Tag: Chine

  • «Pour survivre, nous devons lutter pour le socialisme!»

    Pakistan/Cachemire:

    Du 23 au 6 avril, j’ai visité le Pakistan et le Cachemire afin de participer à une série d’activités de nos organisations-soeurs dans ces régions. Le Comité pour une Internationale Ouvrière est une organisation socialiste internationale organisée dans plus de 35 pays. Le Socialist Movement Pakistan (SMP) et le CIO au Cachemire sont, tout comme le MAS/LSP en Belgique, des sections de ce parti révolutionnaire mondial.

    Geert Cool

    Pakistan: lutte contre les privatisations

    Notre organisation au Pakistan est très jeune, mais possède déjà une bonne réputation. Ces dernières années, les conditions de vie des travailleurs, des jeunes et des paysans pauvres se sont considérablement dégradées. Le fossé entre riches et pauvres est plus grand que jamais, comme en témoigne le taux d’analphabétisme, de 55% à travers le pays. Dans la province de Sindh, à côté des gigantesques villas protégées par des milices armées, 1 million d’habitants souffrent de tuberculose. A Rawalpindi (ville de 3 millions d’habitants) un tiers des maladies sont uniquement dues au manque d’eau potable.

    De pareilles conditions sociales ont des conséquences pour l’organisation de la résistance contre la politique néolibérale du dictateur Musharraf. Celui-ci tente de mettre en avant le pays comme un compagnon de route islamiste, mais moderne, des Etats-Unis en dressant une façade de démocratie.

    En réalité, il mène une politique néolibérale très brutale qui augmente encore l’écart entre riches et pauvres. Mais les premiers signes de résistance apparaissent, comme l’an dernier lors du mouvement contre la privatisation de l’entreprise télécom PTCL. Nos camarades ont joué un rôle crucial dans l’organisation des actions de grève et des manifestations. Cela n’a pas échappé à l’attention du régime et divers camarades dirigeants du SMP ont temporairement dû continuer leur travail clandestinement.

    Ce mouvement, bien que n’ayant pas mené à une victoire, a mis l’idée de la lutte à l’ordre du jour. C’est pourquoi le SMP jouit d’une autorité et d’un respect général. Cela m’a particulièrement frappé lors d’un meeting de notre section d’Islamabad où étaient présents beaucoup de dirigeants et de militants syndicaux combatifs. A Karachi, une réunion de la direction nationale d’un nouveau syndicat des postiers, où se trouvaient 200 participants, a explicitement demandé un speetch d’un orateur du CIO.

    Notre organisation pakistanaise est aussi active parmi les paysans pauvres et la jeunesse. Une section de notre campagne internationale de jeunes "Résistance Internationale" a été récemment mise sur pied et nous menons également des campagnes contre l’oppression de la femme etc.

    Travailleurs et paysans pauvres mènent une lutte quotidienne contre la misère, lutte qui ne peut être gagnée fondamentalement qu’en établissant une société socialiste mondiale.

    Cachemire: 6 mois après le tremblement de terre, le cauchemar continue

    Il y a six mois, le Cachemire et le Pakistan ont vécu un terrible tremblement de terre. Des villes et des villages entiers ont disparu. Aujourd"hui, la situation ne s’est guère améliorée, la reconstruction est loin d’avoir commencé. La petite ville de Bagh demeure toujours un grand camping dans lequel la population a dû passer l’hiver. Même l’hôpital est encore abrité par des tentes.

    Depuis Islamabad, au Pakistan, le voyage vers Bagh dure 5 heures, même si cette ville n’est pas lointaine. Quelques ponts supplémentaires suffiraient à réduire le trajet actuellement fait de routes étroites et sinueuses à travers les montagnes. Dans la ville de Kotli, il n’existe l’électricité que depuis 1980.

    A Bagh, presque toutes les habitations ont été détruites par les ravages du tremblement de terre et tous ont perdu des parents ou des amis. Un camarade m’a ainsi raconté comment 36 membres de sa famille ont péri.

    Le Kashmire est une région disputée et occupée tant par l’Inde que par le Pakistan (et une petite partie par la Chine). La population y revendique l’indépéndance et nous soutenons cette lutte, mais nous lions cette revendication à la nécessite du socialisme. Nous y avons une section indépendante, même si la coopération avec la section pakistanaise est étroite.

    Nos camarades y ont construit de petites écoles et postes médicaux, aux côtés d’une implication active dans la reconstruction des instruments de lutte que sont les syndicats. Il est nécessaire de soutenir les revendications pour la reconstruction et de garantir qu’il y ait un contôle démocratique sur les travaux de reconstruction. Ces travaux ont été cofinancés par une campagne de solidarité que nous avons entre autre mené en Belgique. L’argent que nous avons recolté a été intégralement versé à la Trade Union Rights Campaign (campagne pour les droits syndicaux).

  • SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril. WEEKEND DE DÉBATS ET DE DISCUSSIONS

    SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril

    > Tract en PDF

    LUTTONS POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALISTE!

    Même l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré à l’occasion du licenciement de dizaines de personnes suite à la délocalisation de l’entreprise brassicole – et surtout “bénéficole” – Inbev-Jupille: “Si la logique fi nancière cause tant de souffrances, si les lois économiques font fi de l’homme, elles sont inhumaines et il faut les changer”.

    Si leurs propos sont évidemment empreints de charité chrétienne – alors que nous sommes partisans d’une approche structurelle des problèmes sociaux – ils n’en sont pas moins signifi catifs. Ils expriment le sentiment général de milliers de travailleurs: laissés sur le bas-côté et sans alternative. Les banques et les entreprises engrangent des profi ts records, les managers empochent des salaires exorbitants, mais on nous bassine sans cesse les oreilles avec la modération salariale, la flexibilité et la casse des pensions et de la Sécurité sociale.

    Socialisme 2006 a pour enjeu la lutte contre le système qui génère de telles situations. Des jeunes et des travailleurs s’y réuniront pour échanger les expériences de lutte. Vous y aurez l’occasion de découvrir en quoi consiste le marxisme. Par-dessus tout, nous pourrons y discuter en long et en large d’une alternative au capitalisme.

    CONCERT DE PROTESTATIONS MONDIAL CONTRE LE NÉO-LIBÉRALISME

    Voici un aperçu du programme de Socialisme 2006 sur la situation internationale avec des informations et des analyses de première main. MAS/LSP fait en effet partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui a des sections dans 35 pays.

    AMÉRIQUE LATINE

    La résistance au néo-libéralisme y est la plus avancée. La politique de privatisation et de libéralisation a condamné un tiers des 400 millions de Latino-Américains à l’extrême pauvreté. Des luttes d’ampleur et des mouvements révolutionnaires pour une autre politique, une politique plus sociale, ont balayé des présidents et/ou des gouvernements de droite, et leur ont substitué des dirigeants de gauche. A Socialisme 2006, on se penchera sur le “Socialisme du 21ème siècle” de Chavez au Venezuela ainsi que sur la politique de “nationalisation du gaz” de Morales en Bolivie.

    La vie de millions de gens s’en trouvera-t-elle améliorée substantiellement ou faudra-t-il une rupture fondamentale avec le capitalisme? Quel est le rôle dévolu à la classe ouvrière et aux paysans pauvres dans la réalisation d’une société socialiste?

    ISRAËL/PALESTINE

    La politique de “diviser-pour-mieux-régner” du capital y a dressé deux groupes nationaux l’un contre l’autre jusqu’à en faire des ennemis farouches. Seul l’establishment y trouve son compte. Les séismes politiques qui ont ébranlé les deux camps ces derniers mois sont l’expression d’un désir ardent de changement de la part des populations de la région. Mais l’absence d’une alternative socialiste aux partis nationalistes et religieux se fait cruellement sentir. Quelle issue le MAS/LSP, le CIO et ses sections entrevoient-ils à l’impasse dans cette région?

    PAKISTAN

    Les témoignages occulaires du Forum social mondial au Pakistan de membres du MAS/LSP et du CIO constitueront sans aucun doute le point d’orgue du week-end. Là plus qu’ailleurs, le capitalisme a mené à une société brutale où la pauvreté et la misère sont le lot quotidien du plus grand nombre. Le CIO a des sections au Pakistan, au Cachemire, en Inde et à Sri-Lanka.

    Ils ont observé caméra à l’épaule les conditions dans lesquelles les travailleurs et les jeunes doivent vivre et travailler ainsi que les campagnes que nos membres ont menées contre la privatisation du secteur des télécommunications au Pakistan et lors du tremblement de terre qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de sans-abris il y a quelques mois. Ils en donneront un rapport vivant à Socialisme 2006. Il y aura des ateliers sur la Chine, la guerre en Irak ainsi que sur la situation en France. Notre organisation soeur française y donnera de plus amples informations sur le mouvement de protestation des étudiants contre les contrats à statut précaire pour les jeunes.

    EUROPE: MOUVEMENTS D’AMPLEUR ET GRÈVES GÉNÉRALES

    Depuis le NON franc et massif à la Constitution européenne néo-libérale exprimé lors des référendums en France et aux Pays-Bas, l’appel à une politique plus sociale se fait de plus en plus pressant. Le mouvement de grève dans le secteur public en Allemagne, le plus grand depuis 14 ans, et le succès du WASG et du Parti de Gauche en sont des expressions on ne peut plus claires. On a voté clairement à gauche lors des dernières élections communales aux Pays-Bas. Tous les partis gouvernementaux ont perdu au profit du PVDA social-démocrate et du SP de gauche. Après une explosion de colère justifi ée bien qu’aveugle dans les banlieues, un mouvement contre les atteintes à la sécurité d’emploi des jeunes prend de l’ampleur en France; la politique antisociale de Berlusconi s’est de nouveau heurtée à une grève d’ampleur en Italie.

    La combativité y est, mais quelle est l’alternative? De nouveaux partis de gauche ont vu le jour dans différents pays. Quelles sont leurs possibilités? Quelles leçons pouvons-nous d’ores et déjà en tirer?

    A Socialisme 2006, des membres de nos sections en Allemagne, aux Pays-Bas et en France témoigneront ainsi que des membres du MAS/LSP qui ont participé aux dernières manifestations contre la guerre en Italie.

    LA RÉSISTANCE EN BELGIQUE: CONTRE LE PACTE DES GÉNÉRATIONS ET DEMAIN CONTRE LE PACTE DE COMPÉTITIVITÉ

    La fin de l’année passée a été émaillée de mouvements d’ampleur en Belgique également. La manifestation syndicale en décembre 2004 n’avait été que le prélude à un mouvement de tout autre ampleur avec les grèves générales contre le Pacte des Générations.

    SAMEDI SOIR: UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS EN BELGIQUE, MEETING AVEC LE WASG, JEF SLEECKX, …

    De ce mouvement a jailli l’idée de démarrer ici aussi un mouvement pour un parti résolument opposé au néo-libéralisme, un parti créé par et pour les travailleurs. Ce projet est en même temps le thème du débat principal du samedi soir avec notamment Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP, aujourd’hui figure de proue du mouvement pour un nouveau parti des travailleurs; Eric Byl, secrétaire général du MAS/LSP; un orateur du WASG allemand; …

    LE TRAVAIL JEUNES DU MAS/LSP

    Venez nombreux à nos ateliers sur les campagnes contre:

    LES ÉCONOMIES DANS L’ENSEIGNEMENT:

    Le nouveau décret de financement du Ministre de l’Enseignement flamand Frank Vandenbroucke prévoit des coupes sombres dans l’enseignement supérieur, avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les étudiants. Il essaye de dresser les différents instituts d’enseignement les uns contre les autres. Les droits d’inscription pourraient atteindre les 25.000 euros tandis que l’offre d’enseignement serait considérablement réduite. Etudiants de Gauche actifs, en collaboration avec la délégation CGSP de la VUB, a démarré une campagne pour unifier dans la lutte les étudiants et le personnel de tous les instituts et établissements d’enseignement.

    LA GUERRE: 3 ANS DE GUERRE EN IRAK

    La guerre “pour la démocratie et contre le terrorisme” n’a été qu’une guerre coloniale brutale pour le contrôle d’une des principales réserves de pétrole au monde. Résultat: mort et misère pour des millions d’Irakiens, un pays au bord de la guerre civile, des économies sur le dos des travailleurs américains et de leurs familles pour financer cette aventure guerrière. Résistance Internationale continue d’organiser la résistance contre cette occupation brutale et exige le retrait de toutes les troupes. Seule une politique socialiste est à même d’unifi er les différents groupes nationaux et confessionnels dans la lutte pour une société où les richesses sont entre les mains de la collectivité. Les troupes et les multinationales n’y ont pas leur place!

    LE RACISME ET TOUTE FORME DE DISCRIMINATION

    Les économies mènent à toujours plus de misère sociale. Le chômage par manque d’emplois, les marchands de sommeil par manque de logements sociaux, les atteintes à nos salaires et à notre sécurité sociale pour étancher la soif de profi ts du patronat… sont les véritables causes du racisme, de l’homophobie et du sexisme. Les politiciens et le patronat essayent d’éluder leurs responsabilités en faisant de grands discours sur la société multiculturelle et les droits égaux. Blokbuster, notre campagne anti-raciste, et la commission femmes du MAS/LSP ont accumulé des années d’expérience dans le domaine de l’anti-racisme et de l’antisexisme qu’ils veulent partager avec vous pour pouvoir mener avec succès la lutte contre toute forme de discrimination et de politique de “diviser-pour-mieuxrégner”.

    PRATIQUE ET THÉORIE DU MARXISME

    LE SOCIALISME: SCIENCE OU UTOPIE?

