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Tag: Catalogne
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La Catalogne se soulève suite à la lourde condamnation des prisonniers politiques

Action de solidarité à Bruxelles. Le lundi 14 octobre, le Tribunal Suprême a annoncé la condamnation de représentants politiques, des acteurs institutionnels du référendum catalan organisé le 1er octobre 2017. Les peines vont jusqu’à 13 ans de prison pour certains ! Dès l’annonce des condamnations, un mouvement de masse spontané s’est rapidement développé. La première semaine de mobilisation a débuté par l’occupation de l’aéroport de Barcelone avec plus de 10.000 personnes directement inspirées du mouvement à Hong Kong. Il a culminé le vendredi 18 octobre par une grève générale qui a paralysé la Catalogne. Le mouvement renoue avec la lutte de masse qui avait pris son envol autour du référendum pour l’autodétermination du 1er octobre 2017 et la grève générale qui avait suivi le 3 octobre.
Par Carlos (Bruxelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste
Les manifestations en faveur de l’auto-détermination et de l’amnistie pour les condamnés sont massives et font face à un déploiement impressionnant des forces policières nationales et régionales catalanes. Ces dernières chargent les participants et recourent à des dispositifs interdits comme le tir de balles en caoutchouc.
Ces affrontements ont fait de nombreux blessés et plusieurs personnes ont partiellement perdu la vue. À Madrid, la police s’est révélé tout aussi brutale envers les manifestations de solidarité avec le peuple catalan. Des groupes d’extrême droite violents ont, quant à eux, profité de la situation pour sortir dans les rues et venir provoquer le mouvement.
Les réactions des partis de gauche laissent à désirer. Pablo Iglesias (Podemos) appelle à ‘‘l’équidistance’’ et à la ‘‘réconciliation’’. Il refuse de prendre position contre l’appareil d’État répressif, politiquement dirigé par le PSOE social-démocrate de Pedro Sanchez, pour qui les condamnations doivent être ‘‘intégralement exécutées’’. De leur côté, les forces de droite déclarent avec une attitude incendiaire que la sentence n’est pas assez dure. Toutes ces réactions ont évidemment des relents électoralistes puisque des élections générales doivent se tenir le 10 novembre dans tout l’Etat espagnol.
La classe ouvrière a un rôle fondamental à jouer pour la suite du mouvement. Elle doit intégrer des revendications sociales pour faire face à l’urgence sociale présentes derrière la lutte pour l’autodétermination. La grève générale du 18 octobre appelée par les syndicats indépendantistes ou alternatifs fut un grand succès, tout particulièrement en considérant le refus de soutenir la grève des directions syndicales des grandes fédérations syndicales CCOO et UGT. Les commerces, les services publics, la santé et l’enseignement ont été tout comme une partie de l’industrie. Certaines couches de travailleurs sont donc déjà engagées dans la bataille : 9.800 travailleurs de Seat ont ainsi fait grève et le syndicat portuaire de Barcelone a annoncé un arrêt de travail de 12 heures contre la violation des droits démocratiques.
La société catalane est déjà entrée en action et dépasse de loin ce que veulent les partis nationalistes catalans concernant les libertés démocratiques et la remise en question du ‘‘régime de 78’’ qui a fait suite au franquisme. Ces partis imposent des mesures d’austérité et attaquent la classe ouvrière. Le mouvement doit mener à bien une campagne audacieuse pour développer la lutte à partir de la grève générale et atteindre la meilleure participation possible des travailleurs organisés de la CCOO et de l’UGT et ce, par-dessus la tête de leurs dirigeants si nécessaire.
Une structuration démocratique du mouvement est nécessaire, via la construction de comités dans les quartiers, les universités et les lieux de travail, organisés de façon radicalement démocratique et basés sur des revendications tournées vers la classe ouvrière. Ce n’est qu’ainsi que le mouvement pourra progresser vers la construction d’un rapport de forces efficace et développer la solidarité des travailleurs dans tout l’État espagnol.
Socialismo Revolutionario, notre section-sœur, lutte contre le capitalisme et le régime hérité du franquisme. Elle est en faveur des droits démocratiques pleins et entiers, du droit à l’autodétermination et de l’instauration d’une république socialiste catalane, ainsi que d’une confédération sur base libre et volontaire des peuples de l’État espagnol et de la péninsule ibérique, dans le cadre d’une confédération socialiste d’Europe!
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Catalogne: la grève générale du 18 octobre a illustré l’énorme potentiel du mouvement
Une nouvelle génération radicalisée entre en lutte pour la première fois avec le mouvement de masse, issu de la base, contre les peines de prison prononcées à l’encontre de politiciens indépendantistes catalans. Cependant, pour le moment, il manque au mouvement les structures démocratiques et le programme politique nécessaires à la construction d’une force luttant pour une république catalane indépendante et socialiste. Le potentiel pour cela est néanmoins très important.Vlad B, Socialismo Revolucionario (CIO dans l’État Espagnol), Barcelone
Une semaine de manifestations de masse à Barcelone et dans d’autres grandes villes catalanes a été couronnée par une grève générale, le vendredi 18 octobre, qui a rassemblé plus d’un demi-million de personnes lors d’un rassemblement dans le centre de Barcelone. Parmi eux, des dizaines de milliers de personnes qui, ces derniers jours, avaient marché des quatre coins de la Catalogne pour converger sur Barcelone. La grève et le rassemblement ont été remarquablement pacifiques, contrastant avec les émeutes qui ont eu lieu plus tard dans la nuit et certaines nuits précédentes. Selon la police, environ 4.500 personnes ont pris part aux émeutes, soit moins de 1% des participants au rassemblement! Cependant, les émeutes ont été massivement surreprésentées dans les principaux médias espagnols, dans le but habituel de saper la légitimité du mouvement de protestation et son soutien populaire. Néanmoins, bien que la colère qui alimente les émeutes soit compréhensible compte tenu de l’absence de direction politique au mouvement, le renforcement de la grève générale permettrait de canaliser cette colère dans un moyen de lutte beaucoup plus efficace.
La grève a été déclenchée par des syndicats indépendants, tels que la CSC-Intersindical, l’Intersindical Alternativa de Catalunya (IAC) et la CGT, avec des taux de participation significatifs dans divers secteurs: 60-80% dans le commerce, 43% dans l’enseignement public, 26,3% dans la santé, 30% parmi les fonctionnaires, 36% des travailleurs des métros et 90% des étudiants. Fait important, contrairement à la grève du 3 octobre 2017 lors du référendum, les travailleurs de l’usine SEAT, la plus grande de Catalogne, ont également déposé leurs outils de travail.
L’ampleur de cette grève est d’autant plus impressionnante que les dirigeants des principales fédérations syndicales telles que la CCOO et l’UGT ne sont pas impliquées. En effet, au lieu de soutenir cette grève, la CCOO et l’UGT ont honteusement négocié une “déclaration” avec les fédérations patronales catalanes, appelant à un “dialogue politique”. Cela reflète la capitulation des dirigeants officiels de gauche et du mouvement des travailleurs face à la question catalane. Leurs appels abstraits au «dialogue» et aux «solutions politiques» sont vains face à la répression d’un État espagnol qui a infligé des peines de prison plus longues aux élus indépendantiste qu’aux auteurs de la tentative de coup d’État militaire de 1981! C’est un État qui justifie ces lourdes peines par «l’opposition matérielle» des dirigeants indépendantistes aux institutions de maintien de l’ordre, ce qui ouvre une voie dangereuse à la criminalisation de toute future mobilisation de masse, notamment des grèves ou des occupations. C’est un État qui tire des balles en caoutchouc sur ses propres citoyens et où les membres des forces de police fraternisent ouvertement avec des voyous fascistes.
Plus fondamentalement, c’est un État qui renferme toujours au sommet une faction ultra-nationaliste et franquiste qui n’accepterait jamais une voie «institutionnelle» vers l’indépendance catalane. Ils collaborent maintenant temporairement avec le gouvernement intérimaire du PSOE, qui préconise d’encadrer les prochaines élections législatives du 10 novembre autour d’un faux sentiment d’unité nationale face à la menace séparatiste. C’est un moyen utile pour le PSOE et le reste de la caste politique de détourner l’attention des problèmes socio-économiques persistants qui touchent la majorité des travailleurs et des jeunes, y compris la baisse de la croissance économique déjà faible, de 0,6% en juin à 0,4% en septembre 2019. Ces partis tentent maintenant de se présenter comme les défenseurs de «l’unité espagnole» et de la Constitution. La classe dirigeante espagnole est en fait divisée et n’a aucune vision cohérente de la gestion de l’économie du pays. Un potentiel gouvernement d’union nationale entre le PSOE et le PP aura des fondations très instables, notamment dans la perspective d’une nouvelle crise économique.
