrefois comme le ‘‘père des colonies israéliennes’’, est décédé après avoir passé huit ans dans un semi-coma, à la suite d’une attaque cérébrale survenue alors qu’il était encore Premier ministre, en janvier 2006. A travers le monde, de nombreux dirigeants capitalistes – qu’ils soient toujours en fonction ou non – ont tenu à exprimer leur sympathie, leur chagrin et même leur admiration pour cet ancien général et homme politique israélien. Main dans la main avec les médias dominants à l’extérieur du monde arabe, ils tentent de réécrire l’histoire et de travestir ce criminel de guerre en un courageux combattant de la paix.
Par Shahar Benhorin, Maavak Sozialisti (CIO-Israël/Palestine)
Georges W. Bush a dit de lui qu’il était ‘‘un guerrier et partenaire de longue date pour assurer la sécurité de la Terre Sainte et pour un meilleur et pacifique Moyen-Orient’’. Le Premier ministre britannique David Cameron a quant à lui déclaré qu’en tant que Premier ministre, ‘‘il avait pris des décisions courageuses et controversées à la recherche de la paix, avant d’être si tragiquement incapacité’’.
En partisan inconditionnel du thatchérisme et du néolibéralisme le plus dur, les gouvernements dirigés par Sharon ont instauré des mesures néolibérales agressives, ont réprimé des grèves et sont directement responsables de la forte augmentation de la pauvreté dans la société israélienne. Un tiers des enfants y vivent sous le seuil de pauvreté. D’autre part, l’histoire de la vie de Sharon comprend bon nombre de crimes parmi les plus horribles crimes par le régime israélien contre le peuple palestinien.
Il a pris part à la guerre israélo-arabe de 1948 en tant que commandant de détachement. Des centaines d’habitants ont été tués et des dizaines de milliers déracinés dans le cadre de ce nettoyage ethnique depuis lors connu comme la Nakba palestinienne (la catastrophe). En 1953, plus de 60 Palestiniens ont été tués dans le village de Qibya, en Cisjordanie, alors que Sharon dirigeait l’Unité 101 de l’armée israélienne dans l’infâme objectif d’infliger des ‘‘dommages maximaux’’ contre les habitants de Cisjordanie. En tant que major-général (Aluf) à la veille de la guerre d’occupation de 1967, la guerre des Six Jours, il a proposé d’examiner la possibilité d’un coup d’Etat militaire pour pouvoir partir en guerre sans le consentement du gouvernement, qui tardait à lancer l’offensive. Après la guerre, à la tête du Commandement Sud, il a mené diverses attaques brutales contre les habitants de Gaza. Il fut ensuite parmi les fondateurs du parti de droite Likoud et se distingua comme l’un des plus ardents défenseurs des colonies israéliennes dans les nouveaux territoires occupés.
Sabra et Chatila
Le massacre probablement le plus étroitement lié à Sharon est celui de Sabra et Chatila, qui eut lieu à Beyrouth, au Liban, en 1982. Des centaines, sinon plus, de réfugiés palestiniens et de résidents chiites libanais ont été abattus en un jour et demi par les fanatiques des Phalanges chrétiennes. La zone était sous occupation israélienne et les forces de Tsahal, l’armée israélienne, ont autorisé l’entrée des Phalanges, ont éclairé la zone avec leurs fusées éclairantes et ont empêché les victimes de l’attaque de s’échapper.
Les rapports concernant cet assassinat de masse pointent du doigt la responsabilité de Sharon, alors ministre de la sécurité, qui a permis aux Phalanges de laisser libre court à leur frénésie meurtrière. Sharon était le cerveau de cette guerre d’occupation visant à écraser les milices palestiniennes et à exploiter la guerre civile libanaise afin d’installer un régime fantoche chrétien destiné à respecter un ‘‘accord de paix’’ avec Israël. Il a même trompé le gouvernement israélien concernant l’ampleur de l’invasion.
Le massacre de Sabra et Shatila a donné naissance au plus grand mouvement anti-guerre de l’histoire d’Israël. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour exiger une enquête condamnant les responsables ainsi que pour exiger le retrait des forces de Tsahal du Liban et la démission de Sharon et du Premier ministre Menahem Begin. Des soldats du front ont également convertis une chanson pour enfants en un chant de protestation contre leur utilisation en tant que chair à canon pour satisfaire les visées impérialistes de Sharon : ‘‘Des avions viennent jusqu’à nous, nous nous envolons pour le Liban, nous allons nous battre pour Sharon, et revenir dans un cercueil.’’
Provocations
En décembre 1987, dans les premiers jours de la première Intifada (un soulèvement palestinien de masse contre l’occupation), Sharon avait organisé une pendaison de crémaillère de provocation pour sa seconde résidence, installée en plein cœur du quartier musulman occupé de Jérusalem-Est. Treize ans plus tard, une autre provocation de sa part a déclenché la deuxième Intifada, une révolte contre l’imposture du ‘‘processus de paix’’ des accords d’Oslo.
En 2001, Sharon a été propulsé Premier minister, en surfant sur une vague nationaliste réactionnaire qui avait été alimentée dans la société israélienne. Il fut alors chargé par l’élite dirigeante israélienne de mener deux guerres – une campagne militaire sanglante contre les Palestiniens et une guerre de classe contre la classe ouvrière israélienne. Dans les deux cas, il fut sans merci.
Après s’être essayé à différentes tactiques, il a finalement adopté une approche d’intensification de la guerre contre les Palestiniens au travers d’une ré-occupation complètes de tous les centres de population relevant de l’Autorité palestinienne, à la suite d’une série d’horribles attentats-suicides commis dans les villes israéliennes en 2002. Environ 500 Palestiniens et 29 soldats israéliens ont été tués au cours de cette ‘‘Opération Rempart’’.
Peu de temps après, le gouvernement de Sharon a utilisé les attentats-suicides comme un prétexte pour construire une gigantesque barrière de séparation de béton et de barbelés s’étendant aujourd’hui sur des centaines de kilomètres à l’intérieur-même de la Cisjordanie.
Vers la fin de la deuxième Intifada, le dirigeant palestinien Yasser Arafat est tombé malade et est décédé en 2004, probablement à la suite d’un assassinat commis par les services secrets israéliens du gouvernement Sharon, comme le suggèrent des preuves récentes.
A cette époque, le ‘‘plan de désengagement’’ de Sharon était en plein essor, mais ce plan était bien loin d’être une ‘‘recherche de la paix’’. Derrière ce plan de démantèlement des colonies et des bases militaires dans la bande de Gaza se trouvait une combinaison de facteurs. Parmi eux, les soucis démographiques du régime israélien considérant que la croissance de la population palestinienne sous domination israélienne conduirait la population juive israélienne à devenir une minorité ainsi que la compréhension que les Palestiniens reprendraient inévitablement le chemin de la lutte contre l’occupation, encore et encore. Sharon a lui-même exprimé les craintes de l’élite dirigeante en déclarant en 2003 au sujet de l’occupation que : ‘‘Nous devons être libérés du contrôle de 3,5 millions de Palestiniens qui se reproduisent.’’
Le mouvement des colons et l’idéologie d’un ‘‘Grand Israël’’ a subi un grand coup avec le retrait ‘‘unilatéral’’ de la bande de Gaza à partir de 2005. Au plus fort de la guerre de 2002, Sharon avait déclaré qu’il ne fallait pas évacuer les colonies et que ‘‘le sort de Netzarim (ancienne colonie israélienne au cœur de la bande de Gaza) est lié au sort de Tel-Aviv.’’ Le retrait n’était toutefois qu’une démarche stratégique de compromis destinée renforcée l’occupation israélienne et d’autres colonies tout en préparant le terrain pour un approfondissement des mesures brutales à l’encontre des Palestiniens de la bande de Gaza, transformé en véritable prison à ciel ouvert. Cela a été largement démontré par les politiques de siège et les horribles massacres commis lors de la guerre de Gaza de 2008-09 et de l’opération Pilier de Défense en 2012.
