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Tag: Dexia
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Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (5)
Les finances des communes et des régions sont dans un état catastrophique. A Bruxelles, de nombreux niveaux d’autorité sont représentés, mais ils ont tous en commun de mener une politique d’assainissements et d’austérité. A ces sévères économies antisociales, il convient de répondre par une résistance sociale conséquente. Cela nécessite un programme reposant, au-delà de l’opposition à la politique actuelle, sur une alternative claire. Cet article est la dernière partie de notre dossier sur Bruxelles, avec les conclusions qui s’imposent selon nous.
Les finances communales boivent la tasse, aux travailleurs et à leur famille de payer la note…
Selon l’analyse des budgets communaux réalisée par Belfius, 13 des 19 communes bruxelloises sont en déficit pour 2013. Ces chiffres sont de loin plus mauvais que pour les autres régions de Belgique. Après une législature 2000-2006 marquée par une dégradation des finances communales, Charles Picqué, également Ministre de tutelle des pouvoirs locaux à la région, annonçait pourtant une « stabilisation financière » des communes « grâce à l’action de la région et une gestion parcimonieuse des communes » pour 2006-2012.
Par « action de la région », Picqué réfère surtout à l’injection chaque année depuis 2007 de 30 millions € supplémentaires pour l’équilibre budgétaire des communes. Sans cette aide, une seule commune ne serait pas en déficit chaque année. Picqué a conditionné cela à la présentation et au respect d’un plan financier trisannuel par les communes, devançant ainsi les nouvelles directives européennes contenues dans le Six-Pack et traduisant la volonté du bon plombier institutionnel qu’il est de développer la gestion de l’austérité et des pénuries au niveau des communes. Par « gestion parcimonieuse », Picqué réfère à la politique d’assainissement des autorités locales, par laquelle la croissance des dépenses par habitant a été inférieure à l’inflation, aggravant les pénuries. Et cela malgré une croissance annuelle des dotations aux zones de police de 5% et des dotations aux CPAS de 5,5%.
Comme nous l’avons déjà vu, le rendement du PRI varie fortement d’une commune à l’autre. De son côté, la part de l’IPP dans les recettes des communes tend à diminuer (de 15% en 2006 à 11% en 2012) du fait de l’appauvrissement de la population. Les recettes dues à l’intervention régionale croissent quant à elles annuellement de 5% et représentent aujourd’hui 22,5% des revenus des communes. Les subsides du fédéral, des communautés et de la Cocof correspondent pour leur part à 13,5% des revenus.
Les recettes sur les produits financiers ont quant à elles enregistré un important recul depuis 2005 suite à la libéralisation du secteur de l’énergie (pertes des dividendes des intercommunales) et depuis 2009 avec la liquidation du Holding Communal (suppression des dividendes via Dexia). Les recettes de dette (à la fois sur les intérêts créditeurs et sur les dividendes des participations aux intercommunales dont Sibelga, HydroBru et Brutélé) ne représentent plus que 3,7% des sources de revenus des communes en 2012 contre 8,5% dix an plus tôt.
Dans le secteur de l’énergie, qui générait autrefois d’importants dividendes, les communes se concentrent désormais sur l’activité du gestionnaire de réseau. Les pertes liées à la fourniture a été compensé à Bruxelles par une redevance voirie (électricité et gaz) qui atteint un rendement budgétaire actuellement de 30 millions €. Les dividendes sur le gaz et l’électricité sont passé de 70 millions € par an en 2002 à 55 millions € à partir de 2005 et à 50 millions € depuis 2011. Interfin (bras financier des communes dans Sibelga) a toutefois versé un dividende exceptionnel de 32 millions € aux communes en 2010, qui provient du surcoût de la distribution tarifé aux consommateurs. Les communes ont décidé ces dernières années d’obtenir de plus en plus de revenus de Sibelga. Alors que le bénéfice de 2012 de Sibelga a encore augmenté à 87,3 millions € par rapport à 66,5 millions € en 2011, les dividendes versés s’élèvent à 79,6 millions € (à 75% pour les communes et à 25% pour Electrabel).
Les mesures du gouvernement fédéral pour limiter les prix excessifs des fournisseurs sont arrivées trop tard et sont trop limitées. De plus, la CREG (la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) avait sonné l’alarme dans son rapport de janvier 2012, expliquant que les tarifs de distribution pratiqués par les communes sont beaucoup trop élevés par rapport aux pays voisins. De fait, sur l’ensemble de la facture d’énergie, ce sont surtout les coûts de la distribution qui ont le plus augmenté depuis 2008 : ils correspondent à environ 40% de la facture de gaz et d’électricité soit en moyenne 600 € pour un ménage ! Paradoxalement, le coût de la distribution à Bruxelles est le plus élevés qu’en Flandre et en Wallonie alors que le territoire et donc le réseau est pourtant nettement moins vaste.
Entre 2008 et 2012, la commune de Saint-Gilles a doublé ses revenus annuels sur le gaz et l’électricité de 2,6 millions € à 5,3 millions €. Ces augmentations de revenus (redevance voirie, obligation service public, dividendes et la « revente exceptionnelle » en 2011 de patrimoine communal à Sibelga) sont à leur tour transférés sur la note des usagers. En moyenne, cela représente 110 € de taxe cachée chaque année pour chaque Saint-Gillois. Ce qui équivaut au coût de la perte de Dexia.
A travers le Holding Communal, les communes belges détenaient 14% des parts de Dexia. Avec la faillite de la banque, les dividendes (25 millions € en 2008) ont été réduits à néant en 2009. Tous les partis traditionnels ont participé à cette orgie spéculative. Le conseil d’administration de Dexia était bourré de politiciens alors que la banque maximisait les risques pour obtenir des rendements les plus élevés possibles.
En 2008, il a été demandé aux communes de mettre de l’argent sur la table pour sauver la banque en difficulté. Saint-Gilles augmente alors sa participation au capital de 4 millions €. Aux côtés de Saint-Gilles, Anderlecht, Bruxelles, Ixelles, et Schaerbeek participeront également un maximum. Ensuite Saint-Josse, Molenbeek, Etterbeek, Uccle et Jette augmenteront aussi fortement leur part. Picqué écrit alors, dans son rapport financier 2002-2011, que « grâce à la recapitalisation du groupe, les communes limitent la casse avec environ 8 millions € de recettes par an ». Peu de temps après, tout cet argent a disparu car la recapitalisation n’a pas empêché la débâcle. Au final, la perte annuelle se chiffre à 2 millions € pour Saint-Gilles et 4 millions € pour Ixelles. Les communes ont même contractés des prêts chez Dexia pour cela ! Par exemple, Saint-Gilles repaye encore chaque année jusqu’en 2019 500.000 € de remboursement du prêt pour la recapitalisation. Désormais, l’austérité passe également par les communes
Pour combler les déficits communaux, les différentes majorités communales appliquent à leur niveau l’austérité notamment en augmentant diverses taxes. Cette augmentation est en moyenne de 8,7% en région bruxelloise par rapport à 2012, ce qui équivaut à un montant de 130 € par habitant en plus. Ces taxes portent principalement sur les bureaux et les chambres d’hôtels mais les plus fortes augmentations sont sur la mobilité et le stationnement. Pour les budgets 2013 des 19 communes, Belfius estime que les taxes sur le stationnement représentent une recette d’un peu plus de 51 millions €, soit 9,2 millions € de plus qu’il y a 3 ans (+ 25 %). Cela devrait encore augmenter en 2014, avec la mise en place du nouveau plan de stationnement régional dès le 1er janvier. Cette réforme du plan de stationnement régional s’accompagne de la réforme, par le fédéral cette fois, de la loi sur les sanctions administratives communales. Cette réforme prévoit notamment l’élargissement de la fonction d’agents constatateurs et l’augmentation du plafond des amendes à 350 €.
Pour la bourgeoisie belge, les régions et les communautés sont des outils très utiles pour réaliser différents assainissements. Ses politiciens traditionnels en maîtrisent l’art. Un niveau de pouvoir n’est pas encore suffisamment utilisé à leur goût pour réaliser l’austérité : la commune. Un des objectifs du gouvernement régional est de disséminer des coupes dans les services communaux et en même temps d’utiliser ces services pour traire encore plus la population et les travailleurs.
Ixelles a ouvert le bal de l’austérité communale 2013 en publiant en février son budget. La nouvelle majorité Ixelloise (PS-MR-Sp.a) prévoit 18 mesures, parmi lesquelles : diminution du nombre de fonctionnaires communaux (non remplacement d’un tiers des départs), fermeture de deux restaurants sociaux, suppression de la moitié des subsides aux associations, fermeture de la déchetterie communale, augmentation de 15% en moyenne des frais des services communaux et des taxes supplémentaires… Comme Picqué à la région, la commune d’Ixelles veut faire payer la crise au personnel communal et aux habitants.
La situation de la commune de Saint-Gilles semble de son côté assez paradoxale. Près d’un an après les élections communales, la majorité n’a toujours pas publié de déclaration de politique générale. De plus, si le budget 2013 a été voté en avril (avec un déficit d’environ 3 millions €), la majorité n’a même pas soumis le plan triennal rendue à la région à l’ensemble du conseil communal, alors que ce plan est censé cadrer l’orientation des budgets communaux pour les trois prochaines années. C’est la seule commune de la région bruxelloise dans ce cas. Serait-ce lié au retour de Charles au maïorat ? Une région marquée par les pénuries et les inégalités signée Picqué
Lors de son départ de la région, le journal « Le Soir » rendait hommage à Picqué comme le meilleur garant des intérêts de la région bruxelloise contre la Flandre. D’autant que lors de la 6e réforme de l’Etat, le « créateur » de la région a pu obtenir un refinancement à hauteur de 461 millions €. La région va-t-elle pouvoir à présent garantir les droits et besoins des différentes communautés qui vivent à Bruxelles ?
Rien n’est moins sûr. En juillet dernier, le gouvernement bruxellois a présenté les grandes lignes du budget régional pour 2014. Au menu : 120 millions € d’assainissements, soit 4% du budget de la région. Ces premiers assainissements budgétaires signés Vervoort sont de loin supérieurs à ceux de 2013 qui étaient de 83 millions €. Le détail des réductions de budget et des augmentations de taxes n’est pas encore connu, le conclave étant planifié pour fin septembre. Il est fort probable que le traditionnel salami sera de mise pour réaliser les assainissements, en utilisant également l’échelon communal pour appliquer l’austérité.
La 6e réforme de l’Etat prévoit parallèlement au refinancement le transfert de toute une série de nouvelles compétences aux régions relatives à l’emploi, aux soins de santé, aux allocations familiales… Ces nouvelles compétences représentent près de 25% de l’ensemble de la sécurité sociale. Il est probable que ces services rencontrent un sous-financement du même ordre que ce qui se fait déjà dans la région aujourd’hui. En outre, ces nouvelles thématiques risquent fort d’intensifier les complications communautaires et les passages par la commission communautaire commune (cocom).
Faudra-t-il simplifier les administrations publiques à Bruxelles ? Si une telle simplification se faisait au détriment des moyens, ça ne serait pas mieux, les pénuries augmentant les conflits et discriminations. La seule véritable solution est celle qui s’attaque à la racine du problème : organiser les services et infrastructures en fonction des besoins plutôt qu’utiliser différents niveaux de pouvoir pour aménager les différentes pénuries.
C’est pourtant cette dernière logique qui est derrière la réforme d’Etat fédéral et la réforme interne de la région. En 2010, Verdonck, Taymans et Ector, trois professeurs de centre d’études régionales bruxelloises des facultés universitaires de Saint-Louis, ont sorti une étude qui calculait un besoin de financement complémentaire à 720 millions €, basé sur les surcoûts et les manques à gagner subis par la région par rapport aux autres régions. Cependant, la somme prévue par l’accord institutionnel n’est que 461 millions €.
Selon l’étude, la différence entre ces besoins et le refinancement obtenu dans les différents budgets est la suivante : 56 millions € nécessaires en matière de sécurité contre 30 obtenus, pour les coûts liés au bilinguisme et les structures politiques administratives c’est un besoin de 89 millions € pour 68 obtenus, dont 40 à travers les commissions communautaires. Le manque à gagner du fait de l’absence de solidarité de l’hinterland bruxellois est estimé à 430 millions €, alors que la loi de financement n’apporterait qu’au maximum 44 millions € à partir de 2015 sur base de l’importance des navetteurs. L’étude calcule un surcoût pour les CPAS dû à l’attraction de la capitale vis-à-vis des populations défavorisées à 89 millions €, or rien n’est prévu sur ce plan-là.
Concernant la mobilité et le manque à gagner dû aux exonérations fiscales octroyées aux institutions et fonctionnaires internationaux, les moyens nécessaires sont calculés par l’étude à respectivement 122 et 127 millions €. Dans ces cas-ci, le refinancement rencontre ces montants. Mais il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une étude faite par des socialistes et basée sur les vrais besoins. Il s’agit d’une comparaison de Bruxelles avec le reste du pays (toute politique restant le même) et sur cette base-là de calculer les désavantages de la vielle et de la nouvelle loi de financement pour la région de Bruxelles. Cette étude se place dans le cadre d’une redistribution des pénuries plus « équitablement » sur tout le pays et non de résoudre les pénuries. Les besoins réels, partant de la défense du droit d’une vie décente pour chacun, demandent évidemment beaucoup plus de moyens.
Le caractère forfaitaire des dotations complémentaires risque à terme de nécessiter une nouvelle négociation si les besoins objectifs augmentent substantiellement (ce qui est la perspective la plus probable). En plus, la moitié des dotations prévues ne peuvent pas être librement utilisées, mais sont prévues pour des matières spécifiques (« pas de chèque en blanc », comme disaient les partis flamands). L’absence de financement pour combler le manque à gagner pour la région lié au fait que les gens qui travaillent à Bruxelles payent leurs impôts dans une autre région et pour combler le surcoût dû à la forte attraction de la capitale pour des populations va pousser le gouvernement bruxellois encore plus dans sa logique d’attirer des couches plus aisés en repoussant les couches pauvres.
A Bruxelles, la bourgeoisie belge a pu compter sur un énième plombier institutionnel à son service. Récemment, Picqué déclarait encore : « On n’a pas pu anticiper le boom démographique, c’est un facteur sur lequel nous n’avons pas de prise ». Si la croissance démographique apparaît comme étant « Le » problème de Bruxelles générant des pénuries, c’est bien parce qu’il met en évidence des décennies de sous-investissement dans les services et infrastructures collectifs, conséquence des politiques néolibérales des gouvernements Picqué. Pour faire face à ces pénuries, les « solutions » alternent entre des plans de bricolage temporaires, des taxes en augmentation, voire des sanctions. Dans tous les cas, ce sont la population bruxelloise et les travailleurs qui en payent les frais. Ces 20 années de gouvernements Picqué sont finalement très illustratives du processus de bourgeoisification de la social-démocratie.
En même temps, une configuration de gouvernement « Olivier » a permis de faire jouer les liens privilégiés des directions syndicales avec les partis traditionnels au gouvernement, afin d’éviter un mouvement généralisé malgré la pression de la base. La rhétorique des dirigeants syndicaux qui était de conditionner toute revendication à l’obtention du refinancement de la région bruxelloise a été une expression de ce lien. Comme cela a été expliqué dans le cadre des conditions de travail des ALR, cette rhétorique était une supercherie, le refinancement n’ayant en rien été utilisé pour améliorer les acquis et inverser la tendance qui est l’accroissement des pénuries. Une rupture des liens avec ces partis traditionnels et un nouveau parti de masse défendant les intérêts des travailleurs est nécessaire.
Les inégalités croissantes qui découlent des pénuries sont illustrées par l’évolution des revenus des 10% les plus riches à Bruxelles comparativement à l’évolution des revenus des 10% les plus pauvres, et ce de 1985 à 2007. Alors que les 10% les plus aisés ont vu leurs revenus doublés par rapport à 1985, pour les 10% les plus pauvres ces revenus sont deux fois plus faibles. Ce graphe ne tient même pas compte de la crise et de ses effets ces 5 dernières années. Cette « fracture sociale » est une illustration du résultat de 20 années de gouvernements Picqué.
Conclusion
Comme l’ont illustré les récents mouvements de masse en Turquie autour de la place Taksim et au Brésil lors de la coupe des confédérations, les politiques de la ville qui combinent le prestige pour une minorité et les pénuries pour une majorité peuvent avoir un effet d’étincelle sur la colère et être un point de départ pour la remise en question de tout un système. Le type de lutte comme celle des travailleurs communaux d’Ath et plus récemment ceux de Saint-Nicolas, qui ont mobilisé le soutien de la population contre l’externalisation de la récolte des déchets, se développeront également à terme dans les communes bruxelloises.
Les travailleurs de Bruxelles-Propreté ou ceux du site Horta ont déjà illustré leur capacité à entrer en action. Les travailleurs communaux de Saint-Gilles ont recommencé à mener des actions dans la commune comme lors du 14 novembre dernier. Ils expliquaient alors qu’ils voulaient renouer avec des traditions syndicales plus combatives. Avec le PSL et les campagnes « Reprenons nos communes ! », nous voulons accompagner les syndicalistes et les habitants à Bruxelles et dans les communes où nous sommes implantés à travers ce processus.
Le point de départ pour les budgets doivent être les besoins de la population et non les moyens limités imposés, car les richesses existent dans la société, il faut aller les prendre là où elles se trouvent, y compris au niveau communal ou régional. Un plan radical d’investissements publics massifs est nécessaire pour créer massivement des logements sociaux, des écoles, de crèches, du transport public, des soins de qualité, des emplois décents et du pouvoir d’achat.
Cela nécessiterait d’élaborer un budget en déficit. Une majorité socialiste devrait alors mener une campagne massive dans la commune ou la ville, notamment avec les travailleurs des ALR, pour construire un plan de mobilisation large visant à soutenir ces mesures nécessaires et imposer un tel budget. Cela ouvrirait un front contre le gouvernement d’austérité Di Rupo et son successeur comme l’a illustré l’exemple de la majorité socialiste de la ville de Liverpool et ses habitants face à Thatcher dans les années ‘80.
Ce plan radical ne peut pas être cantonné au niveau communal ou régional, mais doit être couplé à l’abolition de la dette et à la nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs des banques, du secteur de l’énergie et des autres secteurs clés de l’économie et à la transformation socialiste de la société.
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L’austérité en cascade : le tour des communes

Ath, Andenne, Colfontaine, Visé, St Niklaas,… La liste des communes annonçant des coupes budgétaires, licenciements ou autres n’en finit plus de s’allonger. Le plus triste là-dedans? C’était parfaitement prévisible. Chroniques d’un désastre annoncé…
Par Thibaud (Liège)
Tout le monde a encore en tête la saga Dexia. L’argent public a servi de mise lors de parties jouées dans l’économie-casino. C’est donc dans la poche des plus faibles que les partis traditionnels tentent d’aller chercher la rallonge nécessaire pour continuer la partie. Appelez-les comme vous voulez; mais les écotaxes, taxes communales, sanctions administratives communales et contraventions en tous genres risquent de continuer à proliférer.
Parallèlement à cela, les services communaux sont vidés de leur substance. Durant les dernières décennies et suivant la logique néolibérale globale, tout ce qui pouvait être un minimum rentable a été confié au privé. Les communes ne conservant que le minimum. C’est donc dans ces services vitaux qu’il faudra couper pour nos édiles locaux dans le but de faire des économies. Voici donc pourquoi les enfants des écoles communales de Fontaine l’Evêque sont dorénavant privés de piscine pour raison budgétaire.
Bien évidemment dans cette quête pour éponger l’ardoise capitaliste, le personnel communal devra également faire ‘‘un petit geste’’. En l’occurrence, perdre la sécurité de son emploi… voire son emploi lui-même. A Andenne, c’est déjà le cas. La question du statut sera sans doute de plus en plus évoquée. L’attaque contre le statut des fonctionnaires est une tentative claire de créer une brèche dans notre modèle social. C’est comme cela que nous devons analyser la tentative de la commune de Colfontaine de licencier 32 de ses femmes de ménage pour ensuite, par un tour de passe-passe comptable, les faire revenir travailler au même endroit… engagées par une entreprise privée ! Cette ‘‘solution’’, en plus de clairement illustrer que ‘‘nos’’ responsables politiques tentent de nous faire payer cette crise, porte en elle le germe d’un mal non négligeable. Les statutaires bénéficient en effet d’un régime de pension spécifique. Si l’on diminue le nombre d’actifs, comment les pensions seront-elles financées?
Ce processus général est condamné à passer à la vitesse supérieure. En effet, les personnes ‘‘sanctionnées’’ par l’ONEM émargent alors au CPAS, ce qui pèse sur les finances communales. De plus, avec la limitation du stage d’insertion, 55.000 bénéficiaires de ces allocations d’insertion risquent d’être exclus du chômage en janvier 2015 ; autant de milliers de personnes qui vont massivement émarger aux CPAS. Bref, les finances communales ne sont pas sur le point de mieux se porter pour peu que l’on laisse la même politique se poursuivre…
Il est grand temps de construire un rapport de force pour bloquer les attaques contre nos conditions de vie. Et ce, dans toutes les communes et également à tous les niveaux de pouvoir.
Ils organisent la misère, organisons la résistance. Les germes de la résistance sont présents en de nombreux endroits, reste à assurer leur développement et à coordonner cette volonté de riposter. Nous sommes des proies faciles en restant chacun dans notre coin, mais ensemble, nous sommes plus forts. Nous n’avons pas à nous entre-déchirer pour des miettes : des moyens existent, allons ensemble les arracher pour disposer de plus de ressources publiques.
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Namur : Manifestation contre la pauvreté
Hier, une journée d’action a eu lieu à Namur à l’initiative du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP) et du Réseau pour la Justice Fiscale (RJF). Différentes mesures ont été dénoncées par les participants, comme l’allongement des stages d’attente des jeunes et de la dégressivité du chômage, les Sanctions administratives communales (SAC) ou encore la réglementation contre la mendicité. Le RWLP a notamment rappelé que l’Etat a pu trouver 3 milliards d’euros pour Dexia et qu’en parallèle, l’exclusion du chômage lui fera ”économiser” 240 millions… Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et les jeunes du PSL Namur, ainsi que la JOC, sont intervenus avec leur plateforme locale des Jeunes en lutte pour l’emploi lors de cette action qui se plaçait dans le cadre de la Journée Mondiale de lutte contre la pauvreté.
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“Dexia” le petit monstre
La crise bancaire pèse toujours sur les caisses communales
L’abysse dans lequel se trouve Dexia est récemment devenu encore un peu plus profond : le mois dernier, il est apparu que la “banque résiduelle” a accusé une perte de 905 millions d’euros au premier semestre 2013, près du double de ce qui était prévu. Le fond de l’abysse est-il encore loin ?
Par Tim (Bruxelles)
Des cadavres dans le placard
La banque résiduelle “Dexia” a été créée après la faillite de l’ancien groupe Dexia, fin 2011, pour regrouper les investissements pourris ou à grande risque à la base de la faillite. Les activités “saines” du groupe ont quant à elles été placées dans des entreprises séparées (à l’instar des activités bancaires belges traditionnelles qui ont poursuivi leur chemin sous le nom “Belfius”). Les gouvernements belge, français et luxembourgeois se sont portés garants de “Dexia” avec l’idée de “dégraisser” la structure petit à petit. Mais les mauvaises nouvelles ont continué d’arriver, les prévisions optimistes du gouvernement ou du management ont systématiquement relevé du mirage. Ainsi, l’année 2013 devait se terminer sur une perte de 950 millions d’euros, somme quasiment atteinte après 6 mois seulement.
Et il reste encore des cadavres dans le placard. La vente des parts de l’entreprise est apparue moins rentable que prévu. La vente de la Société de Financement Local (SFIL, le “Crédit Communal” français) a laissé un large trou derrière elle. Mais, surtout, la crise de la dette des autorités locales américaines pend comme une épée de Damoclès au-dessus la banque résiduelle. Celle-ci y possède des crédits à hauteur de plus de 30 milliards d’euros, notamment dans la ville de Detroit (112 millions d’euros), récemment déclarée en faillite, ou encore à Chicago, en pleine tourmente financière également.
Un monstre
Le ministre de l’économie Johan Vande Lanotte n’est pas inquiet pour autant : ‘‘Dexia est un petit monstre qui nous poursuivra encore pendant quelque temps.’’ Nous nous demandons s’il connaît l’œuvre de Nietzsche et la citation suivante: ‘‘Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute à son tour.’’ On ne pourrait pas mieux décrire la politique gouvernementale concernant Dexia : jusqu’ici, la facture s’est élevée à 9 milliards d’euros, et la Belgique s’est portée garante pour encore 43,7 milliards, soit 25% du budget fédéral ! Chaque perte de Dexia a dès lors son impact immédiat sur le budget du gouvernement, cela entraîne plus d’économies, moins de moyens pour les services publics,… Si même Karel De Boeck, PDG de Dexia et Roi des Optimistes, avertit déjà que sa banque restera dans le rouge au moins jusqu’en 2018, on se demande jusqu’à quelles profondeurs le gouvernement belge sera entraîné…
Aujourd’hui, certains proposent de liquider Dexia une bonne fois pour toutes, et de directement en calculer le coût final. A l’exception du fait que ce scénario est exclu à moins d’un an de “la mère de toutes les élections”, cela serait encore aux travailleurs et à leurs familles d’en payer la facture. Qu’importe le scénario choisi, la note sera salée, et qui la payera ?
Nationalisation du secteur financier
En tant que marxistes, nous affirmons que c’est aux spéculateurs qui ont profité des années durant des investissements à haut risque et qui sont responsables de la chute de Dexia de le faire. La crise chypriote a illustré qu’il existe des moyens technologiques pour immédiatement stopper et contrôler les opérations bancaires : pourquoi ces moyens ne sont-ils pas utilisés pour s’en prendre aux spéculateurs ? Pourquoi n’existe-t-il encore aucune enquête publique sur les spéculateurs et super-riches qui planquent leurs richesses dans des paradis fiscaux ?
Si Dexia démontre bien une chose, c’est que laisser le secteur financier aux mains du privé est une aberration. Le PSL défend la nationalisation de tout le secteur financier, sous contrôle démocratique des travailleurs et de la société, avec élus révocables à tout instant, sans privilèges et parachutes dorés, payés au salaire moyen. Un tel secteur financier serait totalement sécurisé pour l’épargne et fournirait des crédits très bon marché aux PME, aux particuliers et aux services publics.
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Le retour des coopératives
Affronter le capitalisme avec ses propres armes ?
La colère ressentie contre les banquiers et leurs dettes de jeu contractées au casino du capitalisme est très grande, un constat évident au vu de l’enthousiasme pour New-B, le projet de nouvelle banque coopérative belge qui compte aujourd’hui près de 40.000 inscrits. De son côté, la corporation basque Mondragon (la plus grande structure coopérative au monde) réunit plus de 250 entreprises et emploie plus de 80.000 personnes.
Le débat consacré aux avantages et limites du travail avec des coopératives a traversé l’histoire du mouvement socialiste. Travailler et produire ensemble ou organiser l’achat et la distribution de denrées de manière collective sans que la logique de profit ne soit centrale sont des idées qui reposent sur la solidarité instinctivement fortement présente parmi les travailleurs et leurs familles. Il s’agit d’une tentative collective d’améliorer la qualité de vie dans un système capitaliste qui fonctionne dans le sens inverse.
Mais cette approche a des limites. Dans le contexte du système capitaliste, aucune entreprise ne peut se soustraire à ses lois. Qui n’est pas compétitif finit par disparaître… Les coopératives sont ainsi prises entre le marteau et l’enclume : dans quelle mesure exploiter son propre personnel pour faire face à cet aspect concurrentiel ?
Dans une période de ralentissement économique, on peut davantage mettre l’accent sur l’éthique. Mais que faire si, dans ce contexte de crise, survient une brève période de croissance limitée avec des possibilités de spéculation et les profits qui y sont associés ? Une banque coopérative refuserait-elle de s’impliquer dans tout ça ? L’exemple d’Arco, la coopérative du mouvement ouvrier chrétien, et de sa participation au désastre Dexia sont encore frais dans nos mémoires… Il existe encore l’exemple historique de la Banque du Travail tombée en faillite en 1934.
La militante marxiste allemande Rosa Luxemburg faisait remarquer en 1900 déjà qu’une coopérative de production signifie avant tout que ‘‘les travailleurs sont appelés à jouer le rôle de l’entrepreneur capitaliste’’, une contradiction ‘‘généralement à la base de l’échec des coopératives qui se sont soit converties en pures entreprises capitalistes soit ont été dissoutes, dans le cas où elles continuaient à considérer comme centraux les intérêts des travailleurs’’.
Une coopérative de consommation (de même que les Groupes d’Achats Communs) part de l’idée tout à fait correcte qu’il est possible d’obtenir un meilleur prix en achetant à plus large échelle. Ce constat explique le succès des achats groupés d’énergie, ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si l’on voit cette approche se développer dans un secteur où les prix sont très élevés en conséquence directe de la libéralisation. Nous soutenons toutes les mesures visant à atténuer les effets de la libéralisation, mais nous voulons défendre une alternative à la libéralisation elle-même.
Cette idée de coopérative revient régulièrement sur la table du côté du PS. En 2009, en pleine crise du lait, l’idée d’une coopérative laitière wallonne est venue dans le débat. Mais le plus concret a encore été le lancement des magasins ‘‘C Populaire’’ en avril 2010, à l’initiative du PS, de la FGTB et des Mutualités Socialistes (Solidaris), avec l’objectif de ‘‘Favoriser les relations entre producteurs et consommateurs, valoriser la production régionale et offrir des produits de qualité accessibles à tous.’’ Sauf que, trois ans après, ces magasins n’existent plus, sans que les fermetures n’aient bénéficié du quart de la couverture médiatique de leur lancement. De telles initiatives restent par essence limitées, noyées dans un océan capitaliste.
Le capitalisme ne peut être domestiqué, il doit être combattu et abattu. La Charte de Quaregnon – le programme historique du mouvement ouvrier socialiste en Belgique – ne se limite pas à des achats groupés d’énergie ou à un meilleur contrôle des banques, elle exige de placer l’ensemble du secteur financier et du secteur de l’énergie entre les mains de la collectivité. Voilà une solution qui dépasse le cadre de l’aspirine contre le cancer, cela poserait les bases d’un enseignement gratuit, de l’éradication de la pauvreté, d’une création de bons emplois socialement utiles,…
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Les villes et les communes introduisent l’austérité
Pour un plan d’action dans les localités !
Ces nouvelles tombent tous les jours. Gand, Ixelles, Malines, Saint-Nicolas, n’ont été que les premiers exemples. Les communes ont des soucis financiers et cherchent à résoudre ces problèmes à l’aide d’assainissements, de privatisations, de limitations des services publics, d’augmentations des taxes et de réductions du nombre de statutaires. Ce que nous connaissons déjà bien au niveau national (faire payer la crise à l’homme de la rue) se poursuit maintenant au niveau local.
Article de Marc Van Hecke, ancien secrétaire CGSP-ALR (Administrations Locales et Régionales)-Termonde
Avant les élections communales, la plupart des partis politiques se sont tus (dans toutes les langues) au sujet de l’année 2013 et des suivantes. Bien que parfaitement au courant de ce que l’avenir réservait, les partis traditionnels n’ont pas osé en parler. Aujourd’hui, les seules divergences ne portent que sur l’intensité de l’austérité, pas sur son principe même. Tel parti réclame des assainissements plus vigoureux, tel autre veut une ‘‘rigueur’’ avec un peu moins de licenciements. Toujours est-il qu’aucun parti traditionnel n’est prêt à remettre en question le système.
Quand la spéculation financière frappe les localités
Avant, il y avait des banques publiques comme la CGER (Caisse générale d’épargne et de retraite), le Crédit communal ou le Crédit à l’Industrie. Ces banques fonctionnaient et réalisaient même des profits, mais le gouvernement a estimé nécessaire de les transférer au secteur privé qui allait soi-disant leur permettre de mieux fonctionner.
Le Crédit communal était le financier (le prêteur) des communes. Mais après sa vente, le Crédit communal est devenu Dexia et les communes devaient s’adresser à la nouvelle banque privée. Cette dernière, tout comme les autres banques, spéculait en bourse, rémunérait excessivement ses PDG et débordait d’options et d’actions spéculatives.
Les dividendes augmentaient, les limites du possible étaient sans cesse repoussées et les communes étaient satisfaites. Comme tout tournait à merveille, personne ne se souciait de rien. Enfin, en tout cas jusqu’au moment où il s’est avéré que Dexia était elle aussi bourrée de dettes à cause de crédits et d’actifs toxiques. L’argent public avait été utilisé pour la spéculation, puis est arrivée la crise du secteur bancaire de 2008.
Un problème de coûts des pensions?
Le principe des statuts dans la fonction publique est basé sur celui de continuité. L’administration publique ne peut pas dépendre du parti politique qui détient provisoirement la majorité et doit être protégée de l’arbitraire politique. Vu que les statutaires ne peuvent (en principe) pas être licenciés, ils n’étaient pas catégorisés dans le même système de transfert de fonds que les travailleurs du secteur privé. Le gouvernement a donc créé une mutualité et un système de pensions propres aux fonctionnaires.
Ces dernières décennies, on n’a pas gardé beaucoup de statutaires. Le secteur local a constitué le laboratoire de toutes formes d’emplois alternatifs. En 1976, au moment où j’ai commencé mon travail dans une administration locale, 90% des fonctionnaires étaient statutaires. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un tiers environ.
Entretemps, la plupart des communes ont transféré des services pour lesquels elles étaient précédemment compétentes au secteur privé. Dans le temps, il y avait des services publics de nettoyage, des services de distribution d’eau, etc. dans à peu près toutes les villes. Gand avait même une entreprise de gaz et d’électricité tandis qu’Anvers avait une capitainerie portuaire publique. A côté de tout ça, il y avait l’entretien des parcs et des espaces verts, des parkings propres, du personnel de nettoyage,… Il ne reste aujourd’hui pas grand-chose de tout cela. L’externalisation est devenue la règle et tout ce qui n’est pas externalisé devient une ‘‘entreprise publique autonome’’ ou une ‘‘ASBL’’. Même si la tendance est plus marquée en Flandre, Bruxelles et la Wallonie n’ont pas été épargnés par le phénomène.
Comme dans le secteur privé, il existe dans le secteur public un système de répartition où la population active paye les pensionnés d’aujourd’hui. Vu que le nombre de statutaires diminue, le nombre d’actifs qui payent pour les pensions a diminué. Ainsi, les fonds de pension s’épuisent. Cela n’a rien à voir avec les ‘‘coûts des pensions’’, il s’agit d’une conséquence directe du démantèlement du statut.
Politique d’austérité et assistance sociale
Les chômeurs qui ne peuvent plus joindre les deux bouts, ceux qui, sans cesse plus nombreux, sont incapables de rembourser leurs emprunts hypothécaires, les pensionnés qui ne peuvent plus s’offrir de place dans une maison de repos, ceux pour qui la facture d’hôpital est insurmontable,… Où sont-ils envoyés ? Au CPAS.
Le CPAS n’assure pas seulement le revenu d’intégration (l’ancien minimex), il a aussi une fonction d’assistance psychosociale, de médiation de dettes,… En bref, il aide les personnes en difficulté. Mais les moyens dont ils disposent sont loin de pouvoir faire face aux demandes actuelles, et la demande ne cesse de croître. Combien de terribles drames sociaux se cacheront derrière toutes les déclarations sur la nécessité de ‘‘faire des efforts’’ au niveau communal ?
Il nous faut un plan d’action !
La réponse des communes – quelle que puisse être leur couleur politique – est de privatiser, de développer des partenariats publics-privés, d’assainir dans les dépenses (surtout au niveau du personnel, particulièrement s’il est statutaire), de démanteler les services publics et d’augmenter les taxes. Le personnel et la population sont les grandes victimes de cette approche.
Les syndicats du secteur local réagissent (à juste titre) contre cette situation. Malheureusement, le début de réaction est jusqu’à présent isolé dans chaque commune. Là où les syndicats sont forts, ils sont (peut-être) capables d’affaiblir la politique d’austérité. Dans le cas opposé, la casse sociale est assurée. Mais soyons bien clairs : ce qui se passe aujourd’hui dans quelques villes et quelques communes se produira ailleurs demain. Il nous faut un plan d’action commun !
Nous pouvons partir d’une pétition qui appelle les mandataires locaux à faire face à leurs responsabilités envers la population en s’opposant aux licenciements, à la dégradation du statut du personnel, aux privatisations, au démantèlement des services et en faveur de la transformation de tous les contrats à durée indéterminée en contrats statutaires. Cela appuierait les revendications du personnel tout en recherchant la solidarité des usagers et en démontrant que les syndicats sont clairement indépendants des partis traditionnels.
Les syndicats peuvent aussi organiser des tournées d’information sur les lieux de travail avec des assemblées générales du personnel où l’ont peut démocratiquement décider d’actions. L’information et la sensibilisation sont nécessaires, mais cela ne suffit pas, il faut lutter, et au-delà du niveau local. La lutte locale doit directement se placer dans une perspective plus large.
Des revendications telles que la conversion de tous les contrats à durée indéterminée et précaires en emplois statutaires, la création d’intercommunales publiques pour l’énergie, l’eau et la collecte des déchets (et leur renforcement là où cela existe encore), la création d’une nouvelle banque publique pour les communes et les CPAS, le refus du paiement des dettes,… concernent toutes les communes.
Ou aller chercher l’argent ?
Tout cela semble peu réaliste. Il est visiblement plus ‘‘réaliste’’ que la grande majorité de la population accepte le recul social. Voilà le ‘‘réalisme’’ capitaliste. En tant que syndicaliste, je n’ai jamais accepté la logique du capitalisme avec laquelle entre directement en conflit chaque droit des travailleurs. Allons-nous accepter d’aller gentiment à l’abattoir ? Peut-être n’allons nous pas rencontrer la victoire, mais nous sommes assurer d’aller droit à la défaite sans nous battre !
De bons services communaux coûtent de l’argent. Mais tous les partis politiques de l’establishment préfèrent renflouer le secteur bancaire ! Une volonté politique fermement opposée à la logique des spéculateurs pourrait trouver des milliards d’euros immédiatement, on peut aller chercher ces moyens là où ils sont.
Le choix véritable auquel nous faisons face est soit la justice sociale (ce que j’appelle le socialisme) soit un système qui plonge les travailleurs dans la misère (ce que j’appelle le capitalisme).
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Action de protestation contre l’austérité devant le Conseil Communal d’Ixelles
Place Fernand Cocq le Jeudi 25 avril 2013, 19h
STOP à l’AUSTERITE! Reprenons nos communes! ORGANISONS LA RIPOSTE CONTRE LE PLAN D’AUSTERITE de la COMMUNE d’IXELLES!

Gauches Communes appelle à la troisième action contre l’austérité devant le conseil communal d’Ixelles le jour du vote du budget. Depuis quelques semaines, la nouvelle majorité ixelloise discute un plan d’austérité brutal pour le budget 2013. Le plan comporte 18 points pour mener des coupes budgétaires et des augmentations des revenus drastiques.
Communiqué de presse Gauches Communes
Quelques mesures proposées:
- Diminuer le nombre de fonctionnaires communaux: un tiers ne seront plus remplacés, aucun engagement dans le cadre des nouveaux projets. Pour le personnel, ceci implique une attaque contre leurs conditions de travail: plus de boulot avec moins de personnel, pour les habitants d’Ixelles, ceci veut dire des files d’attente encore plus longues à l’administration, moins de services communaux et des dizaines de pertes d’emploi alors que le taux de chômage dépasse les 20%.
- Fermeture de deux restaurants sociaux (Rue du Sceptre et Rue de l’Aqueduc) et suppression de la moitié des subsides aux associations: une attaque frontale contre les plus précaires dans notre société: jeunes, retraités avec une petite pension ou personnes aux bas revenus.
- Fermeture de la déchetterie communale de la chaussée de Waterloo: les ixellois seront obligés d’amener leurs déchets désormais aux déchetteries régionales à Forest et au Nord de Bruxelles, ou devront prendre une journée de congé pour attendre l’enlèvement à domicile.
- Augmenter les frais des services communaux et taxes supplémentaires: les ixellois devront désormais payer en moyenne 15% de plus pour utiliser la piscine communale, les cantines scolaires, les restaurants sociaux et les documents administratifs à la commune, des taxes augmenteront.
En pleine crise financière, ils ont participé au casino spéculatif avec l’argent de la commune et recapitalisé Dexia à hauteur de 5 millions €. Suite à la liquidation du Holding Communal et la faillite de DEXIA, ils ont tout perdu plombant ainsi les budgets. En plus, depuis cette semaine, la commune se penche sur les déficits du budget 2011, qui paraissent être plus profonds que ce que la majorité prédisait jusqu’ici : ceci va rendre l’exercice 2013 encore plus difficile. Bien que l’échevine de la finance Viviane Teitelbaum (MR) précise qu’il ne s’agit que d’une proposition, la direction qui est prise est néanmoins claire: la commune d’Ixelles veut faire payer la crise par le personnel et par les habitants! Gauches Communes avait déjà averti d’un tel scénario avant les élections: après les attaques antisociales du gouvernement fédéral de Di Rupo (pensions et chômage, gel des salaires) et la politique néolibérale de la Région (manque dramatique de maisons sociales, d’écoles, coupes budgétaires dans le transport public…), c’est aujourd’hui la commune d’Ixelles qui prépare la casse sociale.
Avec chaque attaque, nos politiciens nous disent qu’il n’y pas d’alternatives, nous ne sommes pas d’accord. De l’argent, il y en a bien pour les projets de prestige comme celui de l’ilot communal. De l’argent, il y en a bien chez les grandes entreprises qui réalisent des bénéfices records et qui ne paient quasi pas d’impôts. La commune pourrait aller chercher les moyens parmi le 1% de super-riches plutôt que dans la poche des gens ordinaires.
Comme nous l’avons dit avant les élections : nous voulons organiser la résistance à cette politique d’austérité à tous les niveaux de pouvoir. C’est pour cela que nous organisons une troisième manifestation devant le conseil communal d’Ixelles : le jeudi 25 avril à 19h, place Fernand Cocq.
Plusieurs actions ont déjà pris place :
Gauches Communes avait appelé à une première action devant le conseil communal le 21 février, puis une seconde fois le 21 mars, rejoint cette fois-ci par les militants du PTB d’Ixelles. Nous saluons ce soutien et espérons continuer la collaboration à l’avenir.
Ce mercredi 24 avril 2013, la veille de notre rassemblement, une interpellation citoyenne aura lieu pour revendiquer un plan d’investissement public comme alternative à l’austérité.Notre alternative C’est une avalanche d’austérité à laquelle nous faisons face, ce qui pousse l’économie tout droit vers la récession et nous menace d’une tragédie grecque. Pour nous il est important à chaque niveau de maintenir la pression pour ne pas payer une crise qui n’est pas la nôtre. Il est plus que temps de discuter collectivement d’un plan d’action combattif contre l’austérité et pour l’emploi.
Mettons sous propriété publique les banques et les secteurs vitaux de l’économie afin de lancer un plan radical d’investissements pour relancer l’économie, créer massivement des logements sociaux, des écoles, de crèches, des emplois décents et du pouvoir d’achat.
