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Tag: Etat espagnol
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Pour une enquête indépendante sur le massacre de Melilla

Image tirée d’une vidéo de l’organisation de défense des droits de l’homme AMDH Le 24 juin, au moins 37 migrants ont été tués alors qu’ils tentaient de franchir la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Des centaines de personnes ont été blessées. Beaucoup ont été écrasées entre des barrières de trois mètres de haut lorsque les gardes-frontières marocains ont utilisé des matraques et des gaz lacrymogènes contre. Des protestations ont éclaté dans tout l’État espagnol.
Par John Hird (Alternativa Socialista, ASI dans l’État espagnol)
Melilla est l’enclave espagnole au Maroc, et l’une des deux seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe. Les actions des forces de police, qui ont conduit à un massacre, ont été mises en lumière par les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Ces décès sont dus à la politique de l’Union européenne, mise en pratique par les États espagnol et marocain.
Nous soutenons les appels des organisations de défense des droits de l’homme en faveur d’une enquête judiciaire indépendante immédiate, tant au Maroc et en Espagne qu’au niveau international, afin de faire toute la lumière sur cette tragédie. Une enquête indépendante devrait impliquer des représentants des migrants, des syndicats et des ONG.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, et le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, ont honteusement loué la “coopération” de la gendarmerie marocaine et de la Guardia Civil pour mettre fin aux nombreuses tentatives des migrants de franchir la clôture de Melilla. La première réaction de M. Sánchez a été de décrire l’événement comme une opération “bien résolue”. Ce sang-froid n’est pas seulement une honte, il ignore aussi complètement la brutalité des forces espagnoles et marocaines.
La responsabilité de ces événements n’incombe pas aux migrants qui tentent de fuir des guerres ou de terribles famines, mais à la politique européenne de fermeture des frontières, qui ne laisse d’autre choix aux migrants que de franchir les barrières, au péril de leur vie. Une partie de l’histoire officielle consiste à justifier les événements par la prétendue violence des migrants, ce qui ne correspond pas à la réalité, que ce soit dans ce cas ou à d’autres occasions.
Les gouvernements de l’UE sont totalement hypocrites, car ils sous-traitent le contrôle des frontières à des gouvernements tels que celui du Maroc par le biais d’accords scandaleux. Il est également hypocrite de traiter les Africains si différemment de ceux qui ont dû quitter l’Ukraine. Il s’agit d’une politique de deux poids deux mesures raciste et les migrants survivants du côté espagnol de la frontière protestent contre cette situation.
Le gouvernement marocain a agi rapidement pour dissimuler le massacre. Dans une action macabre, le week-end dernier, ils ont ordonné aux travailleurs de creuser des puits pour enterrer les victimes. L’Association marocaine des droits de l’homme (ADHM) a déclaré qu’aucune autopsie n’avait été pratiquée et que l’identité des personnes tuées lors de la tentative de saut de la clôture n’avait pas été établie.
Du côté espagnol, 106 personnes ont été légèrement blessées, 49 agents de la Guardia Civil et 57 migrants, dont trois ont dû être transportés à l’hôpital régional. Un millier de migrants ont été arrêtés au cours de l’opération.
Selon les informations disponibles, les victimes ont été écrasées et étouffées par la foule après avoir été piégées dans une ouverture devant la clôture, du côté marocain, où une grande masse humaine s’est formée avec les personnes qui arrivaient encore et celles qui sont tombées de la clôture.
L’ADHM a publié une vidéo montrant des dizaines de personnes allongées sur le sol, entassées, certaines blessées, près de la clôture et gardées et battues par des policiers marocains.
Cette tentative a été marquée par une brutalité policière généralisée, notamment du côté marocain, où des combats avaient eu lieu dans les montagnes près de Melilla les jours précédents et également près de la barrière frontalière vendredi matin.
Les événements horribles de Melilla et l’attitude insensible de Sánchez provoquent de nouvelles tensions au sein de la coalition PSOE-UP. L’UP demande des éclaircissements et une enquête sur ce qui s’est réellement passé. Un ministre de l’UP a été empêché de s’exprimer lors d’une conférence de presse du gouvernement lorsqu’on lui a posé des questions directes sur ce qui s’est passé à Melilla.
De nombreuses actions ont été menées dans l’État espagnol. Les gens brandissaient des banderoles avec des slogans tels que “Des papiers pour tous”, “Punir les meurtriers, pas les migrants”, “Les vies noires comptent”, “Personne n’est illégal”, “Maroc et Espagne : gendarmes meurtriers de la forteresse Europe” et “Régularisation maintenant”.
Les organisateurs des manifestations organisées dans toute l’Espagne dénoncent à juste titre la politique migratoire actuelle, qu’ils jugent mortifère. C’est pourquoi ils ont lancé de nouvelles manifestations contre le massacre de Melilla, avec le slogan “Plus de morts aux frontières”.
Nous rejetons la politique raciste et xénophobe de l’UE, mise en œuvre par l’État espagnol. Il s’agit d’une politique qui punit les populations subsahariennes pour le “crime” d’être pauvres et noires. Justice pour les victimes de Melilla ! Au lieu de ces conditions inhumaines, de la violence et de l’injustice, nous appelons à l’internationalisme et au socialisme dans tous les pays.
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Élection à Madrid : Un programme socialiste révolutionnaire est nécessaire pour s’unir contre l’extrême-droite

Pablo Iglesias. Photo issue de son compte Twitter. La nette victoire du Parti Populaire (PP, droite) aux élections régionales de Madrid sera une pilule amère à avaler pour les travailleurs, les jeunes et toutes celles et ceux qui ont souffert l’année dernière de la pandémie. Le personnel soignant, qui a vaillamment tenté de surmonter la gestion exécrable et parfois criminelle de la crise par le gouvernement régional du PP, aura tout particulièrement du mal à comprendre ce qui s’est passé. Au début de la crise, en mars, 2020 résidents de maisons de retraite privatisées ont été littéralement laissés à l’abandon par le gouvernement de Madrid.
Par John Hird, Socialismo Revolucionario – section d’Alternative Socialiste Internationale dans l’État espagnol
La participation à ces élections a augmenté de 11% par rapport à 2019 pour atteindre 75,9%, une participation élevée pour une élection régionale. Cela reflète l’atmosphère polarisée de cette campagne. Pablo Iglesias, le dirigeant d’Unidas Podemos qui avait démissionné de son poste de vice-président du gouvernement espagnol pour mener la campagne du parti, et d’autres leaders de gauche ont par exemple reçu des balles par la poste et des menaces de mort.
Il y a clairement des gagnants et des perdants. Le PP dispose de 35 sièges en plus et a obtenu plus de 864.000 voix supplémentaires. Le parti populiste de droite Ciudadanos a perdu ses 26 sièges et plus de 500.000 voix, probablement majoritairement récupérées par le PP. Le parti néofasciste VOX a gagné un siège supplémentaire, et en obtient dorénavant 13, et 35.000 voix de plus. Le PP est en mesure de constituer un gouvernement avec le soutien ou l’abstention de Vox.
Le PSOE, le parti social-démocrate qui dirige le gouvernement espagnol, est le grand perdant. Il est passé du plus grand parti disposant du plus de voix et du plus grand nombre de sièges en 2019 à la troisième place aujourd’hui, derrière Más Madrid, la scission modérée de Podemos. Malgré une campagne très médiatisée menée par Pablo Iglesias, Unidas Podemos (UP) n’a obtenu que trois sièges supplémentaires et une augmentation modérée du nombre de ses voix.
Les élections ne constituent jamais qu’un instantané de l’atmosphère de de la société. Ces élections régionales soulèvent toutefois des questions fondamentales que les marxistes doivent aborder sérieusement.
Un virage à droite à Madrid et dans l’État espagnol ?
Le PP et Vox ont présenté le résultat électoral comme un choix entre « la liberté ou le communisme », tandis qu’Iglesias a rétorqué qu’il s’agissait de choix entre « la démocratie ou le fascisme ». Comme mentionné précédemment, Pablo Iglesias a reçu quatre balles dans un courrier avec une menace de mort contre lui, sa compagne et ses parents. Lors d’un débat à la radio, il a mis au défi la candidate de Vox de condamner les menaces de mort, et quand elle a refusé, il a quitté le débat, suivi par les candidats du PSOE et de Más Madrid.
Pablo Iglesias a eu raison de démissionner de son poste de vice-président pour se présenter aux élections de Madrid et affronter directement le PP et Vox. Sa campagne a réveillé de nombreux travailleurs et surtout les jeunes face à la menace de l’extrême droite. Mais c’était malheureusement trop peu et trop tard. De plus, Iglesias était entaché par sa participation à la coalition gouvernementale.
Socialismo Revolucionario – section d’Alternative Socialiste Internationale dans l’État espagnol – a fait valoir au moment de la formation du gouvernement de coalition PSOE / Unidas Podemos qu’au lieu de s’y joindre, Unidas Podemos aurait dû soutenir la formation d’un gouvernement PSOE de l’extérieur pour faire barrage à la droite, tout en conservant son indépendance politique en restant dans l’opposition. En faisant partie du gouvernement du PSOE, Unidas Podemos s’est isolé des travailleurs et de la lutte de la rue. Nous disions alors : « Ce retrait de la rue et cette entrée à part entière dans le jeu institutionnel avaient déjà fait perdre à Unidas Podemos de nombreux votes et sièges lors des dernières élections, et sa base de soutien pourrait encore diminuer au profit d’autres forces perçues comme plus « anti-système ». De ce point de vue, l’extrême droite Vox pourrait se positionner comme une force anti-système et rallier encore plus de soutien. » Malheureusement, cette perspective a été confirmée par les événements. Iglesias a maintenant annoncé sa démission de la direction de Podemos, et de la politique tout court, en raison de l’échec de sa stratégie.
Isabel Díaz Ayuso (figure de proue du Parti populaire) est parvenue à surmonter le scandale des décès dans les maisons de retraite, celui des conséquences des années de sous-investissement dans les services de santé de Madrid responsables de la contamination plus élevée dans la région ou encore celui de leur mauvaise gestion générale de la crise. Ayuso s’est présentée comme une sorte de Trump espagnol en défendant la « liberté » de maintenir l’économie en marche contre les restrictions du gouvernement du PSOE. En invoquant la « liberté » des Madrilènes, elle a ignoré les recommandations du gouvernement de fermer la vie nocturne animée de la capitale en réponse à la pandémie. Elle a insisté pour que les bars et les restaurants restent ouverts, malgré des taux de contamination parmi les plus élevés du pays. Ayuso, avec l’aide de la presse, a réussi à mobiliser une couche de petits commerçants en sa faveur.
Ayuso et le leader national du PP, Pablo Casado, présentent leur victoire comme la première étape pour se débarrasser du gouvernement espagnol dirigé par Pedro Sánchez. “¡Madrid es España !” (Madrid est l’Espagne) ont-ils crié le soir des élections en recevant les félicitations de Vox. Vox appelle ouvertement à l’interdiction de tous les partis qui soutiennent la ” rupture de l’État espagnol “, y compris les partis indépendantistes de Catalogne et du Pays basque ! Le succès de la droite à Madrid ne fera qu’exacerber les questions nationales non résolues.
Ces élections étaient tout autant une opportunité qu’un test pour la gauche. Au début de la campagne, Iglesias a proposé de mener une campagne commune avec Más Madrid pour s’unir contre la droite. Son ancien camarade Iñigo Errejón, aujourd’hui dirigeant de Más Madrid, et son associé Mas Pais au parlement espagnol, ainsi que la candidate madrilène Mónica García ont refusé. La désunion de la gauche est un facteur de démoralisation pour de nombreux travailleurs et jeunes. Malgré l’augmentation du taux de participation aux élections, plus d’un million de personnes n’ont toujours pas voté.