Les tactiques nationalistes actuellement employées par les différentes sections de l’establishment risquent de se retourner contre elles. En effet, sur les lieux de travail, dans les écoles et dans la rue, les événements commencent à se dérouler selon un clivage gauche-droite qui dépasse la Catalogne: avec d’une part, des manifestations de solidarité de masse dans d’autres grandes villes de l’État espagnol, notamment à Madrid, Bilbao, Saint-Sébastien, Valence et Saragosse, où dominent les drapeaux républicains et antifascistes; d’autre part, la répression policière, les assauts fascistes et les politiciens de droite appelant à l’activation de l’article 155 de la Constitution qui suspendrait l’autonomie de la Catalogne. L’échec des dirigeants politiques de gauche est encore plus cuisant dans ce contexte de polarisation croissante. Ils adoptent une fausse neutralité au lieu de se tenir résolument du côté du mouvement de masse.
Les manifestants dans les rues de Barcelone sont conscients du caractère répressif et réactionnaire de l’État espagnol ainsi que de la faillite de la direction de gauche. C’est particulièrement le cas avec les nouvelles couches de jeunes qui entrent en lutte. Bien qu’ils soient relativement ou même complètement nouveaux dans l’activisme politique, ils ne se font pas d’illusions dans un chemin «légal» vers l’indépendance. Ils ne se font pas non plus d’illusions sur les représentants politiques de la génération des «Indignés», tels que Pablo Iglesias et Ada Colau, qui ont fait leur entrée dans la politique traditionnelle et sont devenus partie prenante du même établishment auquel ils étaient censés s’opposer. Lors d’une manifestation à Barcelone, la réception hostile des manifestants envers Gabriel Rufian, dirigeant autrefois populaire d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, parti indépendantiste de type social-démocrate) illustre le sentiment présent. Au cours des deux dernières années, son parti a adopté une vision pessimiste sur la question de l’indépendance, qu’il considère désormais comme un objectif à long terme.
Malgré son image de gauche, l’ERC fait partie de la coalition gouvernementale depuis 2018 qui, avec les libéraux de centre droit de Junts per Catalunya (JxCAT), applique l’austérité dans toute la Catalogne. La volonté d’indépendance d’une grande partie des jeunes en colère qui participent aux manifestations de masse est largement alimentée par les problèmes sociaux et économiques auxquels ils sont confrontés avec leurs familles, plutôt que par un sentiment nationaliste catalan uniquement. Comme l’a expliqué un jeune de 18 ans de Gironne à un journaliste de Público, la démocratie espagnole «est une blague et non un pays économiquement sûr. Je suis devenu indépendantiste grâce aux institutions espagnoles et non pas aux catalanes ». En effet, les syndicats indépendantistes qui ont appelé à la grève du vendredi, principalement CSC-Intersindical et IAC, ont déclaré que leur principale motivation était liée à la revendication d’un salaire minimum plus élevé et à des mesures visant à promouvoir l’égalité sur le lieu de travail.
Tout cela montre que les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus conscients du fait que les dirigeants officiels du camp indépendantiste sont non seulement incapables de mener à bien la lutte pour l’indépendance, mais également que le type de république indépendante qu’ils envisagent est au service des élites et non des gens ordinaires. L’indépendance de la Catalogne mérite de lutter en sa faveur, bien sûr, sur la base du droit fondamental à l’autodétermination, mais surtout parce qu’elle offrirait l’occasion historique de construire un type de société différente, où les secteurs clés de l’économie sont sous propriété publique et sous contrôle démocratique de la collectivité afin de répondre aux besoins de la société.
Cependant, pour le moment, aucune organisation de masse ne défend cela vu la faillite déjà mentionnée de la direction officielle de la gauche. Il existe un vide politique évident dans le mouvement de protestation actuel, comme en témoigne le rassemblement de masse de vendredi, où les quelques groupes de gauche n’avaient aucun matériel indiquant la voie à suivre. Mais il y a un énorme appétit pour cela, surtout parmi les jeunes participants. Le mouvement manque actuellement d’un programme politique et d’une stratégie, ainsi que de structures démocratiques pour permettre le développement de ce programme et de cette stratégie. Mais les couches les plus conscientes du mouvement sont clairement assoiffées de contenu politique et de direction.
La Candidatura de Unidad Popular (CUP) doit jouer un rôle plus décisif à cet égard. Elle pourrait utiliser ses représentants élus et une base conséquente pour intervenir avec audace et œuvrer à la mise en place de comités démocratiques qui structureraient et coordonneraient le mouvement autour d’une stratégie et d’un programme radical pour l’indépendance. Socialismo Revolucionario est pleinement disposé à travailler avec tous les groupes intéressés par une telle approche, qui vise à construire un mouvement démocratique et militant luttant pour une république catalane indépendante et socialiste.
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Catalogne: Il faut intensifier la lutte! Grève générale maintenant!

Construisons le mouvement démocratiquement à partir de la base!
L’État espagnol a condamné à de longues peines de prison pour “sédition” les prisonniers politiques catalans, les anciens responsables du gouvernement et des institutions catalanes ainsi que les dirigeants des organisations indépendantistes. Il s’agit d’un événement extrêmement grave, presque sans précédent dans l’histoire récente de l’Europe occidentale, qui intervient également pendant la campagne pré-électorale pour les élections générales de novembre dans l’État Espagnol.
Par Socialismo Revolucionario (CIO dans l’État espagnol)
Les dirigeants du bloc de droite (PP, Ciudadanos et Vox) appellent à une interdiction des partis indépendantistes catalans et à d’autres mesures anti-démocratiques. Pour sa part, le président du gouvernement par intérim, Pedro Sánchez, du PSOE (social-démocratie), joue également la carte électoraliste de la répression contre la Catalogne. Il a parlé de “respect de la peine” et de “l’exécution de l’intégralité” de ces peines (sans libération conditionnelles) allant de 9 à 13 ans de prison pour neuf des douze condamnés.
La seule réponse possible de la jeunesse et de la classe ouvrière catalane est d’organiser une grève générale pour la défense des droits démocratiques et du droit du peuple catalan de décider de son avenir. L’attaque contre les droits démocratiques de la Catalogne est une attaque contre l’ensemble de la classe des travailleurs de l’État espagnol et une réponse claire doit y être donnée.
Tout le monde suit les événements en Catalogne, comme ils ont suivi le mouvements de masse à Hong Kong. Et sans aucun doute, les dizaines de milliers de personnes qui ont marché jusqu’à l’aéroport de Barcelone El Prat ont été inspirées par les manifestations de masse à Hong Kong.
La police espagnole a été aussi brutale que celle de Hong Kong. Les “démocraties” occidentales et la dictature chinoise utilisent des méthodes violentes similaires lorsque les intérêts du capitalisme sont menacés. L’UE défend la répression exercée par l’État espagnol sur la Catalogne et n’apporte aucun soutien à la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong.
La lutte contre l’oppression est internationale et ces leçons sont apprises en particulier par les jeunes. Il est inspirant que les mouvements de masse en Europe et en Asie apprennent les uns des autres. La seule solidarité internationale que nous souhaitons vient d’en bas, pas des présidents ni des gouvernements capitalistes!
Grève générale maintenant en Catalogne et actions de solidarité de toutes les organisations de la classe des travailleurs de l’État espagnol !
De nombreuses manifestations de milliers de personnes ont eu lieu lundi en Catalogne. Ces manifestations de masse ont déjà bloqué les autoroutes, les voies ferrées et l’occupation de l’aéroport de Barcelone a bloqué ses accès et entraîné l’annulation de plus de 100 vols.
Nous devons maintenant bloquer toute la Catalogne avec une grève générale comme point de départ d’une lutte continue. Les étudiants ont déjà quitté leurs cours pour aller manifester dès l’annonce des peines et une grève étudiantes de trois jours est convoqué à partir de mercredi. Nous devons tous nous arrêter de travailler vendredi pour la grève générale!
Ce mouvement semi-spontané et d’en bas doit être organisé et avoir une direction claire. Notre force est dans les rues et notre arme est la grève générale. Les Comité de défense de la République (CDR) doivent être reconstruit où et quand c’est nécessaire et des réunions de masse doivent être organisées dans les écoles, les universités, les lieux de travail et les quartiers. Des comités démocratiques locaux doivent être créés pour diriger le mouvement. C’est trop important pour laisser cela aux mains de politiciens professionnels qui ont malheureusement montré par le passé qu’ils préféraient que les gens ne descendent pas dans la rue. Nous avons besoin que ces comités locaux organisés démocratiquement s’étendent à travers toute la Catalogne pour développer sérieusement la lutte et devenir la direction du mouvement.
Le mouvement doit également parler du type d’indépendance pour lequel nous nous battons. Les travailleurs et les jeunes de Catalogne se révoltent contre la répression de l’État espagnol et pour le droit de décider de leur avenir. Mais pour quelle sorte de Catalogne se battent-ils? Nous défendons une Catalogne libre non seulement de la répression de l’État, mais aussi de toute oppression économique et sociale, de la fin du régime de 78 et de système capitaliste qui la soutient. Gagner tous les travailleurs catalans à ces revendications et inspirer les travailleurs dans tout l’État espagnol est essentiel pour obtenir une victoire.
