Tag: Culture du viol

  • Manifestations massives en Irlande contre le ‘‘victim blaming’’ dans une affaire de viol

    Ce jeudi 29 mars, des manifestations spontanées d’indignation ont éclaté dans toute l’Irlande, tant au nord qu’au sud, en raison de la décision d’un juge de Belfast d’acquitter des joueurs de rugby dans une affaire de viol. La victime a par contre été blâmée tout au long du procès. Femmes et hommes sont descendus par milliers dans les rues avec le hashtag #IBelieveHer (je la crois). En Irlande, la campagne féministe socialiste ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) est en première ligne de ces protestations.

    Vue du cortège de la manifestation de Dublin.

    Différentes études indiquent que 26 % des Irlandaises sont victimes de violence sexuelle ou physique de la part de leur partenaire ou non, tandis que 31 % sont victimes de violence psychologique, y compris de violence économique. Seules 21 % des femmes victimes de violence le signalent à la police. Moins d’un tiers d’entre elles considèrent que la police a pris l’affaire au sérieux.

    En ce moment, les droits des femmes font l’objet d’une plus grande attention dans la société irlandaise, ce à quoi contribue l’organisation prochaine d’un référendum pour l’abolition de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement. La campagne féministe socialiste ROSA a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de masse qui a conduit à l’organisation de ce référendum et défend l’importance de l’abolition de l’interdiction de l’avortement.

    Tout cela a assuré que ce verdict dans une affaire de viol très médiatisée entraîne immédiatement une vague d’indignation et d’actions. Des joueurs de rugby étaient accusés d’avoir violé une jeune femme lors d’une fête. Celle-ci a affirmé qu’elle avait bien accepté d’être embrassée par l’un d’eux, mais qu’elle n’avait donné aucun consentement pour aller plus loin. Les avocats des joueurs de rugby ont fait tout ce qu’ils ont pu pour faire reporter la responsabilité sur la jeune victime. Les vêtements qu’elle portait ont ainsi été présentés comme ‘‘preuves’’ de consentement ! Le procès a pris la forme d’une condamnation de la victime. Comme dans 94 % de toutes les affaires de viol en Irlande, les accusés n’ont pas été condamnés.

    A Dublin, notre camarade Ruth Coppinger (députée de Solidarity et membre du Socialist Party, notre parti-frère irlandais) a pris la parole au Parlement concernant cette affaire. 

    Directement après, elle s’est rendue participer aux actions de protestations dans la rue. Voici une vidéo de l’une de ses prises de parole :

    Laura Fitzgerald, de la campagne ROSA – Irlande a également pu prendre la parole :

    Des actions ont eu lieu dans toute l’île. D’autres actions sont encore prévues ce week-end. En Belgique, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) est solidaire de ces manifestations. #WeStandWithHer!

  • Julien Blanc : Coach en séduction ou culture du viol ?

    no_sexismJulien Blanc avait à l’origine annoncé trois dates en Belgique, à Liège, Bruxelles et Anvers. Très rapidement, seule celle d’Anvers a subsisté et les Etudiants de Gauche Actifs d’Anvers avaient décidé de mobiliser pour un rassemblement de protestation. Depuis hier soir, la date d’Anvers a elle aussi disparu de son site… 

    Ces dernières années, nous avons vu apparaître, surtout sur internet, une nouvelle génération de ‘‘coachs’’ en séduction. Ce business ciblant essentiellement des jeunes hommes, repose uniquement sur le sexisme ambiant, la manipulation et la discrimination. Ce n’est pas un hasard si ce marché est, actuellement, en plein essor : le sexisme est très vendeur ! Ajoutons à cela la pression capitaliste qui pousse les jeunes adultes à fonder le plus rapidement possible une famille, unité économique de base des systèmes de classe permettant à l’État de réaliser d’importantes économies.

    Par Julie N. (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le 18 septembre, la Belgique aura le ‘‘plaisir’’ d’accueillir un de ces conférenciers, Julien Blanc. Ce Suisse se qualifie lui-même d’expert en séduction. En plus de se servir du sexisme, de la contrainte et de la manipulation pour ‘‘séduire’’ des femmes, ce ‘‘charmant individu’’ use et abuse également de nombreuses autres discriminations, dont le racisme. Aucun cliché ni stéréotype n’est laissé de côté. Il affirme ainsi que le ‘‘non’’ d’une femme n’est rien d’autre qu’un ‘‘oui’’ non avoué et qu’au fond les femmes aiment être prises en chasse, se sentir forcées, contraintes ou encore humiliées.

    Le sexisme comme fonds de commerce

    Julien Blanc est un produit de plus de l’oppression et des discriminations subies par les femmes dans la société capitaliste actuelle. Donner des conférences au sujet des agressions sexuelles qu’il commet et le fait que ces dernières restent impunies illustre, une fois de plus, que certains artistes n’hésitent pas à faire du sexisme leurs fonds de commerce. Ce phénomène surfe sur la marchandisation de la femme et de son corps sous toutes ses formes. J. Blanc utilise la culture du viol pour augmenter le nombre de vues de ces vidéos sur YouTube ou pour vendre plus d’entrées pour ses séminaires, tout comme le monde de la publicité utilise un corps féminin nu pour vendre une voiture. Quel est le rapport entre une voiture et une femme nue outrageusement retouchée par Photoshop ?! On peut voir J. Blanc mimer, dans des vidéos, une fellation avec des jeunes femmes japonaises ou embrasser une caissière sans son consentement. Cet individu pousse également au racisme : dans cette même vidéo, il affirme que les hommes peuvent imposer totalement leurs volontés aux Japonaises, car celles-ci sont éduquées de sorte qu’elles ne se défendent jamais et ne disent jamais non.

    La résistance s’organise

    Grâce à des protestations en tous genres comme des manifestations et des pétitions massives, la population de plusieurs pays – tels que l’Australie, le Japon, le Brésil et le Canada – a pu obtenir l’interdiction de salle pour Julien Blanc. Actuellement, en France, en Grande-Bretagne et en Belgique, le combat pour l’interdiction de séjour de cet ‘‘expert en drague’’ se poursuit. Les mobilisations contre Julien Blanc et ses dangereuses pratiques sexistes montrent le potentiel qu’il existe pour un mouvement plus étendu et plus général. Beaucoup de mouvements féministes se sont développés en réaction à la montée de ce personnage. Toutefois, la plupart ne parviennent pas à identifier les causes du sexisme et à tracer une alternative, pourtant indispensable pour porter cette lutte. Ces mouvements risquent de ne pas grandir et d’être amenés à disparaître lorsque l’affaire Julien Blanc se tassera. Malgré leur combat, un autre pick-up artist agressera des passantes et cette culture du viol continuera à imprégner les rues.

    Comment venir à bout du sexisme ?

