Tag: Féminicides et violences envers les femmes

  • Stop à la violence sexiste et LGBTQI-phobe ! Participez aux actions des 22 et 25 novembre !

    La crise sanitaire aggrave la violence contre les femmes

    Le sexisme revêt de multiples formes : les féminicides mais aussi les violences physiques ou sexuelles que subissent plus d’un tiers des femmes au cours de leur vie (chiffres OMS) et plus de la moitié des personnes LGBTQI+ en Belgique ! C’est aussi les discriminations, les comportements et remarques inappropriés ou encore la violence économique, les femmes et les personnes LGBTQI+ étant surreprésentées dans la précarité.

    Avec la crise sanitaire et le confinement, on a enfin entendu parler de ce qui se passe derrière les portes closes des foyers. Les appels à l’aide pour violences domestiques ont triplé durant le confinement !

    Le harcèlement dans l’espace public sévit également toujours. La tenue des femmes est encore régulièrement utilisée (en 2020 !) pour leur refuser l’accès aux cours parce que “cela pourrait perturber leurs camarades de classes et leurs prof masculins”. La tenue sert aussi de justification pour une attitude sexiste, une agression, voire même un viol : “habillée ainsi, elle ne pouvait être que consentante”.

    La crise sanitaire a mis en avant les personnes d’ordinaire invisibles travaillant dans les secteurs essentiels (soins, distribution, nettoyage,…). Les femmes y sont majoritaires. Présentées comme des héroïnes, elles connaissent cependant des conditions de travail précaires (temps partiel, heures sup’ non payées, intérim), avec un risque sanitaire accru et un salaire horaire régulièrement inférieur à 14€ brut.

    La précarité nous rend plus vulnérables aux autres formes de violences. Comment dénoncer le harcèlement au travail lorsqu’on a peur de perdre son boulot et qu’une alternative alternative fait défaut (chômage, autre emploi) ? Comment sortir d’une situation familiale violente si notre revenu ne nous permet pas de vivre seule ? Individuellement, il est difficile de réagir ; collectivement, nous sommes plus fortes et plus forts.

    C’est tout le système qui est coupable

    La marchandisation de nos corps et les bas salaires ne profitent qu’à un seul groupe de la population : les ultra riches (qui ont augmenté leur fortune de 28% durant la crise sanitaire). Sexisme, racisme, LGBTQI+phobie : ils ont besoin de nous diviser pour mieux régner. Pour remédier à ce fléau, l’éducation est une solution largement insuffisante. Le problème est structurel, c’est l’ensemble du système qui doit changer !

    Combinons les revendications pour un enseignement de qualité et un meilleur accompagnement des victimes à celles contre l’objectivation de nos corps utilisés pour faire des profits et celles qui permettent notre indépendance économique pour pouvoir quitter des situations de violence et opérer de réels choix sur nos vies.

    Mon corps, mon choix :

    • Stop à la culture du viol. Pour le droit à s’habiller comme on le souhaite.
    • Stop à la marchandisation de nos corps.
    • Pour une éducation sexuelle qui aborde les notions de consentement, de genre, d’orientation sexuelle,…
    • Pour une dépénalisation complète de l’avortement et une contraception gratuite et de qualité.

    Pour une politique qui nous offre le choix :

    • Plus de moyens publics pour les refuges pour victimes de violence (femmes, familles, personnes LGBTQI+), des logements sociaux, le secteur social, l’enseignement, les transports publics,…
    • Pour des revenus qui nous permettent d’être indépendante financièrement : un salaire horaire de min. 14€ brut, une pension mensuelle de min. 1500€ net quelque soit la carrière, toutes les allocations au-dessus du seuil de pauvreté.
    • Solidarité avec les femmes sans-papiers. Pour une régularisation de toutes et tous.
    • L’émancipation des femmes nécessite une société basée sur la satisfaction des besoins de tout le monde, une société socialiste !

    Participez à nos actions et à notre meeting !

    Nous estimons essentiel d’agir dans la rue contre la violence faite aux femmes et aux personnes LGBTQI+. La sécurité des militantes et militants est cruciale et la forme des actions des 22 et 25 novembre dépendra donc de la situation sanitaire. Participez à la réunion en ligne : “Comment s’organiser contre le sexisme et la violence sexiste” de la Campagne ROSA le mardi 10 novembre de 19h à 21h.

  • Scandale dans les institutions internationales : du sexe contre un emploi, du pain, une terre

    Le capitalisme néocolonial exacerbe les abus des institutions impérialistes

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a beaucoup figuré sur nos radars ces derniers temps, souvent présentée sous un jour favorable pour ses conseils d’”expert” sur la manière de faire face à la pandémie de COVID-19. Toutefois, le 29 septembre, un rapport a été publié, détaillant les abus sexuels commis par les employés de l’OMS lors de sa réponse à la crise Ebola de 2018 en République démocratique du Congo (RDC). Aux côtés de l’OMS, d’autres agences et ONG telles que ALIMA, UNICEF, IMC, World Vision, OXFAM, MSF (Médecins sans frontières) sont accusées.

    Par Rose Lichtenstein, Workers and Socialist Party (ASI – Afrique du Sud)

    Les 51 femmes interrogées ont toutes déclaré avoir subi des pressions pour avoir des relations sexuelles avec des employés de l’OMS et d’autres agences déployées dans le cadre du projet d’aide Ebola.

    Près de 60 % d’entre elles ont été exploitées sexuellement par des hommes travaillant pour l’OMS. Des rapports indiquent également que des contrats de travail ont été résiliés lorsque des femmes ont refusé d’avoir des relations sexuelles avec leurs supérieurs masculins. Bien que le ministre de la santé de la RDC affirme qu’aucune plainte officielle n’a été déposée, les journalistes ont constaté que les récits étaient si nombreux et similaires que la pratique semblait être répandue et courante.

    Un chauffeur pour l’une des agences d’aide a déclaré que “c’était si régulier que c’était comme si on achetait de la nourriture au supermarché”. Une femme a déclaré que le sexe était devenu “un passeport” pour des emplois qui payaient des salaires beaucoup plus élevés dans une région où les emplois stables pour les femmes sont rares. “Les femmes ont déclaré que les hommes refusaient systématiquement de porter des préservatifs – à une époque où l’on décourageait les contacts physiques pour enrayer la propagation du virus mortel. Beaucoup connaissaient le nom de ces hommes”.

    Les actes “généralisés”, une forte tendance au sein de l’ONU

    Malheureusement, ces rapports ne sont pas une surprise. Les agences de l’ONU chargées du “maintien de la paix”, communément appelées les “casques bleus”, et de l’”aide” dans les régions les plus troublées et les plus déchirées par la guerre de notre planète sont mêlées à des scandales similaires depuis des décennies.

    Pendant la guerre de Bosnie (1993-94), 47 soldats canadiens de maintien de la paix ont été accusés d’avoir abusé sexuellement d’infirmières et d’interprètes et d’avoir abusé physiquement de patients souffrant de troubles mentaux. Les abus sexuels commis par les soldats de la paix de pas moins de dix contingents internationaux en République centrafricaine en 2016 étaient si graves, y compris des soldats français utilisant de la nourriture pour attirer jusqu’à des filles seulement âgées de 9 ans pour des rapports sexuels, que le HCR lui-même a été contraint d’admettre que ces actes étaient “généralisés”. Actuellement, le personnel de l’ONU dans la région ougandaise de Karamoja, frappée par la sécheresse, est accusé d’échanger de la nourriture contre des rapports sexuels dans une région où plus de 500 000 personnes sont confrontées à des pénuries alimentaires.

    La réalité est plus sombre encore si l’on considère l’exploitation sexuelle des enfants.

    Dans une étude des Nations unies de 1996 sur les effets des conflits armés sur les enfants, Graça Machel a indiqué que “dans 6 des 12 études nationales sur l’exploitation sexuelle des enfants dans les situations de conflit armé […] l’arrivée des troupes de maintien de la paix a été associée à une augmentation rapide de la prostitution enfantine”.

    En 2017, il a été rapporté que sur une période de 10 ans, plus de 100 soldats de maintien de la paix ont été impliqués dans la gestion d’un réseau de prostitution d’enfants. En 2004, Amnesty International a rapporté que des filles ont été kidnappées, torturées et forcées à se prostituer au Kosovo ; la demande d’esclaves sexuels d’enfants était alimentée par le personnel de l’OTAN et de l’ONU. Le viol systématique d’enfants locaux était utilisé comme moyen de coercition.

    Conditions d’exploitation

    Les Nations unies et d’autres agences d’aide à grande échelle se déploient souvent dans des régions où les populations locales sont confrontées à un grave désespoir. Englués dans des conditions de guerre civile et de pandémie, les femmes et les enfants sont généralement confrontés à une pauvreté extrême, au manque d’emplois, à des pénuries de nourriture et d’eau, à un accès insuffisant aux soins de santé, tant physiques que mentaux, et sont déracinés de leurs terres. Les forces de maintien de la paix et les organismes d’aide déployés dans le cadre de mesures provisoires et de secours entrent dans ces régions dans une position idéale pour tirer parti de la dernière chose qu’il reste à vendre pour ces femmes et ces enfants : leur corps. Les immenses disparités de pouvoir entre les forces “déployées” (d’occupation) et la population locale créent les conditions idéales pour que les abus se multiplient. En outre, les forces de maintien de la paix et les organismes d’aide sont parfaitement placés pour exploiter l’immense inégalité entre les sexes et l’oppression, telle que la marchandisation généralisée des femmes et du sexe et les niveaux élevés de violence sexiste, qui existent déjà dans ces régions.

    Cependant, ce sont ces mêmes “forces de maintien de la paix” et agences d’”aide” qui sont à l’origine de l’exploitation. L’ONU reçoit la grande majorité de ses fonds de nations impérialistes telles que les États-Unis (22 %) et la Chine (12 %). Ce sont ces mêmes pays dont les gouvernements et les grandes entreprises se battent pour obtenir des ressources, des terres et une main-d’œuvre bon marché dans le monde néocolonial. L’ONU a été créée pour sauver le capitalisme après la Seconde Guerre mondiale, avec des institutions financières comme le FMI et la Banque mondiale pour contrôler les anciennes colonies, et où les pays néocoloniaux sont privés de toute représentation démocratique réelle alors que les pays impérialistes jouissent d’un important droit de veto. En substance, l’ONU existe pour promouvoir les intérêts des nations impérialistes et leur poursuite de la domination économique.

    La nécessité pour le système capitaliste d’augmenter constamment ses profits et d’élargir ses marchés est à l’origine de l’instabilité politique et sociale des régions “justifiant” le déploiement de l’ONU et de l’aide. La RDC et de nombreux autres pays d’Afrique sont traités comme des terrains de jeu pour les industries extractives, où la classe capitaliste mondiale peut faire avancer son idéal selon lequel la main-d’œuvre doit être libre de tout obstacle qui empêche la circulation des capitaux et des potentiels de profits. Cet idéal a non seulement entraîné des conditions proches de l’esclavage en Afrique, mais des cas importants de travail forcé, qui continuent d’être documentés.

    Une question de pouvoir

    L’impérialisme est un capitalisme qui s’étend sur toute la planète dans une compétition entre ses principaux États-nations et leurs classes dominantes pour les marchés, les exportations de capitaux, l’influence politique et militaire. L’ONU tente d’unifier, avec un succès toujours plus grand, la classe capitaliste des différents pays et sert de médiateur entre leurs intérêts politiques et économiques sous le voile de la diplomatie.