Une nouvelle phase du mouvement pour l’indépendance a été franchie et il ne peut y avoir de retour en arrière. C’est une période où toute la gauche, le mouvement ouvrier et les mouvements sociaux doivent s’unir et s’opposer au régime antidémocratique. Ce n’est pas le moment de parler de “respect de la loi” mais de rébellion ouvrière et populaire contre le système capitaliste et franquiste.
Malheureusement, la position de Pablo Iglesias est abstraite et utopique et constitue une grave erreur historique: “Tout le monde devra respecter la loi et assumer la peine”, mais désormais “il est temps de se ressaisir et d’œuvrer à la reconstruction des ponts entre une société catalane divisée, une partie de la société catalane et une société espagnole.” Il faut, selon ses mots, chercher “le chemin de la réconciliation”.
Comment peut-il y avoir une “réconciliation” avec les partis politiques de droite qui emprisonnent les gens pour leurs idées? L’État espagnol tente de criminaliser le peuple catalan et quiconque exprime son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. On ne peut permettre que cela continue et la gauche et le mouvement syndical doivent s’opposer à cette injustice. Il ne peut y avoir aucun respect pour un système judiciaire qui opprime le peuple.
La gauche doit avoir une vision très claire de ce qui est en jeu en Catalogne. Des mesures antidémocratiques et franquistes sont déjà prises contre la jeunesse d’Altsasu, les grévistes qui participent à des piquets de grève, des tweeters et des rappeurs, et continueront d’être utilisées contre la classe ouvrière dans ses futurs luttes, à moins d’une réponse claire maintenant.
- Soutenons la grève étudiante de 72 heures!
- Pour une grève générale en Catalogne!
- Pour l’organisation d’actions de solidarité dans tout l’État espagnol et internationalement!
- Liberté pour les prisonniers politiques catalans!
- Stop à la répression de l’État espagnol et pour le retour des exilés politiques!
- Pour la défense des droits démocratiques!
- Pour le droit à l’autodétermination!
- Pour une république socialiste catalane!
- Pour une confédération sur base libre et volontaire des peuples de l’État espagnol et de la péninsule ibérique, dans le cadre d’une confédération socialiste d’Europe!
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Actions de solidarité avec le mouvement de masse en Catalogne
Des actions de solidarité avec le mouvement de masse en Catalogne ont pris place ce lundi et mardi à Bruxelles rassemblant respectivement 150 et 250 participants. Nous avons pris part à la manifestation de ce mardi qui a marché de la Commission européenne à l’ambassade d’Espagne. La colère et la combativité sont grandes suite à l’annonce des scandaleuses sentences contre les prisonniers politiques catalans.
Notre présence à été bien accueillie et plusieurs personnes nous on remercié pour notre solidarité tout en se déclarant défavorables à la présence de la N-VA dans ces actions, ce qu’elles perçoivent comme un élément étranger à leur mouvement. Contrairement à la N-VA, le PSL n’essaie pas de défendre les intérêts des capitalistes mais bien ceux des masses laborieuses. La sympathie d’une partie de la direction formelle du mouvement indépendantiste catalan pour la N-VA renforce le manque de compréhension auprès des travailleurs belges du caractère progressiste de la lutte des masses en Catalogne pour les droits démocratiques et le droit de décider de leur avenir. Le mouvement des travailleurs et des jeunes doit exprimer sa solidarité avec la grève étudiante de 72h qui débutera ce mercredi et avec l’appel à une grève générale ce vendredi en Catalogne. Le mouvement des catalans en Belgique doit s’orienter vers le mouvement ouvrier pour y chercher un appui et non pas se bercer dans de faux espoirs entretenus envers l’establishment de l’Union Européenne qui soutient la répression contre le peuple catalan.









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Catalogne : Des salles de classe vides et des milliers de personnes dans les rues en grève contre la répression franquiste

Le 26 avril, les salles de classe des écoles et des universités de Catalogne étaient vides en raison de la grève générale étudiante appelée par le Sindicat d’Estudiants. Encore une fois, les jeunes sont sortis dans la rue, face à la répression franquiste du PP pour dénoncer haut et fort le bloc réactionnaire : nous exigeons la démocratie et la liberté pour les jeunes et le peuple de Catalogne et nous n’acceptons pas les attaques antidémocratiques qui menacent de détruire nos droits.
Par le Sindicat d’Estudiants
Plus de 10.000 jeunes ont défilé à Barcelone et des centaines d’autres villes de Catalogne pour réclamer la liberté des prisonniers politiques, la fin de l’article 155 de même que pour dénoncer la criminalisation et la persécution des comités CDR (comité de défense du référendum) et de tous ceux qui se sont soulevés contre cette offensive antidémocratique.
Nous savons que l’intention du PP et de ses alliés est d’humilier un peuple entier et d’envoyer un message clair, non seulement aux jeunes et aux travailleurs de Catalogne, mais aussi dans le reste de l’État espagnol. Aujourd’hui, ils emprisonnent et persécutent les gens aux idées indépendantistes, mais ils commencent aussi à agir de la sorte contre ceux qui dénoncent la corruption, l’injustice du gouvernement PP et le rôle de la monarchie. Aujourd’hui c’est le mouvement indépendantiste, les rappeurs, les tweeters, les jeunes basques et d’autres qui sont victimes de la police. Mais demain, ces méthodes seront utilisées contre ceux qui organisent des grèves étudiantes, des mobilisations comme la grève féministe du 8 mars, le mouvement des retraites et le mouvement anti-évictions. Nous ne pouvons pas accepter cela ! En Catalogne, le 26 avril, nous l’avons rendu plus que clair et nous sommes sortis pour lutter, comme nous l’avons fait le 15 avril lorsque plus d’un million de personnes ont défilé à Barcelone. Cela montre la voie à suivre pour résister à l’oppression !
Pour cette raison, le Sindicato de Estudiantes dans le reste de l’État espagnol a activement mobilisé en soutien à ses camarades catalans. Nous avons organisé des rassemblements de protestation au Pays basque, ainsi que des assemblées et des arrêts dans le reste de l’État. Tant en Catalogne qu’à l’extérieur, notre ennemi est le même : le bloc réactionnaire du PP qui nous attaque, nous inflige des coupes budgétaires et nous refuse une vie digne, mais qui veut aussi nous museler quand nous sortons pour lutter.
Nous voulons également remercier le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) qui a organisé des actions de solidarité avec notre grève au niveau international. Des manifestations ont eu lieu devant les ambassades et consulats à Londres, Berlin, Dublin, Edimbourg, Cracovie, Vienne, Québec, Hong Kong et bien d’autres. Ils ont contribué à visibiliser notre lutte partout dans le monde.
Lorsque nous organisons et combattons, nous sommes très forts, comme nous l’avons montré le 1er octobre, le 3 octobre lors de la grève générale historique qui a paralysé la Catalogne, et de nouveau le 15 avril. Il n’y a pas de répression qui puisse arrêter un peuple mobilisé ! Il est nécessaire d’entendre le message que les jeunes ont envoyé dans les rues de Catalogne le 26 avril, et de répondre par une grève générale de tous les travailleurs et des jeunes. C’est ainsi que nos parents et nos grands-parents ont obtenu des droits démocratiques dans les années 1970 et c’est ce que nous allons réaliser aujourd’hui !

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Élection du 21 décembre en Catalogne : Une déroute pour le gouvernement de droite du PP

La suspension du statut d’autonomie de la Catalogne via l’article 155 de la Constitution, l’emprisonnement et l’exil des ministres catalans, la répression, l’exacerbation du nationalisme espagnol et la campagne d’intimidation (avec surtout le déménagement des sièges sociaux de plus de 3.000 entreprises hors de Catalogne),… Tout cela n’a pas permis aux partis du bloc du 155 (PP, C’s et PSOE) de remporter les élections du 21 décembre.
Par Boris (Bruxelles)
JxCat (Ensemble pour la Catalogne, la liste de Carles Puidgemont), ERC (Gauche Républicaine Catalane) et la CUP (Candidature d’Unité Populaire) ont renouvelé leur majorité absolue au parlement. Des centaines de milliers de personnes qui rejettent le parti de droite catalan Pdecat de Puigdemont, ont pourtant voté pour sa liste, composée de figures du mouvement catalan, car ils sont vus comme ayant résolument fait face à l’Etat espagnol depuis l’exil et la prison. Les médias, la monarchie, les partis du régime de 1978 et la bourgeoisie espagnole et catalane essayent de cacher leur défaite derrière la victoire de Ciudadanos (C’s, Citoyens, populiste de droite) qui devient le premier parti en Catalogne. Mais cela n’occulte pas la déroute du PP (Parti Populaire), le parti de droite au pouvoir en Espagne, qui incarne l’oppression nationale, l’héritage du franquisme, les politiques d’austérité et les nombreux scandales de corruptions.
