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  • La droite a-t-elle gagné sur le long terme ?

    Suite aux résultats des dernières élections en élections présidentielles en France, aux résultats des législatives belges,… certains parlent “d’un vent de droite qui souffle sur l’Europe”. La « droite décomplexée » est-elle l’avenir de l’Europe ? Y-a-t-il effectivement moins de place pour la solidarité ? Qu’expriment ces victoires de forces ouvertement de droite ?

    Peter Delsing

    La faillite de la social-démocratie

    En 1981, lorsqu’il a été élu président de la république française, Mitterand croyait encore que certaines activités économiques devaient être aux mains de la communauté. Il a ainsi nationalisé différentes banques et quelques groupes industriels. Son programme voulait plus s’en prendre aux grandes fortunes au profit des gens ordinaires.

    C’était un programme classique du réformisme: l’idée que les services publics, dans une certaine mesure, doivent protéger et être élargis, que l’élite riche doit être plus imposée en faveur de la majorité,… bref, que des acquis durables peuvent être obtenus sans changer directement de système.

    La crise du capitalisme depuis 1974-75 a cependant instauré une pression pour une politique de casse sociale, pression renforcée par la chute du Mur en 1989. La social-démocratie dans l’Europe entière alors pris un sérieux coup de barre à droite. Les réformes sociales de la période d’après-guerre sont alors devenues des « contre-réformes » asociales à la sauce moderne. La chute du stalinisme, caricature totalitaire du véritable socialisme, a été utilisée abusivement pour une offensive sournoise de la bourgeoisie.

    Une politique néo-libérale peut-elle être de “gauche”?

    Les anciens “partis de gauche” se sont de plus en plus compromis dans des gouvernements de casse sociale, néo-libéraux. Logique adoptée : même en cas de stagnation de la croissance économique, les bénéfices doivent continuer à augmenter. Les salaires en font les frais, tout comme les dépenses sociales (retraites, allocations), tandis que La Poste, les télécommunications, l’électricité… doivent être soldées au privé. La pauvreté et l’insécurité face à l’avenir augmentent fatalement.

    Pire encore, SPa et PS (dans une moindre mesure) n’ont pas seulement accepté la casse sociale, ils en ont été le fer de lance pour nombre de privatisations, pour le “suivi” – lire: la chasse – des chômeurs, pour la suppression du droit à la prépension, pour l’enseignement élitiste, … tout en présentant ces mesures comme « progressites » et même « sociales » ! Les travailleurs et les syndicats sont d’un coup devenus « conservateurs ». Différents médias ont même présenté la coalition violette comme « le gouvernement le plus à gauche ».

    Quand une telle confusion règne sur ce qu’est la droite et la gauche, quand on constate quelle politique asociale a été portée par la « gauche » officielle – y compris les verts -… Comment la droite peut-elle être pire ?

    De plus, tous les partis qui ont gagné ces élections ont fait campagne bien plus sur le “changement” et l’opposition au gouvernement violet (ou au PS dans le cas du MR) que sur leur véritable programme économique. Est-ce vraiment révélateur d’un virage à droite dans les esprits ?

    “Gauche, droite, gauche, droite,…” La direction est la même !

    À défaut d’une alternative de masse pour les travailleurs, et avec la faillite du réformisme, aucune solution collective ne peut se répandre largement et par la force des choses, se sont les solutions individuelles qui se renforcent.

    C’est ce qui explique le score de Sarkozy en France aux présidentielles et qui s’est exprimé par le slogan « ceux qui travaillent plus doivent gagner plus », mêlé à des propos sécuritaires populistes. L’original – Sarkozy – a été plus attractif et crédible que la pâle copie de Ségolène Royal.

    Mais les travailleurs et les jeunes n’ont pas besoin de moins de sécurité sociale, mais de plus. Déjà au deuxième tour des élections législatives françaises, la vague bleue de l’UMP a relativement put être contenue suite à la proposition d’introduire une « TVA sociale » (une augmentation de la TVA pour financer les baisses de taxes pour les riches).

    Face à l’instabilité du système, la réalité rattapera les illusions.

  • Contre le capitalisme : résistance internationale!

    Début juin, les dirigeants des 7 pays les plus riches au monde, plus la Russie, se sont réunis à Heiligendamm, en Allemagne pour discuter de la politique climatique,de la situation dans le Tiers-Monde, de l’Irak,… Contre ce rassemblement censé décider de notre avenir, des dizaines de milliers de personnes ont protesté à proximité du sommet, la plus grande manifestation attirant 80.000 participants.

    Liesje Ulburghs

    Né des actions spectaculaires contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Seattle en 1999, le mouvement anti-globalisation a connu son apogée lors des mobilisations contre les réunions à l’été 2001 de l’Union Européenne à Göteborg et du G8 à Gênes. Le contre-sommet de cette année a de nouveau fait fureur.

    La colère légitime des innombrables participants à la contestation s’est exprimée par un grand nombre de manifestations et d’actions directes. Ainsi, au début du sommet, 10.000 activistes ont mis en place des barrages qui, 24 heures plus tard, tenaient toujours bon et ont ainsi entraîné bien des difficultés pour les collaborateurs des dirigeants du G8 qui cherchaient à rejoindre leurs maîtres. A travers ces actions et manifestations, c’est toute une couche importante de jeunes et de travailleurs qui ont affirmé que Blair, Bush, Poutine et consors – courageusement cachés derrière 16.000 policiers et une clôture de 11 kilomètres – ne sont pas représentatifs des opinions et des intérêts de la majorité de la population.

    Et, de fait, Ils sont en effet aux ordres d’une infime élite détentrice des moyens de production et dont la richesse repose sur l’exploitation du travail du reste de la population aux quatre coins de la planète. La logique capitaliste pousse les patrons à rechercher des profits sans cesse croissants et à économiser sur les « frais de production » (nos salaires et nos conditions de travail).

    Les riches plus riches, les pauvres plus pauvres

    Les énormes richesses produites à travers le monde sont accaparées par ces parasites tandis que 30.000 enfants meurent chaque jour de faim et que la moitié de la population mondiale doit vivre avec moins de 1,5 euro par jour.

    Et cela ne fait qu’empirer ! Ces vingt dernières années, les 5% les plus pauvres de la population mondiale ont perdu 25% de leur revenu réel. Ce n’est pas perdu pour tout le monde, les 20% les plus riches ont ainsi obtenu 12% en plus. En Belgique non plus, les gens ordinaires ne profitent guère de la croissance économique. Les conditions de travail et le pouvoir d’achat souffrent, 15% des Belges vivent dans la pauvreté. Les acquis sociaux qui nous viennent des luttes du passé fondent à vue d’oeil.

