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Tag: Danemark
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8 mars 2008 : la Journée internationale des Femmes a cent ans
La Journée Internationale des Femmes trouve son origine dans une grève de travailleuses de l’industrie de textile et de vêtements à New York, le 8 mars 1908, menée pour une journée de travail de 8 heures, pour de meilleures conditions de travail et pour le droit de vote des femmes. L’année suivante, un appel du Socialist Party américain a débouché sur une lutte de plusieurs semaines pour de meilleurs salaires et conditions de travail, dans laquelle 30.000 travailleuses ont été impliquées,. Cette journée est restée longtemps un jour de fête et de lutte pour les organisations de femmes du mouvement ouvrier, même si la mobilisation s’affaiblissait d’année en année. La nouvelle vague d’activités féministes après Mai’68 a repris cette vielle tradition et, cette année encore, il y aura des activités partout dans le monde, bien que celles-ci ne mobilisent plus les masses.
Anja Deschoemacker
L’histoire de l’origine de la Journée Internationale des Femmes ressemble beaucoup à celle du 1er Mai. Tout comme celle-ci, elle célèbre des actions qui ont eu lieu aux Etats-Unis et qui ont été ensuite reprises internationalement par le mouvement ouvrier organisé. La première célébration internationale, celle qui a été en ce sens la première véritable Journée Internationale des Femmes, date de 1911. La Journée des Femmes la plus tumultueuse et la mieux connue, celle aussi qui a eu le plus de conséquences, a été celle du 8 mars 1917 (23 février en Russie), qui annonçait le début de la Révolution de Février dans ce pays. Ce n’est qu’en 1922, à l’appel de l’Internationale Communiste, que la journée a été fixée à une date qui s’est imposée partout : le 8 mars.
Les femmes ouvrières ont lutté pour l’acceptation de leurs revendications dans le mouvement ouvrier
L’acceptation de la revendication du droit de vote des femmes n’était pas évidente dans l’Internationale Socialiste (aussi connue comme la Deuxième Internationale), tout comme ne l’était d’ailleurs pas l’ensemble de la lutte pour les droits des femmes. L’organisation en 1907, par Clara Zetkin et les femmes socialistes allemandes, d’une Conférence internationale des femmes, qui s’est réunie la veille de la Conférence de la Deuxième Internationale, a donc marqué la préhistoire du mouvement. Une motion y a été votée par laquelle les partis adhérents s’engageaient à lutter pour le droit de vote des hommes et des femmes.
Clara Zetkin était une figure importante dans le parti socialiste allemand, une socialiste convaincue et une championne des droits des femmes, mais aussi une opposante déterminée au féminisme bourgeois. Lors de la réunion où a été décidée la mise sur pied de la Deuxième Internationale (1889), elle avait déjà argumenté que le socialisme ne pouvait pas exister sans les femmes, que les hommes devaient lutter ensemble avec les femmes pour les droits des femmes, que cette lutte faisait partie aussi de la lutte des classes. La réponse peu encourageante qu’elle avait reçue l’avait conduite à prendre l’initiative d’un mouvement socialiste des femmes, ayant pour but d’influencer les partis socialistes. Elle avait essayé d’acquérir et d’élargir cette influence avec le journal femme socialiste Die Gleichheit, dont elle était rédactrice en chef.
Mais, malgré l’acceptation de la résolution, l’enthousiasme pour le droit de vote des femmes était tiède dans la plupart des partis socialistes. Pour changer cela et pour impliquer davantage les femmes dans la lutte, la deuxième Conférence Internationale des Femmes Socialistes a décidé de tenir chaque année une journée internationale des femmes, une journée pendant laquelle on manifesterait, on ferait de la propagande,… En 1911, la Journée Internationale des Femmes a été célébrée en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suisse et aux Etats-Unis. La liste des pays s’est élargie jusqu’à la Première Guerre Mondiale.
Cette guerre n’a pas signifié seulement un massacre massif, mais aussi la désintégration de la Deuxième Internationale. Le soutien à la guerre, venu d’abord de la social-démocratie allemande mais adopté ensuite par tous les partis de la Deuxième Internationale, a montré que, dans chacun de ces partis, le soutien à sa propre bourgeoisie dans le cadre d’un socialisme réformiste avait pris le dessus sur l’internationalisme, sur le refus de laisser les travailleurs de « son » pays tirer sur ceux d’autres pays, au seul bénéfice de leur propre bourgeoisie belliqueuse. Le seul parti qui est resté fidèle aux principes internationalistes du socialisme a été le parti russe, et en particulier son aile gauche majoritaire (les bolcheviks) sous la direction de Lénine, suivi dans cette voie par une partie de l’aile gauche de l’Internationale Socialiste.
L’organisation internationale des femmes a continué d’exister et s’est rangée dans le camp anti-guerre. Les Femmes Socialistes allemandes, au contraire de la direction du Parti Social-Démocrate allemand, ont aussi continué à mobiliser contre la guerre et contre la répression de l’Etat, notamment en 1914 contre la guerre qui approchait à grands pas et contre l’arrestation de Rosa Luxembourg, qui participait avec Clara Zetkin à la direction des groupes de gauche dans le SPD.
Les protestations à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes ouvrent la voie à la Révolution de Février en Russie
Pendant la guerre, les femmes socialistes ont poursuivi les actions de protestation à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, dont la date varie alors entre le 23 février et le 18 mars. Ces protestations étaient fortement centrées sur le manque de vivres et les prix élevés de la nourriture provoqués par la guerre, ainsi que sur l’opposition à la guerre elle-même.
C’est ainsi les femmes socialistes italiennes de Turin ont diffusé une affiche, adressée aux femmes des quartiers ouvriers. L’arrière-plan de leur propagande, c’est alors l’augmentation générale des prix de la nourriture de base, comme la farine (dont le prix a grimpé de 88% entre janvier 1910 et 1917) et les pommes de terre (+ 134%). Ces affiches disaient : « N’avons-nous pas assez souffert à cause de cette guerre ? Maintenant la nourriture qu’il faut pour nos enfants commence à disparaître aussi. (…) Nous crions : à bas les armes ! Nous faisons tous partie de la même famille. Nous voulons la paix. Nous devons montrer que les femmes peuvent protéger ceux qui dépendent d’elles. »
Mais les protestations les plus spectaculaires ont eu lieu lors de la célébration de la Journée Internationale des Femmes en 1917 en Russie. Sous la direction d’Alexandra Kollontaï, les femmes russes sont descendues dans les rues. Au centre de leurs préoccupations se trouvaient les conditions de vie qui continuaient à empirer. Le loyer d’un logement à Saint-Pétersbourg avait doublé entre 1905 et 1915. Les prix des produits alimentaires, surtout ceux de la farine et du pain, avaient augmenté de 80 et 120%. Le prix d’une livre de pain de seigle, qui était la base de la nourriture des familles ouvrières de Saint-Pétersbourg, était monté de 3 kopecks en 1913 à 18 kopecks en 1916. Même le prix du savon avait augmenté de 245%. Une spéculation énorme et un marché noir de la nourriture et de l’énergie se développaient à toute allure alors que les entreprises fermaient leurs portes l’une après l’autre faute d’énergie. Les femmes et les hommes qui étaient licenciés partaient souvent en grève. En janvier et février 1917, plus d’un demi-million de travailleurs russes ont ainsi fait grève, surtout à Saint-Pétersbourg. Comme dans les autres pays impliqués dans la guerre, les femmes formaient une grande partie de ces travailleurs, vu que beaucoup d’hommes avaient été envoyés au front.
A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes (le 23 février du calendrier russe correspond au 8 mars) les femmes ouvrières ont organisé une manifestation passant le long des usines de Saint-Petersbourg. Beaucoup de travailleurs des usines métallurgiques ont rejoint l’action. Le 25 février, deux jours après le début de l’insurrection des femmes, le Tsar a commandé à l’armée de tirer sur les masses pour arrêter le mouvement. Ainsi a commencé la Révolution de Février, qui a forcé le tsar à abdiquer le 12 mars.
