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  • [DOSSIER] Retour sur la “grève du siècle”

    50 ans après la grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61

    Ces cinq semaines d’un combat implacable, mené en plein hiver, constituent rien de moins que l’évènement le plus grandiose à ce jour de l’histoire des luttes de la classe ouvrière belge. A la base de ce conflit qui a puissamment ébranlé les fondations du système capitaliste, se trouvait un plan d’austérité particulièrement brutal, la Loi Unique. A l’heure où les plans d’austérité pleuvent sur les travailleurs partout en Europe et ailleurs, à l’heure où reviennent à l’avant-plan les grèves générales (voir notre dossier du mois dernier), les leçons à tirer de ce conflit sont inestimables.

    Par Nicolas Croes, sur base du livre de Gustave Dache

    LE CONTEXTE

    A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’appareil de production de la bourgeoisie belge était quasiment intact, un énorme avantage pour une économie belge basée sur l’exportation face à des économies voisines à reconstruire. La machine économique belge tournait donc à plein rendement mais, face au développement progressif de nouvelles industries à l’étranger, cet avantage a progressivement disparu.

    De plus, la bourgeoisie belge avait délibérément négligé des branches industrielles qui s’étaient récemment développées, comme la chimie ou encore l’électronique, pour conserver une structure industrielle basée sur l’industrie lourde (sidérurgie, extraction de charbon,…). Plutôt que d’investir dans leur appareil de production, les capitalistes belges investissaient leurs profits en banque. Disposant d’un très puissant capital financier, la Belgique était alors qualifiée de ‘‘banquier de l’Europe’’. Cette fonction de banquier a toutefois été fondamentalement remise en question par la crise de l’industrie. A cela s’ajoutait encore le coût de la perte du Congo, devenu indépendant le 30 juin 1960.

    Pour assurer ses profits, la classe capitaliste belge devait donc prendre des mesures radicales. Comme toujours, c’est aux travailleurs et à leurs familles que l’on a voulu faire payer la crise avec les mesures d’austérité de la Loi Unique. Mais la prudence s’imposait. Un certain climat de lutte régnait à ce moment, et la grève générale insurrectionnelle de 1950 concernant la Question Royale (le retour du roi Léopold III) n’était pas encore oubliée… C’est pour cette raison que le gouvernement avait choisi de commencer la discussion au Parlement sur la Loi Unique le 20 décembre, en comptant sur les préparatifs des fêtes de fin d’année afin d’affaiblir la mobilisation des travailleurs.

    De leur côté, la direction du Parti Socialiste Belge et de la FGTB comptaient également sur cette période pour éviter de prendre l’initiative et déclencher les hostilités. Les bureaucrates du PSB et de la FGTB étaient pris entre deux feux. Une défaite significative des travailleurs aurait signifié que la bourgeoisie aurait sérieusement commencé à s’en prendre à ses positions et à ses privilèges, mais une victoire de la classe ouvrière était tout aussi menaçante pour ces mêmes privilèges.

    La direction du PSB avait déjà démontré à plusieurs reprises sa servilité à la ‘raison d’Etat’. Quand s’était déroulée la grève des métallurgistes de 1957, le ‘socialiste’ Achille Van Acker, alors premier ministre, n’avait pas hésité à la réprimer. Cependant, la très forte base ouvrière active en son sein forçait la direction du PSB à imprimer des accents plus radicaux à sa politique. Début octobre 1960, le PSB a donc pris l’initiative de mener campagne dans tout le pays au sujet de la Loi Unique. C’était l’Opération Vérité, dont le but était d’assurer qu’une fois la Loi votée et appliquée, la colère et le mécontentement des travailleurs se traduisent en soutien électoral. Partout, l’assistance était nombreuse et les salles souvent trop petites. Ce n’était pas son objectif premier, mais cette campagne aura joué un effet non négligeable dans la préparation de la bataille de l’hiver 60-61.

    Au niveau syndical, les directions voulaient elles aussi éviter la grève générale et une lutte dont elles pouvaient perdre le contrôle. La Centrale Syndicale Chrétienne, proche du PSC au pouvoir, a dès le début freiné la contestation de tout son poids. Au cours de la grève générale pourtant, de très nombreux militants de la CSC, tant au nord qu’au sud du pays, ont rejoint la lutte.

    Au syndicat socialiste, différentes ailes s’affrontaient, ce qui s’est exprimé lors du Comité National Elargi du 16 décembre 1960. La gauche syndicale groupée autour d’André Renard y avait proposé de voter pour un plan comprenant une série de manifestations allant vers une grève générale de 24 heures le 15 janvier 1961 (soit après le vote de la Loi Unique, beaucoup trop tard). De son côté, la droite proposait de simplement organiser une journée nationale d’action quelque part en janvier 1961. Au final, la gauche syndicale a reçu 475.823 voix, la droite 496.487. Mais, en moins de quatre jours, ces deux positions ont complètement été dépassées par l’action de la base.

    LA BATAILLE COMMENCE – L’APPAREIL SYNDICAL EST DÉBORDÉ

    Les services publics étaient particulièrement touchés par la Loi Unique et, le 12 décembre, la Centrale Générale des Services Publics de la FGTB avait appelé au déclenchement d’une grève générale illimitée pour le matin du 20 décembre.

    Dans tout le pays, la grève des services publics a très bien été suivie. A Gand, par exemple, les ouvriers communaux ont bloqué la régie de l’électricité, privant de courant le port et toute la région. Des milliers de syndiqués chrétiens ont rejoint le mouvement, contre l’avis de leurs dirigeants. Dès ses premières heures, le mouvement n’est pas resté limité au service public, de nombreuses grosses entreprises ont été mises à l’arrêt. Souvent, les travailleurs ont dû menacer leurs délégués, qui tentaient d’appliquer les consignes des sommets syndicaux.

    En quelques heures, l’action spontanée des travailleurs a ébranlé tout le système capitaliste et surpris ses agents dans le mouvement ouvrier. Le lendemain, désolé, le secrétaire général de la FGTB Louis Major (également député socialiste) s’est lamentablement excusé à la Chambre en disant : ‘‘Nous avons essayé, Monsieur le premier ministre, par tous les moyens, même avec l’aide des patrons, de limiter la grève à un secteur professionnel.’’

    Le 21 décembre, tout le pays était paralysé. Ce jour-là, on pouvait lire dans La Cité: ‘‘on signale qu’en plusieurs endroits, les dirigeants de la FGTB euxmêmes auraient été pris de court (…) Il semble bien qu’en certains endroits du moins, le contrôle du mouvement échappe à la direction de la FGTB.’’ Pour pallier au manque de direction, les travailleurs se sont petit à petit organisés avec des comités de grève, qui ont commencé à se coordonner. Voilà très précisément ce que craignait le plus la direction syndicale : qu’une nouvelle direction réellement basée sur la lutte collective des travailleurs se substitue à elle. La droite de la FGT B nationale, qui s’était opposée par tous les moyens à la grève générale, s’est déchargée de ses responsabilités sur les régionales en leur laissant le choix de partir ou non en grève.

    Ainsi, ce n’est qu’après que la grève générale ait été effective dans tout le pays que les régionales ont lancé un mot d’ordre de grève générale et tenté de dissoudre ou de récupérer les comités de grève (qui contrôlaient 40% de la région de Charleroi par exemple).

    TRAVAILLEURS FRANCOPHONES ET FLAMANDS UNIS DANS LA LUTTE

    La grève s’est étendue partout, les débrayages spontanés surgissant dans tout le pays. Les métallurgistes, les verriers, les mineurs, les cheminots, les dockers, etc. étaient tous en grève, toute la Wallonie était paralysée. En Flandre, le développement de la grève était plus lent et plus dur, mais bien réel. Des secteurs entiers y étaient en grève. D’ailleurs c’est en Flandre que s’est trouvée la seule entreprise à avoir été occupée par les grévistes lors de cette grève générale (la régie de l’électricité de Gand, du 20 au 30 décembre).

    Contrairement à ce que certains affirmeront par la suite, les travailleurs flamands ont largement démontré qu’ils étaient fermement engagés dans la lutte, malgré toutes les difficultés supplémentaires rencontrées dans une région où n’existaient pas de bassins industriels comparables à ceux de Charleroi ou de Liège, où le poids réactionnaire du clergé était plus important, où la CSC était dominante et où la direction de la FGTB était plus à droite.

    Dans ce cadre, la constitution sous la direction d’André Renard du Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB, le 23 décembre, a représenté une véritable trahison. En plus d’être une manoeuvre destinée à assurer que la direction de la lutte n’échappe pas à l’appareil de la FGTB en faveur des comités de grève, la formation de ce Comité a divisé les forces de la classe ouvrière face à un gouvernement, des forces de répression et une bourgeoisie unie nationalement. Toujours à l’initiative d’André Renard, cette politique de division des travailleurs a été encore plus loin quand, au moment le plus critique de la lutte, la gauche syndicale a introduit la revendication du fédéralisme.

    LE DANGER DE LA RÉVOLUTION

    Au départ, il ne s’agissait que de la Loi Unique mais, très rapidement, c’est la question de la prise du pouvoir qui s’est posée. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que n’apparaissent dans les nombreux et massifs cortèges de manifestants des slogans revendiquant une Marche sur Bruxelles. Ce que les travailleurs entendaient avec cet appel, ce n’est pas une simple manifestation à Bruxelles, mais un rassemblement ouvrier massif dans la capitale pour une confrontation ouverte avec le régime.

    Ce mot d’ordre avait été décisif en 1950 lors de la grève générale sur la Question Royale. Le roi Léopold III avait abdiqué la veille de la tenue de cette Marche afin de désamorcer un mouvement qui n’aurait pas seulement fait basculer la monarchie, mais aurait également fait courir un grand péril au régime capitaliste lui-même. En 60-61, si les bureaucrates ont refusé d’organiser la Marche sur Bruxelles, c’est qu’ils comprenaient fort bien que ce mot d’ordre signifiait l’affrontement révolutionnaire des masses ouvrières et de l’Etat bourgeois.

    Face à l’ampleur du mouvement de grève, le gouvernement a réagi par l’intimidation, par de nombreuses arrestations arbitraires et par la violence des forces de l’ordre. Le gouvernement craignait que les grévistes ne parviennent spontanément à s’emparer des stocks d’armes et de munitions entreposées à la Fabrique Nationale, occupée militairement. L’armée a été envoyée renforcer la gendarmerie afin de surveiller les chemins de fer, les ponts, les grands centres, etc. Des troupes ont été rappelées d’Allemagne.

    Mais les forces de répression se déplaçaient lentement à cause des routes parsemées de clous, des rues dépavées ou encore des barrages. De plus, les troupes n’étaient pas sûres et subissaient la propagande des comités de grève les appelant à rejoindre la lutte. A certains endroits, les femmes de grévistes apportaient de la soupe et de la nourriture aux soldats. Le pouvoir bourgeois avait grand peur de cette fraternisation avec les grévistes.

    Les dirigeants syndicaux étaient systématiquement plus fortement hués lors des meetings de masse, car ils ne faisaient qu’inlassablement répéter en quoi la Loi Unique était néfaste alors que les travailleurs criaient ‘‘A Bruxelles ! A Bruxelles !’’ C’est dans ce cadre qu’il faut considérer les très nombreux actes de sabotage de cette grève générale. Ces actes ne sont que la conséquence de la frustration, de la colère et de l’impatience des travailleurs suite au refus des responsables de donner une perspective au mouvement.

    André Renard, le leader de l’aile gauche de la FGTB, a partout été réclamé pour prendre la parole. Sa rhétorique plus radicale correspondait mieux à l’état d’esprit des grévistes mais derrière son discours se cachait la volonté de ne faire qu’utiliser la force des travailleurs pour forcer la bourgeoisie à faire des concessions et non pour renverser le régime capitaliste. En cela, il a surestimé la marge de manoeuvre dont disposaient les capitalistes et a été forcé de trouver une voie de sortie honorable.

    LE FÉDÉRALISME : L’ÉNERGIE DES MASSES DÉTOURNÉE

    Le mouvement était placé devant un choix : la confrontation directe avec le régime capitaliste ou la retraite derrière un prétexte capable de sauver la face à une partie au moins de l’appareil syndical. C’est dans ce cadre qu’il faut voir l’appel au fédéralisme lancé par André Renard, un appel fatal à la grève générale. Le 31 décembre, le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB publiait un communiqué déclarant que la grève était essentiellement localisée en Wallonie, ce qui est faux. Alors que, partout, les travailleurs réclamaient des actions plus dures, le Comité a répondu en semblant prétendre que seule la Wallonie luttait.

    Le 3 janvier, André Renard s’est ouvertement prononcé contre une Marche sur Bruxelles. Le même jour, il a déclaré « Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple. » (Le Soir du 4 janvier 1961) Le 5 janvier paraissait le premier numéro de l’hebdomadaire dirigé par André Renard, Combat. Son slogan de première page était : « La Wallonie en a assez. »

    Peu à peu, et sans consultation de la base, c’est ce mot d’ordre, une rupture de l’unité de front entre les travailleurs du pays, qui a été diffusé par l’appareil syndical. A ce moment, des dizaines de milliers de travailleurs flamands étaient encore en grève à Gand et Anvers, mais aussi dans des villes plus petites comme Bruges, Courtrai, Alost, Furnes,…

    Finalement, faute de mots d’ordre et de perspective, le mouvement s’est essoufflé. La grève s’est terminée le 23 janvier 1961.

    Cette défaite ne doit rien au génie ni à la force du patronat et de son gouvernement, mais tout à la trahison des dirigeants du PSB et de la FGTB, de droite comme de gauche, qui ont préféré la défaite à la poursuite de la lutte contre le capitalisme et pour une autre société.


    Comment la défaite aurait-elle pu être évitée ?

    Ce combat historique a été caractérisé par la gigantesque volonté d’en découdre de la part du mouvement ouvrier. Il n’a manqué qu’une chose pour que le mouvement aboutisse à sa conclusion logique, c’est-à- dire le renversement du régime capitaliste, il aurait fallu une direction réellement révolutionnaire aux masses en mouvement. Dans son Histoire de la révolution russe, Léon Trotsky (l’un des dirigeants de cette révolution avec Lénine) a expliqué que “Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatiliserait comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. Cependant le mouvement ne vient ni du cylindre ni du piston, mais de la vapeur.” C’est exactement ce qui s’est produit ici, l’énergie des masses s’est volatilisée. Une organisation, même petite, aurait pu réaliser de grandes choses si elle était décidée à prendre ses responsabilités.

    Concrètement, cela aurait signifié d’appuyer sans réserve la constitution des comités de grève et d’appeler à un Congrès national des comités de grève – premier pas vers l’instauration d’un gouvernement ouvrier basé sur les comités de grève – tout en défendant un programme socialiste et révolutionnaire. Cela aurait signifié de vigoureusement dénoncer le refus des directions syndicales d’offrir une voie en avant et les manoeuvres telles que le fédéralisme. Cela aurait aussi signifié d’appuyer concrètement l’appel à la Marche sur Bruxelles. Hélas, cela, personne ne l’a fait. Le Parti Communiste Belge est ainsi essentiellement resté à la remorque du PSB et de la FGTB (il faut toutefois préciser que bon nombre de ses militants ont joué un rôle important dans les entreprises pour déclencher la grève).

    Un autre groupe de gauche radicale existait, au sein du PSB, groupé autour du journal La Gauche (Links en Flandre). Ce groupe était essentiellement dirigé par des militants se réclamant du trotskysme et dont la principale figure était Ernest Mandel. Ils prétendaient défendre une politique révolutionnaire, mais ses dirigeants étaient très fortement influencés par la pratique réformiste de la direction du PSB et des appareils bureaucratiques de la FGTB. Dans les faits, ce groupe a suivi la tendance d’André Renard, n’a pas dénoncé la création du Comité de coordination des régionale wallonnes, n’a pas appelé à la convocation d’un Congrès national des comité de grève et a limité son soutien à la Marche sur Bruxelles à de vagues propositions irréalistes. Concernant les propositions fédéralistes de Renard, La Gauche aurait dû réagir en opposant le renversement du gouvernement et de l’Etat bourgeois. A la place ne s’est manifesté qu’un silence complice.


    TÉMOIGNAGE D’UN OUVRIER DU RANG

    “La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61”

    A l’occasion des commémorations du 50e anniversaire de la grève générale de 60-61, le PSL a décidé de publier ce livre, dans lequel l’auteur s’est efforcé de tirer les leçons du conflit dans la perspective de préparer les générations actuelles de jeunes et de travailleurs aux luttes de masse à venir. Ce dossier est intégralement basé sur ces quelques 350 passionnantes pages d’expériences et d’enseignements, richement documentées. N’hésitez pas et passez commande à la rédaction de socialisme.be.

    ==> Rubrique “60-61” de ce site

     

    ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.

     

  • Le Parti Socialiste de Lutte au 1er mai

    Les militants du PSL ont saisi l’occasion du premier mai pour diffuser leur programme clairement socialiste. Chez nous, pas de slogans creux. Il est absolument nécessaire d’apporter des réponses claires face à la crise du capitalisme. C’est pourquoi notre campagne électorale a comme points centraux des revendications comme les nationalisations pour sauver les emplois, les 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, l’arrêt de la commercialisation du secteur des soins de santé, plus de moyens publics pour l’enseignement,… Ces slogans composent notre affiche électorale ainsi que la première page de notre mensuel de mai.

    La veille du 1er mai, nous avons organisé des réunions locales dans certaines grandes villes. Mardi soir, à Liège, un meeting de la liste commune pour les européennes LCR-PSL a pu compter sur une participation de plus de 70 personnes. Mercredi soir, à Anvers, 40 personnes ont assisté au meeting de nos camarades. La veille du premier mai au soir, à Gand, 75 personnes s’étaient déplacées, et 40 à Alost. A la soirée de Gand, un appel au soutien financier de notre parti a rapporté 500 euros!

    Le 1er mai, des militants du PSL étaient présent à Bruxelles, Liège, Verviers, Charleroi, La Louvière, Mons, Oostende, Brugge, Courtrai, Alost, Gand, Dendermonde, Sint-Niklaas, Anvers, malines, Mol, Louvain, Diest, Tienen et Diepenbeek. A Bruxelles, nous avons participé à une action combative des sans-papiers dans laquelle certains membres du PSL ont joué un rôle central.

