Your cart is currently empty!
Tag: Crise des réfugiés
-
Des millions de personnes fuient à cause du changement climatique

On entend parfois dire que la gauche veut davantage de réfugiés. C’est absurde : personne ne fuit par plaisir. La gauche se bat pour que chacun dispose du droit à un avenir digne, y compris ceux qui sont obligés de fuir leur région. Contrairement à la droite et l’extrême droite qui ciblent les réfugiés, la gauche émet des propositions pour s’attaquer aux racines des migrations.
Par Stef (Anvers)
Le nombre de réfugiés climatiques est en augmentation : il s’agit de personnes fuyant en raison de changements brusques ou de transformations à long terme du climat local. Les causes de leur fuite sont diverses : conditions météorologiques extrêmes, modification de la qualité de l’eau, appauvrissement des sols, sécheresse,… Selon The Internal Displacement Monitoring Centre (‘‘l’Observatoire des déplacements internes’’), en 2010 et 2011, il y avait 42 millions de réfugiés climatiques en Asie et dans la région Pacifique. Ce nombre peut encore augmenter : 145 millions de personnes vivent à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer. Les scientifiques estiment que, d’ici 2050, entre 150 et 300 millions de personnes auront été déplacées par le changement climatique. Le risque de déplacement dû aux catastrophes naturelles a doublé en 40 ans.
La majorité des personnes qui se déplacent pour des raisons environnementales le font dans leur pays d’origine. Seuls 37% traversent une frontière nationale et vers un pays voisin dans neuf cas sur dix. La grande majorité se retrouve dans les pays ‘‘en développement’’. Mais le changement climatique devient un plus grand défi également dans les pays ‘‘développés’’.
En janvier 2019 a été publié un article scientifique intitulé ‘‘Climate, conflict and forced migration’’. Il examine le lien entre le changement climatique et les conflits armés. Il y est fait une distinction entre réfugiés climatiques directs (inondations, conditions climatiques extrêmes, salinisation des terres agricoles, érosion des sols, désertification, …) et indirects. Ce dernier groupe fuit en raison des conséquences du changement climatique en termes de tensions sociales et de conflits régionaux. Le changement climatique n’est pas encore reconnu comme une raison de prendre la fuite de son lieu de résidence. Le fameux Pacte de Marrakech a été un premier pas dans cette direction, mais il n’est pas contraignant et il est controversé en raison de la déshumanisation des réfugiés depuis de nombreuses années.Les questions climatiques jouent un rôle important dans de nombreux conflits, par exemple en Afrique subsaharienne ou dans la guerre entre le Soudan et le Soudan du Sud. L’effet est renforcé par une production agricole unilatérale sous la pression du capitalisme international. Autour du lac Tchad, dont des millions de personnes dépendent pour leur approvisionnement en eau, l’instabilité a été exacerbée par la sécheresse et la modification des régimes pluviaux. Cela a joué un rôle important dans l’avancée de groupes réactionnaires tels que Boko Haram, qui répondent au malaise et à l’absence de réponse de la part des autorités.
Le sous-continent indien est une autre région qui connaît un problème croissant particulièrement important en raison du changement climatique. Le Bangladesh est l’un des Etats les plus pauvres du monde, et jusqu’à 20% du pays risque d’être occupé par la mer. 70% déjà de la longue frontière entre l’Inde et le Bangladesh a été clôturée par des clôtures et du fil barbelé. L’Inde, par exemple, veut empêcher l’entrée des réfugiés du Bangladesh, dont environ un million de réfugiés Rohingyas de Birmanie. Pendant que les zones côtières luttaient contre l’eau, une vague de chaleur mortelle a touché le nord de l’Inde cet été. Des centaines de personnes ont été tuées et des villages entiers ont été vidés.
Outre les conséquences du changement climatique, les interventions conscientes des gouvernements et des entreprises jouent parfois un rôle. L’Etat israélien prive les Palestiniens d’eau, détruit les infrastructures et transforme des hectares de terres agricoles en zones résidentielles. Des multinationales utilisent les milices de la forêt amazonienne pour défendre leurs intérêts. Les énormes feux de forêt en Amazonie sont considérés par le gouvernement Bolsonaro comme le travail des ONG, mais font souvent partie de programmes de déforestation dans l’intérêt des grandes entreprises.
Les effets du changement climatique se font également sentir ici. L’été dernier, on a connu certaines des journées les plus chaudes jamais mesurées. Cela met les plus faibles en difficulté et rend nécessaire la prise de mesures en faveur des travailleurs. Nous ne sommes pas (encore) forcés de fuir, mais il est clair que la qualité de vie se détériore.
Sous le capitalisme, les réponses sont généralement très limitées. Certains capitalistes voient de nouvelles opportunités dans la crise climatique, par exemple dans l’exploitation des matières premières dans certaines régions (d’où la proposition de Trump d’acheter le Groenland). Les catastrophes sont également utilisées pour mettre en œuvre des mesures néolibérales plus dures. Par exemple, les destructions causées par l’ouragan Maria à Porto Rico ont été utilisées pour privatiser l’éducation, et les entreprises privées qui ont organisé l’accueil de réfugiés ont gagné beaucoup d’argent.L’absence d’une réponse fondamentale au changement climatique signifie que ses effets augmentent. Il renforce les tensions et les conflits sociaux, mais il peut aussi être un facteur de luttes sociales. Une telle lutte est nécessaire pour rompre avec le capitalisme, un système qui menace l’avenir de l’humanité. A l’inverse, nous mettons en avant une société socialiste, une vie digne pour tous sur une planète vivable.
-
La question qui fâche: pourquoi fuit-on son pays?

Début janvier, dans une interview accordée à De Zondag, le président du sp.a (parti social-démocrate flamand) John Crombez, a défendu une politique stricte de refoulement des demandeurs d’asile. ‘‘La migration vers l’Europe doit être réduite’’, a-t-il dit. Cette déclaration a été largement diffusée par d’autres médias.
Par Kim
La guerre civile syrienne a commencé en 2011, sa fin n’est pas encore en vue. Certains réfugiés vivent dans des camps depuis 8 ans. Il n’est dès lors pas surprenant que certains choisissent de continuer leur vie en tentant leur chance en Europe. Les structures d’accueil dans la région ne contrarieront pas cette tendance à moins que de véritables villes soient construites pour les réfugiés, avec tout ce que cela implique pour y mener une vie digne de ce nom.
Cette interview a fait fi de la question la plus importante : pourquoi donc les réfugiés existent-ils ? Pourquoi des gens fuient-ils leur pays, leur culture et leur environnement pour tenter une chance avec peu, voire pas de moyens, dans un endroit inconnu, aux coutumes et à la culture inconnues ? Pourquoi choisit-on de se ‘‘déraciner’’ ? Comment pouvons- nous contrer cela ?
Ce qui pousse les gens à fuir, c’est la guerre et la misère. Ces deux phénomènes sont causés ou renforcés par les interventions des puissances occidentales et impérialistes dans le monde néocolonial. Sans l’invasion de l’Afghanistan – qui n’a pas libéré la population de la barbarie mais a approfondi cette dernière – il y aurait eu moins de réfugiés afghans. Al-Qaïda a été vaincu, mais le terrorisme a pris son envol. L’invasion de l’Irak a déstabilisé l’ensemble du Moyen-Orient et de nombreux membres de l’ancien régime de Saddam Hussein ont trouvé une nouvelle place chez Daesh. Les interventions actuelles de l’impérialisme occidental au Moyen- Orient ont contribué à l’émergence et au renforcement d’un islam politique radical, fortement anti-occidental.
D’autres parties du monde néocolonial subissent le pillage de la part des entreprises occidentales. Le Nigeria est pillé de son pétrole, l’Est du Congo de diverses matières premières rares et les mines d’or aux salaires de misère fonctionnent à plein régime en Afrique du Sud. Toutes les richesses remplissent les poches des actionnaires d’entreprises occidentales et d’une élite locale corrompue, alors que la population subit la pauvreté. En dépit de ce que l’on prétend parfois ces richesses ne profitent pas à la population occidentale ordinaire, seule une infime élite en bénéficie. A l’Est du Congo, divers camps de cette élite se battent pour l’accès aux matières premières. La population locale en paye le prix en subissant la violence des milices armées.
