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Tag: Chasse aux chômeurs
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Liège : Action contre l'exclusion de 2300 demandeurs d'emploi des allocations de chômage
A l’appel de Tout Autre Chose, en collaboration avec Acteurs des Temps Présents, des rassemblements ont étés organisés devant les sièges des CPAS partout en Belgique. Objectif: dénoncer l’hypocrisie d’un gouvernement qui exclu les chômeurs, alors que le travail fait défaut en Belgique, pour en faire supporter le coût par les CPAS.Par Simon (Liège)
Hier soir, 4 janvier, à la veille de la mise en oeuvre de cette mesure, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le CPAS de Liège place St Jacques. Selon leurs représentants, Tout Autre Chose et Acteurs des Temps Présents entendent ainsi donner le coup d’envoi d’une série d ‘actions contre les mesures gouvernementales.
Parmi les intervenants, Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux a rappelé la nécessité de mener ce combat de la façon la plus large possible, en y incluant non seulement les chômeurs et les bénéficiaires du CPAS mais aussi les travailleurs sociaux. Thierry Muller, du réseau stop art.63§2, a mis en avant la nécessite de radicaliser la lutte et d’aller au delà de la sensibilisation à la problématique. Dans cette optique, ce réseau commence dès demain une campagne d’aide et de mobilisation des exclus des allocations de chômage.
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[PHOTOS] Action contre la chasse aux chômeurs au Parlement bruxellois
Hier, un rassemblement a eu lieu devant le Parlement bruxellois contre les Chasses aux chômeurs et pour l’Emploi de qualité. Il est certain que l’optique suivie par les autorités est de combattre les chômeurs et non le chômage ! Pas de boulot ? C’est de ta faute ! Et pendant ce temps, le nouveau gouvernement fédéral de droite dure prévoit de repousser encore l’âge de a pension. Ainsi, certains devraient travailler jusqu’à tomber d’épuisement ou de stress tandis que d’autres se retrouveraient sans perspectives d’avenir, voire soumis à un travail forcé pour garder leurs allocations ? Le PSL défend la redistribution du travail disponible par la réduction collective du temps de travail, à 32 heures par semaine, avec embauches compensatoires et diminution des cadences (ce qui par ailleurs ne pourrait qu’accroître la productivité). Voilà une manière de s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs!Photos de PPICS.
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Bruxelles : Un manque d’emplois structurel
Des emplois décents : de vrais contrats avec de vrais salaires !
Chaque jour, des milliers d’emplois passent à la trappe : plus de 100.000 ont été sacrifiés au nom de la compétitivité en quatre ans de temps à peine. Avec la crise, trouver un job relève du parcours du combattant et obtenir un contrat de travail stable et bien rémunéré relève du miracle. À Bruxelles, les chiffres du chômage font immédiatement penser au sud de l’Europe : un cinquième des habitants est au chômage, une situation qui concerne près d’un tiers des jeunes.
Article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Lorsque Picqué est arrivé au pouvoir à la Région bruxelloise en 1989, le taux de chômage n’était encore « que » de 12,4% pour l’ensemble de la Région. En juillet dernier, il était de 20,4% et de 31,2% pour la jeunesse. À Cureghem et à Molenbeek, ce taux monte à plus de 50%. Il s’agit de la conséquence inévitable de la désindustrialisation, dont les emplois ne peuvent être comblés par un autre secteur. L’idée selon laquelle le secteur de l’horeca et les commerces pourraient combler l’absence d’emplois dans l’industrie n’est qu’une illusion. Les faillites atteignent des niveaux record en Belgique et la région qui enregistre la plus forte hausse du pays est justement Bruxelles, plus particulièrement au niveau de l’horeca, de la construction et du commerce de détail.
Les 714.000 emplois comptabilisés en Région bruxelloise se retrouvent essentiellement dans les services, dans l’administration publique et dans les secteurs financiers et immobiliers. Ce sont des emplois qui exigent pour la plupart un diplôme d’études supérieures ou un multilinguisme. Avancer l’argument que l’emploi à Bruxelles est occupé par les quelque 350.000 navetteurs ne tient pas la route : le noeud du problème est le colossal manque de place.
Quant aux services publics, tous les niveaux de pouvoir appliquent désormais cette idée que seul un tiers des départs doit être remplacé. Une telle politique de sacrifice de l’emploi public a un effet direct non seulement sur la charge de travail que doivent supporter les fonctionnaires restants, mais aussi pour l’ensemble des chômeurs.