Durant le temps où il était Premier ministre, quelques enquêtes de corruption ont été lancées contre lui, mais les grands médias israéliens ont consciemment travaillé à sa protection afin d’éviter les critiques publiques.
Le ‘‘dirigeant de la nation’’
Tout a été fait pour présenter Sharon comme un puissant dirigeant de la nation, une sorte de bonapartiste parlementaire, dont les efforts visaient à instaurer la paix. La scission qu’il a orchestrée au sein du Likoud et la création du parti Kadima a été considérée par une large partie de la classe dirigeante israélienne comme une tentative visant à permettre d’appliquer à la Cisjordanie un plan similaire à celui qui avait frappé la Bande de Gaza.
Le parti Kadima a remporté les élections de 2006 autour d’une telle promesse, et a mené deux nouvelles guerres, au Liban puis à Gaza. Ce n’est que par crainte de voir la Cisjordanie contrôlée par le Hamas que cette stratégie ‘‘unilatérale’’ a été abandonnée.
L’invocation de Sharon est utilisée par certains membres de l’establishment israélien ou international pour faire pression sur le gouvernement Netanyahu afin qu’il prenne ‘‘des décisions difficiles’’ lors des farces de négociation avec l’Autorité palestinienne.
La classe dirigeante israélienne actuelle est particulièrement frustrée suite au processus de révolution et de contre-révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient, avec leurs problèmes démographiques en suspens sur fond de colère croissante parmi les Palestiniens ainsi qu’avec l’isolement grandissant d’Israël sur la scène internationale. Mais un boucher corrompu comme Ariel Sharon n’aurait résolu aucun problème.
Les attaques continuelles à l’encontre des Palestiniens verront tôt ou tard une lutte massive des Palestiniens leur faire face.
Les colonies israéliennes jouissent de moins en moins de soutien en Israël, et une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes israéliens a soif de justice sociale et de paix. Elle devra entrer en lutte contre l’occupation, contre l’oppression et contre la discrimination des Palestiniens.
La seule manière d’en finir avec l’héritage venimeux de Sharon est de développer ces luttes, tout en construisant les forces du socialisme en Israël et dans les territoires occupés.
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L’eurodéputé Paul Murphy défend son appel à l’Intifada
Le journal israélien Jerusalem Post a publié une condamnation de la prise de position de notre camarade le député européen Paul Murphy (membre de notre parti-frère irlandais le Socialist Party) en faveur d’une nouvelle intifada basée sur une lutte de masse pour renverser l’establishment capitaliste israélien. Cette déclaration était initialement apparue dans une interview accordée à Russia Today. Paul confirme et signe avec ce communiqué de presse.
Par Paul Murphy
Le prétendu scandale dont parlent des députés européens et d’autres partisans de l’élite israélienne au sujet de mon appel pour un mouvement de masse afin de stopper l’occupation israélienne est truffé de références aux ‘‘pourparlers de paix’’. En regardant le contexte de ces négociations dites de paix, on constate qu’une nouvelle autorisation a été accordée pour construire 1.000 nouvelles maisons pour les colons entre Bethléem et Jérusalem. Le gouvernement israélien poursuit sa stratégie de ‘‘politique par les faits’’ afin de rendre impossible toute base pour un Etat palestinien viable. Il est malheureusement clair que, sans un mouvement de masse avec des manifestations, des grèves et une résistance de masse contre l’occupation continuelle et la discrimination, rien ne pourra jamais conduire à la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
Au sein des frontière d’Israël, l’oppression et la discrimination à l’encontre de la population arabe se poursuit. Le raciste plan Prawer, approuvé par la Knesset, est un plan visant à détruire les logements de 40.000 nomades arabes dans le désert du Néguev.
Les députés européens qui condamnent mon appel pour un mouvement de masse à l’instar de celui de la première Intifada le considèrent comme un appel à la violence ou à la terreur. Ils détournent délibérément mes propos ou alors ne connaissent rien de l’histoire de la lutte palestinienne. ‘‘Intifada’’ est tout simplement le terme arabe pour ‘‘rébellion’’, quelque chose de tout à fait justifié – et même de nécessaire – contre cette oppression systématique.
La première Intifada, à laquelle je me réfère, a été en grande partie basée sur les tactiques de lutte de masse par la base. De grandes manifestations ont eu lieu, ainsi que des grèves, des manifestations aux postes de contrôle,… C’est selon moi toujours nécessaire aujourd’hui. La première Intifada a forcé l’establishment israélien à s’assoir à la table de négociation. Mais les aspirations de la population palestinienne ont été honteusement trahies par la direction de l’Autorité Palestinienne qui a signé les Accords d’Oslo.
La déclaration de l’eurodéputé conservateur irlandais Sean Kelly selon qui il s’agit ‘‘d’un appel à la violence’’ est, au mieux, une expression de son ignorance. Mon appel visait explicitement à un mouvement de masse, je me suis toujours opposé aux tactiques contre-productives du terrorisme. Mais où peut-on trouver sa condamnation de la violence de l’État d’Israël contre les prisonniers palestiniens, contre ceux qui vivent à Gaza – qui est dans les faits une prison à ciel ouvert – et contre les manifestants pacifiques de Cisjordanie?
La déclaration du député conservateur Gay Mitchell pour qui je serais ‘‘essentiellement à la recherche de publicité’’ est remarquable. Peut-être les milieux conservateurs ont-ils l’habitude d’utiliser les médias pour défendre leurs propres positions individuelles. En tant qu’internationaliste et socialiste, je lutte quotidiennement contre l’oppression à travers le monde, et je soutiens la lutte des opprimés. L’interview originale est d’ailleurs parue dans Russia Today, une chaîne qui ne peut pas compter sur un intérêt considérable en Irlande.
Sans justice – ce qui signifie que l’occupation est entérinée et que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien est nié – il ne peut y avoir de paix ou de sécurité. Les exemples des mouvements révolutionnaires en Egypte et en Tunisie constituent une source d’inspiration pour de nombreux Palestiniens. L’arrivée d’un ‘‘printemps palestinien’’ – un mouvement révolutionnaire de masse à l’instar celui d’Egypte ou de Tunisie – serait une énorme riposte contre l’establishment israélien.
Une majorité de la population ordinaire juive israélienne ne soutient pas la politique d’occupation. Elle partage un ennemi commun avec les Palestiniens : l’establishment capitaliste israélien qui attaque les conditions de vie et les droits de tous les opprimés. Un mouvement de masse palestinien avec des manifestations et des grèves peut également toucher les travailleurs juifs israéliens et poser les bases d’une lutte commune pour que tous les travailleurs puissent jouir d’une réelle sécurité et de conditions de vie décentes.
Le parti-frère du Socialist Party irlandais en Israël / Palestine, Maavak Sotzyalisti / Harakat Nidal Eshteraki (Mouvement Socialiste de Lutte) comprend des membres tant juifs israéliens que palestiniens et s’est engagé à tout faire pour construire une telle lutte de masse et un mouvement unitaire afin de renverser l’establishment capitaliste et de poser les bases d’une paix véritable fondée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Cela signifie concrètement une Palestine socialiste aux côtés d’un Israël laïc, démocratique et socialiste avec Jérusalem comme capitale commune, ouverte à tout le monde, et sur base du contrôle total des ressources et de l’économie par les travailleurs, dans le cadre d’une confédération socialiste des Etats de la région.