    Le MAS/LSP et l’organisation internationale à laquelle nous appartenons, loin d’être des spectateurs au balcon, participent activement aux mouvements réels. Nous ne nous contentons pas de rêver d’une société meilleure, nous mettons tout en oeuvre pour qu’elle devienne réalité.

    Pour nous, le socialisme n’est pas qu’ »une bonne idée », mais la seule réponse à la contradiction entre ce système archaïque, le capitalisme, et le développement de la science et de la technique qui a déjà depuis longtemps dépassé les limites de ce système. N’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire, nous constatons chaque jour la montée de la lutte des classes.

    Le MAS/LSP intervient consciemment dans ce processus pour aider cette lutte à aboutir à sa conclusion logique: une société où la production est au service de l’homme en lieu et place de cette société-ci où l’homme n’est qu’un prolongement de la production.

    RÉFORMISME OU RÉVOLUTION?

    Ou comment la lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail et de vie débouche sur une lutte pour une autre société. Cette discussion n’est pas nouvelle dans le mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a écrit à la fin du 19ème siècle sa brochure: “réforme sociale ou révolution?”. Les réformes importantes, imposées par la lutte, ont renforcé pendant toute une période l’illusion qu’on pouvait réformer le capitalisme. Aujourd’hui nous connaissons un retour de balancier. Les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus nombreux à remettre en cause le capitalisme en tant que tel. L’offensive généralisée contre nos salaires, les services publics et les conditions de travail n’y est pas étrangère. Nombre de gens voient leur vie régresser au lieu de progresser. Et ce malgré l’énorme développement de la technologie, de la science et de la richesse. D’autres introductions plus théoriques au marxisme porteront sur la théorie de la révolution permanente de Trotsky et sur l’économie planifi ée face à l’économie de marché.

    Infos

    DATE: samedi 22 et dimanche 23 avril 2006 | LIEU: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, 3000 Louvain | INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81 ou e-mail socialisme2006@socialisme.be / site Internet: www.socialisme.be | PRIX D’ENTRÉE: 25 euros pour les lycéens/étudiants/sans-emplois, 35 euros pour les actifs / participation, repas chauds, logement sont compris dans le prix / crèche sur demande | PROGRAMME DU SAMEDI: Meeting d’ouverture de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 16.30 à 19.00 – Débat principal à 20.00: “Pour un nouveau parti des travailleurs!” – Tout de suite après: Bar & fête à partir de 22.00 | DIMANCHE: Meeting de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 13.30 à 16.00 – Meeting de clôture | POUR LE PROGRAMME COMPLET: téléphoner au 02/345.61.81 ou consulter notre site Internet

  • Liberté d’expression ou diviser pour mieux régner?

    Révolte contre les caricatures

    Le 30 septembre 2005 le quotidien danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures malveillantes du prophète Mahomet dont l’une le représente avec une bombe dans son turban. Dès le mois d’octobre les représentants de la communauté musulmane du Danemark et des ambassadeurs de pays musulmans protestent auprès de la rédaction de Jyllands-Posten et du gouvernement danois. Ils se heurtent à une fin de non recevoir abrupte: la direction du journal refuse de présenter des excuses au nom de la liberté d’expression et le gouvernement se retranche derrière la liberté de la presse. A partir de là, la vague de protestation va s’amplifier peu à peu pour déboucher sur une crise ouverte fin janvier.

    Dossier par Thierry Pierret

    Les manifestations se multiplient dans le monde entier et les produits danois sont boycottés dans nombre de pays musulmans. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression menacée par l’obscurantisme islamique, des journaux de plusieurs pays européens reproduisent les caricatures. Du coup, la colère populaire prend également ces pays pour cible et – parfois – leurs ressortissants dans les pays musulmans.

    Le gouvernement danois pointe du doigt des imams danois qui, lors d’une tournée d’information au Moyen-Orient, auraient fait un amalgame entre les caricatures du Jyllands-Posten et des caricatures plus odieuses encore jamais publiées dans la presse.

    Même si cela devait se confirmer, là n’est pas l’essentiel.

    Une attaque islamophobe

    Le gouvernement danois est un gouvernement de droite qui mène une politique ouvertement raciste. Il a notamment pris des mesures draconiennes pour limiter le regroupement familial des étrangers légalement établis au Danemark. De plus, ce gouvernement minoritaire est soutenu de l’extérieur par le Parti du Peuple danois, un parti d’extrême-droite dont le racisme est le fond de commerce électoral. Ce parti, ainsi que bon nombre de politiciens des autres partis, ne cesse de dénoncer l’islam et les musulmans comme une menace pour la démocratie et les valeurs occidentales et de faire l’amalgame entre islam et terrorisme.

    Après la chute du Mur de Berlin, les néoconservateurs aux Etats-Unis avaient besoin d’imposer une nouvelle image de l’ennemi pour justifier leur rhétorique de guerre. Bien que les Etats-Unis ont jadis soutenu des mouvements réactionnaires d’obédience islamiste, comme en Afghanistan, pour contrer l’influence de l’URSS et des partis communistes.

    L’interview que Carsten Juste, le rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a accordée pour tenter de se justifier est révélatrice à ce sujet. Il y dit notamment : C’est le dessin qui représente Mahomet avec une bombe dans son turban qui suscite les critiques les plus vives. Pourtant, pour moi, l’association saute aux yeux. C’est une façon d’illustrer le problème du terrorisme islamique fanatique, dont les partisans font eux-mêmes le lien entre leurs actes et la religion et son contenu. C’est cela que notre caricaturiste a voulu montrer. C’est un sujet de débat fréquent : «Dans quelle mesure la nature de l’islam contribue-t-elle à engendrer des terroristes ? Cette religion crée-t-elle ses propres terroristes ? » C’est une question tout à fait légitime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait déclencher de pareilles réactions… »

    Suggérer que le terrorisme pourrait découler de la nature de l’islam sous prétexte que des terroristes s’en réclament est aussi stupide que, par exemple, vouloir faire découler le militarisme de la nature du christianisme parce que Bush et les néoconservateurs américains se réclament ostensiblement de cette religion. L’idée de représenter Jésus en tortionnaire de la CIA n’aurait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit du plus anticlérical des caricaturistes européens. Et même dans ce cas il y a fort à parier que Jyllands-Posten ne l’aurait jamais publié parce que, là, Carsten Juste aurait très bien imaginé les réactions… Le gouvernement danois a beau jeu de se retrancher derrière la soi-disant liberté de la presse pour se laver les mains de toute responsabilité. Le fait est que les politiciens danois – en particulier ceux des partis qui forment ou soutiennent le gouvernement – ont créé un tel climat d’hostilité envers les musulmans que le premier quotidien du pays n’a éprouvé aucune gêne à s’en prendre ouvertement à la communauté musulmane à travers la figure de son prophète.

    Le gouvernement danois attise le racisme et l’islamophobie pour diviser les travailleurs et les empêcher de s’unir contre sa politique de régression sociale. Les politiciens et les patrons belges vantent le « modèle danois » comme un modèle à suivre parce que le taux de chômage y est très bas et que le taux d’activité y est très élevé. Il feignent d’oublier que la majorité des emplois au Danemark sont des emplois précaires, à temps partiel ou à durée déterminée. Un salarié doit souvent cumuler deux, voire trois emplois pour s’en sortir.

    La population danoise est pourtant loin de faire bloc autour de l’establishment politicomédiatique. Si le Parti du Peuple danois a gagné 5% d’intentions de votes dans les sondages depuis le début de la crise, plus de 50% des Danois disent comprendre la colère des musulmans et 49% des Danois désapprouvent la publication des caricatures contre 43% qui l’approuvent.

    Le Moyen-Orient en ébullition

    La crise autour des caricatures du prophète n’aurait jamais pris une telle ampleur sans les tensions énormes qui traversent actuellement le Proche et le Moyen-Orient. Des régimes dictatoriaux et corrompus ont récupéré l’affaire des caricatures pour essayer de peser sur les rapports de force sur le plan national ou international. Outre l’Irak et le Liban, deux foyers de tension se sont particulièrement développés récemment.

    Iran. De males propos pour dissimuler les problèmes sociaux du pays

    L’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a été élu Président de la République islamique d’Iran fin juin 2005. Ce populiste de droite a bâti sa fulgurante carrière politique en jouant sur son image d’homme proche du peuple : l’ex-maire de Téhéran avait gardé son salaire de petit fonctionnaire.

    Dans un pays où la corruption générée par la manne pétrolière arrose toutes les factions de l’establishment – et surtout où la population est confrontée à un chômage de masse et à des loyers inabordables dans les grandes villes – c’est un argument qui fait mouche. Ahmadinejad a aussi bénéficié de la démobilisation d’une partie des jeunes et des femmes déçus par la faillite des réformateurs à réaliser leurs promesses de démocratisation.

    L’Iran est une dictature où les partis sont interdits et où les candidats « non-conformes » sont écartés par les chiens de garde du régime des mollahs. Les travailleurs iraniens et leurs familles, ainsi que les couches paupérisées de la population, se sont donc engouffrés dans le maigre espace d’expression politique que constituait cette élection pseudo-démocratique pour émettre un vote de protestation contre l’establishment et un vote-sanction contre les réformateurs. Il ne s’agissait donc en aucun cas d’un vote d’adhésion au régime ou aux idées réactionnaires d’Ahmadinejad comme c’est souvent présenté en Europe.

    Ahmadinejad est d’ailleurs conscient de la fragilité de sa position. Depuis son élection, les conditions de vie de la majorité de la population se sont encore détériorées tandis que le contrôle social du régime sur les jeunes et les femmes s’est renforcé. Pour détourner l’attention de la population, il a multiplié les déclarations antisémites en appelant à plusieurs reprises à « rayer Israël de la carte » et en niant, à plusieurs reprises également, la réalité du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le président iranien a tenu certains de ces propos dans le cadre d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”. En tant qu’internationalistes, les marxistes sont opposés à toutes les formes de nationalisme réactionnaire, y compris le sionisme et l’islamisme. Mais lorsque des politiciens réactionnaires au Moyen-Orient ou en Europe se profilent comme anti-sionistes ou anti-islamistes, ils ne font que jeter un voile idéologique sur leur anti-sémitisme ou leur islamophobie.

    Mais c’est surtout la décision d’Ahmadinejad de reprendre le programme d’enrichissement d’uranium – aux applications potentiellement militaires – qui a mis le feu aux poudres. Cela a déclenché une crise ouverte avec les USA et l’Union européenne qui menacent de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU avec des sanctions à la clé. Mais l’Iran a développé de forts liens économiques avec la Russie et avec la Chine.

    De plus, le régime iranien n’ignore pas que les Etats-Unis sont embourbés en Irak et qu’une intervention militaire est hautement improbable.

    Palestine. La faillite du FAtah ouvre la voie au Hamas

    La disparition brutale d’Ariel Sharon de la scène politique israélienne et la victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes de janvier ont sans doute porté un coup fatal au soi-disant processus de paix. Ariel Sharon n’avait rien d’un homme de paix, toute sa carrière politique et militaire en témoigne. Désavoué au sein du Likoud, il l’a quitté pour lancer une nouvelle formation « centriste », Kadima. Jusqu’il y a peu les sondages promettaient à Kadima une quarantaine de sièges, soit la position de premier parti, lors des élections de mars. Kadima avait pour ambition de négocier avec l’Autorité palestinienne une paix aux conditions d’Israël.

    Mais les élections palestiniennes ont tout remis en question. La victoire du Hamas, qui a remporté la majorité des sièges au Conseil législatif (parlement) palestinien, est une gifle à la face de tous les protagonistes du conflit. Ce résultat est d’autant plus amer que ces élections ont été organisées de façon exemplaire d’après les critères de la démocratie bourgeoise. Les Etats-Unis pourraient même en tirer des leçons…

    Pourtant les Palestiniens ont plus voté contre le Fatah que pour les islamistes du Hamas. Ils ont sanctionné des années de corruption, d’autoritarisme et d’échecs dans la lutte pour la libération nationale. Si on veut prendre la mesure exacte de la corruption de l’Autorité palestinienne (AP), il suffit de savoir que l’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, enquête sur la « disparition » de 700 millions d’euros. Or l’aide annuelle de l’UE à l’AP est d’1 milliard d’euros… Nous avons toujours dit que le Fatah d’Arafat et d’Abbas était plus populaire auprès d’une certaine frange de la mouvance pro-palestinienne en Europe, y compris hélas une certaine gauche, que parmi les Palestiniens. Le résultat des élections en est la parfaite illustration.

    La victoire du Hamas n’a pourtant rien d’un pas en avant pour la lutte des Palestiniens. Le gouvernement israélien en prendra prétexte pour multiplier les faits accomplis. Il a déjà pris des mesures de rétorsion qui priveront l’AP de quelque 30% de ses ressources fiscales. C’est ce qui s’appelle prendre un peuple en otage pour avoir mal voté… Cette politique de rétorsions minera pourtant davantage la position du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, que celle du Hamas. En effet, le Hamas pourrait récupérer une partie du manque-à-gagner en se tournant vers l’Iran, ce qui renforcera l’influence de ce pays dans la région. De plus, les gouvernements israélien et américain mènent une campagne d’isolement de l’AP au niveau international. Mais l’invitation des dirigeants du Hamas par la Russie ouvre déjà une brèche de taille dans ce boycottage. Pour ne rien arranger, des groupes armés liés au Fatah vont probablement reprendre l’initiative militaire contre Israël pour récupérer le terrain perdu dans l’opinion palestinienne.

