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  • ArcelorMittal : Pour un Plan d’action vers la nationalisation sous le contrôle et la gestion des travailleurs !

    Aujourd’hui, à Strasbourg, les métallos d’ArcelorMittal de divers pays sont côte-à-côte, par-delà leurs frontières nationales. Cette solidarité internationale est cruciale dans ce combat contre une des multinationales les plus riches au monde. Une étape a été franchie, plusieurs autres sont encore devant nous.

    Tract du PSL

    La solidarité internationale doit accompagner la construction de la solidarité dans notre environnement le plus proche. La population est très largement acquise à la cause des métallos, en région liégeoise mais également au-delà. Ce potentiel doit être mobilisé. Nous gardons tous en mémoire les grandes manifestations de Seraing (10.000 personnes) et de Liège (40.000 personnes) à l’annonce de la fermeture de la filière chaude. Il est plus que possible de dépasser ces chiffres. Pensons au combat de Clabecq, lorsque le Front Commun des Forges avait appelé à une manifestation à Tubize, à laquelle 70.000 personnes avaient répondu.

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    Journée de discussion et de débat "Pour un syndicalisme de combat!"

    Le 16 février prochain se tiendra à Liège une journée de projection de reportages militants, de débats, de témoignages,… autour de la nécessité de renouer avec le syndicalisme de lutte, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel. Le programme complet de cette journée est disponible ici.

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    Aujourd’hui, les yeux des travailleurs des plus de 11.000 entreprises qui ont fait faillite en 2012 ainsi que ceux des 17.000 travailleurs victimes de licenciements collectifs la même année sont braqués sur l’action des camarades d’ArcelorMittal. Ils sont loin d’être les seuls. La lutte des métallos peut être un véritable phare de résistance. A contrario, la lutte des travailleurs de Renault avait été en son temps épuisée par une succession de manifestations internationales, mais dans un certain isolement en Belgique.

    Les occasions ne manquent pas de rompre cet isolement : demain, les fonctionnaires fédéraux seront dans la rue. Les cheminots – et plusieurs sont ici avec nous à Strasbourg – sont demandeurs d’actions contre le ‘‘Plan Magnette’’. Le 21 février promet d’être une journée de grande mobilisation interprofessionnelle. Il faut se mettre à la tête de cette manifestation, en compagnie des autres sites menacés de fermeture ou de restructuration, pour assurer que la manifestation soit à la hauteur de la revendication de la collectivisation de l’outil. Mais de quel type de nationalisation parlons-nous ? Nous n’avons pas besoin d’une gestion aux mains de managers publics pour qui le service est une machine à produire des dividendes pour des actionnaires privés. Il nous faut une nationalisation sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs.

    Pour arracher cela, nous avons besoin d’un plan d’action ambitieux, à l’image de ce que Nico Cué avait proposé contre la politique d’austérité de Di Rupo 1er : un plan de grèves générales de 24, 48 et 72 heures. Une grève générale de 24h pour obliger les politiciens à prendre leurs responsabilités en nationalisant les sites menacés sous le contrôle des travailleurs. Et si une grève de 24 heures ne suffit pas, annonçons directement une nouvelle de 48 heures dans les semaines à venir, pas après des mois, et puis ensuite une autre de 72 heures.

    Nationaliser : Pas possible ?

    Vendredi dernier, l’Etat néerlandais a nationalisé le groupe bancaire et d’assurance SNS Reaal, pour un coût de 3,7 milliards d’euros. Il peut donc bien être question de nationalisation, mais uniquement dans l’intérêt des riches, des actionnaires et des spéculateurs. Dès qu’il s’agit de l’emploi, la volonté politique manque. Jean-Claude Marcourt a bien lancé un ‘‘appel solennel’’ à Mittal en s’engageant à utiliser ‘‘tous les moyens’’ pour faire plier le géant du métal, relayant ainsi la position officielle du PS. Mais de quels moyens parle-t-il ? Ces déclarations sont-elles autre chose que de la poudre aux yeux ?

    Les sondages indiquent que la population veut faire plus payer les entreprises et les riches. Chaque famille est choquée par ces géants capitalistes qui ne payent quasiment rien comme impôt, voire rien du tout. Transformons ce dégoût en combativité ! Une grande manifestation à Liège permettrait de donner une expression à cet Etat d’esprit. Pourquoi ne pas produire des affiches de solidarité défendant la revendication de la collectivisation de l’outil pour les coller dans les entreprises, aux fenêtres des maisons, dans les commerces,… avec la date d’une manifestation monstre dans la Cité Ardente ? On pourra alors voir qui mouillera vraiment sa chemise, et à hauteur de ses moyens, pour faire une réussite de cette initiative. Par ailleurs, pourquoi ne pas commencer à occuper les sites pour les transformer en quartiers généraux à partir d’où organiser la lutte ?

    Ce ne sera pas facile et le boulot ne manque pas. Nous comprenons bien que les délégations syndicales ont fort à faire pour l’instant entre les réunions avec les autorités, la maîtrise de sujet plus techniques,… Pour renforcer ce travail, la constitution d’un Comité d’Action serait d’une aide cruciale afin d’organiser la solidarité locale – mais aussi nationale avec les autres entreprises menacées de fermeture et internationale avec les camarades de Florange et d’ailleurs -, rendre visite aux travailleurs pour assurer l’implication maximale de chacun dans la bataille,…

    • Pour un plan d’action combatif !
    • Occupation des sites pour les transformer en quartier général d’un mouvement d’envergure pour la nationalisation de l’outil !
    • Expropriation de l’outil sans rachat ni indemnité !
    • Nationalisation sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs !
  • Nationalisation du secteur sidérurgique sous le contrôle des travailleurs !

    Combien de trahisons et de mensonges de la part du patronat et des autorités ? Combien de sacrifices pour les travailleurs ? Tout ça pour arriver à la fermeture ?! Voilà le mépris et l’arrogance du capitalisme. Pourquoi poursuivre avec cette logique ? Un secteur aussi vital que celui de la sidérurgie, ou encore de la finance ou de l’énergie, devrait être placé sous le contrôle démocratique de la collectivité. Pourquoi Mittal est-il en droit de définir quel sera notre avenir et celui de nos enfants ?

    Tract du PSL

    Tract en version PDF

    Le front commun syndical est allé protester auprès du formateur Di Rupo : l’Etat a pu dégager 4 milliards d’euros pour sauver les spéculateurs et les actionnaires de Dexia. Ce n’est pas la première fois que les banques profitent des caisses de la collectivité. Pourquoi l’arme de la nationalisation ne peut-elle pas être utilisée pour la sidérurgie ? Pour sauver les emplois, pas les profits des actionnaires.

    Pourquoi notre sueur doit-elle servir LEURS profits?

    Depuis la faillite des Forges de Clabecq en 1997, on a dit aux métallos que la sidérurgie était condamnée. ”Faut se faire une raison ”camarades”… Le seul espoir, c’est un repreneur privé”. Combien de fois a-t-on entendu ce refrain ? Attirer ce ”privé” passe évidemment par la flexibilité ou des concessions salariales. Et des cadeaux au patronat, on en a vu défiler. Combien d’argent est parti dans les caisses des super-riches alors que nos écoles étouffent, faute de moyens ? Et nos pensions, nos routes, nos hôpitaux ? On nous a fait payer de tous côtés, et encore une fois maintenant ?

    Il faut chercher une autre logique. ”Un âne ne butte jamais deux fois sur la même pierre”, dit le proverbe. N’entretenons aucune illusion envers le privé, il n’a pas de solution pour nous. Une seule chose peut sauver nos emplois : retirer l’outil des griffes du privé pour le placer aux mains de la collectivité. Attention, pas pour le refourguer au privé ensuite ! Pourquoi collectiviser les pertes et privatiser les profits ? Nous avons déjà connu cette situation dans les années 1980-1990, avant la vente à Usinor, avec une forte implication du gouvernement wallon, qui attendait de tomber sur un repreneur privé.

    Nationaliser : Impossible ? Et comment ?

    Pour le ministre wallon Jean-Claude Marcourt, c’est ‘‘impossible pour l’Union européenne’’. Seule une reprise de la part d’un opérateur industriel pourrait sauver la phase à chaud. Mais ArcelorMittal devrait la céder à un concurrent. Les directives européennes contre les nationalisations ont été levées en 2008 pour que les États membres courent porter secours aux banques. Pourquoi pas pour sauver l’emploi ?

    Les déclarations de Marcourt & Co illustrent qu’on ne peut pas compter sur les politiciens traditionnels pour nous aider. Si on parvenait à arracher la nationalisation par la lutte, il faudrait éviter à tout prix de laisser de tels énergumènes gérer une sidérurgie nationalisée. La manière dont est actuellement géré le public (la SNCB par exemple) est un argument massue pour dire : non merci ! Cette fois-ci, on aimerait bien que ça fonctionne…

    Nationaliser, sans rachat ni indemnité, sous le contrôle des travailleurs et de leurs familles

    L’impact de la sidérurgie sur la région est tel qu’il justifie pleinement le rachat de l’outil par les autorités. Mais pourquoi racheter ? La collectivité a suffisamment été volée par ArcelorMittal. En plus des très généreux cadeaux fiscaux, 236 millions d’euros ont été accordés pour les quotas de CO2, la Région wallonne a investi 20 millions en recherche scientifique à destination d’ArcelorMittal,… Il faut même réclamer de l’argent !

    ArcelorMittal n’est pas un évènement isolé. Partout dans le monde, les travailleurs et les jeunes entrent en action contre ce système qui n’agit qu’en fonction des profits. Ils occupent les grandes places et les gèrent sur base d’assemblées générales. Pourquoi, après l’occupation des places en Egypte, en Espagne, en Grèce, à Wall Street, ne pas commencer à occuper notre entreprise.

    La seule réponse, c’est la nationalisation du secteur entier, sans rachat ni indemnités, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité. Cela signifie que les métallos, qui connaissent parfaitement leur entreprise, forment un collectif de direction démocratique.

    Comment pouvons nous concrétiser cette idée ? Par une occupation de l’entreprise et par la formation d’un comité de lutte démocratique, basé sur des assemblées générales souveraines.

    IL FAUT UNE LUTTE INTERNATIONALE

    Au Luxembourg, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange. 600 métallos vont se retrouver dans une ‘‘cellule de reclassement’’ et d’innombrables emplois seront perdus chez les sous-traitants. En France, le site de Florange-Hayange est menacé de fermeture : 1.100 ouvriers au chômage technique et au moins 400 intérimaires aux contrats résiliés. D’autres sites sont encore menacés à travers l’Europe, tandis que les conditions de travail sont attaquées partout dans le groupe.

    Aucune confiance dans le futur gouvernement !

    Leterme l’avait déjà dit : on ne peut pas économiser 2-3 milliards d’euros par an sans toucher à la “population”. Les 10 milliards d’euros qui devront être trouvés l’an prochain le seront sur le dos de notre bien-être.

    VOLER AUX PAUVRES POUR DONNER AUX RICHES

    Quelle alternative ? En 2009, les entreprises ont réalisé 94 milliards d’euros de profit avant imposition en Belgique, et n’ont payé que 11 milliards d’euros d’impôts (soit un taux de 11,8%). Est-il irréaliste de penser faire un effort à ce niveau-là ?

    Selon les quatre partis traditionnels, c’est hors de question. Dès qu’on parle d’impôt sur la fortune, ce ne serait “pas applicable parce qu’il n’y a pas de cadastre sur la fortune”. Si les négociateurs essayent de soulever la question de la hausse de la taxe nucléaire à 750 millions d’euros, le patron de GDF-Suez-Electrabel menace de bloquer tous les investissements en Belgique. Le sommeil des plus riches ne sera pas perturbé par l’austérité…

    Contre cette logique, nous avons besoin d’une bonne riposte syndicale. Le SETCa a soulevé la question d’une grève générale contre l’austérité, et c’est une excellente initiative. Mais le combat syndical doit avoir un prolongement politique.

    Cette fois-ci, le premier ministre sera PS. A quel point le programme d’économies sera-t-il différent? EN Flandre, un nouveau mouvement socialiste a été lancé : ‘ROOD!’ Cette initiative a été prise par SP.a-Rood, l’aile gauche dont le porte-parole Erik De Bruyn avait reçu 33% des votes aux élections présidentielles du SP.a en 2007. Ce groupe était arrivé à la conclusion qu’il est impossible de rendre le SP.a plus à gauche ou plus démocratique.

    Chaque jour, nous sommes harcelés par la propagande des riches, sans que personne n’y réponde. Nous ne disposons plus d’un parti qui se batte pour défendre nos droits.

    Le PSL pense qu’un tel parti, avec des syndicats combatifs, est nécessaire pour mettre fin à la casse sociale. CONTACTEZ-NOUS !

  • Nationalisation du secteur sidérurgique sous le contrôle des travailleurs !