    Cela leur permet d’affirmer collectivement leur domination sur la classe ouvrière au niveau international.

    Le viol et les abus sexuels ont toujours été une question de pouvoir sur un autre être humain. Cela remonte à l’époque où les femmes et les enfants étaient considérés comme des “butins de guerre”. Avant le milieu du siècle, les femmes et les enfants étaient capturés et vendus comme esclaves pour le travail et le sexe. Même dans les sociétés qui avaient aboli l’esclavage, il était considéré comme normal que les commandants des armées d’invasion victorieuses permettent à leurs soldats de “violer et piller” dans le cadre de leur rémunération pour les combats. Ces pratiques contribuaient à l’élément déshumanisant de la guerre et n’étaient pas limitées à un seul pays, mais constituaient plutôt un phénomène commun partout où des conflits violents pointaient le bout de leur nez.

    Le viol systématique des femmes n’est pas seulement une caractéristique historique, mais un moyen-clé de la guerre moderne aujourd’hui – la RDC, la guerre des Balkans et la Syrie en sont des exemples bien documentés. La violence sexuelle visant spécifiquement les femmes et les enfants est une arme consciente qui déshumanise et objectifie les personnes occupées. Elle joue un rôle essentiel dans le maintien des divisions fondées sur la nationalité dans l’ensemble de la classe ouvrière et la justification d’autres formes de violence.

    Dans le monde néocolonial, la misogynie toxique (préjugés ancrés contre les femmes) issue de millénaires d’oppression des femmes se mélange au racisme inventé uniquement pour justifier l’esclavage et la colonisation à la recherche de profits. L’acte même d’occupation par des forces extérieures pour maintenir la paix et/ou apporter aide et assistance fait le jeu de la fausse idée que les populations locales sont des “sauvages” incapables de résoudre ces crises elles-mêmes. Il n’est donc pas surprenant que là où des occupations de maintien de la paix ont lieu, la tendance générale soit à l’augmentation significative des actes sexuels violents. L’ONU fournit aux capitalistes le moyen de dépouiller le monde néocolonial de toutes ses richesses, et s’en sert ensuite comme justification pour envoyer des forces d’occupation “aider” les “sans défense” et “mal équipés”, tout en fermant les yeux sur la violence continue de ses forces.

    Aucune justice pour les victimes

    Le fait que les victimes de ces actes horribles n’aient pratiquement aucune voie vers une quelconque forme de justice n’est pas une coïncidence, mais une caractéristique du système capitaliste mondial. Les forces d’occupation de l’ONU sont immunisées contre les lois locales et il est de la responsabilité de leur pays d’origine de les “discipliner” et, en général, il est difficile de savoir quelle justice, s’il y en a une, a été rendue. Dans leur pays d’origine, les victimes sont confrontées à l’obstacle de l’instabilité due aux épidémies et aux conflits qui bloquent encore davantage l’accès à la justice.

    Cela illustre parfaitement les contradictions du système juridique international libéral. Les puissances économiques peuvent dominer le monde entier sous les prétextes juridiques d’institutions comme les Nations unies et la Banque mondiale – allant jusqu’à prescrire des modifications du droit local en fonction de l’”aide” fournie – mais l’accès aux droits de l’homme et à la dignité est “sous-traité” aux autorités locales.

    Les belles paroles, la reconnaissance d’actes grotesques et la promesse de faire mieux de la part des Nations unies et de leurs agences ne changeront pas grand-chose à cette question de la surexploitation des femmes et des enfants. L’ONU a été créée autour des années 1950 dans le seul but de sauver le capitalisme après que des guerres brutales aient poussé les gens ordinaires à envisager une alternative. L’exploitation est à sa racine même et, en continuant d’approuver la recherche incessante de profits dans le monde néocolonial, elle permettra la poursuite de la super-exploitation et l’intensification de l’oppression sexiste et raciste des personnes les plus vulnérables.

    Quelle alternative ?

    En tant qu’Alternative Socialiste Internationale, nous sommes opposés à toute implication impérialiste dans les conflits, qu’elle soit ou non sanctionnée par l’ONU. Nous nous efforçons d’exposer les illusions de l’ONU, de ses missions de “maintien de la paix” et de sa “charité” en tant que sauveurs, et nous tournons plutôt nos espoirs vers la classe ouvrière et les populations pauvres au niveau local, ainsi que vers la solidarité internationale de la classe ouvrière. À ce stade, il est crucial d’exiger la création de tribunaux indépendants dirigés par les travailleurs et les communautés pour enquêter de manière approfondie sur les abus de l’OMS et des agences d’aide en RDC, tribunaux qui auraient le pouvoir de demander des comptes aux auteurs de ces abus. En outre, toutes les victimes devraient bénéficier immédiatement de services de conseil et d’une indemnisation.

    Nous pensons que la classe ouvrière et les pauvres devraient avoir le contrôle des richesses – telles que les vastes richesses minérales de la RDC – qui sont produites dans la société, et nous organisons activement des campagnes de masse dans plus de 30 pays pour la nationalisation des hauts lieux de l’économie sous contrôle des travailleurs, comme un pas vers un monde socialiste. Cette richesse peut être utilisée pour créer des systèmes de santé locaux suffisamment dotés en ressources, ainsi que des comités de maintien de la paix dirigés par les travailleurs et les communautés, comme l’exige la population dans ces conditions extrêmes.

  • France : Une victime d’abus sexuels s’exprime

    Déclaration introductive de l’Exécutif International d’ASI

    Au cours des dix dernières années, des mouvements massifs contre la violence sexiste et le harcèlement des femmes ont ébranlé le monde. #Metoo a participé à cette évolution en mettant en lumière la façon dont les hommes au pouvoir, quelle que soit leur position, utilisent leur pouvoir pour s’imposer aux femmes et la façon dont les femmes doivent souvent l’accepter pour conserver leur emploi, leur position et leurs opportunités de carrière. Ce n’est pas nouveau, cela fait partie inhérente de toute société de classe. Mais le mouvement des femmes qui vient de se réveiller montre à quel point la conscience a changé, la nouvelle génération de femmes disant ou plutôt criant : nous n’acceptons plus cela !

    Avec les années 80 a commencé une période où le post-féminisme était dominant, où l’on disait que l’oppression structurelle et la discrimination des femmes n’existaient plus. Si les femmes ne “réussissaient” pas dans la société, c’était à cause des choix qu’elles faisaient. Les bas salaires étaient dus à de mauvais choix d’études. Le travail à temps partiel était dû au fait que certaines femmes choisissaient de faire passer leur famille avant leur carrière, ce qui entraînait alors de faibles retraites. La violence conjugale existait, mais les femmes “n’avaient qu’à s’en aller”. Le sexisme était un sujet de plaisanterie, et si vous ne trouviez pas cela drôle, vous étiez un rabat-joie. Dans cette période de post-féminisme, la lutte féministe a beaucoup ralenti, il ne restait plus que la lutte de quelques femmes pour obtenir des postes élevés en politique, dans les entreprises, dans toutes sortes d’organisations.

    Ce tableau a heureusement été brisé par une décennie de lutte des femmes, qui a eu de plus en plus d’effet sur toutes les luttes dans la société et a contribué à faire avancer la conscience de la classe ouvrière sur la nécessité de lutter contre l’oppression des femmes. Il n’est pas étonnant que les femmes, et surtout les jeunes femmes, soient à l’origine d’un grand nombre des révoltes que nous avons connues ces dernières années. De nombreuses sections de l’ancien Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, aujourd’hui Alternative Socialiste Internationale – ASI) ont pris part à ces mouvements de femmes, ont souvent été parmi les plus actives dans la rue, toujours avec un programme qui remettait en cause le système capitaliste en tant que coupable du sexisme structurel dans tous les aspects de la vie.

    Mais alors que ces sections ont mis sur pied des campagnes impressionnantes – en Irlande, au Brésil, en Russie, en Belgique – et que de nombreuses autres sections ont fait d’excellentes interventions chaque fois que ces questions se sont posées dans leur pays, la direction quotidienne du CIO, le Secrétariat International, ne s’est jamais impliquée. Au mieux, ils n’étaient pas intéressés, au pire, ils conseillaient activement aux sections de se tenir à l’écart de ces mouvements. Il n’y a pas eu de coordination internationale du travail sur les questions féminines, aucune tentative n’a été faite pour élever les expériences des sections qui ont développé une approche féministe socialiste au niveau international. Absente du nouveau mouvement des femmes, le SI a développé une vision politique de plus en plus “économiste” des questions du sexisme ou d’autres formes d’oppression. L’économisme signifie que vous défendez les luttes des femmes sur les salaires, les conditions de travail, les services publics, etc, mais que vous ne faites pas campagne contre le sexisme dans la société car cela serait “diviseur pour la classe ouvrière”.

    Ce concept est totalement faux. L’oppression des femmes et l’oppression de classe sont liées. Le sexisme divise la classe ouvrière. Le féminisme bourgeois ou institutionnel est également source de division car sa “solution” n’est que la féminisation de l’élite, ne changeant rien ou presque pour les couches plus larges de la société, demandant souvent aux hommes travailleurs de renoncer à leurs “privilèges”, c’est-à-dire un emploi à plein temps avec un contrat stable, des pensions décentes, etc. non pas pour améliorer la situation des travailleuses mais pour aligner les conditions vers le bas. Une véritable réponse socialiste à cette situation n’est cependant pas d’ignorer le sexisme, mais de le combattre avec une approche féministe socialiste, en exigeant que ces droits deviennent des droits pour tous les travailleurs et en luttant contre toute forme d’oppression. C’est l’approche développée par nombre de nos sections au cours de la dernière décennie, une approche qui s’inscrit dans les meilleures traditions du mouvement ouvrier et qu’ASI s’efforce de faire revivre. Pour ce faire, au sein même de l’Internationale, une rupture avec l’ancienne direction du CIO s’est avérée nécessaire. Cela s’est manifesté ouvertement dans la lutte de fraction, dans laquelle la question du mouvement des femmes et d’autres mouvements contre l’oppression était une question centrale, qui a conduit à la scission d’une minorité autour de l’ancienne direction en 2019. Cette dernière est partie et nous avons renommé l’Internationale “Alternative Socialiste Internationale” (ASI). Depuis la scission, un Bureau Femmes International a été créé et élu lors du Congrès mondial. Ce Bureau a joué un rôle essentiel dans le lancement de Rosa – International Socialist Feminists comme campagne internationale, en organisant une première grande réunion internationale des femmes en avril et quatre sessions sur les questions de l’oppression des femmes et des LGBTQI+ lors de notre Université Marxiste Virtuelle en juillet.

