Tag: Bureau du Plan

  • Voilà la seconde phase de l’avalanche d’austérité

    La première tournée d’austérité n’était pas encore totalement au point, les pompiers étaient notamment encore en pleine lutte, que le gouvernement et l’opposition de droite se sont empressés de proposer de nouvelles mesures antisociales. Attaques contre l’indexation, les prépensions, et même les congés légaux : l’imagination est décidément au pouvoir…

    Par Geert Cool, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    La situation économique de notre pays ne semble pas au mieux de sa forme. La perspective de croissance de 0,8% prise en compte lors de la préparation du budget 2012 par le gouvernement Di Rupo n’était pas réaliste. On parle désormais, au mieux, d’une croissance nulle (0,1% selon le Bureau du Plan, – 0,2% selon Frank De Keyser, économiste de BNP Paribas Fortis). La récession connue lors des deux derniers trimestres de 2011 se poursuivra cette année. La période de croissance rencontrée durant la première partie de l’année 20111 n’était, selon De Keyzer, due qu’au fait que notre économie est une économie ‘‘ouverte qui a profité de la croissance mondiale et également au fait les assainissements étaient encore à venir.’’ Di Rupo veut trouver 1,5 milliard d’euros supplémentaires, plus 0,5 à 1 milliard à trouver chez les gouvernements régionaux.

    Pour l’opposition de droite de la NVA, il faut aller encore plus loin. Le parti de Bart De Wever veut mettre les travailleurs au régime sec avec un menu qui comprend la suppression pure et simple de la retraite anticipée et la quasi-suppression de l’indexation des salaires.

    Pendant ce temps, l’impact de la première vague d’assainissement commence à devenir concret. Le service des pensions est ainsi parti en grève parce que le personnel est insuffisant pour répondre aux nombreuses questions des travailleurs. A Malins, c’est carrément la moitié des trajets assurés par la société de transports en commun De Lijn qui a été supprimée. Il n’est d’ailleurs pas prévu d’en rester là. Cette ville est aussi illustratrice de ce qu’il faudra attendre après les élections communales d’octobre : les sacs poubelles y coûtent désormais 2,5 euros.

    Toute l’argumentation consistant à dire que nous ‘‘vivons au-dessus de nos moyens’’ est une stupidité. Les ménages ont, en moyenne, perdu 3% de pouvoir d’achat depuis 2009. Le coût de la vie a augmenté de 33% en moyenne depuis 2000. L’augmentation a surtout frappé les loyers (44%), l’énergie (77%) et la nourriture (38%). On ne peut pas vraiment considérer que ce sont des domaines superflus dans la vie quotidienne des familles. L’austérité qui vient va augmenter le taux de pauvreté en Belgique, à un moment où déjà 117.400 Belges sont dépendants de l’aide alimentaire. Rien que l’an dernier, 3.000 personnes ont rejoint leurs rangs. La campagne ‘Hiver 2012’ de la RTBF a illustré l’ampleur de la pauvreté dans notre pays, mais aussi la solidarité dont fait preuve la population.

    Cette avalanche d’assainissement ne va pas se stopper d’elle-même, et nous ne devons en aucun cas accepter ces mesures avec l’espoir que cela permette d’éviter le pire. Céder une fois au chantage, c’est assurer qu’il se répète encore et encore. Nous avons un urgent besoin d’une riposte efficace et sérieuse, tant sur le plan syndical que politique. Des actions ludiques ou symboliques ne servent à rien, de même que faire appel au PS et au SP.a. Organiser sérieusement la résistance sociale, avec détermination et combativité, signifie aussi construire son prolongement politique sous la forme d’un nouveau parti des travailleurs. Ce sont des défis urgents pour le mouvement ouvrier.

  • Estivage avec le formateur Elio Di Rupo

    La seule chose certaine, c’est que chaque gouvernement nous fera payer pour la crise d’une façon ou l’autre !

    Après ‘‘explorateur royal’’ et ‘‘clarificateur’’, nous pouvons ajouter “estivage’’ à notre dictionnaire politique. Ce n’est pas que beaucoup de monde ait confiance en cette nouvelle phase pour trouver une solution mais, au moins, il ne faudra pas se casser la tête cet été ! Le PSL appelle toutefois à rester vigilant : qu’importe la mesure dans laquelle partis flamands et francophones peuvent être sur des planètes différentes, ils semblent être bien d’accord sur ceux à qui présenter la facture de la crise. A nouveau, il ne s’agira pas des grandes entreprises et des détenteurs de capitaux.

    Par Anja Deschoemacker

    En Flandre, on sonne le tocsin concernant le manque de personnel pour les soins aux personnes handicapées, l’aide à la jeunesse ou les maisons de repos (où, malgré des prix bien plus élevés qu’une pension moyenne, on utilise massivement des antidépresseurs et des calmants pour faire face à la surcharge de travail). Mais les militants syndicaux reçoivent du ministre-président Kris Peeters une réponse identique à celle que les enseignants francophones ont reçue du ministre-président Rudy Demotte : il n’y a pas de moyens, priorité au dés-endettement.

    La réforme d’Etat sert aussi d’excuse pour expliquer pourquoi il est impossible de renforcer la politique sociale et les services publics. Les fonctionnaires bruxellois (qui attendent leur nomination en masse) entendent du ministre-président Charles Picqué qu’il faut un refinancement de la Région Bruxelles-Capitale.

    L’histoire du gouvernement en affaires courantes n’est pas différente. Le gouvernement a par exemple postposé l’adaptation au bien-être de nombre de pensions. Sur ce sujet, le gouvernement est capable de prendre une décision, y compris en étant affaires courantes. Mais prendre position pour dire que les grandes entreprises et les riches doivent stopper leur évasion fiscale légale, semi-légale et illégale, là, ce n’est ‘‘évidemment’’ pas possible en affaires courantes : interdiction de toucher aux intérêts notionnels. Aucun parti ne propose d’ailleurs d’abolir cette mesure, ni même de la réduire fondamentalement une fois qu’un vrai gouvernement installé.

    Elio Di Rupo n’a pas dit grand-chose dans son discours annonçant sa fonction de formateur, mais il a de suite clarifié qu’il accepte totalement de trouver les 17 à 20 milliards d’euros d’assainissement pour obtenir un budget équilibré en 2015. Le PS affirme s’opposer à une politique d’austérité dure, mais cette somme dans un délai aussi court représente la plus grande opération d’austérité de l’histoire de Belgique.

    Concernant le refinancement nécessaire pour la sécurité sociale (non pas à cause du vieillissement de la population, mais à cause de la diminution systématique des contributions patronales), Laurette Onkelinx a elle aussi été très claire. Même si la Banque Nationale et le Bureau du Plan évoquent l’augmentation des impôts des entreprises (en diminuant l’impact de la déduction des intérêts notionnels), elle propose de son côté une Cotisation Sociale Généralisée, procédé par lequel ce que les patrons ne payent plus pour les salaires globaux sera payé… par tout le monde, avec son salaire net !

    Que nous ayons après l’été un nouveau gouvernement, toujours un gouvernement en affaires courantes avec compétences élargies ou des élections, cela ne changera finalement que peu de choses. La seule chose sur laquelle nous pouvons compter, c’est notre propre force et notre mobilisation. Six Belges sur dix s’inquiètent de la crise politique, et ils ont évidemment raison.

    Mais si nous ne gardons pas les yeux ouverts sur l’unité des partis traditionnels concernant la sauvegarde des intérêts de la minorité super riche et leur volonté de refiler la facture de la crise à la grande majorité de la population, nous allons droit dans le mur. Ils ne sont peut-être pas d’accord sur la manière de nous faire payer la crise, mais aucun de ces partis n’a comme priorité de défendre bec et ongle nos conditions de vie et celles de nos enfants.

  • Conférence Nationale des Etudiants de Gauche Actifs: se préparer pour les luttes à venir

    Le jour même où se tenait cette conférence, Le Soir publiait un article expliquant que le chômage avait augmenté de 10,6% durant le premier semestre 2010. Pour les jeunes, il s’agit de 12,8% d’augmentation ! A Bruxelles, le taux de chômage pour les moins de 25 ans a atteint les 44,2% pour le second trimestre 2010… Cette Conférence Nationale tombait donc à point nommé pour faire l’évaluation de nos campagnes, et notamment de notre implication dans les Jeunes en lutte pour l’emploi.

    Dans la capitale, le chômage des jeunes est au niveau le plus haut depuis 12 ans. Et encore, ces chiffres issus du ministère de l’Economie ne mentionnent qu’un nombre de 406.000 chômeurs. Selon l’économiste Philippe Defeyt, en intégrant d’autres couches comme les chômeurs âgés, on arriverait au-delà des 750.000 chômeurs en 2010, et le Bureau du Plan a prévu que le cap des 800.000 chômeurs serait atteint en 2011 (soit un taux de chômage de plus de 15%).

    La crise du capitalisme frappe donc véritablement les jeunes de plein fouet. A côté du chômage de masse, il reste la multiplication des emplois précaires, des contrats temporaires, des intérims,… L’avenir réservé à la jeune génération actuelle est des plus sombre.

