Tag: Football

  • Brésil : la Coupe pour qui ?

    • La FIFA et les multinationales, dégagez !
    • Pour des services publics gratuits et de qualité !
    • Pour des compétitions sportives aux mains de la collectivité et des supporters !

    “Faut absolument dire aux Brésiliens qu’ils ont la Coupe du monde, qu’ils sont là pour montrer la beauté de leur pays, leur passion pour le football et que, s’ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football, quoi.”

    Michel Platini, président de l’UEFA.

    “Faut absolument dire à Platini et ses amis qu’ils sont déconnectés de la réalité, qu’ils sont là pour leur soif de pouvoir, faire du fric sur notre dos et que, s’ils pouvaient dégager, lui et son système pourri, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football, quoi.”

    Les 99%.


    Pendant que la FIFA et ses cousins d’autres sports prennent en otage les compétitions sportives pour faire du profit, les travailleurs et les pauvres au Brésil crient leur colère contre ce système injuste qui donne des milliards pour satisfaire aux conditions de la FIFA tandis que les services sociaux, même basiques, sont, au pire, absents, au mieux, insuffisants. A cause du manque de sécurité et des cadences folles mises en place pour respecter les délais, une dizaine de travailleurs sont morts sur les chantiers. Et le cynisme est poussé jusqu’à organiser des journées de deuil tout en continuant la construction des stades, puisqu’il faut tenir les délais exigés par la FIFA.

    Par Stéphane Delcros

    On aurait pu titrer ‘‘La Coupe du Monde de la honte’’, mais ça a déjà été fait, et ça risque de continuer si rien ne change. La corruption, visible aux yeux de tous, qui entoure la désignation de la Russie et du Qatar comme pays hôtes des Coupes du Monde 2018 et 2022, a montré aux derniers sceptiques que la FIFA, l’institution suprême du football mondial, est pourrie jusqu’à la moelle et doit être démantelée. Elle ne représente en rien les aspirations des centaines de millions de pratiquants, d’employés, de bénévoles et de supporters à travers le monde.

    Comment le petit business de la FIFA se présente-t-il en général ? Des autorités dociles, qui dépensent l’argent de la collectivité (plus de 4 milliards d’euros pour le Mondial sud-africain de 2010) dans la construction de stades de prestige et d’infrastructures, ce qui permet à des entrepreneurs d’empocher le magot (1,1 milliard) tandis que les supporters paient le prix fort, tout comme la population locale, confrontée à une augmentation du coût de la vie. Après quoi, la FIFA et ses fédérations continentales peuvent se partager les bénéfices des droits-télé, sponsorings et tickets de stade (1,8 milliard). Les top-managers de l’association ont bien mérité de s’octroyer un petit bonus (40 millions). Les stades inutiles sont abandonnés, ou détruits. Et les représentants politiques des capitalistes accentuent les politiques d’austérité pour essayer de rembourser la dette publique, qui a explosé.

    Le système capitaliste pervertit la compétition sportive

    La société capitaliste n’a rien d’autre à offrir que la perversion du sport et des compétitions sportives par l’ultra-marchandisation et la recherche effrénée de profits. La compétition sportive doit au contraire être un évènement populaire, contrôlé par les supporters et la collectivité.

    Les luttes des masses au Brésil doivent réussir à s’unifier, pour revendiquer des services publics gratuits et de qualité et prendre en mains la gestion de cette Coupe du Monde et la manne de profits qu’elle pourrait réaliser. Ces luttes peuvent être les prémices de futures batailles entourant les prochains grands évènements sportifs, à commencer par les JO de Rio en 2016. Sous le contrôle et la gestion de la population, à côté des nécessités sociales, seuls les aménagements en infrastructure strictement nécessaires doivent être réalisés.

    Lutter pour de telles revendications exige de se battre aussi pour un autre type de société, orientée vers les intérêts de l’ensemble de la collectivité et non plus vers les profits d’une poignée de capitalistes. Il ne suffit pas de s’attaquer au sommet de la tour d’ivoire de Blatter et Platini ; il faut en détruire les fondations.


    Une vague de luttes et de manifestations déferle sur le Brésil dans la perspective de la tenue de la Coupe du Monde. Les travailleurs du métro de Sao Paolo ont ainsi entamé le 5 juin dernier une puissante grève. Cette grève a été suspendue ce lundi soir, mais une assemblée générale est prévue ce mercredi, veille du coup d’envoi de la Coupe afin de décider d’éventuelles nouvelles actions. Cette lutte dépasse largement le cadre strict des revendications salariales et représente le combat pour la défense des transports publics pour la population. Les grévistes ont bénéficié d’une attention nationale, mais ont été victimes d’une répression brutale de la part de l’Etat.