    En tournant la page, ASI fonde son approche sur les meilleures expériences et pratiques des sections qui ont fait un travail considérable contre le sexisme et l’oppression des femmes et qui ont mis en place des pratiques internes de lutte contre le sexisme dans leurs rangs. Nous comprenons que le sexisme fait partie intégrante de la société capitaliste dans laquelle nous vivons. En créant des organisations qui luttent contre le système à tous les niveaux et en adoptant une approche de tolérance zéro à l’égard des comportements discriminatoires, nous comprenons que nous ne pouvons pas exclure que les membres puissent avoir des attitudes sexistes, car nous avons tous grandi avec ces attitudes. Mais si nous ne pouvons pas être responsables de chaque acte de chaque membre, nous sommes responsables de l’éducation donnée à nos membres sur ces questions et de l’atmosphère dans nos partis. Nous sommes également responsables de la manière dont nous traitons les plaintes pour comportement sexiste à l’encontre de nos membres. C’est pourquoi le Bureau International Femmes travaille actuellement sur une proposition de lignes directrices internationales pour la lutte contre le sexisme dans nos propres rangs, qui sera discutée dans les organes dirigeants d’ASI et dans toutes les sections, afin d’utiliser pleinement les nombreuses bonnes pratiques et politiques développées dans nos sections pour adopter une approche commune.

    C’est dans ce cadre que nous avons discuté d’un cas horriblement mal géré, remontant à 2012 – 2013, de harcèlements et de violences sexuelles graves qui se sont produits dans la section française du CIO de l’époque, aujourd’hui une section du “CIO refondé”, en fait la minorité qui s’est séparée de ce qui est maintenant ASI. Dans le même temps, un ancien membre du CIO a lancé une campagne individuelle en France afin de dénoncer et de faire honte à l’auteur de ces actes, une figure dirigeante de la section d’alors et d’aujourd’hui.

    Malheureusement, cet ancien membre a porté cette affaire dans le domaine public contre les souhaits exprimés par la principale victime. Cela met une pression insupportable sur la victime qui n’a aucun contrôle sur ce qui est dit publiquement de son affaire. Bien que nous traitions ces affaires avec la plus grande discrétion, en protégeant la vie privée des victimes, dans ce cas, nous sommes d’accord avec la victime pour dire qu’une réponse politique, non pas de la part de tiers, mais de la part de la victime elle-même, est plus que justifiée.

    Nous sommes honorés du fait que T, la principale victime de ces abus, reste une membre actif d’ASI. Sa déclaration suit ci-dessous.

    L’exécutif international de l’Alternative socialiste internationale (ASI)

    Depuis mi-juillet 2020, une campagne publique (“ARV Justice”) de dénonciation de viol et harcèlement sexuel survenus à la Gauche Révolutionnaire (GR), la section française du CIO de l’époque des faits et du “CIO refondé” d’aujourd’hui, a été lancée par un ancien membre de cette organisation. En tant que principale victime des actes dénoncés, je me trouve dans le droit, mais aussi malgré moi dans l’obligation, de réagir publiquement.

    Tout d’abord, je tiens à souligner que je ne suis pas à l’origine de cette campagne, et que la personne qui la mène ne m’a demandé ni mon accord ni mon avis, ni sur le fond de la campagne ni sur sa forme. J’ai explicitement demandé à cet ex-membre d’arrêter, mais il a refusé.

    Il s’agit d’actes commis entre 2008 et 2012 par A, un dirigeant de la GR. Lors d’une commission d’enquête interne, il a reconnu les faits décrits par différentes jeunes femmes, tout en niant que son attitude posait problème et en refusant le terme “viol”. Suite au rapport d’enquête, et après une longue discussion, la direction de la GR a voté d’accepter le terme de “viol” pour qualifier ce qui s’est passé et a exclu A. pendant un an. Cette durée est ridicule par rapport aux actes commis et les demandes des victimes n’ont jamais été prises en compte. Cela a été rendu possible par un énorme manque de conscience féministe au sein de la GR, grâce au soutien du Secrétariat International du CIO, en cachant la nature des faits au reste de l’Internationale, et par des méthodes d’intimidation et de démoralisation de la part des alliés de A. envers les victimes et ceux qui les soutenaient, ce qu’on appelle souvent le “second viol”.

    Il y a quelques années, le mouvement #MeToo a vu de nombreuses femmes dénoncer publiquement les viols, le harcèlement et autres actes sexistes dont elles sont victimes. Comme la majorité du mouvement ouvrier, je me suis réjouie de ce que ce mouvement permettait : que la honte change de camp, que les femmes réalisent qu’elles ne sont pas seules face à ce genre de problèmes, mais que ceux-ci soient discutés collectivement.

    La tâche des socialistes, à mon avis, est de politiser cette question, de montrer le lien entre le sexisme et la société de classe, d’amener cette question sur les lieux de travail et d’utiliser Metoo pour combattre le sexisme au sein des organisations du mouvement ouvrier. Car le mouvement ouvrier n’existe pas en dehors de la société. Il est soumis à la pression de la société capitaliste et si nous ne combattons pas activement le sexisme, le racisme, l’homophobie et d’autres formes d’oppression, ceux-ci existeront au sein de nos organisations et seront non seulement un danger pour les membres qui en sont victimes, mais aussi un frein à la lutte contre le capitalisme.

    Pour les marxistes, l’oppression des femmes trouve son origine dans la division de la société en classes et n’est pas séparée de l’oppression des travailleurs en général. Le capitalisme a hérité l’oppression des femmes des anciens systèmes de classe et l’a accommodée dans son propre intérêt : les femmes constituent un réservoir de travailleurs moins bien payés parce que leur salaire était souvent considéré comme un revenu supplémentaire dans la famille, et elles effectuent des travaux domestiques non rémunérés mais essentiels pour la société. La classe capitaliste utilise le sexisme pour “diviser pour régner” et maintenir sa domination. Il n’est pas possible pour la classe ouvrière de gagner sa bataille historique contre la classe capitaliste si elle se laisse infecter par le sexisme. L’émancipation des femmes et celle de la classe ouvrière font donc partie du même processus.

    Une erreur cruciale du “CIO refondé”, dont fait partie la GR, est de considérer que ce sont précisément les luttes féministes, et non le sexisme, qui divisent la classe ouvrière. Pour eux, les femmes devraient se taire sur le sujet de l’oppression, à moins qu’elle ne puisse être très directement liée aux intérêts évidents des capitalistes, comme l’écart salarial entre les sexes ou les coupes dans les services publiques. D’après eux, une femme qui se plaint du sexisme s’aliène la solidarité des hommes de la classe ouvrière. Sans qu’ils s’en rendent compte, c’est en fait une insulte à la classe ouvrière, qu’ils considèrent comme sexiste par essence et incapable d’évoluer sur ce point (ils ont une attitude similaire et encore plus flagrante sur la question de la transphobie).

    À l’époque de Metoo, j’ai choisi de ne pas dénoncer publiquement les actes dont j’ai été victime au sein de la GR. L’important pour moi était de changer les choses au sein du CIO afin qu’une telle chose ne puisse plus se produire. J’étais convaincue que les choses allaient dans la bonne direction avec les campagnes féministes socialistes de ROSA en Irlande et en Belgique et le travail féministe qui se développait dans de nombreuses autres sections. Je pensais qu’à mesure que les débats sur la lutte contre le sexisme progresseraient, la conscience féministe changerait au sein du CIO au point que la GR, une secte sexiste irrécupérable à mon avis, disparaîtrait de l’Internationale.

    Ces dernières années, la direction du CIO n’a pas compris l’importance du mouvement féministe et de ses nouveaux enjeux, et n’a pas été en mesure de faire face aux tâches qui auraient dû être celles d’une direction révolutionnaire. Au contraire, le Secrétariat International du CIO et une minorité de ses membres se sont enfermés dans une approche économiste du féminisme et ont rejeté toutes les nouvelles questions relatives au féminisme en les qualifiant de « politique d’identité ». C’est l’un des aspects qui a conduit à la scission du CIO en 2019, entre Alternative socialiste internationale (ASI) dont je suis membre, d’une part, et le CIO refondé (regroupement autour de l’ancien Secrétariat International, dont la GR fait maintenant partie), d’autre part.

    En tant que membre d’ASI, je salue le travail qui a été accompli par ASI depuis la scission pour construire la campagne ROSA, pour la création d’un Bureau Femmes International et pour le développement d’une politique internationale contre le sexisme au sein de l’organisation. L’affaire de la GR a depuis lors été rediscutée et la direction internationale d’ASI a invalidé la décision de réintégrer A. prise par le CIO à l’époque.

    Si je suis satisfaite des mesures prises par ASI, il est vrai que je n’ai pas eu gain de cause devant la justice française. Mais de quelle “justice” parlons-nous ?

    En septembre 2019, Sandra Muller, l’initiatrice du hashtag balancetonporc, a été condamnée à verser 20 000 euros à la personne qu’elle avait accusée publiquement de harcèlement, Eric Brion, alors même que celui-ci avait reconnu les faits reprochés.

    Sandra Muller a été condamnée à verser bien plus que les dédommagements qu’une femme peut obtenir en portant plainte pour des faits de sexisme, et on n’a encore vu aucune condamnation pour les insultes et menaces de morts reçues par les femmes qui ont utilisé les hashtags metoo et balancetonporc.

    Il est complètement illusoire de penser que le système judiciaire actuel a pour mission d’apporter justice aux personnes victimes d’oppressions spécifiques. C’est un système où une élite applique les lois élaborées par une autre couche de l’élite. Par les luttes féministes (et contre les autres formes d’oppression), nous pouvons faire évoluer ces lois en faveur des opprimés. Mais leur application restera sujette à une interprétation teintée des préjugés dominants, qui vont jouer en faveur de l’oppresseur, et par des magistrats issus et représentants de la couche dominante (à de rares exceptions).

    De plus, tout l’enjeu des procès est de savoir si l’accusé est coupable ou non et ce que la société va faire de cette personne. Les victimes n’obtiendront une réparation que dans de très rares cas et après une procédure longue et éprouvante. Le manque de moyens dans les services publiques rend difficile l’obtention d’une aide psychologique gratuite. Ce sont les proches ou des associations de victimes qui les aideront tant bien que mal à se reconstruire.

    Il faut rompre avec cette “justice” pour en instaurer une dont la mission première serait la lutte contre l’oppression et l’exploitation, avec des magistrats élus et formés à reconnaître et combattre les violences faites aux femmes mais aussi les violences racistes et homophobes.

    Nous avons également besoin d’embauches et de financement dans les services publiques pour entre autre l’accès gratuit à une aide psychologique, des infirmièr(e)s scolaires accessibles dans chaque école et des cours d’éducation sexuelle incluant la notion de consentement. Les revendications d’un emploi et d’un logement pour tous sont aussi essentielles pour permettre aux femmes de ne pas rester coincées dans des relations abusives pour des raisons économiques.

    Peu après avoir dénoncé AR dans la GR, j’ai porté plainte sans grand espoir qu’il y ait une condamnation, puisque je n’avais pas de preuves matérielles, que plusieurs années s’étaient écoulées, et à cause du caractère même du système judiciaire développé plus haut. Je l’ai fait avant tout pour que d’éventuelles futures victimes puissent s’appuyer sur cette première plainte.

    Le procureur a décidé de ne pas engager de poursuites et je n’ai pas pris l’initiative de me constituer partie civile. Cela aurait demandé énormément de temps, d’énergie et de moyens que je préfère consacrer à la lutte féministe socialiste collective qu’à une bataille juridique individuelle.

    Néanmoins, la personne derrière “ARV justice” a intentionnellement provoqué AR et ses alliés à le poursuivre en diffamation, ce qu’ils ont fait – comment auraient-ils pu ne pas le faire sachant qu’une de ces personnes est une élue locale? Ce qui veut dire que mon affaire de viol va effectivement être discutée au tribunal, mais avec le violeur dans le rôle de plaignant !

