Tag: Forges

  • De quels syndicats avons-nous besoin? Pour des syndicats combatifs et démocratiques

    De quels syndicats avons-nous besoin?

    Les syndicats sont régulièrement pris sous le feu des employeurs : ils les trouvent trop radicaux. Beaucoup de militants se demandent si on parle bien des mêmes syndicats! Beaucoup de travailleurs se demandent en effet si les syndicats les défendent encore et si, à l’époque de la mondialisation, les syndicats peuvent agir efficacement. Nous tentons ici d’apporter une réponse.

    Un délégué FGTB

    Au cours des récentes années, un grand nombre d’emplois ont disparu suite aux fermetures et aux rationalisations: la faillite de la Sabena et le démarrage de SN Brussels Airlines avec beaucoup moins de personnel et avec de plus mauvaises conditions de travail, la fermeture de la phase à chaud chez Arcelor à Liège, les nombreuses pertes d’emplois à La Poste et à la SNCB, etc. Dans la plupart des cas les syndicats ont à peine réagi. Les actions menées par les travailleurs ont timidement été soutenues par les syndicats qui se sont surtout contentés de canaliser les actions et de se concerter avec les employeurs. Un telle politique syndicale ne peut mener les travailleurs qu’à la démoralisation et même à l’antisyndicalisme.

    Il y a pourtant une aspiration des travailleurs à passer à l’action pour se défendre. Il suffit de citer les nombreux débrayages spontanés à La Poste ou aux TEC, les grèves sectorielles pour le renouvellement des conventions collectives ou encore la manifestation de masse du 21/12/04 pour un meilleur accord interprofessionnel. Les mobilisations dans le non-marchand montrent que les travailleurs sont mobilisables quand le jeu en vaut la chandelle.

    Et pourtant, malgré les nombreuses actions dans les secteurs, le résultat des conventions collectives est souvent plus maigre que ce qui était initialement prévu dans le projet d’accord interprofessionnel! Cela n’est pas dû à un manque de combativité de la base, mais à la couardise des directions syndicales soucieuses de la “santé économique” des entreprises et dont le radicalisme s’exprime en paroles mais pas en actes. Par exemple contre la directive Bolkestein.

    Ce n’est que lorsque ça dépasse vraiment les bornes, comme par exemple avec l’affaire Picanol (où le manager avait empoché un solide magot), qu’ils osent encore élever la voix pour s’en prendre au “mauvais” capitalisme. Où est le temps où, à l’intérieur des syndicats, une aile gauche remettait en cause le capitalisme même? Dans les années 80, la FGTB a encore mené des actions de masse contre la politique des gouvernements Martens-Gol. Aujourd’hui le sommet de la FGTB est un allié du gouvernement Verhofstadt via ses alliés politiques privilégiés (PS et SP.a).

    Il faut bien constater au-jourd’hui que l’aile gauche dans les syndicats est fluette et que les directions syndicales tentent vite de faire taire les voix dissidentes. Le putsch contre Albert Faust, au sein du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde, mené par un quarteron de secrétaires ambitieux, ralliés temporairement au SETCa national, sous la supervision de Mia De Vits, en est l’exemple le plus frappant. Quelques années plus tôt, les délégués les plus en pointe des Forges de Clabecq, en pleine bataille pour la réouverture de leur usine, avaient été exclus de la FGTB sans avoir la possibilité de se faire entendre dans les structures. La direction de la FGTB voudrait – comme à la CSC – une direction fortement centralisée pour pouvoir plus facilement faire la chasse aux dissidents. Cela semble momentanément leur réussir. Mais cela peut changer. Comment?

    Le MRS et le MPDS

    Pendant la lutte des travailleurs des Forges de Clabecq s’est créé le Mouvement pour le Renouveau Syndical (MRS). Ce fut un pôle d’attraction – bien que limité – pour tous ceux qui voulaient refaire du syndicat un organe de lutte. Le fait que la liste Debout, aux élections européennes de 1999, ait récolté 5% des voix dans certains cantons électoraux ouvriers montre l’audience qu’avaient ceux de Clabecq. Le MRS s’est cependant progressivement éteint après la fin du procès des 13 travailleurs des Forges, faute de perspectives et de structuration.

