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Tag: Di Rupo
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85 riches possèdent autant que la moitié de l’Humanité !
Il nous faut un autre système!
En ce début d’année, le premier ministre Di Rupo (PS) n’a cessé de multiplier les réunions de famille. Forum économique de Davos, Cercle de Wallonie,… Son message est clair : selon lui, ‘‘la Belgique est sur la bonne voie’’. Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire dans un pays sans croissance et où les maigres emplois créés ne permettent plus depuis longtemps de compenser les fermetures et destructions massives d’emploi ?!
Par Baptiste (Nivelles)
Il suffit de savoir à qui ce discours est adressé : aux fortunés, au patronat et à leurs plus puissants défenseurs. Se présentant comme étant leur ‘‘humble serviteur’’, le Premier ministre s’efforce de maintenir les privilèges des nantis en faisant payer la crise aux travailleurs et à leur famille, car après tout ‘‘ce sont les entrepreneurs qui sont à l’origine du bien-être de la population’’. Et peu importe le fait que nous créons les richesses par notre travail, quelque part nous ne faisons que profiter du système, et en particulier les bénéficiaires d’allocations bien entendu…
Ce sont pourtant ces politiques néolibérales qui ont créé un fossé toujours plus grand entre riches et pauvres, alors que jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu autant de richesses et de possibilités technologiques. Ces richesses permettraient à chacun d’avoir accès à des conditions de vie décentes, mais la réalité est tout autre.
De la précarité à la pauvreté
Pour 99% de la population, le bilan n’est pas folichon : austérité budgétaire tous azimuts, gel des salaires, réforme des prépensions, dégressivité accrue des allocations de chômage,… Pour beaucoup de ménages, notamment quand il y a une perte d’emploi, la route vers la pauvreté est de plus en plus courte. La réforme du chômage de 2012 prévoyait une baisse de 25% du montant des allocations, et à cela s’ajoute une augmentation des sanctions et l’exclusion des allocations d’insertion d’environ 55.000 personnes le 1er janvier 2015. En 2010, les indemnités de chômage ne représentaient déjà plus que 27% du salaire annuel brut moyen, contre encore 42% 20 ans plus tôt. Nul doute que la situation s’est encore dégradée.
La Belgique : un paradis fiscal sans île, mais bien rentable
Par contre, pour les patrons et autres nantis à la recherche de refuge fiscal, la Belgique est ‘‘the place to be’’, grâce à l’absence d’impôt sur la fortune et parfois carrément sur les bénéfices réalisés par les entreprises. Pourtant, le taux d’imposition des sociétés est théoriquement de 33,99%. Mais dans les faits, en intégrant les divers cadeaux offerts au patronat, intérêts notionnels en tête, ce taux n’avoisine plus que les 20% depuis 2008. Pour l’année 2012, on estime que la déduction des intérêts notionnels a permis aux entreprises en Belgique d’exempter d’impôt quelque 20,4 milliards € de bénéfices engrangés.
La baisse du taux effectif est quasi continuelle depuis 2001, et ce n’est plus un secret pour personne, ce sont les plus puissantes multinationales présentes en Belgique qui payent le moins sur des bénéfices souvent gigantesques : ArcelorMittal, Electrabel, Janssen Pharmaceutica, ABInbev,…
À qui ce système profite-t-il ?
En Belgique, ce pays où tout va bien, environ 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté tandis qu’en même temps les 20% les plus riches possèdent 61% du patrimoine financier.
Pour nous, les factures ne font qu’augmenter sous la pression de plans d’austérité se chiffrant à chaque fois à plusieurs milliards ; pour eux, tout est mis en place pour préserver les milliards de bénéfices. Après un à trois ans de chômage, un chef de ménage devra s’en sortir avec 1.090,70€/mois, un cohabitant avec 483,86 €/mois ; au même moment, les patrons d’entreprises publiques se voient subir l’affront de recevoir des rémunérations annuelles plafonnées à 250.000 €… Alors, qui profite du système : ceux qui tentent de survivre avec des moyens à en manger des cailloux ou ceux qui vivent grassement à ne plus savoir que faire de leur pognon ?
Lors de son discours de rentrée, la secrétaire générale de la FGTB Anne Demelenne a déclaré vouloir le retrait de la réforme du chômage au vu de la catastrophe sociale imminente. Des actions seraient à prévoir d’ici les élections du 25 mai, pour ‘‘ faire passer la revendication à tous les partis traditionnels’’. Nous avons besoin d’un plan d’action pour lutter contre cette escroquerie néolibérale, mais jouer le rôle de l’aiguillon pour des partis qui ne nous représentent pas n’est plus viable. De plus, nous avons besoin d’un parti politique qui représente nos intérêts !
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Manifestation – Les Afghans marchent sur Gand
En lutte depuis plusieurs mois, les centaines de sans papiers Afghans ont entamé une marche de trois jours vers Gand. Ils avaient déjà marché en décembre sur Mons afin de construire la solidarité en Wallonie et pour obtenir un entretien avec le Premier Ministre Di Rupo. Ce matin du 11 janvier, ils prenaient donc la route de Gand avec un premier arrêt à Merchtem, ville dirigée par Eddie De Block, le frère de Maggie De Block, secrétaire d’ état en charge de l’asile et de la migration.
- Collectif Krasnyi
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[DOSSIER] Pour un relais politique des luttes des travailleurs!
27 avril. Meeting à Charleroi pour une alternative à la gauche du PS et d’Ecolo
“Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste.” Voilà le thème d’un important meeting à Charleroi ce 27 avril, à la suite du discours osé que fit Daniel Piron, secrétaire général de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, le premier mai dernier. Durant ce discours, il constatait que le PS et Ecolo ne représentent plus les intérêts de la population et lançait un appel à ‘‘un rassemblement à gauche du PS et d’Ecolo afin de redonner espoir et dignité au monde du travail.’’ Le meeting de Charleroi est une initiative commune de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, de la CNE Hainaut et de plus ou moins tous les partis et groupes conséquemment de gauche.
Par Eric Byl
Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’) Plus d’infos
Le discours de Daniel Piron n’était pas le fruit d’une irritation personnelle irréfléchie mais au contraire le résultat d’une réflexion parvenue à maturité avec toutes les centrales de la régionale, sur base de discussions avec les militants. Parmi ces derniers, l’appel fut d’ailleurs bien reçu. Mais il a donné des frissons aux appareils du PS et d’Ecolo et probablement aussi à certaines parties des syndicats. Les medias, lesquels ignorent normalement de telles déclarations, ont bien été forcés de la commenter. Après tout, Piron représente une régionale de la FGTB forte de 110.000 membres et d’une grande tradition syndicale. Dans les milieux de droite et patronaux, où le dédain s’est mêlé à l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un phénomène passager, il serait surprenant qu’aucun œil attentif n’ait été rivé sur l’initiative.
