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Tag: France
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France. Construire un rapport de force pour remettre la lutte et la solidarité à l’agenda

En juin, les élections départementales et régionales françaises ont été marquées par une abstention historique : 68% des électeurs ont boudé les urnes. Dans la catégorie des 18-24 ans, cette abstention grimpe même à 87% ! C’est bien entendu une illustration de la crise de légitimité qui frappe le monde politique français. Et un moment riche en leçons dans la perspective des élections présidentielles de 2022.
Les sondages ont systématiquement été interprétés comme les signes annonciateurs de l’inévitable duel Macron / Le Pen, cette dernière arrivant première au premier tour pour être battue au second. Les résultats des élections régionales viennent temporiser cette analyse. En tête dans 6 des 13 régions métropolitaines au premier tour de ces mêmes élections il y a six ans, le Rassemblement national ne l’a plus été que dans une cette fois-ci, passant de 28% à 19% à l’échelle nationale. Pourtant, ce sont ses thèmes favoris qui ont dominé la campagne : la sécurité et l’immigration.Le contexte de ces derniers mois en France a été celui du débat sur le « séparatisme » très franchement teinté d’islamophobie et de la campagne contre « l’islamo-gauchisme » qui a atteint des proportions ridicules. La droite et l’extrême droite ont monopolisé le temps de parole dans les médias. On se souvient du débat nauséabond entre Marine Le Pen et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (qui n’a pas hésité à dire que Marine Le Pen faiblissait sur la question de l’Islam), mais les médias sont quotidiennement abreuvés de propos de ce type. Le chroniqueur d’extrême droite Eric Zemmour peut ainsi déverser toute sa haine plusieurs fois par semaine sur la chaine TV CNEWS et participer à la normalisation du discours raciste, sexiste et LGBTQI+phobe. Celui-ci laisse d’ailleurs planer le doute quant à une éventuelle candidature pour les présidentielles (il est actuellement crédité de 5,5% des intentions de vote).
Cet entretien d’un climat aussi ouvertement dégueulasse n’est pas dû au hasard ou au « racisme du Français moyen ». Macron n’a jamais fait mystère de sa stratégie pour être réélu : profiter du discrédit total du monde politique pour grimper au second tour aux côtés de Marine Le Pen et ainsi être élu au nom du « front républicain » contre l’extrême droite. C’est un jeu dangereux à la suite d’un quinquennat marqué par la répression brutale et sanglante des mouvements sociaux et l’accroissement des inégalités. Et la grande leçon qui s’impose à la suite de ces élections régionales et départementales, c’est que rien n’est écrit à l’avance dans une telle instabilité. Le second tour Macron-Le Pen n’est pas inéluctable.
Quel rôle peut jouer la France Insoumise ?
Entre 2009 et 2020, le patrimoine des milliardaires français a augmenté de… 439 % ! La France est ainsi le deuxième pays où cet essor a été le plus important, juste après la Chine et loin devant d’autres Etats comme les Etats-Unis (170 %) ou le Royaume-Uni (168 %). Si le SMIC (salaire minimum) avait augmenté aussi vite, il serait à 4.805 euros net aujourd’hui.
Sans surprise, 9 Français sur 10 sont favorables à l’augmentation du SMIC. 8 sur 10 sont favorables au rétablissement de l’impôt sur la fortune supprimé par Macron, à une taxe sur les profiteurs de crise, à un grand plan d’investissement dans les services publics (en particulier la santé), à la gratuité des premières quantités d’eau, à la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle. 7 Français sur 10 sont favorables à la retraite à 60 ans. 6 Français sur 10 sont favorables à la semaine de 4 jours. Ces mesures sont défendues par l’Avenir en commun, le programme de la France Insoumise.
Aujourd’hui, Mélenchon est à 12% dans les sondages, il devance largement le PS, Europe-Ecologie Les Verts et le PCF qui a décidé de présenter une candidature de son côté cette fois-ci. En 2012, Jean-Luc Mélenchon est passé de 3% à un an du scrutin, à 11% dans les urnes ; en 2017, de 11% à un an de l’échéance, à près de 20% et 600.000 voix du second tour. Ces percées ont été obtenues sur base d’une dynamique de campagne qui est parvenue à transformer de nombreux électeurs en militants. Ce n’est pas impossible ici non plus, même si le bashing médiatique intense anti-Mélenchon atteint des sommets, que Mélenchon lui-même a perdu du crédit parmi une partie de son électorat, notamment à cause de certaines mauvaises prises de position et que la France Insoumise est beaucoup plus considérée comme un groupe parlementaire que comme un véritable parti de lutte démocratique, après avoir pourtant mené un travail dynamique de stimulation de la lutte syndicale et sociale en début de mandat de Macron.
Le programme de la France Insoumise comporte plusieurs limites, notamment la volonté de rester dans le cadre d’un système capitaliste réformé grâce à la 6e République. Il représente toutefois un bon socle sur base duquel discuter de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles. Mais pour contrer l’abstention et mobiliser autour d’un projet de changement social, la France Insoumise devra absolument se lier aux mouvements sociaux, et s’y impliquer activement en tant qu’organisation. Selon nous, les élections de 2022 et les luttes qui à n’en pas douter jalonneront la prochaine période devraient être considérées comme un tremplin vers la constitution d’un parti large des travailleurs et des mobilisations sociales qui pourra s’impliquer de manière continue dans l’organisation de la lutte contre la classe capitaliste. Ce sera crucial pour tenter d’inverser le rapport de force, de restaurer la confiance dans la force collective de la majorité sociale et de donner la perspective pour un véritable changement sociétal, solidaire et inclusif, et qui réponde réellement aux besoins.
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France : Le mouvement ouvrier doit s’engager de tout son poids dans la bataille contre la répression et le racisme

Manifestation à Paris du 28 novembre 2020. Photo : Wikimedia Ce samedi 12 décembre, pour la troisième semaine consécutive, des milliers de personnes ont à nouveau défilé dans divers villes françaises pour dénoncer la proposition de loi Sécurité globale et le projet de loi sur le séparatisme. En pleine pandémie, les priorités du gouvernement du président Macron visent à renforcer l’arsenal répressif de l’Etat et à tenter de diviser la population sur une base raciste.
Par Nicolas Croes
Cette proposition de loi vise clairement à limiter les libertés de la presse, d’expression et de manifester, notamment son article 24 qui pénalise la diffusion malveillante d’images des forces de l’ordre. Elle prévoit de pénaliser d’un an de prison et 45.000 euros d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » des forces de l’ordre en intervention quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ». Comme La France Insoumise l’a dénoncé, il s’agit d’une « entreprise de dissuasion massive d’aller manifester et filmer ce qu’il se passe en manifestation ».
L’approche du gouvernement et de ses alliés face aux violences policières est limpide : les cacher et non les combattre. Mais alors que la loi était discutée à l’Assemblée Nationale (où elle a été adoptée le 24 novembre), une série de d’événements ont transformé l’affaire en véritable fiasco.
Le lundi 23 novembre au soir, des centaines de migrants accompagnés d’associations, d’élus et de partis de gauche ont été brutalement chassés par la police de la place de la République à Paris, à coups de matraques et de gaz lacrymogène. Parmi les images qui ont choqué figuraient celles d’un commissaire divisionnaire faisant un croche-pied à un homme qui tentait de fuir les coups de matraque. Quelques jours plus tard, le 26 novembre, les images du tabassage d’un homme noir, Michel Zecler, ont été divulguées. La victime avait dans un premier temps été placée en garde à vue pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « rébellion », pendant deux jours, avant que l’enquête ne soit classée sans suite grâce à la vidéo des événements. Sans celle-ci, il serait très certainement en prison.
Les comparaisons avec l’explosion du mouvement Black Lives Matter suite au meurtre de George Floyd aux Etats-Unis n’ont pas manqué. Le samedi 28 novembre, environ 500.000 personnes ont manifesté dans le pays en répondant à l’appel de nombreuses organisations de journalistes, de syndicats et d’associations diverses réunies dans la « coordination #StopLoiSécuritéGlobale ». Sous la pression de cette impressionnante mobilisation, tout particulièrement dans cette période de confinement brutalement appliquée en France, le gouvernement a annoncé deux jours plus tard la « réécriture totale » de l’article 24, le plus polémique, qui concerne l’image des policiers. Cette déclaration sentait clairement la panique, puisque le texte est déjà voté à l’Assemblée nationale et est maintenant dans les mains du Sénat, où la question devrait être tranchée en janvier. La coordination réclame du reste à juste titre le retrait pur et simple du projet de loi.