    Il faut prendre conscience que nous ne pourrons jamais en finir avec le sexisme tant qu’il existera une société de classe. L’austérité a contribué à la dégradation générale des conditions de vie de la large majorité de la population, mais plus particulièrement des femmes. Les coupes dans les services publics (soins de santé, crèche, maison de retraite,…) aggravent encore davantage la double journée de travail des femmes dont, rappelons-le, le rôle naturel n’est pas les soins aux personnes âgées et aux enfants comme la société voudrait nous le faire admettre. De plus, l’égalité salariale est encore loin d’être acquise.

    Lorsque nous aurons renversé le système capitalisme qui maintient les femmes dans une position de vulnérabilité, nous pourrons enfin poser des bases matérielles pour en finir avec le sexisme, à travers des services publics étendus, gratuits et de qualité pour tous, des salaires décents et une réduction collective du temps de travail, par exemple. Puisque le sexisme et la culture du viol ne sont que la suite logique de la société de classes et que l’austérité précarise les femmes dans tous les domaines possibles, une société socialiste est, par conséquent, le seul système capable de répondre aux problèmes sous-jacents du sexisme.

  • Capitalisme et culture du viol

    En décembre 2012, l’horrible viol collectif d’une étudiante de 23 ans à Delhi, en Inde, suivi de sa mort, a placé le fléau du viol sur le devant de la scène. Ce cas particulier ne sort malheureusement pas du tout de l’ordinaire par sa nature ou sa gravité. Ce qui l’a rendu exceptionnel, c’est la réponse explosive du mouvement ‘‘rage against rape’’, qui a fait descendre dans la rue une foule de femmes aussi bien que d’hommes opposés aux viols et à la violence sexuelle extrêmement fréquents, commis surtout contre les femmes et les enfants.

    Par Emma Quinn & Laura Fitzgerald, Socialist Party (CIO-Irlande), 2013

    ‘‘Rage against rape’’ en Inde – malgré la nature problématique des appels à la peine de mort et à la castration pour les auteurs de viols (en plus de ne pas répondre aux causes sous-jacentes du viol, cela donnerait encore plus de pouvoir à un Etat indien qui réprime et va continuer à réprimer les luttes des travailleurs et mouvements sociaux) -, le développement du phénomène ‘‘Slutwalk’’ ces dernières années, fer de lance de la montée de la remise en cause de la ‘‘culture du viol’’, sont autant de développements véritablement positifs.

    La ‘‘culture du viol’’ peut être décrite par le fait de réagir aux viols et à la violence sexuelle en culpabilisant les victimes et les survivantes en se demandant comment elles s’habillent, quel est leur passé sexuel, leur consommation de drogue ou d’alcool, etc. de façon à la fois subtile et ouverte. C’est ainsi que réagissent la police et la justice, à des degrés variables en fonction des divers pays du monde. Il s’agit d’une vulgarisation du viol. Au cours de cette dernière période, ce phénomène s’est développé dans un contexte où, de plus en plus, les femmes et leurs corps se voient rabaissés au rang d’objet dans la culture dominante.

    Le viol est une question de pouvoir

    Le viol n’est pas une question de désir sexuel, mais plutôt l’expression ultime du pouvoir, du contrôle et de la suprématie sur un autre être humain. La majorité des victimes et des survivantes sont des femmes et la grande majorité des auteurs de viols sont des hommes. Les hommes victimes d’un viol sont particulièrement stigmatisés, en partie parce que c’est considéré comme une expérience émasculatrice. L’exemple de femmes soldates participant à l’humiliation sexuelle de prisonniers hommes dans la prison d’Abu Ghraib, en Irak, montre comment le viol et l’abus sexuel sont fondamentalement une expression du pouvoir : les forces impérialistes ont utilisé les abus sexuels dans le but très conscient de dégrader et de démoraliser.

    Les milliers d’années d’oppression de la femme ont signifié des milliers d’années de soumission, et notamment de viol. Les viols fréquents sur les esclaves par les possesseurs d’esclaves dans le Sud des Etats-Unis avant la Guerre Civile sont un exemple parmi beaucoup d’autres du viol en tant qu’expression de cette soumission imbriquée dans l’oppression économique également subie.

    Le début de la société humaine divisée en classes sociales – il y a environ 10.000 ans – a constitué un moment crucial dans l’instauration des structures et de l’idéologie qui oppressent les femmes. L’idéologie de la famille nucléaire et patriarcale en particulier, qui a atteint son apogée dans la Rome Antique lorsque les pères avaient droit de vie et de mort sur leur femme et leurs enfants, est une idéologie façonnée et utilisée par le système économique actuel du capitalisme. Malgré les grandes luttes et les changements survenus depuis lors, la promotion de cette idéologie a contribué à pérennisé l’oppression des femmes.

    Ce n’est nullement une coïncidence si la plupart des viols et des abus sexuels sont perpétrés par une connaissance de la victime, souvent même un membre de la famille, un partenaire ou un ex-partenaire. Sous le capitalisme, l’idéologie de la famille patriarcale (soutenue depuis les débuts de ce système) a permis que les femmes soient des sources d’heures de travail non rémunéré – comme elles le sont encore aujourd’hui de bien des façons et dans bien des cas – en effectuant le travail domestique, en s’occupant des enfants et des membres âgés de leur famille ou des malades.

    Cette idéologie était en contradiction avec la nécessité d’intégrer la force de travail féminine dans le système de profit, mais elle a aidé à justifier les plus bas salaires des travailleuses, une réalité toujours d’application aujourd’hui dans les pays capitalistes développés. En Irlande, selon un récent rapport de l’OCDE, les femmes gagnent en moyenne 14% de moins que les hommes, et ce fossé s’élargit à 31% pour les femmes qui ont des enfants (en Belgique, l’écart moyen est de 24%, NDT).

    L’Ère de l’austérité et son impact sur les femmes

    Ces dernières décennies, l’entrée massive des femmes dans la force de travail – tout en augmentant souvent l’exploitation que les femmes subissent à la fois en tant que travailleuses et en tant que femmes – a eu un impact progressiste. En s’engageant dans la force de travail, les femmes ont pris confiance en elles et, en réalité, les idées réactionnaires concernant la famille patriarcale et le rôle subalterne des femmes ont été profondément ébranlées. Par exemple, la grande majorité de la population européenne, hommes et femmes, n’acceptent plus l’idée selon laquelle les femmes ne devraient pas être égales aux hommes.

    L’ère de l’austérité actuelle signifie concrètement une énorme destruction de nos emplois, de nos services publics et de nos conditions de vie. Les femmes sont plus particulièrement affectées par les attaques contre le secteur public parce qu’elles représentent la majorité des travailleurs de ce secteur (en particulier dans la main d’œuvre peu payée du secteur public) et en raison de la nature progressiste des services publics qui peuvent socialiser ce qui auparavant étaient des problèmes privés pour les femmes (comme de prendre soin des malades et des personnes âgés).