De plus, il serait illusoire de croire que l’ensemble des travailleurs sans emploi bruxellois peut trouver du boulot dans la périphérie flamande. La coopération entre les offices de l’emploi des différentes régions ne crée aucun nouveau job. En outre, ces emplois nécessitent une facilité de déplacement à la charge des travailleurs et une connaissance minimale du néerlandais. En réalité, cette stratégie a surtout pour objectif de mettre une pression supplémentaire sur les chercheurs d’emploi dans le cadre de la chasse aux chômeurs et de la mise en place des sanctions.
Non aux emplois bidons !
Lors de son entrée en fonction à la présidence du gouvernement bruxellois, Rudy Vervoort avait tenu à se positionner par rapport à son prédécesseur, Charles Picqué, en assurant qu’avec lui, la priorité serait donnée à l’emploi des jeunes. Dans les faits, sa politique s’est limitée à une succession de cadeaux fiscaux aux entreprises, tout comme avec les gouvernements Picqué. Le travail au noir et les jobs précaires (intérims, temps partiels, titres-services, ACTIVA, ACS,…) sont les seules perspectives de travail pour la jeunesse, ce qui ne permet évidemment pas de se projeter dans l’avenir. Concrètement, sous prétexte de stimuler l’embauche, les différents gouvernements ont, les uns après les autres, créé une masse de contrats précaires subsidiés par l’État afin de mieux servir les intérêts du secteur privé.
Un emploi sur trois est aujourd’hui subsidié en Belgique ! Non seulement cela restreint les conditions d’embauche puisque de nombreux secteurs ne jurent que par ce type de contrats, mais en plus, ces boulots sont très mal payés et maintiennent les travailleurs dans des statuts précaires. Dans ce cadre, la perspective d’un CDI – qui n’est que très rarement obtenu – est utilisée comme carotte pour nous rendre plus dociles. Dès que l’employé ne correspond plus aux conditions, il est souvent envoyé au chômage pour que l’employeur puisse continuer à jouir des subsides avec un autre travailleur. Avec tout cela, les cadences se font aussi constamment plus infernales pour combler le manque d’effectifs.
Cette politique illustre que le chômage de masse est admis par les politiciens traditionnels bruxellois, et d’ailleurs, comme un phénomène structurel sans solution. Il ne s’agit dès lors pas de s’attaquer au chômage, mais d’utiliser plus efficacement encore les chômeurs comme armée de réserve pour les entreprises sous peine de sanctions. Cela permet de conforter la 5ème place de Bruxelles dans le classement des régions les plus attractives d’Europe pour les investisseurs.
Résistons à la création d’un large secteur à bas salaires !
Le gouvernement Di Rupo a diminué les salaires en les gelant, tandis que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Par une jolie entourloupe, il a même effectué un saut d’index en diminuant temporairement la TVA sur l’énergie : ce qu’un ménage aura gagné sur sa facture d’électricité, il l’aura largement perdu avec le report de l’indexation des salaires. En parallèle, les allocations sociales et les pensions sont réduites. Des milliers d’allocataires sont poussés dans la pauvreté (c’est le cas d’un cinquième des pensionnés). Simultanément, des milliers de chômeurs sont exclus lors de contrôles malgré la pénurie d’emplois et que plus de 55.000 chômeurs (parmi lesquels 64% de femmes) perdront leur allocation d’insertion à partir du 1er janvier prochain.
Que l’on ne s’y trompe pas, c’est l’ensemble des travailleurs qui est frontalement attaqué de cette manière ! En poussant ces derniers à accepter n’importe quel type d’emploi à n’importe quelles conditions, en gelant les salaires malgré l’augmentation du coût de la vie, les autorités veulent créer un large secteur à bas salaire. S’opposer aux mesures contre les chômeurs, c’est également s’opposer à la généralisation de salaires qui ne permettent pas d’éviter de sombrer dans la pauvreté.
Pour un ‘‘choc de solidarité’’
Tous les partis traditionnels soutiennent un tel ‘‘choc de compétitivité’’ et, une fois les élections passées, les mesures antisociales reprendront de plus belle. Nous exigeons au contraire un ‘‘choc de solidarité’’ capable d’unir tous les travailleurs, avec et sans emploi !