    Au-delà de l’emploi, il est clair que le futur plan d’austérité qui ne manquera pas de toucher la Belgique s’en prendra notamment à l’enseignement. Nous avons vu en Grande-Bretagne le gouvernement mettre sur table des frais d’inscription triplé, à hauteur de 9.000 livres, soit 10500 euros! Ecoles, hautes écoles, universités, soins de santé, services sociaux,… A coups de restrictions budgétaires, on va tenter de nous faire payer la crise une seconde fois!

    Nous devons nous organiser et lutter contre ces plans et contre ce système basé sur la course aux profits. Partout en Europe, la résistance se développe, et nous avons vu ces derniers jours la plus grande grève générale de l’histoire du Portugal, plus de 100.000 personnes dans les rues de Dublin samedi dernier,… Cette vague de résistance arrivera aussi chez nous en réaction des projets d’austérité.

    De tout cela, il en a été question lors de cette journée, avec des ateliers consacrés à l’enseignement, à la lutte antiraciste et aux jeunes face à l’emploi. Une discussion en plénière à abordé le thème de la nécessité de s’organiser et une dernière discussion a concerné l’environnement et la manière de lutter contre le contre le capitalisme, en amenant clairement la perspective d’une société socialiste. Il ne suffit pas simplement de se dire anticapitaliste, la direction vers laquelle nous voulons aller doit clairement être établie, de même que les moyens pour y parvenir: la mobilisation de la classe ouvrière avec ses méthodes de grève générale, d’occupation d’entreprises,…

    Nous avons lancé EGA dans les écoles secondaires depuis un an. Dans l’enseignement supérieur, EGA a déjà construit de nombreuses campagnes: pour le droit de vivre dans un environnement sain; avec les Jeunes en lutte pour l’emploi; contre le racisme et les néofascistes avec la campagne Blokbuster pour les mobilisations anti-NSV (l’organisation étudiante du Vlaams Belang) et avec les JAF (Jeunes Antifascistes) du côté francophone; contre les assainissent dans l’enseignement,… Nous avons aussi participé aux élections étudiantes à Gand et à Bruxelles cette année. En tout, une cinquantaine de jeunes ont participé à cette journée et ont pu échanger leurs expériences.

  • Campagne d’été : Construisons les Marches locales des Jeunes pour l’emploi lors des Festivals !

    Nos campagnes jeunes tourneront à plein régime cet été! Les jeunes du PSL et des Etudiants de Gauche Actif (EGA) interviendront sur des dizaines de festivals et événements afin de mobiliser pour les Marches locales des jeunes pour l’emploi prévues à la rentrée académique dans de nombreuses villes.

    Par Boris Malrame

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    Du 7 au 9 août – Participe à notre camp d’été!

    Cet été, place à la détente et à la formation marxiste au camp d’été organisé par les Etudiants de Gauche Actifs et les jeunes-PSL! Au programme : le marxisme et l’histoire, l’analyse marxiste de l’économie, Lénine et la question nationale, Marx et la Commune de Paris, la crise environnementale, la résistance en Grèce, les luttes étudiantes, la lutte antifasciste,… mais aussi barbecue, fiesta et film! Bref, une excellente occasion de se préparer aux luttes à venir, dans un cadre convivial et agréable.

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    La Ministre de l’emploi Joëlle Milquet (CDH) peut gesticuler et trafiquer les chiffres autant qu’elle peut pour faire croire que le chômage diminue et que l’impact de la crise pour les travailleurs et les jeunes arrive à son terme, sa politique néolibérale est un échec. Fournir une main d’œuvre jeune quasi gratuite aux patrons (diminutions de taxes, subsides,…) ne crée pas d’emploi, c’est juste un nouveau vol dans les caisses de la collectivité pour le privé. Les perspectives du Bureau du Plan affirment d’ailleurs que le chômage devrait atteindre 13,3% en 2010, un sommet jamais atteint depuis la Seconde Guerre Mondiale ! Taux sous lequel on ne devrait pas redescendre d’ici 2015…

    Les jeunes sont parmi les plus fortement touchés. Pour leur avenir, ils devront lutter et s’organiser. C’est pourquoi le PSL, les Jeunesses Ouvrières Chrétienne (JOC), des groupes locaux des Jeunes FGTB et diverses organisations de gauche, selon les régions, participent à cette campagne. Des comités de mobilisation ‘‘Jeunes en lutte pour l’emploi’’ rassemblant des jeunes travailleurs, chômeurs, étudiants,… émergent petit à petit dans de nombreuses villes pour permettre à chacun de s’impliquer dans cette campagne.

    Des marches des jeunes sont déjà prévues: le 25 septembre dans la ville industrielle d’Anvers, fortement touchée par les licenciements, à l’occasion du salon du Luxe pour millionnaires (le Millionnaire Fair) et le 14 octobre à Bruxelles, région où plus d’un jeune sur trois est déjà au chômage. D’autres Marches des jeunes sont prévues en octobre-novembre à Liège, Charleroi et Louvain et de premières actions devraient avoir lieu à Namur et dans le Brabant Wallon.

    A Gand, une manifestation est également prévue contre le sommet européen des ministres de la guerre des 23 et 24 septembre, auquel Pieter ‘Crembo’ de Crem devrait participer. ‘‘Le service militaire volontaire’’ de Crembo, ministre de la Défense dans le précédent gouvernement, utilise le chômage de masse pour recruter des jeunes pour l’armée sous statut précaire.

    Notre campagne d’été a aussi l’intention de renforcer et d’organiser le mouvement antiraciste et antifasciste autour du slogan ‘‘Des emplois, pas de racisme’’. Blokbuster démarrera sa mobilisation nationale pour la prochaine manif anti-NSV, contre la manifestation de l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang prévue en mars à Gand. Du côté francophone, nous participons au lancement des JAF (Jeunes Antifascistes), à l’initiative des Jeunes FGTB.

    Avec EGA et les jeunes du PSL nous voulons organiser la jeunesse et développer la Résistance contre ce système basé sur la course au profit d’une poignée de capitalistes qui crée le chômage de masse, la précarité, les guerres et les discriminations racistes, sexistes et homophobes,… Participe à nos campagnes !

    Tu veux participer à la campagne sur un festival ? Contacte-nous

    Listes des principaux festivals où nous seront présent : Festival Couleur Café (Bruxelles), Les Ardentes (Liège), Klinkende Munt (Bruxelles), Dour festival, Gentsefeesten (Gand), Reggae Geel, Folkfestival Dranouter, Lokerse Feesten, Brussels Summer Festival, Pukkelpop (Hasselt), City Parade (Bruxelles).

  • Verviers: Occupation des locaux du Forem par des militants FGTB

    Des militants de la commission des travailleurs sans emploi (TSE) et de la Centrale « Jeunes » de la FGTB de Verviers et Communauté germanophone ont occupé hier après-midi les locaux du Forem verviétois. Ils ont protesté contre le rôle joué par cet organisme dans une «chasse aux chômeurs» qu’ils dénoncent depuis des mois. Le PSL était présent, solidaire de cette action.

    • Reportage-photos

    Communiqué de presse FGTB

    Le Forem de Verviers occupé !

    Ce lundi à 13h, un groupe de plusieurs dizaines de militants et de TSE ont investi le Forem de Verviers. Ils réclament au directeur la signature d’une attestation individuelle leur indiquant qu’il n’a pas d’emploi à leur proposer. Ils entendent ainsi dénoncer l’absurdité d’une « chasse aux chômeurs » organisée, alors que chacun reconnaît qu’il n’y a pas assez d’emploi pour tous les demandeurs.

    La FGTB de Verviers et Communauté germanophone est engagée depuis la fin de l’année 2009 dans une sensibilisation de la population à cette réalité qui frappe durement les travailleurs les plus fragiles.

    Le groupe de TSE avait interpellé directement le directeur du bureau régional, voici plusieurs mois, en se proposant « d’activer le Forem plutôt que les chômeurs » et de proposer à l’institution un contrat, à l’image de ceux qu’elle impose à certains TSE. Une quinzaine de curriculum vitae lui était adressée avec une demande claire : trouver un job correspondant aux profils (réels) proposés…

    Dans sa réponse, le directeur du Bureau régional du Forem a fini par reconnaître au détour de son argumentation qu’il n’aurait pas « la prétention d’affirmer qu’il est possible de réinsérer toutes les personnes inscrites comme demandeurs d’emploi à court terme (ni même à moyen terme) et ce serait contraire à l’évidence de nier qu’il existe toujours à l’heure actuelle un déséquilibre significatif entre l’offre et la demande de travail. »

    Aujourd’hui, les militants de la FGTB de Verviers demande une confirmation publique de ce constat en continuant de revendiquer un moratoire sur les sanctions prises dans le cadre du contrôle de la disponibilité des chômeurs tant que dure la crise.

    Les raisons de la colère

    Depuis 2004, un plan de contrôle des chômeurs est mis en œuvre dans le cadre de leur « activation ». Il soumet, en fait, le maintien du versement d’allocations de chômage à l’appréciation par un examen à l’Onem du comportement individuel de recherche d’emploi et des efforts déployés, non pour « trouver » l’embauche mais pour la rechercher. Cette démarche est absurde en période de destruction de postes de travail !