    Nous avons eu un bon écho pour les idées pour lesquelles nous luttons. Le résultat provisoire de la vente de notre mensuel est de 744 exemplaires, plus que les années précédentes (700 en 2008, 650 en 2007 et 600 et 2006). La vente s’est particulièrement bien passée à Bruxelles (170) et à Liège (90), comme l’an dernier. A Liège, nous avons aussi récolté 650 euros de fonds de lutte, et la vente de nos livres et brochures a rapporté 88 euros. Notre stand était juste à côté de celui de la LCR avec laquelle nous nous présentons pour les élections européennes (liste n°24 LCR-PSL). A Verviers, 20 Alternative Socialiste ont été vendus. À Bruxelles, notre stand était au côté de ceux de la LCR, du Parti Communiste et du Parti Humaniste, organisations avec lesquelles nous présentons une liste commune pour les élections régionales à Bruxelles (liste PC-PSL-LCR-PH). Le PSL a joué un rôle clé pour lancer cette liste unitaire. Dans le Hainaut, 43 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont été vendus.

    Traditionnellement, c’est en Flandre Orientale que nous vendons le plus grand nombre de journaux. Il n’en a pas été autrement cette année avec 191 exemplaires vendus à Gand (75), Alost (61), Sint-Niklaas (40) et Dendermonde (15). En Flandre occidentale, nous avons vendus 118 exemplaires de notre journal avec les ventes à Bruges (50), Ostende (36) et Courtrai (32). A Anvers, des militants étaient présents à Anvers, Malines, Sint-Niklaas et Dendermonde. Ces militants ont vendu ensemble presque 110 exemplaires de notre mensuel (contre 68 l’an dernier). À Anvers nous avons récolté 150 euros de fonds de lutte, notamment en vendant des boissons durant la manifestation. Comme chaque année, notre intervention a été plus difficile dans le Brabant Flamand et au Limbourg, où 35 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont été vendus.

    Le PSL a partout été bien visible et a accentué les traditions de lutte et de solidarité du 1er mai. Pour nous, le 1er mai n’est pas la journée où l’on peut entendre les « socialistes » officiel faire un discours plus musclé alors que le jour d’après ils continuent à appliquer une politique néolibérale. Nous considérons le 1er mai comme un jour de lutte pour les travailleurs, une journée de lutte vers une alternative socialiste à la société capitaliste: une société dans laquelle les besoins de la majorité de la population sont centraux et non les bénéfices d’une petite minorité de parasites. Vous aussi, rejoignez la notre lutte, rejoignez le PSL et son internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, pour développer une alternative socialiste au niveau mondial!


    • Voeux de mai du CIO
    • Le Premier Mai, fête des travailleurs – Plus que jamais un jour de lutte! Histoire du premier mai
    • Texte de Rosa Luxembourg sur les origines du premier mai
    • Le socialisme comme alternative à l’ordre du jour Editorial de l’édition de mai 2009 de l’Alternative Socialiste

    Interventions du PSL le 1er mai 2009

    • Reportage-photos de Bruxelles
    • Reportage-photos de Liège
    • Reportage-photos d’Anvers
    • Reportage-photos de Mons
    • Reportage-photos de Charleroi
    • Veille de Premier Mai à Gand
    • Veille de Premier Mai à Alost
  • 1885 – Naissance du Parti Ouvrier Belge

    Aujourd’hui, lorsqu’on regarde les partis sociaux-démocrates, le PS et le SP.a, il est bien difficile de croire que ces partis-là soient les successeurs du Parti Ouvrier Belge, un parti puissant qui a conquis le suffrage universel pour les hommes et la journée de travail de 8 heures. Le POB a joué un rôle central dans l’obtention de grandes avancées pour le mouvement ouvrier, bien que cela se soit toujours produit malgré sa direction plutôt que grâce à celle-ci. Contrairement au POB de jadis, les partis sociaux-démocrates actuels jouent un rôle central dans le démantèlement de ces acquis.

    Anja Deschoemacker

    PS et SP.a : des partis ouvriers?

    Il est très important d’étudier la dégénérescence de ces partis et d’en tirer les leçons correctes. Les défaites les plus importantes du mouvement ouvrier peuvent être mises sur le compte de leurs directions. Nulle part ces dernières n’ont été capables d’arriver même aux chevilles de beaucoup de leurs membres en termes de combativité, de détermination et d’esprit de sacrifice. Ce n’est pas sans raison que Lénine décrivait ces partis comme « des partis ouvriers avec une direction bourgeoise ». Aujourd’hui, ces partis sont néanmoins devenus des partis proprement bourgeois. Leur très longue participation à la politique néolibérale – en combinaison avec leurs méthodes de travail, la suppression des revendications socialistes de leur programme et leur recherche d’un nouveau public petit-bourgeois – ont chassé les travailleurs de leur base.

    Ce processus, qui a débuté lors de la période de croissance économique exceptionnellement longue qui a suivi la Deuxième Guerre Mondiale, est arrivé à son terme lorsque la social-démocratie a été placée devant le choix d’accepter la logique néolibérale ou d’adopter un programme anticapitaliste et socialiste. La Chute du Mur a accéléré ce processus en éliminant une alternative au capitalisme. Rien ne bloquait plus l’assimilation totale de ces partis au sein de l’élite capitaliste. Willy Claes est alors devenu dirigeant de l’Otan, Karel Van Miert s’est offert du bon temps à l’Union Européenne et de plus en plus d’ex-« socialistes » ont fait leur entrée dans les conseils d’administration des entreprises capitalistes.

    La disparition de ces partis en tant que partis ouvriers a signifié un énorme pas en arrière pour le mouvement ouvrier. Les travailleurs ont besoin de leur propre parti; son absence empêche les revendications syndicales ou celles issues des mouvements sociaux d’être traduites sur le terrain politique. De plus en plus de syndicalistes aboutissent à ce constat.

    Le MAS/LSP mène une propagande pour un nouveau parti des travailleurs depuis 1995 déjà. Le manque objectif d’un tel parti est devenu clair au cours de la lutte contre le programme d’austérité de Dehaene en 1993, le Plan Global. Cette lutte a pu être stoppée par la direction syndicale, à l’aide de l’argument selon lequel faire tomber le gouvernement (chrétien-démocrate et social-démocrate) n’avait aucun sens puisqu’il était le « gouvernement le plus à gauche possible ». Bien que la colère des travailleurs contre le PS et, à ce moment encore, le SP (présents depuis 1988 au gouvernement) ait régulièrement explosé dans les années ’90 – entre autres contre le Plan Global, les privatisations de la Sabena et de Belgacom ainsi que les coupes budgétaires drastiques dans l’enseignement francophone – l’absence d’alternative a eu pour résultat que beaucoup de syndicalistes conscients et combatifs ont tout de même voté pour « le moindre mal » ( la social-démocratie), bien souvent avec une pince à linge sur le nez.

    En 2005, la lutte contre la réforme des pensions du Pacte des Générations, et surtout le rôle proéminent qu’y ont joué des politiciens du SP.a comme Freya Van den Bossche ont entraîné un débat passionné à la FGTB. La direction du syndicat a réussi à canaliser la discussion sur son lien avec le SP.a dans une voie inoffensive, mais une cassure importante a pris place dans les esprits de beaucoup de syndicalistes et de socialistes. De plus, les victoires électorales importantes remportées par des formations comme le SP aux Pays-Bas et Die Linke en Allemagne ont frappé les imaginations, y compris en Belgique. Une première initiative hésitante s’est formée sous le nom de Comité pour une Autre Politique, mis sur pied par Jef Sleeckx. Si cette initiative a échoué l’an dernier, elle a toutefois eu le mérite de rassembler pour la première fois quelques centaines de syndicalistes, d’activistes, de jeunes, de socialistes plus âgés,… pour discuter de la nécessité d’un nouveau parti pour la classe ouvrière.

    Avec cet article, nous voulons utiliser la fondation du POB pour mettre en lumière le processus par lequel ce parti ouvrier est né. Malgré les énormes différences qui existent entre la situation de cette époque et la nôtre, de riches leçons sont à tirer pour aujourd’hui.

    Les antécédents: Le développement de la lutte des travailleurs en Belgique

    L’histoire est un processus continuel et compliqué, ou plutôt une série de processus liés entre eux et qui s’influencent continuellement. On ne peut l’expliquer en aucune façon comme un processus qui va unilatéralement vers l’avant. Des reculs apparaissent souvent nécessaires afin de créer les conditions pour poser de nouveaux pas en avant. La fondation du POB en 1885 n’est donc qu’un point dans ce processus. D’importants événements de grande ampleur se sont déroulés avant, mais également après, lesquels ont assuré que la fondation formelle d’un parti ouvrier puisse réellement conduire au développement d’un tel parti sans subir le sort de ses précurseurs. Les données utilisées pour cet article proviennent presque exclusivement du brillant ouvrage « Wat zoudt gij zonder ‘t werkvolk zijn ? » de Jaak Brepoels (« Que seriez-vous sans les travailleurs ? », ouvrage qui n’a malheureusement pas encore trouvé de traduction en français).

    Dès 1800, le capitalisme a fait son entrée dans ce qui deviendra plus tard la Belgique, à l’époque intégrée dans l’empire français. L’industrie traditionnelle (exploitation du charbon, usinage du fer, tissage du coton, manufacture de drap et industrie textile) connaissait alors un énorme développement grâce, entre autres, à la protection française contre la concurrence britannique. Ce processus ne s’est pas arrêté après la défaite de Napoléon lorsque nos régions ont été ajoutées au Royaume des Pays-Bas, qui servait les intérêts de la bourgeoisie commerciale et coloniale. Les frontières étaient ouvertes aux produits britanniques et la concurrence croissante pressurisait énormément les conditions de travail : des journées de travail de 14 heures n’étaient pas exceptionnelles et les enfants travaillaient dès l’âge de 6 ou 7 ans. Les salaires se situaient loin en-dessous du minimum vital, les patrons pouvant compter sur une réserve de travail rurale presque inépuisable poussée vers la ville par les famines et les prix bas pratiqués pour les produits agricoles.

    A côté de la bourgeoisie industrielle en essor, l’aristocratie et l’église avaient toujours voix au chapitre en tant que grands propriétaires fonciers. Au cours de la révolte populaire de 1830, la bourgeoisie a saisi l’opportunité pour dévier ce mouvement vers un mouvement « contre l’occupant hollandais ». Sous le contrôle étroit des grandes puissances du moment, la Belgique indépendante a été mise sur pied, en tant qu’Etat-tampon contre la France.

    La législation de cet Etat est restée la même que celle introduite par les Français : la liberté brutale du patronat et du propriétaire foncier était garantie pour exploiter le peuple jusqu’à l’os. Ainsi toute collusion entre travailleurs était légalement interdite et, selon l’article 1781 du code civil, le patron avait automatiquement raison en cas de contestation sur la somme ou le paiement du salaire. Le jeune royaume de Belgique avait aussi réintroduit le « livret du travailleur », tombé en désuétude durant l’époque néerlandaise. Le patron pouvait y écrire son appréciation du travailleur ou garder ce livret quand il le licenciait, afin qu’un travailleur ne puisse pas chercher d’autre emploi. Chaque mouvement des travailleurs devait de plus faire automatiquement face à une répression brutale de la part des forces armées.

    Karl Marx n’a donc pas exagéré en décrivant ainsi la Belgique de 1869, dans un texte du Conseil Général de la Première Internationale:

    “Il n’y a qu’un pays dans le monde civilisé où on considère avec désir et plaisir chaque grève comme une excuse pour tuer des travailleurs. Ce pays unique est la Belgique, le pays modèle du constitutionalisme, le paradis douillet du propriétaire foncier, du capitaliste et du prêtre…

    “Le capitaliste belge est généralement connu pour son amour fou de la liberté du travail. Il est tellement attaché à la liberté de ses travailleurs de travailler pour lui pendant toute leur vie, sans exception d’âge ou de sexe, qu’il refuse chaque loi du travail avec indignation. (…)

    “Donnez maintenant aux mains de ce capitaliste tremblant, cruel par lâcheté, la maintenance indivisible et incontrôlée de la dictature absolue, ce qui est le cas en Belgique, et vous n’allez plus vous étonner que dans ce pays le sabre, la baïonnette et le fusil fonctionnent régulièrement et légalement comme un instrument pour pousser vers le bas les salaires et garder hauts les profits. » (4 mai 1869, The Belgian Massacres).

    On ne peut décrire la vie des travailleurs à cette époque autrement qu’en disant qu’elle était synonyme de misère pure et dure. Les crises économiques périodiques, la concurrence internationale et l’importation accélérée de machines permettaient de payer des salaires qui ne suffisaient même pas pour vivre, y compris quand toute la famille travaillait. De ces maigres salaires, à peu près 70% étaient consacrés à la nourriture. De l’Etat, il ne fallait rien attendre. Bien qu’il intervenait constamment dans l’économie afin de soutenir la bourgeoisie industrielle qui se développait, chaque intervention sur le plan social était vue comme diabolique. A la fin du 19e siècle, la Belgique se situait loin derrière les autres pays capitalistes sur le plan des droits sociaux et de la législation du travail. Les premières organisations ouvrières prenaient alors la forme de mutuelles, d’assurances et de coopératives qui – avec la charité sur laquelle seuls les travailleurs « obéissants » pouvaient compter – devaient occuper la place d’une politique sociale totalement absente de la part de l’Etat.

    Mais la résistance ne tarda pas à arriver. En 1830 déjà, des explosions de rage ouvrière spontanées se déroulèrent dans le Borinage, à Lokeren, à Bruges, à Gand, à Namur, à Liège, à Tournai et ailleurs, souvent contre les machines mêmes, et résultant le plus souvent dans des affrontements avec les forces de l’ordre. L’apogée fut atteinte lors de la « Révolte du Coton » de Gand, du 30 septembre au 2 octobre 1839, situation sanglante où une personne a rencontré la mort et où de nombreux travailleurs ont été gravement blessés. En fait, les mutuelles et toutes les formes de caisses de solidarité, les seules organisations ouvrières permises par l’Etat, étaient de plus en plus utilisées comme des organisations de lutte déguisées.

    Entre-temps, les idées socialistes commençaient aussi à faire leur entrée, surtout dans le cadre du radicalisme bourgeois : des libéraux qui se préoccupaient des besoins de la classe ouvrière. Davantage sous l’influence de Saint-Simon et de Fourier que de Marx, ces derniers développèrent un socialisme sentimental et romantique qui se perdait souvent dans des rêveries. Ils n’étaient dangereux qu’en contact avec la masse des travailleurs, ce qui n’était pas le cas de la majorité d’entre eux. Jakob Kats constitua une exception. Cet enseignant-tisseur, implanté parmi les travailleurs bruxellois, menait propagande pour l’obtention de droits égaux, du suffrage universel, des impôts progressifs et de l’enseignement généralisé.

    En 1848, la domination capitaliste croissante en Belgique et la révolte qui se répandait de Paris (où Louis-Philippe avait été déposé) ont rendu la bourgeoisie belge réellement consciente de sa classe. Dès ce moment, la gauche et ses organisations ont dû faire face à des tentatives de se faire briser. Au fur et à mesure des mouvements, de nouvelles générations de dirigeants émergeaient, qui ne venaient plus des cercles bourgeois, mais plutôt de l’artisanat. Dès 1870, le prolétariat industriel commença à jouer lui-même le rôle dirigeant dans les mouvements. La conscience ouvrière grandissait, ce qui mena à la recherche de nouvelles formes d’organisation.

    Les travailleurs du textile de Gand montrèrent la voie avec la fondation des Tisseurs Fraternels et la Société des Fileurs. Sous couvert de mutuelles, ils formèrent les premiers syndicats industriels du pays et organisèrent la résistance ouvrière, qui éclata entre 1857 et 1861 sur fond de crise du secteur textile, crise que les patrons voulaient faire payer aux travailleurs sous forme de diminutions salariales. La planification était devenue partie prenante du mouvement, et la solidarité n’était plus limitée à une seule entreprise. Malgré une répression très brutale et des condamnations sévères, malgré les provocations des forces de l’ordre et malgré encore la saisie continuelle des fonds pour la lutte, l’organisation des travailleurs gantois continua son existence, avec des hauts et des bas. En 1862, la Ligue des Travailleurs fut mise sur pied entre les tisseurs, les fileurs et les métallos.

    La lutte se développa ensuite pour la première fois autour de revendications politiques, comme l’abolition de la loi sur la collusion. Les premiers contacts entre les centres ouvriers de Gand, d’Anvers (la Ligue Générale des travailleurs, mise sur pied en 1861) et de Bruxelles (l’Association Générale Ouvrière) aboutirent à une plate-forme politique minimale.

    Dans la Flandre de 1860, le mouvement social s’était constitué une assise plus profonde, bien que les jeunes organisations ouvrières étaient fréquemment réduites à néant à cause de la répression et de la démotivation de devoir tout recommencer à zéro. Entre-temps, la lutte commençait aussi à prendre son essor en Wallonie, de façon moins organisée mais très explosive. Le Hainaut devint entre 1860 et 1870 la scène d’une lutte violente contre les patrons des mines, qui essayaient d’imposer un règlement de travail commun. Le mouvement put alors compter sur le soutien des travailleurs d’autres secteurs et la grève se répandit – malgré les morts au cours de la lutte – pour finalement aboutir à une victoire et à la suppression du règlement.

    En 1864, la recherche de l’unité dans la lutte ouvrière trouva une plate-forme internationale : l’Association Internationale des Travailleurs, qui voulait rassembler toutes les organisations ouvrières pour discuter de l’action et des tactiques communes. En Belgique, l’Internationale obtint une influence par l’intermédiaire de l’organisation bruxelloise « Le Peuple », mise sur pied sous l’influence des idées proudhoniennes (1) et de son dirigeant César de Paepe. Dans les polémiques entre les différentes opinions présentes dans la Première Internationale, de Paepe développait une position de compromis entre Marx d’un côté et les anarchistes de l’autre.

    L’influence du proudhonisme freinait l’action, mais les Internationalistes se réveillèrent après un mouvement de grèves particulièrement dur contre les licenciements dans les mines, contre les salaires de famine qui continuaient à baisser, et contre la hausse des prix de la nourriture. L’armée avait occupé la région et tué plusieurs travailleurs. Dès lors, le principe de la grève fut reconnu et les Internationalistes commencèrent à intervenir dans la lutte concrète en développant des noyaux à Gand, Anvers et Verviers.

    Durant la période de croissance économique de 1871-72, la lutte des travailleurs obtint ses premiers succès: les métallos arrachèrent la journée de travail de 10 h à Verviers et Bruxelles et les charpentiers et travailleurs de l’industrie marbrière obtinrent une sérieuse augmentation de salaires après cinq mois de grève à Bruxelles. La conscience parmi les travailleurs et la solidarité faisaient des sauts de géant.

    La défaite de la Commune de Paris (en 1871) entraîna néanmoins dans la Première Internationale d’énormes tensions entre marxistes et anarchistes. Dans la section belge, l’aile anarchiste était de loin la plus forte. Quand, en 1871, le dirigeant anarchiste Bakounine fut exclu de l’Internationale par un vote, la section belge le suivit. La crise économique de ’72-’73 fit le reste et, en 1874, l’Internationale était morte dans les faits.