    Ce vendredi 13 juin, nous appelons à la tenue d’une action de solidarité face à l’ambassade du Brésil, Ambassade du Brésil, 350 Avenue Louise 1050 Bruxelles, à 17h30. Des actions similaires se tiendront dans d’autres pays, à l’initiative de sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), dont le PSL est la section belge.

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  • Brésil : A l’approche de la Coupe du Monde, le climat social devient plus tendu

    Protestations aux Brésil : Action de solidarité à Bruxelles ce vendredi 13 juin

    Une vague de luttes et de manifestations déferle sur le Brésil dans la perspective de la tenue de la Coupe du Monde. Les travailleurs du métro de Sao Paolo ont ainsi entamé le 5 juin dernier une puissante grève. Cette grève a été suspendue ce lundi soir, mais une assemblée générale est prévue ce mercredi, veille du coup d’envoi de la Coupe afin de décider d’éventuelles nouvelles actions. Cette lutte dépasse largement le cadre strict des revendications salariales et représente le combat pour la défense des transports publics pour la population. Les grévistes ont bénéficié d’une attention nationale, mais ont été victimes d’une répression brutale de la part de l’Etat.

    Ce vendredi 13 juin, nous appelons à la tenue d’une action de solidarité face à l’ambassade du Brésil, Ambassade du Brésil, 350 Avenue Louise 1050 Bruxelles, à 17h30. Des actions similaires se tiendront dans d’autres pays, à l’initiative de sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), dont le PSL est la section belge.


     

    Une nouvelle étape franchie dans la lutte des classes

    Par André Ferrari, LSR (CIO-Brésil)

    La grève des travailleurs du métro a très précisément commencé à la date anniversaire du début des manifestations massives du mois de juin de l’an dernier. Des millions de personnes étaient alors descendues dans les rues de centaines de villes à travers le pays, révoltées contre une nouvelle augmentation des tarifs des transports en commun. À la suite de cette explosion sociale, les différentes autorités du pays ont été contraintes de revenir sur ces augmentations, mais elles n’ont en rien remis en cause le processus néolibéral de privatisation et de démolition des transports en commun publics. A partir de juin 2013 s’est ouvert un nouveau cycle ascendant des luttes de la classe des travailleurs dans un contexte de crise économique croissante et d’impasse du modèle économique et politique des gouvernements du PT (tant sous la présidence de Lula que sous celle de Dilma).

    Si les luttes ont été plus fragmentées depuis lors, elles ont acquis un clair profil de classe. D’innombrables grèves ont eu lieu dans les secteurs public et privé. Ces batailles de classe ont touché non seulement les secteurs de travailleurs ayant de fortes traditions syndicales combattives (enseignement, banque, poste, métallurgie, etc.) mais aussi les secteurs plus précaires qui ont plus de difficultés à développer une organisation syndicale. Ce fut le cas des travailleurs publics du secteur du nettoyage à Rio de Janeiro, qui ont organisé une grève au beau milieu du «carnaval». Ils ont dû faire face à la brutalité et à la répression de la mairie de Rio de Janeiro, mais aussi à la pression de la bureaucratie syndicale pro-gouvernementale. Ils ont pu jouir d’un énorme soutien populaire et ont remporté une énorme victoire qui a stimulé des luttes similaires dans d’autres villes du pays. Ce fut encore le cas d’environ 28.000 du complexe pétrochimique de Rio de Janeiro. De même, les chauffeurs d’autobus de Rio de Janeiro et Sao Paulo ont organisé des grèves, en passant par-dessus la volonté de leurs dirigeants syndicaux. À l’heure actuelle, plusieurs secteurs sont en lutte et beaucoup en grève. Un des plus forts mouvements de grève se trouve dans les universités de l’Etat de São Paulo, notamment à l’USP (Université de São Paulo) avec des mobilisations intenses d’étudiants, d’enseignants et du reste du personnel.

    Le rôle central du MTST

    Au cours de ces dernières semaines, les manifestations dirigées par le Mouvement des Travailleurs Sans-Toit (MTST), principalement à São Paulo, ont eu une large attention. A l’aube du 3 mai, le MTST a mené une occupation massive de terres que leurs propriétaires destinaient simplement à la spéculation. Ce terrain est situé à quelques kilomètres du stade qui accueillera l’ouverture de la Coupe du Monde dans le quartier Itaquera, à l’est de la ville de São Paulo. Le stade a coûté près d’un milliard de Reals (400 millions de dollars), et l’occupation visait à illustrer le contraste entre d’une part les dépenses publiques destinées à stimuler les bénéfices de la FIFA, des grands constructeurs et des spéculateurs immobiliers et d’autre part la situation de vie précaire des travailleurs.