    Outre de ne pas avoir demandé l’accord des victimes pour utiliser leur histoire publiquement, sorte de metoo-forcé, et de n’être d’aucune utilité à la lutte féministe socialiste, la campagne de dénonciation ARV donne des munitions aux ennemis du mouvement ouvrier. Ils peuvent très bien s’emparer de cette histoire et la généraliser à toutes les organisations de gauche, y-compris celles qui se battent activement et sincèrement contre le sexisme.

    Depuis des années, je lutte pour surmonter la démoralisation et le dégoût que m’inspirent la GR et le Secrétariat International du CIO-refondé, pour continuer à construire une internationale socialiste où défendre mes idées et militer pour le socialisme et pour la fin de toutes les formes d’oppression. Loin de m’apporter la moindre « justice », cette campagne foule au pied mes efforts en permettant que mon histoire soit utilisée contre le mouvement ouvrier socialiste dont je fais partie, au lieu que celle-ci, comme je le souhaite, soit utilisée pour tirer des leçons pour l’avenir.

    J’appelle toutes les personnes qui ont été alarmées par cette campagne à lutter contre le sexisme dans les organisations politiques et syndicales dont elles font partie, sur leurs lieux de travail et dans leurs écoles, et à toujours être vigilants à ce que les cas de sexisme ne soient pas utilisées à l’encontre de ce pour quoi luttent les victimes sans leur consentement, ce qui constitue un « troisième viol ».

    T, principale victime

  • Stop à la violence envers les femmes !

    En 2020, la violence conjugale est toujours un problème majeur. Comment se fait-il qu’aucun changement ne soit apparu à la suite de #metoo ? Que trouve-t-on à la racine du sexisme structurel et quelles revendications concrètes formuler pour le combattre ?

    Par Janne (Gand)

    Combattre la violence exige des moyens

    L’une des complications majeures est que les victimes ne signalent souvent pas leur situation à la police. Il faut dire qu’elles ne se sentent pas toujours comprises ou prises au sérieux. Dans certains commissariats, on n’établit un rapport officiel qu’après la quatrième plainte ! Il faut débloquer des moyens pour la sensibilisation et la prévention afin de briser ce tabou. Les victimes de violence doivent se sentir en sécurité pour pouvoir déposer plainte.

    Ensuite, diverses victimes ne signalent souvent pas leur situation tout simplement par peur. Les femmes restent encore malheureusement souvent financièrement dépendantes de leur partenaire. Dénoncer la violence et mettre fin à la relation fait planer la menace de la pauvreté. Nous défendons donc l’instauration d’un salaire minimum de 14 euros par heure et de contrats de travail décents afin de lutter contre l’écart salarial entre hommes et femmes. Nous devons créer les conditions matérielles permettant qu’une femme puisse quitter une relation dangereuse sans que cela implique de sombrer dans la pauvreté.

    Les politiques d’austérité de ces dernières décennies ont laissé de profondes blessures. Même si les victimes osent mettre fin à la relation, elles sont laissées pour compte par les autorités. Un refinancement adéquat du travail social s’impose de toute urgence ! Ce n’est que grâce à un tel réinvestissement que nous pourrons prendre soin des victimes de manière appropriée. Celles-ci doivent pouvoir se rendre dans un nombre suffisant de centres d’accueil et recevoir le soutien dont elles ont besoin.

    Le meurtre d’Ilse Uyttersprot, l’ancienne bourgmestre d’Alost, survenu cet été aurait pu être évité. En 2014, son meurtrier avait déjà été condamné pour violence conjugale. Il a ensuite été condamné à six mois avec sursis pour avoir battu et blessé son ex-petite amie. La peine était bien légère en considération du fait qu’il avait voulu l’étrangler. Après le meurtre d’Ilse Uyttersprot, il est clairement apparu qu’il faisait l’objet de diverses accusations de harcèlement, d’intimidation et de violence. Cet homme avait clairement un passé de violence. Mais il a pu frapper à nouveau en raison de peines légères, mais surtout à cause de l’absence de services de thérapie disposant de suffisamment de personnel pour être réellement en mesure de suivre les délinquants.

    Il ne peut y avoir de capitalisme sans sexisme

    Malheureusement, un tel drame inspire souvent de mauvaises conclusions. Les événements sont souvent résumés en un ‘‘choix malheureux’’ de la part de la victime, comme si cette violence n’était pas ancrée dans le système actuel, le capitalisme. Les gens ne naissent pas violents. La culture du viol dans les médias, la marchandisation du corps des femmes, etc. nous imposent une image dégradante des femmes, ce qui alimente le sexisme.

    D’autre part, les femmes sont souvent condamnées à une position inférieure dans ce système : les femmes sont surreprésentées dans les secteurs sous-évalués et mal payés. Elles travaillent aussi plus souvent à temps partiel et on leur impose la tâche difficile de concilier vie professionnelle et vie familiale, etc. Cette inégalité affaiblit leur position dans la société et ne sert que les intérêts de la classe capitaliste.  Pour obtenir des changements fondamentaux, nous devons nous en prendre aux racines du problème : le système capitaliste qui utilise le principe de ‘‘diviser pour régner’’ pour dresser les différentes couches de la population les unes contre les autres – sur la base du genre, de l’origine, de la religion, etc. L’inégalité, l’exploitation et l’oppression sont inhérentes à ce système, et il est important de dénoncer ces mécanismes et de combattre ensemble !

    Rendez-vous le 22 novembre prochain à Bruxelles. Participez à la mobilisation pour cette manifestation contre la violence envers les femmes. Une grande manifestation nationale respectant les mesures sanitaires serait une étape importante. Si les mesures sanitaires ne permettent pas une manifestation nationale, une campagne de mobilisation active pourrait faciliter des actions locales de moindre envergure.

  • #Woman’s Live Matter. Lutter contre les violences intrafamiliales est plus urgent que jamais !

    Si quitter un partenaire violent est difficile pour de nombreuses raisons en temps normal, la quarantaine et le manque de matériel de protection rendent la chose encore plus compliquée. La coexistence continue avec son agresseur provoque des situations de plus en plus insoutenables pour la ou les victimes.

    Article de la Campagne ROSA

    Les 24 et 25 novembre 2019, à l’occasion de la Journée Internationale contre les violences faites aux femmes (25/11), des centaines de milliers de personnes descendaient dans les rues à travers le monde pour dénoncer ces violences et exiger des pouvoirs publics des politiques pro-actives et des financements pour lutter contre ce fléau. Selon l’OMS, les violences envers les femmes sont “un problème mondial de santé publique d’ampleur épidémique” . Selon l’ONU, c’est “une femme sur trois qui subit des violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné de sa vie” . Et nous le savons bien, une bonne partie de ces violences ont lieu au sein du cercle familial. Le confinement appliqué dans de nombreux pays à cause de la pandémie de Covid-19 est donc vécu comme un enfer par les nombreuses victimes de violences intra-familiales.

    En Belgique aussi, les violences domestiques sont une réalité bien connue. Chaque année, ce sont plus de 45.000 plaintes qui sont enregistrées par les parquets . Et nous savons que cela ne représente qu’une partie des faits commis. Si quitter un partenaire violent est difficile pour de nombreuses raisons en temps normal, la quarantaine et le manque de matériel de protection rendent la chose encore plus compliquée. La coexistence continue avec son agresseur provoque des situations de plus en plus insoutenables pour la ou les victime(s). L’angoisse de la maladie, la perte de revenu, l’enfermement dans des lieux de vie trop exigus , la combinaison difficile entre télétravailler et s’occuper à plein temps des enfants, … sont autant de sources de conflits qui peuvent rapidement dégénérer en violences psychologiques et physiques. L’isolement physique et social empêche certaines victimes de pouvoir demander de l’aide et complique le travail des services d’accompagnement des victimes.

    Aujourd’hui, la pandémie et les mesures de confinement font que de nombreuses femmes sont prises au piège dans leur maison avec leur agresseur sans échappatoire. Les appels à « rester chez soi », suivis à la lettre par de nombreuses personnes, poussent de nombreuses victimes à ne pas oser appeler à l’aide tant que leur agresseur séjourne avec elles. Certaines supposent que l’aide n’est pas disponible durant cette période de crise. Il est vrai que la disponibilité des services d’aide s’avère insuffisante en raison d’un manque de ressources et d’un sous-financement déjà constaté bien avant cette période spéciale.

    Pourtant, les lignes d’assistance téléphonique en cas de violence domestique, comme la ligne 1217 en Flandre, ont enregistré une augmentation de 70 % des appels depuis le début de la crise. Et du côté francophone, le 0800/30.030 (Écoute violences conjugales) a vu le nombre d’appels reçus doublé. Ce ne sont pas encore des données absolues, mais elles montrent la gravité de la situation.

    A cela s’ajoute des difficultés supplémentaires pour trouver des lieux afin de pouvoir s’échapper de ces situations de violences. Certaines victimes pensent même qu’elles n’ont pas le droit de partir au vu des règles de confinement. Les lieux d’accueil pour les victimes sont eux aussi soumis aux règles du confinement. Le manque de places – qui étaient déjà très présent avant le confinement – se fait encore plus sentir. De plus, le manque de matériel de protection ajoute un stress et une difficulté complémentaire à cette prise en charge.

    Face à cette situation, une conférence interministérielle “Droits des femmes” avec 12 ministres a eu lieu (Région bruxelloise : Nawal Ben Hamou – Fédéral : Sophie Wilmès, Koen Geens, Maggie De Block et Nathalie Muylle – Wallonie : Christie Morreale – Fédération Wallonie-Bruxelles : Pierre-Yves Jeholet et Bénédicte Linard – Communauté germanophone : Antonios Antoniadis – Flandre : Bart Somers, Zuhal Demir et Wouter Beke) (5). Mais qu’attendre de politiciens qui ont pendant des années mené des politiques d’austérité ayant renforcé la position de “citoyens de seconde zone” des femmes et détricoté les services publics – aujourd’hui essentiels dans la gestion de cette crise ?

    Aujourd’hui, la recherche urgente de lieux d’accueil montre surtout les manques criants déjà signalés auparavant. La mise à disposition de chambres d’hôtel pour les victimes était nécessaire mais insuffisante. L’initiative du service d’assistance aux victimes de la police de Bruxelles-Nord (Schaerbeek, Evere et Sait-Josse-ten_Noode) de prendre contact au début du confinement avec les personnes qui ont déposé plainte au commissariat ces trois derniers mois pour des violences intrafamiliales est, elle, à saluer. Mais force est de constater que les manques structurels – effectifs insuffisants, manque de formation des acteurs de la justice et de la police, … – ne permettent pas d’élargir ce type d’initiatives et de maintenir l’attention nécessaire sur la protection des victimes de violences.

    Ce sont évidemment des mesures tout à fait nécessaires mais pas suffisantes au vu des drames qui ont lieu. Trouver un nombre suffisant de refuges est une tâche compliquée pour de nombreux services sociaux. Il est certain que trouver en urgence autant de places s’avère compliqué surtout quand les gouvernements successifs n’ont cessé, pendant des années, de couper dans les subsides et financements de nombreux services du secteur social. Des décennies de néolibéralisme et des années d’austérité ont décimé des services publics vitaux et aujourd’hui ce sont les personnes les plus fragilisées dans la société qui en paient l’addition.