    ArcelorMittal : annonce de la fermeture définitive de la phase à chaud liégeoise

    Séisme en région liégeoise : la direction d’ArcelorMittal a annoncé sa volonté de fermer définitivement la phase à chaud. Après avoir été baladés pendant des années de promesses en désillusions, les travailleurs sont menacés d’être vulgairement balancés à la poubelle. Un millier d’emplois (581 emplois fixes et près de 400 intérimaires) sont directement concernés, bien plus encore indirectement, et l’avenir de la phase à froid est loin d’être garanti. Comment sauver l’emploi ?

    Par Nicolas Croes

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    Les nerfs des travailleurs mis à rude épreuve dix années durant

    L’histoire de la sidérurgie est longue en région liégeoise. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les dix dernières années ont été mouvementées.

    En 2001, peu après la fusion d’Usinor (France), Arbed (Luxembourg) et Aceralia (Espagne) qui donnera naissance à Arcelor, le groupe annonce un plan d’économie de 700 millions d’euros. Bien vite, il est aussi question de gel des investissements.

    Début 2003, Arcelor annonce la fermeture de la phase à chaud liégeoise. La manifestation contre la fermeture, en plein centre de Liège, réunira 50.000 personnes, la plus forte mobilisation ouvrière dans la Cité Ardente depuis la ‘‘Grève du siècle’’ de 1961. Suivent aussi deux manifestations au Grand Duché du Luxembourg (où se trouve le siège social du groupe), marquées par une répression policière particulièrement féroce. Un accord social est conclu, prévoyant la fermeture du HF6, le haut fourneau de Seraing, effectif en 2005.

    En juin 2006, Mittal reprend Arcelor, qui confirme la fin de la phase à chaud, puis laisse entendre que cette décision pourrait être revue, ce qui est effectivement fait en 2007. Une première date de relance avait été fixée pour le mois de novembre 2007, reportée en raison du problème des quotas de CO2 (la Région wallonne sortira plusieurs millions d’euros pour accorder des quotas de CO2 supplémentaires à la multinationale..).

    Le 21 janvier 2008 se déroule une grève générale de la sidérurgie liégeoise et, le 27 février, le HF6 est enfin relancé… jusqu’en octobre, où ArcelorMittal annonce sa fermeture ‘‘pour 3 mois’’. Il n’a plus jamais fonctionné depuis. En 2009, le second haut fourneau, le HFB, est ‘‘mis sous cocon’’, puis remis en marche un an, puis ‘‘mis en veille’’ le 1er août de cette année. Enfin est arrivée cette annonce de fermeture définitive.


    Il faut une lutte internationale

    Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange. 600 métallos vont se retrouver dans une ‘‘cellule de reclassement’’ et d’innombrables emplois seront perdus chez les sous-traitants. En France, après l’extinction du site de Gandrange, c’est celui de Florange-Hayange qui est menacé de fermeture, ce qui concerne 1.100 ouvriers au chômage technique et au moins 400 intérimaires aux contrats résiliés. D’autres sites sont encore menacés à travers l’Europe, tandis que les conditions de travail sont attaquées partout dans le groupe.


    Phase à chaud et phase à froid

    Ce que l’on appelle ‘‘phase à chaud’’ ou ‘‘phase liquide’’, ce sont les deux hauts fourneaux (HF6 et HFB), l’agglomération qui prépare le minerais, la coulée continue de Chertal et deux batteries de hauts-fourneaux. La phase à froid, c’est la seconde partie de la production, où les lames d’acier sont transformées en produits finis. Depuis toujours, les syndicats demandent le maintien d’une sidérurgie dite ‘‘intégrée’’. Le froid n’est pas directement menacé aujourd’hui, mais tout laisse à penser que son avenir est des plus sombres dans les plans d’ArcelorMittal.

    Depuis la faillite des Forges de Clabecq en 1997, tous les métallos se sont déjà entendus dire que la sidérurgie était condamnée en Belgique. Ce refrain a été instrumentalisé depuis plus de 10 ans pour faire avaler des efforts incroyables, une flexibilité de travail accrue et, dans le cas d’ArcelorMittal, un gel des salaires en 2009. Au final, ce sont uniquement les bénéfices de la multinationale qui ont été sauvés.

    C’est encore avec cet argument de l’emploi qu’est arrivé tout un tas de mesures fiscales extrêmement favorables au patronat – comme la célèbre Déduction des intérêts notionnels – représentant un gigantesque manque à gagner pour la collectivité. Concrètement, les chiffres sont tout bonnement révoltants.

    Le taux d’imposition ‘normal’ sur les bénéfices des entreprises est de 34% en Belgique. L’an dernier, la filière financière d’Arcelor Mittal (ArcelorMittal Finance and Services Belgium) a réalisé un bénéfice de 1,394 milliard d’euros, sans payer le moindre cent d’impôt. Cette même année, ArcelorMittal Belgium, qui chapeaute l’activité industrielle du groupe en Belgique, a réalisé un bénéfice de 59 millions d’euros, ce sur quoi le groupe a payé 42.000 euros seulement! ArcelorMittal Liège Upstream, dont c’est la fermeture prochaine qui vient d’être annoncée, a réalisé un bénéfice de 35 millions d’euros à elle seule et a payé… 936 euros d’impôts ! Pour sauver l’emploi ? On en voit le résultat…

    Nationaliser ?

    Le front commun syndical d’ArcelorMittal a officiellement demandé au formateur Elio Di Rupo de nationaliser la sidérurgie liégeoise, constatant que l’Etat avait bien pu débourser 4 milliards d’euros pour sauver les spéculateurs et les actionnaires de Dexia, en lui présentant un plan de un milliard d’euros. ‘‘Une idée qui mérite au moins d’être étudiée’’, pour Didier Van Caillie (professeur de stratégie d’entreprise à l’Université de Liège). Mais il par le en fait d’une ‘‘nationalisation-relais’’ temporaire en vue de prévoir la transition vers un nouvel acquéreur privé.

    C’est un peu aussi l’idée de Fabrice Jacquemart, Directeur Politique et Communication de la FGTB Métal Liège-Luxembourg, quand il déclare que ‘‘Notre idée, c’est qu’il faut revenir à la situation des années 1980-1990, avant la vente à Usinor, avec une implication forte du gouvernement wallon en attendant de trouver un autre repreneur industriel.’’

    Le ministre wallon de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS) – que l’on a encore entendu, sans rire, se dira ‘anticapitaliste’ (!) – a très vite expliqué qu’une nationalisation était impossible parce que ce n’est ‘‘pas le rôle de la Région wallonne’’ et que c’est ‘‘impossible pour l’Union européenne’’. A son cabinet, on défend que seule une reprise par un opérateur industriel permettrait de sauver la ligne à chaud liégeoise, ce qui implique qu’ArcelorMittal accepte de céder les outils qu’il souhaite fermer. Et c’est loin d’être garanti.

    D’abord, les directives de l’Union européenne, on en fait ce qu’on veut. Mais, visiblement, uniquement quand il s’agit de l’intérêt des patrons et des banques ! Ainsi, celles s’opposant aux nationalisations ont été levées en 2008 afin de permettre aux divers États membres de se précipiter au chevet des banques. Comment pourrait-on encore défendre de ne pas intervenir dans le cas présent ? Quand il faut sauver l’emploi, ça ne va pas ? Evidemment, si c’est pour que les autorités gèrent une sidérurgie nationalisée comme elles gèrent la SNCB, il y a de quoi se poser des questions… Mais nous entendons autre chose par ‘nationalisation’.

    Sauver l’emploi, pas les profits

    S’en remettre à un hypothétique repreneur, c’est de nouveau livrer l’emploi et la collectivité aux aléas de la soif de profit du privé. Et il n’est pas uniquement question des emplois directs, mais aussi des sous-traitants, des communes (qui dépendent des taxes d’ArcelorMittal pour 5 millions dans le cas de Seraing sur un budget de 90 millions ou encore de 3,7 millions dans le cas d’Oupeye), ou des services publics. Ainsi, 70% du trafic de la gare de triage de Kinkempois concerne la sidérurgie. Si l’activité de la gare n’est pas trop directement menacée par la fermeture de la phase à chaud (essentiellement basée sur le transport fluvial), celle de la phase à froid, à l’avenir plus qu’incertain, constituerait une véritable catastrophe.

    Un secteur de l’économie aussi crucial que la sidérurgie ne devrait pas être laissé aux mains capricieuses et avides de profit du privé. Imaginons qu’à Seraing, le taux de chômage parmi les jeunes est déjà actuellement de 35%…

    Plusieurs économistes affirment d’ailleurs que l’impact de la sidérurgie sur la région est tel que cela justifie amplement le rachat de l’outil par les autorités. Mais pourquoi racheter ? La collectivité a suffisamment été volée par ArcelorMittal et les autres entreprises du secteur. En plus des très généreux cadeaux fiscaux, des dizaines de millions d’euros ont été accordés pour les quotas de CO2, la région wallonne a investi 20 millions en recherche scientifique à destination d’ArcelorMittal,… En fait, c’est même lui réclamer de l’argent qu’il faut faire !

    Partout dans le monde, les travailleurs et les jeunes entrent en action contre ce système qui n’agit qu’en fonction des profits. Ils occupent les grandes places et les gèrent sur base d’assemblées générales régulières et souveraines. A ArcelorMittal, la seule riposte qui s’impose est la nationalisation du secteur entier, sans rachat ni indemnités, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité. Les métallos connaissent leur entreprise parfaitement et sont bien capables de former un collectif de direction démocratique. Peut-être faudrait-il commencer à réfléchir à la manière d’imposer cela par l’occupation de l’entreprise et par la formation d’un comité de lutte démocratique, basé sur des assemblées générales régulières et souveraines. Ainsi, on passerait de l’occupation des places à la saisie, par la collectivité et les travailleurs, des outils qui devraient leur revenir de droit.


    Nationalisations sous contrôle ouvrier ?

    Voici quelques liens vers des articles qui développent cette idée de nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité.

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  • Nationalisation d’ArcelorMittal sous le contrôle des travailleurs

    Sauvons l’emploi, pas les profits !

    Hier soir, c’est une véritable bombe sociale qui a explosé en région liégeoise : le groupe ArcelorMittal a annoncé la fermeture définitive de la phase à chaud liégeoise. Plus de 600 emplois directs sont concernés, sans parler des centaines de sous-traitants ou encore de l’impact destructeur sur le budget de Seraing. Pourquoi ne pas nationaliser ArcelorMittal? C’est ce qu’ont officiellement demandé les syndicats d’ArcelorMittal à Elio Di Rupo : mettre un milliard d’euros sur la table avec l’argument que la Belgique a bien pu sortir 4 milliards d’euros en un week-end pour Dexia…

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    Manifestation de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal à l’appel du front commun syndical CSC-FGTB ce mercredi 26 octobre, à 10h, place communale à Seraing, devant l’Hôtel de ville.


    ArcelorMittal : même patron, même combat !

    Comme le dénonce le communiqué de presse du Comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg (54) : ‘‘Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange, tandis que la production au site de Rodange passera de deux à un poste/jour. Avec la complicité du gouvernement luxembourgeois, qui est toujours actionnaire chez ArcelorMittal, 600 métallos vont se retrouver dans cette fameuse ‘‘cellule de reclassement’’ où l’État, venant en aide à ces pauvres actionnaires, paiera une grosse partie des salaires des travailleurs ! Quant aux innombrables emplois qui vont se perdre dans le secteur de la sous-traitance, on n’en parle même pas.

    En France, après l’extinction du site Gandrange, le couperet vient de tomber, sur le site de Florange-Hayange : 1.100 ouvriers vont se retrouver au chômage technique, au moins 400 intérimaires verront leur contrat résilié. (…) pour stopper la rapacité des actionnaires d’ArcelorMittal, pour contrer la ‘‘concurrence libre et non faussée’’, il faut d’autres arguments: un combat qui s’étend sur l’ensemble du groupe ! Donner une dimension internationale à l’action est nécessaire ! Les métallos doivent se donner tous les moyens de combat possible en exigeant la coopération des syndicats au-delà des frontières nationales.’’

    Solidarité internationale, pour une lutte internationale !

    ‘‘Bande d’hypocrites, vous avez donné plein d’espoirs aux travailleurs en leur disant ‘‘soyez compétitifs et ça va allez’’. Et les travailleurs ont accepté de faire des efforts et des sacrifices. Tout ça pour fermer ! Et bien si Mittal ne veut plus de l’outil, on va le reprendre.’’ Voilà ce qu’a déclaré Francis Gomez, président des métallos de la FGTB tandis qu’Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Thierry Bodson (président de la FGTB Wallonne) ont été reçus aujourd’hui par le formateur Elio Di Rupo et lui ont donné le plan de nationalisation d’un milliard.

    Très nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, sont tout simplement choqués par le cynisme de la direction du groupe, par toutes les belles promesses non-tenues en échange d’une flexibilité accrue. Les travailleurs se sentent tout simplement plumés, et avec eux toute la société. Les syndicats font bien de le relever, cet évènement se produit dans un contexte bien particulier après ce qui est arrivé à Dexia.