Le capitalisme lui-même crée les conditions qui poussent les gens à fuir. S’en prendre efficacement à ce qui pousse les gens à fuir implique de lutter pour une société socialiste, qui veillerait au développement de toutes les parties du monde. Entre-temps, une approche véritablement socialiste et internationaliste consiste à se montrer solidaire de tous les réfugiés. Ce ne sont pas eux qui menacent nos conditions de vie, ce sont les multinationales et les grandes entreprises qui volent des milliards à la Belgique et au monde néocolonial. Mais une telle manière de voir les choses, c’est de trop pour le sp.a de John Crombez.
-
Manifestation contre la politique d’asile antisociale et inhumaine

Malgré la pluie, plus de 2.500 manifestants se sont rassemblés hier à Bruxelles pour protester contre les politiques répressives et antisociales qui rendent les réfugiés responsables de leur situation. Après des années de dures attaques contre les travailleurs, les allocataires sociaux, les pensions, etc., les réfugiés et les migrants sont pointés du doigt comme une des causes des économies budgétaires. Soyons clairs : ce ne sont pas les réfugiés qui sont responsables des déficits sociaux, mais les politiques néolibérales qui ne servent que les intérêts et les profits des grandes entreprises.
Ces derniers mois, le caractère répressif de la politique à l’égard des migrants a été exacerbé. La déshumanisation du sujet a conduit à la mort de la petite Mawda. Ce n’est pas parce que Francken n’est plus secrétaire d’État à l’asile et à la migration que nous pouvons être rassurés. Francken n’a fait que poursuivre la politique de son prédécesseur, qui est aussi son successeur : Maggie De Block. Tous les partis établis s’inscrivent dans la logique de la répression et de la politique de bouc émissaire.
La manifestation d’hier a constitué une importante riposte à la logique défendue par les partis établis. Il faut maintenant partir à l’offensive dans le débat sur les raisons qui poussent tant de gens à fuir : la guerre, la misère et le pillage néocolonial. Toutes les victimes de la politique antisociale doivent s’unir et combattre ensemble autour de revendication unificatrices : des emplois décents pour tous, des pensions décentes, de bons services publics, etc.
Lors de cette manifestation, nos militants ont distribué un tract appelant à lutter contre l’extrême droite. Ces derniers mois, l’extrême droite s’est sentie renforcée. Il y a eu la marche contre Marrakech à Bruxelles et la manifestation de Ninove le 3 janvier dernier. A chaque fois, l’initiative était issue d’une alliance autour du Vlaams Belang dans laquelle les néo-nazis de Schild & Vrienden ont joué un rôle de premier plan. Maintenant que le “patron” de Scild & Vrienden Driss Van Langenhove a annoncé être sur la liste du Vlaams Belang au Brabant flamand pour les prochaines éelctions, la manifestation annuelle du NSV (cette année à Louvain) menace de devenir le prochain rendez-vous de ce gang d’extrême droite. Nous ne devons pas laisser passer cela : la résistance antifasciste est nécessaire !
Photos de Liesbeth:
[embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/n4L22qxpqBmi9anF8]
-
Après la sanction des élections locales, Michel 1 sombre dans l’agonie

Le jour-même des élections, tous les partis du gouvernement affirmaient qu’ils avaient gagné. La réalité était cependant toute autre : tous avaient perdu des plumes et, sur la base de ce résultat, la coalition suédoise n’obtiendrait plus de majorité parlementaire. Les conséquences de cette défaite ne nous échappent pas : les nerfs des partis au pouvoir sont tendus dans la perspective des élections de mai prochain. La campagne électorale a commencé et la marge de concessions s’est considérablement réduite après le 14 octobre. La N-VA doit tenir le retour du Vlaams Belang à l’œil, les autres partis du gouvernement doivent tenir compte de la ‘‘vague verte’’ et des inquiétudes sur le climat et la pollution, mais aussi de la résistance contre la rhétorique inhumaine concernant les migrants.
Comme nous l’avons souligné directement après le 14 octobre, le gouvernement Michel a été affaibli. Avant les élections, nous avions écrit que le gouvernement pouvait être vaincu si les questions sociales devenaient centrales. Nous ne sommes pas les seuls à faire ce constat : les partis au pouvoir font de même. C’est pourquoi une chute du gouvernement sur les questions sociales n’est pas à l’ordre du jour. Il doit s’agir de l’asile et de l’identité pour la N-VA et d’une vague résistance “humaniste” pour les autres partis. C’est dans ce contexte que s’inscrit la crise politique actuelle.
Sur quoi le gouvernement n’est-il pas encore tombé ?
Les raisons ne manquent pas…
- Les inquiétudes concernant le changement climatique ont poussé des dizaines de milliers de personnes à descendre dans la rue dimanche dernier, mais la mobilisation a directement été suivie par le rejet des objectifs climatiques européens par le gouvernement belge.
- Le relèvement de l’âge de la pension signifie qu’un travailleur doit en moyenne travailler plus longtemps que l’espérance moyenne de vie en bonne santé.
- Le gouvernement refuse d’accorder les moyens nécessaires pour permettre des régimes de fin de carrière pour les professions lourdes.
- L’augmentation systématique des taxes et accises, y compris sur le carburant, qui fait en sorte qu’un travailleur ordinaire (sans carte carburant) paie plus de taxes à la pompe que les grandes compagnies pétrolières sur leurs milliards de bénéfices.
- Le gel des salaires érode davantage nos conditions de vie et aggrave la pauvreté croissante causée par la politique gouvernementale.
- L’incapacité du gouvernement de fournir des soins adéquats et abordables aux personnes âgées.
- La mort de la petite Mawda.
- Le manque de moyens pour tous les services publics.
- Les protestations et actions de centaines de milliers de syndicalistes et de sympathisants qui refusent la politique d’austérité.
Sur quoi le gouvernement s’écroule-t-il ?
Le prétexte immédiat, c’est l’accord de l’ONU sur la migration. Pour la N-VA, il n’y avait au départ aucun problème avec ce pacte : le parti a soutenu la démarche du Premier ministre Michel à New York pour le soutenir et a participé activement à sa préparation. Cela n’est devenu un problème qu’en raison de deux développements : (1) l’opposition d’Orban en Hongrie et surtout du gouvernement autrichien, qui a augmenté la valeur symbolique du pacte et (2) le résultat des élections locales en Belgique quelques mois avant les élections législatives, élections au cours desquelles la N-VA a perdu des voix face à l’extrême droite.
Ne pas participer à l’opposition du gouvernement autrichien, entre autres, donnerait l’image que Theo Francken s’exprime beaucoup sur Twitter, mais fait applique tout simplement la même politique que ses prédécesseurs. Il laisserait également un espace au Vlaams Belang, qui présente “Marrakech” comme la porte ouverte pour une migration massive vers la Belgique.
D’autre part, le MR n’est lui non plus pas sorti indemne des élections locales et le parti ne veut pas être considéré comme la marionnette de Bart De Wever et de la N-VA. La réputation du Premier ministre Charles Michel sur la scène internationale n’est qu’une excuse. Si cela était si important, la Belgique n’aurait pas été le seul pays à rejeter les objectifs climatiques européens au côté de la République tchèque. Le véritable enjeu, c’est la réputation de Charles Michel et de son parti en Belgique. Juste avant les élections législatives de mai prochain, le MR ne peut pas se mettre à plat ventre face à la N-VA sur la question des droits humains sans aggraver sa défaite électorale.
Le gouvernement se trouve au final dans une impasse. La seule question qui se pose est la suivante : qui sera rendu responsable ? Le MR, le CD&V et l’Open Vld veulent se décharger sur la N-VA, le parti qui a changé de position concernant l’accord de l’ONU. La N-VA veut rejette la faute aux autres partis au pouvoir, arguant qu’ils défendent un pacte inacceptable.
Que dit réellement ce pacte ?