    Les gouvernements actuels essaient de nous faire croire qu’il y a 2 réalités différentes : celle de la gestion de la crise actuelle et celle de décennies d’austérité qu’ils ont menée. Quelle hypocrisie! Les autorités ont réduit les budgets de la police locale, de la justice, des services de prévention, des centres d’accueil, du secteur social, … Résultats : manque de personnel formé à la gestion des agressions sexistes, de centres d’accueil, … Leurs priorités n’ont jamais été celles d’assurer une vie décente pour toutes et tous et encore moins la sécurité des nombreuses victimes des violences intrafamiliales. Et en ce qui concerne la lutte contre le sexisme, l’émancipation des femmes n’est pas possible sur base d’un cimetière social !

    Certaines mesures urgentes sont effectivement nécessaires

    Elles demandent des investissements immédiats ainsi qu’une écoute et une prise en compte des revendications du personnel des institutions du secteur social.

    • Les services d’accompagnement des victimes doivent pouvoir être renforcés en matériel de protection et en personnel. Pour cela, des budgets publics immédiats doivent y être alloués. Nous ne pouvons pas uniquement nous baser sur le bénévolat et les appels aux dons. Celles et ceux qui travaillent devraient avoir librement accès aux mesures de protection telles que les masques de protection.
    • Une présence par un contact et/ou une visite régulière pour les personnes, victimes connues de violences domestiques permet d’augmenter la pression sociale sur l’agresseur. Mais cela demande des effectifs ainsi que du matériel de protection en suffisance pour la police de proximité et les services sociaux spécialisés.
    • Les lieux d’accueil pour les victimes sont saturés alors que de nombreux lieux d’habitation sont vides. Il faut réquisitionner les locaux nécessaires qui permettraient aux victimes de quitter leur domicile et de vivre dans des conditions de sécurité.
    • La crise du COVID19 a démontré que les médias – panneaux d’affichage, radio, télé, … – peuvent être utilisés pour propager des informations utiles et positives (campagne publicitaire : “Stay safe”, “Solidarités”, …) à la place des publicités souvent sexistes qui envahissent habituellement nos rues. Utilisons une partie de ces espaces publics pour diffuser des campagnes de prévention et d’information afin de sensibiliser la population aux dangers des violences intra familiales – également durant le confinement et de diffuser les numéros des centres d’aide [0800/30.030 (francophone), 1712 (néerlandophone)]. Des codes tels que “masque 19” en France permettrait au victimes d’obtenir de l’aide via les quelques contacts sociaux qui sont maintenus (pharmacies, magasins, police, …).

    Mais également, assurer une indépendance financière de chacun/chacune.

    • Toute personne contrainte à ne pas travailler, en quarantaine ou malade, doit être protégée financièrement. La maladie elle-même est déjà assez grave ! Ceux qui ne peuvent pas travailler en raison de la crise du coronavirus doivent être entièrement indemnisés.
    • L’augmentation de l’allocation de chômage temporaire de 65 % à 70 % du salaire est une bonne chose, mais c’est insuffisant. Le salaire complet doit être versé ou remplacé par une allocation qui correspond à 100 % du salaire.
    • Lorsque les écoles ferment, les parents doivent avoir la possibilité de s’occuper de leurs enfants à la maison, à moins qu’ils ne travaillent dans des secteurs essentiels. Cela devrait être possible tout en conservant la totalité du salaire.

    Mais il faut également prendre en charge à plus long terme la lutte contre ces violences

    Ne pas laisser tomber les victimes dès la fin de la crise sanitaire. Pour lutter contre ce sexisme et ces violences omniprésentes, il faut stopper l’austérité mais pas seulement … il faut également réinvestir dans des services publics de qualité avec suffisamment de personnel. Wouter Beke a annoncé des subventions supplémentaires à la ligne d’écoute 1712 au vu de l’augmentation impressionnante du nombre d’appels, mais cela ne suffit pas. Des investissements structurels publics sont nécessaires. Nous devons également stopper la logique de marchandisation de certains services sociaux qui a été privilégiée les dernières années. Soutenir et financer des services tels que le CAW (Centrum voor Algemeen Welzijnswerk) en Flandre, des services sociaux actifs en rue, les PMS (centre psycho-médico-sociaux) dans les écoles, … plutôt que les démanteler. Soutenir la mise en place et le financement public d’initiatives visant à sortir les victimes de leur isolement social, tels que des centres communautaires qui offrent également des services de garde d’enfants, préparent des repas et fournissent si nécessaire un soutien physique, psychologique, matériel et juridique à la population. Ces initiatives doivent être rendues suffisamment visibles dans le voisinage.

    Luttons pour des investissements publics dans la prise en charge des victimes !

    • Pour un refinancement public du secteur social afin d’offrir un accompagnement correct aux victimes de violences et de discriminations mais également pour faire un réel travail de prévention et de conscientisation.
    • Pour des investissements publics permettant la création de refuges pour les personnes qui en ont besoin, comme les femmes et leurs familles ou encore les personnes LGBTQI+ (victimes de violences).
    • Pour la formation des travailleurs de terrain (police locale, éducateurs, accompagnateurs de bus et trains, personnel médical, …) à la prévention et à la gestion des agressions et du sexisme quotidien.

    Luttons pour une réelle politique publique de prévention !

    • Pour un refinancement public de l’enseignement, afin notamment d’assurer que l’éducation sexuelle et affective des jeunes ne se fasse pas principalement par internet et le porno.
    • Stop à l’utilisation de nos corps comme des objets pour augmenter les profits des entreprises.
    • Stop à la banalisation des violences faites aux femmes dans les médias (pubs, porno, séries, …).
    • Pour l’utilisation des espaces publicitaires à des fins sociales (prévention, culture, …) et non commerciales.
    • Pour plus de transports en commun avec plus de personnel d’accompagnement.

    Lutte contre les violences sexistes = lutte pour l’indépendance économique des femmes

    Aujourd’hui, politiciens et patronat acclament les héros que sont les travailleurs et travailleuses de premières ligne. Les femmes y sont en très grand nombre. Les secteurs de la santé, du nettoyage, de la distribution, de l’accueil, de l’accompagnement des personnes fragilisées sont des secteurs avec un personnel majoritairement féminin, souvent peu valorisé dans la société et certainement pas suffisamment rémunéré. Pourtant, ce sont les mêmes classes dirigeantes qui ont pendant des années démantelé les services publics, méprisé le personnel soignant qui tirait la sonnette d’alarme, refusé les augmentations salariales dans de nombreux secteurs “féminins”, … Ils portent une responsabilité importante dans le maintien des oppressions que vivent la majorité des femmes.

    Dans de nombreuses situations de violences intrafamiliales, des femmes n’ont financièrement pas la possibilité de quitter leur conjoint. Et les politiques menées par les partis traditionnels – au profit d’une petite minorité dans la société – n’ont fait qu’aggraver ce phénomène. En s’attaquant à nos pensions, nos salaires, nos services de soins, … les politiciens ont poussé de nombreuses femmes dans des situations précaires les rendant plus vulnérables face aux violences. Il faut lutter contre les “violences” économiques qui facilitent les autres formes de violences !

    • Pour des emplois stables correctement rémunérés. Pour un salaire minimum de 14 €/h (2300€/mois).
    • Pour une individualisation des droits et une revalorisation des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté.
    • Pour une pension minimum de 1500€/mois net.
    • Pour un salaire étudiant qui couvre l’ensemble des coûts des études. Pour un enseignement gratuit et de qualité afin notamment de stopper le développement de la prostitution pour payer ses études.
    • Pour la semaine de travail de 30h sans perte de salaire et avec embauches compensatoires pour pouvoir combiner travail, vie de famille et loisirs.
    • Pour un plan urgent de construction de logements sociaux et de crèches publiques.
    • Solidarité avec les femmes sans-papiers. Pour une régularisation de toutes et tous.

    Il n’y a pas de capitalisme sans sexisme et sans violence

    Les violences envers les femmes – et le sexisme plus globalement – ne peuvent être présentées comme une réalité uniquement liée à la quarantaine et à la crise du COVID-19. C’est un élément structurel lié au fonctionnement du système. La position de « citoyen de seconde zone » des femmes, l’inégalité salariale, l’objectification systématique du corps des femmes, l’omniprésence de la pornographie violente, le manque d’éducation sexuelle à l’école, le démantèlement des services publics, la précarité et la pauvreté, … maintiennent et développent un sexisme ambiant et un contexte favorable à ces violences qui sont la réalité quotidienne de nombreuses femmes. Il ne s’agit pas de trouver des excuses pour les auteurs de ces violences, il s’agit de déterminer ce qui maintient – et à qui profite – cette violence généralisée afin de combattre non pas seulement les conséquences de ce sexisme structurel mais aussi ses causes.

    L’hypersexualisation et l’objectification du corps des femmes – pour les profits de quelques-uns – participent grandement à diffuser une image dégradante des femmes comme des objets. Le sexisme permet aux classes dirigeantes d’augmenter leurs profits avec une main-d’œuvre “bon marché” (le salaire des femmes étant en Belgique, en moyenne annuelle 25% plus bas que celui des hommes), en utilisant massivement le corps de la femme dans la publicité, à travers le secteur de la pornographie, la prostitution, … et enfin en laissant entre les mains des femmes de nombreuses tâches (éducation des enfants, soins aux personnes âgées,…), ces dernières fournissant dès lors travail gratuit. La violence qui en découle n’est qu’un « petit prix à payer » de leur point de vue.

    D’une part, le capitalisme produit ouvertement de la violence à travers ses nombreux canaux de diffusion : la culture du viol présente dans tous les médias, l’objectification et la marchandisation du corps des femmes visibles partout et la prononciation quasi quotidienne de discours politiques sexistes. D’autre part, ce système maintient les femmes dans une position inférieure par la précarisation de l’emploi, l’écart salarial, le harcèlement au travail, la dévalorisation des secteurs dits ‘‘féminins’’, la difficulté de combiner travail et vie de famille, la destruction des services publics et la surcharge de travail domestique que cela occasionne… Ce scénario d’inégalité et de misère sociale permet à ce système de s’enrichir. La classe dirigeante n’a donc aucun intérêt à ce que les individus soient égaux. Surtout que cela lui permet également d’utiliser la technique du « diviser pour mieux régner » en opposant des groupes dans la majorité de la population – tels que les hommes face aux femmes, les différentes religions, origines, orientations sexuelles, … – afin d’affaiblir leur capacité à s’unir dans les luttes.

    L’émancipation réelle des 99% de la population – femmes et hommes – et la lutte contre les violences sexistes sont étroitement liées à celle contre ce système qui n’offre que des pénuries grandissantes et qui permet aux 1% les plus riches d’accaparer presque toutes les richesses. La lutte contre le sexisme n’est pas la lutte des hommes contre les femmes, c’est celle contre une société qui maintient les bases sociales pour l’oppression et les discriminations. Une lutte de tous les opprimés contre une classe dirigeante minoritaire qui opprime et exploite pour son seul intérêt. La Campagne ROSA défend la nécessité de lier la lutte contre le sexisme à celle contre les politiques d’austérité, et plus généralement à la lutte contre le capitalisme. Les femmes, la jeunesse et toute la classe ouvrière ont intérêt à mener ensemble la lutte contre le système capitaliste.