    Peu de gens croient encore que des organismes comme le G8 peuvent améliorer les choses. Bush s’est par exemple prononcé dès avant le sommet contre les (faibles) propositions faites pour combattre le réchauffement climatique, aucun objectif concret n’a donc pu être déterminé. De toutes façon, on sait à quoi s’en tenir avec ses promesses Celles faites au sommet de 2005 pour lutter contre la pauvreté dans le monde n’ont toujours débouché sur rien de concret. Cette fois, les « maîtres du monde » ont dit qu’ils allaient tenir leurs engagements. Pourquoi maintenant et pas avant ? Dans ces réunions, on examine surtout comment maintenir les inégalités dans l’intérêt du capital et comment les faire avaler au monde extérieur.

    Le capitalisme remis en question

    Les années qui ont suivi la chute du Mur et l’effondrement de l’Union Soviétique ont été marquées par un reflux des luttes et de l’idée qu’il est possible de changer en profondeur la société, jusqu’à ce que la progression du mouvement anti-globalisation lancé par de jeunes radicalisés remette à nouveau en question l’impitoyable logique du capitalisme.

    Au fil des années et à l’occasion des différents sommets du G8, de l’Organisation Mondiale du Commerce ou encore de l’Union Européenne, toute une gamme d’actions ont été testées pour que les protestations puissent s’exprimer et troubler ces sommets. Mais, malgré les nombreux barrages routiers, les actions directes et les manifestations, la même politique en faveur d’une plus riches continue à être menée et les protestations sont royalement ignorées. C’est que ces actions ne touchent pas les capitalistes là où ça leur fait mal. La base économique du capitalisme – la production des travailleurs – reste à l’extérieur des stratégies de protestation. La nécessité de créer un rapport de forces reposant sur l’unité et la mobilisation des travailleurs doit être bien comprise pour pouvoir jeter bas le capitalisme .

    La résistance de la jeunesse n’est souvent que l’annonce d’une lutte plus généralisée. Cette fois-ci aussi, la montée du mouvement anti-globalisation au début des années 2000 a été suivie par une mobilisation massive à l ‘échelle mondiale contre la guerre de Bush en Irak en 2003 mais aussi par un mouvement plus large de lutte contre les conséquences de la politique de casse sociale. La montée des luttes populaires et le tournant à gauche en Amérique Latine, les luttes massives dans l’enseignement en France et en Grèce,… montrent les opportunités qui existent pour réunir les jeunes radicalisés et le mouvement ouvrier, qui seul a le pouvoir économique de provoquer un changement structurel.

    Vers une orientation plus large

    Pour progresser, le mouvement anti-globalisation ne peut pas se replier sur lui-même et ne prêcher que des convaincus. Mais ces dernières années, les différents Forums Sociaux se sont de plus en plus tournés vers des ateliers de discussion avec des thèmes et des slogans très vagues. A tel point que les PS ont pu participer de manière de plus en plus présente à ces réflexions alors qu’ils n’hésitent pas à mettre en oeuvre cette même politique néo-libérale contestée par les Forums Sociaux. Nous n’avons pas besoin de vagues groupes de discussion pas plus que d’actions prétendument « radicales » isolées (comme celles des Black Blocks anarchistes) qui contribuent actuellement à dissuader les couches plus larges d’entrer en action. Nous avons besoin au contraire d’un programme concret et de campagnes de masse capables de forger des liens solides entre jeunes et travailleurs.

    Les récentes attaques du gouvernement d’Angela Merkel ont conduit, dans les jours précédant le sommet du G8, à une grève de Deutsche Telekom. Cette grève a même menacé l’organisation pratique du sommet. Malheureusement, il n’y a eu aucune unité entre la protestation des jeunes contre le G8 et ces actions de grève. Ce n’est pourtant que par l’intermédiaire d’actions communes autour de thèmes concrets que le mouvement anti-globalisation pourra donner suite aux slogans vagues comme “un autre monde est possible” et gagner la sympathie de larges couches de travailleurs.

  • No Future ? A nous de réagir !

    Réchauffement climatique, emplois précaires, …

    Le fait que le slogan « no future » ait été inventé et popularisé parmi la jeunesse à la fin des années ‘70 n’est pas du tout un hasard. La fin des « 30 glorieuses » – les années de croissance économique d’après-guerre – marque en effet le début de la période que nous connaissons aujourd’hui – celle du néo-libéralisme – et crée un sentiment d’absence d’avenir pour la jeunesse.

    Stéphane Ramquet

    Alors que durant certaines périodes, les luttes des travailleurs et des jeunes ont réussi a arracher aux classes dominantes des acquis importants (la sécurité sociale, la journée de 8h, l’enseignement obligatoire et quasi-gratuit,…), la période du néo-libéralisme est marquée par les attaques frontales menées par le patronat contre les travailleurs. Les premières victimes de cette offensive sont comme toujours les plus faibles, les moins expérimentés, les moins organisés: les jeunes. Ainsi, alors que le CDI (contrat à durée indéterminée) était la règle auparavant, il devient peu à peu l’exception. Alors qu’avant, la fin des études marquait le début d’une carrière stable, elle est aujourd’hui synonyme de stage d’attente, de formations et de jobs d’intérim.

    Mais la période que nous vivons est aussi marquée – et encore plus que les autres – par la recherche effrénée de profit pour les multinationales. Toute la logique de la société est tournée vers ce but: maximaliser immédiatement les bénéfices d’une minorité de capitalistes au détriment de l’immense majorité de la population (le slogan anti-G8 est plus que jamais d’actualité: « ils sont huit, nous sommes des milliards. »). Mais, outre la pauvreté grandissante que connaissent beaucoup de jeunes en Occident et plus encore dans le Tiers-Monde, cette politique a des coûts très lourds. Et le coût écologique est sûrement un des plus alarmants. Il est désormais un fait indéniable que le monde court droit à son auto-destruction. Mais à qui la faute? A ceux qui subissent cette politique? Non, la faute est à ceux qui profitent et mènent cette politique – les multinationales – et à leur politiciens. Quelle planète nous laisseront-ils? Rien à faire ! Profit, profit, profit, profit,…. est leur seule motivation.

