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Tag: Electrabel
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Les révoltes mondiales contre ce système sans perspective suscitent la recherche d’une alternative (4)
Un plan d’austérité tel que nous n’en avons jamais connu
93. L’un dans l’autre, l’économie belge se porte plutôt bien. Selon le Financial Times, c’est parce que le gouvernement en affaires courantes ne pouvait pas appliquer d’assainissements drastiques. Déjà auparavant, la Belgique avait déjà mieux digéré la grande récession que les autres pays, surtout grâce à ce que l’on appelle les “stabilisateurs économiques” (c’est-à-dire la sécurité sociale et l’indexation des salaires). La croissance des plus importants partenaires commerciaux de la Belgique, particulièrement l’Allemagne, joue évidemment aussi un rôle important. Combiné à l’effet ahurissant de l’impasse communautaire et de la crise politique, tout ceci explique pourquoi la conscience en Belgique n’a pas connu les mêmes changements qu’on l’a vu par exemple en Angleterre, mais cela peut changer très rapidement.
94. L’Institut des comptes nationaux a averti du fait qu’« Il existe de grands risques négatifs. Premièrement, la politique restrictive dans plusieurs pays de la zone euro peut peser fortement sur la croissance économique. Deuxièmement, les familles et les entrepreneurs peuvent devenir encore plus réticents [à dépenser de l’argent] si l’inquiétude autour de la crise des dettes européennes continue encore longtemps ou s’élargit ». Le fait que tout cela est à prendre bien au sérieux est illustré par le fait que Leterme a, depuis décembre dernier, établi un scénario d’urgence, composé d’un “plan catastrophe” financier et d’un “discours d’urgence”, juste au cas où une panique se développerait sur les marchés. Dans une situation aussi explosive, la moindre occasion peut provoquer un revirement drastique.
95. Le plan catastrophe est composé de recettes classiques : augmenter le taux d’emploi, réformer les pensions et accélérer le paiement de la dette de l’État. Il y est très précisément calculé comment la dette de l’État pourrait être financée “en interne”, avec l’argent de l’épargne des Belges. Une telle catastrophe n’est pas une éventualité, mais plutôt une probabilité. Dans ce cas, la note Di Rupo est insuffisante. Mais même sans catastrophe, le pays se trouve de toute façon devant le plan d’austérité le plus dur de son histoire. Pour avoir à nouveau un budget équilibré en 2015, il faut, selon le comité de monitoring (un groupe de hauts fonctionnaires qui surveille l’évolution du budget), assainir 23 milliards d’euros, dont au moins 10,2 milliards dans le courant de l’année 2012. L’État est à l’avance sur les objectifs qu’il s’est lui-même fixé pour le budget : en 2010, le déficit budgétaire était de 4,6% du PIB au lieu de 4,8% selon les objectifs, et en 2011, on prévoit 3,3 à 3,5%, selon les sources, ce qui est de toute façon beaucoup mieux que l’objectif initial de 4,1%. Cependant, à situation inchangée, avec le ralentissement de la croissance en 2012, on arriverait à un déficit de 5,5%, alors que le gouvernement tablait sur un déficit réduit à 2,8%. Les mesures de la note de Di Rupo se basent sur ce dernier chiffre.
96. De cette note, on disait qu’elle était un “travail de formateur, et non celui d’un président du PS”. Di Rupo avait “jeté de côté presque tous les ‘tabous’ de sa base socialiste”. La droite a rapidement compris que c’était là un gage de faiblesse et qu’il y avait peut-être moyen d’obtenir plus. La faiblesse appelle l’agression. On peut d’ailleurs légitimement se poser la question de savoir si le rapport du comité de monitoring n’a pas uniquement pour but de pousser à l’adoption de mesures encore plus dures. Selon Vanhengel, le ministre VLD du budget, notre pays doit prendre à coeur les recommandations de la Commission européenne. Coïncidence – celles-ci sont identiques à celles du comité de monitoring : réforme de l’indexation des salaires, augmentation de l’âge effectif de départ en pension. Cela aurait pu venir de la bouche du gouvernement sortant, qui le leur a d’ailleurs certainement soufflé à l’oreille. Pourquoi, sinon, la Commission européenne aurait-elle pensé revendiquer une “réforme” de l’indexation des salaires, et pas tout bonnement l’abolition pure et simple de ce système ? Pourquoi la Commission parlerait-elle alors de l’augmentation de l’âge de la pension “effective”, alors que partout ailleurs en Europe, elle parle de l’augmentation de l’âge de départ en pension légal ?
97. Les patrons disent toujours que les couts élevés des salaires sapent la position concurrentielle de la Belgique. De là la norme salariale et le plaidoyer en faveur d’une diminution de l’indexation automatique des salaires. Cet été, ce mythe a été détruit par rien de moins que Fons Verplaetse, gouverneur honoraire de la Banque nationale. Sur base d’une étude comparative, il concluait que : « Les chiffres montrent clairement qu’il n’y a certainement pas de lien positif entre les couts salariaux et la perte de parts de marché ». La perte de parts de marché est selon lui due à un ensemble complexe d’éléments incluant entre autres la stratégie de prix de vente et des éléments plus structurels tels que la recherche, le développement, l’innovation et l’entreprenariat. Des salaires plus bas mènent à la diminution du marché intérieur. Au vu du fait que l’exportation est plus facile vers les pays d’où on importe, cela mine aussi sa propre position d’exportation. De même, pour les patrons, l’indexation automatique des salaires enclenche une spirale salaires-prix, ce qu’on appelle aussi un “effet de second tour”. Les augmentations de prix seraient dès lors de notre propre faute. Dans un dossier précédent sur les causes de l’inflation en Belgique (qui est plus élevée que la moyenne européenne), nous avons déjà démontré que l’indexation des salaires n’a rien à voir avec la hausse de l’inflation. Il n’y a rien qui empêche les patrons de baisser leurs prix et de se satisfaire d’un peu moins de profits. Mais jamais la peur de l’inflation n’a empêché le moindre capitaliste de chercher à maximiser ses profits. (http://www.socialisme.be/psl/archives/2011/04/20 /dossier.html)
98. Toujours selon le patronat, nous devons travailler plus longtemps parce que nous vivons plus longtemps. Ils se taisent systématiquement sur le fait que nous produisons plus pendant le temps durant lequel nous travaillons. Entre 1964 et 2002, notre productivité a augmenté de 215%. La pression au travail et le stress ont fortement augmenté, ce qui fait que pour beaucoup de gens, ce n’est plus possible de travailler après 60 ou 65 ans. En plus, le montant que l’on perçoit pour la pension par rapport aux salaires a systématiquement baissé. Une pension moyenne n’est plus équivalente qu’à 60% du dernier salaire. La carrière nécessaire pour une pension complète se rallonge de plus en plus. Le nombre de périodes assimilées est démantelé. De cette façon, on oblige les travailleurs à contribuer de façon supplémentaire à leur pension avec les deuxième et troisième piliers pour pouvoir tout de même bénéficier d’une pension convenable. Ceux qui veulent travailler plus longtemps peuvent recevoir un bonus mais, pour beaucoup, cela ne sera pas un choix librement consenti. Un quart des pensionnés vivent sous le seuil de pauvreté. La baisse de la pension légale et la hausse de la productivité assurent que le budget total pour les pensions, comparé au PIB, ne va pas augmenter au cours des années à venir. Le patronat réclame l’augmentation de l’âge de départ en retraite, mais il est vite là aussi quand il s’agit de faire appliquer les prépensions lors des restructurations. Ce n’est pas que l’âge de la pension qui intéresse les employeurs, mais le démantèlement de la pension légale et de la sécurité sociale.
99. Depuis des années, la bourgeoisie a pu appliquer sa politique en allant de deal en deal avec les dirigeants syndicaux. Les couts de ces deals étaient généralement transférés vers l’État et la sécurité sociale. Ainsi, on a créé entre 1998 et 2009 au moins 93.000 emplois avec des titres-services fortement subventionnés. Dans la même période, dans le non-marchand, 154.000 emplois ont été créés, et 102.000 dans les divers secteurs du public. Il y a maintenant 828.000 fonctionnaires, dont 20% de fédéraux (mais là, l’emploi a diminué de 10.000 unités depuis juin 2008). Dans les régions, les provinces et les communes, le nombre de fonctionnaires continue d’augmenter. En Flandre, on met l’accent sur le fait que 36% des travailleurs wallons sont fonctionnaires, contre 30% pour la Flandre et presque 32% pour Bruxelles. L’hebdomadaire flamand Knack a publié une autre approche des choses en avril, où l’on ne regardait pas le nombre de fonctionnaires par rapport au nombre total de travailleurs, mais bien par rapport à la population totale. Et là, il apparaissait que pour chaque tranche de 100 habitants, il y a 10,02 fonctionnaires en Flandre, 9,72 en Wallonie et seulement 6,5 à Bruxelles. On ne peut évidement pas ôter à l’État tous ses revenus et demander en même temps que cet État prenne sur lui tous les couts.
100. Pour le patronat et les politiciens, il faut dès lors diminuer le nombre de fonctionnaires, par exemple en ne remplaçant pas ceux qui partent à la retraite. Au gouvernement fédéral, plus de la moitié du personnel a plus de 50 ans. Ne pas les remplacer, ce serait déjà un sérieux assainissement. Les problèmes qui découlent de cela concernant la prestation du service à la population, le patronat s’en moque. Ces fonctionnaires n’ont cependant pas été engagés pour rien : par exemple, l’Agence fédérale pour la sécurité alimentaire n’existait pas dans le temps ; la problématique de l’asile était moins aigüe il y a quelques années, et là aussi il faut plus de fonctionnaires ; il n’existait pas non plus de fonctionnaires pour l’environnement. Les entreprises ont besoin de plus en plus de personnel qualifié : elles seraient bien étonnées si on leur donnait ce qui est sorti de l’enseignement des années ’70. Pour plus de qualifications, il faut plus de profs, et si tout le monde va plus longtemps à l’école, il faut plus d’infrastructures. La population devient plus vieille et, heureusement, notre connaissance médicale se développe. Mais cela aussi demande plus de moyens et de personnel. De nouvelles formes de criminalité se créent, ce qui demande d’autres qualifications pour la police. Lutter contre la technologie de pointe de fraude fiscale demande une spécialisation et des inspections sur le terrain, bien que l’on soit certainement en droit de penser que c’est à peu près le seul service public où le patronat ne demande pas plus d’efficacité ! Des dirigeants syndicaux sous pression
101. L’époque où les directions syndicales pouvaient éviter le pire grâce à un compromis ou en faisant appel à l’État arrive à sa fin. Les dirigeants syndicaux aimeraient bien pouvoir continuer dans cette voie. Ils ont encore montré cela en mettant leur signature sur le projet d’accord interprofessionnel cette année. La marge que la bourgeoisie veut bien lui laisser à présent est cependant tellement réduite que la direction syndicale n’est plus capable de vendre sa “stratégie” à sa base, qui a déjà remis à leur place les sommets de la FGTB et de la CGSLB. Ceux-ci ont été forcés d’organiser des journées d’actions et une manifestation nationale le 24 mars. Les métallos leur ont fait savoir que, cette fois-ci, ce ne devait pas être une nouvelle promenade du dimanche. L’appareil de la CSC a encore réussi à transformer une majorité à la base en une minorité dans les structures. Elle a organisé sa propre action le 24 mars, aux institutions de mini- Europe sur le Heysel. Une semaine plus tard, la CNE mobilisait à elle seule beaucoup plus de militants du non-marchand. Le message est passé.