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Extrême-droite : l’approche violente fait son chemin
Du côté néerlandophone, le Vlaams Belang s’est pris quelques claques à l’occasion des communales. Mais le danger que représente l’extrême droite n’est pas derrière nous, ce qu’illustre le repositionnement des jeunes du VB. Le succès remporté par les néonazis d’Aube Dorée en Grèce fait des envieux. Parmi les étudiants et l’organisation de jeunesse du Vlaams Belang on trouve notamment des militants du groupe N-SA (Nouvelle alternative solidariste), des néonazis lié au groupuscule Nation du côté francophone.
Par Geert Cool
La N-SA essaie de gagner du terrain alors que la direction du Vlaams Belang est encore dans les cordes suite à sa lourde défaite électorale. Le NSV (l’organisation étudiante officieuse du VB) a élu à sa direction un membre de la N-SA, mais ça n’a pas duré longtemps. Il avait osé remettre en question la manifestation annuelle du NSV et même l’IJzerwake, le meeting de l’extrême-droite qui se déroule chaque année à l’Yser pendant l’été. Mais divers militants de la N-SA sont actifs dans le NSV et les Vlaams Belang Jongeren. Cela a exemple été illustré lors du ‘débat’ du NSV organisé à Anvers le 22 novembre consacré à la situation en Israël – Palestine. Un orateur du Vlaams Belang et un orateur de la N-SA s’opposaient, l’un avec la haine de l’islam, l’autre avec une haine encore plus grande pour les juifs. Pour la N-SA, l’antisémitisme est plus fort que l’islamophobie.
Ses membres ont même participé à une action organisée contre le massacre commis par l’armée israélienne à Gaza. Cette action était à l’initiative d’Intal. Le mouvement anti-impérialiste doit fermement s’opposer à chaque tentative de ces néo-nazis d’être présent.
La N-SA n’a pas de problème avec la violence. Son dirigeant avait ainsi commenté la violence dont ont été victimes les militantes françaises du mouvement Femen qui s’opposaient à une marche de l’extrême droite contre le mariage des homosexuels. Ces militantes se sont faites tabassées et Kris Roman a déclaré sur Facebook : ‘‘A Paris, les gonzesses moches ont reçu quelques claques sur leurs gueules. C’est ce qu’il faut faire avec toutes les chiennes occidentales de gauche.’’ Voilà le ton qui règne dans ces milieux…
Aube Dorée a donc déjà quelques disciples chez nous. La seule façon de bloquer leur progression est d’organiser la résistance. En mars 2013, nous organiserons une nouvelle manifestation antifasciste contre le NSV, à Anvers cette fois-ci. C’est l’occasion de manifester contre les sympathisants belges d’Aube Dorée. Rejoignez notre campagne !
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Perspectives mondiales : ‘‘L’ère de l’austérité’’ prépare des convulsions sociales sismiques
Nous vivons une des périodes les plus dramatiques de l’Histoire
Les travailleurs grecs, suivis par les portugais et les espagnols, sont à l’avant-garde du mouvement contre cette interminable austérité. Plus personne ne peut aujourd’hui affirmer que la classe ouvrière reste passive face aux attaques du système capitaliste malade et pourrissant. Sa résistance s’est exprimée par une série de grèves générales épiques, mais elle a encore à créer un parti de masse ainsi qu’une direction dignes d’elle pour cette bataille entre travail et capital qui va dominer le début du 21ème siècle. La tâche du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), grâce à la clarté théorique de ses idées liée à un programme orienté vers l’action, est d’aider à créer cette nouvelle direction, une direction capable d’assurer la victoire de la classe ouvrière.
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Ce texte est un résumé du projet de document sur les perspectives mondiales discuté lors de la dernière réunion du Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) qui a eu lieu en décembre. Le document final est disponible, en anglais, sur le lien suivant.
[/box]Le caractère instable des relations mondiales (qui peuvent entraîner l’éclatement d’un conflit dans de nombreux endroits du monde et à n’importe quel moment) s’est illustré lors des récents affrontements entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Ils se sont limités à un échange de roquettes et de missiles et un accord de cessez-le-feu a été atteint, mais la guerre pourrait reprendre et un assaut d’Israël sur la Bande de Gaza n’est pas à exclure. En retour, des troubles auraient lieu dans le Moyen-Orient.
D’autre part, une ou plusieurs guerres régionales sont toujours de l’ordre du possible. La Syrie représente un véritable baril de poudre avec le régime de Bachar el-Assad assiégé et menacé d’être renversé, mais avec une opposition divisée sur des lignes sectaires. Les véritables socialistes ne peuvent soutenir ni Assad ni l’opposition, mais doivent s’orienter vers les masses que nous pouvons atteindre avec une voie clairement indépendante basée sur un programme et des perspectives de classe.
Certaines minorités du pays recherchent encore la protection d’Assad par craintes des conséquences d’une victoire de l’opposition, laquelle bénéficie clairement d’un soutien prédominant de la part de la majorité sunnite de la population, avec une influence grandissante significative d’organisations du type d’Al-Qaïda. De plus, l’intervention de la Turquie contre le régime a augmenté la tension entre les deux pays. Des affrontements armés pourraient avoir lieu entre eux, ce qui pourrait devenir hors de contrôle. Une intervention de l’Iran dominé par les chiites pour soutenir les chiites en Syrie n’est pas non plus à exclure. Pareillement, le conflit pourrait déborder au Liban avec l’éclatement de conflits sectaires. Cela en retour pourrait conduire Israël à saisir l’opportunité de lancer des attaques aériennes contre les supposées infrastructures nucléaires iraniennes, avec sans doute en riposte des salves de missiles et de roquettes de la part de l’Iran et du Hezbollah contre les villes et infrastructures israéliennes.
Au cours du récent conflit, le régime israélien et la population, plus largement, ont été pris de court par la capacité des roquettes du Hamas de frapper au cœur même de Tel Aviv. Le CIO s’oppose aux prétendues ‘‘frappes chirurgicales’’ d’Israël (qui ne sont en rien chirurgicales) qui ont tué au moins 160 Palestiniens. Mais nous ne soutenons pas pour autant les méthodes du Hamas, qui a lancé des roquettes à l’aveugle contre les villes les plus peuplées d’Israël. Cela a uniquement servi à jeter la population d’Israël dans les bras de Netanyahou, dont les actions punitives seraient soutenues par 85% de la population tandis que 35% soutiendraient maintenant une invasion de Gaza, opération qui verrait des centaines et des milliers de Palestiniens tués ou mutilés, de même que des Israéliens. Le peuple palestinien a le droit de résister aux méthodes terroristes de l’Etat Israélien, mais cette tâche peut être mieux accomplie par des mouvements de masse dans but de faire séparer la classe ouvrière d’Israël du régime vicieux de Netanyahou. En cas d’invasion de Gaza ou d’un autre territoire occupé, le peuple palestinien a tous les droits de résister, avec des armes si nécessaire, contre les envahisseurs.
Les mineurs sud-africains montrent la voie
Nonobstant l’influence des facteurs géopolitiques comme les guerres sur le cours des évènements (ce qui peut, sous certaines circonstances, sérieusement altérer nos perspectives), les principales caractéristiques de la situation présente sont l’approfondissement de la crise du capitalisme mondiale et la réponse combattive des la classe ouvrière et des pauvres.
Cela est symbolisé par le magnifique réveil de la classe ouvrière sud-africaine à la suite des mineurs. Ces grèves héroïques, à l’instar des révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont inspiré la classe ouvrière des pays industriels avancés. Un élément ‘‘d’Afrique du Sud’’ pourrait lui aussi être exporté en Europe avec un mouvement similaire au sein des syndicats afin de renverser les dirigeants qui refusent d’organiser la classe ouvrière pour sérieusement résister aux attaques du capitalisme.