Les mobilisations se sont poursuivies le samedi 5 décembre : près de 90 rassemblements étaient annoncés dans le pays. Le premier samedi de décembre est traditionnellement une journée de mobilisation contre la précarité à l’initiative du syndicat CGT, la lutte contre les violences policières et la loi Sécurité globale y a été liée cette année comme une évidence. Comme pour jeter encore un peu plus d’huile sur le feu, la veille, trois décrets élargissant les possibilités de fichage de la population sont venus enrichir les textes sécuritaires
Arsenal répressif et résistance sociale
Le projet de loi Sécurité globale s’inscrit dans un contexte plus profond. Les législations ou les procédures qui visent à étouffer ou à intimider la contestation se multiplient en France, tout particulièrement depuis 2016 et la contestation de la loi Travail sous la présidence de François Hollande (PS), puis avec le mouvement des Gilets jaunes en 2018 sous la présidence de Macron, et enfin les manifestations contre la réforme des retraites en décembre et janvier 2019-20. Ainsi, ce 3 décembre, un membre du collectif « Désarmons-les » (qui documente les violences policières) a été condamné à 8 mois de prison ferme suite à son interpellation par des policiers durant le mouvement des Gilets jaunes en septembre 2019. On lui reprochait notamment d’avoir porté un coup à un bouclier de la police lors de son interpellation…
Parallèlement, les violences policières au cours des manifestations sont devenues la norme. Celles-ci visent un double objectif. Premièrement, il s’agit d’intimider les manifestants et de faire passer le message que même en se tenant à l’écart de la confrontation, on peut être gravement blessé et pris pour cible par les tirs d’armes telles que les LBD et les grenades de désencerclement. Parmi les victimes de la répression policière se trouve par exemple Zineb Redouane, une marseillaise de 80 ans décédée le 2 décembre 2018 après avoir été blessée au visage par un tir de grenade lacrymogène alors qu’elle fermait les volets de son appartement… situé au 4e étage !
Deuxièmement, les autorités cherchent à diviser le mouvement sur base des réactions face aux violences policières, avec l’aide des médias dominants qui font tout pour grossir jusqu’au ridicule les incidents en marge des manifestations et présenter ses participants comme un ramassis de casseurs. Cette stratégie de la violence est parfaitement consciente de la part des autorités.
Violences policières et racisme systémique
Les violences policières affectent depuis longtemps les quartiers populaires. Ce n’est pas un hasard si, quand le mouvement Black Lives Matter a repris son envol au printemps dernier, il a tout particulièrement trouvé une résonance en France. Face au Tribunal de Paris, le comité « La vérité pour Adama » avait réussi le tour de force de rassembler plusieurs dizaines de milliers de manifestants malgré l’interdiction de se rassembler. Au côté de George Floyd figuraient les noms d’Adama Traoré (décédé lors d’une interpellation par les gendarmes dans le Val-d’Oise), Lamine Dieng (mort dans un fourgon de police à Paris), Amadou Koumé (mort dans un commissariat à Paris),… Il n’est pas rare que de jeunes hommes meurent suite à une intervention policière dans des circonstances suspectes et que leurs proches doivent lancer des comités et mener de longs combats pour que justice soit faite.
En juillet dernier, le média indépendant en ligne Basta ! révélait qu’en 43 ans, sur 213 interventions létales ayant impliqué les forces de l’ordre, seuls dix officiers ont été condamnés à un emprisonnement ferme pour homicide. La dernière condamnation remonte à 1999. Une analyse de StreetPress montre qu’entre 2007 et 2017, 47 hommes désarmés sont morts à la suite d’interventions des forces de l’ordre. Aucun des policiers ou gendarmes impliqués n’a fini en prison. Plus d’un tiers des procédures ont abouti à un classement sans-suite, un non-lieu ou un acquittement des fonctionnaires. La majorité des affaires sont encore en cours.
Le plan contre le séparatisme
La volonté de faire taire la résistance sociale est couplée à la stigmatisation des musulmans. Le contexte actuel est celui de campagnes électorales : d’abord régionale et départementale (en mars 2021), mais surtout présidentielle et législatives (en 2022). C’est dans cet optique que le gouvernement a été remanié cet été, un remaniement clairement marqué à droite et qui visait à se préserver un socle d’électeurs de droite dans un contexte politique marqué par une profonde instabilité.
Lors de son entrée en fonction, le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (par ailleurs visé par une plainte pour viol) n’avait pas hésité à nier les violences policières en France en disant : « Quand j’entends le mot ‘violences policières’, personnellement je m’étouffe ». Une expression très choquante quelques semaines après le meurtre de George Floyd et alors qu’un livreur, Cédric Chouviat, est mort en janvier après avoir été plaqué au sol par la police et avoir crié à plusieurs reprises « j’étouffe ».
Puis, le 2 octobre, le « plan contre le séparatisme » de Macron a été présenté, un projet de loi contre l’islam politique et radical destiné à être discuté au Parlement début 2021 qui va étendre encore l’interdiction des signes et pratiques religieuses sur les lieux de travail du secteur public. L’idée était très clairement d’utiliser l’émotion liée à l’ouverture du procès des attentats de Charlie Hebdo. C’était le contexte derrière l’assassinat de Samuel Paty et l’attaque de la Basilique de Nice qui a fait 3 victimes le 29 octobre. [LIRE NOTRE ANALYSE]
Christian Estrosi, le maire de Nice (Les Républicains), a de suite déclaré qu’il souhaitait « modifier la Constitution » pour pouvoir « mener la guerre » contre une idéologie qu’il qualifie « d’islamo-fascisme ». Eric Ciotti, député du même parti, a appelé à la création « d’un Guantanamo à la Française ». Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a dénoncé le 22 octobre « l’islamo-gauchisme » qui fait selon lui « des ravages à l’université ». Un amendement adopté ensuite au Sénat stipule que la recherche universitaire devra désormais « s’exprimer dans le cadre des valeurs de la République », une formulation ambiguë qui fait craindre une tentative de mise au pas politique.
Ce climat va évidemment donner confiance à l’extrême droite, y compris à ses franges les plus radicales. Quelques heures après l’attentat de Nice un jeune lié au groupe d’extrême droite Génération Identitaire a d’ailleurs été abattu par la police après avoir menacé des maghrébins au revolver. D’autre part, le 14 novembre, à Cholet, un homme est descendu dans la rue « guidé par Dieu pour agir », a grièvement blessé sa femme et tué deux personnes. Les médias nationaux ont ignoré l’affaire et la presse locale s’est bien gardée de parler d’attentat terroriste. Mais cette fois-ci, le meurtrier qui voulait punir les incroyants était catholique.
Le mouvement ouvrier doit prendre l’initiative
A la veille des mobilisations contre le loi Sécurité globale, un sondage de l’institut Ifop révélait que 85% des Français s’attendent à une explosion sociale dans les prochains mois dans le pays. C’est 13 points de plus que la dernière mesure réalisée en janvier 2020, alors que le mouvement contre la réforme des retraites battait encore son plein.
La mobilisation actuelle est surtout partie des journalistes et des associations des droits humains et a rencontré un écho particulier parmi la jeunesse. Mais il est évident que la question concerne les travailleuses et travailleurs au premier plan. Les ravages sociaux de la crise économique n’en sont encore qu’à leurs débuts – et 700.000 emplois ont déjà été détruits en France au cours des six premiers mois de l’année 2020 – le renforcement de la police et de l’arsenal législatif ne vont pas tarder à viser celles et ceux qui vont entrer en lutte sur leur lieu de travail.
Le mouvement ouvrier doit clairement imprimer la contestation sociale de sa marque, et ne pas hésiter à recourir à son arme la plus efficace : celle de la grève. Violences policières, manquements criminels dans les soins de santé et l’accueil aux personnes âgées, précarité, racisme systémique,… Les sources de colères ne manquent pas et doivent être réunies autour d’un programme qui répond au cimetière social et à la crise du système. C’est aussi la meilleure manière de combattre l’extrême droite et les fondamentalistes de toutes sortes.
Mais il faut également développer une alternative politique. Fin octobre, l’indicateur de protestation électorale Fondapol-«Le Figaro» indiquait que 79% des électeurs envisagent un vote antisystème en 2022. Saisir ce potentiel exige de rassembler la colère autour du mouvement ouvrier en défendant un programme qui combat l’austérité et le racisme par la solidarité. La candidature de Jean-Luc Mélenchon qui vient d’être annoncée pour les présidentielles pourrait jouer un rôle dans cette direction. Sa campagne a besoin d’un programme offensif. Celui défendu par la France Insoumise en 2017 représentait une excellente tentative de souligner la nécessité d’une planification écologique et de la nationalisation de certaines parties de l’économie. Mais les défis posés par la crise économique actuelle (la pire depuis les année 1930), la crise sanitaire et la crise écologiques ne laissent pas d’autre choix que d’aller plus loin et de défendre le reversement du capitalisme.
Tant dans la rue et les entreprises que dans les urnes, il faut s’attaquer au système capitaliste en tant que tel et populariser son remplacement par un système basé sur la satisfaction des besoins sociaux et non sur la soif de profits : une société socialiste démocratiquement planifiée.
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Bruxelles. Rassemblement contre la Loi de Sécurité Globale

Quelque 200 personnes ont répondu hier à un appel sur Facebook visant à se réunir à Bruxelles suite à la Loi de Sécurité globale votée en France ce 24 novembre. Au même moment, des centaines de milliers de manifestants déferlaient dans différentes rue de France pour le second week-end consécutif. C’est la lutte de masse qui a arraché nos conquêtes démocratiques, c’est par la lutte de masse que nous devons les défendre !
Bien entendu, il n’est pas possible de parler des violences policières, de la répression et du racisme en France sans tracer le parallèle avec la situation en Belgique. C’est ce que nos militantes et militants ont fait notamment au travers du tract que nous avons distribué : Contre le racisme et les violences policières : c’est tout le système qui est coupable !
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Colère suite au meurtre de Samuel Paty : combattons le terrorisme par la solidarité, pas par la haine

Ce 16 octobre, la France a été horrifiée par l’assassinat de Samuel Paty, un enseignant décapité en pleine rue par un Tchétchène de 18 ans pour avoir montré des caricatures du prophète Mohamed lors d’un cours d’éducation civique sur le thème de la liberté d’expression. En réaction, des manifestations ont eu lieu contre la haine et en solidarité avec les enseignants un peu partout en France, mais le discours raciste et islamophobe qui domine la politique française depuis des décennies profite de ce drame pour se renforcer.