Avec la perte de la moitié de ses voix, le PP n’est plus en mesure de former un groupe au parlement catalan. C’s, qui défend une politique au service des grandes entreprises, a mené une campagne couplant le maintien à tout prix dans l’Etat espagnol avec la crainte de la fuite des capitaux, de la délocalisation des emplois et du chaos économique qu’amènerait l’indépendance.
L’incapacité de la gauche d’intervenir dans le mouvement de libération nationale de la Catalogne avec un programme de classe a permis à C’s de mobiliser un vote au-delà de celui de la droite réactionnaire, dans les quartiers industriels de la ceinture rouge de Barcelone ou de Tarragone où En Commu-Podem (la liste de gauche autour d’Ada Colau, maire de Barcelone, et de Podemos) avait remporté les dernières élections nationales.
Alors que le caractère répressif de l’Etat Espagnol a poussé des millions de personnes à rompre avec le régime de ‘78 et à se battre pour une république catalane qui serve à améliorer leurs conditions de vie et à conquérir un véritable changement social, la direction de Podemos s’est coupée du mouvement de masse en rejetant le référendum sur l’indépendance du 1er octobre comme étant illégitime. La CUP a joué un rôle important pour la défense de ce référendum mais paye le prix de son refus de rester à l’écart de la droite au nom de la suprématie de la question nationale sur la question sociale.
L’action énergique des masses à l’instar du référendum du 1er octobre et la grève générale du 3 octobre peuvent vaincre la répression, libérer les prisonniers politiques et mettre fin à l’application de l’article 155 et continuer la lutte pour une république. Les mouvements sociaux et partis de gauche qui ont porté la lutte pour le droit à l’autodétermination doivent reprendre la mobilisation dans la rue en s’orientant et en se basant sur le mouvement ouvrier autour d’un programme socialiste.
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Révolte des masses contre l’oppression nationale et sociale en Catalogne

Photo : Mario Ces derniers temps, nous avons vu des mobilisations massives se développer en Catalogne pour le droit de décider, ainsi qu’en défense du référendum sur l’indépendance et de la République catalane, suivies par une contre-offensive autoritaire et répressive de la part du gouvernement espagnol. Ces événements ont pris d’énormes proportions, à une vitesse extraordinaire, tandis que ses répercussions atteignaient toute l’Union européenne. Dans ce dossier, notre camarade Marisa revient quelques années en arrière afin de correctement contextualiser la crise sociale et politique autour de la question nationale qui traverse la Catalogne, pour mettre en lumière les éléments sous-jacents qui l’ont stimulée.
Le lien entre la question sociale et la question nationale
2010. La crise économique touche déjà de plein fouet les travailleurs et les jeunes en Catalogne et dans tout l’Etat espagnol. C’est aussi l’année où CiU (Convergence et Union, dont une aile deviendra par la suite le PDeCAT, Parti démocrate européen catalan, le parti indépendantiste libéral de Carles Puigdemont) gouverne à nouveau la Généralité de Catalogne, comme il l’avait fait de 1980 à 2003. Ce gouvernement dirigé par Artur Mas applique une politique semblable à celle du Parti Populaire (PP, conservateur) dans le reste de l’Etat : les budgets sociaux sont réduits de 17% entre 2010 et 2015, celui de l’enseignement diminue de 15%, celui des soins de santé de 14%. Le fond pour les logements est carrément amputé de 60%.
En Catalogne, la mobilisation contre l’austérité devient l’une des plus fortes de tout l’Etat espagnol. Lors de la grève générale de 2012, toute l’industrie et tous les transports sont paralysés. Toute une série de plateformes voient le jour en défense des services publics. C’est d’ailleurs en Catalogne que naît la PAH (la Plateforme des victimes du crédit hypothécaire, qui milite contre les expulsions des logements), dont était porte-parole l’actuelle maire de Barcelone, Ada Colau. En juin 2011, dans le cadre du mouvement des Indignés, le parlement catalan a été encerclé pour empêcher la tenue du vote d’un nouveau budget d’austérité. Artur Mas a alors dû être déposé à la Chambre en hélicoptère.
L’austérité est aussi brutalement appliquée par le gouvernement central du PP. Dire que le PP est une usine à fabriquer des indépendantistes est devenu une sorte de dicton populaire. Il faut comprendre que parallèlement à sa politique d’austérité sauvage, le PP était à la manœuvre d’une offensive contre les droits démocratiques des nationalités historiques, dont le Pays Basque, la Galice et plus particulièrement la Catalogne. Les provocations sont permanentes au travers des médias, de l’armée, de la police et du système judiciaire. Loin d’être un élément anecdotique, l’accumulation de ces provocations est un ingrédient déterminant de l’atmosphère politique en Catalogne.
Afin de consolider sa base électorale, le PP s’en est particulièrement pris à la question linguistique, en créant par là-même plus de divisions et de tensions. Sa réforme de l’enseignement avait notamment dans ses principaux objectifs ‘‘d’espagnoliser les élèves catalans’’. En 2013, le gouvernement PP des Îles Baléares (une des régions autonomes de l’Etat espagnol où est parlé le catalan), en plus de supprimer des heures de cours données en catalan, tente d’utiliser l’anti-catalanisme contre la grève illimitée des enseignants de l’enseignement public. Toujours aux Îles Baléares, les autorités ont approuvé une loi permettant de réprimer les bâtiments publics arborant des drapeaux catalans avec des amendes pouvant atteindre les 10.000 €.
Au milieu de ce cycle de mobilisations contre l’austérité, la question nationale éclate en 2012 avec une manifestation massive le jour de la fête nationale de Catalogne. Selon les forces de police, entre 1,5 million et 2 millions de personnes battent le pavé ce 11 septembre. Dans plusieurs sondages, l’augmentation du pourcentage de gens favorables au droit à décider et à l’indépendance était alors notable. Ce n’est qu’après cette démonstration de force massive que le prédécesseur du PDeCAT décide de prendre en main le drapeau de l’indépendance et de se placer à la tête du mouvement. Essentiellement, il s’agissait d’une fuite en avant visant à sauver sa peau, sa propre politique d’austérité ayant fortement miné son soutien.
Cette austérité, les travailleurs et les jeunes ne l’ont pas oubliée. La Catalogne représente plus de 20% du PIB et des exportations de l’Etat espagnol mais cette richesse ne bénéficie pas à tout le monde… Le revenu moyen des ménages catalans a chuté de 20% depuis le début de la crise. Le taux de chômage est de 13,7%, ce qui reste en dessous de la moyenne de 17,2% dans le reste de l’Espagne, mais représente tout de même un pourcentage très élevé en comparaison de la moyenne européenne. C’est la région qui comprend le plus de pauvreté infantile, les frais d’inscriptions les plus élevés pour les études supérieures et le plus grand nombre d’expulsions de logements pour défaut de payement du loyer ou d’une hypothèque.
Seulement la force des masses a été capable de défendre le droit à l’autodétermination
Certaines couches de travailleurs étaient réticentes à rejoindre les mobilisations en faveur du droit à l’autodétermination en raison de la direction exercée par le PDeCAT. Mais, cela a changé avec le référendum du 1er octobre 2017. La tension avait déjà commencé à augmenter quelques jours avant, avec la décision de la Cour Constitutionnelle et les actions de la police et de la garde civile qui essayaient d’empêcher la tenue du référendum. Tous ceux qui se demandaient ce qu’était l’oppression nationale en Catalogne en avaient une illustration concrète : confiscation du matériel de propagande, perquisitions des imprimeries, arrestations de jeunes qui collaient des affiches en faveur du ‘‘oui’’, menaces de sanctions pénales contre plus d’une centaine de maires, arrestation de 14 hauts responsables du gouvernement et mise sous tutelle des finances de la Généralité de Catalogne.
En dépit des menaces, le courage des gens pour défendre leur droit à voter a été impressionnant. Les Comités de Défense du Référendum ont organisé l’occupation d’écoles où devait se tenir le vote afin de bloquer l’intervention de la police. Face aux perquisitions, des gens ont caché des urnes chez eux. Réunis en assemblée, les dockers ont décidé de ne pas s’occuper des ferries sur lesquels logeaient des milliers de membres de la police nationale et de la garde civile dans le port de Barcelone. Les pompiers ont annoncé qu’ils défendraient la population face à la répression policière, de même que les agriculteurs avec leurs tracteurs. Les vendeurs de rue sans-papiers ont proposé d’aller imprimer les bulletins de vote, puisqu’ils sont déjà eux-mêmes des ‘‘illégaux’’ !