    Des services sont en train d’être complètement érodés, comme l’aide à domicile (un service qui a en fait commencé sur base volontaire et non payée – notons l’impact de l’idéologie patriarcale qui montre les femmes comme des ‘‘soignantes naturelles’’ -, et pour lequel on s’est battu pour qu’il devienne financé et développé par l’État). Les femmes, en particulier, vont porter le fardeau de cette érosion, avec comme résultat probable le retour réactionnaire aux rôles traditionnels de genre. L’élite au pouvoir a besoin de trouver des moyens pour justifier ce retour en arrière. La publicité et les autres moyens de propagande (particulièrement aux USA) ont été massivement utilisés pour mettre l’accent sur la ‘‘place naturelle des femmes au foyer’’ en tant qu’épouses, soignantes et domestiques non payées, de même que leur subordination aux hommes juste après la seconde guerre mondiale, alors que les femmes étaient massivement entrées dans les usines pendant la guerre.

    Cette propagande nous paraît aujourd’hui grossièrement sexiste et dépassée. Cependant, d’autres formes de propagande sexiste ont été de plus en plus développées, dans les médias en particulier. L’offensive s’est même intensifiée cette dernière décennie : rabaissement de la femme au rang d’objet, marchandisation du corps féminin et ‘‘pornification’’ de la culture.

    L’impact du ‘‘nouveau sexisme’’

    Le ‘‘nouveau sexisme’’, appuyé en grande partie par l’industrie cosmétique (très rentable), joue actuellement un rôle dans le renforcement des vieilles idées selon lesquelles la valeur d’une femme se mesure à son apparence et à son look, en dénigrant sa valeur en tant qu’être humain égale aux hommes. Cette attaque idéologique offre aux politiciens l’espace pour mener une politique sexiste et réactionnaire. Ainsi, lors des émeutes de Londres en 2010, certains politiciens ont tenté d’expliquer le phénomène par l’éclatement de la famille traditionnelle en reportant la faute sur les parents célibataires, afin de ne pas parler des causes sociales derrière cette explosion de colère (taux de chômage élevé, aliénation et pauvreté massive parmi la jeunesse).

    En Espagne et au Royaume Uni, des partis politiques au pouvoir souhaitent aujourd’hui revenir sur le droit à l’avortement : une véritable indication de l’instrumentalisation des femmes en tant que boucs émissaires de même qu’un cas concret de casse des droits des femmes et de leur liberté de choisir. Aux USA, le degré auquel le parti de droite Tea Party a influencé le discours et la politique représente à la fois une attaque idéologique et une menace physique contre les droits des femmes. Les restrictions à l’accès à l’avortement y ont tellement augmenté que certains États n’ont plus qu’une seule clinique pratiquant l’avortement ouverte ! Paul Ryan, le candidat républicain malchanceux à la vice-présidence américaine aux élections de 2012, a précédemment soutenu une loi qui tentait de permettre aux violeurs de poursuivre en justice les victimes qu’ils auraient mises enceinte pour les empêcher d’avorter ! Voilà le contexte dans lequel la ‘‘culture du viol’’ existe. C’est aussi le contexte dans lequel cette culture doit être remise en cause.

    Les violences sexuelles comme arme de guerre et de domination

    Le viol en tant qu’expression de la suprématie et de la domination est illustré par les abus commis par de nombreux prêtres en position de pouvoir, des cas systématiquement couverts par la hiérarchie de l’Eglise Catholique. On peut également parler du cas du célèbre présentateur de la BBC Jimmy Saville (un proche de Margareth Thatcher qui a été protégé par la véritable institution qu’est la BBC) qui a abusé d’enfants et de jeunes vulnérables et marginalisés en toute impunité, des décennies durant.

    La violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre afin d’intimider et de dégrader l’ennemi ; en Syrie, c’est en fait la première raison pour laquelle il y a eu un exode massif de femmes et d’enfants dans des camps de réfugiés de Jordanie et du Liban. L’attaque de femmes et de filles par des hommes armés, parfois à plusieurs, est une caractéristique significative et problématique de la guerre civile syrienne. C’est globalement le cas des zones de guerre ; on estime à 200.000 le nombre de victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo dans le cadre de conflits armés. Le viol y est décrit comme une arme ‘‘moins chère que les balles et les bombes.’’

    L’Afrique du Sud connait des statistiques parmi les plus alarmantes, le taux de viols d’enfants et de bébés y est le plus élevé au monde. 37% de la population masculine admet avoir commis un viol et plus de 500.000 attaques sexuelles ont lieu chaque année. Le problème est notamment enraciné dans la croyance très répandue qu’une relation sexuelle avec une vierge guérit du sida. Ce pays comprend le plus grand nombre de séropositifs : 11% des habitants sont affectés. La Zambie, le Zimbabwe et le Nigeria sont aussi infestés par les attaques sexuelles à cause de ce mythe dangereux.

    Attaques contre les femmes sur la place Tahrir

    L’un des exemples les plus frappants de ce que représente le viol et d’où il provient se trouve peut-être dans le contexte de révolution et de contre-révolution qui se déroule en Égypte actuellement, au cœur symbolique de la révolution, place Tahrir.

    L’héroïque révolution qui a renversé le dictateur Moubarak en 2011 n’était en fait qu’une demi-révolution : le dictateur corrompu a été renversé par une lutte de masse et une grève générale, mais les bases-mêmes du capitalisme et de l’impérialisme n’ont pas été abattues pour céder la place à un gouvernement représentant les travailleurs et les pauvres visant à placer les richesses sous propriété publique et démocratique. Sans une telle démocratie, les portes ont été ouvertes pour que l’armée et l’Islam politique reviennent à l’avant. Cependant, les femmes, les travailleurs et les pauvres qui se sont battus héroïquement pendant la révolution ne sont pas simplement rentrés chez eux. Les femmes ont été présentes durant tout le soulèvement révolutionnaire de ces dernières années en Égypte, et elles sont encore présentes dans le mouvement aujourd’hui.

    La participation des femmes à la lutte, dans les soulèvements révolutionnaires et dans la quête de changement de la société, n’est pas seulement essentielle, elle est aussi une indication positive de la lutte en elle-même. Les réactionnaires en Égypte comprennent fort bien cela et visent spécifiquement les femmes pour tenter de toucher le mouvement dans son ensemble.

    Le viol est un des outils de ces réactionnaires. Des rapports montrent que la Confrérie Islamique a organisé et payé des groupes d’hommes pour attaquer brutalement et agresser sexuellement les femmes militantes sur la place Tahrir. Les femmes s’arment déjà elles-mêmes pour réaffirmer qu’on ne les forcera pas à rentrer à la maison, et des groupes de manifestants – hommes et femmes – organisent la défense pour résister à ces attaques.