Le Gouvernement Provisoire qui a pris le pouvoir en main est le premier gouvernement d’une grande puissance à accorder le droit de vote aux femmes. Mais, pour le reste, ce gouvernement n’était pas du tout prêt à augmenter le niveau de vie des masses. Le Tsar était parti mais les grands propriétaires fonciers et les capitalistes continuaient d’exploiter les masses et d’accaparer les richesses. A coté de ce Gouvernement Provisoire, une autre force s’est construite, les Conseils (soviets) de délégués élus des travailleurs, paysans et soldats. Ces Soviets sont entrés en concurrence avec le Gouvernement Provisoire sur la question centrale : qui va diriger le pays. En outre, le gouvernement refusait également de mettre fin à la guerre, une revendication qui gagnait toujours plus de soutien parmi les masses, en raison aussi de la campagne menée sans répit par les bolcheviks.
Ce double pouvoir – d’un coté le Gouvernement Provisoire et de l’autre les soviets – ne pouvait pas durer longtemps. Lors de la Révolution d’Octobre, les Soviets, réunissant les représentants élus des masses laborieuses, ont répondu à l’appel des bolcheviks et ont pris le pouvoir en main. Ces événements ont fixé la date de la Journée Internationale des Femmes en Russie et en Europe au 8 mars. L’Internationale Communiste (ou Troisième Internationale), mise sur pied à l’initiative de Lénine et Trotsky, les principaux dirigeants de la Révolution Russe, a fait en 1922 de cette journée un jour férié communiste.
La dégénérescence du mouvement communiste révolutionnaire coïncide avec celle de la Journée Internationale des Femmes
L’Etat ouvrier, arrivé au pouvoir par la Révolution d’Octobre, a donné aux femmes travailleuses des acquis dont les femmes en Occident ne pouvaient alors que rêver. A coté de l’égalité devant la loi, non seulement il leur a offert le droit au travail et des régimes de travail spéciaux (diminution du temps de travail, interdiction du travail de nuit, congé de maternité,…) qui tenaient compte de la fonction sociale des mères en plus du travail hors de la maison, mais il a aussi été le premier à prendre réellement ses responsabilités envers les masses populaires sur le plan du logement et des services de base. Les richesses produites par la population laborieuse ont été pour la première fois réellement utilisées pour servir les intérêts des masses, par le biais d’une économie planifiée qui avait au cœur de ses préoccupations les besoins des masses et qui, dans une première période, était aussi élaborée de manière démocratique à travers les soviets, les conseils des travailleurs, paysans et soldats.
Mais le jeune Etat ouvrier a fait beaucoup plus encore. L’oppression des femmes est en effet un problème plus profond qu’une simple question de revenu et de salaire. Le droit à l’avortement, la possibilité de divorcer plus facilement, l’abolition des « droits » que les hommes avaient sur les femmes dans le mariage,… tout cela a fait partie des acquis des femmes travailleuses russes – des acquis que les femmes occidentales ont du attendre longtemps encore. Afin de stimuler et d’aider les femmes à sortir de leur foyer et à s’engager dans la société, un travail de formation sur une grande échelle a aussi été entamé, au moyen de campagnes d’alphabétisation dans la campagne et du travail de formation pour élever le niveau culturel. Des femmes socialistes ont parcouru cet immense pays pour expliquer aux femmes les droits dont elles disposaient.
Mais la Révolution Russe ne pouvait pas rester debout et évoluer vers une société socialiste dans l’isolement total dans lequel se trouvait le pays après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe, et tout particulièrement en Allemagne, des défaites qui se sont succédées surtout à cause de la trahison des partis socialistes de la Deuxième Internationale. La société russe se heurtait à un manque de développement technique, à une arriération culturelle dans les vastes régions rurales,… et était en plus entraînée dans une guerre sans fin, les puissances capitalistes de l’extérieur faisant tout pour aider l’ancienne élite dirigeante russe à reprendre le pouvoir, en bloquant les relations commerciales mais aussi en envoyant des troupes (les armées de 21 pays ont ainsi foncé à travers le territoire de la Russie). La continuation d’une situation de guerre imposée à la société russe a conduit à des famines dans différentes parties du pays.
Le soutien – ouvert et concret – donné par tous les partis russes, excepté les bolcheviks, à la contre-révolution a conduit à une situation dans laquelle de plus en plus de partis ont été mis hors-la-loi. Cette période de « communisme de guerre » reste toujours vue, même aujourd’hui, par une série de partis communistes comme un « modèle » alors qu’elle n’était qu’une adaptation concrète et nécessaire à la guerre qui était imposé au jeune Etat ouvrier. Beaucoup de penseurs bourgeois mettent cela en avant pour montrer combien le « communisme » est « antidémocratique » – bien que dans les pays capitalistes la démocratie ait été également suspendue en temps de guerre et parfois d’une manière encore plus profonde qu’en Russie.
Mais l’échec des révolutions en Europe occidentale et les difficultés économiques internes dans un pays détruit par la guerre ont fait qu’en Russie, une bureaucratie a pu concentrer dans ses mains toujours plus de pouvoir. Cette bureaucratie, sous la direction de Staline, a progressivement étranglé toute opposition et a remplacé le fonctionnement démocratique de l’économie planifiée par son propre pouvoir tout-puissant. Cette prise de pouvoir s’est marquée aussi à travers l’adaptation graduelle du programme du Parti Communiste russe envers les femmes, qui a glissé de plus en plus vers la glorification de la maternité et de la famille nucléaire dans laquelle la mère préoccupée du bien-être de la famille occupait la place centrale.
Parallèlement, l’Internationale Communiste est devenue partout dans le monde un instrument de cette bureaucratie russe, donnant chaque jour davantage la priorité aux intérêts de la politique extérieure de l’URSS sur les intérêts de la classe ouvrière dans le reste du monde. C’est ainsi qu’a commencé une longue chaîne de trahisons, débutant avec la première Révolution Chinoise dans les années ’20 (au cours de laquelle le Parti Communiste a été forcé à aider le Kouo-Min-Tang, le parti bourgeois nationaliste au pouvoir), se poursuivant avec la guerre civile espagnole en 1936-39 (au cours de laquelle le Parti Communiste a notamment utilisé son influence pour retirer leurs armes aux femmes ouvrières et les cantonner au rôle de cuisinières et d’infirmières dans l’armée), dans laquelle les intérêts des travailleurs et paysans espagnols ont reçu une importance bien moindre que les accords que Staline avait conclus avec des différents pays capitalistes, ce qui a mené à la victoire de Franco ou encore avec la Révolution Iranienne de 1979, au cours de laquelle le Parti Communiste a refusé de jouer un rôle indépendant et de diriger lui-même la lutte, a apporté son soutien à Khomeiny et a abandonné les femmes iraniennes totalement à leur sort. Dans ce cadre, la Journée Internationale des Femmes a changé de nature dans les pays staliniens pour devenir une sorte de fête des mères ou de Saint-Valentin, un jour où les femmes reçoivent des fleurs.
Relance de la lutte des femmes dans les années ‘60
Dans le reste du monde, la Journée Internationale des Femmes a été de plus en plus oubliée pour n’être reprise qu’à la fin des années ’60 par le nouveau mouvement féministe, ce qu’on a appelé la « deuxième vague » (après une « première vague » pour le droit de vote). C’est également la période dans laquelle d’autres mouvements d’émancipation, comme le mouvement des homosexuels, a connu une forte poussée.
Les années ’60 ont vu un grand afflux de femmes sur le marché de travail. Vu le chômage très bas, les femmes ont été stimulées à aller revendiquer leur place au travail. La nouvelle vague féministe s’est donc développée sur la base de ces conditions économiques favorables. En Belgique, la montée de ce mouvement a été annoncée par la grève des ouvrières de la FN d’Herstal sur la revendication « à travail égal, salaire égal » qui a duré 12 semaines.
Cette nouvelle vague féministe, qui a coïncidé avec le développement d’autres mouvements d’émancipation comme celui des homosexuels, avait comme objectifs d’obtenir l’indépendance économique, de rompre avec la répartition classique des rôles entre hommes et femmes, d’arracher la libération sexuelle, de casser le « plafond de verre » qui tenait les femmes loin des hautes fonctions, y compris dans la politique. Dans beaucoup de pays, cette lutte a obtenu des acquis importants, entre autres sur les questions de la contraception et de l’avortement, de l’assouplissement des lois sur le divorce,… illustrés par des slogans comme le très connu « maître de mon ventre » ou « le personnel est politique ».