Le jour de la tenue du référendum, les mobilisations furent extraordinaires. Face à la violence brutale de la police, les gens ont gardé les écoles ouvertes, ont défendu les urnes, ont repoussé la police et ont résisté aux coups de matraque de façon pacifique. Ce jour-là, l’état réel des relations de forces entre le mouvement des masses et la force répressive de l’Etat est devenu très clair. C’est le mouvement de masse qui a défendu le droit de décider grâce à ses propres forces. Plus de 2.200.000 personnes ont participé au référendum malgré la présence de dizaines de milliers de policiers et de gardes civils. Le pourcentage de participation a même dépassé celui des élections européennes de 2014 ! Le nombre de suffrages exprimés en faveur de la république catalane, 90% du total, a été supérieur aux voix favorables au statut d’autonomie lors du référendum de 2006. La légitimité de ce vote est incontestable. Nous savons du reste très bien que la ‘‘démocratie’’ ne fonctionne que lorsque le résultat épouse les souhaits de la classe dominante. Lors du référendum grec de 2015, plus du 61% des électeurs s’étaient prononcés contre le mémorandum austéritaire de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Le gouvernement a cependant trahi ce mandat populaire.
Mais au-delà des chiffres, ce qui nous intéresse spécialement, c’est la capacité des travailleurs et des jeunes à défendre leurs droits fondamentaux et c’est cela qui fait du 1er octobre beaucoup plus qu’un exercice d’autodétermination. Des couches non indépendantistes, qui hésitaient à entrer en action, ont ce jour-là décidé de sortir dans les rues pour défendre les droits du peuple contre la répression. Un changement qualitatif de la lutte des classes en Catalogne a été confirmé, de manière encore plus limpide, par la grève générale historique du 3 octobre. La possibilité de parvenir à une République catalane par le biais de la mobilisation révolutionnaire des masses ainsi que le rôle décisif joué par le mouvement des travailleurs a provoqué une panique générale au sein du PP et de la classe dominante. Leur objectif initial était de faire de l’humiliation de la Catalogne un exemple, tout comme la Troïka exigeait de punir la Grèce pour avoir élu un gouvernement dont l’ambition première était d’en finir avec l’austérité.
Le réveil des souvenirs du franquisme
La riposte n’a pas tardé. Quelques jours après la grève générale du 3 octobre, une manifestation organisée par les couches les plus à droite de la société – soutenue par le PP, Ciudadanos (Parti de la Citoyenneté, de droite) et plusieurs groupuscules fascistes – a eu lieu à Barcelone. Environ 350.000 personnes étaient ainsi réunies, un chiffre plus restreint que ceux du 1er et du 3 octobre, alors que beaucoup de participants venaient de l’extérieur de la Catalogne. Des dirigeants du PSOE (parti social-démocrate espagnol) et du PSC (parti social-démocrate catalan) ont pris part à cette manifestation réactionnaire qui exaltait le recours à la brutalité policière contre les droits démocratiques et nationaux du peuple catalan.
Le bloc réactionnaire de Mariano Rajoy (PP, chef du gouvernement espagnol) a utilisé tous les moyens à sa disposition pour lancer une campagne d’intimidation sans précédent. La bourgeoisie catalane a rajouté de la pression avec le transfert de plus de 2.000 sièges d’entreprises hors de Catalogne, des déménagements facilités par le pouvoir central espagnol grâce à une simplification de la législation concernée. Malgré cela, la réaction espagnoliste – qui défend avant tout les intérêts capitalistes – n’a pas été en mesure de gagner à elle la majorité de la population, ni celle des travailleurs.
La décision de mettre en prison sans caution les dirigeants de l’ANC et d’Ómnium (les deux plateformes du mouvement indépendantiste catalan) pour leur participation à une mobilisation spontanée contre la répression avant la tenue du référendum a marqué le début d’une brutale escalade répressive. Cette mesure est une attaque directe contre la liberté d’expression, de manifestation et de réunion qui pourrait bien être utilisée par la suite contre n’importe quel dirigeant syndical, d’un mouvement de jeunesse ou d’un mouvement social contre les expulsions de logements ou toute autre injustice sociale.
Le 21 octobre, Rajoy a décidé d’utiliser son arme ultime, l’article 155 de la constitution, un coup d’Etat anti-démocratique qui a aboli l’autonomie de la Catalogne et avec lequel il a destitué le gouvernement catalan. Ensuite, une juge a placé huit ministres du gouvernement catalan en prison, là aussi une attaque majeure. La stratégie de Rajoy bénéficie du soutien de la monarchie et de Ciudadanos, ce à quoi il faut encore ajouter les dirigeants du PSOE. C’est-à-dire le régime de 1978, le régime de Transition instauré après la dictature de Franco. Aujourd’hui, ils essayent de canaliser le conflit vers les élections convoquées par Rajoy le 21 décembre en Catalogne dans l’espoir de donner un air plus démocratique à la situation. Mais les méthodes et la violence utilisées jusqu’à aujourd’hui rappellent directement à la mémoire collective les méthodes du franquisme.
Des vestiges du franquisme existent encore sans aucun doute. Après la mort de Franco, le développement de la conscience socialiste de millions de travailleurs et des jeunes a ouvert la perspective d’une lutte révolutionnaire en faveur d’une société où la classe capitaliste n’était plus nécessaire pour diriger la société. Cependant, des ministres franquistes devenus ‘‘démocrates’’ sont parvenus à conclure un accord avec les dirigeants de la gauche de l’époque, le PCE (parti communiste) et le PSOE. Le PCE a préféré trahir le potentiel révolutionnaire en échange de réformes démocratiques et en laissant la bourgeoisie occuper le pouvoir. Il s’agissait d’un pacte conclu en coulisse, sans participation des masses, qui n’a pas exigé des franquistes de devoir rendre des comptes. La Constitution de 1978 est toujours son expression légale.
Celle-ci a reconnu des libertés et droits démocratiques qui avaient déjà été conquis par la mobilisation populaire. En échange, une ‘‘monarchie parlementaire’’ a été instaurée, avec un roi imposé par Franco et une loi d’amnistie offrant une impunité totale aux crimes du franquisme. Il n’y a eu de purges ni de l’appareil d’Etat, ni du système judiciaire, ni des forces policières, ni des forces armées. Le droit à l’autodétermination de la Catalogne, du Pays Basque et la Galice ont été niés en reprenant la devise de la dictature : ‘‘L’Espagne est une, grande et libre’’. Ils se sont assuré que des mesures d’exception, comme l’article 155 de la constitution, puissent permettre de recourir à la violence d’Etat dans le cas où cela était remis en cause.
Le rôle des marxistes dans la question nationale
Ce pacte avait déjà subi quelques sérieux revers avec le mouvement des Indignés en 2011, un mouvement large qui a dénoncé l’autorité des représentants politiques et des institutions. Dès son apparition en 2014, Podemos a largement défendu de rompre avec le régime de 1978. Cela a généré un grand enthousiasme lors des précédentes élections législatives. C’était la première fois qu’un parti de gauche défendait le droit à l’autodétermination dans son programme. Il est sorti des élections en tant que première force politique en Catalogne et au Pays Basque. Aujourd’hui, ce point de leur programme est confronté à la pratique.
Podemos défend l’organisation d’un référendum légal, ce qui implique de disposer d’un gouvernement espagnol, dont Podemos ferait partie, qui modifierait la Constitution pour ouvrir la possibilité d’un référendum avec garanties. Selon Podemos, ce serait alors aux Espagnols de décider si les Catalans ont droit ou non à l’autodétermination. Tout cela au lieu faire reposer l’acquisition de ce droit sur le mouvement de masse. Dans la pratique, Podemos met sur un pied d’égalité l’utilisation de l’article 155 et la déclaration d’indépendance de la République catalane. Malheureusement, pareille attitude est incapable de freiner la campagne chauviniste espagnole, elle laisse le champ libre à l’injection de haine et de divisions. Des divergences sur cette question sont visibles au sein de Podemos. En Catalogne, une scission a déjà eu lieu autour de l’ancien secrétaire général, Albano-Dante Fachin, qui a adopté une nettement meilleure position en défense d’un véritable droit à l’autodétermination.
Une des seules organisations de gauche qui a pris des initiatives concrètes pour organiser le mouvement a été la CUP (Candidature d’unité populaire). Ses membres ont joué un rôle important dans les Comités de Défense du Référendum, devenus plus tard les Comités de Défense de la République, et se sont impliqués dans l’organisation de la grève du 8 novembre pour la libération des prisonniers politiques et contre l’article 155. Nous estimons toutefois que quand la CUP donne la primauté à la question nationale face à la question sociale, cela conduit à des situations dangereuses. La CUP a ainsi, dans le passé, accordé son soutien au PDeCAT de droite et aux budgets d’austérité de Puigdemont, cela au nom de l’indépendance. Cela suscite une grande méfiance et empêche toute une couche de travailleurs à entrer en action. D’ailleurs, quand Puigdemont remercie ses amis de la N-VA lors d’un meeting à Bruxelles, il mine la solidarité que peuvent exprimer des travailleurs en Belgique envers le mouvement en Catalogne.