La pauvreté et l’exclusion sociale comme conséquences de la crise du capitalisme provoquent une aliénation accrue parmi une couche de la population. C’est la base à partir de laquelle la criminalité, les tensions et les discriminations peuvent se développer et gagner une importance dramatique. Les forces réactionnaires de la société (racistes, intégristes religieux,…) sont utilisées dans ce contexte par les classes dominantes pour dévier l’attention des véritables problèmes sociaux sous-jacents. Tout est par exemple effectué afin d’instrumentaliser les moindres faits et gestes de groupuscules hystériques de droite islamiste comme Sharia4belgium pour stigmatiser l’ensemble d’une communauté.
Au lieu des contrats bidon payés par l’État, nous proposons de créer de vrais emplois statutaires dans les services publics. D’autre part, plutôt que de tuer certains à la tâche et d’en laisser d’autres sur le carreau, nous voulons partager le travail disponible entre tous par la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, jusqu’au plein emploi. En plus de la répartition du travail, nous exigeons un salaire minimum de 15€ bruts/heure, une pension minimum de 1500€/mois et une allocation chômage minimum de 1200€/mois. Toutes les allocations doivent être individualisées, illimitées dans le temps et liées au bien-être, tandis que les allocations familiales doivent recouvrir les coûts réels de l’éducation des enfants.
Début 2013, un sondage de La Libre montrait que 43% des Belges (52% des Bruxellois) étaient en faveur de la nationalisation des entreprises menacées de fermeture. Voilà une bonne réponse face aux pertes d’emploi, et le principe doit être poussé jusqu’à la collectivisation des secteurs-clés de l’économie (énergie, finance,…). C’est de cette manière que nous arracherons les moyens qu’il nous faut pour appliquer un tel programme de lutte pour le plein emploi.
Ajoutons toutefois que cela nécessite de construire un rapport de force dans la rue et sur les lieux de travail, avec un plan d’action audacieux allant crescendo et recourant à l’arme de la grève générale. Ripostons avec un front uni de résistance contre l’austérité rassemblant travailleurs, syndicalistes, militants et organisations de la vraie gauche!
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Travailler moins pour travailler tous !
Par Nicolas Croes
L’année 2013 fut calamiteuse en termes d’emploi : 15.711 personnes ont été frappées par des licenciements collectifs, contre 7.248 l’année précédente. La terreur du lendemain sans travail, tout le monde la connait aujourd’hui ; du jeune qui sort de ses études au travailleur qui sait pertinemment qu’il n’est jamais à l’abri de se retrouver à la porte, même si l’entreprise où il bosse est rentable. Comment repousser la menace du chômage ? Que mettre en œuvre pour affronter les pertes d’emplois ?
Chômeurs – profiteurs ?
Les chômeurs font partie des grandes victimes des attaques du gouvernement Di Rupo. Normal, nous pousse-t-on à penser à grands renfort de propagande, les abus sont nombreux. L’édition du 13 mars dernier de La Libre en fut une illustration éclatante : 3 jours seulement après la tenue d’actions syndicales contre l’exclusion à venir de 55.000 personnes des allocations d’insertion, le quotidien titrait ‘‘Un chômeur sur deux ne cherche pas activement un emploi’’ en se référant au fait que la moitié des chômeurs contrôlés par l’ONEM sont sanctionnés.
Il est en effet totalement faux d’affirmer que cela prouve une recherche d’emploi insuffisante. Un très intéressant article sur le site éconosphère(1) a répondu à La Libre en réunissant diverses données, dont le résultat d’une étude d’Eurostat qui a désigné les Travailleurs Sans Emploi belges comme les champions de la recherche active d’emploi dans toute l’Union Européenne. D’autre part, il existe en moyenne une offre d’emploi d’Actiris pour 57 demandeurs d’emploi et une offre du Forem pour 23 demandeurs… Au final, les contrôles se durcissent fortement alors que le chômage augmente. Voilà la réalité.
S’en prendre aux chômeurs, c’est s’en prendre à tous les travailleurs
Si les chômeurs font l’objet d’une attaque en règle aujourd’hui, ce n’est en rien en raison de leur prétendu ‘‘coût insupportable pour la société’’. La FGTB a ainsi calculé qu’avec les 55.000 exclusions prévues au 1er janvier 2015, l’Etat économiserait 100 millions d’euros. Cette somme est impressionnante pour nous qui attrapons des cheveux blancs en ouvrant l’enveloppe de nos factures, mais il s’agit de clopinettes pour l’Etat.
