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Tag: Elections communales
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Zelzate : pour la droite, s’éloigner de l’austérité est inacceptable

Le pont sur le canal Gand-Terneuzen à Zelzate. Photo : Wikicommons Un accord pour une majorité de gauche qui représente un pas en avant, mais aussi une occasion manquée
Après quatre semaines de négociations, un accord de majorité a été conclu entre le SP.a et le PTB dans la petite commune industrielle de Zelzate, en Flandre orientale. Il s’agit de la première fois que le PTB entre dans une majorité communale. L’organisation patronale flamande VOKA a réagi violemment et a appelé au boycott du conseil communal. De nombreux électeurs de gauche ont quant à eux salué cet accord qu’ils considèrent comme une lueur d’espoir à la suite de ces élections communales qui ont vu se constituer tellement de majorités de droite.
Par Fabian
Les présidents de la N-VA, de l’Open Vld et du CD&V ont parlé d’une même voix pour qualifier la section locale du SP.a d’irresponsable pour avoir ainsi opté en faveur d’un “conseil communal communiste”. Selon la présidente des libéraux flamands de l’Open VLD Gwendolyn Rutten, ce choix est carrément “dangereux pour la démocratie libérale”. Mais à Zelzate, ce sont des haussements d’épaules qui ont répondu aux comparaisons faites entre la commune et le Venezuela ou la Corée du Nord.
L’accord de majorité contient des mesures sympathiques qui seront bien accueillies par les Zelzaténiens : il n’y aura plus de coupures d’électricité ou d’eau dans la commune, des panneaux solaires seront installés sur les bâtiments communaux, un travailleur est engagé à mi-temps pour la culture et un autre pour le travail social, le budget pour réparer les sentiers sera augmenté de 50%, le transport par bus sera gratuit pour les personnes les moins mobiles, les indépendants et petites entreprises paieront moins de taxes, certaines grandes entreprises en paieront davantage, la taxe environnementale qui va disparaître pour les riverains et 100.000 euros seront économisés par la suppression de deux échevins afin de consacrer cet argent à la lutte contre la pauvreté. En outre, un certain nombre d’autres mesures doivent encore être examinées mais il est peu probable que les moyens nécessaires à leur réalisation soient trouvées.
“Un “changement de système” tel que celui que le PTB avait en tête pour Molenbeek ou Liège n’est pas à l’ordre du jour à Zelzate pour l’instant”, a écrit Karel Verhoeven dans les pages du quotidien De Standaard. Alors pourquoi les partis classiques réagissent-ils si furieusement ? Parce que même si les mesures de l’accord sont très modestes, elles représentent tout de même un petit pas de côté. Pour les partis de droite, toute possibilité de mesure progressiste est exclue. Leur seule politique “acceptable” est de réduire les budgets des dépenses sociales. Si des communes désirent des moyens supplémentaires, elles n’ont qu’à se tourner vers le citymarketing néolibéral. Il est insupportable à la droite qu’un grand village d’un peu plus de 12.000 habitants souhaite fonctionner “autrement”. Qui sait, les habitants d’autres communes pourraient s’en inspirer.
Un petit village qui résiste courageusement
Zelzate est un village ouvrier à l’ombre de l’aciérie Sidmar, coupé en deux par le canal Gand-Terneuzen et situé à un important nœud routier régional. Le PTB y est présent depuis les années ’70 par le biais de son cabinet médical “Médecine pour le peuple” auquel se rendent aujourd’hui pas moins de 3.000 Zelzatiens. Aux élections communales de 2006, le parti a connu une percée en remportant 21,67 % des voix. En 2012, le parti a gagné 22% et, cette année, 22,8%. La coalition de droite VLD-SD, CD&V et N-VA – la première ne comprenant pas le SP.a depuis 80 ans – a été sanctionnée par les électeurs pour sa politique antisociale.
Les problèmes sociaux rencontrés à Zelzate ne diffèrent pas de ceux que l’on connait ailleurs dans le pays. La commune compte 450 chômeurs et un taux de chômage de 19 % parmi les jeunes. Plus de 300 familles figurent sur la liste d’attente d’un logement social. Il n’y a que 23 places en garderie pour 100 enfants de l’âge de 0 à 2 ans. L’accord de majorité ne comprend rien concernant ces problèmes. Cela pourrait donner l’impression que rien n’existe pour y remédier à l’échelon communal.
Dans les endroits où le PTB n’avait pas l’ambition de participer à la majorité, le programme électoral s’est construit autour de revendications telles que la gratuité des transports en commun et la construction d’un nombre considérable de logements sociaux. A Zelzate, ce n’était pas le cas. Cependant, la gratuité des transports en commun peut également constituer un levier dans une petite commune pour négocier avec De Lijn afin d’augmenter l’offre dans la commune. Dans le projet d’accord négocié en 2000 entre le VLD, le CD&V et le PTB – et qui a finalement été balayé suite à une intervention de Guy Verhofstadt – se trouvait d’ailleurs l’introduction des transports publics gratuits sur le territoire de Zelzate. Pourquoi donc ne trouvait-on pas de revendications offensives dans le programme électoral du PTB à Zelzate ?
Outre l’ambition de réaliser une percée dans les grandes villes, le PTB avait apparemment aussi l’intention de devenir un partenaire politique responsable dans quelques communes. Cela permet d’ailleurs de comprendre la communication du PTB relative à l’accord de majorité, qui n’a cessé de souligner l’absence de mesures radicales dans ce dernier.
N’y avait-il pas moyen d’aller plus loin ?
Il n’est pas facile pour un parti de gauche cohérent de se mêler à la gestion politique. Les autorités supérieures ont mis les villes et les communes au pain sec et à l’eau tandis que les réglementations européennes rendent quasiment impossible de lancer un programme d’investissements publics.
Une bonne manière de juger de la pertinence d’un accord de majorité est de vérifier à quel point les mesures énumérées peuvent répondre aux besoins de la commune. Que dire aux centaines de familles sur liste d’attente pour un logement social ou une place dans une garderie ? Que dire aux jeunes qui ne trouvent pas de travail ? Désolé, mais on ne peut rien faire ? Accepterions-nous que le gouvernement flamand utilise cet argument parce que les principaux instruments pour augmenter la contribution fiscale des grands capitalistes sont des compétences fédérales ? Ou si le gouvernement fédéral soutient pour sa part qu’un tel changement ne survenir qu’à partir du niveau européen ?
Lorsque la gauche conséquente dispose de la relation de force nécessaire pour s’engager dans une coalition progressiste, cela doit bien entendu être sérieusement envisagé. Laisser la droite au pouvoir signifie plus d’austérité et plus de casse sociale contre les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles. Ce débat revêt ici une importance toute particulière dans a mesure où le PTB estime que Zelzate est un modèle pour de futures coalitions. “Zelzate est une expérience pilote. Une première expérience de la façon dont nous gouvernons une commune, en nous appuyant sur le peuple. La démocratie d’en bas est cruciale pour nous. Nous voulons montrer qu’il existe une politique progressiste alternative à la politique de démolition sociale de la droite.”
Le point de départ du PTB à Zelzate est le cadre formel dans lequel on place la politique, avec le respect des contraintes budgétaires. L’un des objectifs du VOKA et de la pression des partis traditionnels est d’assurer que le PTB respecte cette approche. Mais cela ne leur est pas encore suffisant : ils feront tout pour faire échouer chaque changement progressiste à Zelzate.
Le confrontation viendra de toute manière
L’approche que nous défendons consiste à partir des besoins et d’élaborer un programme à partir de cela. Dans une commune comme Zelzate, cela comprendrait notamment la construction de plusieurs centaines de logements sociaux ou l’introduction de transports publics gratuits. L’introduction d’une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire, pour le personnel communal serait soutenue par tous les syndicalistes combattifs du pays. La commune pourrait encore lutter activement pour l’émancipation des femmes grâce à la mise à disposition de suffisamment de structures d’accueil pour les enfants et à l’instauration de cantines scolaires gratuites.
Le principal argument contre une telle approche est son coût. Si cela ne dépendait que des patrons et de leurs politiciens, rien ne serait jamais abordable pour nous ! Les moyens que cette politique exige, il faut aller les chercher là où ils sont. Jouer sur la fiscalité locale peut être une manière de faire, mais la mobilisation de la population locale est crucaile pour forcer les autorités supérieures à accorder davantage de ressources. La majorité progressiste de Zelzate et la population recevraient le soutien actif des travailleurs de tout le pays pour un tel combat. Ce serait un modèle de combativité enthousiasmant qui arracherait la réalisation de revendications offensives, un modèle préférable à celui des modestes petits pas.
La section locale du SP.a serait-elle d’accord ? A tout le moins, le SP.a devrait être placé devant le choix : participer ou préférer rejoindre les libéraux.
Les conseils de de quartier mentionnés dans l’accord de majorité seraient des endroits idéaux pour permettre l’implication de la population dans la lutte. Dans le passé, les conseils locaux de la population sont trop souvent devenus des instruments où la population ne pouvait décider que de la répartition des déficits. Si 100.000 euros sont disponibles alors qu’un million d’euros est nécessaire, la population ne peut que décider de ce qui obtient une miette et de ce qui n’obtient rien. La méthode permet juste de couvrir la politique d’austérité d’un vernis démocratique. Ce n’est évidemment pas ainsi que la gauche doit envisager les choses. Mais cela nous ramène à la question des ressources nécessaires.
Le PTB fait face à un défi majeur à Zelzate. La commune est considéré à juste titre scrutée sous tous les angles. De puissantes forces ne veulent rien d’autre qu’un échec. Elles n’hésiteront pas à passer à l’offensive, de manière brutale s’il le faut. Pour y faire face, être doux, modeste et constructif ne suffira pas. Tout abandon des politiques d’austérité est inacceptable pour les capitalistes et leurs marionnettes politiques.
Nous devons nous préparer à ce combat. Pourquoi ne pas commencer par une manifestation le jour du premier conseil communal ? Pour organiser le soutien actif à Zelzate et la solidarité dans le reste du pays, un programme socialiste offensif sera nécessaire. Cela correspond aux besoins concrets en matière de pauvreté, de chômage, de logement abordable, d’emploi décent et d’autres questions sociales.
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Une vague verte pour de l’air pur et une meilleure mobilité

Photo: Jean-Marie Le 14 octobre, une vague verte a déferlé sur le pays. En Flandre, Groen a dépassé le SP.a à Anvers, Gand et Malines. En région bruxelloise et en Wallonie, Ecolo a obtenu des scores remarquablement élevés. Les suffrages verts expriment le souci grandissant pour la qualité de l’air et les problèmes de santé liés à la pollution, pour le manque de mobilité propre ou en réaction au changement climatique.