La défense de la République catalane exige de construire ses propres organes de décisions, à l’instar des Comités de Défense. Pour y impliquer un maximum de travailleurs et de jeunes, il est essentiel de donner un contenu social à la république. Cette dernière doit être synonyme de pas en avant pour les conditions de vie de la majorité, en arrêtant toutes les expulsions et en investissant massivement dans des logements de qualité accessibles à tous, dans l’extension des services publics, pour offrir à chacun un emploi décent et de qualité, etc.
L’organisation-sœur du PSL en Catalogne (Esquerra Revolucionària) et dans l’Etat espagnol (Izquierda Revolucionaria) a défendu avec justesse le droit du peuple catalan à décider de son propre avenir. Elle a défendu l’instauration d’une République catalane socialiste capable de riposter à la fuite des entreprises par la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie sous le contrôle démocratique de la collectivité. Avec le Sindicat d’Estudiants, elle a assisté le mouvement pour aller de l’avant et pour éviter l’isolement.
De larges couches de la population sont toujours prêtes à se mobiliser, comme nous avons pu le voir lors de la manifestation du 11 novembre dernier (qui a réuni plus d’un million de personnes). Pour cette raison, Esquerra Revolucionària appelle les organisations de gauche, dont la CUP, Podem, Catalunya en Comú et Som Alternativa (l’initiative de Fachin) à créer un front uni qui se base sur les Comités de Défense de la République et élabore un plan d’action pour une mobilisation massive et soutenue. La mobilisation active est la meilleure façon de vaincre le bloc réactionnaire lors des élections du 21 décembre.
En tant que marxistes, nous ne restons pas indifférents à l’oppression nationale, nous soutenons le droit à l’autodétermination jusqu’à, et en incluant, l’indépendance. Cependant, le fait de créer de nouveaux Etats capitalistes – avec leur police, leur armée, leur propre bourgeoisie et plus de frontières – ne résoudra pas les problèmes des travailleurs et de la jeunesse. Pour cette raison, notre programme est celui d’une république socialiste catalane et d’une confédération, sur base libre et volontaire, des républiques socialistes, des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol.
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La N-VA et le nationalisme catalan: au plus on est loin de chez soi, au plus on est radical…

Photo : Jean-Marie Versyp Bart Maddens, sommité du nationalisme flamand et mentor critique de la N-VA, était impatient d’aider le nationaliste catalan Puigdemont. Peter De Roover, chef de la fraction parlementaire de la N-VA à la Chambre, a pu commenter le référendum sur l’indépendance du 1er octobre aux nouvelles de la VRT en direct de Barcelone. On a pu voir des photos du nationaliste de droite Puigdemont mangeant à la table du N-VA Lorin Parys après sa fuite de Catalogne. Pas besoin d’autant d’expression du ‘‘nationalisme de droite’’ pour être irrité.
Par Peter Delsing
Le mouvement indépendantiste catalan est cependant un phénomène contradictoire traversé par une ligne de démarcation entre classes sociales aux intérêts divergents. D’un côté se trouvent Puigdemont et ses partisans de l’élite, de droite, pro-austérité. Mais de larges couches des masses catalanes, à la base du mouvement pour l’indépendance, considèrent cette dernière comme un moyen d’en finir avec la politique néolibérale et la répression du gouvernement Rajoy. Puigdemont et son parti, le PDeCAT, ont proclamé l’indépendance sous l’immense pression des travailleurs et des jeunes descendus dans la rue. Avant cela, leur position s’était toujours limitée à renégocier la contribution fiscale de la Catalogne au gouvernement central.
Depuis lors, la bourgeoisie catalane a voté avec ses pieds contre l’indépendance en délocalisant divers sièges d’entreprises en dehors de la Catalogne. Ils redoutent les conséquences sociales du mouvement de masse qui se développe autour de l’autodétermination et des droits nationaux, historiquement liés à la gauche, et qui peut commencer à défendre des revendications sociales. Les banquiers et industriels catalans frémissent face au climat quasi-révolutionnaire qui peut naître d’une telle situation. Quand Puigdemont déclare aujourd’hui qu’il est ‘‘contre une déclaration unilatérale d’indépendance’’, il rejoint ses patrons de la bourgeoisie catalane et revient à sa position initiale. Karl Marx faisait déjà remarquer en son temps que, depuis 1848, la bourgeoisie avait plus peur de la masse des salariés derrière eux que de la réaction féodale des rois !
Ce contexte social montre à quel point l’attitude de la N-VA est hypocrite. A la base, le mouvement catalan est un mouvement social et antifasciste. La N-VA, elle, est partisane d’un néolibéralisme brutal. Ses députés et ministres ne cachent pas leur sympathie pour une politique autoritaire. Le mouvement national catalan recourt aux grèves générales et aux manifestations de masse, des méthodes issues du mouvement ouvrier. La N-VA est fière d’être un parti antigrève. Avec le gouvernement Michel, elle ne cesse d’attaquer le droit de grève, à la SNCB notamment. Cela ne la dérange donc pas en Catalogne, pourvu que cela concerne les droits nationaux et non les revendications sociales ? L’hypocrisie des nationalistes de droite est écœurante.
Si De Wever & Co se sont jetés sur la cause catalane de leur ‘‘ami’’ Puigdemont, c’est aussi pour dissimuler aussi leur manque d’audace communautaire en Belgique. La condition de la mise en œuvre d’une politique d’austérité dure était que la ‘‘réforme d’Etat’’ devait être mise au frigo. La N-VA n’y a pas été contraire afin de participer à une offensive contre la classe des travailleurs et ses droits. Elle se heurte aussi au fait que les deux principales classes sociales en Belgique, les capitalistes et les travailleurs, sont toutes deux opposées à une division du pays.
La bourgeoisie belge ne s’est montrée disposée à confier le pouvoir aux éléments petits-bourgeois de la N-VA (qui représente plus les petits patrons de PME, les avocats, les professions libérales et les intellectuels de droite mécontents) que lorsque son programme communautaire a cédé la place à une politique thatchérienne. Ce faisant, elle verrait bien combien de temps une telle provocation pouvait durer contre le mouvement ouvrier et, dans l’intervalle, engranger tous les bénéfices possibles.
La N-VA est devenue adepte du grand écart communautaire parce que, pour la petite bourgeoisie, défendre la grande bourgeoisie passe généralement avant ses propres fantasmes politiques irréalistes. En réalité, la N-VA et Puigdemont s’opposent à une majorité progressiste qui, comme en Catalogne, pourrait utiliser l’autodétermination pour se débarrasser de la politique de profits avec des méthodes combatives de lutte de masse. C’est pourquoi les formations de gauche catalanes doivent défendre un programme qui lie immédiatement les droits démocratiques nationaux à la lutte pour des revendications socialistes. La nationalisation démocratique des secteurs clés de l’économie, couplée à un appel aux travailleurs espagnols et européens à suivre cette voie, pourrait radicalement changer l’équilibre des forces entre classes sociales en Catalogne, mais aussi en Espagne et à travers le continent.
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Des dizaines de milliers de Catalans manifestent à Bruxelles
Des dizaines de milliers de Catalans s’étaient donné rendez-vous aujourd’hui à Bruxelles. Venus par bus, trains, avions, voitures, caravanes,… ils ont constitué une foule massive qui a une fois de plus démontré l’ampleur de la révolte à l’œuvre en Catalogne. Les médias ont repris le chiffre officiel de la police : 45.000 personnes. Et, c’est vrai, il y en avait du monde… En Belgique, le mouvement catalan est parfois comparé au mouvement flamand. Le soutien verbal de la N-VA à Carles Puigdemont et le fait que ce leader catalan recherche la compagnie des membres de la N-VA y contribuent évidemment. Le mouvement social actuellement en cours Catalogne est toutefois un mouvement de masse qui a largement dépassé la direction exercée par le parti de droite PDeCAT de Puigdemont lors du référendum du 1er octobre et très certainement durant la grève générale du 3 octobre. Nous avons également pu voir à plusieurs reprises le slogan et le logo « Refugees Welcome », ce qui n’est pas exactement l’attitude adoptée par les nationalistes flamands de droite…En dépit de la barrière de la langue, nous avons pu constater une grande ouverture pour une approche socialiste et anticapitaliste de la question nationale. Nous avions avec nous 80 exemplaires de du journal « Militant » de notre organisation-sœur catalane, Esquerra Revolucionaria (Gauche Révolutionnaire). Il ne nous a rapidement plus rien resté entre les mains. Des dizaines de badges de contre la répression franquiste ont également été vendus.