Comparons un instant cette somme aux 11,5 milliards d’euros de cadeaux fiscaux et parafiscaux octroyés aux entreprises en 2013 uniquement, au coût du mécanisme pro-big business de la Déduction des Intérêts Notionnels pour les caisses de l’Etat (6,12 milliards d’euros en 2012), au payement aux spéculateurs des intérêts sur la dette publique belge (13 milliards d’euros par an) ou encore à la fraude fiscale des grande entreprises (évaluée à une somme comprise entre 20 et 30 milliards d’euros annuellement). Renforcer les effectifs et les moyens pour lutter sérieusement contre la fraude fiscale rapporterait beaucoup plus que d’exclure les chômeurs. Pourtant, les syndicats de la fonction publique dénoncent une diminution de 10% en 3 ans du personnel de l’administration fiscale. Où est la logique ?
La logique est qu’en instaurant une pression sans cesse grandissante sur les sans-emplois, on les pousse à accepter n’importe quel job à n’importe quelles conditions de travail. C’est tout bénef pour les employeurs, car cela instaure une pression à la baisse sur les salaires et conditions de travail de tous. Le gouvernement a d’ailleurs également imposé un gel des salaires.
Le gouvernement a instrumentalisé les sans-emplois afin de préparer les mentalités pour d’autres attaques antisociales, tout en attaquant de manière détournée les conditions de travail de chacun à travers un groupe plus faiblement organisé. La logique gouvernementale – tout comme celle des médias dominants – est d’une cohérence à toute épreuve : soutenir l’élite capitaliste au détriment de la population, tout en essayant de maintenir cette dernière dans la passivité, ou de détourner sa colère contre de faux responsables. ‘‘La guerre des pauvres engraisse toujours le riche’’, comme l’a récemment dit à ce sujet Nico Cué (métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB).
NOTRE RÉPONSE :
– Nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs
L’an dernier, la Loi Renault fêtait ses 15 ans. Cette loi faisait suite à la fermeture brutale du siège de Renault à Vilvorde en 1997 (une destruction de 3000 emplois) et visait à renforcer l’information et la consultation des travailleurs en cas de licenciements collectifs. Cette loi fut surtout un coup d’annonce visant à calmer la colère des travailleurs sans changer grand-chose sur le fond. De nombreux syndicalistes dénoncent en outre la manière dont cette loi pousse les délégués à participer à un marathon de ‘‘consultations’’ et de ‘‘séances d’information’’ qui détourne l’attention de la construction d’un rapport de force militant. A la fin, les emplois sont quand même supprimés. Il faut aller plus loin et envisager des solutions audacieuses débarrassées de la logique de conciliation avec le patronat.
A gauche, certains défendent à ce titre des propositions de loi pour ‘‘interdire les licenciements’’. Il est parfois même question de ne les interdire que ‘‘dans les entreprises qui font des profits’’ (que faire alors avec les travailleurs d’entreprises qui accusent des pertes?). Si l’idée peut paraître bien belle sur le papier, qui pourrait faire voter une telle loi aujourd’hui ? Cette revendication n’aurait-elle pas comme effet pervers de détourner la lutte du lieu de travail vers les élections ? Et que faire en attendant ?
La seule riposte adéquate à la menace des fermetures et des délocalisations est l’expropriation et la nationalisation des sites de production pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la communauté des travailleurs. Cette revendication peut directement être défendue en passant à l’occupation des sites menacé, en tant que premier pas concret vers leur collectivisation.– 32 heures de travail par semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences
La seule manière de s’en prendre efficacement au chômage et non aux chômeurs, c’est de répartir le temps de travail disponible en fonction du nombre de travailleurs disponibles. À ce titre refait surface la vieille revendication du mouvement des travailleurs des 32 heures de travail par semaine. C’est ainsi un des principaux points défendus par le nouveau président du Mouvement des Jeunesses Socialistes, Jonathan Dawance.
Non ne pouvons qu’être d’accord avec lui lorsqu’il affirme que ‘‘la thématique de la création d’emplois est essentielle. Pour cela, on doit passer par une réduction collective du temps de travail pour pouvoir engager. Mais sans perte de salaire.’’ Par contre, la proposition des MJS est de réaliser cette mesure par ‘‘des réductions des cotisations sociales pour les entreprises.’’ Il s’agit donc encore une fois de financer la mesure par la sécurité sociale et donc par le salaire indirect des travailleurs ! Nous pensons au contraire que les grandes entreprises ont déjà suffisamment volé le travail de leurs employés pour remplir les poches des actionnaires. Jamais autant de richesses n’ont été créées qu’aujourd’hui dans toute l’histoire de l’humanité : ces moyens doivent servir à la collectivité. Aujourd’hui, en raison de la croissance de la productivité, nous travaillons déjà en moyenne 31 heures par semaine en Belgique avec le travail à temps partiels largement involontaire. Inversons la logique !