102. Les deux syndicats ont entretemps fait savoir qu’ils n’allaient pas accepter que l’on touche à l’indexation. Anne Demelenne a appelé l’indexation des salaires “notre triple A”, se référant à Krugman, Stiglitz et Lagarde dans leur plaidoyer contre l’austérité “dure”. Elle trouve que la note Di Rupo est inacceptable, mais part de l’idée que cette note est venue sous pression de la droite. En bref, Demelenne suit totalement la rhétorique : « Assainir, oui, mais pas au cout de la croissance ». Elle aurait demandé lors d’une réunion interne si la FGTB ne devrait pas plaider pour l’introduction d’obligations européennes, mais n’a pas été suivie. « Ceux qui payent tous ces bonus extravagants placent une bombe sous la concertation sociale », a encore déclaré Rudy De Leeuw début avril en bombant le torse. C’était au moment où le SP.a se profilait autour de ce thème, avec la figure de Bruno Tuybens. Un mois plus tard, il apparaissait que ce dernier avait lui-même perçu un bonus de € 250.000 de la part de la KBC. De Leeuw aurait dû le savoir, Tuybens n’est tout de même pas le seul au SP.a à franchir la ligne : l’ancien ministre Luc Van den Bossche reçoit tous les ans € 700.000 en tant que président de Brussels Airport Company (BAC) ; avant lui, Norbert De Batselier et Steve Stevaert, entre autres, s’étaient eux aussi compromis.
103. À la CSC, on disait que si on touchait à l’index, on mettrait en danger la “paix sociale”. Claude Rolin insiste sur le fait que l’index sert à sécuriser le pouvoir d’achat, et pas à être un simple moyen de redistribution des richesses. Au sujet des assainissements, il dit “pas n’importe comment”. À propos de la note Di Rupo, il dit que la CSC ne va pas laisser en plan les allocataires, mais qu’il y a aussi de bonnes choses dans cette note. Selon la CSC, le Pacte des générations a bien fonctionné. Pour la secrétaire nationale Ann Van Laer, le nombre de travailleurs de plus de 50 ans s’est accru de 217.000 depuis 2005. Le taux d’emploi parmi les plus de 55 ans est déjà plus élevé que l’objectif fixé par le Pacte des générations. Le nombre de plus de 58 ans non disponibles pour l’emploi est passé de 53.000 à 2.294. Qui plus est, les règles pour les prépensions vont devenir encore plus strictes dans les années à venir, et les contributions des employeurs pour les “jeunes” de plus de 50 ans ont augmenté. De tout cela, elle conclut que la CSC veut bien augmenter la vitesse d’un cran, mais seulement après un vrai débat qui regarde aussi la question de l’insécurité au travail des jeunes, des allochtones et des personnes handicapées. Le fait que Michel Bovy, président de la CSC-Transcom, est entretemps devenu le nouveau directeur général “Stratégie et Coordination” de la SNCB ne va pas faire que du bien au syndicat.
104. Les syndicats disposent toujours d’une énorme force. Ils constituent l’obstacle principal sur la route vers une scission de la sécurité sociale – qui conduirait sans doute à un démantèlement plus rapide. Leur force de mobilisation reste sans égale. Mais ils sont complètement intégrés à l’appareil d’État. L’action sert exclusivement à soutenir leurs positions dans les organes de concertation. Marquer un point dans les médias et obtenir le soutien de quelques politiciens est considéré plus important qu’une ferme mobilisation. À la base, on est conscient de cette force potentielle. On aimerait l’utiliser pour pousser les patrons et les politiciens à être plus consensuels. Mais la direction syndicale préfère les négociations et le lobbying. Cela explique pourquoi elle oeuvre bien plus au sabotage des mobilisations qu’à leur organisation. Un militant du PSL le formulait ainsi : « Les directions syndicales prennent moins de temps pour organiser une manifestation ou une grève nationale que le travailleur moyen n’en prend pour organiser son anniversaire ». Cela conduit tout droit à la frustration.
105. En plus, ces directions syndicales viennent systématiquement nous donner des leçons sur la nécessité de voter pour des partis progressistes afin de stopper la machine d’austérité de la droite. Mais ça fait des années déjà que nous subissons des assainissements opérés justement par ces soi-disant “partis progressistes”. Dans la période à venir, une dimension supplémentaire vient cependant s’ajouter : si les syndicats continuent à compter sur les sociauxdémocrates, les chrétiens-démocrates et/ou les verts, ce sera alors le parti le plus libéral de tous les partis flamands, la N-VA, qui recevra l’opportunité de se présenter comme “le seul parti qui lutte réellement contre les assainissements qui nous sont imposés par le niveau fédéral”. À Bruxelles et en Wallonie, le FDF menace de prendre une position similaire – tout en tenant évidemment compte des réserves à ce sujet que nous avons déjà écrites plus haut. En plus de tout ça, les provocations mutuelles des partis communautaires vont venir semer la discorde dans la solidarité nationale.
106. Les nombreux licenciement de délégués syndicaux s’explique en partie du fait que nous sommes maintenant dans une période d’avant élections sociales (la période “de solde” pour le licenciement des délégués), mais aussi de ce que nous nous trouvons en ce moment dans une période de préparation de plus grandes tensions sociales. C’est tout simplement honteux de voir le sommet syndical laisser la lutte contre ces licenciements aux secteurs, aux régions, aux délégations syndicales dans les entreprises, et parfois même tout simplement aux délégués eux-mêmes. Cela ouvre complètement la voie au patronat. On n’attend ni de De Leeuw, ni de Demelenne, ni de Rolin, ni de Cortebeeck, ni de son successeur Marc Leemans qu’ils se présentent à chaque piquet pour une visite de politesse (bien que cela soit permis), mais surtout qu’ils donnent des mots d’ordres avec lesquels on puisse commencer à remporter des victoires. Quand les négociateurs gouvernementaux ont voulu vider le statut du personnel de Bruxelles-Propreté en le transférant de la région aux communes (en tant que partie de l’accord sur la réforme de Bruxelles), les travailleurs sont sortis dans la rue avec fureur. Pour les 540 membres du personnel, cela aurait signifié une perte de 150 euros par mois, en plus de la crainte d’une privatisation.
107. La CGSP et la SLFP (sections services publics de la CGSLB) ont reconnu l’action à toute vitesse, avec un préavis de grève, mais ce n’était pas leur propre initiative. Les travailleurs avaient décidé d’arrêter la collecte des déchets et ont occupé les carrefours centraux. Ils ont mis le feu aux déchets. Toutes les entrées de la ville étaient bloquées. Les travailleurs se sont rendus au bâtiment du gouvernement bruxellois et y ont jeté des oeufs et des pierres. Pendant des heures, tout le centre de Bruxelles était bloqué. Toute la journée, l’action était à la une des médias nationaux. « Comment faire ? On devrait aller se promener un peu, faire un petit pique-nique ? Nous devons montrer que nous sommes fâchés ! On n’est pas des gamins qui allons faire mumuse dans la rue ! », disait un travailleur sur TV Brussel. Cela illustre à quelle vitesse les choses peuvent se développer. A Bruxelles- Propreté, il y a d’ailleurs autant de francophones que de néerlandophones, autant de Belges que d’immigrés. Le secrétaire d’État compétent, Emir Kir, a rapidement fait savoir que le statut était garanti et que la privatisation n’était pas à l’ordre du jour. Après les métallos le 24 mars, c’est la seconde fois cette année que les travailleurs font comprendre qu’ils ne sont pas d’accord avec de simples promenades de rue. 108. « Si chaque réforme annoncée mène à des actions aussi dures, on ne va jamais pouvoir avancer », se plaignait Karel Van Eetvelt de l’UNIZO. « Une grève sauvage, voire une grève politique comme maintenant, sans préavis de grève ni tentative de conciliation préalable, est irresponsable. Cela ne fait pas non plus de bien à l’image du syndicat », croyait-il bon d’ajouter. Van Eetvelt appelle à une limitation du droit de grève, ou du moins à endiguer le droit de grève dans des canaux contrôlables. Parce que c’est bien cela l’enjeu pour le patronat : là où c’est possible – service minimum, tout en soumettant le plus possible le droit de grève à des règles strictes qui font que les grévistes potentiels sont déjà démoralisés avant même de commencer. L’action des éboueurs bruxellois a été un sérieux avertissement. Van Eetvelt peut tout de suite se faire une image de la pression qui va s’exercer sur les dirigeants syndicaux dès que la politique d’assainissements va se durcir. Ceux-ci vont sans doute tenter de saboter les actions en insistant sur les difficultés à mettre sur pied ce gouvernement, sur les dangers liés à la chute du gouvernement, sur la menace que représente la N-VA pour la stabilité du pays, pour le maintien de la solidarité et pour la sécurité sociale. Ils vont de nouveau jouer la carte du moindre mal. Cela aura un effet sur quelques couches, mais chez d’autres, cette option est aujourd’hui totalement épuisée.
Les partis amis regardent dans l’autre direction
109. Tant que les appareils syndicaux peuvent se coller aux organisations politiques amies, cela devient toujours plus difficile. Le tournant flamingant du CD&V et le fait que les représentants de la CSC quittent un à un le bateau le rend de plus en plus difficile à la CSC d’expliquer les relations privilégiées avec la CSC. Il y a toujours encore une aile qui est fidèle au pilier social-chrétien. Mais la confiance en elle-même de cette couche pour introduire et intégrer des autres dans ce pilier disparait. De plus en plus de militants à la base n’ont que peu d’affinités avec ce pilier. De plus, les différentes centrales sont tout le temps en bagarre les unes avec les autres. La LBC (la CNE flamande) surtout est dans un état permanent de guerre froide contre les manoeuvre proprement scandaleuses de la coupole de la CSC. Il y a besoin de militants combatifs et actifs qui peuvent tirer la base avec eux. De là l’espace qui est donné au cadre moyen combatif pour défendre les intérêts de leurs membres. 110. Pour la FGTB flamande, ABVV, l’attitude de la direction syndicale face au parti ami devient petit à petit une farce. L’hypocrisie du sommet du SP.a, son nombre de ‘’parvenus’’, l’arrogance face au syndicat, y compris face à ses dirigeants, dépasse toute imagination. Qu’importe ce que l’ABVV essaye, les travailleurs ne retourneront pas vers ce parti. Ce n’est pas cette hirondelle solitaire, qui d’ailleurs elle aussi a déjà sa petite odeur, Daniël Thermont, qui pourra massivement rappeler les travailleurs vers le SP.a, certainement pas à l’extérieur de Gand, où il est bourgmestre. Les sections du parti sont proches de la mort clinique. La direction du syndicat ne l’admet pas, mais elle le comprend bien, d’où son attitude relativement plus ouverte envers ce qui se trouve à gauche du SP.a. Si demain le gouvernement sort le type d’assainissement qui est en préparation, même sous la forme de la note de Di Rupo, le fossé s’approfondira. Les directions syndicales, tant de l’ABVV que de l’ACV, le comprennent elles aussi. Elles commencent donc à parier sur plusieurs chevaux. A l’ACV, cela s’appelle le fait qu’il peut y avoir plusieurs amis politiques à côté de ceux du CD&V. A l’ABVV, on louche en direction de l’autre ‘‘parti progressiste’’. Mais à la base du syndicat, cela n’accroche pas avec les verts de Groen.