    Un tel scénario pourrait peser lourdement sur le résultat des élections israéliennes de mars. Le Likoud de droite, qui était en perte de vitesse, pourrait regagner du terrain voire gagner les élections en surfant sur l’inquiétude et l’incompréhension des Israéliens envers le vote des Palestiniens. Le manque d’une alternative socialiste aux partis réactionnaires, nationalistes ou religieux, se fait cruellement sentir des deux côtés.

    Afin de sortir de l’impasse, il faut une unité des travailleurs dans la lutte commune contre le système capitaliste.

  • La lutte des classes émergente et la crise capitaliste en Asie

    Conférence Internationale du CWI

    « Si l’économie et les relations mondiales sont dominées par les développements sociaux et économiques dramatiques en Chine, alors pour l’Asie le pas et l’ampleur de ces développements sont encore plus significatifs. » Clare Doyle ouvrit la discussion sur les développements en Asie lors de la conférence du Comité Exécutif International du CWI en décembre dernier. Une fois que l’économie chinoise commencera à faiblir, voire à s’effondrer, cela aura des conséquences terribles à l’intérieur de la Chine et à travers toute la région.

    Article de www.socialistworld.net

    Bien que la plupart des économies en Asie sont toujours sujettes à une croissance relativement grande, celle-ci est extrêmement fragile. Tout comme la Chine, ces économies reposent sur une main d’œuvre bon marché, sur de hauts niveaux d’investissement, et sur le commerce, avec les USA aussi bien qu’avec les autres pays asiatiques.

    Elles n’ont pas été capables de développer aucun marché interne sérieux pour y écouler leurs marchandises. La course néolibérale mondiale vers les superprofits, conduite à la fois par les capitalistes nationaux et internationaux, n’a mené à aucune amélioration de la capacité de la majorité asiatique frappée par la pauvreté à acheter même les produits vitaux de base. Au contraire, énormément de pays asiatiques ont été ceux où le fossé entre riches et pauvres s’est le plus vite creusé.

    Le boom présent, mené par les investissements, pourrait rapidement laisser place à une nouvelle crise asiatique comme celle de 1997, mais à une échelle encore plus grande. La crise de 1997 a été suivie par des mouvements de masse, qui dans certains cas ont pris des proportions révolutionnaires. Un certain nombre de régimes dans la région ont été ébranlés quand la dictature du Général Suharto, en Indonésie, fut défaite. Maintenant, et surtout si l’immense bulle de surproduction chinoise devait éclater, ou si des luttes de classe majeures devaient commencer dans ce pays, nous pourrions nous attendre à des convulsions révolutionnaires encore plus grandes qui se répercuteront sur toute la région.

    L’Asie est toujours le foyer d’un grand nombre de régimes qui emploient des méthodes dictatoriales pour maintenir leur prise sur le pouvoir. Certains, incluant la Chine, interdisent même les droits démocratiques les plus basiques à leurs citoyens. 60 prisonniers en Chine ont été arrêtés pour « offenses par internet ». La Chine est 159è sur 167 dans le classement de liberté de la presse qui a été établi par « Reporters sans frontières ». Les demandes pour les droits élémentaires peuvent, dans des circonstances telles que celles qui existent sous les dictatures asiatiques, devenir révolutionnaires par elles-mêmes.

    Des manifestations de rue, des grèves générales, ont été aperçues à travers toute la région – de l’Indonésie et des Philippines, avec des protestations massives contre le décollage des prix du carburant et de la nourriture, jusqu’à l’Inde et à la Corée du Sud, où des millions de travailleurs sont partis en grève contre les privatisations et la dérégulation.

    Hong Kong a accueilli un quart de million de manifestants dans ses rues le 4 décembre, qui demandaient le droit élémentaire au suffrage universel, et a été chamboulé par des manifestations anti-OMC dans la semaine qui a suivi. Aucune des grandes puissances mondiales n’était optimiste quant aux discussions qui n’ont pas abouti à quoi que ce soit pour aucune d’entre elles. Comme il a été suggéré lors de la discussion, peu d’élites asiatiques anticipent l’avenir avec confiance.

    Ces perspectives soulignent l’urgence de la construction de nouveaux partis des travailleurs de masse, et de cadres révolutionnaires forts dans la région.

    La Chine

    Le CWI a, depuis un certain temps, été enclin à mieux comprendre les processus qui se déroulent en Chine, et en particulier les attentes et l’attitude de sa population. Dans la rapide industrialisation et transition vers les relations capitalistes de marché qui a terriblement accéléré lors des dernières années, la grande majorité de la population a été laissée de côté. Il y a plus de pauvres absolus en Chine qu’en Inde. Des 248 millions de foyers ruraux, 200 millions dépendent de parcelles de terre d’une taille moyenne de 0.65 hectares ! D’un autre côté, la plus grande classe ouvrière du monde a été créée.

    Mais, en dépit de l’étiquette « communiste » officielle de l’élite dirigeante en Chine, ainsi que Laurence Coates, de Suède, a fait remarquer, aucune protection légale n’existe pour 60% des lieux de travail. « Ceci est la plus grande force de travail non-syndiquée du monde », où l’on parle d’un syndicat en tant qu’authentique organisation des travailleurs, indépendante de l’Etat. Et pourtant, « il y a 160 grèves ou manifestations chaque jour, et de 90 à 120 manifestations dans les zones rurales ». Et comme le montra PerAke Westlund, ceci signifie qu’il y en a maintenant plus dans les villes qu’à la campagne.

    Néanmoins, les fermiers et leurs familles sont constamment impliqués dans des conflits brutaux avec les forces de l’Etat quand ils mènent bataille contre les expropriations du gouvernement ou des investisseurs privés. Depuis 1992, une région de la taille de l’Italie a été illégalement saisie par des privés. Il y a une résistance opiniâtre contre le bulldozing des maisons entrepris afin de faire de la place pour les sites de construction des Jeux Olympiques, et une bataille particulièrement tragique fut le blocage durant trois semaines d’une grand’ route à Chonging, une ville de 30 millions d’habitants ( avant la fin de notre Conférence, des rapports nous sont parvenus, faisant état d’un des pires massacres de civils depuis celui de la place Tiananmen, au village de Dongzhou dans la province de Guangdong ).

    La catastrophe de Harbin a éveillé la colère et l’indignation de 9 millions de personnes dans la région à qui on avait menti. Des souvenirs de la manière dont a été étouffée l’affaire de l’épidémie de SARS, et les craintes d’une grippe aviaire pourraient se raviver et se développer sans avertissement officiel. La rancœur vis-à-vis des désastres de ce genre, ou de ceux vécus dans l’industrie minière – où 10 000 travailleurs meurent chaque année – s’accumule. Les suicides touchent un quart de million de fermiers pauvres chaque année. Combien de temps faudra-t-il avant que ce niveau de frustration et de colère prenne la forme de luttes – d’abord régionales, puis nationales – comparables à celles de la fin du 19è siècle et du début du 20è siècle en Russie ? demanda Clare.

    Les membres du Parti Communiste Chinois ( PCC ) vont avoir de plus en plus difficile à étouffer les informations au sujet de ces calamités et, le pire pour eux, au sujet de la corruption et de la mauvaise gestion de leurs propres dirigeants nationaux et locaux. Même en gonflant le nationalisme en guise de diversion, ils pourraient susciter des mouvements de protestation qui pourraient se retourner contre eux-mêmes.

    En s’accrochant à l’image de Mao et en prêchant toujours la parole « marxiste », tout en poursuivant le tournant vers des relations capitalistes complètes dans la production, le PCC tient une épée à double tranchant. Il y a d’office des sentiments profondément ancrés en faveur de la justice, de l’égalité, de la propriété et de l’entreprise collectives dans la majorité de la population. Etant donné que l’« expérience » d’une ouverture vers le capitalisme a commencé en Chine il y a plus de 30 ans, les illusions qu’il peut bénéficier à la population doivent s’être réduites à peau de chagrin.

    En tentant d’éviter la « thérapie de choc » de la transition directe vers le capitalisme qui accompagna la chute de l’Union Soviétique, le PCC accumule ce qui deviendra une explosion gigantesque quand les choses iront mal pour eux. Au sujet de ce qu’ils feront le jour où l’économie chinoise se prendra un mur, le débat est toujours ouvert, mais il serait douteux que la clique dirigeante actuelle échappe à l’orage. Lors d’une crise, certaines mesures de renationalisation pourraient être introduites, mais un retour complet à la propriété étatique et à la planification centralisée de jadis n’est pas sur l’agenda.

    En commentant certains points qui avaient été relevés au cours de la discussion sur la Chine, Peter Taaffe, de Grande-Bretagne, fit remarquer que pour le moment, il ne faisait aucun doute que cette économie au turbo allait toujours de l’avant. Il mentionna la difficulté à se reposer sur les statistiques officielles en provenance du régime (et depuis la fin de la Conférence, les derniers chiffres ont été révisé jusqu’à plus 20% !). Mais Peter sentait aussi qu’il n’y avait guère besoin d’être trop pressé pour pouvoir caractériser la nature actuelle de la société chinoise. PerAke de Suède cita un rapport de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) qui disait que la Chine a terminé sa transition d’une « économie planifiée centralisée » vers une « économie de marché libre », mais exprima son accord quant à l’importance de toujours réévaluer la situation concrète. La futur proche contient de grands défis pour le CWI en terme d’analyse et en terme de construction d’un soutien pour les idées et traditions du trotskysme.

    Une période tumultueuse s’ouvre sans aucun doute en Chine, dans laquelle le développement de syndicats indépendants et d’une direction révolutionnaire de la classe ouvrière seront cruciaux. Il est nécessaire d’avoir un programme qui appelle à la lutte dans les secteurs publics contre les privatisations, pour un vrai contrôle des travailleurs, au moyen de la démocratie ouvrière, dans les secteurs publics, pour la renationalisation, et pour un gouvernement ouvrier qui établirait des droits démocratiques pour tous. Mais un tel programme doit être élaboré et développé à travers le dialogue et l’implication des travailleurs en lutte à l’intérieur de ce vaste pays lui-même.

    En guise de note de bas de page à ses commentaires, Clare mentionna le retournement de veste récent du grand gourou Den Xiaoping – l’homme qui a fourni la base idéologique qui décrivait le capitalisme en tant que premier stade du communisme. Apparemment, il serait maintenant en train de dire que l’économie de marché occidentale devrait être bannie des universités, et qu’on devrait y réinstaurer l’économie marxiste !

    La région

    Le reste de la discussion lors de cette session lors de cette session a été surtout concentré sur les développements au sein des pays principaux où le CWI possède des forces, mais l’on fit mention d’un ou deux autres développements significatifs dans la région. Le nouveau parti des travailleurs en Corée du Sud, par exemple, le Parti Démocratique du Travail Coréen ( PDTC ), qui comptait 10 parlementaires et 60 000 membres, était en train de subir un important revers. Un scandale de corruption a mené à la démission de la direction entière de la fédération syndicale indépendante qui l’avait fondé – la CSC, Confédération Syndicale Coréenne. Une importante élection partielle en Ulsan a été perdue par le parti, et la CSC elle-même éprouvait des difficultés à mobiliser les lourds bataillons dans l’industrie d’ingénierie pour ses campagnes contre les intérims et les contrats à durée déterminée.

    A travers la région, les prix du carburant croissants et le retrait des subsides ont mené à de grands mouvements de protestation. Il est possible que les plus fréquents et les plus larges de ces mouvements dans la période récente se soient déroulés en Indonésie. Sous couvert de la lutte contre le terrorisme, des mesures de répression ont été introduites, qui ramenèrent à la surface des souvenirs du régime dictatorial de Suharto.

    Un agréable effet secondaire dû à la pression exercée par l’impérialisme américain dans la région, depuis le 11 septembre et après le désastre du tsunami, a été le pas en avant vers la « résolution des conflits » – en Aceh, Indonésie, au Cachemire, et au Sri Lanka. Mais, sur base du capitalisme, ni une solution finale ni une authentique coopération interethnique ne peuvent être garanties. Ces processus vont connaître des progrès – démilitarisation, démobilisation, négociations – puis de nouvelles explosions de conflit.

    Peter Taaffe montra, par analogie avec ces processus, la nature de va-et-vient de la lutte pour un accord en Afrique du Sud lors des années 90-94. La bourgeoisie voulait un arrangement, mais le pays était en état de quasi guerre civile avant que le suffrage universel ne soit établi. Il utilisa aussi l’exemple de ce que De Gaulle avait réalisé dans les années 50 en France, en guise de perspective quant à ce que pourrait faire le nouveau président sri lankais. Mahinda Rajapakse a été élu sur une base de non-réconciliation avec les combattants de la « libération », les Tigres tamouls. Alors que De Gaulle avait été élu avec le slogan anti-indépendance d’« Algérie française ». De la même manière que, pour éviter une longue et dommageable guerre, De Gaulle se décida à conclure un accord de paix avec le Front de Libération National (FLN), qui accorda l’indépendance au pays, ainsi Rajapakse, sous la pression de l’impérialisme, pourrait être forcé de s’asseoir à la table de négociation avec les TLTE (Tigres de Libération Tamouls d’Eelam), et d’adopter un certain genre de compromis pour éviter une résolution dans la guerre ouverte.

    Cette discussion d’une journée sur l’Asie, à la Conférence de l’Exécutif International du CWI, fut particulièrement enrichie par les contributions de participants actifs à la lute des clases dans la région. Ces camarades expérimentés comprennent bien l’importance vitale qui doit être accordée à la recherche de perspectives pour le développement des événements, de sorte à intervenir le plus efficacement possible. C’est seulement de cette manière qu’il est possible de canaliser les énergies de ces partis et groupes qu’ils représentent sur ces activités qui vont renforcer leurs propres aptitudes de combat, et celles des travailleurs et des pauvres de leurs pays. Ce faisant, ils préparent les forces du CWI à prendre l’avantage des opportunités qui s’ouvrent pour la construction et la consolidation des forces du changement socialiste révolutionnaire.