En termes légaux, la revendication “à travail égal, salaire égal” a été obtenue, tout comme l’interdiction des discriminations professionnelles, mais sur ce plan on doit aujourd’hui bien constater que les salaires réels des femmes sont toujours en moyenne 25% plus bas que ceux des hommes.
La Journée Internationale des Femmes doit être remise à l’ordre du jour
Malgré les énormes acquis – accès à l’enseignement et au marché du travail, légalisation de l’avortement, facilitation des procédures de divorce, égalité devant la loi,… – obtenus par les femmes dans les pays capitalistes développés, les problèmes ne sont pas fondamentalement résolus. Au contraire, au cours des 20 à 30 dernières années de politique antisociale et néolibérale, un grand nombre d’acquis ont été rabotés. Les femmes sont touchées de façon très dure : les chômeurs qui ont perdu leur allocation de chômage à cause du fameux article 143 (devenu 80) limitant la durée des allocations pour les chômeurs cohabitants sont en grande majorité des femmes, les allocations de chômage partiel des travailleurs à temps partiel non-volontaire ont été graduellement abolies, le démantèlement de services comme ceux des hôpitaux (notamment avec la réduction du temps de séjour) a pesé surtout sur elle,…
Beaucoup de femmes travaillent en dehors de la maison aujourd’hui et très peu de filles et de jeunes femmes se voient comme futures femmes au foyer. Mais la société ne voit toujours pas les tâches ménagères et de soins – que ce soit pour les enfants, pour le mari et, à cause du coût élevé des maisons de repos combiné au faible montant des pensions, toujours plus aussi pour les parents âgés – comme des tâches sociales pour lesquelles il faut créer des services publics. Dès lors, tout le poids repose dès lors sur le dos des femmes qui subissent une double journée de travail. Cette double journée, dans la situation d’un marché de travail de plus en plus flexible, fait que beaucoup de femmes ne gagnent pas assez pour être indépendantes sur le plan financier. De bas salaires, le temps partiel, des périodes de non-présence sur le marché de travail,… font qu’arrivées à un certain âge, les femmes sont aussi en moyenne bien plus pauvres parce que leurs pensions sont plus faibles, et parfois beaucoup plus faibles.
Ce manque d’indépendance financière fait que les femmes sont vulnérables face à la violence. Même si elles veulent échapper à une relation violente, elles rencontrent plein d’obstacles sur leur route. Comment, avec les bas salaires que beaucoup de femmes subissent à cause du temps partiel, avec les titres-services et autres « petits boulots », avec l’insécurité d’un contrat temporaire ou intérim,… trouver un nouveau logement et des revenus suffisants pour vivre, en particulier s’il y a des enfants ?
La violence contre les femmes est inhérente au capitalisme : elle fleurit sur la division et les préjugés entretenus envers les groupes spécifiques afin de diviser et de paralyser la majorité de la population qui est exploitée et opprimée par la bourgeoisie. Les femmes sont souvent confrontées au harcèlement sexuel dans l’espace public, dans les écoles et les lieux de travail, mais aussi avec la violence physique et sexuelle dans leurs familles. Les préjugés envers les femmes font aussi qu’elles doivent souvent travailler bien plus dur pour être vues comme égales aux hommes. Le sexisme installe des limitations très réelles dans la vie des femmes. Malgré les énormes pas en avant qui ont été faits et la plus grande liberté que les femmes ont aujourd’hui pour déterminer leur vie, cette violence dure toujours : la principale cause de mort et de handicap permanent pour les femmes entre 16 et 44 ans en Europe est la violence du partenaire.
De nouvelles formes d’oppression sont aussi apparues, ou plus exactement de vieilles formes sous une nouvelle apparence. La croissance de l’internet a été utilisé par la mafia du sexe pour assurer un élargissement jamais vu de l’industrie de sexe – le porno est un des plus grands secteurs sur internet. On voit aussi un glissement vers du porno de plus en plus dur, vers la pornographie enfantine. Le porno est présent partout aujourd’hui et diverses études ont montré que cela impose une pression sérieuse sur les jeunes femmes, en particulier sur le plan de leurs « prestations » sexuelles. Elles ont montré que, dans 97% du matériel pornographique, les relations entre les sexes reposent sur l’obéissance et la soumission des femmes. La plus grande partie du matériel porno déborde de clichés du genre « si les femmes disent non, elles veulent dire oui.
Pour beaucoup de jeunes femmes qui sont attirées dans cette industrie du porno – faire des photos est quand même une façon « innocente » et facile de se faire un peu d’argent – ces premiers pas s’avèrent être un marchepied pour la prostitution. Bien qu’on entende aujourd’hui dire de plus en plus souvent que c’est un « choix » que les femmes font, il est quand même remarquable que même ces femmes qui pensent que c’était leur « choix » doivent à terme utiliser des drogues pour pouvoir continuer à faire ce « travail ». Toutes les prostituées sont confrontées régulièrement à la violence. Bien que différentes organisations, y compris des organisations soi-disant progressistes, veulent présenter aujourd’hui la prostitution comme « un boulot comme un autre », ce n’est pas du tout le cas. Pour la grande majorité des prostituées, il ne s’agit pas d’un « choix », mais d’une pure nécessité économique. Une grande partie du marché de la prostitution est en outre occupée par ce qu’on ne peut pas appeler autrement que des esclaves sexuelles, importées par des réseaux de traite d’êtres humains. Ce n’est pas étonnant que cette industrie du sexe ait profité à fond de la désintégration des Etats staliniens en Europe de l’Est et en Russie et qu’un grand nombre de femmes submergent le marché de prostitution, forcées de façon directe ou indirecte par les trafiquants de chair humaine.
Malgré le fait qu’une plus grande proportion de femmes que d’hommes se trouvent dans une situation de pauvreté, leur surconcentration dans les emplois mal payés, temporaires et à temps partiel, la violence, le harcèlement et les préjugés,… une grande partie des politiciens et politiciennes prétendent pourtant que les femmes ne sont plus opprimées ni discriminées. En réalité, la situation s’est détériorée au cours des dernières décennies pour les femmes qui travaillent ou qui dépendent d’une allocation. La dépendance économique fait que toute une série de droits dont les femmes disposent légalement ne peuvent pas être appliqués dans la réalité.
C’est pour cela que le MAS mène campagne en mars. Une campagne sur le thème du pouvoir d’achat et son impact sur de larges couches de femmes qui disposent de revenus moyens plus bas que ceux des hommes. Une campagne qui met aussi en lumière la solidarité internationale avec une manifestation en solidarité avec le mouvement des femmes iraniennes, contre le régime en Iran mais aussi contre l’intervention impérialiste des Etats-Unis au Moyen-Orient.
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DETRUISONS LE CAPITALISME, AVANT QU’IL Ne DETRUISE LA PLANETE !
Kyoto, énergie nucléaire, taxes écologiques,… Arrêtons de rire !
Jusqu’à la mi-décembre, un nouveau sommet international de l’ONU pour l’environnement a lieu à Bali. Cette conférence doit débattre d’un nouvel accord sur le climat préparant l’après Kyoto, c’est-à-dire pour une période commençant après 2012. Cependant, même les scientifiques estiment que les objectifs du Protocole de Kyoto étaient largement insuffisants pour fondamentalement améliorer les conditions climatiques.
L’atmosphère se réchauffe, les océans deviennent de plus en plus acides et les glaces fondent. Au moins un quart des espèces vivantes sont menacées d’extinction sur fond de hausse du nombre de désastres environnementaux et alors que l’ONU prévoit cinquante millions de réfugiés environnementaux pour 2010.
Le Protocole de Kyoto n’offre aucune solution. Tout au plus a-t-il permis un juteux commerce où les pays les plus riches peuvent acheter des droits d’émissions aux pays les plus pauvres. De plus, ce Traité entré en vigueur en 2004 n’a jamais été ratifié par les USA et l’Australie et les pays signataires n’ont même pas respecté leurs engagements. Selon différents chercheurs, malgré les intentions, ce protocole n’a pas abouti à des réductions démontrables et a même freiné les débats sur les solutions à apporter à la crise environnementale.
