Tag: Etat espagnol

  • État espagnol : Annonce d’élections anticipées

    ‘‘Vaincre la droite dans les urnes et dans les rues !’’

    S’en est finit du mandat de Pedro Sanchez. Un gouvernement formé il y a huit mois après le vote de défiance contre Rajoy, a été renversé par le rejet des propositions budgétaires au Parlement. Mais au-delà de l’arithmétique parlementaire, ce que ces élections anticipées montrent, c’est l’instabilité totale et le discrédit qui corrodent le régime de 1978 établi après la fin de la dictature de Franco. Ses expressions les plus visibles sont le mouvement de masse pour l’autodétermination et l’instauration de la république en Catalogne, la progression de l’extrême droite – stimulée par la montée du nationalisme espagnol et la crise du PP – et une mobilisation sociale qui puise ses racines dans l’appauvrissement de la population et les inégalités croissantes. Cette mobilisation sociale ne connait pas de répit malgré toutes les tentatives faites par des dirigeants syndicaux, la social-démocratie et Podemos pour la désactiver.

    Déclaration du Bureau exécutif d’Izquierda Revolucionaria (section espagnole du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Les leçons du passé

    Nous assistons à une grande polarisation politique, un phénomène que la plupart des analystes ne peuvent ignorer. Dans ces circonstances, il convient de réfléchir à ce qui s’est passé dans les années 1930, en soulignant, évidemment, que nous ne sommes pas dans une situation de révolution ouverte et de contre-révolution. Cependant, pour comprendre la dynamique et les perspectives de la situation actuelle, il est très utile de ne pas oublier les leçons du passé.

    Aujourd’hui, quelle que soit l’ampleur de la propagande que les partisans du régime de 1978 tentent de faire pour contredire ce fait, l’appareil d’État conserve tous les défauts autoritaires et réactionnaires hérités de la dictature, ce qui a été souligné une fois de plus dans sa réponse répressive à la lutte des classes. Les tendances bonapartistes du régime de 1978 ont été accentuées par le recours aux lois permettant de museler la parole des militants et aux procès des activistes de gauche, des syndicalistes et des artistes pour des ‘‘crimes’’ fabriqués de toutes pièces. Tout cela visait à freiner les mobilisations et à intimider les organisations combatives. La meilleure preuve de tout cela est encore ce qui s’est passé en Catalogne, avec le refus retentissant de reconnaître le droit légitime du peuple catalan à l’autodétermination, le déclenchement d’une offensive répressive, policière et judiciaire sans précédent et l’essor du nationalisme espagnol le plus enragé.

    Dans les années 1930, la crise révolutionnaire qui a déferlé sur la Deuxième République a été marquée par différents facteurs, mais le plus important a été l’incapacité du Parti socialiste (PSOE), en coalition avec les républicains bourgeois, à mener à bien les réformes sociales que les gens attendaient. Dans le contexte d’une crise profonde du capitalisme espagnol et international, la social-démocratie a échoué dans sa tentative de mener à bien la réforme agraire : les grands propriétaires terriens ont continué à jouir du pouvoir absolu et à imposer la misère à des millions de travailleurs journaliers. Le PSOE n’a pas non plus été en mesure d’améliorer les salaires et les conditions de vie des travailleurs, ni de faire face au sabotage économique de la bourgeoisie. Il a renoncé à séparer l’Église de l’État et n’a pas mis fin aux privilèges de la hiérarchie catholique dans l’enseignement et dans l’économie. Il est resté soumis aux éléments réactionnaires de l’armée et du pouvoir judiciaire, a refusé d’accorder à la Catalogne le droit à l’autodétermination et a refusé de mettre fin à l’occupation coloniale du Maroc.

    La frustration engendrée par cette désillusion politique a alimenté une polarisation et donné lieu à des phénomènes apparemment contradictoires. En premier lieu, il y a eu le triomphe électoral de la droite, la CEDA à sa tête, en novembre 1933. Puis vint l’insurrection ouvrière d’octobre 1934 contre la tentative d’établir un Etat fasciste par des moyens ‘‘légaux’’. Enfin, l’éclatement du régime parlementaire bourgeois sous la pression incessante de la lutte de classe et du coup d’Etat militaire franquiste, a provoqué l’explosion révolutionnaire en territoire républicain et une guerre civile qui a duré trois ans.

    Bien sûr, il serait stupide de dire que nous sommes confrontés à une séquence d’événements similaires et d’affirmer que la situation va se répéter dans le même sens. Mais il est instructif de se référer au passé pour comprendre la situation objective et être capable d’expliquer les causes qui conduisent à cette instabilité chronique et à une polarisation sociale et politique que rien ne semble pouvoir arrêter.

    Un maillon faible du capitalisme

    La crise du capitalisme espagnol est la base matérielle qui explique tous ces développements politiques convulsifs. Actuellement, les chiffres montrent un ralentissement rapide de la croissance économique après des années de catastrophe sociale. Plus de 9 millions de travailleurs gagnent moins de 800 euros par mois et, parmi les jeunes de moins de 25 ans qui travaillent, il s’agit de 600 euros par mois. 90% des contrats signés cette année sont temporaires et la précarité est telle une marée noire qui n’épargne aucun secteur de production. Le chômage touche plus de 3,5 millions de personnes et la perspective d’une nouvelle restructuration industrielle est à nos portes. La situation est désespérée pour la majorité de la population. Dans ces conditions, il n’est pas possible d’espérer une stabilité politique.

    Des politiciens bourgeois, de droite et sociaux-démocrates, aspirent encore au retour des années de la ‘‘Transition’’ (après Franco). Ce n’est pas une surprise ! La situation révolutionnaire des années 1970 a été frustrée par la capitulation des directions des partis de gauche – le PCE (“communistes”) et le PSOE (“socialistes”) – face aux grands capitalistes et à l’appareil politique dictatorial. Mais les conquêtes démocratiques ont été gagnées grâce à la mobilisation massive de la classe ouvrière et de la jeunesse et au sang de centaines de combattants assassinés par les forces répressives de l’Etat qui jouissaient d’une impunité totale. La “démocratie bourgeoise” particulière qui s’est créée dans le feu de cette confrontation a bénéficié du reflux politique du mouvement de masse ainsi que de la croissance économique de la fin des années 1980 et des années 1990, en plus de l’aide substantielle obtenue de l’UE. Le régime de 1978, aidé par des facteurs internes et externes, est parvenu à obtenir une alternance de pouvoir entre la social-démocratie et la droite, avec des gouvernements plus ou moins stables.

    La situation actuelle n’a pas grand-chose en commun avec ces années-là. L’offensive sauvage contre les droits économiques et syndicaux de la classe ouvrière, le démantèlement de l’Etat-providence, les coupes budgétaires tristement célèbres dans l’enseignement et le système public de soins de santé, le manque d’opportunités pour les jeunes, sauf l’exil économique forcé, ont créé une situation explosive.