Bénéficier d’un travail et d’une existence digne est un droit fondamental à défendre avec la dernière énergie. Quant à la faisabilité de nos revendications, nous nous en référons au Programme de Transition du révolutionnaire Léon Trotsky : ‘‘Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent infailliblement des maux qu’il a lui-même engendrés, qu’il périsse ! La “possibilité” ou ‘‘l’impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux que tout la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste.’’
La tâche qui se trouve devant tous les honnêtes défenseurs du monde du Travail est de préparer le terrain pour cette lutte contre l’esclavage capitaliste et pour l’instauration d’une société où ceux qui produisent les richesses – les travailleurs – pourront décider de la manière de les produire et de leur utilisation pour satisfaire les aspirations de la population.
(1) Pedro Rodriguez ‘‘Un chômeur sur deux ne cherche pas activement un emploi : Faux et archi-faux.’’
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[INTERVIEW] Antoine Thioux, Jeunes-FGTB Charleroi
Celui qui lutte peut perdre, mais celui qui ne lutte pas a déjà perdu !
Un bon groupe de jeunes était présent lors de la manifestation du 10 mars dernier contre les dernières attaques anti-chômeurs. Peux tu nous expliquer comment cette dynamique s’est mise en place ?
“Dans notre stratégie de construction des jeunes FGTB de Charleroi, on essaie d’être présent le plus possible dans les écoles, notamment à travers des interventions dans les classes sur des sujets sociaux où on essaie toujours de mettre en perspective politique ce qui se passe maintenant. On fait toujours le lien entre le travail qui les attend et les conditions économiques et sociales, le capitalisme et ses conséquences sur leur vie.
“Dans ce groupe qui s’est créé, il y a certains étudiants qu’on avait déjà rencontrés lorsqu’ils étaient en première, puis en deuxième et maintenant en troisième année. Ce travail sur le long terme, je pense, a permis une prise de conscience politique. Puis, surtout, il y a eu la ‘‘réforme’’ des allocations d’insertion – une destruction de la protection sociale pour les jeunes – qui a joué un rôle déclencheur. Quand les jeunes s’engagent en politique, il y a souvent à la base une actualité spécifique qui les révolte, qui les incite à agir et qui débouche après sur une implication militante plus large.”
Comment fonctionnez-vous aux Jeunes FGTB ?
“Au niveau des Jeunes FGTB Charleroi, nous travaillons avec une assemblée générale des militants, ouverte à tous les membres. Elle fonctionne sur le principe d’un membre – une voix, ce qui assure une prise de décision collective concernant les positionnements politiques, les articles, les communiqués de presse, les actions à mettre en place, mais aussi en partie les tâches quotidiennes du permanent. Le permanent jeunes doit être au service du mouvement et pas l’inverse. C’est important que les militants puissent voir ce que fait le permanent et comment il travaille, puissent lui faire des recommandations, etc. Cela façonne une dynamique de groupe où c’est la base qui décide, ce qui est un de nos principes fondamentaux pour avoir un fonctionnement réellement démocratique.
“Au début on n’était pas beaucoup, on fonctionnait autour d’une participation tournante de 5-6 militants sur une grosse dizaine, comme certains ne savaient pas systématiquement venir. Mais ici, justement grâce aux mobilisations que nous avons mises en place pour l’action du 10 mars, on commence à avoir de nouveaux militants. Des gens viennent nous trouver en disant qu’ils sont intéressés par la dynamique, qu’ils veulent être tenus au courant de ce que l’on fait et voir comment on fonctionne.”
Quelle sera la suite de votre travail de construction dans la jeunesse ? Quelle sont vos perspectives ?
“Le travail continue parce que l’action du 10 mars n’est pas suffisante. Ça a été une démonstration de force relative, c’est certain. Les mobilisations ont relativement bien marché mais si on veut empêcher l’application de la loi au 1er janvier 2015, il faut une continuité dans les actions. Donc, au niveau des Jeunes FGTB Charleroi, nous avons fait une réunion immédiatement après la manifestation avec notamment tous les étudiants qui avaient participé à la manif et le collectif qu’ils ont créé dans leur école et qui s’est rapidement déclaré solidaire des Jeunes FGTB, pour voir ce qu’on peut faire comme action pour la suite.