    D’autre part, remuées par cette annonce, différentes données refont surface. Comme celles du dossier du magasine Trends-Tendances datant d’il y a un an (les ‘‘20 plus gros employeurs qui ne paient pas d’impôts’’). Dans celui-ci, ArcelorMittal figurait en bonne compagnie (Belgacom, Delhaize,…). En 2009, comme l’avait révélé le service d’étude du PTB, la filiale financière ArcelorMittal Finance & Service Belgium avait payé un impôt de 496 euros… Chiffre qu’il faut comparer au 1,3 milliard d’euros de profit de cette année. Bien peu de personnes peuvent se vanter d’avoir un taux d’imposition de 0,00038 % (le taux officiel pour les sociétés est de 33,99%). Qui a dit que les entreprises sont trop taxées en Belgique ? Selon Trends-Tendance, en 2010, les bénéfices étaient de 2,9 milliards de dollars, et de 1,1 milliard de dollars durant le seul premier trimestre de 2011. Du propre aveu d’Etienne Botton (porte-parole d’ArcelorMittal à Liège), le montant des impôts payés en 2009 est dû au système de la Déduction des Intérêts Notionnels. Rappelons que ce système avait été défendu par l’argument que la mesure visait à préserver l’emploi en Belgique… En bref : Take the money and run !

    Quel type de nationalisation ?

    Le 12 mars 2003, quand le groupe Arcelor (repris par le groupe Mittal en 2006) avait décidé la fermeture de la phase à chaud de Cockerill Liège, pas moins de 50.000 personnes avaient participé à une manifestation contestant cette décision. Ce nombre à lui seul exprime le potentiel de solidarité qui est présent : il s’agissait de la plus grande manifestation ouvrière dans la Cité Ardente depuis la grande grève générale de 1961 ! D’autres secteurs avaient débrayé et des métallos français ou allemands étaient également venus. A l’époque, nous avions écrit : ‘‘La manifestation dégageait à la fois un sentiment de force et d’impuissance. Force de la mobilisation. Impuissance de la direction politique. Les travailleurs de Cockerill suivent leurs délégués syndicaux qui suivent les secrétaires syndicaux qui suivent les politiciens locaux! Non pas que les travailleurs fassent confiance aux politiciens traditionnels (lors du meeting à la fin de la manif la seule évocation des responsables politiques provoquait une vague de huées et de sifflets). Mais faute d’alternative politique, les travailleurs suivent avec méfiance. Au meeting final, lorsqu’un responsable syndical en appelle à la nécessité de légiférer pour empêcher que cela ne reproduise plus, mon voisin, un ex-ouvrier de Continental venu par solidarité, me dit: "Tu vois, il nous a déjà laissé tomber! Il parle pour le futur!"

    2003 : Le PSL, à l’époque Mouvement pour une Alternative Socialiste, était intervenu dans les diverses manifestations et actions (ici au Grand Duché du Luxembourg) en défendant la nationalisation de Cockerill sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnité.
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    Nous avions à l’époque distribué un tract défendant la nécessité de la nationalisation de Cockerill sans rachat ni indemnité et sous contrôle ouvrier comme seule manière de préserver l’emploi. Certains avaient alors critiqué cette revendication comme hors de portée, mais nous ne pouvons que constater aujourd’hui que la situation est arrivée à un cul-de-sac.

    La nationalisation est la seule solution, mais pas n’importe quelle nationalisation ! Les responsables de la Région wallonne sont incapables de diriger une sidérurgie. On a vu cela aux Forges de Clabecq ou encore lorsque l’État belge a racheté (à prix d’or) Cokerill-Sambre en 1981 pour ensuite transmettre l’entreprise à la Région wallonne. Quand nous parlons de nationalisation, nous ne parlons pas d’une entreprise gérée dans le cadre du capitalisme et respectant sa logique, où les moyens de la collectivité sont utilisés pour provisoirement venir ”boucher les trous” en fonction des intérêts patronaux quand un secteur n’est plus suffisamment rentable.

    Dans le cas de Cockerill-Sambre, ce processus a conduit à l’intégration dans le groupe Arcelor, la Région Wallonne restant le premier actionnaire d’un groupe essentiellement contrôlé par des fonds de pensions américains… C’est en 2006 qu’Arcelor est devenu Arcelor-Mittal suite à une OPA hostile de Mittal Steel (un rachat des actions d’une entreprise par une autre sans accord préalable), numéro un de l’acier mondial.

    La seule manière de préserver l’emploi tout en orientant l’activité vers une production écologiquement responsable et socialement utile est de procéder à une nationalisation sans rachat ni indemnité, sous le contrôle démocratique des travailleurs. Les métallos connaissent leur entreprise parfaitement et sont capables de former un collectif de direction impliquant la mobilisation de tous les travailleurs et la mise sur pied de comités de vigilance et de contrôle ouvrier qui seront les yeux et les oreilles des travailleurs sur l’entreprise. Pour voir clair dans les comptes il faut aussi la levée du secret bancaire. Sans cela, tout sera perdu à terme: le chaud, le froid, l’emploi chez les sous-traitants et dans les services. Dans d’autres pays où ArcelorMittal est implanté, la revendication de la nationalisation est aussi discutée, comme en Algérie, où une grève générale a éclaté sur cette question en mai de cette année, ou au Kazakhstan.

    A terme, un tel type de nationalisation ne saurait être viable qu’avec l’instauration d’une société où les secteurs clés de l’économie (notamment ceux de l’énergie et des banques) seraient retirés des griffes du privé pour être collectivisés dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire totalement soustraite du chaos de l’économie capitaliste.

    Nous proposons:

    • La nationalisation sans rachat ni indemnité. Sans rachat car on ne doit pas payer une deuxième fois ce que les travailleurs ont déjà payé une première fois par leur travail et leur santé.
    • L’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de l’entreprise et de ses filiales. Les travailleurs ont le droit de savoir où est passé l’argent et qui en a profité.
    • Afin d’assurer à chacun un emploi, le PSL défend les 32 heures, partout, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
    • La mise sous contrôle ouvrier. Aucune confiance aux politiciens ni à la Région Wallonne pour gérer l’entreprise. Il faut élire à Cockerill dans chaque atelier et dans chaque pause des délégués à un comité de contrôle ouvrier (beaucoup plus nombreux que les délégations syndicales) pour assurer le contrôle de l’entreprise: contrôle des stocks, des produits finis, des commandes, des livraisons, des fournitures, des paiements bancaires, etc.
    • La nationalisation des secteurs clés de l’économie, dans le cadre de l’élaboration d’une planification démocratique de l’économie en fonction des intérêts de la majorité de la population.
    • L’instauration d’une société socialiste démocratique.
  • Brink’s. Une lutte déterminée conduit à une victoire temporaire

    Après trois semaines de grève, les travailleurs de Brink’s ont accepté à une grande majorité un accord, le 20 novembre dernier. La direction de Brink’s ne voulait que conserver la partie la plus profitable de l’entreprise, le transport de diamants, afin de se débarrasser des autres activités. La direction a essayé de faire passer tout le personnel sous le statut d’ouvrier car les licenciements seraient revenus bien moins chers dans ce cas.

    Le personnel a réagi de façon déterminée et est immédiatement parti en grève. La faillite a été déclarée frauduleuse et deux administrateurs externes ont été nommés. Les grands clients de Brink’s, comme Fortis, ING, bpost et Delhaize, ont eu des problèmes suite à la grève, les administrateurs devant s’assurer que les clients soient à nouveau approvisionnés. Cette pression a aidé pour que le travail soit repris avec maintien du statut d’employé et sans la fermeture du site de Strépy (La Louvière).

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    L’un des administrateurs nommé est Alain Zenner, connu pour son rôle dans la faillite de Forges de Clabecq. Avec Gérard Delvaux, il va recevoir une compensation de 1,5 millions d’euros pour tout au plus 6 mois de travail. Ce montant représente environ 10% de la valeur estimée de l’entreprise en faillite.

    Sur Brink’s

    • Aux travailleurs de BRINK’S de Strépy Lettre des Jeunes en lutte pour l’emploi – Hainaut
    • [PHOTOS] Action de Solidarité avec les travailleurs de Brink’s le 18/11
    • Visite au piquet de Brink’s à Machelen
    • Brink’s: La grève continue (15/11)

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    Mais l’histoire de Brink’s n’est pas terminée. Il est possible qu’une nouvelle faillite soit assez vite annoncée, après laquelle une autre firme pourra reprendre les clients intéressants et une partie des travailleurs sous un statut moins intéressant. Le personnel et les syndicats doivent rester vigilants.

    Cette lutte n’était pas seulement importante pour le personnel de Brink’s. Si la direction avait obtenu l’introduction du statut d’ouvrier, cela aurait constitué un précédent d’importance. Ce scénario a été évité, mais la bataille n’est pas finie. D’autres entreprises vont sans doute essayer d’utiliser une même agressivité patronale, qui doit être combattue avec des actions de solidarité interprofessionnelle.

    Doit-on laisser le transport des objets de valeur et de l’argent aux requins du secteur privé ? Nous pensons que non. Cela met le personnel en danger alors qu’ils font un boulot dont la société a besoin pour son fonctionnement. Le transport des valeurs fait partie du secteur financier, secteur qui doit être nationalisé sous contrôle et gestion des travailleurs pour que la sécurité du personnel et le service soient prioritaires.

  • III. NOTRE PROGRAMME

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    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
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    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • Lettre ouverte au bureau du parti du Parti du Travail de Belgique

    De la part du bureau exécutif du Mouvement pour une Alternative Socialiste

    Comme vous le savez, le MAS/LSP plaide depuis 1995 pour la formation d’un nouveau parti large des travailleurs, indépendant du patronat, qui regroupe tous les courants qui s’opposent à la politique de casse sociale néolibérale tout en respectant la spécificité de chacun.

    L’absence d’une telle formation est un obstacle au développement des mouvements de lutte. Même si ceux-ci peuvent de temps en temps faire adapter où même postposer l’une où l’autre mesure – nous pensons à la résistance contre la fermeture des bureaux de Poste ou encore contre l’introduction des sacs poubelles payants – ils continuent à se heurter au manque de représentants politiques prêts à traduire leurs revendications en mesures politiques.

    La politique est déterminée au niveau des Parlements régionaux et/ou fédéraux. Même la résistance massive des syndicats contre le Pacte de Solidarité entre les Générations n’a pas trouvé d’expression. Le seul parti qui a voté contre n’était même pas un des « partenaires privilégiés » des syndicats, mais était Ecolo. Une telle situation mène inévitablement à la démoralisation et au dégoût de la politique. Lorsque les travailleurs et leurs familles quittent le terrain politique, le patronat peut appliquer sa politique sans que quelqu’un vienne y mettre son nez.

    Nous savons bien qu’un nouveau parti large des travailleurs ne peut développer à une échelle massive sans initiative de la part de franches importantes des syndicats. Entre-temps, nous ne voulons pas attendre les bras croisés et nous soutenons chaque initiative qui peut rapprocher, même si ce n’est que de peu, la perspective d’un tel parti de travailleurs.

    C’est pour cette raison que nous avons participé, à la suite de la lutte des Forges de Clabecq, à la liste DEBOUT, liste à laquelle le PTB a aussi participé et qui a réalisé un score respectable lors des élections Européennes de 1999. Depuis lors, le MAS a invité à diverses reprises à peu près toutes les formations de la gauche radicale à collaborer, entre autres en vue d’alliances de gauche pour les élections communales de 2000. Nous avons participé à des listes ouvertes du Parti Communiste, aux listes de Leef et, lors des dernières élections fédérales, à la liste du Comité pour une Autre Politique (CAP).

    En 2005, nous vous avons contacté en prévision d’élections anticipées pour un cartel PTB-MAS. Un peu plus d’une année plus tard, fin 2006, nous nous sommes aussi rencontrés à l’invitation de syndicalistes dans le cadre d’une proposition de cartel PTB-CAP. Dans les deux cas cela n’a pas pu se concrétiser.

    La raison principale qui explique pourquoi les directions syndicales ne sont pas plus sous pression pour rompre les liens qu’elles entretiennent avec la démocratie chrétienne et la social démocratie est sans doute, et de loin, le manque d’une alternative crédible, l’absence d’un concurrent suffisamment fort à gauche. En regroupant la force militante tant du PTB que du MAS, tout en respectant la spécificité de chacun, en une formule qui laisse suffisamment d’espace à d’autres courants et individus aujourd’hui spectateurs, nous pourrions, à notre avis, créer une dynamique allant en ce sens.

    Comme beaucoup d’autres, nous avons constaté que vous venez d’adopter un tournant important. Vous connaissez note opinion, publiée sur notre site, à ce propos. Nous accueillons le fait que vous vous positionnez de manière plus ouverte et que vous laissez quelques unes de vos anciennes positions derrière vous, où au moins que vous êtes prêts à en discuter. Nous déplorons par contre le fait que vous tendez la barre trop à droite, vers des reformes minimales, un réformisme doux.

    L’actualité remet pourtant à l’ordre du jour la nécessité d’une réponse fondamentale face au capitalisme, et ceci à l’échelle internationale. Des revendications socialistes, telle que la nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs clefs de l’économie, regagnent de nouveau de l’intérêt parmi des couches, certes encore très limités, mais grandissantes de la population. Nous supposons que vous ne serez pas d’accord avec cette interprétation, et nous sommes prêts à considérer vos arguments à ce sujet.