Par Tiphaine (Pologne) et Brune (Bruxelles)
Nous partageons l’horreur ressentie en France et ailleurs à la suite de ce terrible assassinat. Cet acte immonde ne se distingue pas des attaques de drones impérialistes qui font tomber des bombes sur des familles en Afghanistan. Nous sommes en colère contre ce terroriste mais aussi contre les crapules d’extrême droite salafistes ou de l’extrême droite traditionnelle. Les salafistes veulent répandre leur idéologie de haine en instrumentalisant le racisme et l’islamophobie. De la même manière, Le Pen – mais aussi Macron – vont utiliser ce tragique événement pour répandre leur haine au sein du mouvement ouvrier.
Une situation envenimée par les politiciens bourgeois
Depuis des années, d’un gouvernement à l’autre, le discours officiel et les mesures racistes et islamophobes s’intensifient. Dans les médias, tout est prétexte à jeter de l’huile sur le feu, burkinis, menus à la cantine et même les prénoms des gens. Récemment, des députés ont quitté l’assemblée nationale pour protester contre la présence de la vice-présidente du syndicat étudiant UNEF Maryam Pougetoux parce qu’elle porte un voile. Pour encore envenimer les choses, le 2 octobre, Macron a annoncé un projet de loi pour “renforcer la laïcité” qui va étendre encore l’interdiction des signes et pratiques religieuses sur les lieux de travail du secteur public.
En un sens, cela va complètement à l’encontre de l’esprit de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et de la liberté confessionnelle. C’est à l’Etat d’être laïc, pas aux usagers et aux fonctionnaires à titre individuel. Selon le principe de laïcité, l’Etat doit garantir à chacun la liberté de conscience et de religion. Mais cela fait des années que, dans la bouche des politiciens bourgeois, “laïcité” veut tout simplement dire “anti-islam”.
De même, on peut s’interroger sur leur notion de “liberté d’expression”, alors que la France n’est que 34ème au classement mondial de la liberté de presse par Reporter Sans Frontière. Les militants savent également ce qu’il en est de la liberté politique et de manifestation sous Macron, entre gilets jaunes éborgnés et perquisitions à la la France Insoumise.
Les profs en première ligne
En organisant ce cours sur la liberté d’expression et en utilisant ces caricatures comme matériel, Samuel Paty n’a fait que suivre le programme déterminé par l’Education Nationale. Le gouvernement demande aux professeurs d’aborder dans leurs cours des sujets certes essentiels, mais qu’il a préalablement minés.
Les témoignages sont nombreux de professeurs qui se retrouvent dans des situations tendues et où la direction ne leur apporte aucune aide, si elle ne se positionne pas carrément contre eux (souvent pour les culpabiliser individuellement). Ainsi, lorsque Samuel Paty a signalé le harcèlement et les menaces dont il était victime, sa direction lui a demandé de présenter des excuses (pour avoir fait son travail comme demandé!) et n’a rien fait pour sa protection.
Ceci est d’autant plus hypocrite que les profs sont soumis à un devoir de réserve et peuvent encourir des sanctions s’ils parlent de politique dans le cadre de leur travail. Là encore, il s’agit d’empêcher les professeurs de tenir un autre discours que celui du gouvernement, tandis qu’on leur demande de se faire le relais de la propagande officielle lors des cours d’éducation civique.
La dégradation des conditions d’études n’est pas étrangère au désarroi et au danger physique auxquels les professeurs font face. A cause de la mise en concurrence des établissements, les directions ont intérêt à ne pas signaler les incidents pour ne pas être déclassés. Les suppressions de poste font que les enseignants ont peu de temps à consacrer à chaque élève et à établir une relation de confiance avec eux, ce qui permettrait aussi d’aider lors de situations tendues.
Cette situation est générale dans le service public. Dans ce climat, les travailleurs du public se retrouvent exposés à des insultes et violences, voire risquent leur vie – tout ça pour être constamment traités de fainéants toujours en grève et de voir leurs salaires et emplois gelés.
Alors qu’un travailleur vient de payer de sa vie les tensions attisées par les politiciens bourgeois, ceux-ci sautent sur l’occasion d’aller dans la surenchère. Ils imposent une narration qui veut diviser en deux camps sans nuance : soit celui de la république telles qu’ils la conçoivent, soit celui du terrorisme islamique.
Dans les rassemblements qui ont eu lieu suite à l’assassinat de Samuel Paty, en plusieurs occasion des militants se sont fait insulter parce qu’ils représentent une position plus nuancée. La présidente de l’UNEF Mélanie Luce s’est fait traiter de “collabo” et de “traitre à la laïcité”. A Anger, une professeure membre de la CGT s’est fait huer parce qu’elle est intervenue sur la façon dont le gouvernement sous-finance les écoles publiques, ce qui favorise les écoles privées catholiques.
Quant à Mélenchon, pour avoir participé l’année dernière à la marche contre l’islamophobie, accusé carrément de complicité de l’assassinat par Manuel Valls. Il se fait taxer d’ “islamo-gauchiste” – un terme qui montre la façon dont la droite compte utiliser cette vision binaire de la situation pour son propre agenda politique.
Sur les plateaux télés, les politiciens de droite rivalisent d’idées pour augmenter la répression, comme de rétablir le bagne ou le service militaire. Darmarin, ministre de l’intérieur, a annoncé vouloir expulser “231 personnes en situation irrégulière et suivies pour soupçon de radicalisation” – mais il ne va pas s’arrêter là; ce prétexte va servir à mieux faire accepter les expulsions en général.
Tout cela ne fera qu’empirer encore la situation dans les classes. Les professeurs continueront à subir des tensions sociales exacerbées, mais également les effets des politiques d’austérité sur leurs conditions de travail. Les deux phénomènes sont les deux face de la médaille de la politique française de toute cette période : l’appauvrissement des services publics et le chômage de masse crée le terreau de la haine et des discriminations, qui en retour permettent de faire accepter des années d’austérité par le jeu du “diviser pour mieux régner”.
C’est pourquoi nous pensons qu’il est important que l’élan de solidarité des professeurs pour leur collègue assassiné et de la classe ouvrière solidaire se distingue du discours du gouvernement et de l’élite en appelant à l’unité des travailleurs contre le terrorisme, le racisme et l’austérité. Il est regrettable que Jean-Luc Mélenchon se soit prononcé pour “l’unité nationale” avec la droite. Il a été jusqu’à appeler à davantage de répression, et à davantage de contrôle et des expulsions dans la communauté tchétchène. Même Darmarin a dit que Mélenchon était trop à droite!
La sécurité est illusoire dans un cimetière social
Le cimetière social est présent dans un contexte de précarité grandissante, de crise économique, sociale, environnementale – aggravé avec la période covid – et ne permet pas de donner les opportunités à chacun, dans une société en paix. Les tensions augmentent avec l’aggravation des crises. L’exclusion sociale est ainsi de plus en plus visible.
L’assassin de Samuel Paty, Abdoullakh Anzorov, était arrivé en France il y a 10 ans à l’âge de 8 ans. Au lieu de se demander si son père aurait dû obtenir ou non le statut de réfugié, on pourrait se demander comment en 10 ans, la France, 6ème puissance économique mondiale, qui se vante de son école républicaine soi-disant égalitaire, n’a pas réussi à convaincre un adolescent qu’il y avait de meilleures perspectives dans cette société que cette attaque aussi horrible que suicidaire.
Quelques jours avant les attentats de Bruxelles, la sociologue Sarah Bracke a, dans les pages du quotidien flamand De Standaard (le 19/09), abordé la marginalisation et la déshumanisation systématiques de groupes de la population dans les quartiers pauvres du pays, des quartiers qui comprennent de nombreux migrants : «Et la déshumanisation porte en elle la violence. En premier instance une violence symbolique, mais qui peut rapidement devenir une violence physique.»
Le gouvernement français – mais aussi belge – mine notre sécurité en économisant sur la sécurité sociale, les conditions de travail et les salaires. Cela conduit à la multiplication des conflits et des tensions sociales dans la société. Les réactionnaires de tous poils – populistes, salafistes, racistes, fascistes… – y trouvent un terrain fertile. Tout comme le gouvernement, ils veulent eux aussi étrangler notre opposition politique et syndicale collective.
Ainsi, ’idée d’être en ‘sécurité’ devient de plus en plus illusoire avec la destruction des services publics, les coupes budgétaires, le gel des salaires, justifiés par les gouvernements comme des économies nécessaires afin de relancer l’économie.
Chaque travailleur sait pertinemment que la sécurité en milieu de travail exige d’investir dans l’infrastructure et les conditions générales de travail pour prévenir le stress et d’autres problèmes de santé. Nos quartiers et la société ne sont pas différents.
ImpérialismeSamuel Paty, mais aussi les victimes des attentats en France, en Belgique, et ailleurs n’ont en réalité pas été protégé par l’Etat, qui déploie pourtant des ressources considérables pour sa ‘guerre contre la Terreur’. C’est pourtant par la “protection des concitoyens” que sont justifiées les interventions impérialistes en Afghanistan, en Lybie, en Irak, en Syrie, au Sahel…
Ces interventions sont également des points de ‘radicalisation’. Les interventions des impérialismes américain et britannique ont joué un rôle décisif dans le développement des organisations fondamentalistes, dont Al-Qaïda et l’Etat Islamique. Ces organisations ont prospéré dans la destruction des infrastructures des pays attaqués. Le vide social, l’absence de réponse du mouvement ouvrier atomisé dans ces pays a été comblé par les forces fondamentalistes.
