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  • La jeunesse européenne en résistance contre l’austérité. A nous maintenant…

    Irlande, Espagne, Italie, Grande-Bretagne, France, Autriche,… dans tous ces pays, des protestations ont eu lieu ces 12 derniers mois contre les coupes budgétaires dans l’enseignement. Dans quelques cas, ces mouvements ont directement abouti à des protestations anti-gouvernementales. Fil rouge remarquable : une plus grande politisation des jeunes et une organisation spontanée qui a souvent dépassé les syndicats étudiants.

    Par Marc, Gand

    Dans plusieurs pays, le potentiel qui existe parmi la jeunesse a largement été démontré. Les étudiants, les écoliers et les jeunes travailleurs sont descendus dans les rues pour refuser les attaques et revendiquer leurs droits. Pour réclamer leur droit à un avenir, en fait.

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    Socialisme 2011 – Les jeunes en lutte pour leur enseignement et leur avenir

    L’impact de la crise du capitalisme frappe les jeunes de plein fouet. On parle d’une "génération perdue" confrontée à un chômage de masse, à la pauvreté, à la dégradation de l’enseignement. Des mouvements de masse des jeunes n’acceptant pas cette fatalité et contestant les plans d’austérités a déjà vu le jour dans plusieurs pays en Europe. Blocages d’écoles et d’unifs, grèves et manifestations de masse,… Cette résistance de la jeunesse peut jouer un rôle crucial dans le développement de mouvement plus large dans la société. Une commission de Socialisme 2011 est consacrée à ce thème.

    Samedi 12 mars, de 15.30h à 18.00h

    Avec: Paul Cannalan, organisateur national de la campagne "Youth fight for jobs and éducation" qui joue un rôle important dans le mouvement des étudiants en Angleterre, Alex Lecoq, étudiant à Rouen a été l’un des organisateurs dans sa fac de la lutte contre la réforme des pensions de Sarkosy et Mathias Vanderhoogstraten des Etudiants de Gauche Actifs, qui apportera le point de vue d’EGA sur la manière de préparer également la résistance en Belgique.

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    Des attaques sévères, profondes et impitoyables

    Dans la plupart des pays européens, la crise a durement frappé. Les jeunes n’ont pas été les derniers à en subir le choc et beaucoup de mesures d’assainissement introduites à seule fin de contenter les marchés financiers s’en prennent encore à eux. Augmentation des droits d’inscriptions aux études, réduction des allocations, diminution des droits et de la protection pour les jeunes travailleurs (et, par contre, augmentation de la pression et de la charge de travail).

    En Grande-Bretagne, les droits d’inscription ont été augmentés à environ 11.000 euros. En Italie, les étudiants sont descendus dans les rues contre la réforme de l’enseignement supérieur qui s’en prend à sa démocratisation. En Espagne, l’introduction des Accords de Bologne (1) a conduit à de grandes protestations d’étudiants qui s’opposaient à la commercialisation de l’enseignement. En Irlande et ailleurs, le prétexte de la crise a servi d’excuse pour augmenter les droits d’inscription, et absolument aucune mesure n’est prévue pour ceux qui seraient dorénavant incapables de payer leurs études. Bien au contraire! Dans la plupart des cas, les bourses et allocations sont en même temps rabotées.

    Face à la protestation, la répression a également été très dure. L’establishment et les gouvernements sont en train de tester jusqu’où ils peuvent aller avant d’être forcés à faire des compromis. Bien que des victoires partielles aient été arrachées en Grande-Bretagne, il est clair qu’il sera nécessaire de faire plus pour sauver la démocratisation de l’enseignement supérieur et, plus généralement, l’avenir des jeunes.

    Comment s’organiser ?

    Les fortes mobilisations ont été accompagnées d’une très faible direction. Dans les pays où existent des organisations reconnues défendant les droits et les intérêts des jeunes, elles ont souvent constitué un frein sur la lutte. La dynamique du mouvement s’est souvent développée sans la participation de ces organisations. En même temps, l’absence de leadership à d’autres endroits a été une faiblesse afin de donner une orientation capable de maintenir en vie la mobilisation.

    Le potentiel est pourtant énorme : une grande partie de la jeunesse est déterminée à ne plus se complaire dans l’apolitisme et la passivité inhérents à la période qui a précédé la crise. La politique de concessions aux marchés financiers et au grand capital est de plus en plus remise en cause, les jeunes contestent de plus en plus les discours officiels au sujet de la crise évitant de montrer les véritables responsables. Il existe un grand potentiel pour le développement d’une conscience anticapitaliste.