Nous pensons que nous devons nous organiser pour sauvegarder nos intérêts, et nous voulons jouer un rôle dans cette mobilisation: organisez-vous avec nous, menez la discussion avec nous sur une alternative politique à Ixelles et ailleurs !
Contact : reprenonsnoscommunes.be – info@reprenonsnoscommunes.be – Ixelles, Tim Joosen : 0472/30.64.52
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Pour une représentation politique des luttes des travailleurs !
Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO à Charleroi
Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste
Samedi 27 avril 2013, 13h30, à la Géode à Charleroi

Voici un an, le Premier Mai, la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT dénonçait l’austérité et constatait que le PS et ECOLO n’étaient plus un relais politique aux revendications du monde du travail. Dans son discours, le Secrétaire Régional Interprofessionnel appelait à un rassemblement politique à gauche de ces partis pour rendre espoir et dignité aux travailleurs et travailleuses. Quelques semaines plus tard, le Secrétaire Général de la CNE s’exprimait dans le même sens. Plusieurs responsables syndicaux faisaient de même.
- Evénement Facebook
Tous ensemble contre l’austérité, la misère et l’injustice
Les constats dressés par les organisations syndicales en 2012 sont plus que jamais d’actualité. Depuis 2012, la situation des travailleurs et des allocataires sociaux s’est encore détériorée. Alors que des milliers d’emplois risquent de passer ou passent à la trappe, ARCELORMITTAL, Caterpillar, Ford GENK, … le gouvernement continue la chasse aux chômeurs et le détricotage de la Sécurité Sociale. Les femmes sont les principales victimes. Les salaires sont bloqués, l’index manipulé, le temps de travail annualisé, les jeunes sont précarisés. À propos du Budget 2012, le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT disait, le 1er mai, « Ce budget est à nos yeux un budget antisocial et antisolidaire. C’est de l’austérité pour de l’austérité. … des mesures qui touchent le monde du travail, actifs et inactifs, travailleurs du privé et des services publics, si souvent eux aussi la cible du politiquement correct. Dès lors qu’on laisse capital et grosses fortunes tranquilles ».
Depuis 2008, partout en Europe et aux Etats-Unis, les banques ont été renflouées à coups de milliards, sur le dos de la collectivité, creusant ainsi les déficits publics. Nous sommes en 2013 et chaque « contrôle budgétaire » voit se répéter la chasse aux milliards. Croyez-vous que l’on a fait contribuer les entreprises et les grosses fortunes ? A Davos en janvier, le premier ministre, vantait les mérites des « intérêts notionnels » devant le gratin capitaliste mondial et se fendait d’un twit « de solidarité » avec les travailleurs d’Arcelormittal… En 2012, Arcelormittal a encore déduit 118 millions de ses impôts grâce aux intérêts notionnels. Avec 1,3 milliard de bénéfices en 2009 et 2010, il a payé 0 euro d’impôt. À la question : qui renflouera le holding Dexia ? La réponse est évidente : les finances publiques. À la question : qui paiera la note de la récession économique et de la dette publique ? La réponse est aussi évidente : le monde du travail.
Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître!
C’est ce que disait le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT en 2012. « Combien de temps allons-nous encore, Camarades, nous laisser tondre la laine sur le dos ? Car, Camarades, c’est bien de cela dont il s’agit. Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif ».
Un relais politique d’un type nouveau qui rassemble, se nourrit des résistances sociales et qui les renforce : voilà en effet ce qu’il faut construire pour redonner espoir au monde du travail. Certains pensent qu’il serait possible de « peser » sur le PS et ECOLO pour qu’ils (re)deviennent des partis de gauche. C’est une illusion. Nous préférons inviter les militants de gauche du PS et d’ECOLO à nous rejoindre pour construire ensemble une alternative. On nous rétorque souvent « qu’en Belgique, le paysage politique oblige à composer ». Daniel PIRON répondait le 1er mai 2012 « qu’à force de composer, on se décompose, on se dilue. Et pour l’instant, c’est la gauche qui se dilue dans la droite ». Le résultat, ce sont les catastrophes sociales que vivent aujourd’hui les populations grecque, portugaise, espagnole, chypriote et irlandaise. Notre ambition n’et pas de composer et de nous diluer au pouvoir. Elle est de nous opposer jusqu’au moment où nous pourrons imposer une alternative digne de ce nom.
Pour une alternative de gauche à la crise capitaliste
Il est illusoire de penser qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il devienne un « bon » capitalisme de relance. Il faut donc être clair : il faut une stratégie pour sortir du capitalisme et le remplacer par un autre système qui satisfait les besoins de la population et préserve notre planète.
Nous en appelons à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cet appel, à tous les militants, tous les travailleurs, d’où qu’ils soient et qui partagent notre point de vue à nous rejoindre pour en débattre.
Programme de la Journée:
13H30 : Accueil.
14H00 : Début des travaux. Introduction par D. PIRON, Secrétaire Régional FGTB CHARLEROI & SUD HAINAUT et Isabelle VANSCHOOR, Secrétaire principale CNE HAINAUT.
- Rappel des motivations de l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB à construire une alternative à gauche du PS et d’Ecolo (D. PIRON). Travaux en cours.
- En quoi la CNE se retrouve-t-elle dans l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB ?
14H30 : Témoignages de délégué(e)s.
- Un délégué du Non marchand.
- Un TSE.
- Un délégué d l’industrie.
- Un délégué des Services Publics.
En quoi, les politiques menées par les gouvernements à participation socialiste, ont-elles des conséquences néfastes pour le monde du travail ?
15H00 : Répartition des participant(e)s en groupe de travail avec un rapporteur et un animateur (du banc syndical).
Invitation à répondre à deux questions majeures :
A. Quels sont les terrains que les partis traditionnels, dits de Gauche, ont déserté et qu’il faudrait réinvestir ?
B. Quelles suites donner à cette première, journée de rencontre et de réflexion à moyen terme ?
16H00 : Pause café et lunch.
Durant cette pause, les rapporteurs des groupes de travail se réuniront avec D. PIRON et I. VANSCHOOR pour préparer une synthèse d’ensemble à présenter en plénière.
17H00 : Présentation par D. PIRON et I. VANSCHOOR de la synthèse générale en plénière.
17H30 : Conclusions et contact avec la Presse.