Les élections de Madrid ont révélé une nouvelle polarisation de la société, entre les classes, les régions et les nations historiques. Elles ont également mis sur la table les politiques réelles du PP et de ses partenaires de Vox. Vox s’est engagé à respecter une série de revendications formulées par l’organisation catholique ultraconservatrice Hazte Oír (Faites-vous entendre) avant les élections. Cette liste en six points comprend un engagement à bloquer l’accès au droit à l’avortement et à l’euthanasie, et à abroger les lois régionales protégeant les personnes contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.
En 2019, Hazte Oír a financé un bus pour faire le tour du pays, afin de faire campagne contre les “féminazis” et la loi espagnole sur la violence sexiste. Le message principal du bus était le suivant : “Ce n’est pas de la violence de genre, c’est de la violence domestique”. Le bus comportait également une image d’Adolf Hitler maquillé et portant le symbole du féminisme sur sa casquette militaire, au-dessus du hashtag “#StopFeminazis”.
Mais il n’y a pas que Vox qui soutient ces idées ultra-réactionnaires. Avant d’être nommée présidente de Madrid la première fois, Ayuso a déclaré à EL PAÍS en janvier 2019 que “l’avortement n’est pas le droit de la femme.” Ses autres déclarations comprenaient : “Je m’inquiète du fait que le père n’est jamais considéré et que l’avortement est presque utilisé comme méthode de contraception” ou encore “Je ne criminalise personne, mais un pourcentage très élevé [des femmes qui avortent] sont des migrantes ou des femmes sans ressources qui le font pour la deuxième ou troisième fois.” Si Ayuso tente de faire de ces vues rétrogrades une réalité en tant que présidente de Madrid, imaginez la réponse qu’elle obtiendra dans les rues de la part des femmes !
Les tâches qui attendent la gauche
Les élections de Madrid montrent clairement les tâches qui attendent la gauche. La droite et l’ultra-droite sont organisées et ont une vision de ce qu’elles entendent réaliser. Leur discours réactionnaire s’est “normalisé” dans la presse et même dans les talk-shows en journée.
La gauche doit développer des activistes et des leaders qui ont le courage de faire face aux fascistes, mais qui vont aussi audacieusement au-delà d’une vague et belle défense de la “démocratie” et qui exposent un programme radical qui apportera un réel changement dans la vie des travailleurs. L’ultra-droite et les idées fascistes seront vaincues par l’unité de la classe ouvrière autour d’un programme de transformation de la société. Un appel à maintenir le statu quo n’inspire pas et ne fera qu’encourager la réaction. En particulier au milieu de la crise sanitaire, la gauche doit mobiliser autour d’un programme capable de fournir des soins de santé gratuits et de qualité pour tous, et de garantir que les revenus et le niveau de vie soient protégés.
En effet, les techniques de propagande utilisées par Vox avaient déjà été testées et éprouvées en Allemagne par les nazis. Vox a attaqué le coût pour la région de Madrid des mineurs migrants non accompagnés sur des panneaux publicitaires géants, et les mots utilisés pour déshumaniser Pablo Iglesias, tels que “rat” et “bossu”, reflètent les stratégies utilisées par le parti nazi d’Hitler pour gagner des millions d’Allemands désespérés dans leur volonté de persécuter et d’anéantir non seulement les Juifs, mais aussi les handicapés et les malades.
La victoire de la droite à Madrid est un sérieux coup de semonce, et la gauche doit en discuter ouvertement et de toute urgence avec toutes les sections de la société qui veulent résister. Il est particulièrement urgent d’aborder le meilleur résultat obtenu par VOX dans certains quartiers ouvriers et de lancer des campagnes antiracistes et antifascistes, en particulier parmi les jeunes. VOX a même formé un “syndicat” réactionnaire, nommé Solidaridad.
Il est clair que le résultat était un vote de protestation contre les politiques de la coalition gouvernementale et leur gestion de la crise du COVID19. Au cours de l’année écoulée, les travailleurs ont mis leur vie en danger et ont assuré la survie de l’économie et de la société, mais il n’y a eu pratiquement aucune voix authentique au Parlement pour exprimer les besoins et les aspirations de la classe ouvrière. Aucune voix ne s’est élevée contre les banques, les multinationales et les grandes entreprises qui profitent de la pandémie et licencient les travailleurs. Malgré la coalition PSOE-UP, il n’y a pas eu de discussion sur un programme socialiste au Parlement pour nous sortir de ce pétrin. La défaite est aussi le lourd tribut payé par la gauche autour de l’UP, pour avoir participé au gouvernement du PSOE qui est basé sur une nébuleuse “unité nationale”. Cela signifie qu’il n’y a pas eu de véritable opposition politique à la gestion de la crise du COVID19 par le gouvernement régional d’Ayuso Madrid, malgré la colère brûlante des travailleurs, en particulier des travailleurs de la santé de première ligne.
Les socialistes et les travailleurs ne peuvent pas ” démissionner ” de la lutte des classes. Beaucoup seront déçus par ce qui s’est passé à Madrid, mais les conditions de la vie quotidienne nous obligent à poursuivre le combat. Une partie de ce combat consiste à comprendre.
Pablo Iglesias se retire de la politique, nous exhortons les militants à s’avancer et à rejoindre la lutte pour armer le mouvement d’idées socialistes claires.
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État espagnol. Mobilisation contre la répression : Liberté pour Pablo Hasel

Pablo Hasel est un rappeur de gauche emprisonné neuf mois pour des paroles anti-monarchistes et avoir parlé de terrorisme. Une campagne est en cours pour le libérer.Par Rob MacDonald, Socialisme revolucionari, ASI en Catalogne
À mesure que les crises du capitalisme s’aggravent, la répression d’État s’intensifie. L’emprisonnement de Pablo Hasel est la dernière attaque en date de l’ État espagnol contre les libertés fondamentales qu’il est censé protéger. Nous devons y faire face en nous mobilisant et en nous organisant, mais aussi en comprenant que nous devons lutter pour la fin du système capitaliste, seul moyen de garantir la liberté artistique, économique et sociale.
Nous sommes aux côtés de Pablo
Le combat de Pablo remonte à 2011. Depuis lors, il a constamment été harcelé et arrêté pour ses opinions. Cette dernière attaque, qui a abouti à son emprisonnement, fait suite à son arrestation en 2018, avec un autre rappeur, Valtonyc, pour des paroles et des commentaires sur les médias sociaux contre la monarchie et pour avoir parlé de terrorisme. Pablo est un rappeur provocateur, qui continue de dire ce qu’il pense et refuse d’être réduit au silence.
Cette répression de la liberté d’expression a fait de nombreuses victimes dans l’État espagnol (Valtonyc, Pablo Hasél, César Strawberry et plus récemment le renvoi de la chaîne publique TVE du scénariste Bernat Berrachina pour un signe humoristique contre la monarchie). Mais la répression va plus loin que cela, elle est orientée contre les luttes ouvrières.
Pendant la crise économique qui a commencé en 2008-2009, les procureurs ont soudainement demandé jusqu’à 8 ans de prison pour ceux qui ont participé aux piquets de grève. Puis, en octobre 2017, le monde entier a assisté à l’attaque brutale contre le vote pacifique en Catalogne et à la répression contre la lutte pour l’indépendance en général.
La “Ley Mordaza” – la “loi du bâillon” – approuvée en 2015 a servi à poursuivre les journalistes pour avoir informé sur la répression policière et à réprimer le droit de protester et de manifester. Elle a été utilisée pour poursuivre des militantes et militants qui ont participé à des piquets de grève pendant les grèves féministes de 2018-2019.
Toutes ces attaques, souvent au cours d’incidents relativement mineurs, démontrent la volonté de l’État capitaliste de freiner toute lutte politique considérée comme une menace pour l’ordre social qu’il défend. Les autorités veulent nous faire vivre dans la peur et elles rétablissent des méthodes de contrôle franquistes. Si nous ne résistons pas de toute notre énergie, elles continueront à accentuer la répression jusqu’à nous réduire au silence.
Il est absolument hypocrite qu’ils essaient de réprimer les voix contre la monarchie sans lever le petit doigt contre la corruption profonde de ce vestige féodal ou contre les représentants du régime coupables de violations brutales des droits humains. Les artistes critiques sont envoyés en prison pour leurs textes alors que l’ancien roi corrompu vit dans un exil luxueux. Cette hypocrisie se manifeste également dans le silence de l’UE face à des attaques aussi flagrantes contre la liberté d’expression, cette même UE qui s’empresse de réprimander les États membres pour ne pas avoir respecté ses réglementations néolibérales.
La liberté des arts et la lutte pour changer la société
La culture capitaliste est saturée de sexisme, de glorification de l’argent et de culte de l’individualisme. Chaque jour, la publicité utilise des méthodes créatives pour augmenter les profits, sans tenir compte des besoins des gens ou de l’environnement. La culture du capitalisme est essentiellement un véhicule pour augmenter les profits des super-riches.
Nous devons nous opposer à ce courant culturel négatif et nous concentrer sur la construction d’une culture alternative. Nous devons renforcer la culture de la classe ouvrière qui parle d’unité, de lutte collective et de diversité. Nous ne devons pas compter sur l’État capitaliste pour choisir ce qui est bon et mauvais, beau et laid. En fin de compte, cet État existe pour défendre le système social et économique qui est la cause profonde des problèmes et des enjeux auxquels nous sommes confrontés.
L’art et la culture sont détruits par la crise économique qui a accompagné la pandémie. Même avant cette crise, les artistes connaissaient très bien la nature précaire du travail, sans contrats, sans opportunités ni espaces de travail. On attend souvent des artistes qu’ils travaillent gratuitement, simplement parce que leur travail découle de leur passion. Cette exploitation était déjà extrême, mais après cette dernière crise économique, ils se battent pour le droit même de créer. Se battre pour les arts et la culture, c’est se battre pour être un être humain libéré des contraintes du système de profit.
Non seulement nous devons défendre la liberté d’expression, mais nous devons aller plus loin et défendre le droit d’être créatif, d’avoir un travail décent et des conditions de travail qui donnent à chaque personne la dignité nécessaire pour mener une vie épanouissante. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une redistribution complète et démocratique des richesses de la société. Nous devons inscrire clairement à notre agenda la lutte pour une société socialiste.
Lors de la manifestation à Lleida le 10 février, Pablo Hasel a soulevé à juste titre la complaisance du gouvernement PSOE/Unidas Podemos concernant cette dernière attaque et la nécessité d’un mouvement populaire pour changer la société. Le gouvernement dit de gauche s’est limité à quelques vagues promesses de réforme de la législation qui punit actuellement les artistes pour leurs paroles. Si nous ne devrions pas être surpris de la passivité du PSOE sur cette question, puisque ses dirigeants ont pris le parti du statu quo il y a longtemps, cela soulève la question de savoir comment nous devons nous organiser pour changer la société.
