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Tag: Etat espagnol
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Espagne: Des millions de personnes dans la rue contre l’oppression capitaliste et la violence contre les femmes

Poursuivre la lutte après une grève féministe historique
La grève féministe du 8 mars a été sans précédent. Jamais dans l’histoire de la lutte des classes dans l’État espagnol il n’y a eu de mobilisation aussi massive contre l’oppression des femmes de la classe ouvrière, contre l’inégalité et contre la violence envers les femmes. Des centaines de manifestations ont eu lieu du matin au soir, devenues un véritable Tsunami alors que des millions de personnes descendaient dans les rues. Cela reflétait non seulement la colère des femmes de la classe ouvrière et de la jeunesse contre la crise capitaliste et le gouvernement réactionnaire du PP, mais aussi l’énorme mécontentement présent dans toute la société.
Ce à quoi nous avons assisté ne pourra pas être facilement oublié. Tout d’abord parce que ce mouvement s’est construit de la base, à l’initiative de centaines de collectifs de femmes, de mouvements sociaux et d’organisations de gauche qui ont travaillé des mois durant pour que ce succès se concrétise. Ensuite parce que les dirigeants du PP et de Ciudadanos se sont farouchement opposés à la grève et aux manifestations, montrant ainsi que leur agenda politique représente une déclaration de guerre en faveur du sexisme institutionnalisé et des inégalités. Enfin parce que les dirigeants des plus grands syndicats et du PSOE, qui voulaient garder la journée sous contrôle, ont encore une fois été complètement dépassés. La stratégie de paix sociale et de démobilisation a reçu une claque ce 8 mars.
Les images des manifestations parlent d’elles-mêmes. Malgré le fait que les médias du système tentent de diluer les chiffres, les manifestations ont été beaucoup plus importantes que lors des précédentes grèves générales. À Madrid, nous ne pouvons accepter le chiffre donné par la “Commission 8M”. Non, il n’y avait pas 500.000 personnes. Il faut comparer cette manifestation à celles des précédentes grèves générales. A Madrid, la manifestation ne pouvait guère bouger sous l’avalanche de centaines de milliers de femmes, de jeunes et de dizaines de milliers de travailleurs. Plus d’un million de personnes étaient présentes et recouvraient plus de 5 kilomètres de rues.
Et Madrid ne faisait pas figure d’exception. La même chose s’est produite à Barcelone, Vigo, Ferrol, Gijon, Bilbao, Gasteiz, Valence, Malaga, Séville, Saragosse, Tarragone, Cadix, Tolède et des dizaines d’autres villes. La mobilisation a dépassé toutes les attentes.
Le rôle de la jeunesse
De nombreux articles dans les médias ont souligné le rôle massif des jeunes dans cette lutte. Et c’est vrai. La participation de millions de jeunes femmes et d’hommes à cette bataille reflète l’énorme potentiel révolutionnaire du nouveau mouvement féministe qui se développe.
Dans ce tremblement de terre de la jeunesse contre la violence envers les femmes et le capitalisme sexiste, le Sindicato de Estudiantes (SE – Syndicat des étudiants), Libres y Combativas (plate-forme féministe socialiste lancée par SE et Izquierda Revolucionaria) et Izquierda Revolucionaria (IR – section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État espagnol) ont joué un rôle clé.
Notre appel en faveur d’une grève étudiante de 24 heures a été massivement suivi. 90 % des élèves du secondaire et 80 % des étudiants des universités se sont joints à la grève. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues à l’occasion des manifestations étudiantes de Madrid, Barcelone, Vigo, Ferrol, Gijón, Bilbao, Gasteiz, Donosti, Donosti, Tarragone, Valence, Séville, Málaga, Cadix, Salamanque, Guadalajara, etc. et plus de 150.000 personnes y ont pris part.
Pour un féminisme anticapitaliste, révolutionnaire et socialiste !
Ce 8 mars, la nécessité d’un féminisme révolutionnaire et anticapitaliste reposant sur la lutte de classe était évidente. Un mouvement qui dénonce le patriarcat capitaliste, mais aussi le gouvernement PP, Ciudadanos, et tous ceux qui acceptent la logique de ce système d’atteintes contre nos droits et de coupes budgétaires dans les salaires, la santé, l’enseignement,… Un mouvement contre ce système de précarité et de “justice” sexiste qui protège ceux qui maltraitent les femmes.
Izquierda Revolucionaria et Libres y Combativas se sont distingués clairement du féminisme accepté par le système qui permet à nos oppresseurs, tels que le président du gouvernement Mariano Rajoy, de porter le violet féministe sans rougir. Le 8 mars, nous avons clairement indiqué que tous ne sont pas les bienvenus dans cette lutte pour la libération et que l’oppression des femmes est liée à l’oppression de classe. Toutes les femmes ne sont pas nos alliées, et celles d’entre nous qui souffrent de la violence, du contrôle de l’Eglise, de la précarité, du chômage, etc. n’ont rien à voir avec Angela Merkel et d’autres femmes capitalistes. Ces dernières défendent le système et acceptent la discrimination et la violence sexistes à l’égard des femmes, qui font partie de la source de leurs privilèges et de leur pouvoir. Elles nous exploitent tout comme les hommes capitalistes avec lesquels elles sont au pouvoir au sein des cabinets ministériels, des entreprises et des parlements.
Organisons la lutte jusqu’à la victoire ! A bas le gouvernement du PP !
Les femmes et les jeunes de la classe ouvrière ont été les principaux protagonistes des grèves et des manifestations du 8 mars. En dépit de la bureaucratie des syndicats CCOO et UGT qui n’appelaient qu’à une grève pathétique de deux heures – qu’ils n’ont d’ailleurs même pas organisé dans la plupart des lieux de travail, en se limitant seulement à des rassemblements symboliques – des millions de femmes ont surmonté la peur et les menaces pour partir en grève. Les travailleuses ont rempli les manifestations. Les médias ne leur ont pas accordé d’attention suffisante, en donnant la priorité aux actrices, aux journalistes et aux politiciennes). Les femmes de la classe ouvrière ont fait de ce 8 mars une journée historique.
Cette grande grève féministe a clairement montré que nous n’avons pas à supporter ce gouvernement réactionnaire une minute de plus. Que peuvent bien dire aujourd’hui ceux qui ne cessent de dire que les conditions ne sont pas présentes pour la lutte et ceux qui déplorent un “rapport de forces défavorable” ? Sous la surface de la société, la colère est grandissante et la pression est croissante dans les foyers et sur les lieux de travail des plus pauvres et des plus opprimés de la société de même que parmi les femmes, les jeunes et les retraités qui ont également entamé une lutte épique contre la bureaucratie parlementaire et syndicale. Toute cette vitalité, manifestée le 8 mars, doit être organisée pour poursuivre le combat jusqu’à la défaite des politiques du PP et que Rajoy & Co soient renversés. Nous devons nous unir dans une nouvelle grève générale de tous les travailleurs pour mettre fin au sexisme et à toutes les politiques d’austérité.
Izquierda Revolucionaria et Libres y Combativas appellent tous les travailleurs et les jeunes à poursuivre la lutte pour notre présent et notre avenir, en construisant un mouvement féministe qui ne peut être assimilé par la classe dirigeante. Un féminisme ouvrier, révolutionnaire, anticapitaliste. Construisez-le avec nous! Rejoignez Izquierda Revolucionaria et Libres y Combativas !
Ce pour quoi se bat Libres y Combativas :
NON à la violence envers les femmes ! Ni una menos !
- Non à la “justice” sexiste! Pour des condamnations justes contre les violeurs et les agresseurs ! Pour le licenciement et l’imposition de sanctions aux policiers et juges qui permettent l’impunité des auteurs d’abus !
- Pour une augmentation spectaculaire de l’aide économique et des refuges pour les victimes de violences à l’égard des femmes. Pour des emplois ou des allocations sociales décentes et de bons logements pour toutes les victimes de la violence domestique et leurs enfants !
Mon corps, mon choix !
- Pour le droit à des avortements gratuits et sûrs. Pour un accès à l’éducation sexuelle et à des services de planning familial publics dans toutes les écoles et universités ! Pour une contraception gratuite dans les centres de santé et les pharmacies pour tous les jeunes !
- La religion hors de l’école ! Non aux messages sexistes et homophobes dans nos écoles ! Abrogez la LOMCE – la loi dite pour “l’amélioration” de la qualité de l’éducation !
- Non à l’industrie de la traite des femmes qui représente plusieurs millions d’euros ! Contre la prostitution et la maternité de substitution rémunérée. Nos corps ne sont pas à vendre !
A travail égal, salaire égal ! Brisez les chaînes de l’esclavage domestique!
- Abrogation de la réforme du travail ! Pour des salaires décents pour les travailleuses ! Pour des sanctions exemplaires pour les lieux de travail qui refusent d’employer des femmes ou qui licencient des femmes parce qu’elles sont enceintes ou ne respectent pas les codes vestimentaires et de maquillage !
- Pour des sanctions exemplaires contre le harcèlement sexuel au travail !
- Pour le droit à 6 mois de congé de maternité pour les deux parents, à plein salaire ! Pour le développement de garderies publiques gratuites dans tous les quartiers et lieux de travail pour permettre aux parents de travailler !