    Cette dimension idéologique du mouvement est un élément vital, car cela représente déjà une grande part des perspectives de poursuite de la lutte. Cela aide à formuler une alternative et à discuter au sein du mouvement. Le caractère démocratique nécessaire de ce mouvement est également crucial. Les intérêts des jeunes et des étudiants doivent être défendus de façon démocratique, de la même manière que des groupes d’action peuvent s’organiser plus efficacement par la formation de comités.

    Organiser et politiser la lutte

    Ici et là, on a pu voir cette façon de procéder se développer. En Grande-Bretagne, la direction du syndicat étudiant officiel a été très critiquée et cela a conduit à des initiatives parallèles qui n’acceptaient aucune forme ‘‘d’assainissement négocié’’. De telles initiatives ont notamment vu le jour là où les bâtiments scolaires et universitaires ont été occupés par les étudiants. Lorsqu’il existe des possibilités pour élaborer un programme politique, ces discussions peuvent constituer une bonne base pertinente pour tracer des perspectives dans lesquelles intégrer les différentes actions. Ici aussi, des erreurs peuvent être commises, mais le processus démocratique et la politisation au sein des mouvements sont des éléments fondamentaux. D’où l’importance, dès le début du développement de la lutte, de l’idée d’assemblées générales afin de gagner des couches plus larges à la lutte et d’assurer une large discussion au sujet de la plate-forme de revendications et des décisions à prendre pour faire progresser la lutte.

    A différents endroits, les organisations-sœurs du PSL sont intervenues dans ce sens et ont ainsi pu développer et renforcer les mobilisations et la lutte. Au cours de la prochaine période, ce travail de politisation et de démocratisation des mouvements devra bien entendu se poursuivre, il s’agit d’une priorité pour éviter que les bureaucraties étudiantes ne tentent de jouer leur rôle de frein. Il faut assurer que les mouvements à venir, dès leur naissance, soient ouverts à discuter démocratiquement du contenu des revendications de la lutte ainsi que des perspectives d’actions.


    (1) Accords de Bologne: Accords visant officiellement à uniformiser l’enseignement au niveau européen mais qui, dans les faits, ont uniquement créé un cadre pour coordonner les attaques contre l’enseignement supérieur.

  • Sélection renforcée : 1280 étudiants refusés à l’Université de Gand !

    En bref, 5% de la population étudiante n’a pas pu poursuivre ses études ! Parmi eux, 708 ont pu choisir une autre filière, mais le temps d’étude jusque là est perdu. Pour les 572 étudiants restants, l’avenir est plus sombre : ils ne sont tout simplement plus les bienvenus à l’université.

    Par Michiel, président d’EGA-ALS à Gand

    L’université (Ugent) se justifie en argumentant que cette pratique protège les étudiants d’eux-mêmes, en les empêchant de poursuivre des études pour lesquelles ils ne sont pas faits. En fait, cette mesure résulte des réformes appliquées dans l’enseignement supérieur ces dernières années.

    Les Accords de Bologne ont été signés le 19 juin 1999. Il s’agissait d’une initiative officiellement destinée à promouvoir la mobilité des diplômes en Europe mais, dans la pratique, c’était un choix politique visant à la marchandisation de l’enseignement et à instaurer une concurrence entre les diverses institutions. Récemment, du côté flamand, ces accords ont connu une suite avec le plan Vandenbroucke qui a remodelé l’enseignement supérieur flamand selon le modèle anglo-saxon.

    Un des éléments de ce plan VDB est le principe du financement calculé non plus selon le nombre d’étudiants qui s’inscrivent, mais sur base du nombre d’étudiants qui réussissent à la fin de l’année. C’est le monde à l’envers… Il est impossible pour les divers établissements d’offrir un enseignement de qualité avec suffisamment de personnel d’accompagnement à un groupe d’étudiants toujours plus massif.

    C’est ce qui conduit à refuser des étudiants qui ont de moins bonnes chances de réussite. Bien entendu, de telles mesures ont pour premières victimes les plus faibles dans la société, par exemple les étudiants qui doivent travailler pour payer leurs études et qui ont moins de temps disponible pour étudier et se relaxer.

    Cette situation est un avertissement pour l’enseignement francophone. Partout en Belgique, nous devons organiser la lutte pour un meilleur financement public de l’enseignement. Un financement permanent de l’enseignement à hauteur de 7% du Produit Intérieur Brut, comme c’était le cas dans les années ‘80, serait déjà un excellent pas en avant.