111. Le PTB l’a compris et essaye de se faire remarquer aussi un peu par les directions syndicales. L’époque où il disait qu’il n’y avait pas besoin d’un parti des travailleurs mais d’un parti communiste est loin derrière nous. Il essaye aujourd’hui d’apparaître coûte que coûte et pour cela il a, tout comme les partis traditionnels, pris engagé une agence de publicité. En termes de programme et de style, il essaye d’être raisonnable et dynamique, avec des actions spectaculaires, comme celle vis-à-vis d’Electrabel, tant que cela reste dans les limites de ce qui reste acceptable pour les directions syndicales et son public d’artistes progressistes. Les revendications traditionnelles du PTB telles que la nationalisation du secteur pharmaceutique ou des banques et des holdings, ont fait place au modèle des offres publiques avec ce qu’ils ont appelé le modèle kiwi et à une banque publique. Dans le secteur de l’énergie cela prend la forme d’une réduction de la TVA. Dorénavant, plus un mot de critique sur le rôle des dirigeants syndicaux, puisque ceux-ci pourraient décliner d’être orateurs à des évènements du parti tels que Manifiesta. Le parti et le syndicat, et par extension les mouvements sociaux, sont maintenant devenus deux choses qui doivent être séparées. Cette ambigüité a déjà mené à la capitulation scandaleuse du PTB lors de l’exclusion de tous les cinq secrétaires du Setca/BBTK industrie pour BHV.
Nouveau Parti du Travail
112. Le PTB a mal compris le slogan pour un nouveau parti des travailleurs. Avec cela, nous entendons un parti de lutte qui essaye d’unifier toutes les tendances qui sont prêtes à mener la lutte contre les assainissements. Un parti, donc, pour l’unité dans l’action qui assure parallèlement que de l’espace soit laissé au débat, y compris par des courant publiquement organisés. Le programme d’un tel parti serait probablement réformiste, surtout tant que le mouvement n’a pas encore conduit à une compréhension plus profonde l’expérience concrète de la lutte de masse. Mais son existence à elle seule assurerait un instrument important pour les travailleurs et les jeunes. L’orientation vers l’action et la liberté de débat stimulerait une implication active et en ferait un réel instrument de travail. Evidement, cela implique des dangers. La liberté de débat ne peut pas dégénérer en champs de batailles d’idées tout comme l’unité dans l’action ne peut pas être instrumentalisée pour étouffer la liberté politique. Il s’agit de trouver un équilibre correct, justement en faisant une distinction entre l’essentiel et l’accessoire.
113. Mais ce n’est pas comme cela que le PTB l’a compris. Il a pris comme vérité les fables qu’il a raconté à propos de notre appel, que nous voulions créer un nouveau SP ou un nouveau PS. Il veut luimême devenir ce nouveau parti des travailleurs, mais dans sa version monolithique et réformiste, où l’on n’attend pas de la base qu’elle prenne des initiatives incontrôlables et participe au processus de décision, mais seulement qu’elle soit présente aux fêtes du parti et apporte des voix. Tant que la classe ne se met pas en mouvement et que les partis ne sont pas testés sur le terrain, le PTB peut apparaître comme la meilleure offre disponible pour ceux qui en ont marre de la rhétorique du moindre mal. Pour cela, le parti est prêt à tout, y compris à adopter des campagnes politiques infantiles. Nez rouges, ‘‘révolutions des frites’’, on ne peut être plus ludique. Les conditions pour devenir membre sont quasiment inexistantes. Un sms et des opinions vaguement à gauche ou belgicistes sont suffisantes. C’est le nombre qui compte, pas la qualité, y compris dans le travail vers la jeunesse.
114. De cette façon, ils attireront certainement quelques travailleurs et quelques jeunes combatifs et conséquents. Mais continuer à assurer cette périphérie large absorbera une grosse partie de l’énergie. Des tâches organisationnelles croissantes ramèneront la politique de plus en plus à l’arrière fond. Il faudra inventer à chaque fois de nouvelles actions ludiques, de nouveaux films et de nouvelles fêtes de plus en plus grandes. Lors de revers ou lorsqu’il faudra aller à contre courant, cette large périphérie risque de décrocher et la démoralisation peut s’incruster. La grande partie de la périphérie du PTB est attirée par la possibilité d’un score électoral. Cela stimulera encore la dynamique pour consacrer toute l’attention sur ce terrain. Cette nouvelle base poussera à des participations à des coalitions dès que cela deviendra possible sur le niveau de conseils de district ou de conseils communaux ‘‘pour réaliser une partie du programme”. La direction actuelle est en faveur de cela. Avec les concessions qu’elle est prête à faire pour se faire voir, on peut déjà s’imaginer que le prix qu’elle acceptera pour participer à des coalitions ne sera pas grand-chose.
115. En Wallonie et à Bruxelles c’est le même processus qui est à l’oeuvre. Depuis longtemps le CdH n’est plus le seul parti politique ami du Mouvement Ouvrier Chrétien. Le PS et ECOLO le sont tout autant. Dans notre texte de Congrès de 2010, nous avons accentué que le processus de bourgeoisification se déroule aussi au sein du PS mais que ce parti n’a pas perdu en crédit dans la même mesure que le SP.a. Pendant des années, le PS a pu se cacher derrière ‘‘l’Etat CVP’’ et plus tard derrière le fait qu’il était confronté à une majorité flamande de droite. Malgré sa participation gouvernementale systématique, il a toujours pu continuer à se profiler comme opposition. Le transfert de compétence vers les régions met le parti en difficulté. Ce n’est pas une coïncidence que c’est justement dans l’enseignement qu’ECOLO a réussi à se construire une position. Dans notre texte de 2012, nous avons aussi soulevé un autre phénomène, c’est-àdire que la classe ouvrière wallonne ne s’est jamais autant laissé cadenasser dans un corset de parti politique. Nous nous sommes référés aux traditions anarcho-syndicalistes et à la manière dont cela laissait l’espace çà l’intérieur des syndicats pour critiquer le PS. Cela a aussi assuré que la gauche radicale en Wallonie était historiquement plus forte qu’en Flandre sur le plan électoral alors que sur le plan organisationnel, c’était souvent l’inverse.
116. La réaction du PTB est par conséquent quasiment identique à celle du PVDA en Flandre. Son programme et son style son à peine différents. Le parti organise probablement plus de militants syndicaux combatifs. C’est en soi une réflexion de la plus grande liberté de critique qui existe dans les syndicats. A terme, cela pourrait poser des problèmes au PTB lorsqu’une confrontation aura lieu entre la base et la direction des syndicats. Le travail parmi la jeunesse du côté francophone semble moins apolitique qu’en Flandre. Cela reflète probablement l’atmosphère politique de la dernière année, qui était sans doute plus favorable à la gauche du côté francophone que du côté néerlandophone. Mais il s’agit de nuances, pas d’approches fondamentalement différentes. En Wallonie et dans une moindre mesure à Bruxelles, les traditions historiques jouent en faveur de ce qui se trouve à la gauche du PS, tout comme le fait que pour le PS il devient de plus en plus difficile de prétendre qu’il n’est pas responsable pour les assainissements. Mais c’est en Flandre que l’espace à gauche est le plus grand et où une percée électorale de la gauche devient probablement possible en premier lieu.
Nouveau parti des travailleurs
117. Le PTB n’est pas immédiatement le meilleur instrument pour remplir l’espace existant à gauche. Ce parti porte derrière lui un passé horrifiant qui continue encore aujourd’hui à en repousser beaucoup. Si les syndicats ou des secteurs importants de ceux-ci lanceraient un appel pour former un nouveau parti des travailleurs, cela aurait un succès incroyable. L’enthousiasme initial pour Sleeckx ou maintenant pour De Bruyn illustre la soif de beaucoup pour une alternative à gauche plus large et plus ouverte. Le résultat du Front des Gauches aux élections fédérales de 2010, malgré sa faiblesse organisationnelle et son manque relatif de notoriété confirme ses mêmes sentiments en Wallonie et à Bruxelles. Nous avons déjà expliqué de façon approfondie dans des textes précédents où le CAP et Sleeckx ont raté leur chance.
118. La campagne pour 2.000 sympathisants pour le Front des Gauches et pour le transformer ainsi en un mouvement de membres n’a ainsi jamais démarré. Avec le PH et le CAP, le PSL a tout essayé de casser les réticences. Mais la LCR n’a pas voulu céder, officiellement parce que cela aurait été prématuré. Nous soupçonnons toutefois que cela avait plus à voir avec des intérêts internes au NPA français et puis à leur position sur le PTB. Un positionnement clair de la part du PC et le commencement de la campagne, si nécessaire à 4, aurait probablement fait changer la LCR d’inclinaison. Mais le PC n’a pas réussi à se mettre d’accord et la LCR n’a pas cessé d’instrumentaliser la division interne au PC pour enlever ce point de l’ordre du jour. Le courant dans le PC, surtout à Liège, qui était gagné à une collaboration plus étroite avec le PTB a par conséquent eu le dessus. Le PTB va probablement absorber ce courant. Le Front des Gauches est ainsi en hibernation.
119. Erik De Bruyn et le noyau qui a transformé SP.a- Rood en Rood! sont convaincus que le prédécesseur du PSL a quitté trop vite le SP. Nous pensons au contraire qu’il est possible que De Bruyn est arrivé deux fois en retard. Une première fois pour la construction d’un parti révolutionnaire. Lorsque le Vonk s’est scissionné le 9 février 1992 en deux parties quasi littéralement égales, les deux groupes se valaient. Nos prédécesseurs avaient un léger avantage numérique. Mais le groupe dont De Bruyn faisait partie était composé des militants plus âgés avec des positions syndicales et du petit groupe francophone. Ou bien ce groupe avait une perspective erronée, ou bien ils étaient des incapables. Mais quelque chose doit expliquer pourquoi le PSL est aujourd’hui sur le plan numérique, parmi la jeunesse, parmi les milieux syndicaux et dans la partie francophone tellement plus fort que les restants du Vonk. Nous pensons que cela a à voir avec leurs perspectives.