Les secrétaires de cette régionale de la FGTB auraient pu choisir une voie plus facile. Comme tellement d’autres, ils auraient pu hausser les épaules et attendre que quelqu’un d’autre ose faire le pas. Il y a toujours une raison pour dire qu’il est soit trop tôt, soit trop tard, ou encore que les gens ne sont pas encore prêts, que les autres régionales ne suivent pas, que ce sont les politiques qui doivent prendre l’initiative, etc. Au lieu de cela, ils ont agi selon les habitudes de leurs meilleurs militants. Passer à l’action, cela comporte toujours un risque. Le patron cherche-t-il la provocation ? La base suivra-t-elle ? Les autres syndicats seront-ils de la partie ? Ne court-on pas le risque de s’exposer et d’être vulnérable aux représailles? Ces considérations sont légitimes et ne doivent pas être traitées à la légère. Mais celui qui n’entreprend jamais rien a perdu d’avance.
S’ensuivit alors une période de plusieurs mois durant laquelle le terrain a été tâté, notamment en donnant des interviews et en participant à des débats. Finalement, à partir du mois de janvier, une réunion a rassemblé les représentants des partis réellement de gauche afin d’évaluer leurs réactions et de considérer leurs propositions. Dès le début, les secrétaires ont été clairs : ils ne voulaient rien précipiter, ils ne désiraient pas une répétition de Gauche Unie (3) ou mettre pression sur qui que ce soit, mais ils espéraient obtenir un consensus. D’un autre côté, ils indiquèrent bien l’urgence du projet. Jouer gros jeu, ça, ils l’avaient déjà fait le premier mai 2012. Le prochain pas devait être posé en tenant compte des difficultés et des sensibilités diverses, tout en répondant à l’urgence.
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PSL et PTB+
Le PSL ne veut pas diminuer les mérites du PTB. Aux dernières élections communales, ce parti a obtenu 53 élus. Ce résultat a été préparé avec un engagement militant maintenu des années durant, une implantation importante dans les quartiers et les entreprises et une stratégie médiatique intelligente. Le PTB est la composante de la gauche conséquente la plus visible. Mais un facteur important dans la croissance du PTB, au niveau de ses membres et de son électorat, est constitué par le changement de cap de 2008, vers plus d’ouverture. C’est pour cela que le PTB a pu toucher une fraction du public pour une formation de gauche conséquente.
De nombreux nouveaux membres et encore plus de nouveaux électeurs du PTB ont notamment déterminé leur choix grâce à ces signes visibles de plus d’ouverture, non pas pour en finir avec, mais justement pour encourager ce développement et l’approfondir. A côté du PTB, il existe de nombreux militants organisés et non-organisés qui disposent aussi d’une implantation importante. Le pas logique suivant est donc de les impliquer et d’utiliser leur potentiel de manière maximale. Le PSL comprend bien la prudence du PTB, sa peur de rentrer dans une aventure et sa volonté absolue de ne pas risquer son nom, mais laisser ce potentiel de côté pourrait bien avoir un effet contraire. Le PSL a déjà précédemment suggéré au PTB et aux autres partis et groupes de la gauche conséquente d’élaborer ensemble un projet pilote. Nous restons prêts à réfléchir ensemble à ce sujet.
C’est ainsi que nous en sommes finalement arrivés à ce meeting, où la question d’un relai politique sera présentée sans autres détours à plusieurs centaines de militants. Des militants d’autres syndicats et d’autres centrales et régionales qui ont peut-être encore des doutes pourront venir sentir l’atmosphère avant de risquer le plongeon. Les partis et groupes véritablement de gauche pourront non seulement y échanger leurs opinions mais avant tout venir évaluer comment la base syndicale réagit. Finalement, et c’est le pourquoi de cette date du 27 avril, la base peut être posée afin que cette question cruciale soit clairement présente parmi les militants lors des innombrables activités du premier mai.
Le mouvement ouvrier belge a fortement souffert des innombrables mécanismes de ‘diviser pour régner’ que la bourgeoisie a intégrés dans notre système, surtout sur base linguistique et religieuse. Heureusement, chez les secrétaires de la régionale, aucune illusion régionaliste n’était perceptible. Les militants flamands sont plus que bienvenus, non pas en tant que spectateurs mais comme des alliés indispensables. Si l’initiative arrive à s’étendre d’avantage, ce sera une donnée à prendre en considération. De surcroit, le syndicat chrétien des employés (la CNE) prendra place à la tribune à côté de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut. Les déclarations de son secrétaire général Félipe van Keirsbilck connaissent un soutien considérable parmi sa base, bien que la CNE (170.000 membres) reconnaisse que la discussion n’est pas encore à un stade aussi avancé parmi ses membres qu’au sein de la régionale FGTB.
Cela explique pourquoi une mobilisation interne de quelques centaines de militants a été décidée au lieu d’une large mobilisation publique avec d’innombrables tracts dans les entreprises et en rue. Espérons que cela soit pour une autre fois. Bien entendu, les opposants à cet appel vont exagérer ses faiblesses. Sous le titre ‘‘Menaces à gauche pour le PS et Ecolo’’, l’hebdomadaire Le Vif signala que ‘‘Piron et les siens sont confrontés à un problème d’envergure: leur isolement dans le syndicat socialiste.’’ Subtilement, on remarque que la CNE exclu de faire un appel direct pour une liste en 2014. Félipe van Keirsbilck est cité : ‘‘Nos règlements nous interdisent d’avoir des amis politiques’’. Mais van Keirsbilck ajoute tout de même que les élus qui prochainement vont signer le pacte budgétaire européen ‘‘n’auront pas notre confiance en 2014. Dans l’isoloir, cela va déjà éliminer pas mal de candidats.’’
L’appel de Piron n’est pas le premier du genre. L’attitude loyale de la social-démocratie et des verts face à la casse sociale ne date pas d’hier. La résistance contre le Plan Global en 1993 avait déjà conduit à Gauches Unies. En 1994, à Anvers, le Mouvement pour le Renouveau Social est né. Pour les élections européennes de 1999, Roberto D’Orazio (de la lutte de Clabecq) avait rassemblé la gauche radicale sur une liste européenne sous le nom de ‘Debout!’. Mais tout cela est arrivé après la chute du Mur de Berlin et du stalinisme, qu’on présentait alors erronément comme étant du ‘‘socialisme’’, et dans une période de croissance économique dans les pays occidentaux. L’illusion selon laquelle le capitalisme allait en fin de compte assurer la prospérité de tous existait encore. Nous savons ce qu’il en est aujourd’hui.