- Pour des blanchisseries, des cantines et des services de nettoyage publics pour mettre fin à l’esclavage du travail domestique des femmes ! Pour une augmentation drastique des dépenses publiques pour le personnel soignant !
Nous ne voulons pas devoir être courageuses en rentrant chez nous, nous voulons la liberté !
- Pour la fin de l’objectivation du corps des femmes, qui alimente la violence sexiste. Retrait immédiat de toute publicité qui objectifie le corps des femmes ! A bas la promotion d’idéaux sexistes de “beauté” qui alimentent les préjugés !
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Des dizaines de milliers de Catalans manifestent à Bruxelles
Des dizaines de milliers de Catalans s’étaient donné rendez-vous aujourd’hui à Bruxelles. Venus par bus, trains, avions, voitures, caravanes,… ils ont constitué une foule massive qui a une fois de plus démontré l’ampleur de la révolte à l’œuvre en Catalogne. Les médias ont repris le chiffre officiel de la police : 45.000 personnes. Et, c’est vrai, il y en avait du monde… En Belgique, le mouvement catalan est parfois comparé au mouvement flamand. Le soutien verbal de la N-VA à Carles Puigdemont et le fait que ce leader catalan recherche la compagnie des membres de la N-VA y contribuent évidemment. Le mouvement social actuellement en cours Catalogne est toutefois un mouvement de masse qui a largement dépassé la direction exercée par le parti de droite PDeCAT de Puigdemont lors du référendum du 1er octobre et très certainement durant la grève générale du 3 octobre. Nous avons également pu voir à plusieurs reprises le slogan et le logo « Refugees Welcome », ce qui n’est pas exactement l’attitude adoptée par les nationalistes flamands de droite…En dépit de la barrière de la langue, nous avons pu constater une grande ouverture pour une approche socialiste et anticapitaliste de la question nationale. Nous avions avec nous 80 exemplaires de du journal « Militant » de notre organisation-sœur catalane, Esquerra Revolucionaria (Gauche Révolutionnaire). Il ne nous a rapidement plus rien resté entre les mains. Des dizaines de badges de contre la répression franquiste ont également été vendus.
Comme nous l’avons écrit dans le dossier central de l’édition décembre-janvier de Lutte Socialiste : ‘‘En tant que marxistes, nous ne restons pas indifférents à l’oppression nationale, nous soutenons le droit à l’autodétermination jusqu’à, et en incluant, l’indépendance. Cependant, le fait de créer de nouveaux Etats capitalistes – avec leur police, leur armée, leur propre bourgeoisie et plus de frontières – ne résoudra pas les problèmes des travailleurs et de la jeunesse. Pour cette raison, notre programme est celui d’une république socialiste catalane et d’une confédération, sur base libre et volontaire, des républiques socialistes, des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol.’’
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Catalogne : Plus d’un million de manifestants pour la libération des prisonniers politiques

Pour la lutte jusqu’à la victoire : une république catalane des travailleurs !Le samedi 11 novembre, une mobilisation massive de plus d’un million de personnes s’est étendue sur plus de 3,3 kilomètres de l’avenue Marina à Barcelone. Ils exigeaient la libération des prisonniers politiques. Cette démonstration de force représente un changement qualitatif dans la lutte contre la répression et le gouvernement du PP.
Déclaration d’EsquerraRevolucionaria (Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne)
Les masses veulent lutter jusqu’au bout
Des millions de personnes ont compris que l’application de l’article 155 de la Constitution et la suppression de l’autonomie de la Catalogne ainsi que l’emprisonnement des «Jordis» et de 8 ministres du gouvernement catalan constituent une attaque sans précédent contre les droits démocratiques. Les mêmes excuses seront utilisées demain par le PP, Ciudadanos et le PSOE pour justifier l’emprisonnement de tout syndicaliste, activiste ou membre d’une organisation de gauche qui remet en question le régime réactionnaire de 1978 et sa Constitution.
Comme souvent au cours de ces derniers mois, le fouet de la contre-révolution réactionnaire nationaliste espagnole a poussé les masses à descendre à nouveau dans la rue pour s’opposer à la sauvage répression policière et défendre leur droit à décider avec la même détermination que le 1er octobre et que le 3 octobre, date qui avait vu la Catalogne paralysée par une grève générale. La manifestation de masse du 11 novembre a pris place quelques jours à peine après une autre grande journée d’action. Le 8 novembre, en dépit de la campagne de diffamation médiatique et de l’opposition des principaux dirigeants syndicaux (CCOO et UGT), des centaines de milliers de personnes avaient occupé la rue pour une grève générale. Les lieux de travail étaient paralysés et les routes ainsi que les lignes de train bloquées tandis que prenaient place d’innombrables manifestations.
Le Venezuela et la Russie
Il est difficile de trouver une période de mobilisation aussi massive, puissante et soutenue dans l’histoire, et ses conséquences sont ressenties par les forces de la réaction. La campagne de mensonges et de manipulation à l’encontre du peuple catalan, de plus en plus grotesque, semble ne pas devoir connaitre de fin et dévoile le visage autoritaire du régime.
Le gouvernement, avec l’aide de Ciudadanos et du PSOE, déclare maintenant que la crise catalane a été provoquée par Maduro et Poutine, qui ont “saturé” les médias sociaux de “désinformation” sur la Catalogne. Les premières pages des journaux tels qu’El Pais et d’autres contiennent de prétendues preuves selon lesquelles les mobilisations de masse en Catalogne résultent d’une ‘‘intervention étrangère’’. Il est impossible de ne pas comparer cette campagne de propagande avec les plus délirantes de Franco, qui parlait alors de ‘‘complot maçonnique juif’’ financé par la Russie derrière chaque révolte sociale et grèvequi s’opposait à la dictature.
Cette campagne quiaccuse ‘‘l’ennemi extérieur’’d’être responsable de la crise politique la plus aiguë depuis la fin de la dictature est une preuve évidente de désespoir. On parle déjà de la possibilité d’ingérences russes et vénézuéliennes dans les élections catalanes du 21 décembre, ce qui sera utilisé dans le cas où le résultat du vote seraitdéfavorable aux forces de la réaction.
Colère et recherche d’alternatives parmi la gauche
Les 1 et 3 octobre, après que les masses eurent vaincu la répression par l’action de masse, une crise révolutionnaire s’est ouverte en Catalogne. Les capitalistes espagnols l’ont mieux compris que les dirigeants de la gauche réformiste. C’est pourquoi ils ont recouru à une telle répression sans précédent. Ils veulent mettre fin à la crise révolutionnaire en écrasant le mouvement de masse et en effaçant l’idée de “sí se puede” (oui nous pouvons) de l’esprit des masses.
Ces événements mettent toutes les forces à l’épreuve et provoquent de vifs débats et même des scissions. Le PSOE de Pedro Sanchez et les dirigeants bureaucratiques des syndicats CCOO et UGT ont été traînés derrière Rajoy en soutenant l’article 155. En trahissant le mouvement de masse du peuple catalan contre l’oppression et pour la République, ils se sont eux-mêmes encore plus séparés des couches avancées de la classe des travailleurs et de la vaste majorité de la jeunesse ainsi que des couches moyennes appauvries. Leur conservatisme et leurs intérêts matériels les ont poussés à fusionner à l’Etat et à la classe dirigeante, convaincus qu’ils sont que leur destin est lié à la stabilité du système.
Dans le même temps, des forces qui se disent républicaines et radicales, comme Podemos et Izquierda Unida (IU), ont emprunté la voie de ‘‘l’équidistance’’ au lieu de défendre la légitimité du référendum du 1er octobre, de clairement expliquer à la classe ouvrière du reste de l’Etat espagnol ce qui est en jeu et d’organiser la lutte dans la rue. Ils appellent l’Etat répressif et les politiciens à convoquer un référendum ‘‘légal’’ avec des ‘‘garanties’’. Ils gaspillent ainsi une excellente occasion de lier la défense de la République catalane à la lutte pour faire tomber le PP et ouvrir la voie à une République des travailleurs dans le reste de l’État espagnol. Ces dirigeants ont dans les faits refusé de répondre à la campagne du nationalisme espagnol.
Les différences sont bien entendu nombreuses entre ces dirigeants. Le dirigeant d’IU Alberto Garzonest celui qui a été le plus loin. Il refuse d’admettre que les dirigeants du gouvernement catalan emprisonnés sont des ‘‘prisonniers politiques’’, déclarant ‘‘qu’ils savaient ce qu’ils faisaient’’ et qu’ils ne devraient pas trop se plaindre. Cette position est indigne de quelqu’un qui se réclame du marxisme ou du communisme. La première tâche de tout révolutionnaire, comme l’a déclaré Che Guevara, est de combattre toutes les injustices et toutes les attaques contre les droits démocratiques, d’où qu’elles viennent. Présenter, comme le fait Garzon, le mouvement de masse en Catalogne comme un mouvement de l’élite revient à falsifier la réalité. Les dirigeants du PDeCAT et la bourgeoisie catalane ont totalement été balayés par le mouvement. Des centaines de milliers de personnes considèrent la République catalane comme un moyen de briser le régime de 1978, de mettre fin à l’austérité et d’avancer vers la libération sociale et nationale.