Comme l’a dit Pablo :
« Ils répriment. Et la répression n’est pas une question individuelle, elle est collective. S’ils s’en prennent à une personne comme moi, c’est pour effrayer les autres. Nous devons faire passer le message, sur Internet mais aussi dans la rue, sensibiliser les gens pour développer un mouvement qui mène au rejet de masse, à l’action révolutionnaire. Nous devons organiser la solidarité pour développer la liberté d’expression. Toutes les conquêtes précédentes ont été gagnées par l’action révolutionnaire (…) nous n’avons pas seulement besoin d’organiser la solidarité, mais d’une organisation qui unit les luttes pour tous les droits et libertés, ce qui va de pair avec le fait de s’attaquer à la racine du problème…
En nous organisant et en menant la lutte dans la rue, nous pouvons obtenir des améliorations, beaucoup d’ailleurs, mais pas de solution profonde. Nous ne pouvons pas réformer cet État. Nous avons besoin de changements profonds, en annihilant cet État et en conquérant une république populaire où la classe ouvrière aura le pouvoir et pourra garantir les droits et libertés qu’on nous refuse par la violence, et nous pourrons alors obtenir ce que nous voulons tous, c’est-à-dire gagner une vie décente… »
Nous sommes d’accord : il faut développer un mouvement à caractère ouvertement révolutionnaire forgé dans la lutte de masse dans les rues, sur les lieux de travail et dans les écoles. Il y a de nombreuses questions sur lesquelles nous pouvons travailler ensemble sur des bases communes, l’une des plus critiques étant l’unité contre la répression d’État. La tâche urgente est d’unir les travailleurs et les jeunes de différents secteurs dans un mouvement non sectaire et démocratique afin de développer un programme et une action anticapitaliste et socialiste révolutionnaire qui répondent aux besoins de la lutte.
- Mobilisation, agitation et organisation pour libérer Pablo Hasel et toutes les autres victimes de la censure d’État !
- Défendons la liberté d’expression artistique en construisant une unité dans le mouvement de lutte contre le système capitaliste !
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Etat espagnol. « Les aînés sont laissés seuls face à la mort : Tout le pouvoir aux balcons ! »

La crise COVID-19 dans l’État espagnol a attiré l’attention internationale le 6 mars, lorsqu’à Haro, une petite ville de la région viticole de La Rioja, l’origine de 60 cas a été retracée jusqu’à des funérailles dans la capitale basque voisine, Vitoria-Gasteiz. Un peu plus de deux semaines plus tard, le principal hôpital de Gasteiz, Txagorritxu, est au bord de l’effondrement et nous en sommes à notre deuxième semaine de confinement total.
Par John Hird, Socialismo Revolucionario (section d’Alternative Socialiste Internationale dans l’État espagnol), ce rapport a été initialement publié en espagnol le 25 mars.
Le samedi 21 mars, Pedro Sanchez, le président espagnol, a annoncé une prolongation de 15 jours de l’état d’urgence initial, prolongeant le confinement jusqu’en avril. Sanchez a déclaré : “Le pire est encore à venir…”. Pour les travailleurs de la santé et la population en général, cela est difficile à imaginer, étant donné ce qu’ils ont déjà vécu.
En 24 heures entre le 21 et le 22 mars, 400 personnes sont mortes du virus Covid-19 dans l’État espagnol.
Au moment où nous écrivons ces lignes, près de 3 500 professionnels de la santé ont été infectés, ce qui représente 12 % du total des 28 572 cas confirmés. C’est un signe inquiétant, lié à l’absence de fourniture de vêtements de protection, de masques et de matériel de sécurité pour le personnel. Des photos ont circulé sur les médias sociaux de membres du personnel improvisant des tabliers à l’aide de sacs en plastique.
“Je n’ai jamais rien vécu de tel. L’unité de soins intensifs est un travail très intensif, mais maintenant nous sommes débordés, vous ne pouvez même pas sortir pour faire pipi”, déclare un médecin cité dans El Pais, à l’hôpital de Getafe dans la région de Madrid, qui a été le plus durement touché par l’épidémie de coronavirus. Les unités de soins intensifs se sont remplies de patients gravement malades, certains sous sédatifs, d’autres en incubation. Tous sont branchés à divers tubes. Ils sont seuls, dans certains cas jusqu’à leur mort. Ils ont tous le même diagnostic : Covid-19, la maladie causée par le virus du SRAS-CoV-2.
Il y a une avalanche irrésitible de patients dans tout l’État espagnol, bien que jusqu’à présent, 60% de tous les décès dus au coronavirus se soient produits à Madrid. Le service de santé espagnol est administré par chaque région autonome, ce qui signifie qu’il existe des différences marquées dans l’état réel du service. Madrid, en particulier, a subi des coupes sombres et des privatisations pendant le règne néolibéral du parti de droite PP.
Les travailleurs de la santé se sont plaints qu’en raison de la privatisation et de la sous-traitance à Madrid, ils reçoivent régulièrement des draps et des blouses “tachés de merde, de pisse et de sang” des blanchisseries des hôpitaux.
En général, les patients atteints du virus mettent beaucoup de temps à se rétablir et restent en moyenne deux à trois semaines à l’hôpital, ce qui met à rude épreuve un service de santé déjà surchargé. La réalité actuelle montre à des millions de personnes que le service de santé n’est pas préparé à une urgence catastrophique de cette ampleur et cela est directement dû aux coupes budgétaires.
Les patients présentent la même pathologie : une pneumonie grave qui nécessite une intubation d’urgence et le branchement d’un ventilateur, ce qui exige un personnel suffisant, et bien sûr des ventilateurs, qui font défaut.
“Ils ne font pas les tests qu’ils devraient faire. Ils font face à des personnes malades avec une charge virale très élevée. Ils sont très préoccupés par le manque d’équipement de protection”, déclare Guadalupe Fontán, de l’Association des Infirmières Espagnoles. Le manque de tests est encore une fois dû au manque de ressources.
La situation est pénible pour le personnel. Les membres de la famille ne sont pas autorisés à accompagner les proches malades. Ils reçoivent des messages audio de la part du personnel qui souffre alors de l’angoisse de voir une personne mourir complètement seule pendant son travail.
Txagorritxu a été le premier site de propagation du virus dans la province d’Álava. Une chaîne d’infections parmi les travailleurs de la santé a aggravé la situation, jusqu’à ce que beaucoup d’entre eux soient contraints de se mettre en quarantaine. Le manque de professionnels de la santé est pallié grâce à la solidarité et aux efforts considérables du personnel qui lutte actuellement contre le virus, même s’ils se plaignent d’un manque de matériel de protection et de ressources.
Les chiffres augmentent toutes les 24 heures, mais le dimanche 22 mars, 111 cas supplémentaires ont été enregistrés à Gasteiz et dans le département d’Alava, soit 72 de plus que la veille. La moitié des patients de Covid-19 du Pays Basque son traités à l’hôpital de Txagorritxu, avec au total, 326 personnes hospitalisées, 60 décédées et plus de 900 infectées, dont 31 en soins intensifs.
Sur les 470 lits de Txagorritxu, environ 270 sont occupés par des patients atteints de coronavirus.
Dans le tunnel qui mène au bâtiment, les ambulances qui amènent les patients aux urgences passent parfois devant les voitures funéraires qui emportent les corps.
Les ambulances qui amènent les patients aux urgences passent parfois devant les voitures funéraires qui emportent les corps dans le tunnel qui mène au bâtiment.
Une crise aggravée par les coupes budtgétaires et la loi du profit
La question de savoir pourquoi le virus COVID-19 se propage si rapidement en Espagne doit être abordée. Le vieillissement de la population est évidemment un facteur majeur, mais il aurait pu être atténué par un service de santé avec suffisamment de fonds et de personnel. La façon impitoyable dont les personnes âgées ont été laissées pour mortes dans les maisons de soins est une conséquence de la privatisation et du système de profit.
C’était un désastre prêt à éclater et la faute en incombe aux politiciens profiteurs et aux vampires capitalistes qui ont bu les services de santé et de soins jusqu’à la dernière goutte.
En 2018, 270.000 patients ont été diagnostiqués d’un cancer en Espagne, ce qui est un traumatisme pour les personnes, mais une source de profit pour les entreprises pharmaceutiques. Depuis 100 ans, les médicaments et les traitements contre le cancer excessivement chers représentent leur plus gros pactole. Un système de santé véritablement socialisé fonctionnerait avec une industrie pharmaceutique nationalisée qui serait au service de la population et n’existerait pas uniquement pour le profit. Il favoriserait également la prévention et une vie saine et intégrerait les soins médicaux aux personnes âgées dans le service au lieu de les considérer comme une simple source de profit.
On en parle peu, mais de nombreux travailleurs de la santé souffrent et même décèdent de maladies dues aux risques professionnels. Rien qu’en Euskadi (la région autonome basque), au cours des dix dernières années, 578 travailleurs de la santé sont morts dans le cadre de leur travail et à cause de celui-ci. Si grave que soit la crise COVID-19, il faudrait encore vingt ans pour que le même nombre de travailleurs de la santé meurent à cause du virus.
Le point fondamental étant que la crise sociale et médicale que nous vivons actuellement n’est pas due au seul COVID-19 mais est le symptôme d’un service de santé sous-financé et négligé.
Des personnes âgées laissées à la mort dans les maisons de repos
“S’il est infecté, personne ne fera rien pour l’aider”, commente une fille angoissée au sujet de son père qui est isolé dans une maison de soins de Madrid.
Il y a 425 maisons de repos à Madrid et on y laisse littéralement mourir les personnes âgées.
El Pais a signalé que les ambulances ne viennent pas dans les maisons de repos : “Les services d’urgence m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas nous aider”, raconte un proche.
Les parents et les grands-parents sont laissés pour compte parce qu’ils sont considérés comme des causes perdues, ayant des antécédents médicaux ou un âge avancé. Un travailleur a expliqué qu’il cherchait quelqu’un pour aider un homme de 91 ans qui avait du mal à respirer depuis quelques jours. Finalement, un médecin lui a rendu visite et a dit qu’il s’agissait d’un cas “possible de Covid-19” mais qu’il n’avait pas de kit pour confirmer le diagnostic.
“Nous avons appelé le 112 [pour les services d’urgence] sept fois et rien. Après avoir attendu deux heures, ils m’ont dit sur un ton inamical qu’ils ne pouvaient pas nous aider”, a déclaré un travailleur social anonyme.
De nombreux soignants ont continué à travailler sans gants ni masque. Le syndicat CSIT a annoncé qu’il allait déposer une plainte auprès de l’inspection du travail contre les directeurs des maisons de repos qui ne fournissaient pas au personnel les équipements de protection nécessaires pour éviter l’infection par le virus.
Certains travailleurs ont raconté qu’ils avaient utilisé des gants de cuisine dans les maisons de repos, tandis que d’autres ont dit qu’ils partageaient le peu d’équipement de protection dont ils disposaient entre eux.
Dans un établissement, il y avait 10 corps au sous-sol qui attendaient d’être ramassés par le funérarium, selon plusieurs témoins oculaires.
Les autorités ont peu fait pour protéger les personnes âgées dans les maisons de repos, qui ne sont pas protégées avec toutes les ressources disponibles. Le virus est en train de tuer une génération. Et le pire, ce n’est pas que des êtres chers meurent, c’est la façon dont ils meurent. De nombreuses personnes âgées quittent cette vie dans la solitude et cela ne sera ni oublié ni pardonné.
La question des soins aux pensionnés et aux citoyens âgés est un sujet absolument brûlant et scandaleux en Espagne. Tout le secteur est un racket qui rapporte de l’argent et est truffé de corruption, de normes médiocres et de conditions terribles pour les travailleurs, pour la plupart immigrés. Je vis au-dessus d’une maison de retraite et je sais que les résidents paient plus de 2 000 euros par mois. La plupart sont obligés de réhypothéquer ou de vendre leur maison pour pouvoir se payer des soins.
Dans une maison de soins privée de Tomelloso, en Castille-La Manche, 15 résidents sont morts la semaine dernière. Le centre était géré par une personne non qualifiée et un conseiller du PP qui avait assuré aux famille que tout allait bien lorsqu’ils ont fait part de leurs inquiétudes. Le centre ne s’était même pas donné la peine d’avoir un médecin dans son personnel malgré les bénéfices que l’entreprise réalisait.