    L’occupation d’Itaquera a été dénommée « la Coupe du Peuple », et elle implique aujourd’hui 4.000 familles environ. La Coupe du Monde a entrainé une forte augmentation des prix de l’immobilier (jusqu’à 200% dans certains quartiers de la ville) et de grandes augmentations de loyer. Des millions de travailleurs sont contraints de quitter leurs foyers et de vivre plus loin de leur lieu de travail, aggravant encore le problème de la mobilité urbaine dans une ville comme São Paulo. Les revendications consacrées au droit au logement et au transport font partie intégrante de la lutte pour le droit des travailleurs à disposer de leur ville, alors qu’elle est aux mains des entreprises.

    Le MTST a pu organiser des marches de milliers de travailleurs sans-abri et de leurs alliés afin de défendre leurs revendications. La dernière a eu lieu le 4 juin, quand 25.000 personnes ont bloqué l’accès au nouveau stade tout juste une semaine avant l’ouverture de la Coupe du Monde. Cette manifestation a mis en évidence la force du mouvement, capable de menacer l’ouverture même de la Coupe du Monde.

    Quelques jours avant, la menace d’une expulsion forcée du site Itaquera ouvrait la sombre perspective d’un bain de sang, puisque le mouvement avait opté pour la résistance. Mais peu après, le gouvernement fédéral de la présidente Dilma Rousseff (PT) a cherché à ouvrir des négociations et a indiqué que le gouvernement allait répondre aux revendications du mouvement. Le terrain occupé par la «Coupe du Peuple » doit être affecté à la construction de logements abordables avec des fonds publics sous l’administration du mouvement lui-même. Une fois confirmée une telle retraite de la part du gouvernement, cette victoire éclatante de la lutte du MTST ouvrirait la voie à de nouvelles luttes pour d’autres mouvements.

    La grève du Métro

    C’est dans ce contexte que la grève des travailleurs du métro a lieu. Dans ce cas, l’ennemi direct est le gouvernement de l’État de São Paulo dirigée par le néolibéral Alckmin (PSDB). L’approche des autorités a jusqu’ici été faite de brutalité extrême avec répression policière aux piquets de grève dans les stations de métro, menaces de licenciement et une grande intransigeance dans les négociations. Le syndicat des travailleurs du métro est dirigé par la gauche syndicale, généralement liée aux partis PSTU et PSoL, et bénéficie d’un large soutien dans le secteur. La plupart des dirigeants syndicaux sont liés à la fédération CSP-Conlutas, mais le syndicat du Métro n’est pas affilié à une fédération syndicale particulière. Les assemblées générales quotidiennes réunissent plus de 2000 travailleurs, sur environ 9500. Les piquets de grève sont organisés pour bloquer certains pans du réseau, puisque les patrons se sont mobilisés pour faire fonctionner certaines lignes de métro, en mettant par ailleurs en danger la population puisque le personnel n’est pas formé pour cela. Le gouvernement essaie à tout prix de tourner l’opinion publique contre les travailleurs du métro, sans beaucoup de succès. Mais la tâche est rude pour gouvernement Alckmin, puisque ce gouvernement et de précédents du PSDB sont impliqués dans un énorme scandale de corruption qui implique de grandes entreprises comme Siemens et Alstom, fournisseurs de matériel et de services pour le métro de São Paulo…

    Dans le cadre de la préparation de la grève, le syndicat a dénoncé la politique du gouvernement Alckmin concernant les transports publics. Le syndicat a également proposé que, pour ne pas nuire à la population, les travailleurs annulent l’arrêt de travail en échange de l’ouverture des tourniquets de métro donnant ainsi gratuitement accès aux utilisateurs! La proposition a été bien accueillie par la population et a même servi à promouvoir le débat sur la revendication de la gratuité des transports publics, qui a gagné en popularité depuis juin 2013.

    Mais le gouvernement, avec le soutien de la Cour du travail, s’est réuni ce dimanche pour juger la grève illégale, au motif que le syndicat ne garantit pas le bon fonctionnement du métro pendant les «heures de pointe», car il s’agit d’un service « essentiel ». Que reste-t-il du droit de grève si une catégorie des travailleurs est censée travailler à 100% durant une grève ? Les tribunaux ont imposé une amende de cent mille Reals au syndicat (40.000 $) par jour de grève et ont déclaré légitime le licenciement des grévistes. Les travailleurs se sont réunis à nouveau réunis en assemblée le dimanche 8 juin et ont décidé d’affronter le gouvernement, les médias et les tribunaux.