120. De Bruyn et le noyau autour de lui diront qu’ils doivent leur position publique au fait qu’ils sont restés si longtemps à l’intérieur du SP.a. Il est vrai qu’en 1992, un ancien vonkiste n’aurait jamais obtenu cette notoriété. Il a fallu une défaite électorale historique de trop, des frustrations dans le cadre moyen du parti, une hémorragie totale au SP.a et des concessions sur son programme avant que cela ne soit possible. Mais cela aussi a eu son prix. Rood paie cash l’hémorragie sur le terrain sur lequel il était auparavant actif. C’est ce qui explique sa faiblesse numérique et organisationnelle, ce qui pourrait faire que Rood soit incapable de saisir son potentiel indéniable. Si De Bruyn avait encore plus attendu de quitter le SP.a, il ne serait pratiquement plus rien resté. Le PTB est évidemment conscient de la faiblesse de Rood!. Dans le cadre des négociations pour le cartel pour les élections communales de 2010, il l’a clairement laissé paraître. Pourtant, ils ne sont pas à 100% sûrs de ce que Rood! pourrait devenir entre aujourd’hui et le seconde moitié de 2012. Il trouve probablement inquiétant que le PSL s’est assis à la table.
121. Le futur de Rood! Est incertain. Sans transfusion de la part du PSL, les possibilités de survie sont limitées. Mais nous ne voulons pas d’un deuxième scénario CAP où le PSL s’engage de toute sa force, mais ne se heurte qu’à l’incompréhension, la méfiance et l’interdiction de continuer à fonctionner comme PSL. Selon nous, Rood! a le potentiel de se développer ou de tout au moins faire partie du processus de formation d’un nouveau parti large de lutte alors que le PSL a l’ambition de former le squelette autour duquel pourra se former un nouveau parti révolutionnaire de masse. Les deux sont nécessaires. Nous n’allons que graduellement faire adhérer nos militants à Rood pour ne pas donner l’impression de le submerger. Nous l’avons ouvertement discuté avec De Bruyn et ses collaborateurs les plus proches. L’équipe autour de De Bruyn est politiquement plus forte et stable que celle autour de Sleeckx. Cela constitue un avantage considérable. Cela sauvegarde Rood des rumeurs, des ragots et des théories du complot qui ont complètement l’atmosphère du CAP malsaine. Cela protège également Rood contre les erreurs médiatiques que nous avons subies avec le CAP. De plus, une meilleure compréhension politique est garante d’une volonté d’écoute que le CAP évoquait à haute voix mais mettait très peu en pratique. Il ne s’agit que d’une première impression, mais c’est notre sentiment qu’un argument est ici jugé sur base de son contenu et non sur base de sa place dans l’un ou l’autre complot fictif.
122. La faiblesse organisationnelle de Rood et la conjoncture de la lutte des classes font que beaucoup de syndicalistes prendront plutôt une attitude attentiste. C’est une donnée objective que nous ne pouvons pas changer à court terme. Mais ce que nous pouvons, c’est renforcer l’enthousiasme existant par une présence qualitativement attractive. Nous espérons que cela peut assurer l’implication critique nécessaire pour aider Rood à devenir un projet viable. Il faut être conscient de la volonté d’unité. Il faut donc accentuer le potentiel d’une formation de lutte ouverte et de gauche et de la liberté de discussion. Il ne faut pas cacher nos critiques sur le programme et le profil de Rood, mais il faut amener cela de façon positive et constructive, entre autres par le fait de nous concentrer sur l’essentiel et de ne pas nous perdre dans les détails. Rood doit utiliser sa plateforme publique pour devenir un porte-voix de travailleurs et de jeunes combatifs. Elle peut stimuler le débat dans le mouvement ouvrier sur les assainissements qui s’annoncent. Il n’est quand même pas possible que le chef d’orchestre de l’assainissement, la N-VA, reçoit un blanc-seing pour se mettre en avant comme le seul opposant aux assainissements – ne serait-ce que parce qu’elle refuse de dépanner le gouvernement fédéral – alors que les syndicats n’offrent à leur base que des partis qui appliquent l’austérité.
123. Il faudra encore réfléchir sur la formulation exacte, mais les prochaines semaines, Rood devrait produire un tract à ce propos. Démarrer ce débat dans des délégations syndicales nous semble le plus important de ce que les syndicalistes peuvent faire avec Rood. Nous n’allons évidemment pas appliquer une auto-censure. Nous avons le droit de défendre notre programme entier en tant que PSL, nous nous accrochons à notre liberté organisationnelle et à notre droit de diffuser nos propres publications. Mais nous devons également être sensibles à ces travailleurs et à ces jeunes qui sont attirés par Rood. Ils ne peuvent pas avoir l’impression d’avoir atterri au PSL au lieu de chez Rood. Il n’est pas du tout nécessaire de vendre notre journal à chaque meeting de Rood. Un membre ou deux peuvent très bien le faire. Dans un petit meeting ou quelques uns de nos membres sont présents, il peut être utile de préciser que nous sommes membres du PSL, mais pas si la moitié des présents le font. Nous voulons que Rood devienne un organe de lutte ou la règle est la liberté de débat. Des interventions éternelles ou tirer des grimaces lorsque l’on n’est pas d’accord avec l’orateur ne font pas partie de cette approche. Notre point de départ n’est pas de battre des concurrents ou de démontrer notre supériorité, mais de construire Rood, d’argumenter notre position le mieux possible et de faire des contacts. Evidemment nous exigeons notre liberté politique.
124. Notre tâche la plus importante continue d’être la construction du PSL. Dans les années ’90, dans des conditions beaucoup moins favorables, nous avons réussi à tripler le nombre de nos membres, principalement avec des campagnes de jeunes organisées autour de notre campagne Blokbuster. Lors de la décennie suivante, nous avons à nouveau triplé notre nombre de membres, dans ce cas surtout grâce à nos interventions dans le mouvement antimondialisation. Pendant tout ce temps, le degré moyen d’activité, la contribution financière moyenne et la distribution moyenne de nos publications ne s’est pas affaiblie, mais s’est renforcée. Les dernières années étaient très difficiles à cause de l’effet étouffant des querelles communautaires et de l’impasse politique. Surtout en Flandre, nous avons dû nous accrocher à ce que nous avions. Mais nous avons consacré ce temps de façon utile de façon à construire nos positions syndicales, pour sauvegarder au mieux nos positions parmi les jeunes, et pour améliorer nos publications. Sur base des premières réactions obtenues à l’occasion de nos meetings d’ouverture aux universités, nous avons le sentiment que le pendule retourne à gauche. C’est probablement une indication de ce qui vit parmi des couches plus larges. De plus, nous avons réussi dans cette dernière période à jeter les bases d’un travail crucial parmi els étudiants du secondaire. L’ambiance internationale et aussi nombre de percées du CIO vont bien nous servir en Belgique. Nous pensons que les conditions sont favorables à au moins tripler notre nombre de membres durant cette décennie. Ainsi, le PSL s’approcherait des 1.000 membres. Si nous sommes capables de réaliser cela sans perdre en degré d’implication de nos militants, nous serons une force avec laquelle il faudra tenir compte et que l’on ne pourra pas tout simplement ignorer.
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NON à l’austérité ! Allons chercher le pognon là où il est !
11,3 milliards € d’économies sur le budget fédéral pour l’année 2012 : jamais dans l’histoire de la Belgique une telle austérité n’a été menée en si peu de temps. Et ce alors que des décennies de néolibéralisme ont déjà épuisé les réserves et les marges pour les extra dans les familles.
Par Baptiste (Wavre)
Pour les ménages qui dépendaient d’un emploi chez Kraft Food, ArcelorMittal, ou encore NextPharma, l’avenir est évidemment pire encore. Pourtant, nos politiciens en sont convaincus : ce sera bien le prix à payer pour sauvegarder les profits de l’élite financière, et de la collectivisation de leurs dettes depuis 2008.
Au moment d’envoyer ce journal à l’imprimeur, les mesures exactes du gouvernement n’étaient pas encore connues, mais les pistes l’étaient : coupes dans les budgets des administrations et des services publics, non remplacement de départs à la retraite dans la fonction publique, attaques contre les allocations de chômage et les prépensions ; en contrepartie de quoi les plus fortunés devront également lâcher quelques pièces via différentes mesures symboliques.
La manifestation nationale du 2 décembre est un bon début à l’organisation de la résistance contre l’austérité. L’occasion pour ce front de présenter un programme anticrise, qui serait une alternative à l’austérité préparée pour la résorber le déficit budgétaire. En voici quelques points et notre avis sur la question :
Le maintien de l’indexation automatique des salaires et des all ocations sociales
L’idée selon laquelle l’indexation entraînerait une perte de compétitivité et une inflation à la hausse est un leurre! C’est un argument purement idéologique de la part des capitalistes qui ne cherchent qu’à défendre leur (énorme) part du gâteau.
L’index a été miné (de par la manière dont on a choisi les produits qui composent le panier de l’index, mais aussi par de par le retard avec lequel les salaires sont indexés), mais même cette mesure va trop loin pour les patrons, les libéraux et l’Union Européenne.
‘‘Malgré’’ l’indexation, les profits des grandes entreprises ont été gigantesques ces dernières années. Peut-être pas suffisamment à leur avis ? Le maintien du mécanisme d’indexation est une revendication importante, mais nous devons avertir que ce maintien ne doit pas une fois de plus être marchandé contre de nouveaux cadeaux au patronat.
Le maintien des prépensions et des allocations de chômage
Alors que les jeunes ne trouvent pas d’emploi, on veut faire bosser plus longtemps nos aînés. C’est totalement illogique.
Comment donner aux jeunes la perspective de se construire un avenir ? Cela ne tient pas la route de dire que puisque nous vivons plus longtemps, nous devons travailler plus longtemps, alors que nous produisons aujourd’hui bien plus en travaillant que lors des décennies précédentes. Veulent-ils nous faire travailler jusqu’à tomber raides ?
Les attaques contre les allocations de chômage veulent s’en prendre aux plus faibles d’abord. Dans ce système, il est plus facile de s’en prendre à un chômeur que de tenter de faire payer plus à Electrabel. Il faut lutter contre le chômage, pas contre les chômeurs. C’est tout à fait possible en répartissant le travail disponible: en réduisant le temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Les entreprises qui effectuent des licenciements collectifs peuvent être nationalisées sous le contrôle des travailleurs.
Ces nationalisations ne serviraient ainsi pas à socialiser les pertes et à privatiser les profits. Une entreprise nationalisée doit fournir de l’emploi et produire de façon socialement utile.
Une fiscalité juste
Les syndicats ont raison de faire remarquer que la moyenne actuelle de l’impôt payé par les entreprises est de 11,8% seulement, alors que le taux légal est de 33%. La politique de cadeaux fiscaux a donné tellement de milliards aux entreprises que les familles ordinaires contribuent désormais davantage à la collectivité que les entreprises.
Nous sommes évidemment favorables au retrait du mécanisme des intérêts notionnels. Cette mesure n’a fait que remplir les caisses essentiellement de 20 grandes boîtes en Belgique. Ontelles créé de l’emploi ? Dernièrement, ArcelorMittal et Next Pharma ont démontré qu’ils n’ont fait que se servir de cadeaux fiscaux pour mieux détruire les emplois par la suite.
Nous sommes bien entendu d’accord qu’il faut aborder les politiques fiscales. Mais il est illusoire de penser que les patrons ne vont pas trouver d’échappatoires pour éviter de payer l’impôt par l’évasion fiscale légale ou illégale. Si nous voulons avoir un véritable contrôle démocratique sur les revenus des grandes entreprises, nous devons prendre les secteurs clés de l’économie dans les mains du public. Cela permettrait immédiatement d’orienter ces secteurs (comme ceux de l’énergie et de la finance) pour qu’ils correspondent aux besoins de la majorité de la population.
Un plan d’action contre la politique d’austérité !
En préparation de la manifestation du 2 décembre les dirigeants ont expliqué que des simples mesures comme le renforcement de la lutte contre la fraude fiscale, la taxation à 24% des revenus financiers et l’arrêt des cadeaux fiscaux permettaient de trouver sans problème 11 milliards. Pour parvenir à imposer cela, il faudra bien plus qu’une manifestation de temps en temps.
Nico Cué, secrétaire général de la FGTB Métal Wallonie-Bruxelles a eu raison de dire: ‘‘Si les mesures contenues dans le budget sont déséquilibrées, et on est convaincu qu’elles le seront, on va aller jusqu’à la grève générale. Au prochain comité fédéral de la FGTB, le 6 décembre, les métallos Wallonie- Bruxelles proposeront une feuille de route d’action, avec une grève générale de vingt-quatre heures en janvier. On pense que le combat va être dur et long. On propose donc d’aller crescendo, avec une grève de 48 heures en avril, et de 72 heures en juin. C’est dire qu’on risque de rentrer en conflit très fort avec le gouvernement, dont le Premier ministre sera probablement Elio Di Rupo.’’
Nous avons besoin d’un plan d’action démocratiquement élaboré, avec une campagne d’information et de mobilisation dans chaque lieu de travail et dans la rue, sur base d’un programme anticrise partant des besoins de la majorité de la population. Sur cette base, il sera possible de réellement résister à l’austérité du gouvernement qui vient.
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Une bonne contribution aux discussions sur un nouveau projet de gauche
Depuis fin septembre, le nouveau livre d’Erik De Bruyn est disponible dans les librairies flamandes. De Bruyn s’est fait connaître avec sa candidature à la présidence du SP.a, le parti social-démocrate flamand, en 2007, où il avait obtenu 33% des votes contre Caroline Gennez. Quatre ans plus tard, De Bruyn continue, avec ‘Rood’, en dehors de la social-démocratie. Son nouveau livre est une bonne occasion de mener le débat concernant le projet de gauche qu’il nous faut. Même si ce livre n’existe qu’en néerlandais, nous pensons qu’il est utile de publier notre critique dans les deux langues, car il s’agit d’une contribution au débat entourant l’ouvrage.
Par Bart Vandersteene, membre de la direction de Rood
Ce livre donne un aperçu du fonctionnement interne du SP.a et des possibilités très limitées pour construire une opposition de gauche au sein de la social-démocratie. Malgré son bon résultat en 2007, les portes étaient fermées pour De Bruyn au bureau du parti (au niveau national ou régional) de même que pour une place éligible aux élections.
En avril de cette année, SP.a-Rood a décidé de quitter le parti. ‘‘Juste au moment où l’opinion publique se lance contre l’establishment, le parti ne réussit pas à capter l’esprit et se trouve de l’autre côté des barricades’’ (p.75). Nous pensons que cette méfiance et cette aversion contre l’élite datent de plus longtemps déjà et qu’elles se sont longtemps orientées contre le SP.a, un parti qui a participé au pouvoir (à différents niveaux) depuis 1988 et qui, au fur-et-à-mesure des années, cache de moins en moins qu’il défend une variation de la même politique néolibérale en faveur des riches et puissants. Cela a conduit depuis longtemps à l’existence d’un vide politique à gauche.
La décision de quitter le SP.a a eu un bon impact sur le contenu du livre. De Bruyn est plus clair dans ses analyses du capitalisme et au sujet de la nécessité d’une alternative socialiste. Les mouvements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont aussi eu un effet contagieux sur Erik. Cependant, nous sommes en désaccord avec certaines de ses conclusions. Il va trop loin dans le rejet des formes organisées de la politique par les jeunes espagnols. L’aversion légitime contre les partis traditionnels ne met pas de côté la nécessité d’un parti démocratique des travailleurs et des jeunes.
‘‘La démocratie et la participation doivent être des réflexes de chacun à chaque niveau. La démocratie et la participation sont beaucoup trop importants pour les externaliser à de soi-disant experts qui en font leur profession (…) L’avenir appartient aux réseaux, aux structures participatives.’’ (p. 197) Les réseaux sont utiles, mais pour un engagement à plus long terme, approfondi et démocratique avec des procédures de décision et des structures, il nous faut autre chose. L’absence de parti large de la classe ouvrière ne signifie pas qu’il y a ‘‘une ère post-parti politique’’.
Erik De Bruyn a des doutes concernant l’appel ‘pour un nouveau parti des travailleurs’, un appel soutenu par le PSL depuis les années 1990. ‘‘Les solutions socialistes sont rejetées par l’opinion publique comme étant irréalistes (…) L’affaire ne peut pas être résolue simplement par la création d’un nouveau parti des travailleurs. La gauche doit s’orienter envers des couches plus larges, sans tomber dans un discours du centre. La crise touche les travailleurs, mais aussi les cadres, les indépendants et les petits entrepreneurs.’’ (p. 93) La gauche doit ‘‘aller plus loin que le concept dépassé du ‘nouveau parti des travailleurs’. D’un côté l’élément d’un parti des travailleurs doit être mis en avant, mais de l’autre côté il doit être beaucoup plus audacieux que ça.’’ (p. 189)
La crise capitaliste frappe partout et toutes les couches de la société. Les cadres et les petits indépendants reçoivent aussi quelques gifles. Certains cadres sont mis de côté, comme tous les travailleurs. Des petits entrepreneurs ne tiennent pas le coup dans la compétition avec les grandes chaînes et les multinationales. Ils sont aussi menacés par les parasites tels que les banques et Electrabel. La seule façon d’y échapper, c’est de suivre la seule classe dans la société qui peut édifier une autre organisation sociale. C’est la classe ouvrière. Bien sûr, un ‘parti des travailleurs’ sera ouvert à d’autres couches, mais dans sa composition et son programme – dans son caractère – il doit être un ‘parti des travailleurs’, avoir un caractère et des méthodes ouvrières.
Il y a clairement un nombre de sujet sur lequel nous avons des désaccords avec Erik. Il limite ses revendications à ce qui est possible dans le cadre du capitalisme. Nous pensons que cela conduit à des dangers. Cela explique probablement pourquoi Erik continue à répandre des illusions dans le socialisme ‘réinventé’ en Amérique-Latine. Malgré des réformes positives au Venezuela et en Bolivie, Chavez et Morales refusent surtout de rompre fondamentalement avec la logique capitaliste. Cela conduit à une impatience et à une frustration croissantes parmi les masses, de même que la menace de la contre-révolution. Une réponse socialiste part des besoins concrets et essaie de les lier en revendications et slogans concrets avec la nécessité d’un changement fondamental de société. Le manque d’un tel programme est néfaste pour les nouveaux partis de gauche dans des pays dans l’œil du cyclone, comme pour le Bloc de Gauche au Portugal.
Dans sa critique des dictatures staliniennes, Erik écrit que la chute des ces régimes est due à ‘‘l’absence de deux facteurs : la démocratie et le marché.’’ L’élément important du ‘socialisme dans un pays’ est oublié dans le texte. Ce qu’Erik veut dire avec ‘absence de marché’ est un mystère pour nous. Que tous les secteurs clés deviennent tout de suite gratuits et soient donc en dehors de la sphère d’échange économique, comme l’enseignement et les soins de santé, nous semble évident. Est-ce qu’Erik trouve que l’Union Soviétique est allée trop loin? Lorsque nous parlons du ‘marché’, il ne s’agit en général pas de l’organisation de la consommation (comme avec le marché du dimanche matin) mais de la production (le ‘libre marché’). Avec l’économie planifiée nous n’entendons pas l’expropriation des petits commerçants, mais bien des secteurs clés de l’économie. Est-ce que ces secteurs doivent être gérés par un régime public ou laissés au ‘libre marché’ pour que les capitalistes puissent prendre les meilleurs morceaux et les profits ? Est-ce qu’Erik trouve que le marché aurait dû jouer un rôle plus important ?
Les propositions du livre pour des réformes d’Etat nous semblent faibles, sans toucher aux intérêts de l’élite économique et politique actuelle. L’approche sur la société multiculturelle et le port du voile reste également un point de discussion et de désaccord.
Malgré ces critiques, nous trouvons dans ce livre une impulsion importante à la discussion sur la construction d’un nouveau projet de gauche. Nous recommandons le livre et voulons utiliser cette occasion pour mettre en avant nos différences de manière ouverte et honnête. Le fait que Rood veut constituer un mouvement large et ouvert avec en son sein diverses organisations et positions politiques est enrichissant.
Enfin, encore un avertissement vis-à-vis d’une confiance trop exagérée dans les nouveaux médias. Erik propose une ‘‘plate-forme participative sur l’internet’’ pour ‘‘utiliser la connaissance et l’expertise collective des gens, comme précurseur d’une société socialiste radicalement démocratique et autogérée’’ (p. 191). Nous pensons que les outils de communications offrent de grandes opportunités, mais ils ne peuvent pas remplacer une réelle participation dans les discussions et les réunions. Une participation politique à l’ordinateur semble accessible, mais c’est beaucoup moins contraignant, plus volatile et il y manque un élément important : la dynamique démocratique de groupe.
‘La rédaction de Lutte Socialiste vend le livre ‘De terugkeer van de dwarsliggers’ à 14 euros (et 3,5 euros d’expédition). Dans les librairies, le livre est vendu à 17,5 euros. Commandez ce livre en versant sur le n° de compte de Socialist Press 001-3907596-27 avec ‘De Bruyn’ en mention.
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Il est temps de riposter !
Ils ne sont que 1% : ils spéculent, ils encaissent, ils dirigent nos vies // Nous sommes les 99% : et c’est nous qui faisons tourner le monde
En une semaine, Dexia a passé l’arme à gauche et ArcelorMittal a annoncé sa volonté de fermer les hauts-fourneaux de Liège, sur fond de discussions concernant le socio-économique pour la formation du gouvernement avec, notamment, les déclarations des patrons belges pour qui ‘‘les allocations de chômage ne diminuent pas suffisamment vite’’. Ce système est malade, complètement malade.
Par Nicolas Croes
Depuis des décennies, la politique des partis traditionnels est faite de cadeaux aux patrons et aux banques, les soi-disant ‘‘créateurs de richesse et d’emploi’’. Cadeaux fiscaux, privatisations, tolérance maximum pour la fraude fiscale,… Les pénuries ont profondément marqué tous les secteurs de la vie publique et s’accentuent encore maintenant jusqu’au ridicule. Près de 200 trains doivent être supprimés à la SNCB, comme de nombreuses lignes de bus à la TEC. Le fisc prévoit lui aussi de fermer la moitié de ses 406 bureaux d’ici 2015 (après que 168 bureaux aient déjà disparu entre 2004 et 2010). Voilà qui devrait réjouir les grands fraudeurs fiscaux…
Et ce train là n’est pas destiné à être supprimé. Pour les patrons, ce qu’il faut, c’est s’en prendre aux travailleurs et à leurs familles, notamment à leurs pensions et allocations de chômage en les limitant dans le temps ou en les diminuant progressivement. Mais, aujourd’hui, la plupart des allocations sont déjà inférieures au seuil de pauvreté et en abaissant les allocations, on diminue aussi le complément des très nombreux travailleurs à temps partiel. Il leur en faut du cynisme pour s’en prendre aux travailleurs sans emploi dans cette période…
Que l’on imagine seulement s’en prendre, même très légèrement, aux bénéfices mirobolants des patrons, et ceux-ci montrent les dents. Gerard Mestrallet, le dirigeant de GDF Suez, dont Electrabel est une filiale très lucrative, a ainsi annoncé que “Si l’Etat belge devait revoir ses engagements [en alourdissant ses impôts, NDLR], cela conduirait également GDF Suez à revoir globalement ses politiques d’investissements, d’emploi, de formation et de mécénat en Belgique”.
Cette minorité de spéculateurs qui joue avec notre avenir (sans la moindre crainte pour le leur puisque les Etats interviennent avec l’argent de la collectivité pour les sauver), cette minorité de requins de la finance et de patrons sans scrupules, elle doit être réduite à l’impuissance. Electrabel, ArcelorMittal, Dexia,… Comment continuer à permettre que la dictature de cette élite de super-riches continue de dicter nos vies ?
Nous sommes la majorité ! C’est nous qui créons la richesse ! Les secteurs fondamentaux de l’économie, que nous faisons vivre, doivent tourner en fonction de nos intérêts ! Il est grand temps de riposter sérieusement, contre chaque attaque antisociale, et d’organiser l’offensive pour retirer des mains des capitalistes les rênes de l’économie. Luttons pour placer les secteurs financier, sidérurgique, énergétique,… dans les mains du public, sous le contrôle démocratique de la population !
Edition de novembre de Lutte Socialiste
- Il est temps de riposter !
- [INTERVIEW] De la crise politique à un gouvernement d’austérité : Le mécontentement doit devenir action ! / Brèves
- Edito : Y a-t-il encore un parti qui défende nos intérêts ? / Arco : l’échec de la ‘‘banque éthique’’ / "Ce qui se dit" : rubrique des citations frappantes
- [DOSSIER] ArcelorMittal: Nationalisation du secteur sidérurgique sous le contrôle des travailleurs
- NON au plan d’économies de la SNCB ! / Numéro d’urgence 101 : plus de personnel et vite !
- Question du mois : Comment les 99% de la population peuvent-ils prendre le contrôle de la société ? / Offensive d’activistes anti-avortement : Construisons la résistance ! / Bruxelles-Propreté en action
- Lier la lutte pour des réformes positives à la lutte pour le socialisme
- [DOSSIER CENTRAL] Dexia : aux travailleurs et à leurs familles de payer pour les bénéfices du privé ? Pour la nationalisation de Dexia, première étape vers un secteur financier public
- (suite du sossier central)
- [Interview] Donna Litzou (Xekinima, CIO-Grèce) En Grèce, pas d’autre choix que la résistance ! / Une marche des jeunes pour l’emploi de Jarrow à Londres
- #Occupy Wall Street : quand l’Amérique s’indigne ! / Belgique – Kazakhstan : Les droits syndicaux hors-jeu
- Le spectre du vieillissement / “Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné”
- Congrès régionaux du PSL / Agenda / Pourquoi j’ai rejoint le PSL / La jeunesse à la recherche d’une alternative
- L’extrême-droite invite une fasciste hongroise à l’université de Gand ! / Elections étudiantes à l’ULB – EGA participe à une liste unitaire de gauche
- 15/10 Journée de résistance mondiale contre la dictature des banquiers et des patrons / La Nouvelle-Zélande frappée par une catastrophe écologique sans précédent / Succès des meetings de rentrée d’EGA “Marx is Back” et “Jeunes en Lutte en Europe” dans les universités !
- L’enseignement supérieur, bientôt une usine à diplômes rentable ?
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En Bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
Pas touche à mes profits !
"Si l’Etat belge devait revoir ses engagements, cela conduirait également GDF Suez à revoir globalement ses politiques d’investissements, d’emploi, de formation et de mécénat en Belgique." C’est ce qu’a déclaré Gérard Mestrallet, big boss de GDF Suez, dont Electrabel est la filiale, contre toute menace d’augmenter les prélèvements sur les profits d’Electrabel. Cette phrase arrive aussi au moment où sont dévoilés les pratiques tarifaires d’Electrabel pour la SNCB (10 millions d’euros de payé en trop !). Décidément, un secteur aussi important que celui de l’énergie ne devrait pas être laissé dans les mains du privés…
Des efforts qui vont dans le bon sens…
Cette semaine, le ‘‘capitaine d’industrie’’ (ne devrait-on pas dire pirate ?) français Arnaud Lagardère était à Bruxelles, et a livré une interview au Soir (édition du 18/10/11). Il y a été question d’amour (beaucoup) et de la crise (un peu). Mais c’est sur ce point que le requin de la presse a le plus ouvert son cœur… ‘‘Nous avons vécu plusieurs crises, et il y en aura d’autres. C’est malheureusement les cycles du capitalisme. Celle-ci est sév ère dans son intensité et sa durée. Et elle implique tous les acteurs de l’économie : les Etats, les banques, les consommateurs,… (…) On ne voit pas encore la fin de ce marasme. Mais il y a des solutions : la patience, le temps, les efforts réalisés par les gouvernements européens qui vont tous, je trouve, dans le bon sens.’’ Dans le bon sens ? Ce type est a reçu en 2009 un salaire de 2,3 millions d’euros (ce qui n’en fait que le 39e patron le mieux payé de France…) et dispose d’une fortune estimée à 343 millions d’euros (la 113e de France). Alors quand on s’attaque aux pensions, aux services publics, aux salaires des travailleurs, cela ne le touche pas trop et ‘‘cela va dans le bon sens’’.
Time for change
C’est l’ancien président français Valéry Giscard D’Estaing qui le dit : ‘‘Quand une montre ne donne plus l’heure exacte, il ne faut pas changer les aiguilles, mais le mécanise. C’est pareil pour les banques.’’ C’est surtout pareil pour le système…
Les riches cherchent à éviter de payer l’impôt
L’austérité se prépare à frapper la majorité de la population, et on essayera de la faire passer en disant que ‘‘tout le monde paye’’. Mais pour les super-riches, les mesures seront toutes symboliques. Alors que des super-riches du style d’Etienne Davignon font les gros titres de la presse en demander à payer plus d’impôts, les autres, en catimini, sont à la recherche de la moindre échappatoire pour échapper aux taxes. Le quotidient De Tijd a donné la parole à un avocat spécialisé qui explique : ‘‘Nombre de nos clients demandent quelles possibilités existent pour échapper aux impôts’’. Une des options est de déménager à l’étranger, en Suisse par exemple. Il semblerait que certains Belges l’envisageraient sérieusement.
28.000 Belges n’arrivent plus à rembourser leur hypothèque
28.000 personnes n’arrivent plus à rembourser leur crédit hypothécaire dans notre pays en conséquence de la crise financière (au moins trois mois de retard sur leur remboursement), selon les données sorties aujourd’hui dans la Gazet van Antwerpen. En 2008, il y avait 24.000 cas similaires, soit 16 % de moins.
Cartoon sur la crise économique
Le cartoon suivant circule pas mal sur Facebook, et peut assez bien illustrer les données ci-dessus. ‘‘C’est de votre faute. Vous avez acheté une maison que vous ne pouvez pas payer’’, dit le banquier au pauvre. Une petite illustration de la manière dont les élites trouvent les responsables de la crise.
Comment renflouer les banques?
Autre cartoon en circulation sur Facebook, qui clarifie ce qu’il y a réellement derrière le renflouement des banques…
L’armée portugaise soutient les manifestants
L’Assemblée nationale des sous-officiers (ANS) au Portugal a déclaré qu’ils choisissent le camp des manifestants. Ces militaires sont eux aussi en colère contre l’austérité gigantesque qui frappe le pays. Selon eux, le rôle de l’armée est de protéger la population, pas les intérêts financiers du secteur privé. Ils revendiquent le droit de protester eux aussi. Cette déclaration est de première importance, notamment au vu du rôle joué par les soldats lors de la révolution portugaise des œillets, en 1974.
Un ancien militaire proteste contre la répression policière
Dans la même ligne que la nouvelle précédente, voici une vidéo qui a circulé cette semaine, d’un ancien soldat américain qui participe aux actions d’#OccupyWallStreet. Ce vétéran de la guerre en Irak s’en prend de façon virulente à la répression policière qui frappe les manifestants de Wall Street.
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Electricité : La Belgique, championne du prix élevé !
La Banque Nationale l’avait déjà dit il y a quelques mois ; les prix du gaz et de l’électricité augmentent plus vite et plus fortement chez nous que dans les pays voisins. La nouvelle étude de Test- Achats enfonce encore le clou en s’en prenant aux distributeurs d’énergie de Wallonie et de Bruxelles tandis qu’en Flandre, la facture d’électricité moyenne a augmenté de pas moins de 22,7% au cours des six premiers mois de l’année, et de 10% pour le gaz !
Les entreprises énergétiques engrangent de gros profits, ne payent quasi aucune taxe et veulent nous faire payer toujours plus. Avec la libéralisation des prix, elles ont pu faire comme bon leur semblait et ce sont principalement les consommateurs résidentiels, les ménages, qui en payent le prix fort. A tel point que la Banque Nationale a dénoncé une tarification ‘‘discrétionnaire’’ et opaque. Aucune certitude n’existe quant au fait que les tarifs en vigueur correspondent réellement à une quelconque évolution des coûts de production.