Le virus COVID-19 a exposé un système de soins pourri et les familles sont en droit d’exiger des enquêtes et des poursuites contre les coupables, mais nous devons aller plus loin. Le mouvement ouvrier doit exiger et faire campagne pour que toutes les maisons de soins privées soient placées sous le contrôle des autorités locales et de l’État. Nous avons besoin d’un système de soins aux personnes âgées qui s’occupe réellement des citoyens âgés et ne les traite pas comme une source de profits rapides pour les entreprises. Les personnes âgées ne sont pas sacrifiables !
Une conscience qui évolue rapidement
Au début de la crise à Gasteiz, il y a eu une table ronde à la radio avec des directeurs d’hôpitaux, un représentant du gouvernement basque, et un médecin et une infirmière syndiqués. Au cours de la discussion, le présentateur a tenté d’orienter le programme vers le terrain sûr des “héros de la santé, tous ensemble…” La jeune infirmière et membre du syndicat basque militant, ELA, a insisté pour avoir son mot à dire sur les coupes dans les services de santé. Elle a accusé la direction de l’hôpital et le gouvernement basque d’avoir appliqué dix années de coupes budgétaires. “Vous n’avez jamais écouté quand nous avons manifesté et fait grève. Cette crise est bien pire à cause de vous”. Le représentant du gouvernement n’avait rien à dire.
Il y a des vidéos virales de médecins et d’infirmières qui font leur ronde en condamnant les coupes dans les services de santé à Madrid. Dans l’une des principales émissions matinales, un médecin a été interrompu dans une interview en direct par Ana Rosa Quintana (animatrice de télévision), lorsqu’il a condamné le PP pour “dix ans de coupes et de privatisations, qui ont ruiné le service de santé de Madrid”.
Le gouvernement et la classe dirigeante espagnole, par le biais de leur presse, tentent désespérément de faire passer l’idée de la nation espagnole « toute ensemble dans la crise », mais dans une situation qui évolue rapidement, la conscience change à vue d’oeil.
Les professionnels de la santé disent clairement qu’il est plus difficile de lutter contre le virus car, de fait, les investissements dans les services de santé ont cessé au début de la dernière récession économique, il y a dix ans. Les conditions et les salaires sont moindre, le moral est plus bas, il y a moins de lits et des listes d’attente plus longues avec une population plus nombreuse et plus âgée.
Lorsque M. Sanchez a décrété l’état d’urgence pour la première fois, il a tenu à dire que les banques resteraient ouvertes, ce qui a provoqué un débat en ligne dans des millions de foyers sur ce qui constituait une industrie essentielle. Le capitalisme espagnol voulait s’assurer que la production se poursuive. Cependant, la classe ouvrière organisée ne l’entendait pas de cette oreille. À Vitoria-Gasteiz, les travailleurs de l’usine automobile Mercedes, forte de 5 000 personnes, ont mené une action collective pour arrêter la production.
Le comité syndical a fait savoir à la direction que les ouvriers avaient des conditions de travail dangereuses, par exemple en travaillant trop près les uns des autres sans qu’aucune consigne de sécurité réelle ne soit donnée. La direction a déclaré que le siège social de Mercedes en Allemagne avait déclaré qu’il fallait continuer à produire des camionnettes. Le comité a contacté le bureau de l’inspection du travail qui n’a pas répondu et a donc appelé la police. Les travailleurs ont alors débrayé de la chaîne de montage et la production s’est arrêtée.
Le lendemain, Michelin, qui emploie 3 000 autres travailleurs dans la ville, a également arrêté la production. Mercedes a demandé une ERTE, qui est une fermeture temporaire avec quelques garanties et une rémunération pour les ouvriers. D’autres entreprises plus petites travaillent encore, ce qui est une cause de conflit. Les événements à Mercedes ont montré que c’est la puissance des travailleurs organisés qui a fermé la plus grande usine du Pays basque. Les patrons voulaient continuer à faire des bénéfices, mais les travailleurs ont décidé de ce qui était le mieux pour la société dans son ensemble.
Tout le pouvoir aux balcons ! (Pour l’instant)
Dans de nombreux pays latins, la “cacerolada” est une manifestation traditionnelle au cours de laquelle les gens tapent sur des casseroles depuis leur balcon pour protester. Depuis le premier jour de la fermeture, les gens ont organisé des “caceroladas” en solidarité avec les travailleurs de la santé et elles deviennent de plus en plus politiques.
Le 15 mars, le nouveau roi d’Espagne a annoncé en direct à la télévision qu’il “divorçait” de son père, l’ancien roi Juan Carlos, après avoir appris qu’il avait reçu 100 millions de dollars du régime saoudien théocratique et corrompu. Des millions de personnes sont sorties sur leur balcon pour demander à Juan Carlos de donner l’argent à la lutte contre le virus COVID-19.
Un sondage d’opinion publié dans le journal La Vanguardia a posé cette question : Le virus COVID-19 prouve-t-il qu’il vaut mieux investir davantage dans la santé publique et la recherche ? Un exceptionnel 97,75 % des personnes interrogées a répondu par l’affirmative !
Pendant cette crise, de larges couches de la population et de la classe ouvrière se tournent vers les travailleurs de la santé. L’expérience collective concentrée de ces dernières semaines ne sera pas facilement oubliée. Les travailleurs savent instinctivement qui donne l’exemple, qui se sacrifie pour le bien commun et à qui incombe la faute du manque d’équipements et de matériel. La Vanguardia a également rapporté que 81,65 % de la population pense que tout n’est pas fait pour lutter contre le virus.
Le sentiment de solidarité et le désir de coopérer dans la lutte contre le virus sont largement répandus, mais l’État espagnol revient à ses racines lors de toute crise, menaçant d’amendes et de recours à la force si le pouvoir central n’est pas obéi.
Il y a eu des affrontements entre les gouvernements basque et catalan d’un côté et le gouvernement central espagnol de l’autre, sur la question de quelle autorité décide de questions cruciales comme la fermeture des plus grands secteurs industriels. Le président catalan, Quim Torra, a été publiquement attaqué par les ministres espagnols pour avoir voulu aller plus loin que l’État espagnol en scellant et en fermant complètement la Catalogne.
Les politiciens basques se sont plaints qu’il n’était pas nécessaire de déployer des troupes espagnoles en Euskadi, ce qui est évidemment une question sensible. Les nationalistes de la gauche basque ont accusé le gouvernement espagnol d’avoir introduit le tristement célèbre article 155, qui impose un contrôle central dans les régions, “à la dérobée”. À plus long terme, les antagonismes nationaux sous-jacents éclateront inévitablement à nouveau, même s’ils seront en grande partie contenus pendant cette crise.
Conséquences économiques
Entre 2014 et 2019, 27 171 entreprises ont demandé 36 141 ERTE (fermetures temporaires) qui ont touché 409 548 travailleurs. Presque le même nombre de travailleurs ont été touchés par des ERTE rien qu’en Catalogne et en Andalousie en une semaine !
Selon une première estimation faite par le Centro Predicción Económica (Ceprede) de l’Universidad Autónoma de Madrid pour l’association patronale Cepyme, entre 2 et 2,5 millions de travailleurs pourraient être touchés par un ERTE dans les deux à trois prochains mois. Si cela est vrai, ne serait-ce qu’en partie, les conséquences sociales et économiques seront imprévisibles. Une tempête économique et une réduction du niveau de vie aussi dévastatrices se produiraient au milieu d’un climat politique instable dans lequel les partis traditionnels ont passé des mois à essayer de former un gouvernement de coalition dans une société déjà fortement polarisée.
Il y a 3,2 millions de travailleurs indépendants, dont beaucoup sont de “faux indépendants”, par exemple des livreurs et des nettoyeurs mal payés. Déjà, des organisations et des groupes se manifestent pour exiger que le gouvernement annule les loyers des logements et des bureaux tant que durera la crise.
Les travailleurs indépendants faiblement rémunérés sont durement touchés, car les paiements élevés de la sécurité sociale en Espagne ne sont pas annulés, mais seulement suspendus (pour être payés plus tard). Cela pourrait ruiner des milliers de propriétaires de bars et de nombreux autres groupes de travailleurs.
Une campagne de terrain a annoncé que si les loyers ne sont pas annulés pendant la crise, ils organiseront la plus grande grève des loyers jamais vue dans l’histoire espagnole !
Que se passe-t-il ensuite ?
Une lettre signée par 70 scientifiques espagnols a exigé que le gouvernement mette en place un confinement immédiat et total de la population, sans autorisation de travail et d’autres activités, pour essayer d’éviter l’effondrement total du système de santé en Espagne en raison de l’épidémie de coronavirus, qui, selon eux, se produira, dans les circonstances actuelles, mercredi prochain, le 25 mars.
Les scientifiques ont esquissé trois scénarios possibles :
Scénario 1 : aucune restriction de mobilité. La courbe de contagion s’élève de manière de plus en plus verticale. Cela entraînera inévitablement l’effondrement de la plupart des systèmes de santé régionaux de l’État espagnol.
Scénario 2 : restriction partielle de la mobilité, où la mobilité de la main-d’œuvre est autorisée à 50 %, ce qui est la situation actuelle en Espagne. La courbe de contagion est beaucoup plus atténuée que dans le premier des scénarios, mais selon le rapport, cela ne suffira pas à la contenir et elle aura tendance à être de plus en plus horizontale.
Scénario 3 : le document montre la courbe de contagion lorsqu’il y a une “restriction totale de la mobilité (aucune mobilité de la main-d’œuvre n’est autorisée, sauf dans les services essentiels)” et c’est la situation recommandée par les 70 scientifiques qui ont signé le document. C’est le scénario que les travailleurs de Mercedes et d’autres lieux de travail ont tenté de mettre en œuvre, bien que jusqu’à présent, l’État espagnol ait tenté de maintenir l’industrie manufacturière ouverte, ce qui, comme l’a montré la situation en Italie, est une erreur criminelle aux conséquences mortelles.
Il y aura «un avant et un après” la crise COVID-19 de 2020. Cette crise a mis à nu la situation réelle à laquelle le capitalisme espagnol est confronté. Toutes les vieilles ordures, la corruption et l’avidité des grandes entreprises qu’ils essaient de balayer sous le tapis, ont été révélées aux yeux de millions de personnes. La Liga est annulée et les émissions de télé doivent parler de la crise. Aucune distraction. Des millions de personnes regardent et répondent elles-mêmes aux grandes questions.
Bien sûr, le capitalisme fait passer son point de vue dans les médias et essaie en même temps de faire un peu de business. La production de masques chirurgicaux a augmenté de 8 000 %, malgré les doutes sur leur utilité pour prévenir la propagation du virus.
La centralisation du pouvoir dans l’État espagnol pendant la crise reflète les perspectives de la classe capitaliste. Ils craignent les conséquences économiques et sociales du virus autant qu’ils craignent la solidarité et le pouvoir de la classe ouvrière. Ils utilisent la peur et le contrôle des informations importantes pour préparer le terrain afin que les gens acceptent que la “réalité” du crash économique et de la dépression à venir est en quelque sorte inévitable, comme un mauvais rhume ou même une grippe ! Ils cherchent aussi constamment à rejeter la responsabilité de cette crise sur quelqu’un. Lorsque le virus a commencé à se propager en Alava, la presse a pointé du doigt les Roms de Haro qui avaient assisté de manière “irresponsable” à des funérailles familiales à Vitoria.
La question que cette crise met sur la table est de savoir dans quel type de société nous voulons vivre. Comme la plupart des Européens, le gouvernement espagnol fait peser sur l’individu la responsabilité de rester passivement chez lui et de laisser les autorités et les experts régler tout cela, tout en comptant sur le sacrifice et la solidarité des travailleurs de la santé et des autres travailleurs.