“L’objectif que nous nous sommes fixé, c’est de mobiliser le plus de monde possible pour la manif européenne du 4 avril en faisant le lien entre le capitalisme, l’austérité en Europe et les mesures antisociales nationales, comme avec l’attaque contre les allocations d’insertion. Il est question de tractage dans les écoles, d’organiser un débat sur la jeunesse et la précarité avec comme objectif suivant la journée du 1er Mai et notre volonté d’y avoir le plus de jeunes présents pour démontrer aux centrales syndicales qu’il est nécessaire de continuer le combat et la lutte par rapport à cette mesure.”
http://jeunesfgtbcharleroi.com/
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Réformer la réforme du chômage!
Le patronat et ses laquais politiques essayent de nous faire avaler que les chômeurs sont responsables de leur sort, qu’ils ne veulent pas travailler, qu’ils ne cherchent pas de boulot, que ce sont des profiteurs. La réalité, c’est qu’il y a 600.000 demandeurs d’emploi pour environ 40.000 offres, en comptant large. Et puis un profiteur, c’est quelqu’un qui fait du profit, et ce n’est pas avec quelques centaines d’euros par mois pour vivre qu’on peut faire du profit ! Au premier janvier 2015, 55.000 de ces soi-disant ‘‘profiteurs’’ vont être exclus de leurs allocations d’insertion : ce nombre est plus élevé que celui des emplois disponibles !
Par Ben (Charleroi)
Les travailleurs sans emploi n’ont plus d’autres choix que de s’organiser et de lutter contre les attaques qu’ils subissent. Mais comme l’ont fait remarquer certains délégués lors des actions syndicales du 10 mars contre l’exclusion des chômeurs, ce ne sera pas facile de mobiliser les sans emploi. Déjà parce que beaucoup d’entre eux ont perdu l’espoir de voir leur situation s’améliorer et sont enfermés dans la difficulté de leur situation. Beaucoup ont subi tellement de brimades – parfois même de la part de leurs proches, familles, ancien collègues ou voisin – qu’ils se sentent exclus et ne prendront le train de la lutte collective que lorsque celui-ci sera déjà lancé.
Et à ce niveau-là, c’est pas encore gagné. Depuis deux ans que cette attaque contre les chômeurs a été votée par les autorités, rien de bien sérieux n’a été organisé pour mobiliser les travailleurs, avec ou sans emploi. Suite au manque d’attention de la part des centrales syndicales vis-à-vis des travailleurs sans emploi, de nombreux chômeurs sont devenus méfiants à leur égard, sans parler de la confusion qui existe parfois entre l’ONEM et les caisses de payement d’allocations
que sont les syndicats. Certains chômeurs confondent les deux puisque c’est par une lettre avec un logo du syndicat qu’ils apprennent qu’ils vont voir leur allocation diminuer ou être supprimée.Des comités de chômeurs et des organisations qui les défendent commencent à reprendre vie un peu partout ; des groupes limités, certes, mais le processus est bien en marche. Une plateforme pour l’abrogation de l’article 63§2 a été lancée à Liège, une marche contre la chasse aux chômeurs est organisée le 11 mai à l’initiative du réseau bruxellois de collectifs de chômeurs/ses, etc. Mais une chose doit être claire : vaincre les mesures du gouvernement Di Rupo nécessite une lutte d’ampleur de l’ensemble des travailleurs, avec ou sans emploi. Les différentes actions syndicales qui ont rassemblé des milliers de militants dans de nombreuses villes de Belgique le 10 mars étaient un bon premier pas. Ce qui nous manque, c’est un plan d’action clair, établi suffisamment à l’avance pour que chacun puisse s’y raccrocher. L’idée de la régionale FGTB de Verviers de tenir un rassemblement militant chaque mercredi jusqu’au 31 décembre 2014 est intéressante, car ce pourrait être le lieu de réunion de tous ceux qui veulent rejoindre le combat afin de discuter de la manière de pousser la lutte en avant. Espérons que d’autres régionales fassent de même et – plus encore – que de tels rassemblements se construisent en front commun syndical.
Seuls, des comités de chômeurs n’auraient jamais pu mobiliser autant de personnes un même jour dans différentes villes. Les travailleurs sans emploi doivent renforcer les comités de TSE des syndicats et y construire une aile gauche combative faisant pression pour que les syndicats renouent avec leurs traditions de lutte. A cette fin, il faut s’armer de revendications capables d’unifier les travailleurs avec et sans emploi, comme la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
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[INTERVIEW] ‘‘Je veux me battre et ne pas subir les mesures !’’