    Une révolte sociale sans précédent depuis les années soixante-dix est née de ce changement drastique de la situation objective suite à la grande récession de 2008 : il y a eu des grèves générales, des mouvements de masse comme la Marée Verte et Blanche, les Marches pour la Dignité, Gamonal (célèbre lutte victorieuse dans la ville de Burgos contre la spéculation criminelle), les grandes grèves étudiantes, les mobilisations pour l’autodétermination et la république en Catalogne, la grève générale remarquable du 8 mars 2018 et les manifestations des pensionnés.

    L’escalade de la lutte de classe et le déplacement vers la gauche de larges secteurs de travailleurs, de jeunes et de la classe moyenne appauvrie expliquent un certain nombre de développements importants de ces dernières années, comme l’émergence de Podemos, les élections du 20 décembre 2015 qui n’ont pas conduit à la formation d’un gouvernement et devant se répéter le 26 juin 2016. Pour que Rajoy soit investi comme président du gouvernement, la bourgeoisie espagnole a dû réaliser un putsch au PSOE afin d’y chasser Pedro Sánchez !

    Le plus ironique, c’est que ce mouvement d’envergure – dans lequel ont été impliqués les barons socialistes, Felipe Gonzalez lui-même et tout le groupe de médias PRISA – a échoué. Pedro Sanchez a été réélu secrétaire général du PSOE, en l’emportant contre toute attente face à Susana Diaz grâce à la mobilisation des membres du parti.

    Vaincre la droite dans les urnes et dans les rues ! Pour une gauche de combat !

    Pedro Sánchez n’a pas la même image déplorable que Felipe González a auprès des masses. Il n’apparaît pas comme un dirigeant intégré à l’oligarchie. Les attaques qu’il a subies de la part de la droite ces dernières semaines – qui l’a accusé d’être un traître à la patrie et l’a qualifié de chef d’un Front populaire actuel (pour ses pactes avec Podemos) – lui ont même donné plus de crédibilité que ce qu’il mérite auprès de certains travailleurs. Quelque chose de similaire s’est produit concernant son approche de la Catalogne. Bien qu’il ait soutenu l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole (qui autorise le gouvernement central à suspendre l’autonomie de la Catalogne), qu’il nie fermement le droit à l’autodétermination et qu’il défend l’action infâme du ministère public contre les dirigeants indépendantistes emprisonnés, la droite le considère comme le principal promoteur du ‘‘séparatisme’’. N’y a-t-il pas des similitudes entre ce comportement politique des forces réactionnaires en 2019 et le comportement de celles des années 1930 ?

    L’élection surprise du mois d’avril entraînera une nouvelle escalade de la polarisation politique. Le dilemme présenté est évident : soit un gouvernement du bloc réactionnaire PP, Ciudadanos et Vox, soit une éventuelle coalition entre le PSOE et Podemos avec le soutien parlementaire du nationalisme catalan et basque. Dans ces circonstances, il serait téméraire de faire une prédiction définitive de ce qui pourrait sortir des urnes le 28 avril.

    Le PSOE a contribué de manière décisive à la démobilisation de la base électorale de la gauche, avec sa politique de coupes budgétaires et d’austérité, avec ses promesses non tenues et avec son acceptation de la logique du capitalisme. Les dirigeants de Podemos ne sont pas non plus innocents. Ils veulent entrer au pouvoir à tout prix en abandonnant la mobilisation sociale et la confrontation avec le système. Ils imitent le programme et le parlementarisme de la social-démocratie. Mais les événements en Andalousie et la montée de Vox ont eu un impact énorme sur la conscience de millions de travailleurs et de jeunes dans tout l’Etat. Inspirée par l’instinct de classe des familles de travailleurs, la discussion est vive en leur sein concernant ce qui se déroule actuellement : ‘‘Pouvons-nous permettre à la droite de vaincre ?’’

    La réponse à cette question reposera sur la campagne électorale, dans un environnement très volatile et changeant. La mobilisation ‘‘patriotique espagnole’’ de Madrid le 10 février dernier a connu l’échec. Le PP, CS et Vox n’ont pu mobiliser leur base sociale dans la rue. Le 16 février, une grande manifestation en faveur du droit à l’autodétermination a eu lieu à Barcelone avec plus d’un demi-million de participants. La pression sociale est énorme sur les dirigeants des organisations catalanes PDeCAT et ERC et leur vote contre les budgets. La droite peut être battue, c’est ce que cela illustre, de même que les énormes manifestations en faveur des soins de santé publics en Galice et à Teruel, les multiples manifestations de retraités dans toutes les régions, la grande grève des taxis à Madrid, ou ce qui s’annonce comme une nouvelle journée de grève historique le 8 mars, qui remplira les rues de millions de femmes et de jeunes de la classe ouvrière, avec leurs collègues – les travailleurs masculins.

    Izquierda Revolucionaria contribuera de toutes ses forces à cette défaite. Mais nous ne le ferons pas pour donner un chèque en blanc à Pedro Sánchez ou au PSOE, mais pour souligner l’idée que voter ne suffit pas. Nous devons vaincre la droite dans les urnes, oui, mais pour vaincre les politiques de la droite et forcer la gauche parlementaire à mettre en œuvre une politique qui sert les intérêts des travailleurs et des opprimés. Nous devons poursuivre la mobilisation massive dans les rues et construire une gauche combative, avec des racines fortes dans le mouvement des travailleurs et dans les syndicats, parmi les jeunes et les étudiants et dans les mouvements sociaux, en proposant un programme pour le droit à l’autodétermination et une république socialiste.

    Pas de temps à perdre ! Pour vaincre la droite dans les urnes et dans les rues, rejoignez Izquierda Revolucionaria !

  • Etat espagnol. Le PSOE et Podemos unis pour stopper la casse sociale ?

    Pedro Sánchez, après sa victoire aux primaires du PSOE en 2017. Photo : Marta Jara (Wikimedia)

    En octobre, un accord sur le budget 2019 a été conclu entre le parti social-démocrate espagnol (PSOE) et Unidos Podemos(1). Après l’impitoyable politique d’austérité dont la population a été victime des années durant, les ‘‘ouf’’ de soulagement n’ont pas manqué.

    Entre décembre 2011 et juin 2018, c’est le conservateur Mariano Rajoy (PP) qui était à la tête des deux gouvernements de cette période. Leur politique a été aussi brutalement répressive qu’antisociale. En juin dernier – une semaine après la condamnation du PP dans un procès pour corruption – le Parlement a adopté une motion de censure déposée par le PSOE… qui avait pourtant autorisé la mise en place du gouvernement Rajoy II en 2016 ! A l’époque, un des seuls opposants à la trahison du PSOE au sein de ce parti était Pedro Sanchez.

    Contrairement à Jeremy Corbyn qui s’est régulièrement retrouvé opposé au cours politique du Parti travailliste britannique avant de se retrouver propulsé à sa direction sous la pression populaire, Pedro Sanchez a toujours été un membre loyal et discipliné du PSOE. Mais suite à l’effondrement du parti social-démocrate grec (PASOK) et à la crise qui a frappé l’ensemble de la social-démocratie européenne, il s’est mis à la tête d’une aile du parti qui a cherché à le préserver en adoptant une rhétorique plus ancrée à gauche. Elu secrétaire général du PSOE en 2014, il a été renversé par l’aile droite du parti en 2016 et a finalement regagné son poste en 2017.