    À l’heure actuelle, de nombreux secteurs du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux, y compris le MTST et les organisations de jeunesse, se mobilisent pour construire une action de masse en soutien des travailleurs du métro. La force et la volonté de se battre des travailleurs du métro, avec le soutien populaire organisé en une grève, sont des facteurs qui peuvent être en mesure de pousser le gouvernement à la défaite.

    Unifier les luttes et construire une grève générale de 24 heures

    LSR (section du CIO au Brésil) a lutté de toutes ses forces pour construire l’unité des luttes qui se développent aujourd’hui dans le pays. LSR est notamment intervenu dans les luttes du MTST et de la CSP-Conlutas, le groupe le plus dynamique de la gauche syndicale, en défendant que ces deux pôles de lutte devaient agir de manière coordonnée, ce qui est maintenant en train de se produire. LSR a également préconisé la nécessité d’une conférence nationale des mouvements en lutte pour élaborer une plate-forme commune et un plan d’action commun. Nous avons également fait valoir qu’il est nécessaire de construire par la base une grève générale de 24 heures dans le pays.

    Parvenir à une lutte unifiée des travailleurs du métro, des enseignants, des travailleurs sans-toit et des jeunes est une condition préalable à la réorganisation et à la reconfiguration d’un mouvement des travailleurs combattif et d’une gauche socialiste.

    Des messages de solidarité avec les travailleurs du Métro peuvent être envoyés au Sindicato dos Metroviarios de Sao Paolo, sindicato@metroviarios-sp.org.br, avec copies à andre.ferrari@uol.com.br .

  • Coupe du monde de foot 2014 : les travailleurs font leur entrée sur le terrain !

    Depuis juin 2013 les luttes « anti-coupe du monde » s’intensifient au Brésil devant la masse pharaonique des investissements. Partout, le slogan « Pendant la coupe il y aura la lutte » est scandé dans chaque état. Dans l’affolement, le gouvernement, coincé entre des intérêts privés gigantesques et la colère des classes populaires, utilise les médias et la voix des anciens joueurs comme Pélé pour appeler le peuple « au calme et à l’amour du foot. »

    Mariana Campos (militante de la Gauche Révolutionnaire –CIO- France) Alexandre Arnaud.

    Mais alors, la passion du football aurait-elle quitté le Brésil ? Au moment où la coupe du monde arrive chez eux, 64 ans après avoir laissé filer « leur » coupe à l’Uruguay, et toujours en 2014 sur la liste des favoris, les Brésiliens tourneraient-ils le dos à leur sport national ?

    En 2000, le football au Brésil comptait trente millions de pratiquants (soit 16 % de la population), 800 clubs professionnels et onze milles équipes amateurs. On évaluait alors à un millier le nombre de footballeurs brésiliens à quitter le pays chaque année pour vivre du football à travers le monde. En 2014, ces données ne sont pas remises en cause, bien au contraire. Avec ses 5 éditions remportées, le Brésil est toujours le « pays du football ».

    Dilma, la présidente, comptait d’ailleurs encore récemment sur cet engouement footballistique pour que la crise se résolve d’elle-même dès le premier coup de pied donné au ballon. A quelques jours du coup d’envoi, tous les manifestants sont là pour lui rappeler qu’il n’en sera rien.

    Mais le paradoxe n’en est certainement pas un. Si le football est bien dans le cœur de tous les Brésiliens et dans toutes les conversations, ceux-ci n’ont pas tardé à se rendre compte que quelque chose n’allait pas, quand les sommes d’argent public ont commencé à défiler sous leurs yeux, alors que les moyens alloués à l’éducation et à la santé sont toujours aussi inadaptés à la réalité sociale. La goutte d’eau qui a fait déborder la coupe a été, on s’en souvient, une augmentation de 20 centavos du prix des transports publics en juin 2013, déjà trop chers et insuffisants.

    Depuis 2007 et l’attribution de l’organisation de la coupe du monde au Brésil, le coût de la vie augmente fortement, tant au niveau des produits de base que du logement (qui explose littéralement à Rio).

    Les principales revendications portent sur les bases-mêmes de la construction de la société brésilienne : santé, éducation, meilleures conditions de travail, transport, logement et corruption. Aux yeux du gouvernement, ils sont des enfants gâtés, et la seule réponse apportée par l’Etat est la force : chars, hélicoptères, matraques, cavalerie, balles réelles. Au total, 2000 personnes en prison depuis juin 2013, et de nombreux morts (dont les autorités refusent généralement la responsabilité).

    Dans la réalité, selon le programme des Nations Unies pour le développement, la 8ème puissance économique mondiale se situe à la 85ème place dans le classement des pays par leur Indice de Développement Humain (IDH). Celui-ci est calculé d’après trois critères : l’espérance de vie à la naissance, la durée de scolarisation et le niveau de vie.

    Par ailleurs, d’après l’indice de perception de la corruption (CPI) créé par l’ONG Transparency International, le Brésil se situe à la 69ème place des pays les moins corrompus.

    Les chiffres tellement enthousiasmants du chômage et de la croissance ne sont donc pas les seules données à prendre en compte pour comprendre la situation de la société brésilienne. Sa souffrance n’est donc pas « psychologique » mais s’appuie bien sur une réalité, et aujourd’hui, la coupe du monde se présente comme le moment pour la population de poser les cartes sur la table, de prendre son destin en main tout en prenant à témoin l’opinion internationale.

    « La coupe pour qui ? »

    On se souvient de la déclaration de Lula suite aux catastrophiques inondations suivies de glissements de terrain dans les favelas de Rio en janvier 2011 : « Ne vous inquiétez pas, tout sera prêt pour la coupe du monde ». Depuis, les expulsions se sont succédées, les hôtels de luxe ont fleuri, c’est ce que l’on a appelé la « pacification » des favelas.

    Concernant les stades, les choix du gouvernement PT sont pour le moins curieux, dont celui de démolir des stades existants pour reconstruire des stades de luxe à prix exorbitant, celle d’organiser la coupe sur 12 stades dont 4 dans des villes où le foot est insignifiant. A Manaus, en pleine Amazonie, que va faire le club de 4ème division avec un stade de 40000 places ? En tout, le budget de la coupe du monde représente 17 milliards de dollars, soit plus que la coupe en Allemagne et en Afrique du sud réunies, dont 70% payés par l’Etat. Même la Fifa a déclaré en décembre 2013 qu’il n’a jamais dépensé autant pour la construction de stades.

    Les constructions de stades dans les villes de Manaus, Cuiabá, Natal et Brasilia, inutiles à moyen terme, ont été financées par les programmes destinés au départ à l’adolescence, la scolarisation, la santé et le logement sans aucun projet réaliste pour la suite. Ce qui est sûr, c’est que c’est bien l’Etat qui assurera les dépenses d’entretien annuel.

    Ainsi à Brasilia, le stade Mané Garrincha était prêt, mais a été démoli et reconstruit en dépassant même les exigences environnementales imposées par la FIFA. Il pourrait même être le premier stade au monde certifié LEED Platine ! Plus de 600 millions d’euros ont été dépensés et payés intégralement par le gouvernement fédéral. Les solutions imaginées pour l’après-coupe du monde seraient de louer le stade aux grandes équipes de Rio et São Paulo, alors qu’elles ont déjà leurs propres stades. Par ailleurs, quels supporters feront 5 heures d’avion pour aller voir leur propre équipe jouer à Brasilia ?

    Dans le même ordre d’idées, le gouvernement d’Amazonie envisage de louer le stade de Manaus pour les équipes européennes pendant la saison d’hiver en Europe ! A moins de se moquer des supporters et d’en finir avec l’idée d’un sport populaire, cela paraît bien fantaisiste, les intéressés n’ayant d’ailleurs rien demandé.

    Par ailleurs, pour honorer ses engagements envers la FIFA, la pression sur les travailleurs est telle que ce sont eux qui au final risquent leur vie : pas moins de 8 ouvriers ont trouvé la mort dans les chantiers par manque de sécurité. Leurs salaires ne sont pas seulement en retard, mais ils risquent aussi de ne pas recevoir la totalité.

    Il suffit de considérer l’exemple sud-africain de la dernière coupe du monde pour s’imaginer ce qu’il adviendra des stades. Depuis 2010, les stades de Newspreut, Port Elisabeth, Polokwane sont très peu utilisés. Lee Cape Town stadium dans la ville du Cap est un emblème de l’inutilité de ces constructions. Le plus grand stade du Cap est abandonné car trop cher, même pour le rugby, le sport sud-africain le plus populaire, faute de moyens. C’est donc une dépense publique nette de plus de 3 milliards d’euros par an, la FIFA ayant refusé de détruire le stade afin de ne pas donner de mauvaise image pour les prochains événements de la Coupe du Monde.

    Au Brésil, on calcule qu’il ne faudrait pas moins d’un millier d’années à l’Etat brésilien pour rembourser ces dettes, soit des générations d’emblée sacrifiées. C’est donc bien une vraie question que pose le mouvement contestataire aujourd’hui.

    Le problème est-il circonscrit au football, ou au sport en général ?

    La compétition sportive en soi n’est pas le débat. La plupart des compétitions sportives n’entraîne pas de telles interrogations, tant qu’elle ne saigne pas l’économie d’un pays. Mais la taille des enjeux financiers de la coupe du monde et les appétits qu’elle suscite pose et met en évidence des choix politiques et des priorités.

    En 2013, lorsque les premières manifestations pour plus de moyens pour la santé et l’éducation, l’ancien champion du monde désormais retraité Ronaldo a voulu faire de la pédagogie : « Là, c’est la coupe du monde, et on ne fait pas une coupe du monde avec des hôpitaux ». Il s’agit bien d’un problème de choix politique.
    De très gros marchés publics

    Les trois plus grosses sociétés de BTP brésiliennes, dont Andrade Gutierrez et surtout Odebrecht avec un contrat à 3 milliards de dollars, qui détient de plus les marchés de l’aéroport international et de la rénovation du port de Rio, sont les grands gagnants. Quel que soit ce qu’il advient, ils toucheront l’argent de l’Etat, qui quant à lui devra compter sur une imagination débordante pour rentabiliser ses stades.

    La FIFA, quant à elle, vit à 98% sur les recettes de la coupe du monde, principalement en droits TV et en marketing (soit 3,9 milliards de dollars en 2010). Sa dépendance à l’évènement est totale. Les très grosses entreprises du tourisme, des transports, des medias ont également en jeu de très gros intérêts financiers dans cet évènement.

    La coupe est aussi le moment où les projecteurs sont braqués sur le pays. L’enjeu est aussi médiatique. Si les images qui nous viendront de la télévision seront sans aucun doute très séduisantes, ce que verront les touristes étrangers comptera également évidemment beaucoup. Et on a vraiment le sentiment que le gouvernement s’attache en premier lieu à cacher la misère et la balayer sous le tapis.

    Depuis quelques années, des campagnes publicitaires gigantesques recouvrent les façades des immeubles du centre de Rio. Leur but : inciter la population à jeter leurs déchets dans les poubelles, ce qui est intéressant à comparer avec la situation sanitaire des favelas où les touristes ne mettront pas les pieds : gestion des déchets, des eaux usées, rien ne semble prévu face à cette situation sanitaire qui constitue le quotidien de ces habitants. En revanche, l’Etat a mis en place en vue de la coupe du monde les UPP, Unités de Police Pacificatrices.

    Le massacre des Noirs dans les favelas et les quartiers populaires

    Entre Rio de Janeiro et Sao Paulo, la situation dans les favelas est un état de guerre comparable à celle de l’Irak dans ses moments critiques. Les recherches montrent que 140 personnes meurent sous les coups et les balles de la police tous les jours. La « guerre contre le trafic de drogue » est une extermination de la jeunesse noire et pauvre des favelas.

    Outre l’expropriation des habitants des favelas pour des spéculations immobilières ; la politique de « pacification » cache en réalité des milliers de morts, une répression très forte et une censure culturelle. Le gouvernement de Dilma pousse en effet des familles entières à la rue, car l’aide du gouvernement (250 euros pour 6 mois) ne leur garantit même pas un loyer de misère.

    Dans cette guerre nommée « pacification », à aucun moment les habitants et les travailleurs présents sont pris en compte. Seule importe la survalorisation des zones hôtelières pour la spéculation immobilière en vue des futurs évènements sportifs. Tandis que certaines zones se retrouvent en effet sans conflits, des fusillades vont éclater dans d’autres quartiers pour aller tuer les trafiquants. Entre 1997 et 2012, dans l’Etat de Rio de Janeiro, on compte 12.560 morts par les actions de la police dans les favelas. Les circonstances des morts enregistrées sont nommées « Résistance suivie de mort » et non homicides, et les morts sont systématiquement coupables.

    Une fois « pacifiée », la population n’a plus aucune possibilité de participation dans la vie du quartier. N’importe quel évènement culturel nécessite une autorisation policière, que l’on ait affaire à un « baile funk » ou à une simple fête familiale. Dans les écoles, l’Education a délégué à la police militaire la fonction de sécurité. Ainsi, les élèves qui se trouvent dans un conflit scolaire sont considéré d’emblée comme des criminels potentiels et sont soumis à des systèmes de vigilance de façon permanente. Jamais ce type d’opération ne pourrait se produire en dehors des favelas.

    La population sous contrôle policier et la criminalisation du mouvement social reflète les séquelles d’une dictature militaire.