Rien n’est bouleversant dans ce pacte. Il stipule seulement que les réfugiés peuvent jouir des droits humains existants et que tous les pays doivent tenir compte de ces droits (y compris, donc, les pays que fuient ces gens). Il stipule que l’évaluation d’un dossier d’asile doit être fondée sur un procès équitable. La N-VA semble croire que les demandeurs d’asile pourraient en tirer des droits supplémentaires… Que faut-il en conclure ? Ces droits humains fondamentaux sont les mêmes que ceux que la N-VA voulait soumettre à la signature de chaque demandeur d’asile il y a quelques années.
La N-VA craint que la Convention puisse être utilisée contre la détention d’enfants – une pratique qui avait été précédemment condamnée par les tribunaux européens sans recours à l’accord de l’ONU. La N-VA craint encore de saper la souveraineté nationale et déplore que la migration “ordonnée” de ceux qui “respectent les règles” soit présentée comme quelque chose de positif et même comme une source possible de “prospérité et d’innovation”.
En 2014, le programme électoral de la N-VA défendait pourtant la coopération européenne en matière de migration : ‘‘La migration doit être une histoire positive pour la N-VA. Mais le gouvernement doit alors mener une politique sensée et oser faire des choix honnêtes et clairs. Les étrangers ont des droits, mais ils doivent aussi être informés de leurs devoirs. Le point de départ est que quiconque respecte les règles du jeu est le bienvenu.’’ Une migration ordonnée pour ceux qui respectent les règles du jeu : cela ressemble bel et bien à un résumé du pacte qui sera présenté au sommet de l’ONU à Marrakech.
Et maintenant ?
Nous sommes actuellement dans une phase qui rappelle le sketch du perroquet mort des Monty Python : on déclare la mort du gouvernement de toutes les manières possibles, mais personne ne veut la reconnaître. La N-VA a annoncé qu’une majorité alternative signifierait la fin du gouvernement, les autres partis sont en faveur d’une telle majorité alternative, mais Michel ne considère pas que le gouvernement démissionne.
L’appel d’Ecolo/Groen d’offrir une majorité alternative pour que la Belgique soit “du bon côté de l’histoire” en matière de migration – un appel qui peut également être répété sur les questions climatiques – positionne les Verts comme le principal opposant de la N-VA. L’impact de la question climatique ne peut pas non plus être sous-estimé : la marche climatique historique de dimanche dernier est peut-être déjà de l’ordre du passé pour les médias établis, mais pour les dizaines de milliers de participants et les dizaines de milliers d’autres qui se sentent concernés, ce n’est pas le cas. La vague verte du 14 octobre pourrait se répéter lors des prochaines élections.
Une fois la fin du gouvernement établie, la question demeure de savoir quel en sera le résultat. Y aura-t-il un gouvernement en affaires courantes, sans N-VA et donc sans majorité ? Ou un “nouveau” gouvernement Michel 2 avec la N-VA pour gouverner en affaires courantes jusqu’aux élections ? Des élections fédérales anticipées semblent exclues au vu de la tenue des élections régionales et européennes de mai. Si le gouvernement survit miraculeusement – ce qui n’est pas totalement exclu : voyez comment Theresa May a survécu ces dernières semaines ! – il sera affaibli.
Quelles implications pour le mouvement ouvrier ?
C’est selon nous la question la plus importante. Elle nous ramène également aux éléments de la première partie de cet article : nos revendications et préoccupations au sujet du climat, du pouvoir d’achat, des services publics, des soins de santé, de l’enseignement,… Avant les élections locales, nous écrivions que le gouvernement perd ‘‘lorsque les questions sociales déterminent l’agenda’’. Cela ne surviendra pas automatiquement : le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la campagne ne soit pas axée sur les questions sociales, ce qui est bien évident à la suite de ses nombreuses attaques contre nos salaires, nos pensions, nos allocations sociales, nos services publics et notre pouvoir d’achat. Le mouvement des travailleurs doit mettre ses propres revendications à l’ordre du jour. Le meilleur moyen d’y parvenir est de défendre un programme offensif lié à des actions audacieuses avec la participation la plus large possible. Comme nous l’avons écrit dans notre réaction immédiate après les élections municipales : ” Le gouvernement est mis en difficulté, la résistance sociale doit passer à la vitesse supérieure !’’
Le mouvement ouvrier doit aussi prendre position sur le dossier de la migration : contre ce qui divise les travailleurs et les opprimés, contre les causes créées et renforcées par ce système qui poussent les gens à fuir (la misère, les guerres, le pillage néocolonial, etc.), pour un accueil humain des victimes de ce système. Il suffirait d’utiliser les ressources utilisées actuellement pour la guerre à travers le monde – un budget militaire de 1739 milliards de dollars par an ! – pour mettre fin à la pauvreté et à la misère. Le problème des réfugiés fondrait comme neige au soleil. L’échec de la droite est évident sur le dossier la migration, le mouvement ouvrier doit défendre son propre programme.
Nous avons besoin d’une gauche qui ne se limite pas à l’opposition, mais qui organise et dirige la lutte contre la politique antisociale, au niveau politique et syndical, pour unir tous ceux qui rejettent l’austérité dans le combat pour des revendications offensives : le retrait des attaques contre les pensions, l’augmentation de la pension minimum à 1500 euros par mois, la réduction du temps de travail à 30 heures par semaine sans perte de salaire et avec un embauche supplémentaire, l’augmentation substantielle des salaires et l’augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure, un programme massif d’investissement public dans les infrastructures (logement social, etc. ) et les services publics (soins de santé, enseignement, transports publics, crèches,…), un programme de transition écologique comprenant la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie,… Un tel programme est en contradiction avec le système capitaliste. Nous devons nous préparer à cette confrontation en popularisant une alternative de société socialiste : une société centrée sur les besoins de l’être humain et de la planète, et non sur la soif de profits d’une poignée de super-riches.
-
20 ans après la mort de Sémira : action de protestation à Steenokkerzeel

“Parce qu’elle ne répondait pas aux critères de la loi Vandelanotte pour obtenir le droit d’asile, Sémira Adamu est morte à 20 ans dans un avion de la Sabena, étouffée par un gendarme tortionnaire”, écrivions nous en première page du n°35 du Militant, le prédécesseur de Lutte Socialiste, sous le titre “Silence, on tue!”, en octobre 1998. La jeune Sémira était expulsée du pays ce 22 septembre 1998. Elle a perdu la vie durant cette expulsion. La nouvelle avait choqué le pays, il y eut notamment une grève étudiante de 2000 personnes à l’ULB.
A l’époque, nous menions également campagne contre le rôle de la multinationale Shel au Nigeria dans le cadre d’une campagne lancée par des activistes nigérians. Nous écrivions : “Des multinationales comme Shell s’installent dans des pays comme le Nigeria, exploitent la population locale, soutiennent les dictatures militaires et reçoivent leur aide pour briser toute résistance. Shell n’est pas inquiétée. Sémira a fui son pays par nécessité, a été enfermée des mois durant et ensuite tuée. Quelle différence de traitement !”
Les mobilisations avaient assuré la démission du ministre Tobback, mais a immédiatement déclaré qu’il restait fermement en faveur de la politique répressive en matière d’asile. Dans nos actions, nous avons défendu les revendications suivantes : pas d’expulsions, fermeture des camps de détention et retrait des personnes directement responsables de cette politique. Nous avons lié cela à l’exigence de la régularisation des sans-papiers. Nous avons également écrit : “Face à la libre circulation des capitaux – la liberté de mettre au rebut et de fermer ou de délocaliser des usines – nous devons mettre en place la solidarité internationale de tous les travailleurs, ce qui comprend l’accueil solidaire de tous ceux qui en ont besoin”.
Ces derniers jours, plusieurs activités ont été organisées pour commémorer la mort de Sémira Adamu. Aujourd’hui à Steenokkerzeel, par exemple, une action de protestation a eu lieu sous la pluie avec plusieurs centaines de personnes. La lutte continue : aujourd’hui encore, des dizaines de réfugiés attendent dans le centre fermé de Steenokkerzeel une déportation forcée. Récemment, des enfants ont même été à nouveau enfermés.