    Une fois Rajoy destitué en juin dernier avec le soutien de Podemos et de partis basques et catalans, Sanchez s’est retrouvé au pouvoir avec un gouvernement PSOE minoritaire, ne pouvant compter que sur 84 députés sur 350. L’accord conclu avec Unidos Podemos sur le budget devrait lui assurer 151 élus. Il faut donc encore obtenir le soutien de partis basques et catalans pour rester en place jusqu’aux élections législatives de 2020. Sans cela, un retour anticipé aux urnes n’est pas exclu.

    Que comprend cet accord ?

    La mesure phare de l’accord est l’augmentation du salaire minimum à 900 euros par mois, une augmentation de 22% qui concernera un million et demi de travailleurs. Même si cette hausse fait pâle figure à côté de celle des loyers (+40% ces 4 dernières années) et des prix des denrées de base (tout particulièrement l’électricité), elle sera bienvenue dans de nombreux foyers. L’accord comprend aussi une augmentation des pensions de 3%, des propositions visant à réformer le marché de la location immobilière, un impôt de 1% sur les fortunes supérieures à 10 millions d’euros, etc. Tout cela représente un – réel – pas en avant, mais il est particulièrement timide face à la crise sociale que subit la population.

    Il a en outre une grave contrepartie : Podemos et le PSOE renoncent à l’abrogation des réformes du travail approuvées par le gouvernement Zapatero (PSOE) en 2010 et par le PP en 2012. Grâce à ces dernières, les patrons ont systématiquement pu baisser les salaires et précariser la situation de millions de travailleurs.

    Au cours de ses six ans et demi de gouvernement, le PP a instauré toute une série de mesures qui ont déforcé la position des travailleurs face au patronat, aggravé la privatisation des soins de santé et de l’enseignement, rendu constitutionnellement obligatoire de rembourser la dette publique (article 155), élargi l’arsenal répressif des autorités, etc. Ces législations connaîtront des ajustements, mais elles ne sont pas fondamentalement remises en cause par l’accord PSOE-Unidos Podemos.

    Une autre approche était possible

    L’objectif central du PSOE est très clairement de s’affranchir de toute pression de la rue et de rétablir la ‘‘paix sociale’’ sans avoir à modifier l’essence de la trajectoire budgétaire suivie par les gouvernements Rajoy ou Zapatero. Rejeter en bloc toute collaboration avec le parti social-démocrate aurait cependant représenté une faute grave qui n’aurait pas été comprise par la masse de ceux qui ont eu à tellement souffrir de la politique du PP. Des millions de personnes cherchent à être soulagées de leurs souffrances et haïssent le PP jusqu’au plus profond de leur chair.

    Podemos aurait pu considérablement renforcer sa position en mobilisant les travailleurs, la jeunesse et les divers mouvements sociaux à débattre du programme à défendre à la table des négociations dans des meetings et à exprimer leurs revendications dans des manifestations de masse. En s’appuyant sur l’implication des masses et armé d’un programme axé sur les besoins de la population ainsi que sur la manière d’y répondre et non pas sur ce que l’establishment pourrait accepter, bien plus aurait pu être arraché.

    Une telle campagne aurait suscité un enthousiasme bien au-delà des frontières de l’Etat tout en constituant une excellente préparation pour la riposte qu’exigera chaque mesure antisociale du gouvernement Sanchez. Les dirigeants de Podemos font hélas actuellement tout le contraire en cherchant à se montrer ‘‘responsables’’ face aux institutions pour obtenir des responsabilités dans une future coalition gouvernementale avec le PSOE.

    (1) Unidos Podemos est le nom de la coalition électorale qui a participé aux élections générales anticipées du 26 juin 2016, avec pour chef de file le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias. Cette coalition regroupe entre autres Podemos, Izquierda Unida (Gauche Unie) et la formation écologiste Equo.

  • État espagnol : Plus d’un million d’étudiants en grève contre le sexisme et pour une éducation sexuelle inclusive

    1,5 million d’étudiants ont rejoint la grève et 100.000 sont descendus dans les rues !

    La grève générale des étudiants appelée par le Sindicato de Estudiantes (SE) et Libres y Combativas (plate-forme féministe socialiste lancée par SE et Izquierda Revolucionaria, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol) a été un grand succès ! Plus de 1,5 million d’étudiants ont vidé les salles de classe et 90 % des élèves ont soutenu la grève dans les écoles secondaires. Plus de 100.000 personnes ont ensuite participé à plus de 60 manifestations matinales dans tout l’État espagnol ! La détermination dont nous avons fait preuve contre le sexisme dans les salles de classe, contre la violence sexiste et contre la “justice” patriarcale est également un puissant avertissement au gouvernement Sanchez. Nous ne nous contentons pas de gestes et de promesses !

    Déclaration du Sindicato de Estudiantes

    Nous en avons assez de ce gouvernement qui détourne les yeux et ne fait rien pour mettre fin au pouvoir de l’Église catholique dans le domaine de l’enseignement, qui tolère sa propagande homophobe et sexiste, qui accepte les condamnations scandaleuses de ce système judiciaire hérité du franquisme qui permet l’impunité des violeurs, et qui maintient les réductions de budget et la privatisation de l’enseignement.

    Dès les premières heures du matin, il était clair que la grève serait massive et les manifestations très suivies. Dans les écoles secondaires, elle a été suivie à 90 % en Galice, dans les Asturies, au Pays basque, en Catalogne, à Valence, en Andalousie, à Madrid et ailleurs. Les 90 % ont même été dépassés en Estrémadure, aux îles Canaries, à Murcie etc. Il y a également eu une participation importante dans les universités à travers le pays.

    Les manifestations ont également connu une participation impressionnante : 15.000 personnes à Madrid, 12.000 à Barcelone, 5.000 à Bilbao et des milliers dans d’autres villes basques, plus de 15.000 en Andalousie, 5.000 en Galice et 5.000 à Valence, 2.000 à Gijon et des dizaines de milliers ailleurs dans le pays.

    L’atmosphère était combative et pleine d’enthousiasme dans tous les cortèges. Nous avons crié des slogans comme “ma jupe ne provoque rien”, “avec ou sans vêtements, ne me touchez pas”, “non, c’est non et le reste c’est du viol”, “oui à l’éducation sexuelle, non aux cours de religion”, “quel que soit le gouvernement, nous allons défendre nos droits”, “la lutte sera féministe ou ne sera pas”, etc. Nous avons également été ravis de la présence de centaines de pensionnés et de vétérans de la lutte de classe qui ont manifesté à nos côtés, à l’appel de l’organe de coordination du mouvement des retraites. Leur présence a été une source d’inspiration, comme en témoigne leur slogan – “Quel que soit le gouvernement, nous défendrons nos droits” – qui est désormais également le nôtre.