Depuis, le PSL a participé à presque chaque tentative de parvenir à un nouveau rassemblement de gauche large, inclusif et pluraliste. Les plus récents ? Le Comité pour une Autre Politique (CAP, né après la lutte contre le Pacte des Générations), Rood avec l’ancien candidat-président du SP.a Erik De Bruyn, le Front de Gauche à Charleroi et La Louvière, le Front des Gauches puis Gauches Communes à Bruxelles, ainsi que VEGA à Liège. Était-ce une faute ? Nous ne le pensons pas, nous avons appris énormément de ces expériences et nous n’avons jamais arrêté la construction du PSL en parallèle.
Mais une idée a beau être correcte, il faut des événements concrets pour qu’elle soit reprise par des couches plus larges de la société. La conscience a de toute façon un retard sur les conditions matérielles pour alors, sur base d’événements concrets, les rattraper par bonds. Pensons aux révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous pensons que ce n’est pas une coïncidence quelques années après le début de la plus grande crise du capitalisme depuis les années ’30 une régionale importante de la FGTB et une centrale importante de la CSC mettent si explicitement la nécessité d’une nouvelle formation de gauche à l’agenda.
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Qu’un long chemin soit encore devant nous, personne ne le nie, et certainement pas ceux qui ont pris l’initiative. La question d’une liste commune en 2014 n’est d’ailleurs pas à l’ordre du jour. Mais il y a bien une raison qui explique pourquoi Le Vif s’est senti obligé d’écrire à ce sujet et pourquoi les autres medias ne peuvent eux non plus pas tout simplement ignorer l’initiative: qu’une régionale entière de la FGTB et qu’une centrale de la CSC qui réunissent ensemble 280.000 membres s’expriment explicitement pour une alternative de gauche, c’est une première absolue. Ça ne va pas disparaitre comme ça, c’est une expression de l’écart croissant entre la base syndicale et leurs partenaires politiques traditionnels, un écart qui ne va que s’agrandir dans les mois et années à venir.
Quatre questions auxquelles répondre :
Qu’arrivera-t-il si aucune alternative large de gauche n’est lancée ?
Dans son discours du premier mai 2012, Daniel Piron remarquait que la formule magique ‘‘ce serait pire sans nous’’ fait offense à l’intelligence des syndicalistes. Il citait Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) qui, durant le conflit Splintex, qualifiait les grévistes de ‘‘tache noire sur la carte de la Wallonie.’’ Longtemps, le PS a su se dissimuler derrière une ‘‘Flandre de droite’’ et se profiler comme opposition au sein du gouvernement. C’est bel et bien fini. En tant que Premier Ministre, Di Rupo a introduit le plan d’austérité le plus dur jamais mis en œuvre en Belgique. Est-ce la fin du ‘‘moindre mal’’ ? Bien des travailleurs continueront de voter PS avec une pince à linge sur le nez faute d’une alternative suffisamment développée. Nous ne devons pas chercher bien loin pour nous faire une idée du scenario auquel la Wallonie et Bruxelles peuvent s’attendre si aucune alternative large de gauche n’arrive. Bien plus rapidement que son parti-frère francophone, le SPa flamand s’est défait de son passé “socialiste” et de sa base traditionnelle. De ses maisons du peuple, de sa riche vie associative, de ses meetings fortement fréquentés et de ses cellules jeunes critiques, il ne reste presque plus rien. Durant les conflits sociaux, les travailleurs aperçoivent généralement le SPa de l’autre côté des barricades.
Cependant, à chaque élection, l’appareil de l’ABVV (l’aile flamande de la FGTB) envoie ses militants voter pour ce parti. La Ministre de l’Emploi SPa Monica De Coninck a remercié l’ABVV en ces termes : ‘‘Aussitôt qu’on négocie un accord interprofessionnel, il y a toujours quelque chose qu’ils ne peuvent accepter.’’ (4) Bruno Tobback, Président du SPa, a déclaré que : ‘‘L’ABVV n’a aucune culture pour expliquer les choses difficiles. Vous ne pouvez pas demander le maintien de l’Index et en même temps vous attendre à ce qu’il reste une marge pour une augmentation des salaires.’’ (5) ‘‘Avec les autres, ce serait pire’’, c’est un argument usé jusqu’à la corde.
Faute d’une alternative sérieuse, les militants regardent de plus en plus vers l’opposition la plus visible, même si celle-ci est populiste et économiquement de droite comme l’est la N-VA. En 2010, seuls 32% des membres de l’ABVV ont voté pour le SPa contre 22% pour la N-VA et 19% pour le Vlaams Belang! Pour l’ACV (l’aile flamande de la CSC), ce n’est pas mieux: 27% ont voté CD&V, 31% N-VA et 13,5% Vlaams Belang. (6)
Un parti syndical ?
Le professeur Jan Blommaert (université de Gand) écrivait en mars : ‘‘Pourquoi pas un parti syndical ?’’ (7) ‘‘Un parti de la Solidarité, de l’Action Sociale, ferait battre bien des cœurs, y compris dans l’isoloir… Il mettrait les thèmes socioéconomiques à l’agenda, pas dans la marge des débats mais bien au centre. (…) L’idée d’un parti syndical provient des milieux syndicaux eux-mêmes. (…) Plus j’y pense, plus logique et plus important cela me parait. Si les syndicats prennent leur rôle historique au sérieux, tout comme leurs origines, alors ils doivent poser ce pas en avant maintenant. Dans une crise aussi profonde et avec de telles répercussions, ils ne peuvent éviter la question du pouvoir.’’
Pour lui, il va de soi que l’initiative parte des syndicats. La place nous a manqué pour publier ici l’intégralité de l’appel pour le 27 avril (voir Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste) Ce texte répète le constat du 1er mai 2012 en confirmant son actualité et en affirmant également : ‘‘Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif.’’ S’il faut compter sur le sommet syndical pour ça, alors nous avons encore un long calvaire devant nous.
Anticapitaliste ?
Le PSL est d’accord avec l’appel. Nous défendons une économie basée sur la solidarité et non sur la concurrence. Cela exige la nationalisation des secteurs clés de l’économie, du secteur financier, du transport, de l’énergie ainsi que l’enseignement et les soins de santé. Mais aussi des entreprises menacées de fermeture ou de restructuration comme Ford, ArcellorMittal, Caterpillar, MLMK, etc. Non pas avec des chefs d’entreprise comme Didier Bellens ou Johnny Thys, mais sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité. Il sera alors possible de planifier l’économie de manière véritablement démocratique en fonction de nos besoins et non plus des profits d’une poignée de capitalistes dont les fortunes disparaissent sous les tropiques.