Dire, comme le fait Garzon, que la République catalane va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière et que les «communistes» ne peuvent pas la soutenir, c’est une manipulation flagrante et une falsification du marxisme. Le marxisme a toujours défendu le droit des nations à l’autodétermination – un combat contre chaque tentative de garder une nation dans des frontières contre sa volonté. Les idées de Garzon sont utilisées par la classe dirigeante pour promouvoir la confusion et les préjugés nationalistes espagnols à l’intérieur et à l’extérieur de la Catalogne.
Pablo Iglesias (Podemos) a rejeté les mesures répressives du gouvernement beaucoup plus clairement que Garzon et a dénoncé l’existence de prisonniers politiques. Mais cela ne suffit pas, si en même temps, il renonce au devoir de mobiliser dans la rue contre la répression et d’expliquer le sens révolutionnaire de ce mouvement. De plus, Iglesias a déclaré que les résultats du référendum du 1er octobre sont “illégitimes”. Quoi de plus légitime qu’un vote qui s’est effectué en dépit des balles en caoutchouc et des matraques, avec la participation d’environ 2,2 millions de personnes, soit plus qu’aux dernières élections européennes?Ces positions privilégient le «respect de la primauté de la loi» – une loi héritée du franquisme et destinée à maintenir l’ordre capitaliste – contre la volonté démocratique du peuple. C’est une trahison de l’une des idées centrales qui a permis à Podemos de grandir autant ces dernières années aux dépens du PSOE. Podemos s’est présenté au people comme la force qui en finirait avec le régime de 1978, avec l’austérité, le chômage de masse et les politiques qui ne bénéficient qu’aux grandes banques et aux monopoles.
Cette contradiction entre la rhétorique et la pratique de Podemos est ce qui a conduit à la scission de Podemos en Catalogne et à la démission du dirigeant de Podemos en Catalogne, Albano Dante Fachin, qui avait maintenu une position bien plus en accord avec les principes initiaux de Podemos. Albano Dante, tout en s’identifiant comme un internationaliste, a correctement défendu que les membres de Podemos devraient être en première ligne du combat pour le référendum, et ensuite pour l’application du résultat du référendum – la République catalane – contre la répression d’Etat. Cela a fait de Dante l’un des leaders les plus populaires des mobilizations en Catalogne.
La direction espagnole de Podemos a désavoué Albano Dante et l’a pressé de démissionner et de quitter le parti. Ce harcèlement de Dante contraste avec l’indulgence dont ont bénéficié les autres dirigeants de Podemos qui ont encouragé les préjugés nationalistes espagnols, comme Bescansa, ou le dirigeant de l’Iniciativa (Parti catalan qui fait partie de la coalition Unidos Podemos), Joan Coscubiela.Si la direction espagnole de Podemos avait adopté la même position que Albano Dante, il lui aurait été beaucoup plus facile de lier le mouvement de masse pour une république catalane avec les couches de la classe ouvrière, en Catalogne et ailleurs, qui s’opposent au PP mais ne font pas confiance au mouvement pour l’indépendance en raison du rôle de Puigdemont et des nationalistes bourgeois du PDeCAT. C’est la tâche centrale du moment: prendre la direction du movement des mains de ces politiciens et la lier à la lutte pour transformer la société et mettre un terme à l’oppression de l’oligarchie catalane et espagnole.
Parmi les membres des “Comunes” (alliances de gauche municipales établies par Podemos et d’autres forces, dirigées en Catalogne par la maire de Barcelone, Ada Colau) et parmi des milliers de ses électeurs vit un grand mécontentement face à la position défendue par la majorité des dirigeants. Les changements de position d’Ada Colau ont été largement critiqués. Cela a été reflété dans la décision des rangs de ‘Barcelone en Comun’ de rompre l’accord de coalition à la mairie de Barcelone avec le PSC (PSOE catalan) pour protester contre son soutien à la répression. Dans plusieurs sondages, plus d’un tiers des électeurs de “Comun” soutiennent l’indépendance de la Catalogne.
Poursuivre la lute jusqu’à la victoire
Après la démonstration de force des 8 et 11 novembre, les organisations de la gauche combattive et des Comités de défense de la République (CDR) qui ont construit leurs forces ces dernières semaines, élaborent un plan d’action pour une mobilisation soutenue jusqu’à la victoire. C’est aussi le meilleur moyen de vaincre la réaction nationaliste espagnole lors des élections du 21 décembre.
Ce serait une grave erreur de considérer la mobilisation de la rue comme étant une tactique secondaire face à l’électoralisme. C’est exactement le contraire: nous ne pouvons vaincre la réaction et faire une réalité de la volonté du peuple que grâce aux méthodes qui nous ont amené jusque-là. Chaque fois qu’il y a eu un sérieux appel à l’action, les masses ont dépassé toutes les attentes. Chaque fois que les rues ont été abandonnées, les dirigeants du mouvement, dirigés par PDeCAT, ont tenté de battre en retraite, enhardissant par là-même la réaction.
Il y a beaucoup d’exemples. La stratégie de défense poursuivie par Carme Forcadell et les autres membres de la commission parlementaire catalane devant les tribunaux – qui est de dire que la déclaration de la République n’était que “symbolique” et de promettre de “rester dans le cadre de la constitution” – est une erreur. La Cour suprême (qui leur a accordé la liberté sous caution) a agi différemment avec eux, non pas à cause de cette stratégie, mais à cause de sa peur du mouvement de masse. Des centaines de milliers de personnes, particulièrement des couches de la classe ouvrière qui ont mobilisé les 1 et 3 octobre mais qui n’avaient pas participé au mouvement depuis lors, sont revenus dans la rue les 8 et 11 novembre. Les représentants les plus lucides de la classe dirigeante craignent que l’opposition à la répression combinée au discrédit du régime espagnol et de la monarchie en général, pourrait créer les conditions pour que la classe ouvrière catalane soutienne décisivement la république catalane.
Nous ne vaincrons pas cette sauvage campagne d’intimidation ou les tentatives de diviser la classe ouvrière catalane avec le poison du nationalisme espagnol en reculant. Accepter le “cadre de la constitution” et caractériser la République comme étant symbolique sont des erreurs qui seront utilisées par la classe dirigeante espagnole pour semer le doute et la confusion.
Nous ne gagnerons pas par la rhétorique ou des trucs juridiques. C’est la méthode des nationalistes bourgeois en Catalogne, qui battent en retraite à chaque instant pour trahir les aspirations du mouvement. Le seul moyen de vaincre le régime antidémocratique de 1978 est de lutter pour faire de la république catalane une réalité et de lui donner un contenu social, contre les politiques d’austérité que tant le PP que le PDeCAT ont instauré, en mettant fin aux coupes budgétaires et aux expulsions de logements, en garantissant des soins de santé publics et un bon enseignement, des emplois avec des salaires décents et la nationalisation des banques sous contrôle démocratique. Seul le combat pour une République socialiste catalane pour mettre fin à l’oppression de classe et garantir la satisfaction des besoins de la majorité peut unir le mouvement ouvrier en Catalogne et au-delà. Cela permettrait également de gagner la sympathie de millions de travailleurs dans toute l’Europe, affaiblissant ainsi la capacité répressive de l’État espagnol.
Pour un front unique de la gauche combative ! Pour une république catalane des travailleurs !
La profondeur de la crise révolutionnaire en cours en Catalogne et les réserves impressionnantes d’énergie et de vie du mouvement qui ont été montrées ces derniers jours commencent à trouver une réflexion dans toutes les organisations, ce qui provoque de grands changements. ERC, sous la pression de sa base, a refusé de reproduire sa coalition électorale avec le PDeCAT. Il y a aussi des nouvelles de mécontentement généralisé à la base de l’ANC (Assemblée Nationale Catalane, organisation de masse pro-indépendance) au sujet de la faiblesse de sa réponse contre la répression d’Etat. Le 12 novembre, 54% des membres de Catalunya en Comu ont voté pour mettre fin à leur collaboration avec le PSC (PSOE catalan) à la mairie de Barcelone. Albano Dante, avec un important nombre de dirigeants et d’anciens dirigeants et membres de Podemos, a créé SomAlternativa (Nous sommes l’alternative), qui discute de participer aux élections avec d’autres partis tels que la CUP et l’ERC.
Le même jour, les membres de la CUP ont décidé lors de leur congrès national d’opérer un virage à 180 degrés contre la tactique de soutien au PDECAT que sa direction avait suivie. Cette tactique a été une erreur complète – en permettant au PDeCAT de rester à la tête du processus, qu’il a trahi en de nombreuses occasions tout en s’opposant à l’incorporation de revendications sociales – pour gagner la classe ouvrière catalane de manière décisive.
EsquerraRevolucionaria (le Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne) a fait appel à la CUP, à Podem, à Catalunya en Comú ainsi qu’à SomAlternative pour constituer un front unique de la gauche combattive pour combattre le régime de 1978. Sur la base de l’organisation et de l’extension des comités CDR, nous devons construire un mouvement généralisé, soutenu et puissant dans les rues pour vaincre la réaction nationaliste espagnole et remporter l’instauration d’une République catalane des travailleurs.
Rejoignez EsquerraRevolucionària pour lutter en faveur d’une république socialiste de Catalogne !