    Nous ne pensons pas que cette divergence doit faire obstacle à un appel commun qui offre une voix aux travailleurs et à leurs familles pour le prochain scrutin. Nous pensons que cet appel aurait une force toute particulière s’il concernait tant les élections régionales et européennes que les élections fédérales si elles sont organisées en même temps. Mais, au cas où vous estimeriez cette proposition trop ambitieuse, lancer ensemble un appel pour une liste anti-néolibérale large et ouverte pour le scrutin européen serait néanmoins un signal important.


    En info

    Lors des élections Européennes de 1999, les listes à la gauche de la social-démocratie et des verts avaient obtenu ensemble 93.593 voix pour toute la Belgique. DEBOUT avait recueilli pour le collège francophone 46.088 voix, soit 1,99%, tandis que le PC avait obtenu au même collège 25.539 votes, soit 1,1%. Pour le collège néerlandophone, le PvdA-AE avait obtenu 21.966 voix (0,57%).

    Aux élections Européennes de 2004, les listes de gauche avaient obtenu ensemble 64.293 voix pour toute la Belgique. Le PvdA+ avait obtenu 24.807 voix (0,62%) pour le collège néerlandophone, le LSP 14.166 (0,35%). Pour le collège francophone, le PTB+ avait obtenu 19.645 voix (0,81%), le MAS 5.675 (0,23%).

    En 2007, pour le Sénat, les listes de gauche avaient réalisé ensemble un score de 95.654 voix. Pour le collège néerlandophone, le PvdA+ avait obtenu 34.768 voix (0,85%) et le CAP 12.938 (0,32%). Pour le collège francophone, le PTB+ avait obtenu 20.039 voix (0,79%), le PC 19.632 (0,78%) et le CAP 8.277 (0,33%).

  • Le MAS/LSP évalue son engagement dans le Comité pour une Autre Politique. Un nouveau chapitre dans le processus vers un nouveau parti des travailleurs

    Depuis le milieu des années ’90, le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) et son précurseur « Militant », ont appelé à la formation d’un nouveau parti des travailleurs. Cet appel répondait au fait que les partis « socialistes » sociaux- démocrates (mais aussi les Partis « Communistes » ailleurs en Europe) avaient ouvertement laissé tombé, après la chute du mur de Berlin et l’effondrement des régimes staliniens, toute ambition pour un changement socialiste de la société. Ils ont ainsi approuvé la logique de profit du marché « libre », ont démantelé et vendu les anciens services publics au plus offrant (dans le meilleur des cas) et ont accompagné ou mené les attaques contre la sécurité de travail et d’existence des familles de la classe ouvrière.

    Au niveau d’une entreprise ou d’un secteur, la lutte peut parfois freiner la politique néolibérale, comme aux Forges le Clabecq. Mais comme la législation sociale et les grandes lignes politiques sont déterminées au niveau (inter)national et/ou régional, un instrument politique pour les travailleurs est aussi nécessaire, afin d’y engager le combat. Cet instrument politique, un parti, doit selon nous réunir toutes les tendances du mouvement ouvrier préparées à lutter contre le néo-libéralisme. Il doit être un organe de lutte et pas une machine électorale. Et il doit encore, à l’époque post-stalinienne, être ouvert au débat démocratique, aussi entre les courants organisés.

    Sinon, nous l’avons dit, ce serait un enfant mort-né. Dès le début, le MAS/LSP a été clair : au sein d’un tel parti large de lutte, le programme que nous défendons est celui du MAS/LSP. Le fait de reconnaître la nécessité d’un parti capable d’organiser la lutte ainsi que le débat démocratique et d’essayer d’en promouvoir la création n’est pas contradictoire avec le fait de rester persuader de la nécessité d’un changement socialiste de la société. Toutefois, nous considérons notre programme non comme un ultimatum mais comme une contribution. Après que la lutte contre le Pacte de génération ait conduit fin 2005 jusqu’à une rupture au sein de la FTGB entre la base syndicale et les responsables du parti social-démocrate, une chance sérieuse s’est présentée pour créer un tel parti. Le MAS/LSP, qui a à ce moment lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, n’a pas été le seul à le remarquer. Pas mal de délégations syndicales, des personnes issues du cadre moyen des syndicats, l’ancien président de la FGTB Georges Debunne et l’ancien parlementaire du SP Jef Sleeckx sont également arrivés à cette conclusion.

    Ils ont voulu, selon les paroles de Sleeckx lors d’une réunion tenue entre lui et le Bureau Exécutif du MAS/LSP en janvier 2006, mettre en place un parti fédéral au-delà des frontières linguistiques dans lequel tous qui souhaitait lutter contre le néo-libéralisme serait le bienvenu tout en conservant sa spécificité propre. Un parti de lutte antiraciste qui serait, aux antipodes de la social-démocratie, bien présent sur les piquets de grève et dans la lutte sociale. Le potentiel énorme pour un tel parti est ressorti de l’intérêt porté par la presse au cours de l’été 2006 et des centaines de mails et de coups de fil spontanés qu’a suscité « l’initiative de Sleeckx ».

    Mais toute nouvelle initiative démarre inévitablement avec des hésitations et de la lenteur. Au lieu de lancer aussi publiquement un appel clair pour un nouveau parti et utiliser cela comme pôle d’attraction, Sleeckx s’en est tenu à des appels vagues pour une « autre politique ». Nous supposons que Sleeckx a voulu gagner du temps pour impliquer plus de forces dans son initiative, mais nous pensons que cela a été contreproductif. Au fur et à mesure que la lutte contre le Pacte des Génération s’éloignait derrière nous, les délégations syndicales ont adopté une attitude plus attentiste. D’autres se sont imposés et ont exigé le privilège de changer unilatéralement les décisions, de mettre en question le caractère fédéral de l’initiative, puis le droit de conservé sa spécificité propre et finalement la participation électorale indépendante. La nouvelle initiative a été entrainée dans des manœuvres de ralentissement et d’opposition et le nombre de participants et leur enthousiasme a diminué lors de chaque nouvelle discussion. Finalement, Sleeckx a décidé de ne pas se présenter comme candidat aux élections législatives de 2007. Les syndicalistes qui étaient impliqués dans l’initiative lui ont reproché d’être resté sur le quai alors qu’ils étaient embarqués dans le train de son initiative.

    Le MAS/LSP s’est pleinement et dès le début engagé dans l’initiative de Sleeckx. Nous avons mis à sa disposition nos militants et notre matériel, entre autres pour les interventions à VW à la fin de 2006, lors de la manifestation pour le pouvoir d’achat de fin 2007 ou encore pour récolter les signatures de parrainage pour se présenter aux élections et pour diffuser la propagande dans la campagne électorale de 2007. Chaque fois, nous avons largemment mobilisé la moitié de toutes les personnes présentes aux congrès et aux réunions nationales, sans faire usage de notre prépondérance numérique. Ne pas avoir utilisé notre majorité numérique explique le fait que les membres du MAS/LSP n’avaient que de rares places proéminentes sur les listes électorales et que le vague slogan électoral « pour une autre politique » est resté. Le MAS/LSP était prêt à continuer d’adopter cette attitude aussi longtemps qu’une petite chance existait pour que le comité pour une autre politique puisse se développer.

    Nous devons malheureusement constater que, systématiquement, chaque nouvelle initiative mène à des discussions sans fin, qu’une partie non négligeable du CAP n’est pas gagnée à l’idée d’un parti qui se base sur « les travailleurs » et que les mots d’ordre du CAP se droitisent avec un tic de langage paternaliste de « félicitations aux travailleur ». Nous pensons que le rôle du CAP comme moyen pour promouvoir la création d’un nouveau parti des travailleurs est terminé, comme en témoigne son incapacité à jouer un rôle dans la crise politique actuelle et dans le mouvement autour du pouvoir d’achat. C’est une constatation lamentable. Le MAS/LSP a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter cette situation, sauf imposer notre majorité numérique. Chaque proposition concrète de notre part a été bloquée par une petite minorité au profit d’un projet sans contenu, vague et amateur.

    Il semble que le PTB – qui s’est publiquement converti au « réformisme », de moins en moins présent dans les mouvements de lutte et qui dit explicitement ne pas être ouvert aux groupes organisés – va probablement être capable d’occuper une partie de l’espace électoral présent à la gauche de la social démocratie et des verts. Sleeckx, Debunne et le CAP n’ont qu’à se remercier eux-mêmes. Toutefois, le refus d’autoriser un véritable débat large et démocratique, également avec les forces organisées, et la base de son succès (le réformisme) peut casser cette situation après quelque temps, dès que la tentation des coalitions et des postes politique vaincra les principes idéologiques.

    Le plaidoyer du MAS/LSP pour un nouveau parti large des travailleurs n’a jamais signifié de plaider pour le réformisme et un retrait de la lutte, mais de plaider au contraire pour un organe de lutte plus large ouvert à tous les courants du mouvement ouvrier et qui permette de débattre d’une alternative pour le mouvement ouvrier. Le fait que les dernières grandes réformes à l’avantage des travailleurs sont dans notre dos depuis des dizaines d’années déjà illustre que l’âge d’or du réformisme est lui aussi dans notre dos et que de véritables améliorations ne sont plus possibles que dans le cadre de mouvements de lutte qui remette en cause le capitalisme lui-même pour réaliser une société socialiste démocratique.

    Les possibilités pour la construction d’un nouveau parti large des travailleurs semblent en ce qui nous concerne reportées à une date ultérieure. Nous voulons garder et entretenir les contacts avec un certain nombre de membres et de groupes locaux du CAP pour une nouvelle coopération à l’avenir. Entre-temps, nous voulons nous consacrer toutefois principalement à intégrer ces jeunes et ces travailleurs qui veulent nous aider à construire un parti orienté vers un changement de société, un parti socialiste révolutionnaire, le MAS/LSP. C’est déjà cela que nous avons fait avec nos initiatives dans le domaine de l’antiracisme et de l’anti-sexisme, avec notre coopération avec les groupes révolutionnaires issus de l’immigration et à l’étranger, ainsi que par notre travail patient sur les lieux de travail et dans les syndicats. Nous collaborerons dans la mesure du possible avec d’autres forces à gauche, sans exclusivités. Lorsque la moindre chance se présentera à nouveau de construire un véritable nouveau parti des travailleurs démocratique, nous nous intégrerons de nouveau à l’initiative.

    Nous voulons soumettre cette prise de position les mois prochains à nos militants, jusqu’à notre comité national des 3 et 4 mai. Nous invitons aussi les membres du CAP qui le souhaitent à nous communiquer leur manière de voir les choses. Entre-temps, nous nous engageons dans les sections locales qui fonctionnent réellement. Sur le plan national, nous suspendront notre participation au secrétariat national et nous limitons notre présence au comité national du CAP à une présence minimale pour pouvoir donner notre avis si nécessaire. Nous espérons que les militants du CAP avec lesquels nous avons bien collaboré au cours des deux années passées montreront du respect et de la patience durant notre consultation interne.

  • En Wallonie et à Bruxelles aussi… Le CAP passe au sud

    Né en Flandre il y a un an, le CAP s’est aussi développé ces dernières semaines à Bruxelles et dans plusieurs villes de Wallonie. Nous en avons parlé par Jean Peltier.

    Une liste du CAP aux élections en juin. Une grande première ?

    Oui et non. Oui parce que c’est évidemment la première fois que le CAP présentera des listes et que celles-ci seront présentes partout dans le pays. Non, parce que, ces dernières années, il y a eu, du côté francophone, au moins deux autres expériences de liste unitaire qui se voulaient une alternative au PS et à Ecolo. En 1993, les grèves menées par la FGTB contre le Plan Global (un programme d’austérité imposé par le gouvernement Dehaene-Di Rupo) avaient déjà provoqué une grosse tension entre la gauche de la FGTB wallonne et le PS. En réaction, un nouveau mouvement s’était formé à l’initiative du PC, du POS, de syndicalistes FGTB, de féministes,… sous le nom de Gauches Unies. Mais il n’a guère tenu qu’un an.

    En 1999, Roberto d’Orazio, dirigeant de la lutte des Forges de Clabecq, a présenté une liste Debout aux élections européennes, qui regroupait surtout des syndicalistes et des militants des divers partis de la gauche radicale (PTB, POS, MAS, PC). Cette liste a réussi une belle percée (2%) et avait une ouverture plus grande vers les milieux populaires mais n’a pas eu de suite non plus.

    Le CAP semble néanmoins moins avancé au sud du pays qu’en Flandre…

    Oui, pour des raisons qui tiennent tant à la société qu’à l’histoire propre du CAP. En Wallonie et à Bruxelles, l’attitude du PS pendant la lutte contre le Pacte des Générations a ouvert de nouvelles brèches dans les rapports entre ce parti et de larges couches de syndicalistes FGTB. Mais l’évolution du PS vers la droite a été moins rapide et moins profonde que celle du SP.a, le fossé entre le parti et le syndicat est moins ouvert chez nous qu’en Flandre, le PS garde des liens – et un contrôle ! – plus forts avec l’appareil de la FGTB que le SP.a. De plus, malgré ses revers, Ecolo a mieux tenu le coup électoralement que Groen !. Et l’échec des partis traditionnels à lutter contre l’extrême-droite est plus criant en Flandre qu’en Wallonie,… L’espace pour construire une alternative à gauche du PS et des Verts est donc moins dégagé du côté francophone que du côté flamand. Mais si les premiers pas seront plus difficiles à faire, il est clair que la base sociale et les traditions de lutte – au sein des syndicats et de la population – sont plus grands au sud et que cela jouera par la suite.