Une pandémie de cette ampleur ne peut être combattue avec succès et à long terme par une société fondée sur l’égoïsme et l’avidité du système de profit. Le fait que les gouvernements aient été contraints par les événements de collectiviser les ressources et, en fait, de nationaliser temporairement des services clés, contre leurs convictions idéologiques, ne passera pas inapperçu dans de larges couches de la société.
L’Union européenne a fait preuve de peu de solidarité concrète avec l’Italie et l’Espagne et a été exposée comme étant plus soucieuse de protéger le système capitaliste que d’apporter une aide pratique réelle. Pourtant, la nécessité d’une véritable solidarité et d’une coopération internationale pour lutter contre le virus COVID-19 est évidente pour tous. Des leçons sont tirées.
Bien sûr, il y a aussi de la peur en ce moment et beaucoup de gens se sentent isolés, mais nous allons affronter cette peur ensemble en tant que classe, en réfléchissant de manière critique et en agissant ensemble collectivement. La classe dirigeante veut paralyser notre capacité à nous organiser contre les difficultés économiques qu’elle estime nécessaire d’imposer pour maintenir son système pourri. Elle ne réussira pas. La roue a déjà commencé à tourner.
Vous trouverez ci-dessous le programme pour lequel SR (ISA/ASI) se bat dans l’État espagnol.
- Les coupes budgétaires dans le secteur de la santé et la privatisation tuent les personnes âgées ! Médicalisez toutes les maisons de repos !
- Nationaliser, sans compensation et sous le contrôle des travailleurs, des résidents et des familles, toutes les maisons de repos privées et mettre immédiatement fin à la gestion privée de celles qui sont propriété publique. Mettons fin au racket et laissons nos personnes âgées vivre dans la dignité !
- Fournir immédiatement des moyens sanitaires d’urgence, tant matériels qu’humains, afin que les maisons de repos ne soient pas des cimetières !
- Après la fin de la crise COVID-19, il devrait y avoir une enquête ouverte et démocratique qui pourrait conduire à la poursuite de tous les patrons et politiciens impliqués dans la privatisation des services sociaux qui ont entraîné la mort de personnes âgées pendant cette crise. Nationalisation sans compensation de tous leurs biens. Utilisation de leurs biens pour combattre le virus et pour les soins de santé des personnes âgées !
- Défense et développement du service de santé publique. Inversion immédiate de toutes les réductions et privatisations, et entrée des hôpitaux, fournisseurs et ressources privés dans le système public. Nationalisation de tous les services sous-traitants privés tels que le nettoyage. Des salaires décents et des contrats pour les nettoyeurs !
- Nationaliser tous les établissements de santé privés pour aider le système public à faire face à la crise. La santé avant le profit !
- Recrutement immédiat du nombre nécessaire de professionnels de la santé pour faire face à la crise.
- Mise à disposition immédiate de toutes les ressources matérielles et des équipements de sécurité nécessaires aux professionnels de la santé et autres travailleurs essentiels.
- Arrêt immédiat de toute activité industrielle non essentielle à la lutte contre la pandémie.
- Nationalisation du secteur pharmaceutique.
- Nationalisation des banques et des multinationales dans le cadre de la “démocratie ouvrière”. Établissement d’un plan de production qui donne la priorité aux droits des personnes et à leur santé.
- Aucune perte d’emplois dues à la crise COVID-19
- Annulation de tous les paiements d’hypothèque et de loyer pendant la durée de la crise pour les travailleurs qui n’ont pas de salaire ou qui ont un salaire réduit
- Annulation de tous les paiements de sécurité sociale pour les travailleurs indépendants et les petites entreprises tels que les propriétaires de bars
- Réduction des prix des produits essentiels qui sont fondamentaux pour la vie quotidienne des familles de travailleurs. Non au profit et à la spéculation !
- Contrôle démocratique des stocks de produits existants afin d’éviter la thésaurisation et de garantir que les magasins disposent de suffisamment de produits alimentaires et sanitaires essentiels pour tous. Mise en place de comités de consommateurs et de travailleurs dans le secteur de la vente au détail pour superviser la distribution équitable des denrées alimentaires et des produits essentiels.
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Catalogne: la grève générale du 18 octobre a illustré l’énorme potentiel du mouvement
Une nouvelle génération radicalisée entre en lutte pour la première fois avec le mouvement de masse, issu de la base, contre les peines de prison prononcées à l’encontre de politiciens indépendantistes catalans. Cependant, pour le moment, il manque au mouvement les structures démocratiques et le programme politique nécessaires à la construction d’une force luttant pour une république catalane indépendante et socialiste. Le potentiel pour cela est néanmoins très important.Vlad B, Socialismo Revolucionario (CIO dans l’État Espagnol), Barcelone
Une semaine de manifestations de masse à Barcelone et dans d’autres grandes villes catalanes a été couronnée par une grève générale, le vendredi 18 octobre, qui a rassemblé plus d’un demi-million de personnes lors d’un rassemblement dans le centre de Barcelone. Parmi eux, des dizaines de milliers de personnes qui, ces derniers jours, avaient marché des quatre coins de la Catalogne pour converger sur Barcelone. La grève et le rassemblement ont été remarquablement pacifiques, contrastant avec les émeutes qui ont eu lieu plus tard dans la nuit et certaines nuits précédentes. Selon la police, environ 4.500 personnes ont pris part aux émeutes, soit moins de 1% des participants au rassemblement! Cependant, les émeutes ont été massivement surreprésentées dans les principaux médias espagnols, dans le but habituel de saper la légitimité du mouvement de protestation et son soutien populaire. Néanmoins, bien que la colère qui alimente les émeutes soit compréhensible compte tenu de l’absence de direction politique au mouvement, le renforcement de la grève générale permettrait de canaliser cette colère dans un moyen de lutte beaucoup plus efficace.
La grève a été déclenchée par des syndicats indépendants, tels que la CSC-Intersindical, l’Intersindical Alternativa de Catalunya (IAC) et la CGT, avec des taux de participation significatifs dans divers secteurs: 60-80% dans le commerce, 43% dans l’enseignement public, 26,3% dans la santé, 30% parmi les fonctionnaires, 36% des travailleurs des métros et 90% des étudiants. Fait important, contrairement à la grève du 3 octobre 2017 lors du référendum, les travailleurs de l’usine SEAT, la plus grande de Catalogne, ont également déposé leurs outils de travail.
L’ampleur de cette grève est d’autant plus impressionnante que les dirigeants des principales fédérations syndicales telles que la CCOO et l’UGT ne sont pas impliquées. En effet, au lieu de soutenir cette grève, la CCOO et l’UGT ont honteusement négocié une “déclaration” avec les fédérations patronales catalanes, appelant à un “dialogue politique”. Cela reflète la capitulation des dirigeants officiels de gauche et du mouvement des travailleurs face à la question catalane. Leurs appels abstraits au «dialogue» et aux «solutions politiques» sont vains face à la répression d’un État espagnol qui a infligé des peines de prison plus longues aux élus indépendantiste qu’aux auteurs de la tentative de coup d’État militaire de 1981! C’est un État qui justifie ces lourdes peines par «l’opposition matérielle» des dirigeants indépendantistes aux institutions de maintien de l’ordre, ce qui ouvre une voie dangereuse à la criminalisation de toute future mobilisation de masse, notamment des grèves ou des occupations. C’est un État qui tire des balles en caoutchouc sur ses propres citoyens et où les membres des forces de police fraternisent ouvertement avec des voyous fascistes.
Plus fondamentalement, c’est un État qui renferme toujours au sommet une faction ultra-nationaliste et franquiste qui n’accepterait jamais une voie «institutionnelle» vers l’indépendance catalane. Ils collaborent maintenant temporairement avec le gouvernement intérimaire du PSOE, qui préconise d’encadrer les prochaines élections législatives du 10 novembre autour d’un faux sentiment d’unité nationale face à la menace séparatiste. C’est un moyen utile pour le PSOE et le reste de la caste politique de détourner l’attention des problèmes socio-économiques persistants qui touchent la majorité des travailleurs et des jeunes, y compris la baisse de la croissance économique déjà faible, de 0,6% en juin à 0,4% en septembre 2019. Ces partis tentent maintenant de se présenter comme les défenseurs de «l’unité espagnole» et de la Constitution. La classe dirigeante espagnole est en fait divisée et n’a aucune vision cohérente de la gestion de l’économie du pays. Un potentiel gouvernement d’union nationale entre le PSOE et le PP aura des fondations très instables, notamment dans la perspective d’une nouvelle crise économique.
Les tactiques nationalistes actuellement employées par les différentes sections de l’establishment risquent de se retourner contre elles. En effet, sur les lieux de travail, dans les écoles et dans la rue, les événements commencent à se dérouler selon un clivage gauche-droite qui dépasse la Catalogne: avec d’une part, des manifestations de solidarité de masse dans d’autres grandes villes de l’État espagnol, notamment à Madrid, Bilbao, Saint-Sébastien, Valence et Saragosse, où dominent les drapeaux républicains et antifascistes; d’autre part, la répression policière, les assauts fascistes et les politiciens de droite appelant à l’activation de l’article 155 de la Constitution qui suspendrait l’autonomie de la Catalogne. L’échec des dirigeants politiques de gauche est encore plus cuisant dans ce contexte de polarisation croissante. Ils adoptent une fausse neutralité au lieu de se tenir résolument du côté du mouvement de masse.
Les manifestants dans les rues de Barcelone sont conscients du caractère répressif et réactionnaire de l’État espagnol ainsi que de la faillite de la direction de gauche. C’est particulièrement le cas avec les nouvelles couches de jeunes qui entrent en lutte. Bien qu’ils soient relativement ou même complètement nouveaux dans l’activisme politique, ils ne se font pas d’illusions dans un chemin «légal» vers l’indépendance. Ils ne se font pas non plus d’illusions sur les représentants politiques de la génération des «Indignés», tels que Pablo Iglesias et Ada Colau, qui ont fait leur entrée dans la politique traditionnelle et sont devenus partie prenante du même établishment auquel ils étaient censés s’opposer. Lors d’une manifestation à Barcelone, la réception hostile des manifestants envers Gabriel Rufian, dirigeant autrefois populaire d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, parti indépendantiste de type social-démocrate) illustre le sentiment présent. Au cours des deux dernières années, son parti a adopté une vision pessimiste sur la question de l’indépendance, qu’il considère désormais comme un objectif à long terme.
Malgré son image de gauche, l’ERC fait partie de la coalition gouvernementale depuis 2018 qui, avec les libéraux de centre droit de Junts per Catalunya (JxCAT), applique l’austérité dans toute la Catalogne. La volonté d’indépendance d’une grande partie des jeunes en colère qui participent aux manifestations de masse est largement alimentée par les problèmes sociaux et économiques auxquels ils sont confrontés avec leurs familles, plutôt que par un sentiment nationaliste catalan uniquement. Comme l’a expliqué un jeune de 18 ans de Gironne à un journaliste de Público, la démocratie espagnole «est une blague et non un pays économiquement sûr. Je suis devenu indépendantiste grâce aux institutions espagnoles et non pas aux catalanes ». En effet, les syndicats indépendantistes qui ont appelé à la grève du vendredi, principalement CSC-Intersindical et IAC, ont déclaré que leur principale motivation était liée à la revendication d’un salaire minimum plus élevé et à des mesures visant à promouvoir l’égalité sur le lieu de travail.
Tout cela montre que les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus conscients du fait que les dirigeants officiels du camp indépendantiste sont non seulement incapables de mener à bien la lutte pour l’indépendance, mais également que le type de république indépendante qu’ils envisagent est au service des élites et non des gens ordinaires. L’indépendance de la Catalogne mérite de lutter en sa faveur, bien sûr, sur la base du droit fondamental à l’autodétermination, mais surtout parce qu’elle offrirait l’occasion historique de construire un type de société différente, où les secteurs clés de l’économie sont sous propriété publique et sous contrôle démocratique de la collectivité afin de répondre aux besoins de la société.