    Avancées et reculs: La fondation d’un parti ouvrier belge.

    Après la chute de l’Internationale, l’expérience de l’époque précédente ne reposait que sur les épaules de certains petits groupes. En Flandre surtout, les ex-Internationalistes essayèrent de rassembler et de réorganiser les forces dispersées. Gand s’accrochait à la coopérative neutre des Boulangers Libres. A Bruxelles, l’organisation explicitement neutre de la Chambre du Travail fut mise sur pied en 1875, exemple suivi par la Fédération des Organisations des Travailleurs d’Anvers. La défaite de la Commune de Paris avait temporairement étouffé le socialisme, et le pragmatisme caractérisait la plupart des initiatives.

    Néanmoins, sur le plan politique, les choses ne restaient pas statiques. A Gand, on regardait vers la social-démocratie allemande qui avait obtenu plusieurs sièges au parlement. A Bruxelles aussi, les premiers pas étaient faits sur le terrain politique de façon hésitante. En Wallonie, par contre, les tendances anarchistes qui avaient fait leur apparition de par le travail de la Première Internationale continuaient à dominer.

    Les Flamands et les Bruxellois impatients n’avaient pas d’autre issue que de s’organiser dans le Vlaamse Socialistische Partij et dans le Parti Socialiste Brabançon. En 1879, ces deux partis rassemblaient aussi quelques noyaux wallons et, en avril, une fusion conduisit à la formation du Parti Socialiste Belge. Le programme était celui du VSP et du PSB, c’est-à-dire une copie du programme de Gotha de la social-démocratie allemande. La base du parti était néanmoins limitée à quelques clubs de propagande, à des cercles d’étude et à quelques organisations syndicales. En Wallonie, on restait très hésitant vis-à-vis de ce nouveau parti et les organisations ouvrières plus neutres étaient effrayées par l’étiquette socialiste. Dans leurs actions, ces dernières continuaient d’être plus proches de l’aile progressiste du Parti Libéral et de sa lutte pour l’élargissement du droit de vote. Le BSP ne décollait pas.

    Dans les années 1880, différents courants se retrouvèrent sur base d’un programme pragmatique et radical-démocrate. En 1884, la défaite électorale de la libéral-progressiste Ligue de la Réforme Electorale, qui avait du soutien parmi les milieux d’artisans bruxellois, ouvrit la voie à la formation d’un parti ouvrier indépendant. En avril 1885, à Bruxelles, le Parti Ouvrier Belge (POB) devint un fait lors d’un rassemblement de 112 travailleurs, qui représentaient 59 groupes de base (des syndicats – neutres et socialistes – des coopératives et des mutuelles).

    Le pragmatisme caractérise le programme et les actions du POB

    Un esprit très pragmatique dominait à la direction du parti, et ce dès le début. Le dirigeant du BSP, Edouard Anseele, défendit pendant le rassemblement à Bruxelles le programme et le nom du BSP, mais il se résigna ensuite face à la crainte des organisations ouvrières neutres qu’un programme radical et le terme « socialiste » puissent effrayer les masses. Les discussions théoriques furent balayées de la table et, en terme de doctrine, le document de fondation affirmait juste que le POB allait essayer «d’améliorer le sort de la classe ouvrière par l’entente mutuelle ».

    Le programme se limitait à un cahier de revendications radical-démocrate avec notamment des revendications telles que le suffrage universel, l’enseignement obligatoire, gratuit et neutre, l’autonomie communale, l’abolition du travail des enfants en-dessous de 12 ans en plus de propositions de lois sur les accidents de travail, la sécurité au travail, la transformation graduelle de la charité publique en un système de sécurité sociale, le retrait de toutes les privatisations de propriétés publiques (Banque Nationale, chemins de fer, mines, propriétés communales,…) et leur transfert vers la collectivité, représentée par les communes et par l’Etat.

    Ce n’était pas vraiment une nouvelle organisation mais plutôt un rassemblement d’organisations existantes. La vie du parti se déroulait surtout autour de noyaux locaux agissant largement de façon indépendante. La première priorité était la construction locale de coopératives, de mutuelles et de syndicats et, à mesure que le mouvement grandissait, cela était suivi par des fanfares, des clubs de gym, des cafés, etc. Lentement, des fédérations furent créées à partir de groupes de base, fédérations qui envoyaient annuellement des délégués à un Congrès où un Conseil Général était élu pour prendre en main la direction du parti. Ce CG choisissait alors un bureau de neuf membres, dont le secrétaire et des délégués des syndicats, des mutuelles et des coopératives.

    Avec le soutien des milieux des artisans à Bruxelles et à Anvers, le bastion du POB était sans aucun doute basé à Gand, où les militants étaient presque exclusivement des travailleurs industriels. En Wallonie, région industriellement plus développée, le parti n’était réellement représenté qu’à Verviers, et cela malgré les mouvements consécutifs de luttes spontanées et inorganisées des travailleurs wallons. Ce n’est qu’en 1886, lorsqu’un énorme mouvement de masse va se conclure par une défaite sanglante, que la nécessité d’une organisation permanente va s’installer profondément dans la conscience.

    Cette grève générale de 1886 se déroula à Liège, et fut de suite confrontée à une occupation brutale de la ville par l’armée. Mais la lutte s’étendit rapidement à Charleroi, et peu après vers le Borinage et le Centre avant les carrière de Lessines, de Soignies, de Tournai et de Dinant. Les travailleurs s’armaient, des machines étaient détruites, des usines et des châteaux de patrons incendiés. La réaction du gouvernement fut sanglante. L’armée colora les rues de rouge avec le sang de dizaines de tués et de blessés. Les ténors du mouvement socialiste, dont Anseele, reçurent des peines de prison ou de grosses amendes (des travailleurs arbitrairement arrêtés furent condamnés jusqu’à la prison à vie). Pourtant, le mouvement n’était pas sous la direction du POB, qui n’avait aucune implantation dans la région concernée. La direction du POB fit même tout pour éviter un élargissement vers la Flandre. A Gand, elle ne put qu’à grand peine convaincre les travailleurs de garder le calme. Les grévistes reçurent certes du soutien du POB, mais sous forme de pains des coopératives, d’accueil des enfants de grévistes dans des familles flamandes et de défense des travailleurs arrêtés devant la justice.

    En Wallonie, la grève avait profondément fait sentir la nécessité d’une organisation solide. En 1887, beaucoup de travailleurs wallons marchaient déjà aux côtés de leurs camarades flamands, dans une manifestation pour le suffrage universel. De plus en plus de travailleurs wallons rejoignaient le POB où, très vite, se déroulèrent des affrontements entre les tendances révolutionnaires et anarchisantes wallonnes – sous la direction d’Alfred Defuisseaux – et des coopératives modérées et orientées vers le parlement (et donc vers la lutte pour le suffrage universel). La direction du POB exclut les frères Defuisseaux au congrès de 1887, avec pour résultat que toute la classe ouvrière du Hainaut les suivirent vers la porte de sortie. Leur attitude révolutionnaire, mais aventuriste, poussa la classe ouvrière du Hainaut à entamer la « grève noire » massive (de nouveau, des machines et des usines furent détruites et des attentats à la dynamite prirent place). Elle ne connut cependant pas d’élargissement faute de soutien actif de la part du POB. Totalement isolé, le mouvement s’affaiblit.

    Plus tard, il fut mis au clair que la direction de la grève avait été infiltrée par la sécurité d’Etat et que celle-ci était responsable des attentats à la dynamite. Le mouvement ouvrier, frappé d’épouvante, fraternisa. La tactique modérée de la direction du POB l’emporta. Toutefois, avec les travailleurs du Hainaut, un courant oppositionnel avait pris naissance dans le parti. Ce courant fera plus tard parler de lui, à nouveau au sujet de la défense de la grève générale comme moyen de lutte, mais aussi en faisant de la propagande pour la combativité et contre la direction modérée et sa volonté de faire des compromis avec les patrons et de coopérer avec la bourgeoisie « modérée ». Plus tard encore, les travailleurs du Hainaut prendront position contre les participations gouvernementales du POB (pour la première fois dans le gouvernement – non élu – mis sur pied pendant la Première Guerre Mondiale).

    Pas un instrument idéal, mais un énorme pas en avant

    Une certaine bureaucratisation des syndicats à mesure que la concertation sociale se développait, la dégénérescence d’un certain nombre de coopératives les plus importantes qui se transformaient en entreprises capitalistes, la pression pour une politique modérée de la part des mutuelles et de la part des premiers représentants parlementaires du parti,… Ce sont des éléments qui étaient en germe dans le POB dès ses débuts. A tous les moments décisifs de la lutte de classes, les masses de travailleurs étaient beaucoup plus radicaux que la direction du POB, qui courait la plupart du temps derrière les explosions plus ou moins spontanées de rage ouvrière pour, à chaque fois, canaliser la lutte dans des voies inoffensives.

    Le POB était très clairement ce que Lénine appelait un parti ouvrier avec une direction bourgeoise. Mais ce parti offrait au mouvement ouvrier un instrument pour mener la lutte nationalement et pour rassembler les forces ; des victoires importantes sur le patronat étaient ainsi acquises. Cela aussi bien sur le plan des droits démocratiques (le droit de vote, mais aussi le droit d’association et de grève) que sur le plan du standard de vie et des conditions de travail (diminution du temps de travail, négociations salariales collectives, salaire minimum, sécurité sociale,…).

    Cette réalité, en combinaison avec les fautes du Parti Communiste, qui fut mis sur pied après la Première Guerre Mondiale, mena à une très grande fidélité parmi les travailleurs socialistes, qui étaient préparés à de grands sacrifices pour leur parti. Leurs dirigeants, à l’inverse, allaient résolument pour leur propre carrière dans le parlement -et plus tard dans le gouvernement- et luttaient contre chaque expression d’idées radicales et socialistes. Même avec la trahison répétée de la direction à des moments décisifs, cette situation a perduré jusqu’à il y a très peu de temps, avant que le parti, entre-temps scissionné régionalement en PS et SP, ne soit plus vu par la masse des travailleurs comme « leur » parti (pour le PS, dans une certaine mesure, ce sentiment reste encore présent parmi certaines couches de la classe ouvrière). Ils y revenaient en masse à chaque fois jusqu’à la fin des années 1980, et faisaient constamment des tentatives de pousser le parti vers la gauche.

    Un parti des travailleurs offre à l’énorme masse de travailleurs la possibilité de discuter ensemble sur les idées, d’élaborer une stratégie et des tactiques communes, de défendre collectivement un cahier de revendications pour aujourd’hui et un programme à plus long terme. Un tel parti organise la solidarité; et la longue existence du POB sur le plan national a été certainement un élément dans la prévention d’explosions plus violentes de la question nationale. C’est au travers d’un parti ouvrier – même avec une direction bourgeoise – que le mouvement ouvrier belge a été capable d’obtenir un système large de sécurité sociale, de services publics et une concertation salariale centrale.

    Les dernières décennies d’érosion néolibérale de “l’Etat-Providence” -ce dernier étant une conséquence de la lutte du mouvement ouvrier, la bourgeoisie n’ayant jamais donné de cadeaux – ont été combinée avec la bourgeoisification des partis sociaux-démocrates.

    Des leçons pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs

    Dans les années à venir, la Belgique va rejoindre la série de pays où des nouvelles formations de gauche et/ou ouvrières sont déjà nées. Comme dans le temps avec la fondation du POB, ce processus sera fait d’avancées comme de reculs, de tentatives avortées aussi bien que de pas en avant. Il faut tirer collectivement les leçons des victoires et des défaites des mouvements de masse de la classe ouvrière. Il existe aujourd’hui dans une série de pays des exemples dont nous devons discuter et nous inspirer quant à la manière avec laquelle de telles formations peuvent se développer. Il y a le P-Sol au Brésil, mais il y a déjà depuis des années des développements dans le même sens dans plusieurs pays européens également. Le SP aux Pays-Bas, Die Linke en Allemagne (qui montre tous les jours au travers de hauts scores électoraux dans les sondages qu’une rhétorique socialiste et de « vieilles » revendications de gauche comme la nationalisation des secteurs-clé de l’économie sont tous sauf un frein pour l’attraction et la sympathie de couches larges de travailleurs) , le PRC en Italie, Syriza en Grèce,…

    Aucun de ces développements n’aboutit à une situation “idéale”, et beaucoup de ces nouvelles formations sont extrêmement vacillantes. Les obstacles généraux sont devenus clairs : dans toutes les nouvelles formations, la discussion sur la participation gouvernementale se joue d’une manière ou d’une autre. Choisir cette voie a presque été fatale pour la PRC en Italie, et en Allemagne le développement de Die Linke est freiné dans un certain nombre de régions de l’ex-Allemagne de l’Est, comme à Berlin, par la présence du parti dans le gouvernement régional et par sa participation à la politique néolibérale.

    Dans ces partis, une orientation étroite vers les élections, l’électoralisme, va le plus souvent de pair avec une intervention extrêmement limitée dans la lutte réelle, avec une surestimation des figures dirigeantes et avec une sous-estimation de la construction d’une base active, qui ne peut se faire que par l’intervention dans la lutte réelle. Manier correctement la pression pour une politique plus sociale, qui peut s’exprimer dans une tendance dans ces nouvelles formations de gauche à faire des coalitions politiques, le plus souvent avec les vieux partis ouvriers bourgeoisifiés, est une question fondamentale. Un refus principiel de fonctionner dans un gouvernement néolibéral, va être un élément décisif dans le développement d’un nouveau parti ouvrier et dans sa capacité à s’enraciner de façon permanente dans la classe ouvrière. Une vraie participation de ses membres au travers de structures démocratiques est d’une importance primordiale afin de mettre une nouvelle formation sur le bon chemin, c’est-à-dire vers le développement d’un véritable parti des travailleurs.

    Après la chute du CAP, le Comité pour une Autre Politique, la question d’un nouveau parti en Belgique apparaît provisoirement absente de l’agenda (cliquez ici pour une évaluation du développement du CAP ). Mais les conséquences de la crise vont résulter dans le fait que cette question va revenir à l’agenda avec une force plus grande encore. Pour disposer d’une chance de réussite, chaque initiative va devoir montrer aux travailleurs et aux jeunes qu’ils ont une « plus-value » à offrir.

    En l’absence de partisans dans au moins certaines franges des syndicats, surtout dans les secteurs les plus combatifs, une telle initiative en Belgique n’aura pas beaucoup de chances d’aboutir. Une telle formation va devoir défendre les revendications du mouvement syndical sur le terrain politique; mais pas seulement les revendications syndicales. Un parti des travailleurs doit prendre en main la lutte pour la défense de toutes les couches opprimées et exploitées de la population, afin de se renforcer fondamentalement dans la lutte contre le patronat et le gouvernement. Un gouvernement qui, par manque d’un parti des travailleurs, est de toute façon un gouvernement au service du patronat, quelle qu’en soit sa composition. En d’autres termes, un tel parti des travailleurs va donc devoir défendre explicitement, ou au moins implicitement, des idées et des valeurs socialistes, comme la solidarité et la lutte contre chaque forme de discrimination.

    De nouvelles initiatives vont voir le jour, et le MAS/LSP, comme par le passé, donnera son soutien et sa coopération active à chaque initiative qui présente le potentiel et la volonté de devenir une nouvelle formation de la classe ouvrière. Mais nous allons – comme nous l’avons fait au sein du CAP – s’appuyer sur les leçons de l’histoire. Démontrer la nécessité d’intervenir dans la lutte réelle et d’impliquer autant de travailleurs possible dans la construction. L’époque du POB, en particulier celle de ses débuts, fournit des tas d’exemples de comment, dans tout le pays, des milliers et des milliers de travailleurs s’engageaient activement sur le plan politique, exerçaient constamment une pression sur les directions pour passer à l’action et pour adopter des points de vue plus radicaux. En outre, la nécessité d’une démocratie interne, dont l’absence a généré tellement de dégâts au sein du POB, est une condition essentielle – surtout après les expériences négatives du bureaucratisme stalinien – pour un nouveau parti des travailleurs sain. Chaque membre et chaque groupe de membres doit y avoir la liberté de défendre son programme : une véritable discussion et confrontation d’idées doit pouvoir y trouver sa place.

    Au travers de la lutte contre les attaques néolibérales des prochaines années, un tel parti peut émerger. La classe ouvrière belge, fortement organisée sur le plan syndical, disposera alors d’un instrument puissant en plus pour mener sa lutte, non plus seulement sur le plan syndical, mais aussi sur le plan politique.


    > Rubrique "Nouveau Parti des Travailleurs"

  • La crise exige une modification de la politique économique – La lutte des classes en déterminera le caractère (Troisième partie)

    Dans cette partie, nous regardons dans quelles mesure les caractéristiques de la crise économique internationale se manifestent aussi en Belgique. Nous parcourons le marché immobilier, l’inflation, les cadeaux fiscaux aux entreprises et les salaires des managers. Nous expliquons comment cela conduit aux grèves spontanées que la bourgeoisie et les politiciens aimeraient brider. La combativité à la base s’est reflétée dans des discours plus radicaux le premier mai, dans un bon résultat pour les délégations syndicales combatives dans les élections sociales, et enfin dans la semaine d’actions de juin 2008.

    Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.