    Viol et violence sexuelle en Irlande

    En Irlande en 2011, plus de 2000 survivantes à la violence sexuelle se sont rendues au RCC (cellule de crise sur le viol, NDT). Des milliers d’autres cas ne sont pas rapportés et on estime que jusqu’à une irlandaise sur sept souffre de graves abus sexuels, physiques ou émotionnels. En Irlande, la question du viol et des abus sexuels est complexe. Historiquement, le pays a été dominé par le contrôle de l’Église et par ses idées tordues sur la moralité. La vision du sexe est empreinte de peur et de honte, surtout en ce qui concerne les femmes. Le sexe était uniquement considéré comme un outil de procréation et une fille considérée comme ‘‘légère’’ était ‘‘une femme déchue’’. Malgré un rejet de ces idées réactionnaires par la plupart des gens d’aujourd’hui, la ‘‘culpabilité catholique’’ et la poussée du sexisme ‘‘moderne’’ (les femmes rabaissées au rang d’objet et la commercialisation du sexe) ont contribué à développer une culture de culpabilisation des victimes d’abus.

    Un sondage récent a montré que 41% des gens pensent qu’une femme est partiellement ou totalement responsable si elle se fait violer en ayant bu de l’alcool, 37% pensent qu’elle porte une part de responsabilité si elle a excessivement flirté avec un homme et 26% pensent qu’elle est responsable si elle portait des vêtements qui révèlent son corps.

    Le sensationnalisme suscitant la peur qui est cyniquement appuyé par les tabloïds possédés par des milliardaires a aidé à perpétrer le mythe que le viol est quelque chose qui n’est commis que par des hommes louches dans des ruelles sombres. En réalité, une femme sur cinq est abusée par son partenaire actuel ou son ex, 39% par un ami ou une connaissance. Le lieu le plus courant des viols est la maison de la victime.

    Selon les estimations, seuls 7% de tous les viols en Irlande sont condamnées. La DPP (Director of Public Prosecution) ne poursuit qu’un tiers des cas reportés, ce qui signifie que 70 cas sur 100 sont déjà perdus à ce stade. ‘‘Le manque de preuves’’ est la première raison pour laquelle la majorité des dénonciations ne va pas plus loin. Il y a significativement plus de chances d’aboutir à une condamnation si l’attaque se produit dans un espace public par un inconnu de la victime, par rapport aux agressions bien plus courantes où l’auteur est connu d’elle. Depuis l’introduction en 1990 de la pénalisation du viol conjugal, il n’y a eu qu’une seule condamnation, ce qui est choquant lorsqu’on considère que 18% des agressions sexuelles sur les femmes sont commises par des hommes qui ont ou ont eu une relation intime avec elles par le passé.

    Une étude par le Rape Crisis Network Ireland a monté que jusqu’à 40% des victimes de viols retirent leur plainte en raison de la faible réaction de la police. Les cas sont souvent abordés de façon insensible et des incidents comme le scandale de la ‘‘rape tape’’ de Rossport n’est pas pour rassurer les victimes lorsqu’elles rapportent la violence sexuelle. Dans cette vidéo, des policiers menaçaient deux manifestantes arrêtées de les violer si elles n’obéissaient pas à leurs instructions. Une autre tendance alarmante dans le système judiciaire irlandais est l’augmentation du nombre de procès où des hommes riches donnent une compensation financière à leur victime au lieu d’être condamnés à la prison.

    Le viol en Inde

    Le viol collectif et le meurtre d’une étudiante en médecine de 23 ans à Delhi ont amené la question de la violence sexuelle dans les médias de masse, obligeant les gens à se rendre compte de l’impact de la ‘‘culture du viol’’ en Inde et à travers le monde. La façon sournoise dont ce cas a été géré par la police a mis en lumière l’attitude dédaigneuse envers le viol en Inde.

    Il s’agit du crime le plus répandu dans le pays : au moins 24 000 incidents sont rapportés chaque année et on estime que seuls 50% des viols sont rapportés. Cette culture est un arrière goût amer du système féodal dominé par les hommes en Inde. Il existe un énorme mépris des femmes dans tout le large et varié spectre politique et religieux du pays. En contradiction directe avec le système discriminatoire, il n’est pas exceptionnel qu’un homme d’une caste inférieure agresse une femme de la classe supérieure dans la rue. La propriété des femmes par les hommes dépasse le statut social même ici, ce qui indique à quel point l’oppression des femmes est enracinée.

    Les femmes des classes inférieures Dalit ou intouchables qui sont les plus vulnérables. La société indienne leur offre peu de protection ou de justice et la majorité du temps, les attaques contre ces femmes ne sont pas remarquées et restent impunies. L’idéologie de la domination masculine dans une période de changement social rapide et abrupt, avec les femmes et les castes inférieures qui entrent dans la force de travail en raison des investissements capitalistes en Inde, est le contexte dans lequel le viol est si endémique et répandu dans le pays.

    Remettre en cause la ‘‘culture du viol’’

    ‘‘Mon violeur ne sait pas qu’il est un violeur. Vous lui avez appris que ce n’est pas de sa faute. J’avais trop bu, j’ai flirté, et mes vêtements étaient trop courts. Je l’ai cherché. Il m’a laissée dans l’escalier d’un parking. Mon (ex) petit copain m’a craché à la figure. Il m’a traitée de pute, il n’a traitée de salope. Je l’avais mérité. Mes amies me jetaient des sales regards. Elles m’ont dit que j’étais un déchet, sans réaliser que ça aurait pu être elles. Cette culture, votre culture, leur a dit, m’a dit, que c’était de ma faute. Et j’ai souffert. Mais mon violeur ne sait pas que c’est violeur. Je n’ai pas honte. Je reste debout.’’

    Comme l’indique cette citation d’une participante à la slutwlak de Washington DC en 2011, une culture qui ramène les femmes au rang d’objet, qui promeut une vision bancale de la sexualité des femmes, qui culpabilise les victimes et non les agresseurs, qui encourage les femmes à ne pas sortir seules la nuit, à prendre des cours de self-défense, à s’habiller d’une certaine façon pour éviter le harcèlement et attaques sexuel mais n’apprend pas aux hommes et aux jeunes pourquoi ‘‘non, c’est non’’ – fait absolument partie du problème auquel on doit s’attaquer.