Cependant, pour le moment, aucune organisation de masse ne défend cela vu la faillite déjà mentionnée de la direction officielle de la gauche. Il existe un vide politique évident dans le mouvement de protestation actuel, comme en témoigne le rassemblement de masse de vendredi, où les quelques groupes de gauche n’avaient aucun matériel indiquant la voie à suivre. Mais il y a un énorme appétit pour cela, surtout parmi les jeunes participants. Le mouvement manque actuellement d’un programme politique et d’une stratégie, ainsi que de structures démocratiques pour permettre le développement de ce programme et de cette stratégie. Mais les couches les plus conscientes du mouvement sont clairement assoiffées de contenu politique et de direction.
La Candidatura de Unidad Popular (CUP) doit jouer un rôle plus décisif à cet égard. Elle pourrait utiliser ses représentants élus et une base conséquente pour intervenir avec audace et œuvrer à la mise en place de comités démocratiques qui structureraient et coordonneraient le mouvement autour d’une stratégie et d’un programme radical pour l’indépendance. Socialismo Revolucionario est pleinement disposé à travailler avec tous les groupes intéressés par une telle approche, qui vise à construire un mouvement démocratique et militant luttant pour une république catalane indépendante et socialiste.
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Catalogne: Il faut intensifier la lutte! Grève générale maintenant!

Construisons le mouvement démocratiquement à partir de la base!
L’État espagnol a condamné à de longues peines de prison pour “sédition” les prisonniers politiques catalans, les anciens responsables du gouvernement et des institutions catalanes ainsi que les dirigeants des organisations indépendantistes. Il s’agit d’un événement extrêmement grave, presque sans précédent dans l’histoire récente de l’Europe occidentale, qui intervient également pendant la campagne pré-électorale pour les élections générales de novembre dans l’État Espagnol.
Par Socialismo Revolucionario (CIO dans l’État espagnol)
Les dirigeants du bloc de droite (PP, Ciudadanos et Vox) appellent à une interdiction des partis indépendantistes catalans et à d’autres mesures anti-démocratiques. Pour sa part, le président du gouvernement par intérim, Pedro Sánchez, du PSOE (social-démocratie), joue également la carte électoraliste de la répression contre la Catalogne. Il a parlé de “respect de la peine” et de “l’exécution de l’intégralité” de ces peines (sans libération conditionnelles) allant de 9 à 13 ans de prison pour neuf des douze condamnés.
La seule réponse possible de la jeunesse et de la classe ouvrière catalane est d’organiser une grève générale pour la défense des droits démocratiques et du droit du peuple catalan de décider de son avenir. L’attaque contre les droits démocratiques de la Catalogne est une attaque contre l’ensemble de la classe des travailleurs de l’État espagnol et une réponse claire doit y être donnée.
Tout le monde suit les événements en Catalogne, comme ils ont suivi le mouvements de masse à Hong Kong. Et sans aucun doute, les dizaines de milliers de personnes qui ont marché jusqu’à l’aéroport de Barcelone El Prat ont été inspirées par les manifestations de masse à Hong Kong.
La police espagnole a été aussi brutale que celle de Hong Kong. Les “démocraties” occidentales et la dictature chinoise utilisent des méthodes violentes similaires lorsque les intérêts du capitalisme sont menacés. L’UE défend la répression exercée par l’État espagnol sur la Catalogne et n’apporte aucun soutien à la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong.
La lutte contre l’oppression est internationale et ces leçons sont apprises en particulier par les jeunes. Il est inspirant que les mouvements de masse en Europe et en Asie apprennent les uns des autres. La seule solidarité internationale que nous souhaitons vient d’en bas, pas des présidents ni des gouvernements capitalistes!
Grève générale maintenant en Catalogne et actions de solidarité de toutes les organisations de la classe des travailleurs de l’État espagnol !
De nombreuses manifestations de milliers de personnes ont eu lieu lundi en Catalogne. Ces manifestations de masse ont déjà bloqué les autoroutes, les voies ferrées et l’occupation de l’aéroport de Barcelone a bloqué ses accès et entraîné l’annulation de plus de 100 vols.
Nous devons maintenant bloquer toute la Catalogne avec une grève générale comme point de départ d’une lutte continue. Les étudiants ont déjà quitté leurs cours pour aller manifester dès l’annonce des peines et une grève étudiantes de trois jours est convoqué à partir de mercredi. Nous devons tous nous arrêter de travailler vendredi pour la grève générale!
Ce mouvement semi-spontané et d’en bas doit être organisé et avoir une direction claire. Notre force est dans les rues et notre arme est la grève générale. Les Comité de défense de la République (CDR) doivent être reconstruit où et quand c’est nécessaire et des réunions de masse doivent être organisées dans les écoles, les universités, les lieux de travail et les quartiers. Des comités démocratiques locaux doivent être créés pour diriger le mouvement. C’est trop important pour laisser cela aux mains de politiciens professionnels qui ont malheureusement montré par le passé qu’ils préféraient que les gens ne descendent pas dans la rue. Nous avons besoin que ces comités locaux organisés démocratiquement s’étendent à travers toute la Catalogne pour développer sérieusement la lutte et devenir la direction du mouvement.
Le mouvement doit également parler du type d’indépendance pour lequel nous nous battons. Les travailleurs et les jeunes de Catalogne se révoltent contre la répression de l’État espagnol et pour le droit de décider de leur avenir. Mais pour quelle sorte de Catalogne se battent-ils? Nous défendons une Catalogne libre non seulement de la répression de l’État, mais aussi de toute oppression économique et sociale, de la fin du régime de 78 et de système capitaliste qui la soutient. Gagner tous les travailleurs catalans à ces revendications et inspirer les travailleurs dans tout l’État espagnol est essentiel pour obtenir une victoire.
Une nouvelle phase du mouvement pour l’indépendance a été franchie et il ne peut y avoir de retour en arrière. C’est une période où toute la gauche, le mouvement ouvrier et les mouvements sociaux doivent s’unir et s’opposer au régime antidémocratique. Ce n’est pas le moment de parler de “respect de la loi” mais de rébellion ouvrière et populaire contre le système capitaliste et franquiste.
Malheureusement, la position de Pablo Iglesias est abstraite et utopique et constitue une grave erreur historique: “Tout le monde devra respecter la loi et assumer la peine”, mais désormais “il est temps de se ressaisir et d’œuvrer à la reconstruction des ponts entre une société catalane divisée, une partie de la société catalane et une société espagnole.” Il faut, selon ses mots, chercher “le chemin de la réconciliation”.
Comment peut-il y avoir une “réconciliation” avec les partis politiques de droite qui emprisonnent les gens pour leurs idées? L’État espagnol tente de criminaliser le peuple catalan et quiconque exprime son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. On ne peut permettre que cela continue et la gauche et le mouvement syndical doivent s’opposer à cette injustice. Il ne peut y avoir aucun respect pour un système judiciaire qui opprime le peuple.
La gauche doit avoir une vision très claire de ce qui est en jeu en Catalogne. Des mesures antidémocratiques et franquistes sont déjà prises contre la jeunesse d’Altsasu, les grévistes qui participent à des piquets de grève, des tweeters et des rappeurs, et continueront d’être utilisées contre la classe ouvrière dans ses futurs luttes, à moins d’une réponse claire maintenant.
- Soutenons la grève étudiante de 72 heures!
- Pour une grève générale en Catalogne!
- Pour l’organisation d’actions de solidarité dans tout l’État espagnol et internationalement!
- Liberté pour les prisonniers politiques catalans!
- Stop à la répression de l’État espagnol et pour le retour des exilés politiques!
- Pour la défense des droits démocratiques!
- Pour le droit à l’autodétermination!
- Pour une république socialiste catalane!
- Pour une confédération sur base libre et volontaire des peuples de l’État espagnol et de la péninsule ibérique, dans le cadre d’une confédération socialiste d’Europe!
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État espagnol : Les violeurs de “La Meute” condamnés par la Cour suprême

“Ce n’est pas un abus, c’est un viol” et “Nous te croyons”. Mobilisation de la jeunesse contre la première décision de la justice, où les violeurs de la “meute” avaient été condamnés à des peines très légères. La contestation de masse a fait pression pour qu’un verdict différent soit rendu. Une victoire importante pour le mouvement féministe de masse
La Cour suprême espagnole a porté les condamnations dans l’affaire de la “Manada” (la meute) de Pampelune à 15 ans de prison pour les cinq coupables, ce qui représente une victoire importante pour le mouvement féministe de masse. La Cour a également clairement statué que la jeune femme de 18 ans avait été violée et qu’elle n’était donc pas seulement victime d’un abus sexuel, une accusation moindre.
Article de John Hird, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière dans le Pays Basque.
Cette affaire scandaleuse s’est poursuivie pendant près de trois ans et a provoqué un mouvement de masse de femmes, et plus largement de la classe des travailleurs et de la jeunesse, dont les slogans “yo sí te creo” (je vous crois) et “no es abuso, es violación” (Ce n’est pas un abus, c’est un viol) se sont fait entendre à travers le monde.
L’affaire a mis en lumière non seulement les violences sexuelles subies par les femmes, mais aussi l’indifférence du système judiciaire rempli de juges réactionnaires aux vues sexistes et rétrogrades. Cela est particulièrement prononcé dans l’État espagnol, où la machine d’État est directement héritée du franquisme. Tous les juges qui ont participé à la décision d’accorder des peines moins lourdes aux violeurs de la Manada, ce qui les a maintenus hors de prison, devraient être révoqués et le mouvement ouvrier devrait exiger une révision complète de l’injuste système judiciaire espagnol. Il devrait être remplacé par un véritable système judiciaire géré par et dans l’intérêt de la classe des travailleurs et des opprimés, avec des juges élus et soumis au droit de révocation.
Une victoire pour le mouvement de masse
Il est clair que la “justice” espagnole n’a pas soudainement “vu la lumière” et corrigé une terrible injustice parce que le système “fonctionne”, comme le prétendent les politiciens. Non, l’establishment a vu les femmes et les travailleurs entrer en action dans un mouvement de masse, ce qu’ils redoutent. Ils ont réagi de la sorte pour éviter que des mobilisations encore plus importantes puissent voir le jour. Le mérite en revient à des groupes comme Libres y Combativas et le Sindicato de Estudiantes qui ont audacieusement appelé les jeunes à descendre dans la rue pour faire grève et manifester contre les verdicts initiaux, notamment lors de la grève générale massive des étudiants du 10 mai 2018.
C’est une grande victoire pour le mouvement de masse, mais de nombreux autres cas de violence contre les femmes existent dans l’État espagnol et les mobilisations et les campagnes doivent donc se poursuivre jusqu’à ce que le système judiciaire sexiste soit fondamentalement transformé de haut en bas. Il est également important de noter que cette victoire a été remportée malgré le rôle des dirigeants officiels du mouvement syndical, qui n’ont pris des mesures symboliques que lorsqu’ils y étaient contraints, en raison de pressions de la base devenues insupportables. Une gauche de masse et un mouvement syndical construit d’en bas avec une direction combative et révolutionnaire pourraient transformer totalement la situation et faire des victoires contre l’oppression, l’austérité et le capitalisme la dynamique dominante dans la lutte de classe.