Comme nous l’avons écrit dans le dossier central de l’édition décembre-janvier de Lutte Socialiste : ‘‘En tant que marxistes, nous ne restons pas indifférents à l’oppression nationale, nous soutenons le droit à l’autodétermination jusqu’à, et en incluant, l’indépendance. Cependant, le fait de créer de nouveaux Etats capitalistes – avec leur police, leur armée, leur propre bourgeoisie et plus de frontières – ne résoudra pas les problèmes des travailleurs et de la jeunesse. Pour cette raison, notre programme est celui d’une république socialiste catalane et d’une confédération, sur base libre et volontaire, des républiques socialistes, des peuples et des nations qui constituent actuellement l’Etat espagnol.’’
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Catalogne : Plus d’un million de manifestants pour la libération des prisonniers politiques

Pour la lutte jusqu’à la victoire : une république catalane des travailleurs !Le samedi 11 novembre, une mobilisation massive de plus d’un million de personnes s’est étendue sur plus de 3,3 kilomètres de l’avenue Marina à Barcelone. Ils exigeaient la libération des prisonniers politiques. Cette démonstration de force représente un changement qualitatif dans la lutte contre la répression et le gouvernement du PP.
Déclaration d’EsquerraRevolucionaria (Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne)
Les masses veulent lutter jusqu’au bout
Des millions de personnes ont compris que l’application de l’article 155 de la Constitution et la suppression de l’autonomie de la Catalogne ainsi que l’emprisonnement des «Jordis» et de 8 ministres du gouvernement catalan constituent une attaque sans précédent contre les droits démocratiques. Les mêmes excuses seront utilisées demain par le PP, Ciudadanos et le PSOE pour justifier l’emprisonnement de tout syndicaliste, activiste ou membre d’une organisation de gauche qui remet en question le régime réactionnaire de 1978 et sa Constitution.
Comme souvent au cours de ces derniers mois, le fouet de la contre-révolution réactionnaire nationaliste espagnole a poussé les masses à descendre à nouveau dans la rue pour s’opposer à la sauvage répression policière et défendre leur droit à décider avec la même détermination que le 1er octobre et que le 3 octobre, date qui avait vu la Catalogne paralysée par une grève générale. La manifestation de masse du 11 novembre a pris place quelques jours à peine après une autre grande journée d’action. Le 8 novembre, en dépit de la campagne de diffamation médiatique et de l’opposition des principaux dirigeants syndicaux (CCOO et UGT), des centaines de milliers de personnes avaient occupé la rue pour une grève générale. Les lieux de travail étaient paralysés et les routes ainsi que les lignes de train bloquées tandis que prenaient place d’innombrables manifestations.
Le Venezuela et la Russie
Il est difficile de trouver une période de mobilisation aussi massive, puissante et soutenue dans l’histoire, et ses conséquences sont ressenties par les forces de la réaction. La campagne de mensonges et de manipulation à l’encontre du peuple catalan, de plus en plus grotesque, semble ne pas devoir connaitre de fin et dévoile le visage autoritaire du régime.
Le gouvernement, avec l’aide de Ciudadanos et du PSOE, déclare maintenant que la crise catalane a été provoquée par Maduro et Poutine, qui ont “saturé” les médias sociaux de “désinformation” sur la Catalogne. Les premières pages des journaux tels qu’El Pais et d’autres contiennent de prétendues preuves selon lesquelles les mobilisations de masse en Catalogne résultent d’une ‘‘intervention étrangère’’. Il est impossible de ne pas comparer cette campagne de propagande avec les plus délirantes de Franco, qui parlait alors de ‘‘complot maçonnique juif’’ financé par la Russie derrière chaque révolte sociale et grèvequi s’opposait à la dictature.
Cette campagne quiaccuse ‘‘l’ennemi extérieur’’d’être responsable de la crise politique la plus aiguë depuis la fin de la dictature est une preuve évidente de désespoir. On parle déjà de la possibilité d’ingérences russes et vénézuéliennes dans les élections catalanes du 21 décembre, ce qui sera utilisé dans le cas où le résultat du vote seraitdéfavorable aux forces de la réaction.
Colère et recherche d’alternatives parmi la gauche
Les 1 et 3 octobre, après que les masses eurent vaincu la répression par l’action de masse, une crise révolutionnaire s’est ouverte en Catalogne. Les capitalistes espagnols l’ont mieux compris que les dirigeants de la gauche réformiste. C’est pourquoi ils ont recouru à une telle répression sans précédent. Ils veulent mettre fin à la crise révolutionnaire en écrasant le mouvement de masse et en effaçant l’idée de “sí se puede” (oui nous pouvons) de l’esprit des masses.
Ces événements mettent toutes les forces à l’épreuve et provoquent de vifs débats et même des scissions. Le PSOE de Pedro Sanchez et les dirigeants bureaucratiques des syndicats CCOO et UGT ont été traînés derrière Rajoy en soutenant l’article 155. En trahissant le mouvement de masse du peuple catalan contre l’oppression et pour la République, ils se sont eux-mêmes encore plus séparés des couches avancées de la classe des travailleurs et de la vaste majorité de la jeunesse ainsi que des couches moyennes appauvries. Leur conservatisme et leurs intérêts matériels les ont poussés à fusionner à l’Etat et à la classe dirigeante, convaincus qu’ils sont que leur destin est lié à la stabilité du système.
Dans le même temps, des forces qui se disent républicaines et radicales, comme Podemos et Izquierda Unida (IU), ont emprunté la voie de ‘‘l’équidistance’’ au lieu de défendre la légitimité du référendum du 1er octobre, de clairement expliquer à la classe ouvrière du reste de l’Etat espagnol ce qui est en jeu et d’organiser la lutte dans la rue. Ils appellent l’Etat répressif et les politiciens à convoquer un référendum ‘‘légal’’ avec des ‘‘garanties’’. Ils gaspillent ainsi une excellente occasion de lier la défense de la République catalane à la lutte pour faire tomber le PP et ouvrir la voie à une République des travailleurs dans le reste de l’État espagnol. Ces dirigeants ont dans les faits refusé de répondre à la campagne du nationalisme espagnol.
Les différences sont bien entendu nombreuses entre ces dirigeants. Le dirigeant d’IU Alberto Garzonest celui qui a été le plus loin. Il refuse d’admettre que les dirigeants du gouvernement catalan emprisonnés sont des ‘‘prisonniers politiques’’, déclarant ‘‘qu’ils savaient ce qu’ils faisaient’’ et qu’ils ne devraient pas trop se plaindre. Cette position est indigne de quelqu’un qui se réclame du marxisme ou du communisme. La première tâche de tout révolutionnaire, comme l’a déclaré Che Guevara, est de combattre toutes les injustices et toutes les attaques contre les droits démocratiques, d’où qu’elles viennent. Présenter, comme le fait Garzon, le mouvement de masse en Catalogne comme un mouvement de l’élite revient à falsifier la réalité. Les dirigeants du PDeCAT et la bourgeoisie catalane ont totalement été balayés par le mouvement. Des centaines de milliers de personnes considèrent la République catalane comme un moyen de briser le régime de 1978, de mettre fin à l’austérité et d’avancer vers la libération sociale et nationale.
Dire, comme le fait Garzon, que la République catalane va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière et que les «communistes» ne peuvent pas la soutenir, c’est une manipulation flagrante et une falsification du marxisme. Le marxisme a toujours défendu le droit des nations à l’autodétermination – un combat contre chaque tentative de garder une nation dans des frontières contre sa volonté. Les idées de Garzon sont utilisées par la classe dirigeante pour promouvoir la confusion et les préjugés nationalistes espagnols à l’intérieur et à l’extérieur de la Catalogne.
Pablo Iglesias (Podemos) a rejeté les mesures répressives du gouvernement beaucoup plus clairement que Garzon et a dénoncé l’existence de prisonniers politiques. Mais cela ne suffit pas, si en même temps, il renonce au devoir de mobiliser dans la rue contre la répression et d’expliquer le sens révolutionnaire de ce mouvement. De plus, Iglesias a déclaré que les résultats du référendum du 1er octobre sont “illégitimes”. Quoi de plus légitime qu’un vote qui s’est effectué en dépit des balles en caoutchouc et des matraques, avec la participation d’environ 2,2 millions de personnes, soit plus qu’aux dernières élections européennes?Ces positions privilégient le «respect de la primauté de la loi» – une loi héritée du franquisme et destinée à maintenir l’ordre capitaliste – contre la volonté démocratique du peuple. C’est une trahison de l’une des idées centrales qui a permis à Podemos de grandir autant ces dernières années aux dépens du PSOE. Podemos s’est présenté au people comme la force qui en finirait avec le régime de 1978, avec l’austérité, le chômage de masse et les politiques qui ne bénéficient qu’aux grandes banques et aux monopoles.