• Non à l’article 155! Libération de tous les prisonniers politiques ! Retrait de la police militaire et de la police nationale espagnole hors de Catalogne !
• Retrait de toutes les réformes réactionnaires du travail et des pensions ! La retraite à 60 ans avec 100% du salaire et de bonnes conditions de travail pour les jeunes travailleurs !
• Pour un salaire minimum de 1.100 € et une semaine de travail de 35 heures sans perte de salaire !
• Pour la fin des expulsions de logements ! Expropriation des logements vides détenus par les banques pour créer des logements sociaux publics !
• Re-nationalisation de tous les services publics privatisés, maintien et augmentation du nombre de fonctionnaires et respect des droits des travailleurs !
• Retrait des lois réactionnaires dans l’enseignement ! Pour un enseignement public gratuit et de qualité, de la maternelle à l’université !
• Pour un système de soins de santé universel et gratuit !
• Solidarité avec les réfugiés ! Retrait des lois migratoires racistes et abolitions des camps pour migrants !
• Pour le droit démocratique d’expression, de réunion et d’organisation ! Retrait des lois répressives !
• Nationalisation des banques et des industries stratégiques pour défendre les intérêts des travailleurs et garantir des conditions de vie décentes pour tous !
• Pour le droit à l’auto-détermination en Catalogne, au Pays basque et en Galice ! Pour une république socialiste de Catalogne et une république socialiste fédérative basée sur l’union libre et volontaire des peoples de l’Etat espagnol, si cela est leur souhait démocratique. -
Pour une république catalane libre et socialiste !
Vaincre l’article 155 et la répression franquiste par la mobilisation de masse!La déclaration d’indépendance de la République Catalane par le parlement catalan a provoqué la réaction immédiate de l’État, du gouvernement PP et de leurs alliés, Ciutadans et le PSOE.
Déclaration d’Esquerra Revolucionaria (CIO-Catalogne)
La tentative de supprimer la volonté d’un peuple qui s’est exprimé le 1er octobre, en exerçant son droit à décider, malgré la violence policière brutale, et avec une grève générale historique deux jours après, c’est la réponse d’un État héritier du franquisme et des partis qui soutiennent le régime de 78.
Les marxistes révolutionnaires, opposés à toutes formes d’oppression nationale et de classe, considèrent que la lutte pour la république catalane doit être liée à un programme politique et d’action contre les coupes budgétaires et l’austérité, qui casse avec la logique du capitalisme et avec la domination de l’oligarchie, tant espagnole comme catalane. La république catalane doit être celle du peuple, des opprimés, des jeunes et des travailleurs. Pour cette raison, nous ne pouvons pas laisser cette république et sa défense dans les mains des politiciens bourgeois du PDeCAT qui défendent les intérêts des privilégiés. La lutte pour une république qui défend les aspirations de la majorité, fait partie de la lutte pour une transformation socialiste de la société.
La classe des travailleurs doit être la force décisive dans la lutte contre la répression et pour la république catalane, et pour cela il est nécessaire de la lier avec une politique de création d’emplois de qualité avec des salaires décents, pour éliminer la précarité et les expulsions des logements, qui défend la santé et l’éducation publique. Une république qui en fini avec le sabotage économique des capitalistes catalans par la nationalisation des banques et des grandes entreprises. C’est la seule façon de conquérir la république et de la défendre, en assurant que l’énorme force de la classe ouvrière catalane se mobilise pour vaincre l’offensive répressive de l’État et du gouvernement central.
La bourgeoisie espagnole et catalane, les médias traditionnels, tous les partis issus du régime de 78, le système judiciaire, les forces de sécurité et la monarchie se sont unis pour soumettre la volonté des millions de travailleurs et jeunes de Catalogne. En utilisant la violence et la coercition de l’État pour assurer l’ordre établi, la classe dominante espagnole met aussi en danger la stabilité de leur pouvoir politique et économique.
La classe dominante espagnole et catalane regarde avec effroi la proclamation de la république catalane, pas seulement parce que c’est une rupture avec l’idée nationaliste d’une Espagne grande et libre. Ils savent que cela peut être le prélude d’une lutte encore plus intense et profonde dans l’intérêt des opprimés, contre la domination capitaliste, contre l’ordre social établi, pour une république socialiste en Catalogne, et une république socialiste fédérale, basée sur l’union libre et volontaire des peuples et des nations qui composent actuellement l’état espagnol. Une lutte qui est déjà en train de conquérir la solidarité active des masses opprimées en Europe et dans le monde entier.
Visca Catalunya lliure, republicana i socialiste !
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Grève générale historique en Catalogne – A bas le gouvernement PP!

Continuer la lutte jusqu’à la république socialiste catalane !
Ce 3 octobre, la Catalogne a connu une journée historique alors que des millions de travailleurs, de jeunes et de citoyens paralysaient les entreprises, les transports, l’enseignement et l’administration. Ils sont descendus dans les rues pour protester contre la brutale répression policière du 1er octobre et contre les menaces d’une violence accrue contre le peuple catalan de la part du Premier ministre espagnol Rajoy et du Partido Popular (PP).
Déclaration d’Izquierda Revolucionaria [4/10/17]
La possibilité d’obtenir une république catalane grâce à la mobilisation révolutionnaire des masses provoque la panique parmi la classe dirigeante espagnole. Elle sait que cette victoire ouvrirait la voie à la lutte pour la transformation socialiste de la société en Catalogne mais aussi dans le reste de l’Etat espagnol.
La crise politique catalane est devenue la crise de la constitution de 1978, ce qui a motivé le roi Philippe VI à s’adresser à la ‘‘nation’’ dans la nuit du 3 octobre. Le roi allait-il dénoncer les violences de la police et de la garde civile à l’encontre des dizaines de milliers de familles, de personnes âgées et de personnes pacifiques qui désiraient simplement voter? Allait-il exprimer sa sympathie envers les près d’un millier de personnes blessées suite à cette intervention répressive de type franquiste? Le roi allait-il condamner les dirigeants du PP et de Cuididanos qui ont qualifié la grève générale et les énormes manifestations du 3 octobre de ‘‘nazies’’ et ‘‘xénophobes’’, en utilisant un langage de guerre civile ? Le roi allait-il s’opposer à la suspension de l’autonomie catalane ?
Dès le début, nous savions que le roi n’en ferait rien. Comme prévu, la monarchie a soutenu la politique répressive du gouvernement PP en la justifiant comme étant ‘‘la défense de l’état de droit’’.

Première page du journal d’Esquerra Revolucionaria, notre organisation-soeur en Catalogne. L’oppression du gouvernement du PP et de l’appareil d’État contre le peuple de Catalogne montre quel est leur véritable ADN. Cela illustre que l’héritage de Franco continue à travers eux. Après le 1er octobre, loin de diminuer, la réaction a intensifié sa propagande nationaliste-espagnole. Elle présente la mobilisation policière (16.000 personnes) et les mesures répressives à venir comme des actes légitimes visant à défendre ‘‘l’état de droit’’.
Mais de quel Etat et de quel droit parle-t-on ? De quels droits dispose donc un gouvernement de corrompus et de voleurs qui a pillé les moyens de la collectivité pour enrichir une minorité ? Comment peut-il faire appel à son autorité pour agir de la sorte ? Cet Etat, c’est celui des banquiers qui ont les mains pleines de milliards d’euros volés. ‘‘L’Etat de droit’’ nous noie dans le chômage massif, la précarité, les bas salaires, la pauvreté et la misère. ‘‘L’Etat de droit’’ né du pacte de 1978 – quand la bourgeoisie espagnole et les dirigeants des organisations de gauche (PCE [parti communiste] et PSOE [parti social-démocrate]) ont accepté de réformer la dictature pour éviter une situation révolutionnaire – a garanti la suprématie de la bourgeoisie par un régime monarchique et parlementaire qui comprenait encore de nombreux éléments autoritaires.
La Constitution de 1978 a cautionné plusieurs choses: un roi imposé par Franco; une loi garantissant l’impunité des crimes de la dictature et de l’appareil d’Etat; le fait que le pouvoir judiciaire, la police et les forces militaires restent aux mains des réactionnaires habituels. Bien sûr, l’économie du ‘‘libre marché’’ et le pouvoir incontesté des capitalistes ont été entérinés tandis que le droit à l’autodétermination a été refusé à la Catalogne, au Pays Basque et à la Galice. La maxime de l’ancienne dictature – Una, Grande y Libre – a été inscrite dans la Constitution.

Ana Garcia, la présidente du Sindicato de Estudiantes (Syndicat étudiant) qui a notamment appelé à la grève générale étudiante contre la répression et en faveur du droit à l’autodétermination, sera présente en Belgique à l’occasion de notre week-end Socialisme 2017 ! Participez vous aussi ! L’actuel mouvement de masse actuel qui se déchaîne en Catalogne en faveur des droits démocratiques nationaux a placé à l’agenda un point central: le déni que la Catalogne est une nation. Cela a été répété plusieurs fois par la classe dirigeante centraliste et par la droite via la répression ou la simple conquête militaire. La frustration concernant ce sujet est maintenant combinée avec une frustration généralisée face aux conséquences d’années de crise capitaliste, de chômage massif, d’expulsions, d’emplois précaires, de bas salaires et de manque d’avenir pour la jeunesse.