    Face à ces situations de précarisation de l’emploi et de destruction de la planète, nous, étudiants inquiets de notre avenir, travailleurs précarisés et habitants de la planète de demain, nous devons réagir. L’histoire nous prouve que seule l’organisation et l’unité dans la lutte paient face aux pilleurs de la planète. De nombreuses luttes ont pu se terminer en victoire grâce à la mobilisation de la jeunesse comme récemment contre le CPE (Contrat Première Embauche) en France.

    Ceux qui s’opposent à cette lutte et à son unité (le patronat et ses alliés politiciens) tentent de nous diviser selon notre sexe, notre couleur de peau, notre orientation sexuelle,… Mais, résolus à laisser derrière nous tout préjugé raciste ou sexiste, nous avons décidé de lutter pour notre avenir, pour une planète saine, pour des emplois décents et un enseignement de qualité. Ensemble nous avons décidé de lutter contre le néo-libéralisme, forme actuelle du capitalisme. Rejoins-nous dans ce combat !

  • Marx et Engels : défendre les travailleurs, c’est défendre leur milieu

    Certains, dès le 19e siècle déjà, ont cependant refusé de se laisser enfermer dans de faux problèmes comme d’opposer l’écologie à la technique ou de dire que le combat environnemental dépasse les clivages politiques. Parmi eux se trouvaient Karl Marx et Friedrich Engels, les auteurs du Manifeste du Parti Communiste.

    Nicolas Croes

    Friedrich Engels disait par exemple : « qu’il s’agisse de la nature ou de la société, le mode de production actuel tient uniquement compte du résultat immédiat manifeste ». Pour eux, c’est le capitalisme, et non l’industrie, qui est le véritable virus à la base de la dégradation de l’environnement. Les intérêts à court terme de la minorité qui possède les moyens de production et contrôle la société vont à l’encontre de ceux de l’humanité, avec des conséquences évidentes pour le respect du milieu de vie.

    En prenant exemple sur l’agriculture, Marx déclarait par exemple, bien avant l’utilisation massive des pesticides : « Tout l’esprit de la production capitaliste, axée sur le gain d’argent immédiat, est en contradiction avec l’agriculture, qui doit desservir l’ensemble des besoins permanents des générations humaines qui se chevauchent». Il précisait : « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste représente un progrès non seulement dans l’art de dépouiller le travailleur, mais dans celui d’appauvrir la terre ; toute amélioration temporaire de la fertilité des sols rapproche des conditions d’une ruine des sources durables de cette fertilité ».

    Engels, dans son ouvrage La dialectique de la nature, allait dans le même sens : « Nous ne dominons nullement la nature à l’instar du conquérant d’un peuple étranger, comme si nous étions placés en-dehors de la nature (…) toute la souveraineté que nous exerçons sur elle se résume à la connaissance de ses lois et à leur juste application, qui sont notre seule supériorité sur toutes les autres créatures. En effet, chaque jour, nous apprenons à mieux pénétrer ses lois et à reconnaître les effets plus ou moins lointains de nos interventions (…). » Il avertit cependant qu’arriver à une solution « exige de nous autre chose qu’une simple connaissance », et « nécessite le bouleversement total de notre production, y compris l’ordre social actuel dans son ensemble (…) Le profit obtenu par la vente est le seul et unique mobile du capitaliste (…) ce qui advient ultérieurement de la marchandise et de son acquéreur est le dernier de ses soucis. Il en va de même quand il s’agit des effets naturels de ces agissements».

    Tous deux ont finalement démontré que la société industrielle et la nature ne sont pas incompatibles. Mais la production industrielle doit être organisée de manière consciente, planifiée dans les intérêts de tous et avec la participation de tous, afin d’éliminer les gaspillages et la logique de profit à court terme qui définit notre société actuelle. C’est cette dernière qu’il faut changer de fond en comble, radicalement. Toute position intermédiaire ne saurait être que l’équivalent d’une aspirine donnée à un cancéreux.

    URSS et Chine « populaire »

    Bien évidemment, quant on met en avant comme solution de détruire le capitalisme pour résoudre, entre autres, les problèmes environnementaux, un simple regard porté sur la pollution qui sévit en ex-Union Soviétique ou en Chine ne pousse pas à aller plus avant sur cette voie. Actuellement, un cinquième de la population russe vit dans une région tellement sinistrée écologiquement qu’elle est un danger pour la santé. De même, les pluies acides couvrent un tiers du territoire chinois.

    Pour nous, le « socialisme » qui a été appliqué dans ces pays n’a finalement été qu’une caricature sanglante caractérisée notamment par un productivisme à outrance. Pour fonctionner, une économie planifiée a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène. En ce sens, le règne dictatorial de la bureaucratie dans ces pays n’a pas eu uniquement comme conséquence la répression, les déportations et le goulag mais aussi des dégâts causés à l’environnement qui devront encore être supportés par de nombreuses générations. De plus, tant le passage brutal de la Russie à l’économie capitaliste que la transition accélérée sur la même voie qui se déroule actuellement en Chine n’ont en rien atténué cette situation. Bien au contraire.

    Sauver l’environnement par la lutte collective

    En définitive, le peu de mesures qui ont été prises sont concentrés dans les pays développés, là où la pression de l’opinion publique et parfois les mobilisations populaires ont pu porter. Mais la pollution n’entre que légèrement en ligne de compte dans les politiques des gouvernements et des dirigeants des multinationales. Sinon, une autre politique serait mise en œuvre, basée sur le développement des transports publics, une meilleure utilisation des transports ferroviaires et fluviaux, une relocalisation des activités de production,…

    En France, la première législation face aux effets toxiques aux environs des usines date de 1810, bien avant toute loi en faveur des travailleurs et même des enfants. Si les travailleurs ont réussi entre-temps à obtenir des améliorations de leurs conditions de travail, c’est par leur lutte collective pour arracher des acquis aux exploiteurs des industries et de la finance. La lutte pour la sauvegarde de notre planète doit suivre la même voie. Par la lutte, retirons des mains des profiteurs la direction de la société !

  • Les droits syndicaux dans le collimateur!

    Quelle sera la signification d’un gouvernement orange bleue pour les travailleurs ? La réponse n’est pas longue à deviner. Les élections sociales de 2008 sont ainsi déjà menacées par les libéraux et le droit de grève est de plus en plus ouvertement mis sur la sellette.