Les tensions sociales et l’extrême droite en augmentation, mais la résistance sociale aussi
La crise covid, la crise économique, les guerres…Toutes ces tensions ne vont pas s’améliorer dans la période à venir. Les discours islamophobes de soi-disant experts ne vont que renforcer ces tensions, et provoquer des attaques à caractères racistes. On a très vite vu suite à l’assassinat de Samuel Paty des exemples de cela, notamment l’attaque de deux femmes qui se sont fait poignarder et on subi des insultes racistes alors qu’elle se promenaient dans le quartier de la Tour Eiffel.
On va également voir l’extrême-droite, et notamment le Rassemblement National de Marine Le Pen se frotter les mains et capitaliser un maximum sur l’affaire de Samuel Paty.
Le mouvement des travailleurs, les syndicats, les organisations de la classe des travailleurs doit se préparer dès maintenant à une montée des idées d’extrême-droite et une normalisation toujours plus poussée de ce genre d’idées nauséabondes. Ce n’est qu’en proposant un vrai programme face au cimetière social et à la crise du système que l’on pourra empêcher l’extrême droite et les fondamentalistes de toutes sortes de prospérer.
Ces dernières années en France la mobilisation sociale a été massive, gilets jaunes, lutte contre la réforme de retraite, la santé en lutte, lutte des sans-papiers… Tous ces exemples montrent le potentiel incroyable de luttes sociales qui existe en France.
C’est dans la rue, et tous unis contre les divisions de la classe dominante que nous pourrons remplacer la haine et la division par la solidarité. Mais à terme, c’est tout ce système capitaliste qui est coupable. Coupable des oppressions qu’il génère, coupable des crises économiques et sociales, et un terreau qui voit l’extrême droite et sa pourriture y croître, et des attaques terribles comme celle qu’a subi Samuel Paty. Il est plus que temps de le remplacer par un système reposant sur la satisfaction des besoins sociaux et non sur la soif de profits; une société socialiste démocratique.
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Crise du coronavirus : Macron et la guerre… des classes
Le 16 mars dernier, le président de la République française, Emmanuel Macron, déclarait, lors de son allocution télévisée que la France était «?en guerre?» contre le coronavirus (Covid-19). C’était la deuxième fois en cinq jours que Macron prenait la parole sur ce sujet. Le 12 mars, il avait énoncé la nécessité d’«?interroger le modèle dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour?». On aimerait pouvoir dire que nous sommes d’accord avec le président. Mais encore faut-il s’entendre sur le modèle dont il est question et sur ce qu’il faut améliorer. Dans la suite de son allocution, il a également évoqué l’importance de la solidarité nationale pour défendre l’État providence «?quoiqu’il en coûte?», car, nous dit-il, «?il est des biens trop précieux pour les soumettre à la logique des marchés?»… Macron a-t-il eu une révélation soudaine?? Rien n’est moins sûr.Par Jeremy (Namur)
Avec de telles prises de parole publiques, le président se croit peut-être en campagne pour le plébiscite des Français. Mais comme pour tous les aspects de la gestion de la crise, il est en retard. La campagne présidentielle qui l’a porté au pouvoir est en effet arrivée à son terme voilà près de 3 ans. Si l’on ajoute ses années passées à la tête du ministère de l’Économie sous la présidence de François Hollande, Macron a largement eu le temps de donner à voir les effets de son programme politique. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne va pas dans le sens de la défense de l’État providence?!
Une gestion de la crise sanitaire désastreuse
Peu de temps après la dernière allocution de Macron, le gouvernement Philippe a mis en place une série de mesures sanitaires pour limiter la propagation de l’épidémie. D’abord limitées, ces mesures ont ensuite été durcies au motif que les gens ne respectaient pas suffisamment les consignes. Désormais, toute personne qui quitte son domicile doit être munie d’une attestation adéquate imprimée et complétée au préalable. Dans les jours qui ont suivi cette mesure, on a immédiatement pu observer une différence significative dans l’attitude des policiers chargés de contrôler ces attestations suivant que les contrôles se tenaient dans des banlieues populaires ou dans les quartiers huppés de la capitale. Les contrevenants étant gratifiés d’une amende de 135 €. Les médias ont alors beaucoup écrit sur l’indiscipline des Français et leur manque d’obéissance aux règles sanitaires. On évoque à présent un nouveau durcissement de ces règles avec des amendes alourdies et de possibles peines de prison pour les contrevenants.
Mais les raisons de ce manque de discipline sont très certainement à trouver dans les messages contradictoires adressés par l’exécutif. En effet, le 7 mars dernier à peine, le président Macron et sa femme passaient la soirée au théâtre pour «?inciter les Français à sortir malgré le coronavirus?». Le 11 mars, le même déclarait, à l’occasion de la première journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme, «?nous ne renoncerons à rien […] surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, aux fêtes de soir d’été.?» S’il est vrai que ces propos ont été depuis sortis de leur contexte, on a déjà pu voir meilleur sens du timing… Mais le fiasco ne s’arrête pas là, car malgré la mise en place des premières mesures de confinement et contre l’avis de nombreux experts de la santé et administrations locales, l’exécutif a décidé de maintenir les élections municipales du 15 mars. Et il faut encore ajouter à toute cette cacophonie le manque de coordination entre la communication du président et celle de ses ministres, qui ont égrené les chaînes d’infos à coup d’annonces souvent contradictoires entre elles. Comme lorsque le ministre de l’Éducation Blanquer affirmait que les écoles resteraient ouvertes avant d’être contredit le soir même par Macron lors de son allocution. Sans oublier la contradiction la plus importante : la décision de maintenir le travail dans les secteurs non essentiels de la production. Le comble du ridicule a certainement été atteint ce 24 mars quand le ministre de l’Agriculture a invité les «?inactifs?» à se rendre utiles directement dans les champs auprès des agriculteurs.
Le plus gros aveu de la désorganisation au sommet de l’État français est venu des déclarations de l’ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ayant remplacé depuis au pied levé le candidat macroniste Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris. Après son abandon au terme du premier tour des élections municipales, Buzyn s’est confiée au quotidien Le Monde auquel elle a déclaré « J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au Président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Édouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. » Ses collègues de la majorité ont depuis tenté de nuancer ses propos. Reste qu’une ministre de la Santé qui quitte son poste en pleine épidémie pour briguer un mandat électoral local ne correspond pas exactement au niveau de sérieux qu’on est en droit d’attendre en temps de crise. Surtout quand cette ministre a passé l’essentiel de son temps à casser l’hôpital public.
Un autre grand objet de scandale concerne l’approvisionnement en masques de protections. La communication de l’exécutif sur ce sujet a été catastrophique?! On a d’abord entendu que les masques ne servaient à rien, une affirmation rapidement démentie par les statistiques d’endiguement de la Chine, de la Corée qui ont montré leur utilité lorsque leur usage était généralisé. La porte-parole du gouvernement et le Premier ministre ont alors prétendu que leur port n’avait pas été recommandé par la population, car, compliqué à comprendre par les non-médecins… Après investigations, il s’est en réalité avéré que cette série de déclarations officielles visait à cacher une vérité un peu plus honteuse pour l’exécutif, à savoir le fait que la France avait abandonné la pratique du stockage préventif de masques héritée de l’épidémie de grippe H1N1, après avoir estimé, en 2013, qu’il était préférable d’avoir recours à la production chinoise… qui est très rapidement et assez logiquement arrivée à saturation au début de l’épidémie de Covid-19. Une amère leçon d’(in)efficacité du marché donnée au très libéral gouvernement Macron dont on aurait préféré qu’il fasse ses classes à un moment moins critique. Mais là où ce gouvernement n’a pas l’excuse de l’ignorance, c’est dans son retard de plus d’un mois pris pour relancer la production de masques sur le territoire national quand il s’est rapidement avéré que l’achat à l’étranger ne serait pas possible.
Mais le manque de préparation et l’amateurisme dans la classe dominante française ont des origines encore bien plus sérieuses dont les conséquences pourraient s’avérer tragiques dans les jours à venir.
Un lourd passif : la destruction du système de santé publique
Parmi les pays ayant eu droit à leur cure d’austérité lors de ces dernières années, la France ne fait certainement pas exception. Dans la déclaration de l’Exécutif international d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) « La Récession Coronavirus a commencé » (19 mars 2020), nous indiquions que le nombre de lits d’hôpitaux par 10 000 habitants en France était passé de 110 à 65 entre 1981 et 2013 alors que la demande de soins de santé n’a cessé de croître dans l’intervalle. Comme l’ont répété certains commentateurs bourgeois, cette diminution est en partie explicable par l’évolution des techniques de médecine avancée qui impliquent des séjours en hospitalisation plus courts (ce qui est heureux). Néanmoins, si l’on regarde plus précisément l’évolution depuis 2003 représentée sur le graphique repris ci-dessous basé sur les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES, organisme d’État), on peut observer une nette diminution de la capacité de soins de longue durée autour de 2007-2010 qui n’est pas explicable par la seule évolution des techniques de soin. En revanche, cette chute coïncide parfaitement avec la crise financière de 2007-2008 et l’introduction des politiques de «?rationalisation des coûts?» (sic) qui a suivi. Cette tendance a été encore renforcée par la suite avec pour résultat une privatisation accrue du système de santé français et pour objectif de faire du secteur privé «?la locomotive du virage ambulatoire?» (1). La mise en place des mesures d’austérité a également eu un effet explosif sur la dette de l’hôpital public qui a triplé entre 2008 et 2018 pour atteindre 30 milliards d’euros?! Un montant gigantesque qui étouffe les possibilités de réaliser les investissements nécessaires dans ce secteur et qui est employé par la bourgeoisie comme un argument supplémentaire pour poursuivre sa politique de réduction des dépenses. Cette logique mortifère est sans fin… jusqu’à l’entrée en lutte des travailleurs et des travailleuses de la santé?!