    Le CAP a aussi démarré plus tard du côté francophone..

    Au début de 2006, une autre initiative – intitulée Une Autre Gauche – a été lancée du côté francophone parallèlement au CAP. Dans un premier temps, le MAS a pris part à cette initiative. Mais il est rapidement devenu clair pour nous que cette initiative avait une autre orientation que celle du CAP. Dans les faits, UAG ne vise pas comme le CAP à se tourner vers des couches larges pour redonner une voix aux travailleurs et à leurs familles mais elle reste tournée vers les petits « milieux » de la gauche radicale et des associations et, de plus, uniquement au niveau francophone . Nous en avons déduit après quelques mois qu’UAG était une impasse. Le MAS a donc pris ses responsabilités et a commencé à construire le CAP également en Wallonie et à Bruxelles, ce qui correspondait d’ailleurs à l’objectif de départ de Sleeckx, Van Outrive et Debunne qui souhaitaient dès le départ que se développe un mouvement national. En trois mois, des dizaines de personnes, non membres du MAS, ont déjà adhéré au CAP et ce n’est qu’un début…

  • Les leçons de la grève AGC-Splintex

    Lettre ouverte à tous les travailleurs

    Produit en commun par Gustave Dache, ex-délégué FGTB-métal & le MAS, Mouvement pour une Alternative Socialiste

    AVANT-PROPOS

    Camarades,

    Cette brochure est le résultat de la rencontre, au travers d’une lutte commune, de militants du MAS et de Gustave Dache. Militants qui luttent pour une certaine conception de la société, à savoir une société socialiste et d’une certaine conception du syndicalisme, à savoir un syndicalisme de combat. L’idée nous est venue de faire cette brochure non pas comme « un petit bout d’histoire du mouvement ouvrier », mais plutôt afin de tirer les leçons de cette lutte, pour ouvrir la discussion afin qu’elle serve aux futures générations d’ouvriers en lutte, que ce soient des travailleurs combatifs, des militants ou des délégués syndicaux sincères qui veulent défendre leur classe du mieux qu’ils peuvent.

    Nous sortons d’une période (les années 90’) qui a eu beaucoup de conséquences fâcheuses pour le mouvement ouvrier. Les représentants et défenseurs du Capital ont profité de la chute du Mur pour faire pencher la balance en leur faveur aux dépends du Travail. Le syndicalisme de lutte a apparemment perdu de sa vigueur sous les assauts de la pensée néo-libérale. De nombreuses traditions issues du marxisme, une longue expérience, a tendance à disparaître. Il en résulte une conception du syndicalisme qui trahit les intérêts des ouvriers, à savoir un syndicalisme de concertation, et une vision réformiste de la transformation de la société. Si nous voulons à l’avenir gagner les batailles, il va nous falloir tirer les leçons des victoires mais également des défaites. C’est dans cette optique que nous avons écrit cette brochure.

    Nous avions déjà posé les premiers jalons d’analyse du conflit au travers d’un entretien avec Gustave Dache qui est paru dans le n° 100 de l’Alternative Socialiste (avril 2005). Mais il nous fallait, vu les implications de cette lutte pour la classe ouvrière, y revenir de manière plus approfondie. Voilà qui est fait.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste, organisation trotskyste, faisant partie du CIO, Comité pour une Internationale Ouvrière, s’est impliqué dans ce conflit, avec des moyens limités, mais en défendant une méthode de lutte qui lui semblait la meilleure pour arracher une victoire. Il se fait que nous partagions la même vision que Gustave Dache sur le déroulement du conflit et que nous avons dès lors unis nos forces. Gustave n’est pas un inconnu dans la région puisque par le passé il a participé activement à la grève générale de 60-61, à l’époque où il était responsable sur les plans local (Gilly), régional et national des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) et militant syndical dans la verrerie (Glaverbel). Il a ensuite été délégué syndical dans le Métal (Caterpillar). Il a été également président du comité de grève aux Glaces de Courcelles pendant les six semaines de grève en 1973. Il a également participé à d’autres conflits comme la lutte de Clabecq à laquelle nous avions également pris part – à l’époque nous nous appelions Militant. Si cette brochure peut ouvrir certaines portes et discussions sur les méthodes syndicales et sur la nature des organisations dont la classe ouvrière a besoin, elle aura alors atteint son objectif.

    Juillet 2005.

    Pourquoi devons-nous tirer honnêtement mais fermement les leçons de la grève ?

    Il est certain que beaucoup de travailleurs de Splintex et, plus largement, de la région de Charleroi et du pays, s’interrogent sur l’origine de la défaite de cette grève qui a duré 105 jours.

    En effet il n’y avait pas de justification économique aux pertes d’emplois, bien au contraire, l’usine de Fleurus ‘’était performante’’ avec un personnel hautement qualifié dans le verre, un outil des plus modernes et un carnet de commandes rempli jusqu’en 2008. De plus, la multinationale japonaise ASAHI fait des bénéfices; en 2003 elle en a fait pour 1,3 milliard de dollars U.S. Evidemment, pour justifier son plan de restructuration, la direction d’AGC parle de pertes. Mais les syndicalistes savent qu’une multinationale peut toujours manipuler les comptes et bilans d’une filiale comme elle le veut et sans que l’on puisse la contrôler. La seule parade contre cela consiste à imposer aux patrons l’ancienne revendication qui est toujours d’actualité de l’ouverture des livres de comptes. Il ne faut pas oublier que l’entreprise est née grâce aux luttes ouvrières ; suite aux grèves de 1975 à Glaverbel, où un accord a été obtenu que les patrons s’étaient engagés à construire une unité de production verrière dans la région de Charleroi avec des investissements publics à la clé.

    Il faut tenir en compte que l’objectif de départ était un Non au plan de restructuration, non aux licenciements, non aux pertes d’emplois (284). Finalement, malgré certaines améliorations financières et les pré-pensions, tout le plan patronal est passé malgré l’énorme potentiel de combativité des travailleurs.

    Il y a comme un fossé, pour ne pas dire un gouffre, entre les déclarations triomphantes des responsables syndicaux qui, à l’issue de cette lutte, la considèrent comme une victoire, et le résultat final. Et ce, tant pour les travailleurs de Splintex que pour ceux des autres usines. Il faut tenir compte de toutes les conséquences pour les travailleurs de Splintex et leurs familles qui se retrouvent à la porte ainsi que de toutes les conséquences négatives pour ceux qui n’ont pas été licenciés. Il faut tenir compte du fait que les travailleurs sont rentrés battus dans l’usine, affaiblis et divisés du fait de l’élimination d’une grande partie de la base la plus combative et d’une partie importante des membres de la délégation syndicale. Il reste encore une base combative dans l’usine, mais la défaite lui rendra la tâche plus difficile.

    La durée et l’enjeu du conflit lui ont donné un impact national. Dès le début, les travailleurs de Splintex avaient pressenti avec leur instinct de classe que la lutte allait être longue et dure parce que la multinationale japonaise, représentée par la direction patronale de Fleurus, s’y était préparée en faisant des stocks. Elle était déterminée à engager l’épreuve de force pour briser une fois pour toutes la résistance ouvrière à l’intérieur de l’usine, afin d’y introduire des contrats intérimaires ainsi qu’une flexibilité et une productivité encore plus accrues.

    En ce sens le message du président Shinya Ishizu en novembre 2003 est très clair quand il déclare : « Notre objectif stratégique est d’obtenir un rendement hors pair, la stratégie d’AGC est d’augmenter sans relâche le profit des actionnaires ». Pour obtenir ces résultats les patrons devaient par tous les moyens, y compris la menace de délocalisation, détruire l’avant-garde ouvrière qui résistait dans l’usine, et ce au travers des listes noires et grises. Comme le souligne le délégué principal FGTB G. Bordenga dans Le Soir du 15 avril 2005 : « Les faits confirment qu’il s’agit d’une restructuration bidon masquant une opération de nettoyage ». Ce conflit, par ses objectifs et ses résultats, concernait l’ensemble de la classe ouvrière. Devant les pertes d’emplois à répétition, plus personne ne peut rester indifférent et fataliste. On ne peut plus subir les licenciements, les pertes d’emplois comme un fait accompli ; cette fatalité, les travailleurs de Splintex, par leur combativité et leur détermination, l’ont refusée. Car accepter le fatalisme de la crise capitaliste, cela se traduit toujours par des pertes d’emplois partout. En refusant ce fatalisme les travailleurs de Splintex ont montré la voie à suivre à toute la classe ouvrière. Il est évident que ce n’était pas le choix le plus facile à faire. Mais ils savaient par expérience que la situation d’aujourd’hui était similaire à celle de 2000. A l’époque, la direction s’était déjà débarrassée de 300 travailleurs avant de réembaucher peu après avec des contrats précaires pour en revenir au même volume d’emploi qu’avant la restructuration. Cette fois-ci ils ne voulaient plus être trompés, ils ne croyaient plus aux arguments de la direction qui disait que ce plan était nécessaire pour la pérennité de l’entreprise.

    Les espoirs que les travailleurs avaient mis dans la victoire de la lutte se sont finalement transformés en abattement et en colère avec beaucoup de questions restées sans réponse. L’expérience nous montre qu’une victoire des ouvriers en lutte à un impact positif sur toute la classe ouvrière. Cela entraîne une plus grande confiance de celle-ci face au patronat. Mais une défaite produit l’effet inverse avec un recul du moral et de la combativité. Une chute des conditions matérielles consécutive aux licenciements a souvent pour effet un engourdissement des luttes et la montée des sentiments et des forces réactionnaires avec comme conséquence la croissance de l’extrême droite. Les travailleurs qui se sont battus avec courage et abnégation ont le sentiment que ce sont les jaunes qui ont finalement eut raison sur eux.

    S’il est plus agréable de tirer les leçons d’une victoire, il est cependant tout aussi nécessaire de tirer les leçons d’une défaite, sans complaisance vis-à-vis des appareils syndicaux, afin d’armer la classe ouvrière pour les prochaines luttes qui ne manqueront pas de se produire dans un laps de temps relativement court.

    Une « lutte exemplaire » est-elle suffisante en soi pour gagner la grève ?

    La presse ouvrière, toutes tendances confondues, ne tarissait pas d’éloges au plus fort du conflit sur le caractère exemplaire de cette lutte, la conclusion logique voulant que la victoire était à portée de main. Cela n’a pas été le cas. Que les grévistes aient fait preuve d’un courage à toute épreuve est indéniable ; plus de trois mois de grève sous la pression du patronat, des cadres, des médias, de la police, du politique, des difficultés familiales et financières, tout cela montre l’énorme potentiel de combativité qui vit actuellement au sein de la classe ouvrière. Ceux de Clabecq et de Renault avaient fait preuve de la même détermination et de la même combativité, mais n’avaient pas davantage réussi à imposer leur volonté d’empêcher les licenciements du fait qu’ils sont également resté seul dans la lutte.

    Ce potentiel de combativité est présent et se développe partout, la manifestation nationale pour l’Accord Interprofessionnel en est un autre exemple. Alors que les prévisions les plus optimistes des syndicats oscillaient entre 25.000 et 30.000 personnes, c’est le double qui a déferlé sur Bruxelles malgré un laps de temps très court et sans grande préparation. Mais si la combativité est une chose importante, les méthodes de lutte et les moyens employés ont aussi leur importance.

    Cinq semaines avant la fin de la grève Gustave Dache avait proposé publiquement, en assemblée interprofessionnelle des délégués FGTB, une grève régionale interprofessionnelle de 24 heures pour appuyer et créer ainsi un rapport de force en faveur des grévistes de Splintex. Cette proposition a été très bien accueillie par les délégués présents et par les ouvriers de Splintex, mais le bureau de l’interprofessionnelle FGTB a fait la sourde oreille comme si rien n’avait été proposé.

    Ce genre de proposition d’étendre le mouvement aux autres usines de la région ne convient pas aux appareils syndicaux. Ils ont préféré l’ignorer bureaucratiquement, celle-ci n’a même pas été mise au vote des délégués présents, de peur qu’elle ne soit acceptée.

    Lors de diverses assemblées générales du personnel de Splintex qui ont suivi, plusieurs ouvriers ont repris cette proposition de 24 heures de grève qui a également été ignorée par la délégation syndicale. Une autre démarche a été faite aussi par une dizaine d’ouvriers de Splintex qui se sont rendus au siège de la FGTB pour demander à être reçus afin de faire également cette proposition de grève régionale mais ils n’ont même pas été reçus par la direction de la FGTB.