    Nous avons également reçu le soutien de dizaines d’organisations féministes, de mouvements LGBTQI+ et de mouvements de femmes en lutte, tels que les Kellys (les nettoyeuses en lutte), des militants anti-violence contre les femmes et des mouvements pour l’abolition de la prostitution qui ont fait un discours animé lors de notre rassemblement à Madrid.

    De nombreuses militantes de Libres y Combativas et du SE ont également pris la parole lors de rassemblements dans toutes les grandes villes, indiquant clairement que nous ne reculerions pas d’un pas dans notre lutte, que nous défendons le féminisme anticapitaliste révolutionnaire de lutte et que nous ne tolérerons aucune attaque contre nos droits. Nous avons expliqué comment le mouvement des femmes de la classe ouvrière est complètement lié à la lutte contre les injustices sociales et l’oppression du système capitaliste.

    Nous voulons aussi souligner la présence de milliers de nos camarades masculins en lutte, qui se sont joints à nous dans une grève unitaire et qui sont avec nous en première ligne contre les attaques contre nos droits et ceux des jeunes LGBT et trans, luttant ensemble contre le sexisme et les préjugés sexistes.

    Cette grève a représenté un pas en avant très important pour construire un grand mouvement de jeunes et d’étudiants contre le sexisme dans les écoles et les universités après les grandes grèves du 8 mars et du 10 mai de cette année, pour défendre nos revendications face au gouvernement et au ministère de l’éducation.

    Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas forcé ce gouvernement à appliquer une politique d’éducation sexuelle universelle dans toutes les écoles, à éduquer contre le sexisme, les abus et la culture du viol, et contre l’homophobie et la transphobie. Jusqu’à ce qu’ils aient éliminé toutes les réglementations internes des écoles qui imposent des codes vestimentaires répressifs ou qui vont à l’encontre de la liberté d’exercer toute sexualité ou des droits de la communauté LGTB. Jusqu’à ce qu’ils prennent des mesures disciplinaires contre les enseignants – une petite minorité – qui défendent des attitudes sexistes. Et jusqu’à ce qu’ils abrogent une fois pour toutes le projet de loi réactionnaire sur l’éducation LOMCE et accordent la gratuité de l’enseignement de la maternelle à l’université.

    Nous exigeons le respect et la dignité, la liberté d’être qui nous sommes et la fin des abus et de l’humiliation. Rejoignez SE et Libres y Combativas pour construire un féminisme anticapitaliste révolutionnaire !

     

  • État espagnol/14 nov – Grève générale étudiante ! Le sexisme hors de nos écoles !

    Des dizaines de milliers d’étudiants ont participé aujourd’hui à l’appel à la grève étudiante lancé dans l’Etat espagnol par Libres y Combativas (organsiation-soeur de la Campagne Rosa) et le Sindicato de Estudiantes (organisation-soeur des Etudiants de Gauche Actifs). Voici ci-dessous le texte de leur appel.

    L’année dernière, des millions de travailleuses, de jeunes et d’étudiantes ont rempli les rues et ont porté un coup massif à ce système qui justifie, défend et légitime les violences contre les femmes. Nous avions aussi des milliers d’hommes à nos côtés qui soutenaient nos revendications et participaient à la lutte. La grève générale féministe historique du 8 mars en particulier ainsi que les mobilisations contre la condamnation honteuse de la « meute », en particulier la grande grève générale des étudiants du 10 mai ont clairement marqué un tournant dans la lutte.

    Le mouvement féministe a joué un rôle clé dans la chute du gouvernement Rajoy et ce n’est pas un hasard si le nouveau gouvernement du PSOE veut hisser le drapeau féministe. Cependant, leur « féminisme » a été exposé avec les déclarations de leurs nouvelles ministres femmes qui annonçaient qu’elles ne pouvaient rien faire en ce qui concerne la libération honteuse des violeurs de « la Meute » par respect pour le système de justice patriarcal. Le Syndicat des Etudiants (SE) et Libres y Combativas (Libres et Combatives, la plateforme féministe socialiste du SE et d’Izquierda Revolucionaria) savent très bien ce qu’elles/ils devraient faire : exiger l’expulsion définitive du système judiciaire et poursuivre en justice ces juges qui encouragent la violence faite aux femmes.
    Pour une éducation sexuelle inclusive maintenant ! Grève générale des étudiant.e.s le 14 novembre

    La lutte contre le sexisme est également une tâche importante dans le mouvement éducatif. Une année après l’autre, des milliards de dollars d’argent public sont remis à la hiérarchie de l’Église catholique, qui enseigne le sexisme, l’homophobie, la transphobie et mène des campagnes contre le droit à l’avortement. Nous devons également subir des avertissements, et même des sanctions, lorsque nous portons des manches courtes ou des shorts en été, car cela pourrait « provoquer une impulsion irrépressible » ! Le fait que de tels arguments puissent être utilisés dans nos écoles est dégoûtant. Nos vêtements et nos corps ne provoquent rien ! Nous ne vivons plus sous le franquisme !

    Il est temps de construire un grand mouvement d’étudiants et de jeunes contre le sexisme dans toutes les écoles et universités et d’exiger que le gouvernement de Pedro Sanchez et le ministre de l’Éducation cessent d’ignorer cette question et mettent un terme à cette situation.

    État espagnol/14 nov – Grève générale des étudiants ! Le sexisme hors de nos écoles !

    L’année dernière, des millions de travailleuses, de jeunes et d’étudiantes ont rempli les rues et ont porté un coup massif à ce système qui justifie, défend et légitime les violences contre les femmes. Nous avions aussi des milliers d’hommes à nos côtés qui soutenaient nos revendications et participaient à la lutte. La grève générale féministe historique du 8 mars en particulier ainsi que les mobilisations contre la condamnation honteuse de la « meute », en particulier la grande grève générale des étudiants du 10 mai ont clairement marqué un tournant dans la lutte.

    Le mouvement féministe a joué un rôle clé dans la chute du gouvernement Rajoy et ce n’est pas un hasard si le nouveau gouvernement du PSOE veut hisser le drapeau féministe. Cependant, leur « féminisme » a été exposé avec les déclarations de leurs nouvelles ministres femmes qui annonçaient qu’elles ne pouvaient rien faire en ce qui concerne la libération honteuse des violeurs de « la Meute » par respect pour le système de justice patriarcal. Le Syndicat des Etudiants (SE) et Libres y Combativas (Libres et Combatives, la plateforme féministe socialiste du SE et d’Izquierda Revolucionaria) savent très bien ce qu’elles/ils devraient faire : exiger l’expulsion définitive du système judiciaire et poursuivre en justice ces juges qui encouragent la violence faite aux femmes.
    Pour une éducation sexuelle inclusive maintenant ! Grève générale des étudiant.e.s le 14 novembre

    La lutte contre le sexisme est également une tâche importante dans le mouvement éducatif. Une année après l’autre, des milliards de dollars d’argent public sont remis à la hiérarchie de l’Église catholique, qui enseigne le sexisme, l’homophobie, la transphobie et mène des campagnes contre le droit à l’avortement. Nous devons également subir des avertissements, et même des sanctions, lorsque nous portons des manches courtes ou des shorts en été, car cela pourrait « provoquer une impulsion irrépressible » ! Le fait que de tels arguments puissent être utilisés dans nos écoles est dégoûtant. Nos vêtements et nos corps ne provoquent rien ! Nous ne vivons plus sous le franquisme !