    La folie des bourses laisse des traces aussi en Belgique

    75. En termes de distribution inégale de richesse, la Belgique n’est pas mieux placée que les autres pays de l’OCDE. En juillet 2008, les fortunes nets des familles belges étaient de 1.610 milliards d’euros, à peu près 352.000 euros par foyer ou 151.000 euros par Belge. (1) Cela fait entretemps 14 ans qu’il n’y a plus eu de recherche sur la répartition de cette fortune. En 1994, Jef Vuchelen et Koen Rademaeckers sont arrivés à la conclusion que les 50% des fortunes appartenaient à 10% des familles les plus riches, contre seulement 1,1% des fortunes pour les 10% des familles les plus pauvres. Nous supposons que cette différence s’est plutôt creusée que diminuée. (2) Selon Merill Lynch, à la fin 2006, il y avait 68.000 millionnaires en dollars en Belgique, fin 2007 ils étaient déjà 72.000. (3) En 2007, les entreprises belges cotées en bourse ont vu pour la première fois en 5 ans diminuer leurs profits suite à la crise du crédit. En 2005 et en 2006, ces profits avaient encore monté à chaque fois de 30% contre une baisse de 11% en 2007 jusque 19,14 milliards d’euros. Pourtant, ces mêmes entreprises ont distribué 10,2 milliards d’euros aux actionnaires, une augmentation de 42% comparée à l’année précédente. Cela fait qu’en 2007, malgré la crise du crédit ou peut-être justement à cause d’elle, la moitié du profit net a été versée aux actionnaires contre un tiers en 2006.(4)

    76. Ainsi, la fine fleur du capital belge s’est protégée contre les conséquences de la crise du crédit. Celle-ci n’a pas épargné la Belgique. Il est difficile de prévoir où le BEL-20 se trouvera fin 2008, mais avec une perte d’en moyenne 23%, le premier semestre de 2008 était la pire chute en 21 ans, depuis le crash boursier de 87.(5) Surtout les banques, qui représentaient en 2006 encore 42% du BEL-20, ont fortement chuté. Cela s’explique par le fait que toutes les grandes banques belges, y compris la KBC qui a perdu 32,4% de sa valeur boursière lors du premier semestre de 2008, se sont laissées séduire par des instruments financiers souvent couverts par des hypothèques à grand risque américaines. Pour Dexia (-44,4% de la valeur boursière), s’y ajoutent les difficultés de sa filiale américaine, le rehausseur de crédit FSA. Pour Fortis, -46,48% de sa valeur boursière, s’y ajoute sa reprise annoncée en grandes pompes mais mal planifiée, d’ABN Amro. Cela fait que l’action Fortis vaut aujourd’hui (juillet 2008) à peu près la moitié d’une action de la Société Générale en 1998. Au printemps précédent, l’action Fortis valait encore 35€, à la fin du premier semestre 2008 moins de 10€. (6)

    77. La Banque nationale a calculé la perte totale des Belges en conséquence de la crise boursière en juillet 2008 à 50 milliards d’euros, dont la moitié en conséquence de la baisse des valeurs des actions, et l’autre moitié en perte sur des fonds de pension et des fonds d’investissement (les sicav). Les dettes des familles ont aussi augmenté. Mais c’est surtout le personnel qui paiera la facture. « Des changements des banques belges qui prendraient normalement 15 ans, tels que la rationalisation du réseau couteux des agences, seront grâce à la crise du crédit réalisés en quelques années », dit Dick-Jan Abbringh, auteur de « Trendbreuk.be ? Nieuwe spelregels in een digitale wereld » (« Inversion de la tendance.be ? Nouvelles règles du jeu dans un monde digital »), son livre pour lequel il a interviewé 15 managers du monde financier en Belgique. « Il est certain qu’il y aura des licenciements massifs. Il y a un bel avenir pour des gens qui donnent des conseils financiers de haute qualité, mais non pas pour les employés de banques qui aident les clients à remplir les formulaires de virement. » (7) En bref, celui qui amène beaucoup d’argent obtiendra un siège confortable, mais celui qui a des difficultés à s’en sortir selon laissé à son propre sort.

    Les fondements minés

    78. Jusqu’ici, l’économie belge n’a pourtant pas presté de façon faible. Avec un chiffre de croissance de 2,8% en 2006 et en 2007, elle a même fait un peu mieux que la zone euro. Après une augmentation du chômage en 2005, il y a eu une légère baisse en 2006, suivie d’une baisse plus forte en 2007. Le déficit budgétaire était légèrement négatif en 2007 (-0,2%), mais quand même moins que la moyenne de la zone euro (-0,6%).(8) Après quelques années de diminution (2000-2005) ou de croissance faible (2006) (9), les investissements en 2007 ont connu une vraie accélération de 8%. Notre pays s’avère d’ailleurs être une des localités les plus attirantes de l’Europe pour les investissements étrangers. En Europe (27), seulement 4 grands pays, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Espagne, ont accueilli plus d’investissements. Entre 2003 et 2007, les investissements étrangers directs représentaient 12,3% du PIB ! Ceci n’est que de 1,2% pour l’Allemagne, 3,4% pour la France, 5,3% pour les Pays-Bas et 3% pour la chine.(10) Nous devons évidemment considérer les proportions et aussi le caractère de ces investissements, mais prétendre que la Belgique ne serait pas attractive pour des investisseurs étrangers n’est pas possible. Grâce à la prestation durant le premier semestre, la croissance des investissements en 2008 sera de 6,6%, mais retombera ensuite jusqu’à seulement 1,7% en 2009.(11)

    79. Ici s’arrêtent les bonnes nouvelles. Depuis, les 6 marchés d’exportations les plus importants de l’économie belge sont au bord de la récession. Il s’agit de l’Allemagne, de la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie. Ensemble, ils représentent deux tiers de notre exportation. Pour un pays dont l’exportation des marchandises représente 71% du PIB, c’est d’une importance vitale. De plus, l’industrie belge livre beaucoup de produits semi-finis. Elle est une sorte de sous-traitant pour l’industrie des partenaires commerciaux.(12) Sur cette base, la KBC estime réaliste que l’économie belge parte en récession technique à partir du deuxième semestre 2008.(13) Qu’importe, pour la première fois en 16 ans, la balance commerciale risque en 2008 d’être déficitaire. Pendant les 5 premiers mois, la Belgique a connu un déficit de 7 milliards d’euros contre un surplus de 2,5 milliards d’euros l’année dernière. Le refroidissement de l’exportation est une des raisons principales pour lesquelles le Bureau du Plan a dû réajuster ses perspectives de croissance vers 1,6% en 2008 et seulement 1,2% en 2009.(14)

    Marché immobilier : illusions statistiques ?

    80. L’autre raison est le ralentissement de la demande intérieure, principalement la consommation particulière. Sa croissance en 2007 encore de 2,6% retombe en 2008 à 1,4% et en 2009 même à 0,8%.Les augmentations de prix de ces derniers mois et années y sont pour quelque chose. Entre 97 et 2007, les prix des maisons dans notre pays ont augmenté en moyenne de 142% ou 9,2% par an. Même le FMI trouve, compte tenu de la croissance des revenus nets, de la population à l’âge du travail, de la croissance du crédit et des cours des actions, que c’est 17% de trop. Moins qu’en Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, mais autant qu’en Espagne et même 5% de plus qu’aux Etats-Unis. Ne devons-nous pas alors craindre une chute du marché immobilier ? Oui, selon certains économistes et le secteur immobilier. L’économiste Van de Cloot, de ING, estime que les augmentations de prix sont derrière nous et que nous allons vivre pour la première fois depuis le crash de 79-82 une stabilisation, il n’exclu même pas la première baisse des prix depuis cette époque. (15)

    81. Les prix des maisons et des terrains à construire ont bien augmenté lors de la première partie de 2008 comparé au premier semestre de 2007 – de 8,1% pour des maisons d’habitation, de 5,5% pour des appartements et même de 9,7% pour des terrains à construire – mais des promoteurs parlent d’une « illusion statistique ». Ils prétendent avoir constaté un point tournant en octobre et sont d’avis qu’une correction est en train de se faire. « Ce ne sera pas de la même force qu’au RU, en Irlande ou en Espagne, disent-ils, mais elle peut durer pendant quelques années. » (16) Pourquoi pas de la même force ? Selon Dick-Jan Abbringh, parce qu’en Belgique, le marché des prêts hypothécaires ne correspond qu’à 34% du PIB contre plus de 100% aux Pays-Bas. (17) Pourquoi pendant quelques années ? Selon Van de Cloot, parce que « on croit de plus en plus au caractère élevé structurel de l’inflation. Si cela se traduit en un taux d’intérêt à long terme fondamentalement plus élevé, nous pouvons oublier un retour à l’époque des prix hypothécaires bons marché. Justement ces prêts là étaient la force conductrice derrière la croissance immobilière de ces dernières années. » (18) N’avons-nous donc rien à craindre ? La KBC ne s’attend pas seulement à une stabilisation des prix des maisons, mais aussi à une chute de la construction. (19) Ce que cela va signifier pour l’emploi dans le secteur de la construction n’a pas encore été chiffré.

    82. Nous saisissons l’occasion de démontrer une autre illusion statistique beaucoup plus grande. Selon le Bureau du Plan, le revenu réel disponible des foyers, donc de salaires, y compris des managers, et d’allocations, mais aussi de fortunes financières et immobilières, connaitrait en 2008 encore une croissance de 0,1% et en 2009 même de 1,8%.(20) Avec « réel », on veut dire en tenant compte de l’inflation. Il faut se poser la question : quelle inflation ? Pour le Financial Times, l’inflation aux USA, qui serait de 2,5%, serait de 8,9% si l’on appliquait la manière de calcul d’avant 1992, qui a changé radicalement depuis !(21) Le chiffre national de l’indexation des prix de consommation, qui serait de 4,7% cette année-ci, contre 4,2% de l’index-santé, et qui serait de 2,7% l’an prochain, contre 2,6% pour l’index-santé, n’est pas du tout une réflexion correcte des véritables augmentations de prix. Ceux-ci sont beaucoup plus importants parce que des postes de dépense importants tels que le loyer y ont un poids inférieur au poids qu’ils représentent dans la réalité. Le loyer compte pour 6,2% (22) Plus de 23% de la population sont des locataires. La consommation d’habitation totale dans notre pays représente d’ailleurs 20% de toutes les dépenses des foyers. (23)

    83. Ceci nous aide immédiatement à comprendre pourquoi le loyer commence à être impayable pour les familles. Une étude commandée par le gouvernement flamand démontre qu’après retrait des dépenses d’habitation, les locataires disposaient en 2005 encore de 881 euros contre, corrigé après inflation, 1041 euros en 1992 ! Le pouvoir d’achat des locataires est fortement réduit depuis 1992, de 86 euros dans la période 1992-1997 et de 161 euros dans la période 1997-2005. En 2005, les locataires détiennent depuis 1992 en moyenne 16% de moins après avoir payé leur loyer qu’en 1992.(24) Ceci a évidemment à faire avec la faiblesse du secteur des logements sociaux qui en Belgique (10%) a un grand retard sur des pays tels que les Pays-Bas (largement 40%), le RU et la Suède

    Hystérie de l’inflation

    84. Les CPAS de Wallonie ont construit un « index de précarité » sur base des dépenses des foyers pauvres. Il apparait qu’un foyer qui vit du revenu d’insertion social de 997€, dépense en moyenne 27% à l’alimentation, et pas moins de 42,5% à l’habitation contre une moyenne de 26% pour toute la Wallonie. L’index de précarité a connu entre janvier 2006 et janvier 2008, donc avant la forte augmentation de l’inflation, une croissance deux fois plus élevée que le chiffre officiel d’indexation. La fédération wallonne des CPAS demande une adaptation urgente du revenu d’insertion sociale, pour une personne isolé de 698 à 860€ et pour une famille avec enfant, de 930 à 1548€. Ceci signifierait selon la Cour des Comptes, une dépense additionnelle de 1,25 milliards d’euros par an si c’est appliqué sur le plan national.(25)

    85. Le Bureau du Plan admet lui-même que le revenu réel des foyers a été « négativement influencé » parce que l’augmentation des prix de l’énergie n’est pas tenu en compte dans l’index-santé qui règle l’adaptation des salaires et des allocations aux augmentations des prix.(26) Cette augmentation n’est pas des moindres. Beaucoup de familles de travailleurs ont toujours été méfiants à propos de la fable selon laquelle la libéralisation du marché de l’énergie réduirait les frais du consommateur. Cette méfiance a été confirmée en octobre 2007. Après Electrabel, c’était aux distributeurs d’augmenter leurs tarifs. (27) En février, la Banque Nationale a demandé des compétences supplémentaires pour le Creg, le régulateur fédéral du marché de l’énergie, afin d’annuler au moins une partie des augmentations de prix.(28) Le Creg lui-même demande de réduire le tarif de la TVA sur l’énergie de 21 à 6%, et une approche plus dure tant vers les producteurs que vers les distributeurs (29). En avril, il est apparu que les dépenses pour se chauffer et se nourrir pour une famille moyenne avec deux enfants vont monter de 676€ en 2008, et pour une personne isolée de 330 €. (30) Vers septembre, le prix du gaz avait déjà augmenté de 48,7% sur base annuelle, celui de l’électricité de 20,7% et on y ajoute que les prix vont encore monter. (31)

    86. À partir de février, les arguments du patronat sur l’hystérie de l’inflation ont définitivement été balayés. (32) Il apparait que les prix des produits alimentaires transformés montent en force depuis la deuxième partie de 2007. Ces augmentations sont d’ailleurs en moyenne de 6% plus élevées qu’ailleurs dans la zone euro. L’abolition du prix du pain réglementé en 2004 a fait monter les prix hors proportion. Sur base annuelle, les prix des produits alimentaires transformés ont monté de près de 9%. (33) Mais lorsqu’il s’agit de son propre commerce, Unizo n’est plus unilatéralement en faveur du marché libre. Au contraire, Unizo n’est pas d’accord avec la Banque Nationale que plus de concurrence et moins de règlementations contribueraient à un niveau de prix plus bas. Dans sa réaction, l’économiste en chef Van de Cloot avertit de surtout ne pas répéter les fautes des années ‘70, lorsque les augmentations de prix ont été compensées par des augmentations générales de salaires. (34)

    Cadeaux fiscaux aux entreprises

    87. « Le mazout : +61%. Le gaz naturel : +52%. Le spaghetti : +42%. Le diesel : +32%. L’essence : +32%. L’électricité : +20%. » C’est ainsi que De Tijd a commencé son éditorial du 31 juillet, comme s’il fallait compenser ses précédents écrits sur l’hystérie du pouvoir d’achat. Même le chiffre officiel de l’indexation, cette illusion statistique, a dû, même si ce n’est que partiellement, refléter de telles augmentations de prix. En juillet, il a atteint 5,91%, le deuxième niveau les plus élevé en Europe, le plus élevé en 24 ans. (35) « Il est plus facile de rejoindre des manifestations pour plus de pouvoir d’achat », écrivait l’éditorialiste du Tijd, comme s’il ne faisait rien d’autre de ses journées, « que de remettre en question des systèmes que nous utilisons depuis des années. Mais nous devons aussi reconnaitre qu’il n’est pas raisonnable de faire payer l’inflation par les entreprises ou les autorités, les employeurs les plus importants, qui n’ont pas cette inflation en main. » Quoi ?

    88. Entre-temps, un sondage de City Bank Belgique a montré que 9 belges sur 10 réduisent leurs dépenses en réaction à la baisse du pouvoir d’achat. C’est surtout sur les loisirs, le chauffage, les vêtements et les appareils ménagers que nous faisons des économies.(36) Les 10% restants n’en ont pas besoin, ils se sont construit une bonne réserve depuis longtemps. Malgré la crise du crédit, les entreprises ont réalisé en 2007 en Belgique un profit record de 79 milliards d’euros, 4 milliards de plus que l’année record précédente, en 2006.(37) Ils ont eu beaucoup d’aide de la part des autorités. Selon le rapport annuel de la Banque Nationale, les entreprises ont reçu, en 5 ans, de 2003 à 2007 compris, 21,85 milliards d’euros en diminutions des contributions patronales à la sécurité sociale. En 2007 uniquement, c’était déjà largement 5 milliards d’euros. De plus, pendant cette même période, ils ont reçu pour 1,28 milliards d’euros de diminution du précompte professionnel, surtout sur le travail en équipe et de nuit (38), dont 730 millions rien que pour 2007.

    89. Mais le vol du siècle a sans aucun doute été la déduction des intérêts notionnels, introduite à partir du 1er janvier 2006 sous le gouvernement violet, un argument que Reynders lance régulièrement à ceux qui le critiquent au sein du PS et du SP.a. Le fait est que la violette avait initialement estimé le coût des intérêts notionnels à 500 millions d’euros, alors que cela coutera 2,4 milliards d’euros annuellement. Selon ce système, des entreprises peuvent déduire fiscalement non seulement l’intérêt qu’elles paient sur des prêts, mais dorénavant aussi un intérêt fictif sur leur propre actif. Cette mesure doit stimuler les entreprises à renforcer leur propre actif et même à encrer l’industrie en Belgique. On veut de cette manière compenser l’abolition des centres de coordination.(39) L’Europe considère ceux-ci comme une aide publique illégale et doivent être dissous au plus tard fin 2010.(40)

    90. Pour les entreprises, qui doivent officiellement payer 33,99% d’impôts, il s’agissait d’un jackpot. Cela réduit le taux d’imposition moyen des entreprises à seulement 25%.(41) Ce n’est donc pas étonnant que, déjà en 2006, 41% des 381.288 entreprises en ont fait usage. Le tout mis ensemble, cette année là a connu 6 milliards d’euros de déduction d’intérêt, dont 37% qui ont été accordé à seulement 25 entreprises. (42) Selon De Tijd, l’intérêt notionnel explique le fait que l’influx de capitaux en Belgique a doublé jusqu’à 72 milliards d’euros en 2006, soit plus que vers la Chine. De Tijd reconnait bien qu’une partie importante de ces capitaux sont des capitaux endormis qui créent à peine des emplois.(43)

    91. Mais la déduction des intérêts notionnels est controversée. En février 2008 déjà, Di Rupo brandissait une liste sur laquelle apparaissait le fait que les entreprises du BEL-20 payaient à peine encore des impôts. (44) Les entreprises publiques sont également passées à la caisse. La Banque nationale a ainsi épargné 17 millions d’euros en taxes ; la SNCB 1,4 millions d’euros et La Poste 8,6 millions d’euros. (45) De plus, le calcul des intérêts notionnels incite à la fraude, pleins d’entreprises cumulant toutes sortes de déductions, d’une telle ampleur que l’administration fiscale a du mettre sur pied un groupe spécial d’intervention pour les combattre. (46) Mais les patrons ne vont pas facilement abandonner leur fleuron. Ils ont même fait appel à la Banque nationale pour relativiser le coût de la mesure. L’avantage fiscal de 2,4 milliards d’euros pour les entreprises est un coût brut, argumente la Banque Nationale. Sur base de « données provisoires » pour 2006, elle conclut, une année et demi plus tard, que le coût net en 2006 se situerait « quelque part entre 140 et 430 millions d’euros ». (47) La Banque admet d’ailleurs qu’une fois que la mesure arrivera à sa vitesse de croisière, le revenu des impôts des entreprises sera fortement réduit. L’administration fiscale donne des chiffres plus précis, elle a calculé le coût net de la mesure à 1,2 milliards d’euros ! (48)

    92. En terme d’effets sur l’emploi, la Banque Nationale estime « possible » que la mesure aie créé 3.000 emplois. Cela fait entre 46.500 et 144.000 euros par emploi. Si nous prenons les chiffres de l’administration fiscale, cela fait même 400.000 euros par emploi. Si on avait dépensé tout cela pour élever le pouvoir d’achat, l’effet sur l’emploi aurait probablement rapporté des dizaines de fois plus, et qui sait si cela n’aurait pas amené plus d’investissement. Le PS et le SP.a devaient bien essayer de corriger le tir quelque part. Le SP.a avec sa proposition d’une mesure anti-abus, par laquelle l’administration fiscale peut refuser la déduction des intérêts notionnels si la seule intention n’est que fiscale sans création d’emploi. Le PS avec sa proposition de taxe sur la valeur ajoutée sur la vente des actions, tel que cela existe en Italie et en France. (49) Les deux propositions sont restées au frigo.