    Un contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie ne nécessiterait plus d’utiliser le corps des femmes comme objets, puisque le but ne serait plus de maximiser les profits, mais de répondre aux besoins de la population. Une indépendance financière et des services publics accessibles et de qualité, de réels choix de vie pour les femmes deviendraient ainsi possibles. C’est uniquement sur base des besoins de la majorité que nous pouvons construire une société fondée sur l’égalité et la solidarité, au sein de laquelle aucun être humain ne puisse en opprimer et en exploiter un autre : une société socialiste.

    Appel aux dons – Assurons-nous que ROSA puisse jouer un rôle moteur pour l’action !

    La campagne ROSA ne reçoit pas de subsides et n’a pas de riches bailleurs de fonds. Nous ne dépendons pas des pouvoirs publics dont nous dénonçons les politiques antisociales. Nous tenons à dépendre financièrement de celles et ceux qui soutiennent notre combat contre le sexisme et l’austérité.

    Aide-nous à construire la campagne ROSA et à assurer que nous puissions poursuivre nos activités de la manière la plus efficace qui soit ! Fais un don, petit ou grand, et pourquoi pas aussi sur base mensuelle avec un ordre permanent bancaire. Si vous nous connaissez, vous savez que notre travail repose beaucoup sur nos activités en rue, en action et manifestations, ce qui n’est bien sûr pas faisable actuellement. Un don nous assurerait une base financière sur laquelle nous pourrons compter pour organiser les futures activités de la campagne ROSA.

  • Entre 10.000 et 15.000 personnes à Bruxelles pour dire stop aux violences sexistes!

    C’est une vague féministe qui a défilé ce dimanche 24 novembre dans les rue de Bruxelles à l’occasion de la journée international de lutte contre les violences faites aux femmes du lendemain. Nous étions 2 à 3 fois plus nombreuses et nombreux que l’année passée, entre 10.000 et 15.000. Ce qui est certain, c’est que la Place de l’Europe et toutes les rues autour – même celles qui n’étaient pas prévues sur le parcours – était noires de monde, ou plutôt mauve (principale couleur des organisations féministes) avec des blocs rouges et verts (entre autre pour les délégations syndicales d’avantage mobilisées cette année).

    Rapport de la Campagne ROSA

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a également mobilisé pour cette grande manifestation nationale. La délégation de la Campagne ROSA comptait de nombreuses jeunes, rencontrées à la sortie des cours lors de tractage ou à l’occasion de stands militants sur leur campus ou dans leur ville. Ces jeunes sont venus pour dénoncer le sexisme quotidien, aggravé par la marchandisation de nos corps et les écarts de salaire qui existent déjà au niveau des les jobs étudiants. Des travailleuses et des travailleurs on également marché avec nous revendiquant une réelle indépendance financière (notamment via des salaires décents pour toutes et tous, une pension minimum à 1500€ et une individualisation des droits sociaux) pour assurer de réels choix de vie et quitter une situation de violence (domestique ou au travail) si elle se présente. Cela doit bien entendu aller de pair avec des investissements publics massifs pour les services d’accompagnement des victimes et pour la prévention.

    Cette manifestation s’inscrit dans un mouvement de révolte international où les femmes sont aux premières loges du combat pour la protection de l’environnement, mais aussi contre les inégalités, la corruption, les politiques pro-riches au Chili, Soudan, Algérie, Liban, Irak, Iran, etc. D’autres manifestations contre les violences faites aux femmes ont eu lieu dans le cadre de cette journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes dans une série de pays: 50.000 personnes dans les rues de Paris, plusieurs dizaine de milliers de personnes à Rome, …

    8 mars 2020 : une journée de lutte

    La prochaine date importante sera le dimanche 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes et y remettre en avant les revendications à l’origine de cette mobilisation : une réduction collective du temps de travail, un salaire décent pour toutes et tous et être considéré comme des personnes à part entière, avec entre autre une autonomie sur leur corps et donc le droit à l’avortement. La Campagne ROSA vous invite construire avec nous cette journée de lutte. Soutenez-nous et rejoignez-nous !

    Reportage photo de Liesbeth:

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  • [VIDEO] La Campagne ROSA à la manifestation contre les violences faites aux femmes

    Nous étions 15.000 ce dimanche 24 novembre pour clairement dire non aux violences faites aux femmes ! Parmi les nombreuses personnes personnes se trouvaient bien entendu les militantes et militants de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité).

  • [VIDEO] Le combat contre la violence faite aux femmes est une lutte internationale!

    Le 25 novembre est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Des manifestations et actions prennent place partout dans le monde à cette occasion, dont une manifestation aujourd’hui à Bruxelles. Ce sont autant de moments sur lesquels se baser pour lancer une mobilisation sérieuse vers le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Nous voulons profiter de cette journée d’action pour défendre un féministe socialiste contre toutes les formes de violence sexiste.

    Pour une analyse approfondie de notre perspective féministe socialiste, nous nous référons à cet article. D’autre part, vous pouvez vous rendre sur  worldsocialist.net où divers articles concernant la manière dont est menée la lutte pour l’émancipation des femmes ont été publiés ces derniers jours.

     

  • Manifestation du 24/11 – Luttons contre cette société profondément sexiste! Résistance!

    MANIFESTATION DIMANCHE 24 NOVEMBRE – 13H30 – GARE DE BRUXELLES CENTRALE #Enough

    ‘‘Ils ont menacé de la pénétrer avec leur arme.’’(1) Voici les dernières nouvelles venues du Chili. ‘‘Ils’’, ce sont les militaires chiliens qui menacent une manifestante bloquée au sol par un fusil. Chez nous, Bicky Burger utilise la violence conjugale pour promouvoir son burger(2). Au Mexique, 470 femmes ont été tuées au cours des six premiers mois de 2019(3). En Belgique, 98% des femmes ont au moins une fois été victimes de harcèlement sexuel dans l’espace public(4). Qui peut encore nier que nous vivons dans une société sexiste ? Dans une société qui utilise le corps des femmes pour faire du profit? Dans une société qui rend les études payantes et propose ensuite aux étudiantes de se prostituer pour payer leurs études(5). Dans une société où la classe dominante fait absolument tout pour diviser les 99% afin de préserver leurs richesses et leur pouvoir ?

    Par Celia (Bruxelles)

    Personne ne peut nier cela. Et si, vous aussi, vous êtes présents ce 24 novembre à la manifestation nationale contre la violence envers les femmes, c’est que vous en êtes conscients. Il nous faut lutter, lutter au quotidien et collectivement. Lutter pour une société où nous nous sentirons en sécurité, dans la rue, dans les transports en communs, au travail, à l’école. Une société où les services publics ne seront pas délaissés parce qu’ils ne génèrent pas de profits. Nous voulons des cours donnés en petit groupe par des personnes formées, entièrement consacrés aux questions de genre, de consentement, de sexisme, de relations. Nous avons besoin de financement dans les plannings familiaux, de la création de telles structures en Flandre. Nous avons besoin de personnel payé pour assurer notre sécurité dans les transports publics.

    Mais nous voulons également avoir la possibilité de quitter un compagnon violent, un patron harceleur, un travail épuisant,… Pour cela, nous avons besoin d’être indépendantes financièrement! Or, une nouvelle étude montre qu’en 2017, en Wallonie, le taux de dépendance financière des femmes s’élevait à 27%, soit plus du double que celui des hommes (12%)(6). Nous ne voulons pas un salaire d’appoint, nous voulons de vrais emplois avec de vrais salaires et du temps pour pouvoir vivre et pas seulement travailler ! En Belgique, plus de 70% des travailleurs de la tranche des 10% des salaires les plus bas sont des femmes !

    Nous vous invitons à manifester ce 24 novembre, mais aussi à venir discuter de la lutte pour l’augmentation des salaires le jeudi 28 novembre à Bruxelles (19h30 au Pianofabriek, 35 rue du Fort), avec une partie du débat sur les revendications féministes. Enfin, nous vous invitons à rejoindre la Campagne ROSA et à construire avec nous les mobilisations vers le 8 mars prochain, pour donner à cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes toutes ses lettres de noblesse.

    1) ‘‘Amenazaron con penetrarla con el fusil»: INDH denuncia grave actuar de militares contra mujer.’’ www.24horas.cl, 22/10/19.
    2) ‘‘Publicité sexiste de Bicky Burger: déjà 300 plaintes au Jury d’Ethnique Publicitaire.’’ www.lesoir.be, 09/10/19.
    3) Société.Le Mexique face à une épidémie de violences contre les femmes, www.courrierinternational.com, 02/09/19.
    4) ‘‘Mon expérience du sexisme’’ réalisée par l’ASBL ‘‘Touche pas à ma pote’’.
    5) ‘‘Comment un site de rencontre fait de la prostitution estudiantine son credo’’, www.lesoir.be, 25/09/2017
    6) ‘‘L’égalité financière encore loin d’être atteinte en Wallonie’’, www.levif.be, 15/10/19.

  • 25 novembre : Pour une lutte féministe socialiste contre la violence basée sur le genre !


    “Nous ne sommes pas silencieux. Nous n’avons pas peur. Nous n’obéissons pas.” – Istanbul, Turquie – chants de protestation contre la violence de genre entendu lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes en 2019, au mépris de l’interdiction de manifester imposée par l’État et de l’utilisation des gaz lacrymogènes par la police.

    “Ma vie n’est pas votre porno” – Séoul, Corée du Sud, slogan principal d’une manifestation de 70.000 personnes contre les ‘caméras espion’ dans les toilettes publiques, octobre 2018.

    “La violence sexiste nous tue, tout comme la politique de l’Etat” – pancarte vue lors d’une manifestation à Buenos Aires, en Argentine, contre les féminicides et pour le droit à l’avortement, juin 2019.

    “Mon corps n’est pas ta scène de crime” – pancarte vue au Cap, en Afrique du Sud, lors d’une manifestation contre la violence de genre à la suite d’un pic de féminicides, septembre 2019.

    A l’approche du 25 novembre, la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous célébrons et nous montrons solidaires des innombrables luttes et mouvements sociaux qui ont éclaté dans le monde entier contre la violence sexiste sous toutes ses formes. #MeToo a levé le voile sur la prévalence de la violence sexiste et familiale, du harcèlement et des abus. L’ampleur de #MeToo a été bouleversante, elle a fait tomber de puissants hommes d’affaires et politiciens et a inspiré des survivantes de tous les milieux, des athlètes aux étudiantes des universités en passant par les travailleuses de secteurs aussi divers que l’agroalimentaire, l’hôtellerie, les usines, le divertissement et la technologie, pour parler haut et fort. #MeToo a mis l’accent sur la nature systémique de la violence sexiste et sur le fait que toutes les femmes ou presque, de même que les personnes qui ne se conforment pas aux normes sexuelles, subissent une forme de harcèlement sexuel et craignent d’être victimes de violence à un moment de leur vie. La bravoure des survivantes qui ont raconté leur histoire personnelle a fait entrer la question dans la sphère publique à une échelle sans précédent. Cela a marqué tous les pays du monde et a donné un énorme élan à la construction de la lutte collective contre la violence sexiste.

    La violence de genre enracinée dans le système capitaliste

    De plus, que ce soit vis-à-vis de Harvey Weinstein, de Jeffrey Epstein ou de Donald Trump, #MeToo a souligné aux yeux de millions de personnes le sentiment d’impunité concernant les abus et le harcèlement qu’éprouvent les individus riches et puissants de la classe dirigeante. Ces personnes incarnent la nécessité de lutter contre le système capitaliste lui-même quand nous nous soulevons contre la violence de genre sous toutes ses formes et où qu’elle se produise, y compris sous la forme la plus courante de violence, celle issue d’un partenaire ou d’un ancien partenaire.