    Il ne faut pas perdre de vue que la direction d’AGC avait le soutien de la FEB, de la justice, de la police, des médias et du politique. Les travailleurs de Splintex n’avaient quant à eux pas un soutien équivalent. Dans ce conflit, aucun responsable syndical tant FGTB que CSC n’a exigé de la direction d’AGC Automotive le maintien intégral du volume de l’emploi ou le remboursement des aides financières qu’ils ont reçues de la collectivité pour l’installation de l’entreprise à Fleurus.

    Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?

    A l’annonce du plan de restructuration, les travailleurs – ouvriers et employés – sont partis spontanément en grève. Ils voulaient dès le début descendre à la Région wallonne pour interpeller les politiques, se rendre à la verrerie de Moustier en autocar afin de demander la solidarité, ils ont demandé de ne pas rester cantonnés à Fleurus, de bouger afin d’animer la lutte par des actions ponctuelles.

    Mais les appareils syndicaux tant FGTB que CSC, sous toutes sortes de prétextes, ont répondu NIET. Ils ont fait en sorte de verrouiller le conflit pour qu’il ne prenne pas une ampleur trop importante. Ils ont refusé d’organiser des actions au moment opportun et de profiter du temps disponible, lorsque les patrons refusaient de négocier. Ils ont constitué un comité de grève en désignant eux-mêmes paritairement un nombre restreint d’ouvriers sans pouvoir de décision et qui dans les faits était sous contrôle de la délégation syndicale. Un comité de soutien a aussi été créé, mais il s’est très vite révélé inefficace, tout juste bon à se placer dans l’ombre des appareils syndicaux sous prétexte de « Non-ingérence dans la grève ». Il n’a donné aucune autre perspective que de servir de soutien logistique, comme si c’était une fin en soi, et sans aucune efficacité pour la grève (mis à part une soirée de solidarité). Bien que les membres du comité de soutien considéraient comme juste la proposition de 24 heures de grève à Charleroi, ils n’ont même pas eu la franchise de l’appuyer et de la défendre ouvertement devant les appareils syndicaux. Pendant toute la grève, l’avant-garde ouvrière de Splintex a cherché le moyen d’étendre la lutte. Mais des pressions ont été faites par les appareils afin que les grévistes de Splintex qui le souhaitaient ne puissent pas faire partie du comité de soutien qui aurait alors pu avoir un autre impact sur le déroulement de la grève. Les déclarations de Christian Viroux, lors d’une conférence de presse, ne font que confirmer la justesse et la nécessité qu’il y avait à donner le mot d’ordre de grève interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi. Notamment quand il déclare : « Depuis trois mois, sous sommes harcelés, critiqués par les responsables politiques, tant Van Cau que Marcourt et les autres. En disant que nous détériorons l’étiquette de la Wallonie, que nous faisons fuir les investisseurs financiers,…En plus nous sommes isolés dans la mesure où la CSC agit de concert et a accepté de négocier le plan dès le mois de janvier ». Il n’est pas bien difficile de répondre à C.Viroux que si la FGTB de Charleroi et la centrale générale étaient isolées, c’est parce qu’elles le voulaient bien. En effet en refusant de décréter une grève régionale interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi, on se condamnait à l’isolement. Il y a même des responsables syndicaux ou autres qui vont jusqu’à motiver ce refus en disant : « Et si une grève interprofessionnelle était un fiasco, est-ce que cela suffirait à dissuader les patrons d’appliquer le plan ? » A tous ceux-là, nous répondons avec fermeté qu’à chaque fois que la FGTB régionale ou nationale à donné un mot d’ordre d’action ou de grève, il a été couronné de succès. Il n’y a aucun exemple qui démontre le contraire. Et ceux qui, par peur ou incompétence, prétendent le contraire démontrent sans équivoque qu’ils n’ont pas confiance dans la capacité de lutte de la classe ouvrière.

    S’il ne voulait pas rester isolé, tout l’appareil syndical interprofessionnel devait impérativement étendre le conflit. Mais il a refusé – se condamnant ainsi à rester isolé – et ce refus a gravement hypothéqué la réussite de la grève. Certains travailleurs et militants se posent aussi la question suivante : « 24 heures de grève aurait-elle été suffisante pour empêcher les patrons de licencier ? ». A ce genre de question personne ne peut répondre avec certitude. Mais ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est que les patrons des autres usines n’auraient pas apprécié que des grèves de solidarité aient lieu dans leurs propres entreprises. Ce faisant, on aurait pu briser la solidarité des patrons entre-eux. Mais pour ouvrir cette brèche dans le front patronal qui soutenait AGC, il fallait vraiment le vouloir.

    Les patrons eux aussi n’ont pas manqué de constater qu’il n’y avait pas cette volonté d’aller plus loin dans la lutte de la part des directions syndicales tant FGTB que CSC. C’est pour cela qu’ils sont restés fermes sur leurs positions.

    Encore une fois, il faut le dire, nous n’avons pas à inventer de nouvelles méthodes de luttes. Elles existent depuis toujours, elles sont restées les mêmes. C’est le rapport de force, la solidarité, la grève, l’occupation d’usine, la lutte de classe. Ce sont ces méthodes de luttes que les travailleurs eux-mêmes emploient tous les jours. C’est le seul langage que les patrons comprennent. Nous devons continuer à nous appuyer sur ces méthodes éprouvées de lutte qui ont jadis permis au mouvement ouvrier d’aller partout de l’avant.

    Pourquoi l’appareil a-t-il freiné l’élargissement de la grève ?

    Sous la pression de la base et vu l’arrogance patronale, c’est seulement après trois mois que la régionale FGTB annonce finalement dans un communiqué de presse qu’elle «se prépare à mettre en œuvre une réaction syndicale interprofessionnelle ». Mais ce n’étaient que des intentions, qu’une façade, car lors de la dernière assemblée interprofessionnelle FGTB du lundi 14 mars, Di Santo, président métal FGTB, a fustigé la nécessité de l’appel à une grève régionale de 24 heures. Cet appel venait d’être remis en avant pour la deuxième fois par Gustave Dache, avec sa critique par rapport au frein que constitue la position de l’appareil interprofessionnel dans le refus de l’élargissement de la grève. En réaction, A. Di Santo a notamment dit : « Je ne permettrai plus qu’on vienne critiquer le syndicat, ça, je le répète, je ne le permettrai plus et celui qui n’est pas d’accord avec ça il doit partir, il n’a plus rien à faire ici. Oui, Gustave Dache, c’est à toi que je m’adresse. Nous devons tous sortir d’ici la tête haute en chantant l’Internationale, parce que Splintex c’est une victoire ». L’attaque de Di Santo mettant à mal la liberté de critique et la démocratie au sein des instances syndicales a été désavouée. La salle ne l’a pas suivi, au contraire beaucoup de délégués ont été choqués par l’attitude autoritaire, anti-démocratique et bureaucratique de Di Santo. D’ailleurs quelques délégués et militants sont intervenus à la tribune pour défendre le droit à pouvoir continuer à exprimer un avis critique ou une position qui serait minoritaire. Certains pouvaient penser que cette attitude était un accident de parcours mais en réalité c’est le naturel bureaucratique qui revient à la surface dès que l’appareil est mis en cause. Ils sont très vite agacés quand ils sont critiqués et il n’a d’ailleurs pas été désavoué publiquement par les autres responsables du bureau syndical; ils se soutiennent mutuellement comme par réflexe. On aurait pu s’attendre à ce que certains permanents et délégués, qui se profilent à gauche, interviennent dans le débat pour défendre la liberté d’expression et de critique, mais ils ont préféré s’abstenir en considérant peut-être que ça ne les concernait pas.

    Si certains bureaucrates pensent qu’ils vont étouffer la liberté d’expression, ils se trompent. Nous allons continuer à nous exprimer avec encore bien plus de force la prochaine fois et cela dans le respect des principes démocratiques. La liberté de pensée, d’expression et de critique sont les bases fondamentales de la démocratie et ne peut en aucun cas être limitée ou étouffée. Toute tentative dans ce sens est contradictoire avec les principes et les statuts de la FGTB. Ceux qui dans la pratique, lors d’assemblées ou autres, ne respectent pas ces droits et principes démocratiques et tentent de les supprimer n’ont pas leur place au sein de la FGTB. Certains de ceux qui s’y sont essayés dans le passé, face à des délégués combatifs ayant une juste perspective politique et syndicale, s’y sont cassés les dents.

    Depuis de nombreuses années, la classe ouvrière est dominée par la politique social-démocrate réformiste des directions ouvrières comme celle du PS et de la FGTB. Tant qu’il s’agit de se placer sur le terrain du réformisme pour obtenir de petites améliorations, de petites mesures de rattrapage vis-à-vis de la hausse du coût de la vie, alors et alors seulement les appareils syndicaux poussés par la base répondent parfois positivement et sont disposés à des mobilisations limitées dans le temps. Mobilisations qui ne dépassent pas un certain cadre autorisé et toléré par la démocratie bourgeoise et qui n’est pas trop préjudiciable aux patrons. Mais comme on le constate, un demi-siècle de collaboration de classe prônée par la social-démocratie et les réformistes n’a pas adouci d’un iota le cœur des capitalistes. Les appareils réformistes tant syndicaux que politiques répugnent à poser le moindre acte qui aille dans le sens des méthodes traditionnelles de la lutte de classe employées depuis toujours par les travailleurs en grève. Les appareils syndicaux réagissent violemment et avec la plus grande détermination contre tous ceux qui veulent défendre et s’appuyer sur les méthodes traditionnelles de la lutte de classe sans compromissions pour arracher les revendications ouvrières et faire triompher les luttes. Il faut rappeler que les plus grandes conquêtes sociales ont été arrachées par la lutte de classe. La nature bureaucratique des appareils syndicaux revient régulièrement à la surface dès lors qu’ils sont un temps soit peu mis en cause. En effet à l’occasion de la soirée de solidarité avec AGC-Splintex qui a eu lieu à Lodelinsart, le camarade Silvio Marra, ex-délégué FGTB des Forges de Clabecq, a pris la parole pour apporter sa solidarité à la grève d’AGC et expliquer ce que les travailleurs de Clabecq avaient fait pour mobiliser 70.000 personnes pour la défense de l’emploi ; il a également exprimé son amertume de ne pas avoir reçu le soutien des instances nationales de la FGTB dans le conflit de Clabecq. Pour Christian Viroux, permanent verrier, c’en était trop ; il s’en est pris au camarade Marra en lui disant : « Il ne faut pas venir foutre la merde ici ». Les bonzes syndicaux en sont arrivés à ne plus permettre la moindre petite critique, où est donc le respect de la démocratie à la FGTB ? Bien que la centrale générale FGTB a soutenu les ouvriers en grève, étant plus proche d’eux et de leur volonté de lutte, le secteur du verre à d’ailleurs fait grève à plusieurs reprises également mais il n’a plus le poids qu’il avait dans le passé. Il n’empêche que sur le fond, sur l’essentiel, elle à aussi refusé d’étendre la grève à tous les secteurs de l’interprofessionnelle, seul moyen efficace de faire face à l’agressivité d’une multinationale. Face aux multinationales, il y a belle lurette que le temps du corporatisme est révolu. Il n’est pas possible non plus, à la longue, pour les grévistes de rivaliser financièrement avec les multinationales.

    L’absence de prolongement politique aux luttes syndicale et le rôle du PS.

    Beaucoup de permanents syndicaux FGTB ont leur carte au PS. C’est presque une obligation ; s’ils veulent faire carrière au syndicat, ils doivent être des fonctionnaires disciplinés et obéissants. Les liens entre le PS et la FGTB sont encore très forts. Avec un parti qui défendrait vraiment les travailleurs sur la base de la lutte de classe en les mobilisant, le problème ne serait pas pareil. Mais nous avons un PS qui se trouve en coalition permanente avec d’autres partis dans les gouvernements et qui est pourtant en position dominante; mais le PS, au lieu de défendre les revendications ouvrières, joue le rôle du médecin au chevet du capitalisme malade d’un cancer généralisé. Il gère la crise capitaliste en bon gestionnaire. Le PS qui prétend être le parti des travailleurs fait l’inverse de ce qu’il doit faire. Il gère une économie capitaliste au lieu de la combattre, cette économie qui est dans un état de développement où les contradictions ne cessent de s’accroître et où le chômage et la misère gagnent de plus en plus de terrain, où une partie importante de la population est en situation de pauvreté (15%) et est laissée au bord de la route. Dans ces conditions le PS ne veut certainement pas de conflits qui pourraient mettre à mal sa position au sein des institutions de l’Etat, il fait tout ce qu’il peut avec la collaboration de l’appareil syndical afin de limiter les conflits comme celui de Splintex. De même le PS veut circonscrire les conflits de peur d’éloigner les éventuels investisseurs à venir en Wallonie. Il joue ainsi le rôle du pompier au service du patronat. La tradition réformiste du PS qui touche de larges secteurs de l’appareil syndical FGTB, tradition qui ne conçoit l’amélioration de la société que par la voie parlementaire, s’accorde très mal avec des mots d’ordre de grève régionale ou nationale, car il existe toujours le risque qu’une grève régionale de 24 heures s’élargisse et prenne un caractère nettement politique surtout avec un conflit comme celui de Splintex qui reçoit un grand appui parmi l’ensemble des travailleurs.