    93. Depuis 1988, le SP.a et le PS se trouvent au gouvernement, pour le SP.a jusqu’en 2007, pour le PS jusqu’à aujourd’hui. Suffisamment de temps donc, si ce n’est que pendant cette même période, de nombreux dossiers de fraude ont dépassé la prescription. Paul Dhaeyer, chef de la section financière du parquet de Bruxelles, ne le cache pas. « Beaucoup d’étrangers considèrent la Belgique comme un paradis fiscal, depuis des années nous sommes en sous-effectif. Il y avait un manque chronique de moyens. C’était un choix politique. » (50) Aussi, dans le scandale récent à « Liechtenstein Global Trust », au moins une cinquantaine de personnes résidant en Belgique seraient impliqué.

    94. Malgré cela, les patrons et leurs représentants politiques trouvent qu’ils paient encore trop. Et donc, Unizo et Voka plaident pour laisser les entités fédérées déterminer le taux d’imposition des entreprises. Ils pensent pouvoir ainsi réduire les impôts des sociétés jusqu’à 20%. Mais ce n’est pas seulement l’impôt des sociétés qui doit être réduit, les impôts sur les personnes physiques, qui doivent entre autres financer les services publics collectifs, sont selon eux trop élevé. Pour le CD&V Hendrik Boogaert, la pression fiscale aux Pays-Bas serait de 40% du PIB contre 44% en Belgique. « Les impôts doivent donc être réduits de 14 milliard d’euros. », conclut-il, ce qui correspond à 4% du PIB (51).

    95. Ceux qui prônent les réductions de charge argumentent toujours les ‘effets de retour’. Ce que cela vaut, nous le savions déjà, mais cela a été récemment confirmé scientifiquement par deux recherches. Ive Marx, sociologue du CSB à Anvers et Kristian Orsini, doctorant à la KUL, ont constaté tous deux que l’effet des baisses des charges est surestimé. Orsini est d’ailleurs tout sauf quelqu’un de gauche. Il plaide pour une limitation des allocations de chômage dans le temps pour remplacer la baisse des charges. (52)

    Des rémunérations généreuses pour les patrons

    96. Ce qui n’échappe pas non plus à l’attention de beaucoup de familles de travailleurs, ce sont les salaires exagérés des managers des entreprises. Ce n’est pas pour rien que les économistes bourgeois parlent d’avidité, surtout lorsque l’on considère la modération salariale qui a été imposée aux travailleurs depuis des années. L’appel pour plus de contrôles devient de plus en plus pressant. Certainement aux Etats-Unis, où un mouvement, soutenu par les démocrates, s’est créé sous le nom « Say on pay », mais également un peu partout dans le monde, y compris en Belgique. Le patron d’Inbev, Brito, a reçu en 2007 une augmentation salariale de 9%, jusqu’à 4,25 millions d’euros, plus ou moins 375.000 euros par mois ou 12.500 euros par jour. Le patron de Fortis, Votron, a reçu une augmentation de 15% à 3,9 millions d’euros. (53) De nouveau, les patrons des entreprises publiques suivent leurs collègues du secteur privé. Didier Bellens de Belgacom a reçu en 2007 une augmentation de 42%, à 2,7 millions d’euros, à peu près 225.000 euros par mois, même si, depuis, il a dû assainir. Cette même année, Johnny Thijs a allégé la Poste de 900.000 euros, soit 75.000 euros par mois, autant que le salaire combiné d’un bon bureau de Poste de distribution. (54)

    97. Pour Vincent Van Quickenborne (VLD), ce sont les affaires des actionnaires, dans lesquelles les autorités ne doivent pas intervenir. C’est ce même Van Quick qui trouve qu’il y a trop de fonctionnaires. Son camarade De Gucht est plus réaliste. « Pendant que les salaires les plus élevés connaissent un pic, il y a une classe moyenne croissante qui est de plus en plus en difficulté. Ceci fait obstacle au ‘plaidoyer de modération’ dans la sécurité sociale. (…) Le sommet des entreprises doit bien se réaliser qu’il ferait mieux lui aussi de modérer afin de ne pas stimuler des tendances populistes ; les gouvernements de l’occident doivent mieux répartir les fruits de la mondialisation, sans détruire ces fruits. » (55) De Gucht est plus ou moins le prototype du libéral, l’homme de la raison, sans dogme, et évidemment franc-maçon. Ce n’est pas un libéral vulgaire comme Van Quick, qui n’a retenu du libéralisme que le droit de se remplir les poches de façon illimitée. Pour De Gucht, le libéralisme n’est pas une carte blanche pour l’avidité. Il estime évidemment la liberté de l’individu et la propriété privée comme étant supérieure à Dieu, à la Nation, ou à la communauté collective, même si cette liberté mine celle des autres. Ce qui est inacceptable selon lui, c’est que le système même qui permet à l’individu de jouir de cette liberté soit miné.

    98. Le problème de De Gucht, c’est que son système libéral est en contradiction avec les lois de fonctionnement du capitalisme. Il a dû lui-même subir cela lorsqu’il a voulu donner des leçons à Kabila et aux autorités congolaises sur la corruption et l’incompétence. Non seulement Leterme a dû intervenir pour sauver les meubles, en fait surtout les contrats lucratifs, mais en plus, son camarade Pierre Chevalier, nommé représentant belge des Nations Unies au Congo, à condition qu’il délaisse son mandat à Forrest International, avait été en cachette renommé administrateur délégué de Forrest Int. Rik Daems, le tueur de la Sabena, un autre camarade de De Gucht et ancien ministre des télécoms (de 1999 à 2003), aurait agit comme consultant en 2007 pour Belgacom au Qatar. Coïncidence ? Nous ne le pensons pas. Un système basé sur la chasse aux profits a comme conséquence inévitable que certains dépassent les lignes quand ils colorient.

    Actions pour plus de salaire

    99. Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de travailleurs soient insensibles aux arguments de De Tijd et soient bien d’avis qu’il est temps que les patrons et les autorités y mettent de leur poche. Après une année record en 2005, l’année du Pacte de solidarité entre les générations, avec 669.982 journées de grèves enregistrées, il y a eu une pause de deux ans. (56) Il n’y a pas encore de statistique pour 2008, mais il est pratiquement sûr que la courbe de grève cette année fera un saut. On aurait pu le savoir. En avril 2007, quelques grèves spontanées avaient déjà éclaté à Zaventem et chez les fournisseurs de Ford Genk. Le système de sous-traitance, de fournisseur, de travail intérimaire, de travail à temps partiel ou temporaire, avait été mis sur pied afin de diminuer la force des travailleurs. Mais, comme tout système, celui-ci connait aussi ses limites. Dans une carte blanche dans De Tijd, on souligne le fait que « les travailleurs de la ‘périphérie’ (de la production) savent à peine qui est leur vrai employeur, les syndicats les considèrent comme des forces étrangères, et notre modèle de concertation n’a pas prévu de donner à ces travailleurs le sentiment qu’ils font partie du système. » (57)

    100. Chez les fournisseurs de Ford Genk, on savait très bien qui étaient les vrais employeurs. Le fait que Ford Genk pouvait à peine suivre la demande n’avait pas échappé à sa ‘périphérie’. C’était le bon moment de se mettre en action. A commencer par le 14 janvier 2008, à Syncreon, fournisseur de panneaux de portière et de pots d’échappement. Ils ont obtenu 0,47 centimes d’euros et deux boni de 500 euros. Après cela, la vague de grèves spontanées ne pouvait plus être arrêtée. Fin janvier, la vague avait déjà touché 32 entreprises, dont 14 au Limbourg, mais aussi 6 à Liège et 5 à Anvers. C’était surtout le secteur automobile, avec 12 entreprises, et d’autres entreprises métallurgiques (9) qui ont été touchées. (58) Nous n’avions plus vécu une telle vague de grèves spontanées depuis la fin des années ‘60 et surtout le début des années ‘70. Là aussi, les travailleurs avaient le sentiment qu’ils avaient insuffisamment reçu les fruits de la bonne conjoncture.

    101. Agoria, l’organisation patronale du métal, qualifiait ces grèves « d’illégales ». La FEB et le sommet de la CSC ont tempéré et insistaient surtout sur le fait qu’il fallait sauvegarder le modèle de concertation. (59) Finalement, selon Agoria, 42 entreprises du secteur auraient été confrontées à des revendications salariales supplémentaires. Ce n’est pas une coïncidence. Dans le secteur du métal s’applique ce qu’on appelle les « accords all-in » ou leur version adoucie, les « accords saldo ». (60) Le sommet syndical a réussi à faire dévier les revendications pour plus de salaires vers une vague de bonus. Ce système n’était entré en application qu’un mois auparavant. Il détermine que des entreprises peuvent, à un tarif fiscalement intéressant, payer un bonus jusqu’à 2.200€ nets par an au travailleur. (61) C’est attractif, mais nous devons tenir compte du fait qu’on ne paie pas des cotisations sociales et que c’est une mesure unique. Les syndicalistes les plus combatifs ont donc insistés sur des augmentations salariales réelles, ce qui explique la popularité de la revendication « 1€ en plus par heure ».

    102. En mars, les actions pour l’augmentation du pouvoir d’achat ont commencé à toucher le secteur public. Les 24.000 fonctionnaires de l’administration flamande ont exigé une augmentation du pouvoir d’achat de 5% dans la période 2008-2009 avec des augmentations des primes de fin d’année et une cotisation plus élevées de l’employeur en chèques repas. Par voie du futur ex-ministre Bourgeois, le gouvernement a répondu ne pas avoir les moyens et Kris Peeters a menacé de réquisitions si les blocages des écluses n’étaient pas arrêtés. Parallèlement, ils ont avancé des propositions provocatrices pour rendre possible le travail intérimaire et niveler le statut des travailleurs statutaires au niveau de celui des travailleurs contractuels. Finalement, une augmentation salariale minimale de 2% a été imposée. Plus tard, des actions du personnel des CPAS et des communes ont suivi dans tout le pays.

    Premier mai – élections sociales et semaine d’actions

    103. Il fallait que les dirigeants syndicaux expriment tout cela le premier mai. Dans ses discours, la FGTB a revendiqué une augmentation salariale de 10%… pour les prochaines années. En utilisant pour cela l’argent qui va aujourd’hui à l’intérêt notionnel. Jan Renders du MOC : « certains veulent un gros poisson communautaire, d’autres veulent un gros poisson fiscal. Mais nous voulons un gros poisson social. » Luc Cortebeek : « Avec les employeurs, cet automne, il faut arriver à un accord interprofessionnel qui rende possibles des augmentations salariales. Les profits et les salaires des managers ont aussi augmenté. Celui qui ne veut pas y collaborer peut s’attendre à un hiver chaud. »

    104. A nouveau dans la première partie de ce même mois de mai 2008, 1,4 millions de salariés dans à peu près 6.300 entreprises pouvaient voter pour 142.000 candidats pour les comités de prévention et les conseils d’entreprise. C’est le double des candidats que les partis politiques ont présenté lors des élections communales en 2006, 13% de plus qu’en 2004. (62) Pour la CSC, il y avait 68.000, pour la FGTB, 55.000. Contrairement à la majorité des pays de l’OCDE, le degré de syndicalisation net en Belgique a continué à croitre pendant les années 90. Avec degré de syndicalisation net, nous voulons dire seulement ceux qui sont effectivement au boulot, donc pas les pensionnés ni les chômeurs ni d’autres catégories considéré comme membres mais qui ne paient pas de contribution. (63) Pour 2003, les syndicats donnent les chiffres de 1,6 millions de membres pour la CSC, 1,2 million pour la FGTB, et 223.000 pour la CGSLB.(64)

    105. Bien que 1,4 million d’électeurs soit un record, le degré de couverture des élections sociales diminuerait petit à petit. Selon une étude de Hiva, il y a divers raisons : dans les services publics, des élections sociales ne sont organisées presque nulle part, il y a la PME-tisation de l’économie, qui fait qu’il y a plus d’entreprises qui n’atteignent pas le seuil électoral, et il y a la croissance du travail intérimaire et de la construction où des élections sociales ne sont pas organisées. (65) Le degré de participation serait bien retombé un peu, mais il reste, sans obligation de vote, très élevé : 72,4% pour les comités de prévention et 70,6% pour les Conseils d’entreprises. Des jeunes qui peuvent voter, 42,5% ont participé, contre 52,4% en 2004. Probablement, le degré de participation était plus bas dans ces entreprises où des élections sociales n’étaient pas tenues par le passé. (66)

    106. Comme nous l’avions pensé, les élections sociales n’ont pas amené de très grands glissements. Contrairement à ce qu’elle avait annoncé, la CGSLB n’a de nouveau finalement pas obtenu les 10%. La FGTB a avancé légèrement, tant en Flandre qu’en Wallonie. La CSC a reculé légèrement, mais gagne à Bruxelles. Les listes séparées de cadre, de la Confédération Nationale des Cadres, et les listes individuelles d’entreprises ont fortement perdu. Un phénomène classique lors de l’augmentation de la lutte des classes, c’est que le mouvement entraine différentes couches à différents moments. Pendant qu’une avant-garde tire déjà ses premières conclusions politiques, il y a des couches qui viennent seulement de rejoindre le mouvement et qui reflètent encore la phase précédente du développement. (67) Nous ne pouvons donc pas concentrer notre attention sur la stabilité apparente des résultats généraux. Au contraire, lorsque l’on regarde de plus prêt, la FGTB a gagné dans les entreprises, surtout dans le secteur automobile, où des actions sur le pouvoir d’achat ont été menées plus tôt dans l’année. En général, les délégations syndicales qui sont connues comme étant combatives ont gagné, indépendamment du syndicat auquel elles adhèrent.

    107. En juin, les délégations nouvellement élues étaient déjà confrontées à un test important, lorsque les directions syndicales ont annoncé une semaine nationale d’action pour le pouvoir d’achat. A peu près partout, la mobilisation était très forte, 80.000 travailleurs au total ont répondu à l’appel. Celui qui prétendait que le débat sur le pouvoir d’achat ne vivait pas en Wallonie a eu sa réponse. Les manifestations à Liège, Mons, Namur et même Arlon, étaient systématiquement plus grandes qu’en Flandre. A Anvers et à Hasselt, tout comme en Wallonie, différentes entreprises ont spontanément fait grève. La présence de beaucoup de femmes, mais surtout de jeunes, souvent élus pour la première fois, démontre qu’une nouvelle couche combative a pris sa place. Rarement nous avons reçu une telle ouverture, tant pour notre programme que pour notre appel aux syndicats de casser les liens avec leurs partenaires politiques traditionnels. Là où les syndicats ont optés pour des actions « nouvelles », telles que « Foodstock » à Gand ou des ballades en vélo ou d’autres inventions de ce type à Bruges et à Courtrai, la mobilisation était faible. La méthode d’action ne correspondait pas à la demande de la base.

    Le droit de grève restreint ?

    108. « Les actions d’une minorité pour plus de salaire sont absurdes » déclare Caroline Ven, anciennement active dans le service d’étude de l’organisation patronale flamande VKW, et désormais économiste en chef du Cabinet du Premier Ministre Leterme, qui est pourtant officiellement de tendance ACW (MOC en Flandre). (68) « Ils n’ont jamais été aussi forts et pourtant ils n’ont jamais eu aussi peu à dire », déclare un élu de la chambre du CD&V- qui n’a pas de cachet ACW. (69) Caroline Ven et les patrons essayent, en fait, de toujours présenter les actions comme de l’aventurisme d’une minorité bruyante, contre laquelle la majorité silencieuse n’ose pas se rebeller. De cette manière, on prépare l’opinion publique aux restrictions sur le droit de grève.

    109. En avril 2007, le personnel de sécurité et les pompiers de l’aéroport de Zaventem ont commencé une grève spontanée. 26.000 passagers ont été bloqués. L’avocat de droite Peter Cafmeyer qui, pendant le Pacte des Générations, était déjà le conseiller juridique des patrons ayant subis des pertes à cause de la grève, s’est attaqué à cette grève. Cafmeyer a réussi à laisser payer 500 passagers pour plaider une affaire contre 46 employés et CSC-Transcom. Pour retrouver l’identité de ces 46 employés, il a fait appel à des détectives privés. Cafmeyer a agi de sa propre initiative et il est peu probable qu’il gagnera cette affaire qui a été reportée à la fin de l’année 2009. Cela n’empêche pas Rudi Thomaes de la FEB d’espérer un procès, selon ses propres dires. « Une condamnation ferait réfléchir les autres avant qu’ils ne passent à des actions inacceptables ».

    110. Selon Thomaes, ce n’est pas une atteinte au droit de grève. (70) Pour lui, le droit de grève doit exister, mais doit être réglementé à un tel point que dans la pratique il ne reste presque plus rien. Mais cela aussi à ses limites. Ainsi Guy Cox, directeur général du service de médiation collective du travail, estime que les procédures de concertation moyennes prennent tellement de temps que la pression de la base devient trop forte. (71) D’une manière ou d’une autre, les grèves spontanées sont attaquées. En août 2007, Ryanair a menacé de partir de Charleroi si les syndicats n’acceptaient pas un service minimum, et ils ont également exigé une indemnisation immédiate d’un million d’euros pour la grève spontanée du 15 juin. En mai 2008, le Ministre wallon du transport, André Antoine, a jugé une grève de la TEC comme étant une habitude « inadmissible ». Presque au même moment, l’Open VLD a plaidé pour la prestation d’un service minimum à la SNCB. Pour Vervotte, Ministre responsable des Services Publics, c’est une mesure “inapplicable”, mais elle a affirmé en même temps vouloir discuter sur des procédures plus strictes, plus claires et plus responsables des mouvements spontanés. (72)

    111. En août 2008, la discussion est revenue sur table à la suite d’une grève spontanée des bagagistes. Dans un premier temps, toutes les responsabilités étaient mises sur le dos des grévistes mais, pour une fois, l’attention de la presse a commencé à se déplacer également sur les conditions de travail intenables. (73) Même De Tijd qui, dans son édito du 12 août avait plaidé pour dresser une liste des services stratégiques, a dû remettre une balance dans le journal du samedi. « Ce qui est arrivé cette semaine à Zaventem est la conséquence du rachat de l’activité de l’aéroport… La sous-traitance a aussi des inconvénients. Que devons-nous proposer par un service minimum dans ce cas ? Que seuls les bagages des passagers de la classe Business soient emmenés ? D’ailleurs, le traitement des bagages est-il un service essentiel ? Non. Le trafic aérien n’est plus une affaire du gouvernement, il a été privatisé il y a déjà longtemps. » (74) Compare cette attitude à l’accord que les syndicats ont signé avec la direction de la SNCB, accord qui dit notamment qu’une grève spontanée peut être une raison acceptable pour un licenciement.