Le problème des alternatives énergétiques reste entier. L’énergie nucléaire est régulièrement mise en avant, sans que l’on ne tienne compte des coûts énergétiques de l’ensemble du cycle de production d’énergie, du stockage des déchets nucléaires ou des ressources limitées d’uranium. C’est la voie suivie par les politiciens belges, sous le prétexte que l’énergie nucléaire est très rentable : priorité aux profits d’Electrabel et aux taxes qui en découlent !
Tous les politiciens tentent de se positionner comme « écologistes », mais la crise environnementale n’a, en Belgique, été qu’une occasion d’imposer de nouveaux impôts sur les emballages. Au Danemark, de telles taxes ont également été introduites, mais au moins les moyens récoltés ont-ils été versés à un fonds pour les mesures environnementales (sans toutefois que ces mesures n’aient été réellement appliquées).
Alors que les politiciens défendent avant tout leur image en prétendant prendre le problème des changements climatiques à bras le corps, seuls 2% de l’énergie produite en Belgique provient d’énergies renouvelables. Mais comment arriver à des alternatives sans plus de moyens pour la recherche? Ou encore si cette recherche est totalement contrôlée par les entreprises pétrolières et autres multinationales? En 2006, la multinationale Exxon Mobil a réalisé 39,5 milliards de dollars de profits, soit dix fois plus que les dépenses du gouvernement américain en recherche énergétique la même année.
De fait, le budget des Etats-Unis pour la recherche consacrée aux énergies alternatives a diminué de moitié depuis 1979. Il s’agit aujourd’hui d’un vingtième des moyens pour la recherche militaire. Et seuls 7,6% de ces moyens financiers sont destinés à la recherche des énergies renouvelables…
Obtenir un « capitalisme écologique » est aussi réaliste que de tenter de domestiquer un ouragan. Ce système est axé autour de la recherche de profits à court terme, même au détriment de l’environnement. Le constat que le système de production capitaliste sacrifie l’environnement et les conditions de vie des générations actuelles et futures, démontre que le capitalisme ne peut pas se développer de manière durable.
La seule question est de savoir si le capitalisme s’éteindra en emportant avec lui la planète ou si le mouvement des travailleurs (qui par leur position dans la production sont les seuls à même de renverser ce système) saura apporter sa réponse : une gestion des ressources et de leur utilisation planifiée avec la participation – et donc le contrôle – de chacun. Rejoignez le MAS/LSP pour renforcer cette voie!
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Pôle Nord. La glace recule, l’impérialisme avance
Pôle Nord
Une véritable bataille s’est engagée ces derniers mois pour le contrôle de la région du Pôle Nord, sous les plis du drapeau de la recherche scientifique.
Frederik De Groeve
Le Danemark et la Russie essaient l’un comme l’autre de prouver par des données sismographiques que le Pôle Nord leur appartient sur le plan géologique. Le Canada et les Etats-Unis veulent marquer ce territoire en envoyant de nouveaux navires de patrouille et de projetant d’y installer de nouvelles bases militaires. Enfin, la Norvège veut aussi avoir son mot à dire puisqu’elle possède le territoire voisin du Spitzberg. Comment expliquer cet intérêt soudain pour le Pôle ?
L’accumulation des gaz à effet de serre – principalement le CO2 issu de l’utilisation massive de combustibles fossiles comme le pétrole – provoque un réchauffement du climat. Et – bien que les politiciens et les médias en donnent souvent une image déformée et confuse – le réchauffement de la terre a des conséquences catastrophiques pour l’homme et la nature. Ces conséquences sont déjà clairement visibles maintenant et ne feront qu’augmenter à l’avenir. Et parmi ces conséquences, il y a la fonte rapide de la calotte glaciaire.
Suite à la diminution de la couche de glace, la région polaire devient navigable pendant les mois d’été. Il y a quelques semaines, des chercheurs russes et danois ont atteint le Pôle Nord en bateau.
L’intérêt pour le Pôle n’est pas que scientifique : de nombreux indices font penser que, sous le fond de l’océan, se trouvent des réserves de pétrole et de gaz qui seraient facilement exploitables après la fonte complète de la calotte glaciaire.
En préparant une « ruée vers l’or noir » sous le territoire du Pôle, les puissances capitalistes admettent ouvertement n’avoir nullement l’intention de solutionner les problèmes de climat. Tous ces pays, à l’exception des Etats-Unis, ont pourtant signé le protocole de Kyoto, qui était présenté comme une tentative pour limiter le réchauffement de la terre. Mais la réalité nous montre que ce protocole n’était qu’un cache-sexe. En fin de compte, ce sont les intérêts économiques qui priment. La présence potentielle de pétrole sous les glaces du Pôle est beaucoup plus intéressante pour les capitalistes que la bombe à retardement écologique qu’on place sous la planète.
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Liberté d’expression ou diviser pour mieux régner?
Révolte contre les caricatures
Le 30 septembre 2005 le quotidien danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures malveillantes du prophète Mahomet dont l’une le représente avec une bombe dans son turban. Dès le mois d’octobre les représentants de la communauté musulmane du Danemark et des ambassadeurs de pays musulmans protestent auprès de la rédaction de Jyllands-Posten et du gouvernement danois. Ils se heurtent à une fin de non recevoir abrupte: la direction du journal refuse de présenter des excuses au nom de la liberté d’expression et le gouvernement se retranche derrière la liberté de la presse. A partir de là, la vague de protestation va s’amplifier peu à peu pour déboucher sur une crise ouverte fin janvier.
Dossier par Thierry Pierret
Les manifestations se multiplient dans le monde entier et les produits danois sont boycottés dans nombre de pays musulmans. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression menacée par l’obscurantisme islamique, des journaux de plusieurs pays européens reproduisent les caricatures. Du coup, la colère populaire prend également ces pays pour cible et – parfois – leurs ressortissants dans les pays musulmans.
Le gouvernement danois pointe du doigt des imams danois qui, lors d’une tournée d’information au Moyen-Orient, auraient fait un amalgame entre les caricatures du Jyllands-Posten et des caricatures plus odieuses encore jamais publiées dans la presse.
Même si cela devait se confirmer, là n’est pas l’essentiel.
Une attaque islamophobe
Le gouvernement danois est un gouvernement de droite qui mène une politique ouvertement raciste. Il a notamment pris des mesures draconiennes pour limiter le regroupement familial des étrangers légalement établis au Danemark. De plus, ce gouvernement minoritaire est soutenu de l’extérieur par le Parti du Peuple danois, un parti d’extrême-droite dont le racisme est le fond de commerce électoral. Ce parti, ainsi que bon nombre de politiciens des autres partis, ne cesse de dénoncer l’islam et les musulmans comme une menace pour la démocratie et les valeurs occidentales et de faire l’amalgame entre islam et terrorisme.
Après la chute du Mur de Berlin, les néoconservateurs aux Etats-Unis avaient besoin d’imposer une nouvelle image de l’ennemi pour justifier leur rhétorique de guerre. Bien que les Etats-Unis ont jadis soutenu des mouvements réactionnaires d’obédience islamiste, comme en Afghanistan, pour contrer l’influence de l’URSS et des partis communistes.
L’interview que Carsten Juste, le rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a accordée pour tenter de se justifier est révélatrice à ce sujet. Il y dit notamment : C’est le dessin qui représente Mahomet avec une bombe dans son turban qui suscite les critiques les plus vives. Pourtant, pour moi, l’association saute aux yeux. C’est une façon d’illustrer le problème du terrorisme islamique fanatique, dont les partisans font eux-mêmes le lien entre leurs actes et la religion et son contenu. C’est cela que notre caricaturiste a voulu montrer. C’est un sujet de débat fréquent : «Dans quelle mesure la nature de l’islam contribue-t-elle à engendrer des terroristes ? Cette religion crée-t-elle ses propres terroristes ? » C’est une question tout à fait légitime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait déclencher de pareilles réactions… »
Suggérer que le terrorisme pourrait découler de la nature de l’islam sous prétexte que des terroristes s’en réclament est aussi stupide que, par exemple, vouloir faire découler le militarisme de la nature du christianisme parce que Bush et les néoconservateurs américains se réclament ostensiblement de cette religion. L’idée de représenter Jésus en tortionnaire de la CIA n’aurait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit du plus anticlérical des caricaturistes européens. Et même dans ce cas il y a fort à parier que Jyllands-Posten ne l’aurait jamais publié parce que, là, Carsten Juste aurait très bien imaginé les réactions… Le gouvernement danois a beau jeu de se retrancher derrière la soi-disant liberté de la presse pour se laver les mains de toute responsabilité. Le fait est que les politiciens danois – en particulier ceux des partis qui forment ou soutiennent le gouvernement – ont créé un tel climat d’hostilité envers les musulmans que le premier quotidien du pays n’a éprouvé aucune gêne à s’en prendre ouvertement à la communauté musulmane à travers la figure de son prophète.