    Il est temps de construire un grand mouvement d’étudiants et de jeunes contre le sexisme dans toutes les écoles et universités et d’exiger que le gouvernement de Pedro Sanchez et le ministre de l’Éducation cessent d’ignorer cette question et mettent un terme à cette situation.

    Pour ces raisons, le SE (Syndicat des Etudiants) et Libres y Combativas appellent tous les jeunes à participer à une grève générale des étudiants le 14 novembre dans tout l’Etat, ainsi qu’à des manifestations. Les objectifs de cette grève sont très concrets. Nous exigeons que le gouvernement mette en œuvre immédiatement un programme d’éducation sexuelle inclusif, obligatoire dans toutes les écoles, pour enseigner que malgré notre sexe, notre orientation ou notre identité de genre, nous sommes libres d’être qui nous sommes. Ce programme devrait être enseigné dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur et devrait contribuer à combattre le sexisme, les abus, la culture du viol, l’homophobie et la transphobie.

    Nous exigeons également que le gouvernement élimine toutes références sexistes aux vêtements des femmes dans les règlements scolaires internes, en défendant explicitement les droits de toutes les sexualités, de tous les genres et de la communauté LGBTQI+. Nous appelons à des mesures disciplinaires sévères à l’encontre des enseignants qui, même s’ils sont minoritaires, défendent des attitudes sexistes.

    Nous appelons toutes les organisations et plateformes féministes, tous les mouvements sociaux et toutes les organisations syndicales et politiques de gauche à soutenir cette grève et à se joindre à nous dans des manifestations pour nos revendications.

    Nous voulons le respect et la dignité, la liberté d’être qui nous sommes, la fin des abus et de l’humiliation. Nous voulons des actes, pas des mots. En avant pour une grève générale étudiante le 14 novembre ! Videz les salles de classe et remplissez les rues !

    Le sexisme hors des salles de classe, hors du système judiciaire et de toutes les institutions ! STOP aux violences contre les femmes !

    Publié sur Libres y Combativas (organisation-soeur de ROSA dans l’état espagnol).

  • La mairie de gauche à Barcelone obtient une victoire sur le logement. Comment briser les carcans budgétaires ?

    Ada Colau

    Après la crise de 2008 un intense cycle de lutte de classe a pris place dans l’Etat espagnol, qui a ouvert la voie à l’émergence de Podemos et aux listes de confluences de gauche (Podemos, Gauche Unie et des représentants des mouvements sociaux). Ada Colau, première femme maire à Barcelone et première issue des mouvements sociaux, était la tête de liste de Barcelona en Comú (Barcelone en commun), en tant qu’ex-porte-parole de la plateforme contre les expulsions de logements (PAH). La victoire de ces listes de confluence aux élections locales de 2015, notamment à Barcelone et Madrid, a représenté un important développement pour le mouvement anti-austérité.

    Par Marisa Cabal Cabeza, candidate de Gauches Communes à Saint-Gilles

    Une mairie féministe

    La mairie a soutenu et participé à la grève et à la manifestation historique du 8 mars pour les droits des femmes. Ada Colau a précisé que la violence et les discriminations sexistes ne concernent pas l’éducation, c’est un problème structurel intégré au cœur du système, des institutions et de l’économie, en ajoutant que la question soulevée par la grève est qu’il y a des exploités et des privilégiés qui en profitent. En Belgique, notre campagne ROSA fait elle aussi le lien entre l’oppression sexiste, l’austérité et l’exploitation capitaliste.

    Le montant des aides sociales pour les cantines scolaires a été triplé ; des tarifs sociaux pour les crèches publiques ont été introduits et 3 nouvelles crèches avec 217 places seront ouvertes à partir de la prochaine rentrée scolaire.

    Voilà ce que peut faire une commune de gauche contre la double journée de travail des femmes. Avec Gauches Communes, à Saint-Gilles (Bruxelles), nous estimons qu’il faut 30 nouvelles crèches publiques pour s’attaquer au manque de places et que la commune devrait assurer la gratuité des repas à l’école. A Barcelone, 43% des familles ne trouvent pas de place dans une crèche publique ; 3 nouvelles crèches, c’est donc insuffisant.

    Une bataille gagnée pour la défense des logements sociaux

    À Barcelone, les prix des loyers crèvent les plafonds. Chaque jour, 10 expulsions de logements prennent place. En 2013, la maire de Madrid lui a vendu plus de 1.800 logements sociaux à Blackstone, un fonds vautour qui spécule sur la crise immobilière, qui est ainsi devenu le plus grand agent immobilier du pays. Une année plus tard, une banque catalane, Caixa Catalunya, précédemment sauvée avec 12 milliards d’euros de fonds publics, lui a vendu plus de 40.000 hypothèques toxiques. La banque s’est libérée d’actifs toxiques tandis que Blackstone a pu voler les maisons de gens de ceux pour qui l’hypothèque était devenue impayable.

    Le 14 juin, un homme de 43 ans s’est suicidé. Sa famille était menacée d’expulsion par Blackstone. Des manifestations ont eu lieu sous le slogan : ‘‘ce ne sont pas des suicides, ce sont des assassinats’’. La pression de la rue a poussé le conseil municipal à discuter d’une nouvelle loi : l’obligation pour les promoteurs de réserver 30% des nouveaux bâtiments et des rénovations aux logements à loyer social, loi approuvée le 17 juin. La victoire est d’autant plus importante qu’elle montre la voie à suivre : celle de la construction d’un rapport de force dans la rue.

    Cela n’enlève toutefois rien à la nécessité de construire des logements sociaux publics. En deux ans, la mairie en a construit 750 et elle a pris un crédit pour en construire 2.000 de plus, un effort qu’aucune autre autorité n’a fait auparavant. Le problème reste entier : le taux de logements sociaux à Barcelone est de 1,5%. Tout comme la PAH, nous estimons qu’il faut tendre à atteindre 20% de logements sociaux pour que la pression soit suffisante sur les loyers privés. À Saint Gilles, Gauche Communes propose de construire 3.000 logements sociaux publics. À Barcelone, il faudrait en construire 120.000 de plus.

    La lutte pour l’accès à l’eau

    A Barcelone, l’eau est gérée par Agbar, une filiale de la très rentable multinationale française Suez. Une ressource comme l’eau devrait être un bien commun. Colau a proposé au conseil municipal un projet de consultation pour une gestion publique et démocratique de l’eau. Le projet reste bloqué, tous les groupes ont voté contre, en dépit d’études qui montrent que 70% de la population y est favorable.

    Une plateforme composée de voisins, de syndicats et d’organisations écologistes a été formée, sans que la mobilisation ne prenne la même dynamique que pour le logement. La pression fut insuffisante.