    L’idéologie réformiste, qui prédomine au sein des instances syndicales FGTB qui considèrent toujours le PS comme leur relais politique, pèse également sur les délégations syndicales qui n’ont pas une longue expérience de la lutte de classe et qui sont facilement enclines également à accepter le réformisme parce qu’elles ne voient pas ou ne croient pas dans l’efficacité d’un syndicalisme combatif qui remet en cause le capitalisme. On peut encore citer l’exemple d’un ex-délégué verrier FGTB qui n’est pas membre du PS mais qui est depuis longtemps un électeur assidu du PS. Il n’est pas aveugle pour autant. Quand il intervient à la tribune, il critique le PS pour sa politique réformiste et son manque de soutien aux travailleurs en général et à la grève de Splintex en particulier et « estime que le MR n’a plus le monopole du libéralisme, le PS s’en chargeant lui-même » . Il lui est répondu par Marcel Bierlaire président de la FGTB de Charleroi « Si vous avez des critiques à faire au PS, vous devez aller les faire au PS mais pas ici ».

    Pourquoi avons-nous autant insisté pour que l’interprofessionnelle donne le mot d’ordre de 24 heures de grève avec piquets devant les usines à Charleroi ?

    1) Parce que d’une part, la direction d’AGC, filiale de la multinationale japonaise avait le soutien inconditionnel de la FEB et aussi de la police, de la justice, de la presse et du politique. Les plus hauts dirigeants du PS en particulier ne sont pas restés au balcon. Le 2 décembre le Ministre de l’Emploi Marcourt (PS) a réuni d’urgence le comité d’alerte pour faire libérer la direction afin qu’elle puisse négocier, mais quand la direction a bloqué les négociations, ne voulant pas dépasser les Conventions Collectives du Travail conclues dans les autres usines verrières, Marcourt n’est plus intervenu sauf pour déclarer qu’il « fallait sauver l’essentiel des 560 emplois restants et laisser éliminer les 249 emplois que la direction avait prévus. » Le Ministre-Président Van Cauwenberghe (PS) a dit à plusieurs reprises que « ce n’est pas à Fleurus qu’on gagne la bataille contre la globalisation ». Il a considéré la grève de Splintex « comme une tache noire pour la Wallonie ». Freya Van den Bossche (SP.a), Ministre fédérale de l’Emploi, a autorisé et permis l’intervention des robocops sans raison aucune – si ce n’est que pour impressionner les grévistes – vu que la police locale assumait le maintien de l’ordre normalement.

    Laurette Onkelinks (PS), Ministre de la Justice, n’a fait aucun commentaire quand le tribunal a infligé 7.500 euros d’astreintes aux grévistes, mettant à mal les libertés syndicales. Ces attaques patronales mettant à mal les libertés syndicales se répètent de plus en plus. Le conciliateur social A. Blaimont n’a pas eu non plus une attitude impartiale dans le conflit. Il a déclaré dans la presse qu’il était « estomaqué » par le résultat du vote négatif. « C’était un texte acceptable; évidemment il y avait 249 emplois perdus, mais on en sauvait 566 autres, on se retrouve maintenant dans une situation où je me demande si l’usine ne va pas être fermée ». Il ne voit pas ce qu’il va pouvoir encore apporter dans ce conflit pour aider l’entreprise à sortir de la crise.

    2) Et d’autre part, devant cette concentration de forces pour soutenir les patrons d’AGC, il était impératif et nécessaire – si les appareils syndicaux voulaient vraiment que la lutte soit gagnée – d’organiser un soutien équivalent afin de créer un rapport de force en faveur des grévistes et de mettre dans la balance, pour faire le contre-poids, toute la force, tout le poids de la classe ouvrière. Il n’y a pas d’autres moyens plus efficaces que d’étendre la grève aux autres usines et de commencer par une grève générale interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi. Nous pensons que les patrons et une multinationale agressive ne plient que face aux grèves régionales et, s’il le faut, nationales. Ces 24 heures de grève proposées ne devaient pas être une fin en soi, mais le début d’actions plus dures. Je ne pense pas comme le sous-entendent certains camarades que ces 24 heures de grève soient « la panacée », mais l’histoire des luttes sociales du mouvement ouvrier nous enseigne que les patrons ne comprennent qu’un seul langage, le langage de l’action généralisée.

    Vote secret ou vote à main levée ?

    Dans le conflit, alors que les travailleurs réunis en assemblée générale pratiquaient le vote à main levée afin de prendre des décisions démocratiquement – il était question de la poursuite ou non de la grève – la direction d’AGC a tenté d’imposer et finalement obtenu l’application du vote secret.

    Il faut tenir compte du fait que les moyens d’information dont dispose le patronat sont beaucoup plus importants que ceux dont disposent les organisations ouvrières. Dans ces conditions, il est plus facile au patronat d’influencer les travailleurs à son avantage via les médias (qui manquent toujours d’objectivité dans les conflits). Les travailleurs, eux, ont comme moyen d’information principal les assemblées générales et la force combative qu’elles dégagent pour orienter la lutte dans le sens ouvrier. Les décisions prises collectivement en assemblée générale sont pour les travailleurs l’expression de la démocratie ouvrière de base la plus totale.

    Les méthodes de vote individuel à bulletin secret comme aux élections législatives n’ont rien à voir avec la pratique démocratique des méthodes traditionnelles employées depuis toujours par les travailleurs en lutte. Dans tous les mouvements sociaux, il y a toujours une partie des travailleurs qui sont plus conscients, plus décidés, plus combatifs et qui veulent agir collectivement pour le bien de l’ensemble où la solidarité collective est primordiale. C’est ce qu’on appelle l’avant-garde, qui tire le mouvement vers l’avant. Et l’autre partie, qui est moins consciente, moins décidée, plus hésitante, où l’individualisme est le plus important. Il prend souvent le dessus sur le collectif. C’est ce qu’on appelle l’arrière-garde, qui tire le mouvement vers l’arrière.

    Le vote à main levée va dans le sens de l’intérêt de la solidarité collective. Tandis que le vote à bulletin secret privilégie les intérêts individuels au détriment du collectif.

    C’est pour toutes ces raisons que les patrons – et souvent les appareils syndicaux – préférent les votes à bullletin secret car l’individualisme est synonyme de fatalisme qui se résume en fin de compte à accepter la crise capitaliste.

    Pourquoi les appareils syndicaux sont-ils un tel frein ?

    La peur des arguments patronaux n’a pas été absente dans cette lutte, la menace de fermeture a servi comme argument massue pour impressionner les permanents en charge qui y ont trouvé un faux prétexte pour accepter la reprise du travail et le plan patronal. L’argument sous-jacent pour accepter était « Nous ne voulons pas prendre le risque d’être responsables de la fermeture ». C’est pour cela qu’ils ont signé le protocole d’accord le soir du 13 mars 2005 à Namur. Protocole qui comprenait d’ailleurs au point 2.2 «Quelles que soient les modalités d’organisation de cette assemblée et l’issue de celle-ci, les organisations syndicales s’engagent à signer le préaccord joint au présent protocole »

    Le vote par les travailleurs de Splintex qui devait avoir lieu le 15 mars, pour se prononcer sur l’arrêt ou la poursuite de la grève, n’était pas encore connu que les appareils syndicaux en front commun FGTB-CSC avaient déjà signé deux jours plus tôt. C’est comme cela que les appareils syndicaux conçoivent en pratique la démocratie. Ils ont cédé à la pression et à l’ultimatum de la multinationale japonaise.

    Dès le début, la stratégie syndicale n’était pas à la hauteur de l’enjeu. Les appareils syndicaux ont emmuré et laissé pourrir le conflit au lieu d’organiser la solidarité à l’ensemble des autres usines de la régionale de Charleroi et de profiter du temps qui leur était disponible par le fait que la direction d’AGC, qui n’était pas pressée, faisait traîner les négociations. L’occupation de l’usine couplée à un élargissement de la lutte, proposition faite le 16 janvier, n’a pas été reprise non plus par la délégation syndicale, ni par l’appareil FGTB-CSC sous prétexte que les ouvriers auraient pu endommager l’outil. Alors que les ouvriers sont les premiers à défendre leurs outils de travail et que la police aurait eu beaucoup plus de mal à déloger les travailleurs qui occupent l’usine qu’à casser un piquet. Les patrons auraient eu également plus de mal à faire redémarrer partiellement l’usine avec les jaunes qui, suite à des pressions patronales et financières, ont cédé et repris le travail. Dans une situation qui s’enlisait, il était évidemment plus facile aux patrons d’organiser de l’intérieur de l’usine les non-grévistes afin de réclamer la reprise du travail et d’exercer des pressions sur les grévistes. Dès le début, la stratégie patronale était de briser la grève, d’organiser sous la conduite des cadres un comité anti-grève qui était comme un loup dans la bergerie; il n’est pas impossible que le patronat utilise ce genre de comité à l’avenir pour briser les futures grèves, voire constituer un embryon de syndicat corporatif jaune encore plus à droite que la C.S.C. Dans un conflit avec des objectifs importants comme c’était le cas à Splintex, il doit être constitué dès le début par les grévistes eux-même réunis en assemblée générale un comité de grève révocable par celle-ci ; Cette assemblée doit élire les ouvriers les plus combatifs et les plus déterminés indépendamment de l’affiliation syndicale. Ce comité de grève doit tenir une assemblée générale tous les jours afin que l’ensemble des travailleurs soient tenus au courant de tout et participent activement au développement de la lutte. Un plus grand nombre de travailleurs se sent alors plus concernés, plus impliqués, ils se sentent partie prenante et ce n’est pas toujours les mêmes qui se retrouvent au piquet. De plus, ils ne sont pas tenus par les éventuels accords précédents (par exemple des accords de paix sociale), ils n’ont qu’un seul objectif, la victoire de la grève.

    Pendant le conflit d’AGC à Fleurus, il y a eu trois manifestations à l’appel des syndicats :

    -La première le 13 décembre où 6.000 travailleurs manifestent dans les rues de Charleroi dans le contexte des négociations interprofessionnelles.

    -La deuxième le 25 janvier où 3.000 travailleurs manifestent contre l’intervention des tribunaux dans les conflits sociaux. Entre autres dans le conflit de Splintex où des astreintes sont d’abord fixées à 5.000 puis à 7.500 euros.

    -La troisième le 11 mars (à l’appel de la seule FGTB) où 1.500 travailleurs manifestent dans les rues de Fleurus. Il faut noter que c’est la première et unique manifestation qui était organisée directement et exclusivement pour la défense de l’emploi d’AGC et seulement après 100 jours de grève, quand le conflit était presque terminé. Comme d’habitude, les drapeaux rouge sont présents, mais cette fois on sentait bien que le cœur n’y était plus. On avait l’impression, après les remerciements des responsables syndicaux, que l’on assistait à un enterrement de première classe. Pourtant les grévistes n’avaient pas encore dit leur dernier mot. Ils croyaient toujours comme au premier jour de grève que la lutte qu’ils menaient pour la défense de l’emploi était et restait juste et n’était pas encore terminée. Ils étaient toujours disposés à continuer la lutte.

    Le témoignage d’Elise (nom d’emprunt), épouse d’un travailleur d’AGC avec 18 ans d’ancienneté, qui était souvent avec son mari au piquet, est sans équivoque. Il mérite d’être rappelé, car ce témoignage paru dans La Nouvelle Gazette du 11 mars 2005, cerne très bien le problème qui était posé par les travailleurs pour le maintien de l’emploi pour eux et leurs enfants. Elle y dit :

    « Pour l’emploi de nos enfants aussi. Cela fait trois mois que nous vivons des moments difficiles, sans plus de rentrées de salaires, nous avons trois enfants : 18, 17 et 13 ans. Ils sont malheureux de ce qui se passe mais ils savent que leur papa se bat pour l’emploi. Et s’il n’y a pas d’emploi pour nous, il n’y en aura pas pour nos enfants ».

    Quelques jours après la manifestation de Fleurus, le mardi 15 mars, les grévistes étaient venus en nombre devant l’usine pour connaître le résultat du vote; ils étaient impatients. Ils discutaient entre eux. Ils disaient, une fois de plus, qu’ils avaient manqué de soutien, y compris des instances supérieures de la FGTB. Un ouvrier gréviste disait : « A part la manifestation du début à Charleroi (pour les négociations interprofessionnelles) il n’y a pas eu pour nous une grande action, pourtant quand ils veulent mobiliser, ils le peuvent. C’est ce qu’ils sont en train de faire pour la manifestation de samedi prochain à Bruxelles. » (il s’agit des manifestations du 19 mars à Bruxelles à l’appel du FSE, de la CES et de la Marche des Jeunes) ». Ce témoignage exprime (même si comme on l’a vu par après, la FGTB n’a que très peu mobilisé pour cette journée du 19 mars et, par peur du potentiel que pouvait représenter la Marche des Jeunes, a freiné sa mise en place et la mobilisation) que les travailleurs sont conscients du fait que l’appareil a une capacité de mobilisation immense, mais qu’il ne s’en sert que pour ses propres intérêts.