    Pakistan

    L’arrière-plan de la discussion a été établie par les récents accomplissements majeurs des forces du CWI au Pakistan et au Sri Lanka – en réponse aux deux grands désastres « naturels » des douze derniers mois, et lors des dernières grèves et élections importantes.

    La réputation du SMP (Mouvement Socialiste Pakistanais) et de la campagne pour les droits syndicaux (Trade Union Right Campaign Pakistan, TURC-P) a grandi à pas de géant lors de la lutte de 65 000 travailleurs contre la privatisation des télécommunications – la plus grande grève du secteur public depuis 30 ans – et, plus récemment, durant la magnifique mobilisation d’aide pratique et politique qui a eu lieu après la destruction massive du tremblement de terre en Octobre.

    Treize camarades et sympathisants du PSM ont été élus en tant que conseillers locaux au cours des élections presque démocratiques organisées par le Général Mousharaf. Ils sont maintenant capables d’utiliser ces positions pour aider les travailleurs de bon nombre d’entreprises à s’organiser (seuls 3% des 11 millions de travailleurs pakistanais sont syndiqués, ce travail est donc crucial dans la région). « Le Pakistan est une nation piégée entre une mosquée et une garnison », déclara Khalid Batti en guise d’introduction à sa contribution. Sous Mousharaf, les militaires ont consolidé leur domination. Ils possèdent en tout un capital de 13 milliards de dollars, ce qui représente 24% du PNB. L’armée pakistanaise est maintenant le plus grand propriétaire terrien du pays, possédant au moins 18 millions d’hectares de terre. Elle est devenue, économiquement, l’aile dominante de la classe dirigeante, et a constamment colporté l’idée que l’armée est la seule force à qui l’on peut faire confiance. Depuis le tremblement de terre, il y a eu un changement terrible dans l’attitude de la population. Une haine de mase a explosé contre l’armée. En dépit de tout son armement nucléaire, elle n’a pu trouver que 26 hélicoptères à sa disposition, et a pris 5 jours pour atteindre les zones affectées et commencer son travail de secouriste, alors que les maisons, hôpitaux et écoles de millions de personnes s’étaient effondrés autour d’eux.

    Maintenant, la situation s’est changée en son contraire. Ces jours-ci, insulter les militaires passe pour une expression d’amour pour son pays ! Un sondage récent a montré que 78% de la population ne fait plus confiance à l’armée, que seuls 11% se fient à la police, et que seuls 3% croient en la justice des tribunaux. « 99% des gens détestent les Américains – la classe dirigeante américaine, bien sûr. Surtout pour ce qu’ils sont occupés à faire en Afghanistan », dit Khalid. « 90% de la population souhaite une révolution violente… ils veulent pendre les riches. » Tel est le niveau de pauvreté – 63% vivent sous le seuil de pauvreté, et les salaires ont chuté de 35% l’an passé. La CIA maintenant reconnaît le Pakistan comme un « grand danger pour la stabilité en Asie ».

    Mousharaf s’est trouvé sans aucune base sociale, et a tenté (sans succès apparemment, depuis notre Conférence) de former des alliances avec de vieux adversaires tels que l’ancien Premier Ministre, Nawaz Sharif, qu’il a évincé par son coup d’état militaire, ou tels que Benazir Bhutto du PPP (Parti Populaire Pakistanais). Mousharaf recherchait le soutien de Bhutto, en particulier pour arriver à une sorte de compromis avec l’Inde au sujet du Cachemire. Sous la pression énorme de l’impérialisme américain, il semblerait qu’une période de normalisation des relations peut être à l »ordre du jour, avec peut-être l’établissement d’une zone démilitarisée au Cachemire.

    Comme Khalid l’expliqua, Benazir instaurerait en général le même genre de programme que Mousharaf, y compris en ce qui concerne sa politique économique. Elle accomplirait encore plus de réformes, et n’annulerait aucune privatisation. Elle se vante aussi d’être capable d’« écraser les fondamentalistes de manière plus efficace ».

    En fait, les groupes musulmans fondamentalistes de droite ont déjà subi des pertes considérables de soutien au cours de la dernière période. Seul le tremblement de terre et l’inaction criminelle du gouvernement leur a donné une chance de récupérer un peu.

    A la fin de sa contribution, Khalid cita le fait qu’une grosse vague de hausse du fondamentalisme approche au Bengladesh proche. Jusqu’ici, la « société la plus séculière » de la région, ce pays a connu 700 attaques à la bombes massives lors des quatre derniers mois. L’arrivée d’une franche dictature militaire n’est pas exclue, et le gouvernement américain la soutiendrait. Ainsi que l’a montré la manifestation de masse qui a parcouru le Bangladesh en protestation à une journée de bombardements en août, « la classe ouvrière est la seule force capable de mettre un frein à cette recrudescence de barbarie », et le Bangladesh est un pays dans lequel le CWI doit commencer à construire une base.

    Durant la discussion, Peter Taaffe, qui visita le Pakistan cette année, mentionna le fait que le sentiment prérévolutionnaire se développe à l’intérieur du pays battu par la misère. Il nous rappela aussi d’une discussion importante au sein du CWI quant à la nature de l’Islam politique. Il avait été déclaré qu’en Orient, les formes modérées du fondamentalisme islamique étaient d’une variété assez douce, mais qu’en fait, on a assisté depuis lors à la croissance de formes particulièrement virulentes de « jihadisme ». Il fit remarquer aussi que certaines des plus grandes organisations musulmanes populaires peuvent s’avérer être un grand, voire très grand obstacle, au développement des idées et des partis socialistes.

    Sri Lanka

    Les camarades de l’USP (United Socialist Party, CWI) au Sri Lanka ont joué un rôle vital au sein de la lutte des pauvres de l’île pour la survie et la justice après le passage du tsunami. Le secrétaire du parti, Siritunga Jayasuriya, déclara lors de la Conférence du Comité Exécutif International que « Avec l’aide des camarades du CWI, nous fûmes la seule organisation à agir rapidement au Sri Lanka » Si le gouvernement n’avait pas été si lent à agir, il aurait pu sauver les vies de dizaines de milliers de gens, y compris celles des 2000 personnes qui ont péri dans un train lorsque ce dernier a été jeté hors de ses rails par la seconde vague tueuse. « Ils peuvent téléphoner très vite à New York pour sauver leurs actions et leurs parts, mais ne sont pas capables de prendre le cornet quand il s’agit de vies ! » dit-il.

    L’USP en 2005 a reçu un petit électorat, comparé à celui des deux principaux partis capitalistes, mais est maintenant le troisième parti du pays. « Sur l’échelle de Richter du mouvement ouvrier », comme Peter Taaffe inclut dans sa contribution, « le vote pour l’USP est extrêmement significatif ».

    Siri lui-même a été candidat, et a montré du doigt l’immense publicité qui nous a été faite après les résultats. Un journaliste a dit qu’une véritable bombe a été lancée au milieu des procédures quand Siri a été capable de s’exprimer à la télévision juste après le discours d’introduction de Mahinda Rajapakse. Siri a fait le point sur les conséquences horribles de l’attitude ouvertement communautariste du vainqueur, qui avait polarisé la société sur des bases ethniques. C’est la première fois dans l’histoire que le président a été élu uniquement par la population singhalaise. « Vous avez lâché les chiens, et vous allez avoir du mal à les faire rentrer dans le chenil ! » a-t-il dit, se référant aux forces du JVP (le Front de Libération Populaire) et du JHU (l’organisation des moines bouddhistes), et à la vague de chauvinisme singhalais qu’il a déclenchée.

    La minorité opprimée des Tamilophones du Sri Lanka, dit Siri, savent qu’ils n’ont rien à attendre du nouveau président. Et c’était Chandrika Bandaranaike – la chef de son parti (le Parti de la Liberté du Sri Lanka) – qui avait remporté la victoire avec 62% des voix quand elle avait dit « Je mettrai un terme à la guerre » durant les élections de ’94. « C’est comme quand j’étais gosse, et que mon père m’amenait au manège. On pense avoir voyagé quelque chose comme 2 miles, mais quand on descend, on est toujours au même endroit ! C’est ce que les Tamils ressentent. »

    Plus tard dans la discussion, Mahinda du Sri Lanka nous parla du scandale des 400 000 personnes toujours sans travail après le tsunami, et des dizaines de milliers de familles qui vivent toujours dans des logements temporaires. L’anniversaire du tsunami était proche, mais avec le gouvernement actuel, il n’y aurait aucune réactivation de l’accord connu sous le nom de « P-TOMS » pour la distribution de ressources de survie vers toutes les zones du pays, incluant les parties septentrionales et orientales contrôlées par les TTLTE.

    Le JVP pousse à la guerre, et insiste sur le besoin d’un Etat unitaire, sans aucun élément de décentralisation du pouvoir. Depuis les élections, il y a eu beaucoup d’intérêt dans notre parti pour les Tamilophones qui réalisent que l’USP est le seul parti qui les a défendus. Mais nos camarades reçoivent des coups de fils menaçants de gens qui ne désirent pas les voir défendre les droits de la minorité tamile. D’un autre côté, nous avons également reçu des centaines d’appels de félicitations une fois que les résultats électoraux ont été connus.

    Beaucoup de ceux qui pensaient que la gauche était écrasée et avaient rompu avec les idées socialistes ont maintenant reconnu que l’USP est la force de gauche principale au Sri Lanka. La parti doit s’approprier de nouvelles sources d’énergie et d’initiative afin de réaliser toutes les ouvertures magnifiques qui s’offrent à lui. L’USP peut devenir une réelle force pour un changement socialiste au Sri Lanka, et agir en tant que balise pour les autres socialistes dans la région, et internationalement.

    La Malaysie

    Développant en détail des points importants sur la Malaisie, Ravie, du Parti Socialis Malaysia (PSM) parla des grands espoirs de la population malaise en le fait que, quand Abdullah Badawi a pris le poste de Premier Ministre de Mahathir Mohammad il y a de ça deux ans, tout allait changer pour le mieux. Il avait promis de mener une bataille contre la corruption, et pour améliorer les droits démocratiques de façon significative. En fait, à part assurer que l’ancien vice-Premier Ministre de Mahathir, Anwar Ibrahim, soit bien relâché de prison et libre de toute décharge à son nom, Badawi n’a fait que régler leur compte à quelques petits politiciens et hommes d’affaires corrompus, sans toucher aux « gros requins » qui constituent le vrai problème. Il a promulgué une version progressive et « politiquement correcte » de l’Islam afin de contrecarrer l’opposition du Parti Islamique (PAS), ainsi que des valeurs et traditions du « premier-monde » pour remplacer celles du « tiers-monde »

    Badawi et le gouvernement de Front National ont maintenu, et même renforcé, l’agenda pro-capitaliste de Mahathir. La brutalité policière et la corruption à chaque niveau du gouvernement sont devenues de plus en plus courantes. La destruction environnementale, telle que le problème du brouillard de pollution, est devenue encore pire. De la main d’œuvre étrangère illégale est renvoyé chez elle par la force. Les droits des travailleurs et de leurs syndicats sont sous attaque, et de nouvelles tentatives de privatisation des soins de santé, de l’éducation et des produits de base tels que l’eau courante sont opérées. La TVA qui sera appliquée dès 2007 va se matérialiser par plus de taxes pour les consommateurs, pour accroître les profits des capitalistes.

    La Malaysie est à présent le pays avec la plus grande disparité entre riches et pauvres en Asie du Sud-Est. Le parti au pouvoir en Malaysie – l’Organisation Nationale des Malais Unie (ONMU) – est parvenu à maintenir son emprise totalitaire sur le pouvoir depuis 48 ans depuis l’indépendance. C’est le parti dominant en Malaysie dans le BN, ou Front National, avec différents autres petits partis raciaux (Chinois, Indiens, et autres). Il a pu s’accrocher au pouvoir politique pendant 48 ans car il a correctement utilisé la règle du « diviser pour régner » qui lui ont été apprises par le Colonialisme Britannique. La « Nouvelle Politique Economique », et d’autres mesures, a été conçue au départ pour alléger la pauvreté des Malais, mais a été utilisée à la place pour créer des magnats malais qui seraient en mesure de concurrencer les hommes d’affaires chinois ! Les compagnies d’Etat, qui ne représentent que 5% des firmes cotées sur les bourses Malaises, mais qui valent 36% de sa capitalisation sur le marché, sont en crise. La rhétorique nationaliste employée pour justifier l’établissement d’entreprises étatiques semble maintenant être passé en-dehors de la mode. Une part de 5% des Telekom a été vendue à un partenaire singapourien. « C’est un Américain qui dirige maintenant la fonderie de micro-puces de SilTerra, et c’est un Hollandais qui gère les trains de navetteurs à Kuala Lumpur ». Volkswagen pourrait acheter une partie de proton, la fabrique de voitures nationale, qui est entrée en lutte, tout comme d’autres entreprises d’Etat, telles que Malaysian Airlines, ou la Banque Islamique.

    Face aux emplois qui se font aspirer vers la Chine, Ravie expliqua que le gouvernement Malaisien a tenté d’attirer de nouveaux investissements étrangers, en mettant en œuvre de nouvelles lois du travail qui devraient permettre de maximiser la flexibilité et de minimiser le coût de la main d’œuvre, notamment grâce à la réduction des droits syndicaux.