Au-delà des statistiques, la meilleure façon pour l’exécutif français de mesurer les effets de cette casse de l’hôpital public eut encore été de prêter l’oreille aux mouvements de masse qui ont explosé dans tout le secteur depuis des années?! En 2019, des membres du personnel de santé ont totalisé jusqu’à 9 mois de grève avec près de 300 services d’urgence mobilisés au plus fort du mouvement rejoint par tous les syndicats du service public (CGT, FO, CFDT…). Ils protestaient contre l’assèchement des finances et leurs effets au cri de : «?L’État compte ses sous, bientôt on va compter nos morts?», un slogan qui se révèle cruellement prophétique aujourd’hui. De nombreux médecins sont allés jusqu’à démissionner par protestation en indiquant qu’ils ne voulaient pas être rendus complices de la mort de patients qui aurait pu être évitée s’ils avaient pu recevoir les moyens de faire correctement leur travail. On a pu entendre ces médecins démissionnaires décrire l’aliénation qu’ils subissaient dans leur métier à se voir transformés progressivement de soignants en «?bed-managers?» chargés non plus de prendre soin de leurs patients, mais de «?vendre du lit?». L’introduction de cette logique managériale néo-libérale a aussi eu des conséquences dramatiques sur la santé de l’ensemble du personnel soignant chez qui on a pu constater une forte hausse du taux de suicide ces dernières années. En 2017, une enquête de l’association Soins au personnel de Santé (SPS) révélait qu’un soignant sur quatre avait déjà pensé sérieusement au suicide, toutes activités confondues (2). En moyenne, chaque professionnel de santé rapporte environ 2,5 tentatives dans son entourage, dont la moitié a abouti à un décès. Rappelons également que la France est un des rares pays développés où le salaire des infirmiers est inférieur au salaire moyen de la population et en dessous de la moyenne de l’OCDE (27ème place au classement).
Le gouvernement a beau jeu de se joindre aux témoignages de solidarités qui ont éclos spontanément dans la population, alors qu’en 2018 Macron répondait aux demandes de moyens du personnel de santé en déclarant qu’il n’y a «?pas d’argent magique?» avant que son ministère de la santé supprime plus de 4.000 lits supplémentaires la même année.
Et maintenant??
La grande majorité de la population a très bien compris les causes profondes de la crise sanitaire que nous traversons actuellement. Lors du rendez-vous désormais quotidien, des Français à leurs fenêtres pour applaudir les soignants à 20 h, on a pu entendre parfois le slogan «?Du fric pour l’hôpital public?!?»
L’opposition parlementaire, emmenée notamment par le mouvement La France Insoumise (LFI) et le Parti communiste Français (PCF), appelle à présent le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent et lancer un «?plan de mobilisation sanitaire?» incluant notamment la réquisition des entreprises qui ont la capacité de produire des respirateurs pour les personnes en soins intensifs et des masques en quantité suffisante. Un exemple faisant écho à cette demande : les anciens salariés de l’entreprise Luxfer, près de Clermont-Ferrand, qui fabriquait jusqu’en 2018 des bonbonnes d’oxygène pour l’usage médical avant d’être délocalisée pour motifs économiques, sont déjà prêts pour relancer la production. Devant l’urgence, les travailleurs et les travailleuses du secteur privé de la santé ont également réclamé que leurs cliniques soient réquisitionnées. Les exemples de telles mobilisations de la classe ouvrière ne manquent pas.
La planification de la production est évidemment la meilleure chose à faire. Mais le gouvernement vivote, tergiverse et perd du temps. Au lieu de prendre les choses en main, celui-ci met en avant les initiatives du secteur privé, comme celle du groupe LVMH de Bernard Arnault qui a réorienté une partie de sa chaîne de fabrication de parfums de luxe vers la production de gel hydroalcoolique en quasi-pénurie dans tout le pays s’offrant au passage un joli coup de pub en échange du travail de ses salariés qui sont la seule vraie force à l’œuvre derrière cette démonstration de «?philanthropie?» de la première fortune de France. C’est que de son côté, le gouvernement est déjà occupé à gérer une autre urgence.
Pour Macron et sa clique, l’urgence est avant tout économique
Parmi les directions évoquées lors des prises de parole publiques de Macron et de son gouvernement dans les premiers temps de la crise, on a d’abord pu voir une tentative de séduction de l’opinion, comme dans l’appel repris plus haut à «?revoir le modèle social?». On s’est immédiatement mis à parler de (re) nationalisations de grandes entreprises (mais où il est question de socialiser les pertes d’entreprises en difficultés en les rachetant pour les privatiser ultérieurement), la dernière réforme des retraites, passée en force dans ces dernières semaines, a été suspendue jusqu’à nouvel ordre, ainsi que la dernière réforme de l’assurance chômage.
Par la suite, l’exécutif français a largement démontré que sa première priorité n’était pas la santé de sa population en s’empressant de voter une loi baptisée «?urgence coronavirus?». Cette loi scélérate votée définitivement le 20 mars dernier entend revenir sur des conquêtes sociales majeures comme la semaine de 35 heures et les congés payés en autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnance directement en ce qui concerne le droit du travail. Alors que le nom de cette mesure vise à la présenter comme un outil de gestion exceptionnel de l’urgence sanitaire, il n’a été inscrit aucun délai permettant de la limiter dans le temps?! La ministre du Travail, Muriel Pénicaud a indiqué que cette nouvelle loi avait essentiellement pour but de permettre au gouvernement d’imposer aux salariés de prendre une partie de leurs congés pendant la période de confinement. Renseignements pris, il est apparu que cette décision avait pour origine une proposition du MEDEF, le principal syndicat patronal. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, interrogé sur cet appel à l’effort de la classe ouvrière par les journalistes de LCI a simplement déclaré «?Arrêtons de parler d’efforts et parlons déjà plutôt de solidarité?»… Pour les capitalistes, la solidarité ne signifie rien d’autre que de pouvoir rendre corvéable qui ils souhaitent pour sauver leurs profits.
Le même Bruno Le Maire a déclaré sur les réseaux sociaux : «?Je demande à toutes les entreprises, notamment les plus grandes, de faire preuve de la plus grande modération sur le versement de dividendes. C’est un moment où tout l’argent doit être employé pour faire tourner les entreprises.?» Comme nous l’enseigne toute l’histoire du mouvement ouvrier, rien n’a jamais été obtenu de la part des capitalistes en leur demandant gentiment. Naïveté de sa part ? Plutôt peut-être une sage mise en garde à destination de ses maîtres : faites bien attention, la révolte gronde ! Cela nous rappelle les déclarations grandiloquentes qui avaient suivi la crise de 2007-2008. Le président d’alors, Nicolas Sarkozy, en appelait à «?moraliser le capitalisme?» (sic.) On a vu ce que ça a donné par la suite…
Se donner les moyens d’agir
Les mesures prises par le gouvernement de Macron sont très insuffisantes pour gérer l’urgence sanitaire à laquelle le pays est confronté. Nous évoquions plus haut certaines positions du mouvement LFI. Celle-ci a établi une série de 11 mesures d’urgence pour faire face à la crise (3), dont un financement immédiat à hauteur de 10 milliards pour les infrastructures de santé, l’obligation de fournir un masque à chaque salarié qui travaille pendant l’épidémie, la gratuité de l’électricité, du gaz et de l’eau dans les quantités nécessaires, le maintien du salaire y compris pour les personnes au chômage technique et l’interdiction des licenciements, l’arrêt du décompte des jours pour le droit au chômage et des radiations et la réquisition immédiate des entreprises dont l’activité est essentielle à la population : nourriture, électricité, etc. ainsi que des logements vacants pour l’hébergement en urgence des personnes sans-abris.
Les propositions de la LFI vont dans le bon sens, très certainement en soulignant la nécessité de procéder à des réquisitions pour assurer l’approvisionnement de matériel de protection ou d’autres nécessités. Nous l’appuyons également quand elle affirme que l’état d’urgence n’est pas incompatible avec la démocratie. Bien au contraire?! Et celle-ci doit s’étendre bien au-delà de son terrain habituel. Nous avons plus que jamais besoin de la délibération et de l’intelligence de groupe dans cette situation. Et la meilleure façon d’y parvenir est d’assurer que les secteurs clés de l’économie soient retirés du monde des actionnaires pour être contrôlés et gérés démocratiquement par les travailleurs. Ce sont en effet les travailleurs et les travailleuses qui savent le mieux organiser la production des entreprises essentielles. C’est à eux et pas aux patrons que doit revenir la gestion de la production. Les exemples d’entreprises productrices de masques et de bonbonnes d’oxygène citées plus haut ainsi que toutes les initiatives citoyennes qui ont fleuri un peu partout donnent une illustration parfaite que c’est la classe ouvrière qui est la plus à même de gérer la crise. Sur une telle base, il serait possible de planifier démocratiquement la production économique pour satisfaire les besoins de toutes et tous dans le respect de l’environnement.
S’organiser dès aujourd’hui
Les revendications énoncées plus haut pour faire face à la crise relèvent en réalité du bon sens, y compris hors temps de crise. Elles n’ont en revanche aucune chance d’être mises en pratiques par la classe dominante sans un puissant mouvement des masses pour lui imposer. Un tel mouvement est rendu difficile sur le plan pratique par les mesures de confinement à respecter pour ne pas aggraver l’épidémie. Mais ça n’empêche pas aux esprits de s’échauffer et la classe ouvrière de s’organiser. La CGT services publics a déposé un préavis de grève pour tout le mois d’avril pour dénoncer la mise en danger des travailleuses et des travailleurs de leur secteur contraints d’aller travailler sans un équipement de protection adéquat et pour s’opposer aux attaques contre le droit du travail (4). Une initiative citoyenne a également vu le jour pour que les instances de Justice fassent la lumière sur les manquements du gouvernement dans l’anticipation de la crise (5). L’exécutif essaie tant bien que mal de se défendre contre ces remises en cause en appelant à l’unité nationale et en dénonçant toute opposition démocratique comme contre-productive. Une position qu’il veut appuyer avec un recours constant au vocabulaire guerrier où Macron se rêve en général auto proclamée. Mais la tâche s’avère extrêmement difficile pour ce gouvernement qui était déjà largement décrédibilisé dans l’opinion avant la crise.
Même si le confinement marque un temps d’arrêt dans l’organisation des protestations dans la rue, elle se poursuit dans les consciences.
Note :
1) http://www.leparisien.fr/economie/hopital-17-500-lits-de-nuit-fermes-en-six-ans-17-10-2019-8174565.php
2) https://www.legeneraliste.fr/actualites/article/2017/12/05/un-medecin-sur-quatre-a-deja-eu-des-idees-suicidaires-une-enquete-appelle-les-soignants-a-sortir-du-silence_312997
3) https://lafranceinsoumise.fr/2020/03/20/coronavirus-11-mesures-durgence/
4) https://www.cgtservicespublics.fr/les-luttes/actualites-des-luttes-2020/preavis-de-greve-2020/article/preavis-de-greve-du-1er-au-30-avril-2020
5) https://plaintecovid.fr/ -
France : le soulèvement se poursuit contre Macron et la réforme des retraites

Construire la grève générale reconductible sur tous les lieux de travail par des assemblées générales des travailleurs et travailleuses
Du jamais vu depuis mai 68 ! Au moment d’écrire ces lignes, le mouvement contre la réforme des retraites a dépassé la barre des 40 jours sans signe d’essoufflement et en dépit de la période des fêtes ! Combien de journalistes et de chroniqueurs ne nous ont pas rebattu les oreilles ces dernières années sur le thème des syndicats en perte de vitesse ou d’un autre âge ? Qu’ils et elles aillent se rhabiller : le mouvement ouvrier est toujours capable de mettre un pays à l’arrêt. Et, plus de 6 semaines après le début du mouvement, 60% de la population le soutenait toujours (baromètre Harris Interactive du 14 janvier).
Nicolas Croes, Parti Socialiste de Lutte (CIO Belgique)
Rendons à César ce qui lui appartient : Macron et le gouvernement ont tout fait pour mettre de l’huile sur le feu. Au 12e jour de lutte, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye a dû présenter sa démission pour avoir oublié de déclarer ses liens avec les entreprises privées du secteur de l’assurance. Peu après, l’ancien dirigeant de GDF-Suez Jean-François Cirelli a été promu au rang d’officier de la Légion d’honneur… alors qu’il dirige aujourd’hui la branche française du géant américain de la finance BlackRock ! Pour ce fonds de pension, le plus grand au monde, ce projet de réforme des retraites représente une juteuse opportunité. A cela s’ajoutent les violences policières quotidiennes, perçues par de plus en plus de gens comme une politique délibérée de la part des autorités.
Ça craque de partout
Le climat qui s’est développé est inédit. Si les travailleurs et travailleuses de la RATP (transports en commun parisiens) et du rail ont été les premiers en entrer en grève, ils et elles sont loin d’être isolés et se retrouvent aux côtés des enseignants, des raffineurs, des dockers, des avocats, etc.
En plus des secteurs en grève au quotidien, il y a les journées nationales de manifestations et de grèves, et aussi une multitude d’actes de résistance collective. Des avocats ont jeté leur robe à la figure de la ministre de la Justice avant de partir en grève reconductible. Des pompiers en tenue ont repoussé les rangs des policiers. Les vœux de la directrice de France Inter Sibyle Veil ont été interrompus par les salariés (dont 299 emplois sont menacés) qui ont entonné le Chœur des esclaves de Verdi. Des grévistes de la CGT Energie ont fait basculer des centaines de milliers de foyers en heures creuses. A Bordeaux, les grévistes ont coupé l’électricité à Cdiscount (entreprise française de commerce en ligne) et la mairie pour la redistribuer : “On prend les kilowatts des plus riches et on les redonne aux plus pauvres”. Pas mal de ces initiatives ont pu donner un aperçu de ce qui serait possible une fois que les travailleurs et travailleuses seront aux commandes de la société à la place des patrons et des actionnaires.
Parlons-en des actionnaires ! On a appris ce début d’année que le record des dividendes octroyés aux actionnaires datant d’il y a 12 ans (juste avant la crise des subprimes) avait été battu en 2019. Les versements réalisés par les groupes du CAC 40 (l’indice boursier français) ont dépassé les 60 milliards d’euros, sur base de 88,5 milliards d’euros de profits. De ce côté-là, on ne peut que se féliciter de l’action de Macron et sa bande. Pourtant, il en faut plus, encore bien plus pour ne pas nuire à la compétitivité des entreprises.
Des pensions impayables ?
Le gouvernement a tenté de faire avaler que son projet de réforme est juste et simple puisqu’il vise à instaurer un système de retraite universel. Mais l’opinion publique a très bien décelé qu’il s’agissait avant tout de faire travailler plus longtemps pour des pensions plus basses. De plus, le système de la pension à points pénalisera plus durement les femmes, qui disposent déjà aujourd’hui de pensions plus basses en moyenne.
Le gouvernement et ses partisan·es répètent que, puisque l’on vit plus tard, il n’est que logique de travailler plus longtemps. En France comme en Belgique et ailleurs, il est vrai que l’on vit plus tard qu’il y a 40 ans. Mais nous produisons surtout beaucoup plus de richesses qu’il y a 40 ans au cours de notre carrière ! Où est passé cet argent ? Le système de pension serait impayable ? De qui se moque-t-on ? Il a été instauré au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, dans un pays pillé par l’occupation nazie et ravagé par les destructions ! A l’époque, la force du mouvement ouvrier et de la résistance ont contraint la bourgeoisie à devoir lâcher du lest et poser les premiers jalons de la sécurité sociale. Cette force, nous la redécouvrons aujourd’hui.
Manœuvre grossière et coup dans l’eau
Le gouvernement a annoncé le retrait d’une des nombreuses mesures de sa réforme, l’âge pivot. Deux syndicats, la CFDT et l’Unsa, en avaient fait une ligne rouge, un préalable pour arrêter le mouvement. L’annonce de ce retrait visait à diviser et affaiblir les syndicats. Mais, sur le terrain, âge pivot ou pas, les grévistes exigent l’abandon pur et simple de la réforme.
D’autant plus que ce retrait serait provisoire jusqu’à la tenue d’une conférence sur l’équilibre et le financement du système de retraite à laquelle le gouvernement invite les syndicats. Rien ne dit que la mesure ne réapparaîtra pas à ce moment-là. Le but de la manœuvre ? Diviser le front commun syndical, gagner du temps et, surtout, laisser passer les municipales de mi-mars, qui s’annoncent extrêmement délicates pour le parti du gouvernement.
L’extrême droite démasquée
La force du mouvement est telle que le Rassemblement national de Marine Le Pen (ex-Front National), s’est senti obligé de le soutenir du bout des lèvres. Cela se comprend aisément : 75% de ses électeurs et électrices soutiennent le mouvement. Mais alors que le mouvement franchissait la barre des 40 jours, elle s’en est prise à Philippe Martinez, le dirigeant de la CGT : On a toutes les raisons de détester la CGT et Martinez.
Cette lutte qui unit les travailleurs et travailleuses, quelle que soit leur religion ou la couleur de leur peau, est un levier puissant pour combattre l’extrême droite. Le discours raciste de l’extrême droite qui tente de dresser les travailleurs et travailleuses les uns contre les autres ne résiste pas face à une vague de mobilisation sociale unitaire. Par contre si la lutte échoue ou si elle est trahie par les directions syndicales, le découragement et l’amertume ouvriront un boulevard à l’extrême droite.
L’importance des assemblées générales
Les autres organisations syndicales de travailleurs et travailleuses et d’étudiants (CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, MNL, FIDL) ont à juste titre appelé à poursuivre le combat en défendant de réunir des assemblées générales sur les lieux de travail pour continuer et amplifier la mobilisation. Cette dynamique peut servir de levier vers une véritable grève générale démocratiquement reconductible, avec occupation des lieux de travail. Et, soyons clairs, l’objectif du retrait de la loi doit être dépassé. Si le rapport de force continue de s’améliorer, c’est la chute du gouvernement qui sera à l’ordre du jour.