    Après la liquidation d’Albert Faust et son lynchage médiatique, le Mouvement pour la Démocratie Syndicale (MPDS) a été impulsé par les militants de gauche du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde. Cette initiative a tout de suite suscité l’intérêt de militants syndicaux de gauche d’autres secteurs, mais le MPDS, malgré ses efforts pour s’adresser à la gauche syndicale au-delà du SETCa, n’a pas pu réellement s’élargir.

    Le MRS et le MPDS ont pu se développer à partir de l’activisme et le militantisme de syndicalistes de gauche dans une période de lutte. Les militants du MAS présents dans le MRS et dans le MPDS ont insisté sur la nécessité d’avoir une analyse correcte de la situation économique et politique. Etre radical ne suffit pas en soi. Cela doit être encadré.

    Quand la lutte perd de son élan, le militantisme faiblit. La tâche d’une direction est alors d’analyser la situation et de réorienter le cours afin d’éviter la démoralisation des travailleurs et d’étayer le rapport de forces pour de futures luttes. Lorsque les travailleurs de Splintex ont entamé leur lutte courageuse pour le maintien de l’emploi, une gauche syndicale aurait pu jouer un rôle important pour soutenir et élargir le mouvement. En l’absence d’une telle gauche syndicale, les directions syndicales avaient les mains libres pour laisser le conflit s’asphyxier progressivement.

    Comment faire pour avoir des syndicats combatifs?

    Les militants combatifs sont actuellement peu nombreux et dispersés. Aujourd’hui la mise sur pied d’une structure pour les réunir risque de n’être, tout au plus, qu’une réédition de l’expérience du MRS et du MPDS, dans de plus mauvaises conditions. La tâche des syndicalistes de gauche consiste avant tout à œuvrer, sur les lieux de travail mêmes, à rassembler et à former un noyau syndical combatif capable d’analyser la situation et prêt à agir pour mettre en mouvement la masse des travailleurs pour se défendre contre les attaques patronales. Cela implique d’accorder beaucoup d’attention à l’implication des militants et de développer un travail de conscientisation vers les jeunes travailleurs.

    Des contacts informels, au sein du secteur et sur le plan régional, peuvent permettre de tisser peu à peu un réseau de militants syndicaux de gauche. Quand ce réseau aura suffisamment de poids, on pourra songer à le structurer pour mener la bataille au sein des syndicats pour exiger plus de démocratie syndicale.

  • 10 ans après… Numéro 100 de notre mensu

    Il y a près de 10 ans, le 1er Mai 1995, le 1er numéro de l’édition en langue française de notre mensuel paraissait. Notre journal s’appelait alors Le Militant. C’était une aventure! Car si la section du CIO en Belgique existait depuis plusieurs années, nous n’étions qu’une poignée de militants francophones bruxellois à l’avoir rejointe en octobre 1994.

    Guy Van Sinoy

    Tout était à faire: écrire et corriger les articles, plier le jour-nal, le vendre et tenter de faire des abonnements. Le tout dans des conditions matérielles difficiles car l’organisation avait très peu de moyens. Nous avions trois vieux ordinateurs: deux d’entre-eux, fournis par des camarades hollandais, étaient pourvus de claviers qwerty (sans touches pour les accents !). Mais ces difficultés ne nous arrêtaient pas car nous étions plein d’enthousiasme d’avoir rejoint une organisation marxiste internationale capable d’aller à contre-courant de la vague de démoralisation qui avait foudroyé pas mal d’organisations et de militants après l’effondrement des pays staliniens en Europe de l’Est.

    Malgré notre petit nombre, je me souviens que nous avons vendu 400 exemplaires de notre journal le 1er Mai 1995. En quelques semaines, nous avons fait plusieurs dizaines d’abonnés. Nous avons négocié avec les messageries de la presse pour être présent pendant 6 mois dans 300 kiosques !