Dans le cadre de la journée d’actions contre les mesures anti-chômeurs du 10 mars dernier, un groupe de jeunes s’est particulièrement fait remarquer par son dynamisme et sa combattivité lors de la manifestation organisée par la Régionale de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut. Nous avons discuté avec des étudiantes qui avaient à cette occasion mobilisé un bon groupe de jeunes de leur école (l’IPSMA, Institut Provincial Supérieur des Sciences Sociales et Pédagogiques de Marcinelle).
Par Ben (Charleroi)
=> Site des Jeunes FGTB de Charleroi
Morgane : ‘‘Les mesures contre les chômeurs nous concernent directement en tant qu’assistantes sociales parce qu’on n’a pas envie de faire du contrôle. Au CPAS, ils ont mis en place un service contrôle, c’est vraiment aberrant, on n’est pas là pour ça : je pense qu’on a une formation sociale et pas une formation de policier. Ensuite, ce qui nous a le plus révolté, c’est qu’après 3 mois de chômage, on doit chercher un emploi dans un autre domaine que le nôtre, dans n’importe quel secteur. On n’a pas trimé pendant 3 ans pour être obligées à changer de secteur ! Et puis cette réforme aura des répercussions sur notre travail. Dans nos stages, chacun a, d’une manière ou d’une autre, déjà rencontré des difficultés par rapport à ces exclusions.’’
Laura : ‘‘Ne rien faire, ça voudrait dire d’accepter de travailler comme ça, d’accepter de mal travailler. En tant que travailleur social, travailler là-dedans, c’est du stress permanent, c’est avoir à traiter plus de 50 dossiers au CPAS, c’est illogique. On nous explique à l’école comment devenir de bons travailleurs sociaux et, finalement, c’est complètement l’inverse qui se passe dans notre société.’’
Aurélie : ‘‘Pour compléter, on a vraiment l’impression que ces mesures vont à l’encontre de nos valeurs et de celles apprises pendant notre formation de 3 ans. Moi, j’ai fait mon stage au CPAS et je trouve qu’il y a déjà trop peu de travailleurs pour s’occuper des bénéficiaires. Avec la nouvelle vague qui va arriver, je ne vois pas comment les travailleurs des CPAS vont pouvoir gérer ça.’’
Socialisme.be : Comment la mobilisation s’est-elle passée ?
Laura : ‘‘Tout a commencé par une discussion en classe. Un intervenant est venu pour discuter des mesures d’austérité qui allaient nous mettre en difficulté en tant que futurs travailleurs sociaux. Nous sommes en dernière année, on va donc être directement confrontés à cela.
‘‘On en a reparlé après sur le groupe facebook de la classe et une étudiante a pris l’initiative. Elle faisait justement son stage au CPAS, au service d’insertion professionnelle. Elle s’est dit qu’il fallait mettre quelque chose en place et la première idée a été d’organiser une marche blanche. Suite à ça, on s’est mises à trois à travailler là-dessus en parlant à notre directrice pour voir si c’était possible.
‘‘Nous avons envoyé un mail à notre professeur qui a été agréablement surpris et qui a fait venir un intervenant, Antoine Thioux, qui travaille aux Jeunes FGTB. Il nous a un peu plus expliqué la problématique et ce qu’on pouvait éventuellement faire.
‘‘On en a rediscuté entre nous, toujours à trois, et nous avons soumis à notre classe l’idée d’organiser la mobilisation pour la manifestation du 10 mars avec les Jeunes FGTB, mais en gardant notre indépendance. C’est comme ça qu’on a décidé de créer notre collectif : CRACS. Au début, on a organisé une séance d’information pour voir qui dans notre classe était motivé. Et vu que tout le monde l’était, on a fondé le collectif et on a décidé de faire nos propres tracts.’’
Aurélie : ‘‘Après, on a revu plusieurs fois Antoine. Il nous a expliqué comment mettre en place la manifestation, vu qu’on ne savait pas trop comment nous y prendre. Nous avons réalisé un fascicule qui expliquait pourquoi on participait à la manifestation, dans quel but et quelles étaient nos revendications.’’
Morgane : ‘‘Nos revendications, on les a faites tous ensemble. Mais après, on s’est divisé le travail. On s’est organisés par petits groupes de trois étudiants, on s’est divisés les classes et on en a fait le tour.’’