Quelques photos de Jean Marie :
[embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/WCDrqC6wqVo9aHPX6]
-
Crise des réfugiés : ceux qui en sont responsables n’ont pas de solution
Ce qu’il nous faut, c’est l’unité des travailleurs et des pauvres dans la lutte pour un autre système !

On estime à plus de 1.500 le nombre de personnes qui ont trouvé la mort cette année en cherchant à traverser la Méditerranée vers l’Europe. Le gouvernement italien, rempli de populistes de droite, a refusé l’accès aux navires transportant des réfugiés d’accéder aux ports italiens. D’autres pays ont protesté, pour finalement agir de même. Le thème de la migration est instrumentalisé par la droite populiste partout en Europe. Pour cette dernière, ‘‘La gauche n’a pas de réponses, elle fait partie du problème’’. Est-ce bien le cas ? Une politique socialiste authentique prend comme point de départ le rôle-clé que le mouvement ouvrier peut et doit jouer afin d’en finir avec ce jeu cynique et dégradant néfaste non seulement pour les réfugiés, mais aussi pour la population locale.
Dossier de Geert Cool
Jamais autant de gens n’ont fui leur foyer. En 2017, ils étaient 68,5 millions à travers le monde et 16,2 millions de nouvelles personnes s’y sont ajoutées depuis. Quelqu’un doit fuir de chez lui toutes les deux secondes. Près de 1% de la population mondiale est constituée de réfugiés. Environ deux tiers d’entre eux proviennent de cinq pays : Syrie, Afghanistan, Soudan du Sud, Myanmar/Birmanie et Somalie. Dire que l’Europe accueille ‘‘toute la misère du monde’’ est faux. Deux tiers des réfugiés le sont dans leur propre pays, 85% sont pris en charge dans leur propre pays ou des pays limitrophes. Les pays qui accueillent le plus de réfugiés sont la Turquie, le Pakistan, l’Ouganda, le Liban et l’Iran. Les six pays les plus riches au monde (États-Unis, Chine, Japon, Allemagne, Royaume-Uni et France) prennent en charge 9% des réfugiés. Les politiques de droite anti-réfugiés sont d’ailleurs sans effet pour réduire leur nombre, et cela vaut aussi pour Trump et ses apprentis européens tels que Salvini (Italie) ou Francken chez nous.
Pour la droite, les frontières doivent être fermées. L’Europe-Forteresse a fait appel à des gardiens plus que douteux : le régime instable du dictateur turc Erdogan, les trafiquants d’êtres humains et les seigneurs de guerre en Libye ou encore les responsables du pouvoir soudanais qui n’hésitent pas à recourir à la torture. Alors, oui, le nombre de réfugiés qui échouent en Europe diminue : le nombre de demandes d’asile a diminué de moitié en 2017 pour atteindre environ 650.000. Mais cela offre à Erdogan & Co un moyen bien pratique de faire chanter les dirigeants européens sans rien changer aux raisons pour lesquelles les gens prennent la fuite. L’instabilité qui touche ces gardes-frontières douteux pourrait à l’avenir conduire à des crises de plus grandes échelles, à partir de la Turquie par exemple, pays qui compte 3,5 millions de réfugiés à l’heure actuelle.
D’où provient la crise des réfugiés ?
Un problème persiste dès lors que ses racines sont laissées intactes. Il n’en va pas autrement pour la crise des réfugiés. Un coup d’œil sur les pays que les gens fuient révèle beaucoup de choses: la guerre, la persécution et la misère constituent les principales raisons pour lesquelles les gens abandonnent tout derrière eux.
Les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, etc. n’ont livré qu’un immense chaos. Cela provient d’une combinaison de multiples facteurs, mais la division historique de ces régions par l’impérialisme occidental et la défense des intérêts stratégiques et économiques de ce dernier n’étaient jamais loin. Les investissements sont massifs dans l’armement – pas moins de 1.739 milliards de dollars ont été consacrés à des dépenses militaires à travers le monde en 2017 – au contraire de la reconstruction des pays en guerre. Aucune richesse n’est à attendre d’un désert social. Les ruines et l’absence de perspectives d’avenir pour des couches larges de la population nourrissent le désespoir. De telles circonstances sont propices à l’émergence d’idées et de groupes réactionnaires. C’est ainsi qu’Al-Qaïda, et plus tard l’État islamique, ont pu se développer. De l’argent, il y en a, beaucoup même, pour tout mettre à terre. Mais pas pour permettre à la population d’accéder à une vie décente. Quelle est l’option la plus sûre : 1.739 milliards de dollars d’investissements militaires ou sociaux ?
Ce n’est pas le mouvement ouvrier ou la gauche, sur le terrain ou en Occident, qui est responsable de cette politique de guerre. Bien au contraire. A l’époque des manifestations de masse contre la guerre en Irak, en 2003, nous avions déjà prévenu des conséquences de l’intervention en termes d’instabilité régionale et d’augmentation du nombre de réfugiés. La journée du 15 février 2003 est devenue la plus importante manifestation mondiale enregistrée à ce jour, avec plusieurs millions de manifestants autour du globe. Une proportion importante de la population était opposée à cette aventure guerrière. Quinze ans plus tard, nous ne pouvons que constater à quel point nous avions raison.
Nous nous sommes toujours opposés à d’autres causes, comme le pillage néocolonial et le changement climatique. Cela fait partie intégrante du système capitaliste et de sa recherche de profits pour une infime élite, une avidité qui se traduit par plus d’inégalités et l’aggravation des problèmes sociaux. Les politiciens établis n’agissent que comme des marionnettes des vrais dirigeants : la classe capitaliste. Les populistes de droite se présentent comme ‘‘anti-establishment’’, mais ils ne proposent que plus encore de la même politique. De manière encore plus brutale, ils s’en prennent à ceux qui sont forcé à fuir leur foyer et condamnent la population ordinaire à une spirale infernale vers le bas en termes de conditions de vie. Mais ils laissent les capitalistes tranquilles.
Dès lors qu’il s’agit de préserver des intérêts économiques, les politiciens établis démontrent une grande capacité à regarder ailleurs, comme c’est le cas avec la persécution des Rohingya au Myanmar/Birmanie. Les élites occidentales gardent le silence au sujet du génocide des musulmans commis par les extrémistes bouddhistes avec le soutien de la cheffe de l’exécutif Aung San Suu Kyi par peur d’accroître l’influence chinoise sur ce pays riche en matières premières. Leur silence est tout aussi assourdissant concernant les crimes de guerre au Yémen, pour ne pas offenser l’allié saoudien.
Les politiciens établis défendent un système qui conduit inévitablement à des crises de réfugiés, mais ils en font porter la responsabilité sur quiconque sympathise avec les victimes ou proteste contre cet état de fait.
Comment la droite populiste peut-elle instrumentaliser la migration ?
Des années de politiques d’austérité ont conduit à d’énormes déficits sociaux et à de grandes inégalités, non seulement dans les pays les plus pauvres, mais ici aussi. Se loger est devenu quasiment inabordable, les services publics ont été progressivement réduits et, surtout, nous devons partout rejoindre des listes d’attente : pour une crèche, pour l’école de notre choix, pour une maison de repos hors de prix, pour un logement social, etc. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que l’arrivée de réfugiés puisse susciter crainte et méfiance. Cette réaction est favorisée par l’absence depuis longtemps de réponses collectives audacieuses de la part de la gauche pour prendre les problèmes sociaux à bras le corps. Tout simplement qualifier les personnes influencées par cette situation comme étant des racistes désespérés n’aidera pas à progresser dans la construction d’un rapport de forces contre la politique qui conduit à ces manques et à la misère.