Le gouvernement danois attise le racisme et l’islamophobie pour diviser les travailleurs et les empêcher de s’unir contre sa politique de régression sociale. Les politiciens et les patrons belges vantent le « modèle danois » comme un modèle à suivre parce que le taux de chômage y est très bas et que le taux d’activité y est très élevé. Il feignent d’oublier que la majorité des emplois au Danemark sont des emplois précaires, à temps partiel ou à durée déterminée. Un salarié doit souvent cumuler deux, voire trois emplois pour s’en sortir.
La population danoise est pourtant loin de faire bloc autour de l’establishment politicomédiatique. Si le Parti du Peuple danois a gagné 5% d’intentions de votes dans les sondages depuis le début de la crise, plus de 50% des Danois disent comprendre la colère des musulmans et 49% des Danois désapprouvent la publication des caricatures contre 43% qui l’approuvent.
Le Moyen-Orient en ébullition
La crise autour des caricatures du prophète n’aurait jamais pris une telle ampleur sans les tensions énormes qui traversent actuellement le Proche et le Moyen-Orient. Des régimes dictatoriaux et corrompus ont récupéré l’affaire des caricatures pour essayer de peser sur les rapports de force sur le plan national ou international. Outre l’Irak et le Liban, deux foyers de tension se sont particulièrement développés récemment.
Iran. De males propos pour dissimuler les problèmes sociaux du pays
L’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a été élu Président de la République islamique d’Iran fin juin 2005. Ce populiste de droite a bâti sa fulgurante carrière politique en jouant sur son image d’homme proche du peuple : l’ex-maire de Téhéran avait gardé son salaire de petit fonctionnaire.
Dans un pays où la corruption générée par la manne pétrolière arrose toutes les factions de l’establishment – et surtout où la population est confrontée à un chômage de masse et à des loyers inabordables dans les grandes villes – c’est un argument qui fait mouche. Ahmadinejad a aussi bénéficié de la démobilisation d’une partie des jeunes et des femmes déçus par la faillite des réformateurs à réaliser leurs promesses de démocratisation.
L’Iran est une dictature où les partis sont interdits et où les candidats « non-conformes » sont écartés par les chiens de garde du régime des mollahs. Les travailleurs iraniens et leurs familles, ainsi que les couches paupérisées de la population, se sont donc engouffrés dans le maigre espace d’expression politique que constituait cette élection pseudo-démocratique pour émettre un vote de protestation contre l’establishment et un vote-sanction contre les réformateurs. Il ne s’agissait donc en aucun cas d’un vote d’adhésion au régime ou aux idées réactionnaires d’Ahmadinejad comme c’est souvent présenté en Europe.
Ahmadinejad est d’ailleurs conscient de la fragilité de sa position. Depuis son élection, les conditions de vie de la majorité de la population se sont encore détériorées tandis que le contrôle social du régime sur les jeunes et les femmes s’est renforcé. Pour détourner l’attention de la population, il a multiplié les déclarations antisémites en appelant à plusieurs reprises à « rayer Israël de la carte » et en niant, à plusieurs reprises également, la réalité du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le président iranien a tenu certains de ces propos dans le cadre d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”. En tant qu’internationalistes, les marxistes sont opposés à toutes les formes de nationalisme réactionnaire, y compris le sionisme et l’islamisme. Mais lorsque des politiciens réactionnaires au Moyen-Orient ou en Europe se profilent comme anti-sionistes ou anti-islamistes, ils ne font que jeter un voile idéologique sur leur anti-sémitisme ou leur islamophobie.
Mais c’est surtout la décision d’Ahmadinejad de reprendre le programme d’enrichissement d’uranium – aux applications potentiellement militaires – qui a mis le feu aux poudres. Cela a déclenché une crise ouverte avec les USA et l’Union européenne qui menacent de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU avec des sanctions à la clé. Mais l’Iran a développé de forts liens économiques avec la Russie et avec la Chine.
De plus, le régime iranien n’ignore pas que les Etats-Unis sont embourbés en Irak et qu’une intervention militaire est hautement improbable.
Palestine. La faillite du FAtah ouvre la voie au Hamas
La disparition brutale d’Ariel Sharon de la scène politique israélienne et la victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes de janvier ont sans doute porté un coup fatal au soi-disant processus de paix. Ariel Sharon n’avait rien d’un homme de paix, toute sa carrière politique et militaire en témoigne. Désavoué au sein du Likoud, il l’a quitté pour lancer une nouvelle formation « centriste », Kadima. Jusqu’il y a peu les sondages promettaient à Kadima une quarantaine de sièges, soit la position de premier parti, lors des élections de mars. Kadima avait pour ambition de négocier avec l’Autorité palestinienne une paix aux conditions d’Israël.
Mais les élections palestiniennes ont tout remis en question. La victoire du Hamas, qui a remporté la majorité des sièges au Conseil législatif (parlement) palestinien, est une gifle à la face de tous les protagonistes du conflit. Ce résultat est d’autant plus amer que ces élections ont été organisées de façon exemplaire d’après les critères de la démocratie bourgeoise. Les Etats-Unis pourraient même en tirer des leçons…
Pourtant les Palestiniens ont plus voté contre le Fatah que pour les islamistes du Hamas. Ils ont sanctionné des années de corruption, d’autoritarisme et d’échecs dans la lutte pour la libération nationale. Si on veut prendre la mesure exacte de la corruption de l’Autorité palestinienne (AP), il suffit de savoir que l’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, enquête sur la « disparition » de 700 millions d’euros. Or l’aide annuelle de l’UE à l’AP est d’1 milliard d’euros… Nous avons toujours dit que le Fatah d’Arafat et d’Abbas était plus populaire auprès d’une certaine frange de la mouvance pro-palestinienne en Europe, y compris hélas une certaine gauche, que parmi les Palestiniens. Le résultat des élections en est la parfaite illustration.
La victoire du Hamas n’a pourtant rien d’un pas en avant pour la lutte des Palestiniens. Le gouvernement israélien en prendra prétexte pour multiplier les faits accomplis. Il a déjà pris des mesures de rétorsion qui priveront l’AP de quelque 30% de ses ressources fiscales. C’est ce qui s’appelle prendre un peuple en otage pour avoir mal voté… Cette politique de rétorsions minera pourtant davantage la position du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, que celle du Hamas. En effet, le Hamas pourrait récupérer une partie du manque-à-gagner en se tournant vers l’Iran, ce qui renforcera l’influence de ce pays dans la région. De plus, les gouvernements israélien et américain mènent une campagne d’isolement de l’AP au niveau international. Mais l’invitation des dirigeants du Hamas par la Russie ouvre déjà une brèche de taille dans ce boycottage. Pour ne rien arranger, des groupes armés liés au Fatah vont probablement reprendre l’initiative militaire contre Israël pour récupérer le terrain perdu dans l’opinion palestinienne.
Un tel scénario pourrait peser lourdement sur le résultat des élections israéliennes de mars. Le Likoud de droite, qui était en perte de vitesse, pourrait regagner du terrain voire gagner les élections en surfant sur l’inquiétude et l’incompréhension des Israéliens envers le vote des Palestiniens. Le manque d’une alternative socialiste aux partis réactionnaires, nationalistes ou religieux, se fait cruellement sentir des deux côtés.
Afin de sortir de l’impasse, il faut une unité des travailleurs dans la lutte commune contre le système capitaliste.
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Démanteler activement la Sécurité sociale
Les mensonges de “l’Etat social actif”
L’Etat-Providence subit une pression accrue pour s’adapter aux exigences du marché. L’une des conséquences de l’offensive néolibérale de ces dernières décennies est la baisse de recettes de la Sécurité sociale par un transfert de charges des patrons sur les épaules des travailleurs. Le capital poursuit sa quête inlassable de profits, ce qui met du même coup les gouvernements sous pression pour satisfaire les exigences du patronat. La plupart des gouvernements oeuvrent à ce processus sans avoir quoi que ce soit à y redire. Jadis, on pouvait compter sur les pouvoirs publics pour se protéger des risques sociaux comme le chômage ou la maladie; aujourd’hui, on est de plus en plus seul face à ces maux.