    Des milliers de TSE ont déjà été sanctionnés, perdant provisoirement ou de manière définitive leur droit à une allocation de chômage. Chacun reconnaît aujourd’hui, au moins du bout des lèvres, que ce sont les travailleurs les plus fragiles qui sont le plus touchés par ces mesures. Ce sont les moins scolarisés qui éprouvent le plus de difficultés à remplir le contrat qui leur est imposé.

    Le dernier rapport de l’Onem montre ainsi qu’un chômeur bruxellois sur 60 a une « chance » d’être sanctionné pour 1 chômeur flamand sur 105. En Wallonie, c’est un chômeur sur 29 qui a été sanctionné en 2009 ! La loi Vandenbroucke a donc des effets discriminatoires. Elle conduit à sanctionner davantage les TSE dans les régions où l’emploi est le plus manquant ! Absurde, disions-nous…

    Le site du Forem propose actuellement quelque 580 offres d’emploi pour plus de 15 000 chômeurs recensés dans la partie francophone de l’arrondissement.

    Les militants TSE de la FGTB dénoncent encore l’obligation faite de s’inscrire dans des filières de formation sans débouché sur l’emploi et l’obligation d’envoyer des dizaines de CV qui ne seront pas lus vers des entreprises qui n’embauchent pas… Cela conduit à accepter n’importe quel emploi et à faire pression sur les conditions de travail et de rémunération de ceux qui ont un boulot, et à qui on explique que des dizaines de volontaires seraient prêts à prendre leur place, éventuellement pour moins cher !

    Ce plan n’a pas créé d’emploi. Il conduit, au contraire, à culpabiliser ceux qui n’en ont pas, ceux à qui on explique qu’ils seraient les responsables de la situation. Puisqu’ils n’auraient pas « le bon comportement de recherche » d’un emploi qui n’existe pas pour eux.

    Les TSE de la FGTB de Verviers rappellent avec force la responsabilité des entreprises qui bénéficient d’importantes réductions de cotisation sociales sans obligation d’embauche, et qui ne sont pas gênées de licencier alors qu’elles réalisent des profits considérables !

    « Le chômage est une assurance contre la perte ou l’absence d’emploi. Par nos actions, nous voulons montrer combien est criante l’absence de travail en cette période de crise. Nous voulons dire combien sont injustes les sanctions qui frappent les TSE les plus fragiles. C’est la sécurité sociale qui est remise en cause jusque dans ses fondements. Si aujourd’hui, nous avons choisi d’investir le Forem, c’est d’abord parce c’est l’institution qui, normalement, devrait « accompagner » les demandeurs d’emploi. Or, le Forem s’est progressivement inscrit dans la même logique de culpabilisation des TSE. Nous sommes venus lui demander de manière non-violente d’accompagner notre démarche qui vise la suppression du contrôle de la disponibilité », explique Fabian Vigne, porte-parole du groupe des TSE de la FGTB de Verviers et Communauté germanophone.

    Si le personnel et la direction du Forem de Verviers semblaient accepter nos revendications, ils ont dû en référer à leur supérieur hiérarchique qui a refusé de signer quoi que ce soit comme attestation, y compris la citation de Monsieur Delbrouck. Les militants ont donc décidé de rester dans les locaux du Forem au-delà de l’heure de fermeture. La police de Verviers a été amenée à intervenir pour les évacuer. L’intervention s’est déroulée de manière très professionnelle.

    « Le Forem nous a démontré qu’il était partie prenante de la chasse aux chômeurs. Le directeur a bien voulu reconnaître par courrier privé qu’il n’y avait pas assez d’emploi pour tous, mais lorsqu’on demande au Forem de le faire publiquement, il refuse. Ça montre bien qu’il faut continuer le combat contre la chasse aux chômeurs, nous reviendrons ! » (Marie, militante).

    Dans le contexte de la préparation de la formation d’un nouveau gouvernement, la FGTB de Verviers souligne que la question du contrôle de la disponibilité doit être plus que jamais à l’ordre du jour. Les chômeurs wallons sont objectivement discriminés dans la chasse aux chômeurs. Celle-ci n’a aucun sens en général et en période de crise en particulier. Un moratoire des sanctions doit être d’urgence mis en œuvre. Et cela, alors que le Bureau du Plan ne prévoit pas d’amélioration en termes d’emploi d’ici 2015. le monde politique doit plancher d’urgence sur d’autres politiques industrielles et d’emploi qui intègrent notamment des démarches de réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.

  • Evaluation des élections du 13 juin 2010 : La NVA et le PS ensemble pour assainir 22 milliards d’euros

    Ces élections ont marqué une nouvelle étape de la crise politique. Un seul vainqueur côté flamand : la N-VA de Bart De Wever. Côté francophone, c’est le PS qui a cartonné (35,7% au Sénat et 37,5% à la Chambre). Envolée l’euphorie du Didier Reynders de 2007. Quant à la percée d’Ecolo de 2009, elle ne s’est pas confirmée. D’autre part, le Bureau du Plan estime que 22 milliards d’euros d’assainissement budgétaire seront nécessaire pour retrouver l’équilibre en 2015.

    Texte issu du Comité National du PSL-LSP

    Les résultats électoraux n’étaient pas vraiment surprenant. Ces élections étaient la tantième étape du développement d’une crise politique qui a surtout fait surface depuis 2007 mais qui commençait déjà à bloquer le fonctionnement de l’Etat fédéral en 2004.

    En 2004, des partis différents du niveau fédéral sont arrivés au pouvoir dans les gouvernements régionaux, signe révélateur du fait que la position des différents partis bourgeois devenait constamment plus volatile. Sous la direction d’Yves Leterme, le gouvernement flamand a presque directement entamer une guerre contre le gouvernement fédéral, en mentionnant par exemple la scission de BHV dans l’accord gouvernemental flamand (alors qu’il s’agissait d’une compétence fédérale), mais aussi sur base d’un nombre de dossiers liés au marché de l’emploi. Le gouvernement fédéral avait toujours plus une image d’irrésolution, d’un «gouvernement d’annonces» jamais concrétisées à cause de disputes internes…

    Cette volatilité s’est surtout développée en Flandre. L’année 1999 avait constitué une cassure avec le passé : pour la première fois depuis les années ’50, le CVP n’a pas pu prendre la direction du gouvernement. Guy Verhofstadt est monté au pouvoir avec le gouvernement arc-en-ciel, puis une deuxième fois avec le gouvernement viole. En 2004, le CVP (devenu entretemps) CD&V a regagné la direction en Flandre, de même qu’en 2007 au niveau fédéral, mais en cartel avec la NVA, rentrée au gouvernement flamand en 2009 (après la cassure du cartel imposée par le CD&V). Aujourd’hui, le CD&V (le parti de «monsieur 800.000 voix» en 2007) est tombé sous les 20%, pour la première fois de son histoire et il s’en est fallu de peu que Bart De Wever ne répète le score d’Yves Leterme.

    En comparaison, le paysage politique francophone semble être un oasis de sérénité. L’euphorie de Reynders en 2007 est vite retombée. Ce 13 juin, le PS a cartonné avec un double message : se présenter à la fois comme le défenseur des acquis de l’Etat-providence et comme le défenseur des francophones dans les négociations avec les partis flamands. Son soutien électoral illustre un penchant pour la sécurité et la stabilité, le «vote utile» contre la violence flamande et libérale dans le cadre de l’austérité très dure qui frappe partout en Europe.

    La Belgique est-elle dès lors un «pays à deux pays» ? Oui et non. Les médias, les partis politiques et tout un tas d’institutions sont séparées pour les deux grandes communautés, la situation sociale et économique y est différente, mais les partis politiques bourgeois des deux côtés sont tous au service des intérêts de la même bourgeoisie. Finalement, les intérêts de cette bourgeoisie – stabilité, mais aussi renforcement du taux d’exploitation – forcent les partis à parvenir à un compromis, des deux côtés. Même le dirigeant de la NVA, Bart De Wever, recherche une certaine pacification. Selon ses propres termes, il n’est «pas un révolutionnaire» et la décomposition de la Belgique n’est selon lui pas un processus révolutionnaire, mais bien un processus évolutionnaire dans le cadre du développement de l’unification européenne. Il continue visiblement à croire en une perspective d’unification européenne approfondie sur base capitaliste. Il n’est pas certains que toutes ses troupes sont sur la même ligne mais, pour le moment, Bart De Wever est le roi, y compris vis-à-vis de ses propres rangs.

    Victoire la NVA – un nouveau «parti populaire» en Flandre ?

    Quelle est la stabilité de la position dirigeante de De Wever ? La NVA peut elle remplacer le CD&V comme l’instrument le plus important de la bourgeoisie ? Non. La NVA est un petit parti petit-bourgeois qui représente l’opinion des petits patrons flamands et entre autres «le bons sens» qui dit que quand les choses vont moins bien en Flandre, il faut arrêter de subventionner «la politique socialiste» en Wallonie. Mais il s’agit aussi de la volonté de se débarrasser de certains mécanismes de protection sur le marché de l’emploi (voire de tous), sans trop se soucier de l’impact de ces mesures en termes d’approfondissement de la crise du capitalisme. La NVA combine les revendications de l’organisation patronale flamande Voka – un nationalisme flamand rationnel et chiffré, basé sur l’égoïsme économique – avec une aile plus romantique de nationalistes flamands historiques.