    Les statistiques sont à elles seules une mise en accusation du système. Une femme sur trois dans le monde a été victime de violence physique et/ou sexuelle de la part de son partenaire ou non au cours de sa vie. Dans une étude récente réalisée aux Etats-Unis auprès de plus de 13.300 femmes âgées de 18 à 45 ans, environ une femme sur 16 a déclaré que sa première expérience sexuelle était un viol (JAMA Internal Medicine).

    Les idées machistes qui alimentent la violence faite aux femmes et aux enfants alimentent la violence faite à l’égard de la communauté LGBTQI+, et plus particulièrement la communauté transgenre et non conforme au genre. Il est impossible de mesurer les conséquences que représentent la violence et les mauvais traitements généralisés à l’égard des femmes et des familles au niveau financier, mental et physique pour les personnes survivantes. Pour ne citer qu’un exemple, une étude importante a démontré que les graves mauvais traitements subis durant l’enfance sont associés à un risque 79 % plus élevé de développer une endométriose à l’âge adulte, une condition gynécologique atrocement douloureuse. Une enquête menée par Women’s Aid auprès de survivantes britanniques de violence familiale et publiée en mars 2019 a révélé que plus de deux femmes sur cinq parmi elles étaient endettées et qu’un tiers avaient dû abandonner leur maison en raison de la violence subie.

    L’explosion des luttes contre la violence de genre et le harcèlement sous toutes ses formes est l’antidote le plus puissant à la violence, aux abus et au harcèlement qui sont l’antithèse de la solidarité de la classe ouvrière et de l’action collective nécessaires pour changer la société.

    S’organiser contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail

    Parmi les mouvements qui se sont développés au cours de ces dernières années, on trouve des travailleurs qui se sont organisés contre le harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Quatre-vingts pour cent des travailleurs du textile bangladais – parmi lesquels une grande majorité de femmes et de jeunes filles – ont été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail ou en ont été directement victimes, et cette question a largement contribué à la campagne de syndicalisation des travailleurs du textile. Les travailleurs de Google ont mené des actions coordonnées dans plusieurs pays du monde entier le 1er novembre 2018 contre les indemnités de départ de cadres supérieurs accusés de harcèlement sexuel ainsi que contre les discriminations racistes au travail. Non seulement cette action a donné lieu à des concessions de la part de la direction, mais elle a fait partie intégrante des premiers pas vers la syndicalisation des travailleurs de cette société notoirement non syndiquée. En Afrique du Sud, en juin 2019, 200 mineurs à prédominance masculine ont mené une action de grève courageuse, notamment en refusant de manger, alors qu’ils occupaient une mine pendant plusieurs jours contre le harcèlement sexuel dont une de leurs collègues féminines avait été victime de la part d’un patron. Les grèves des travailleurs de l’hôtellerie appelées sous la bannière #MeToo ont brillamment concrétisé dans la lutte les témoignages individuels de #MeToo.

    L’introduction de la lutte contre la violence de genre sur le lieu de travail est particulièrement puissante. Entrer en lutte collective avec ses collègues de travail a, par le biais de la grève, le pouvoir économique d’exercer une pression massive sur les entreprises pour licencier les managers véreux ou pour introduire des mesures garantissant une tolérance zéro face au harcèlement sexuel au travail.

    D’autre part, la lutte elle-même sensibilise les travailleurs de tous les genres aux questions liées à la violence de genre, ce qui aiguise le sens de la solidarité face à la violence de genre sous toutes ses formes. C’est en soi un défi dynamique posé aux comportements et attitudes sexistes et misogynes. La revendication la plus élémentaire des travailleurs pour la dignité et la sécurité au travail – ainsi que pour des salaires et conditions de travail décents pour tous les travailleurs – signifie notamment de disposer d’un lieu de travail exempt de harcèlement sexuel.

    Notre réponse est la lutte de masse

    L’autre évolution majeure du mouvement féministe au cours de ces dernières années est le développement de la “grève féministe”. Dans sa forme la plus développée, elle a impliqué jusqu’à 7 millions de travailleurs dans l’Etat espagnol le 8 mars 2019 autour d’une série de revendications allant de l’égalité pour un salaire décent au retrait des mesures d’austérité et à la fin des violences de genre, sur le modèle de la forte grève générale qui avait réuni 5 millions de personnes lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes de l’année précédente.

    Le 14 juin 2019, en Suisse, un demi-million de personnes sont descendues dans la rue dans le cadre d’une “grève féministe” similaire, une action de grève générale. Cette grève a tout d’abord été appelée par les femmes des syndicats qui avaient fait adopter une résolution appelant à une grève le 14 juin 2019 lors du Congrès syndical suisse de juin 2018. Le fait que des syndicalistes de base et des jeunes femmes soutenant l’appel dans tout le pays soient passées à l’action pour donner corps à cet appel et s’assurer qu’il n’ait pas seulement eu lieu, mais qu’il provoque un tremblement de terre – la plus grande mobilisation de masse des travailleurs depuis des décennies – témoigne d’une radicalisation générale et d’une grande volonté de changement.

    Nous en avons également trouvé une expression dans le mouvement de décembre 2018 en Israël qui a uni de manière inspirante Juifs et Palestiniens dans une “grève des femmes” et dans des manifestations de dizaines de milliers de personnes contre les féminicides. En septembre 2019, un groupe de Palestiniennes a défié la répression brutale de l’Etat israélien et a organisé des manifestations contre les féminicides en Cisjordanie, à Gaza et en Israël.

    Les “grèves de femmes” ou les “grèves féministes”, ainsi que les occupations massives d’universités au Chili et de places en Argentine, qui ont caractérisé le mouvement de masse contre les fémicides en Amérique latine “Ni Una Menos” (pas une de moins), montrent que mouvement s’approprie les armes les plus puissantes du mouvement ouvrier, les grèves et les occupations. Ce développement est très inconfortable pour les féministes les plus radicalement pro-capitalistes et pro-establishment puisque ce sont les méthodes de lutte de la classe ouvrière qui sont employées et que cela inspire l’ensemble de la classe ouvrière à entrer en action de masse, plus particulièrement par le biais de la grève générale. En Argentine, Ni Una Menos a concentré l’attention du mouvement de masse contre les fémicides sur la violence étatique, à savoir l’interdiction de l’avortement. Ce mouvement de masse d’une inspiration phénoménale, dont la victoire sauverait la vie de femmes et de personnes enceintes et stimulerait considérablement la lutte pour la légalisation de l’avortement en Amérique latine.

    Tout comme c’est le cas avec le mouvement des jeunes pour le climat, ces luttes ne sont pas marquées par une conscience qui considérerait cette thématique comme isolée du reste. Il est juste et absolument nécessaire que le mouvement contre la violence de genre s’attaque à l’austérité dans les services publics ainsi qu’aux salaires de misère et lutte pour plus de logements sociaux, contre la gentrification de nos villes, contre la pauvreté des parents isolés et des retraités, contre le sexisme, le racisme et le caractère anti-travailleurs du système judiciaire ou encore pour la justice climatique. Au vu de l’impact de la violence de genre et du harcèlement sur la vie de la classe des travailleurs et des pauvres, tout cela ne représente qu’un seul et même combat.

    Pour lutter efficacement contre la violence sexiste, il faut rompre avec le féminisme des dirigeantes d’entreprises telles que Sheryl Sandberg et les féministes libérales de l’establishment politique et économique en général. Leurs intérêts de classe entrent inévitablement en conflit avec les revendications essentielles aux femmes pauvres et issues de la classe ouvrière à travers le monde.

    La récente vague de luttes féministes et de mouvements de masse ont déjà remporté d’importants succès. Il y a eu les victoires remportées contre les lois autorisant l’auteur d’un viol à épouser sa victime pour échapper à la prison en Jordanie, au Liban, en Tunisie et en Malaisie. Il y a eu la victoire remportée contre le traitement sexiste de l’affaire de “La manada” (“La meute”) dans l’État espagnol. Il y a eu le mouvement de masse en Irlande contre l’interdiction constitutionnelle de l’avortement, une lutte qui a duré des décennies et qui a remporté le droit à l’avortement gratuit par le biais des services de santé et dans laquelle les féministes socialistes du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité) ont joué un rôle central.

    La menace de l’extrême droite

    Cependant, de Trump à Bolsonaro en passant par Viktor Orban, l’essor de la droite populiste et de l’extrême droite démontrent que le système capitaliste ne se contente pas de s’opposer à de nouvelles victoires, il menace également des droits acquis il y a des décennies lors des précédentes vagues de lutte des féministes et ouvrières. C’est ce qu’illustre de façon la manière dont est constamment menacé l’arrêt Roe vs Wade qui a légalisé l’avortement aux États-Unis en 1973, une des plus grandes victoires du féminisme de la deuxième vague.

    L’atmosphère créée par la campagne électorale et la victoire de Bolsonaro au Brésil a accru la violence subie par les personnes noires, les femmes et les LGBTQI+, tout particulièrement celles issues d’un milieu ouvrier ou pauvre. Bolsonaro a un jour déclaré à une députée : “Je ne vais pas te violer parce que tu es très laide”. Il entretient des liens avec des groupes fascistes et exprime sans aucune honte sa misogynie et son racisme. Le nombre de fléminicides au Brésil a augmenté de plus de 4 % pour atteindre 1.206 cas en 2018. Les incidents de violence sexuelle signalés cette année-là ont augmenté de 4,1 %, plus de la moitié des victimes étant des enfants de moins de 13 ans. Les chiffres montrent également qu’une femme a été victime de violence domestique toutes les deux au Brésil en 2018. Dans un tel contexte de crise sociale, qui s’est d’ailleurs aggravé depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2019, il n’est pas surprenant de constater que les femmes – en particulier les jeunes, les retraitées, les travailleuses, les noires, les indigènes et les pauvres – aient été à l’avant-garde de la lutte contre Bolsonaro. Le soutien ouvert de Bolsonaro à la cupidité des entreprises, quel qu’en soit le coût, est incarné par la privatisation et la destruction de l’Amazonie, l’exemple le plus frappant de la manière dont les profits de l’élite capitaliste brûlent la planète.

    La seule manière capable de défier et de vaincre avec certitude la menace de la droite est une lutte reposant la classe ouvrière contre le status quo capitaliste responsable du mécontentement et de l’aliénation liés au développement de la droite. Une nouvelle récession mondiale est imminente. L’élite politique et économique capitaliste tentera de l’utiliser pour aggraver encore la précarité des travailleurs et des jeunes. Il en ira de même avec les inégalités de classe extrêmes qui caractérisent le capitalisme aujourd’hui. Il est urgent de rassembler la classe des travailleurs et les opprimés en lutte. Un tel mouvement peut défendre une alternative socialiste à la crise capitaliste.