Karel Mortier
Activation?
La notion d’”activation” des chômeurs et des minimexés est devenue un véritable leitmotiv pour les politiciens de tous bords et les journalistes. Ce serait LA solution au chômage et au financement de la Sécurité sociale. Les objectifs de cette politique manquent pourtant parfois de clarté. Le fait que le Danemark et les Etats-Unis, qui divergent totalement quant à leur vision de l’Etat-Providence, placent l’”activation” au coeur de leur politique ne rend pas les choses plus claires.
Problèmes individuels?
Il est toutefois possible d’en dégager les traits essentiels qui consistent à considérer le travail rémunéré comme la meilleure forme de sécurité sociale et les allocations comme une partie du problème dans la mesure où elles auraient un impact négatif sur les chômeurs et les malades !
Le chômage et la pauvreté sont de plus en plus souvent considérés comme des problèmes individuels. La simple évocation des problèmes structurels dans la société est devenue tabou. Les gens devraient prendre leur sort en main et cesser de toujours s’en remettre à l’Etat en cas de coup dur.
Cette tendance nous vient des Etats-Unis et du Royaume-Uni où elle se double le plus souvent d’un aspect moral. Les mères célibataires ou divorcées sont de mauvaises mères qui feraient mieux de chercher un homme plutôt que de frapper à la porte des pouvoirs publics ! Si les gens font malgré tout appel à l’Etat, celui-ci est en droit de leur demander une contre-partie. Rendre les chômeurs responsables de leur sort est de la pure hypocrisie au vu du chômage de masse qui sévit actuellement. Les chômeurs ne sont pas responsables d’un système qui n’est pas capable de procurer du travail à tout le monde.
Selon les libéraux de tout poil (y compris les sociaux-libéraux qui se disent socialistes !), les allocations coûteraient trop cher. Cet argent serait bien mieux utilisé par les patrons. De plus, les allocations seraient une fausse solution tout en étant inefficaces sur le plan économique parce que des allocations élevées dissuaderaient les chômeurs de travailler. Résultat: un fossé de plus en plus béant partout en Europe entre le montant des allocations de chômage et celui du salaire minimum. C’est la même évolution dans notre pays mais en un peu moins marqué parce que les gouvernements préfèrent s’en prendre graduellement aux allocations en les laissant stagner par rapport à l’évolution des salaires.
Entretemps, on peut constater que ça ne fait pas baisser le chômage pour autant. La baisse du salaire brut de larges catégories de travailleurs comme les jeunes, les chômeurs de longue durée et les travailleurs âgés n’y arrive pas davantage. Les gouvernements continuent à distribuer des cadeaux au patronat qui font à peine frémir la courbe de l’emploi.
Cadeaux pour le patronat
Aux centaines de millions d’euros que le patronat a reçus en cadeau via le Pacte des Générations s’ajoute aussi 8 millions pour ce qu’on appelle l’accompagnement des chômeurs. Une part encore difficile à évaluer de cette somme ne manquera pas de disparaître dans les poches des actionnaires des sociétés qui se sont positionnées sur ce nouveau “marché”. On a révélé récemment que deux sociétés hollandaises avaient reçu 4 millions (2.450 euros par chômeur) pour aider les chômeurs à trouver un emploi. D’autres sociétés leur emboîteront sans doute bientôt le pas. Le marché n’est en effet pas près d’être saturé…
Les travailleurs doivent aujourd’hui redoubler d’efforts pour avoir droit à des allocations de plus en plus maigres. Ils ont pourtant cotisé eux-mêmes dans le passé pour cette sécurité sociale. Dans le même temps, le patronat reçoit des cadeaux supplémentaires sans la moindre contre-partie.
Dans un Etat Social Actif, il semble que les patrons soient les seuls à pouvoir compter sur une “solidarité inconditionnelle”, à sens unique il est vrai : le leur ! N’est-il dès lors pas étrange que les syndicats cautionnent – ou au moins laissent passer – les plans du gouvernement ?
Il faut en finir avec cette politique qui consiste à partager le chômage au lieu du travail. Les seuls qui ont à y gagner sont les patrons qui accroissent leurs profits sur le dos de la Sécurité Sociale sans la moindre obligation de créer des emplois en retour.
Plutôt que de se limiter à arrondir les angles les plus saillants de la politique néolibérale actuelle, les syndicats devraient oeuvrer de toute urgence à une alternative.
On ne peut en effet gagner aucune guerre en reculant sans cesse, fût-ce en bon ordre.
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Manifs massives contre les caricatures de Mahomet
Ces dernières semaines, des manifestations contre la publication des dessins représentant Mahomet dans divers journaux européens ont montré l’énorme colère provoquée parmi les musulmans par « la guerre contre le terrorisme » de Bush et l’invasion de l’Irak. Beaucoup voient ces dessins comme les dernières provocations et actes agressifs d’une longue série: l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, l’extension d’Israël dans de plus en plus de territoires palestiniens, etc. Dans les pays européens, un ressentiment se développe parmi des musulmans contre les politiques de plus en plus racistes des gouvernements occidentaux et l’augmentation perçue des sentiments anti-islamiques.
Ces développements sont un avertissement des tensions et des divisions qui peuvent se développer en l’absence d’un mouvement ouvrier socialiste fort, offrant une alternative de classe.
Dans un certain nombre de pays arabes, les manifestations ont pris un caractère anti-impérialiste. Bien qu’il s’avère dans un pays tel que la Syrie que le régime a utilisé les manifestations pour ses propres intérêts, afin de donner un avertissement à l’Occident et réaffirmer en même temps ses intérêts au Liban.
Toutefois, le caractère de certaines de ces manifestations, venant après une série d’attaques terroristes sur les cibles civiles occidentales, a renforcé la tendance des divisions entre les musulmans et les non-musulmans dans plusieurs pays.
Cette situation se développe alors qu’il y a déjà des pressions au niveau européen et des tensions produites par le transfert du travail et la migration forcée – résultant des effets de la mondialisation capitaliste et de l’offensive néo-libérale.
Tous les opportunistes, que ce soient les religieux sectaires ou les racistes, veulent exploiter la situation. Les gouvernements des puissances occidentales utilisent cette situation pour renforcer leur politique sécuritaire et raciste, comme par exemple au Danemark ou en France, où les lois sur l’immigration se durcissent.
Dans les pays arabes, les chefs religieux islamiques de droite ont saisi l’occasion de renforcer leur position d’« opposition » à l’impérialisme et également leur pouvoir sur la société.
Le manque d’une opposition de classe se voit partout au Moyen-Orient. Les élections en Palestine en sont un exemple clair. Le vote massif pour le Hamas montre un ras-le-bol complet dans la population palestinienne face à la politique d’occupation israélienne, mais également face à l’énorme corruption qui s’est développée dans le Fatah.
Le Hamas n’est absolument pas une réelle alternative à la politique menée aujourd’hui en Israël-Palestine. Mais sa victoire montre clairement l’incapacité de l’impérialisme à construire une stabilité dans la région et, plus généralement, la faillite du capitalisme à trouver une solution au conflit au Moyen-Orient.
Ce qui est absent, est une voix socialiste puissante qui peut intervenir et empêcher l’exploitation de cette situation par les religieux sectaires ou les racistes. Mais, à moins que le mouvement ouvrier internationalement puisse offrir une alternative, la prochaine période de la crise pourrait voir des sociétés déchirées par des divisions impliquant des conflits religieux, ethniques et nationaux.
C’est pourquoi nous luttons contre toute oppression basée sur la religion, la race, la nationalité, l’orientation sexuelle, et soutenons le droit des opprimés à se défendre. EGA, le MAS, et ses sections-sœurs à travers le monde, travaillent pour construire un mouvement uni des jeunes et travailleurs pour lutter contre l’oppression et le capitalisme, et commencer à créer une société socialiste.
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Demandeurs d’asile: vive la répression!