    Il y a une différence entre ces deux ailes. Pour la première, le plus important est une réforme d’Etat socio-économique conduisant à une exacerbation de la concurrence entre régions. Pour la deuxième, il s’agit surtout de dossiers linguistiques ou symboliques. L’échange entre une réforme d’Etat socio-économique et un plan d’austérité (ce sur quoi le PS serait préparé, selon un article de De Standaard basé sur des déclarations anonymes d’un intime de Di Rupo) et certaines concessions de la Flandre dans le cadre du dossier BHV, du financement de Bruxelles et sans doute aussi dans la réforme d’Etat (entre autre le maintien d’une sécurité sociale nationale) est beaucoup moins évident à avaler pour le deuxième groupe que pour le premier.

    La question à poser est la suivante: Bart De Wever est-il prêt à utiliser sa nouvelle position de force afin de servir les intérêts de la bourgeoisie belge ? Si ce n’est pas le cas, nous allons droit vers une période de pourrissement de la situation, une période de chaos et d’instabilité où la Belgique sera constamment plus dans le collimateur des spéculateurs. Cela donnerait le prétexte aux partis bourgeois, avec les verts, pour prendre les choses en main avec un gouvernement d’unité nationale incluant les verts si nécessaire. Dans ce cas, les médias feront tout pour faire porter le chapeau à la NVA et la présenter comme la responsable de la crise tout en soumettant Bart De Wever au même calvaire médiatique qu’Yves Leterme : passer de héro à zéro.

    Les premiers développements – juste avant les élections déjà, mais aussi les jours après – semblent montrer que Bart De Wever est effectivement prêt à servir la bourgeoisie belge: accepter un premier ministre francophone, déclarer que la réforme d’Etat sera basée sur un compromis, assurer que la NVA n’aspire pas à une décomposition du pays à court terme,… La question est alors : peut-il convaincre son parti et sa base ? La véritable question est : combien de temps faudra-t-il pour que Bart De Wever se soumette au calvaire d’Hugo Shiltz ? Avec le Vlaams Belang qui va attaquer chaque concession et les nationalistes flamands déchainés au sein même de la NVA, le travail de sape peut commencer très tôt même si, dans un premier temps, il ne sera pas fort visible à cause du triomphe de De Wever et des concessions qu’il est capable d’obtenir du PS. Ces concessions vont devoir être substantielles pour ne pas être confronté de ses propres remarques du passée sur le «poisson gras» (à obtenir pour la Flandre) et les «cacahuètes» (qu’il fallait au contraire éviter).

    A côté de cela, son parti sera également responsable du plan d’austérité demandé par la bourgeoisie pour les années à venir. Si la coalition la plus probable actuellement devient réalité – la «coalition calque» avec les partis des gouvernements régionaux, qui rejette les partis libéraux dans l’opposition – son parti serait en effet la composante la plus à droite dans ce gouvernement, celle qui va devoir pousser le plus pour les assainissements et moins d’impôts.

    Il est très peu probable que la NVA soit capable de répéter une deuxième fois son score du 13 juin, que cela soit après une formation et une participation gouvernementale “réussie” ou après une formation “non réussie”. Ce parti ne dispose pas de la large assise dans la société et des nombreux relais dans «la société civile» qui ont permis au CD&V de se rétablir après son déclin de 1999. Sa base électorale est quasi totalement nouvelle et provient de tous les partis – le développent et le déclin ultra-rapide de la LDD illustre à quel point ces votes peuvent repartir aussi vite qu’ils sont venus.

    Il est moins facile de prédire qui va reprendre les affaires en main une fois terminée l’illusion De Wever. Tout le monde reconnait que les 30% de suffrages pour la NVA ne sont pas une expression de soutien pour le programme de la NVA. Cela exprime surtout que l’électeur – après que chaque parti flamand et institution flamande lui ait dit et répété qu’il faut une réforme d’Etat pour garantir la sauvegarde du bien-être – a voté pour le parti, et surtout pour la personnalité, qu’il pensait le plus apte à concrétiser cette réforme d’Etat. De toute façon, il n’y avait pas d’autre alternative. Vers où vont se diriger toutes ces voix une fois qu’il est clair que De Wever ne pourra pas apporter de solution face aux problèmes socio-économiques ?

    Une certaine recomposition du paysage politique flamand s’impose pour pouvoir assurer une stabilité. Le CD&V à nouveau rebondir après le score de ces élections, historiquement le plus bas, mais un retour à sa position passée de valeur sûre seule à décider avec qui former un gouvernement est presque impossible. Le SP.a non plus n’est pas capable de prendre la direction, c’est un partenaire de coalition, pas un dirigeant. Quant à l’Open VLD, il va essayer de rétablir son aile droite (tant dans le cas d’une «coalition calque» que dans le cas d’une coalition d’unité nationale), mais les rêves de parvenir à être un «parti populaire» sont de l’ordre du passé. Groen n’est pas réellement considéré, et le parti vert n’est cité que comme «dépanneur» et en conséquence de son lien avec Ecolo. Après une éventuelle période chaotique avec Bart De Wever, ces partis pourraient jouer sur l’argument de la «stabilité» et obtenir ainsi une certaine restauration de leur soutien. Mais si la victoire du NVA démontre bien quelque chose, c’est qu’en Flandre, tous les partis traditionnels sont discrédités jusqu’à l’os.

    Le PS cartonne en Wallonie – Un modèle de stabilité?

    Les partis traditionnels flamands ne peuvent même pas rêver d’un tel score – un tel soutien électoral, c’est de l’ordre du passé pour eux. Ce score montre que le PS est le seul parti bourgeois qui a réussi à maintenir une position d’autorité en tant que défenseur de l’intérêt général. C’est évidemment un parti bourgeois étrange, un parti qui s’est imposé à la bourgeoisie comme le seul capable de maintenir un contrôle sur le mouvement ouvrier socialiste dans son bastion – la Wallonie – et de lui faire avaler les assainissements.

    C’est ce rôle que le PS a joué (avec le SP.a) au cours du Plan Global. Elio Di Rupo s’y réfère d’ailleurs plusieurs fois, notamment quand il affirme que le PS est contre une politique d’austérité libérale, mais qu’il est capable d’assainir. Il se réfère alors lui-même au Plan Global, le plus grand plan d’austérité structurel de l’histoire de la Belgique. «Structurel», car ce plan a un effet d’assainissement permanent, comme avec la norme salariale et l’index-santé (deux des mesures du Plan Global) qui assurent que nos salaires représentent moins d’année en année.

    Il ne faut avoir aucune illusion: le PS veut assainir et va assainir. C’est une question d’emballage. Aux termes de «plan d’austérité», le PS préfère des termes comme «Pacte Social bis» (qui semblent indiquer qu’il s’agit d’une amélioration et non pas d’une détérioration), dans lequel une érosion ultérieure des revenus de la sécurité sociale est compensée par une «Cotisation Social Généralisée» (ce à quoi appelle d’ailleurs CSC et FGTB!).

    Le PS est un parti bourgeois particulier, un parti qui s’est toujours caché derrière “le CVP” ou “les flamands” et derrière l’Europe (ce que font tous les partis bourgeois belges) pour masquer leur responsabilité dans la politique asociale. Cette fois-ci, le PS a mené campagne sans parler des 22 milliards euros d’assainissements qui, aux dires du Bureau du Plan, sont nécessaires pour obtenir l’équilibre budgétaire en 2015 (les autres partis francophones ont adopté la même attitude, à l’exception du Parti Populaire ultra-néolibéral de Modrikamen). Mais cet objectif est néanmoins accepté par le PS au gouvernement fédéral (et il en va de même, indirectement, avec le CDH et Ecolo au niveau des régions). Maintenant, le programme électoral du PS va pratiquement entièrement disparaître à la poubelle, ou peut-être dans une armoire afin de pouvoir ressortir aux prochaines élections, où le PS affirmera qu’il a bel et bien défendu ces revendications sans arriver à convaincre ses partenaires gouvernementaux.

    Le carton du PS a bien des similitudes avec les 800.000 voix de Leterme en 2007, qui exprimaient la recherche de stabilité et de valeurs sûres. C’était une phase du développement de la crise politique, économique et sociale qui était dominante à ce moment. Aujourd’hui, en Flandre, cela a été remplacé par la volonté de changement qui, faute d’une alternative ouvrière crédible, s’oriente vers la formation petite-bourgeoise la plus remarquable et crédible du moment. Le PS, lui aussi, ne parviendra pas à maintenir cette victoire de façon permanente. Avec Elio Di Rupo comme premier ministre, le tour de passe-passe du PS – «le parti d’opposition au gouvernement» – sera beaucoup plus difficile à reproduire. Dans une «coalition calque», Elio Di Rupo est presque certain de devenir premier ministre. Mais même dans le cas d’une coalition d’unité nationale, la seule alternative si la formation d’un gouvernement calque échoue, Di Rupo serait presque incontournable comme premier ministre.

    Ce nouvel épisode pourrait alors constituer un point tournant du développement du PS, un point où la perte graduelle de sa position de force (qui a précédemment conduit à la victoire du MR en 2007 et aussi à la montée du parti petit-bourgeois Ecolo comme joueur sérieux – au moins temporairement) abouti à une position beaucoup plus précaire comparable, mais pas tout à fait, à l’affaiblissement du CVP/CD&V en Flandre. Ce n’est pas tout à fait comparable car au PS, il y a aussi l’élément de la bourgeoisification qui joue. Cette bourgeoisification a totalement abouti au niveau interne, mais le PS a pu jusqu’à présent préserver sa position électorale ainsi que, dans une mesure sans cesse moindre, son image dans la classe ouvrière wallonne. Avec le PS comme partenaire dirigeant de la coalition, ces illusions peuvent être rapidement brisées, certainement au vu des critiques déjà très dures présentes dans les milieux syndicaux à l’encontre du PS.

    Les libéraux dans les cordes – une famille politique bourgeoise en réserve à l’opposition

    Pour la bourgeoisie, c’est un des grands avantages d’une coalition calque. Les deux partis libéraux peuvent bien traverser une crise interne, ce sont tous les deux de loyaux serviteurs de la bourgeoisie. Ce scénario offre une protection relative contre le développement ou le renforcement d’une autre formation petite-bourgeoise, en conséquence de l’affaiblissement à venir de la NVA. Le candidat le plus probable pour profiter de cet affaiblissement est le Vlaams Belang, un problème bien plus grand que la NVA ou la LDD pour la bourgeoisie belge. La NVA et la LDD sont des formations petite-bourgeoises sur lesquelles la bourgeoisie n’a pas une influence directe et dominante, mais ces partis ne traduisent pas leurs éventuels points de vue radicaux (sur le plan social et communautaire) en action radicale.

    La NVA n’est pas “séparatiste” d’une façon dangereuse pour la bourgeoisie. Une décomposition de la Belgique dans l’Europe comme processus plus ou moins naturel accompagné de compromis, c’est une toute autre chose qu’une déclaration d’indépendance de la Flandre unilatérale, ce à quoi appelle le Vlaams Belang. En principe, la NVA et la LDD peuvent être achetés avec des postes pour ensuite être «gouvernés à mort», comme cela s’est passé déjà produit avec succès dans le cas de la défunte Volksunie et du FDF. Mais il est impossible d’intégrer le Vlaams Belang dans un gouvernement sans provoquer des troubles profonds dans la société.

    Y a-t-il une possibilité de compromis concernant BHV, une réforme d’Etat socio-économique et un plan d’austérité structurel?

    y a-t-il possibilité d’un compromis sur tout cela entre Elio Di Rupo et Bart De Wever? La presse, qui la veille des élections encore parlait de l’incompatibilité de ces deux-là, semblait penser 24 heures plus tard que ce serait «difficile, mais faisable». A entendre les déclarations publiques de De Wever et Di Rupo, ils semblent être d’accord.

    Nous avons toujours affirmé que les partis traditionnels peuvent arriver à un tel accord parce qu’ils veulent avant tout exécuter le programme de la bourgeoisie – les divergences d’opinion portent sur la manière de faire (à côté des intérêts de carrière personnelle des politiciens en question). Nous verrons dans les semaines et mois à venir si Bart De Wever est lui aussi prêt à presque tout pour servir la bourgeoisie. Mais le pouvoir est une force d’attraction importante : les multiples postes qui pourraient tomber dans les mains de la NVA sont difficiles à refuser.

    Evidemment, Bart De Wever connait mieux que n’importe qui l’histoire du mouvement flamand dans ces relations avec l’Etat fédéral. Mais la NVA se trouve prise en étau. Si la NVA joue le rôle de «sauveur de la patrie» avec le PS en concluant un nouveau compromis (quelque peu) durable sur les relations entre structures fédérées, un compromis où la régionalisation de compétences et le renforcement de l’autonomie fiscale sera compensé par des mesures renforçant la cohérence fédérale (sinon, il n’y a pas de compromis possible avec les partis francophones et la formation de gouvernement échouera). Cela fera des dégâts dans son soutien stable, nationaliste flamand, et peut même à terme mener au départ de certains nationalistes flamands (et peut-être même à court terme, surtout au vu du fait que des développements prennent parfois place de façon ultra-rapide aujourd’hui). Par contre, si la NVA conserve cette base et ses principes, elle devra dans quelques mois faire face à une attaque d’ensemble des institutions bourgeoises qualifiant la NVA de «provocateur d’instabilité» à un moment de risques économiques énormes. Il n’est pas exclu que la NVA décide quand même de rester de côté faute de concessions suffisantes de la part du PS qui, d’une position très forte, va revendiquer un accord «rationnel» et «équilibré» avec le soutien de la bourgeoisie des deux côtés de la frontière linguistique. Dans ces deux derniers cas, il sera impossible à la NVA de reproduire son score de 30% à de prochaines élections, et Bart De Wever en est conscient.

    La coalition calque est possible pour le PS, mais il parlait dans sa campagne d’un gouvernement d’unité nationale, c’est-à-dire avec le MR. Nous n’avons assisté à aucun duel tel que ceux de 2007 entre les deux partis. Les résultats électoraux offrent d’autres solutions, mais selon quelques messages parus dans la presse, il y aurait toujours aujourd’hui des voix dans le PS pour défendre une coalition avec le MR. Cela offrirait une protection contre les attaques inévitables de la part du MR-FDF lors d’un éventuel compromis sur BHV et la réforme d’Etat. De l’autre côté, la coalition Olivier protègerait plus le PS contre une perte à sa gauche (vers Ecolo et, dans une moindre mesure, vers le CDH par le mécontentement au sein de la CSC et du MOC) à cause du programme d’austérité structurel qui arrive. Sur base des résultats électoraux actuels, la coalition calque offre plus d’avantages au PS.

    Le PS a laissé des ouvertures pour un compromis. En ce qui concerne BHV, le PS est beaucoup moins concerné que le MR et le CDH, mais une scission pure ne serait pas défendable pour le PS, certainement après l’instabilité politique de ces dernières années. Le PS va revendiquer le maintien de la sécurité sociale nationale, mais aussi un démantèlement «national» de cette sécurité sociale avec la proposition d’Onkelinx (réduction de la part de financement basée sur les charges sur les salaires jusqu’à 50% des revenus de la sécurité sociale) et avec une «Cotisation Social Généralisée», une «solidarité» des meilleures salaires avec les salaires bas, des meilleures pensions avec les plus basses pensions (on parle ici de charité, pas de sécurité sociale). Le PS va aussi vouloir certaines mesures symboliques contre le grand capital et/ou les spéculateurs. De l’autre côté, le PS est partisan d’une régionalisation ultérieure de la politique du marché de l’emploi.

    Nous ne pouvons pas encore prédire quel accord arrivera exactement, nous n’avons en ce moment que quelques pièces de puzzle en main, certaines ayant des chances de faire partie d’un accord. Généralement, nous pouvons dire que le PS est d’accord sur le principe de pousser, au moins partiellement, un programme d’assainissement vers les régions et les communautés.

    Conclusion provisoire

    Le PS et la NVA vont sérieusement tenter de parvenir à un accord. Aucun des deux ne peut se permettre de saboter les négociations avec des revendications impossibles et des ultimatums. Leur réussite est très incertaine, mais pas impossible non plus. Si cette phase se termine sans réussite, le prochain pas le plus probable ne sera pas de nouvelles élections, mais bien une tentative de formation d’un gouvernement d’unité nationale. Si cela échoue aussi, ou si ce gouvernement éclate par tensions internes ou par pression externe, nous arriverons de nouveau à une situation de crise politique absolue, et il n’est pas exclu que de nouvelles élections soient alors organisées. Au vu du fait que le prochain gouvernement devra assainir 22 milliards, selon la bourgeoisie, le prochain gouvernement risque d’être instable, qu’importe sa composition.

    La façon dont ces assainissements sont introduits a un effet important sur leurs chances de réussir. Une coalition calque – avec seulement un parti de droite «pur» au vu des liens du CD&V (et en moindre mesure du CDH) avec l’ACW/MOC et l’ACV/CSC – ne va pas chercher une confrontation rapide et dure avec le mouvement ouvrier, sauf sous une pression extrêmement lourde (p.ex. une éventuelle nouvelle vague de problèmes chez les banques, une spéculation internationale contre les valeurs belges,…). Tous les partis gouvernementaux, sauf la NVA, ont des doutes sur le moment où doit s’arrêter la politique anticrise (entre autres les mesures de chômage temporaire) pour être remplacée par l’austérité. Différentes institutions, comme le gouverneur de la Banque Nationale actuellement, avertissent contre une politique d’austérité trop dure et plaident pour un mélange dans lequel de nouveaux impôts prennent aussi une place importante. Ces partis ne vont d’ailleurs pas faire de cadeaux à la NVA sur ce plan. Si la NVA essaie trop de contrarier cela, une certaine mobilisation de la part de la direction syndicale avec des actions symboliques n’est pas à exclure.

    Généralement, sur le plan social, nous devons nous attendre à un “compromis à la belge”, c’est-à-dire à un accord présenté comme étant «équilibré», dans «l’intérêt général» et dans lequel tout le monde a sa «dose de sucre» (en réalité, il s’agit toujours d’un kilo pour le patronat et d’un grain pour les travailleurs) et qui exige des sacrifices de «tout le monde». Ce compromis devra aussi impliquer tous les joueurs, en d’autres termes, il devra s’agir d’un compromis impliquant étroitement les directions syndicales. S’il y a quand même une pression pour mener des actions généralisées, l’argument selon lequel «l’alternative, c’est le chaos» est déjà tout prêt après cette dernière série d’élections.

    Les assainissements vont être élaborés et appliqués aussi graduellement que possible. Avec une réforme d’Etat, ces assainissements seront aussi partagés entre les différents niveaux de pouvoir. Les gouvernements essayeront ainsi d’éviter toute confrontation dure, simultanée et générale. Dans un premier temps, une lutte généralisée est le moins probable.

    Mais la situation, tant sur le plan politique que sur le plan économique, est spécialement instable. Sous la surface, à côté de la peur de l’avenir, il y a aussi une colère qui peut éclater à n’importe quelle occasion, à n’importe quel moment. Le point faible de la classe des travailleurs est et reste sa direction, ou mieux, son manque de direction. Même si les syndicalistes ont massivement voté pour le PS en Wallonie, cela n’est pas à cause d’illusions concernant le fait que le PS serait «leur parti», mais parce qu’il s’agit du «moindre mal».

    En différents lieux en Wallonie et à Bruxelles, tant le MOC que des centrales syndicales socialistes n’ont pas seulement invité le PS pour des débats, mais ici et là également le PTB et, dans une moindre mesure, le Front des Gauches. S’ils l’ont fait, c’est d’une part parce cela ne constitue pas un danger dans l’ambiance actuelle de la société, mais aussi parce que, dans leurs rangs, de nombreuses critiques s’élèvent contre l’appel traditionnel à voter pour le PS. Avec l’appel de Luc Cortebeeck (le président de la CSC) à voter pour des «partis responsables» (CD&V, SP.a, Groen et même VLD), la direction de la CSC en Flandre montre surtout dans quelle mesure elle est un agent de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier. Cela illustre aussi à quel point il est devenu impossible pour cette direction d’appeler seulement à voter pour le CD&V, ce qui va aussi offrir des opportunités pour la gauche à l’intérieur de la CSC.

    Le PSL/LSP doit, dans la situation à venir, attentivement suivre les développements à l’œuvre, et surtout être prêt à intervenir lors des développements rapides de la lutte. Un point central sera notre mot d’ordre que les syndicats doivent rompre leurs liens avec les partis gouvernementaux. Les syndicats et les militants syndicaux en lutte ont un rôle fondamental à jouer dans la construction d’une voix politique capable de représenter la lutte, un outil politique indépendant des partis qui ont choisi le camp du patronat depuis longtemps déjà. D’autre part, si la future réforme d’Etat comprend la régionalisation de secteurs/compétences avec beaucoup de personnel, il faudra aussi mener campagne autour de la nécessité de l’unité syndicale au-delà la frontière linguistique et contre de possibles régionalisations de syndicats.

  • Nous ne voulons pas payer leur crise !

    Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, dans la zone euro et au Japon, les dirigeants politiques ont, en 2009 en 2010, pris pas moins de 3.870 milliards d’euros des caisses des Etats pour soutenir le système financier et économique. Même s’ils ont ainsi pu éviter une dépression mondiale (pour le moment), cela n’a pas débouché sur une nouvelle période de croissance stable. Au contraire, le peu de croissance que nous avons vue était très fragile et fort dépendante des aides de l’Etat.

    Par Els Deschoemacker

    Les dettes des banques ont été épongées par de nouvelles dettes ; celles des autorités publiques. Il est évident que, pour les gouvernements, le plus facile est derrière eux : les caisses de l’Etat ont été pillées, des dettes massives ont été construites, et la crise reste là, sans solution à l’horizon.

    En Belgique aussi, la dette de l’Etat a augmenté très rapidement. «En deux ans, un quart de siècle d’assainissement a été perdu», a ainsi titré le quotidien flamand De Standaard. «Il n’y a plus d’argent, il faut intervenir de façon dure maintenant», a averti l’économiste Geert Noels. Presque tous les partis adhèrent à ce constat. Ceux qui estimaient que l’époque du néolibéralisme (assainir l’Etat au détriment de l’Etat-Providence) était derrière nous et qu’on se dirigeait vers une période de keynésianisme (stimuler la demande avec, entre autres, la création d’emploi par l’Etat ou encore avec des allocations décentes) en sont pour leurs frais. Ce que nous avons vu, c’est un keynésianisme pour la classe capitaliste, qui doit maintenant être payé par un néolibéralisme très dur pour la masse laborieuse.

    Certains partis sont plus prudents que les autres. Mais, en réalité, nous pouvons nous épargner la peine d’étudier les différents programmes des partis. Mieux vaut partir de l’expérience vécue ces trente dernières années de politique néolibérale. Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes – qu’il soit d’unité nationale, sans les libéraux et avec les ‘socialistes’ ou l’inverse, rempli de nationalistes flamands et/ou de revanchards francophones, avec ou sans les verts,… – tous vont chercher les efforts à venir (22 milliards d’euros selon le Bureau du Plan) en grande partie dans notre poche.

    Les développements actuels de la crise du capitalisme laissent très peu d’espace. Les capitalistes mènent une guerre contre la classe ouvrière pour restaurer leurs profits. Pour le moment, la peur ou l’idée qu’il faut des assainissements pour, à terme, pouvoir revenir aux acquis sociaux du passé peut être présente dans une grande partie de la classe. La réalité peut rapidement mettre en pièce ce genre d’idées. Nous allons vers des années de coupes budgétaires extrêmement dures, bien qu’avec un rythme différent dans les différents pays, dépendant des conditions spécifiques et des rapports de force. La croissance faible (dans notre pays, à peine 0,2%) peut rapidement se muer en récession.

    N’y a-t-il pas d’alternative à ce système de misère, de chômage et de pauvreté pour la majorité de l’humanité ? Si. Les nouvelles générations vont devoir réapprendre dans la douleur les vieilles leçons de la lutte des classes. Cela va demander du temps, des luttes et des expériences, mais les idées du socialisme scientifique vont finir par regagner du terrain au sein de la classe des travailleurs.

  • Elections – Une bien belle harmonie néolibérale

    Tous les partis traditionnels clament aujourd’hui haut et fort qu’il faut sortir du communautaire pour s’attaquer aux conséquences de la crise économique et aux ‘‘vrais problèmes’’. Traduisez: s’attaquer aux travailleurs et à leurs familles. Pour reprendre les mots de David Coppi dans les pages du Soir: ‘‘En substance : vos difficultés ne sont rien, ce sera pire demain, avec du sang et des larmes!’’(1). Voilà l’avenir tel qu’il se présente à nous si aucune riposte n’est organisée face à Elio, Didier, Joëlle, Jean-Michel et leurs complices.

    Par Nicolas Croes

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    Ce 13 juin, votez Front des gauches!

    ==> Rubrique "Elections 2010"

    Vous avez dit démocratie ?

    Pour pouvoir déposer des listes aux élections, il faut récolter plusieurs milliers de signatures de parrainage de citoyens (de 500 par liste pour la Chambre à 5.000 pour le Sénat). Cet effort, qui est déjà un début de campagne, le PSL l’a systématiquement fait par le passé mais, avec ces élections anticipées, cela nous était impossible.

    Pour pouvoir déposer des listes, les partenaires du Front des Gauches ont littéralement dû harceler les partis traditionnels et multiplier les pressions, comme avec une action et une conférence de presse devant un débat en présence d’Elio Di Rupo et de Paul Magnette à Charleroi. Finalement, nous avons eu la certitude de pouvoir nous présenter un mercredi vers 18h… alors que nous devions déposer les listes complètes de candidats le jeudi à 14h!

    Au même moment, le Conseil d’Administration de la RTBF (composé de représentants du PS, du MR, du CDH et d’Ecolo) décidait de ne pas accorder de débat aux petites listes… Finalemant, un petit débat a tout de même eu lieu. A côté de cela, il reste encore la barre des 5% pour avoir un élu et un financement accordé uniquement aux parti représentés au parlement et d’autres mesures destinées à lutter contre les petites listes. Il faut croire que les partis traditionnels n’ont eux-mêmes pas trop confiance en leurs programmes et leurs actions pour acccepter le ‘jeu’ démocratique.
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    De bons copains habitués à travailler ensemble

    L’an dernier, le débat fracassant entre Di Rupo et Reynders avait fortement marqué les esprits, Di Rupo déclarant qu’un gouvernement régional avec le MR serait sans le PS et, donc, synonyme de bain de sang social. La confrontation avait littéralement redistribué les cartes peu de temps avant la tenue du scrutin. Cette année aussi, nous avons eu droit au ‘‘choc des titans’’ de la politique francophone, mais ‘‘Un duo plutôt qu’un duel’’, comme l’a titré La Libre(2). Sur la même page, sous la photo des deux compères, on pouvait lire: ‘‘Fini les phrases assassines : les deux hommes ont préféré le respect, voire la très grande proximité.’’

    Soyons honnêtes et reconnaissons que même quand les échanges sont plus animés entre PS et MR, cela ne les empêche pas de mener une politique similaire. Ainsi, quand on évoque la Déduction des Intérêts Notionnels, le PS doit surtout espérer que personne ne rappelle trop fort que cette mesure ne serait jamais passée uniquement avec les parlementaires du MR. Cette fois-là, comme à bien d’autres moments, les élus PS ont voté pour favoriser les intérêts des grandes entreprises.

    D’ailleurs, cette idée commune que l’on trouve dorénavant tant au PS qu’au MR – les patrons créent les richesses, pas les travailleurs – ressort tout naturellement lorsque l’on parle de la Grèce, par exemple. Lors de ce fameux débat, Reynders a accusé l’actuel gouvernement social-démocrate du PASOK d’être responsable du déclenchement de la crise, à l’opposé de Di Rupo qui a fustigé les gouvernements précédents, de la droite officielle. Mais le plus intéressant était le silence pesant autour du véritable fond de l’affaire, c’est-à-dire à propos du paquet d’attaques extrêmement sauvages destiné à faire payer la crise aux travailleurs grecs. C’est que, pour les deux compères, il n’y a pas d’autre alternative.

    Cette approbation de la politique brutale du gouvernement grec n’est certainement pas de bon augure au vu des très sombres perspectives notamment dressées par le Bureau du Plan. Selon ce dernier, le prochain gouvernement aura à trouver comment assainir au moins 22 milliards d’euros d’ici 2015… ‘‘Heureusement’’, avec les prochaines élections en 2014 seulement (à l’exception des communales de 2012), le gouvernement peut ‘‘enfin’’ se mettre au boulot délivré de la crainte d’échéances électorales.

    A gauche, pas mal de gens espéraient qu’avec l’approfondissement de la crise économique, avec la faillite du néolibéralisme et avec ses conséquences désastreuses sur un pays comme la Grèce, le PS aurait retrouvé des accents plus combatifs et plus agressifs contre la politique du tout-aux-patrons. Mais lors de ce débat révélateur à plus d’un titre, Di Rupo n’a mentionné ni les intérêts notionnels, ni osé être trop critique sur la gestion du ministère des finances, thèmes pourtant chers au PS. Cela a beau figurer dans le programme du PS, il faut visiblement ne pas trop en parler.

    Pour d’autres, ECOLO représentait une alternative. On peut être séduit par un Jacky Morael déclarant à propos des mesures d’austérité: ‘‘Tout dépend de savoir pour qui ce sera difficile. Est-ce que ça va être difficile pour ceux qui ont déjà payé tout au long des années 80 et qui vont devoir repayer aujourd’hui alors que l’Etat s’est endetté pour sauver les banques ? Ou au contraire pour ceux qui se sont enrichis sur le dos de la crise ?’’(3). En fait, tout comme au PS, on trouve des dénonciations musclées chez certains verts (à mettre toutefois en parallèle avec les déclarations du type ‘‘Ecolo n’est ni de gauche ni de droite’’ ou avec la profession de foi monarchiste et catholique de Jean-Michel Javeau). Mais tout comme au PS aussi, on trouve un programme loin d’être à la hauteur de la dénonciation. Ecolo déclare qu’il faut ‘‘libérer l’économie de la dictature de la finance’’, mais les mesures concrètes telles que mieux encadrer l’activité des banques, interdire les parachutes dorés, réorienter l’économie vers l’énergie renouvelable et le développement durable,… sont tout à fait acceptables par le patronat. Pour un nouveau parti des travailleurs !

    Un autre chiffre a fait une apparition remarquée dans cette campagne, celui de l’estimation de l’ampleur de la fraude fiscale en Belgique. Il s’agirait de pas moins de 45 milliards d’euros, soit une vingtaine de milliards de manque à gagner en termes de perception de l’impôt(4). De temps à autre, le PS se permet encore de critiquer le laxisme du ministère des finances. Mais jamais le PS n’a revendiqué ce poste comme condition pour participer à un gouvernement et jamais il n’a menacé de quitter le gouvernement face à l’incurie de la lutte contre la grande fraude fiscale. Pourtant, cela aurait été fort bien compris et accepté par la majorité de la population, très certainement du million et demi de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en Belgique. La même chose vaut pour tous les autres partis, y compris Ecolo.

    D’autre part, les quatre partis traditionnels ne remettent aucunement en cause les propositions de Michel Daerden (PS) destinées à faire travailler nos aînés plus longtemps. Il y a bien entendu des nuances entre partis, tout comme avec le reste, mais le point de départ fondamental reste inchangé : alors que le chômage parmi les jeunes devient sans cesse plus préoccupant (1/3 des jeunes de moins de 25 ans seraient au chômage en Belgique à l’horizon 2010), il faudrait que nos aînés restent plus longtemps au boulot!

    Nous n’avons que des partis irresponsables au Parlement, des partis qui sont incapables de tirer les conclusions logiques de l’effondrement du système financier et de la faillite du système capitaliste. Les travailleurs et leurs familles sont aujourd’hui en quelque sorte orphelins de tout prolongement politique qui leur soit propre.

    Nous ne voulons pas nous contenter de dénoncer cette situation, et c’est pourquoi nous participons au Front des Gauches. Avec cette liste unitaire, nous voulons diffuser l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, qui regroupe non seulement des organisations de gauche, mais aussi et surtout tous ceux qui aujourd’hui veulent lutter contre la politique fondamentalement de droite de tous les partis traditionnels.


    (1) Le corps électoral fait la tête, Le Soir, édition du 18 mai 2010. (2) La Libre, édition du 20 mai 2010. (3) Jacky Morael trace le cap d’Ecolo, RTBF.be, 21 mai 2010. (4) Estimation de la fraude fiscale en Belgique, département d’économie appliquée de l’Université Libre de Bruxelles, étude commandée par la FGTB (www.dulbea.org).

  • Congrès de la FGTB – Quelle réponse syndicale face à la crise ?

    Le Congrès fédéral statutaire de la FGTB vient de se tenir sous le titre “Solidarité contre l’inégalité.” Les défis pour les syndicats sont immenses. Tous les politiciens et observateurs sont d’accord sur le fait qu’après les élections, de dures économies vont devoir être faites, comme dans le Sud de l’Europe. Quelle réponse syndicale nous faut-il ?

    Par un militant FGTB

    700.000 chômeurs – Salaires réels : -1%

    La préparation des négociations autour d’un nouvel Accord InterProfessionnel (AIP) commence tôt cette année. Yves Leterme a déjà prévenu qu’il n’y avait pas de marge pour des hausses salariales. Le Bureau fédéral du Plan parle de perspectives économiques très incertaines à cause de la hausse de la dette publique, de l’instabilité financière et des mouvements de capitaux entre les blocs économiques et l’Union Européenne elle-même.

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    Et sur le plan politique ?

    Les militants syndicaux ne peuvent accorder aucune confiance aux partis traditionnels. Le mercredi 2 juin, au Congrès de la FGTB, Di Rupo et Gennez vont peut-être se limiter à de vagues appels concernant l’emploi et la sécurité sociale mais, en essence, ils approuvent la logique néolibérale de toutes ces dernières années, ils l’ont non seulement soutenue, mais également appliquée.

    Lors de ces élections, la direction de la FGTB wallonne appelle à voter ‘‘pour des partis de gauche’’.

    Voter PS ou Ecolo ferait penser à la situation des tous premiers syndicats, au dix-neuvième siècle. On parlait alors de voter pour les «libéraux progressistes» ou pour les «catholiques progressistes». Cette tactique n’a pas fait avancer d’un iota la lutte pour les droits syndicaux ou pour le suffrage universel.

    Malgré la lutte syndicale héroïque, ce n’est qu’après la création d’un parti ouvrier indépendant sous la forme du POB en 1885 que des avancées ont pu être obtenues. C’est encore sous la pression de la lutte ouvrière et de la progression des communistes que la sécurité sociale a pu être arrachée après la Deuxième Guerre mondiale.

    Si nous voulons aujourd’hui mettre un terme à l’offensive néolibérale du patronat, nous allons devoir lutter tant sur le plan syndical que politique. Un mouvement syndical combatif serait renforcé par l’existence d’un instrument politique, par l’existence d’un nouveau parti des travailleurs.

    Un tel parti des travailleurs ne peut être mis sur pied dans notre pays que s’il s’appuie sur de larges couches combatives du mouvement syndical.

    Le PSL veut apporter sa propre pierre à ce projet, et c’est une idée que nous voulons également diffuser par notre participations aux listes du Front des Gauches aux élections du 13 juin.
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    Même si l’économie de notre pays peut à nouveau enregistrer une croissance de +1,5% en 2010 et 2011, le nombre d’emplois sur la même période diminuerait quand même de 26.000 unités. Les perspectives de la Banque Nationale concernant la croissance économique sont inférieures à cela, avec pour conséquences une forte hausse des pertes d’emplois (89.000 cette année). Selon le Bureau du Plan, le chômage va monter jusqu’à 13,3% et devrait rester à ce niveau jusqu’en 2015 (les prévisions ne vont pas plus loin que cette date). Dans deux ans, il y aurait 77.000 chômeurs en plus, ce qui signifierait qu’on aurait 128.000 chômeurs en plus en 2012 par rapport à 2008. Le nombre total de chômeurs (avec les chômeurs plus âgés qui ne cherchent plus de travail) dépassera l’an prochain le cap des 700.000 chômeurs.

    Si cela ne dépendait que du Bureau du Plan, les salaires bruts en 2011-2012 n’augmenteraient que de maximum 0,6% par an en plus de l’indexation (qui ne représente déjà pas le coût réel de la vie). L’index-santé monterait de 2,9% sur la même période (tandis que les dépenses de consommation des particuliers, elles, augmenteraient de 3,5%). Qui plus est, on parle ici des salaires bruts. Les primes uniques pour le pouvoir d’achat telles que prévues dans l’AIP précédent menacent à nouveau d’être un objet de discussion plutôt qu’une partie acquise des salaires.

    Il faut enfin tenir compte de la hausse de la productivité (en 2010 et 2011, le Bureau du Plan prévoit une hausse totale de +3% de la productivité). Selon le Bureau du Plan, le salaire horaire réel va baisser de 1% dans cette période. La vision optimiste du Bureau du Plan quant à la croissance économique signifie encore une fois que ce sera aux travailleurs de devoir faire toutes sortes de concessions sur leurs salaires. Avec les plans d’économies générales sur les dépenses publiques, les particuliers vont en outre devoir payer pour des services et une infrastructure qui étaient auparavant financés par la société.

    Pour le Bureau du Plan, les salaires doivent être “modérés”, entre autres à cause de la concurrence de l’Allemagne “qui, depuis déjà des années, mène une politique salariale très stricte”. L’accord salarial passé dans le secteur du métal en Allemagne, qui ne dépasse l’inflation que de peu, est une indication de ce qui nous attend ici à l’avenir.

    Une réponse anticapitaliste

    Le capitalisme est un système de production dans lequel seuls les profits d’une petite majorité comptent, et auxquels tout est subordonné. Au fur et à mesure que les profits sont mis sous pression par la crise de surproduction, la bourgeoisie n’a, selon sa propre logique, pas d’autre choix que de lancer une attaque sur les travailleurs en les faisant travailler plus longtemps et plus dur. Nier la crise de surproduction en faisant du profit sur base de la spéculation a donné lieu à l’éclatement de bulles financières, et c’est encore à nous de payer.

    Accepter la logique de ce système, c’est approuver une attaque contre notre niveau de vie. Pour défendre nos intérêts, nous devons nous dresser contre le capitalisme. Le slogan “Le capitalisme nuit gravement à la santé” est correct, mais il faudrait joindre les actes à la parole et, surtout, construire un rapport de forces.

    Plan d’information et de mobilisation

    Ces derniers mois, divers bains de sang sociaux ont été annoncés : Opel, InBev, Carrefour, Godiva,… Là où l’offensive patronale rencontre une résistance conséquente et combative, elle est arrêtée et, parfois même, nous avons pu obtenir des victoires éclatantes. La clé du succès à InBev et un peu plus tôt à Bayer a consisté en la sensibilisation et l’information du personnel, en la solidarité sur le lieu de travail, dans le secteur et au-delà. Si nous menons la lutte entreprise par entreprise ou, dans le cas de Carrefour, magasin par magasin, nous n’allons jamais arriver à quoi que ce soit.

    Pour éviter une défaite dans les discussions autour du statut unique pour les ouvriers et employés, ou dans le cadre des négociations salariales à la fin de l’année, nous devons résister. Le Congrès fédéral de la FGTB pourrait être utilisé pour organiser une campagne d’information et de mobilisation autour de ces dossiers. Ce n’est pas assez de sans cesse organiser en une semaine une action “coup de feu” qui ne conduit nulle part; pour un rapport de forces plus fort, il faut argumenter, informer et mobiliser sur les lieux de travail.

    Nous avons besoin d’une plateforme de revendications concrète qui comprend la défense de nos conditions de travail grâce à la baisse du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, de vrais emplois avec des contrats fixes et un statut unique ouvrier-employé harmonisé vers le haut. Pour pouvoir financer tout cela, il faut mettre un terme aux cadeaux au patronat (qui s’élèvent cette année à 8,9 milliards d’euros), et la fortune des super-riches doit être remise en question. Enfin, pour obtenir un contrôle sur l’économie, les secteurs-clés doivent être placés sous le contrôle et la gestion du personnel.

    Autour de telles revendications, nous pouvons renforcer et construire le mouvement syndical, également parmi les jeunes et parmi les couches les plus exploitées de la population, desquelles on ne tient pas compte aujourd’hui. Qui lutte peut perdre. Mais qui ne lutte pas, a perdu d’avance !

  • Pensions impayables? Mensonge! La baisse du nombre de naissances n’égale pas l’augmentation de la productivité

    Le démantèlement de notre système de pensions est inscrit dans l’agenda politique depuis longtemps déjà. Politiciens, médias et représentants du patronat nous ont enfoncé dans le crâne que nos pensions sont impayables. A nous de nous sentir coupables. Le gouvernement nous sort maintenant son ‘‘livre vert’’ de la conférence sur les pensions, composée de représentants du patronat, des syndicats, du gouvernement et de l’administration. Quelques questions prévisibles sont ensuite envoyées de ce livre vers les partenaires sociaux, qui doivent formuler des propositions dans un ‘‘livre blanc’’. Ce dernier peut être publié à tout moment dès septembre. Voilà la base sur laquelle le gouvernement va composer son menu de réformes.

    Par Eric Byl

    Personne ne niera qu’une réforme du système de pension s’impose. En octobre 2007, Le Soir écrivait déjà que l’allocation moyenne de pensions après impôts ne représentait plus que 64,4% du salaire moyen en Belgique. En Grèce et aux Pays-Bas, elle dépasse les 100%. Si, en moyenne, un pensionné luxembourgeois reçoit 664.240 euros durant tout le temps que couvre sa pension, le pensionné belge ne peut compter que sur 179.056 euros (moins qu’en Grèce, où le niveau de vie est en moyenne beaucoup moins élevé). En conséquence, un quart des plus de 65 ans vit sous le seuil de la pauvreté en Belgique contre… moins d’une personne sur 20 aux Pays-Bas! En finir avec la pauvreté des seniors ne coûterait pourtant que 900 millions d’euros, aux dires du professeur Jos Berghmans (université de Louvain). Mais ce n’est pas de cette façon que le Livre Vert aborde les choses.

    La pierre angulaire de l’argumentation favorable à l’assainissement de notre système de pensions est l’augmentation du nombre d’inactifs face à la population active. En 2000, pour chaque personne de plus de 65 ans, quatre personnes étaient actives et elles ne seraient plus que deux en 2060. Cette histoire à dormir debout a déjà été réfutée des dizaines de fois, notamment par Gilbert De Swert dans son livre 50 mensonges sur les pensions. En plein baby-boom, en 1964, le nombre de naissances a atteint son sommet (168.000 naissances) pour toucher son niveau le plus bas en 2002 avec 115.000 naissances. C’est une baisse de pas moins de 31%(1), mais durant la même période, la productivité a augmenté de 215%(2)! Le Livre Vert estime que les dépenses totales pour les pensions représentaient 31 milliards d’euros en 2008, soit 8,96% du PIB de l’époque(3). D’ici 2014, ces dépenses passeraient à 36 milliards d’euros, à 46 milliards d’ici 2030 et à 50 milliards d’ici 2060. Cette croissance des dépenses, présentée comme une explosion, est en réalité loin d’être catastrophique. Selon le Bureau du Plan, d’ici 2014, le PIB belge aura augmenté jusqu’à 407 milliards d’euros(4). Les 36 milliards d’euros de dépenses pour les pensions représenteraient donc 8,84% du PIB, proportionnellement moins qu’en 2008, donc.

    Il est impossible d’estimer le PIB de 2030, ne parlons même pas de celui de 2060. Mais nous savons tout de même que nous avons été plus productifs de 36% pour chaque heure en 1965 par rapport à 1950 et 111% plus productifs en 1980 par rapport à 1965. Admettons que le capitalisme s’est depuis lors essoufflé. Mais nous avons quand même été plus productifs de 36% pour chaque heure en 1995 en comparaison de 1980 et, au beau milieu de l’année de crise de 2009, nous étions encore 15% plus productifs qu’en 1995(5). Le prix de cette performance se calcule notamment en infarctus et maladies liées au stress. Même si les quinze prochaines années restent aussi ‘mauvaises’, les 10 milliards d’euros supplémentaires que coûteraient nos pensions d’ici 2030 ne représenteraient vraiment rien, tout comme les 4 autres milliards pour 2060.

    Mais peut-être que les politiciens, les patrons et leurs médias sont d’accord avec nous pour qualifier le capitalisme de système archaïque offrant peu de possibilités de croissance et pour dire que la tendance à la baisse de l’augmentation de la productivité initiée au milieu des années ’70 va se poursuivre?

    De ce constat, le PSL tire la conclusion que le chaos capitaliste devrait être remplacé par un système socialiste basé sur la planification rationnelle et la démocratie des travailleurs. A l’opposé, les politiciens, patrons et médias actuels tentent de réanimer le capitalisme, ce système archaïque. C’est ce qui explique leur politique de cadeaux aux patrons qui puise dans les caisses de la sécurité sociale pour accorder des subventions salariales et des diminutions de charges au patronat.


    Notes:

    1. SPF économie: Structure de la population selon âge et sexe : pyramide d’âge
    2. The Conference Board Total Economy Database.
    3. PIB – Produit Intérieur Brut – la valeur totale de marchandises et de services produits en une année.
    4. Bureau Fédéral du Plan, prévisions économiques 2009-2014.
    5. The Conference Board Total Economy Database.
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