    (1) De Tijd, 25 juillet 2008, Financieële crisis kost Belgiëen 50 miljard euro

    (2) De Tijd, 28 juillet 2007, Belgiëen samen 71 miljard rijker dan verwacht.

    (3) Le Soir, 25 juin 2008, La Belgique abrite 72.000 millionaires.

    (4) De Tijd, 5 avril 2008, Belgische bedrijven geven aandeelhouders 10 miljard

    (5) Le Soir, 2 juillet 2008, La pire chute depuis 21 ans.

    (6) Le Soir, 29 juillet 2008, L’action Fortis vaut une demi G-Banque.

    (7) De Tijd, 20 septembre 2008, “Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar”.

    (8) BNB, indicateur économique pour la Belgique, 19 septembre 2008.

    (9) De Tijd, 8 janvier 2008, Ondernemingen trekken investeringen dit jaar op

    (10) The Economist, country briefings, fact sheet par pays

    (11) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.

    (12) De Tijd, 10 septembre 2008, Belgische afzetmarkten op rand van recessie

    (13) KBC épargner et investir, 5 septembre 2008, Wanneer de zon schijnt in New York …

    (14) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.

    (15) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen

    (16) De Tijd, 26 août 2008, Hogere vastgoedprijzen zijn statistische illusie et Le Soir, 26 augustus 2008, Prix en hausse, baisse en cours

    (17) De Tijd, 20 septembre 2008, ‘Grote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaar’

    (18) De Tijd, 26 août 2008, De onvermijdelijke correctie op de vastgoedmarkt is begonnen.

    (19) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen

    (20) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008

    (21) Financial Times, 7 septembre 2008, Government lies and squishy ethics

    (22) La liste complète des produits et de leur poids dans le panier de l’index peut être trouvé sur le site du Service Public fédéral sous index des prix à la consommation ou ici : http://www.statbel.fgov.be/indicators/cpi/cpi1_fr.pdf

    (23) BBSH Bouwen aan Vertrouwen in de Woningmarkt, Ruimte geven, bescherming bieden Een visie op de woningmarkt

    (24) De Morgen, 30 juillet 2008, Woning huren wordt voor gezinnen onbetaalbaar

    (25) Le Soir, 30 août 2008, La crise cogne d’abord les précaires.

    (26) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008

    (27) Le Soir, 13 octobre 2007, Le gaz en hausse (épisode II)

    (28) De Morgen, 23 février 2008, Gas en electriciteit toch fors duurder

    (29) De tijd, 19 janvier 2008, Creg vraagt lager btw-tarief voor energie

    (30) La Libre, 12 avril 2008, Selon Olivier Derruine van de studiedienst van het CSC

    (31) Le Soir, 19 septembre 2008, Le prix du gaz enflera encore

    (32) L’édito de De Tijd du 30 janvier 2008 a pour titre: “inflatiehysterie » et l’éditorialiste conclu : « il est important de ne pas prendre des mesures hâtives. Puisque jusqu’ici, il n’y a vraiment pas de raison de créer de l’hystérie sur l’inflation. »

    (33) BNB, Indicateurs économiques pour la Belgique, 19 septembre 2008

    (34) De Tijd, 23 fevrier 2008, Belg betaalt levensmiddelen te duur

    (35) Le Soir, 31 juillet 2008, Pas d vacances pour l’inflation

    (36) De Tijd, 22 mai 2008, Negen op de tien Belgen schroeven uitgaven terug

    (37) De Tijd, 14 fevrier 2008, Bedrijfswinsten stijgen tot record van 79 miljard euro, sur base du rapport de la Banque Nationale

    (38) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 98 tableau 25

    (39) Les centres de coordination ont été introduits à la fin de l’année 1982 comme un régime fiscal favorable aux entreprises belges ou aux multinationales avec des filiales belges. Pour en illustrer l’importance : le 31 décembre 1997, 236 centres de coordination ont assuré 11,4% des profits avant impôt et 13,5% après impôt pour l’ensemble des entreprises belges. Ces mêmes centres de coordination n’ont pourtant payé que 0,82% des impôts de sociétés. Voir : taxincentives : analyse van de impact van notionele interestaftrek – Riet Janssens – http://statbel.fgov.be/studies/ac735_nl.pdf

    (40) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 159

    (41) De Tijd, 27 octobre 2007, Didier Reynders, vader van de notionele intrestaftrek

    (42) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe

    (43) De Tijd, 27 octobre 2007, Heldere belastingen

    (44) De Tijd, 12 février 2008, Bel 20’ers betalen amper belastingen

    (45) Le Soir, 5 mars 2008, Les entreprises publiques profitent des notionnels

    (46) De Tijd, 27 octobre 2007, Van ‘double dip’ tot misbruik

    (47) Le Soir, 24 juillet 2008, La BNB clémente avec les intérêts notionnels

    (48) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firma’s pas notionele rente toe

    (49) De Tijd, 25 janvier 2008, ‘U vernietigt de notionele intrestaftrek’

    (50) De Tijd, 31 mai 2008, ‘Achterstand was politiek keuze’

    (51) De Tijd, 5 avril 2008, ‘Belastingen moeten met 14 miljard euro omlaag’

    (52) DeTijd, 7 mai 2008, Effect lastenverlaging wordt overschat

    (53) Le Soir, 3 avril 2008, Salaire des patrons: “une affaire des actionnaires.”

    (54) L’Echo, 15 mars 2008, Les salaires fous du secteur public

    (55) De Morgen, 24 mars 2007, Karel De Gucht bindt de strijd aan met de toplonen.

    (56) Site des autorités Fédérales, grèves

    (57) De Tijd, 19 avril 2007, De opstand van de periferie

    (58) De Tijd, 31 janvier 2008, Stakingsgolf januari trof 32 privebedrijven

    (59) De Tijd, 31 janvier 2008, ACV en VBO willen vermijden dat stakingsgolf escaleert

    (60) Dans les accords all-in, la norme salariale est un plafond absolu qui ne peut pas être dépassé, même pas si l’index-santé dépasse la norme salariale. Dans des accords saldo, le même principe s’applique, mais sans pouvoir toucher à l’indexation. Dans De Standaard du 13 avril 2008, un exemple concret est calculé. (61) De Standaard, 28 septembre 2007, Akkoord over loonbonus

    (62) De Tijd, 30 avril 2008, 13 procent meer kandidaten voor sociale verkiezingen

    (63) Monthly Labour Review, janvier 2006, Union membership statistics in 24 countries

    (64) Le Soir, 5 mei 2008, Les Belges et le syndicat: l’amour-haine

    (65) De Tijd, 4 april 2008, Amper een op drie kan stemmen

    (66) De Tijd, 11 september 2008, Liberale vakbond haalt 10 procent toch niet

    (67) Trotsky explique ce phénomène dans son livre sur la révolution russe lorsqu’il décrit la situation en juin 1917. C’était au moment où les partis du gouvernement provisoire, qui avaient été portés au pouvoir lors de la révolution de février, perdaient le soutien des travailleurs et des soldats les plus actifs et conscients à l’avantage des bolcheviks, du moins dans les grandes villes. La surprise était donc grande, surtout chez elle-même, lorsque le plus grand parti gouvernementale, les SRs, gagnaient les élections avec plus de 60%. Trotsky dit là-dessus que la révolution de février avait provoqué beaucoup de poussière et avait fait un impact sur, avec quelques mois de retards, beaucoup de valets de maisons et d’écuries. Ceux-ci adhéraient logiquement chez ceux que la révolution de février aveint mis au pouvoir, c’est-à-dire les sociaux-révolutionnaires. Ils n’étaient pas encore conscients du frein que ce parti représentait, ceci ne serait compris généralement qu’après le coup échoué du général Kornilov en août 1917. Trotsky remarquait que les révolutionnaires doivent baser leur politique sur les couches les plus actives et conscientes parce que celles-ci reflètent le mieux les conditions réelles et ne doivent donc pas se baser sur les couches qui ne commencent à s’intéresser au changement qu’avec un certain retard.

    (68) De Tijd, 10 mai 2008, ‘Acties van een minderheid voor meer loon zijn absurd’

    (69) De Standaard, 27 avril 2008, Wij zijn allen ACW’er

    (70) Le Soir, 28 avril 2008, Raid surprise sur grève sauvage

    (71) De Tijd, 21 avril 2007, Hoe wild is wilde stakingsactie

    (72) Le Soir, 21 mai 2008, Grève: les priorités de la ministre.

    (73) Le Soir, 12 août 2008, Pourquoi les bagagistes débrayent en plein coup de feu.

    (74) De Tijd, 16 août 2008, De cruciale rol van bagagesjouwers

  • Visite militante de Liège et BBQ

    Visite militante de Liège et BBQ

    Il y a tout juste une semaine, nous avons organisé une petite visite de Liège avec sur base de l’histoire des luttes et des révoltes populaires dans la cité ardente, qui a décidément bien mérité son surnom… C’était pour nous l’occasion de commencer les vacances et nos campagnes d’été par une rencontre agréable à laquelle un peu plus d’une trentaine de personnes ont pris part, dont de jeunes ouvriers qui ont fait la connaissance de notre organisation à travers notre campagne pour plus de pouvoir d’achat.

    Cette activité s’est déroulée une semaine à peine après la soirée de fin d’examen des Etudiants de Gauche Actifs, qui a également été une belle petite réussite. Réussite visiblement dans la droite lignée des traditions liégeoises, aux dires d’un certain Hubert Thomas… Ce dernier avait déclaré en 1541: «Personne ne croirait que les Liégeois sont buveurs au-delà de toute mesure, et moi-même je n’aurais rapporté cet amour du vin de mes compatriotes si je ne savais qu’aujourd’hui l’art de boire congrûment n’est pas compté par eux au nombre des vices, mais bien estimé à l’égal des premières vertus… Celui qui se montre sobre et frugal est méprisé, bafoué : on s’écrie qu’il doit avoir sur la conscience quelque crime qu’il craint de dévoiler pendant son ivresse.» Hum…

    1.000 ans de luttes populaires à Liège

    Bien entendu, c’est un autre aspect de l’histoire populaire de notre ville qui a été mis à l’honneur durant la visite, celui de la combativité du peuple liégeois au cours de l’histoire. La Cité Ardente peut s’enorgueillir de quelques beaux faits d’armes propres à rendre fiers les militants d’aujourd’hui… Notre guide n’a pas manqué d’insister sur ce point : Jean Peltier n’est pas seulement militant de longue date et passionné d’histoire, c’est aussi un amoureux de sa ville qui sait susciter l’intérêt, et avec beaucoup d’humour, ce qui ne gâche bien évidemment pas les choses…

    Parmi tous les évènements hauts en couleur (rouge…) qui parsèment l’histoire de Liège, l’épisode de la Révolution liégeoise de 1789 est probablement le plus connu. Dès que les échos de la révolution française sont parvenus aux oreilles des Liégeois, le Prince-Evêque qui exerçait le pouvoir a été chassé. Après plusieurs années de luttes, en 1795, le rattachement à la France est voté, ce qui est un fait unique en Europe. Ce fait est révélateur de l’adhésion aux idéaux révolutionnaires portés par la jeune République, mais aussi des liens étroits que le parti populaire, à Liège, avait entretenu avec la France au cours des siècles précédents. Cette date a signifié la fin de la principauté de Liège et d’une histoire indépendante d’un millénaire, mais c’est loin d’être la seule à retenir pour les révolutionnaires d’aujourd’hui.

    Ainsi, en 965 déjà, une révolte populaire éclate contre la politique fiscale de l’évêque Eracle (peut être un ancêtre de Didier Reynders ?).

    Peu de temps après arrive l’évêque de Liège le plus célèbre, Notger, qui est aussi un seigneur féodal. C’est à partir de ce moment que la Principauté prend corps peu à peu. Il redescend de Publémont où s’était réfugié Eracle, fait construire une nouvelle cathédrale et un nouveau palais Place Saint-Lambert (l’actuel date de 1536), plusieurs collégiales et une nouvelle muraille autour d’une zone élargie incluant un centre économique (Place du Marché) et commerçant (en Neuvice).

    Pendant les 5 premiers siècles de son existence, la principauté de Liège est une région très riche grâce aux terres fertiles de Hesbaye, aux bois des Ardennes, à la pierre, la houille et le fer que l’on trouve en abondance. Le commerce s’effectue d’abord le long de la Meuse, puis se développe un peu partout en Europe. Liège est alors célèbre pour son artisanat (dinanderies, textile), pour ses banquiers et son art, essentiellement religieux. Tout cela suscite les convoitises de l’extérieur… mais aussi des luttes pour mieux répartir cette richesse à l’intérieur.

    Car le peuple connaît dans la principauté des conditions de vie très difficiles et dès le début, des luttes opposent les pauvres aux riches et aux puissants. C’est ainsi que Huy, qui dépend de la Principauté, connait la première Charte des Libertés au nord des Alpes, en 1066. Plus réticent à accorder des libertés sous son propre balcon, l’Evêque de Liège n’accordera les premières libertés aux Liégeois qu’en 1198.

    Dès le 13e siècle, les luttes sociales s’aiguisent. Le Prince-Evêque et les nobles, qui acceptent mal de voir leurs privilèges rabotés, essaient de récupérer l’intégralité du pouvoir. Les métiers résistent à la politique du Prince-Evêque et essaient de conquérir de nouveaux droits. Régulièrement, le Prince-Evêque est obligé de faire appel à des seigneurs étrangers pour résister militairement aux soulèvements populaires. En 1255 se déroule l’insurrection des batteurs de Dinant, en 1297 le soulèvement du commun de Huy et en 1302 la révolte des métiers de Saint-Trond. Mais la plus grande lutte a lieu à Liège en 1312. C’est la Mal Saint-Martin.

    Quand les Liégeois brûlent les églises…

    Avec les nobles et les curés dedans !

    Le jour de la Saint-Anne, le 3 août, les nobles ont tenté de récupérer l’intégralité de leur pouvoir, raboté au cours des dernières années. Le rassemblement des seigneurs était prévu durant la nuit, Place du Marché, où des renforts du comte de Looz devaient rejoindre le groupe et mettre le feu à la halle aux viandes. C’est que, dix ans plus tôt, un boucher avait coupé la main d’un noble, ce qui avait ouvert la voie à des luttes et des victoires du peuple contre les nobles…

    Mais des domestiques des seigneurs avaient éventé la surprise en annonçant l’attaque. A la deuxième torche lancée sur le quartier, les bouchers, rejoints par les autres métiers, sortent de leurs cachettes et se jettent avec fureur sur les assaillants. Durant toute la nuit, la bataille fait rage. A l’aube, les soldats du comte de Looz manquent toujours à l’appel, les troupes des seigneurs commencent à faiblir. Tout comme Eracle en son temps, ils se réfugient alors sur les hauteurs de Publémont pour attendre les renforts.

    Après des heures de bataille, les nobles semblent reprendre du terrain. C’est alors qu’arrivent des renforts… mais pas ceux attendus! De Vottem, d’Ans, de Montegnée, de Saint-Léonard, de Huy et d’ailleurs, les troupes des métiers arrivent, bien décidés à vaincre ou mourir. Suite à la violence du nouvel assaut, les seigneurs sont repoussés et cherchent refuge dans la collégiale, en pensant que personne ne violerait l’asile accordé par les lieux saints. Ils avaient raison. Plutôt que d’y entrer, les Liégeois y ont mis le feu. C’est à ce moment que le Tiers-Etat a obtenu un droit de veto. Par la suite, le peuple de Liège a pu être bien plus tranquille…

    Les 600 Franchimontois

    Les luttes pour les libertés vont continuer par la suite, faites d’avancées et de reculs – mais Liège a aussi des ennemis à l’extérieur (le Brabant, notamment, qui est l’ennemi héréditaire). Au 15e siècle, la principale menace vient de Bourgogne. Avec l’extension de ce duché, Liège est prise en étau.

    La Bourgogne multiplie les pressions (tentative de coup d’Etat en 1433 – Louis de Bourbon, neveu de Philippe le Bon, est nommé Prince-Evêque en 1466) puis passe à l’action (prise et sac de Dinant 1466, puis prise de Liège novembre 1467). Liège se révolte en septembre 1468, mais est assiégée en octobre de la même année. C’est l’épisode célèbre des 600 Franchimontois, qui tentent une sortie pour assassiner Charles le Téméraire. Ils sont massacrés et le pillage, les massacres et les incendies dureront 7 semaines : les murailles et les 2/3 de la ville sont détruits. Environ 10.000 des 25.000 habitants sont tués, des milliers d’autres réussissent cependant à prendre la fuite.

    Charles le Téméraire décède en 1477 devant Nancy et le Perron, symbole des libertés liégeoises déménagé à Bruges en 1468, est ramené à Liège l’année suivante. Les institutions démocratiques sont rétablies, mais il faudra du temps pour que Liège se reconstruise.

    La vie reste très dure pour les pauvres. Lors de la crise agricole de 1491, les étrangers sont expulsés… de même que les femmes dont le mari est à la guerre ! C’est dans ce contexte que se déroule la révolte des habitants de la banlieue (les Rivageois). C’est aussi à partir de ce moment que les inégalités de classe prennent un tour de plus en plus aigu au sein du Tiers-Etat.

    Inégalités au sein du Tiers-Etat

    En 1620, deux « partis » font leur apparition: les Chiroux (nobles, grands bourgeois, tourné vers l’Empire germanique) et les Grignoux (petite bourgeoisie et peuple, tourné vers la France). Les surnoms donnés aux factions sont explicites: les « mangeurs de tartes aux pommes » pour els riches contre les « mangeurs de boudins » pour les pauvres. L’agitation sociale est alors permanente, à tel point qu’en 1684 est construite une citadelle, à l’emplacement de l’actuel centre hospitalier de la Citadelle, pour surveiller la ville.

    Les princes-évêques et la noblesse essaient de conserver l’ordre ancien, la grande bourgeoisie veut augmenter sa part de pouvoir tandis qu’une partie de la petite-bourgeoisie (surtout les avocats) est pour sa part gagnée aux idées des Encyclopédistes français (avec parfois un écho chez certains Princes-Evêques !).