A la suite des mineurs, d’autres pans de la classe ouvrière d’Afrique du Sud sont eux aussi entrés en action dans cette grève qui est en ce moment la plus grande et la plus sanglante au monde.
Cette lutte a également été caractérisé par un haut degré de conscience de la classe ouvrière (un héritage qui a su être préservé après les révolutions avortées des années 1980, avant la fin du régime de l’apartheid). Cela s’exprime par l’aspiration à la construction de nouveaux syndicats combattifs pour les mineurs afin de remplacer le syndicat officiel des mineurs, complètement corrompu, le NUM. Confrontés à l’ANC tout aussi corrompue, les mineurs (avec l’aide du Democratic Socialist Movement, le DSM, section du CIO en Afrique du Sud) ont lancé un appel pour un nouveau parti de masse des travailleurs. Cela ne peut que renforcer les revendications du même type portant sur la question de la représentation indépendante de la classe ouvrière dans tous les pays (c’est-à-dire la majorité) où la masse des travailleurs n’a pas de parti, pas même un capable de les représenter ne fut-ce que partiellement.
Même le magazine The Economist, la voix du grand capital, a déclaré : ‘‘le meilleur espoir pour le pays dans les années à venir est une scission réelle dans l’ANC entre la gauche populiste et la droite afin d’offrir un vrai choix aux électeurs.’’ C’est surprenant, sinon incroyable, au premier abord. Aucun journal capitaliste ne propose cela pour la Grande Bretagne ! Mais ce qui alarme The Economist, c’est que face au discrédit de l’ANC (un fossé de la taille du Grand Canyon existe à présent entre les seigneurs, chefs et rois de l’ANC et la classe ouvrière), les masses appauvries ont commencé à se tourner brusquement vers la gauche, vers les véritables militants pour le socialisme, les membres du DSM. Ils vont donc remuer ciel et terre pour essayer d’empêcher les masses d’aller dans notre direction, même si cela signifie de mettre en place une alternative ‘‘populiste’’ pour bloquer le développement d’un vrai parti de masse des travailleurs.
Les élections américaines
Le plus important évènement de cette période, au moins dans l’Ouest capitaliste, a été la réélection d’Obama aux USA. Il a été le premier président à être réélu depuis 1945 avec un taux de chômage supérieur à 7,5% dans le pays. Certains stratèges du capital (ou certains imaginant l’être) ont tiré des conclusions complètement fausses hors du résultat de cette élection. Ils affirment que la principale raison pour laquelle Obama a été élu, c’est que le peuple américain blâmait Bush, l’ancien président, pour les catastrophes économiques actuelles. Cela a sans doute été un facteur, certes, mais ce n’était ni le seul, ni le plus décisif. Une grande polarisation a pris place dans la société américaine avec les électeurs d’Obama (malgré leur déception face à son bilan) se rendant massivement au bureau de vote pour empêcher le candidat des 0,01% des riches et des plutocrates, Romney, de remporter les élections.
Il y avait une réelle peur de ce que signifierait une victoire de Romney, qui aurait fait tourner à l’envers la roue de l’histoire, briser les aides sociales et les réformes limitées dans la santé, etc. Cela a fait accroître la participation électorale qui, même si elle n’était pas aussi élevée qu’en 2008, était néanmoins d’un niveau historique. Le vote populaire a été serré, Obama l’emportant par 50,8% contre 47,5%. Mais il est crucial que la majorité des femmes l’aient soutenu, avec une majorité encore plus forte concernant les jeunes femmes. Il a aussi gagné 80% du vote des minorités (Latinos et Afro-Américains), bien sûr, et des sections significatives de travailleurs syndiqués (dans l’automobile par exemple) ont milité pour lui et l’ont soutenu. Dans cette élection, ce n’était pas seulement une question de victoire du ‘‘moindre mal’’ pour Obama pour ‘‘arranger l’économie’’. Bien sûr, il ne sera pas capable de le faire, à cause du caractère de la crise économique.
Le magnifique résultat de la candidate de Socialist Alternative aux élections de la chambre des représentants de l’Etat de Washington (un splendide 28% des suffrages) a été un triomphe non seulement pour nos camarades Américains mais pour l’ensemble du CIO.
C’était la confirmation du fait que présenter des candidats des travailleurs indépendants peut conduire au succès, et à un nouveau parti de masse des travailleurs. De plus, cela s’est produit au cœur même de la plus grande puissance capitaliste au monde. Cette élection est un avant-goût de ce à quoi nous pouvons nous attendre ailleurs dans la prochaine période, en particulier en Afrique du Sud et en Europe, et cela montre le potentiel qui existe dialectiquement aux USA pour les idées et le programme du socialisme.
L’héritage des trahisons social-démocrates et staliniennes n’existe pas aux USA, ce qui en fait un terrain encore plus favorable pour les vraies idées du socialisme en comparaison de nombreux endroits d’Europe et d’ailleurs à ce stade. De notre point de vue, il en va de même pour la victoire d’Obama. Son deuxième mandat pourrait préparer la voie à la création d’un troisième parti, mais d’un parti de la classe ouvrière cette fois, socialiste, radical et populaire. Bien sûr, toutes les perspectives sont conditionnées par la façon dont l’économie se développera aux USA et dans le monde entier.
L’économie mondiale fait face à une série de crises
L’économie américaine (l’une des seules à ré-atteindre le niveau de production d’avant 2008) a ralenti pour atteindre son rythme le plus faible depuis 2009, avec une croissance de moins de 2% alors que, simultanément, toutes les plus grandes économies mondiales ont perdu de la vitesse. Si les Républicains refusent un accord avec Obama, si les USA échouent face à la falaise fiscale, cela pourrait presque automatiquement plonger l’économie mondiale (fondamentalement stagnante) dans une nouvelle dépression encore plus profonde. Les intérêts des capitalistes devraient logiquement forcer les Républicains à chercher un accord avec Obama. Mais le système politique des USA, conçu à l’origine pour une population prédominée par les petits fermiers au XVIIIème siècle, est maintenant complètement dysfonctionnel, de même que le Parti Républicain.
En 2009, lors de l’un de ses discours parmi les plus révélateurs devant les banquiers américains, Obama a déclaré : ‘‘Mon administration est tout ce qu’il y a entre vous et les fourches.’’ Mais lors des élections, cela ne lui a pas pour autant apporté le soutien de la bourgeoisie américaine dans son ensemble, qui a en général préféré Romney. Cela tend à montrer qu’une classe ne reconnait pas toujours ce qui est dans son meilleur intérêt ! Ce sont les stratèges et les penseurs de la classe dominante, parfois en opposition avec ceux qu’ils sont sensés représenter, qui sont préparés à défendre les meilleurs intérêts des capitalistes et à planifier le chemin à suivre. Aujourd’hui, le problème pour eux est que les différentes routes qui mènent toutes le capitalisme à la ruine.
Leur perte de confiance est visible dans leur refus d’investir ainsi que dans les avertissements des institutions sacrées du capitalisme : le FMI, la Banque Mondiale, etc. Leurs perspectives de sortie rapide hors de la crise actuelle ont toutes été balayées. Dorénavant, ils sont plongés dans un pessimisme total. Le premier ministre britannique David Cameron et le Gouverneur de la Bank of England ont averti que la crise peut durer encore une décennie, et c’est le même son de cloche au FMI. Le thème des ‘‘banques zombies’’, d’abord employé au Japon, est à présent utilisé pour décrire non seulement les banques mais aussi les économies de l’Amérique, de l’Europe et du Japon. Comme dans le cas du Japon, les économistes bourgeois prédisent une ‘‘décennie perdue’’ pour certains pays et pour l’ensemble de l’Europe. Ils comparent cela à la dépression de 1873 à 1896, au moins en ce qui concerne l’Europe. Martin Wolf, du Financial Times, réfléchit ainsi : ‘‘l’âge de la croissance illimitée est-il terminé ?’’ en citant beaucoup une nouvelle étude ‘‘La Croissance Economique des USA Est-Elle Terminée ? L’Innovation Hésitante Confronte Les Six Vents Contraires’’. (NBER Working Paper no 18315)
Cela a posé la question essentielle du rôle de l’innovation dans le développement du capitalisme, et en particulier dans l’amélioration de la productivité au travail. Les auteurs de l’étude mentionnée ci-dessus ont conclu qu’il y avait eu ‘‘trois révolutions industrielles’’ depuis 1750 qui ont été cruciales pour le développement du capitalisme.
La première s’est située entre 1750 et 1830, a vu la création des machines à vapeur, du filage du coton, des chemins de fer, etc. La deuxième était la plus importante des trois avec ses trois inventions principales : l’électricité, le moteur à combustion interne et l’eau courante avec la plomberie, dans une période relativement courte, de 1870 à 1900. Ces deux révolutions ont pris à peu près 100 ans pour que leurs effets se répandent complètement dans l’économie. Après 1970, l’augmentation de la productivité a nettement ralenti, pour un certain nombre de raisons. La révolution informatique et internet (décrits par les auteurs comme la révolution industrielle n°3) ont atteint leur apogée à l’ère d’internet, fin des années 1990. Selon cette étude, son principal impact sur l’économie s’est altéré au cours des 8 dernières années. Les chercheurs en concluent que, depuis les années 2000, l’invention a largement été concentrées dans les appareils de loisir et de communication qui sont plus petits, plus smart et ont plus de capacités, mais ne changent pas fondamentalement la productivité du travail ou le niveau de vie de la même manière que la lumière électrique, les voitures à moteur et la plomberie. Cela ne veut pas dire que la science et la technique n’ont pas le potentiel de considérablement rehausser la productivité, mais le problème est posé par l’état actuel du capitalisme en déclin, incapable de développer pleinement le potentiel de ses forces productives. La baisse tendancielle du taux de profit (et les baisses réelles de rentabilité) décourage les capitalistes d’adopter des innovations qui pourraient développer les forces productives.
Il y a ensuite le problème de la ‘‘demande’’ qui en retour a conduit à ‘‘une grève de l’investissement’’, avec un minimum de 2000 milliards de dollars de ‘‘capital au chômage’’ dans la trésorerie des entreprises américaines. Et le problème du surendettement par-dessus tout. Styajit Das, du Financial Times, admoneste la bourgeoisie américaine qui ‘‘parait incapable d’accepter la vérité : la perspective d’une croissance économique faible ou nulle pour une longue période. (…) Le maintien de la croissance nécessite toujours plus d’emprunts. En 2008, aux USA, 4 ou 5 dollars de dettes étaient nécessaires pour créer 1 dollar de croissance, contre 1 ou 2 dollars dans les années 1950. A présent, la Chine a besoin de 6 ou 8 dollars de crédit pour générer 1 dollar de croissance, une augmentation de 1 à 2 dollars par rapport à il y a 15 ou 20 ans.’’
Le capitalisme ne fait pas face à une crise, mais à une série de crises. Ses partisans essaient de faire accepter à la classe ouvrière la perspective d’une croissance faible, voire de pas de croissance du tout, et ainsi qu’elle soit plus encline à accepter de voir ses conditions de vie se réduire drastiquement, comme en Grèce. Nous devons contrer cela par notre programme et en mettant en avant les possibilités illimitées (évidentes même aujourd’hui) qui sont présentes pour autant que la société soit organisée de façon rationnelle et planifiée, c’est-à-dire grâce à l’instauration du socialisme.
L’insoluble crise de l’Europe
La crise économique en Europe est la crise la plus sérieuse à laquelle fait face le système capitaliste. Cette crise parait insoluble avec la politique d’austérité qui ne fonctionne clairement pas, l’éclatement de conflits et la mise en garde du FMI contre ‘‘l’austérité excessive’’ appliquée par les gouvernements nationaux en Europe avec la bénédiction des autorités de l’UE et de la Banque Centrale Européenne (BCE). La BCE a d’un côté cherché à implanter, comme l’US Federal Reserve et la Bank of England, une forme de keynesianisme par l’achat d’obligations d’Etat ainsi qu’en accordant des prêts meilleurs marché à certaines banques et pays. Mais de l’autre, ces mêmes autorités (la ‘‘Troïka’’) ont été l’instrument des politiques d’austérité. Pourtant le FMI critique ‘‘l’effet multiplicateur’’ négatif qui s’opère quand une austérité drastique est appliquée (coupes dans les dépenses d’Etat, pertes d’emplois, etc.) car cela réduit les revenus de l’Etat. La BCE et les gouvernements nationaux rétorquent avec l’argument de ‘‘l’absolue nécessité’’ de faire des coupes dans les dépenses d’Etat, accompagnées de toutes les autres mesures d’austérité, de privatisation, etc. Mais en dépit de toutes les attentes, l’austérité a eu pour effet d’éteindre les braises économiques qui subsistaient encore durant la crise.
Il est vrai que les politiques keynésiennes ont échoué à générer la croissance. Dans la situation actuelle, cela revient à ‘‘pousser un objet avec une corde’’. Cela a conduit les nouveaux keynésiens, comme l’ancien monétariste thatchérien Samuel Brittan, à faire pression pour des mesures plus audacieuses ; il défend ce qui revient à une ‘‘chasse au trésor’’ géante, dans une tentative désespérée de faire bouger l’économie. Il suggère, en plaisantant seulement à moitié, d’enterrer des montagnes de cash, et que les aventuriers qui les découvriraient aillent les dépenser ! Il n’y a pas d’indication que cela se produise, cependant. Les largesses qui ont été distribuées jusqu’ici ont été utilisées pour payer les dettes, pas pour augmenter les dépenses. C’est une indication du désespoir de la classe dominante pour une amélioration, à ce stade. Le keynésianisme a été partiellement essayé et a échoué, mais cela ne signifie pas que, face à une explosion révolutionnaire, les capitalistes ne vont pas recourir à des mesures keynésiennes de grande ampleur. Des concessions peuvent être accordées, et par la suite les capitalistes vont tenter de les reprendre par le biais de l’inflation.
Même à présent, les autorités européennes tentent d’éviter que la Grèce soit en défaut de paiement en suggérant que plus de temps lui soit donné pour payer. Cela ne va pas empêcher les attaques sauvages contre la classe ouvrière grecque, qui sont appliquées sans état d’âme par l’UE. Cela ne va pas non plus résoudre les problèmes de base de la Grèce, qui vont encore s’accumuler avec la dette colossale. Un défaut de la Grèce est donc toujours probable, ce qui aura d’énormes répercussions dans toute l’Europe, dont en Allemagne, lourdement endettée envers les banques d’autres pays. Il est même possible que l’Allemagne elle-même prenne l’initiative de quitter la zone euro, telle est l’opposition politique intérieure contre la politique de renflouement. Même la proposition de donner à la Grèce plus de temps pour payer ses dettes rencontre une opposition de la part des capitalistes allemands parce que cela signifierait d’effacer une petite partie de leur dette. Il est possible que, en ce qui concerne l’Espagne et certains autres pays, ‘‘la canette soit envoyée plus loin’’. Mais, en fait, la canette va devenir trop grosse pour pouvoir être envoyée au loin ! Par conséquent, une rupture de la zone euro reste en jeu.
Même les Chinois sont alarmés par la tournure des événements en Europe. Un haut fonctionnaire Chinois, Ji Liqun, assis au sommet d’un fond souverain d’Etat de plus de 350 milliards d’euros, a averti que le public européen est à un ‘‘point de rupture’’. Auparavant, il avait argumenté que les Européens devraient travailler plus, mais il reconnait maintenant que la profondeur de la colère publique pourrait conduire à un ‘‘rejet complet’’ des programmes d’austérité. ‘‘Le fait que le public descende dans les rues et recoure à la violence montre que la tolérance du public en général a atteint ses limites’’, a-t-il commenté. ‘‘Les syndicats sont maintenant impliqués dans des protestations organisées, des manifestations et des grèves. Ca sent les années ‘30.’’ Ses préoccupations inexprimées sont que l’exemple de la classe ouvrière européenne puisse faire des vagues en Chine. Il craint d’autre part pour la sûreté des investissements chinois en Europe.
La Grèce est la clé de la situation
En ce moment, l’Europe est la clé de la situation mondiale : c’est là que la lutte des classes est la plus aigüe, c’est là que se trouvent les plus grandes opportunités pour une percée de la gauche et des forces révolutionnaires. Mais s’il en est ainsi, la Grèce est en conséquence la clé de la situation en Europe, suivie de près par l’Espagne et le Portugal dans la chaine des maillons faibles de l’Europe capitaliste. Comme Trotsky le disait de l’Espagne dans les années ‘30, non pas une mais 3 ou 4 révolutions auraient été possibles si les travailleurs grecs avaient une direction prévoyante et un parti de masse à sa tête. Le jour de la dernière grève générale, un programmeur informatique grec a commenté dans le journal britannique The Guardian : ‘‘Personnellement, je suis épaté qu’il n’y ait pas encore eu de révolution.’’ La télévision britannique a aussi commenté que seulement 3% de la population soutient effectivement les mesures d’austérité du gouvernement et de la Troïka. Avec tous les tourments que les Grecs sont forcés d’endurer, à la fin du programme d’austérité actuel, la dette de la Grèce sera encore de 192% du PIB ! En d’autres termes, il n’y a absolument aucune chance que cette dette soit payée. L’austérité sans fin est cependant l’avenir que le capitalisme a décrété pour le peuple grec.
Toutes les conditions pour la révolution ne sont pas seulement mures, mais pourries. 19 jours de grève générale (parmi lesquelles quatre de 48h et le reste, de 24h) témoignent des réserves colossales d’énergie dont disposent les travailleurs grecs et de leur capacité à résister. Cependant, ils en ont conclu que, malgré une lutte magnifique, la Troïka et les capitalistes grecs n’ont pas encore capitulé. Il est donc nécessaire de se tourner vers le front politique, vers l’idée d’un gouvernement de gauche capable de montrer la voie pour sortir de la crise. Ce processus a trouvé place malgré le fait que les masses soient sceptiques vis-à-vis de Syriza et de sa direction. Des sections significatives des masses sont prêtes à soutenir Syriza, qui reçoit actuellement 30% de soutien dans certains sondages, mais ils ne sont pas prêts à rejoindre ses rangs et à s’engager activement. Il y a une part de cet élément dans beaucoup de pays. La forte déception consécutive à l’échec des partis ouvriers a entraîné un scepticisme extrême envers ceux-ci, même ceux qui sont formellement de gauche. La volonté est bien présente de soutenir les formations et partis de gauche aux élections, mais pas de leur donner du temps et de l’énergie en s’engageant dans leurs rangs et en les construisant. Les travailleurs ont été déçus dans le passé et craignent d’être à nouveau laissés tomber. Bien sûr, cet état d’esprit peut et va être modifié une fois qu’ils auront vu ces partis véritablement accomplir ce qu’ils ont promis. Cependant, au lieu d’aller vers la gauche, les partis de gauche en général – et Syriza en particulier – ont eu tendance à aller vers la droite, en baissant leur programme et en ouvrant même leurs portes à d’ex-dirigeants de la social-démocratie (comme le Pasok en Grèce) qui ont ouvertement joué un rôle de briseurs de grève dans la dernière période.
Dans les circonstances de la Grèce, les tactiques souples employées par nos camarades grecs – tout en restant fermes sur le programme – répondent aux besoins de cette situation très complexe. Nous devons avoir l’œil non seulement sur les forces de gauche à l’intérieur de Syriza, mais aussi sur les forces importantes qui se situent à l’extérieur et qui, dans certains cas, ont revu leurs positions politiques. Nous ne pouvons pas dire à quel moment le gouvernement actuel va s’effondrer (car il va surement s’effondrer), avec la probable arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche emmené par Syriza. Mais nous devons être préparés à une telle éventualité, dans le but de pousser ce gouvernement vers la gauche, tout en aidant à créer des comités démocratiques populaires qui peuvent en même temps soutenir le gouvernement contre la droite mais aussi faire pression pour la prise de mesures en défense de la classe ouvrière. Il n’est pas impossible qu’une nouvelle force semi-massive significative émerge des tactiques dans lesquelles nous nous sommes à présent engagés.
Cela implique non seulement une concentration sur les développements dans la gauche et dans les partis des travailleurs mais aussi contre les dangers de l’extrême-droite, et en particulier celui de la montée du parti fasciste Aube Dorée, dont le soutien est récemment monté jusqu’à 14% dans les sondages, mais qui est maintenant descendu autour des 10%. Une des raisons de cette diminution est la formation de comités de masse antifascistes, que nous avons aidé à initier et dans lesquels nous avons attiré des travailleurs, des jeunes et des réfugiés. Ce travail est d’une importance exceptionnelle et pourrait être le modèle pour le genre de situation à laquelle la classe ouvrière peut être confrontée dans beaucoup d’autres pays à l’avenir.
Si la classe ouvrière et la gauche échouent à mener à bien une révolution socialiste, l’Histoire témoigne qu’ils devront en payer de lourdes conséquences. Les tensions sociales qui existent en Grèce ne peuvent être contenues pour toujours dans le cadre de la ‘‘démocratie’’. Il y a déjà une guerre civile voilée, avec plus de 90% de la population opposée aux ‘‘un pour cent’’ et cela peut exploser en un conflit dans le futur. Quelques éléments d’extrême-droite en Grèce ont discuté de l’idée d’une dictature, mais ce n’est pas immédiatement à l’agenda. Tout mouvement prématuré qui paraitrait imiter le coup d’état militaire de 1967 pourrait provoquer une grève générale totale, comme en Allemagne en 1920 avec le Putsch de Kapp, et entraîner une situation révolutionnaire. De plus, un coup d’Etat ne serait pas acceptable en ce moment pour l’impérialisme, la ‘‘communauté internationale’’, dans cette ère de ‘‘démocratie et de résolution des conflits’’.
Dans un premier temps, les capitalistes vont plus probablement recourir à une forme de bonapartisme parlementaire, comme le gouvernement Monti en Italie, mais en plus autoritaire. La position économique et sociale risquée de la Grèce va demander un gouvernement plus ferme et plus à droite qu’en Italie, avec le pouvoir de renverser le parlement ‘‘en cas d’urgence’’. Si cela ne fonctionne pas, et qu’une série de gouvernements de caractère similaire est incapable de forcer l’impasse sociale, et si la classe ouvrière, faute d’un parti révolutionnaire conséquent, échoue à prendre le pouvoir, alors les capitalistes grecs pourraient passer à une dictature ouverte.