Avec quelle alternative politique ? Les assemblées générales peuvent devenir autant de forums pour élaborer un ensemble plus large de revendications : augmentation des salaires et des allocations sociales, fin du travail précaire et du chômage par la réduction de la semaine de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, investissements massifs pour des services publics accessibles à toutes et tous sur l’ensemble du territoire, expropriation des entreprises qui résisteront à l’instauration d’un tel programme pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs et travailleuses…
Certes ce programme est inapplicable en restant prisonnier·ères de la dictature du capital. Ce système doit suivre la même trajectoire que le projet de réforme des retraites et être envoyé dans les poubelles de l’Histoire. Une des tâches les plus fondamentales de ce jour est la naissance d’un véritable parti des travailleurs et travailleuses qui regroupe en son sein les différents sensibilités de la résistance sociales pour se battre en faveur de l’instauration d’un gouvernement du monde du travail.
Si les secteurs clés de l’économie (finance, pharmaceutique,…) étaient arrachés aux griffes des multinationales et des grandes entreprises et mis à la disposition de la collectivité, il serait alors possible de planifier démocratiquement les ressources de l’économie pour répondre aux besoins de la majorité et non pour les profits de quelques-uns. Cela poserait les premiers jalons vers l’instauration d’une société socialiste. Dans le contexte international actuel, où des luttes de masse se développent sur tous les continents, la France constituerait un exemple inspirant qui ne resterait pas longtemps isolé.
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France. Des journées cruciales pour l’extension et à la généralisation de la grève

Ce jeudi 9 janvier, le conflit sur les retraites atteint son 36e jour de lutte sans interruption depuis le 5 décembre, avec déjà 4 journée nationales de grève et de manifestation interprofessionnelles tandis que différents secteurs sont en grève par intermittence ou depuis le début du mouvement. Un record jamais vu en France depuis 1968. Après avoir perdu la bataille de l’opinion publique, qui reste résolument du côté du mouvement et des syndicats même après la période des fêtes, Emmanuel Macron et son gouvernement attendent l’épuisement des ressources des grévistes et donc des mobilisations.
Par Nicolas Croes
- France. Grève du 5 décembre, une date qui peut tout changer
- France. Après le succès du 5 décembre, construire partout la grève générale reconductible
Lors des voeux du président de la république, Macron avait encore confirmé l’obstination du gouvernement concernant son projet de réforme antisocial des retraites et sa stratégie de pourrissement. Les trois journées de mobilisations interprofessionnelles de ces 9, 10 et 11 janvier lancées par les syndicats CGT, FO, Solidaires et FSU visent donc à frapper un grand coup après les deux semaines de fêtes de fin d’année.
Ces organisations syndicales avaient appelé à « mettre en débat, dès lundi [6 janvier], dans toutes les entreprises, services et lieux d’études en organisant des assemblées générales de salarié.e.s, d’étudiant.e.s et de lycéen.ne.s, les conditions de la réussite du 9 janvier et de ses suites dès le lendemain ». Après le 9 et le 10 janvier, ces syndicats appellent à faire du samedi 11 janvier, « une journée de manifestation dans tout le pays ». Il s’agit d’une première dans l’histoire syndicale de ces quarante dernières années.
Contrairement à ce qu’affirment les médias et le gouvernement, les travailleurs de la RATP et de la SNCF ne sont pas seuls à poursuivre la lutte. Dans l’énergie, les raffineries, les ports et docks, l’enseignement, la santé, chez les pompiers, à la BNF, à l’Opéra de Paris, dans beaucoup d’entreprises du secteur privé,… la mobilisation est forte et la grève est suivie.
Des fêtes passée sous le signe de la lutte
Des centaines d’initiatives combatives se sont tenues un peu partout dans le pays durant la période des fêtes. Dans l’agglomération parisienne, la CGT énergie a fait basculer près de 500 000 foyers au tarif des heures creuses durant la mâtinée du réveillon de Noël. “C’était notre cadeau de Noël”, expliquait le représentant CGT Nicolas Noguès, “Pour l’usager, ça se compte en centimes, mais pour l’entreprise, ça va faire un gros manque à gagner”. A Béziers également, les grévistes se sont introduits dans la centrale d’alimentation électrique afin de basculer l’ensemble des clients du réseau en « heures creuses ».
Ailleurs, d’autres travailleurs ont coupé l’électricité des riches pour la redistribuer aux pauvres, comme à Bordeaux où les grévistes ont coupé l’électricité à Cdiscount (entreprise française de commerce en ligne) et la mairie pour la redistribuer : “On prend les kilowatts des plus riches et on les redonne aux plus pauvres”
Ces initiatives ont sans aucun doute permis de continuer à marquer des points auprès de l’opinion. Mais elles ont aussi permis de donner un aperçu de ce qui est possible quand ce sont les travailleurs qui sont aux commandes et non plus les patrons et actionnaires.
Des travailleurs remotivés par la dynamique en cours
Depuis que le mouvement en défense des retraite a commencé le 5 décembre dernier, plusieurs raffineries avaient rejoint la lutte, mais sans véritable coordination : certaines n’étaient pas en grève tandis que d’autres ne l’étaient que par intermittence. Cela avait aidé le gouvernement à réorganiser les flux d’approvisionnement en coordination avec les directions d’entreprises pétrolières. Mais, depuis ce mardi 7 janvier, à midi, c’est la totalité des raffineries du pays qui est entrée en grève à l’appel de la CGT Chimie. Cela ne s’était plus produit depuis 2010. En 2016, dans le mouvement contre la Loi travail, une des raffineries n’avait pas suivi, contrairement à aujourd’hui. Cette situation illustre que le mouvement a un impact pour remotiver et remobiliser des travailleurs après la défaite de luttes passées.
La dynamique de structuration de la lutte touche bien d’autres secteurs, comme celui des avocats, qui sont entrés en grève pour toute la semaine pour dénoncer le projet de réforme des retraites. Ce mercredi matin, ils ont retiré leur robe noire pour la jeter aux pieds de la ministre de la Justice en déplacement à Caen.
Toute la question est de s’appuyer sur ces 3 jours de mobilisations nationales pour renforcer le mouvement de grève et l’étendre jusqu’à une véritable grève générale reconductible par les assemblées générales des travailleurs.
C’est tout le système qui doit dégager !
La productivité au travail a grandement augmenté ces dernières décennies : nous produisons plus, avec moins de travailleurs. Il est faux de dire que les retraites sont impayables : il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui. Il y a non seulement moyen de payer nos retraites, mais aussi de répondre aux nombreuses pénuries qui font craquer la société de partout.
Les assemblées locales de travailleurs et de jeunes (sur les lieux de travail, dans les quartiers,…) peuvent non seulement permettre de démocratiquement décider de la reconduction de la grève et des mesures qui s’imposent pour la renforcer, mais aussi débattre collectivement de l’élaboration d’un cahier de revendications plus large tel que celui-ci :
- La baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie ;
- Des revenus pour vivre, pas pour survivre : augmentation des salaires et des allocations sociales et leur indexation sur les prix, y compris du carburant ;
- Une sécurité d’emploi avec de vrais contrats de travail à durée indéterminée ;
- C’est au chômage qu’il faut s’en prendre, pas aux chômeurs : réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire ;
- Mettre les besoins au centre de la politique : transports publics gratuits et non polluants, services publics (notamment de proximité : crèches, écoles, maternités, bureaux de poste, logements publics sociaux, …) ;
- La (re)mise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, y compris par la réquisition sous contrôle démocratique des entreprises, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises ;
- Un grand service public environnemental pour créer des centaines de milliers d’emplois nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuits courts, énergies renouvelables,…) ;
Réaliser un tel programme nécessite des mesures réellement socialistes telles que la nationalisation et l’unification de tous le secteur financier dans un service national d’investissement et de financement sous contrôle démocratique de la collectivité, de même que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie afin que les grandes entreprises ne puissent continuer à saboter la transition écologique et que la planification démocratique et écologique, basée sur les besoins y compris écologiques, devienne possible.
Si la France se soulève aujourd’hui, elle est loin d’être la seule. Depuis les premiers pas de la révolte des Gilets jaunes, le développement des luttes de masse et des grèves générales aux caractéristiques révolutionnaires fut puissant à travers le monde. Et la liste des pays aux prises avec un soulèvement de masse n’est pas encore terminée. Engageons-nous avec confiance dans cette nouvelle ère de lutte avec l’ambition de conduire les travailleurs et les masses à renverser le système d’exploitation capitaliste pour que l’humanité toute entière puisse accéder à une véritable émancipation au travers de la construction d’une société socialiste démocratique.
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France. Après le succès du 5 décembre, construire partout la grève générale reconductible

Photo : Wikipedia Ce jeudi 5 décembre, la première journée de grève et de manifestation contre le projet de réforme des retraites a rencontré un succès éclatant et historique. Selon les syndicats, pas moins de 1,5 million de personnes ont participé aux près de 250 cortèges dans tout le pays. A titre de comparaison, la première journée de grève et de manifestation contre le projet de loi travail en 2016 avait réuni 500.000 personnes selon les estimations des mêmes syndicats ! Une nouvelle journée de lutte a été annoncée pour ce 10 décembre tandis que la grève a été reconduite dès ce vendredi dans plusieurs secteurs et que le 12 devrait également être une nouvelle date de mobilisation générale.