    En éditant un journal en Belgique francophone, nous avions planté un drapeau. Il fallait maintenant élargir notre petit noyau et construire une organisation. Du côté francophone, nous avions plusieurs délégués syndicaux mais pas le moindre jeune. Nous avons dû limiter notre intervention syndicale et consacrer du temps à forger des instruments pour la construction de l’organisation: le journal, les finances, le fonds de lutte,… Nous avons ramé pour intervenir dans les luttes des étudiants et des enseignants en 1996 contre les mesures d’austérité appliquées par Onkelinx car nous n’avions, à l’époque, personne dans les écoles francophones. Nous avons fait une première percée avec la lutte des travailleurs de Clabecq, fin 1996: alors que certains tournaient le dos aux ouvriers des Forges, calomniés par la presse, nous les avons soutenus de toutes nos forces en bataillant pour faire notre place. En juin 1997, nous avons gagné la majorité de l’organisation Socialisme International : cela nous a permis de prendre pied plus solidement en Wallonie. Tout au long des épisodes importants de notre développement, la diffusion de nos idées et de notre programme, grâce à notre journal, a rempli un rôle central. 1999: candidats sur les listes PC (Chambre) et Debout (Europe). 2000: campagne «Résistance Internationale» en vue du sommet de Laeken de fin 2001. Lancement de notre organisation étudiante «Etudiants de Gauche Actifs» (EGA). 2003: nouvelle campagne électorale sur les listes PC et création d’une section à Mons. 2004: récolte de 7.000 signatures de parrainage pour notre propre liste aux européennes, nouvelle section à Verviers. 2005: nouvelle section dans le Brabant wallon. Venez participer à la suite du scénario: prenez non seulement un abonnement à notre mensuel, mais prenez part activement à la construction de notre parti.

  • Travailleurs du bassin de Charleroi; tous ensemble avec les grévistes de Splintex!

    Après plus de cinquante jours de grèves, la combativité est toujours bien présente. Pour rappel, la direction a décidé de congédier 284 travailleurs des 844 que compte l’entreprise, alors que 300 emplois avaient déjà disparus en 2000. La direction, prévoyant une réaction lors de l’annonce du licenciement, avait engagé, il y a plusieurs mois, des intérimaires afin d’augmenter la production et de constituer des stocks en prévision de la grève.

    Alors que l’avenir est incertain pour Splintex, le pré-accord interprofessionel, signé par le patronat et les syndicats, outre l’augmentation de la norme salariale de seulement 4,5%, prévoit la possibilité d’augmenter les heures supplémentaires à 130 heures ( la loi de 71 limitait auparavant le nombre d’heures supplémentaires à 65). Ceci n’est plus très loin du retour aux 40 heures tant réclamées par le patronat ces derniers mois. Cette concession va provoquer la perte de plusieurs dizaines de milliers d’emplois en Belgique ! La lutte contre les licenciements à Splintex et la lutte pour l’emploi par la diminution du temps de travail sont liées comme deux faces d’une même pièce.

    DU COTE DU PATRONAT ET DE SES LAQUAIS : UNE REPRESSION ECOEURANTE

    Après les accusations de « prise d’otage de la direction » dans les journaux, ce fut au tour de cadres de l’entreprise de faire pression sur les ouvriers pour qu’ils reprennent le travail en leur téléphonant personnellement. La direction a établi une ‘liste grise’ des travailleurs à ‘évaluer’ régulièrement au sein de l’entreprise lorsqu’elle redémarrera (les délégués syndicaux et ouvriers actifs dans la grève). Quant au gouvernement, il a proposé l’organisation d’un «référendum démocratique» sur l’acceptation du plan de restructuration ou la fermeture de l’usine ! Même la justice s’en est mêlée, réclamant aux grévistes 5.000 euros par ouvriers qui serait empêcher d’accéder à son travail. Ces astreintes n’étaient qu’un premier pas avant l’intervention de la police ; 150 policiers avec matraques, auto-pompes et hélicoptère ont attaqué le piquet de grève en pleine nuit ce 19 janvier!