    Pour un front des villes rebelles
    Les confluences de gauche ont aussi gagné les élections à Madrid, Cadix, Saragosse, La Corogne,… Elles pourraient utiliser ces positions élues pour organiser un front de communes rebelles.
    Crèches, logements, etc. : ce front pourrait défendre des budgets qui répondent aux nécessités sociales et les coupler à la mobilisation active de la population afin d’arracher un refinancement des villes. Une politique sociale pourrait alors être réellement appliquée alors qu’elle est bloquée par des budgets volontairement limités.

  • Etat espagnol : après la grève féministe historique du 8 mars, de nouvelles manifestations contre la culture du viol

    Les mouvements de lutte de masse pour l’émancipation des femmes ont fait leur retour sur le devant de l’actualité, tout particulièrement dans l’Etat espagnol. Nous avons discuté avec Ana, de Libres y Combativas, l’organisation-sœur de la campagne ROSA.

    Récemment, d’importants mouvements ont pris place à travers l’État espagnol suite au procès de “la meute”, au cours duquel un juge a requalifié un viol en abus parce que la victime, paralysée par la peur et menacée de mort, ne s’est pas débattue. Peux-tu nous en dire plus ?

    Nous avons assisté à un mouvement fulgurant de travailleuses et de jeunes contre l’affaire scandaleuse de ‘‘la Meute’’, une décision judiciaire violente qui a prononcé la plus petite peine possible contre les auteurs d’un viol collectif, parmi lesquels un Guardia Civil (force de police espagnole à statut militaire, NdT.) et un militaire. Le plus grave, c’est que ce procès a dans les faits légalisé le viol en réduisant juridiquement ce crime à un simple ‘‘abus’’ qui excuse les auteurs de l’exercice de la violence sexuelle.

    La réaction fut immédiate. Le jour du jugement, des mobilisations spontanées ont déferlé sur tout le pays. Ces manifestations ont fait entendre que la justice capitaliste ne peut être une garantie pour la défense des droits des femmes. La lutte de la rue est le seul instrument dont nous disposons pour condamner la violence machiste.

    Avec Libres y Combativas (plateforme féministe d’Izquierda Revolucionaria et organisation-sœur de la campagne ROSA, NdT), nous avons contribué à ces mobilisations de masse en appelant à une grève étudiante le 10 mai. Cette dernière a paralysé l’enseignement et les rues ont été remplies de jeunes avec plus de 60 manifestations. Ce fut une très forte riposte contre une sentence qui visait à porter un coup au moral des millions de femmes qui avaient participé à la grève féministe du 8 mars.

    L’État espagnol a connu des mouvements historiques contre l’oppression des femmes, et ils ne faiblissent pas. Comment l’expliques-tu ?

    Cette recrudescence de la lutte féministe est étroitement liée aux effets de la crise et à la révolte sociale qui a secoué l’État espagnol ces dernières années. Ce sont les salariées, les chômeuses, les retraitées, les migrantes et les jeunes femmes qui souffrent le plus de l’austérité et qui subissent les plus grands revers dans tous les aspects de leur vie. Cette réalité révèle une fois de plus à quel point le système capitaliste joue un rôle fondamental dans l’oppression des femmes. D’un autre côté, cette situation a également éveillé des milliers de femmes à la lutte et à la politique.

    Les luttes contre les expulsions de logements et contre l’extrême précarité dans les secteurs fortement féminisés (comme le nettoyage) de même qu’en défense des services publics ont placé les femmes au premier rang. Cette nouvelle impulsion du mouvement féministe provient de cette vague de mobilisations où les femmes les plus opprimées ont su démontrer que nous ne devons pas nous résigner au rôle qui nous a été assigné et que la seule manière de nous émanciper ne peut venir que de notre propre lutte et de nos propres organisations.

    Quelle fut l’ampleur des mobilisations et quelles en étaient les revendications ?

    L’année dernière, sous l’appel international de ‘‘Ni una menos’’ (‘‘Pas une de moins’’, un mouvement contre les féminicides, en provenance d’Argentine, NdT.), une grève d’une heure avait eu lieu ainsi que des mobilisations de masse le 8 mars. Cette année, le mouvement féministe a fait un pas en avant en appelant à une journée historique de grève générale. Les étudiants ont joué un rôle fondamental dans ce succès en vidant complètement les salles de classe à l’appel de Libres y Combativas qui a distribué des centaines de milliers de tracts et organisé des centaines d’assemblées dans les écoles et les facultés.

    Les revendications de la grève ont donné une dimension massive à cette journée de lutte. Elles comprenaient le droit à un avortement libre, sans danger et gratuit ainsi que la dénonciation du rôle complice de la justice dans la culture du viol, de l’exploitation du corps des femmes, du poids des tâches domestiques et de la violence que constituent les coupes budgétaires.

    Libres y Combativas met l’accent sur les aspects matériels, économiques et idéologiques sur lesquels repose notre oppression. Il faut mettre fin à la justice patriarcale ainsi qu’investir dans les moyens et les ressources pour protéger les victimes de violences et leurs enfants, mettre fin à toute forme d’exploitation de notre corps, lutter contre la culture qui fait un objet du corps des femmes et garantir des conditions de vie décentes, débarrassées de la précarité et du poids du travail domestique, qui permettent d’être totalement indépendantes. Nos chaînes sont très concrètes et le combat que le mouvement féministe impose dans les rues contre le système en mettant en cause ses gouvernements et ses institutions provoque un énorme bouleversement social.

    Pour mener à terme la libération des femmes, nous défendons dans ce mouvement que le féminisme doit reposer sur une approche de classe, révolutionnaire et anticapitaliste.

  • Etat espagnol : Nouvelles mobilisations féministes suite à la libération de “La Meute”

    “Ce n’est pas un abus, c’est un viol – nous, nous te croyons!” – 10 mai 2018

    Ce jeudi, des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de l’Etat espagnol à la suite de la décision d’un tribunal de Pampelune en faveur de la mise en liberté provisoire de «La Meute». Derrière ce nom se trouvent cinq jeunes hommes qui ont abusé d’une femme de 18 ans sans être pour cela condamnés pour viol mais simplement pour “abus sexuel”. La décision des juges de ne pas retenir la qualification de viol alors que les agresseurs avaient filmé leurs actes avait provoqué une vague de manifestations féministes dans tout le pays, dans lesquelles nos camarades d’Izquierda Revolucionaria, de Libres y Combativas (organisation-soeur de la campagne ROSA en Belgique) et du Sindicato de Estudiantes (organisation-soeur des Etudiants de Gauche Actifs) ont joué un rôle de premier plan. Ils avaient notamment appelé à la tenue d’une grève générale étudiante le 10 mai à laquelle plus de 100.000 personnes ont participé.

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    LE TRIBUNAL DE NAVARRE LAISSE LES VIOLEURS DE LA MEUTE EN LIBERTÉ. TOUTES ET TOUS DANS LES RUES !

    Nous ne le permettrons pas ! A bas la justice patriarcale et fasciste !