Laura : ‘‘Mais avant, il a fallu demander l’autorisation à notre directrice et ça n’a pas toujours été facile. On n’a pas vraiment eu le soutien de l’école, mais on a quand même pu diffuser l’information, mettre des affiches, etc. du moment qu’il n’y avait pas de connotation politique. Au départ, on voulait aussi envoyer un mail à l’ensemble des étudiants à travers le conseil étudiant, mais ce dernier a refusé parce que ça avait une connotation politique. Si on s’est rabattu sur les classes, comme l’a dit Morgane, c’est aussi parce qu’on n’a pas pu envoyer de mail à tous les étudiants.’’
Morgane : ‘‘La directrice ne voulait pas qu’on organise cette marche blanche. Elle disait qu’on avait notre TFE (travail de fin d’études) et beaucoup à faire pour réussir notre troisième année. Elle disait ; ‘‘pensez d’abord à votre troisième.’’ Mais nous, notre argument c’était ; ‘‘pourquoi terminer nos études si on n’a pas d’emploi après ? Ce n’est pas cohérent !’’
‘‘Donc, au début, on voulait organiser une marche blanche, mais on s’est vite rendu compte qu’on manquerait de temps pour l’organiser correctement. C’est pour ça qu’on a apprécié qu’Antoine nous dise que si la marche blanche n’était pas possible pour nous, on pouvait peut-être rejoindre la manifestation que la FGTB organisait le 10 mars, en tant qu’organisation indépendante. Et je pense que c’était notre plus grand souhait, de partir de ce qu’on savait, de ce qu’on voulait et de faire notre propre expérience. Au départ, c’est aussi un désir de collaboration avec les Jeunes FGTB parce qu’on n’avait aucun moyen financier. Quand Antoine nous a dit : ‘‘moi je peux vous aider, j’ai une expérience à partager mais vous pouvez rester indépendantes tout en faisant une collaboration’’, on a directement été partantes.’’
Socialisme.be : Vous connaissiez déjà les Jeunes FGTB avant ça?
Morgane : ‘‘Déjà en première année, parce qu’Antoine vient souvent en classe pour donner des informations au niveau du chômage. Puis en troisième, quand on a envoyé le mail à notre professeur, car il travaille au Mouvement Ouvrier Chrétien. C’est lui qui a fait venir Antoine. Il avait également fait la proposition aux Jeunes CSC, mais ils ne sont pas venus. Donc ça été Antoine notre personne de référence et la collaboration s’est très bien passée, je pense qu’il nous a été d’une grande aide.’’
Socialisme.be : Quel bilan faites-vous de tout ça ? Comment voyez-vous la suite ?
Morgane : ‘‘Moi la suite, je la vois avec les jeunes FGTB ! La première manifestation, ça a provoqué un déclic. Depuis le début, en première année, et je pense que mes copines vous le diront, je me suis politisée très à gauche, quitte à me disputer avec elles. J’étais un peu toute seule dans mon coin avec mes idées. Et ici, ça été le déclic, c’est vraiment ça que je veux faire, je veux me battre, je veux pouvoir agir dans mon environnement et ne pas subir les mesures. J’envisage donc positivement la suite aux Jeunes FGTB.’’
Laura : ‘‘Moi c’est pareil, j’ai été très satisfaite de la manifestation organisée par la FGTB. Même si on était indépendants au début, c’est vrai que j’ai vite rejoint les Jeunes FGTB parce que c’étaient les mêmes valeurs que celles qu’on prônait. Ce sont des valeurs de gauche et quand j’ai vu comment les choses se sont déroulées, le nombre de personnes présentes à la manifestation, etc., je me suis dit que c’était important de continuer sur cette ligne et de travailler avec les Jeunes FGTB pour d’autres manifestations, d’autres actions et, par la suite peut-être, de parvenir à une victoire. Même si la manifestation du 10 mars n’a pas été une réussite totale, j’espère que ce n’est que le début d’une plus grande lutte pour renforcer la gauche véritable.’’
Aurélie : ‘‘Moi je trouvais que la manifestation du 10 mars était vraiment très cohérente. Et on verra pour la suite, mais en tout cas, la philosophie des Jeunes FGTB me semble très proche de la mienne. Donc je vais m’affilier prochainement.’’
Morgane : ‘‘Et pour finir, on appelle tout le monde à participer avec nous à la manifestation du 4 avril !’’