    Seuls 8% des travailleurs sont membres en Malaisie du Congrès Malais des Syndicats (Malaysia Trade Union Congress – MTUC) qui, malgré l’élection de quelques leaders « radicaux », semble totalement passif, et désoriente les militants de base. Le MTUC est unique en tant qu’organisation multiraciale, multi-religieuse et plurilingue, avec la capacité de devenir une organisation trsè puissante de la classe ouvrière, comme dans les années 40 et 50. Mais à présent, il n’y a aucune organisation pour secouer le MTUC afin qu’il représente réellement les travailleurs.

    Ravie expliqua comment le gouvernement malais a constamment utilisé l’Internal Security Act et d’autres lois de détention préventive contre les travailleurs, les syndicalistes, les étudiants, les activistes, les partis d’opposition et les medias qui critiquent le gouvernement et défendent les droits démocratiques. Il fit un exposé de la plupart des forces d’opposition, et des perspectives pour la bourgeoisie malaisienne d’utiliser Angwar Ibrahim afin de protéger leur système contre une opposition croissante.

    Il y a un vide énorme au sein de la gauche malaisienne, dit-il. Tout comme Clare l’avait indiqué dans son introduction, le PSM est le seul parti politique de Malaisie qui a soutenu les luttes de la classe ouvrière et des pauvres contre la brutalité du capitalisme. Les régimes stalinistes et maoïstes avec leurs « socialisme » et « marxisme » déformés ont été un obstacle dans le passé pour le développement d’une véritable direction à la classe ouvrière, et bloqué beaucoup de lutte des travailleurs dans différents pays, mais l’internationalisme socialiste était vital pour tirer de ces expériences toutes les conclusions nécessaires.

    L’Inde

    L’existence persistante de grands partis « communistes » en Inde complique encore aujourd’hui la tâche des marxistes. Non seulement ces partis déforment complètement les idées du marxisme, mais à travers leur taille, rendent difficile la mise en avant de l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. Les deux partis « communistes » – le CPI (Parti Communiste Indien) et le CPI(M) (Parti Communiste Indien (Marxiste))- soutiennent de l’extérieur le gouvernement de Front Démocratique. Il paraîtrait que celui-ci empêche la poursuite des privatisations et des autres mesures de dérégulation. La forte grève générale de 50 millions de travailleurs le 29 septembre, contre les mesures néolibérales du gouvernement, a montré leur capacité à mobiliser de larges couches de travailleurs, même sans faire d’efforts. Avec des élections prévues au Kerala et au Bengale Occidental, où le CPM contrôle le gouvernement régional, leur image de « gauche » doit être maintenue.

    Mais, en fait, ces administrations montrent bien jusqu’à quel point ils ont abandonné les idées de la lutte pour le socialisme. La devise de Buddhadeb Bhattachariee (ou « Bouddha »), la tête du gouvernement basé à Calcutta, est « la réforme ou la mort » ! Il est célèbre pour encourager les multinationales à se déplacer au Bengale Occidental en leur promettant une main d’œuvre conciliante et en déclarant les grèves illégales, même dans les technologies de l’information, que son gouvernement a désigné comme étant un « service essentiel » ! Clare rappela le scandale des 47 million de dollars des impôts prélevés sur les contribuables (travailleurs) britanniques et qui ont été dépensés par le Département pour le Développement International pour payer les travailleurs au Bengale Occidental et préparer le terrain aux campagnes de privatisations massives du Parti « Communiste ».

    Dans sa contribution à la discussion, Jagadish de Socialist Alternative (CWI-Inde) fut emphatique quant au caractère bourgeois des dirigeants du CPI(M) – ils sont plus comme un parti social-démocrate de droite. Au Kerala, qu’il visita récemment, le CP était un des plus gros propriétaires d’entreprises privées !

    La partie la plus pénible de son discours fut la comparaison de quelques statistiques au sujet de la réalité des deux « géants » asiatiques – la Chine et l’Inde. La valeur de l’économie chinoise est de 1 266 miliards de dollars, tandis que celle de l’Inde est de 510 milliards. Les Investissements Directs Etrangers, d’une valeur de 4,5 miliards en Inde, valent moins de 10% des IDE en Chine. L’espérance de vie est de 8 ans plus élevée en Chine, et le taux de génération d’électricité y est trois fois plus grand.

    « Si l’économie indienne doit décoller, alors elle a besoin de beaucoup d’élan », dit Jagadish, citant Thomas Freidman du New York Times. Même le niveau d’éducation de la nouvelle classe ouvrière en Inde était affectée par l’infrastructure qui existait lors de la période précédente. Comme le commentait Dagga du Nigeria lors de la session précédente, le rapide taux de développement actuel en Chine est lié au développement, pendant des décennies, sous une économie planifiée d’infrastructures de base, d’éducation, etc. Jagadish exposa que, bien que neuf millions d’étudiants soient diplômés en Inde chaque année, seuls 200 000 offres d’emploi leur sont disponibles. Il n’y a pas que les fermiers désespérés qui recourent au suicide pour résoudre leurs problèmes, mais aussi de jeunes gens qualifiés, dont les espoirs en un futur bien rempli s’écrasent sur les rochers de la réalité.

    A la question de déterminer la taille de la classe moyenne grandissante en Inde, il est difficile de répondre. Elle n’est certainement pas assez étendue en elle-même que pour mettre en route un niveau de croissance économique sain, étant donné la pauvreté absolue du reste de la population. Au concours des plus grands niveaux de corruption du monde, l’Inde doit être parmi les premiers. Tout en haut de la société, se trouvent les oligarchies monopolistiques tels que les frères Tata et Hinduja, ainsi que divers poids lourds du gouvernement, parmi lesquels la corruption est notoirement monnaie courante. Mais même les fonctionnaires responsables de la distribution des cartes de rationnement parmi les couches les plus pauvres de la société amassent une fortune. Ils sont les récipiendaires de bakchichs petits mais réguliers de la part de ceux qui veulent échanger leurs cartes de rationnement jaunes contre les cartes vertes, de sorte à recevoir un peu plus de subsides qui leur permettront de s’acheter quelques produits vitaux !

    « Pour les riches en Inde », dit Jagadish, « la mondialisation est une belle œuvre lyrique ; pour les pauvres et les travailleurs ordinaires, ce n’est qu’une morne tragédie ».

    Les autres pays de la région

    Au cours de la discussion, les camarades d’Australie, d’Autriche et du Kazakhstan apportèrent d’intéressantes contributions sur les autres développements dans la région. L’Australie est une puissance importante dans l’Asie Pacifique, et tente d’y jouer un rôle impérialiste. Elle a à présent le bénéfice d’un excédent commercial, expliqua Steve Jolly, mais ce qui se passe en Chine ne présage rien de bon pour l’Australie. Les emplois s’envolent. L’insatisfaction vis-à-vis du gouvernement, y compris envers les avancées dans les lois anti-terroristes, est croissante, et une initiative pour un nouveau parti des travailleurs a été rpise au Victoria.

    Ayant visité la Malaisie en septembre pour le week-end Socialisme 2005 du PSM, Steve était impatient de pouvoir aller plus loin dans la coopération, la solidarité et les échanges mutuels d’idées ploitiques avec ces camarades. Steve insista sur les leçons à tirer des événements dans la région. Tout en se félicitant de la tendance vers la résolution des conflits, les échecs des gouvernements et des mouvements d’opposition à obtenir des rapports complets sur les tueries atroces perpétrées par l’Armée Indonésienne au Timor Oriental et, maintenant, en Aceh, sont inacceptables.

    Au Viêt Nam, ainsi que Sonja Grusch, d’Autriche, nous l’exposa, les deux tiers de la population sont soit au chômage, soit sous-employés. Sonja a récemment visité le pays, et écrit à ce sujet. La moitié de tous ceux qui ont un emploi se trouvent dans le secteur public, bien que ces emplois semblent ne contribuer qu’à 38% de la production du pays. 25% du PNB est maintenant produit à travers l’étranger. La classe capitaliste est très avancée dans son processus de formation. Il va certainement y avoir certaines illusions dans le capitalisme, mais il y a aussi eu d’importantes grèves à Than Pho Ho Chi Minh et ailleurs. Le Viêt Nam est un pays avec de grandes traditions trotskystes, profondément enterrées mais, puisque le capitalisme sera incapable de satsifaire aux besoins basiques de la population, elles vont être remises à jour.

    Sergei du Kazakhstan décrivit la situation dans le pays, qui a maintenant sa place parmi les dix plus grands producteurs de pétrole. C’est ce qui se cache derrière l’arrogance du président-dictateur Nazarbayev et de ses sbires. Personne ne fut surpris d’apprendre que Nazarbayev avait à nouveau remporté les toutes dernières élections (en fait 90% des voix ) ! Vu que sa famille contrôle chacune des neuf chaînes de TV du pays.

    Le soi-disant « parti communiste » a été incapable de construire la plus infime des oppositions, sans parler de sa capacité à présenter une alternative de classe claire au capitalisme mafieux de Nazarbayev. Il a perdu plus de la moitié de ses voix depuis les 12% qu’il avait reçu lors des élections précédentes. Mais il y a eu d’importantes grèves dans les usines détenues par des étrangers, et des occupations de terres face à la privatisation.

    Les camarades du CWI au Kazakhstan, face à d’âpres conditions de répression politique, anticipent sur le fait que, surtout en réponse à l’inflation florissante, il va y avoir un accroissement considérable des luttes de classe à travers le pays. Ceci fournira l’occasion à leurs jeunes camarades de construire un embryon de futur parti des travailleurs des masses.

    Conclusions

    « Les contributions des camarades lors de cette discussion ont souligné l’accroissement en fréquence et en amplitude de la lutte des classes » dit Kevin Simpson lors de la conclusion de cette session. Elles ont aussi indiqué l’accumulation des connaissances et de la compréhension de cette Internationale, et l’influence grandissante de nos partis et groupes politiques. Il y a une montée de la lutte des classes en Chine, mais apporter une compréhension de la situation concrète et de la conscience des travailleurs est vital afin de construire les forces anticapitalistes et, en particulier, révolutionnaires.

    La liberté d’opération de bon nombre de compagnies en Chine, qui appartiennent de manière évidente à des privés ou à des étrangers, est sévèrement restreinte. Si des compagnies étrangères tentent de poursuivre des opérations qui vont à l’encontre des intérêts du PCC au pouvoir, elles sont fermées. Derrière les entreprises « privées » en Chine, se tient une importante présence étatique. S’il devait y avoir un effondrement de l’économie, la réponse du gouvernement chinois ne serait pas une simple répétition de ce que Poutine a fait en Russie, mais il pourrait y avoir un retournement du processus de privatisation. Nous devons aussi être prudents, comme nous le fûmes pour la question de l’Europe Orientale dans les années 80-90, en reconnaissant que la présence d’entreprises dirigées selon les lois du marché n’est pas suffisante en tant que preuve d’un fonctionnement totalement capitaliste d’une société.

    Tandis que certaines couches de la société – en Inde et en Chine par exemple – peuvent bénéficier des hauts taux de croissance, d’autres sections sont pris dans une spirale de pénurie – les professueurs, avocats, et autres membres de la classe moyenne. Le conflit principal dans la région, qui détermine la plupart des dénouements dans la région, est la rivalité entre les deux puissances – la Chine et les USA. C’est une lutte pour le prestige, la puissance, les marchés, et les ressources pétrolières.

    Mais les couches dirigeantes en Asie elle-même ne sont pas confiantes vis-à-vis du futur. Une source d’instabilité importante en Asie est l’émergence de la lutte des classes. Le développement d’une conscience de classe et de nouvelles formations est d’importance vitale pour le CWI dans l’élaboration de ses stratégies et tactiques. Là où il y a une exploitation de masse des travailleurs, on peut avoir des explosions de colère spontanées, mais il existe toujours un gouffre énorme entre l’avant-garde et la majorité des travailleurs. Ceci a été illustré lors de la grève des PTCL au Pakistan, où beaucoup de travailleurs trouvèrent une « solution » par l’incendie de tous les échangeurs téléphoniques !

    Le travail des camarades du CWI dans la région, surtout les tâches onéreuses entreprises dans les zones sinistrées du Pakistan et du Sri Lanka, ont préparé le terrain à une accélération de la croissance de notre Internationale. Kevin insista sur l’importance extrême des expériences précédentes de débats et de prises de décision souvent amers et difficiles, par exemple ceux qui ont eu lieu lors de l’accord Indo-Lankais à la fin des années 80. A la lumière de ceci, ainsi que des leçons de valeur apprises dans la période plus récente, les groupes et partis du CWI en Asie sont bien placés pour se développer en forces trotskystes massives, ou du moins, dans la période la plus immédiate, semi-massives.

  • Socialisme 2006, un week-end de débats et de discussions sur la lutte pour le socialisme

    Chaque année, nous organisons un week-end de formation et de discussions sur des thèmes en rapport avec l’actualité et les grandes tendances dans le monde, mais également sur l’histoire du mouvement ouvrier, le marxisme, le syndicalisme,…

    Vincent Devaux

    Cette année, beaucoup de développements au niveau international méritent une attention particulière; la croissance et l’influence de la Chine dans l’économie mondiale, l’augmentation des conséquences de la dégradation de l’environnement, le virage à gauche de l’Amérique latine, le tremblement de terre au Pakistan,…

    Nous aurons un débat sur la lutte des immigrés pour des salaires décents qui sera animé par Kevin McLoughin de notre organisation-soeur en Irlande.