Nous devons avertir la classe ouvrière que nous avons encore du temps en Grèce, mais nous devons utiliser ce temps pour préparer une force capable d’accomplir un changement socialiste de société. Le 14 novembre dernier, la réponse dans toute l’Europe a illustré que les luttes de la classe ouvrière sont liées entre elles. Si les travailleurs grecs brisaient les chaines du capitalisme et en appelaient aux travailleurs de l’Europe de l’Ouest, ou au moins aux travailleurs du Sud de l’Europe, il y aurait une énorme réponse pour un appel pour une confédération socialiste – qui impliquerait probablement l’Espagne, le Portugal et peut-être l’Irlande dans un premier temps, sinon l’Italie.
La Chine à la croisée des chemins
Comme le montre le fait que la première visite d’Obama après sa victoire électorale était en Asie, l’impérialisme américain a identifié ce continent comme une région-clé (plus importante que l’Europe, par exemple, stratégiquement et économiquement). Il s’agissait en partie de réaffirmer l’enjeu économique de l’impérialisme américain mais aussi à avertir la Chine de l’importance des intérêts stratégiques militaires des USA. Cela paraissait nécessaire à cause de la réaffirmation militaire de la Chine, qui a été révélée récemment dans les clashs de la marine chinoise avec le Japon à propos d’îles inhabitées contestées. Le Japon commence à construire ses forces militaires, seulement pour sa ‘‘défense’’ bien sûr ! Cela signifie que l’Asie va devenir un nouveau dangereux théâtre de conflits militaires, avec la montée du nationalisme et la possibilité de conflits déclarés, où les diverses puissances seront préparées à se confronter les unes aux autres, avec les armes si nécessaire, afin de renforcer leur influence, leur pouvoir et leurs enjeux économiques.
La Chine est le colosse de l’Asie, la deuxième puissance au monde après les USA. La façon dont elle se développe va avoir un effet énorme, peut-être décisif, sur la région et le monde. Et la Chine est certainement à la croisée des chemins, comme son élite dirigeante le comprend bien. Comme beaucoup de groupes dirigeants dans l’Histoire, elle sent les tensions contradictoires monter d’en bas et est incertaine concernant la façon de les gérer. Les érudits Chinois décrivent la situation actuelle du pays à The Economist comme ‘‘instable à la base, découragée dans les couches moyenne, hors de contrôle en haut.’’ En d’autres termes, en ce moment, les ingrédients pour une révolution fermentent en Chine. Le temps des taux de croissance spectaculaires de l’ordre de 12% est révolu. La Chine est aujourd’hui telle une voiture embourbée dans la neige : les roues tournent mais le véhicule n’avance pas. La croissance s’est probablement contractée entre 5 et 7%. Le régime revendique une certaine ‘‘reprise’’ mais ne s’attend pas au retour d’une croissance à deux chiffres. Cela va automatiquement affecter les perspectives pour l’économie mondiale. Un taux de croissance de plus de 10% n’était possible que par l’injection de ressources, qui est monté jusqu’à 50% du PIB investi dans l’industrie, ce qui est énorme et sans précédent. Cela a en retour généré du mécontentement et du ressentiment contre la croissance des inégalités et la dégradation de l’environnement ainsi que contre l’accaparation illégale des terres collectives par des fonctionnaires avides.
Cela et les conditions de surexploitations dans les usines ont généré une opposition énorme parmi les masses avec 180.000 manifestations publiques en 2010 (et ce chiffre a augmenté depuis), en comparaison à l’estimation officielle de 40.000 en 2002. Le retrait du ‘‘bol de riz en fer’’ (la sécurité sociale) et les attaques contre la santé et l’éducation ont ajouté au mécontentement. Cela a forcé la direction à réintroduire un minimum de couverture-santé. La direction chinoise est hantée par la gestion de ce volcan et par la voie économique à adopter. Le village de Wukan s’est soulevé il y a un an et a été victorieux après des batailles avec la police pour réclamer des terres qui leur avaient été volées par la bureaucratie locale. Ceci était symptomatique de ce qui se passe sous la surface en Chine : une révolte souterraine qui peut éclater à n’importe quel moment. A cette occasion, les fonctionnaires locaux ont battu en retraite mais d’un autre côté, les manifestants n’ont pas donné suite à leur mouvement. Il semble que cet incident et beaucoup d’autres sont ‘‘de petits soulèvements qui ne cessent de bouillonner à travers toute la Chine.’’ (Financial Times)
Beaucoup de protagonistes pensent naïvement que si seulement les seigneurs de Pékin connaissaient l’échelle de la corruption, ils interviendraient pour y mettre fin. Quelque chose de similaire se produisait en Russie sous le stalinisme. Au départ, les masses tendaient à absoudre Staline de toute responsabilité dans la corruption, pour laquelle il n’aurait pas été ‘‘au courant’’. Cela était considéré comme étant le crime de la bureaucratie locale et non pas de Staline lui-même. Mais l’arrestation de Bo Xilai et le procès de sa femme ont aidé à dissiper ces illusions dans la Chine actuelle. Il a été accusé d’avoir abusé de sa position pour amasser une fortune, acceptant d’énormes pots-de-vin tout en permettant la promotion de ses amis à de hauts postes. Bo, membre du sommet de l’élite (un prince rouge, fils d’un dirigeant de la révolution chinoise) est accusé de complicité de meurtre, de corruption passive et de corruption à grande échelle. Cela pose naturellement la question de la manière dont il a pu s’en sortir si longtemps.
En réalité, ce ne sont pas ces crimes (bien qu’ils soient probablement vrais) qui ont conduit à son arrestation et à son procès imminent. Il représentait un certain danger pour l’élite et faisait campagne pour un poste au plus élevé en évoquant, élément très dangereux pour l’élite, certaines expressions radicales du maoïsme associées à la Révolution Culturelle. En faisant cela, il aurait pu inconsciemment libérer des forces qu’il n’aurait pas été capable de contrôler, qui auraient pu aller plus loin et exiger des actions contre les injustices du régime. Qui sait comment cela se serait terminé ?
Le régime chinois est en crise. Il est assez visiblement divisé sur les prochaines étapes à accomplir (en particulier sur la question économique). Un prince rouge l’a exprimé brutalement au Financial Times : ‘‘La meilleure époque de la Chine est révolue et le système entier a besoin d’être remanié.’’ Les commentateurs bourgeois de journaux comme The Economist, le Financial Times, le New York Times, etc., ont récemment recouru à la terminologie qu’utilise le CIO, en décrivant la Chine comme ‘‘un capitalisme d’Etat’’. Ils n’ajoutent pas la clause que nous y ajoutons, ‘‘un capitalisme d’Etat avec des caractéristiques uniques’’. Cela est nécessaire pour différencier notre analyse de la position rudimentaire du Socialist Workers Party et d’autres, qui décrivent inexactement les économies planifiées du passé de cette façon. Le sens de la marche de la Chine est clair. Par le passé, le secteur capitaliste a augmenté au détriment des entreprises d’Etat. Mais récemment, et en particulier depuis le plan de relance de 2008, il y a eu une certaine recentralisation et le pouvoir économique a tendu à être plus concentré dans le secteur d’Etat, à tel point que maintenant les entreprises d’Etat pèsent maintenant 75% du PIB total. D’un autre côté, selon The Economist : ‘‘Les experts ne s’accordent pas à dire si l’Etat représente la moitié ou un tiers de la production chinoise, mais sont d’accord pour dire que cette part est plus basse qu’elle l’était il y a deux décennies. Depuis des années, depuis la fin des années 1990, les entreprises d’Etat paraissent battre en retraite. Leur nombre a décliné (à environ 114000 en 2010, une centaine d’entre elles étant des champions nationaux contrôlés centralement), et leur part dans l’emploi a chuté. Mais à présent, même alors que le nombre de compagnies privées a augmenté, la retraite de l’Etat a ralenti et, dans certaines industries, s’est inversées.’’