Le ministre VLD Dewael s’est rendu au Danemark afin d’y puiser l’inspiration pour la politique d’asile en Belgique. Ce choix n’était pas innocent: le Danemark est un exemple de politique répressive et asociale en matière de droit d’asile. Les étrangers n’y ont pas accès à la sécurité sociale et ne peuvent guère choisir avec qui se marier.
Geert Cool
Au Danemark, en dessous de 24 ans, il est interdit pour un citoyen non-UE de cohabiter avec un citoyen danois. Au-delà de cet âge, les couples doivent payer une garantie de presque 5.500 euros s’ils veulent cohabiter ensemble et cela ne peut se faire qu’après une interview et en acceptant une évaluation tous les deux ans. Pendant sept ans le partenaire étranger n’a pas accès à la sécurité sociale.
Evidemment, aucune attention n’est portée aux problèmes qui causent des vagues de réfugiés au niveau mondial. Ce sont les pillages des multinationales et des grandes entreprises qui sont responsables de l’énorme fossé entre riches et pauvres à cause duquel 2,2 millions de gens meurent chaque année par manque d’eau potable. Et que doit-on penser des livraisons d’armes de la Belgique au Népal ou la possibilité de livraisons d’armes en Tanzanie ? Ce ne sont en tout cas pas des mesures qui vont faire baisser le nombre de réfugiés. Mais au lieu de faire quelque chose contre les raisons qui poussent les gens à fuir, l’option du gouvernement belge est de s’en prendre aux victimes par une politique d’asile répressive.
Le nombre de demandes d’asile dans notre pays a fortement baissé ces dernières années: de 42.690 en 2000 à 15.360 en 2004, baisse surtout due au fait qu’il est connu qu’une demande n’a quasi aucune chance d’aboutir. Le nombre de sans-papiers augmente sans doute, mais là il n’y a évidemment pas de chiffres exacts. Ces sans-papiers peuvent être abusé et utilisés comme des esclaves sous-payés, comme l’a récemment démontré le scandale de ces riches eurocrates à Bruxelles et alentour qui faisaient travailler des sans-papiers comme des esclaves. Cette sorte d’exploitation brutale ne fleurit pas qu’à Bruxelles. Miner les conditions de travail de tous est plus facile s’il y a une couche de travailleurs sans aucune protection.
Les demandeurs d’asile et les sans-papiers doivent de plus subir une politique extrêmement dure. Ce mardi 8 mars, la police a organisé avec l’Office des Etrangers un contrôle à grande échelle dans la gare d’Anvers-Central. Tous ceux qui avaient un air « étranger » étaient soumis à un contrôle d’identité et les sans-papiers étaient arrêtés. Quant aux autochtones, un de nos camarades a bien été contrôlé … mais seulement après s’être plaint de ce contrôle arbitraire ne touchant que des immigrés.
Ce climat répressif n’existe pas uniquement en Belgique. Dès que le capitalisme entre en crise, les politiciens de l’establishment essaient de jouer sur l’insécurité. Avec un discours éthique, conservateur et quasi-raciste ils essaient de dévier l’attention de la politique néo-libérale qui mine les conditions de travail et la sécurité sociale, premières causes de l’insécurité. C’est l’optique des néo-conservateurs américains, suivis par presque tous les gouvernements européens.
Contre cette politique il faut une opposition active qui résiste aux attaques contre les conditions de travail, les salaires, la sécurité sociale,… Pour une telle opposition il faut tendre à la plus grande unité possible des victimes du système actuel. Arrêter le démantèlement des conditions de travail et les salaires passe par l’implication dans ces luttes des travailleurs sans-papiers. Il faudra unir les habitants des quartiers pauvres dans la lutte pour plus de logements sociaux de qualité.
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Les soins de santé suffoquent
LA PRESSE le dit tous les jours: la situation des soins de santé est “inquiétante”. En 2004 le budget avait un déficit de 850.000.000 d’euros. Excellente raison pour Rudy Demotte (ministre PS des Affaires Sociales et de la Santé) d’intervenir avec toute une batterie de coupes budgétaires.
Bart Van der Biest
Expliquer toutes ces mesures prendrait trop de place, mais l’on peut déjà dire que toutes sortes de sommes forfaitaires vont êtres augmentées, certaines consultations vont être limitées, la partie non-remboursée pour les visites à domicile va être augmentées,…
Part dans le budget de l’Inami (en milliards d’euros):
Salaires des médecins: 5013 (30,8%)
Jour d’hospitalisation: 3803,5 (23,4%)
Médicaments: 2876 (17,7%)
Maisons de repos: 1407,5 (8,7%)
Infirmiers: 689,6 (4,2%)
Orthodontie: 512,7 (3,1%)
Kinésithérapeutes: 414,5 (2,5%)
Implants: 374,4 (2,3%)
Revalidation: 337,9 (2,1%)
Autres: 828,7 (5,1%)Il est intéressant de voir la répartition des coûts dans les soins de santé (voir cadre). Le budget total de l’Inami (qui n’était pas suffisant) est de 16.257,8 milliards d’euros. Fait remarquable: une grande partie de cette somme arrive chez les médecins (30,8%), et l’industrie pharmaceutique n’est pas non plus en reste, puisque quelque 17,7% leur sont réservés (à comparer avec 12 ,2 % au Luxembourg, 11% aux Pays-Bas et 8,5% au Danemark). L’industrie pharmaceutique belge coule des jours heureux… En comparaison de ces deux goinfres, le coût des infirmiers (4,2%) est presque négligeable. Demotte annonce en fanfare qu’il va s’attaquer à l’industrie pharmaceutique… ce boucan permet de passer sous silence ce qu’il compte faire avec les patients. «Tout le monde doit payer sa part », déclare t-il. Léger problème: en s’en prenant aux patients, ce ne sont pas les profits qui passsent à la trappes, mais notre santé.
Le modèle kiwi: l’oeuf de Colomb?
Une proposition lancée par un docteur du PTB, défendue par le ministre Spa et les présidents du SP.A, VLD et CD&V, applaudie par la presse bourgeoise… on se méfierait à moins! Mais qu’est-ce-que le modèle kiwi? En Nouvelle Zélande l’Etat fait des adjudications publiques ouvertes, et seul le médicament générique le meilleur marché répondant aux exigences du produit est remboursé par la mutuelle. Grâce à cela les médicaments y sont 50 à 90% moins chers qu’en Belgique. Par patient et par an, la mutuelle rembourse 63 euros, contre une moyenne de 270 euros en Belgique.
Mais en Nouvelle Zélande, l’industrie pharmaceutique fait également des profits. Le modèle kiwi n’est donc certainement pas une mesure « anticapitaliste », mais cherche justement à maintenir la fonction de vache à lait pour les médecins et l’industrie pharmaceutique, protégeant ainsi ce beau monde de leur propre gloutonnerie: si le système n’est plus tenable, fini les profits!
L’argument selon lequel on laisserait jouer le marché libre est tout aussi dénué de sens. Le jeune capitalisme de la libre concurrence est mort, et a laissé place au capitalisme monopoliste, dans lequel les grandes multinationales dictent leur loi.
L’industrie pharmaceutique a une machine de marketing énorme qui doit assurer que seuls les produits les plus chers sont disponibles. De différentes manières, les prescripteurs sont «convaincus»: offre de petits voyage masqués comme jours d’étude, restaurants de luxe, échantillons gratuits (qui obligent plus ou moins le patient à continuer après avec le même médicament), sponsoring des magazines professionnels,… La «pharma-maffia» dépense plus en publicités qu’en recherches. Pour autant que cela continue, on pourrait encore installer 100 modèles kiwi, sans réel changement. Un autre cancer des soins de santé: la médecine de prestation Au lieu d’abolir résolument la médecine de prestation (dans lequel le médecin est payé par « client »), Demotte se limite à quelques mécanismes de contrôle.
Chaque hôpital regorge d’histoires d’abus de prestations (non-nécessaires, ou tout simplement inexistantes). Cela peut revêtir la forme de consultations hebdomadaires de tous les patients d’un hôpital, pour finalement ne pas s’y intéresser. Comment un mécanisme de contrôle va-t-il différencier ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas? Les patients qui en ont besoin sont menacés d’être les victimes de ces mesures limitatives. Un contrôle de qualité va s’avérer pratiquement impossible.