    Mais nous nous pencherons également sur l’actualité nationale: la lutte contre le pacte des générations, les attaques contre l’enseignement, le combat contre l’extrême-droite, la surenchère communautaire,…

    La lutte contre les discriminations, et notamment contre le sexisme et l’homophobie, y trouvera également sa place. Nos camarades de Résistance Internationale et d’Etudiants de Gauche Actifs viendront témoigner des luttes dans lesquelles ils sont impliqués. Pour illustrer et animer les débats, outre des représentants de nos organisations soeurs à l’étranger, nous inviterons des représentants d’autres organisations comme Blokwatch, le Mrax,…

    Nous inviterons un représentant d’ECOLO afin de mener un débat contradictoire sur la solution à apporter à la problématique de l’énergie. Nous voulons débattre de la nature de la Chine: va t’elle vers le Socialisme ou vers le Capitalisme ? A cet effet nous inviterons un représentant du PTB.

    Après les récentes attaques du gouvernement sur notre système de pension primordiale sera la lutte pour un nouveau parti des travailleurs. Des personalités du monde syndical seront invitées ainsi que Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP.a qui a lancé l’appel à une nouvelle formation politique et un membre du WASG de Berlin.

    Ce week-end est une occasion de venir faire la connaissance de notre organisation, de discuter avec nos membres, et pourquoi pas,de nous rejoindre pour défendre nos acquis et changer la société. ‘Socialisme 2006’ se déroulera le samedi 22 et dimanche 23 avril à Louvain. Une garderie d’enfants sera organisée. Le logement pour la nuit du samedi et dimanche sera prévu ainsi que la nourriture (repas chauds).

    Pour réserver, recevoir plus d’infos, le programme complet, ou pour nous aider à mobiliser pour ce week-end; vous pouvez nous envoyer un mail à info@socialisme.be, visitez notre site www.socialisme.be, ou nous téléphoner au 02 / 345 61 81.

  • Socialisme 2006. Week-end de débats et de discussions. 22-23 avril, Louvain

    Comment y arriver?

    A partir de la gare, tu prend la rue Maria-Theresiastraat, et aprés la sixième à gauche (il faut passer la Justius Lipsiusstraat, la Jozef II straat, la Bogaardenstraat, la blijde Inkomststraat et la Tiensestraat). Dans la Dekenstraaet c’est directement sur le côté droit.

    PROGRAMME – SAMEDI 22 AVRIL

    MEETING D’OUVERTURE de 10h00 à 12h00: Le capitalisme signifi e la pauvreté, le chômage, l’instabilité et la guerre. Nous luttons pour le socialisme.

    ATELIERS de 13h30 à 16h00: • Le Pacte de générations: ceux qui peuvent arrêter la société, peuvent également la changer! Comment reconquérir nos syndicats? • Comment une économie planifi ée peut-elle fonctionner aujourd’hui? • Espagne 1936: pourquoi parlent “t’ils” d’une guerre civile et parlons “nous” d’une révolution? • La Chine devient-elle la nouvelle superpuissance mondiale? Quel impact la croissance de la Chine a t’elle sur les relations mondiales? • Ensemble nous sommes plus forts. Pourquoi et comment les socialistes luttent contre le racisme, le sexisme et l’homophobie? • Israël/Palestine: seul le socialisme peut créer les conditions pour une société paisible

    ATELIERS de 16h30 à 19h00: • La lutte pour un enseignement de qualité. Un plan d’action et un programme contre les coupes d’austérité du ministre fl amand de l’enseignement Frank Vandenbroucke • Histoire du socialisme: du socialisme utopique au socialisme scientifi que • Révolution dans “le tiers monde”. Qu’est-ce que la théorie de la révolution permanente? • Anti-néolibéralisme en Amérique latine et la lutte pour le socialisme • Proposition de débat: Comment mener la lutte contre l’extrême-droite en Belgique? • Le nouveau parti de gauche (WASG) en Allemagne est devant un choix. S’intégrer dans le système capitaliste ou défendre un programme socialiste. Un témoignage de Lucy Redler, récemment élue dans la direction du WASG de Berlin.

    DÉBAT PRINCIPAL SAMEDI SOIR À 20H00

    ABVV/FGTB: il faut rompre avec le PS/SP.a – CSC/ACV: il faut rompre avec le CD&V – Les travailleurs ont besoin de leur propre parti! • Eric Byl du MAS (Mouvement p/u Alternative Socialiste): un nouveau parti des travailleurs est possible • Jef Sleeckx, parlemenaire du SP.a pendant de longues année et maintenant en opposition contre le pacte des générations et le cours libéral du SP.a • Des délégués de la pétrochimie d’Anvers • La FGTB • Lucy Redler du WASG Berlin

    BAR ET FÊTE DE CLOTURE

    à partir de 22 heures

    PROGRAMME – DIMANCHE 23 AVRIL

    MEETINGS de 10h00 à 12h00: • Témoignage: participation au Forum Social Mondial à Karachi (Pakistan) • Proposition de débat entre ECOLO et le MAS: Une politique énergétique socialiste: pouvons-nous atteindre un standart de vie pour tous sans détruire la planète? Quelles sont les alternatives au pétrole? L’énergie nucléaire apporte t’elle une solution?

    ATELIERS de 13h30 à 16h00: • Syndicalistes contre le racisme. Comment pouvons-nous construire Blokbuster à l’intérieur des syndicats? • Les travailleurs immigrés en résistance contre le néolibéralisme • Préparation à une année de surenchères communautaires: quel programme défend le MAS/LSP? • Réformisme ou révolution (Rosa Luxemburg) – un argumentaire pour un parti socialiste révolutionnaire ici et maintenant • Le spectre du Vietnam plane sur les USA. Quelle est l’ampleur du bourbier en Irak? Où en est le mouvement anti-guerre? • Proposition: Le MAS en débat avec le PTB: La Chine est-elle sur la voie du socialisme ou du Capitalisme? • La France après les émeutes dans les banlieues

    MEETING DE CLÔTURE: La transformation socialiste de la société. Sur la nécessité d’un programme, d’une organisation et d’une stratégie: un parti révolutionnaire.

    Info pratique

    PRIX: 25€ pour les écoliers/étudiants/non-travailleurs, 35€ pour travailleurs la participation pour la nuitée et la nourriture est comprise dans le prix

    ADRESSE: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, Louvain

    INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81. socialisme2006@socialisme.be

  • AFRIQUE: OU LE SOCIALISME OU UNE BARBARIE SANS CESSE PLUS GRANDE

    L’Afrique est ravagée par un ouragan de pauvreté. C’est le seul continent devenu plus pauvre depuis 1980. Près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. La faim s’étend presque comme une maladie. Des millions d’africains sont mort faute de nourriture. Et l’avenir s’annonce plus triste encore. Le rapport de l’UNDP/UNICEF dit qu’en 2015 l’Afrique pourra nourrir moins de la moitié de sa population.

    Dagga Tolar et Peluola Adewale

    2015 est aussi l’année que les dirigeants du monde ont fixé comme date pour réduire la pauvreté et la faim de moitié entre autres « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD). Ces objectifs incluent également la réduction de la mortalité infantile de 75% et l’arrêt de l’extension de l’épidémie de SIDA/HIV. Cependant, la Banque Africaine de Développement a déclaré que l’Afrique est la région la moins prête à réaliser ces objectifs. Les Nations Unies ont exposés que si les indices de développement sociaux continuent sur leur voie, l’Afrique ne pourra rencontre les OMD qu’après 150 ans ! Plus de trois quarts des décès dû au SIDA se situent en Afrique sub-saharienne, et 65% des malades du SIDA vivent sur ce continent. Pour rendre les choses pires encore, l’histoire post-coloniale de l’Afrique est remplie des horreurs de la guerre qui ont pris la vie de millions de travailleurs.

    Les statistiques ci-dessus qui démontrent largement le sous-développement de l’Afrique sont horribles. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que la situation soit si épouvantable malgré des richesses stupéfiantes ? Les Socialistes disent que le capitalisme est coupable. Lénine le qualifiait d’horreur sans fin. Ce système basé sur les inégalités répand ses méfaits en Afrique plus encore que partout ailleurs. En terme de ressources naturelles, l’Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Mais le capitalisme, à toutes ses étapes de développement, a extirpé du continent ses ressources, du commerce trans-Atlantique d’esclaves à travers le colonialisme à l’époque impérialiste. Les politiques néo-libérales d’aujourd’hui n’ont fait qu’empirer la situation des masses. Le continent est pillé de ses ressources pour financer son développement et pourvoir aux besoins basiques de la population. Les gouvernements comptent sur le capital étranger, pour la plupart sous forme de prêt avec des intérêts exorbitants qui sont autant de fardeaux étouffants.

    A présent, l’impérialisme mondial utilise la triade de la dette, de sa domination sur le commerce mondial et de la corruption des dirigeants africains comme armes pour forcer l’Afrique à se prosterner face au pillage impudent de ses richesses à travers les politiques néo-libérales.

    Les fardeaux de la dette et le néo-libéralisme

    En octobre 2005, l’Afrique avait remboursé 580 milliards de dollars à ses créditeurs (les nations et institutions impérialistes) pour une dette originale de 540 milliards de dollars, et il reste encore 330 milliards de dollars à payer. En luttant pour rembourser ces dettes, les gouvernements négligent l’éducation, la santé, l’approvisionnement en nourriture et autres besoins basiques des travailleurs. Les gouvernements ont pris le poison du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) ou les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation, de libéralisation du commerce, de coupes dans les dépenses publiques, etc., comme conditions pour récupérer les possibles restes de la souffrance due à une dette largement fictive et odieuse.

    Ce n’est donc pas accidentel si l’Afrique a le plus haut taux de malades du SIDA. Africa Action a dénoncé qu’en 2003 les pays africains ont dépensés plus de 25 milliards de dollars en remboursement de dettes, et ce même si 2,3 millions d’Africains ont perdu leur vie à cause du SIDA. Cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que 4,1 millions d’Africains touchés par la maladie ont un besoin urgent de médicaments anti-rétroviraux, mais seulement 50.000 personnes peuvent en avoir.

    Le capitalisme et les politiques néo-libérales sont les causes majeures de faim en Afrique. Craig Timberg, du Washington Post a écrit que, bien plus que les désastres naturels comme la sécheresse ou le changement de climat, la famine que connaît le Niger est principalement due à la politique de libre marché débridée appliquée par le gouvernement nigérien. A la demande de la Banque Mondiale, le Niger a abolit le contrôle des prix avec pour conséquence que les prix de la plupart des denrées comestibles sont maintenant au-dessus des moyens d’une large part des travailleurs. Les taxes imposées sur la nourriture ont menés à deux actions de protestation massives pour le seul mois de mars 2005. Tout cela dans la lignée des demandes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International concernant les « Pays Pauvres Hautement Endettés », initiatives entraînant le néo-libéralisme. Ceci explique pourquoi les autres pays pauvres, comme le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Ethiopie et le Mali sont dans la même angoisse face à la faim que le Niger et neufs autres pays africains, récemment assurés de l’annulation de leur dette extérieure après des années de soumission ininterrompues aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale.

    Commerce inéquitable

    A travers le commerce inéquitable, l’Afrique a été pillée de ses énormes ressources. Entre 1980 et maintenant, la part du continent dans le commerce mondial a chuté de deux tiers, de 6% en 1980 à moins de 2%. Le prix de ses principales exportations ne cesse de plonger. Une étude a révélé qu’entre 1980 et 2001, les prix du café ont plongé de 85%, ceux du cacao de 67%, d’huile de palme de 60% et ceux du cuivre de 41%. Les autres exportations du continent à l’exception du pétrole, suivent la même tendance. Les pays impérialistes qui prêchent le dogme du libre commerce, libéré de tout subsides, etc. imposent des barrières artificielles aux produits africains et subsidient lourdement leurs riches fermiers. On estime que les pays développés dépensent 200 milliards de livres sterling par an pour subsidier leurs agriculteurs, soit 17 milliards de livres sterling en plus que le Produit Intérieur brut de l’entièreté des pays africains. La Banque Mondial déclare que si l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe laissaient tombés leurs barrières aux produits africains, les exportations africaines augmenteraient de 1,5 milliards de livres sterling par an.

    Mais pourquoi l’Afrique est-elle dans cette situation? Fondamentalement, la réponse est que l’économie mondiale est depuis longtemps dominée par les classes dirigeantes et compagnies des pays riches. Les 500 plus grandes compagnies internationales contrôlent 70% du marché mondial, alors que les 50 plus grosses banques et compagnies financières contrôlent 60% du capital global. Aujourd’hui, 300 multinationales et banques importantes effectuent 70% des investissements directs à l’étranger.

    Cette domination bloque le développement de rivaux indépendants de ces monopoles. Là où de nouvelles technologies et produits se développent, ils sont rapidement dominés par les pouvoirs impérialistes. Les exceptions à cette règle générale, comme la Corée du Nord ou la Malaisie, furent aidés par l’Ouest durant la guerre froide pour des raisons stratégiques. Dans le cas unique de la Chine, les bases économiques de son récent développement furent construites sur les avancées initiales dans l’infrastructure et l’éducation rendues possibles par une économie nationalisée et planifiée, malgré les effets de la direction anti-démocratique du stalinisme maoïste.