Par Nicolas Croes
Avant même que la journée du 5 ne commence, il était évident que ce mouvement allait connaître une affluence de masse. La veille, un sondage Harris Interactive pour RTL et AEF Info indiquait encore que 69% des Français soutenaient le mouvement de grève contre la réforme des retraites. L’affluence aux manifestations n’a pas démenti ces chiffres, même si de nombreux manifestants se sont rendus aux points de rendez-vous la peur au ventre après une année marquée par la violence policière et les milliers de blessés du mouvement des Gilets jaunes.
Les manifestations ont réuni des cheminots, des agents de la RATP (le service de transports en commun parisien), des travailleurs du secteur de la santé, des enseignants, des retraités, des travailleurs d’entreprises privées, des Gilets jaunes,… Les syndicats affirment que 70 % des enseignants étaient en grève, une partie d’entre eux l’ont à nouveau été le vendredi. La CGT estime à 45 % le taux de grévistes dans la seule fonction publique d’Etat. A EDF (Électricité de France), la CGT fait état de 50 % à 60 % des salariés en grève. A la SNCF, 61,4 % des cheminots étaient en grève selon la CGT, qui y a appelé à une grève illimitée aux côtés de l’UNSA-Ferroviaire et de SUD-Rail. A la RATP, dix lignes de métro sont restées fermées, plus que lors de la précédente grève, qui avait quasiment paralysé la capitale le 13 septembre. Même dans des entreprises aux traditions syndicales moins fortes, comme à Orange, les syndicats ont estimé la proportion de grévistes à 15 %, soit l’un des taux les plus élevés depuis les années 2000.
Les ports et les docks étaient également à l’arrêt tandis que des chauffeurs routiers ont organisé des opérations de blocage. Sept des huit raffineries françaises étaient en grève, du «jamais vu » selon le syndicaliste CGT Emmanuel Lépine, en comparaison des précédents mouvements dans les raffineries (2018 sur les salaires, 2016 contre la loi El Khomri, 2010 contre la réforme Sarkozy des retraites). Quatre d’entre elles étaient encore en grève le vendredi. Même la police a été touchée par la grève, alors que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait tenté de rassurer les policiers en affirmant que leur régime particulier de retraite sera « maintenu ».
Elargir la lutte
Personne ne pensait qu’une seule mobilisation, aussi impressionnante soit-elle, parviendrait à faire reculer le gouvernement. Dans plusieurs endroits, les grèves ont été reconduites (SNCF, RATP, certains enseignants,…) avant même d’attendre la réunion de l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU et des quatre organisations de jeunesse qui se sont réunies le vendredi 6 au matin. De cette rencontre est sortie une nouvelle journée de grèves et de manifestations : ce mardi 10 décembre.
Des assemblées générales ont déjà eu lieu à différents lieux de travail, le tout est maintenant de les développer et d’ancrer le mouvement le plus fortement possible auprès des collègues, en les impliquant démocratiquement dans l’organisation de la lutte, notamment dans la reconduction de la grève.
Sur la chaine LCI, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez expliquait : « Il faut généraliser les grèves dans toutes les entreprises (…) Il faut reconduire (la grève) jusqu’à avoir satisfaction sur le principe que cette réforme va générer de la misère et qu’il faut donc s’appuyer sur notre socle social qui est un des meilleurs au monde et l’améliorer pour les jeunes, les femmes, les précaires ».
Le spectre qui plane sur l’administration Macron est celui du mouvement de grève contre la réforme des retraites en 1995, qui avait paralysé les transports publics pendant trois semaines et qui avait bénéficié d’un soutien populaire massif, forçant le gouvernement à revenir en arrière. Il s’agissait des plus importantes grèves depuis celles de Mai 68. C’est de ce type de potentiel dont nous parlons aujourd’hui.
La puissance du mouvement actuel est telle que le parti le plus anti-grève qui soit, le Rassemblement national de Marine Lepen (ex-Front National), s’est senti obligé de soutenir le mouvement du bout des lèvres. Selon le sondage Harris Interactive dont il est question plus haut, pas moins de 75% des électeurs de Marine Le Pen soutiennent le mouvement. Cette lutte peut donc également jouer un grand rôle pour combattre l’extrême droite en soulignant ce qui unit les travailleurs quelle que soit leur religion ou la couleur de leur peau. La rhétorique de division de l’extrême droite ne tient pas face à une mobilisation sociale conséquente. Mais si le mouvement abouti à un échec ou s’il est trahis par les directions syndicales, le cynisme et la désillusion ouvriront un boulevard à l’extrême droite.
La France Insoumise et les Gilets jaunes
En France, le potentiel d’une lutte réunissant les différents mouvements sociaux contre Macron et le monde de l’argent qu’il représente n’a pas manqué d’illustrations. Déjà durant la campagne électorale, la campagne de la France Insoumise (FI) et son programme, notamment autour de la « planification écologique », avait élevé le débat sur le type de riposte nécessaire contre l’austérité et la destruction de notre environnement.
Au début de la présidence de Macron, la FI a pris de très bonnes initiatives pour appuyer la lutte syndicale et tenter d’aider à surpasser l’indécision qui régnait aux sommets syndicaux. Les directions syndicales, avec des nuances, ont hélas bloqué toute tentative allant vers un mouvement de lutte national appuyé par la grève générale. La FI a poursuivi ses initiatives, mais peut-être avec davantage d’accent sur le combat parlementaire. Avec la fin des initiatives dans la rue, et confrontés aussi à une structuration du mouvement qui ne permettait pas la meilleure implication de la base, beaucoup de partisans ont pu se demander ce qu’il leur restait à faire au-delà d’applaudir le travail des élus. C’est certain, la campagne médiatique qui s’est déchaînée contre la FI n’a pas aidé. Ces mêmes médias n’ont d’ailleurs pas manqué par la suite de s’en prendre brutalement au mouvement des Gilets Jaunes, comme c’est également chaque fois le cas quand les travailleurs relèvent la tête.
Quand le mouvement des Gilets jaunes a surgi il y a un an, il fut le plus fort là où une convergence a pu être trouvée avec le mouvement des travailleurs, en dépit des réticences de certaines directions syndicales, comme à Toulouse où le blocage a été massif à plusieurs reprises, aussi grâce au renfort des syndicats de routiers.
Aujourd’hui, alors que le mouvement des travailleurs utilise son outil de travail comme outil de combat grâce à la grève, une puissante convergence des luttes est possible autour de lui. Comme à chaque mouvement social d’ampleur, les références à Mai 68 ne manquent pas dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Au plus fort de ce véritable mois de révolution, la combinaison de la jeunesse en lutte et d’une grève générale forte de 10 millions de travailleurs a failli renverser le système. La colère sociale atteint actuellement un point d’ébullition similaire à celui de l’époque. Avec un tel type de lutte, une véritable grève générale reconductible reposant sur des assemblées des travailleurs et de la jeunesse en lutte, nous pourrions arracher nos revendications.
C’est tout le système qui doit dégager !
La productivité au travail a grandement augmenté ces dernières décennies : nous produisons plus, avec moins de travailleurs. Il est faux de dire que les retraites sont impayables : il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui. Il y a non seulement moyen de payer nos retraites, mais aussi de répondre aux nombreuses pénuries qui font craquer la société de partout.
Les assemblées locales de travailleurs et de jeunes (sur les lieux de travail, dans les quartiers,…) peuvent non seulement permettre de démocratiquement décider de la reconduction de la grève et des mesures qui s’imposent pour la renforcer, mais aussi débattre collectivement de l’élaboration d’un cahier de revendications plus large tel que celui-ci :
- La baisse immédiate et le blocage des prix de l’essence et de l’énergie ;
- Des revenus pour vivre, pas pour survivre : augmentation des salaires et des allocations sociales et leur indexation sur les prix, y compris du carburant ;
- Une sécurité d’emploi avec de vrais contrats de travail à durée indéterminée ;
- C’est au chômage qu’il faut s’en prendre, pas aux chômeurs : réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire ;
- Mettre les besoins au centre de la politique : transports publics gratuits et non polluants, services publics (notamment de proximité : crèches, écoles, maternités, bureaux de poste, logements publics sociaux, …) ;
- La (re)mise en place de l’impôt sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale par les ultra-riches et les multinationales, y compris par la réquisition sous contrôle démocratique des entreprises, la fin des taxes indirectes (TVA, etc.) remplacées par une imposition forte des riches et des grandes entreprises ;
- Un grand service public environnemental pour créer des centaines de milliers d’emplois nécessaires à la transition énergétique et écologique (agriculture écologique, alimentation en circuits courts, énergies renouvelables,…) ;
Réaliser un tel programme nécessite des mesures réellement socialistes telles que la nationalisation et l’unification de tous le secteur financier dans un service national d’investissement et de financement sous contrôle démocratique de la collectivité, de même que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie afin que les grandes entreprises ne puissent continuer à saboter la transition écologique et que la planification démocratique et écologique, basée sur les besoins y compris écologiques, devienne possible.
Si la France se soulève aujourd’hui, elle est loin d’être la seule. Depuis les premiers pas de la révolte des Gilets jaunes, le développement des luttes de masse et des grèves générales aux caractéristiques révolutionnaires fut puissant à travers le monde. Et la liste des pays aux prises avec un soulèvement de masse n’est pas encore terminée. Engageons-nous avec confiance dans cette nouvelle ère de lutte avec l’ambition de conduire les travailleurs et les masses à renverser le système d’exploitation capitaliste pour que l’humanité toute entière puisse accéder à une véritable émancipation au travers de la construction d’une société socialiste démocratique.