    Il reste encore à parler de la grève générale de 1886, la première de Belgique, partie de Liège à l’occasion du 15e anniversaire de la Commune de Paris. Le quotidien La Meuse a écrit à cette époque: « Le spectre rouge n’est pas une chimère. Le Spectre rouge, aujourd’hui même, montre sa face hideuse en Irlande et en France, en Russie et en Angleterre. En Irlande, où les crimes agraires sèment la terreur, à Londres, où le pillage, le vol, brisent les vitrines, à Decazeville, où des milliers de malheureux, enrôlés par des scélérats, désertent leur travail et laissent leurs enfants manquer de pain, le Spectre rouge a montré sa face hideuse et agité son linceul sanglant (…). Oui, là est le vrai danger, car il menace l’édifice social, le travail et la liberté (…). C’est à l’œuvre de la défense et de la préservation sociale qu’il faut appeler tous les bons citoyens, tous les vrais libéraux, et ce n’est pas en décrétant le suffrage universel, en donnant le droit de vote aux ignorants et la toute puissance électorale aux imbéciles que l’on fera chose utile pour le pays et le salut public ».

    Mais les luttes du mouvement ouvrier se sont déroulées à l’extérieur de la ville, à Seraing ou encore Herstal, et pour faire une visite en racontant cette histoire, il nous faudrait un bus… Pour l’année prochaine ?

    BBQ dans notre local remis à neuf

    Après la visite, histoire de reprendre des forces après une longue marche, un barbecue était organisé à notre local, repeint et rénové. Cela nous permet de maintenant avoir sur Liège un centre qui dispose d’une petite salle de réunion, d’un bureau spécifiquement réservé à l’organisation, d’une réserve, etc. Tout comme la visite, c’était l’occasion de récolter un peu de soutien pour notre fonds de lutte, afin de pouvoir payer les tracts, affiches, etc. qui nous permettent de poursuivre nos activités. Les discussions sont allées bon train et chacun garde un souvenir très fort de cette soirée agréable… en attendant de poursuivre ces discussions et de participer activement aux actions de notre parti!


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  • Une semaine d’action qui en veut plus !

    La discussion se poursuit au sujet de l’estimation la plus correcte du nombre de participants à la semaine d’action des syndicats. Les sous-évaluations auxquelles la presse a eu recours, parfois en mentionnant plus de participants dans l’article que dans le titre, ont disparu. Les politiciens, la presse et même les patrons n’osent plus remettre en question que le mouvement pour le pouvoir d’achat est porté par la base, plus d’ailleurs que ce qu’avaient imaginé les dirigeants syndicaux dans un premier temps.

    Même le dirigeant de la CSC Luc Cortebeeck a reconnu dans le quotidien flamand De Morgen qu’il y a eu «plus de monde qu’attendu». Jusqu’à trois ou quatre fois plus même. Les chiffres varient de 80 à 100.000. Liège et Anvers ont ouvert la danse, les gens y étaient bien conscients qu’ils allaient donner le ton pour le reste de la semaine. La semaine précédente, la délégation de GM avait précisé que seule la délégation allait manifester, mais par la suite, l’usine a été fermée sous la pression de la base. La même chose s’est passée à Atlas Copco, et dans d’autres entreprises anversoises aussi, la volonté de passer à l’action a dépassé toutes les attentes. Résultat : 7.500 participants, bien plus que toutes les prévisions.

    A Liège, il y a eu pas moins de 25.000 manifestants. Qui a prétendu que « le débat sur le pouvoir d’achat » n’était pas lancé en Wallonie ? Il est exact de dire que la vague de grève du début de cette année dans environ 70 entreprises principalement flamandes ne s’est pas étendu vers la Wallonie et Bruxelles. Cela peut partiellement s’expliquer par le haut taux de chômage dans ces deux régions, par le retard économique et par le fait que les travailleurs wallons et bruxellois ont ces dernières années été systématiquement brutalisés par la presse, les patrons et les politiciens. Toutefois, dès qu’un mot d’ordre arrive, le mouvement se généralise, les gens n’ont plus alors la responsabilité du retard de la région entière placée sur leurs épaules en tant que délégation et les traditions de lutte des travailleurs wallons ressurgissent alors pleinement.

    LES GRÈVES ET LES MANIFESTATIONS « DÉMODÉES » RAPPORTENT PLUS QUE LES ACTIONS « LUDIQUES ».

    Le Hainaut a été à la hauteur des camarades liégeois, il y avait 20.000 manifestants à Mons. Quelle différence avec les 2.500 participants à « Foodstock », à Gand. Les régions qui ont opté pour des combinaisons classiques et « démodées » de grèves et de manifestations ont eu un résultat beaucoup plus grand que les régions qui ont privilégié les actions « nouvelles et ludiques », comme en Flandre Orientale, ou pire encore avec les randonnées à bicyclette et autres actions aux grandes surfaces à Bruges et Courtrai. Qui avait auparavant participé à la manifestation de Mons avec ses 20.000 participants a dû se sentir bizarre à Courtrai au milieu de 500 participants. Nous avons beaucoup entendu des remarques sur le fait que nous ne sommes pas dans un syndicat pour faire la fête ou des excursions, mais bien pour protéger notre travail et nos salaires.

    De toute façon, le ton a été donné. À Hasselt, il y a eu 3 à 4.000 participants, dont beaucoup de délégations d’entreprises entièrement ou partiellement stoppées, entre autres le sous traitant de Ford Lear Corporations. À Namur, nous avons été 4.500, avec quelques légers débordements d’une dizaine de syndiqués, ce qui a été présenté plus tard dans la presse comme des « émeutes ». Arlon a connu sa plus grande manifestation depuis 1977, depuis la fermeture de la société métallurgique d’Athus. À Bruxelles, où les syndicats avaient dans un premier temps fixé un quota de 1000 manifestants chacun, les directions syndicales ne pouvaient pas se permettre de perdre la face au regard des autres régions. Malgré la pluie battante, nous avons été 10.000 et beaucoup d’autres sont restés dans les commerces environnants ou se sont abrités dans les métros ou les gares.

    LE NOMBRE DE JEUNES ET DE FEMMES A ETE FRAPPANT

    A chaque manifestation, le nombre de jeunes participants a été frappant. Beaucoup venaient d’être élus au cours des récentes élections sociales et ont considéré une manifestation syndicale pour le pouvoir d’achat comme le prochain pas logique de leur engagement. Un grand nombre s’est adressé à nos militants afin de demander où leur délégation se trouvait ou encore où ils pouvaient encaisser l’indemnisation de grève, indépendamment de leur couleur, rouge ou verte. À la base, la couleur ne fait souvent pas de différence, on considère soi-même et autrui avant tout comme des travailleurs qui sont dans le même bateau. Beaucoup de femmes étaient présentes également, et c’est une donnée relativement nouvelle dans ce genre de mobilisation.

    Il fallait chercher loin l’affinité avec le CDH chez beaucoup de militants CSC, ce qui est un changement remarquable en comparaison des années de la coalition violette. L’attachement de militants FGTB au PS était aussi à un point historiquement bas. Le peu de mandataires PS présents doivent aussi l’avoir senti et ils sont restés étonnamment discrets. En Flandre, SPa-Rood, qui a bénéficié d’une certaine attention des médias ces derniers mois, n’a pas été aperçu, nous n’avons même pas vu un tract.

    LES PATRONS SOUFFLENT LE CHAUD ET LE FROID

    Du côté patronal, on a eu très peur. On ne parle plus de « l’hystérie de pouvoir d’achat ». La parution d’innombrables « études » sensées nous montrer que la situation s’est améliorée pour nous tous ne prend plus. Qu’en ’83 nous devions travailler aussi longtemps qu’aujourd’hui pour acheter une voiture, cela est bien possible, mais depuis lors, sur le même laps de temps, nous produisons beaucoup plus qu’en ‘83. On sait tous que les patrons sont pour le progrès, mais qu’ils veulent exclusivement mettre dans leur propre poche tout ce que rapporte ce progrès, nous ne devons pas être d’accord avec ça.

    Il y a même eu une étude qui a comparé nos habitudes alimentaires avec celles du siècle dernier. Et devines quoi, nous avons consacré à ce moment-là une plus grande partie de notre revenu à la nourriture comparé à aujourd’hui. Nous supposons que les auteurs ne plaident pas pour envoyer à nouveau les enfants dans les puits de 8 jusqu’à 12 heures par jour, 6 jours par semaine. Quant aux vacances, nous consacrons en moyenne 2.000 euros pour les voyages. Est-ce qu’on a comparé les prix des hôtels par rapport à il y a quelques années, ou encore le prix d’un billet d’avion ou d’une assurance de voyage ? Si nous consacrerions aujourd’hui environ autant qu’en ’83 en voyages, alors nous serions tous stockés dans des tentes sur un terrain de scouts dans les Ardennes ou à la mer.

    Le président français Sarkozy, pourtant bien à droite, veut abaisser la TVA sur les combustibles. Le ministre italien des finances, tout aussi à droite, veut même instaurer une taxe à la Robin des Bois sur les bénéfices des sociétés pétrolières. En bref, ça panique du côté patronal, comme le reflètent Sarkozy & Co. Dans ce cadre, même la commission européenne s’est sentie obligée d’intervenir, et son côté néolibéral est tout de suite apparu. Au Sommet européen des ministres du travail, il a été décidé d’autoriser un temps de travail pouvant aller jusqu’à 48 heures par semaine, jusqu’à 60 heures même dans certains cas, et même jusqu’à 65 heures pour les métiers qui comprennent un temps d’attente « inactif ». Joëlle « Madame Non » Milquet a été contre, mais n’a malheureusement pas voté non et s’est abstenue. Le Sommet des ministres européens des finances veut débattre, sur proposition de Reynders, du « mécanisme d’indexation », et ce ne sera pas pour l’améliorer. La Banque Centrale Européenne risque d’augmenter les taux d’intérêt si les gouvernements européens ne tiennent pas sous contrôle leurs prix et surtout les salaires. Est-ce encore surprenant si les Irlandais, les seuls qui ont pu se prononcer via un référendum au sujet du Traité de Lisbonne, ont – heureusement – rejeté ce Traité?

    LETERME I : UN MILLIARD D’EUROS POUR LE POUVOIR D’ACHAT, 3,5 MILLIARDS D’EUROS POUR LES PATRONS

    Leterme nous « comprend », mais n’a malheureusement pas de sous. « Il n’y a aucun gouvernement au monde » prétend-il, « qui peut compenser à 100% la perte du pouvoir d’achat par la hausse des prix du pétrole ». Grâce à l’index, 1 milliard d’euros a déjà été injecté dans le pouvoir d’achat, ajoute-t-il, comme si ce à quoi nous avons droit avec l’indexation était un cadeau personnel de sa part. Avec le dépassement de l’index pivot, les salaires des fonctionnaires augmenteront de 2%, ce qui représente des coûts supplémentaires de 25 millions d’euros mensuellement, soit 300 millions d’euros par an. De plus, il y a encore 700 millions d’euros qui partiraient vers l’indexation des allocations sociales comme les retraites et les allocations familiales.

    En sachant que les 30.000 plus grandes entreprises ont de nouveau réalisé l’année précédente un bénéfice record d’au moins 77 milliards d’euros et que les entreprises du Bel 20 ont rapidement distribué 50% de leurs profits en dividendes, alors on se rend compte combien les paroles de Leterme sonnent creux. L’ancien leader étudiant de mai ’68 en Belgique et membre du PS Guy Quaden, le gouverneur de la Banque Nationale, accourt aujourd’hui à l’aide de Leterme. Il affirme vouloir partiellement réviser le mécanisme d’indexation en supprimant ou en révisant fortement l’indexation pour les hauts salaires. Bref, il donne à Leterme le moyen de s’en prendre à l’indexation sans que cela ne soit de prime abord une menace pour les bas revenus. Quaden brode en fait aujourd’hui sur base de l’idée de Caroline Ven – ancienne chef des services d’études de la FEB et du VKW (fédération patronale catholique flamande) et actuelle économiste en chef de Leterme, étiqueté « CSC » – qui a reproché aux militants syndicaux de monter aux créneaux uniquement pour les privilégiés alors que certains allocataires ont vraiment difficile. Nous nous sommes alors demandé si Caroline Ven manifestera autant de préoccupations pour eux quand le gouvernement mènera demain sa politique de suspension vis-à-vis des chômeurs et des invalides…

    PS, SPa, ECOLO : DE PETITES MESURES POUR DE PETITES INTERVENTIONS DANS LES JOURNEES D’ACTION

    Du côté de la social-démocratie, l’imagination est au pourvoir, suivant l’exemple de leur représentant à la direction de la Banque Nationale. Le SPa a ainsi trouvé des solutions qui ne coûtent pas un euro, en s’appuyant sur l’exemple de différentes mesures prisent dans des pays européens. De son marché aux mesures, le SPa est revenu avec l’idée d’instaurer un blocage des prix pour le gaz et l’électricité, de manière temporaire… en attendant une vraie libéralisation du secteur de l’énergie ! Autre proposition, donner plus de pouvoir au Creg (la Commission de régulation des prix de l’énergie) et à la commission de régulation de l’énergie. Cela ne coûte effectivement rien… Les pouvoirs étendus du service de répression à la fraude fiscale n’empêchent pas, faute de moyens et de volonté politique (et pas que de la part du parti du ministre des finances…), qu’environ 30 milliards d’euros par an (selon la CGSP-Finances) restent dans les poches des grandes entreprises plutôt que de revenir à la collectivité.

    Le Parti Socialiste revendique pour sa part une hausse des allocations, le renforcement des mécanismes de régulation et de contrôle pour empêcher les pratiques spéculatives et abusives de la part des patrons et veut aussi s’en prendre aux parachutes dorés. Plus concrètement, il affirme aussi vouloir rénover 35.000 logements par an pour les isoler énergétiquement, ce qui pourrait créer 16.000 emplois, et travaille encore à un bonus net de 1.250 euros. Enfin, le PS revendique, tout comme le PTB, la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité de 21% à 6%. Bien peu de choses en définitive, avec le grand avantage que ces propositions ne sont pas chiffrées pour la plupart. Du reste, elles ne font que s’ajouter à la montagne des revendications promises à être sacrifiées sur l’autel de la participation gouvernementale. Pour ne pas tomber du navire, il vaut mieux ne pas trop s’accrocher à ce que les partenaires veulent lancer par dessus bord.

    On a aussi fort peu vu le PS et le SP.a dans les mobilisations de la semaine d’action. Quelques mandataires ont bien fait leur apparition (sous les huées dans le cas du Bourgmestre Willy Demeyer à Liège) mais aucune intervention organisée n’a pu être vue. Pourtant, ces partis ont démontré que de l’argent, ils en ont (assez en tout cas pour leurs campagnes électorales), mais visiblement pas encore suffisamment assez pour participer à la construction du mouvement. Ou bien alors ne faut-il pas à leurs yeux trop développer ce mouvement pour le pouvoir d’achat qui, à chaque pas, les pousse un peu plus dans leurs contradictions. On a beaucoup parlé de la déduction des intérêts notionnels durant cette semaine, mais cette mesure n’a pas été approuvée que par la droite officielle. Comme toute la coalition violette l’a votée, PS et SPa ont accordé avec cette seule mesure entre 2,4 et 3,5 milliards d’euros (les estimations varient) aux patrons. On attend en vain quelque chose de cette ampleur aujourd’hui pour le pouvoir d’achat. Mais cela n’en étonnera pas beaucoup en souvenir du Pacte des Générations, de la chasse aux chômeurs, des différentes privatisations des services publics, des attaques dans l’enseignement,… Les attaques contre Reynders & Co sont opportunément utilisées pour masquer les responsabilités de ces partis.

    Ecolo, au contraire de Groen !, était présent à quelques manifestations avec de (très) petites délégations et de (gros) drapeaux. Mais si le parti « écologiste » a fait parlé de lui durant cette semaine, c’est surtout par l’intermédiaire de son ancien secrétaire fédéral (durant la participation électorale d’Ecolo…) et actuellement président au CPAS de Namur, Philippe Defeyt, responsable de l’étude sur le temps de travail nécessaire pour pouvoir acheter un bien aujourd’hui comparé à ‘83. Pour le reste, dans son tract, Ecolo précise qu’il veut relever les bas salaires, augmenter les allocations sociales, organiser un contrôle des prix, supprimer la redevance télé, développer les transports en commun, entre autres mesures pour favoriser l’isolement énergétique des habitations par des primes. Mais tout comme pour le PS, rien n’est précisé sur celui qui va devoir payer tout cela, ni par quels moyens Ecolo compte imposer ces mesures. Mis à part en appelant les gens à voter pour lui bien entendu.

    C’est en fait surtout là que se trouve le but des partis traditionnels, avancer des (légères, très légères) mesures, et reprocher ensuite aux électeurs de ne pas avoir assez voté pour eux. Une méthode originale pour faire retomber la responsabilité de leur soutien aux politiques néolibérales sur les électeurs. Pourtant, les partis traditionnels n’ont pas leur pareil pour faire venir la presse chez eux pour qu’elle relaye leurs propos. Pourquoi ne pas avoir utilisé leur influence sur les journalistes et leur position pour réellement relayer les positions des syndicats ? Pourquoi ne pas avoir par exemple protesté contre les mensonges que l’on a pu lire sur les « émeutes » à Namur ?

    QUE RESTE-T-IL A GAUCHE ?

    En définitive, seuls le Parti du Travail de Belgique et le Mouvement pour une Alternative Socialiste sont intervenus dans les mobilisations en nombre et en tant que force organisée en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre.

    L’intervention du PTB, dans la lignée du tournant officialisé lors de leur dernier Congrès, était particulièrement remarquable dans la mesure où elle rappelait plus celle d’un parti traditionnel que celle d’un parti de lutte. Nous avons ainsi peu vu de vendeurs du journal du PTB, Solidaire, et à certains endroits, les militants du PTB ont distribué des pommes de terre, comme lors de la manifestation du 15 décembre 2007, en référence à leur campagne dont l’illustration est composée d’une pomme de terre, d’un jerrican et d’une ampoule protégées par des préservatifs.

    Leur tract se concentrait sur trois revendications assez correctes, sous le titre «Moins de blabla, préservons notre pouvoir d’achat». Le PTB exige en premier lieu, comme le front commun syndical et le PS, la diminution de la TVA sur le gaz et l’électricité de 21% à 6%. Ce thème est à la base de la pétition initiée par le PTB qui vise à réunir 100.000 signatures et qui a été la principale activité des membres du PTB durant la semaine d’action. Nous n’avons rien contre cette revendication, mais ce n’est pas un hasard si c’est justement celle-là qui a été reprise par le PS… L’abolition pure et simple de la TVA sur les produits de première nécessité aurait été une exigence plus à la hauteur du mouvement. Le PTB revendique aussi une forte hausse des salaires, de 1 euro par heure, qui est également à la base de notre campagne, tandis que la dernière exige un contrat à durée indéterminée pour chaque travailleur qui passe plus de 60 jours chez le même employeur. Aucune indication ne figurait par contre sur la manière de construire le mouvement, de même qu’il n’y avait aucune critique à l’encontre des directions syndicales.