    DU COTE DES TRAVAILLEURS : UN ELAN DE SOLIDARITE

    Les ouvriers de Splintex ont pu compter sur la solidarité de délégations de tout le pays, cela autant lors de la manifestation régionale à Charleroi qui a rassemblé plus de 6.000 personnes que lors du piquet du 17 janvier où plus de 400 ouvriers étaient présents, dont de nombreuses délégations de Flandre mais aussi Bruxelles, Liège, … Le mardi 18 une assemblée générale, réunissant plus de 450 travailleurs a décidé le refus des restructurations et la poursuite de la grève. Seule cette assemblée à une légitimité, le référendum, sujet à des manipulations et tentatives de pressions, est une atteinte aux principes démocratiques des travailleurs.

    Le comité de soutien qui fut constitué par des militants syndicaux combatifs avait organisé une soirée de solidarité ce mercredi 19 qui a réuni plus de 200 personnes. On pouvait autant y ressentir la combativité, que la rage envers les moyens utilisés pour casser le piquet de grève. Parmi les interventions des militants, on peut citer un délégué de la SONACA appelant à une mobilisation interprofessionnelle, … espérons que cela se traduira en actes. Pour le moment, seule les délégations des sites de GLAVERBEL ont effectivement lancé et débrayé par un appel à la grève de 24 heures.

    CETTE LUTTE DOIT ETRE GAGNEE !

    Comme le disait Silvio Marra, ancien délégué syndical des Forges de Clabecq également présent à la soirée de soutien: ‘Une lutte doit aboutir’ ; pour ne pas que soit perdu le sacrifice de chaque ouvrier en lutte ; pour ne pas que les ouvriers, leurs familles et leurs entourages ne soient abattus ou démotivés par une défaite; enfin pour que les ouvriers de tout le pays voient et sachent que le patronat n’est pas inébranlable, que l’homme n’est pas un esclave qui n’a qu’à subir l’arrogance d’exploiteurs dictant leurs lois. Les grévistes de Splintex ont posé un jalon important dans le renouveau de luttes combatives qui vont et doivent se développer les prochains mois et années en Belgique. La prochaine étape est de gagner à tout prix cette lutte, la fatigue, les pressions familiales et financières guettent les ouvriers de Splintex ; il est primordial pour les délégations et les ouvriers des entreprises de la région d’apporter leur soutien afin d’arracher une victoire : soutien financier, présence au piquet,…Il est également indispensable de mettre sur pied un véritable comité de grève pour continuer la lutte. L’appel à une grève régionale générale doit être utilisé comme outil de mobilisation et de pression sur le patronat.

    POUR UNE GREVE GENERALE REGIONALE POUR L’EMPLOI ET LES DROITS SYNDICAUX

    Cette grève doit d’abord être vue et planifiée afin d’aider les travailleurs de Splintex dans leur lutte ; une victoire des ouvriers de Splintex aura un impact immense régionalement et nationalement sur la confiance des travailleurs et sur leur capacité à rendre coup sur coup les attaques du patronat. Mais cette grève doit également aller plus loin : il faut se battre pour les droits syndicaux, le droit de grève, bafoués par la justice et la police. C’est un acquis fondamental de tous les ouvriers du pays qui est attaqué, une riposte de la part d’un maximum de syndicalistes et travailleurs du pays est nécessaire. En outre, les travailleurs doivent se mobiliser pour réclamer plus de l’accord interprofessionnel. Celui-ci prépare des centaines d’autres plans de licenciement tel que celui d’AGC-Splintex. Le potentiel de mobilisation pour arracher un meilleur accord interprofessionnel est présent ; le problème est l’absence de volonté des directions syndicales de l’utiliser. Les délégations syndicales des entreprises de la région doivent se mobiliser pour assurer la victoire des travailleurs de Splintex. Un plan d’action régional est nécessaire afin d’élargir la lutte de manière aussi efficace que possible et de la gagner avant que la pression ne retombe et pour ne pas que la fatigue ait raison de cette lutte.

    -Aucun licenciement chez AGC-Automobile

    -Stop aux attaques contre les droits syndicaux, non aux listes grises, non aux astreintes.