    Dirigeants corrompus

    La douleur de l’Afrique est combinée à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il est intéressant de voir que la corruption n’est en rien limitée à l’Afrique ou aux pays en voie de développement. La chute d’Enron, le géant américain de l’énergie, par exemple, démontre que la corruption est universelle sous le capitalisme. La plupart des ressources qui échappent au commerce inéquitable ou au remboursement de la dette sont volées par les dirigeant pro-occidentaux corrompus et placés dans des comptes privés en Europe et en Amérique du Nord. Ce vol montre aussi qu’ils n’ont aucune confiance envers le développement des pays africains sur une base capitaliste. Le capitalisme néo-libéral, philosophie régnante de gouvernance, a donné plus d’assises aux dirigeants africains pour le pillage, car ils n’ont plus à utiliser ses ressources pour les besoins basiques de la population. Les gains initiaux qui suivirent l’indépendance et avaient procurés des investissements relatifs de la part des gouvernements nationaux dans les services sociaux et entreprises publiques ont été érodés par les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation et de coupes dans les dépenses publiques.

    La guerre et la question nationale

    Le néo-libéralisme pousse la masse de la population vers la pauvreté et la marginalisation et ne peut résoudre les questions nationales, héritage du colonialisme, qui sont dans la majorité des cas aux racines des guerres qui ravagent le continent. La plupart des pays africains sont des créations artificielles des maîtres coloniaux pour leurs intérêts stratégiques et économiques sans regards pour les différentes nations, histoires, traditions et langages qu’ils ont réunis.

    Il est clair que l’élite bourgeoise africaine est incapable de résoudre la question nationale. Les sections mécontentes de l’élite dirigeante capitalisent le désenchantement des masses laborieuses pour asseoir leurs gouvernements et exploitent les différentes ethnies pour les mobiliser dans des guerres, qui sont en fait dirigées pour servir leurs seuls intérêts. Hors de ces conflits, ils tirent des avantages excessifs pour prendre directement le pouvoir ou négocier pour être intégrer dans la classe dirigeante, au détriment des masses laborieuses utilisées comme chair à canon. Ces guerres ont laissés des millions de travailleurs sans vies, blessés pour le restant de leurs jours, ou encore sans logements. Les statistiques révèlent qu’il y a eu 4 millions de morts au Congo, 2 millions au Soudan, et 1 million au Rwanda, sans parler du Sierra Leone, du Liberia, de l’Ethiopie/Erythrée, de la Côte d’Ivoire, etc. où les guerres ont récemment coûtés des centaines de milliers de morts.

    Seule les masses laborieuses peuvent résoudrent les questions nationales en supportant les droits des nations et minorités, en incluant l’autodétermination des peuples, tout en luttant pour des mouvements unifiés contre les ennemis communs. Une caractéristique d’un réel mouvement des travailleurs est de voir des personnes issues de différentes nationalités marchant côte à côte contre les attaques capitalistes contre leurs conditions de vie. Cela montre le potentiel pour construire des mouvements unifiés capables de transformer la société.

    Le rôle des travailleurs

    La descente actuelle de l’Afrique vers la barbarie est une expression de la faillite de l’impérialisme et des élites capitalistes locales à développer l’économie africaine et les standards de vie de la population. Pour toute la période qui suivit l’indépendance de l’Afrique, tant les militaires que les sections civiles de la classe capitaliste ont dirigés le continent avec les mêmes effets contre-productifs et ruineux. En terme de développement économique général et de niveau de vie des travailleurs, l’Afrique aujourd’hui est encore plus loin derrière l’Europe et les pays capitalistes avancés que ce n’était le cas il y 4 ou 5 décennies.

    Cependant, une infime partie de la population africaine est aussi indécemment riche que les capitalistes des pays développés. C’est le résultat du vol des budgets gouvernementaux, et de la collaboration avec l’impérialisme pour piller le reste des africains et les ressources matérielles.

    Il ressort de l’histoire du capitalisme, et en particulier de l’histoire limitée du capitalisme en Afrique, que seule la classe ouvrière possède le potentiel de mettre fin à ce système qui signifie la misère pour les masses à côté d’une abondance indescriptible.

    Les progrès de la civilisation moderne restent pour une large part une application des connaissances technologiques pour convertir les ressources naturelles en produits fini consommables. Sous la logique capitaliste qui prévaut actuellement, la plupart de ces connaissances technologiques et des ressources mondiales sont passées sous la propriété privée d’une poignée de corporations ou de propriétaires capitalistes. Et c’est là que ce situe la contradiction majeure. Alors qu’au niveau international et même dans plusieurs secteurs de l’économie, continents ou pays, il existe une abondance de connaissance techniques et de ressources pour donner une vie décente à toute personne sur terre, la nature d’égoïsme et de profit du capitalisme fait que dans la majorité des cas, ces potentiels sont irréalisés.

    Pourtant, le côté positif du capitalisme est le développement et l’existence de la classe ouvrière. C’est la classe sociale qui a en main les clefs des opérations journalières du système sans lesquelles rien ne peut se passer et qui est également capable d’actions collectives.

    Pour pourvoir aux besoins de tous, et non d’une minorité, la classe ouvrière, supportée par d’autres couches de pauvres, doit mener une révolution sociale. Cela entraînera la propriété commune et un contrôle démocratique des commandes de l’économie et des ressources avec une planification et une organisation centralisée vers l’utilité, et non le profit.

    Il est extrêmement important de remarquer que l’histoire contemporaine de l’Afrique est en elle-même très riche en mouvements de masses et de luttes. Uniquement l’an dernier se sont déroulées des protestations de masse contre les politiques néo-libérales et capitalistes au Mali, au Liberia, au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Nigeria etc.

    Des années ’90 au début des années 2000, c’est la classe ouvrière qui a mené les protestations/luttes/révoltes qui aidèrent à la défaite des gouvernements capitalistes impopulaires de Kerekou en République du Bénin, et de Kenneth Kaunda en Zambie. Le Mouvement pour des Changements Démocratiques au Zimbabwe dirigé par Morgan Tsvangirai s’est initialement développé à partir des syndicats et de la résistance de la classe ouvrière contre le gouvernement de Robert Mugabe. En Afrique du Sud, seul le COSATU a mené des grèves et des manifestations de masse contre la politique anti-pauvre et néo-libérale du gouvernement capitaliste de l’ANC.

    Au Nigeria, l’actuel pro-impérialiste et anti-pauvre gouvernement du président Olusegun Obasanjo a été ébranlé jusqu’aux racines en plusieurs occasions par une série de grèves et de protestation massives menées par le mouvement syndical.

    Malheureusement cependant, toutes ces luttes, nombreuses et collectives, ont montré la faiblesse qui doit être dépassée pour passer de la protestation et de la défensive vers le changement du système. Cela requiert la construction d’un mouvement avec un programme clair et une direction n’ayant pas peur d’affronter le capitalisme.

    Les socialistes disent que l’Afrique sortira seulement du cercle vicieux de déclin en rompant avec le capitalisme et en prenant les ressources économiques du continent des griffes de l’impérialisme et des capitalistes locaux. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que les ressources seront utilisées dans les intérêts de la majorité de la population. Ce n’est pas l’ancien système où l’élite locale pille l’Etat et les entreprises nationalisées à leurs propres fins. Au contraire les socialistes luttent ils pour une nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs pour prévenir de la corruption et assurer que les ressources sont utilisées dans l’intérêts des masses laborieuses.

    L’Afrique n’est pas seule à avoir un avenir incertain sous le capitalisme. La santé de l’économie mondiale aujourd’hui est de plus en plus précaire. Internationalement, les travailleurs, y compris d’Europe et des USA, ne voient qu’un avenir fait d’attaques continuelles envers leur niveau de vie et leurs emplois. Dans cette situation si, même dans un pays africain, une cassure socialiste avec le capitalisme est effectuée, cela aura un écho gigantesque dans les autres pays africains et au-delà. C’est à travers cet impact international que l’isolement d’un pays en rupture avec le capitalisme pourra être dépassé. C’est sur cette base que les socialistes voient l’unité réelle des peuples d’Afrique.

    Mais pour faire cela, un programme et une politique clairement socialiste ainsi qu’une classe ouvrière disciplinée sont nécessaires. Sans cela, il y a le danger que les luttes ne mènent qu’à un simple changement du gang de voleurs au pouvoir. C’est ce qui s’est produit dans la Zambie de Chiluba, un gouvernement formé d’anciens activistes des syndicats, qui mène une politique néo-libérale. Bien sûr les travailleurs peuvent lutter aux côtés d’autres forces sociales dans certaines luttes, quand cela concerne des buts économiques, sociaux ou politiques. Cependant, à l’intérieur de ces mouvements, les socialistes défendront qu’un changement fondamental, la fin du capitalisme, est nécessaire pour rendre permanente n’importe quelle victoire obtenue lors de ces luttes partielles.

    En République du Bénin, les mouvements de masse de la classe ouvrière furent assez fort que pour mettre fin au gouvernement de Kerekou, mais par manque de leurs propres organisation et dirigeants, il n’y eu d’autre choix que d’investir Mr Soglo, un dissident de la classe dirigeante capitaliste, qui ne fit naturellement que continuer la politique antisociale au pouvoir.

    Tristement également, la tentative de créer un parti des travailleurs au Zimbabwe ne s’est soldée que par la fondation du parti pro-capitaliste MDC, ce qui a enlevé à la population une opportunité de combattre et de vaincre le parti capitaliste du dirigeant Mugabe. De façon similaire, c’est le manque d’alternative, de politique socialiste et de détermination pour chasser le gouvernement Obasanjo qui a permis que le très haï président du Nigeria soit capable de comploter pour s’assurer de revenir au pouvoir après la fin de sa législation, en mai 2007.

    Pour arrêter le déclin économique et les horreurs de la guerre qui ravagent l’Afrique, la création de mouvements politiques et d’organisations de luttes pan-africaines de la classe ouvrière jointes à la tâche ultime de l’abolition du capitalisme, la cause principale de l’inégalité sociale et des troubles. Cette tâche ne peut être transposée par les masses laborieuses africaines, les jeunes et les révolutionnaires.

    Rejoignez nous!

    “Tout spectateur est autant un lâche qu’un traître”– Amica Cabra. Si vous êtes mécontent des politiques anti-pauvres menées par les gouvernements africains pro-impérialistes et intéressés de lutter contre ces politiques, l’organisation à rejoindre est le Comité pour une Internationale Ouvrière. Le CIO (CWI en anglais) est une organisation socialiste internationale présente dans près de 40 pays et qui travaille à l’unité de la classe ouvrière et les peuples opprimés contre le capitalisme et pour lutter pour un monde socialistes. Le CIO a des sections au Nigeria et en Afrique du Sud.

    Pour plus de détails, écrivez au CIO/CWI, PO Box 3688, London, E11 1YE, Britain ou envoyez un e-mail à cwi@worldsoc.co.uk.

    Pour écrire au DSM au Nigeria, envoyez un e-mail à: dsmcentre@hotmail.com. Le site du DSM est: www.socialistnigeria.org et celui du CIO/CWI est: www.socialistworld.net

  • Richesse et pauvreté en hausse. Une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants

    Les coulisses de ce monde résonnent de bruits de fête. Les esprits chagrins se trompent, qui pensent que ce monde n’est qu’une vallée de larmes. Une très petite minorité vit dans un luxe inouï, accumule des quantités incalculables de capitaux et détermine la vie du reste de la population. Un petit exemple: En Amérique Latine, les 26 multimillionnaires les plus riches possèdent autant que les 130 millions les plus pauvres.

    Bart Vandersteene

    Depuis sa naissance, le capitalisme est un système économique qui mène à une concentration de capital, de richesses et de pouvoir. Tandis que l’élite peut se procurer un GSM pour quelques dizaines de milliers d’euros à la foire aux millionnaires, plus de la moitié de la population mondiale n’a jamais donné ou reçu un coup de téléphone. Le capitalisme a toujours été une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants. Des perdants qui sont sans cesse confrontés aux contraintes de l’existence.

    Ce n’est pas seulement dans le lointain monde néocolonial que la misère détermine la vie de la majorité de la population. En Occident aussi, une frange sans cesse croissante de la population sombre dans la pauvreté absolue.

    L’économie mondiale à la traîne depuis des années

    Les médias publient régulièrement des articles euphoriques sur la situation économique. C’est de la pure propagande! Parallèlement à la croissance, nous voyons une baisse du pouvoir d’achat des travailleurs et de leurs familles. En 2004, la Belgique a connu une baisse du pouvoir d’achat de 0,5%.

    Les économistes les plus sérieux reconnaissent que la croissance des dernières années n’est due qu’à la hausse de l’exploitation, notamment en Chine, et à une stimulation inédite de la consommation. Celle-ci se base sur un taux d’intérêt historiquement bas qui rend le crédit particulièrement bon marché. On nous incite à acheter à crédit et à nous endetter. On incite donc les travailleurs à dépenser ce qu’ils n’ont pas.

    Aux USA, le taux d’épargne (la part du revenu qu’on épargne) se traîne à 1,5% depuis des années. C’est historiquement très bas et ça démontre qu’une grande partie de la population est submergée de dettes. Nombre d’entre eux ne pourront sans doute pas les rembourser.

    La situation économique actuelle n’est pas stable à cause de l’éclosion de bulles financières sur le plan de la consommation et du crédit ainsi que dans le marché de l’immobilier.

    Après l’effondrement du secteur des nouvelles technologies sur les bourses en 2000-2001, le capital est parti à la recherche de cieux plus cléments. Vu les taux d’intérêt historiquement bas beaucoup d’argent a été injecté dans le secteur immobilier. Cela a poussé le prix des maisons à la hausse ; le prix d’un logement moyen a crû cette année de 14% aux USA ! Une remontée des taux avec un crédit plus cher à la clé n’irait pourtant pas sans conséquences. Cela plongerait une partie importante de la population dans les problèmes financiers, ce qui peut mener à une hausse des ventes de logements et à un atterrissage brutal du marché de l’immobilier. Cela peut entraîner l’économie américaine dans une crise.