La lutte contre l’oppression nationale et l’oppression de classe sont liées, comme ce fut le cas d’autres fois (en 1909, 1931, 1934, 1936 et 1977), générant un potentiel révolutionnaire qui a défié les formes de domination politique du régime capitaliste espagnol.
La classe ouvrière et les jeunes de l’ensemble de l’Etat doivent comprendre que la cause de la population catalane est également la nôtre. ‘‘Un peuple qui opprime l’autre ne peut jamais être libre’’, a déclaré Karl Marx. C’est pourquoi le mouvement ouvrier tout au long de son histoire a toujours inscrit sur son drapeau la lutte pour l’émancipation nationale et pour l’autodétermination des nations opprimées, dans le cadre de la lutte pour la transformation socialiste de la société.
L’Etat espagnol prépare de nouvelles agressions contre les habitants de la Catalogne
Le 1er octobre, un tournant a eu lieu dans la lutte des classes. Non seulement en Catalogne, mais dans tout l’Etat espagnol. Le gouvernement du PP a révélé au grand jour ses actions répressives, sa faiblesse extrême et son manque absolu de légitimité. Dans les jours qui ont précédé le référendum, ses tentatives visant à mobiliser sa base sociale ont été réduites à quelques manifestations limitées dominées par des éléments fascistes, en chantant Cara Al Sol’ (hymne de la phalange espagnole et symbole du franquisme) et en effectuant le salut fasciste.
Il faut également souligner la complicité des dirigeants actuels du PSOE avec le PP afin de museler les habitants de Catalogne et de les empêcher de se rendre voter le 1er octobre. Le jour-même où des dizaines de milliers de personnes étaient victimes de la violence policière, alors qu’il versait des larmes de crocodile face aux contre les ‘‘accusations de la police’’ sans même oser appeler les choses par leur nom, Pedro Sanchez, le dirigeant du PSOE, a réaffirmé l’inébranlable soutien du PSOE à ‘‘l’état de droit, aux institutions, à la Constitution et à l’intégrité territoriale’’, c’est-à-dire au gouvernement du PP ! Quelle complète faillite politique !
Comme dans tous les grands événements de l’Histoire, c’est l’action directe des masses, leur intervention révolutionnaire, qui a changé toute la situation. La crise du régime politique espagnol est entrée dans une phase explosive. Cette crise atteint le gouvernement du PP, soutenu par les médias réactionnaires, qui a mis en scène un coup d’Etat contre les institutions catalanes, en dissolvant le gouvernement catalan et en mettant fin à l’autonomie catalane. Le PP et Cuidadanos sont prêts à jouer la carte du nationalisme espagnol et à encourager la polarisation dans la société selon des lignes nationales, en utilisant en abondance une démagogie réactionnaire contre la Catalogne et le peuple catalan. Albert Rivera [leader de Cuididanos] considère cette situation comme une occasion en or d’arracher une partie importante de la base sociale du PP et, par conséquent, il appelle à l’application de l’article 155 [qui permet la mise sous tutelle de régions autonomes d’Espagne par Madrid], ferme la porte à toute négociation avec la Generalitat [le gouvernement régional de Catalogne] et veut accroitre la répression. Cette stratégie met beaucoup de pression sur le PP, qui ne peut renoncer à sa base plus réactionnaire et d’extrême droite.
Nous devons répondre par une mobilisation massive. Pour une république socialiste catalane !
La grève générale du 3 octobre a illustré l’énorme force du mouvement. Oui, nous sommes tellement forts que nous avons rendu possible ce qui semblait impossible il y a quelques semaines encore : contrer la répression du PP et remporter la solidarité active des secteurs les plus avancés de la classe ouvrière et des jeunes dans l’Etat espagnol et à travers le monde. Maintenant, nous devons adopter la stratégie adéquate pour atteindre la victoire. Cela nécessite une organisation et un programme révolutionnaire.
Izquierda Revolucionaria appelle la direction de la CUP [Candidature d’Unité Populaire], de Podemos, de Catalunya in Comú et d’ERC [Gauche Républicaine de Catalogne] à construire un front combatif de gauche reposant sur les comités de défense du référendum (CDR) et sur toutes les organisations qui ont émergé ces dernières semaines en Catalogne. Des ‘‘comités pour la république’’ devraient être construits sur tous les lieux de travail et être coordonnés pour défendre une alternative des travailleurs – internationaliste et révolutionnaire – pour animer le mouvement de masse avec des actions de plus en plus audacieuses et massives. Le front des organisations de gauche doit maintenir une politique d’indépendance de classe et rompre toute allégeance à la bourgeoisie nationaliste (le PDeCAT et Carles Puigdemont, président de la Generalitat de Catalogne).
Nous ne pouvons pas oublier que même s’ils souffrent actuellement de l’attaque réactionnaire du PP, ces politiciens ont appliqué de sauvages coupes budgétaires antisociales qui ont causé des souffrances immenses. Ils défendent leurs propres privilèges et leurs propres intérêts de classe très concrets: ceux de l’élite économique. Nous ne pouvons pas exclure que ces dirigeants bourgeois trahissent les aspirations des gens comme ils l’ont déjà fait dans le passé et qu’ils acceptent un accord qui leur soit bénéfique avec l’Etat et le gouvernement du PP.
La gauche qui lutte, le mouvement des travailleurs et les syndicats ouvriers de Catalogne doivent construire ce front de gauche et offrir une solution qui repose sur les intérêts des opprimés dans cette crise révolutionnaire. Cela signifie d’approfondir et d’étendre le combat, de préparer une grève générale illimitée sur les lieux de travail pour résister à toute action répressive violente de l’Etat, pour repousser les forces répressives d’occupation et pour conquérir une république catalane avec un gouvernement de gauche.
Ce gouvernement de gauche devrait immédiatement appliquer un programme visant à résoudre les graves problèmes auxquels est confrontée la population : le fin des coupes budgétaires, la garantie d’un enseignement et de soins de santé publics et de qualité, la création de millions d’emplois avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail, la fin des expulsions de logements et l’instauration d’un plan de construction de logements sociaux publics. Ce gouvernement devrait faire face à la dictature des grandes puissances économiques en nationalisant les banques et les grandes entreprises afin de les placer au service des besoins de la majorité de la société.
Une république catalane gagnée par l’action révolutionnaire des masses impliquerait nécessairement de lutter contre le PDeCAT et Puigdemont de même que contre toute l’oligarchie politique et économique qui a ordonné à la Catalogne d’appliquer des politiques néolibérales similaires à celles du PP tout en ouvrant la voie à la lutte pour une république socialiste en Catalogne et une république socialiste fédérative basée sur l’union libre et volontaire des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol – cela gagnerait la solidarité active des masses opprimées d’Europe et du monde entier.
Pourquoi nous soutenons le referendum en Catalogne… et pourquoi la N-VA est moins enthousiaste

Pour la N-VA, le maintien de la politique d’austérité est plus important que le droit à l’auto-détermination
Le référendum sur l’indépendance de la Catalogne a été déclaré illégal par l’Etat espagnol. La période est houleuse et le répression très forte de la part de l’état national. L’opposition de la part de la population catalane s’exprime de façon massive. Nous nous sommes déjà exprimés sur le sujet (voir la déclaration de notre organisation-soeur dans l’Etat espagnol) mais, dans cet article, nous revenons plus spécifiquement sur l’attitude de la N-VA, la force dominante du nationalisme flamand actuel.
Dossier par Anja Deschoemacker
Pas de triomphalisme
Aujourd’hui, à l’occasion du référendum catalan, on ne voit plus rien à la N-VA des visages réjouis et de l’ambiance triomphaliste de la période précédant le référendum écossais sur l’indépendance. Même la combativité de Jan Jambon vis-à-vis de l’indépendance catalane est fortement retombée. Alors qu’en 2015, il faisait encore comprendre que la question catalane valait bien une crise gouvernementale, leurs collègues nationalistes en Catalogne doivent aujourd’hui se contenter d’une déclaration de Bart De Wever selon laquelle l’attitude répressive de l’état espagnol est “stupide et inacceptable”. Le gouvernement fédéral, dans lequel la N-VA est pourtant la force dominante, ne condamne même pas la vaste répression de l’Etat espagnol.
La détermination de la N-VA sur le plan communautaire en Belgique même est déjà mise en question depuis quelque temps par des figures au sein du mouvement flamand dont, notamment, le Vlaams Belang mais aussi deux ex-N-VA, Hendrik Vuye et Veerle Wouters (V&W) et encore des personnes telles que le politologue Bart Maddens. De fortes critiques s’étaient faites entendre après les récentes déclarations de Bart De Wever selon lesquelles le parti ne défendrait pas d’agenda communautaire lors de la prochaine campagne électorale de 2019.
Sur le plan européen, ces mêmes milieux critiquaient le passage en 2014, de la N-VA de la fraction EFA (un rassemblement de partis nationalistes/régionalistes et de verts) au parlement européen à la fraction groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) où siègent, entre autres, les Tories britanniques. Pour sauver les meubles, la N-VA est restée membre du parti EFA (mais pas de la fraction) et elle a obtenu au sein du CRE, la liberté de voter comme elle l’entend autour des sujet relatifs à la question nationale.
