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Tag: Bruges
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Expérience historique. La dynamique du Daensisme dans la formation d’un parti des travailleurs chrétiens
Récemment, le prêtre Daens a obtenu la cinquième place dans l’élection du «plus grand Belge» du côté néerlandophone. Qui était Daens et quelle était l’importance du premier parti des travailleurs chrétiens indépendant?
Geert Cool
A la fin du XIXe siècle, la situation misérable des travailleurs et la montée du socialisme devenaient très inquiétantes pour beaucoup de catholiques. L’élite voyait alors sa position menacée et se devait de réagir. Certains catholiques déclaraient qu’il était nécessaire de prendre en compte la question sociale et d’organiser les travailleurs. Ils étaient renforcés par l’encyclique du pape Rerum Novarum.
Dans la plupart des régions, les chrétiens-démocrates essayaient de défendre les travailleurs dans le cadre du vieux Parti Catholique. A Gand, notamment, les “anti-socialistes” réussirent à former une aile ouvrière dans le Parti qui, en 1890, commença à publier leur journal “Het Volk”.
A Alost, un groupe de chrétiens-démocrates s’organisa autour de l’imprimeur Pieter Daens. Celui-ci avait toujours soutenu le Parti Catholique, mais en même temps, se souciait de la situation des travailleurs. Dans ses journaux “De Werkman” et “Het Land van Aels”’ il développait ses propres opinions.
Daens voyait la montée du socialisme et la perte de terrain des catholiques dans la question sociale. L’extrême pauvreté et le fossé entre les travailleurs et l’élite francophone amenèrent Pieter Daens à la conclusion qu’il fallait un socialisme chrétien. « S’il n’y a pas de socialisme chrétien, le socialisme païen deviendra maitre. » (Het Land van Aelst, 4 janvier 1891). Daens trouva des partisans à Ninove, entre autre, et réclamait la création d’un parti populaire chrétien.
Il ne le voyait pas comme un parti à coté du Parti Catholique et essaya pendant longtemps de mettre des candidats chrétiens-démocrates sur les listes catholiques. Le développement d’un parti ouvrier chrétien fut cependant accéléré par la haine intransigeante des conservateurs alostois. Tous les moyens possibles furent utilisés dans cette lutte, comme par exemple les punitions qu’imposa l’Eglise contre le prêtre Daens, le frère de l’imprimeur.
En avril 1893, le Parti Populaire Chrétien fut fondé à Okegem. Le prêtre Daens proposa le programme du nouveau mouvement. En 1894 déjà, les Daensistes participèrent aux élections. A cause de la corruption et de la fraude électorale, un deuxième tour dut être organisé, duquel Daens sorti vainqueur avec un électorat comparable aux catholiques.
La lutte pour un socialisme chrétien pouvait compter sur beaucoup de soutien parmi les travailleurs. Des syndicats rejoignirent le mouvement, entre autre les tailleurs de pierre de Boom et de Bruxelles (en 1897, ce syndicat avait 2000 membres). A Alost même, le nouveau Parti Populaire Chrétien avait le soutien actif de centaines de travailleurs, et des groupes étaient présents dans d’autres villes, comme Anvers, Courtrai, Bruges, Termonde,… Au parlement comme dans les usines, les Daensistes tirèrent la conclusion qu’ils étaient du même côté que les socialistes. En 1897, les travailleurs daensistes participèrent avec des drapeaux verts à la manifestation du premier mai à Alost.
L’opposition du monde politique et de l’Eglise poussèrent le Daensisme plus à gauche. S’y trouvaient des revendications pour le suffrage universel, les droits linguistiques des travailleurs flamands, les salaires et les conditions de travail,… De l’autre côté, la cassure avec les autorités de l’Eglise entraîna un manque de moyens qui, combiné audéveloppement très rapide du parti mena à une certaine frustration dans les rangs daensistes.
En 1907, Adolf Daens décéda après son retrait de la vie publique. Le Parti Populaire Chrétien déclina, commença à se diviser et finalement la majorité des membres rejoignirent les socialistes tandis que d’autres se dirigèrent vers le mouvement flamand. Lors de l’enterrement de Daens, Vandervelde, président du Parti Ouvrier Belge, déclara à propos du Parti Populaire Chrétien : «Inévitablement, il devait pousser ses partisans vers le socialisme. C’est ce qui c’est passé.».
La fondation d’un parti ouvrier chrétien fut un énorme pas en avant. La nécessité d’un instrument politique propre aux travailleurs chrétiens était présente à tel point que les Daensistes obtinrent immédiatement un élu après leur première participation électorale, un an seulement après la création du parti. Ce développement du Daensisme fut aussi rendu possible par l’attitude anti-cléricale des socialistes. L’Eglise était dévouée au pouvoir et défendait les intérêts du capitalisme, mais beaucoup de travailleurs ne voulaient pas rompre avec leur religion à cause de ça.