    -Non aux conditions du pré-accord professionnel : pas de flexibilité mais 32h/semaine, sans perte de salaire et avec embaûche compensatoire et un salaire décent pour tous.

    Vous pouvez soutenir les travailleurs par votre présence au piquet de grève à l’adresse suivante: AGC Automotive, Zoning industriel, avenue du Marquis, 6220 Fleurus.

    Pour contacter le comité de soutien : 071/ 56 14 11 (Gustave Dache).

    Vous pouvez également donner un soutien financier à la délégation syndicale au compte suivant: 063-1589760-62 avec mention « soutien aux grévistes de Splintex »

    Marche des Jeunes pour l’emploi

    En réponse à l’appel de Résistance Internationale, la campagne jeune du MAS, la CSC-jeunes, la FGTB-jeunes, la JOC et Résistance Internationale organisent le 19 mars une Marche desJeunes pour le Travail, l’Egalité et l’Enseignement Gratuit. Résistance Internationale a trois objectifs avec cette marche des jeunes :

    1)Cela fait quelques années que les jeunes descendent massivement en rue pour protester contre les conséquences de la mondialisation capitaliste. Ces jeunes expriment un sentiment vivant dans des couches plus larges de la société ; nous voulons amener ces jeunes vers le mouvement ouvrier.

    2) Les jeunes se sentent à peine impliqués dans le travail syndical ; avec la marche des jeunes, nous espérons que les syndicats renforceront leur attention vis-à-vis des jeunes et intéresseront en même temps les jeunes au travail syndical.

    3) Au travers de la Marche des Jeunes, nous voulons mener la discussion sur la nécessité d’un parti des travailleurs indépendant et de la rupture des liens entre les syndicats, PS et CDh, qui mènent tous les deux la politique pour la bourgeoisie.

  • Procès de l’explosion à la cokerie d’Ougrée

    Procès de l’explosion à la cokerie d’Ougrée

    Le tribunal correctionnel de Liège a rendu son verdict dans le dossier de l’explosion de la cokerie à Cockerill Ougrée en octobre 2002. L’accident avait fait 3 morts et 26 blessés dont 13 graves. Sept personnes avaient été renvoyées devant le tribunal: le responsable de la division coke-fonte, 2 cadres, 2 contremaîtres et 2 ouvriers. A l’issue du verdict seul le directeur a été acquitté. Les 2 ingénieurs et les 2 cadres bénéficient de la suspension du prononcé, et… les 2 ouvriers sont condamnés trois mois de prison et à des amendes de 250 euros assorties d’un sursis de trois ans. C’est le monde à l’envers! Plus on occupe un poste important dans la hiérarchie moins on a de responsabilité!

    Guy Van Sinoy

    Le tribunal a aussi établi une discrimination entre le personnel de Cockerill et les travailleurs de la sous-traitance. Les travailleurs de Cockerill seront indemnisés forfaitairement selon la loi sur les accidents du travail. Pour les travailleurs des firmes de sous-traitance (notamment les trois tués) Cockerill paiera des indemnités (plus élevées) de dommages matériel et moral.

    A la lecture du verdict scandaleux, la colère a éclaté dans la salle d’audience: «C’est facile de condamner les travailleurs! Combien vaut la vie d’un ouvrier!» La FGTB/Métal a immédiatement annoncé qu’elle irait en appel. A l’usine, dès l’annonce du verdict les ouvriers ont arrêté le travail pour protester contre ce jugement inique. La FGTB et la CSC ont annoncé qu’elles couvraient tous les arrêts de travail.

    Il faut replacer l’accident et le jugement dans le contexte social. Arcelor a planifié la fermeture de la phase à chaud (fours à coke, hauts-fourneaux, aciérie, coulée continue) et les directions syndicales s’y sont résignées. La manifestation de 50.000 travailleurs protestant contre cette fermeture planifiée est restée sans lendemain. C’est dans ce contexte de détérioration du rapport de forces au détriment des travailleurs qu’il faut replacer l’accident et le procès.

    Comme l’expliquait Silvio Marra, ancien délégué Sécurité et Hygiène aux Forges de Clabecq, dans une interview parue dans Alternative Socialiste de mars 2004 («La sécurité n’est pas une fatalité…»): «Dans une situation de restructuration le fatalisme commence à s’installer tant du point de vue politique que sur le plan de la sécurité. Il faut continuer la prévention comme si l’entreprise allait continuer. Cela dépend une fois de plus de la conscience politique des militants syndicaux. Il ne faut jamais dire “Puisqu”on va fermer, on ne sait plus rien faire…’ car alors c’est la catastrophe. C’est la situation la plus dangereuse qui puisse exister dans une usine: si on laisse tomber les bras, les accidents se multiplient.»

    Le verdict du tribunal de Liège est celui d’une justice de classe qui défend les profits à tout prix: un verdict digne de l’époque de Germinal. Mais il est aussi le reflet d’une détérioration du rapport de forces au détriment des travailleurs. Une large mobilisation dans les entreprises pour envoyer des délégations massives au palais de justice aurait donné aux travailleurs plus de poids dans ce procès où les cartes étaient truquées. Le procès en appel sera l’occasion de rattraper le terrain perdu en mobilisant non seulement dans le bassin liégeois mais nationalement. Car les enjeux de ce procès concerne tous les travailleurs de ce pays.

  • Roberto D’Orazio a voté pour la liste du MAS

    Dans une interview de l’édition du dimanche du “Het Niewsblad”, Roberto D’Orazio déclare avoir voté pour la liste du Mouvement pour une Alternative Socialiste. Roberto D’Orazio a acquis une renommée nationale avec la lutte des Forges de Clabecq dans les années 90.

    Le journaliste du ‘Het Nieuwsblad’ demandait à Roberto s’il avait voté pour Elio di Rupo du PS. Roberto lui a répliqué qu’il avait voté pour la liste du MAS « Un de mes anciens compagnons de lutte se trouve sur la liste ».

    Dans le milieu des années 90 le direction des Forges fit connaître que l’usine devait fermer,

    Roberto était à l’avant-garde de la lutte aux Forges de Clabecq contre la fermeture de l’entreprise. La-dessus, la délégation syndicale a organisé avec ses sympathisants une lutte importante. Des larges couches de la population de la région de Tubize et des environs donnèrent également un élan national a la lutte. Le moment le plus intense était la « marche multicolore » à Tubize, où 70.000 personnes ont manifesté dans la ville. Ce fut très important pour maintenir l’emploi dans l’entreprises même.

    Finalement Duferco fit une offre pour reprendre les Forges de Clabeq avec considérablement moins de travailleurs et à la condition que les délégations syndicales restent dehors. La direction FGTB a vite cédé sur ce point et a jeté Roberto D’Orazio et Co. à la porte. Néanmoins, ce fut par la détermination de la lutte de la délégation syndicale que l’entreprise en fin de compte resta ouverte.

    L’attitude de la direction syndicale a permit qu’un procès soit mené contre de nombreux militants des forges de Clabecq. 13 d’entre-eux ont dû dans un procès qui s’est étalé en longueur répondre comme responsable pour la lutte syndicale à laquelle ils ont pris part. Finalement quatre militants parmi lesquels Roberto d’Orazio, furent condamné d’une peine avec sursis. Cela signifie qu’il n’ont dans les faits pas reçu de peines.

    La lutte des Forges de Clabecq est aujourd’hui encore restée un exemple sur la manière de gagner une lutte et de l’amener à la victoire. Nous sommes donc également fier que Roberto déclare dans un journal qu’il ait voté pour nous. Nous ne sommes pas d’accord avec tout ce qu’il dit dans l’article, mais nous avons beaucoup de respect pour la lutte et pour le rôle important qu’il y à joué.

  • Faillite de la Sobelair. Les travailleurs laissés à leur détresse

    La faillite de la Sabena avait provoqué un choc important au sein du monde du travail: beaucoup de travailleurs y ont vu (avec raison) la conséquence de la privatisation et de la course au profit. Mais une partie plus large de la population avait été touchée et avait perçu la faillite de la Sabena comme la disparition d’un symbole national. Les travailleurs de la Sabena, et en particulier le personnel de cabine, avaient fait preuve d’une combativité résolue.