    Geert Cool

    Elections sociales menacées

    Une directive européenne a déclaré en 2002 que les travailleurs dans les entreprises de plus de 50 salariés doivent avoir accès à l’information et à la participation. En février de cette année, le Conseil d’Etat a rendu public un arrêté qui affirme que la limite actuelle de 100 travailleurs pour installer un Conseil d’entreprise est illégale. Dès la fin juin, la Belgique risque de devoir payer de fortes amendes européennes (jusqu’à plus de 20.000 euros par jour!) si rien n’est fait pour assurer la représentation des travailleurs dans les petites et moyennes entreprises.

    Pourtant, sous la pression des libéraux, deux Arrêtés Royaux sur les élections sociales ont été bloqués. C’est que le patronat ne veut absolument pas voir appliquer la directive européenne et fera tout pour bloquer toute représentation syndicale dans les PME. Cette situation compromet l’organisation des élections sociales.

    Ces dernières concernent 5.814 entreprises, à peu près 125.000 candidats et plus de 1,2 millions de travailleurs. Autant de personnes qui ne pourront pas exercer leur droit démocratique. A cela s’ajoutent encore plus ou moins 405.000 travailleurs dans les entreprises comprenant entre 20 et 50 salariés.

    Comment, après tous les discours sur la “gestion ethique”, le prochain gouvernement réussira-t-il à faire avaler le sabotage des élections sociales ? Comment Yves Leterme expliquera-t-il à la CSC, liée au CD&V, que sa promesse d’imposer un conseil d’entreprise à toutes celles employant plus de 50 travailleurs est enterrée ?

    Droit de grève menacé

    Les élections sociales ne sont pas les seules à être visées, le droit de grève est également dans la ligne de mire, tant du côté libéral que chrétien. Et lorsqu’un avocat veut se faire un nom à peu de frais en profitant de la grève des 46 travailleurs de la BIAC, qui a paralysé l’aéroport de Zaventem le 13 avril, en engageant une procédure contre les grévistes, c’est à peine s’il y a eu une réaction syndicale.

    Cet individu, « Maître » Cafmeyer, déclare ainsi: “Une grève est un moyen de pression qui ne peut être utilisé que dans des circonstances exceptionnelles. Si la cause d’une grève n’est pas assez lourde, un juge peut décider qu’il s’agit d’un abus.” Il veut donc tirer en justice à l’automne prochain les 46 travailleurs de la BIAC individuellement. Si ces salariés sont condamnés, les syndicats paieront les indemnités, mais c’est un dangereux précédent que de voir le droit de grève collectif réduit à des procédures individuelles. Si la responsabilité n’est pas portée par le collectif (les syndicats) mais par des individus, qui osera encore se mettre en avant ?

    Une attaque d’une telle ampleur sur le droit de grève est spectaculaire, mais c’est surtout le manque de réaction ferme contre cette offensive qui est remarquable. Il est pourtant largement préférable de déjà réagir maintenant et de ne pas attendre un éventuel jugement qui irait contre les travailleurs.

    Pendant ce temps, la polémique se poursuit à propos de l’instauration d’un service minimum en cas de grève. Dans les transports en commun flamands, une convention collective qui admet implicitement le service minimum a déjà été signée. Il est ainsi admis de ne pas mener de grèves sauvages et d’organiser durant les grèves un service minimum le soir pour les écoliers , étudiants et navetteurs. Cette discussion est amplifiée par le vent sarkoziste qui souffle de France.

    Au final, l’argumentation patronale revient à dire que si l’on peut toujours faire grève, il faut tout de même assurer un certain nombre de services : on peut faire grève, mais sans déranger personne. On peut crier notre indignation, mais en silence. Si évidemment les grèves ont des effets, que dire des mesures contre lesquelles les actions sont menées ? En expliquant largement les raisons d’une grève, il est possible d’obtenir bien plus de soutien, comme l’ont témoigné les réactions face aux grèves de La Poste, en particulier à Gand à la fin du mois de mai.

    Ce sujet est plus sensible dans les transports publics. Aucune tentative n’est faite pour lier le mécontentement du personnel à celui des passagers, en expliquant par exemple que la majorité des retards ne sont pas liés aux travailleurs mais sont des conséquences du manque de personnel et d’entretien. Un soutien aux actions de grève au sein de la société serait la meilleure défense du droit de grève en isolant les partisans du « service minimum ».

    Il faut une offensive syndicale !

    Une réponse syndicale ferme et conséquente est nécessaire. Aujourd’hui, tant les acquis sociaux que les instruments de lutte pour les défendre (représentation syndicale, droit de grève, …) se trouvent dans le collimateur.

    Il est crucial de répondre au contenu des mesures néo-libérales qui nous sont imposées, de construire pas à pas un rapport de forces avec la participation des couches larges de travailleurs et de leurs familles. Et cela ne saurait se réaliser qu’en adoptant une attitude inébranlable contre chaque attaque sur nos libertés et droits syndicaux.

  • La Russie de Poutine fait couler du sang homosexuel

    "Pédés, pervers!" "Renvoyez les tapettes dans les camps de concentration"… Voilà les cris qui ont déchaîné Moscou lors du 14ème anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité en Russie. Rien (ou presque) ne laissait présager que ce dimanche d’apparence ordinaire serait marqué par des violences homophobes dans la capitale ni que les visages en sang des rescapés homosexuels allaient horrifier l’Europe toute entière à la veille du sommet du G8 en Allemagne.

    Tout remonte à l’année dernière, au moment où des centaines de militants LGBT (lesbiennes, gays, bi’s, trans-genres ou hétéros) se sont rassemblés à Moscou pour la première Gay Pride russe. Cette manifestation avait été interdite. Devant la ténacité des homos à faire valoir leurs droits, celle-ci a quand même eu lieu, mais fût violement réprimée (un article de notre Internationale publié sur ce site relate ces évènements).

    Aujourd’hui, les plaies ayant cicatrisé, les homos ont décidé de revenir à la charge. Au programme cette année, manifester devant le bureau du maire de la ville et lui remettre une pétition pour protester contre l’interdiction de la Moscow Pride 2007.