Dans les deux cas, il s’agissait pour la N-VA de faire passer l’agenda socio-économique avant les objectifs nationalistes. Aujourd’hui, face au référendum catalan, nous remarquons beaucoup moins d’enthousiasme chez les dirigeants de N-VA en comparaison de l’époque du référendum écossais. Selon le mensuel Meervoud, Jan Jambon déclarait encore fin 2015, au sein de la coupole européenne des partis séparatistes, que : “Si la question catalane arrive sur la table du gouvernement belge, cela signifiera la fin de ce gouvernement”. La réalité actuelle est toute autre.
Le 21 septembre, ce n’est pas Jan Jambon qui a fait face à la Chambre pour répondre au nom du gouvernement aux questions du Vlaams Belang et de V&W quant à la la réaction du gouvernement belge suite aux récents développements autour du référendum catalan. A la demande de Siegfried Bracke, membre de la N-VA et président de la Chambre, c’est le ministre des pensions, Daniel Bacquelaine (MR) qui s’y est collé.
Cette réponse a parfaitement cadré avec les réactions officielles des institutions de l’UE jusqu’à ce moment. La constitution espagnole n’autorise pas à déclarer l’indépendance, les bourgmestres ne peuvent pas participer à son organisation,… Les arrestations de collaborateurs du gouvernement catalan ne lui posent pas de problème. Il conclut : “Nous souhaitons que cette situation interne soit résolue dans les règles de l’état de droit. Nous continuons à suivre ces évolutions avec l’attention nécessaire.”
La réponse du Président de la Commission européenne Jean-Claude Junckers a fait comprendre, en outre, que la Catalogne, en cas de scission avec l’Espagne, devrait se soumettre aux procédures normales pour devenir membre de l’UE. Etant donné que l’Espagne peut complètement bloquer cette procédure, il n’y a pas grand-chose à en attendre.
A la suite de leur propre expérience, les Écossais avaient déjà pu prédire qu’aucun soutien ne viendrait de l’UE pour les tendances indépendantistes des régions européennes. La fraction à laquelle la N-VA appartient au parlement européen, le CRE, sera d’ailleurs dans le camp le plus fortement opposé à la reconnaissance d’une Catalogne indépendante.
Pourquoi soutenir le référendum en Catalogne
Cela peut sembler ironique à première vue. Les nationalistes flamands qui se tiennent calmement à l’arrière-plan alors que l’Etat espagnol rappelle les fantômes du régime franquiste dans la répréssion d’Etat contre le référendum catalan alors que l’organisation-soeur du PSL en Catalogne et en Espagne mobilise activement contre cette répression et en faveur du référendum. Il y a pourtant une logique derrière cela : contrairement à la N-VA, le PSL n’essaie pas de défendre les intérêts de la bourgeoisie mais bien ceux d’intérêts des masses laborieuses.
Notre défense du droit à l’auto-détermination des peuples qui tendent à plus d’autonomie et/ou d’indépendance est honnête et ne sert pas à stimuler un agenda visant à diviser la classe des travailleurs afin d’économiser encore plus durement sur le dos de la majorité de la population. Nous soutenons la lutte pour l’indépendance de la Catalogne précisément parce que cette lutte est indissociable de celle à mener contre la politique d’austérité. Elle se résume à la question suivante : qui doit décider de la politique économique à mener ? L’élite de super-riches ou la grande majorité de la population ?
Pourquoi la N-VA est moins enthousiaste
Ce qui se passe aujourd’hui avec le parti gouvernemental N-VA n’est pas différent de ce qui s’est passé avec des partis comparables en Europe : SNP, CIU, les nationalistes basques modérés,… Ou à l’époque avec la Volksunie, le Rassemblement Wallon et le FDF en Belgique. Nés comme partis de la petite bourgeoisie qui tendent à l’autonomie ou l’indépendance, ils ont vite été placés face au choix suivant : soit jouer le jeu des partis d’Etat pour finalement faire de petits pas en avant en échange de leur soutien à un agenda antisocial – et risquer ainsi de se brûler les ailes au pouvoir et de perdre leur base électorale – soit rester en dehors du pouvoir avec un agenda radical et en construisant un mouvement capable d’atteindre l’objectif défini.
Le SNP en Ecosse et la CIU en Catalogne n’ont pas pu bénéficier longtemps de la majorité absolue qu’ils avaient acquise à une certaine période. Ils ont tous les deux fidèlement appliqué la politique d’austérité qui leur était imposée de la part de l’autorité nationale et ont donc, au mieux, essayé de cacher leur propre responsabilité en créant des procédures dont ils savaient pertinemment qu’elles ne représentaient pas une solution. Dans les faits, ils ont mobilisé les sentiments nationalistes sans tendre réellement vers l’indépendance. Au final, ils ont été obligés d’aller plus loin que ce qu’ils désiraient initialement, poussés par les masses qui en avaient marre de la politique d’austérité.
En Catalogne, cette pression est massivement présente depuis des années déjà. La majorité des dirigeants nationalistes catalans a été brisée par des forces nationalistes plus radicales qui ont défendu un agenda plus à gauche et progressiste que celui de la CIU et du PDeCat dont est issu l’actuel président de la généralité, Puigdemont. C’est cette pression qui a finalement poussé le PDeCat sur la voie du référendum, bien conscient que l’Etat espagnol ferait tout pour l’empêcher.
Le nationalisme n’est en effet pas neutre. Il peut être de droite avec pour base l’égoïsme économique et le revanchisme, comme c’est le cas en Flandre mais aussi en Catalogne quand on parle des partis nationalistes bourgeois au pouvoir. Mais il peut aussi être de gauche et tendre à se libérer de l’emprise de la classe dirigeante et de son agenda politique et économique. C’est le cas du large mouvement que nous voyons actuellement en Catalogne. C’était aussi le cas au sujet du mouvement autour du référendum écossais. Dans les deux cas d’ailleurs, sans que la direction des partis nationalistes dominants n’aillent si loin.
Alors que SNP se trouve dans le camp socio-démocrate d’austérité socialement accompagnée et le PDeCat plutôt au centre, la N-VA est bien plus à droite du point de vue socio-économique. Là où le SNP et le PDeCat ont encore au moins de beaux discours contre une série d’économies (ou pour des réformes progressives), la N-VA se positionne comme la puissance dirigeante qui essaie de toutes ses forces de mener les économies les plus dures et les attaques les plus structurelles contre la classe des travailleurs et les couches les plus pauvres La chance que ces derniers groupes rejoignent un mouvement derrière la N-VA pour l’indépendance de la Flandre est quasiment nulle.
Alors que la base historique de la N-VA était la classe moyenne flamande – qui prônait aveuglément le nationalisme flamand en ayant en tête que les choses iraient mieux si la “Flandre” n”avait plus à payer pour ces misérables Wallons – cette classe moyenne traverse maintenant l’expérience d’un gouvernement N-VA qui, à l’instar des gouvernements précédents et même plus ardemment, défend surtout les intérêts des grandes entreprises et des ultra-riches. Les moyens qui n’iraient plus en Wallonie (ou vers les chômeurs, les malades, …) n’iront pas non plus vers un renforcement du niveau de vie de la classe moyenne mais disparaîtront tout simplement dans les poches des ultra-riches et des grandes entreprises.
Lors d’un futur recul électoral de la N-VA, à défaut d’une alternative issue du mouvement des travailleurs dans la lutte pour plus de moyens contre l’élite dominante, une partie de ces voix reviendra à l’ancienne bergerie du CD&V. Une autre partie cherchera des voies plus radicales pour l’agenda nationaliste flamand, ce que le Vlaams Belang et V&W attendent. Ils seront probablement ensemble dans l’un ou l’autre front flamand.
Bien que le recul de la N-VA ne soit pas pour demain, surtout faute d’alternatives aux partis traditionnels qui soient progressistes, de gauche et suffisamment fortes, il est à terme impossible pour la N-VA de maintenir ce grand écart. Le mouvement perdra inévitablement de sa force à un moment donné, comme cela fut le cas pour le SNP et le PDeCa. En tout cas, la tendance dominante à la N-VA aujourd’hui est de s’accrocher au pouvoir et de considérer l’austérité prioritaire plutôt que de pousser de l’avant un agenda favorable à l’indépendance de la Flandre.
A défaut de viabilité pour l’indépendance flamande dans la société flamande, la stratégie avancée est de s’en prendre aux Wallons. Sous pression d’un gouvernement thatchérien de droite dominé par la Flandre – et donc par la N-VA -, des sentiments régionalistes pourraient vite remonter à la surface et assurer que des Wallons soient demandeurs d’une confédération. A la N-VA, on a donc dû être ravis que le PS organise un congrès wallon après son congrès idéologique et que les forces régionalistes se fassent entendre au sein de la FGTB wallonne.
Si un mouvement substantiel émergeait en Wallonie autour d’un programme anti-austérité, lié à la revendication de plus d’autonomie régionale – ce qui n’est pas exclus, surtout si une lutte syndicale nationale contre la politique d’austérité se fait attendre, que le mouvement social rencontre d’autres défaites et que la démoralisation commence à s’étendre – ce mouvement montrera cependant plus de similitudes avec les mouvements d’indépendance écossais et catalan qu’avec le flamand : la classe des travailleurs le marquera de son sceau.