    Mettre le capitalisme sur le banc des accusés

    L’oppression des femmes et des LGBTQI+, et donc son expression la plus flagrante qui est la violence sexiste, fait partie intégrante du système capitaliste. Historiquement, le capitalisme a favorisé dès le début l’idéologie rétrograde de la famille patriarcale comme outil de son ascension. Aujourd’hui, selon une étude d’Oxfam, le travail non rémunéré effectué par les femmes à travers le monde s’élève à la somme astronomique de 10.000 milliards de dollars par an, soit 43 fois le chiffre d’affaires annuel d’Apple. Cela illustre à quel point l’oppression des femmes est dans l’ADN du système. Ce travail non rémunéré est un outil vital pour le capitalisme pour le maintien et le renouvellement de sa force de travail dont le travail crée le profit des classes capitalistes. Les sociétés qui reposent sur l’oppression des femmes et la perpétuent cherchent de par leur nature à contrôler la sexualité des femmes, par exemple par le biais de la structure familiale patriarcale. Les violences de genre et sexuelles font partie de la coercition dans cette structure, ainsi que, par exemple, la limitation par l’État de l’accès aux droits reproductifs. Différentes formes de violence de genre sont liées entre elles, depuis le harcèlement sexuel jusqu’au viol lui-même, avec pour base commune l’objectivisation du corps des femmes.

    La lutte pour une société socialiste est un aspect vital de ma lutte pour la libération des femmes et des personnes LGBTQI+, une société où la structure familiale patriarcale deviendrait réellement une chose du passé, une société où serait appliquée la réduction collective du temps de travail et où le logement, les soins aux enfants, les soins aux personnes âgées et les emplois seraient publics, de qualité et accessibles à tous.

    Sous le capitalisme, comme l’a expliqué Marx, tout devient une marchandise. Le corps des femmes devient une marchandise par le système du profit. Des industries qui rapportent des milliards comme la pornographie et l’industrie du sexe reflètent, perpétuent et profitent de l’inégalité entre les genres, et sont donc des ennemis de la véritable libération sexuelle et de la liberté. La réaction des Etats capitalistes face à ces industries est souvent de réprimer la majorité des femmes et des personnes non conformes au genre, souvent des migrants et des personnes de couleur, qui travaillent dans ces industries plutôt que de défier les capitalistes qui en tirent du profit. En outre, ceux qui sont brutalement victimes de trafic dans ces industries subissent la répression de l’Etat capitaliste. Cela a été très médiatisé aux Etats-Unis avec le cas de Cyntoia Brown, une jeune fille de 16 ans qui a passé une dizaine d’années en prison après été sous le contrôle brutal d’un proxénète et avoir tué un “client” violent. Une vaste campagne lui a évité de passer encore quatre décennies supplémentaires derrière les barreaux.

    La nature même de l’Etat capitaliste et du système repose sur la violence. Comment mettre fin à la violence interpersonnelle dans un monde où les armées capitalistes et impérialistes sont employées par la classe dirigeante pour réprimer et faire la guerre ?

    Aujourd’hui, nous assistons à l’invasion brutale du nord de la Syrie par les forces turques dans le but d’écraser la zone autonome kurde du Rojava. Le régime dictatorial d’Erdogan cherche à détruire toute forme d’autonomie gouvernementale kurde dans la région. Cela se passe avec le soutien total du régime de Trump. Une fois de plus, l’impérialisme américain, et l’impérialisme en général, se sont révélés être de faux amis du peuple kurde opprimé. Le courage des combattants des factions armées majoritairement kurdes des YPG (Unités de protection du peuple) et YPJ (Unités de protection des femmes) basées au Rojava dans la lutte contre l’Etat islamique a constitué une source d’inspiration pour beaucoup de gens dans le monde en 2014-2015. La brutale violence d’État à leur encontre est emblématique de la nature violente du capitalisme et de l’impérialisme. Nous savons de plus que les réfugiés créés par la guerre sont parmi les êtres humains les plus vulnérables à la violence sexuelle.

    Violence et sexisme dans l’Etat capitaliste

    Hong Kong est l’une des villes les plus néolibérales du monde. Un mouvement social de masse pour la démocratie s’y développe, imprégné d’une forte opposition aux conditions de travail et de logement précaires, et fait l’objet d’une répression violente de la part de l’Etat. Des tirs à balles réelles ont eu lieu contre des adolescents qui manifestaient. Des tactiques similaires sont utilisées contre les masses en Catalogne. La violence d’Etat capitaliste est utilisée pour protéger le statu quo.

    Étant donné cet aspect de l’État capitaliste – ainsi que le lien inextricable entre capitalisme, impérialisme et guerre – l’existence d’attitudes machistes et racistes au sein de la police et des forces armées est utile et nécessaire au système. Cette réalité est reflétée par les statistiques. Aux États-Unis, des études ont indiqué qu’au moins 50 % des anciens combattants de sexe masculin ayant des problèmes de santé mentale liés au combat commettent des actes de violence conjugale et familiale, et qu’au moins 40 % des familles de policiers sont victimes de violence familiale, comparativement à 10 % de la population générale.

    En outre, la mise en cause systématique des victimes dans les procédures judiciaires (le victim-blaming) est une caractéristique des affaires judicaires de violence sexuelle dans le monde entier. En novembre 2018, Ruth Coppinger, députée du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité)), a bénéficié d’une attention virale sur les réseaux sociaux et d’une audiance inédite dans les médias à l’échelle internationale (de la télévision nationale indienne au New York Times) en dénonçant le victim blaming. Elle avait alors tenu en main un string dans l’enceinte du parlement pour dire que “cela ne signifie pas un consentement” après que l’avocat d’un homme accusé d’avoir violé une adolescente avait parlé des sous-vêtements en dentelle de la victime adolescente au tribunal. Elle a utilisé cette plate-forme pour appeler à l’organisation de manifestations en Irlande contre le sexisme enraciné dans cet État et aussi pour défendre l’idée d’une grève mondiale le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

    Construire la lutte féministe socialiste internationale

    Jusqu’au 25 novembre, date à laquelle d’importantes manifestations contre la violence à l’égard des femmes auront lieu dans de nombreux pays du monde, nous publierons sur worldsocialist.net des articles d’un certain nombre de sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité) sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes.

    Le jour-même, nos camarades du monde entier participeront aux nombreuses manifestations et actions contre la violence de genre. Ils feront tout particulièrement pression pour construire l’aile féministe socialiste du mouvement. Nous voulons rompre résolument avec tout courant féministe qui cherche à s’adapter aux intérêts de l’establishment capitaliste. Le féminisme socialiste est une lutte collective. Il s’agit de solidarité. De s’allier à la classe ouvrière, aux pauvres et aux opprimés du monde de tous les genres et de toutes les nationalités dans une lutte commune contre le capitalisme.

    Il est urgent d’intensifier le mouvement pour mettre fin à la violence de genre qui a déjà fait descendre des millions de personnes dans les rues du monde entier, y compris en Europe du Sud et en Amérique latine, par des grèves et des occupations de masse. Les féministes socialistes sont inextricablement liés à la construction d’un mouvement de masse de la classe des travailleurs et des opprimés pour une transformation socialiste de la société.

    A Hong Kong, la révolte de masse en faveur de la démocratie qui a éclaté s’est accompagnée de femmes organisant des manifestations #MeToo contre la violence d’Etat et sexiste. Au Liban, où la lutte contre la pauvreté a explosé dans les rues en octobre 2019, les manifestantes ont twitté sur Twitter qu’elles étaient des révolutionnaires et non des “babes” en réponse au traitement sexiste et objectivant qu’elles ont reçu dans les médias. Comme le proclame la chanson Bread and Roses sur la grève des ouvrières textiles à Lowell, aux États-Unis, en 1912 : ” le soulèvement des femmes signifie le soulèvement de nous tous “.

    Luttons contre la violence sexiste ! Luttons contre le système capitaliste qui engendre les inégalités et l’absence de démocratie ! Dans ce système, une poignée de milliardaires mènent la barque, profitent de l’oppression des femmes et cherchent à diviser la classe des travailleurs de toutes les manières possibles pour éviter de faire face à une riposte commune. Une alternative socialiste collectiviserait les richesses et les ressources-clés, des banques aux grandes entreprises, pour les placer démocratiquement aux mains de la classe des travailleurs afin de planifier l’économie en fonction des besoins des êtres humains et de la planète. Une telle société, fondée sur la solidarité, la coopération humaine et l’égalité, en finirait avec les racines de l’oppression et commencerait à construire un monde où nous pourrions véritablement nous assurer que plus aucune vie ne serait perdue ou brisée en raison de la violence sexiste.

    • Ni Una Menos –pas une de moins – plus aucune vie ne doit être perdue à cause de la violence de genre ; plus aucun dommage à la santé mentale ou physique ! Nous luttons pour mettre fin à la violence de genre, aux abus et au harcèlement sous toutes leurs formes et partout où ils se produisent : au travail, à la maison, dans les écoles et les universités, dans les institutions publiques, dans la rue, en ligne.
    • Construisons des manifestations de masse autour du 25 novembre contre la violence de genre, en tant qu’étape vers des manifestations de masse et des grèves de masse au niveau international le 8 mars 2020.
    • Saisissons la richesse de l’élite capitaliste pour financer une expansion massive des services publics ; la gratuité des soins de santé (y compris de bons soins de santé mental) ; la gratuité des services de garde d’enfants ; le développement de services spécialisés en matière de violence domestique et sexuelle disponibles localement pour toute personne qui en a besoin. Les soins de santé mentale devraient inclure l’accès local à des conseillers et thérapeutes dont les victimes ont besoin, ainsi que des évaluations et des traitements psychologiques spécialisés pour les auteurs de violences.
    • Un véritable contrôle des loyers et la construction de logements sociaux en masse : chacun a le droit à un logement sûr, abordable et paisible.
    • Pour une éducation sexuelle gratuite, de qualité, publique, laïque, progressiste, adaptée à l’âge, inclusive envers les personnes LGBTQI+, axée sur le consentement.
    • Les syndicats doivent mener une véritable lutte pour la syndicalisation, pour la fin du travail précaire, pour un salaire décent pour tous les travailleurs et contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Un tel mouvement pourrait prendre la tête de la lutte contre toutes les formes de sexisme, la misogynie, le racisme, l’homophobie et la transphobie pour construire une lutte unifiée de la classe des travailleurs.
    • Mettons fin au sexisme, aux discriminations et au victim-blaming dans la justice ! Tous les services de l’État et les services sociaux en contact avec les victimes et les auteurs d’actes de violence devraient être sensibilisés à la question de la violence sexiste et formés de manière à assurer que les plaignants et les victimes soient traités avec respect. Nous luttons pour un État gouverné démocratiquement par la classe ouvrière qui supprimerait les préjugés actuels en faveur des classes dirigeantes et éliminerait une fois pour toutes la présence du racisme, du sexisme et des discriminations dans l’État et le système judiciaire.
    • Mettons fin à la guerre et luttons pour la justice climatique ! Mettons fin aux politiques d’immigration racistes : pour le droit d’asile démocratique !
    • Pour la propriété publique démocratique des principaux leviers de l’économie, des principales richesses et ressources ; pour le contrôle et la propriété démocratiques des travailleurs ; pour une planification socialiste démocratique de l’économie afin de subvenir aux besoins des gens et de la planète, et non au profit.
    • Nous luttons pour le pain et nous luttons aussi pour les roses ! Pour une société socialiste où la structure familiale patriarcale appartiendrait véritablement au passé, pour un monde socialiste libéré des divisions de classe, de l’oppression, de la guerre et de la violence, où chacun aurait droit à un niveau de vie de bonne qualité et à la liberté de vivre sa vie !
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