Il est clair qu’une discussion féroce a lieu derrière les portes fermées de l’élite. Les ‘‘réformateurs’’ sont en faveur d’un programme déterminé de démantèlement du secteur d’Etat pour se tourner de plus en plus vers le ‘‘marché’’. Ils proposent de lever les dernières barrières à l’entrée et l’action du capital étranger. Selon la rumeur, le nouveau ‘‘dirigeant’’ Xi Jinping, malgré la rituelle rhétorique du ‘‘socialisme avec des caractéristiques chinoises’’ soutient ces réformateurs. D’un autre côté, ceux qui ont proposé l’ouverture, dans l’économie mais aussi avec des réformes ‘‘démocratiques’’ limitées, paraissent mis à l’écart. Des études ont été réalisées sur la façon dont d’anciennes dictatures comme la Corée du Sud aurait réussi une ‘‘transition froide vers la démocratie’’. Elles ont eu lieu quand l’expansion économique ne s’était pas épuisée et même alors, il s’agissait d’un contexte de mouvement de masses. La ‘‘transition’’ proposée en Chine prend place au milieu d’une crise économique massive. Il paraitrait que les dirigeants chinois étudient avidement le rôle de Gorbatchev en Russie. Il avait d’abord l’intention de ‘‘réformer’’ le système et a fini par présider son démantèlement. Dans la Chine actuelle, des réformes importantes d’en haut provoqueront une révolution d’en bas. On ne peut pas exclure qu’une période ‘‘démocratie’’ très faible (avec le pouvoir encore aux mains des anciennes forces, comme aujourd’hui en Egypte avec l’armée et les frères musulmans au pouvoir) pourrait se développer après un soulèvement révolutionnaire en Chine. Mais cela ne serait qu’un prélude à l’ouverture des vannes à un des plus grands mouvements de masse dans l’Histoire.
Conclusions
En quatre ou cinq ans de crise économique mondiale dévastatrice, nous pouvons conclure qu’il y a des perspectives très favorables pour la croissance du marxisme, avec toutefois certaines réserves compte tenu du fait que la conscience (la vision large de la classe ouvrière) doit encore rejoindre la situation objective, qui peut encore être décrite comme prérévolutionnaire, surtout à l’échelle mondiale.
Les forces productives n’avancent plus, mais stagnent et déclinent. Cela a été accompagné d’une certaine désintégration sociale de certaines sections de la classe ouvrière et des pauvres. En même temps, de nouvelles couches de la classe ouvrière se créent ainsi que de parties de la classe moyenne (prolétarisées) et sont forcées d’adopter les méthodes traditionnelles de la classe ouvrière avec les grèves et les organisations syndicales. Le pouvoir potentiel de la classe ouvrière reste intact, même entravé et affaibli par les directions syndicales droitières ainsi que par la social-démocratie et les partis ‘‘communistes’’.
Le CIO n’a pas encore fait de percée décisive dans un pays ou un continent. Cependant, nous avons maintenu notre position globale en termes de membres et, surtout, nous avons augmenté notre influence dans le mouvement ouvrier. Beaucoup de travailleurs sympathisent et regardent de notre côté, ils peuvent nous rejoindre sur base des événements et de notre militantisme. Nous devons faire face à la situation en formant et préparant nos sympathisants pour le prochaine période tumultueuse, dans laquelle de grande opportunité se présenteront de renforcer les organisations et partis du CIO et l’Internationale dans son ensemble.
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A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
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A Noter dans votre agenda
- Lu. 3 déc. Termonde. 19h café Tijl. Assemblée générale de Rood! à Termonde
- Ma. 4 déc. Bruxelles. 19h Garcia Lorca. Débat: pour un front de gauche en Belgique. Avec René Andersen (Front de Gauche Charleroi), Ivo Janssen (Rood! Anvers), François Schreuer (Vega Liège), un représentant du Front de Gauche – La Louvière, Anja Deschoemacker (Gauches Communes, Saint-Gilles)
- Ma. 4 déc. Liège. 19h, Café Le Delft place du XX Août, discussion sur ”L’Etat et la révolution” de Lénine.
- Di. 9 déc. Anvers. 14h Assemblée Générale de Rood!-Anvers suivie d’un repas.
- Ma. 11 déc. Anvers. Meeting: La parole aux mineurs d’Afrique du Sud
- Me. 12 déc. Gand. Meeting: La parole aux mineurs d’Afrique du Sud
- Jeu. 13 déc. Bruxelles. 19h30 Bâtiment Randstad (47 rue Jardinier, à Molenbeek). Meeting: La parole aux mineurs d’Afrique du Sud
- Sa. 15 déc. Liège : Soirée de soutien : Résistance Internationale contre la crise du capital ! Concerts et DJ aux ‘‘Fous d’en face’’, 140 rue Saint Gilles
- Sa. 15 Déc. Louvain, Meeting: NON à la politique d’austérité en Europe et en Belgique – 31 déc. Bruxelles. Nouvel an du PSL
- 31 décembre. Bruxelles. Fête de Nouvel An du PSL
- 13-14 avril 2013: Week-end Socialisme 2013
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Liège : Concert de soutien
Le PSL s’invite aux "Fous d’en face" : Résistance internationale contre la crise du capital!
Après une année bien chargée, venez commencer à fêter l’an neuf avec nous ! Ce samedi 15 décembre, le PSL s’invite aux "Fous d’en face", café bien connu de la rue Saint-Gilles à Liège qui a toujours su assurer que l’ambiance était au rendez-vous! Dès 21h00, nous aurons le plaisir de bouger sur la piste avec JAYWEL KAWIL (Rock garage), EVENING CALL (Punk rock alternatif) et DJ ALONE + GUESTS
Entrée: 4 euros
Edition de décembre/janvier de ”Lutte Socialiste”
Voici ci-dessous un paerçu du contenu de cette édition. Les abonnements partiront dès demain.
- L’austérité, ça ne marche pas : Défendons notre pouvoir d’achat !
- Budget de compromis ? Vaste blague ! || Le jour où les marchés financiers sont devenus communistes…
- Budget : de l’argent, il y en a, dans les poches du patronat ! || Une politique communale ‘‘de gauche’’, qu’est-ce que ça veut dire pour les partis traditionnels ?
- Pour un syndicalisme de combat ! || Eux & Nous
- Ford Genk Après la “Marche pour l’avenir”, la lutte doit aller de l’avant ! || La sidérurgie hennuyère en danger !
- Le droit à l’avortement reste à conquérir || Un dirigeant de la campagne ‘‘Tamil Solidarity’’ menacé d’expulsion || A Alost, le SP.a a troqué la lutte des classes contre la lutte des places…
- Industrie. Ne jamais gâcher une bonne crise ?
- DOSSIER.De l’apartheid à Marikana : La lutte pour plus de justice sociale continue
- DOSSIER. Un siècle d’ANC : de l’espoir à la désillusion
- USA : les électeurs ont rejeté le programme de la droite || 29% pour un candidat marxiste à Seattle !
- Vers une grève générale européenne de 24 heures !
- Politique d’austérité : les médias dominants sont complices
- Nouvelles du parti
- Sanctions Administratives Communales : Ça ne résout aucun problème, ça les amplifie || EGA-Gand contre la nouvelle “taxe étudiante” || Extrême-droite : l’approche violente fait son chemin
- Les dirigeants israéliens sèment carnage et terreur pour servir leurs propres intérêts || Débat des Etudiants de Gauche Actifs : La fin du néoliberalisme ?
- Plus jamais de massacre à Gaza !