Nous défendrons également notre programme dans un relai politique qui reste à concrétiser. Mais si, temporairement, nous ne pouvons pas convaincre tout le monde, cela ne nous arrêtera pas pour prendre part à une initiative moins explicitement ‘‘anticapitaliste’’ ou ‘‘socialiste révolutionnaire’’, pourvu qu’une austérité au dépend des travailleurs et des allocataires sociaux ne soit tolérée et que le rétablissement complet de l’index et la revalorisation des allocations fasse partie du programme, pourvu que l’on mette en avant une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire pour combattre le chômage, pourvu que la défense des services publics soit dans le programme.
Selon les politiciens actuels, les idées ne se réalisent qu’en prenant part au gouvernement. C’est faux, historiquement et dans les faits. Tous nos grands acquis sociaux ont été le fruit de la construction d’un rapport de force à travers la lutte. Une véritable alternative de gauche ne chercherait pas d’alliés parmi des partenaires de coalition de droite qui l’entrainerait dans une politique d’austérité, mais bien dans les entreprises et dans la rue. Nous devons rompre avec cette politique de coalitions d’austérité et construire au contraire un parti de lutte.
Indépendance syndicale ?
Nous comprenons les militants syndicaux qui défendent l’indépendance syndicale. Aujourd’hui, nos dirigeants syndicaux sont généralement une courroie de transmission pour leurs ‘‘amis politiques’’. Mais ce sont bien des dirigeants syndicaux, surtout ceux de gauche, qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation extraordinaire en offrant des facilités (organisationnellement, financièrement et surtout en engageant leurs délégués) pour donner forme à une telle initiative. Pourquoi ne pas s’engager en se mettant eux-mêmes au premier rang ?
Nous ne devons pas être dupes. Durant la formation syndicale de nos nouveaux militants, nous expliquons qu’il y a trois choses qui n’existent pas dans notre société de classe: l’objectivité, la neutralité et l’indépendance. L’indépendance de classe ne compte d’ailleurs pas pour les chefs syndicaux de droite quand il s’agit de faire cause commune avec ceux qui sont au premier rang pour mener la casse sociale. Ne laissons pas notre indépendance syndicale être un obstacle pour mettre sur pied une réelle alternative à la gauche du PS et d’Ecolo. Avec les délégués de gauche, les secrétaires et présidents de gauche dans n’importe quelle centrale ou syndicat ont également à prendre leurs responsabilités.
Pour éviter qu’une véritable alternative de gauche ne prenne le même chemin que les partenaires politiques traditionnels, nous avons avant tout besoin de démocratie, aussi bien au sein de cette alternative de gauche que dans les syndicats eux-mêmes. Cela signifie entre autres qu’un élu doit prendre ses responsabilités et à la rigueur être révoqué et remplacé. Cela signifie aussi que cet élu, tout comme les milliers de délégués et militants dans les entreprises, ne puisse pas gagner d’avantage que la moyenne de ceux qu’il ou elle représente. Comment peut-on après tout représenter des employés si on possède un niveau de vie qui ne ressemble en rien aux conditions dans lesquelles ils vivent et travaillent ?
Notes :
- http://jeunesfgtbcharleroi.wordpress.com/2012/05/03/discours-de-daniel-piron-secretaire-regional-de-la-fgtb-charleroi-1er-mai-2012/
- PTB-PVDA, Rood, Mouvement de Gauche, Front de Gauche Charleroi, Parti Communiste, Parti Humaniste, LCT, LCR-SAP, PSL-LSP
- Voir cadre .
- Humo 19 février 2013
- Het Nieuwblad 21 février 2013
- Sur base d’une étude électorale à la KUL en 2010
- https://jmeblommaert.wordpress.com/2013/03/19/waarom-geen-vakbondspartij/
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“Nous nous sentons inutiles, nous ne vivons pas, nous attendons”
‘‘Si 18% des jeunes se sentent comme moi, alors vous avez un problème. Nous nous sentons inutiles. Nous ne vivons pas, nous attendons… Que 18% des jeunes puissent penser qu’ils n’ont pas beaucoup d’importance dit pas mal de choses sur la société.’’ Il ne s’agit que du témoignage d’un des très nombreux jeunes à la recherche d’un emploi et d’un avenir.
par Emilie (Gand)
Le chômage augmente, mais il le fait encore plus rapidement parmi les moins de 25 ans que dans les autres couches de la population active. Fin 2012, il y avait 210.027 chômeurs en Flandre, soit 9,4% de la population et 17,1% de la jeunesse. A Bruxelles, le taux de chômage est de 20% et de 32% pour les jeunes. En Wallonie, le taux de chômage est de 15,8%, tandis qu’un jeune sur 4 est sans emploi.
Un emploi pour chacun ?
La logique actuelle des autorités, c’est qu’un chômeur est personnellement responsable de sa situation. D’où des mesures telles que la ‘‘chasse aux chômeurs’’, le contrôle de disponibilités, où les sans-emplois doivent prouver qu’ils recherchent du travail suffisamment activement.
Sauf que la pénurie d’emploi est une responsabilité de la société, et non de chacun en particulier. Un exemple ? Sur base des données collectées en août dernier sur les sites du Forem, de l’ONEM et du Service Public Fédéral de Programmation Intégration sociale, le collectif de chômeurs Riposte CTE (pour ‘‘Chômeurs et travailleurs engagés’’) a dénoncé qu’il y avait en Belgique ‘‘70.000 offres d’emploi ( à temps plein ou à temps partiel!) pour plus de 1.400.000 personnes “actives”, -vous avez bien lu: un million quatre cent mille personnes!-, qui ne sont pas “employées ” à temps plein, donc qui sont censées être demandeuses d’emploi pour une partie “non employée” de leur temps potentiel de “travail” (38h/sem).’’ Dans le cas de la Wallonie, sur ce même mois, il y avait 233.377 travailleurs sans emploi (207.933 chômeurs et 25.444 jeunes en stage d’insertion) alors que le Forem avait géré 11.510 offres d’emploi…
Malgré tout, avec les nouvelles mesures du gouvernement Di Rupo qui prévoient que les jeunes ont trois ans au plus pour trouver un emploi sur un marché du travail bouché, la FGTB a estimé qu’entre 22.000 et 27.000 jeunes seront exclus du chômage en 2015 pour la Wallonie uniquement.
Manque d’expérience ? Paye-toi ton propre emploi !
Le manque d’expérience est la raison la plus courante qu’un jeune entend quand on lui refuse un emploi. Quand une telle masse de personnes recherchent un emploi, les jeunes sans expérience sont les premiers à être éliminés de la sélection. Pourtant, les exigences des patrons sont de plus en plus hautes. Pour eux, l’idéal serait d’avoir des jeunes qui ont déjà une expérience et qui n’ont plus besoin de la moindre expérience pratique.