    Le tribunal provincial de Navarre a décidé de libérer les violeurs de la Meute. Avec Libres y Combativas, le Sindicato de Estudiantes et Izquierda Revolucionaria, nous voulons manifester notre indignation face à une justice qui affiche sans entrave son caractère fasciste et patriarcal et qui prétend donner une leçon aux millions de femmes qui ont exposé la lutte féministe dans les rues.

    Déclaration d’Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol)

    Il ne fait aucun doute que beaucoup de gens lisent en ce moment-même, bouche bée, cette terrible nouvelle. C’est une véritable provocation. Après que des millions de femmes, de jeunes et de travailleurs aient organisé une grève féministe historique le 8 mars et après avoir paralysé les salles de classe dans tout l’État le 10 mai lors de la grève générale étudiante contre la peine de ‘‘la Meute’’ (en savoir plus), voici qu’ils veulent se moquer de nous et nous faire croire que quoi que nous fassions, nous ne pouvons rien changer.

    Aussi bien la condamnation que la libération provisoire de ces sauvages représentent une agression contre toutes les femmes. Il s’agit de nous cibler toutes en envoyant un message très clair : les femmes peuvent être violées, agressées, maltraitées et harcelées. Vous pouvez nous torturer physiquement et psychologiquement, le filmer, le diffuser et rien ne se passera dans ce pays ! Les responsables de ces actes seront protégés par la loi, leurs crimes resteront impunis et les victimes subiront toute une série d’humiliations publiques et d’actes de mépris. C’est répugnant et on ne peut pas permettre que cela se produise.

    Voilà la justice que nous offre ce système de classe, patriarcal et franquiste. D’un côté il met en prison les jeunes d’Altsasu (accusés ‘‘d’attaque terroriste’’ suite à une rixe avec deux Gardes civils, NDLR) alors que leur innocence a été plus que prouvée, il y envoie également des rappeurs pour réprimer leur musique, de même que des jeunes activistes comme Alfon (un jeune de 24 ans condamné à 4 ans de prison pour faits de manifestation, NDLR) et d’autres militants de gauche en raison de leur lutte contre les injustices du système. De l’autre côté, cette justice laisse par contre en liberté les violeurs de ‘‘la Meute’’, les corrompus et ceux qui commettent des agressions homophobes et fascistes. C’est tout simplement inacceptable.

    Tant la décision de libérer les violeurs que la précédente condamnation scandaleuse ont été approuvées par une femme juge. Que peut-on conclure de ce fait ? Que la racine du problème, c’est l’ensemble du système judiciaire et du système capitaliste, et que le patriarcat est également soutenu par de nombreuses femmes qui partagent les privilèges des puissants et ne veulent en aucun cas renoncer à leurs avantages.

    Le fait que des femmes occupent des postes judiciaires et ministériels ou dirigent des banques et des entreprises n’empêche ni l’exploitation, ni la discrimination salariale, pas plus que cela n’élimine le machisme et la violence sexiste. L’expérience montre une fois de plus que la lutte féministe, pour gagner, doit impérativement se mener avec un caractère de classe, révolutionnaire et anticapitaliste.

    La marée féministe inondera à nouveau les rues pour réclamer justice et exprimer son soutien inconditionnel à la jeune victime de ces criminels sans scrupules. Avec Libres y Combativas, le Sindicato de Estudiantes et Izquierda revolucionaria, nous allons promouvoir cette lutte de toutes nos forces, tout en exigeant l’annulation immédiate de cette décision et la disqualification immédiate des juges impliqués dans la condamnation et la libération des violeurs. Et nous signalons aussi au nouveau gouvernement de Pedro Sánchez (PSOE) – qui a déclaré que ‘‘cette décision est prise dans le cadre de la régularité du système judiciaire (…) le gouvernement se conforme à celle-ci’’, qu’il a clairement fait valoir que son ‘‘féminisme’’ n’est rien de plus qu’une façade, une coquille vide, une formule hypocrite qui cache une politique qui se plie devant la justice patriarcale.

    Nous avons envahi les rues, nous avons vidé les salles de classe et les lieux de travail, nous avons organisé des mobilisations de masse sans précédent et nous allons le refaire aussi souvent que nécessaire !

    Toutes et tous aux manifestations et rassemblements à venir !
    S’ils touchent à l’une d’entre nous, nous répondrons toutes !
    Nous toutes, si, on te croit !
    La voilà ta meute !

    En réponse à cette provocation, près de 50 rassemblements sont organisés ce vendredi 22 juin 2018 à travers l’Etat espagnol (Madrid, Catalogne, Andalousie, Communauté valencienne, Asturies, Aragon, Tenerife, Murcia, etc.).

  • Espagne : Un activiste risque trois ans de prison pour avoir aidé une migrante victime d’une attaque policière

    Photo de solidarité, Gand.

    Le mercredi 6 juin, notre camarade Tohil Delgado, ancien secrétaire général du Sindicato de Estudiantes (SE) et membre d’Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État espagnol), siégera sur le banc des accusés au tribunal pénal n° 8 de Madrid. Il risque trois ans de prison pour “atteinte à l’autorité”. Son crime est d’être venu en aide à une jeune migrante de 21 ans sauvagement battue lors d’une descente de police raciste.

    Les événements se sont produits en 2010. Notre camarade aurait pu s’éloigner et regarder de l’autre côté, mais il ne l’a pas fait. Les parents de la jeune femme – également équatoriens – ont essayé d’éviter l’agression policière. Mais ils ont tous fini en prison 39 heures, avec Tohil. Lors de leur arrestation et de leur transfert ainsi que durant toute la durée de leur détention, ils ont été battus et ont reçu des menaces de mort de même que des insultes racistes. Ils n’ont pas reçu d’eau ou de nourriture pendant plus de huit heures. Ils n’ont pas eu le droit de communiquer avec qui que ce soit. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé. C’est une réalité quotidienne pour de nombreux migrants, souvent victimes de persécutions policières et de raids racistes dans nos quartiers. Ils sont traités de façon déplorable, sans respecter leurs droits fondamentaux.

    Le camarade Tohil risque trois ans de prison pour s’être opposé à un acte brutal et injuste. Deux des policiers qui l’ont attaqué prétendent que ce sont eux qui ont été attaqués. Mais des vidéos existent – enregistrées par des voisins alarmés – dans lesquelles il apparaît très clairement que la seule violence a été perpétrée par la police. Une fois de plus, nous sommes confrontés à cette réalité de plus en plus répandue qui consiste à traiter les victimes comme des agresseurs.

    “Ils ne nous feront pas taire”

    Cette grande injustice n’est pas non plus un cas unique, loin de là. Chaque jour, nous sommes témoins de l’utilisation de la justice contre tous ceux qui s’opposent à l’inégalité, qui dénoncent l’injustice et qui tentent de changer les choses. Pour cette simple raison, les prisons sont maintenant la destination des rappeurs, des twitterers, des syndicalistes et des militants de gauche. Pendant ce temps, des hommes politiques et des hommes d’affaires corrompus, des parents de monarques et d’autres personnes influentes, des défenseurs du régime, de la précarité, du sexisme et des expulsions règnent librement comme si rien ne s’était passé. Mais ils ne nous feront pas taire.