    Evidemment, les déclarations des politiciens et des religieux ne se sont pas faites attendre. Le mufti suprême de la région de Talgat Tajuddin a également déclaré: "S’ils vont dans la rue, il faudra les frapper. Tous les gens normaux le feront, qu’ils soient musulmans ou orthodoxes." Il a ajouté que le Prophète Mahomet a ordonné de tuer les homosexuels, car "leur comportement conduirait à la fin de l’espèce humaine". Selon l’évêque orthodoxe Daniel Yuzhno-Sakhalinsk, cette marche n’est qu’une "plaisanterie cynique", il a comparé l’homosexualité à la lèpre et a mis en garde la population contre "la propagande du vice".

    Lors de la première Gay Pride, un député nationaliste criait fièrement: "J’ai une solution pour les homos: la Sibérie!". Depuis l’an dernier déjà, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, affirme que toute tentative pour organiser une Gay Pride (qu’il qualifie d’"acte satanique" sic!) serait "résolument écrasée". Issu de la droite dure, Igor Artioumov a tenté de légitimer sa récente attaque contre une boîte homo de Moscou en déclarant: "Je proteste contre ces sodomites qui rampent comme des cafards!". Le président russe a lui même sous-entendu lors de sa conférence de presse annuelle que "les homosexuels nuisent à la cause nationale en ne participant pas au renouvellement des générations" etc.

    Les organisateurs de la Gay Pride avaient quant à eux invité les journalistes internationaux, des VIP’s et plusieurs députés d’Angleterre, de Belgique, de France, des Pays-Bas, d’Italie, du Brésil et du Parlement européen, croyant naïvement que leur présence empêcherait que le mouvement soit à nouveau réprimé.

    Mais rien à faire, la Russie de Poutine se la joue dure. Comme en 2006, la disproportion entre le dispositif policier et le petit nombre de manifestants était évidente.

    La presse de droite colporta si bien les menaces homophobes que le rassemblement dégénéra en une véritable chasse aux homosexuels. Des néo-fascistes ont rué de coups les manifestants aux cris de "morts aux homosexuels". A chaque fois, les policiers ont tardé à intervenir. Le député européen Marco Cappato a été agressé par un groupe de néo-nazis alors qu’il parlait à des journalistes. "Que fait la police? Pourquoi ne nous protégez-vous pas?", a-t-il lancé aux policiers qui l’ont ensuite arreté malgrè son immunité parlementaire puis placé dans le même camion que plusieurs militants d’extrême droite.

    En Russie, le climat anti-gay a en effet donné confiance aux fascistes pour entrer en jeu et laisser sortir toute leur haine, sans scrupule. Un groupe de jeunes hommes solidement bâtis se sont présentés équipés de masques chirurgicaux, destinés selon leurs termes à les protéger de la "maladie homosexuelle". D’autres, brandissant fièrement des photos d’Hitler, faisaient le salut nazi en beuglant "nous sommes pour un véritable amour (sic!)". Un homme muni d’un crucifix "venu aider les policiers" a menacé de s’en servir pour frapper tout homosexuel qui croiserait son chemin.

    En plus de recevoir des coups, les homosexuels qui défendaient leurs droits ont été arreté manu militari, jetés dans un camion de la police et emmené sous les yeux de dizaines de journalistes. Plusieurs fachos ont également été interpellés (puis immédiatement relachés) pour avoir frappés des homos ou des députés. La lenteur de l’intervention des policiers leur laissait cependant tout l’espace pour asséner plusieurs coups rapportent les témoins. Selon Scott Long, un militant de Human Rights Watch, ONG de défense des droits de l’homme: "La police n’a pas vraiment essayé de séparer les deux camps et, par conséquent, des gens ont été passés à tabac. Je conseillerais aux autorités russes de protéger la liberté de rassemblement et la liberté d’expression, et de protéger les manifestants."

    "Nous défendons simplement nos droits" a déclaré un jeune homosexuel qui saignait du nez après avoir reçu un puissant coup de poing au visage par un homme hurlant "les homos sont des pervers". "C’est atroce, mais cela ne me fait pas peur. C’est un endroit assez effrayant, un pays assez effrayant pour les homosexuels. Mais nous persisterons jusqu’à ce qu’ils nous permettent d’exercer nos droits", a-t-il ajouté.

    "Il faut que nous nous battions pour faire valoir nos droits!" insistait Lena, toute jeune lesbienne qui avec un groupe de copines aura tenu plusieurs minutes face à des néo-nazis qui les couvraient d’insultes. "Vous êtes des animaux!", "Sales putes!" leur lançaient les crânes rasés, bavant de rage. "C’est plutôt vous les animaux!" répondaient bravement les filles. Cette scène-là s’est achevée par des crachats et quelques coups de pieds dans le dos quand elles ont finalement battu en retraite. "Mais nous reviendrons l’année prochaine, et jusqu’à ce qu’on puisse enfin s’affirmer homo en Russie !" assuraient-elles au journal français LIBERATION.

    Les deux chanteuses russes du groupe TATU qui ont bâti leur célébrité en s’affichant lesbiennes étaient également présentes à la manifestation, assaillies tant par les néofascistes que par les journalistes, celles-ci ont rapidement dû fuir la mêlée. Quelque secondes après son arrivée, le leader du mouvement gay, Nikolaï Alexeïev, a été "emmené sans explication" dans un poste de police du centre de Moscou.

    Un député Vert allemand, Volker Beck, déjà roué de coups lors de la première Gay Pride l’an dernier, a de nouveau été battu par des néo-nazis puis interpellé par la police. Une fois libéré, il a déclaré à la presse avoir été ensuite roué de coups par les policiers. Le député allemand a ajouté que lui et ses compagnons d’infortune s’étaient fait confisquer leur passeport au cours de leur détention. La présidente de son parti a exigé que la chancelière Angela Merkel évoque la question des droits de l’homme avec le président russe lors du sommet du G8 prévu le mois prochain en Allemagne.

    Un célèbre défenseur britanique des homosexuels, Peter Tatchell, à été jeté au sol et frappé à deux reprises. Quand il s’est relevé, couvert de sang, il a été frappé une nouvelle fois à l’oeil et embarqué par deux policiers anti-émeutes qui n’étaient visiblement pas génés par les caméras filmant la scène.

    Des nationalistes ont lancé des oeufs sur une député transexuelle de Rifondazione Comunista, Vladimir Luxuria, qui, tremblante, déclarait après coup: "Dès mon retour, je vais faire pression sur notre parlement pour que le président italien évoque ce grave incident avec Vladimir Poutine lors de sa prochaine visite. Malheureusement Nikolaï Alexeïev (le leader du mouvement) restera cette nuit au poste de police et il y aura un procès lundi car il est accusé d’avoir résisté à la police".

    Cependant, ces réactions homophobes ne reflètent pas forcément l’opinion publique car, selon un sondage récent, 51% des russes pensent que les gays et les lesbiennes devraient avoir les même droits que les autres. Mais il est clair que les déclarations politiques ou autres propagent la haine et la violence dans le pays tout entier. Poutine est d’ailleurs arrivé au pouvoir en attisant la haine et les divisions dans son pays (Tchétchénie, terreur, assassinats politiques, magouilles financières…). Le sommet du G8 nous a montré que sa doctrine était: "diviser pour mieux régner". Tenter de faire pression sur la Russie à cette occasion n’est pas sérieux.

    Que faire, alors?

    Nous devons bien sûr nous organiser pour combattre le racisme sous toutes ses formes. Pour changer la donne, nous devons dépasser le chacun pour soi et rester unis: homos et hétéros, hommes et femmes, travailleurs et chômeurs, flamands et francophones, belges et immigrés… mais ce n’est qu’un début.

    Aucun changement radical n’est possible tant que nos vies seront dirigées par des puissances économiques, comme le G8. Notre rôle en tant que socialistes est de prouver que c’est seulement en combattant le système capitaliste, ainsi que toutes les pourritures toxiques qui émannent de lui et en mettant sur pied une nouvelle société basée cette fois sur la solidarité et l’égalité -une société socialiste-, que ces problèmes seront réglés une fois pour toutes.

  • Les travailleurs, les chômeurs et les pauvres ont besoin de leur propre parti !

    Depuis 1995 déjà, le MAS/LSP met en avant la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. A cette époque, le Plan Global était encore dans toutes les mémoires mais les directions syndicales avaient encore réussi à convaincre leur base que la coalition chrétienne-“socialiste” au pouvoir était “le gouvernement le plus à gauche possible”.

    Par Anja Deschoemacker, 3e sur la liste néerlandophone pour le Sénat

    Aujourd’hui, les choses ont bien évolué. Depuis des années, le PS commence enfin à être vu comme l’architecte de la casse sociale. Au vu de la résistance contre ce démantèlement de nos acquis – entre autres les centaines de milliers de grévistes et de manifestants contre le Pacte des Générations – il est clair que « le fossé entre le citoyen et la politique » dont parlent les médias signifie surtout que la grande majorité de la population ne se sent plus représentée politiquement.

    Un vote utile ?

    Beaucoup de travailleurs, de chômeurs, de pensionnés et de jeunes vont pourtant de nouveau opter pour le soi-disant « vote utile à gauche ». Ce processus, en France, a permis à Ségolène Royal d’obtenir un bon score au premier tour des présidentielles tandis que Tony Blair a pu se maintenir au pouvoir pendant dix ans en Grande-Bretagne, et ce malgré l’énorme chute de popularité du New Labour. Chez nous, les partis socialistes viennent de passer 20 années d’affilée au pouvoir malgré leur participation à toutes les privatisations et au démantèlement de nos droits et acquis.

    Nous comprenons les motivations de ces électeurs qui veulent voter « utile » mais nous pensons que l’expérience des dernières décennies démontre que ce vote « utile » ne nous mène à rien sauf à une politique de démantèlement social négociée.

    Si on parle en termes d’équivalents temps plein, aucun emploi supplémentaire n’a été créé au cours de ce dernier quart de siècle et la part des salaires dans la richesse nationale a constamment diminué, tout comme le pouvoir d’achat des salariés, notamment à cause du coût toujours croissant du logement. Beaucoup de services publics sont quant à eux soit déjà privatisés, soit en passe de l’être et les conditions de travail y sont souvent devenues plus pénibles pour un service aux usagers fortement diminué (au contraire des prix…).

    Contre tout cela, un “vote utile” n’est pas suffisant. Le prochain gouvernement – où seront très probablement à nouveau présents le PS et le SP.a – va poursuivre les attaques contre les pensions et les chômeurs tout en continuant à donner des cadeaux aux patrons sous forme, notamment, des diminutions de charges patronales qui minent notre sécurité sociale….

    Résistance !

    La lutte contre la régression sociale sera en grande partie une lutte syndicale. Pour la mener de manière efficace, il est nécessaire de rassembler les militants syndicaux combatifs dans un parti capable de les armer avec un programme et une stratégie corrects.

    Nous ne pouvons pas garantir que le CAP deviendra un nouveau parti large de gauche qui défende de façon conséquente les intérêts des travailleurs, des chômeurs et des pauvres. Mais, ce qui est sûr, c’est que le CAP offre une opportunité qui doit être saisie à pleines mains. Si le CAP ne se développe pas, nous en serons réduits une nouvelle fois à entrer dans les prochaines luttes sans aucune réponse politique du mouvement ouvrier.

    Nous pensons que le CAP a un potentiel gigantesque. Les résultats électoraux ne pourront exprimer ce potentiel que très partiellement, mais la campagne électorale offre une excellente base pour construire cette initiative. Après les élections, le MAS/LSP va donc continuer ses efforts pour aider à construire le CAP avec autant d’enthousiasme et d’énergie !

  • Changements climatiques : Les prix vont suivre la température

    La question de l’écologie et de la préservation de notre environnement est vue parfois comme un problème secondaire, comme une préocupation réservée à ceux qui n’ont que cela à faire. Le cynisme n’est pas étranger au regard que certains portent sur les modifications du climat : « plus de soleil, plus de bronzage ! ». Pourtant, il s’agit d’un problème crucial et pour notre avenir immédiat également.

    Souvent, les militants écologistes ont été vus comme des farfelus. Mais bon, il est vrai que pour un travailleur aux prises avec l’exploitation qu’il subit sur son lieu de travail – avant de replonger dans la vie familliale et les problèmes des enfants, des factures à payer,… – il n’est pas toujours évident d’être sensible au drame que représente la disparition d’un petit mammifère en Asie. D’autant plus que les solutions proposées par les Verts – « officiels » et autres – n’ont régulièrement été que des délires utopistes ou des taxes supplémentaires (évidemment, uniquement pour les consommateurs afin de ne pas effrayer les principaux pollueurs que sont les entreprises).

    Depuis quelques temps, les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), d’autres organismes similaires ou encore ceux de l’ONU ont fait la une de l’actualité. Il est maintenant devenu complètement absurde de nier les effets de l’activité humaine sur la terre. Mais pour beaucoup de gens, les chiffres donnés restent abstraits ou lointains. Pourtant, 50 millions de « réfugiés écologiques » en 2010 à cause des sécheresses et innondations croissantes, ce n’est pas rien. Le culte de l’individualisme qui a déferlé sur la société ces dernières années n’est pas pour rien dans le désintérêt surprenant à l’égard des enjeux du problème.

    Un article paru dans le « Wall Street Journal » et relayé dans le « Courrier International » du 10 au 15 mai donne des données beaucoup plus concrètes sur l’impact du réchauffement climatique sur notre quotidien immédiat. Tout l’article est centré autour de la flambée des prix (l’inflation) alimentaires qui va découler des mauvaises récoltes dues aux températures anormalement élevées et à l’absence de pluie.

    Par exemple, dans le Land de Saxe, dans l’est de l’Allemagne, les prix des denrées alimentaires ont augmenté quatre fois plus que les autres produits de consommation durant le mois de mars de cette année. Et dans l’ensemble du pays, le volume des pluies a été 90% inférieur à la normale durant le mois d’avril. « C’est le mois d’avril le plus sec, le plus chaud et le plus ensoleillé jamais enregistré » déclare le service national de météorologie allemand.

    En France, les températures durant ce mois ont été globalement 10% supérieures aux moyennes saisonnières tandis qu’en Espagne, les bassins de rétention d’eau ne sont remplis qu’à 40% de leur niveau normal. De fait, le mois d’avril 2007 a été le plus sec depuis au moins un siècle en Europe ; jamais en Belgique nous n’avons connu de pareilles chaleurs en avril depuis au moins 1830.

    En Italie, l’organisation patronale redoute les fermetures d’usines durant l’été et le gouvernement est sur le point de décréter l’Etat d’urgence.

    La Banque d’Angleterre a, quant à elle, expliqué que si le Royaume-Uni a eu une inflation de plus de 3% c’était en raison « d’une hausse des prix alimentaires provoquée par une réduction mondiale de l’offre en raison des conditions climatiques ». Et si l’inflation annuelle a atteint 3,1% en mars, les prix de la production agricole ont connu une inflation deux fois supérieure.

    Le tableau est similaire partout en Europe. « L’augmentation des prix est imminente » déclare le patron de Pinguin (conditionneur belge de légumes surgelés). Les prix se situent à « un niveau trompeusement bas depuis des années» dit-il encore.

    Il y a d’ailleurs encore quelques mois, les organisations agricoles misaient sur des récoltes exceptionnelles en raison de l’hiver particulièrement doux que nous avons connu. L’Union Européenne avait même commencé à vendre ses stocks de blé, ce qui avait en conséquence fait diminuer (un peu) les prix.

    Le problème ne se situera pas seulement au niveau de l’alimentation, mais également au niveau de l’électricité car la pénurie d’eau aura aussi des effets sur les centrales électriques.

    A cela, on peut encore ajouter que la canicule de 2003 avait causé plus de 70.000 décès à travers l’Europe et que les services de soins de santé publics se sont dégradés depuis lors…

    Tout ces éléments démontrent que les questions environnementales nous concernent réellement tous. Il est urgent de réfléchir aux solutions à mettre en oeuvre face à la dégradation de l’environnement et ses conséquences, comme par exemple la montée des prix de l’alimentation.

    Conscientiser… ou culpabiliser ?

    De nombreuses campagnes sont mises en oeuvre pour « conscientiser le citoyen ». Il est certain que le gaspillage d’eau et la pollution sont l’oeuvre de toutes les couches de la société, mais en définitive, les véritables responsables ne sont pas les personnes visées par ces campagnes. Culpabiliser le « citoyen » est un moyen commode pour masquer les premiers pollueurs.

    Dans un système basé sur la compétition entre entreprises, il est logique de voir leurs propriétaires faire ce qu’ils peuvent pour éviter de couler. La course aux profits est une nécéssité si un entrpreneur ne veut pas finir dans les poubelles de l’économie. Alors, avec une logique pareille, l’environnement, on s’en préoccupe peu. Pas assez rentable. Frein à la liberté d’entreprendre.

    Alors, comme l’ensemble des politiciens tiennent pour acquis que ce sont les entreprises qui créent l’emploi et qu’il faut les séduire et non les effrayer, on ne fait rien à leur niveau. Et si des lois passent, leur respect est encore tout théorique, sans parler des entreprises qui préfèrent payer des amendes qui reviennent de toute façon moins chères que le respect des normes.

    Donc… on s’attaque au « citoyen ». Mais les taxes touchent tout le monde de la même manière : le patron de Fortis paie la même taxe sur sa cannette de Coca que le livreur intérimaire de Pizza Hut. Il en va de même avec les incitants pour produits écologiquement meilleurs, comme par exemple les voitures moins polluantes. Mais, dans les faits, ce n’est même pas le cas. Car quand on a les moyens, ce n’est pas un problème de changer de voiture, d’installer une série de panneaux solaires ou de consommer des produits plus respectueux de l’environnement, mais aussi plus chers. En définitive, quand on « conscientise le citoyen », on attaque en réalité les travailleurs, les chômeurs, les femmes au foyer, les jeunes,… La majorité de la population ne pourra pas adapter son comportement puisqu’elle n’en a pas les moyens, et en a d’ailleurs de moins en moins.

    De toute façon, les nouveaux impôts ne servent bien souvent même pas à augmenter le budget pour la protection de l’environnement.

    Que faire donc ? L’écologie et le capitalisme sont opposés. Lutter pour préserver l’un, c’est détruire l’autre. Le capitalisme est basé sur le gaspillage. La loi du marché et de la concurrence signifie que personne ne sait ce qui est produit avant que cela le soit. Un peu comme si un étudiant allait à son examen de math pour voir ce qu’il doit étudier. Dans ces conditions, on produit trop et sans que cette production ne soit même nécessaire puisque la base est de rapporter aux actionnaires et aux chefs d’entreprises et non de satisfaire les besoins de la population.

    Le système qui préserverait le mieux l’environnement est une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire où les moyens de produire sont aux mains des travailleurs – et non pas d’une minorité de profiteurs – qui décideraient eux-même de ce qu’ils doivent produire en fonction de leurs besoins. Et parmi ces besoins figure la protection de la planète. L’écologie et le marxisme révolutionnaire sont étroitement liés, contrairement à l’image qu’à pu en donner la caricature productiviste stalinienne des ex-pays « socialistes ». A la lutte pour nos emplois, contre la cherté de la vie, contre le racisme,… doit être liée la lutte pour la préservation de notre éco-système.

  • Pour une hausse immédiate de nos salaires !

    Grands patrons de Belgique : + 22% en 2006

    Les travailleurs doivent se serrer la ceinture – 1400 salariés d’Opel lincenciés

    Même le ministre VLD Karel De Gucht devait reconnaître dans De Morgen : « Les grands gagnants de l’économie mondiale moderne sont les actionnaires et les cadres dirigeants des entreprises internationales » Les écarts de revenu entre patrons et salariés ne cessent de se creuser.

    Karel Mortier

    De Gucht n’a aucun problème avec les salaires exorbitants en soi, mais ils rendent invendable la politique d’austérité. De Gucht a mis en garde contre l’émergence de ‘tendances populistes’ qui pourraient saper la légitimité du système économique actuel.

    Alors que les grands patrons se plaignent du coût du travail trop élevé et plaident pour la modération salariale et des baisses de charges supplémentaires au détriment de notre sécurité sociale, ils s’accordent royalement des augmentations salariales et d’autres avantages. Ils brandissent l’argument de la compétitivité avec les pays voisins pour justifier la baisse de nos salaires et même la disparition de nos emplois. Mais le même argument sert paradoxalement à justifier les salaires exorbitants des grands patrons…

    Les partis traditionnels font preuve d’hypocrisie en se disant soudain préoccupés par les écarts de salaire alors qu’ils sont au pouvoir depuis si longtemps. Non seulement ils n’ont rien fait, mais ils ont étendu la pratique des salaires exorbitants aux dirigeants des entreprises publiques.

    Les cadeaux supplémentaires au patronat ont encore aggravé les problèmes. Tant les libéraux que les « socialistes » ont jugé “irresponsable” tout plaidoyer en faveur d’une norme salariale plus élevée pour les travailleurs. Lorsque les syndicats exigent une meilleure répartition des richesses, ils sont accusés de “populisme”.

    Les larmes de crocodile des partis traditionnels n’y changeront rien. En France également, les principaux candidats à l’élection présidentielle feignent de s’indigner des parachutes en or pour les grands patrons suite à la révélation que l’ancien patron d’Airbus avait reçu une prime de licenciement de 6 millions d’euros plus 2,4 millions d’euros en vertu d’une clause de non-concurrence. Cette clause lui interdit d’offrir ses services à une autre entreprise pendant 2 ans ! Il y a de quoi laisser songeurs les 10.000 salariés licenciés par Airbus…

    Il faut des initiatives et des actions concrètes pour en finir avec la logique néolibérale des coupes d’austérité. Une autre politique est nécessaire, mais ce ne sont pas les politiciens traditionnels qui la mettront en oeuvre. Ils continueront la politique d’austérité.

    Après l’annonce de la menace qui pèse sur 1400 emplois à Opel, ils ne trouvaient rien d’autre à dire que le gouvernement devait faire plus d’efforts pour… offrir plus de flexibilité et de cadeaux à la direction de GM. Une autre politique investirait ces moyens autrement : au lieu de les concentrer de manière obscène entre les mains de quelques-uns, elle les répartirait équitablement de telle sorte que tout le monde gagne davantage.

  • Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres.

    Le magazine Forbes a récemment publié son rapport annuel sur les milliardaires: ils sont à l’heure actuelle 946 à travers le monde. La richesse cumulée de ces parasites qui vivent de l’exploitation est de … 3.500 milliards de dollars (!).

    En 2005, ils étaient un peu moins (793) et pesaient ensemble 2.600 milliards de dollars. En une année, c’est une croissance de 35%! A titre de comparaison, 2.600 milliards de dollars, c’est un peu plus que le Produit Intérieur Brut de l’Allemagne, première économie européenne et septième économie mondiale! Luisa Kroll, la journaliste de Forbes, explique: "Ce fut tout simplement une année extraordinaire pour les marchés de par le monde"…

    Pendant ce temps…

    • Pendant ce temps, près de 1,3 milliards de personnes, vivent avec moins de 1$ par jour.
    • Pendant ce temps, plus d’un milliard d’êtres humains n’ont pas d’accès à l’eau potable.
    • Pendant ce temps, l’espérance de vie de près d’un tiers des habitants des pays pauvres n’atteint pas 40 ans.

      (Chiffres de l’ONU).

    Et cette situation ne s’améliore pas, loin de là. Alors que les 20% les plus pauvres de la population mondiale recevaient 2,3% de la richesse mondiale en 1960, ils ne recevaient plus que 1,4% en 1991, et 1,1% actuellement.

    On peut aussi parler de ce qui se passe ici, chez nous, où le taux de pauvreté est de 15% actuellement! Il serait de 44% sans sécurité sociale…

    Les conditions de travail se dégradent, le chômage augmente, le pouvoir d’achat diminue,… Mais ce n’est pas pareil pour tous!

    Didier Bellens, le patron de Belgacom, touche 2,2 millions d’euros par an, le patron de Dexia touche 1,450 million d’euros, comme le patron de Delhaize (1,4 million). Johnny Thijs, le patron de la Poste, touche lui 800.000 euros… Tout ça sans parler des divers avantages de leurs fonctions, des actions en Bourse,…

    Si en France, les 40 plus grandes sociétés cotées en Bourse ont annoncé un bénéfice net de 100 milliards d’euros, les entreprises belges n’ont pas à se plaindre. Belgacom, Mobistar, Groupe Bruxelles Lambert, Delhaize, Solvay, Suez, le brasseur Inbev… Les 18 grands groupes belges ont réalisé 23,3 milliards d’euros en 2006. L’an dernier, les bénéfices étaient de 16,5 milliards d’euros, et de 12,4 milliards d’euros en 2004. Donc, en 2 ans seulement, les bénéfices ont presque doublé…

    Ce sont les actionnaires qui sont contents! Sur les 23,3 milliards de bénéfice, ils recevront la bagatelle de 8,18 milliards! Dexia, qui a fait 2,750 milliards de bénéfice, va reverser un milliard à ses actionnaires.

    Quant à l’emploi, Belgacom donne l’exemple: un bénéfice de 973 millions d’euros en 2006 et l’annonce d’une restructuration qui va toucher de plein fouet 1.500 des 18.000 travailleurs du groupe.

    Difficile de contester la nécessité de changer de système face à de telles données…

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