Les autorités veulent faire croire qu’elles ont trouvé la solution avec des stages en entreprise, qui peuvent permettre aux jeunes de remplir leur CV. Belle opportunité pour les patrons ! Pour un stage à temps plein, le stagiaire reçoit 760 euros par mois, soit 26 euros par jour de travail plus 200 euros payés par le patron, sans que ce dernier ne doive payer ni charges patronales, ni impôts. En bref, les caisses de la collectivité sont utilisées pour offrir de la main-d’oeuvre gratuite.
Et quand on parvient à trouver un emploi, c’est souvent avec un contrat temporaire et une grande flexibilité. Comment se construire un avenir sans savoir si on travaillera toujours un mois plus tard, ou une semaine, ou même le lendemain ?
Il faut donner une perspective à la jeunesse
Le Professeur Dierckx, de l’Université d’Anvers, a déclaré : ‘‘Le chômage croissant des jeunes est une bombe à retardement. Les jeunes grandissent sans perspective’’. Pour le cabinet d’audit financier Ernst & Young : ‘‘La crise économique de la zone euro va bientôt pousser le chômage à son paroxysme en Belgique.’’ Alors que notre pays n’est pas frappé par la crise au point de l’Espagne ou de la Grèce, de nombreux phénomènes alarmants se développent : de plus en plus de jeunes restent plus longtemps chez leurs parents (même s’ils travaillent), la consommation d’antidépresseurs explose parmi la jeunesse,…
Mais, ces dernières années, nous avons pu voir dans les luttes massives qui se sont développées à travers le monde quel rôle actif la jeunesse peut jouer. Cette ‘‘génération sans avenir’’ peut devenir une ‘‘génération combative’’ en lutte contre l’avidité et la cupidité des capitalistes. C’est la seule voie qui permettra d’obtenir des emplois convenables à travers le partage du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences.
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Manifestation de solidarité avec le peuple grec contre l'austérité de la bancocratie et de la Troika!
Hier, environ 350 personnes ont défilé à Bruxelles à l’appel d’un grand nombre d’organisation (une trentaine, dont le PSL-LSP), en solidarité avec les luttes qui se développent en Grèce contre la sauvage politique d’austérité qui y frappe la population et, plus largement, pour dénoncer cette dictature des marchés qui s’exerce partout, y compris en Belgique. Ce dimanche, la population grecque se rendra à nouveau aux urnes pour des élections que la coalition de la gauche radicale Syriza a des chances d’emporter.
Rapport et photos par Olivier V. (Liège)
- Appel et liste des organisations signatrices
- Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro
- Grèce : Dictature des marchés ou démocratie des travailleurs
Le départ s’effectuait devant la Bourse, où plusieurs représentants des différentes organisations présentes ont pris la parole afin d’exprimer leur soutien aux travailleurs grecs et leurs revendications concernant également la politique que mène la Belgique, tant au parlement européen qu’au sein même du pays.
Contre la politique d’austérité, les travailleurs et les jeunes grecs ont manifesté par milliers dans les rues de la capitale et des principales villes, et ont organisé de nombreuses grèves générales et revendiquant l’annulation des mesures d’austérités imposées par la Troïka. Après l’échec des négociations visant à former un gouvernement après les élections du 6 mai dernier, c’est ce 17 juin qu’ils revoteront à nouveau afin de faire passer leur mécontentement par les urnes. Syriza, premier ou second parti du pays en fonction des sondages, a de fortes chances de gagner encore de l’importance dans la bataille électorale. Néanmoins, la pression se fait sentir sur la gauche. Les partis libéraux n’ont d’autre choix que les menaces, le chantage et l’intimidation sur les électeurs et les partis à la gauche de la sociale démocratie, afin de continuer à asseoir leur pouvoir sur l’économie de marché et pouvoir appliquer leurs mesures d’austérité.
La population irlandaise aussi a subi ce type de chantage à l’occasion du référendum du 31 mai dernier portant sur le Traité Fiscal européen, aussi connu sous le nom de Traité d’austérité. L’establishment capitaliste européen est encore bien obligé d’accepter la tenue d’élections et de référendums, mais en recourant aux pires menaces pour forcer le vote à rencontrer leurs intérêts.
En même temps que se déroulait la manifestation, une délégation de 5 représentants des différentes organisations présentes devait avoir un entretien d’une dizaine de minutes au siège du Parti Socialiste afin d’exprimer leurs revendications. Ce n’est que lorsque le cortège de manifestants est arrivé face au siège du PS que nous avons appris que cette rencontre avait été refusée en dernière minutes !
A croire qu’entendre des revendications allant à l’encontre des mesures d’austérités est devenu impossible pour le parti du Premier ministre Di Rupo 1er. Chose peu étonnante lorsque la figure de proue du PS cherche à supprimer les acquis sociaux durement gagnés lors de luttes passées que lui-même a soutenues en paroles au moins, il fut un temps… Aujourd’hui, nous avons droit aux attaques sur les pensions et le chômage, à des coupes budgétaires dans le social et l’enseignement, etc. !
A la fin de la manifestation, c’est face à un barrage de la police que se sont exprimés un représentant de Syriza, un collaborateur de l’eurodéputé Paul Murphy (le seul député européen de la république irlandaise a s’être prononcé contre le traité d’austérité) et un représentant de l’initiative politique large flamande Rood !, qui tous ont appelé à continuer la lutte, le soir même lors d’assemblées populaires traitant de la crise économique, des plans d’austérité et de la situation Belge et Européenne, et par la suite en organisant les luttes et de futures actions pour défendre la Grèce, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, qui ne sont que les premiers à tomber sous le poids des politiques libérales. Si nous n’agissons pas de suite, bien d’autres suivront et les 27 ne se relèveront pas de si tôt.
Une conférence aura lieu ce mercredi 20 juin au sujet de la nécessité de lutter contre la politique d’austérité européenne (plus d’infos)
Organisons la résistance, et unifions là ! Front de Gauche, Syriza, Die Linke, etc. frappons ensemble pour mettre à bas l’austérité !
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Une grève générale massivement suivie
Plus de transports publics, plus de trains et des routes fort calmes. Partout, ce lundi ressemblait à un dimanche, contraste criant avec la réalité d’une journée pourtant formidable. L’offensive anti-grève menée dans les médias les derniers jours avant la grève n’ont visiblement pas eu l’impact escompté par l’establishment. Depuis lors, les patrons tentent par tous les moyens de minimiser la grève générale, mais il suffisait de sortir et de regarder autour de soi pour constater que ces déclarations n’ont aucun sens.
Par Geert
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- Pourquoi faire grève est indispensable Tract du PSL distribué aux piquets
- Brisons tous les liens avec les partis de l’austérité !
- Pourquoi il faut lutter et faire grève
- INFORMER, SENSIBILISER, MOBILISER… POUR ORGANISER LA LUTTE !
- LEURS MÉDIAS CONTRE NOS ACTIONS
- Photos de Namur
- Rapport et photos de Mons
- Rapport et photos d’Ixelles
- Rapport et photos des piquets du sud de Bruxelles
- Photos des piquets du nord de Bruxelles
- Photos de Bruxelles, par François Roelandts et Karim Brikci-Nigassa
- Rapport et photos du piquet devant l’Hôpital Brugmann
- Photos d’Alost
- Photos de Charleroi
- Photos du piquet à la fabrique d’ascenseurs Schindler Belgium à Bruxelles
- Rapport général et photos de Liège
- Photos de Liège
- Photos et rapport du piquet des cheminots à Liège
- Photos de Bruges
- Photos de la gare d’Anvers-Berchem
- Photos des piquets de Bayer et de BASF
- Photos du Limbourg
- Photos de piquets à Termonde
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L’appel à la grève a été massivement suivi et, y compris parmi les couches plus larges de la population, la propagande des patrons et des politiciens ne sont plus acceptés. Tant que la menace antisociale restait abstraite, les propos anti-grève pouvait avoir un certain effet. Mais celui qui calcule aujourd’hui combien de temps il ou elle aura à travailler plus longtemps et pour quel montant de pension, ou encore ce que constituerait un saut d’index, ne se laisse pas prendre aux mensonges patronaux. Qui veut travailler jusqu’à 65 ans pour s’occuper de classes de 30 élèves ? Qui pense que des pompiers en activité jusque 62 ans constituent un plus pour notre sécurité ?
Avant la grève, les médias ont annoncé que ”seulement” 20% de la population soutenait la grève et que 23% se disaient neutres face à cette question. Nous devons donc en conclure ces 43% n’ont aucune représentation parlementaire, puisque les politiciens des partis établis sont tous plus ou moins favorables aux mesures imposées. Certains veulent limiter le rythme des attaques, d’autres veulent l’augmenter. Mais cela semble être aujourd’hui l’unique divergence dans le ”débat politique”.
Même si ce sondage était correct, il convient de remarquer qu’il a été effectué quelques semaines avant que la campagne vers la journée de grève générale ne commence véritablement. Les directions syndicales, avec leurs hésitations, ont laissé l’espace pour que nos adversaires partent à l’offensive pendant que les militants ne savaient pas ce qu’ils allaient faire. Les patrons ont vu l’occasion de passer à la vitesse supérieure, et ont fait tout un tas de sorties dans les médias traditionnels, activement complices (heureusement qu’il existe des médias comme ce site et Lutte Socialiste!). Aujourd’hui, il semble bien que le bilan de la grève soit tout l’inverse. Cette propagande a conduit à une nette polarisation, avec une augmentation de la volonté de faire grève. Nous avons ainsi entendu un délégué syndical d’un grand hôpital expliquer que, pour la première fois, la direction n’avait pas trouvé de volontaire pour effectuer le service minimum. Avec des propositions comme un saut d’index, maintenant sur la table, cette situation ne peu que s’accroître plus encore.
Avant la grève, tous les politiciens ont pris leurs distance de cette protestation qu’ils estimaient irresponsables. De droite à ”gauche” (hum…), c’était le même son de cloche.Bruno Tobback s’était déclaré dans les pages du Soir contre l’utilisation d’une "bombe atomique" telle que la grève générale, Di Rupo disait que les syndicats conduisaient la population ”à l’abîme”, et De Wever disait de son côté que la grève ne disposait d’aucun soutien en Flandre. Pour ce dernier, elle n’avait que des partisans en Wallonie, à la FGTB, et avec le Premier ministre Di Rupo, a-t-il même réussi à dire. Mais sur les piquets d’Anvers où nous sommes passés, nous avons trouvé que les ”militants de la FGTB wallonne”, avec leurs vestes rouges et vertes, parlaient assez bien le néerlandais (et même plus précisément le dialecte anversois). Remarquablement même.
Un conducteur de tram à un dépôt quasiment à l’arrêt – seuls deux trams étaient partis – nous a déclaré de son piquet de grève que De Wever avait perdu beaucoup de voix avec ses déclarations. Beaucoup de conducteurs pensaient que De Wever était différent, anti-establishment. Mais dès qu’il s’agit de concret et non plus de belles paroles, De Wever et son parti font parties des plus chauds partisans d’assainissements, notamment dans le service de transports en communs De Lijn. Même ceux qui prétendent qu’il y a un conflit de générations à la base de la protestation contre les mesures – des aînés qui râleraient soi-disant de devoir travailler plus longtemps pour l’avenir des jeunes – devaient avoir beaucoup de peine pour trouver un exemple justifiant leurs propos: parmi les conducteurs de ce dépôt, aucun jeune ne s’était présenté au travail. La présence des jeunes aux piquets était effectivement frappante
C’est très facile pour les politiciens de nous dire qu’il faut travailler plus longtemps. Ils ont une pension complète (et élevée) après 20 ans de carrière ! Et ils peuvent maintenant gagner jusqu’à 20.000 euros bruts par mois. Avec un tel salaire, c’est à peine si l’on sent un saut d’index. Mais pour un travailleur normal, un saut d’index fait rapidement perdre 25.000 euros sur une carrière.
Maintenant, concernant le succès de la grève, les patrons poursuivent leurs mensonges. Ils se prennent les pieds dans leurs propres mensonges: l’impact de la grève serait limité, mais le port d’Anvers perdait tout de même 1 million d’euros par heure ! Cela contredit aussi la propagande qui affirme que la grève n’était vraiment massive que du côté francophone.
Après cette grève, une prochaine étape est nécessaire. Si le gouvernement ne veut rien entendre, et continue même son chantage, nous devons augmenter la pression et nos actions. Ce n’est pas une action ponctuelle suivie de semaines de doute sur la suite du mouvement qui fera reculer les patrons, leurs politiciens et leurs médias. La lutte contre l’avalanche d’austérité a bien commencé, elle doit se poursuivre, avec un bon plan d’action, et en allant crescendo.
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Brink’s: La grève continue
Depuis 27 octobre, les employés de BRINK’S sont en grève. Dès le début, le conflit est caractérisé par une arrogance énorme de la part de la direction. Ce vendredi, la direction de Brink’s a officiellement fait aveu de faillite : 430 employés, qui pendant plusieurs années ont risqué leur vie pour la société, perdent leur emploi.
PSL-Hainaut
Brink’s est le dirigeant mondial dans le marché des convoyeurs de fonds. La société, qui a sa base aux États-Unis, compte 60.000 employés dans plus de 100 pays, dont 430 travailleurs en Belgique. Fin octobre Brink’s a annoncé la fermeture de son site à Strépy (le seul site en Wallonie), qui compte une soixantaine de travailleurs, la vente des activités (hautement rentable) de Brink’s Diamond & Jewelry Service à une autre société du groupe, et a exigé le passage du statut d’employé au statut d’ouvrier.
Les employés ont refusé clairement ces manœuvres. Surtout que le passage au statut d’ouvrier était uniquement une préparation pour pouvoir les licencier à bon marché. Dans le secteur, un ouvrier avec 20 ans d’ancienneté a droit à une indemnité de 16 semaines, pour un employé, c’est 18 mois. Donc une sérieuse économie pour la direction. Cette mesure formerait en outre un précédent, et aurait des conséquences pour tous les employés dans d’autres secteurs.
La direction avait très bien préparé son plan. Il y a environ un an, trois employés ont été licenciés sur chaque site : « Notre collègue rentrait à l’entreprise à la fin de son itinéraire, et on lui refusait l’accès. Dans le couloir il a dû donner son arme et ses affaires de travail. Il a été licencié sur place. » La direction l’a fait uniquement pour tester les réactions. Peu après, les délégués sur place se sont vus offrir une double indemnité, pour partir. De cette façon, Brink’s pensait pouvoir faire passer sa restructuration sans résistance. Mais elle s’est clairement trompée. Au lieu d’être face à des travailleurs divisés et à une représentation syndicale décapitée, comme elle l’espérait, elle se trouve confronté à un bloc uni et combatif des employés. Aujourd’hui, les employés de Brink’s ont mené une lutte exemplaire, en front commun syndical. Ils ont refusé de rendre leurs armes et l’argent dans les coffres-forts. Ils ont refusé de changer de statut, parce que ce aurait été une défaite pour tous les travailleurs belges avec un statut d’employé. Ils ont toujours compris la stratégie de la direction, et ils ont décidé de continuer le piquet de grève, même après que la faillite a été officiellement déclarée.
La direction pointe maintenant les travailleurs du doigt comme cause de la faillite. Elle met en avant qu’elle n’a jamais été confrontée à une telle résistance de la part de ses travailleurs, depuis sa création et dans aucun autre pays. Les statuts d’employé seraient la cause des pertes de l’entreprise. C’est n’importe quoi ! L’activité hautement rentable qui s’occupe du transport des diamants entre Anvers et le Zaventem, a été vendue à une autre société du groupe, et a ainsi mis les comptes virtuellement dans le rouge. Au cours des négociations, les syndicats ont même proposé d’accepter les changements de statuts, sous condition que l’on ne touchait pas aux indemnités de licenciement. Ceci a été refusé. Il s’agissait donc uniquement d’une préparation des licenciements. Car un changement de statut signifiait de moins grandes indemnités. Le syndicat essayera maintenant de poursuivre l’entreprise pour faillite frauduleuse. Ceci signifie que le combat sera partiellement mené sur le plan juridique maintenant. Ceci peut avoir comme conséquence que les travailleurs ont l’impression que « ce n’est plus dans leurs mains maintenant », que les choses dépendent du juge, qui leur sera oui ou non bien intentionné. Si ce procès s’étale sur une longue période, la lutte pourrait s’éteindre.
Mais les employés de Brink’s ont décidé justement de continuer le piquet de grève. « Ce n’est qu’un début », disaient-ils vendredi sur le piquet à Strépy, juste après la déclaration de la faillite. Il est important que le syndicat essaie d’élargir la lutte. Les méthodes que la direction de Brink’s utilise ne sont pas nouveaux. Une faillite mise en place par une division fictive des sections lucratives et déficitaire, nous l’avons déjà vu, notamment en Mai 2009 chez FIAT à Bruxelles. Cela avait permis à la direction de FIAT de licencier 24 travailleurs dans la partie déficitaire. Nous avons vu un mouvement de solidarité suite à ce conflit, il nous faut la même chose maintenant.
La direction de Brink’s a visé la faillite dès le début. Elle a hébergé ses activités rentables (le transport de diamants et d’or entre Anvers et Zaventem) sous une autre filiale. Elle avait d’ailleurs déjà demandé une licence pour cette filiale dès le début du conflit. Elle a voulu se débarrasser de Brink’s Belgique, afin de reprendre ses activités rentables sous un autre nom. Le patronat est prêt à tout pour augmenter ses profits. Les employés sont jetés comme des vieux mouchoirs, pour contenter les actionnaires parasitaires. Pour certains travailleurs, ce n’est pas leur première restructuration. Un travailleur de Strépy a déjà du vivre la même chose à VW Bruxelles, maintenant Audi Bruxelles. Le patronat essaye partout de faire payer les conséquences de la crise aux travailleurs. Le jour où la faillite à Brink’s a été annoncée, nous lisons dans le journal que le groupe français La Redoute va licencier 78 employés à Dottignies, pour diminuer ses frais. Le nombre de licenciements et attaques sur les statuts, les salaires, … ne va qu’augmenter dans la prochaine période. Nous avons besoin d’un syndicat combatif qui unifie les différentes luttes.
Nous ne devons pas attendre beaucoup soutien de la part des partis traditionnels : les politiciens comme Milquet, Di Rupo,… disent maintenant être ‘indignés’ de l’attitude de la direction de Brink’s, mais ils n’ont pas de réponse. Au contraire, tous les partis traditionnels soutiennent depuis des années une politique de réductions de charges patronales pour les grandes sociétés. Aujourd’hui, ceci coûte jusque 9 milliards d’euros par an à la caisse de notre sécurité sociale.
Le patronat se trouve servi comme un prince, et quand les travailleurs doivent payer le prix pour des années de mauvaise gestion, il y n’a pas de réponse. Les politiciens permettent au secteur privé de se faire encore un peu plus de profits sur le dos des travailleurs, de leur sécurité, leurs salaires, leurs conditions de travail, … Les partis traditionnels ne se trouvent pas de notre côté. Nous avons besoin de notre propre parti, un parti qui défend les intérêts des travailleurs et qui s’oppose à la logique de profit. Chez Brink’s, la sécurité du personnel est en jeu chaque jour. Ce secteur ne peut pas être laissé à la faim des profits du secteur privé. Avec la nationalisation de l’ensemble du secteur financier, sous contrôle et gestion ouvrière, le secteur des convoyeurs de fonds doit être mis aux mains publiques, pour mettre centrale la sécurité des travailleurs et la service à la population, au lieu de la chasse aux profits.
Visite le groupe facebook du piquet de grève de Strépy: Brink’s-Strépy
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Parti Socialiste: Il n’y a pas que la crise qui est vertigineuse…
Elio Di Rupo n’a pas peur des mots : pour lui, la crise dans laquelle la Belgique et le monde sont plongés est “vertigineuse”. Il a développé récemment les réponses que le PS veut y apporter. Qui, elles aussi, donnent le vertige. Mais pas pour les mêmes raisons…
Par Jean Peltier
Face à cette crise « vertigineuse », le président du PS n’estime pourtant pas nécessaire de mettre en route un nouveau plan de relance, ni même de doper le plan existant,… Non, ce qui serait décisif, selon lui, c’est de nommer un commissaire spécial auprès du gouvernement fédéral pour vérifier que les décisions prises dans le cadre du plan de relance sont bien appliquées ! Face à une telle audace, on est effectivement pris de vertige…
Plan de confiance
Mais, s’il estime inutile un nouveau plan de relance, Di Rupo a un joker dans sa manche : un « plan de confiance » pour « faire en sorte que les citoyens consomment davantage et qu’ils soient acteurs de la relance économique » !
Pour cela, il veut essentiellement baisser la TVA à 6% dans une série de domaines : le gaz et l’électricité, le bâtiment (construction et rénovation, privé et public), la restauration,… Il veut aussi accélérer l’instauration d’un 13e mois d’allocations familiales au moins pour le premier enfant (83 euros), une mesure déjà prévue par le gouvernement.
Coût de l’opération : entre 500 millions et 2 milliards d’euros. Le PS prévoit donc, pour alléger (un tout petit peu) le poids de la crise sur plusieurs millions de travailleurs, de pensionnés et de chômeurs, de dépenser entre 2,5 % et 10 % de ce que le gouvernement a mobilisé pour sauver les banques ! Vous avez dit « vertigineux »…
Mais si une TVA diminuée signifie un peu plus de pouvoir d’achat, cela veut dire aussi moins de rentrées pour l’Etat. Comment y faire face ? En « réeestimant les capacités budgétaires » et en « utilisant les marges existantes ». C’est ce qui s’appelle ne pas faire de vagues inutiles.
Dernière proposition « vertigineuse » du PS : en retour des milliards d’euros injectés dans le secteur bancaire, il estime “crucial que nos (sic!) banques continuent à répondre aux demandes de crédits des épargnants et des entreprises” et il estime qu’ «il faut d’abord renforcer le rôle de la Commission bancaire, financière et des assurances en demandant que son comité de direction, au moins quatre fois par an, fournisse un rapport sur la politique de gestion des risques dans les banques». Devant tant d’audace, les bras en tombent…
Vertige de la platitude
Avec une crise qui s’aggrave de jour en jour et des élections qui approchent à grands pas, beaucoup de gens espèrent que le PS va sortir du bois et donner un grand coup de barre à gauche. Cela n’en pend pas vraiment le chemin. Bien sûr, on peut s’attendre dans les prochaines semaines à de nouvelles dénonciations virulentes de la « crise libérale », la désormais célèbre formule du Di Rupo qui a le double avantage de faire retomber la responsabilité de la crise sur Reynders et ses potes (toujours bon à prendre avant les élections) et de ne pas devoir parler de crise capitaliste (ce qui obligerait le PS à discuter de mesures anticapitalistes).
Mais, dans les faits, les propositions « anti-crise libérale » du PS se distinguent surtout pas leur extrême faiblesse (qui peut croire que la baisse de la TVA et un commissaire fédéral supplémentaire pourraient enrayer la crise ?) et leur extrême timidité. Le PS ne propose ni de remettre le secteur financier sous contrôle public (alors qu’il n’a été sauvé de la faillite que par l’injection massive de fonds publics) ni même de recréer une banque publique. Il ne parle pas de revenir sur les libéralisations désastreuses dans le secteur de l’énergie (et pour cause, il y a participé activement). Il ne parle même pas de mener une véritable chasse à la fraude fiscale. Et encore moins d’aller chercher dans les caisses des grandes sociétés, qui sont encore gonflées des énormes profits réalisés ces dernières années, de quoi financer de vraies mesures pour défendre le pouvoir d’achat et créer de l’emploi.
Si, le 7 juin, le PS redevient le premier parti en communauté Wallonie-Bruxelles, ce sera beaucoup plus à cause du discrédit qui est tombé en quelques mois sur le « modèle libéral » (et à l’insupportable arrogance de Reynders) que grâce à l’audace de ses propositions et à l’espoir qu’elles susciteraient. Mais, qu’on aille ensuite vers une tripartite traditionnelle PS-MR-CDH (pour appliquer plus facilement les plans d’austérité draconiens annoncés par Van Rompuy) ou qu’on se dirige, comme beaucoup de commentateurs le pensent, vers une coalition PS-Ecolo-CDH (la formule qui fait rêver les directions de la FGTB et de la CSC), une chose est certaine : ce n’est pas du PS que viendra une alternative à la politique néolibérale qui nous a mené au chaos actuel. Et ce n’est pas non plus sur le PS que les travailleurs et les syndicalistes pourront compter pour défendre emplois et salaires.
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- Rubrique "Nouveau parti des travailleurs" de socialisme.be
- Site électoral du PSL
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PS: De “OK Patron” à “OK Corall”
Règlements de comptes au PS… Vous avez vos pop corns?
Jean Peltier
On s’amuse dans les colonnes du « Soir ». Van Cauwenberghe et Janssens s’en prennent à Di Rupo qui nomme comme ministres des « petits jeunes » (qu’il sait ambitieux et qu’il espère reconnaissants) en dédaignant royalement les parlementaires chevronnés et expérimentés (eux, par exemple). Philippe Moureaux flingue Laloux qu’il veut voir démissionner et reproche à Di Rupo sa mollesse envers ceux qui manquent d‘éthique (suivez son regard vers Anne-Marie Lizin). Demotte et Picqué glorifient les Régions et descendent en flamme la Communauté française actuelle, en sérieux décalage avec Di Rupo qui n’a pas cessé de vanter ces derniers mois la primauté de la solidarité communautaire francophone. Y a pas à dire, c’est fête tous les jours au PS…
Il faut dire que les sondages se suivent en répétant le même message : le PS continue à reculer tant en Wallonie qu’à Bruxelles. Et Di Rupo, qu’on a effectivement connu plus flamboyant par le passé, semble incapable d’inverser la tendance. Dès lors, les couteaux s’aiguisent et les prétendants à une éventuelle succession commencent à s’agiter. Il n’y a qu’une seule question que ces messieurs-dames ne (se) posent pas : si, au-delà des « affaires », c’était la politique néo-libérale que le PS mène au pouvoir depuis vingt ans qui faisait fuir peu à peu son électorat ouvrier et populaire ?
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