    Le Sindicato de Estudiantes (SE) et Libres y Combativas, la plateforme féministe socialiste de SE et Izquierda Revolucionaria (section du CIO dans l’Etat espagnol), appellent tous ceux qui désirent que cela cesse à montrer leur solidarité avec notre camarade. Si Tohil Delgado est condamné à la prison, ce sera une sentence contre nous tous qui combattons dans la rue. Nous vous demandons de faire connaître cette affaire et de signer la résolution de protestation demandant son acquittement.

    Une manifestation de solidarité pour Tohil et les autres accusés aura lieu le mercredi 6 juin devant le tribunal correctionnel de Madrid. Avec une pression de masse, nous pouvons empêcher cette injustice de se produire !

    Assez du sexisme et du racisme de la police !

    • Signez la résolution de soutien
    • Prenez des photos de solidarité avec cette affiche et envoyez les à redaction@socialisme.be
  • Espagne: grève générale étudiante contre la culture du viol le 10 mai!

    Les manifestations de masse demandent justice pour les victimes de viol –

    Déclaration du Sindicato de estudiantes (organisation-sœur des Etudiants de Gauche Actifs dans l’Etat espagnol)

    L’affaire « La Manada » (La Meute) : une honte.

    Le scandaleux verdict prononcé par le tribunal de Pampelune dans l’affaire du gang de violeurs de La Manada a choqué des millions de femmes, de jeunes et une majorité d’hommes, comme en témoignent les manifestations massives qui ont eu lieu partout dans le pays quelques heures seulement après la prononciation du verdict, le 26 avril dernier.

    Ce jugement illustre le double discours de la «justice» dans ce système réactionnaire et franquiste. D’un côté, des jeunes et des rappeurs sont emprisonnés pour avoir critiqué la monarchie et la corruption du PP au pouvoir sur les réseaux sociaux et dans les chansons; les livres sont retirés de la circulation et les magazines sont censurés. La police est déployée lors des matches de football pour confisquer les t-shirts jaunes parce qu’ils «incitent à la violence» (NDLT : la couleur jaune symbolise le mouvement d’indépendance en Catalogne). D’un autre côté, les politiciens corrompus sont libérés, les fascistes s’en sortent sans condamnation et la violence contre les femmes est traitée en toute impunité.

    Le verdict à l’encontre des violeurs de La Manada correspond à ce deuxième cas: c’est une insulte et un manque de respect flagrants envers une jeune femme sauvagement attaquée par un groupe d’hommes. Le tribunal légalise ainsi de facto le viol et place toutes les femmes en situation de danger face aux prédateurs qui savent qu’ils seront protégés.

    Nous ne pouvons pas permettre cela! Nous devons utiliser notre colère et notre indignation pour nous organiser et lutter !

    Le Sindicato de Estudiantes, avec la plateforme féministe socialiste, Libres y Combativas (organisation-sœur de la Campagne ROSA – Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), appelle à une grande grève étudiante le 10 mai – à l’arrêt des cours dans les écoles et les universités – et appelle tous les jeunes à participer massivement aux manifestations du 12 mai.

    Avec cette grande grève, nous entendons montrer notre rejet de ce système judiciaire sexiste, exiger le limogeage de tous les juges responsables, nous opposer à la corruption et à l’attaque contre les droits démocratiques en cours ainsi que démontrer notre entière et pleine solidarité avec la victime de cette horrible agression.

  • Catalogne : Des salles de classe vides et des milliers de personnes dans les rues en grève contre la répression franquiste

    Le 26 avril, les salles de classe des écoles et des universités de Catalogne étaient vides en raison de la grève générale étudiante appelée par le Sindicat d’Estudiants. Encore une fois, les jeunes sont sortis dans la rue, face à la répression franquiste du PP pour dénoncer haut et fort le bloc réactionnaire : nous exigeons la démocratie et la liberté pour les jeunes et le peuple de Catalogne et nous n’acceptons pas les attaques antidémocratiques qui menacent de détruire nos droits.

    Par le Sindicat d’Estudiants

    Plus de 10.000 jeunes ont défilé à Barcelone et des centaines d’autres villes de Catalogne pour réclamer la liberté des prisonniers politiques, la fin de l’article 155 de même que pour dénoncer la criminalisation et la persécution des comités CDR (comité de défense du référendum) et de tous ceux qui se sont soulevés contre cette offensive antidémocratique.

    Nous savons que l’intention du PP et de ses alliés est d’humilier un peuple entier et d’envoyer un message clair, non seulement aux jeunes et aux travailleurs de Catalogne, mais aussi dans le reste de l’État espagnol. Aujourd’hui, ils emprisonnent et persécutent les gens aux idées indépendantistes, mais ils commencent aussi à agir de la sorte contre ceux qui dénoncent la corruption, l’injustice du gouvernement PP et le rôle de la monarchie. Aujourd’hui c’est le mouvement indépendantiste, les rappeurs, les tweeters, les jeunes basques et d’autres qui sont victimes de la police. Mais demain, ces méthodes seront utilisées contre ceux qui organisent des grèves étudiantes, des mobilisations comme la grève féministe du 8 mars, le mouvement des retraites et le mouvement anti-évictions. Nous ne pouvons pas accepter cela ! En Catalogne, le 26 avril, nous l’avons rendu plus que clair et nous sommes sortis pour lutter, comme nous l’avons fait le 15 avril lorsque plus d’un million de personnes ont défilé à Barcelone. Cela montre la voie à suivre pour résister à l’oppression !

    Pour cette raison, le Sindicato de Estudiantes dans le reste de l’État espagnol a activement mobilisé en soutien à ses camarades catalans. Nous avons organisé des rassemblements de protestation au Pays basque, ainsi que des assemblées et des arrêts dans le reste de l’État. Tant en Catalogne qu’à l’extérieur, notre ennemi est le même : le bloc réactionnaire du PP qui nous attaque, nous inflige des coupes budgétaires et nous refuse une vie digne, mais qui veut aussi nous museler quand nous sortons pour lutter.

    Nous voulons également remercier le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) qui a organisé des actions de solidarité avec notre grève au niveau international. Des manifestations ont eu lieu devant les ambassades et consulats à Londres, Berlin, Dublin, Edimbourg, Cracovie, Vienne, Québec, Hong Kong et bien d’autres. Ils ont contribué à visibiliser notre lutte partout dans le monde.

    Lorsque nous organisons et combattons, nous sommes très forts, comme nous l’avons montré le 1er octobre, le 3 octobre lors de la grève générale historique qui a paralysé la Catalogne, et de nouveau le 15 avril. Il n’y a pas de répression qui puisse arrêter un peuple mobilisé ! Il est nécessaire d’entendre le message que les jeunes ont envoyé dans les rues de Catalogne le 26 avril, et de répondre par une grève générale de tous les travailleurs et des jeunes. C’est ainsi que nos parents et nos grands-parents ont obtenu des droits démocratiques dans les années 1970 et c’est ce que nous allons réaliser aujourd’hui !

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