    La prolifération de l’industrie pornographique – généralement destinée aux hommes et centrée sur une vision des femmes, de leur sexualité et du sexe en général très étroite, dirigée par les hommes et souvent misogyne, qui lie de plus en plus le sexe et la violence – alimente cette culture. C’est aussi le contexte de la gueule de bois de la promotion idéologique des rôles traditionnels de chaque genre qui dénigre aussi les femmes et appuie la subordination des femmes aux hommes. Plus encore, c’est le contexte de la promotion de l’idée, propre au capitalisme, de la responsabilité individuelle et de l’individualisme, qui isole les femmes à leur détriment, et des normes sociales et culturelles arriérées, qui donne naissance à la ‘‘culture du viol’’. Les phénomènes Slutwalk et Rage Against Rape sont en opposition à cette culture, et sont en soi une politisation des questions du viol et de l’oppression. Cela joue un rôle dans l’éducation des masses à cette question.

    Les femmes et la lutte pour le socialisme

    Comme nous l’avons vu, l’ère de l’austérité est une énorme menace contre les conditions de vies et les droits de chacun. Les travailleuses, aux côtés de leurs collègues masculins, sont à l’avant-garde de la lutte contre les coupes budgétaires et les suppressions d’emplois. En Irlande, nous avons surtout vu les travailleuses des entreprises Thomas Cook et La Senza occuper leur lieu de travail lorsqu’elles étaient menacées de licenciement. Les attaques contre le secteur public dans toute l’Europe requièrent une lutte énorme et un mouvement d’opposition massif. Les femmes peuvent jouer un rôle central dans un tel mouvement.

    En plus d’un combat déterminé spécifique pour remettre en cause le sexisme, l’objectification, la violence et les agressions sexuelles, il est vital qu’un mouvement contre l’austérité mette aussi ces questions en avant et les relie afin d’assurer que les femmes puissent être au centre du mouvement, et aussi jouer un rôle dans l’éducation des hommes, qui eux-mêmes n’ont pas intérêt à ce que la situation actuelle perdure.

    Depuis le début de la ‘‘Grande Récession’’ de la crise capitaliste, il y a eu une baisse de 29% du nombre de filles qui finissaient leurs études primaires (le taux est de 22% pour les garçons). Dans le pays le plus riches au monde, les USA, 17 millions de femmes vivaient dans la pauvreté en 2011 (de même que 12,6 millions d’hommes). Ces inégalités sont abjectes, de même que l’énorme pauvreté et la destruction des conditions de vie que le système du profit fait subir à la majorité des femmes, des hommes, des enfants et des jeunes dans le monde.

    La lutte pour en finir avec ce monde de violence, d’oppression, de pauvreté et d’austérité doit mettre le socialisme à l’ordre du jour, c’est à dire la propriété publique démocratique des principales richesses et ressources, et la planification démocratique de l’économie en fonction des besoins de la population.

    Une lutte massive pour réaliser ce changement en Irlande, en Europe et partout dans le monde, et une société basée sur la solidarité humaine et l’égalité, pourraient poser les bases pour remettre en cause et mettre fin à l’oppression des femmes que le viol incarne.

  • Tous unis contre le sexisme!

    Droit de vote, droit à l’avortement, égalité salariale, ouverture du marché de l’emploi, …, nous entendons souvent dire que les femmes ont tout gagné dans notre société et n’ont plus vraiment de raison de se plaindre. Malgré ces évolutions, le sexisme n’a toutefois pas disparu et ses nouvelles formes cohabitent avec les anciennes. Discriminées dans toutes les structures de la société, les femmes sont encore aujourd’hui les premières victimes de violences. Violences physiques, psychologiques, sexuelles,… une femme sur deux en Belgique subira, au cours de sa vie, un de ces mauvais traitements.

    Par Mandy (Liège)

    Selon l’Institut de l’égalité des chances entre hommes et femmes, en 2011, 11.000 plaintes pour viols ont été déposées, ainsi que 45.000 pour violences conjugales. La violence touche 1 femme sur 7 en Belgique et 1 femme sur 3 dans le monde. En France, 600.000 plaintes pour violences conjugales et 75.000 plaintes pour viols ont été également déposées. Il est estimé que 80% de ces viols sont commis par un proche. Même s’il ne faut pas oublier que les hommes sont également victimes de violences sexuelles, il n’en demeure pas moins que les femmes constituent la majorité des victimes.

    Les violences faites aux femmes ne sont pas un cas particulier mais un phénomène de société qui touche l’ensemble de la population, toutes classes sociales confondues, et doit devenir une question sociale de première importance. Cette constatation détruit le mythe transmis par les médias selon lequel les violences seraient uniquement commises par des hommes louches dans des endroits sombres.

    La violence, notre lot quotidien

    Ces violences se retrouvent surtout dans la vie privée, au sein de la famille: en effet, la violence conjugale est la première cause de mortalité chez les femmes entre 16 et 44 ans en Europe. Cependant, nous les retrouvons également dans les espaces publics et sur les lieux de travail. Mains aux fesses, insultes sexistes, commentaires dégradants sur le physique ou la façon d’être habillée, harcèlement sexuel,… cette donne, pour nous les femmes, fait malheureusement partie de notre quotidien. Bien que l’agression physique semble être plus la brutale, il existe un continuum entre les violences physique, psychologique et verbale. Cette violence, intégrée par de nombreuses femmes, leur impose un véritable code de conduite déterminant les endroits et heures de sortie, la façon de s’habiller, les moyens de déplacement,… Le harcèlement, trop souvent banalisé dans nos espaces publics, suscite, lorsqu’il est mis en évidence, scepticisme et sarcasme de la part de nombreuses personnes.

    Ces violences n’ont d’autre but que d’intimider, humilier et atteindre les femmes dans leur intégrité physique et mentale. Celles-ci sont en lien direct avec la position économique et sociale inférieure occupée par les femmes dans notre société.

    La culture du viol

    Les chiffres concernant les viols en Belgique sont alarmants avec la constatation d’une augmentation de 20% des viols de 2009 à 2011. Contrairement aux idées reçues, le viol n’est pas une pulsion sexuelle mais l’expression ultime de pouvoir, de contrôle et de suprématie d’un être humain sur un autre. Les éléments mis en avant par notre société concernant les causes de ces viols – que ce soient la consommation d’alcool, les problèmes personnels ou encore psychologiques – dépolitisent les violences faites aux femmes et minimisent le caractère structurel et social de cette violence.

    Des idées reçues affirmant par exemple que les filles saoules sont les plus enclines à subir des violences sexuelles posent un lourd poids de responsabilités sur le dos des victimes en laissant entendre que celles-ci auraient pu éviter d’être violées en restant sobres. Autant le dire tout de suite, si les jupes étaient moins courtes, le harcèlement de rue n’existerait pas ! Au lieu d’accuser les victimes de l’avoir bien cherché, ne serait-il pas plus constructif de lutter contre le ramassis de clichés que nous retrouvons sur la sexualité féminine et de s’adresser aux responsables de ces actes ? Le corps d’une femme n’appartient qu’à elle-même, tout ce qui n’est pas ‘‘oui’’, c’est non, un point c’est tout !