Les socialistes ont tiré insuffisamment les leçons du Daensisme. La coopération ne laissa pas assez d’espace pour les accents et sensibilités spécifiques. Une opportunité fut donc manquée d’unir les socialismes rouge et vert, ce qui les affaiblit tous les deux.
Aujourd’hui, parmi les syndicalistes verts et rouges émergent des discussions sur une alternative politique. Le Daensisme montre que le développement d’un parti ouvrier chrétien peut se produire très vite, mais que l’unité entre les socialistes rouges et verts est nécessaire pour utiliser ce potentiel et construire un nouveau parti ouvrier commun et fort.
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Logement. C’est à Gand que le prix des maisons augmente le plus vite
L’enquête de l’agent immobilier Century 21 démontre que le prix moyen d’une maison à Gand a doublé cette dernière décennie, passant de 46.258 euros en 1993, à 91.775 euros en 2003, soit une augmentation de 98%.
Kristof Bruylandt
Gand est donc la ville où les prix immobiliers augmente le plus, mais reste relativement “bon marché” par rapport à Anvers, Bruges, Bruxelles, Louvain et Hasselt, où une maison coûte au moins 100.000 euros. A Courtrai et Malines, on paie un peu moins.
L’échevine gantoise de l’urbanisme Karin Temmerman pense savoir pourquoi à Gand les prix ont tellement grimpé, Par ses projets prestigieux de renouvellement, la ville est redevenue attractive et « tendance » pour des habitants plus aisés qui veulent à nouveau vivre dans la veille ceinture du 19e siècle. Le nombre d’habitants progresse légèrement chaque année et la demande fait grimper les prix.
Elle reconnaît ainsi que la rénovation de la ville provoque l’éviction sociale. Les bas revenus qui pouvaient encore se permettre une petite maison, sont maintenant simplement éjectés par le marché, ou alors sont expropriés par la ville pour faire de la place aux revenus élevés. On appelle cela « créer un mix social sain » et cette politique est évaluée positivement par des géographes comme le professeur gantois Saey comme « courageuse et nécessaire pour pouvoir continuer à financer les services du centre-ville (bibliothèques, écoles, culture,…) ».
Voilà le cynisme asocial des pseudo « réalistes »! Que dire de Groen ! (ex-Agalev), s’inquiétant tellement de la qualité de l’habitat que selon Dirk Holemans (éphémère président des verts) les maisons du 19e siècle peuvent toutes être démolies parce qu’elles ne remplissent pas les normes actuelles de qualité. Nous sommes les derniers à nier que la qualité d’habitation dans la ceinture du 19e siècle doit être améliorée. Mais on ne peut le faire en chassant les pauvres pour les remplacer par des familles plus aisées. Au contraire, il faut des investissements massifs dans la construction d’habitations sociales de bonne qualité, éparpillées dans toute la ville.
Dans le quartier gantois de Brugse Poort, 89 maisons modestes vont être démolies pour n’être remplacées que par 60 habitations (surtout des appartements) pour un autre public. Les habitants actuels sont expropriés vers des buildings gris et peu attractifs, éloignés du centre.
Le loyer de ces « habitations sociales » a augmenté au cours des 3 dernières années de 9% parce que les sociétés de logements sociaux sont à court d’argent. On a fait payer le déficit par les socialement faibles. Gand fourmille de projets, mais ils rencontrent la résistance des habitants lésés. Le projet le plus récents « des ponts vers le Rabot », un projet de prestige près du nouveaux palais de justice, est désapprouvé même par l’administration, qui le juge futile.
La rénovation de la ville doit se faire en premier lieu en dialogue avec les habitants des quartiers concernés. On doit leur offrir une alternative attractive en cas de démolition. Pour pouvoir faire cela, il faut une politique de logement qui peut faire baisser les prix en augmentant l’offre sociale. Et pour cela il faut de l’argent.
A Gand, il y a maintenant une dizaine de projets de construction à grande échelle, dont la construction du port de yacht Portus Ganda, ouvrir le Nederschelde, le forum de musique, etc. En soi il n’y a peut-être rien à dire contre ces projets, si ce n’est qu’ils sont prioritaires sur un besoin humain important, un logement abordable et de bonne qualité. Une ville comme Gand peut tirer de son port et de son industrie assez de moyens pour remplir ses caisses afin que le centre-ville soit fonctionnel tout en donnant aux habitants un logement de qualité et d’autres services publics. Mais l’establishment politique ne demande rien au capital, privatise même ses services et présente la note aux revenus les plus bas. J’aimerais bien qu’on m’explique ce qu’il y a de «courageux» dans cela et pourquoi cette politique, personnalisée par le bourgmestre Frank Beke, mérite le Prix de la Démocratie !