Cette contradiction entre la rhétorique et la pratique de Podemos est ce qui a conduit à la scission de Podemos en Catalogne et à la démission du dirigeant de Podemos en Catalogne, Albano Dante Fachin, qui avait maintenu une position bien plus en accord avec les principes initiaux de Podemos. Albano Dante, tout en s’identifiant comme un internationaliste, a correctement défendu que les membres de Podemos devraient être en première ligne du combat pour le référendum, et ensuite pour l’application du résultat du référendum – la République catalane – contre la répression d’Etat. Cela a fait de Dante l’un des leaders les plus populaires des mobilizations en Catalogne.
La direction espagnole de Podemos a désavoué Albano Dante et l’a pressé de démissionner et de quitter le parti. Ce harcèlement de Dante contraste avec l’indulgence dont ont bénéficié les autres dirigeants de Podemos qui ont encouragé les préjugés nationalistes espagnols, comme Bescansa, ou le dirigeant de l’Iniciativa (Parti catalan qui fait partie de la coalition Unidos Podemos), Joan Coscubiela.Si la direction espagnole de Podemos avait adopté la même position que Albano Dante, il lui aurait été beaucoup plus facile de lier le mouvement de masse pour une république catalane avec les couches de la classe ouvrière, en Catalogne et ailleurs, qui s’opposent au PP mais ne font pas confiance au mouvement pour l’indépendance en raison du rôle de Puigdemont et des nationalistes bourgeois du PDeCAT. C’est la tâche centrale du moment: prendre la direction du movement des mains de ces politiciens et la lier à la lutte pour transformer la société et mettre un terme à l’oppression de l’oligarchie catalane et espagnole.
Parmi les membres des “Comunes” (alliances de gauche municipales établies par Podemos et d’autres forces, dirigées en Catalogne par la maire de Barcelone, Ada Colau) et parmi des milliers de ses électeurs vit un grand mécontentement face à la position défendue par la majorité des dirigeants. Les changements de position d’Ada Colau ont été largement critiqués. Cela a été reflété dans la décision des rangs de ‘Barcelone en Comun’ de rompre l’accord de coalition à la mairie de Barcelone avec le PSC (PSOE catalan) pour protester contre son soutien à la répression. Dans plusieurs sondages, plus d’un tiers des électeurs de “Comun” soutiennent l’indépendance de la Catalogne.
Poursuivre la lute jusqu’à la victoire
Après la démonstration de force des 8 et 11 novembre, les organisations de la gauche combattive et des Comités de défense de la République (CDR) qui ont construit leurs forces ces dernières semaines, élaborent un plan d’action pour une mobilisation soutenue jusqu’à la victoire. C’est aussi le meilleur moyen de vaincre la réaction nationaliste espagnole lors des élections du 21 décembre.
Ce serait une grave erreur de considérer la mobilisation de la rue comme étant une tactique secondaire face à l’électoralisme. C’est exactement le contraire: nous ne pouvons vaincre la réaction et faire une réalité de la volonté du peuple que grâce aux méthodes qui nous ont amené jusque-là. Chaque fois qu’il y a eu un sérieux appel à l’action, les masses ont dépassé toutes les attentes. Chaque fois que les rues ont été abandonnées, les dirigeants du mouvement, dirigés par PDeCAT, ont tenté de battre en retraite, enhardissant par là-même la réaction.
Il y a beaucoup d’exemples. La stratégie de défense poursuivie par Carme Forcadell et les autres membres de la commission parlementaire catalane devant les tribunaux – qui est de dire que la déclaration de la République n’était que “symbolique” et de promettre de “rester dans le cadre de la constitution” – est une erreur. La Cour suprême (qui leur a accordé la liberté sous caution) a agi différemment avec eux, non pas à cause de cette stratégie, mais à cause de sa peur du mouvement de masse. Des centaines de milliers de personnes, particulièrement des couches de la classe ouvrière qui ont mobilisé les 1 et 3 octobre mais qui n’avaient pas participé au mouvement depuis lors, sont revenus dans la rue les 8 et 11 novembre. Les représentants les plus lucides de la classe dirigeante craignent que l’opposition à la répression combinée au discrédit du régime espagnol et de la monarchie en général, pourrait créer les conditions pour que la classe ouvrière catalane soutienne décisivement la république catalane.
Nous ne vaincrons pas cette sauvage campagne d’intimidation ou les tentatives de diviser la classe ouvrière catalane avec le poison du nationalisme espagnol en reculant. Accepter le “cadre de la constitution” et caractériser la République comme étant symbolique sont des erreurs qui seront utilisées par la classe dirigeante espagnole pour semer le doute et la confusion.
Nous ne gagnerons pas par la rhétorique ou des trucs juridiques. C’est la méthode des nationalistes bourgeois en Catalogne, qui battent en retraite à chaque instant pour trahir les aspirations du mouvement. Le seul moyen de vaincre le régime antidémocratique de 1978 est de lutter pour faire de la république catalane une réalité et de lui donner un contenu social, contre les politiques d’austérité que tant le PP que le PDeCAT ont instauré, en mettant fin aux coupes budgétaires et aux expulsions de logements, en garantissant des soins de santé publics et un bon enseignement, des emplois avec des salaires décents et la nationalisation des banques sous contrôle démocratique. Seul le combat pour une République socialiste catalane pour mettre fin à l’oppression de classe et garantir la satisfaction des besoins de la majorité peut unir le mouvement ouvrier en Catalogne et au-delà. Cela permettrait également de gagner la sympathie de millions de travailleurs dans toute l’Europe, affaiblissant ainsi la capacité répressive de l’État espagnol.
Pour un front unique de la gauche combative ! Pour une république catalane des travailleurs !
La profondeur de la crise révolutionnaire en cours en Catalogne et les réserves impressionnantes d’énergie et de vie du mouvement qui ont été montrées ces derniers jours commencent à trouver une réflexion dans toutes les organisations, ce qui provoque de grands changements. ERC, sous la pression de sa base, a refusé de reproduire sa coalition électorale avec le PDeCAT. Il y a aussi des nouvelles de mécontentement généralisé à la base de l’ANC (Assemblée Nationale Catalane, organisation de masse pro-indépendance) au sujet de la faiblesse de sa réponse contre la répression d’Etat. Le 12 novembre, 54% des membres de Catalunya en Comu ont voté pour mettre fin à leur collaboration avec le PSC (PSOE catalan) à la mairie de Barcelone. Albano Dante, avec un important nombre de dirigeants et d’anciens dirigeants et membres de Podemos, a créé SomAlternativa (Nous sommes l’alternative), qui discute de participer aux élections avec d’autres partis tels que la CUP et l’ERC.
Le même jour, les membres de la CUP ont décidé lors de leur congrès national d’opérer un virage à 180 degrés contre la tactique de soutien au PDECAT que sa direction avait suivie. Cette tactique a été une erreur complète – en permettant au PDeCAT de rester à la tête du processus, qu’il a trahi en de nombreuses occasions tout en s’opposant à l’incorporation de revendications sociales – pour gagner la classe ouvrière catalane de manière décisive.
EsquerraRevolucionaria (le Comité pour une Internationale Ouvrière en Catalogne) a fait appel à la CUP, à Podem, à Catalunya en Comú ainsi qu’à SomAlternative pour constituer un front unique de la gauche combattive pour combattre le régime de 1978. Sur la base de l’organisation et de l’extension des comités CDR, nous devons construire un mouvement généralisé, soutenu et puissant dans les rues pour vaincre la réaction nationaliste espagnole et remporter l’instauration d’une République catalane des travailleurs.
Rejoignez EsquerraRevolucionària pour lutter en faveur d’une république socialiste de Catalogne !
• Non à l’article 155! Libération de tous les prisonniers politiques ! Retrait de la police militaire et de la police nationale espagnole hors de Catalogne !
• Retrait de toutes les réformes réactionnaires du travail et des pensions ! La retraite à 60 ans avec 100% du salaire et de bonnes conditions de travail pour les jeunes travailleurs !
• Pour un salaire minimum de 1.100 € et une semaine de travail de 35 heures sans perte de salaire !
• Pour la fin des expulsions de logements ! Expropriation des logements vides détenus par les banques pour créer des logements sociaux publics !
• Re-nationalisation de tous les services publics privatisés, maintien et augmentation du nombre de fonctionnaires et respect des droits des travailleurs !
• Retrait des lois réactionnaires dans l’enseignement ! Pour un enseignement public gratuit et de qualité, de la maternelle à l’université !
• Pour un système de soins de santé universel et gratuit !
• Solidarité avec les réfugiés ! Retrait des lois migratoires racistes et abolitions des camps pour migrants !
• Pour le droit démocratique d’expression, de réunion et d’organisation ! Retrait des lois répressives !
• Nationalisation des banques et des industries stratégiques pour défendre les intérêts des travailleurs et garantir des conditions de vie décentes pour tous !
• Pour le droit à l’auto-détermination en Catalogne, au Pays basque et en Galice ! Pour une république socialiste de Catalogne et une république socialiste fédérative basée sur l’union libre et volontaire des peoples de l’Etat espagnol, si cela est leur souhait démocratique.