    Médias, pornographie, publicité, clips : des machines à sexisme

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    Ça n’a pas à être comme ça !

    Les femmes et la lutte pour le socialisme

    Les femmes sont les plus durement touchées par la crise économique et les mesures d’austérité qui l’accompagnent. Coupes budgétaires dans les services publics et les soins de santé, destruction de l’emploi, de nombreuses femmes sont touchées par la précarité. Dans son livre, Christine Thomas revient sur les origines de l’oppression de la femme et le développement des luttes pour le droit des femmes à travers une analyse fouillée. Riche d’enseignements, ce livre doit se retrouver dans les mains de toutes celles et ceux qui pensent que les inégalités et l’oppression n’ont rien à faire dans nos vies et que la lutte est le seul moyen d’y échapper.

    N’hésitez pas et passez commande à redaction@socialisme.be ou par téléphone au 02/345.61.81 // 10 euros, 104 pages.

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    Le climat sexiste est important dans les écoles. Un viol par semaine est déclaré dans les enceintes des écoles secondaires en Belgique et nous sommes enclins à penser que d’autres faits ne sont tout simplement pas signalés. 50% des viols commis concernent des jeunes filles de moins de 20 ans. Les exemples de harcèlement sexuel abondent lors des fêtes estudiantines, de festivals et des concerts. Il suffit d’y constater le nombre d’affiches et de publicités, qui bombardent les jeunes de corps féminins idéalisés et bien entendu dénudés, pour ne plus en être étonné.

    Des campagnes d’informations doivent y être menées afin de briser le tabou régnant permettant de déculpabiliser les victimes de viols ou de harcèlements sexuels. Il est également nécessaire de mener une véritable éducation sexuelle et affective dans les écoles visant à démonter les préjugés, idées reçues et stéréotypes sexistes fortement ancrés dans les mentalités.

    Le phénomène de violences se déroule dans un contexte où les femmes et leurs corps se voient rabaissés au rang d’objet au sein de la culture dominante.

    Les représentations sexistes sont abondamment diffusées à travers un panel de programmes consommés par les jeunes (séries télévisées, émission de jeux, téléréalités, clips, etc.). La femme est alors toujours représentée en tant que beauté plastique, douce, fragile, mince, un peu bête, et surtout sexuellement disponible alors que les hommes sont actifs, forts, rationnels et occupent une position dominante.

    Ces stéréotypes sexistes omniprésents, immanquablement, affectent l’idée qu’un jeune se fait de lui-même mais également de la représentation qu’il se fait des deux sexes. Aujourd’hui présente dans les espaces publics, la pornographie amène la construction de l’idée de ce que doit être la relation avec l’autre. Performance, individualisme et marchandisation deviennent alors des modèles qui structurent l’imaginaire affectif et sexuel des adolescents. La représentation de la femme niée comme être social la rappelle à l’ordre de se conformer aux désirs et attentes des hommes et ainsi de mettre ses propres envies de côté.

    Les luttes menées pour plus d’égalité, d’indépendance et de liberté par les générations précédentes de féministes, de travailleuses et travailleurs ont notamment permis l’émancipation sexuelle de la femme. Ces droits connaissent un recul significatif depuis les deux dernières décennies et cela suite à la remarquable aptitude des capitalistes à faire du profit avec n’importe quoi. Les femmes sont victimes de cette course au profit : prostitution, publicité, pornographie,… tout est bon pour faire de l’argent sur le corps des femmes.

    La lutte contre le sexisme ne doit pas se retrouver isolée des autres luttes, comme tentent de nous le faire croire de nombreuses féministes. Hommes et femmes doivent être unis dans le combat car nous sommes tous exploités par le système capitaliste. Les solutions individuelles fournis par nos gouvernements (telle que la mise en place d’amendes pour faire face au sexisme) ne sont pas suffisantes et ne vont pas au coeur du problème.

    Ce dont nous avons besoin c’est d’une réponse collective. Seul un renversement du capitalisme pour une société socialiste basée sur les besoins de chacun et non sur le profit permettra de gagner une véritable émancipation de la femme et d’éliminer une bonne fois pour toutes les discriminations si communes dans le système présent.

  • Inde : Viol, violence sexuelle et capitalisme

    La colère sans précédent de la jeunesse à Delhi et au-delà suite au viol collectif d’une étudiante de 23 ans survenu dans bus privé illégal le 17 décembre dernier (et à sa mort quelques jours plus tard) a été l’expression du puissant mécontentement contre le système qui s’est développé cette dernière période. Les protestations qui ont bloqué le centre de Delhi trois jours de suite ont clairement démontré ce que le ‘‘pouvoir de la rue’’ peut faire. Frappant contraste avec l’impuissance des ‘‘élus’’ et de leurs soi-disant institutions ‘‘démocratiques’’…

    Par New Socialist Alternative (CIO-Inde)

    La peur du ”pouvoir de la rue” qui s’est manifestée à Delhi a déferlé sur le pays tout entier, avec en réaction la répressions des manifestations. En contraste avec l’empathie spontanée et les revendications de justice émises par femmes et hommes, l’administration a été très maladroite en réprimant brutalement les actions de protestation. La violence lors des manifestations a été à l’instigation de forces réactionnaires et d’agents provocateurs qui voulaient briser les protestations. L’insensibilité du gouvernement et des politiciens a été visible aux yeux de tous, de même que les préjugés sexistes et les valeurs féodales intrinsèques aux soi-disant ”représentants élus”.

    Violence contre les femmes

    Ce qui s’est passé est loin d’être un cas isolé, et le viol n’est pas la seule forme de violence subie par les femmes. C’est un fait que la violence contre les femmes en Inde est particulièrement endémique parmi les communautés marginalisées telles que les Dalits, les Adivasis, envers les femmes dans les secteurs non organisés, les minorités sexuelles, les travailleurs du sexe, etc. Le taux de condamnation est extrêmement bas, voire inexistant, et les auteurs connaissent largement l’impunité.

    La violence sexuelle touche les femmes de tous les milieux et de toutes les origines ethniques. Elle est perpétuée par une minorité d’hommes de toutes origines et identités. La plupart des incidents de viol et d’agressions sexuelles ne sont même pas signalés compte tenu des valeurs féodales qui dictent et dominent la culture et la société indiennes. La carte de l’Inde est parsemée de crimes contre les femmes, comme l’illustre les données issues de la comptabilisation des viols, commencée en 1972. La torture en détention ainsi que les viols et les crimes sexuels commis par les organismes d’État ne suscitent pas beaucoup d’indignation, et les médias dominants, aux mains du grand capital, restent silencieux.