En 2009, Electrabel a empoché pas moins de 1,55 milliard d’euros de profits en Belgique, ce sur quoi elle n’a payé que 0,04% d’impôts grâce à diverses réductions. En 2008, elle a même retouché 94 millions d’euros de retour des impôts, soit retirés de nos poches !
L’organisation Test-Achats s’est plus particulièrement penchée sur les coûts de distribution (qui peuvent parfois représenter jusqu’à 41% d’une facture d’énergie à côté du transport, des frais de fournisseur et des taxes), qui ont augmenté de 14% en Wallonie et à Bruxelles depuis la libéralisation du marché opérée en 2007. Test-Achats dénonce notamment le nombre de distributeurs (pas moins de 25 différents en Belgique), qui proposent des tarifs très différents d’un endroit à l’autre, sans véritable raison, et qui savent très bien jouer sur le fait qu’aucun utilisateur ne s’y retrouve. Actuellement, tous les mois, près de 20.000 familles changent de fournisseurs d’énergie pour tenter de baisser les coûts, qui augmentent de toute manière partout. Combien de journées faut-il passer maintenant à éplucher les propositions des différents opérateurs d’énergie, de téléphone, etc. ?
La politique énergétique va dans une direction totalement fausse. C’est un bien de première nécessité, qui doit impérativement être placé dans les mains du public pour assurer que la facture soit abordable et que suffisamment d’investissements soient consacrés à la sécurité, à la prestation du service (y compris l’isolation des bâtiments et d’autres mesures d’économies d’énergie), au respect de l’environnement, etc.
Production d’énergie, distribution,… l’entièreté du secteur doit être nationalisée et placée sous le contrôle démocratique de la collectivité. Cela permettrait aussi de mettre en oeuvre le maximum de mesures, d’études et de recherches afin d’assurer une production énergétique écologique tout en permettant d’éliminer l’angoisse de la facture énergétique dans chaque foyer.
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En bref…
Cette nouvelle rubrique paraîtra régulièrement le week-end, et est consacrée à mettre en avant différents fait ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
Un krach en septembre ou octobre?
C’est l’interrogation que l’on a pu lire ce lundi sur le site Express.be, qui relayait les propos d’un cadre d’une banque londonienne tenu dans le Telegraph: ”Le problème provient d’un manque de liquidité, c’est ça qui provoque le problème avec les banques. On dirait que c’est la même chose qu’en 2008. (…) Je pense que nous nous dirigeons vers un krach en septembre ou octobre, qui surpassera tout ce que nous avons connu jusqu’alors.” Le Telegraph a rapporté les assurances pour les dettes de plusieurs grandes banques européennes sont plus élevées que durant la crise financière de 2008. Les couvertures de défaillance (CDS) sur les obligations de la Royal Bank of Scotland (RBS), de BNP Paribas, de la Deutsche Bank et d’Intesa Sanpaolo, entre autres, ont atteint des niveaux record la semaine dernière.
Photo ci-contre: ”Si Marx était en vie, il dirait "je vous l’avais bien dit".
Leurs remèdes ne fonctionnent pas
C’est ce que l’on peut notamment lire en première page de l’édition de septembre de notre mensuel ”Lutte Socialiste”. La Commission grecque de contrôle du budget vient de confirmer cela cette semaine, en alertant que les nouvelles de l’économie grecque sont loin d’être rassurantes. "La dynamique de la dette grecque est désormais hors de contrôle" affirme-t-elle. Elle se base sur l’augmentation de la dette (le dernier chiffre est de 350 milliards d’euros) et sur les dernières données de récession pour le pays: – 4,5 % cette année, malgré les plans d’urgence de l’UE et les diverses attaques très brutales contre les travailleurs et leurs familles. Non, vraiment, les remèdes capitalistes pour sauver ce système malade ne fonctionnent pas.
Test-Achats : la facture énergétique est trop élevée
L’organisation de défense des consommateurs Test-Achats vient de confirmer ce que chacun sait déjà très bien: nous payons de trop pour notre énergie. L’Electricité et le gaz sont bien plus chers en Belgique que dans les pays voisins. Pour une facture annuelle de 900 euros avec Electrabel, on n’aurait payé que 500 euros en France. Test-Achats met particulièrement en avant le rôle des distributeurs d’énergie, qui représentent 30 à 40% de la facture finale pour l’énergie. L’organisation dit ”ne pas comprendre" pourquoi les prix ont tellement augmenté depuis la libéralisation du secteur, deux fois plus que l’index. Avez-vous pensé à la soif de profit du privé ? Test-Achats propose, entre autres à réduire la TVA sur l’énergie et d’instaurer un contrôle des prix. Avez-vous pensé à la nationalisation du secteur de l’énergie ?
”47% des Wallons avouent se serrer un peu la ceinture.’’
C’est constat auquel a abouti le Crioc (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) qui a lancé fin août un nouvel indicateur pour aborder les difficultés des Belges qui ne tombent pas sous le seuil officiel de pauvreté. Ce chiffre n’est bien entendu pas une véritable nouvelle pour nombre d’entre nous, mais c’est une illustration concrète de ce à quoi nous devons nous attendre si nous ne résistons pas. A Bruxelles, il s’agit de 30%.
Envoyez les chômeurs au café!
‘‘Que le gouvernement intervienne avec des chèques-repas, qu’il subsidie les gens pauvres pour les aider à payer leur consommation d’énergie, c’est une aberration totale. Il vaut mieux leur donner de l’argent pour qu’ils aillent au café et prendre un verre ensemble. Ça coûtera moins en chauffage aussi.’’ Roland Duchatelet – nouveau propriétaire du Standard de Liège, ancien sénateur du VLD, ancien fondateur du parti Vivant (droite de droite) – a ses propres solutions pour la pauvreté. Une belle arrogance de la part de la 18e fortune de Belgique. Il ‘‘pèse’’ 502 millions d’euros…
Les services de la jeunesse en action dans le district de David Cameron
Dans le comté d’Oxfordshire, qui est aussi la circonscription du Premier ministre conservateur David Cameron, une action a été menée fin août contre les plans d’austérité des conservateurs, qui ont notamment pour conséquence la disparition de deux tiers des fonds pour la jeunesse. 26 centres de jeunesse sont menacés de fermeture. Peu de temps après les émeutes, David Cameron avait donné une conférence de presse dans un centre de jeunesse à proximité de l’endroit où l’action s’est déroulée… car même ce centre n’a pas son avenir assuré! 80 emplois sont en jeu. l’action a été menée par une soixantaine de personnes rassemblée au piquet de grève, une grève soutenue par 93% du personnel.
Le chômage, néfaste pour les enfants aussi
On a aussi pu lire cette semaine sur Express.be que ”La crise économique peut, chez des enfants de chômeurs de longue durée, conduire au stress, à des difficultés comportementales et économiques (…) Les problèmes économiques liés au chômage ont un impact négatif sur l’environnement familial, et les enfants en sont les victimes ". C’est ce qui ressort de l’étude de Heather Hill, professeur à l’Université de Chicago et spécialiste des services sociaux. Elle a, entre autres choses, noté que le chômage des parents augmente de 40% les problèmes de comportement à l’école.
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SNCB : La direction veut couper dans les services
Le conseil d’administration de la SCNB veut décider le 5 juillet d’un plan d’assainissement proposé par la direction. La direction veut économiser 100 millions d’euros, avec notamment la suppression de 941 trains (pour 64,6 millions d’euros) et la fermeture de 40 arrêts (pour 2,5 millions d’euros). Il s’agit de trains avec peu de voyageurs, mais 25.000 personnes sont concernées.
Article par un correspondant
La SCNB veut atteindre l’équilibre en 2015. 2012 connaîtra encore un déficit de 46,7 millions d’euros. Ces objectifs ne sont pas neufs. Le directeur Marc Descheemaecker affirme que la société de transport compte pour 90% des recettes du Groupe SNCB (vente des billets, subsides publics), 80% des frais provenant d’Infrabel (lignes, énergie, maintenance) et du Holding (personnel, maintenance, informatique).
Nous avons récemment appris qu’Electrabel profite du fait qu’elle est la seule à livrer l’électricité pour les chemins de fer, et fait payer au prix fort. Descheemacker veut des salaires qui ‘‘reflètent les valeurs de marché’’ de la SA Logistics (transport de marchandise) pour tout le personnel. Des salaires déterminés par le marché ne sont pas décidés par des barèmes, mais par la concurrence entre travailleurs… Bref, une attaque contre les salaires et les conditions de travail.
La réponse de la direction de la CGSP se limite à la promesse de faire tous les efforts possibles pour que la décision ne soit prise qu’après l’été, sans plan d’action. Une telle position conduit à de nouvelles attaques. La direction a déjà dit qu’elle ne va pas attendre un accord pour introduire les nouvelles conditions de travail dans la filiale de droit privé !
Les assainissements sont rarement remis en question par les syndicats, qui n’avancent aucune revendication sur les dotations gouvernementales largement insuffisantes. La direction de la SNCB sait d’ailleurs comment gaspiller ses ressources : 210 millions d’euros ont été dépensés pour des consultants externes.
Les assainissements portent sur le transport collectif alors que de plus en plus de moyens vont vers le transport individuel. Les règles fiscales en faveur des voitures d’entreprises coûtent 4,1 milliards d’euros par an à la collectivité (1,2% du PIB !). Une réduction supplémentaire de la SA Logistics (transport de marchandises) peut envoyer chaque jour 80.000 camions en plus sur les routes, ce qui entraînerait une complète congestion routière (en plus de la pollution) mais ça, la direction s’en moque.
La direction veut que l’on ait 67% de passagers en plus en 2025, un total de 350 millions sur base annuelle. Comment pensent-ils réaliser cela avec les économies prévues ? Il est clair que le plan d’assainissement ne s’attaque pas seulement aux travailleurs, mais aussi aux voyageurs. Une résistance commune du personnel et des utilisateurs est nécessaire !
Plus d’infos : libreparcoursfr.blogspot.com
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Nouvelle campagne de la FGTB wallonne: “Où est passé l´argent?”
A la veille du Premier Mai, fête des travailleurs, la FGTB wallonne a présenté sa nouvelle campagne "Où est passé l’argent?". La réponse est claire et a donné le nom du site internet de la campagne (www.danslapochedesactionnaires.be), cette succédant à la campagne ‘‘le capitalisme nuit gravement à la santé’’ lancée en 2008.