    Quel rôle a joué la CSC ?

    L’appareil national et régional de la CSC pratique depuis toujours et partout une politique de collaboration de classe avec les patrons qui déteint sur les délégations syndicales CSC. Dans la pratique de tous les jours elle est le relais du patron dans l’usine, même si dans certains cas, poussée par la base, elle doit aller plus loin qu’elle ne le veut. Dans le conflit d’AGC elle est restée fidèle à elle-même. L’appareil de la CSC est toujours le premier à rompre l’unité à la base qui existe, même en pleine lutte. Dans la grève de Splintex cette attitude habituelle s’est confirmée. Le permanent régional CSC R. Wanty déclarait dans une conférence de presse que « la direction d’AGC s’installe dans le conflit; une délocalisation est à craindre » et il se disait « prêt à négocier, même seul s’il le fallait ». Alors que l’assemblée du personnel s’était prononcée le matin même et avait donné mandat aux délégués pour ne pas négocier si le patron ne revoyait pas sa copie, la CSC voulait négocier à tout prix et était fin prête à accepter le plan patronal sans grande discussion, ouvrant ainsi une brèche dans le front uni des travailleurs FGTB-CSC. Tout au long du conflit, une grande partie des affiliés CSC s’en sont pris à l’attitude de la délégation CSC. Mais au cours des dernières semaines, les travailleurs ont condamné la position de la CSC qui a fait ouvertement le jeu des patrons, renforçant ainsi la tendance des moins combatifs à reprendre le travail. Ils ont même demandé la démission du délégué principal CSC. Il ne faut jamais oublier qu’à l’origine de la naissance du syndicalisme, la CSC a été créée par les patrons pour combattre la FGTB. Il est incontestable que dans cette grève la CSC a joué un rôle néfaste et qu’elle porte une lourde responsabilité dans la défaite de ce conflit. Parfois, certains délégués CSC de base vont plus loin que leur direction, mais ça reste exceptionnel car dans la plupart des cas comme à Splintex, ils se sont alignés sur la direction régionale et nationale de la CSC.

    Le rôle du PTB

    Le PTB, parti stalinien, a été félicité publiquement par C. Viroux à la manifestation de Fleurus pour sa position de non-ingérence dans le conflit d’AGC. Le PTB a relayé dans ses tracts et dans sa presse les revendications des travailleurs de Splintex. Il est resté à la remorque de l’appareil syndical sans donner de perspectives autres que celles que celui-ci autorisait. Et surtout il n’a pas soutenu la proposition d’une grève de 24 heures à Charleroi qui avait été faite en assemblée interprofessionnelle des délégués. Cette attitude est curieuse vu que le PTB écrit dans son journal du 8 décembre 2004 : « Pour beaucoup, la victoire dans cette lutte sociale dépendra de la solidarité venant des autres entreprises ». Et plus tard, le 2 février 2005 dans Solidaire, il écrit : « Le PTB propose une grève de 24 heures dans toute la région » Mais si on est vraiment convaincu que c’était nécessaire, il ne suffit pas de l’écrire une fois pour toute dans son journal comme une proposition platonique. Il faut tout faire pour que cette proposition soit diffusée largement par des tracts afin qu’elle soit acceptée et imposée aux appareils syndicaux à travers la pression exercée par les travailleurs. Mais cela n’a pas été le cas ; au contraire, dans la pratique le PTB a préféré ne pas affronter les appareils syndicaux avec cette proposition de 24 heures de grève qui ne convenait pas aux bonzes syndicaux. Il y a là une contradiction évidente qui doit être considérée en fin de compte comme une attitude de suivisme, le PTB ne voulant pas entrer en opposition avec la position de l’appareil syndical. En plus lors d’une réunion dans le local du PTB, un ex-délégué qui critiquait le refus de l’interprofessionnelle FGTB d’étendre la grève a été prié de se taire ; comme respect de l’expression démocratique et de ceux qui ne pensent pas comme eux, ils sont très loin du compte. Ce parti opportuniste et sectaire n’exerce que très peu d’influence sur les ouvriers. En fin de compte, le PTB a eu comme position de suivre l’appareil syndical comme une fin en soi et on connaît le résultat pour les travailleurs qui se retrouvent sur le pavé.

    Le rôle du POS

    Le POS a distribué un tract où on pouvait lire: « l’interprofessionnelle doit passer à l’action en appelant à une grève générale régionale de 24 heures ». Mais ses militants et ex-délégué FGTB ne se sont pas battus dans les assemblées interprofessionnelles pour arracher ce mot d’ordre. Ils n’ont pas non plus appuyé la proposition quand elle a été faite dans l’assemblée, ils ont préféré suivre l’appareil syndical qui n’en voulait pas en disant comme A. Henry à la tribune syndicale : « C’est quand les robocops sont intervenus à Splintex qu’il aurait fallu faire une grève de 24 heures; ça n’a pas été fait mais ce n’est pas grave ». Si c’est grave parce qu’un mot d’ordre de 24 heures de grève générale régionale, bien qu’il soit correct de le proposer dans un tract comme l’a fait le POS, n’est pas suffisant en soi. Il faut que ses militants se battent contre l’appareil syndical pour l’obtenir si on ne veut pas que ce soit seulement de la propagande de parti. Dans certains conflits comme celui de Splintex il faut oser prendre ses responsabilités et affronter démocratiquement l’appareil syndical qui refusait de généraliser la grève de Splintex. Toujours revenir sur les grèves du passé, comme celle qui s’est déroulée en 1975 à Glaverbel-Gilly, même si elle a été importante, n’est pas une attitude correcte qui correspond à la réalité d’aujourd’hui, car le contexte de 1975 n’est pas du tout le même qu’en 2005. C’est pendant l’assemblée interprofessionnelle au moment où la discussion était très vive entre les bonzes syndicaux et certains délégués et militants de base qu’à choisi A. Henry pour dire à la tribune : « je pense personnellement que l’interprofessionnelle a fait son travail, elle s’est démenée pour trouver le matériel de projection pour projeter le film sur la grève de Glaverbel en 1975 ». Au lieu d’emboîter le pas et de couvrir les appareils syndicaux, les militants ou ex-délégués qui se revendiquent du marxisme doivent s’efforcer à chaque occasion de dénoncer les freins que constituent les appareils syndicaux réformistes. Comme cela a été le cas dans la grève de Splintex. Tous ceux qui n’agissent pas en conséquence n’ont pas du tout compris ce qu’il y a d’essentiel dans le marxisme, à savoir la lutte anti-capitaliste sans complaisance pour les directions du mouvement ouvrier qui freinent les luttes.

    S’il est exact de dire comme le fait A. Henry dans son article paru dans La Gauche d’avril 2005, n°12, où il écrit entre autres: « Car cette solidarité doit être plus que jamais une participation active au combat quotidien des grévistes, elle ne peut pas se limiter seulement à une aide financière épisodique. Elle doit au contraire être partie prenant et intégrale de la lutte et ce à l’échelle nationale, européenne, internationale ». Nous pouvons être d’accord avec cette prise de position, mais il est regretable qu’elle vienne quand le conflit est terminé. Alors que pendant la grève, dans la pratique, il a pris une position tout à fait contraire en empêchant toute initiative du comité de soutien sous prétexte de « non-ingérence dans le conflit ». Plusieurs militants du comité de soutien voulaient aller dans le sens qu’il indique dans son article. C’est-à-dire être partie prenante et intégrale dans la lutte, ces militants avaient comme objectif principal l’extension de la grève à la région. Mais cela n’a pas été possible car A. Henry a fait barrage. Il a refusé de rompre le lien qui le lie à l’appareil syndical réformiste. C’est suite à ces divergences fondamentales que le comité de soutien s’est coupé en deux tendances.

    Dans le contexte politique d’aujourd’hui, il ne suffit plus d’apparaître à gauche en lançant un appel à la création d’un forum syndical et en écrivant à juste titre d’ailleurs que : « les organisations syndicales sont sclérosées par une bureaucratie étouffante que les syndicalistes ont le devoir de combattre en luttant pour une véritable démocratie ». Et dans la pratique faire juste le contraire. Dans la grève d’AGC-Fleurus les initiateurs de cet appel se sont mis eux-mêmes dans une situation de refus de combattre l’appareil bureaucratique. Ils ont limité leur intervention dans le cadre autorisé par la bureaucratie sans jamais vouloir la critiquer sous prétexte qu’ils n’avaient pas à « s’ingérer dans le conflit ».

    Si c’est de cette façon qu’ils conçoivent le devoir de combattre pour une véritable démocratie, c’est qu’ils n’ont toujours pas compris ce qu’il y a de fondamental dans la pratique de la lutte de classe. Quand on écrit ce genre d’appel, il faut être conséquent avec sois-même si on veut éviter que ce soit des paroles en l’air. Toujours craindre de critiquer démocratiquement l’appareil syndical sous prétexte que sans lui nous ne somme rien, ça revient à dire qu’il faudra bientôt lui demander l’autorisation de respirer.

    Que manque-t-il pour gagner les luttes futures ?

    Tous les délégués et militants syndicaux combatifs doivent développer dans les usines une stratégie de lutte de classe sur base de la compréhension qu’un changement de la société est nécessaire, que sous le régime capitaliste tout acquis n’est que provisoire. Il reprend aux ouvriers de la main droite ce qu’il leur a donné de la main gauche. Mais il faut aussi avoir la compréhension du rôle de l’Etat dans cette société et de la nature du PS et des appareils syndicaux. Si nous ne voulons plus continuer d’aller de défaites en défaites, nous devons nous organiser à la base dans une tendance de gauche syndicale à l’intérieur de notre syndicat, il n’est nullement question de créer un nouveau syndicat, c’est une question de principe. Mais d’avoir pour objectif d’organiser les travailleurs en rupture avec les méthodes réformistes de collaboration de classe qui ne conduisent inévitablement qu’à des défaites successives. S’organiser afin de gagner les luttes qui se développent et contre les attaques répétées des patrons. Mais cela n’est pas suffisant, il faut aussi s’organiser afin d’avoir un prolongement politique qui s’appuie sur les méthodes traditionnelles de la lutte de classe. Pour cela il faut construire un grand parti ouvrier s’appuyant sur un programme anti-capitaliste, organe de combat de la classe ouvrière pour permettre la transformation socialiste de la société. Pour empêcher les délocalisations continuelles, il faut un programme qui empêche les multinationales de délocaliser en exigeant pour les entreprises qui menacent de fermer le remboursement des aides publiques qu’ils ont reçues ainsi que la nationalisation sans rachat ni indemnité sous contrôle ouvrier. Un grand parti ouvrier qui lutte contre le capitalisme et qui ne fait aucune concession politique, ni au PS ni aux appareils syndicaux, n’existe pas encore à ce jour. Le MAS est partie prenante dans cette construction; il est encore petit à l’heure d’aujourd’hui, mais ses militants agissent sur le plan syndical et politique avec des revendications et un programme qui va dans un sens anti-capitaliste et anti-réformiste.

    C’est aux travailleurs et à son avant-garde qu’incombe la tâche d’atteindre ce but. Le MAS veut contribuer à la construction d’un grand parti ouvrier. « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Nous, les syndicalistes, savons par expérience que le syndicat est le dernier rempart des travailleurs contre toutes les attaques patronales. Mais il ne faut pas pour autant se mettre un bandeau sur les yeux. Il faut toujours et en toutes circonstances savoir faire le bilan d’un conflit quel qu’en soit le résultat. C’est au travers de la lutte, de la discussion, de la critique que le mouvement ouvrier a progressé et certainement pas en voulant nous faire prendre des vessies pour des lanternes comme tentent de le faire depuis plusieurs années les bonzes syndicaux.

    Cette brochure ne va pas faire que des heureux mais si ceux qui osent critiquer l’appareil syndical sont considérés par les bonzes syndicaux comme des anti-syndicalistes, alors il faut se poser la question : le syndicat en 2005 est-il encore une organisation démocratique? Si ce n’est plus le cas, alors il faut le dire ouvertement afin que les travailleurs sachent à quoi s’en tenir. Dans la pratique de la lutte de classe, la vérité à ses droits. La ligne politique qui en découle doit être placé au dessus des éventuelles amitiés où camaraderies qui peuvent exister.

    LE SOCIALISME EST MAITRE DE L’HEURE,

    MAIS IL FAUT POUR CELA QUE TOUS CEUX QUI SE DISENT SOCIALISTES, SOIENT DIGNES DE CE NOM.

    OUI A LA LUTTE DE CLASSE

    NON A LA COLLABORATION DE CLASSE

    VIVE LA GREVE DES TRAVAILLEURS DE SPLINTEX


    P.S. : Il y a encore beaucoup de choses à dire sur la grève d’AGC. Mais nous allons nous arrêter ici pour le moment. Nous ne manquerons pas de revenir sur ce conflit qui restera dans les mémoires des travailleurs. En tout cas, tous ceux qui s’y sont investis resteront marqués pour toujours.

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