    Le gouvernement ne s’attendait pas à une mobilisation de massive de travailleurs ces dernières années. Il se prépare maintenant à de nouvelles confrontations. Dilma a déjà affirmé que les forces armées était prêtes à intervenir en cas de besoin pour maintenir l’ordre pendant la coupe du monde, et le Ministère de la Défense a bien publié une autorisation de l’utilisation des forces armées contre d’éventuelles émeutes, le blocage des autoroutes, l’arrêt des activités productives, dégradation du patrimoine public et « invasion » de propriété, qu’il s’agisse en face de mouvement social, institution, association ou organisation non gouvernementale. Cela a déjà été mis en pratique lors des manifestations de juin, en utilisant tout l’arsenal répressif : cavalerie, hélicoptères larguant des bombes de gaz, tirs de balles en caoutchouc, etc. Cela montre bien à quoi la population doit se préparer pour les prochaines semaines.

    Les travailleurs entrent sur le terrain

    La coupe du monde ne fait finalement qu’exacerber une réalité sociale déjà existante en cristallisant les enjeux dans cette période. La lutte des classes au Brésil a seulement commencé. Les mobilisations pour la réduction du prix des transports en juin 2013 ont ouvert la boite de Pandore pour les autres revendications des travailleurs. Depuis, l’hostilité vers le gâchis publique a augmenté. Les grèves s’intensifient chaque jour dans différents secteurs : le pétrole, les éboueurs, les conducteurs de bus et de métros, la police fédérale, les enseignants, les étudiants, les sans-abri, ainsi que les habitants des favelas qui ont vu leur maison démolie pour la spéculation immobilière.

    Les luttes de ces derniers mois a permis aux travailleurs de tester leurs forces, dès lors qu’ils s’organisent, même face à la bureaucratie syndicale. Même la police fédérale prévoit une grève de 24 heures deux jours avant le début de la coupe, ce qui pourrait interrompre tout service de contrôle à l’aéroport.

    La coordination des mouvements permettrait de donner une base pour une grève générale de 24 heures. Ensemble, les travailleurs, les jeunes et le mouvement populaire disputeront le terrain de l’utilisation de l’argent public et de la coupe du monde.

    Un calendrier commun de luttes pour les revendications : gratuité des transports collectifs, contre les expulsions des habitants des favelas, investissement dans le logement populaire, stop à la peine de mort dans les favelas et les quartiers populaires, 10% du PIB pour l’éducation et la santé, fin de la criminalisation des mouvements sociaux … serait un premier pas vers l’éradication du système de privilèges des parasites capitalistes.

  • FOOTBALL vs ENSEIGNEMENT : Vers quel secteur doit aller l’argent ?

    Les syndicats de l’enseignement ont récemment critiqué le ‘‘Plan foot’’ d’André Antoine, Ministre du budget et des Sports du gouvernement Demotte II, qui prévoit 100 millions d’euros pour ‘‘redresser’’ le football wallon. Retour sur les besoins des enseignants et du personnel des écoles ainsi que sur ceux du football et du sport en général, et ce à tous les niveaux.

    Par Alain (Namur)

    Le jeudi 5 mai 2011 est un de ces jours qui fera date dans l’histoire sociale. Depuis 1996, les professeurs ne s’étaient plus mobilisés de manière générale. La colère qui était présente depuis longtemps s’est alors exprimée durant cette journée qui a vu plus de 12.000 enseignants manifester (soit 10% du corps professoral) et, selon les syndicats, près 50% des travailleurs étaient en grève. Malgré la réussite de cette action, la direction syndicale n’a pas dressé de plan d’action de combat pour étendre le mouvement aux étudiants et aux parents afin de faire plier le gouvernement. Pire encore, un projet d’accord vient d’être signé entre le gouvernement de la Communauté française et les directions syndicales, qui ne contient que de très très légers changement face au projet précédent.

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    Le front commun syndical a indiqué vouloir par la suite organiser des actions ponctuelles mais ‘‘moins dures’’ que la grève. Il semble pourtant bien que l’action du 5 mai avait commencé à créer un début de panique dans les rangs gouvernementaux, panique qui s’est étendue en cacophonie sur le décret Robin des Bois. Au lieu de maintenir la pression, les leaders syndicaux ont organisé une concentration de militants dans les rues de Bruxelles et une autre à Liège avec à chaque fois environ 150 militants. De plus, ils ont détourné la colère des profs contre les 100 millions d’euros que le Ministre André Antoine veut accorder au football wallon.

    Nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que la sortie d’Antoine sur la subvention à ce sport à un moment où le football wallon est, en tout cas en première division, au plus bas, n’est pas dénuée de calculs électoraux. De plus, il est clair que les 100 millions dégagés sur 4 ans et donc 25 millions par an vont surtout profiter au football d’élite, et nettement moins aux petits clubs, sans même parler des autres sports.