    Le pire est que les violeurs en uniforme restent impunis tandis que la petite bourgeoisie les salue et voit en eux des ”patriotes honnêtes”. Certains, malgré leurs actes gardent les honneurs de l’Etat malgré des rapports faisant état d’une perversité de la pire espèce. A Karnataka, il y a eu le cas très connu en inde de Shankar Bidari et de son rôle au sein de la Special Task Force visant à arrêter le brigand Veerappan, qui a commis de nombreuses horreurs contre les femmes Dalith et Adivasis dans les forêts Mangalam Satya, avec en conséquence 120 mères célibataires. Dans un verdict cinglant, le tribunal a décrit Bidari comme étant ”pire que Saddam Hussein ou Mouammar Kadhafi” au regard des atrocités qui auraient été commises par la Spécial Task Force sous ses ordres.

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    Quelques chiffres

    • Le viol est le crime le plus répandu en Inde, avec 24.206 cas.
    • Les cas de viol reportés ont augmenté de 873% depuis 1971
    • Seuls 50% des viols seraient réellement reportés
    • Un viol a lieu toutes les 20 minutes dans le pays
    • Un enfant est violé toutes les 76 minutes
    • Les condamnations pour viol ont chuté de 41% des cas présentés en justice en 1971 à 27% en 2010
    • Plus de viols sont rapportés à Delhi (572) qu’à Mumbai (221), Kolkata (46), Chennai (76), Bangalore (97) et Hyderabad (59) ensemble. (chiffres du NCRB)

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    La classe ouvrière doit se battre contre le sexisme!

    La violence actuelle contre les femmes est le produit d’un système malade, le capitalisme, où les gens sont conditionnés à considérer les femmes comme des êtres inférieurs et à voir leur corps comme des marchandises ou des objets destinés au plaisir. La sexualité est déformée par la pornographie, de plus en plus accessible aux plus jeunes, les stéréotypes masculins et féminins sont imposés dès la naissance, et le corps des femmes est objectivé et utilisé partout pour ”divertir” et faire vendre.

    Le sexisme aide le système capitaliste. La famille fournit la base pour la reproduction et l’éducation des futurs travailleurs ainsi que pour l’entretien et les soins des chômeurs, des blessés et des retraités. Ce travail qui, à la maison, est habituellement effectué par le travail non rémunéré des femmes (qui peuvent aussi travailler à l’extérieur du ménage) sauve des sommes astronomiques au système, ce qui augmente les profits de quelques-uns.

    Les blagues sexistes contribuent à normaliser le sexisme, faisant du harcèlement sexuel quelque d’acceptable. Cela aide à perpétuer l’intimidation des femmes. Comment une femme peut-elle se sentir en sécurité en rentrant chez elle la nuit tombée quant les hommes à côté de qui elles passent rient du viol des femmes? Une implacable guerre silencieuse contre les femmes est menée, de différentes façons, de l’avortement forcé dans le ventre de leur mère pour punir les femmes de donner naissance à des filles aux persécutions des femmes qui contestent les traditionnels bastions masculins.

    Même si les auteurs de ces crimes, y compris les plus puissants, doivent très certainement être punis, la solution ne réside pas dans le retour en arrière avec des pratiques médiévales telles que la peine de mort ou la castration. La solution ne réside pas non plus dans l’augmentation de la surveillance policière, cela ne résoudra aucun problème. Cela ne fera que donner de nouveaux pouvoirs au gouvernement en lui donnant des moyens sans précédent pour agir en toute impunité contre les travailleurs. Pour un crime si répandu, les solutions ”par la marge” sont sans effet !

    Le système capitaliste et les classes dirigeantes doivent être clairement montrés du doigt. Ils ont complètement échoué à développer la société indienne et à faire reculer les valeurs et les pratiques féodales.

    Ce système basé sur l’exploitation des 99% pour satisfaire les profits des 1% est particulièrement brutal pour les femmes, qui ne doivent pas seulement supporter de longues heures de travail, de bas salaires, etc., mais qui doivent aussi subir le harcèlement sexuel de leurs supérieurs masculins et de leurs collègues. L’exploitation ne s’arrête pas là, elle continue dans les foyers.

    Une campagne contre le viol isolé de tous les autres aspects de l’oppression des femmes ne suffira pas. Il est essentiel de s’attaquer aux problèmes croissants que rencontrent les femmes dans tous les aspects de leur vie. Le viol, comme la violence domestique et le harcèlement sexuel, est un symptôme d’une société de classe profondément inégalitaire qui conduit certains hommes à penser qu’ils peuvent contrôler les femmes, y compris sexuellement. Cela est renforcé par l’inégalité matérielle entre hommes et femmes, ces dernières ayant un statut inférieur dans la société. Nous devons contester le sexisme et, à travers le processus de la lutte, remettre en cause la société brutale, sexiste et oppressive qu’est le capitalisme, et chercher des alternatives qui dépassent le capitalisme.

    Construisons un mouvement de masse pour lutter contre le sexisme, le système de caste et le capitalisme!

    S’il n’avait pas été réprimé par le gouvernement, ce mouvement ne se serait pas juste arrêté à la question du viol ou de la violence contre les femmes. Il se serait propagé en tant que mouvement questionnant la nature même du système. Mais le mouvement revit, des protestations ont lieu tous les jours dans toutes les grandes villes à travers l’Inde. La brutalité du viol collectif commis sur la malheureuse victime est l’expression d’un mal qui a été cruellement mis en évidence dans un système qui est pourri jusqu’à la moelle.

    Les gens en ont juste assez de cette société extrêmement corrompue et de ce gouvernement capitaliste. Le fait que tant de jeunes et de sections des classes moyennes sont aussi dans les rues est un signe de l’effritement du système. Peu importe ce qu’il fera maintenant, ce gouvernement a perdu toute morale pour gouverner, et il n’y a rien qu’il puisse faire pour revenir en arrière.

    La grève générale de février doit reprendre le thème de la sécurité et de l’égalité des femmes

    L’élément le plus important de toute cette situation, l’entrée en lutte de la jeunesse et des travailleurs, pour la première fois sur ce thème. Le gouvernement est en crise, les jeunes et les classes moyennes sont en colère, la classe ouvrière est sortie de sa longue hibernation. Mais l’élément manquant dans tout cela, c’est l’absence d’une véritable alternative politique socialiste, ce qui peut faire toute la différence pour orienter la lutte dans la bonne direction et montrer la voie à suivre.

    Nous exhortons le front commun syndical qui a lancé l’appel à une grève générale de deux jours en Février à inclure dans ses revendications la question de la sécurité et de l’égalité des femmes dans la société indienne. Il s’agit d’un thème clé pour la période à venir, et cela encouragerait les jeunes à forger un lien organique avec la classe ouvrière et les autres sections en lutte, en particulier les femmes opprimées.