    Guy Van Sinoy

    Mais les directions syndicales n’étaient pas à la hauteur car elles n’avaient pas l’intention de mener une lutte de grande envergure pour sauvegarder l’emploi des travailleurs de la Sabena et des entreprises de sous-traitance. La manifestation nationale de solidarité organisée à Zaventem par les directions syndicales n’avait d’ailleurs pas eu pour but de lancer un mouvement de grèves allant en s’élargissant, mais seulement de montrer que les syndicats avaient «montré leur solidarité».

    Aujourd’hui les travailleurs de Sobelair sont bien seuls. D’abord parce que la Sobelair n’avait pas le prestige de la S-bena et qu’une large partie de la population n’accorde pas beaucoup d’importance à cette faillite. Ensuite parce qu’une partie des travailleurs de Sobelair sont des anciens de la Sabena et ont dû accepter une baisse de salaire de 25% pour être repris par Sobelair. Enfin parce qu’ils ont retenu de l’expérience de la Sabena que les directions syndicales ne sont capables de les soutenir qu’en organisant une manifestation symbolique au lieu de lancer une bataille pour le maintien de l’emploi avec une mobilisation d’autres secteurs.

    Le désarroi des travailleurs licenciés chez Sobelair fait peine à voir. A la fois ils dénoncent les manoeuvres de leur patron, l’affairiste Bruno Vastapane, tout en s’accrochant désespérément aux belles paroles des curateurs. Voir les travailleurs de la Sobelair applaudir les curateurs au lendemain de la faillite donne la mesure de leur désarroi. Nous ne sommes pas les apôtres de la violence. Mais il suffit de se rappeler la manière dont quelques travailleurs des Forges de Clabecq, poussés à bout par les huissiers qui les harcelaient, avaient traité les curateurs des Forges pour voir le gouffre qui sépare les travailleurs de la Sobelair de ceux de Clabecq. A Clabecq l’incident avec les curateurs n’avait rien arrangé: au contraire car les médias s’étaient jetés sur cet incident pour criminaliser les travailleurs des Forges et en particulier leurs délégués FGTB qui menaient le combat sur tous les fronts: contre les patrons, le gouvernement wallon et la bureaucratie syndicale. Les travailleurs des Forges de Clabecq avaient cependant compris que les curateurs ne sont pas là ni pour défendre l’emploi ni le sort des travailleurs mais pour solder l’entreprise et payer les créanciers. Dans le camp patronal, les vautours se pressent autour de la Sobelair pour la dépecer et acquérir à vil prix l’un ou l’autre bon morceau. Dans le camp syndical, les dirigeants syndicaux se font discrets.

    Partout dans le monde les travailleurs de l’aviation civile sont soumis à une dégradation brutale de leurs conditions de travail et de rémunération. Ainsi chez Ryanair le personnel de cabine doit nettoyer l’habitacle lors des escales. Dans son livre «Mike contre-attaque» (Stupid White Man), Michael Moore dénonce le fait que les pilotes d’American Eagle, une filiale d’American Airlines, ne gagnent que 16.800$ par an (soit l’équivalant 1.12O euros par mois!). La bourgeoisie, les gouvernements, le Fonds Monétaire International ne cessent d’invoquer le respect d’une logique: la rentabilité économique (le profit) des en-treprises. Mais les travailleurs ont une autre logique économi-que à respecter: celui de faire vivre leur famille! Dans cette bataille il n’y a pas d’espace pour une position intermédiaire entre les deux camps: soit on accepte avec résignation la logique capitaliste qui vous broie, soit on mène avec l’ensemble des travailleurs une résistance acharnée contre l’exploitation. Mais cette résistance ne peut être menée à bien qu’à deux conditions: renforcer le mouvement syndical à la base et y mener une lutte sans merci contre les dirigeants syndicaux qui acceptent la logique capitaliste.

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