    Les dettes sévissent aussi chez nous

    La Belgique n’est pas épargnée non plus par une forte hausse du crédit. Les 6 premiers mois de 2005 ont ainsi connu un renchérissement du crédit de 14%. La moindre adaptation des taux d’intérêt a en outre des conséquences non négligeables pour ceux qui ont conclu un emprunt hypothécaire à taux variable.

    La Banque centrale européenne a décidé de relever les taux à 2,25%, soit une hausse de 0,25%. Cela signifie que quelqu’un qui a conclu un emprunt récent de 100.000 euros sur 20 ans doit rembourser 40 à 50 euros de plus par mois. Pour bon nombre de familles, il ne s’agit pas de chiffres abstraits mais d’une difficulté de plus à nouer les deux bouts.

    Le manque de logements sociaux, mais aussi, par exemple, la libéralisation du marché de l’énergie combinent leurs effets pour augmenter la pauvreté. C’est ce qui ressort d’une étude récente de l’Université d’Anvers. Le problème se pose avec le plus d’acuité parmi les plus de 65 ans (22,6% de pauvres) et les chômeurs (32%). La situation économique pourrait pourtant mener à une forte hausse du nombre de travailleurs pauvres (6,4% actuellement).

    Les profits des 30.000 plus grandes entreprises ont crû de 9% en 2004

    Le journal patronal Trends a révélé que les 30.000 plus grandes entreprises avaient enregistré un bénéfice net de 19,2 milliards d’euros en 2004, et cela sans compter Belgacom et les intercommunales. Cela correspond à une hausse de 9% par rapport à 2003.

    Avec 19,2 milliards d’euros, on pourrait donner du travail à temps plein (avec un salaire brut de quelque 25.000 euros par an) à 750.000 personnes. Cela résoudrait le problème du chômage en Belgique, diminuerait les dépenses de la sécurité sociale et rapporterait en outre 1 million d’euros de cotisations en plus à celle-ci.

    Mais les choses ne sont pas aussi simples. Les divergences d’intérêt entre capitalistes et travailleurs sont insurmontables. Les capitalistes n’admettront jamais que leurs bénéfices plantureux soient mis au service de la majorité de la population. Si le MAS lutte pour arracher tous les acquis possibles dans la situation actuelle, il ne saurait trop insister sur le fait que seule une société socialiste pourra garantir à tous une existence digne.

  • Interview de Jamil, Cachemiri vivant à Bruxelles

    Jamil jette un oeil sur les raisons qui l’ont poussé à quitter le Cachemire et sur les circonstances dans lesquelles a pris place le récent tremblement de terre.

    propos recueillis par Cédric Gérôme

    “Au Cachemire, il y a un manque total d’infrastructures et un dénigrement total de tous nos droits les plus élémentaires, qu’ils soient économiques, politiques, sociaux, culturels. Nous n’avons pas non plus la moindre liberté d’opinion, et une interdiction de mener la moindre activité politique. Selon un des articles (l’article 1925) de la prétendue “constitution” du pays, aucun parti politique, ni même aucun individu n’est autorisé à exercer une activité politique, même la plus pacifique. C’est cette toile de fond qui m’a poussé à quitter le Cachemire et à demander l’asile politique en Belgique. Il n’y a pas seulement des Cachemiris en Belgique; des milliers de nos camarades ont cherché refuge en Angleterre, au Canada, aux USA,…partout. Nous sommes tous victimes de ce système.

    "Historiquement, le Cachemire a toujours été une zone d’influence divisée entre le Pakistan, l’Inde, et aussi la Chine, qui a également ses interêts dans la région. Mais nous sommes consients que les conflits régionaux sont liés aux conflits internationaux et qu’en dernière instance, la situation du Cachemire ne trouvera pas d’amélioration dans le cadre du système capitaliste international. Ce système crée des conflits partout, et le problème du Cachemire n’est que l’un d’entre eux. Quand nous regardons le conflit au Cachemire, nous ne pouvons percevoir aucune perspective de solution dans le respect du système capitaliste.

    "La population cachemirie doit s’unir et chercher le soutien de la classe ouvrière du Pakistan, de l’Inde, de la Chine. Nous devons reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple cachemiri. C’est la seule manière d’en finir avec l’occupation du pays et de lutter efficacement pour nos droits fondamentaux. Le gouvernement pakistanais n’a quant à lui aucune légitimité. C’est un gouvernement qui ne connaît que la force, c’est un régime militaire.

    "Au Cachemire, nous n’avons que des problèmes. Nous vivons quotidiennement les ravages de la pauvreté, de l’ignorance, de la répression militaire. La soumission militaire est la seule réponse qu’apporte le gouvernement aux problèmes du pays. Le régime militaire pakistanais ne sert qu’à défendre les seuls intérêts d’une élite pendant que le peuple crève de faim. Nous avons vu un formidable élan de solidarité de la part de la population internationale, cependant que l’état pakistanais est complètement incapable de procurer la moindre aide d’urgence – aide médicale, nourriture, tentes, abris,…pour la population de ce qu’il considère comme “son” territoire.

    "Aujourd’hui, c’est le 5è jour du tremblement de terre, et plus de 3,5 millions de personnes, rien que dans la région du Cachemire occupé par le Pakistan, sont sans abri. Aujourd’hui, Musharraf a adressé un message à travers les médias, dans lequel il est obligé d’admettre lui-même que son gouvernement a failli dans sa tâche de procurer la moindre aide immédiate conséquente au peuple cachemiri. Il le dit lui-même ! Nous pouvons ainsi clairement visualiser la “mission” du gouvernement de Musharraf: refuser d’autoriser quiconque de se rendre sur place pour voir réellement ce qui se passe dans la région.

    "Nous avons appris à travers les médias que les prétendues “autorités” locales sont parties du Cachemire suite au séisme pour aller s’installer tranquillement à Islamabad pendant que le peuple cachemiri est en train de se débrouiller seul pour organiser les secours lui-même avec des moyens de fortune, déplaçant sans outils des blocs de pierre de plusieurs tonnes, essayant de sauver ce qui peut encore l’être.

    "La police était sensée apporter des tentes et des abris aux habitants des zones isolées, d’autant plus que les températures chutent rapidement dans les régions montagneuses, mais en réalité rien n’a été fait. Nous sommes évidemment conscients que l’on ne peut plus rien faire pour les gens qui sont morts, mais il faut comprendre que tous les survivants sans nourriture, sans abri, sont menacés de morts.

    "Nous appelons toute la population internationale à faire pression sur leurs autorités pour qu’elles délivrent les moyens matériels afin d’accéder à ces zones, où des villages entiers ont parfois été rayés de la carte. J’ai perdu 3 de mes cousins dans le sinistre, mais je ne suis bien sûr pas un cas isolé. Chaque famille, chaque maison, chaque personne au Cachemire a été touchée d’une manière ou d’une autre par la catastrophe. En réalité, c’est toute une génération qui a été décimée par ce tremblement de terre.

    "Dans ces circonstances, nous ne pouvons que déplorer le fait que les autorités de la ville de Bruxelles tentent de nous ignorer, et refuse de nous accorder la permission de mettre sur pied un centre d’urgence pour récolter des fonds et centraliser les informations sur ce qui se passe là-bas. ”

  • Flambée des prix du pétrole. Précarité pour les uns, juteux bénéfices pour les autres

    Il y a un an, ceux qui osaient miser sur un baril à 70 dollars pour l’année 2005 étaient presque considérés comme des fous. Maintenant, même les économistes bourgeois n’hésitent plus à évoquer un « troisième choc pétrolier » et parlent d’un baril à 80 dollars – l’équivalent en dollar d’aujourd’hui du record établi lors du deuxième choc, en 1979- comme une perspective à court terme relativement probable. Depuis l’intervention impérialiste en Irak, les pics historiques n’ont fait que se succéder à un rythme presque ininterrompu : en deux ans, le prix du baril a été multiplié par 2,5. Les travailleurs trinquent, les multinationales pétrolières comptent leurs sous.

    Cédric Gérôme

    Anarchie capitaliste ou planification socialiste?

    Sous le capitalisme, la recherche du profit à tout prix et l’absence d’une planification ordonnée de la production entraînent inévitablement un manque total de stratégie à long terme. Depuis 1950, l’utilisation du pétrole brut est en augmentation de 57%. Certains experts estiment qu’une augmentation similaire est à prévoir pour les 25 prochaines années, et pourrait atteindre les 121 millions de barils par jour (contre 77 aujourd’hui) à l’ombre de 2030. Cette énergie fossile est certes indispensable, mais la manière dont elle utilisée relève de l’anarchie la plus aberrante.

    Un simple exemple: le manque d’investissements publics dans les transports en commun et les politiques d’aménagement du territoire poussent les gens à privilégier la voiture comme mode de transport ; or, une même dépense d’énergie permet à un voyageur de parcourir une distance 11 fois plus grande en tram qu’en voiture… De même, les bilans des marées noires de l’Erika et du Prestige ont encore démontré à quel point, dans une logique capitaliste, la gestion des matières premières et des ressources énergétiques est totalement irresponsable.

    Un cocktail explosif

    Aujourd’hui, l’instabilité politique mondiale fait peser de lourdes craintes quant aux possibilités d’approvisionnement, d’autant que le manque d’investissements dans le raffinage ces 25 dernières années ne saurait faire face à une demande qui ne fléchit pas. Depuis plusieurs années en effet, les compagnies extraient davantage de pétrole qu’elles n’en raffinent. Ce coktail crée une envolée vertigineuse des prix du pétrole. La seule “issue” à cette situation nous semble être…une profonde récession entraînant une chute de la demande de pétrole. Car une augmentation sensible de l’offre, qui rétablirait l’équilibre des prix, est hautement improbable, les producteurs d’or noir n’ayant pas de réserves inemployées, toutes leurs capacités tournant pratiquement à plein régime.

    En dépit des nombreuses déclarations de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui fournit 40% des réserves de pétrole brut mondial) concernant un relèvement de ses quotas de production, ses capacités excédentaires sont limitées. Elle produit déjà à son niveau le plus haut depuis 26 ans, et ce ne sont pas ses maigres offres supplémentaires qui vont significativement inverser la tendance. La découverte de nouveaux gisements est quant à elle de plus en plus rare. Au point qu’une véritable course aux réserves est en train de s’engager; plus globalement, les approvisionnements en énergie deviennent un nouveau terrain de confrontation entre les grandes puissances. Cela est notamment illustré par la véritable guerre que se mène la Chine et le Japon pour le contrôle du pétrole russe.

    L’Irak : la quête d’un nouvel eldorado

    Selon les plans de l’administration Bush, le pillage et le contrôle des ressources pétrolières de l’Irak était sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas. Mauvais calcul. Avant l’entrée des troupes américaines dans le pays, l’Irak exportait plus de deux millions de barils par jour. En comparaison, les exportations étaient déjà réduites à une moyenne de 1,5 millions de barils par jour pour l’année 2004. Aujourd’hui, le niveau de la production est toujours plus bas que celui d’avant-guerre, pour cause du chaos qui règne dans le pays et des attaques régulières sur les infrastructures pétrolières.

    Cet effondrement des exportations pétrolières de l’Irak, cumulé à l’accroissement de l’instabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient – région qui regorge deux tiers des ressources pétrolières mondiales- semble être la cause première de la flambée des prix du brut. A cela se rajoutent d’autres facteurs, qui s’influencent mutuellement : forte demande de la Chine et de l’Inde, spéculation intense sur les marchés financiers, tensions politiques dans d’autres pays producteurs (Nigéria, Vénéuela…). En ce sens, le récent cyclone Katrina n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu. Environ 91,7 % de la production quotidienne de la région, soit 1,38 million de barils par jour, a été interrompue. L’arrivée de Katrina a contraint à la fermeture un grand nombre d’installations du Golfe du Mexique, où se concentrent un quart des infrastructures pétrolières des États-Unis.

    Des bénéfices affolants

    Mais tous ces phénomènes ne doivent pas nous faire oublier la toile de fond sur laquelle ils s’opèrent : la crise mondiale du capitalisme, à travers laquelle se meut une poignée de multinationales qui profitent de leur mainmise sur cette ressource énergétique de première importance pour imposer leurs conditions et surtout leurs prix à l’ensemble de la planète. “Le Soir” du 8 septembre titrait: “Des bénéfices affolants”. C’est le moins que l’on puisse dire: les 5 plus grosses multinationales pétrolières ont réalisé un bénéfice net cumulé de 43,47 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2005, une augmentation de 30% par rapport à l’année dernière. “En tant qu’actionnaire, cela ne me dérange pas, mais je plains bien entendu les ménages modestes qui doivent encaisser la facture du mazout cher”, commentait Albert Frère, actionnaire chez Total. On le remerciera au passage pour cette belle démonstration de compassion.

    Les travailleurs paient la note

    Au-delà de l’augmentation du prix à la pompe et du mazout de chauffage, les prix élevés du pétrole entraîne une augmentation des coûts de production, qui mine la rentabilité des entreprises. Cela fournit de nouveaux prétextes aux entreprises pour licencier et stimule de surcroît une augmentation générale des prix, qui frappe les travailleurs de plein fouet.

    Le MAS exige:

    > la réaffectation des recettes pétrolières dans les secteurs prioritaires tel que l’enseignement, les soins de santé, le logement.

    > l’abolition de la TVA sur le mazout et sur les autres sources de chauffage, le gel immédiat des prix

    > le retour du carburant dans l’index

    > la nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle ouvrier, ce qui permettrait aussi de mettre la main sur tout les brevets d’énergies alternative accaparés par les multinationales.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop