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Tag: Bretagne
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Alimentation : Qu’est ce qu’on s’en fout de vos profits !
‘‘Excusez-moi Monsieur, mais je voudrais un peu plus de nourriture’’. Il n’y a pas que les orphelins des romans de Dickens qui doivent se battre pour un produit de base : la nourriture. Des milliards d’êtres humains à travers le monde souffrent soit de malnutrition, soit d’obésité. Même dans les pays capitalistes dits ‘‘développés’’, leur système basé sur les profits semble incapable d’offrir un régime alimentaire équilibré à la population. Iain Dalton, de notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles le Socialist Party, observe ici les effets du capitalisme sur la nourriture et développe l’intérêt de réponses réellement socialistes.
L’envolée des prix des denrées alimentaires
Plus de 18 millions de personnes dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest sont actuellement en danger de mort car les récoltes ont été très mauvaises et les prix des denrées alimentaires n’ont cessé d’augmenter. En 2011, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture rapportait que les prix alimentaires mondiaux étaient à leur plus haut niveau depuis le début des recensements en 1990.
En 2010, la Banque Mondiale estimait qu’environ un milliard d’êtres humains sur les sept milliards que comptent la population mondiale souffraient de malnutrition. Chaque année, six millions d’enfants à travers le monde meurent de malnutrition avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans.
En Grande-Bretagne, les mesures d’austérité sont combinées à une augmentation des prix. En 2011, un chiffre record de 129.000 personnes ont eu recours aux banques alimentaires. Cela démontre que de plus en plus de gens sont obligés de faire le choix entre manger ou se chauffer. Selon les chiffres du gouvernement, les prix des denrées alimentaires au Royaume Uni ont enregistré une hausse de 26% entre 2007 et 2011.
La sécheresse aux Etats-Unis
Un des facteurs qui explique l’explosion des prix en cette période, c’est la sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Dans un rapport qui fait plus penser à la situation de l’Afrique subsaharienne qu’à celle des Etats-Unis, le journal britannique The Guardian rapportait: ‘‘Certaines tiges arrivent à hauteur du menton, mais ne produisent pas d’épis de maïs. D’autres sont aussi épaisses que des ananas. Et le soja qui devrait atteindre la hauteur du genou frôle à peine le tibia.’’ Environ un tiers du territoire des Etats-Unis est désormais officiellement considéré comme une zone sinistrée. En juillet, le Centre national de données climatiques (NCDC) a découvert que 55% du territoire des Etats-Unis était frappé par une sécheresse d’un niveau moyen à extrême selon les zones. De plus, des feux sauvages se sont déclarés dans l’Utah et au Colorado.
Le gouvernement des Etats-Unis estime qu’un tiers des récoltes de maïs et de soja est en mauvais état, mais les travailleurs sur le terrain pensent que les dégâts sont bien pires. Un fermier a déclaré dans une interview à The Guardian : ‘‘Techniquement, certains aliments ne vaudront même pas la peine d’être récoltés car ils ne pourront pas être vendus au prix de la production.’’
Le 23 juillet dernier, le prix du maïs avait atteint le prix de $8 (=6,30€) le boisseau, alors qu’en 2006, son prix était de $2 (=1,50€). Cela aura un effet dévastateur sur les prix du lait et de la viande car le maïs est utilisé dans l’alimentation d’une grande partie des animaux. Certains fermiers ont même été contraints de nourrir leur bétail avec certains types de confiseries bons marché.
Le bétail est abattu car les fermiers américains ne peuvent plus se permettre les prix élevés de leur nourriture. Les refuges pour chevaux ont dû accueillir de nouveaux animaux et une baisse de 70% a été enregistrée dans la vente de tracteurs et autres machines agricoles dans certaines parties du Mid-Ouest.
La situation actuelle aux Etats-Unis est comparable à la pire sécheresse que la région de la Mer Noire en Russie ait connue en 130 ans et qui avait eu pour conséquence une escalade des prix du blé. Vu que le changement climatique conduit à de plus en plus d’évènements climatiques extrêmes tels que des sécheresses, des tsunamis et des inondations, les effets dévastateurs sur la production alimentaire s’en feront ressentir.
Avec 40% du maïs américain utilisé dans la production de l’éthanol, le débat sur la question des biocarburants fait rage. Certains Etats ont rapporté que beaucoup d’usines d’éthanol et de bio-diesel sont en train de réduire leur production ou de fermer temporairement. D’innombrables sommets ont démontré que les politiciens qui ne défendent que les grandes entreprises sont incapables de prendre des mesures nécessaires contre les puissants lobbys de l’énergie.
Spéculation
Il y a d’autres facteurs qui influencent les prix des denrées alimentaires. Lorsque les banques sont entrées en crise en 2007-2008, une vague de spéculation a déferlé sur les matières premières futures, dont des aliments comme le sucre et le bétail. Leurs valeurs totales sont passées de moins de $2 milliards (=1,5 milliard d’euros) en 2004 à $9 milliards (= 7 milliard d’euros) en 2007. Les grandes Institutions qui achètent et retiennent des biens sur de longues périodes de temps ont commencé à investir dans la bulle spéculative des matières premières, ce qui a non seulement fait augmenter les prix mais a aussi coupé les provisions, principalement dans les économies en développement.
Les spéculateurs ont de nouveau fait face à la dernière crise en date en pariant massivement sur les prix alimentaires. Leur attitude face à l’augmentation des prix est très bien résumée par un des gérants de fonds: ‘‘c’est comme si on avait ouvert un énorme robinet à argent’’ (Bloomberg 23 juillet)
Le journal The Economist a récemment déclaré à brûle-pourpoint: ‘‘les prix élevés sur la nourriture ne pèsent pas seulement sur les revenus des pauvres, mais ils mènent aussi à plus d’agitations politiques à travers les monde.’’
En 2008, des émeutes de la faim ont explosé en Afrique de l’Ouest, en Haïti, au Maroc, au Bangladesh et aux Philippines. Après la grève générale du pain qui a eu lieu dans la ville de Malhalla, en Egypte, l’armée a reçu l’ordre de cuire et de distribuer du pain subventionné afin d’empêcher de futures protestations.
Alors que la Tunisie et l’Egypte étaient en plein milieu d’une période révolutionnaire au début de l’année 2011, sous l’impulsion notamment de l’essor des prix des denrées alimentaires, l’Algérie achetait plus de 800 000 tonnes de blé et l’Indonésie 800 000 tonnes de riz. Les deux élites au pouvoir essayaient ainsi d’empêcher que la révolution ne s’étendent jusqu’à leurs frontières.
Néanmoins, cette option de conjurer les soulèvements a ses limites. Et on observe que de nombreux pays ont sévèrement réduit leurs réserves de grains ne les jugeant pas nécessaires.
Pourtant, les menaces auxquelles la production alimentaire fait face sont bien réelles, notamment celle du changement climatique. Mais la plus sérieuse, c’est la manière dont la nourriture est produite. Tant que l’industrie alimentaire sera contrôlée par des compagnies privées qui privilégient les profits et que les spéculateurs contrôleront les prix, des millions d’êtres humains continueront de mourir de faim ou de souffrir de malnutrition. En Occident, la sous-alimentation dans les familles pauvres s’aggrave pendant que des millions d’autres familles doivent faire face à d’autres types de problèmes de santé, tel que l’obésité. La raison de tout ces maux, c’est une nourriture malsaine et fortement traité mais rentable!
Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde, dont le Parti Socialiste de Lutte en Belgique, revendiquent que la production alimentaire, de même que les autres secteurs clés de l’économie, soient nationalisés sous le contrôle démocratique des travailleurs afin d’être intégrés dans une planification démocratique de la production. Une fois rayée la soif de profits du capitalisme, il est tout à fait possible d’éradiquer la faim dans le monde.
Nos revendications:
- Mise en place de comités populaires, avec les syndicats et les groupes de consommateurs, afin de surveiller les prix et de mesurer la réelle augmentation du prix de la vie pour les travailleurs.
- Transparence des comptes des grandes entreprises qui dominent l’industrie alimentaire et l’économie, afin de déterminer leurs coûts réels, leurs profits, les salaires et bonus des cadres, etc.
- Augmentation immédiate du salaire minimum afin qu’il atteigne £8 (=10€) de l’heure, et des augmentations régulières afin de couvrir la hausse des prix. Une augmentation substantielle des pensions et autres acquis sociaux afin que ceux-ci reflètent le coût réel de la vie. Des investissements massifs dans un programme de création d’emplois.
- Nationalisation des plus grandes compagnies agricoles, de gros, de détail et de distribution, ainsi que des banques et des institutions financières. Des compensations ne seraient octroyées que sur base de besoins prouvés.
- Investissements massifs dans la recherche et le développement de ressources d’énergies renouvelables alternatives sures, ainsi que le développement de techniques qui mettraient un terme aux techniques agricoles néfastes à l’environnement et à la santé de la population.
- Planifier la production et la distribution agricole afin d’offrir de la nourriture réellement nutritive pour tous de façon durable plutôt qu’en préconisant les profits à court terme d’une minorité au sommet.
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Génération perdue ? No way ! Luttons contre le capitalisme !
Quand on regarde le JT, quand on lit la presse ou quand on écoute un politicien traditionnel parler de la jeunesse, une seule chose ressort : échec. On ne nous insulte pas, on constate. Une génération gavée de malbouffe, incapable de faire autre chose que jouer à la Playstation, de se droguer et de brûler des voitures. Si le chômage reste pour beaucoup la réalité, c’est de leur faute. Pas assez intelligents, pas assez motivés, pas assez travailleurs. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont comme perspective qu’un Etat qui veut limiter leurs libertés, licencier leurs parents et augmenter leurs minervals.
Par Nicolas P (Bruxelles), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Or, déjà fin 2008, le Bureau International du Travail prévenait dans son rapport sur l’emploi des jeunes que ‘‘l’incapacité à trouver un emploi génère un sentiment d’inutilité et de désoeuvrement parmi les jeunes qui peut provoquer une hausse de la criminalité, des problèmes mentaux, de violence, de conflits et de drogue’’. La réponse de nos politiciens est claire, et elle l’a toujours été : plus de policiers, la prison pour les mineurs, des coupes dans l’enseignement et une austérité permanente.
Malgré un nombre de diplômés plus élevé que par le passé, les jeunes sont plus précaires et plus victimes du chômage. Et quand ils arrivent à décrocher un emploi, c’est souvent un emploi mal rémunéré et à durée déterminée (durée qu’un sympathique et consciencieux patron va, compétitivité oblige, renouveler pendant des années afin d’éviter les charges sociales). Alors la jeunesse serait-elle une génération perdue ? Résignée ? Soumise ?
Partout dans le monde ce sont les jeunes qui sont à la pointe de la lutte pour un monde différent, un monde plus juste, un monde souhaité par les peuples et pas imposé par les marchés. Nous, les Etudiants de Gauche Actifs, nous pensons que la jeunesse peut et doit encore jouer ce rôle.
A travers, entre autres, des campagnes contre le racisme et pour l’emploi en Grande-Bretagne (Youth Fight for Jobs ainsi que Youth fight against racism), la participation au mouvement étudiant au Québec, le mouvement Occupy et des Indignés aux Etats-Unis et en Espagne (notamment), la résistance face à l’austérité en Grèce, nos organisations soeurs, partout dans le monde, luttent pour que les jeunes s’organisent et participent à la construction d’un monde où une poignée de banquiers et de politiciens ne décide pas de l’avenir de la population, condamnée à la misère et aux inégalités.
A la dictature des marchés et à la violence de nos politiciens, nous répondons : Résistance ! Nous militons pour la baisse du temps de travail sans perte de salaire pour contrer le chômage, pour que le budget consacré à l’enseignement repasse la barrière des 7% du PIB afin que celui-ci soit réellement de qualité et accessible à tous, et pour la nationalisation et la gestion par la population des institutions financières et des secteurs clés de l’économie. Si toi aussi tu es convaincu qu’un jeune n’est pas un mouton à qui on fait croire que son destin est de se soumettre toute sa vie, contacte-nous et aidenous à faire de la justice et de la liberté des réalités et non plus des annonces électorales, aide nous à lutter contre le capitalisme !
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Il nous faut un programme d’urgence pour les logements sociaux!
Un logement abordable et de qualité pour tous !
Ces dernières années un vieux phénomène a resurgi dans les grandes villes : la pénurie de logements. Alors que différentes villes ne ménagent pas leurs efforts pour faire venir des habitants (pour qu’ils paient des taxes), nous assistons à une augmentation du nombre de sans-abri. Certains pensent qu’il s’agit d’une conséquence de la crise économique. C’est correct, mais en partie seulement. La pénurie de logements sociaux est une politique consciente. Les politiciens veulent surtout attirer des familles avec deux salaires et l’absence de nouveaux logements sociaux capable de faire une pression à la baisse sur les prix sur le marché entraîne une incapacité de louer ou acheter un logement pour beaucoup de gens.
Par Jarmo Van Regemorter
Des chiffres dramatiques
A Anvers, il y a 20.000 familles en attente d’un logement social. Le prix moyen pour acheter un logement a augmenté de 99.204 euros en 2003 vers 215.414 euros en 2010. C’est plus du double ! L’augmentation y est la plus rapide du pays.
Gand fait aussi partie du top trois des villes où l’augmentation a été la plus rapide ces 10 dernières années. L’augmentation y est de 260% depuis 2000, avec bien entendu une grande incidence sur les loyers. Les promesses de nouveaux logements sociaux en restent au stade de la belle parole. A peu près 6.000 familles sont sur liste d’attente, pour une durée de plus en plus longue (deux ans en moyenne à Gand).
Si le taux de logements sociaux est d’un peu plus de 10% dans ces deux villes, à Bruxelles, ce taux chute à 7,7%. Début 2010, 37.825 familles étaient sur liste d’attente à Bruxelles. Avec un rythme de moins de 100 logements supplémentaires par an, cette liste n’est pas prête de diminuer.
Un programme d’urgence de construction de logements sociaux, maintenant !
Aujourd’hui, il n’est pas possible de fournir un logement convenable à chacun. Il n’existe que 7% de logements sociaux dans tout le pays. C’est moins qu’aux Pays-Bas (32%), en France (17%) ou en Grande-Bretagne (18%). Nous avons grand besoin d’un programme d’urgence pour répondre aux besoins sociaux. Un tel programme aura aussi un effet modérateur sur les prix des logements du marché privé, ce qui est également nécessaire pour répondre à la pénurie.
Il faut aussi s’occuper de la qualité de vie aux environs des logements sociaux, loin d’être toujours optimale. De nombreux blocs sont anciens, ou de piètre qualité. Ils sont parfois gérés par des sociétés de logement social en partenariat public-privé qui se plient à la ‘loi du marché’. Il existe aussi un problème de fraude avec des propriétaires qui achètent différents logements sociaux pour ensuite les louer à des personnes dans le besoin à des prix exorbitants.
Les seules mesures actuellement prises ne sont que des mesures discriminatoires. En Flandre, des exigences linguistiques ont été introduites pour masquer le réel problème de la pénurie en pointant les immigrés comme les responsables de la situation. Au lieu de semer la division, il faut s’en prendre aux causes de cette pénurie.
Le gouvernement doit prendre ses responsabilités
Une question aussi importante que le logement ne peut pas être laissée aux mains des spéculateurs privés. Le gouvernement doit jouer un rôle actif et prendre entièrement en mains les sociétés de logement social afin de lancer un programme de construction massif.
Les partis traditionnels ne vont rien changer. Dans le meilleur des cas, ils s’en tiennent à répéter leurs anciennes promesses électorales. La politique actuelle de logement n’en est pas une, ce n’est qu’une mauvaise gestion où domine le laisser aller. Il nous faut un changement radical pour mettre les besoins sociaux au centre des préoccupations.
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Hong-Kong : 15 ans après le retour à la Chine, la démocratie est toujours absente et les inégalités sont plus grandes que jamais.
Ce premier juillet, alors que Hong-Kong fêtait le 15e anniversaire de son retour à la Chine, une manifestation antigouvernementale massive a eu lieu. L’an dernier, plus de 200.000 personnes avaient participé à cet évènement devenu annuel depuis 2003. Cela suffit à démontrer les vives tensions qui existent dans les relations entre le gouvernement central de Pékin et la région administrative spéciale de Hong Kong, depuis que celle-ci a été rétrocédée par les Britanniques en 1997.
chinaworker.info
La manifestation « 7.1 » (pour le premier juillet) organisée cette année était un baptême du feu pour le nouveau chef exécutif (à la tête du gouvernement), Leung Chun-ying, alors qu’il entrait au pouvoir. Leung, que l’on surnomme CY, est un politicien capitaliste avec des tendances clairement autoritaires. Il est aussi soupçonné d’être membre du parti ‘‘communiste’’ au pouvoir (PCC). Comme beaucoup d’autres membres de l’élite, Leung nie ces allégations en bloc. Même si le PCC détient les rênes du pouvoir, officiellement, il n’existe pas à Hong-Kong, et préfère opérer dans l’ombre.
Le PCC est fortement impopulaire, surtout parmi les jeunes. En tant que parti officiel, s’il n’avait pas le monopole politique qu’il exerce en Chine continentale, le PCC serait inévitablement miné par des dénonciations populaires plus fréquentes, des sondages d’opinions défavorables et des pertes majeures au niveau électoral. Cela remettrait fortement la légitimité du parti en question, et pas seulement à Hong-Kong.
La commentatrice et auteure libérale, Christine Loh décrit le système hongkongais assez poliment en le qualifiant de ‘‘capitalisme antidémocratique’’. Même si cette zone du territoire jouit d’un certain degré d’autonomie, le peuple ne peut pas élire de gouvernement car celui-ci est désigné d’office par la dictature du PCC, en consultation avec les milliardaires d’Hong-Kong, les Tycoons. Le PCC a conservé le système gouvernemental antidémocratique hérité des Britanniques, et n’y a apporté que très peu de modifications.
Les vagues de manifestations successives et les revendications pour ‘‘une personne, une voix’’ qui ont été scandées par les masses ont été accueillies par le gouvernement central et ses représentants locaux par des tactiques de retardement, des pseudos ‘‘réformes’’ et d’autres manœuvres de ce type. Les Tycoons capitalistes et le conglomérat qui contrôle l’économie ne cachent pas leur opposition face à une transition démocratique plus rapide. Ils avancent que cela conduirait à un Etat-Providence et que cela minerait fortement leur compétitivité (c’est-à-dire leurs profits). La faible cadence des changements démocratiques est l’une des causes principales de ce sentiment antigouvernemental. D’autres facteurs tels que la crise immobilière, l’extrême disparité des richesses, le copinage entre les hommes d’affaires et les hommes d’Etat, etc. ont poussé le mécontentement au sein de la population à un point de non-retour.
Malgré le caractère antidémocratique de son système, Hong-Kong est souvent considéré comme ‘‘l’économie la plus libre du monde’’ par les think tanks libéraux. La Fondation Heritage (l’un des plus importants think tank conservateur américain lié au Wall Street Journal) place régulièrement Hong-Kong au sommet de ses listes des ‘‘économies les plus libres’’. Si on veut établir une comparaison, dans les listes récentes, la Grande-Bretagne est arrivée 14ième et l’Allemagne 26ième.
Extrême disparité des richesses
Néanmoins, selon les Nations Unies, Hong-Kong détient le record de la disparité des richesses de toutes les économies développées. De nombreuses études observent que cette région détient aussi celui des ‘‘logements les moins abordables au monde’’. Les prix des logements ont augmenté de 82% depuis la fin de l’année 2008. Ces prix ont été fortement propulsés par le dollar américain bon marché et les taux d’intérêts américains extrêmement bas (par lequel Hong-Kong est lié à travers un ancrage de la devise) et un afflux du capital en provenance de la Chine continentale en quête de gains spéculatifs et d’un moyen de contourner les contrôles du capital exercés par Pékin. Les continentaux représentent plus d’un tiers des contrats de propriété immobilière depuis 2008.
Hong Kong accueille plus de millionnaires que n’importe quelle autre ville de cette taille, mais ne dépense qu’une fraction de ce que les autres économies allouent à leurs services sociaux, leurs systèmes d’éducation et leurs pensions. On estime qu’environ 300.000 personnes (des femmes pour la majorité) ramassent les poubelles dans la rue chaque jour afin de gagner un peu d’argent grâce au recyclage. Et depuis que le pays a récupéré Hong Kong, la disparité en Chine a encore augmenté. La proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 14,8% en 1995 pour atteindre 18% aujourd’hui. Alors que le PIB a augmenté de 30% ces dernières années, le salaire moyen mensuel a stagné, variant de 10000$HK en 2011 à 11000$HK aujourd’hui, partiellement à cause de la réduction du salaire minimum de l’année dernière.
L’empire des Tycoons
A Hong Kong, le terme ‘‘propriété hégémonique’’ est largement répandu. Il décrit la manière dont certaines dynasties de Tycoons contrôlent la majeure partie de l’économie. Ils détiennent des empires d’entreprises composés de propriétés immobilières, de compagnies de construction, d’hôtels, de services de transport, de télécommunications, de magasins et de banques. Quatre familles de Tycoons à elles seules (menée respectivement par Li Ka-shing, les frères Kwok, Lee Shau-Kee et Cheng Yu-tung) contrôlent une bonne moitié de l’économie. De plus, ils ont été capables de se renforcer grâce aux liens étroits qu’ils entretiennent avec le PCC depuis la passation de pouvoir.
Li Ka-shing est l’homme le plus riche d’Asie. Il détient des compagnies dans plus de 50 pays, comme par exemple, les compagnies des eaux et de l’électricité de Grande Bretagne, d’Australie et du Canada. On dit souvent que sur chaque dollar dépensé à Hong Kong, 5 centimes tombent directement dans la poche de Li Ka-shing. Les avoirs étrangers nets de Hong Kong (les compagnies privées, de sécurité, les actions, etc.) sont les plus élevés au monde avec un taux de 288% du PIB, dépassant la Suisse à qui revient la seconde place, avec 157% du PIB. On voit bien que les Tycoons de Hong Kong ont été capables d’élargir leur champs d’influence bien au-delà des frontières, et ce, surtout grâce à des transactions foncières avec la Chine continentale.
Alliance avec les Tycoons
Le PCC a tissé des liens étroits avec les Tycoon hongkongais depuis le début des années ’80, lorsque les négociations ont commencé avec les Britanniques, par rapport à l’avenir du territoire. Le PCC a adopté la doctrine ‘‘utilisons les affaires afin de diriger la politique’’, une tactique qui a été remise au goût du jour à Taiwan récemment, lorsqu’une alliance a été formée avec les grands capitalistes Taïwanais. Sur les 20 plus grandes compagnies d’exportation chinoises, 10 appartiennent à Taiwan.
Dans le cas d’Hong Kong, les Tycoons et les libéraux sont désormais les acteurs principaux de l’économie continentale. Les prêts consentis au secteur privé de la Chine continentale par les banques kongkongaise valent 200% de son PIB, c’est-à-dire 280 milliards de dollars. Ce phénomène s’observe surtout depuis la passation de pouvoir en 1997, l’économie de Hong Kong s’est construite sur le ‘‘blanchiment d’argent’’ pour faciliter les mouvements des capitaux depuis la Chine continentale et éviter ainsi les contrôles du gouvernement. La plus grosse partie de cet argent est ensuite ré-envoyé vers la Chine en tant ‘‘qu’investissement étranger’’, jouissant alors de l’évasion fiscale, de territoires bon marchés (voire gratuits) et de biens d’autres avantages. Entre 1978 et 2010, Hong Kong représentait la moitié des investissements directs à l’étranger (IDE) totaux en Chine.
En 1985, afin de préparer la passation de pouvoir, Pékin a mis sur pied un Comité d’élaboration de lois (the Basic Law Drafting Committee -BLDC) afin de rédiger une ‘‘constitution’’ pour Hong Kong. Ce comité était composé de 23 membres hongkongais sur un total de 59 membres. Et sur les 23 membres choisis, 12 étaient des Tycoons. Le Tycoon Pao Yue Kong, fondateur d’une entreprise maritime mondiale, et David KP Li, président de la banque d’Asie de l’est, sont tous deux devenus vice-présidents de la BLDC. Ce qui montre, selon Christine Lo, ‘‘l’ambition de la part de Pékin de former une alliance avec les capitalistes’’. La constitution qui en a découlé, ‘‘la législation de base’’ impose le capitalisme comme ‘‘unique système pouvant être exercé à Hong Kong, et ce jusqu’à 2047’’ (soit 50 ans après la passation de pouvoir). Elle rend même hors-la-loi tout déficit budgétaire afin de lui servir de bouclier contre ‘‘l’assistanat’’.
Même si le BLDC n’existe plus, les Tycoon sont toujours surreprésentés parmi les représentants hongkongais sélectionnés pour participer aux institutions quasi-gouvernementales chinoises, comme par exemple, le Congrès National Populaire (NPC) ou encore la Conférence Consultative Politique Populaire Chinoise (CPPCC). Ce processus d’intégration des grands capitalistes avec le régime en place du PCC a commencé à Hong Kong mais s’est répandu par la suite ; il atteint même le continent aujourd’hui.
Pendant toute cette période, Pékin a travaillé de concert avec la classe des capitalistes de Hong Kong afin de mettre un frein au suffrage universel et aux revendications pour le droit à la sécurité sociale. Dans ses mémoires, l’ancien responsable de la branche hongkongaise de l’agence Xinhua (précurseur du bureau de liaison du gouvernement central) Xu Jiatun confesse ‘‘certains capitalistes et certains membres des hautes strates de la société pensaient qu’ils pouvaient compter sur la Chine afin de résister aux tendances démocratiques de Hong Kong.’’ Xu exprimait ainsi ses peurs de voir ‘‘un vote pour une personne’’ se mettre sur pied, ce qui ‘‘ferait perdre le contrôle de Hong Kong à Pékin.’’ (Propos recueillis dans le livre de Christine Loh, Underground Front, HK University Press, 2010.)
L’Article 23
En utilisant son alliance avec les Tycoons, le PCC a aussi été capable de museler la ‘‘presse libre’’ hongkongaise. La plupart des médias Tycoons ont des intérêts financiers sur le continent et des positions clés au sein du corps gouvernemental de continent. Les patrons qui contrôlent le câble télévision : le groupe Sing Tao (Charles Ho), le groupe Oriental Press (Ma Ching Kwan) ainsi que Wheelock (Peter Woo) sont tous membres du PCC. C’est aussi le cas de Victor Li, le fils de Li Ka-shing dont l’empire financier détient la société de diffusion du Metro. En 2003, lorsqu’un demi-million de personnes se sont mobilisées afin de combattre la proposition de loi sécuritaire sur la répression, l’Article 23, les Tycoons tels que Li Ka-shing, Stanley Ho et Gordon Wu l’ont publiquement soutenue. L’article 23 limiterait le droit de rassemblement, de libre expression, et d’autres droits démocratiques comme les ‘‘liens avec des organisations étrangères’’ telles que le Comité pour une Internationale Ouvrière.
La manifestation monstre du “7.1” qui s’est déroulée en 2003, a établi une nouvelle tradition, constituée de manifestations de masse pour la démocratie chaque année le même jour. Cette année, alors que CY prend le pouvoir, l’Article 23 est remis sur la table. Son gouvernement, avec le soutien de Pékin, va sans aucun doute tenter de faire passer une nouvelle proposition de loi, et il s’attirera le soutien de certains ‘‘libéraux démocrates’’ en échange de petites concessions ou même peut-être contre des sièges dans un gouvernement de ‘‘coalition’’. Ces politiciens pro-capitalistes ont montré à de nombreuses reprises que leur soutien à la démocratie se limite à des mots.
Mais à la base de la société, une opposition massive se forme contre de nouvelles législations répressives et la frustration monte face aux promesses éternellement brisées concernant le suffrage universel.
La disparité grandissante de richesses entre les détenteurs du pouvoir et le peuple conduiront à des explosions sociales, avec des répercussions sans précédents en Chine continentale et dans la région. Mais l’histoire du long chemin parcouru par Hong Kong depuis la domination coloniale jusqu’à leur fragile ‘‘autonomie’’ illustre que la lutte pour une démocratie véritable est inséparable de la lutte contre le capitalisme et pour l’instauration d’une société socialiste démocratique.
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Syrie : Le massacre de Houla augmente la crainte d’une véritable guerre civile
Le meurtre de 108 personnes près de la ville syrienne de Houla a interpelé et choqué dans le monde entier. Le meurtre de 49 enfants, dont beaucoup ont été tués à bout portant, est particulièrement odieux. Les tensions sectaires alimentées par cet acte barbare font planer la terrible menace d’un glissement vers un conflit plus large et d’une véritable guerre civile. Comme toujours, les travailleurs et les pauvres en souffriront le plus. En lutte contre le régime brutal de Bachar El Assad, la classe ouvrière doit s’opposer au sectarisme et à l’intervention impérialiste
Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière
Depuis 15 mois maintenant, des manifestations massives ont lieu dans beaucoup d’endroits de Syrie contre le règne dictatorial de la famille Assad, qui dure depuis plus de 40 ans. A l’origine, ces protestations se sont déroulées dans le cadre des révolutions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Mais en l’absence d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière dirigeant la lutte et avec de plus en plus d’intervention dans la région de la part de régimes réactionnaires tels que ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite ainsi que l’ingérence impérialiste, le conflit syrien a de plus en plus adopté un caractère de guerre civile teinté de sectarisme.
Les puissances occidentales, en particulier les USA, la Grande Bretagne et la France, ont été rapides à condamner les atrocités de Houla. Elles ont fait reporter tout le poids de la faute sur le régime syrien du président Bachar el-Assad, qui décline de son côté toute responsabilité. Il est certain que beaucoup de témoins et de survivants accusent les forces armées syriennes et les gangs de Shabiha (qui peut se traduire par ‘‘bandits’’), qui massacrent et enlèvent régulièrement les opposants. Les investigateurs de l’ONU ont dit qu’il y a des indices que les Shabiha aient accompli au moins une partie de la tuerie des 25 et 26 mai.
Les accusations des puissances impérialistes sont toutefois profondément hypocrites et écœurantes. Des centaines de milliers de civils ont perdu la vie en Irak comme en Afghanistan du fait de l’invasion occidentale et de l’occupation. Dans le cadre de leur quête de pouvoir, d’influence et de contrôle des ressources, des attaques aériennes impérialistes de drones ont quotidiennement lieu au Pakistan, en Somalie et au Yémen. Le lendemain du massacre de Houla, une attaque de l’OTAN dans l’est de l’Afghanistan a déchiqueté les 8 membres d’une famille.
Les puissances occidentales justifient l’utilisation de la force militaire en déclarant attaquer des cibles ‘‘terroristes’’, ce qui est une rhétorique similaire à celle de la dictature de Bachar el-Assad. Dans les deux cas, ces attaques au hasard, approuvées par l’Etat, équivalent à des exécutions sommaires et à de potentiels crimes de guerre.
Environ 15.000 personnes sont mortes en Syrie, majoritairement des mains de l’armée Syrienne et des forces pro-Assad, depuis l’insurrection de mars 2011. Mais sous le mandat d’Obama, plus de 500 civils ont été tués par des attaques aériennes dans le seul Pakistan, dont 175 enfants.<p
A couteaux tirés
Les USA, appuyant l’opposition syrienne, et la Russie, soutenant le régime d’Assad, sont de plus en plus à couteaux tirés à mesure qu’empire la situation du pays. Cela se traduit par des conflits au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la manière de traiter la dossier syrien.
La Russie et la Chine ont voté contre les résolutions anti-Assad soutenues par les USA, la Grande Bretagne et la France. Malgré cette rhétorique, les positions des USA et de la Russie n’ont rien à voir avec la situation critique du peuple Syrien. Elles sont liées aux intérêts de leurs classes dominantes respectives et à celles de leurs plus proches alliés.
Les USA, la Grande Bretagne et la France ont clairement affirmé qu’ils veulent la fin du régime d’Assad. Depuis longtemps, ils le considèrent comme un obstacle à leurs intérêts impérialistes dans la région. Ils veulent à sa place un gouvernement docile et pro-occidental. Suite aux révolutions de l’année dernière qui ont renversé deux alliés cruciaux de l’occident dans la région – Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte – les puissances impérialistes sont déterminées à s’assurer que la révolte populaire en Syrie ne dépasse pas des barrières de ‘‘l’acceptables’’ (c’est-à-dire vers une position d’indépendance de classe) et qu’elle reste à l’avantage des impérialistes.
Les USA instrumentalisent l’échec du ‘‘plan de paix’’ de Kofi Annan (émissaire conjoint de l’Organisation des Nations unies et la Ligue arabe sur la crise en Syrie ) pour menacer d’entrer en action ‘‘en dehors du plan Annan’’ et de l’autorité du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avec le soutien des plus proches alliés dans le conflit Syrien ; la Grande Bretagne et la France. Cela rappelle l’infâme coalition militaire menée par George Bush et Tony Blair qui a envahi l’Irak en toute illégalité.
D’un autre côté, la Russie considère le régime d’Assad comme un allié crucial dans la région, un allié qui lui offre un accès à un port de Méditerranée. Le ministre russe des affaires étrangères a ainsi indiqué qu’il pourrait être préparé à mettre en œuvre ce qu’il appelle la ‘‘solution Yéménite’’, c’est-à-dire qu’Assad soit renversé alors que la plupart de la structure de son régime resterait en place. Cette solution est calquée sur un plan de la Ligue Arabe au Yémen, où le président Ali Abdullah Saleh a perdu le pouvoir en février 2012, après des mois de manifestations massives.
Le Kremlin est cependant fermement opposé à toute intervention militaire occidentale, en particulier après l’expérience amère du conflit libyen l’an dernier. La Russie soutenait une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU basée sur la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, une ‘‘no-fly-zone’’. Mais les puissances occidentales ont utilisé cette résolution pour permettre une intervention armée de l’OTAN en Lybie, déviant la révolution de sa trajectoire, renversant le régime du Colonel Kadhafi et, selon leurs propres termes, installant un régime pro-occidental.
L’OTAN
Bachar el-Assad ne semble pas prêt de perdre le pouvoir ou d’être placé devant le risque imminent d’un coup d’Etat. Alors que la Syrie est frappée par des sanctions économiques, une part significatrice de la population dont beaucoup d’hommes d’affaires sunnites, n’ont pas encore catégoriquement rompu leurs liens avec le régime. Damas parie aussi sur le fait que l’Ouest serait incapable de mener une intervention militaire directe du type libyen.
Le ministre des affaire étrangères britannique, William Hague, a récemment menacé qu’aucune option ne puisse être écartée dans le traitement de Bachar el-Assad, laissant entendre la possibilité d’une action militaire occidentale. Mais l’attaque de l’OTAN contre la Lybie l’an dernier ne peut pas tout simplement être répétée en Syrie, un pays qui possède une population beaucoup plus élevée et dont les forces d’Etat sont, selon les experts militaires, plus puissantes, mieux entrainées et mieux équipées.
Assad a à sa disposition une armée de 250.000 personnes, en plus de 300.000 réservistes actifs. L’an dernier, l’OTAN a été capable d’envoyer des milliers de missions aériennes et de missiles sur la Lybie sans rencontrer de réelle résistance. Mais la Syrie possède plus de 80 avions de chasse, 240 batteries anti-aériennes et plus de 4000 missiles sol-air dans leur système de défense aérien. Les stratèges militaires occidentaux admettent qu’une invasion du pays demanderait un effort monumental. Leurs troupes seraient irréductiblement embourbées dans de larges zones urbaines hostiles.
Quant aux diverses propositions visant à aider la population et à affaiblir le régime Syrien sans offensive militaire directe (‘‘corridor humanitaire’’, ‘‘zone d’exclusion aérienne’’,…), elles exigent tout de même des opérations militaires offensives.
Chaque ère protégée devraient très certainement être sécurisés avec des troupes au sol, qu’il faudrait ensuite défendre contre des attaques, ce qui exigerait l’envoi de forces aériennes. Les stratèges britanniques de la défense admettent qu’une action militaire quelconque contre la Syrie ‘‘conduirait presqu’inévitablement à une guerre civile encore plus aigüe et sanglante.’’
De plus, la composition complexe de la Syrie (une majorité sunnite avec des minorités chrétienne, alaouite, druze, chiite, kurde et autres) entraîne le risque de voir l’intervention militaire occidentale déclencher une véritable explosion dans la région, sur bases de divisions ethniques et sectaires.
Même sans une intervention occidentale directe, la Syrie continue de glisser vers une guerre civile ‘‘à la libanaise’’. L’implication directe des régimes locaux de droite et des puissances mondiales qui soutiennent soit l’opposition, soit le régime, encourage cela.
Les puissances sunnites réactionnaires de la région, avec à leur tête l’Arabie Saoudite et le Qatar, utilisent la crise syrienne pour appuyer leur position contre les régimes chiites. Avec le soutien des USA et d’Israël, les régimes sunnites s’opposent à l’Iran, le plus important allié de la Syrie dans la région.
Il apparait que la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres Etats du Golfe, chacun suivant son plan, acheminent des fonds et des armes à l’opposition Syrienne, avec le soutien tacite des USA. Une base de passage à la frontière existe même depuis la Turquie. Les forces d’opposition armée disent avoir tué 80 soldats syriens le weekend du début du mois de juin. En même temps, un commandant en chef des Gardiens de la Révolution en Iran a récemment admis que les forces iraniennes opèrent dans le pays pour soutenir Assad.
Patrick Cockburn, le journaliste vétéran du Moyen-Orient, a écrit que les rebelles armés ‘‘pourraient probablement commencer une campagne de bombardement et d’assassinats sélectifs sur Damas’’ (Independent, dimanche 03/06/12). Le régime d’Assad riposterait en ayant recours à des ‘‘sanctions collectives’’ encore plus sauvages. Damas serait ‘‘ victime de la même sorte de haine, de peur et de destruction qui ont ébranlé Beyrouth, Bagdad et Belfast au cours de ces 50 dernières années.’’
Le sectarisme s’approfondit. La minorité chrétienne craint de subir le même sort que les chrétiens d’Irak, ‘‘ethniquement purgés’’ après l’invasion américaine de 2003. Le régime d’Assad exploite et alimente cette peur pour se garder une base de soutien dans la minorité chrétienne, ainsi que chez les Alaouites, les Druzes et les Kurdes. Les USA, la Grande Bretagne, la France et l’Arabie Saoudite et leurs alliés sunnites dans la région ont utilisé sans scrupules la carte du sectarisme pour défendre un changement de régime à Damas et pour leur campagne contre l’Iran et ses alliés. Tout cela a des conséquences potentiellement très dangereuses pour les peuples des Etats frontaliers et dans toute la région.
Le conflit Syrien s’est déjà déployé au Liban frontalier, où le régime d’Assad a le soutien du Hezbollah, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Le conflit entre les sunnites et les alaouites pro-Assad dans la ville de Tripoli au Nord du Liban a fait 15 morts en un weekend. Ces dernières semaines, le conflit s’est dangereusement exporté à Beyrouth, faisant craindre la ré-irruption d’un conflit sectaire généralisé au Liban.
La classe ouvrière de Syrie et de la région doit fermement rejeter toute forme de sectarisme et toute intervention ou interférence impérialiste.
Intervention
L’insurrection de mars 2011 en Syrie a commencé par un mouvement authentiquement populaire contre la police d’Etat d’Assad, l’érosion des aides sociales, les degrés élevés de pauvreté et de chômages et le règne de l’élite riche et corrompue.
En l’absence d’un mouvement ouvrier fort et unifié avec un programme de classe indépendant, les courageuses manifestations massives semblent avoir été occultées et dépassées par des groupes d’oppositions armés et hargneux. Alors que beaucoup de Syriens restent engagés pour un changement révolutionnaire et résistent à la provocation sectaire, de plus en plus de dirigeants de ces forces sont influencés par les régimes réactionnaires de la région et par l’impérialisme.
Les combattants islamistes de la province irakienne d’Anbar, de Lybie et d’ailleurs ont rejoint l’opposition armée libyenne. Une attaque à la voiture piégée à Damas qui a tué un nombre de personnes record en mai dernier est largement reproché aux combattants de l’opposition liés à Al-Qaeda.
Le Conseil National Syrien (CNS), un groupe d’opposition exilé, demande une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies autorisant l’usage de la force contre Assad, ce qui paverait la voie à une intervention armée, à l’instar de la Lybie.
Alors qu’une grande partie du peuple libyen est dans une situation désespérée et que certains peuvent sincèrement espérer une intervention militaire extérieure, les évènements en Lybie illustrent que l’implication de l’OTAN ne conduit ni à la paix, ni à la stabilité. Le nombre de morts a connu une percée après que l’OTAN ait commencé ses attaques aériennes sur la Lybie, se multipliant par 10 ou 15 selon les estimations. Le pays, ruiné par la guerre, est maintenant dominé par des centaines de milices en concurrence qui dirigeants des fiefs.
Environ 150 personnes sont mortes dans un conflit tribal dans le sud de la Lybie en mars, et le weekend dernier, une milice a temporairement pris le contrôle du principal aéroport du pays. La supposée administration centrale du pays (le Conseil National de Transition, non-élu et imposé par l’Occident) a sa propre milice, le Conseil Suprême de Sécurité, fort de 70.000 hommes. Les dirigeants de l’opposition bourgeoise et pro-impérialiste en Syrie cherchent sans doute à être mis au pouvoir d’une manière similaire par le pouvoir militaire occidental.
Révolutions
Cependant, la menace d’une intervention impérialiste en Syrie et l’implication de plus en plus forte des régimes réactionnaires Saoudiens et Qataris n’ont aucune raison de soutenir le régime d’Assad. Pour les socialistes, l’alternative a été clairement montrée lors des révolutions de l’année dernière en Tunisie et en Egypte, ainsi qu’aux débuts de la révolte syrienne en 2011.
Elles ont illustré que c’est le mouvement massif et unifié des la classe ouvrière et des jeunes qui est capable de renverser les despotes et leurs régimes pour engager la lutte pour un changement réel aux niveaux politique et social. La reprise du mouvement révolutionnaire en Egypte, suite à l’issue injuste du procès de Moubarak et de ses sbires, souligne que ce n’est que par un approfondissement de l’action de masse du fait de la classe ouvrière et des jeunes qu’il peut y avoir un véritable changement.
Les travailleurs de Syrie, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, ont le droit de se défendre eux-mêmes contre la machine d’Etat d’Assad et contre toutes les milices sectaires. Les véritables socialistes, basés sur les traditions du marxisme révolutionnaire, appellent à la constitution immédiate de comités de défense indépendants, démocratiquement élus et contrôlés par les travailleurs, pour défendre les manifestations, les quartiers et les lieux de travail.
Cela doit être lié à une nouvelle initiative de la classe ouvrière en Syrie, construisant des comités d’action dans toutes les communautés et les lieux de travail, en tant que base pour un mouvement indépendant des travailleurs.
L’une de ses tâches serait d’enquêter indépendamment sur les responsables de la tuerie de Houla et de tous les autres massacres et assassinats sectaires. Cela montrerait aussi le rôle du régime d’Assad et de ses milices, ainsi que celui des puissances voisines et impérialistes.
Comme partout, les Nations Unies sont incapables, à cause de leur asservissement aux principales puissances mondiales, d’empêcher les atrocités contre les civils ou de résoudre les conflits armés dans l’intérêt de la classe ouvrière.
Suite au massacre de Houla, les grèves de ‘‘deuil’’ ont éclaté dans certains endroits de la Syrie. Les manifestations contre Assad continuent dans certaines villes, dont à Damas. Il est crucial que de telles manifestations prennent un caractère anti-sectaire et pro-classe ouvrière. Un mouvement de la classe ouvrière en Syrie développerait les manifestations de travailleurs, les occupations de lieux de travail et les grèves, dont des grèves générales, pour rompre avec le sectarisme et lutter pour le renversement du régime d’Assad. Un appel de classe aux soldats pauvres du rang à s’organiser contre leurs généraux, à se syndiquer et à rejoindre les manifestants, pourrait diviser les forces d’Etat meurtrières et les neutraliser.
Les travailleurs syriens de toutes religions et ethnies ont besoin d’un parti qui leur est propre, avec une politique socialiste indépendante. Un tel parti avec un soutien massif peut résister avec succès au sectarisme et aux politiques empoisonnées du diviser pour mieux régner d’Assad, des régimes sunnites et chiites de la région et de l’impérialisme hypocrite.
Un programme socialiste – appelant à un contrôle et une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs pour transformer les conditions de vie, créer des emplois avec des salaires décents et une éducation, la santé et les logements gratuits et de qualités – inspirerait les travailleurs et les jeunes à rejoindre le camp de la révolution.
Sous un drapeau authentiquement socialiste, en opposition aux forces prétendument ‘‘socialistes’’ qui soutiennent le régime dictatorial de Bachar el-Assad, la révolte populaire contre le régime syrien appellerait les travailleurs de la région à étendre la révolution.
En liant ensemble les mouvements révolutionnaires qui ont lieu en Syrie, en Tunisie, en Egypte et ailleurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sur base d’un programme d’orientation socialiste, où les secteurs clés de l’économie seraient aux mains des masses, la classe ouvrière pourrait dégager les tyrans et porter de puissants coups au capitalisme pourri et à l’ingérence impérialiste. Cela pourrait se transformer en une lutte pour une confédération socialiste volontaire et équitable du Moyen-Orient, dans laquelle les droits de toutes les minorités seraient garantis.
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Enseignement : Des frais d’inscription plus élevés ?
Dans plusieurs pays voisins, les discussions vont bon train concernant le montant des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur. Il n’est guère surprenant de voir ce débat arriver chez nous aussi. Dans les pages du journal étudiant de l’université de Leuven (Veto), divers experts se sont exprimés à ce sujet, y compris l’administrateur délégué de l’organisation patronale flamande VOKA. Nous publions ici la réponse d’un doctorant de cette université, qui y est par ailleurs également délégué CSC.
Par Jon Sneyers
Bien qu’il soit véridique que la Belgique investit légèrement plus que la moyenne européenne dans l’enseignement (5,9 % du PIB), ce chiffre reste très limité, d’autant plus qu’il comprend aussi des dépenses telles que les allocations familiales et les salaires des jeunes chercheurs (pour des raisons techniques et fiscales, ils sont considérés comme ‘‘doctorants’’). En comptant les dépenses réelles de l’enseignement, on retombe à 4,5 % du PIB seulement. Ce chiffre est à comparer avec les données d’il y a trente ans, quand le pays consacrait 7 % de son PIB à l’enseignement.
Cette diminution des investissements dans l’enseignement supérieur est très palpable. Ainsi, le nombre d’étudiants a augmenté d’environ 50% depuis les années ’90 alors que le nombre d’enseignants est resté stable. Uniquement pour l’enseignement universitaire flamand, il y avait en 1982 quelque 2507 professeurs (équivalents temps plein) contre 2601 en 2010. Une augmentation négligeable en termes absolus, mais un grave déclin relatif. Dans les hautes écoles, le nombre d’employés a diminué, même en termes absolus, passant de 8378 enseignants en 1995 à 7908 en 2010. L’article du Veto parle d’une moyenne de 19 élèves par enseignant en 2007 en Belgique, parmi les ‘‘scores les plus élevés’’ – et donc les pires – de la moyenne des pays de l’OCDE (15,8). Dans les universités flamandes, il y avait en moyenne 21 étudiants par professeur en 1993 pour 32 étudiants par professeur en 2010. Le budget de l’enseignement supérieur flamand était de plus de 10.000 euros par étudiant en 2006, montant tombé sous les 8000 euros en 2011.
Jo Libeer, le patron de la fédération patronale Voka, affirme que le gouvernement flamand fait face à de majeurs défis budgétaires, et n’a donc pas de moyens suffisants. Mais ce ne sont pas les étudiants qui ont causé la crise financière, pourquoi devraient-ils en payer le prix ? Ce ne sont d’ailleurs pas non plus les travailleurs (qui gagnent beaucoup trop selon Voka), les pensionnés (qui ne meurent pas assez vite), les immigrés, les chômeurs, les Wallons, etc. qui sont responsables des difficultés financières du gouvernement. Non, les coupables, ce sont les banques et les spéculateurs qui ont joué au casino de la finance, puis il a fallu les secourir avec des plans de sauvetage. La suppression des cadeaux fiscaux pour les grandes entreprises, qui sont à peine imposées, constituerait un bon début pour trouver une solution au déficit budgétaire. Cette politique néolibérale qui a duré des décennies est la véritable raison du sous-financement de l’enseignement, et non les étudiants.
Une augmentation du coût des études est profondément antisociale, car cela diminue inévitablement l’accessibilité de l’enseignement supérieur. Même si cette augmentation n’est pas pratiquée pour les étudiants boursiers, il reste encore un groupe important d’étudiants qui ne peuvent pas avoir accès à une bourse d’étude.
De plus, même en payant plus de frais d’inscription, la qualité de l’enseignement supérieur ne serait même pas améliorée, cela donnerait juste une marge supplémentaire au gouvernement pour accorder de nouvelles baisses de charges pour les grandes entreprises. Jo Libeer suggère que les étudiants “investissent” dans leur université, ils pourraient ainsi aider à déterminer ce qui se fait avec leur argent. En Grande-Bretagne, cette idéologie n’a pas conduit à des universités plus démocratiques, mais les frais d’inscriptions dépassent maintenant les 10.000 euros (9000 livres) par an ! En tant que ‘‘petit investisseur’’, votre voix a peu de poids, ce sont les grandes entreprises qui ont tout à dire.
Nous sommes bien d’accord pour dire, tout comme Jo Libeer, que les tabous ne peuvent pas exister. Pourquoi ne pas, par exemple, totalement abolir les frais d’inscription ? Les étudiants chiliens qui ont, l’an dernier, mené une lutte massive contre l’enseignement le plus cher au monde, ont suggéré que la gratuité de l’enseignement soit garantie par la nationalisation du secteur du cuivre. Le plus intéressant, c’est que cette revendication a trouvé un écho favorable parmi toute la population chilienne, y compris parmi les travailleurs du cuivre. En Belgique, pourquoi ne pas commencer par la re-nationalisation d’Electrabel?
Et si Voka et leurs nombreux amis politiques essayent de nous imposer une augmentation des frais d’inscription de 1000 euros ? Nous aurions alors grand intérêt à être inspirés par la résistance des étudiants en lutte contre la politique néolibérale à travers le monde. J’ai déjà parlé du Chili, mais on pourrait aussi parler du Québec où, le 22 mars, plus de 200.000 personnes ont manifesté dans les rues de Montréal contre une augmentation des frais d’inscription de 2.168 $ à 3.793 $. Les médias ont défendu que c’était normal puisque ces frais sont de toute manière plus élevés dans le reste du Canada. Mais ce n’est aucunement un hasard : les élèves québécois ont une forte tradition de militantisme, voilà d’où proviennent leurs frais d’inscription moindres. La leçon à tirer est que la lutte paie. Nous n’avons d’ailleurs pas à traverser l’Atlantique. En Allemagne, il n’y avait aucun frais d’inscription jusqu’en 2005. Mais ils ont été introduits petit à petit par la suite, pour atteindre maintenant les 1.600 euros. Toutefois, dans certaines régions, ces frais d’inscription ont dû être abolis grâce à la contestation étudiante. Nous ne pouvons qu’espérer que c’est ce de cela qu’il s’agit lorsque Jo Libeer parle de ‘‘modèle rhénan’’.