Nous devons patiemment expliquer qui est responsable des déficits sociaux : les banquiers et les spéculateurs qui ont dû être sauvés durant la crise financière et dont les coûts sont supportés par la collectivité ; ou encore les actionnaires des grandes entreprises qui reçoivent chaque année de nouveaux cadeaux fiscaux. Pour payer cela, les politiciens appliquent l’austérité. Au fil des ans, c’est à peine s’il y a eu des investissements dans les logements sociaux. Les réfugiés n’y sont pour rien. Il en va de même pour l’enseignement, les soins de santé, les transports publics, etc. Selon le FMI, le coût des réfugiés n’est pas si élevé, il ne représente que 0,09% du PIB de notre pays. Les réfugiés représentent 0,1 % du total des allocations familiales. Mais ceux qui vivent eux-mêmes dans la pauvreté et sont en concurrence avec les réfugiés à cause de la pénurie n’ont pas grand-chose à faire de ces statistiques car les politiciens établis utilisent les migrants comme boucs émissaires pour dissimuler leur propre rôle.
Les populistes de droite et l’extrême droite sont impatients d’en profiter. Pour eux, les tensions sociales résultent de la culture ou de la religion, comme si elles n’étaient pas déterminées par le contexte social dont elles sont l’expression ! De plus, les déficits existants sont considérés comme des fatalités, la seule question étant de savoir quelle couche de travailleurs et de pauvres devrait en payer le prix. De Wever a résumé cela récemment en écrivant que la gauche doit choisir entre ‘‘l’ouverture des frontières ou l’Etat-providence’’. Mais c’est lui et les autorités gouvernementales qui démantèlent la sécurité sociale et déshumanisent les réfugiés ! Les partis établis ou la droite populiste ne veulent pas combattre l’inégalité et le système qui la sous-tend. C’est d’ailleurs l’inégalité créée par le capitalisme qui garantit que l’ouverture des frontières mène à l’instabilité politique et au chaos.
La gauche est-elle sans réponse ?
En l’absence d’une campagne offensive de la part du mouvement ouvrier pour plus de services publics, plus de logements sociaux et de meilleurs emplois, la solidarité avec les réfugiés se limite souvent aujourd’hui au slogan ‘‘Refugees welcome’’. L’extrême droite et les politiciens établis entrent dans la brèche et suggèrent que les personnes solidaires veulent faire venir le plus grand nombre possible de réfugiés en Belgique. La discussion s’éloigne ainsi tant des causes de la politique antisociale que de celles qui poussent des gens à fuir leur pays. Ils renversent la vérité : les responsables de la crise des réfugiés et des déficits sociaux ne seraient ainsi donc pas le capitalisme et ses laquais politiques, mais ceux qui ont de la compréhension et de la sympathie.
Le PSL est en faveur de la solidarité et donc de l’accueil des victimes de la politique antisociale. Nous nous opposons à la politique répressive qui emprisonne des enfants et tire sur les réfugiés ainsi que contre d’autres formes de déshumanisation de la question. Nous lions cette opposition à la lutte contre la politique antisociale elle-même, contre ce système de guerre, de pillage néocolonial, de destruction de l’environnement, etc. Ce n’est qu’en renversant le capitalisme qu’une réponse fondamentale à la crise des réfugiés peut être apportée. La déshumanisation est dans la logique de ce système, toute tentative d’approche humaine se heurte au capitalisme.
Le mouvement ouvrier n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui à travers le monde. Il en va de même avec son potentiel de résistance à l’exploitation et au capitalisme. Cela exige la plus grande unité possible de la part de tous les travailleurs et de leurs familles. Il est dans l’intérêt de toute la classe ouvrière que nous stoppions la spirale infernale des salaires et des conditions de travail en ripostant de concert. La chaîne du mouvement ouvrier n’est forte qu’à la hauteur de ses maillons les plus faibles. Les réfugiés sont malmenés pour être poussés vers le travail au noir et le dumping social, même dans des projets de construction publique comme la rénovation de stations de métro à Bruxelles (souvenons-nous du métro Arts-Loi). C’est pourquoi certaines parties de l’establishment plaident en faveur d’une politique plus souple en matière de réfugiés. Le PSL comprend bien le slogan de ‘‘l’ouverture des frontières’’, mais cela est perçu par la grande majorité des travailleurs, y compris les migrants qui sont ici depuis un certain temps, comme une menace pour leur emploi, leurs salaires et leurs conditions de travail. Cela n’apporte pas non plus de réponse aux pénuries qui gangrènent la société. Les syndicats ont le pouvoir d’organiser l’unité de tous les travailleurs et les opprimés, ce dont nous avons désespérément besoin dans la lutte contre les pénuries et pour une redistribution des richesses existantes.
Répondre à la crise des réfugiés et à toutes les craintes qui lui sont associées signifie de combattre ensemble pour un programme d’action offensif en faveur d’un plan massif d’investissements publics dans les logements sociaux, l’enseignement, les soins de santé et garantissant des emplois décents pour tous, sans distinction d’origine, de lieu de naissance ou de religion. Ainsi, dans sa campagne électorale, Gauches Communes déclare que des logements sociaux et des écoles supplémentaires sont le seul moyen de faire de la commune bruxelloise de Saint-Gilles une véritable ‘‘commune hospitalière’’. Ajouter des réfugiés aux listes d’attente pour un logement social sans en augmenter l’offre ne fait qu’accroître la concurrence entre ceux qui attendent un logement abordable depuis longtemps.
Cette concurrence n’est pas neuve et ses effets ne sont pas fondamentalement différents de ceux du passé. En 1870, Marx écrivait déjà au sujet de l’utilisation des travailleurs irlandais par le capitalisme britannique : ‘‘(…) l’Irlande fournit sans cesse un excédent de main-d’œuvre au marché du travail anglais et exerce, de la sorte, une pression sur les salaires dans le sens d’une dégradation des conditions matérielles et intellectuelles de la classe ouvrière anglaise. (…) chaque centre industriel et commercial d’Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles : les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. L’ouvrier anglais moyen déteste l’ouvrier irlandais en qui il voit un concurrent qui dégrade son niveau de vie.’’ La division et la haine sont toujours des choses dont continuent de profiter les médias commerciaux de masse.
La lutte pour une transformation sociale en Belgique doit bien entendu aller de pair avec une approche internationaliste : contre les guerres impérialistes, pour la solidarité active avec le mouvement ouvrier du monde entier et les initiatives qui organisent politiquement les travailleurs et les pauvres pour une alternative socialiste. En tant que section belge du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), nous sommes quotidiennement engagés sur cette voie, nous luttons ensemble avec des socialistes anticapitalistes présents dans plus de 40 pays. Un renversement réussi du capitalisme dans un pays ne permettrait pas à ce pays de recevoir tous les miséreux du monde, mais cela inspirerait et servirait d’exemple aux travailleurs et aux pauvres d’ailleurs pour qu’ils empruntent le même chemin.
Dans un monde socialiste, pas de passeports ou de frontières, ni de centres fermés et de déportations ; un monde où les gens ne seraient pas obligés de fuir. Une planification socialiste démocratique mondiale permettrait enfin d’utiliser les énormes possibilités productives, scientifiques et technologiques pour satisfaire les besoins de l’ensemble de la population. Quiconque se rendrait ensuite dans une autre partie du monde le ferait sur base volontaire.
-
NON à l’enfermement d’enfants !

Notre camarade Fabian a pris la parole au nom du PSL et d’EGA lors de l’action menée à Gand contre l’enfermement d’enfants. Photo : Jean-Marie La logique qui veut que l’on s’en prenne aux symptômes plutôt qu’aux causes – considérer les réfugiés comme étant le problème et non les raisons de leur fuite dans le cas de la migration – cela conduit inévitablement à la déshumanisation de la question, le terreau idéal pour imposer des politiques répressives. L’indignation fut grande tout récemment lorsque Trump emprisonnait des enfants de réfugiés. Le fait qu’ils étaient détenus séparément de leurs parents a donné lieu à une vague massive de critiques qui a permis d’enfin réunir les familles.
Cette politique inhumaine de la part de Trump a été décriée en Europe. Mais force est de constater que la politique menée sur notre continent n’est pas fondamentalement différente. Il y a dix ans, la Belgique a cessé d’emprisonner les enfants de migrants, à la suite d’une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme. Theo Francken a maintenant décidé, avec le soutien de tout le gouvernement, d’adapter une aile du centre fermé de Steenokkerzeel aux familles avec enfants.
Francken a déclaré que : ‘‘Personne n’aime enfermer des enfants, ce n’est pas une mesure que je prends pour mon plaisir’’. Selon lui, la pratique est en vigueur ‘‘dans la majorité des pays occidentaux’’, y compris dans la ‘‘France de gauche’’ (Macron, un pur apprenti-Thatcher, appréciera !). Le secrétaire d’État à l’asile et à la migration souhaite que les nouveaux arrivants s’engagent à respecter les droits humains, mais il balaie du revers de la main les condamnations de la Cour européenne des droits de l’homme. Pour défendre sa position, il soutient également que la vie difficile dans l’illégalité n’est pas bonne pour le développement des enfants !
La logique de la politique actuelle conduit à une approche de plus en plus répressive qui vise à totalement fermer les frontières. Le gouvernement hongrois ne nourrit plus les réfugiés qui traversent le pays. En France et dans d’autres pays, l’aide aux réfugiés est considérée comme un délit. Résistons à cette approche ! Lorsqu’une famille a été emprisonnée pour la première fois, une mobilisation spontanée a eu lieu à Bruxelles avec des centaines de participants. Ce mardi soir, une action a également eu lieu à Gand. Cela illustre le potentiel présent pour la lutte, mais cela ne saura être soutenu à long terme que si les grandes organisations syndicales y sont aussi impliquées. Nous devons lier cette lutte de même que celles pour répondre aux autres problèmes concrets du quotidien dans une société capitaliste à la nécessité d’une société où les richesses produites reviendraient à ceux qui les produisent, une société socialiste !
Photos de l’action à Gand : Jean-Marie
[embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/uweh5MfC4FcNFhKA9]
-
Quelle réponse à la politique d’asile brutale de Francken, Trump, Salvini & Co ?

Photo : Liesbeth Droit d’asile : c’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !
Le mois passé, nous décrivions dans les pages de Lutte Socialiste la manière dont la rhétorique trumpienne de la N-VA crée un climat dans lequel les réfugiés sont déshumanisés. Nous le faisions suite à la mort tragique de la petite Mawda et aux réactions de Francken, Jambon et De Wever. Et ça continue aujourd’hui, notamment autour de l’Aquarius, ce bateau d’une ONG qui ne pouvait amarrer en Italie. Le président des Jeunes N-VA avait alors tweeté : “Return to Sender” (retour à l’envoyeur). 629 réfugiés se trouvaient sur le navire sauvé en Méditerranée.
Par Michael Bouchez
Etant donné que la mort d’une fillette de deux ans n’a pas eu de répercussions conséquentes, Francken & Co ont dû penser qu’ils pouvaient tout se permettre. Francken a lâché qu’il souhaitait contourner l’article 3 du Traité européen des Droits de l’Homme. Cet article interdit la maltraitance et le renvoi de personnes vers des endroits où ils peuvent être maltraités. Ce n’est pas une première. Francken et le gouvernement ont déjà collaboré avec la dictature soudanaise et les garde-côtes libyens pour renvoyer des réfugiés. Concernant sa proposition de contourner les droits de l’homme, il expliquait : “Nous avons conclu un deal en Turquie avec Erdogan, nous avons un accord avec des milices en Lybie, qui sont champion en matière de violation des droits de l’homme en Afrique.”
Si les partenaires de coalition et le Premier ministre crient au scandale après les déclarations brutales de Francken, c’est surtout pour occulter leur propre complicité. Car le gouvernement poursuit le même cap et les partis du gouvernement sont derrière la politique de Francken. Ils ne sont pas toujours d’accord sur la brutalité de la rhétorique, mais toujours sur le contenu.
Trumpisme
La frontière entre Francken et Trump semble particulièrement ténue. Francken a proposé, entre autres, que les personnes qui entrent sur le territoire de manière illégale perdent leur droit d’asile. Comment doit-on demander l’asile ? Dans les camps de réfugiés hors d’Europe. Pour les réfugiés qui ne résident pas dans des camps mais qui doivent quitter immédiatement leur pays d’origine, cela signifierait, selon Francken, qu’ils “verraient que cela n’a pas de sens de fuir.”
Pour ceux qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie et y survivent, Francken a fait ouvrir une nouvelle aile au centre-fermé 127bis. Des enfants peuvent à nouveau y être enfermés, avec leurs parents. Aux Etats-Unis, des enfants ont même été séparés de leurs parents et enfermés dans de grandes cages en fer.
L’Europe sans solution
Les 629 réfugiés de l’Aquarius sont emblématiques de la politique d’asile européenne. L’Europe-forteresse n’est pas une nouveauté. L’accord conclu avec la Turquie était déjà une manière de repousser les réfugiés hors d’Europe. Le refus du gouvernement italien de laisser amarrer l’Aquarius dans un port italien et à Malte va dans le même sens. Le nouveau gouvernement italien du Mouvement 5 étoiles et de la Lega d’extrême-droite annoncent une politique de migration dure.
En Allemagne aussi, Merkel est sous pression de son ministre des affaires étrangères, Horst Seehofer, issu de son partenaire de coalition CSU, afin que soit menée une politique migratoire plus dure. Des populistes de droite essaient de marquer des points dans le désordre social en Europe avec une propagande anti-migration. Comme si ce n’étaient pas les ultra-riches et les spéculateurs mais les migrants qui sont responsables de la politique néolibérale menée depuis des années avec les répercussions que l’on connaît sur notre niveau de vie.
La pression qui est faite pour parvenir à un accord sur la politique européenne d’asile montre à quel point le projet européen est en crise. L’Union européenne prévoit notamment, en théorie, la libre circulation de tous les habitants. Mais dans le cadre du capitalisme, cette libre circulation est toujours soumise à la loi du marché et à la concurrence entre travailleurs.
Les partis traditionnels et les entreprises voient souvent les migrants comme de potentiels travailleurs à bas salaire. C’est, entre autres, ce qui se cache derrière le “Wir schaffen das” (“On peut le faire”) de Merkel. Ils stimulent la concurrence entre la population active de leur pays et les réfugiés. Dans la pratique, la libre circulation des personnes n’existe pas, mais les populistes de droite saisissent cette compétition pour plaider en faveur de refoulements et de frontières bien gardées.
Le nouveau gouvernement italien montre comment un gouvernement populiste de droite combine un discours contre l’austérité et un discours anti-immigration. La fin de l’austérité restera lettre morte, ils sont trop occupés à cibler les migrants. En Belgique aussi, la N-VA a déjà utilisé l’argument selon lequel la sécurité sociale sera impayable si nous continuons à accepter des réfugiés. C’est un non-sens, surtout de la part d’un parti qui mine la sécurité sociale pour faire des cadeaux aux grandes entreprises. Mais cela joue évidemment sur les inquiétudes des gens.
Les partis de l’establishment s’opposent régulièrement en paroles aux déclarations d’hommes politiques tels que Francken, Salvini, Orban ou Wilders. Mais ils vont dans le même sens. Le président du Conseil européen Donald Tusk proposait ainsi de séparer migrants économiques et réfugiés qui ont droit à la protection internationale dans des centres hors de l’UE.
La droite s’attaque aux victimes, pas aux causes
La politique d’asile de droite ne change rien aux raisons pour lesquelles les gens fuient. Au contraire. 2017 a été une année record avec 68,5 millions de personnes en fuite au niveau mondial dont presque la moitié ont migré à l’intérieur de leur pays. Ceux qui ont dû quitter leur pays restaient dans un pays voisin dans 80% des cas.
Les gens fuient pour causes de guerre, d’exploitation et de changement climatique. La N-VA ne parle jamais de ces circonstances. Au contraire, elle n’entend pas toucher à l’investissement de 35 milliards d’euros dans les nouveaux avions de guerre. La droite ne dit rien des guerres pour le pétrole, des multinationales qui pillent les richesses naturelles en Afrique, des conditions de travail au Bangladesh ou des catastrophes écologiques qu’engendre l’appât du gain des entreprises.