Le possibilité de voir ce mouvement entrer gentiment dans le schéma de la N-VA et négocier avec elle une confédération dans laquelle la sécurité sociale serait scindée (ce qui, sans mesures compensatoires, mènerait à une sérieuse chute du niveau de vie en Wallonie et à Bruxelles) et la dette publique répartie de part et d’autre – ce qui permettrait à la Flandre de garder un contrôle au moins partiel sur Bruxelles – est cependant plus mince que de celle de voir le mouvement contre la politique d’austérité entraîner les travailleurs flamands derrière lui.
Ce qu’il adviendrait de Bruxelles et de la communauté germanophone dans un tel développement est une autre question importante. La chance que la N-VA puisse élaborer une proposition qui emporterait l’approbation de la population bruxelloise est nulle. Et que Bruxelles veuille avoir son mot à dire ne fait aucun doute.
Des études indiquent depuis l’existence de la Région bruxelloise, Bruxelles construit toujours plus sa propre identité, indépendamment de la Flandre et de la Wallonie. Il y a des tensions constantes avec la communauté flamande et la Fédération Wallonie-Bruxelles, toutes deux compétentes pour l’enseignement à Bruxelles. Ces tensions avec la Wallonie peuvent continuer à s’accentuer si les gouvernements de la région bruxelloise, de la région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles conservent à plus long terme des majorités différentes.
La régionalisation des compétences communautaires à Bruxelles peut vite être à l’ordre du jour. Lors de telles négociations, il y aura peu voire pas de place pour la communauté flamande. Ainsi, “l’enfumage des Wallons” peut avoir pour conséquence que la Flandre perde toute participation à Bruxelles. Et quand la possibilité pour Bruxelles d’exister comme région et communauté en un seul bloc se posera, même dans la petite communauté allemande, le rêve d’une propre région refera surface.
Si elle a le couteau sur la gorge, la bourgeoisie pourra admettre une indépendance sur le papier – mais une réelle libération est impossible sous le capitalisme. Il est difficile de rénover des châteaux de cartes, chaque carte que l’on bouge met en péril l’équilibre de tout l’édifice et chaque mouvement peut faire s’écrouler tout le château. La bourgeoisie a beau utiliser la question nationale pour semer la division et détourner l’attention de la lutte des classes qu’elle est en train de mener, elle reste un défenseur absolu des Etats-nation existants. Elle n’acceptera que les Etats-nation soient brisés que si l’alternative est une révolution qui menace de renverser le capitalisme.
Et même dans ce cas-là, elle essaiera d’imposer au nouvel Etat-nation de rentrer dans le rang sur le plan économique – c’est-à-dire de poursuivre la politique d’austérité sur le dos de la majorité de la population – que ce soit via l’Union européenne, le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale.
C’est pour cela que non seulement nous sommes en faveur de l’indépendance de la Catalogne mais également pour une Catalogne socialiste indépendante. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche sur base du mouvement indépendantiste, un gouvernement qui enfreint les diktats de l’Etat espagnol et de l’UE parce qu’ils rendent impossible une politique sociale serait un énorme stimulant pour la classe des travailleurs ailleurs en l’Espagne et en dehors. Dans un tel scénario, un mouvement de la base pourrait naître rapidement visant à une confédération des Etats socialistes ibériques, ce qui inspirerait la lutte des travailleurs dans toute l’Europe contre la politique d’austérité et le processus de décision anti-démocratique. Ainsi, une Europe de la base pourra être construite où équité et respect de la volonté seront centraux, tous comme les droits des minorités. Un mouvement qui puisse veiller à l’unité des travailleurs.
Nous ne soutenons les mouvements d’indépendance que si ces éléments sont réunis et alimentés par les masses et, surtout, la classe des travailleurs. Nous ne donnerons jamais notre soutien à un mouvement indépendantiste qui veut obtenir une amélioration pour ses “propres” travailleurs en imposant un appauvrissement à d’autres, comme la N-VA et le PDeCat le défendent. Nous pensons que l’histoire belge montre suffisamment que la question nationale ne sera jamais résolue sur base capitaliste. Commencée sous domination francophone, le français étant la langue de la bourgeoisie, pour arriver à une domination flamande au profit de cette même bourgeoisie, l’Etat capitaliste belge n’a jamais réalisé la libération de qui que ce soit, il n’a signifié qu’exploitation, oppression et discrimination.
La répression d’Etat contre le “droit à décider” de la Catalogne

Après une offensive policière et judiciaire menée sans pitié plusieurs jours durant, piétinant avec fureur les droits démocratiques, le gouvernement du Partido Popular (PP) a décidé de recourir à la répression massive afin d’empêcher le peuple de Catalogne d’exercer son droit de décider de son avenir.
Déclaration d’Esquerra Revolucionària (Comité pour une Internationale Ouvrière – Catalogne)
Le peuple de Catalogne a le droit de décider
Au cours d’une opération rappelant l’époque de la dictature franquiste, la garde civile a arrêté 14 membres du ‘‘Govern’’, l’exécutif régional catalan, responsables de l’organisation du referendum du 1er octobre (‘1-O’). Quand la nouvelle de cette opération autoritaire a été connue, des milliers de jeunes et de travailleurs sont descendus dans les rues de Barcelone et d’autres villes pour s’opposer à cette répression et défendre la liberté et les droits du peuple catalan.

La saisie d’imprimés, les descentes de la garde civile dans les locaux d’imprimerie, l’imposition d’un black-out massif sur les l’information, l’arrestation de jeunes ayant collé des affiches, les menaces de poursuites pénales contre des centaines de maires ayant soutenu le référendum, la saisie de documents dans les bâtiments gouvernementaux, les tentatives d’investir le quartier général de la CUP (Candidature d’Unité Populaire), l’interdiction d’actions politiques en soutien au droit de décider à Madrid, à Gasteiz et à Gijón, l’intervention du gouvernement central dans les finances du gouvernements catalan, le déploiement de milliers de policiers en Catalogne pour intimider la population, etc. tout cela, dans la pratique, est revenu à imposer l’état d’urgence. Voilà la recette que le PP, l’appareil d’Etat, Ciudadanos et, malheureusement, la direction du PSOE ont utilisée afin d’empêcher le peuple catalan d’exercer son droit de vote au sujet du type de relation qu’il entend entretenir avec l’Etat espagnol, y compris au sujet de son droit légitime à l’indépendance.
Cette attaque contre les droits et libertés démocratiques est sans précédent dans la période récente dans l’Etat espagnol. L’offensive policière a été préparée à l’avance par le gouvernement, au point que le premier ministre Rajoy a rencontré les dirigeants du PSOE Pedro Sanchez et Albert Rivera le mercredi 20 septembre. Que ces dirigeants du PSOE soutiennent cette offensive franquiste contre le peuple de Catalogne est un véritable scandale !
La complicité des actuels dirigeants du PSOE avec le PP pour museler le peuple catalan et empêcher la tenue du vote le 1er octobre restera dans l’histoire de la social-démocratie comme l’une de ses plus infâmes trahisons. Telles sont les conséquences d’avoir embrassé le nationalisme pro-espagnol pendant des années et d’avoir rejoint la classe dominante sur tous les sujets essentiels. La direction du PSOE n’a pas seulement abandonné le point de vue du socialisme sur la question nationale – la défense du droit à l’autodétermination des nations opprimées – elle s’est, de plus, mise du côté de Franco pour qui la Catalogne n’était pas une nation. Elle est maintenant prête à se lancer dans une nouvelle ‘‘croisade’’ en recourant à la violence et à la répression d’Etat.
L’idée selon laquelle le referendum représente un ‘‘coup d’Etat’’ et constitue une attaque ‘‘anti-démocratique’’ contre une couche de la population catalane est un des plus grands mensonges que les médias, au service de la bourgeoisie espagnole, tentent de nous faire avaler. C’est une absurdité en soi. Si l’Etat, le PP et les partis qui les soutiennent sont certains à ce point que les partisans de l’indépendance ne représentent qu’une minorité, pourquoi donc ne pas accepter le résultat sorti des urnes ? Pourquoi empêcher la tenue du vote ? Dans le cas du Venezuela, toutes ces personnes ont argumenté en faveur d’un vote, mais elles défendent le contraire en Catalogne !
A l’occasion d’un vote démocratique sur l’auto-détermination, quiconque ne soutient pas l’indépendance a clairement la possibilité de voter contre. Des partis comme le PP, Ciudadanos ou le PSOE, qui défendent la légitimité de la constitution de 1978, ont beaucoup de moyens et d’influence. La véritable raison qui explique l’attitude fermée de la droite et de l’Etat n’est pas qu’ils défendent la démocratie, mais plutôt l’inverse. Ils refusent au peuple catalan le droit de décider et de faire de la Catalogne une nation. La position du gouvernement, de l’Etat et de ses partisans n’est rien d’autre que la poursuite de ce que la bourgeoisie espagnole et l’Etat central ont défendu historiquement. Concrètement, cela a été synonyme d’écrasement militairement des aspirations nationales de la Catalogne, du pays Basque et de la Galice, à de nombreuses reprises. C’est encore ce qui s’est passé sous la dictature de Franco. Chaque progrès dans la défense de ces droits a toujours été le résultat de mobilisations massives.