En Flandre et à Bruxelles, des parents et des élèves ont mené diverses actions contre la pollution aux abords des écoles. Le succès de ce mouvement spontané montre à quel point la question est sensible. Le week-end précédant les élections, des centaines de cyclistes se sont rendus d’Anvers à Bruxelles pour exiger que des mesures soient prises pour la qualité de l’air, la sécurité routière, une meilleure mobilité avec moins de voitures et des communes plus vivables. Les études menées par De Standaard en Flandre et une autre de Greenpeace en Wallonie confirment la gravité de la situation : dans de nombreuses villes, la pollution atmosphérique a des conséquences dramatiques pour notre santé.
Dans de nombreuses villes, le nombre de cyclistes a augmenté de manière spectaculaire ces dernières années : à Anvers, par exemple, il a doublé entre 2013 et 2017. C’est logique : ce n’est pas agréable de rester bloquer en voiture dans une file et les prix du stationnement sont prohibitifs. Le vélo est souvent plus rapide, plus facile et plus sain. Le problème, c’est que l’infrastructure est en retard sur cette tendance, ce qui rend la sécurité routière problématique. La diminution des ressources consacrées aux investissements publics a inévitablement des conséquences. Souvent, en Flandre, les centres-villes sont joliment construits mais, à l’extérieur, de nombreux endroits sont dangereux à vélo et rien n’y est fait faute de moyens. En Wallonie, c’est encore plus épouvantable, ce n’est pas pour rien que seuls 4% de la population se déplace en vélo !
Là où Groen / Ecolo travaille à un plan de mobilité local, comme à Gand, Malines ou Namur, des efforts sont faits pour empêcher les voitures d’entrer dans le centre. Mais il n’y a pas de rupture avec la logique néolibérale du city-marketing où les promoteurs immobiliers peuvent construire de grands parkings privés. Ceux qui en ont les moyens peuvent encore se garer au centre-ville et dans les parkings de plus en plus souvent payants à l’extérieur de celui-ci ou encore se payer une voiture suffisamment récente pour se rendre dans des villes comme Bruxelles et Anvers. Rien n’est fait concernant ce qui est crucial pour un plan de mobilité sociale : des transports publics plus nombreux, de meilleure qualité et gratuits. Cela ne doit pas se limiter aux autobus et aux trams, pourquoi pas un service public de vélos et même des voitures en libre-service bon marché ?
De véritables plans de mobilité urbains nécessitent des investissements publics massifs. On nous rétorque que l’argent manque, mais le coût social du trafic actuel n’est jamais pris en compte. Les mesures de lutte contre la crise climatique – telles que l’élimination progressive des combustibles fossiles – nécessitent également des investissements considérables. Cela va à l’encontre de la logique du capitalisme. Pour réellement impacter la qualité de l’air et bénéficier d’une meilleure mobilité, une lutte active contre ce système est nécessaire.
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Les élections communales ont affaibli le gouvernement Michel

Photo : Wikimedia (commons) Vous l’avez aussi remarqué ? Le dimanche après-midi du 14 octobre, en Flandre, presque tous les partis, à l’exception du SP.a, avaient remporté les élections, la victoire des Verts était réelle mais modérée et la Flandre avait surtout voté à droite. En Belgique francophone, en revanche, les partis traditionnels, en particulier le PS, avaient perdu face à une vague verte à Bruxelles et une vague verte et rouge vif en Wallonie. La conclusion était évidente : nous vivons dans un pays à deux démocraties, l’une toujours plus à droite en Flandre, l’autre toujours plus à gauche à Bruxelles et en Wallonie. Le soir même et les jours suivants, les médias ont dû ajuster leur analyse. En Flandre, nous sommes passés d’un perdant et de nombreux gagnants à de nombreux perdants et deux gagnants. En Wallonie, la coalition de droite MR-CDH s’avère finalement être le plus grand perdant ; et à Bruxelles c’est le MR.
Pourquoi cette cet ajustement tardif ? Les journalistes et les commentateurs politiques se sont-ils d’abord trop fiés aux annonces officielles des partis ? Ou est-ce parce que l’accent mis sur les résultats est le plus fort immédiatement après les élections, puis s’estompe rapidement, de sorte que la première analyse d’une victoire des partis au pouvoir reste dans les esprits et que la correction ne touche ensuite qu’une minorité consciente ? Les trois partis gouvernementaux flamands atteignent toujours 58,1% ensemble, mais c’est 6,4% de moins qu’en 2012 et 8,5% de moins qu’en 2014 ! Les partis de ‘‘gauche’’ (le SP.a, Groen et le PTB), représentent ensemble 26,6% et sont encore loin du compte. Mais malgré la perte de voix substantielle du SP.a, l’écart entre ces partis et les partis au pouvoir diminue de 11% par rapport à 2012. Pour le gouvernement flamand, cela signifierait que la N-VA et le CD&V ne suffiraient plus à constituer une majorité régionale et que l’Open VLD passerait de partenaire facultatif à celle de partenaire indispensable pour une majorité.
De pareils résultats sanctionneraient durement en mai 2019 le putsch du CDH et du MR en Wallonie. De plus, la coalition suédoise perdrait complètement sa large majorité (85 sièges sur 150) au niveau fédéral pour ne plus atteindre que 73 sièges. Elle pourrait alors embarquer le CDH, mais ce serait une coalition de cinq perdants ! Cela pourrait expliquer pourquoi Bart De Wever (N-VA) à Anvers, Tommelein (VLD) à Ostende, De Clercq (VLD) et Van Hecke (CD&V) à Gand lorgnent vers Groen. Les Verts se prétendent ‘‘ni de gauche, ni de droite’’, ils prennent des voix des deux côtés et pourraient servir de monnaie d’échange si les partenaires de la coalition suédoise souhaitent continuer. Cependant, à chacune de leur participation précédente au pouvoir, Groen a été sévèrement puni par la suite. Il nous semble peu probable que ce parti rejoigne un gouvernement de droite au niveau fédéral, et certainement pas sans Ecolo à ses côtés. Pour Ecolo et pour le PS, il faudrait déjà une grave crise institutionnelle appelant à leur ‘‘sens de l’Etat’’ avant de rejoindre un gouvernement comprenant la N-VA. Mais si le résultat du 14 octobre devient également celui du 26 mai, cela ne peut être complètement exclu. Le caractère thatchérien du gouvernement serait de ce point de vue adouci.
Le PS a davantage perdu en pourcentages que le MR ou le CDH, mais il s’en tire mieux. Il reste de loin le plus grand parti à Liège, Charleroi, Tournai, La Louvière et Mons et tient très bien le coup à Bruxelles où il récupère également Molenbeek et Koekelberg. La FGTB wallonne fait à juste titre pression sur lui pour ‘‘assumer ses responsabilités historiques’’ et constituer des coalitions progressistes PS-Ecolo-PTB. Si ces coalitions devaient rompre fondamentalement avec la politique d’austérité, cela affaiblirait l’argument le plus fort de la coalition suédoise – l’opposition de gauche n’a pas d’alternative – en Wallonie et à Bruxelles, et même en Flandre après un certain temps. Mais la FGTB a aussi une tâche historique devant elle. Mettre pression en faveur de la formation de coalitions progressistes est excellent, mais cela ne peut pas remplacer la nécessité d’actions bien préparées pour ébranler les coalitions de droite et, si possible, pour les faire tomber.
La droite tente de créer l’amalgame entre la gauche radicale et l’extrême-droite. Ce n’est pas la promotion de la haine, des discriminations, de l’intimidation et de la violence qui est invoquée pour étendre le cordon sanitaire au PTB, mais parce que Staline et Hitler étaient tous deux des meurtriers de masse. Mais toute l’Histoire a été jusqu’à présent marquée par des guerres, des guerres civiles, des massacres, des génocides, etc. Les machines à tuer les plus efficaces ont toujours été celles qui avaient atteint le plus haut niveau technologique, et elles se trouvent aujourd’hui en Occident, où ce sont les ‘‘partis démocratiques’’ qui gouvernent. Si le nombre de crimes commis par leurs prédécesseurs ou des alliés à qui ces armes ont été fournies devient la norme, alors presque tous les partis doivent être interdits. C’est totalement hypocrite, la droite le sait pertinemment, mais elle veut à tout prix éviter un gouvernement de gauche des travailleurs. Pour l’instant, cela peut être évité sans faire appel au Vlaams Belang. Mais quand ça deviendra vraiment crucial, les portes du pouvoir s’ouvriront pour lui aussi. De Wever a envisagé tester ce que signifierait une percée prudente du cordon sanitaire par une coalition avec la liste du Vlaams Belang ‘‘Forza Ninove’’, mais les blagues racistes de sa tête de liste et le salut hitlérien de ses partisans ont torpillé le projet. Avec 13% en Flandre, le Vlaams Belang est encore loin de son meilleur score de 21% en 2006. Cependant, pour l’ensemble du mouvement ouvrier et pour tous les jeunes, ce devrait être un signal de mobilisation et un avertissement que le danger de l’extrême droite ne disparaîtra que si la casse sociale, qui est le terreau sur lequel il prospère n’est pas balayé par une alternative de gauche.
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Saint-Gilles : Gauches Communes, moteur d’une campagne marquée à gauche

Comme en 2012 et 2014, nous avons participé aux élections à Saint-Gilles avec Gauches Communes, liste de gauche unitaire soutenue par le PSL, le Parti Humaniste et la Campagne ROSA. Ainsi, nous avons pu préserver le travail accompli à Saint-Gilles depuis des années et la riche expérience que nous en avons tirée.
Par Nicolas Menoux
Majorité PS-MR sanctionnée
A Saint-Gilles, les résultats expriment une petite révolution : le PS de Charles Picqué perd sa majorité absolue, le MR perd énormément de voix et passe de 6 à 3 sièges et le cdH sort, lui, du conseil. Ecolo-Groen consolide sa deuxième place et négocie avec le PS pour une majorité, la coalition historique entre les amis PS et MR s’apprête à disparaître. Mais c’est le PTB et son entrée au conseil à Saint-Gilles (4 sièges) qui constitue la véritable bonne nouvelle.
Gauches Communes : un facteur politisant à Saint-Gilles
Depuis des années, nous intervenons dans la commune plusieurs fois par an avec un tract thématique toutes-boites et, comme en 2012 et 2014, nous accélérons le rythme pendant la période électorale ; nous ne partions donc pas de nulle part. Et force est de constater que les problèmes n’ont pas changé : les pénuries sociales sont restées nombreuses dans nos quartiers.
Le programme de Gauches Communes chiffre ces pénuries et trace une voie pour les résoudre. Aucune autre liste sur Saint-Gilles n’a pris autant de temps et mis autant d’énergie militante pour expliquer et discuter son programme : 11 tracts thématiques prenant l’espace d’argumenter en profondeur ont été déposés dans chaque boite aux lettres de la commune et nous avons quotidiennement organisé des stands en rue pour discuter de la nécessité de construire 4 nouvelles écoles, 3000 logements sociaux et 30 crèches.
C’est Gauches Communes qui a pris le temps d’analyser le bilan de la majorité sortante en détail et qui a expliqué qu’une politique réellement progressiste devrait inévitablement briser les carcans budgétaires volontairement étouffants et lutter avec la population pour un plan radical d’investissements publics.
Tout ceci a joué un rôle moteur pour orienter les discussions et obliger les autres listes à intervenir sur ces thèmes. Pour les partis traditionnels, il était crucial d’expliquer que nous avions un programme irréaliste, tout en se devant quand même d’expliquer comment ils comptaient faire pour répondra aux carences. Notre campagne a permis que les idées de gauche conséquentes deviennent prédominantes et d’ainsi placer les partis de la gauche radicale dans une meilleure posture.
Le PTB a pu bénéficier de sa position nationale dominante à la gauche des partis traditionnels pour atteindre ce score à Saint-Gilles, mais Gauches Communes a accentué cette confiance pour voter à gauche. Le soir des élections, l’ancienne tête de liste Ecolo à Saint Gilles, Alain Maron, déclarait à propos du PTB à Saint-Gilles : ‘‘leurs conditions sont tellement incongrues : renoncer au cadre budgétaire et creuser les déficits et donc contrevenir à certaines règles qui viennent des traités européens mais pas seulement. (…) Certes il faut augmenter les logements sociaux, ce doit être une priorité, mais les chiffres qu’ils avancent sont bien souvent irréalistes. Aller faire 3000 logements sociaux, je dois dire, on ne peut pas le faire en claquant dans les doigts.’’
A Saint-Gilles, le PTB proposait de rénover 100 logements sociaux et d’obliger les nouveaux projets immobiliers d’atteindre 30% de logements sociaux. Les milliers de logements sociaux et la sortie des carcans budgétaires, cela figure dans le programme de Gauches Communes ! Belle illustration de l’impact que nous avons pu avoir dans le débat politique.
Nous avons récolté 2,28%, un score honorable, meilleur qu’en 2014 (1,12%) bien que nous aurions préféré disposer de notre premier élu. Nous reculons par rapport à 2012 ; à ce moment-là, le PTB n’avait pas encore réalisé sa percée remarquable de 2014. Nous sommes conscients que l’espace à côté du PTB était très mince et nous aurions préféré nous présenter ensemble. Alain Maron démontre une chose : les partis traditionnels ne rentreront pas en conflit avec les limites budgétaires injustes, quelle que soit l’urgence sociale. Nos besoins peuvent attendre longtemps, il nous faudra résister et nous pourrons compter sur Gauches Communes à Saint-Gilles à côté des 4 nouveaux élus du PTB.
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Esméralda témoigne :
‘‘Je travaille dans une association d’alphabétisation qui dispense des formations d’adultes issues des 19 communes de Bruxelles.
‘‘Lors d’une animation menée en début d’année, les participants ont été invités à exprimer un souhait pour leur commune : après les élections, je souhaite que ma commune…
‘‘Une liste des souhaits a été dressée : un bourgmestre accessible en dehors des périodes électorales, des rues propres, des logements décents à un prix abordable, des places dans les crèches, dans les écoles,… Les participants ont alors sélectionné parmi ces propositions celles qui leur semblaient les plus importantes.
‘‘Le palmarès retenu correspondait à l’analyse des besoins repris sur l’affiche électorale de Gauches Communes : des logements décents à un prix abordable, ‘‘car si tu n’as pas de logement, tu n’as pas de domicile et il n’est pas possible de trouver un travail’’, un travail ‘‘car sans travail, tu ne pourras ni payer ton loyer ni faire vivre ta famille’’, une place dans une crèche ‘‘pour pouvoir aller travailler’’, une école pour les enfants proche du domicile. La priorité est le logement, un logement de qualité car, expliquait une dame, ‘‘quand on vit dans un appartement exigu avec trois ou quatre enfants, comment veux-tu que nos enfants puissent étudier ? Il y en a un qui pleure, un autre qui joue et crie, un autre qui devrait faire ses devoirs,…’’
‘‘Ces priorités émises lors d’une animation, ce sont celles que Gauches Commune mettait en avant sur ses affiches électorales suite à une analyse des besoins de la population saint-gilloise.
‘‘Au début de la campagne électorale à Saint-Gilles, la problématique des logements sociaux était à peine évoquée par les partis politiques, Gauches Communes les a forcés à se pencher sur ce sujet, mais aussi sur celui des crèches, des écoles et de la gratuité des repas scolaires.
‘‘En ce lendemain d’élection, les priorités de ces personnes restent identiques et doivent être prises en compte par les élus des 19 communes : des logements sociaux, un travail décent, des crèches et des écoles.’’
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Comment des majorités progressistes peuvent-elles être synonymes de vrais changements ?

La FGTB en action à Liège lors de la rencontre entre le PS et le MR. Photo : Julien Dohet La FGTB wallonne s’était déjà prononcée en faveur d’une majorité progressiste PS-PTB-ECOLO au parlement wallon en 2019. Le même appel est également lancé aujourd’hui au niveau communal. Nous en avons discuté avec Boris, responsable de Gauches Communes à Saint-Gilles (Bruxelles).
‘‘La FGTB wallonne a en effet lancé un appel à des alliances de gauche partout où c’est possible. Elle a condamné les ‘‘alliances contre nature’’ PS-MR conclues au lendemain des élections, comme à Verviers. Le syndicat a d’ailleurs mené une action à Liège pour soutenir sa revendication. La FGTB explique qu’il y a un déplacement politique vers la gauche en Wallonie, qui était prévisible, et que la composition d’alliances PS-PTB-ECOLO est la seule manière d’opérer un virage à 180 degrés contre les politiques d’austérité du gouvernement Michel.
‘‘Le PTB a eu raison de vouloir prendre du temps pour en débattre au sein de ses structures et consulter ses membres. Au soir des élections, on a vu les partis traditionnels former immédiatement des ‘‘accords au coin d’une table’’, en se répartissant les postes. La gauche doit toutefois prendre garde à ne pas se laisser piéger dans des négociations secrètes. La constitution de coalitions progressistes doit être ancrée dans un large débat public au sein du mouvement des travailleurs sur la manière de mettre sur pieds une politique de rupture anti-austérité.’’
Que penses-tu des rencontres PS, PTB, ECOLO dans plusieurs communes ?
‘‘La situation n’est pas la même dans les différentes villes où des rencontres ont lieu entre PS et PTB. Tant à Charleroi qu’à Herstal, le PS a une majorité absolue. A Liège, une coalition avec le PTB n’est pas la seule option possible. Mais à Molenbeek, envoyer le MR dans l’opposition passe obligatoirement par un accord PS / PTB. Catherine Moureaux déclare vouloir y parvenir, que les points de convergence sont nombreux et qu’il faut une majorité de progrès pour une ‘‘rencontre de l’urgence sociale’’.
‘‘Pour arriver à une majorité, le point de départ doit être le programme. Que signifie un programme d’urgence sociale pour Molenbeek ? A Bruxelles, le personnel des services locaux et régionaux a mené de premières importantes mobilisations pour de meilleures conditions de travail. Cette majorité de gauche feraient-elles siennes les revendications des syndicats ? Cela signifierait de mener une campagne de statutarisation du personnel, de s’en prendre aux bas salaires et d’instaurer une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Prenons le PS au mot : il s’est déclaré en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure et de la semaine des quatre jours. Le PS se contentera-t-il de d’en faire des promesses aux élections de mai prochain pour les remettre ensuite au placard ou va-t-il les concrétiser au niveau local ?’’
‘‘Et puis il y a surtout le gigantesque désinvestissement public source de nombreuses pénuries sociales, y compris au niveau local. Un virage à 180 degrés implique de stopper le transfert des moyens publics vers les profits des grandes entreprises et les riches pour rattraper le retard en investissements publics dans les besoins sociaux, c’est-à-dire en augmentant significativement le nombre d’écoles, de crèches communales et de logements sociaux publics pour répondre aux nécessités. C’est à partir d’un tel programme de lutte que la gauche peut avancer.
‘‘Le PS mène une certaine campagne pour affirmer que le PTB est un parti voué à l’opposition, avec lequel on ne peut pas nouer d’accords. A Charleroi, Paul Magnette l’a invité à discuter, mais il explique parallèlement que le programme local du PTB signifierait une augmentation de 30% du budget annuel, ce qui, selon lui, serait infinançable et irréaliste. Il préparait ainsi le rejet de la responsabilité d’un non-accord sur le PTB.’’
Que répondre à ceux qui disent qu’un programme de gauche est impayable ?
‘‘A Saint-Gilles, avec Gauches Communes (initiative ayant impliqué le PSL, le Parti Humaniste et la campagne ROSA), nous avons défendu un programme qui veut s’en prendre aux besoins sociaux – un plan radical d’investissements publics pour 4 écoles, 30 crèches, 3000 logements sociaux et 850 emplois décents – sans toutefois nous limiter à ça. Nous avons aussi expliqué qu’il est absolument nécessaire que des majorités de gauche brisent les carcans budgétaires existants. Impossible sans cela d’appliquer un programme qui représente un vrai changement et ne se limite pas à des mesures symboliques dans la marge.
‘‘Un conseil communal de gauche qui opère un virage à 180 degrés contre l’austérité sera nécessairement une majorité de désobéissance. Elle sera rapidement soumise par la région à une trajectoire budgétaire faite de coupes budgétaires contre les services publics et le personnel. Si elle s’y oppose, la région pourrait carrément suspendre le conseil et prendre le contrôle de toute la commune : un coup de force contre le mandat des électeurs. La région et le fédéral se comportent de la même manière envers les communes que la commission européenne envers les Etats nationaux ou comme les créanciers se sont comportés envers la Grèce.
‘‘Cette campagne de Gauches Communes peut sembler plus difficile à mener, mais elle préparait le débat aux attaques venant de la droite, pour qui une politique de rupture anti-austérité serait ‘‘impayable’’. Le PTB est confronté aujourd’hui à la difficulté de ne pas avoir mené cette campagne, de ne pas avoir préparé ses militants et ses électeurs à faire face à cette offensive. Il aurait fallu clarifier la nécessité de construire un réseau de villes rebelles qui stimule la mobilisation active de la population et du mouvement des travailleurs pour rompre avec la camisole de force budgétaire. Avec Gauches Communes, nous avons défendu ce modèle de gauche qui, aujourd’hui, a toute son importance dans le débat sur des majorités de gauche.
‘‘En mai prochain, nous pourrons voter pour un gouvernement ‘‘taxe des millionnaires’’. Mais pour pouvoir appliquer celle-ci, la gauche devra se doter d’un programme de mesures socialistes, incluant le non-paiement de la dette, la nationalisation des banques et le recours à l’arme des nationalisations face à l’inévitable contre-offensive patronale.’’
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Le gouvernement mis en difficulté, la résistance sociale doit passer à la vitesse supérieure !

Photo : Jean-Marie Les deux dernières semaines de la campagne électorale ont mis les questions sociales au premier plan. La journée d’action des syndicats du 2 octobre avait réuni des dizaines de milliers de manifestants et, en Flandre, le thème du logement social et des loyers (in)abordables a été plus discuté. Ces thèmes sont arrivés assez tardivement dans la campagne. Le résultat montre que les partis au pouvoir ont été un peu touchés ici et là, mais qu’il en faut plus, certainement du côté flamand, pour éviter une réédition du gouvernement Michel après mai 2019.
Les partis du gouvernement reçoivent des claques
A Bruxelles et en Wallonie, le MR de Charles Michel a bu la tasse. Le premier ministre lui-même ne s’est pas présenté mais à Wavre, sa ville natale, la Liste du bourgmestre (libérale) a enregistré 15% de pertes. Dans les villes où le PS s’est retrouvé empêtré dans les scandales (comme Liège ou Bruxelles), le MR n’a pas su progresser. Son partenaire de coalition à la Région wallonne, le CDH, ne s’en est lui non plus pas bien sorti. Son déclin se poursuit dans les villes.
Du côté flamand, la N-VA s’en est bien tirée à Anvers et dans sa périphérie. Ce phénomène n’est cependant pas neuf, les résultats dans la “ceinture jaune” anversoises étaient d’ailleurs encore plus forts lors des élections fédérales de 2014. Pour citer deux exemples : dans le district de Kapellen (Kapellen, Brasschaat, Stabroek et Schoten), la N-VA avait obtenu 46% en 2014, alors que son meilleur résultat est désormais à Brasschaat avec 44% ; dans le district de Zandhoven (Zandhoven, Schilde, Wijnegem, Wommelgem et Ranst) le score de 49,5% avait été atteint en 2014, tandis que le meilleur résultat de la N-VA est aujourd’hui de 41% à Schilde. La lisière sud anversoise a également montré des résultats similaires. Les scores électoraux restent toujours élevés, mais ils indiquent toutefois une légère baisse.
En raison du résultat obtenu à Anvers et des scores élevés dans la périphérie, cette légère perte n’est pas perçue comme telle. A Anvers, De Wever est parvenu à supplanter l’opposition et à quasiment répéter son résultat de 2012 avec 35%. En dehors d’Anvers, la N-VA a éprouvé des difficultés. Dans des villes comme Gand, Bruges, Ostende ou Courtrai, le parti a perdu des voix et reste petit. A Sint-Niklaas, Hasselt, Turnhout, Louvain ou Hasselt, la stagnation ou une légère progression ont été présentées comme des victoires. Ce n’est qu’à Genk que de réels progrès ont été engrangés avec Zuhal Demir. Les efforts effectués par la N-VA pour s’implanter dans un certain nombre de communes bruxelloises se sont révélés vains.
Pour le VLD et le CD&V, les résultats sont mitigés. Les bastions du CD&V à la campagne tiennent bon et le parti progresse même ici et là. De plus, le parti se maintient à Genk et connait une croissance à Bruges. Dans les grandes villes comme Anvers, Gand ou Malines, le CD&V a perdu sa pertinence. Kris Peeters était le grand perdant de la campagne électorale à Anvers. L’Open VLD a eu de bons résultats à Ostende, Courtrai et Gand, mais surtout à Malines, où Bart Somers obtient une majorité absolue dans un cartel avec Groen (Groen ayant toutefois 13 sièges contre 10 pour l’Open VLD). A Anvers, cependant, le secrétaire d’Etat De Backer est resté bloqué à 5% à peine et, pour la première fois de l’histoire, il existe un district où l’Open VLD n’a pas obtenu d’élu (Hoboken, où le parti a réuni 2,8% des voix).
Si les résultats provinciaux sont convertis en sièges pour le Parlement flamand et la Chambre, c’est en particulier le nombre de la N-VA qui diminuerait, mais ce serait aussi le cas pour le CD&V et l’Open VLD. Au gouvernement flamand, l’Open VLD n’était pas mathématiquement nécessaire en 2014, mais il le serait avec les résultats actuels. Du côté francophone, le MR et le CDH ne constituent pas de majorité. Le gouvernement fédéral perdrait lui aussi sa majorité.
L’opposition de gauche fédérale pourrait-elle en bénéficier ?
Dans la Région de Bruxelles-Capitale, le PS tient largement le coup tandis qu’Ecolo et le PTB ont réalisés des percées remarquables. A Bruxelles-Ville, la perte pour le PS est très limitée et Philippe Close peut continuer à être bourgmestre en dépit du scandale du Samusocial. Les pertes du MR étant supérieures, le PS peut même prétendre que sa légère baisse est une victoire. Dans la Région de Bruxelles-Capitale, le résultat à Molenbeek est remarquable : une fois de plus, le PS est le parti le plus important après six ans d’opposition et un maïorat détenu par Françoine Schepmans (MR). Catherine Moureaux (PS) s’est directement déclarée favorable à une coalition de gauche avec le PTB et Ecolo.
Ecolo et le PTB connaissent une croissance partout à Bruxelles, ce dernier dépassant les 10% dans plusieurs communes : 11,6% à Bruxelles-Ville, 13,6% à Molenbeek, 14,6% à Anderlecht, 13% à Saint-Gilles, 10% à Forest, 12,7% à Schaerbeek. Au total, le PTB compte maintenant 36 conseillers communaux bruxellois. A Forest, Ixelles et Watermael-Boitsfort, Ecolo est devenu le plus grand parti. A Forest, Ecolo fournit le bourgmestre d’une coalition avec le MR et le CDH, à Watermael-Boitsfort dans une coalition avec le MR et à Ixelles dans une coalition avec le PS-SP.a. La rapidité de la formation de ces coalitions et la rapidité de leur formation peuvent être vus comme de la politique politicienne de la part d’Ecolo, les postes semblent être plus importants que le programme.
Le PS résiste relativement bien en Wallonie malgré l’affaire Publifin. Dans les grandes villes wallonnes, le PS encaisse une perte, mais le MR ou le CDH n’ont guère pu en profiter. Le PS demeure au-dessus des sondages désastreux d’il y a un an environ. Ce sont principalement le PTB et Ecolo qui connaissent des percées dans les villes. A Liège, le PS perd 7% mais, avec 30,8%, il reste beaucoup plus important que le MR qui perd également 3% et termine à 18%, tout juste avant le PTB et ses 16,3% et Vert Ardent (une liste constituée autour d’Ecolo) avec 14,75%. A Charleroi, le PS perd 6% mais reste le parti le plus important avec 41,3% et le PS obtient même une faible majorité absolue en nombre de sièges. Le PTB est le deuxième parti de la ville avec 15,7 %. Il en va de même à Mons, où le parti de Di Rupo cède 11% et reste le plus fort avec 45%, devant le MR, Ecolo et le PTB.
La PTB a obtenu des résultats remarquables en Wallonie : 24 % à Herstal (9 sièges) et Seraing (11 sièges) par exemple. Mais il a égalemet eu de bons résultats à Grâce-Hollogne (19 %) et Flémalle (18 %) en périphérie liégeoise. Avec 16,3% à Liège (9 sièges), 15,5% à La Louvière (7 sièges) et 15,7% à Charleroi (9 sièges), un grand nombre de conseillers communaux viennent rejoindre les rangs des élus du PTB. Dans les 16 communes wallonnes où le PTB s’est présenté, le parti a obtenu 78 sièges. La force du PS n’a pas été brisée et il est possible que ces résultats ne soient pas suffisants pour rejoindre des majorité communales, même si des pressions existent en ce sens à Liège, par exemple, où une majorité progressiste du PS et des Verts doit prendre le PTB pour obtenir une majorité confortable. La perte du MR a sapé l’option de coalitions entre le PS et le MR au niveau local.
Ces résultats sont un tremplin pour que le PTB dispose d’un grand un grand nombre d’élus aux parlements régionaux et à al Chambre après mai 2019. Cette croissance est importante. On dirait que le PS n’a rien appris des scandales, ces derniers étant des conséquences logique de l’acceptation du néolibéralisme dans la politique locale. Selon ce raisonnement, les services publics doivent être des entreprises commerciales, quand bien même sont elles encore aux mains du secteur public. Et dans les entreprises commerciales, seul compte le profit. Ce n’est pas au bénéfice de la communauté, les seuls qui en profitent réellement sont les cadres supérieurs qui se servent eux-mêmes pour se remplir les poches. Rien n’indique que le PS va rompre avec cela.
En Flandre, le résultat du SP.a est mauvais. A Louvain et Vilvorde, les bourgmestres SP.a tiennent le coup, mais le résultat à Gand n’est pas bon et, à Ostende et à Bruges également, les pertes ont été considérables. Le cartel de Gand reste la formation la plus importante mais, au sein de celui-ci, Groen obtient de meilleurs résultats que le SP.a, de sorte que la discussion sur le poste de bourgmestre porte sur Groen et un Open VLD très triomphant. A Anvers, le SP.a semble satisfait des 11% de Jinnih Beels. Ce résultat signifie cependant que, pour la première fois dans l’histoire de l’après-guerre, le SP.a ne joue pas de rôle important à Anvers. Le SP.a est au plus mal dans toute la province d’Anvers : le dernier bourgmestre rouge (à Herentals) est maintenant aussi de l’ordre du passé.
Groen a connu une progression dans de nombreuses villes, mais aussi en campagne. Une vague verte a eu lieu et Groen dépasse maintenant le SP.a. Cela reflète certainement des inquiétudes sur la pollution de l’air dans les villes. Le changement climatique reste également une question très sensible, en particulier chez les jeunes. Groen en a profité et a obtenu d’excellents résultats, même si cela ne s’est pas immédiatement traduit en bourgmestres. La percée s’est toutefois révélée insuffisante pour faire descendre Bart De Wever de son trône à Anvers. Avec 18,1%, le parti est resté en deçà des attentes, malgré la bataille menée entre De Wever pour la N-VA et Van Besien pour Groen. Le maintien d’une coalition progressiste à Borgerhout est une maigre consolation si ce district reste isolé (comme cela sera probablement le cas). Au niveau local, Groen collabore avec à peu près tout le monde : en cartel avec l’Open VLD à Malines et avec le SP.a à Gand, mais aussi en coalition avec la N-VA (dans le district anversois de Deurne lors de la précédente législature, où vivent la présidente de Groen Meyrem Almaci et le président de la N-VA Bart De Wever). Groen a déjà formé des coalitions avec la N-VA et l’Open VLD à Sint-Niklaas et avec la N-VA, le SP.a et le CD&V à Turnhout tandis que l’administration de Malines, où Groen gouverne avec l’Open VLD, est présentée comme un modèle de politique. Comme dans d’autres grandes villes, l’embellissement du centre-ville s’améliore visiblement, mais Malines aussi des logements de plus en plus inabordables et le déplacement social.
Le PTB a remporté 3 siège à Gand et 2 à Hasselt, mais il gagne également ses premiers élus communaux à Louvain, Vilvorde, Malines, Saint-Nicolas, Turnhout, Geel et Brasschaat. A Lommel, Genk, Zelzate et Anvers, le parti reste au conseil communal. En Flandre, le PTB passe de 14 à 24 conseillers communaux. Dans les districts d’Anvers, s’ajoutent deux autres élus. Cette percée est bien sûr plus limitée qu’en Wallonie et à Bruxelles, elle n’en demeure pas moins réelle. Grâce au scandale du logement social inhabitable à Gand et à plusieurs interviews croisées entre Peter Mertens et Bart De Wever, le PTB a été présent dans le débat public. Davantage était attendu à Anvers, où le PTB n’a progressé que de 0,7% depuis 2012 et a obtenu 8,7%, un score inférieur à l’objectif de 11% fixé par le présidetn du parti Peter Mertens. Dans les districts de Hoboken et de Borgerhout, où le PTB avait déjà eu de bons résultats, il y a une légère perte chez l’un, une légère progression chez l’autre. Peut-être que le PTB restera au conseil de district de Borgerhout et, en outre, la seule possibilité de participation de coalition est à Zelzate, où le PTB augmente légèrement et conserve ses 6 sièges.
Peut-être que les thèmes sociaux sont arrivés trop tard dans la campagne pour permettre de meilleurs résultats au PTB. Là où les têtes de liste ont été identifiées aux campagnes actives du parti, les résultats ont été plus importants : la tête de liste gantoise Tom De Meester s’est faite connaître sur le thème de l’énergie et a pu défendre ses opinions concernant les logements sociaux. A Gand, il y a aussi eu la pression des sections locales du PSL qui, par des actions et avec un programme combatif, ont défendu sur la place publique des thèmes tels que l’amélioration des transports publics ou encore la lutte contre le sexisme et le racisme. La tête de liste à Hasselt, De Witte, est le spécialiste des pensions du parti. Le défi du PTB est maintenant de passer d’un petit parti d’opposition à un facteur qui dirige la résistance sociale. Ce qu’il faut, ce sont des initiatives audacieuses visant à développer de larges mouvements sociaux pour défendre des revendications offensives. C’est tout particulièrement le cas à Anvers, où De Wever est dans les starting-blocks pour six autres années de démolition sociale.
La menace de l’extrême droite
Le Vlaams Belang n’a pas pu faire son retour dans le bastion historique du parti à Anvers. Filip Dewinter a annoncé qu’il sera remplacé comme chef de groupe par Sam Van Rooy, qui n’a qu’une avec obsession : l’Islam. Dans certaines communes de la périphérie d’Anvers (Stabroek, Schoten), certaines petites villes (Turnhout, Sint-Niklaas) et dans la région de Denderleeuw (Alost, Denderleeuw, Ninove), le Vlaams Belang a pu obtenir de bns résultats ou au moins récupérer une partie des votes perdus aux précédentes élections.
Les 40 % obtenus par Forza Ninove, autour de Guy D’Haeseleer, sont particulièrement inquiétants. Le soir-même des élections circulaient déjà des images du journal De Morgen qui montraient les partisans de Forza Ninove tels qu’ils sont. La photo de l’homme effectuant le salut hitlérien restera longtemps gravée dans les mémoires. A Denderleeuw, le Vlaams Belang est le parti le plus important avec 26% des voix, mais le risque de rupture du cordon sanitaire est limité. Une coalition avec Forza Ninove n’est pas à l’ordre du jour, les messages haineux de D’Haeseleer sur les médias sociaux rendent cela impossible pour la N-VA. Pendant ce temps, les limites du cordon sanitaire autour de l’extrême droite sont explorées, avec par exemple le coalition de l’Open VLD et de la N-VA avec l’ancien membre du Vlaams Belang Bart Laeremans à Grimbergen, qui avait monté une liste indépendante. Laeremans a rompu avec le VB, mais au moins un de ses élus est toujours membre du personnel du VB.
Le président du Vlaams Belang Van Grieken a présenté le résultat de son parti comme une grande victoire. A la suite des reculs connus par le parti ces dernières anénes et dans le cadre de l’accent actuellement mis sur l’immigration dans le débat public, il était évident qu’une nouvelle progression était de l’ordre du possible. Le Vlaams Belang est cependant encore loin des résultats de 2006 (sauf à Ninove et Denderleeuw) et, dans les grandes villes, il n’a pas été possible de réellement remettre le parti sur les rails. Cependant, le danger de l’extrême droite, en particulier dans la région de Dender, reste élevé. Ceci est renforcé par le fait que la N-VA a adopté de nombreux points du Vlaams Belang et les a fait valoir avec enthousiasme dans cette campagne. Il n’en sera peut-être pas autrement lors des élections fédérales de l’année prochaine : les préjugés racistes sont utilisés pour masquer les politiques antisociales en matière de pensions, de salaires, d’allocations sociales et de services publics.
Acroître la résistance sociale !
Pour le mouvement des travailleurs, ces élections ont donné l’opportunité d’exprimer nos préoccupations mais il en faut plus pour rompre avec la politique actuelle. À l’approche des élections de mai 2019, nous devons en tirer les leçons et renforcer la résistance sociale dans la rue.
Comme l’a résumé De Standaard ce lundi : “La coalition suédoise survit, mais elle a été mise à rude épreuve. Sa viabilité est menacée. La gauche est en plein mouvement, mais n’est toujours pas une alternative. Les extrêmes de droite et de gauche progressent. Le paysage politique n’est pas devenu plus stable.” Ce résultat est un problème pour la coalition suédoise. Cela peut aussi expliquer pourquoi De Wever examine explicitement d’autres options, comme l’option d’une coalition dans laquelle les verts seraient inclus. Pour les verts, la chose n’est pas évidente, l’expérience du gouvernement arc-en-ciel a été suivie d’un châtiment qui leur fut presque fatal. D’un autre côté, une crise politique peut alimenter leur “responsabilité d’Etat”. D’autre part, les résultats différents obtenus du côté francophone et du côté néerlandophone peuvent encourager la N-VA à ressortir l’artillerie communautaire.
Si nous n’assurons pas nous-mêmes que les questions sociales telles que les pensions, les salaires, les allocations sociales et les services publics soient défendues de manière offensive, alors les élections porteront sur les questions que d’autres déterminent, autour de leur perspective de droite. Pour éviter cela, il faut renforcer la résistance sociale. Les syndicats ont un rôle à jouer à cet égard, mais aussi le PTB et toutes les forces qui s’opposent activement à l’austérité. Le pa, d’action allant crescendo de 2014 et la campagne d’information du Journal des pensions des syndicats en vue de la manifestation de mai 2018 en ont donné une idée de ce qui est possible en termes de lutte sociale.
Des réunions régionales de militants et des assemblées du personnel sont nécessaires pour préparer de nouvelles actions. Dans le même temps, des campagnes doivent être lancées contre les mesures antisociales au niveau local et autour de revendications telles que accessibilité du logement abordable. S’il entre en action, le mouvement des travailleurs pourra faire des pas en avant. Des demandes offensives et des objectifs clairs, tels que la fin de la politique d’austérité ou le doublement du nombre de logements sociaux, peuvent accroître la participation aux actions. À notre avis, cela devrait être lié à une perspective de changement social : le capitalisme entraîne une augmentation des inégalités et des tensions sociales. C’est ce que nous avons mis en évidence avec les listes auxquelles nous avons participé à Saint-Gilles (Gauches Communes) et à Keerbergen (LSP-Consequent Links) où nous avons obtenu respectivement 2,28% et 1,9%. C’est aussi ce que nous avons défendu ailleurs en appelant à un vote en faveur du PTB. Il faut rompre avec le capitalisme pour construire une société socialiste basée sur la satisfaction des besoins de la population plutôt que sur la soifs de profits des ultra-riches.
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Pourquoi un plan radical d’investissements publics est-il nécessaire ?

L’échec de l’austérité illustrée par l’infrastructure délabrée
Si quelque chose caractérise la période actuelle, c’est bien l’inégalité. Une poignée d’ultra-riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Comment y parviennent-ils ? Au prix d’un travail acharné, dit-on parfois. C’est vrai. Cependant, c’est notre travail qui les enrichit ! C’est non seulement le cas directement, puisqu’une partie de la valeur que nous produisons est accaparée par les patrons, mais aussi de façon indirecte, à travers la politique d’austérité. Celle-ci réduit considérablement les dépenses publiques. La pénurie de moyens frappe durement les soins de santé, l’enseignement ou encore les infrastructures (routes, bâtiments, etc.). Les conséquences sont désastreuses.
La politique d’austérité signifie que la population ordinaire est de moins en moins protégée en cas de malheur. Jusqu’à un quart des ouvriers n’ont pas d’épargne et une personne sur six ne saurait pas s’en sortir un mois sans salaire. Mais le filet de sécurité collectif disparaît lui aussi : les chômeurs et les malades sont ciblés par des mesures de ce gouvernement (et les précédents). Disposer d’un logement abordable relève de l’impossible parce que les autorités n’investissent pas et laissent tout au marché privé, qui réalise de juteux profits. L’infrastructure délabrée met à nu un système qui ne génère pas d’optimisme ou de confiance en l’avenir. La confiance dans ce système devient progressivement aussi instable que l’était le pont Morandi à Gênes. La question n’est pas de savoir s’il va s’effondrer, mais quand.
Pas de lumière au bout du tunnel
Ces derniers mois, nous avons connu une timide reprise économique. En Belgique, la croissance est présente quoiqu’inférieure à celle du reste de l’Europe. De nombreux facteurs de risque – de la guerre commerciale en cours à l’instabilité politique, en passant par les montagnes de dettes – font de plus en plus craindre une nouvelle récession. Cela aurait des conséquences d’une portée considérable dans notre pays. En 10 ans, les mesures d’économie budgétaire ont été massives. Comment pourrait-on aller encore plus loin ?
C’est pourtant la seule perspective avancée par les analystes. Le scénario optimiste dépeint une croissance de seulement 1,5% pour cette année et des chiffres similaires sont attendus pour les années à venir. En sachant que l’inflation est de 1,9%, on comprend de suite que la croissance stagne. Selon la logique néolibérale, le seul remède est de saigner encore plus le malade.
La reprise économique de ces dernières années n’a signifié aucune amélioration de nos conditions de vie. Au contraire, les travailleurs ordinaires et leurs familles ont le sentiment légitime d’avoir été laissés de côté. Des mesures comme le saut d’index ont réduit nos salaires, les réformes des retraites nous obligent à travailler plus longtemps, les attaques contre la sécurité sociale et les nombreuses augmentations d’impôts indirects (du carburant au sucre) nous pressent comme des citrons. Mais il n’est possible de presser un citron qu’une fois. Si la reprise de ces dernières années n’a pas entraîné de reprise pour la majorité de la population, que signifiera une nouvelle récession ? Sous le capitalisme, la lumière au bout du tunnel n’existe pas.
Les investissements publics diminuent
Les investissements publics ont diminué de moitié depuis les années 1970. À l’époque, 5,5% du PIB était consacré à l’investissement public en Belgique, contre seulement 2,3 % aujourd’hui, soit 9,7 milliards d’euros. (1) Dans les années ‘70, 100 km de nouvelles routes se sont ajoutés au réseau alors que, aujourd’hui, il n’est tout simplement pas possible d’entretenir le réseau existant. De Tijd écrivait le 17 août : ‘‘Depuis la fin des années ‘80, les investissements publics n’ont guère suffi à compenser la détérioration des infrastructures existantes. En plusieurs années, le taux d’investissement a même été inférieur à ce qui est nécessaire pour faire face à la vitesse à laquelle le béton s’érode.’’ (2) En dehors de l’Irlande, aucun autre pays européen n’investit aussi peu dans l’infrastructure routière. Nous pouvons encore comprendre qu’il y a moins d’investissements dans les routes en Irlande : il s’agit d’une île avec une seule grande ville. Mais la Belgique est une plaque tournante logistique en Europe, facilement accessible depuis l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Pourtant, le montant d’investissement dans nos routes est lamentable.
Même un économiste libéral comme Bart Van Craeynest tire la sonnette d’alarme : ‘‘La Belgique est au plus bas avec ses investissements depuis plus de trente ans. Moins investir a été perçu comme une économie facile, car les gens n’en ressentent pas directement l’impact. Mais les conséquences sont les mêmes : des tunnels bruxellois qui s’effondrent, des carrefours de circulation qui se bouchent ou des problèmes avec les chemins de fer. Les dommages économiques causés par le manque d’investissements sont bien réels.’’ La situation est telle que même les partisans idéologiques de cette politique qualifient ses conséquences de désastreuses.
Au cours des dix dernières années, la baisse des investissements s’est encore accélérée. Dans l’Union européenne, l’investissement public est tombé à 2,7 % du PIB en 2016, son niveau le plus bas en 20 ans. La Banque européenne d’investissement a constaté que les investissements sont de 20 % inférieurs au niveau d’avant la crise financière de 2008(3), ce qui signifie que la reprise économique ne s’est pas non plus répercutée sur l’infrastructure publique.
Bien entendu, l’investissement public ne concerne pas seulement les routes et les infrastructures. Environ un tiers des investissements sont réalisés au niveau local. Sur les 9,7 milliards d’investissements publics, 3 milliards sont réalisés par les villes et communes. Cela concerne les écoles et les crèches, les maisons de quartier, les infrastructures routières et cyclables, la politique de la jeunesse, les centres culturels, la politique de lutte contre la pauvreté… Bref, toutes les structures de base de notre vie quotidienne. En 2012, les communes ont dépensé 4 milliards d’euros en investissements mais, en 2017, ce chiffre est tombé à 3 milliards d’euros : un quart de moins ! Cela signifie qu’il faut réduire les services et les effectifs, que les services existants sont devenus plus coûteux et que toutes sortes d’impôts et de taxes touchent la population ordinaire.
Massacre social parmi le personnel communal : 17.000 statutaires en moins !
Les économies réalisées par les collectivités locales – tant en termes d’investissements que de ressources de fonctionnement – ont un impact majeur sur l’emploi : entre 2011 et 2017, le nombre de fonctionnaires locaux dans les 589 communes belges est passé de 156.582 à 139.687, soit une baisse de 17.000 ou 11%. (4) Certaines de ces fonctions ont été externalisées ou reprises par des contractuels, mais la diminution est spectaculaire et affecte évidemment aussi le personnel restant. Plusieurs employés communaux nous ont confirmé qu’il y avait une augmentation du nombre de burnouts, des cas de stress et des tensions sur les lieux de travail. La charge de travail, le sentiment d’insécurité au travail et le problème des pensions futures des travailleurs statutaires s’accentuent.
En Flandre, la composition du collège échevinal ne semble pas faire de différence dans la diminution du nombre d’employés statutaires. A Anvers (dirigée par la N-VA), la diminution de -11% est même plus faible qu’à Gand (dirigée par le SP.a), où elle a été de -18%. Cependant, il existe une différence communautaire : la plus forte baisse se situe en Flandre avec -15%, contre -2% en Wallonie. A Bruxelles, le personnel statutaire a augmenté de +8%. Cela s’explique en partie par le fait qu’il y a plus d’agents statutaires en Flandre : ce pourcentage est encore de 36%, alors qu’il n’est que de 24% dans les communes wallonnes.
La forte baisse des investissements publics dans le cadre de la politique d’austérité des années ‘80 a également entraîné des pertes indirectes d’emplois (un emploi sur quatre dans le secteur de la construction).
Pourquoi n’y a-t-il pas d’investissements ?
L’infrastructure et les services participent au tissu social d’une collectivité. Là où il y a des pénuries, les tensions augmentent. De plus, les déficits actuels sont dangereux. L’effondrement du pont Morandi à Gênes a tué 43 personnes. Et s’il y a une catastrophe demain dans un des tunnels de Bruxelles ? Ou si un pont s’effondre ? Il y a 31 ponts sur une liste flamande de vigilance accrue, environ 50 des 4.500 ponts wallons sont sur la liste des problèmes et à Bruxelles deux des 92 ponts sont sur cette liste des problèmes à surveiller.
En 2016, le professeur de finances publiques Wim Moesen a déclaré : ‘‘Un pays civilisé consacre trois pour cent de son produit intérieur brut à l’investissement public.’’ (5) La Belgique se situe en dessous de ce niveau depuis une trentaine d’années. Ces dernières années, tous les investissements publics (du fédéral au communal) ont représenté de 2 à 2,5 % du PIB, la plupart de ces ‘‘investissements’’ étant en fait des amortissements et non de nouveaux investissements. L’investissement public net ne représente qu’une fraction de 1% du PIB. Il y eut même, certaines années, un désinvestissement net.
Les investissements sont maintenus aussi bon marché que possible. L’ingénieur en génie industriel Wim Van den Bergh (Université d’Anvers) a déclaré dans DS Weekblad : ‘‘Techniquement, nous pouvons construire des ponts et des routes parfaitement pour les 50 ou même 100 prochaines années, les ingénieurs ont le savoir-faire. Mais quand mes étudiants arrivent sur le marché, on ne parle que de prix. Les marges sont devenues si faibles que la qualité en souffre. C’est ainsi que nous ouvrons la porte à la dégradation.’’ Van den Bergh ajoute : ‘‘Je me sens mieux quand je conduis sur une route bien construite ou quand j’entre dans un bel immeuble, tout comme c’est mieux pour le moral quand on vous enseigne dans un bel immeuble scolaire. Les bâtiments inesthétiques et les mauvaises routes rendent les gens tristes.’’ (6)
Pourquoi n’y a-t-il plus d’investissement aujourd’hui ? questionne De Tijd dans un édito du 16 août 2018. ‘‘Parce que les autres dépenses devraient être supprimées. Les politiciens, cependant, préfèrent dépenser de l’argent en cadeaux pour plaire aux électeurs et aux groupes d’intérêt. Les investissements dans les infrastructures de base en souffrent.’’ (7) L’argent manquerait car il a été dépensé pour satisfaire la population ? C’est faux. Ce sont les cadeaux fiscaux aux ultra-riches qui représentent le problème.
Le gouvernement affirme être en train de renverser la vapeur, il y a même un véritable pacte d’investissements. Lors de son lancement en mars 2017, le Premier ministre Michel a opportunément inclus les investissements existants tels que ceux de la liaison Oosterweel à Anvers ou encore l’achat d’avions de combat. Ce ‘‘pacte d’investissement’’ vise à porter l’investissement public à 3,2 % du PIB. Un comité d’experts a calculé que pas moins de 150 milliards d’euros pourraient être investis d’ici 2030. La plupart des idées restent toutefois vagues, sans propositions d’investissement concrètes et encore moins de propositions de financement concrètes. Avec ce pacte d’investissement, Michel dit qu’il veut transformer notre pays en un ‘‘nouvel eldorado’’. (8) Mais au cours de cette législature, aucun changement n’est survenu dans les investissements publics. Sous la pression de la logique d’austérité, les investissements sont restés inférieurs aux normes.
Pour un plan radical d’investissement public
Augmenter les investissements publics global, qui est passé de 2,3 % du PIB à 5,5 % comme au début des années 70, a plus que doublé. Si ces 2,3% correspondent aujourd’hui à 9,7 milliards d’euros d’investissements publics, 5,5 % représenteraient 23 milliards d’euros. Si plus d’un tiers à 40% devaient être investis par les municipalités, nous parlerions d’un budget de 7,7 à 9,3 milliards d’euros par an au lieu des 3 milliards actuels. Ces ressources sont nécessaires pour éliminer les déficits sociaux.
Cela signifierait que les pénuries croissantes de logements sociaux, d’éducation, de garderies et de services pourraient être traitées dans le cadre d’un plan radical d’investissement public. Un tel plan donnerait à de plus larges couches de la population une meilleure perspective d’avenir : les ressources existantes et les possibilités technologiques seraient enfin utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population, et non au profit d’une petite minorité. Les investissements seraient également plus durables.
Aller chercher l’argent là où il est
Les années de laisser-aller et d’austérité résultent en partie des défaites des luttes passées et de l’offensive idéologique néolibérale qui a poussé le mouvement ouvrier dans une position très défensive dans les années 1990. La situation évolue progressivement : aujourd’hui, même les défenseurs de ce système doivent reconnaître que les politiques menées conduisent à un manque de ‘‘civilisation’’, pour paraphraser les propos du professeur Moesen. Parmi les jeunes, on constate une recherche croissante d’alternatives aux Etats-Unis mais aussi en Europe : le socialisme est plus populaire que le capitalisme parmi les jeunes Américains. Au Royaume-Uni, le dirigeant de gauche du parti travailliste Jeremy Corbyn est largement le plus populaire parmi la jeunesse.
Soyons honnêtes, il faudra se battre pour changer de politique. Les ultra-riches ne renonceront pas volontairement à leur position privilégiée. Sans rapport de forces, nous n’obtiendrons pas un plan d’investissements publics massifs. Cette lutte ne peut qu’être renforcée en étant d’emblée associée à l’idée d’une alternative au capitalisme : une société socialiste où les ressources disponibles seraient utilisées en fonction des besoins et des exigences de la population, les secteurs clés de l’économie étant aux mains des pouvoirs publics pour s’inscrire dans une démarche planifiée sous gestion démocratique.
Les campagnes électorales menées par le PSL – à la fois avec nos candidats de Saint-Gilles (Gauches Communes) et de Keerbergen (Consequent Links) et, là où nous ne disposons pas de nos propres candidats mais appelons à voter en faveur du PTB, mais à rejoindre le PSL – soulignent la nécessité d’investissements publics massifs. Nous voulons préparer le terrain afin d’y parvenir par la lutte. Ce défi se pose également après les élections locales du 14 octobre : des administrations communales rebelles peuvent briser la logique d’austérité et construire un front de villes et communes désireuses de briser la camisole budgétaire qui les étouffe pour répondre aux besoins de la population. Il ne suffit pas de rejeter la politique d’austérité, nous devons également défendre de nouveaux investissements et de nouvelles réalisations sociales.
Notes
1) Nationale Bank: https://www.nbb.be/doc/ts/publications/other/Report_public_investments_fr.pdf
2) “Belgische investeringen in beton lopen hopeloos achter,” De Tijd 17 augustus 2018, https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/algemeen/belgische-investeringen-in-beton-lopen-hopeloos-achter/10040516.html
3) “België barst: een infrastructureel probleem. ‘We zijn al 30 jaar putjes aan het vullen’,” De Standaard weekblad 15 september 2018, http://www.standaard.be/cnt/dmf20180914_03743593
4) “17.000 jobs weg bij gemeenten,” Het Laatste Nieuws 25 januari 2018, https://www.hln.be/de-krant/17-000-jobs-weg-bij-gemeenten~a08f8d54/
5) “Gat in de begroting, gaten in het wegdek,” NRC 29 september 2016, https://www.nrc.nl/nieuws/2016/09/29/gat-in-de-begroting-gaten-in-het-wegdek-4516264-a1523957
6) “België barst: een infrastructureel probleem. ‘We zijn al 30 jaar putjes aan het vullen’,” De Standaard weekblad 15 september 2018, http://www.standaard.be/cnt/dmf20180914_03743593
7) “Investeringen,” De Tijd 16 augustus 2018, https://www.tijd.be/opinie/commentaar/investeringen/10040500.html
8) “Experts presenteren Investeringspact van 150 miljard,” De Tijd 11 september 2018, https://www.tijd.be/politiek-economie/belgie/federaal/experts-presenteren-investeringspact-van-150-miljard/10048224.htmlLe Musée national de Rio de Janeiro détruit par la négligence
Le manque d’investissement a des effets désastreux. Le Brésil en est un exemple remarquable. Le Musée national de Rio de Janeiro a été presque entièrement détruit par un incendie le 2 septembre. Le bâtiment et ses collections ont presqu’été totalement détruits. Le musée était le plus ancien du pays et contenait des pièces inestimables, dont le crâne de Luzia, le plus ancien vestige humain jamais trouvé en Amérique latine. Un membre du personnel du musée a déclaré : ‘‘C’est 200 ans de travail d’un institut scientifique, le plus important d’Amérique latine. Tout est détruit.’’
Le musée attendait un prêt de 5 millions d’euros pour installer un système de détection et de lutte contre l’incendie. On savait depuis longtemps que le musée était en mauvais état, mais aucun fonds n’a été débloqué pour sa rénovation ou sa sécurité. Un anthropologue belge associé à l’Université de Rio a déclaré : ‘‘C’est un symbole de la situation dramatique à Rio et dans tout le Brésil : une réduction systématique des investissements dans la recherche historique et scientifique, dans l’éducation et dans le patrimoine.’’ Même le secteur de la lutte contre l’incendie a souffert du manque d’investissement.
Le manque d’investissement dans la science et la culture a été dénoncé le 3 septembre. La réaction du gouvernement ? Les manifestants ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes. On investit dans la répression, mais pas dans la science et la culture. Cela en dit long sur la santé du capitalisme.
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Contrecarrer la politique d’austérité de la droite – Propositions pour renforcer la percée du PTB

1er mai à Liège. Photo : socialisme.be Le but de ces élections est clair. Une victoire des partis au pouvoir sera interprétée comme un feu vert pour plus de casse sociale, plus de répression et encore moins de bienveillance à l’égard des plus démunis. Mais la gauche traditionnelle – les sociaux-démocrates et les verts – n’a pas de solution. Tout au plus leur programme est-il une version édulcorée de celui de la droite. Quant à leurs politiciens, ils ont parfois adopté un style de vie et une arrogance semblables. Leur argument massue, le ‘‘moindre mal’’, est de plus en plus absurde. Dans l’ensemble, seul le PTB est en faveur d’un véritable revirement politique. Au plus sa percée sera importante, au plus les travailleurs et les jeunes auront confiance en eux pour résister et riposter.
Par Eric Byl
C’est en raison de cette constatation objective que le PSL, à l’exception de Saint-Gilles, appelle partout à voter en faveur des listes du PTB quand elles existent. Cela ne signifie pas pour autant que nous renonçons à nos différends avec le PTB, ni que nous n’avons aucun commentaire à faire quant à son programme et ses tactiques. Facile de critiquer depuis le banc de touche ? Ce n’est certainement pas notre choix d’y être. Nous avons proposé à maintes reprises au PTB d’examiner ensemble la meilleure façon de renforcer sa campagne, y compris avec des candidats du PSL. Étant donné que le PTB est aujourd’hui le seul barrage crédible pour l’ensemble du mouvement ouvrier et la gauche contre la politique de droite, nous estimons qu’il aurait mieux valu que cette situation trouve sa réflexion sur les listes du PTB. La présence d’une force organisée telle que le PSL aurait été beaucoup plus convaincante que de se limiter à quelques candidats d’ouverture.
Au moment où ont éclaté les scandales autour de Publifin, du Samusocial, etc. le PTB aurait pu prendre une excellente longueur d’avance à cet égard. Dans les sondages, il était en progression constante. C’est le seul parti dont les parlementaires gagnent l’équivalent du salaire d’un travailleur. Au côté des mouvements sociaux, des syndicats et de la gauche radicale, il aurait pu faire le tour du pays pour expliquer ce principe et tout ce que cela implique lors de meetings locaux de masse et même l’y soumettre au vote. Réduire de moitié le salaire des bourgmestres de Charleroi ou de Liège ? Pourquoi pas. Mais si les entreprises et les plus nantis continuent de s’enrichir, ce ne sera tout au plus que de l’ordre du symbolique électoral que la droite contournera. Il aurait été préférable de bâtir un mouvement autour de l’engagement des représentants des travailleurs à ne pas gagner plus que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
Le PTB aurait pu utiliser l’appel pour une coalition de gauche de la FGTB wallonne pour défendre un plan d’action d’investissements publics massifs dans le logement social, les écoles, les crèches et l’emploi via une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences. Il aurait pu appeler à la formation de conseils communaux rebelles pour constituer un front de lutte contre la camisole de force budgétaire dans laquelle les autorités fédérales et régionales maintiennent nos communes. De cette manière, il aurait pu construire un front à partir de la base pour faire de la coalition progressiste proposée par la FGTB le véritable représentant du mouvement des travailleurs, de la jeunesse et des mouvements sociaux. Nous sommes conscients que ces propositions ne seront plus mises en œuvre avant les élections du 14 octobre, mais la même méthode peut également être utilisée dans la période précédant les élections du 26 mai prochain.
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Des intercommunales publiques sous gestion de la collectivité !
La libéralisation du marché de l’énergie en 2008 a entrainé une perte de dividendes annuels de près de 200 millions d’euros pour les communes belges au profit de fournisseurs privés tels qu’Electrabel, Lampiris/Total ou Luminus. Afin de compenser ces pertes, les communes exigent de plus en plus de revenus provenant des intercommunales qui continuent à gérer le réseau de distribution d’électricité et de gaz naturel sur leur territoire.Par Julien (Bruxelles)
A Bruxelles, c’est le cas avec l’intercommunale SIBELGA contrôlée à 100% par les communes et active sur les 19 communes de la Région Bruxelles-Capitale. Dans la commune de Saint-Gilles, entre 2008 et 2012, chaque habitant a ainsi payé en moyenne 110 euros/an de taxes cachées sur sa facture d’énergie (redevances voiries, obligations services publics, etc.) ! Ceci n’est pas une exception, mais plutôt la règle. L’intercommunale Vivaqua (l’ancienne Compagnie intercommunale bruxelloise des eaux), quant à elle, a augmenté ses tarifs de 60% en 10 ans ! Malgré cette hausse, des canalisations sont encore composées de matériaux en fonte âgés de plus d’un siècle, faute d’investissements suffisants ! Celles-ci ont entrainé l’effondrement de plusieurs chaussées. Pendant ce temps, tant le privé que les politiciens s’en sont mis plein les poches. Ils continuent de privilégier leur enrichissement personnel au bien-être des usagers et du personnel des services publics.
Le cas Brutélé
Aujourd’hui, la majorité PS-SP.a-MR à Saint-Gilles propose de privatiser une autre intercommunale, Brutélé, dont elle reçoit chaque année 200.000 euros issus de sa participation avec 5 autres communes bruxelloises et 24 communes wallonnes. Brutélé exploite la marque Voo au côté de la société privée liégeoise Nethys. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 116 millions d’euros en 2016. Toutefois, selon nos politiciens, une entreprise rentable doit absolument être privatisée. Il y a un an, en août 2017, les communes bruxelloises impliquées dans Brutélé ont exprimé leur souhait de la revendre au plus offrant. Pourtant, sa valorisation est estimée à 300 millions d’euros.