Dans notre pays aussi, la politique de Francken & Co ne change rien pour les travailleurs. Pour la N-VA, qu’il y ait moins de réfugiés ne signifie pas que le reste de la population aura davantage. Les réfugiés servent uniquement à détourner l’attention en vue d’appliquer plus d’austérité au détriment de la majorité de la population. Davantage de pauvreté infantile, d’économies budgétaires, de flexi-jobs, des pensionnés dans la misère,… voilà ce qu’ils nous réservent.
Traduire la solidarité en programme
Les mouvements de solidarité actifs partout en Europe montrent que la politique de l’establishment européen n’est pas acceptée sans broncher. Des campagnes et des manifestations sont un contrepoids important pour éviter pire. Trump a dû reculer suite aux protestations spontanées contre l’enfermement de mineurs. De telles campagnes doivent cependant se traduire dans un programme qui offre des réponses structurelles.
L’opposition officielle n’offre pas de réponse. La gauche traditionnelle est empêtrée dans des scandales et n’est plus crédible. Les partis sociaux-démocrates ont laissé se creuser les déficits sociaux de sorte que des tensions ont pu germer et pourrir au sein de la société. Ils ont échoué faute de mener une politique de gauche, pas parce qu’ils étaient trop à gauche. Leur appel à davantage d’humanité n’est pas pris au sérieux. C’est ainsi que les populistes de droite peuvent occuper le débat.
Un gouvernement de gauche doit défendre un programme qui réponde à la concurrence entre la population active en Europe et les réfugiés par des investissements publics dans l’emploi, la sécurité sociale, le logement. Ce n’est que de cette façon qu’on pourra fournir asile et accompagnement pour chaque réfugié. Un tel programme peut couper les ailes aux populistes de droite et impliquer de larges couches de la population. Il ne sert à rien d’inscrire les réfugiés sur une liste d’attente interminable pour l’obtention d’un logement social si l’on n’investit pas dans davantage de logements sociaux. Nous n’aurons de véritables “communes hospitalières” que si une politique d’investissements publics massifs est menée. C’est ce que défend la liste ‘Gauches Communes’ à Saint-Gilles (Bruxelles), qui sera présente aux prochaines élections communales.
Il est aussi nécessaire de s’organiser internationalement pour lutter contre ce qui pousse les gens à fuir. Personne ne laisse tout derrière lui par plaisir. Si rien n’est fait contre la pauvreté, les guerres et le changement climatique, il y aura toujours des réfugiés. Il y a assez de richesse et de connaissance technologique dans le monde pour construire un avenir à chaque enfant, partout. Sous le capitalisme, les richesses ne sont pas mises au service de la population. Tant que le capitalisme existera, les gens fuiront la misère, la guerre et les changements climatiques. Il nous faut un monde où les gens peuvent construire leur avenir où ils le souhaitent, dans leurs pays d’origine ou ailleurs.
-
Migration. Francken veut s’inspirer du « modèle Australien » : de quoi s’agit-il ?
Alors que le nombre de tentatives de suicides, de violences et trafics divers ne fait qu’augmenter dans les centres de détention australiens (1) (principalement à Nauru et Manus), qu’un réfugié iranien de 26 ans détenu à Nauru vient de mettre fin à ses jours il y a quelques semaines (2) et que les Nations Unies condamnent officiellement la politique d’immigration australienne (3)…Théo Francken réitère son admiration du « modèle australien » dans divers médias belges (4).Par Brune (Bruxelles)
Après l’affaire Mawda et la prochaine ouverture d’une aile pour familles de migrants avec enfants (5) dans un centre fermé, Francken semble vouloir aller plus loin en affirmant qu’il est possible d’appliquer la politique du « No Way » australienne, que la politique d’asile évolue vers un système avec « zéro demandeur d’asile à Bruxelles ». «Nous devons remplacer le modèle actuel, qui se base sur les requêtes à l’initiative des demandeurs d’asile après une entrée illégale sur le territoire, par le modèle australien, dans lequel on pratique uniquement une immigration légale limitée», a écrit Francken sur sa page Facebook.
Mais quel est ce fameux « modèle australien » ? Pourquoi la NVA propose-t-elle un modèle similaire ?
La politique du « No way »
Il y a en ce moment 1.369 réfugiés enfermés dans divers centres de détention australiens, dont 7 enfants (6). La durée moyenne d’une détention est de 826 jours (février 2018), jusqu’à 4 ans pour certains, sans aucune information de la progression de leur application. Deux de ces centres sont offshores : Nauru et Manus Island. La Papouasie-Nouvelle-Guinée et Nauru sont soudoyés par le gouvernement australien pour accepter ces installations sur leurs côtes. Celui-ci a d’ailleurs été embarrassé en 2016 lorsque la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a statué que le centre de détention de l’île de Manus était illégal.
Le tribunal a déclaré que les réfugiés étaient “emmenés de force en Papouasie-Nouvelle-Guinée” et détenus dans un établissement “enfermé avec des barbelés”. Les centres de détention australiens ont été qualifiés de “torture”. Certains réfugiés ressortent de ces prisons avec des problèmes de santé mentale extrêmes. Les détenus sont victimes d’intimidation et les installations sont inadéquates. Au moins un réfugié en détention est mort des suites de soins médicaux médiocres. Il y a eu des dizaines de suicides, et l’automutilation est courante.
Le gouvernement australien gaspille plus d’un milliard de dollars par an pour le fonctionnement des centres de détention, versés à une série d’entreprises privées. Cela inclut Wilson Security, une société versée dans des scandales de corruption et détenue par les frères Kwok de Hong Kong. Le gouvernement australien dépense entre 239 000 $ et 400 000 $ par an pour chaque réfugié en détention – 400 000 $, le salaire de huit travailleurs à temps plein en Australie !
Le Parti socialiste d’Australie (la section-sœur du PSL) fait campagne pour que les réfugiés puissent rester et s’installer en Australie. Ils exigent que l’argent gaspillé dans les centres de détention soit utilisé pour financer la création d’emplois, des logements sociaux de haute qualité et des services pour les réfugiés et les travailleurs.
Des dizaines de milliers de personnes en Australie protestent chaque année contre l’emprisonnement des réfugiés. En février 2016, un bébé réfugié nommé Asha a été soigné dans un hôpital de Brisbane. Le gouvernement voulait expulser Asha vers un centre de détention offshore. Le personnel hospitalier a refusé cela. La communauté a formé un piquet de grève à l’hôpital. Ils ont arrêté chaque voiture et ont exigé de vérifier celles-ci pour s’assurer qu’elle n’emportait pas Asha. Le gouvernement a été contraint de renoncer à envoyer celle-ci en détention.
L’Australie blanche
La classe dirigeante australienne a une tradition de politique raciste anti-immigration. Dans les années 1850, des restrictions ont été imposées aux immigrants chinois. La “politique de l’Australie blanche”, qui a duré de 1901 à 1966, a été créée pour limiter l’immigration de personnes non européennes. Les politiciens ont parlé du “péril jaune” – le “jaune” est une insulte raciste utilisée contre les Asiatiques.
Dans les années 1990, le parti politique ” One Nation ” a été lancé pour s’opposer à l’immigration chinoise. La tête du parti, Pauline Hanson, disait alors aux Australiens qu’ils risquaient d’être “submergés par les Asiatiques”. Le Parti socialiste a organisé à l’époque la résistance contre One Nation, menant des grèves d’écoliers et participant à des manifestations contre leur racisme anti-asiatique.
Le racisme est utilisé pour diviser les travailleurs les uns contre les autres et pour distraire les Australiens en blâmant les étrangers pour les problèmes causés par le capitalisme – chômage de masse et coupures dans l’aide sociale, les hôpitaux et l’éducation. Plus récemment, ce racisme s’est retourné contre les personnes issues du Moyen-Orient, et les réfugiés en ont été les victimes.
La crise de l’île de Manus, la situation actuelle
Depuis la déclaration de son illégalité en 2016, rien n’a été fait, ou très peu, pour clôturer le centre de détention de l’île de Manus. D’innombrables demandeurs d’asile sur l’île sont coincés dans les limbes de l’immigration. Il reste environ 600 réfugiés sur l’île, dont beaucoup sont détenus depuis plus de 4 ans.