    Les manques sont partout

    Il est clair qu’avec le sous-investissement chronique de l’enseignement de ces 30 dernières années, le secteur souffre : des classes surchargées, des profs sous-payés, des conditions de travail difficiles, des bâtiments délabrés,… Alors qu’en 2005, Joëlle Milquet estimait à environ 1 milliard d’euros les besoins pour la rénovation des bâtiments scolaires, on ne peut que constater que, depuis, rien n’a encore été fait.

    Alors que les secteurs de l’enseignement et du sport se disputent 25 millions par an, les partis traditionnels laissent en paix les banquiers, les gros actionnaires et les patrons qui nous ont entrainé dans cette crise.

    Pour prendre un exemple, si l’on veut pratiquer du football en région namuroise, il faut s’acquitter en moyenne d’une centaine d’euros de cotisation annuelle (qui ne couvrent même pas les frais pour le club) auxquels s’ajoutent une autre centaine d’euros (entre 120 et 150 euros) pour les frais d’équipement et, au bas mot, encore une autre centaine d’euros pour les déplacements sur l’année. Cela fait donc, pour faire le sport le plus populaire en Belgique, une estimation basse de 300 euros par an. Si l’on voulait réduire ces frais pour les familles (environ 250.000 jeunes jouent au foot en Belgique), les 100 millions d’Antoine ne sont même pas une goute dans l’océan.

    Mais il n’y a pas que le football. Et restons en région namuroise, faute de moyens, il n’y a plus de patinoire à Jambes. La piscine y est aussi fermée pour travaux depuis des mois, celle de Salzinnes, après des semaines de rénovation, a vu un enfant se brûler au bain-bulle… D’autres piscines de la région font la une des journaux locaux pour leur insalubrité (et leur légionellose). Le complexe sportif de la ville de Namur, Tabora, a des infrastructures vétustes et, durant des mois, les utilisateurs ont été laissés sans eau chaude aux douches.

    Dans tout les clubs de sports, sans les recettes de la cafeteria et les bénévoles qui donnent de leur temps et de leur énergie, le sport populaire serait encore plus mal en point.

    Il est clair que dans tous les secteurs de la société, les manques sont présents. Mais les travailleurs ne doivent pas se disputer les miettes, mais bien exiger qu’on leur donne toute leur part dans la richesse qu’ils ont eux-mêmes créée. Cela ne peut se faire que par la construction d’un rapport de force dans la rue.

    Nous avons aussi besoin d’un parti politique qui défende réellement les travailleurs, les allocataires sociaux et les jeunes, un parti qui défend une politique qui vise à répondre aux besoins sociaux, c’est-à-dire une politique socialiste, et pas une politique qui vide l’eau croupie d’une piscine pour en remplir une autre avec.

  • Coupe du monde : La police anti-émeute attaque les travailleurs au stade Durban

    La police anti-émeute sud-africaine a tiré des gaz lacrymogènes sur des centaines de stewards qui protestaient contre des réductions de salaires, 90 minutes après le match entre l’Allemagne et l’Australie à Durban.

    socialistworld.net

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    Coupe du monde 2010

    • A qui profite la coupe du monde de foot ?
    • Afrique du Sud : La coupe du monde de… l’inégalité!
    • Rubrique “Afrique du Sud” de socialist world.net

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      «Ils nous donnent 205 rands [environ 20 €]; nous avons commencé à midi et travaillons jusqu’à minuit», explique Sikhumbuzo Mnisi, un homme de 44 ans de Durban, selon le New York Times, «Différentes choses ont été dites aux gens, mais on nous avait promis 1.500 rands (environ 140 euros) par jour”. Il a encore déclaré: «Nous avons commencé à protester parce que nous voulions négocier.»

      Selon d’autres rapports, environ 400 employés des stades ont protesté contre une baisse de salaire de 250 à 190 Rand Rand (environ € 18) par jour.

      Des centaines de stewards se sont réunis pour protester. Selon les mots de Rich Mkhondo, chef de la communication pour le comité local d’organisation de la Coupe du Monde: «La police a été appelée afin de disperser les stewards qui protestent», décrivant le conflit comme «une dispute interne entre la société de sécurité principale employée par le comité d’organisation et quelques-uns des stewards de sécurité utilisé par la société lors du match.»

      Au moins une femme a été blessée par des balles en caoutchouc. Deux travailleurs ont été arrêtés. Lorsque la police a tenté de disperser les travailleurs d’un parking près du stade, on a utilisé une grenade assourdissante.

      Il y a un an déjà, des travailleurs de la Coupe des Confédérations de la FIFA avaient protesté car ils avaient eu moins que le salaire initialement prévu.

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