Dans l’État espagnol, l’indignation face à la violence sexiste et à l’impunité dont jouissent les agresseurs de la part de la justice a occupé une place centrale dans l’émergence du mouvement de masse des femmes. Il faut reconnaître que la grande majorité de la violence envers les femmes se déroule à la maison, dans la famille. Des millions de personnes sont confrontées à ce cauchemard quotidien aggravé par les conséquences des mesures d’austérité.
Il existe d’importants parallèles avec d’autres pays, par exemple avec les manifestations #Ibelieveher (je la crois) en Irlande à la suite du procès très médiatisé du viol par des joueurs de rugby de Belfast, dans lequel le Socialist Party (CIO-Irlande) et ROSA, le mouvement socialiste féministe, ont joué un rôle clé.
Le mouvement dans l’État espagnol a été l’épicentre des mouvements des femmes à travers le monde, tant par son ampleur – des millions de femmes sont descendues dans la rue à plusieurs reprises – que par la manière dont l’action et la lutte de la classe ouvrière unie ont été mises en avant. Les deux magnifiques grèves générales féministes des 8 mars 2017 et 2018 en sont la preuve la plus significative : des millions de travailleuses et de travailleurs ont participé à des actions de grève et à des manifestations de masse. C’est d’une grande importance pour les féministes socialistes au niveau international, et cela montre la voie à suivre.
La réaction
Des politiciens réactionnaires critiquent ouvertement le nouveau verdict. Francisco Serrano, qui dirige le parti d’extrême droite VOX en Andalousie, a attaqué la décision de la Cour suprême en disant : “la relation la plus sûre entre un homme et une femme ne se fera que par la prostitution. Désormais, la différence entre avoir des rapports sexuels gratuits et les payer, c’est que le sexe gratuit pourrait vous coûter plus cher.” Plus tard, le porte-parole parlementaire de Vox dans la région de Murcie, Juan José Liarte Pedreño, a posté un message sur Facebook dans lequel il insultait la ministre de la Justice Dolores Delgado la traitant de “pute”.
La profonde polarisation politique de la société espagnole se reflète aujourd’hui clairement dans et à travers le mouvement de masse des femmes. En plus d’une rhétorique nationaliste espagnole enragée et anti-ouvrière, le parti d’extrême droite VOX défend un message fortement anti-féministe.
Le mouvement de masse qui a remporté cette victoire dans la rue ces dernières années doit rester vigilant et poursuivre la lutte contre la violence à l’égard des femmes, contre le système judiciaire injuste espagnol et contre tous les politiciens et juges réactionnaires. L’éradication du caractère réactionnaire des institutions étatiques espagnoles comme le pouvoir judiciaire ne peut être envisagée que sur base d’une rupture fondamentale avec le capitalisme et de la lutte pour le socialisme. Construire un parti socialiste révolutionnaire démocratique reposant sur la classe ouvrière et défendant le féminisme socialiste est une tâche cruciale qui nous attend.
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Etat espagnol. Le danger du bloc réactionnaire Vox / PP / Ciudadanos

Photo : Wikimedia Commons Depuis la mort de Franco en 1975, l’extrême droite n’a eu ni représentation électorale ni sociale très significative dans l’Etat espagnol. Le rassemblement des forces de droite a donné naissance au PP (Parti Populaire) en 1989, formation censée être plus libérale et au centre de l’échiquier politique. L’extrême-droite s’est retrouvée retrouvait dispersée dans des groupes nostalgiques du franquisme ou des groupuscules violents tandis que d’autres avaient trouvé refuge dans el PP.
Par Marisa (Bruxelles)
Quand la crise économique a secoué le pays, tant le PP que le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) ont appliqué une austérité brutale. Le mécontentement généralisé envers les institutions et les partis établis a déclenché un intense cycle de lutte de classe ainsi qu’une crise de régime, aucun des deux partis qui s’étaient partagé le pouvoir en alternance pendant des décennies (le PP et le PSOE) n’atteignaient plus la majorité.
Certains membres du PP regrettent la ligne appliquée durant le mandat de Mariano Rajoy, la jugeant trop molle. Une partie de ce courant a quitté le parti pour fonder Vox, une formation encore plus à droite. Vox a déposé sa propre liste aux élections européennes de 2014, sans grand succès, de même qu’aux élections locales, régionales et générales qui ont suivi. Parallèlement, la formation de gauche Podemos a réalisé d’importantes percées et de nouvelles coalitions locales anti-austérité ont remporté des villes de première importance comme Madrid et Barcelone.
Lors du référendum catalan du 1er octobre 2017 et lors de la grève générale du 3 octobre, la possibilité d’une république indépendante acquise par l’action de masse a véritablement effrayé la bourgeoisie espagnole et catalane. L’attitude hésitante de Podemos et le soutien du PSOE à la suspension de l’autonomie de la Catalogne ont ouvert la porte à toute sorte de forces réactionnaires. Le PP et Ciudadanos (nouvelle formation de droite populiste) se sont lancés dans une surenchère espagnole chauvine pour freiner le mouvement. A ce moment, Vox a sauté sur l’occasion pour occuper l’espace à la droite du PP.
Vox se déclare ouvertement anti-féministe et homophobe. Le fil rouge de son discours est la défense de l’unité espagnole face à l’immigration et au conflit territorial. La formation est par définition raciste et anti-catalane. Pour cette raison, le leader de Vox, Santiago Abascal, n’aime pas trop voir des élus de la N-VA et du Vlaams Belang porter des rubans jaunes pour revendiquer la liberté des prisonniers indépendantistes… Il a ainsi déclaré que s’il était élu aux élections européennes, il arborerait un badge aux armoiries du Duc d’Albe, un dictateur qui a opprimé la Flandre au 16e siècle ! Cela montre l’incohérence de la N-VA sur la question nationale.
Derrière le discours d’ultra-droite décomplexé de Vox, on trouve un programme compatible avec celui du PP et de Ciudadanos : répression de l’immigration, interdiction de l’avortement, privatisation de l’éducation, de la santé et des services publics, baisse de l’impôt des sociétés, baisse de cotisations sociales, privatisation du sol, maintien de l’énergie nucléaire,… Finalement, ces trois partis forment un bloc réactionnaire avec un programme acquis aux plus riches.
Vox a récemment surpris en réalisant une percée aux élections andalouses avec 11% des voix et 12 élus. Le PP est rapidement parvenu à constituer un gouvernement minoritaire au côté de Ciudadanos et avec un accord avec Vox. Ce dernier vise à jouer un rôle stabilisateur pour un gouvernement de droite en temps de crise. Le résultat de l’élection générale fin avril est encore imprévisible vu le grand nombre d’indécis. Le danger d’une percée de Vox au Parlement est toutefois bien réel. Pire encore, le bloc réactionnaire pourrait former un gouvernement.
Mais comme l’ont illustré la grève des étudiants pour le climat le 15 mars et la journée de grève générale du 8 mars, le rapport de forces dans les rues est à l’avantage des travailleurs et des jeunes. Une offensive lancée par les forces réactionnaires du pays provoquerait une vague de mobilisation et de résistance, jusque sur l’arène internationale. En Belgique, nous sommes prêts à y répondre avec la manifestation anti-NSV à Louvain le 9 mai. ¡ NO PASARÁN !
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8 mars. Une nouvelle mobilisation historique dans l’Etat espagnol !

Nous sommes à nouveau entrés dans l’histoire ! Des millions de personnes étaient dans la rue pour lutter contre la violence sexiste et l’oppression capitaliste.
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Il semblait difficile de surpasser l’ampleur de la mobilisation menée le 8 mars dernier, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Mais nous l’avons encore fait ! Des millions de femmes de la classe des travailleurs ont fait un nouveau pas en avant, soutenues par des centaines de milliers de leurs collègues, et une autre journée de grève a été inscrite en lettres capitales dans l’histoire des luttes sociales et politiques de l’État espagnol.
Par Izquierda Revolucionaria (section du CIO dans l’Etat espagnol) et ‘Libres y Combativas’
Le matin, les mobilisations organisées par le Sindicato de Estudiantes et Libres y Combativas ont été écrasantes : 2,5 millions d’étudiants en grève et plus de 400.000 personnes dans les dizaines de manifestations que nous avons organisées dans tout le pays. Dans l’après-midi, dans les mobilisations féministes unitaires, la participation a dépassé les prévisions les plus optimistes : près de 5 millions de travailleurs, avec des centaines de milliers de sympathisants à nos côtés, ont provoqué un tsunami qui a déclenché une vive inquiétude dans la classe dirigeante.
De nombreux signes ont précédé l’explosion que nous avons connue. Tout d’abord, ni l’oppression, ni l’exploitation, ni la violence que nous subissons n’ont été résolus en dépit de la rhétorique “féministe” du PSOE. Cette situation a donné lieu à une véritable rage contre la justice patriarcale et les provocations du bloc politique réactionnaire et franquiste – Parti populaire (PP), Ciudadanos (Cs) et Vox.
La pression sociale a été d’une telle ampleur que les dirigeants des syndicats ouvriers – CCOO et UGT – n’ont pas été en mesure d’appliquer la politique de paix sociale qu’ils ont pratiquée ces dernières années. La lutte de classe et le mouvement massif des travailleuses pour leurs droits les ont forcés à élargir leur appel à une grève de 2 heures vers une grève de 24 heures dans différents secteurs, comme l’avaient déjà fait d’autres syndicats (CGT, Cobas, CNT, CIG, LAB, ELA,…). Dès les premières heures du matin, le 8 mars, les médias n’ont eu d’autre choix que de souligner la participation à la grève, à laquelle près de sept millions de travailleurs ont participé.
La jeunesse en première ligne de la lutte
Le rôle de la jeunesse fut à nouveau crucial, comme en ont témoigné les mobilisations étudiantes massives qui ont rempli les rues et les places de tout l’État espagnol. Plus de deux millions et demi de personnes ont quitté leurs salles de classe pour soutenir la grève générale de 24 heures organisée par le Sindicato de Estudiantes et Libres y Combativas. Plus de 400.000 jeunes ont participé aux manifestations.
A Barcelone, plus de 130.000 étudiants ont participé à notre manifestation. Plus de 6.000 autres ont manifesté à Tarragone. A Madrid, plus de 120.000 étudiants se sont rendus à la Puerta del Sol et ont bloqué la Gran Vía auprès du Ministère de la Justice. A Bilbao, Gasteis, Donosti et Iruña – dans le Pays Basque – la mobilisation a été énorme – des dizaines et des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, tout comme à Valence, où 30.000 jeunes ont rempli les artères principales de la ville. Les manifestations étudiantes ont inondé tous les coins du pays avec des dizaines de milliers de manifestants à Séville, Malaga, Cádis, Córdoba, Grenade, Almería, Vigo, Ferrol, Oviedo, Gijón, Saragosa, aux Illes Baléares, à Guadalajara, Murcia et dans des dizaines d’autres villes.
Les jeunes étudiants, au côté de nos camarades, ont rejoint des millions de travailleurs dans cette mobilisation massive contre la violence sexiste, la justice patriarcale et l’oppression capitaliste. Dans toutes les manifestations, les slogans étaient forts et clairs : “Assez de justice sexiste”, “Nous voulons être vivants, libres et combatifs”, “La Manada (la meute, en référence à un cas de viol collectif), c’est le système ” ou “Vive la lutte des femmes de la classe ouvrière” !
Les manifestations organisées par le Sindicato de Estudiantes et Libres y Combativas ont été si massives que le journal bourgeois El País en a fait son principal titre du matin : “Les étudiants mènent la manifestation des femmes du 8 mars dans la rue”.
Une marée humaine dans les manifestations de l’après-midi
La mobilisation des jeunes le matin n’était que le prélude à ce qu’allait être les manifestations féministes unitaires de l’après-midi. Dès le début de l’après-midi, les bus, les métros, les trains et les rues de tous les quartiers de dizaines de villes étaient tous violets, remplis d’affiches et de banderoles faites maison, de visages peints, d’un désir de se battre et de montrer sa force et sa détermination.