Lors d’une conférence de presse, Carles Puigdemont, le président de la Généralité de Catalogne (la communauté autonome de Catalogne), flanqué de tous ses conseillers, a expliqué la réalité de la situation : ‘‘L’Etat espagnol a de facto suspendu l’idée d’un gouvernement autonome pour la Catalogne et, de facto, un état d’urgence a été instauré’’. Il est véritablement incroyable que le dirigeant d’un parti nationaliste bourgeois doive dire de telles choses ! La situation qui s’est développée voit le PP librement piétiner les droits démocratiques les plus élémentaires ! Nous comprenons maintenant pourquoi Rajoy et son parti ont toujours refusé de condamner la dictature de Franco. Nous voyons ici au grand jour ce que les marxistes ont toujours expliqué : que l’appareil d’Etat espagnol est saturé d’éléments fascisants et réactionnaires. La soi-disant ‘‘transition’’ (le processus ayant permis la sortie du franquisme) ne les a pas purgé, mais les a protégés et encouragés.
Ce que nous voyons en Catalogne, c’est la suspension de fait du statut du gouvernement catalan et le retrait de ses fonctions politiques les plus importances. Le PP et ses partenaires, encouragés par la presse et les média de la bourgeoisie pro-espagnole, se serrent mutuellement la main et se présentent comme les champions de la démocratie. Le PP est submergé de cas de corruption. Ce parti a sauvagement coupé dans les budgets de l’enseignement public et de la santé. Il a donné plus de 100.000 millions d’euros aux banquiers. Il nous expulse de nos maisons. Il nous condamne à des boulots précaires et aux bas salaires. Il soutient des dictatures militaires (Maroc, Arabie saoudite,…). Il encourage les interventions militaires étrangères de l’impérialisme. Et ce parti veut nous donner des leçons de démocratie !
La seule réponse à donner, c’est la mobilisation massive de la classe ouvrière et de la jeunesse ! Pour une grève générale de 24 heures maintenant !

La population catalane a courageusement répondu à cette offensive franquiste, de manière déterminée, dans la rue. Cette protestation va croitre jour après jour. Mais il est urgent et nécessaire d’amener cette lutte vers la classe des travailleurs, d’une manière unitaire, pour réunir la jeunesse et les sections des classes moyennes déjà radicalisées dans cette lutte. Il faut aussi étendre le combat à l’extérieur de la Catalogne. Cette attaque contre les droits démocratiques représente une énorme menace pour la population de tous les territoires, et particulièrement pour les travailleurs, les jeunes et leurs organisations de combat à travers l’Etat espagnol.
Esquerra Revolucionària soutient pleinement les mobilisations qui se développent en Catalogne et dans l’Etat espagnol. Mais si nous voulons défaire l’offensive autoritaire perpétrée par le gouvernement central, nous avons d’urgence besoin que l’ensemble de la gauche s’implique dans cette lutte, les mouvements sociaux, les syndicats (CUP, ERC, Comu, Intersindical, UGT, CCOO, CGT Catalunya…). Nous nous engageons à utiliser nos forces pour construire le mouvement unitaire le plus fort possible. Cela ne peut être fait qu’en appelant immédiatement à une grande grève générale de 24 heures qui paralysera la vie économique et sociale de Catalogne.
Cette grève générale en Catalogne doit être accompagnée d’un appel à la mobilisation de la classe des travailleurs et de la jeunesse dans le reste de l’Etat espagnol en soutien au peuple catalan et à ses droits démocratiques. Cela serait un moment crucial à saisir pour la gauche, afin qu’elle gagne la direction du processus et pour défendre le droit à l’auto-détermination avec un programme anti-austérité et contre les coupes budgétaires. Une mobilisation de ce type est la manière la plus efficace d’entrer en confrontation avec le PP et ses politiques nationalistes, de les vaincre et de gagner le droit pour la Catalogne de se gouverner elle-même
Pour une république socialiste catalane

Le principal facteur qui a retardé la rébellion sociale issue de la colère des masses contre les conditions sociales et économiques existantes – dans l’idée de faire tomber l’Etat, le PP et ses politiques capitalistes – est que les formations parlementaires à la gauche de la social-démocratie (CUP, can, Comu, Izquierda Unida en Catalogne) et les syndicats ont abandonné la lutte pour être à la tête de ce grand mouvement de masses. Ils n’ont pas réussi à se battre pour un programme qui lie la lutte pour l’autodétermination aux revendications économiques et sociales pourtant exigées par la majorité de la classe ouvrière et de la jeunesse.
La direction formelle de la lutte contre l’Etat et le Gouvernement du PP a ainsi été offerte au PDECAT (le Parti Démocrate Européen Catalan), permettant à ces politiciens bourgeois d’apparaître comme les victimes de la politique autoritaire de la droite espagnole. Cela a créé une division négative parmi la classe ouvrière. La direction du processus par le PDECAT capitaliste n’a pas renforcé le mouvement, comme l’ont préconisé les dirigeants de la CUP et de l’ERC [Gauche républicaine de Catalogne]. Cela l’a affaibli. Même du point de vue de la défense des droits nationaux, les dirigeants de la PDeCAT ont cherché toutes les excuses pour ne pas appeler au référendum. Mais, la pression du mouvement et la perspective de fortes pertes électorales si elles n’appelaient pas un référendum les ont obligé à agir de la sorte.
Malgré la volonté de provoquer une réaction et la manipulation des faits des médias, la réalité est que des millions de jeunes et de travailleurs qui n’ont pas voté lors du référendum ‘consultatif’ du 9 novembre ou n’ont pas assisté à la ‘‘journée nationale’’ DIADA, n’étaient pas opposés à la population catalane ayant le droit de décider de leur avenir. La grande majorité d’entre eux se sont mobilisés contre tout ce que le PP représente: les coupes budgétaires, les expulsions, la corruption. S’ils n’ont pas soutenu le référendum jusqu’à présent, c’est parce que le ‘‘processus’’ est dirigé par Puigdemont et Palau, des capitalistes catalans. Ces mêmes personnages ont toujours été du côté du PP contre les travailleurs, en approuvant les ‘‘réformes’’ du travail, les coupes budgétaires dans la santé et l’enseignement ou encore la privatisation d’entreprises publiques.
Maintenant, tout cela peut changer. Il ne fait aucun doute que la répression déclenchée par le PP est un choc pour des millions de travailleurs et de jeunes issus des quartiers ouvriers de Catalogne. Les images de la Garde civile arrêtant des gens tandis que Rajoy se vantait avec arrogance des mesures répressives ont eu un impact sur la conscience de millions de personnes. Il s’agit d’une répétition de ce que les générations anciennes ont vécu sous Franco, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Catalogne. Nous ne devons pas oublier que les droits démocratiques dont nous jouissons aujourd’hui, y compris la restauration de la ‘‘Généralité’’ et du statut de gouvernement autonome de la Catalogne ont été le produit de la mobilisation de masse des travailleurs en Catalogne, dont beaucoup de migrants qui peuplent avec leurs familles les villes de la ceinture rouge de Barcelone et d’autres villes.
À l’heure actuelle, les conditions sont présentes pour que bien d’autres encore rejoignent les millions de personnes déjà mobilisées, prêtes à défendre le référendum et à lutter contre la répression sans faire confiance au PDECAT. Les dirigeants de la gauche à l’échelle nationale et en Catalogne, conjointement avec les syndicats, pourraient appeler à une grève générale et ainsi mobiliser la classe ouvrière, les jeunes et les couches plus larges de la société tant en Catalogne qu’ailleurs, pour lutter contre le PP et la répression d’Etat. Ils pourraient ainsi se distancier clairement du PDECAT, et il serait alors possible de vaincre la répression et de lier ce combat à une lutte commune contre l’austérité et la privatisation. Cela ouvrirait la voie à un gouvernement de gauche et à l’instauration d’une république socialiste catalane.
La CUP doit immédiatement lancer une lutte de ce type et rompre son pacte parlementaire avec la droite catalane.
La seule façon d’assurer le droit à l’autodétermination est d’unifier la grande majorité de la population en Catalogne, sous la direction de la puissante classe ouvrière catalane, avec un programme qui considère comme inséparables la lutte pour l’auto-détermination et la lutte contre le capitalisme. Entre les mains de la bourgeoisie catalane, une véritable libération sociale et nationale de la Catalogne est impossible.
Esquerra Revolucionària (le Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne) appelle tous les travailleurs et les jeunes de Catalogne à se battre pour le ”1-O” et le droit de décider de leur avenir, contre ce coup autoritaire du PP et de l’Etat. Pour le droit de décider et de pouvoir voter ! Pour une République socialiste catalane qui met fin à des coupes budgétaires, qui créée des millions d’emplois, qui met en avant les droits du travail et des salaires décents, qui met fin aux expulsions et nationalise les banques et les entreprises pour mettre la richesse au service des besoins de la majorité !
Une République socialiste catalane engendrerait une sympathie écrasante parmi les travailleurs du reste de l’Etat espagnol (qui souffrent du même ennemi – la bourgeoisie – et subissent les mêmes attaques) et dans tous les autres pays d’Europe, ouvrant la voie à la transformation sociale et à la libération de tous les peuples opprimés.