    La période à venir sera une période politiquement très intéressante pour la classe ouvrière indienne. Il s’agit d’une opportunité historique pour les forces du socialisme authentique, afin de gagner du terrain parmi les nouvelles couches de la jeunesse et de la classe ouvrière.

    Revendications de New Socialist Alternative (CIO-Inde) :

    • Une action immédiate doit être menée contre les auteurs de crimes violents contre les femmes et des mesures de secours adéquates doivent être organisées pour les victimes de ces crimes
    • Une enquête indépendante doit être menée concernant la réponse de la police et de l’administration publique face à la violence sexuelle, avec la participation des syndicats, des femmes, des étudiants et d’autres organisations progressistes. La lutte doit être menée contre ceux qui se trouvent du côté des auteurs de tels crimes.
    • Non à la peine de mort ! Non à la castration ! Oui aux tribunaux rapides pour les viols et les autres violences sexuelles !
    • La classe ouvrière ne doit pas s’en remettre aux autorités d’Etat pour rendre justice, des comités populaires doivent être constitués avec l’implication des syndicats, des organisations des communautés et d’autres organisations progressistes afin de rendre les rues plus sûres pour les femmes et lancer une campagne contre la violence sexuelle et l’exploitation des femmes.
    • Non au sociétés de transport privées. Tous les bus et les services de transport doivent être gérés sous le contrôle démocratique des syndicats et du public.

    New Socialist Alternative (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Inde) pense que seule une société socialiste démocratique peut remplacer ce système capitaliste pourri. Cette tâche ne peut être menée que grâce à l’unité de tous les travailleurs, au-delà des frontières de religion, de caste, de genre, de sexualité, de langue, etc.

  • EGA-Secondaire mobilise pour une manifestation nationale contre le sexisme

    Une “Slutwalk” à Bruxelles, ce dimanche 25 septembre – 14h30 gare de Bruxelles-Nord

    La violence et les discriminations, partout dans le monde, c’est encore aujourd’hui le lot quotidien des femmes ; dans la rue, au travail, dans la famille mais aussi dans les écoles. En Belgique, il y a en moyenne un viol par semaine dans les écoles (sans compter ce qui n’est pas signalé…). Chaque jeune fille a déjà dû subir des injures ou des remarques sexistes, en classe ou dehors. C’est typique d’une société où la femme est trop souvent présentée comme objet sexuel dans les magasines, les publicités,… Le corps de la femme est utilisé comme outil de vente par les entreprises, ce qui crée un climat favorable aux abus et agressions sexuels. Chaque jour, en moyenne, il y a 7 viols signalés dans notre pays, et un tiers des femmes se dit victime de harcèlement sexuel.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs – Secondaire

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    Les Slutwalks : En janvier, un porte parole de la police de Toronto a déclaré ‘‘Les femmes devraient éviter d’être habillées comme des salopes pour éviter d’être agressées’’. En réponse à ces déclarations sexistes, plusieurs “Marches de Salopes” ont été organisées les mois suivant, rassemblant des dizaines de milliers de personnes à travers le monde. Elles voulaient affirmer que le corps des femmes n’est pas seulement un objet de désir, et que chaque femme a le droit de décider librement de la façon dont elle s’habille.

    Slutwalk : Est-ce de la faute des femmes si elles sont violées ?


    Le sexisme au travail

    • les femmes gagnent en moyenne 78% du salaire de leurs collèges masculins
    • 80% des boulots à temps partiels sont occupés par des femmes.

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    L’industrie de la beauté favorise la pression exercée sur les filles pour leur look et leur poids. Pour les entreprises de ces secteurs, le corps de la femme n’est qu’un vulgaire objet de désir ou un bon argument de vente. Pour satisfaire leur soif de profits, ils sont constamment à la recherche de nouvelles victimes et s’adressent à des filles de plus en plus jeunes (strings pour fillettes de neuf ans, barbies avec lingerie sexy,…). D’un côté, les filles sont poussées à s’habiller et se maquiller “sexy” mais, dès qu’elles suivent les modèles proposés, elles sont insultées et traitées de salopes dans la rue.

    Pour EGA, les femmes ont le droit de s’habiller comme elles le souhaitent, tant en mini-jupe qu’avec un foulard, y compris à l’école, contrairement à nombre de règlements intérieurs. L’oppression et la violence que les femmes subissent n’a rien à voir avec leurs fringues et ce n’est pas non plus la “nature de l’homme” qui est la cause du sexisme : c’est la société capitaliste, toute entière orientée vers les profits des entreprises. Les femmes sont systématiquement présentées par les industries cosmétiques et de la mode comme des objets de plaisir. De plus, les discriminations (sexistes mais aussi racistes, homophobes,…) sont utilisées dans le système capitaliste comme un outil de pouvoir (“diviser pour régner !”) afin de dresser les jeunes et les travailleurs les uns contre les autres.

    Ces divisions sont utilisées par les patrons et les politiciens pour éviter des mouvements unis de jeunes et de travailleurs. La crise et le manque de réponses politiques des travailleurs ouvrent l’espace à la réaction : le racisme, le sexisme, l’homophobie ! Des droits qui semblaient acquis sont remis en cause, comme c’est le cas actuellement avec les manifestations réactionnaires contre le droit à l’avortement. Cette offensive est notamment soutenue par l’archevêque Léonard et d’autres personnalités religieuses, qui participent chaque année à une manifestation ‘‘pour la vie’’. D’ici mars 2012 (leur prochaine action), nous voulons mobiliser pour une contre-action qui défend le droit des femmes à pouvoir décider librement de leur corps. Mais pour EGA, il est important de lier ce combat aux combats pour de bons salaires et de bonnes allocations sociales, afin d’assurer qu’aucune femme ne choisisse d’avorter principalement pour des raisons financières.

    Le combat contre le sexisme n’est pas une lutte des femmes contre les hommes. Nous devons lutter tous ensemble contre ces discriminations. Nous avons besoin d’une action unie des jeunes et des travailleurs. Participe avec EGA Secondaire à la manifestation contre le sexisme. Participe à notre réunion de rentrée. Rejoins EGA Secondaire !



    La réunion de rentrée EGA-secondaire-Bruxelles sera notamment consacrée à cette manifestation: ce mardi 13/09, à 18h au Kameleon, 13 rue d’Anderlecht (à 50m d’Annessens).


    Les Etudiants de Gauche Actifs Secondaire sont une organisation de jeunes de gauche et anticapitalistes pour et par les étudiants. Nous luttons contre toutes les discriminations : le racisme, le fascisme, l’homophobie, le sexisme,… En tant qu’anticapitalistes, nous remettons en question le système capitaliste et tous les problèmes qui en découlent. Prenez contact ! Participez à nos campagnes ! Rejoignez-nous !

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