En juin 2018, Telenet Group s’est déclaré prêt à reprendre Brutélé en cas de privatisation. Telenet deviendrait ainsi le seul acteur de la télédistribution bruxelloise tout en bénéficiant d’une meilleure position pour acquérir Voo (détenu conjointement par Brutélé et Nethys).
Nethys a beaucoup fait parler d’elle à l’époque du scandale Publifin (2016/2017). Il était notamment apparu qu’elle avait distribué 4,4 millions d’euros à dix administrateurs l’année précédente, parmi lesquels plusieurs mandataires du Parti Socialiste. Au cœur de ce scandale se trouvait Stéphane Moreau, administrateur délégué de Nethys et bourgmestre PS d’Ans. Plutôt que d’utiliser les moyens pour mener une politique sociale, les politiciens se comportent comme des rapaces capitalistes. Tant du côté de Telenet que de celui de Stéphane Moreau, Brutélé est uniquement perçu comme un moyen de conquérir des parts de marché et de s’en mettre plein les poches.
Privé de services publics
La libéralisation du marché de l’énergie a saigné les communes belges. Electrabel s’est enrichi et les consommateurs en ont payé le prix. Les politiciens responsables de cette débâcle nous imposent aujourd’hui l’austérité au prétexte que les moyens manquent. La privatisation de Brutélé et des autres intercommunales aura le même effet. Après des années de sous-investissements, les infrastructures et les services publics sont dans un état lamentable et le personnel se retrouve dans une précarité avancée. Par la suite, la situation est instrumentalisée pour ouvrir la voie à la libéralisation.
A Saint-Gilles, Gauches Communes estime que les intercommunales devraient, au contraire, servir la collectivité. Nous défendons l’appel de la CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) de Bruxelles via leur tract intitulé ‘‘Pas de moyens ? Plus d’argent ?… ça dépend pour qui !’’
La CGSP-ALR insiste ; ‘‘ce système d’enrichissement personnel sur le dos des usagers et du personnel des services publics doit s’arrêter immédiatement ! (…) Ce sont ces mêmes personnes qui, en réunions de négociation, osent nous répéter qu’il n’y a pas d’argent, pas de budget pour l’amélioration de nos conditions de travail !!’’
On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas
En finir avec la dictature de la finance implique de lutter pour la collectivisation du secteur financier. En finir avec les pratiques de Moreau & Co – et assurer que les autorités publiques œuvrent réellement au bien-être de la collectivité – signifie que les propriétés d’Etat doivent être effectivement contrôlées et gérées par les autorités, les travailleurs et les usagers et non tout simplement fonctionner comme des entreprises privées dans lesquelles les autorités sont simplement actionnaires.
Les mandataires ne peuvent pas bénéficier de privilèges et doivent pouvoir être révoqués à tout moment par la population. C’est un principe que nous tenons à respecter : si Gauches Communes obtient des élus, ils s’engagent à vivre avec l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.
Gauches Communes revendique la renationalisation des secteurs privatisés. Les richesses doivent servir à la collectivité, pour financer un plan radical d’investissements publics, pour la création de logement sociaux, de crèches et d’écoles en suffisance.
Gauches Communes: ReprenonsNosCommunes.be
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Une gauche ‘‘rhinocéros’’ plutôt qu’une gauche ‘‘respectable’’ !

Avec l’accord d’été du gouvernement fédéral, Charles Michel et sa bande ont persévéré dans leur impitoyable politique de hold-up social. Uniquement dans les services publics fédéraux, 10.000 équivalents temps plein ont été perdus depuis 2015, soit 13% du personnel.
Edito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes
La société a véritablement été saignée à blanc par la politique d’austérité, alors qu’il était déjà difficile de citer un secteur épargné par le sous-investissement chronique. Depuis que le gouvernement ‘‘papillon’’ de Di Rupo a lancé les hostilités en décembre 2011 – après 541 jours de crise de formation du gouvernement – le montant des ‘‘efforts’’ d’austérité a dépassé les 50 milliards d’euros en 6 ans !
Depuis 2012, l’avalanche de mesures antisociales n’a pas cessé, et ce à un rythme infernal avec le gouvernement Michel, sous prétexte d’assainir les finances publiques, de réduire la dette et de retrouver la croissance. Pour quel résultat ?
Dès le premier contrôle budgétaire, en mars 2012, le compte n’y était pas. L’équilibre budgétaire prévu pour 2015 a été repoussé. De nouvelles économies ont été imposées. Encore. Et encore. Aujourd’hui, l’idée est d’atteindre cet objectif en 2020. Et devinez quoi ? À peine le budget 2019 a-t-il été décidé fin juillet que le Bureau fédéral du plan a averti que le déficit budgétaire en 2019 s’élèvera à 5 milliards d’euros de plus qu’indiqué par le gouvernement. Soit un trou de 8,2 milliards ! On connaît tous la chanson, c’est dans nos poches qu’il y aura un trou si on les laisse faire !
Assez de la politique pour les riches !
Il ne faut y voir aucune incompétence. Toute cette politique a bénéficié au grand capital. Les dividendes versés aux actionnaires explosent ! Les politiques fédérales ont permis aux dividendes de passer d’une ponction moyenne sur les bénéfices des entreprises belges de l’ordre de 50% avant la crise de 2008, à quelque 75% aujourd’hui (chiffres du CEPAG).
Et, à côté des mesures fiscales pro-patronales, de nombreuses réformes ont visé à détruire les conquêtes sociales et changer le rapport de force en faveur des patrons et des grandes entreprises sur le long terme : remise au travail forcé des malades, loi travail, etc.
Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent au sérieux leurs propres revendications, ils doivent chercher de véritables partenaires politiques, renforcer ceux qui construisent leur programme politique autour des intérêts du monde du travail et rompre avec ceux n’y sont pas prêts, ou qui trahissent leur programme à la moindre occasion.
Ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et qui aspirent à un changement fondamental de politique ne manquent pas. C’est ce que le secrétaire régional de la FGTB Thierry Bodson a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche, appel réitéré à la rentrée. ‘‘Nous ne nous positionnons pas en tant que formateur mais si au lendemain des élections une majorité entre le PS, le PTB et Ecolo est mathématiquement possible, cela doit être la priorité des priorités pour ces trois partis.’’ Les élections locales du 14 octobre constitueront un bon premier test.
Le PS s’est toujours plaint d’être l’otage de la droite lorsqu’il est au pouvoir. Mais la réaction d’Elio Di Rupo est aujourd’hui de préférer entrer en coalition avec Ecolo et DéFi (le seul parti qui avait ouvertement défendu l’âge de la pension à 67 ans avant les élections de 2014) plutôt qu’avec le PTB. Du côté d’Ecolo, le silence est assourdissant…
De l’audace !
Les mobilisations syndicales de cette rentrée permettent d’imposer les thématiques sociales dans le débat politique et de donner confiance afin que la colère s’exprime également dans les urnes, à destination d’une gauche conséquente. Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux ce 14 octobre. Mais nous souhaitons surtout qu’il ne se contente pas de ce résultat et saisisse l’opportunité pour aller de l’avant.
Cela exigera de transformer ces succès électoraux en larges mouvements de résistance, à l’image de ce qu’a fait la France Insoumise au travers de ses diverses initiatives pour soutenir la lutte contre Macron en France. Si la France Insoumise est devenue le principal adversaire de Macron et de La République En Marche, en reléguant le PS français dans les limbes, c’est en étant audacieux et en démontrant dans la pratique que son opposition à la droite ne se limite pas à des discours au Parlement, mais se fait en organisant des manifestations de masse en soutien aux luttes syndicales, etc. La France Insoumise a su démontrer que, en dépit de certaines faiblesses, elle était actuellement le meilleur véhicule pour la résistance sociale.
En reposant sur la mobilisation active des travailleurs, le PTB pourrait, dès le lendemain des élections, appeler à construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre, dans le respect de leurs spécificités. Cela répondrait à l’aspiration de nombreux militants et activistes qui ne se retrouvent pas au PTB et cela forcerait la main au PS et à Ecolo pour qu’ils se prononcent clairement en faveur de la lutte contre l’austérité.
Il est aussi possible que le PTB entre dans des majorités progressistes communales. Mais, pour appliquer un véritable programme visant à répondre aux besoins de la population, celles-ci seront obligées d’entrer en collision frontale avec la camisole financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. Dans les années 80’, le conseil municipal de Liverpool a trouvé la parade pour lancer son vaste programme d’investissements publics : il a construit un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche. Via des grèves et des manifestations de masse, il a forcé le gouvernement Thatcher à céder un refinancement de la ville. Pourquoi ne pas envisager cela aujourd’hui en Belgique ?
Margaret Thatcher avait été surnommée la Dame de fer, ou encore le rhinocéros, en raison de son entêtement. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une gauche de combat, une gauche rhinocéros, qui utilise chaque ouverture dans le débat public pour faire avancer la défense des intérêts des travailleurs tout en défendant ouvertement l’absolue nécessité de rompre avec ce système capitaliste pour construire une société alternative, une société socialiste démocratique. C’est tout à fait possible. Et nous n’avons de toute manière pas d’autre choix.
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>> Rubrique de ce site consacrée aux élections communales
Le PSL participera aux prochaines élections communales. Nous voulons utiliser cette période pour mener une campagne offensive pour un refinancement des communes et pour une politique socialiste au niveau local, mais aussi pour avancer la nécessité de rompre avec la politique d’austérité et de défendre un autre type de société.
Notre campagne dans la plupart des villes et communes sera axée autour du mot d’ordre : ‘‘Votez pour le PTB, rejoignez le PSL’’.
>> Le 14 octobre, votez PTB! Vous voulez rejoindre la lutte ? Rejoignez le PSL!
Nous nous présenterons tout de même dans deux communes sur des listes de gauche large.
À Keerbergen (Brabant flamand), nous nous présenterons sur la liste Consequent Links (‘‘Gauche conséquente’’). Nous jouissons là d’une position spécifique : nous sommes la seule liste à gauche présente aux élections, et nous avons construit une couche large de sympathisants qui participent à nos activités et seront actifs avec nous durant la campagne électorale.
À Saint-Gilles (Bruxelles), nous nous présenterons sur la liste Gauches Communes, une alliance de gauche inclusive avec le Parti Humaniste (PH) et des individus intéressés à s’unir avec un respect mutuel de la spécificité de chacun autour d’un programme. Avec cette campagne, nous voulons nous enrichir d’une expérience importante d’implantation locale et promouvoir l’idée qu’une élue véritablement socialiste pourrait prendre des initiatives visant à renforcer la mobilisation sociale et le rapport de force en faveur des travailleurs et de leurs familles, pour briser les carcans financiers et législatifs du fédéral et des régions qui imposent l’austérité dans les communes.
>> Nous vous invitons à vous rendre sur le site de Gauches Communes !