Plus de cinq millions de femmes et de jeunes de la classe des travailleurs, ainsi que des camarades de lutte, ont rempli tous les coins de l’État espagnol. Les images parlent d’elles-mêmes. A Madrid, plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue ; tout comme à Barcelone. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté à Valence, Bilbao, Séville, Séville, Grenade, Malaga, Gasteis, La Corogne, Gijon, Valladolid et dans des dizaines de villes…. Une marée humaine a rempli les manifestations qui étaient si massives qu’il n’était même pas possible de marcher.
Cette journée historique de lutte a également fait apparaître clairement qui sont les véritables protagonistes de cette lutte. Ce sont les femmes et les filles de la classe ouvrière qui ont rempli les rues et fait de cette grève un succès. Ce sont elles qui souffrent continuellement de l’oppression de ce système, de la précarité, des bas salaires, du chômage de masse et des expulsions. Les femmes pauvres sont victimes des formes les plus extrêmes de violence sexiste, y compris la prostitution, et d’autres formes de marchandisation de notre propre corps, comme les mères porteuses rémunérées. Ce sont surtout les femmes et les jeunes filles de familles de travailleurs qui sont tuées, violées et maltraitées, et que la justice de classe et la justice patriarcale humilient par leurs peines honteusement légères.
Un féminisme révolutionnaire, anticapitaliste et de classe
C’est la composition de classe du mouvement qui a une fois de plus fait tenir les mobilisations debout, mais dans une plus large mesure encore que le 8 mars dernier. Une fois de plus, il était évident que cette composition de classe était au cœur de ce soulèvement. Comme l’ont expliqué sans relâche Libres y Combativas, le Sindicato de Estudiantes et Izquierda Revolucionaria, dans cette grande bataille pour notre libération, toutes les femmes ne sont pas nos alliées.
Ni Inés Arrimadas de Ciudadanos, ni son “féminisme libéral” (qui prône la légalisation des formes les plus répugnantes d’exploitation et de violence sexiste contre les femmes), ni les députées du PP ne nous représentent. C’est tout le contraire. Elles sont responsables des coupes budgétaires et de l’austérité, elles n’hésitent pas à s’allier à une formation ultra-droite telle que Vox. Elles partagent le même ADN franquiste. Elles se sont déclarées ennemies des femmes qui souffrent de l’oppression capitaliste ! Nous déclarons la même chose d’Ana Patricia Botín, cette banquière qui se joint maintenant au féminisme, mais qui amasse une fortune obscène à la suite de l’exploitation des travailleurs et des travailleuses, hommes et femmes. Ce sont les défenseurs du système capitaliste, de leur justice patriarcale et de classe. Elles sont responsables de notre oppression autant que leurs partenaires masculins.
Le féminisme que nous défendons n’a rien à voir avec le fait de simplement porter un drapeau violet le 8 mars. Le gouvernement actuel du PSOE, qui se dit le plus féministe de l’histoire, n’a dans la pratique rien fait pour mettre fin à la situation qui a conduit des millions de femmes à déclencher cette rébellion. Il a fermé les yeux sur les sentences méprisables rendues par la justice patriarcale comme celle de la “manada”. Il a maintenu les coupes budgétaires, la réforme du travail et l’écart salarial. Il s’est incliné devant l’Église catholique en garantissant sa position privilégiée dans le système d’enseignement, ce grâce à quoi l’Eglise répand son message sexiste et homophobe.
Pour mettre fin à notre oppression, nous devons défendre un féminisme révolutionnaire et anticapitaliste, opposé aux grandes puissances économiques et aux institutions qui soutiennent ce système.
Non au bloc réactionnaire du PP, de Cs et de Vox. NO PASARÁN!
Le 8 mars, nous avons très clairement indiqué qui est responsable de notre oppression. Nous, les femmes et les hommes qui ont occupé les rues de l’État espagnol, sommes très clairs sur une chose : cette lutte n’est pas seulement une question de genre, c’est aussi une question de classe.
C’est pourquoi les riches – hommes et femmes – sont alliés contre nous et ont l’intention de s’attaquer aux droits des femmes, à ceux de la classe ouvrière et à ceux de la jeunesse dans son ensemble, avec l’objectif clair de continuer à s’enrichir aux dépens de notre exploitation et de notre souffrance.
Nous sommes très conscients de la menace que représentent le PP, Cs et Vox. Leur objectif est de nous ramener dans le passé et de mettre fin à nos droits les plus fondamentaux. C’est pourquoi ce 8 mars a été la meilleure réponse possible : un cri assourdissant contre leur offensive franquiste, un exemple de lutte contre la droite et l’extrême droite : en nous organisant et en nous mobilisant dans la rue.
La mobilisation de cette année pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes reflète notre énorme force. Mais elle représente aussi un thermomètre du processus de radicalisation et de virage vers la gauche qui s’approfondit parmi des millions de travailleurs et de jeunes. Cette forme massive de soulèvement, qui constitue un jalon historique dans la lutte des classes de l’Etat espagnol et au niveau international, est également une étape décisive pour vaincre le bloc réactionnaire du PP, de Cs et de Vox lors des élections générales du 28 avril prochain. Mais il ne s’agit pas seulement de voter ; il s’agit de transformer la société, de mettre fin au fonctionnement du système, de parvenir à une véritable libération et à l’égalité, ce que seul le socialisme peut offrir.
Libres y Combativas, Izquierda Revolucionaria et le Sindicato de Estudiantes appellent tous les étudiants et tous les travailleurs à continuer le combat pour notre présent et notre avenir. Ce que nous avons fait le 8 mars était impressionnant, mais le combat doit continuer 365 jours par an. C’est pourquoi nous devons construire un féminisme indépendant du système, un féminisme que ce dernier ne peut ni assimiler ni domestiquer : un féminisme révolutionnaire, anticapitaliste et de classe. Nous appelons les étudiants et les travailleurs à le construire avec nous et à rejoindre Libres y Combativas
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Pour une république catalane des travailleurs et du peuple !
Le procès des prisonniers politiques accusés d’avoir organisé le référendum du 1er octobre souligne une fois de plus le caractère antidémocratique et réactionnaire de l’État espagnol et la décision du gouvernement du PSOE de ne pas tenir compte des aspirations démocratiques du peuple catalan.Esquerra Revolucionària, Etat Espagnol
En sautant dans le train du nationalisme réactionnaire espagnol, le PSOE a été le plus ardent défenseur du régime monarchique de 1978.
Liberté pour les prisonniers politiques !
Le bureau du procureur général et le bureau de l’avocat général nommés par le gouvernement de Pedro Sánchez ont non seulement soutenu les arguments des procureurs du PP [Parti populaire] – considérant l’exercice du droit de décider par référendum démocratique un crime – mais aussi les peines appliquées par la Cour suprême pour les personnes poursuivies – entre 7 et 25 ans de prison, ainsi que les autres peines, dont la radiation du mandat de la Cour.
Ces décisions ont scandalisé les avocats et les organisations de défense des droits de l’homme dans le monde entier. Le PP et le Cs (Cuidadanos) ont donné le feu vert mais le gouvernement de Pedro Sánchez restera dans l’histoire comme le gouvernement qui a permis l’exécution de ce jugement politique, semblable à ceux organisés par la dictature franquiste.
Nous sommes confrontés à une véritable farce judiciaire. Le verdict est déjà décidé et le seul objectif est d’envoyer un message aux millions de personnes qui ont voté pour la république le 1er octobre.
Cela s’adresse aussi à tous ceux qui, à l’intérieur et à l’extérieur de la Catalogne, luttent contre le régime de 78. Une attaque d’une telle ampleur ne peut être résolue que par une mobilisation massive dans les rues comme celle qui a paralysé la Catalogne les 1er et 3 octobre 2017.
La meilleure façon d’assurer que la grève générale convoquée pour le jour du début du procès (ainsi que la mobilisation de masse pour la liberté des prisonniers politiques et la reconnaissance de la république) atteigne ses objectifs est de lier ces revendications à la lutte contre les coupes budgétaires, les évictions, la pauvreté énergétique, contre le machisme, la justice patriarcale, la discrimination raciale, la lutte pour des conditions décentes, la défense des salaires plus favorables et un système de qualité dans le domaine de la santé et de l’enseignement.
Cela élargirait la bataille pour inclure non seulement ceux qui luttent pour les droits démocratiques nationaux et la république, mais aussi les jeunes et les travailleurs qui rejettent Vox, PP et Cs, et qui ne font pas confiance au gouvernement du PSOE, mais qui restent suspicieux du processus en raison des politiques de coupes, privatisations et attaques contre leurs droits, mises en œuvre depuis des années par la droite catalane du CiU, maintenant connu comme PDeCAT, et même par les dirigeants sociaux-démocrates du ERC au gouvernement.
Pour un front uni de la gauche en faveur de la lutte.Luttons pour la république avec un programme socialiste !
Le gouvernement dirigé par Torra, le PDeCAT et de nombreux dirigeants d’Esquerra, réclament la liberté des prisonniers politiques dans leurs discours et appellent à l’unité afin de faire avancer la république sous une forme abstraite.
Dans la pratique, cependant, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la croissance du mouvement de masse dans les rues.
Leur objectif est de parvenir à un accord avec Pedro Sánchez et les dirigeants du PSOE et bien qu’ils aient clairement indiqué qu’ils considéraient le droit à l’autodétermination comme non négociable, ils autorisent la poursuite de la répression engagée par le PP.
Une grève générale réussie pour la liberté des prisonniers et la reconnaissance de la république, liée à un plan de lutte soutenu pour atteindre ces objectifs, aurait un impact énorme sur le contexte social actuel.Un contexte marqué par la grève générale féministe imminente et les manifestations du 8 mars, qui seront de nouveau massives, et par le fait que de plus en plus de travailleurs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Catalogne, tirent la conclusion que face aux promesses vides du PSOE et à la menace d’un gouvernement de PP-Cs soutenu par Vox, la seule alternative consiste à descendre dans la rue et à unifier les luttes pour tous nos droits et revendications, contre toute oppression : sexe, race, national, classe…
Il est donc essentiel de construire un seul front de gauche : CUP, CDRs, syndicats alternatifs, la base de l’ANC et Òmnium, les sections de Podemos et Catalunya in Comú.µ
Tous doivent être prêts à lutter pour la république aux côtés des organisations féministes et étudiantes…. Un seul front qui peut écarter les éléments de droite du mouvement qui veulent freiner le combat.
Nous devons armer le mouvement avec un programme socialiste. La république catalane pour laquelle nous luttons n’est pas une république où tout reste inchangé, la république pour laquelle nous luttons est une république socialiste des travailleurs et du peuple, qui apporte une véritable libération nationale et sociale et met un terme à tous les maux et formes d’oppression que le capitalisme nous impose dans la société.
Avec Esquerra Revolucionària (gauche révolutionnaire catalane), nous soutenons cette grève et appelons à une mobilisation aussi large que possible, déterminée et étendue.
Les dirigeants de l’ANC et de l’Òmnium, ainsi que ceux des syndicats comme IAC, CGT, COS…. doivent également soutenir cette initiative et y mettre tous les moyens nécessaires pour assurer un appui maximal.
En même temps, les dirigeants du CCOO et de l’UGT de Catalogne doivent être contraints d’arrêter de détourner le regard, ils doivent rompre avec leur politique de pactes et se joindre sans équivoque à l’appel à la grève générale et à la lutte pour la défense des droits démocratiques, notamment la reconnaissance de la république pour laquelle les Catalans ont voté le 1er octobre.