Dernière couche d’absurdité ; ce sont bien souvent les infirmiers qui s’occupent de ces prestations, le rôle du médecin se limitant à garder ouvert son portefeuille.
Une alternative socialiste
au hold-up capitaliste sur les soins de santé Pour un programme socialiste relatif aux soins de santé, nous mettons en avant les trois éléments suivants, parmi d’autres:
1. La mise sur pied d’un service de santé national aux mains de l’état et sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Cela permet d’éliminer la concurrence entre hôpitaux et de simplifier le financement. Actuellement, les hôpitaux dépendent de subventions de l’état et des cotisations des médecins.
2. L’abolition résolue de la médecine de prestation et le payement des médecins comme des salariés: la surconsommation n’aurait donc plus aucun intérêt. De plus, il serait fini le temps des médecins se comportant en seigneurs intouchables dans leur hôpital.
3. La nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que seuls les meilleurs produits soient vendus, et à bas prix. La montagne d’argent qui est gaspillée aujourd’hui dans la publicité pourrait aller intégralement à la recherche.
Est-ce que la scission est une solution?
L’explosion des dépenses a renforcé l’appel flamand pour une fédéralisation des soins de santé. Des deux côtés de la frontière linguistique, chiffres et statistiques sont mis en avant. Mais ces chiffres sont flexibles et peuvent être interprétés de différentes manières.
En plus, les avocats de la scission ne proposent pas de projet réfléchi. Pour les travailleurs et les consommateurs une scission serait tout sauf une bénédiction. Selon Gilbert De Swert (CSC) une sécurité sociale flamande serait (encore) plus libérale étant donné que le rapport de forces est moins favorable à classe ouvrière en Flandre qu’en Wallonie. Il ne se passerait guère de temps avant qu’on ne commence à privatiser le secteur peu à peu. Aux Etats- Unis on voit bien ce qu’un tel système a à offrir: bien qu’une partie importante de la population vit dans la précarité, les dépenses par habitant sont les plus élevées du monde développé, et cela avec une espérance de vie et un degré de mortalité infantile tragique. Difficile de voir là un modèle d’efficacité. Quoique encore une fois, tout dépend du côté où l’on se trouve.
Il n’y a aucun espoir de diminution des abus tant que la maximalisation des profits reste le moteur des soins de santé. Ceux-ci ne peuvent être de qualité et durable que dans une société socialiste qui part des besoins de la population et non pas des profits des entreprises.
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Elargissement de l’Union européenne. L’Europe du bradage social est en route
Elargissement de l’Union européenne
LE 1ER MAI, l’Union européenne accueillera 9 nouveaux pays membres d’Europe centrale, plus Chypre. L’Union européenne comptera alors 25 pays membres. A quoi peuvent s’attendre les travailleurs et les jeunes?
Peter Delsing
La majorité de la population n’arrive pas à suivre les affaires courantes européennes. 8 habitants de l’Union européenne sur dix déclarent être peu ou mal informés de l’élargissement de l’Europe. 84% se disent «presque pas» ou «pas du tout» concernés. En Belgique, seul 49% de la population se considère en faveur de l’élargissement.
Les entreprises qui ont délocalisé, partiellement ou totalement, vers l’Europe de l’Est au cours de ces dernières années sont nombreuses. Le revenu moyen par habitant des 10 pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne est égal à 35% du revenu moyen des états membres actuels. Par exemple en Pologne (38 millions d’habitants) le salaire moyen mensuel s’élève à 460 euros. Le niveau de vie s’est effondré lors de la restauration du capitalisme et le démantèlement de l’économie planifiée. Même si cette économie planifiée était gérée de façon inefficace par une structure étatique monolithique (un seul parti au pouvoir) bureaucratique.
Les capitalistes occidentaux considèrent l’Europe de l’Est comme un nouvel Eldorado: avec une maind’oeuvre bon marché et hautement qualifiée. De plus les 80 millions d’habitants des 10 pays qui vont entrer dans l’Union européenne représentent 80 millions de consommateurs potentiels. Mais il est peu probable que les profits réels seront à la mesure des espérances des capitalistes. Après le 1er Mai, la valeur de la production totale (Produit intérieur brut de l’Union européenne) n’augmentera que de 5% malgré une croissance de la population estimée à 20%.
La bourgeoisie se servira du niveau de vie bas en Europe de l’Est pour miner le niveau de vie des travailleurs d’Europe occi-dentale. Voila sans doute un des objectifs principaux de l’élargissement: disloquer les acquis de l’ensemble des travailleurs.
De Standaard (17 février) proposait récemment une baisse des salaires afin d’éviter que les entreprises ne délocalisent: «Étant donné qu’une baisse de salaires sera difficile à faire avaler, il est souhaitable que les pays occidentaux revoient leur système d’allocations de chômage afin de rendre plus flexibles les travailleurs non-qualifiés» (17 février). Autrement dit: réduire les allocations de chômage, pour s’attaquer ensuite aux salaires. La riposte à opposer est la lutte intransigeante pour la défense de l’emploi et des conditions de vie de part et d’autre des frontières européennes actuelles. Cette lutte est une tâche des syndicats combatifs et des partis ouvriers en Europe.
Les autorités des pays membres actuels vont recourir à un système de quotas et de permis de travail pour réguler le nombre de travailleurs de l’Est qui viendront vendre leur force de travail en Europe occiden-tale. Elles utiliseront cette main-d’oeuvre de réserve pour faire pression ici sur les salaires et faire accepter de mauvaise conditions de travail. Comme au temps où les autorités belges ont fait appel aux immigrés ita-liens pour descendre au fond de la mine.
Un sondage récent révèle que 70% de la population des pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne pense qu’il est plus facile de trouver un em-ploi ici que là-bas. En revanche seuls 30% croient que leur propre niveau de vie s’améliora après l’entrée de leur pays dans l’Union européenne.
D’autre part le Danemark et la Grande-Bretagne veulent restreindre le droit à la sécurité sociale pour les nouveaux venus. La division entre les travailleurs est un piège mortel qui risque d’affaiblir la résistance aux patrons et de désigner de nouveaux boucs émissaires en faisant l’impasse sur les véritables coupables: les capitalistes et les gouvernements.
Exigeons les mêmes droits pour tous les travailleurs! Qu’ils soient originaire du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest! Tous doivent avoir le droit de s’organiser dans les syndicats. Le travail clandestin, sans contrat, sans barème, sans protection sociale doit être active-ment combattu! C’est la seule possibilité pour lutter tous ensemble contre les patrons pour les salaires et les droits sociaux. Les travailleurs ont tout à perdre s’ils se laissent diviser.
Une Union européenne élargie sera une construction instable. L’euphorie s’est dissipée. Une nouvelle période de lutte de classes mettra l’Europe du capital à l’épreuve. Déjà la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie, principaux candidats à l’élargissement, ont ralenti la politique d’austérité par crainte d’une riposte sociale impétueuse.
La bourgeoisie caresse l’espoir d’un effondrement de la Pologne sur le scénario argentin. Le soutien au parti social-démocrate SLD est passé de 41% aux 2001 à 13% au-jourd’hui dans les sondages. Le taux de chômage s’élève à 20%. La corruption est omniprésente. Le déficit budgétaire de 2004 risque de frôler les 6% du PIB, alors qu’on exige un déficit de maximum 3% pour introduire l’euro.
Après une série de mobilisations sociales (syndicats, retraités) un important volet de mesures d’austérité (notamment une réforme des retraites) a été repoussé à plus tard. Le gouvernement polonais a dû céder aux revendications des mineurs et des cheminots en lutte. D’ici 2007 le gouvernement polonais veut introduire une série de mesure d’austérité équivalant à 6,8 milliards d’euros. La croissance de ces dernières années n’a pas bénéficié à la majorité de la population. En Hongrie, le déficit budgétaire en janvier était estimé à 5,6% du PIB, ce qui a provoqué à la démission du ministre des Finances.
Rejoignez le MAS pour construire une alternative anticapitaliste et internationaliste. Non à la division entre les travailleurs pour mieux les exploiter! Luttons tous ensemble pour nos droits sociaux et nos salaires! Unissonsnous pour socialiser les profits exorbitants accumulés par les grandes entreprises! Luttons pour une fédération des états socialistes en Europe!