Il n’y a pas de véritable plan pour permettre aux réfugiés de quitter l’île. Au lieu de cela, ils devaient être transportés vers des “centres d’hébergement alternatifs”, des centres de transition dans la ville de Lorengau.
Les centres de transition n’étaient pas terminés en octobre et l’hébergement (des conteneurs) dans ces nouveaux centres est largement en dessous des normes. La décision de la cour en 2016 signifie que le gouvernement australien est maintenant incapable de garder les gens enfermés dans le centre de détention offshore, mais les réfugiés qu’il détient restent piégés sur l’île. Ils n’ont pas de papiers, pas de travail, pas de comptes bancaires.
Pour empirer les choses, le gouvernement a réduit le nombre d’établissements de soins de santé qui étaient auparavant destinés aux réfugiés. Lorsque le centre de détention a été forcé de fermer, de nombreux services, dont les soins de santé, ont été retirés. Les services de consultation et de traumatologie sont partis avec l’ancien centre et n’ont pas été remplacés.
Depuis la fermeture du centre, des cliniques à petite échelle ont ouvert sur les trois centres d’hébergement. Mais ils n’ont pas remplacé les anciens services et ils n’offrent pas de service après les heures d’ouverture, de soins aux patients en phase critique ou de soins aux personnes incapables de quitter leur lit.
Pour ajouter au problème, le gouvernement australien a mis fin à son contrat avec le prestataire de services de santé International Health and Medical Services, IHMS. Les services de soins de santé sont maintenant transférés à des entrepreneurs locaux et au système de santé publique de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Selon une étude d’Amnesty International, l’hôpital Lorengau de l’île de Manus fonctionne à 33 % au-dessus de sa capacité. La moitié des postes de médecins et 43 % des postes d’infirmières demeurent vacants. L’année dernière, deux réfugiés de l’île de Manus se sont suicidés. Un autre réfugié est mort après avoir sauté d’un autobus à la fin mai. Les changements apportés au système de soins de santé entraîneront probablement plus de décès sur Manus.
Maintenant que le centre de détention a été fermé, la question se pose de savoir ce qu’il adviendra des réfugiés actuellement pris au piège sur l’île. L’île de Manus est une petite île où sévit le chômage et a une économie en difficulté. L’île de Manus a une population de seulement 50 000 habitants et des ressources extrêmement limitées, ce qui signifie que l’installation à long terme des réfugiés n’est pas viable sans l’aide constante du gouvernement australien.
Bien qu’il existe un accord avec les États-Unis pour échanger certains réfugiés sur Manus contre des réfugiés d’Amérique centrale, ce n’est pas une option viable pour de nombreux réfugiés sur Manus. L’interdiction d’immigration de Trump sur les citoyens de l’Iran, de la Libye, de la Somalie, de la Syrie et du Yémen signifie que beaucoup se verront refuser l’asile aux États-Unis.
La Nouvelle-Zélande a offert d’accueillir des réfugiés, mais le gouvernement australien refuse cette offre. Ils prétendent croire que cela encouragera plus de bateaux et que les réfugiés utiliseront les lois de la Nouvelle-Zélande en matière d’immigration comme porte dérobée vers l’Australie.
La seule solution viable est d’autoriser les réfugiés à venir en Australie. Il n’y a aucune raison pour que tous ceux de Manus et ceux de Nauru ne puissent pas être amenés en Australie, logés dans la communauté. La raison pour laquelle le gouvernement ne s’engage pas dans cette voie est d’ordre politique.
Ce ne sont pas quelques milliers de réfugiés qui sont responsables de la montée en flèche des loyers, des pertes d’emplois et des services inadéquats. La faute en incombe aux gouvernements capitalistes et aux grandes entreprises qu’ils représentent.
Les travailleurs australiens doivent faire campagne pour des logements abordables, des emplois décents et des services publics adéquats pour tous. Nous devrions lier nos campagnes pour de meilleurs niveaux de vie au besoin de droits des réfugiés. Nous devons mettre fin à la détention obligatoire et aux centres offshores.
Nous ne devrions pas permettre au gouvernement de monter différents groupes de personnes exploitées les uns contre les autres. Il y a plus qu’assez de richesses en Australie pour subvenir aux besoins de tous, y compris les réfugiés. Le problème, c’est qu’il est détenu par les 1% de la population.
La politique de la NV-A
En Belgique aussi, les divisions sont une arme dans les mains des politiciens à la botte des capitalistes. La politique de criminalisation des migrants, sans papiers et demandeurs d’asile en est l’expression la plus vive. Comme nous le disions récemment dans un article du PSL : « Le 15 mai 2018, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken a reçu le feu vert du Kern (Conseil restreint des ministres) pour le projet d’adoption d’un arrêté royal sur le placement d’enfants en centres fermés dès juillet. Cette politique raciste du gouvernement, menée à coups de rafles, d’enfermements et de violence est allée jusqu’à causer la mort d’une fillette de deux ans, la jeune Mawda, dont la famille kurde fuyait la terreur instaurée par l’État islamique en Irak ».
L’ouverture de 3 nouveaux centres fermés est prévue d’ici 2021 afin de doubler la capacité de rétention. Il s’agit bien de véritables prisons où des hommes, des femmes et des enfants, qui n’ont commis aucun délit et qui ne sont passés devant aucun juge, sont enfermés.
Le gouvernement a décidément de l’argent pour enfermer les migrants, y compris leurs enfants, mais il n’en a pas pour créer des emplois convenables et mener une politique sociale pour la population.
La politique de Théo Francken, et son amour pour le « No way » australien est l’expression d’une politique pour diviser, détourner l’attention de l’opinion publique des vrais responsables des politiques d’austérité antisociales et utiliser les migrants comme boucs émissaires.
Bien que la politique insulaire permettant à l’Australie d’envoyer des réfugiés dans des îles perdues dans l’Océan Pacifique ne soit pas applicable à la Belgique, de telles déclarations permettent à Francken de flatter son électorat et sa base de soutien au sein de la NV-A ; en comparaison des Michels and Co. celui-ci paraît être « l’homme de la situation », un homme prêt à répondre aux problèmes de l’immigration avec fermeté.
Il est très important de répondre à cela en mettant en avant la réalité derrière ce type de politique d’immigration, qu’elle soit Belge ou Australienne : une réalité cruelle et meurtrière.
L’indignation n’est malheureusement pas suffisante. Il faut organiser la colère en forgeant un rapport de forces chez les jeunes, les travailleurs et d’une manière générale auprès de tous et toutes pour exiger les démissions de Jambon, de Francken et la fin de toutes ces politiques racistes.
Ainsi, le PSL mobilise largement pour des manifestations diverses afin de soutenir les associations de sans-papiers, les collectifs, les syndicats contre la politique migratoire répressive du gouvernement. Une convergence des luttes est indispensable pour que les richesses que l’on produit soient mises à profit de l’ensemble de la population, afin d’en finir avec un système barbare qui ne produit que misère et inégalités, partout dans le monde.
NOTES
1. https://www.theguardian.com/australia-news/2017/may/18/self-harm-suicide-and-assaults-brutality-on-manus-revealed
2. https://www.theguardian.com/world/2018/jun/15/iranian-asylum-seeker-dies-by-suicide-on-nauru
3. https://www.theguardian.com/world/2018/jul/08/un-body-condemns-australia-for-illegal-detention-of-asylum-seekers-and-refugees
4. http://www.lesoir.be/151237/article/2018-04-15/no-way-theo-francken-veut-adopter-la-politique-dimmigration-australienne-video
5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_un-centre-ferme-pour-familles-avec-enfants-inacceptable-pour-les-associations?id=9918169
6. https://www.refugeecouncil.org.au/getfacts/statistics/aust/asylum-stats/detention-australia-statistics/
Les Étudiants de Gauche Actifs et les sections de Liège du PSL vous invitent à participer à leur meeting : Capitalisme = pauvreté, pollution, guerre, des gens qui fuient, discrimination et crise. Pourquoi le socialisme est-il nécessaire ?