Par Nicolas Croes
Le tract de la campagne commence par le titre ‘‘C’est pas la crise pour tout le monde!’’ et explique très justement : ‘‘Contrairement aux idées reçues, nous vivons dans un pays de plus en plus riche. Chaque année, les richesses produites (par les travailleurs !) ne font qu’augmenter. Pourtant, les travailleurs ne reçoivent pas leur juste part du gâteau. Depuis 30 ans, les actionnaires captent une proportion de plus en plus importante de ces richesses. Rien que pour 2010, ce sont 20 milliards € supplémentaires qui se sont retrouvés… dans la poche des actionnaires !’’ Par la suite, il dénonce le résultat en termes de ‘‘Chômage, austérité, pouvoir d’achat en berne, attaques contre la Sécurité sociale et les services publics, fiscalité injuste, hausse des prix des matières premières et de l’énergie…’’
Au-delà de la dénonciation, la FGTB wallonne plaide pour un meilleur pouvoir d’achat par le maintien de l’indexation automatique des salaires, l’augmentation des salaires bruts et du salaire minimum et la suppression des discriminations touchant les jeunes. Il est aussi question de renforcer la sécurité sociale (‘‘sans elle, un Belge sur trois serait pauvre’’) afin de notamment augmenter les allocations sociales (pension, invalidité, chômage…) et d’instaurer leur réelle liaison au bien-être. Troisièmement, afin de lutter contre le chômage qui frappe 750.000 personnes dans notre pays, la campagne défend les 32 heures de travail par semaine avec réduction collective du temps de travail, maintien du salaire et embauche compensatoire. Enfin, la FGTB wallonne veut renforcer les services publics en stoppant le processus de privatisation et en renationalisant des secteurs clés comme l’énergie, la Poste,…
La FGTB wallonne explique également comment financer ces mesures et met en avant la limitation des revenus des actionnaires, des grands patrons et des traders (‘‘taxation des plus-values boursières, plafonnement des revenus des actionnaires, instauration d’un salaire maximum,…’’), en luttant contre la fraude fiscale, en supprimant la déduction des intérêts notionnels, en instaurant une ‘‘juste perception de l’impôt des sociétés’’ (la FGTB wallonne rappelle que n’importe quel pensionné paye plus d’impôts qu’Electrabel ou Inbev aujourd’hui…) et en contrôlant le système financier et bancaire par la création d’une banque publique régionale, par l’instauration d’une taxe sur la spéculation, par la suppression des ‘‘paradis’’ fiscaux, etc.
Que faire du secteur financier ?
Le PSL se retrouve pleinement dans différentes revendications portées par la FGTB wallonne dans cette campagne, tout comme dans la précédente, notamment concernant la question de la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, une revendication que nous avons eu l’occasion de défendre en plusieurs occasion ensemble avec les Jeunes-FGTB, comme dans les comités de ‘‘Jeunes en lutte pour l’emploi’’. Mais, tout comme à l’époque du lancement de la campagne ‘‘le capitalisme nuit gravement à la santé’’, nous regrettons que ne figure pas la revendication de la nationalisation d’un secteur aussi crucial que le secteur financier.
L’actualité récente (la catastrophe de BP dans le Golfe du Mexique l’an dernier ou encore celle de Fukushima en mars) a démontré de façon on ne peut plus limpide que laisser un secteur aussi important que celui de l’énergie dans les mains du privé est une aberration totale. Nous soutenons ainsi l’exigence portée par la FGTB de "la renationalisation de la production nucléaire" et plus encore celle de la FGTB wallonne d’aller carrément vers la nationalisation de tout le secteur de l’énergie.
Mais – lorsque nous regardons la dégradation sociale dans les quartiers pauvres de nos villes ou la pauvreté cachée à la campagne, lorsque nous constatons l’état dans lequel doivent vivre de très nombreux pensionnés, personnes handicapées, malades chroniques, jeunes et moins jeunes sans emplois,… – il nous semble que la crise économique, la pire crise du capitalisme depuis les années ’30, est elle aussi une catastrophe. Elle démontre, tout aussi clairement que celles de BP ou de Fukushima concernant le secteur de l’énergie, que le secteur financier doit être placé hors des mains du privé, dans celles de la collectivité.
La création d’une banque publique régionale ne résoudrait rien à la crise, et n’empêchera pas de nouveaux problèmes au secteur financier. Une petite île, régionale qui plus est, dans un océan où le marché dicte ses lois se ferait engloutir au bout d’un moment, comme ce fut le cas dans le passé avec la CGER. Les débuts de la nouvelle Caisse d’Investissements de Wallonnie (CIW) illustrent aussi cela. La CIW a accusé une perte de 1,26 million d’euros pour l’année 2010 et de 1,3 million en 2009. Il est vrai que l’Union Européenne a longtemps bloqué le projet, mais les souscriptions, qui avaient pour objectif d’atteindre les 300 millions d’euros, n’ont récolté que 81 millions. Entre autres problèmes, pour les entreprises, la CIW n’est pas concurrentielle avec d’autres aides, un problème qui reviendra systématiquement dès lors que l’on se base sur la logique du marché et sa soif de profits à court terme.
‘‘Le capitalisme n’est pas l’ordre naturel des choses’’
C’est ce qu’on pouvait à l’époque lire dans le tract de la campagne ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’. Mais nous avions déjà à ce moment l’impression que la FGTB n’y croyait pas vraiment. Dans la tête des dirigeants, il s’agissait plutôt d’un système capitaliste fortement régulé que d’une rupture avec le capitalisme, ce que Thierry Bodson, secrétaire général de l’interrégionale wallonne de la FGTB, disait en ces termes : "Je ne plaide pas pour l’instauration d’une économie planifiée. Mais il faut que la machine économique soit nettement plus régulée." (La Libre, 26 février 2009).
A l’époque, nous avions déjà écrit ”Nous ne sommes pas contre d’autres revendications portées par cette campagne comme la "traçabilité" des flux financiers internationaux, la mise sur pied d’autres indicateurs que le PIB pour mesurer la création de richesses ou encore le contrôle des publicités mensongères à propos des produits financiers. Mais ces mesures, en acceptant de laisser une part non négligeable du contrôle de la société dans les mains des capitalistes, cherchent à concilier des intérêts aussi diamétralement opposés que ceux des travailleurs et ceux de la bourgeoisie.” (Une campagne bienvenue de la FGTB wallonne, mais comment la faire aboutir ?)
Aujourd’hui, cette lacune, selon nous, reste présente, mais avec un ton que nous trouvons peut-être trop timide. Alors que l’on pouvait lire en 2008 ‘‘Aujourd’hui, libéralisme et capitalisme ont un genou à terre. C’est le moment ou jamais de contre-attaquer pour les empêcher de nuire à nouveau’’, on trouve maintenant dans ‘‘Où est passé l’argent’’ des attaques moins ambitieuses, contre le ‘‘dérapage actionnarial qui handicape la relance économique, freine les augmentations de salaire et la création d’emplois’’ (à lire dans la brochure de présentation de la campagne).
Instaurer un rapport de force
On peut aussi lire dans la brochure de la campagne que ‘‘Les luttes sociales ont permis une réduction progressive de la durée de travail : de 12h/jour, 7 jours sur 7 au début du XXe siècle, pour finalement arriver à 40h/semaine en 1974.’’ Il est fort utile de rappeler que nos acquis sociaux sont le fruit de luttes et de mobilisations, d’un rapport de force établit par l’organisation et l’action collectives des travailleurs. Aujourd’hui aussi, c’est en construisant ce rapport de force dans la rue et au travail que l’on pourra non seulement préserver nos acquis, mais aussi récupérer ce qui nous a été volé et même changer de société.
En 2008, le tract de la campagne de la FGTB wallonne disait ‘‘Partout en Europe et dans le monde, la crise ravive des mouvements de contestation de ce modèle qu’on pensait incontournable. Le vent tourne…’’ Il est regrettable de ne plus retrouver de références de ce type maintenant, surtout après le processus révolutionnaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et les mobilisations gigantesques que nous avons connu depuis 2008, souvent les plus importantes depuis des décennies (au Royaume-Uni, au Portugal, en Espagne, aux Etats-Unis,…).
Pour illustrer ses propos, la FGTB wallonne se réfère à la lutte récente contre l’Accord interprofessionnel : ‘‘Les travailleurs payent la crise de toutes parts ! Et aujourd’hui, on ose encore nous parler de « dérapage salarial » ? Dans le dernier projet d’accord interprofessionnel, rejeté par la FGTB, le patronat n’a pas voulu lâcher plus de 0,3% d’augmentation en 2012… soit 6€ pour un salaire de 2.000€ bruts ! Quel élan de générosité !’’ Mais il y a beaucoup à dire sur la manière dont la lutte syndicale a été organisée à l’occasion de cet AIP, rejeté par la majorité des syndicalistes des syndicats socialiste, chrétien et libéral, même si seuls la FGTB et la CGSLB ont respecté cette majorité.
Le rôle de la direction de la CSC a été scandaleux, il est vrai. Mais, à la FGTB aussi, certains de nos dirigeants ont été loin d’être à la hauteur de l’enjeu. Ainsi, face à la norme salariale scandaleuse de 0,3% pour 2012, les manifestations et actions régionales ont été désorganisées, sans mot d’ordre clair donné suffisamment longtemps à l’avance par les directions syndicales et sans véritable plan d’action, malgré la volonté de lutte très clairement présente à la base. Maintenant, le débat sur l’AIP a été renvoyé aux négociations sectorielles, où il faut dorénavant combattre pour dépasser la norme dans le plus de secteurs possibles.
Dans le cadre des protestations contre l’AIP, le SETCa et la Centrale Générale ont fait la tournée des partis traditionnels les 6 et 17 mars derniers : aucun parti n’a pris position pour les revendications syndicales, tous ont soutenu la proposition d’AIP. Pense-t-on que les revendications portées par la campagne ‘‘Où est passé l’argent ?’’ vont se réaliser en allant trouver ces partis ?
Dans le cadre de la campagne ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’, Thierry Bodson avait expliqué lors d’une émission de Matin Première que : "(…) Je pense que ce qu’il faut pour une organisation syndicale comme la FGTB, c’est réussir à peser de tout son poids sur les partis politiques qui existent aujourd’hui à gauche et, à ce niveau-là, on constate que, la crise aidant, on a parfois une oreille un peu plus attentive, en effet, de la part du Parti socialiste et même d’Ecolo, que ce qu’on a eu par le passé et notamment par rapport aux propositions qui sont faites ici…" Cette idée est largement répandue, mais nous pensons toutefois que ce qui s’est produit depuis – notamment dans le cadre de l’AIP – a largement démontré que cette ‘‘oreille attentive’’ est bouchée. Nous ne pouvons plus accorder la moindre confiance envers les partis établis pour satisfaire les revendications syndicales.
Les discours, c’est bon, passons au plan d’action !
Joignons les actes à la parole et organisons notre colère ! Tous les secteurs connaissent les dégâts de la ‘‘logique’’ de marché. Le patronat et leurs partis veulent nous faire payer la crise une troisième fois après les pertes d’emplois et le sauvetage des banques. Il est nécessaire de s’opposer à leurs plans de façon organisée, et les syndicats sont les meilleurs instruments pour ce faire.
Une large campagne d’information et de sensibilisation est un bon atout, un atout de poids, mais seule, elle n’est rien. Pour véritablement être une arme aux mains des travailleurs, elle doit être couplée à un plan d’action, à un agenda réfléchi d’actions allant crescendo.