    POUR LA LUTTE, LA SOLIDARITE ET LE SOCIALISME

    Le MAS/LSP a pu être présent à toutes les manifestations, à l’exception de celle d’Arlon. Nos camarades y sont activement intervenus, en diffusant 448 exemplaires de notre mensuel, l’Alternative Socialiste. Le temps aurait été plus favorable lors de la dernière journée à Bruxelles, il ne fait aucun doute que nous aurions pu atteindre les 550 ou même les 600 journaux.

    Le tract que nous avons distribué a été bien reçu et est à la base, tout comme notre journal, d’innombrables discussions avec des syndicalistes de tous âges et de tous lieux. Il était axé sur la dénonciation du marché « libre », sur le soutien aux actions syndicales, mais en mettant en avant que c’est à la base de décider et qu’elle doit être impliquée dans l’élaboration d’un plan d’action. Les revendications proposées à être considérées par la base syndicale étaient consacrées à une augmentation salariale d’au moins un euro par heure, à l’introduction d’un index qui reflète réellement le coût de la vie, à l’abolition de la norme salariale pour en revenir à un seuil d’augmentation salariale et non à un plafond, au refus des accords salariaux portant sur plus de deux ans, à la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité ainsi qu’à un plan massif de construction de logements sociaux publics. Pour financer ces mesures, nous proposons d’instaurer un impôt sur les grandes fortunes et d’augmenter fortement la répression de la grande fraude fiscale. Enfin, nous avons mis en avant que les secteurs clés de l’économie ne doivent pas être laissés à la merci de la soif de profit du secteur privé, et avons donc plaidé pour la nationalisation de ces secteurs sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.

    COMMENT CONTINUER ?

    Pour la suite des actions, la volonté de lutter massivement pour notre pouvoir d’achat doit être gardée à l’esprit. C’est un rapport de force puissant qui a commencé à se construire, mais rien n’est encore garanti. Pour ne pas que la pression retombe, un bon moyen serait de lancer des différentes délégations une motion pour une journée d’action nationale à l’automne, avec un mot d’ordre de grève. Un tel outil permettrait de continuer à mobiliser dans les entreprises sur base de l’enthousiasme qui est issu de la première semaine d’action sur le pouvoir d’achat.

    Mais il reste frappant de voir que le mouvement ouvrier ne possède pas de large relais politique propre. La question qui se pose aujourd’hui est la même que celle qui s’était posée lors des luttes contre le Plan Global. Comme personne ne représente les syndicats au Parlement, le gouvernement n’a qu’à attendre que l’orage passe pour ensuite, comme au temps du Pacte des Générations, voter le tout malgré l’opposition de centaines de milliers de travailleurs. Un parti de type « syndical » serait une aide précieuse pour ne pas laisser les partis traditionnels continuer leurs petits jeux en étant seuls à occuper la scène politique. La CSC et la FGTB ont réuni pour les dernières élections sociales 115.000 candidats pour les Conseil d’Entreprises et les CPTT. Ces 115.000 personnes vont représenter les travailleurs sans recevoir un centime de plus. Ce qu’il nous faut, ce sont des représentants politiques de cette sorte. Puisons dans ces 115.000 là pour nous représenter au niveau politique de la même manière qu’ils nous représentent dans les entreprises. Payés au même salaire qu’un travailleur, le reste de leurs salaires de parlementaire pourrait être reversé à une caisse pour les actions de ceux qui sont obligés de se défendre contre les agressions patronales.

    Il faut imaginer l’impact qu’aurait eu une telle formation dans les journées précédent la semaine d’action ou durant celle-ci pour populariser les actions auprès des couches larges de la population et pour contrer l’argumentaire patronal qui est seul à s’épanouir dans la presse traditionnelle. Dans une telle situation, les ballons De Decker ou Vlaams Belang se videraient très vite. Une pétition revendiquant que les syndicats rompent leurs liens privilégiés avec la social-démocratie pour la FGTB et avec la démocratie-chrétienne pour la CSC serait un bon instrument pour continuer cette discussion.

    > Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.

  • Des néonazis organisent une commémoration en l’honneur d’Adolf Hitler dans notre pays

    Ce 19 avril, deux branches concurrentes de l’organisation néonazie internationale « Blood & Honour » ont chacune organisé une commémoration en l’honneur d’Hitler. Selon le ministre de l’Intérieur Dewael (Open VLD), on ne peut rien faire contre cela. Ces néonazis savent que le secret est encore un de leurs meilleurs amis : les lieux de rendez-vous sont communiqués au dernier moment et seulement parmi un public de partisans préalablement soigneusement sélectionné.

    Ces commémorations se sont déroulées à l’occasion du 20 avril, jour de la naissance de Hitler. Ce n’est pas la première fois qu’elles ont lieu dans notre pays. Il y a 12 ans, cette situation avait déjà suscité débat parmi les parlementaires. A une des questions posées, le ministre de la justice de l’époque, Stefan Declercq, avait répondu que ces commémorations étaient organisées par la « Leibstandaarte Adolf Hitler », un groupe originaire de Flandre occidentale dans lequel plusieurs militants du Vlaams Blok de l’époque étaient actifs. Les néonazis qui ont lancé « Blood & Honour » dans notre pays faisaient également partie de ce groupe.

    Cette année, il y a deux cérémonies organisées par « Blood & Honour Mindgard » d’une part et par « Blood & Honour Combat 18 » d’autre part. Différents membres du Vlaams Belang ont également pris part à ces « festivités », tout comme différents membres du NSV (le mouvement de jeunesse officieux du Vlaams Belang) qui ont clairement affiché leur sympathie pour B&H, notamment par un pèlerinage nazi vers le lieu de naissance d’Adolf Hitler, par exemple.

    L’annonce de ces rassemblements a provoqué une vive réaction de la part de l’Anti-Fascistisch Front (AFF, équivalent néerlandophone du Front Anti-Fasciste) qui a appelé à des actions. De son côté, le ministère a annoncé que rien ne pouvait être fait. Effectivement, ce n’est pas si évident de mener des actions contre des groupes pas si marginaux que ça et qui cultivent si bien le culte du secret.

    Mais de l’autre côté, les néonazis sont tolérés en Belgique. A Bruges, lors des attaques racistes de 2006 (dans lesquelles des dirigeants de « B&H Mindgard » ont été impliqués), le procureur a même déclaré que les néonazis ne procuraient que peu de nuisances. Ce n’est donc pas étonnant que notre pays accueille des racistes provenant d’autres pays. Ici, ils peuvent à l’aise organiser leurs petites sauteries.

    Les groupes de néonazis comme « B&H » sont certes marginaux, mais ils peuvent néanmoins constituer un danger. A mesure que leur confiance augmentera, ils recourront davantage à la violence physique. Nous devons nous organiser pour stopper leur haine et pour contrer leurs activités, la mobilisation est la meilleure arme. Et c’est d’ailleurs par crainte de ces mobilisations qu’ils tiennent secrets leurs lieux de réunions.


    MOBILISONS CONTRE LES NEONAZIS DE "NATION"!

    "NATION" est un groupe de néonazis francophone qui veut organiser un rassemblement ce premier mai à Charleroi. La FGTB organise une contre-manifestation. N’hésitez pas à y participer vous aussi! STOP au fascisme ! STOP au racisme ! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    RDV: 13h, à Charleroi, parking des Beaux-Arts (là où la FGTB fête son premier mai).

    Ensuite: cortège en commun jusqu’à l’esplanade Jules Destrée, rue de la Montagne.

    Plus d’informations ici.

  • L’avenir de Bombardier à Brugges est incertain.

    Selon le journal « De Standaard », la SNCB a entrepris des pourparlers avec l’entreprise allemande Siemens pour la livraison de rames pour le Réseau Express Régional de Bruxelles pour un montant de plus d’un milliard et demi d’euros. Cette nouvelle a de suite inquiété Bombardier à Bruges, qui avait espéré obtenir le contrat.

    Article de Karel Mortier

    Bombardier était en concurrence avec trois autres entreprises pour obtenir ce contrat. Le porte-parole de Bombardier affirme que l’avenir de l’entreprise de Bruges et des 850 membres du personnel est en jeu. Aujourd’hui, il y a encore du travail pour quelques années, grâce à une commande de trains à deux étages pour la SNCB et de trams pour la STIB. Cela assure le travail jusque, respectivement, 2009 et 2013 mais, pour la période qui suivra, il n’y a encore aucune commande, ce qui signifie que l’avenir de l’établissement à Bruges est en jeu. Bombardier avait déjà dit auparavant que l’avenir de son installation à Bruges serait dépendant des commandes qu’ils obtiendraient en Belgique.

    Le 11 mars, à Bruges, il y a eu un arrêt de travail et une réunion à l’Hôtel de Ville. Celle-ci a rassemblé 300 travailleurs et les syndicats ont demandé l’appui des politiciens locaux auprès de la direction de la SNCB, afin que le contrat puisse encore être accordé à Bombardier. Les syndicats affirment qu’il ne faut pas seulement tenir compte du prix mais aussi de l’emploi local. Selon les syndicats, les rames de la concurrence n’existeraient que sur papier et seraient de moins bonne qualité que celles qui seraient fabriquées à Bruges.

    Le 14 mars, le personnel est allé à Bruxelles pour mettre la pression auprès de la direction de la SNCB. Landuyt (SP.a) a déjà réagi en disant qu’il interpellerait Leterme sur le cours de la procédure. Selon Landuyt, Leterme doit contrôler si un traitement égal des différentes candidatures est bien garanti. Pol Vandendriesche (CD&V) était présent à l’Hôtel de Ville et veut un « signal » de tous les parlementaires brugeois, en dehors des différences de partis.

    Bombardier, à Bruges, mieux connu sous le nom « la Brugeoise », est un des plus importants pourvoyeurs d’emploi dans la ville et la dernière entreprise en Belgique qui fabrique de façon indépendante et complète des trains et des trams. Si c’était la fin de la Brugeoise, non seulement 850 emplois directs et 500 indirects seraient perdus (selon la direction), mais aussi beaucoup de connaissances et d’habileté disparaîtraient pour toujours de notre pays, comme cela a déjà été le cas plus tôt dans la construction navale, après la fermeture du Boelwerf à Temse.

    La réaction des syndicats est compréhensible et ils ont raison de réagir de suite et de prendre l’initiative afin de préserver l’emploi à Bruges, mais la question est de savoir si le protectionnisme ou l’appel à acheter des produits belges est la meilleure réaction face à la décision possible de la SNCB de commander chez Siemens. Finalement, Bombardier utilise l’argument de l’emploi en premier lieu pour obtenir des commandes belges aux meilleures conditions, afin de faire un maximum de bénéfices. A chaque fois qu’il y a un problème ou que Bombardier n’arrive pas à obtenir une commande (quelle qu’en soit la raison), la menace de fermer l’installation de Bruges s’élève. La réaction des politiciens brugeois est facile à prévoir. Les gardiens du marché libre et de la libre circulation des marchandises et des services en Europe, font un tour à 180° lorsqu’ils sont confrontés aux conséquences et à la logique de leur propre politique lors des deux dernières décennies.

    Le financement défectueux de la SNCB et l’introduction de la logique de marché dans le secteur du rail font que le prix devient un des arguments les plus déterminants lors du choix d’un fournisseur. D’une part, les politiciens reprochent à la SNCB que les coûts sont trop élevés et, d’autre part, on lui reprocherait de choisir l’option la moins chère. Les politiciens locaux se présentent depuis des décennies comme les défenseurs de la libre concurrence et du libre marché. La réaction de Landuyt pointe aussi les possibilités limitées qu’ont les politiciens de réagir. Tout le monde à Bruges connaît l’importance du contrat Réseau Express Régional pour Bombardier. Sans aucun doute, cela fait longtemps que les politiciens brugeois sont en train de conspirer mais cela n’a pas marché. A présent, ils veulent se protéger contre des réactions de colère du personnel.

    Le contrat offre une occasion d’emploi jusque 2016 au maximum et après, le risque d’être à nouveau confronté à un manque de commandes reviendra. Si le gouvernement belge prend la décision (quelle qu’en soit la raison) d’acheter des rames à l’étranger, alors ce gouvernement devra aussi prendre ses responsabilités envers les travailleurs de Bruges qui en seront les victimes. Cela signifie bien plus que poser des questions parlementaires ou le fait de donner un « signal ». Le gouvernement doit tout faire pour que l’emploi et les connaissances soient maintenus à Bruges , sans pour autant entrer dans le chantage de Bombardier qui pourrait éventuellement se répercuter dans le porte-monnaie des utilisateurs des transports en commun, des contribuables et, à la fin, des travailleurs eux-mêmes.

    Ce n’est pas une solution de signer un chèque en blanc à Bombardier en lui passant des commandes sans tenir compte des besoins spécifiques des transports publics ou des coûts qui en découleraient pour les utilisateurs. C’est l’option la plus facile pour les politiciens qui ne devront pas payer la note et qui n’utilisent pas les transports publics. Cela permettrait peut-être une continuité de quelques années à Bruges mais cela ne ferait que repousser les problèmes.

    La seule réponse possible et durable afin de garantir l’existence de la Brugeoise à plus long terme est la nationalisation de l’entreprise et la mobilisation des connaissances et de l’habileté du personnel pour moderniser et étendre les transports publics dans notre pays et dans toute l’Europe.

    De cette façon, on ne se retrouve plus à la merci des fantaisies du marché internationale ou d’une multinationale qui n’est pas intéressée par l’avenir de l’entreprise de Bruges, ni par l’avenir du personnel et laisse tomber la qualité des transports publics dans notre pays. Le besoin urgent d’investir plus de moyens dans les transports publics (pour des raisons écologiques aussi) peut être combiné aux connaissances et à l’habileté qui sont présentes à Bruges. Pourquoi attendre pour utiliser ce potentiel ?

  • Une rentrée du tonnerre pour notre travail jeune

    Nos campagnes jeunes – Résistance Internationale (RI) orientée vers les lycéens et Etudiants de Gauche Actifs (EGA) – étaient présentes dès les premiers jours de cours dans les écoles et sur les campus avec leurs journaux et une nouvelle campagne contre le capitalisme et ses conséquences pour l’environnement qui a rapidement enthousiasmé et organisé des dizaines de lycéens.

    Boris Malarme

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    Du 27 au 29 décembre

    Participe à notre Camp d’hiver

    Le Camp jeune de Résistance Internationale se tiendra cette année dans l’Entre-Sambre et Meuse, dans une spacieuse maison de scouts avec jardin et à proximité de la forêt. Un cadre idéal pour assurer que les nombreux ateliers sur l’économie, l’Amérique Latine, Sicko, la démocratie des travailleurs, les idées de Lenine, nos campagnes contre le racisme et les néo-fascistes, l’environement ou encore sur quel instrument construire pour lutter et changer la société se déroulent dans une ambiance décontractée. Le prix est de 20 EUR pour les 3 jours (pour le logement et les repas). N’hésite pas à t’inscrire et à ainsi apporter ton avis aux débats et discussions ! Infos : 02/345.61.81 ou 0472/29.91.92
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    Nous participerons à la manifestation nationale du 8 décembre « pour le Climat et la Solidarité ». Nous avons déjà organisé plusieurs débats dans les universités et diverses actions locales avec RI pour graduellement construire une atmosphère de mobilisation autour de cet événement. RI a ainsi organisé une manifestation à Gand le jour même où les partenaires de l’Orange Bleue ont scellé un accord illustrant à nouveau combien les politiciens refusent de s’en prendre aux véritables pollueurs : les multinationales. Ces actions ont le mérite de permettre aux lycéens, qui seront en examen début décembre, de prendre pleinement part au mouvement. Notre campagne et son programme sont axés autour de solutions collectives comme des transports publics gratuits, le contrôle des travailleurs sur le secteur énergétique,…

    A côté de cette campagne, nous continuons à être actifs sur de nombreux autres thèmes. Dans sept universités, notre camarade britannique Matt Dobson des Socialists Students a présenté les conséquences pour les étudiants de la politique néolibérale menée par les gouvernements travaillistes de Blair et Brown ainsi que leur campagne pour l’abolition des minervals. A ce titre, ces meetings ont été pour EGA une excellente prépara-tion au vu des attaques que préparent les recteurs et les politiciens pour les années à venir.

    Nous avons aussi pris d’importantes initiatives afin de maintenir et de renforcer les traditions anti-fascistes, avec la manifestation à Bruges et la campagne menée par nos camarades à Anvers contre la reconnaissance comme organisation étudiante des néo-fascistes du NSV. Nous préparons aussi une campagne contre le sexisme.

    Alors qu’une série d’organisations de gauche, sous la pression de l’idéologie dominante, mettent de plus en plus en avant la recherche de « solutions concrètes » dans le cadre du système capitaliste, le succès de la plupart des meetings de rentrée d’EGA illustre qu’une nouvelle génération de jeunes comprend l’impossibilité d’aménager ce système et cherche une alternative. C’était le sujet du débat à Louvain qui a réuni plus de vingt jeunes. A Gand, 7 étudiants ont rejoint EGA à la fin du meeting. A l’ULB, 25 jeunes étaient présents pour discuter de “quel socialisme pour l’Amérique Latine ?”. Les débats sur Che Guevara, comme celui de Gand qui a réuni 35 étudiants, reflètent également l’intérêt croissant pour nos idées. Plusieurs jeunes ont déjà rejoint le MAS-LSP depuis la rentrée. Tout comme eux, discute avec nous de notre alternative et rejoins notre parti afin que ton énergie et ton intelligence contribuent à la réalisation d’une société socialiste.

  • 300 anti-fascistes manifestent à Bruges

    Ces dernières décennies, des néo-nazis ont, à plusieurs reprises, occasionné une série d’incidents lors de leurs rassemblements. Un homme est par exemple tombé dans le coma l’an dernier suite à un passage à tabac aux abords du café de skinheads « De Kastelein ».

    Ce 21 octobre, soixante néo-fascistes du Vlaams Jongeren Westland et de Nation (une nouvelle génération de néo-nazis) ont défilé à Bruges. Les semaines précédentes, les néo-nazis avaient causé plusieurs troubles violents. Pour mettre fin à ces pratiques, organiser la résistance est crucial et face à eux se trouvait une manifestion antifasciste de trois cents personnes organisée par notre campagne antifasciste flamande Blokbuster.

    Des délégations de différentes autres organisations (Comac, Animo, CAP ou des anarchistes) étaient également présentes. Face à un tel engouement, le lieu du meeting a dû être changé car la salle initialement prévue n’était pas assez grande pour les trois cents manifestants. La manifestation était un premier pas positif en permettant non seulement de lutter contre le racisme, mais aussi de mener la discussion sur une alternative au néolibéralisme.

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