  • Ecole d’été 2010 – Crise économique: aucune solution sur base capitaliste

    Aujourd’hui, nous ne parlons pas seulement d’une crise économique, notre environnement est également en jeu. Et si nous analysons les développements actuels, c’est pour nous préparer pour le futur, pour nous préparer à intervenir. Il est vrai qu’il est difficile de déterminer exactement la façon dont les choses peuvent se dérouler, mais il est très clair qu’un certain nombre de pays font face à l’imminence d’une explosion sociale. La crise a déjà entraîné une diminution du niveau de vie de millions de personnes et des dizaines de millions connaissent l’insécurité, la peur du lendemain.

    Vers une plus grande instabilité

    La crise économique mondiale est parfaitement illustrée par la crise que traverse l’Europe. Newsweek et Times (deux magasines américains) ont consacré tous les deux et au même moment leur première page à l’Europe. Il y était notamment dit que le grand secret de l’Europe était que son secteur bancaire était plus touché que Wall Street et que les banques européennes sont tout aussi voraces que les américaines quand il s’agit de jouer avec des actifs toxiques.

    Les commentateurs bourgeois ne peuvent plus maintenant se permettre de parler d’un éventuel progrès, ils ne parlent que d’assainissements. La perte de confiance des classes dirigeantes et de leurs partisans, un peu partout dans le monde, est un élément important qui dans un certain sens exprime le cul-de-sac dans lequel se trouve le capitalisme. Toutefois, nous savons que le système capitaliste ne disparaitra pas de lui même, cela ne pourra arriver que par l’intervention consciente de la classe des travailleurs. Mais la division au sein même des élites dirigeantes est un élément important. Les tensions augmentent (comme les tensions commerciales entre différents pays ou encore les tensions entre différents niveaux de pouvoir). Au niveau international, de façon générale, nous allons vers une période caractérisée par de plus en plus d’instabilité.

    En 1938, Trotsky a publié le ‘‘Programme de transition, L’agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale’’ dans lequel il disait notamment que la bourgeoisie ferait tout pour éviter la déroute. C’est encore tout à fait vrai aujourd’hui, et on peut d’ailleurs le voir à la façon dont la bourgeoisie se défend.

    Le pouvoir le plus puissant que le monde ait jamais connu – l’impérialisme américain – est embourbé depuis 10 ans en Afghanistan. Ce que l’impérialisme américain espère, c’est de gagner assez de traitres à ses côtés pour pouvoir aboutir à une situation de ‘calme’ comme en Irak mais, même là, il n’est pas question de victoire. Tout comme Tacite le disait de l’empire romain, c’est une paix de désolations (‘‘ils firent un désert et le nommèrent paix’’). En Irak, la guerre civile a été temporairement gagnée par les chiites. Le pays est divisé sur base communautaire, mais ces délimitations peuvent voler en éclat à tout moment. Au lieu d’un Saddam Hussein, on peut en voir émerger une dizaine.

    Quant à la catastrophe de BP, où l’actionnariat est majoritairement américain, elle constitue une parfaite illustration de l’incapacité du capitalisme à gérer l’environnement. La détérioration de la planète est inévitable dans le système capitaliste. Les problèmes ne vont faire qu’empirer, y compris en termes de guerre. Si ce système continue ses méfaits, nous connaîtrons d’autres guerres pour les ressources, comme la guerre pour le pétrole au Moyen-Orient. Déjà aujourd’hui, il y a de plus en plus de conflits autour de l’approvisionnement en eau potable. On estime actuellement à 50 millions le nombre de réfugiés sur la question de l’eau, et ils seraient issus de 27 pays. Dans ce cadre, le sommet de l’ONU au sujet des changements climatiques de Copenhague a été un échec total.

    D’une politique de stimulants à une politique d’austérité

    L’incapacité du capitalisme à faire la moindre mesure progressive peut se voir concernant la crise économique. Dans un premier temps, on a tenté de se limiter à des plans de relance mais, puisque ces programmes de sauvetage n’ont plus d’effet, dans un deuxième temps, on passe maintenant à des plans d’austérité, à des attaques contre les travailleurs. Lors du dernier G20 à Toronto, les partisans des plans de relance étaient minoritaires, l’optique générale est maintenant de passer à des plans d’austérité très durs. Après ce sommet, seul Obama était en faveur de plans de relance. S’il n’avait pas adopté cette position, il aurait eu des problèmes et se serait retrouvé en minorité, y compris au sein de son parti. Mais le fait même qu’il ait été mis en minorité à Toronto illustre que l’impérialisme américain a perdu sa capacité d’imposer sa volonté.

    A certains moments les assainissements sont très brutaux, comme en Roumanie, à d’autre c’est plus léger. Le gouvernement britannique veut par exemple réduire le déficit budgétaire de 40 à 50% dans les 5 prochaines années. Les conséquences de ce genre de politique ont été illustrées, en Irlande notamment. Il y a quelques semaines, des milliers de personnes y ont manifesté: des parents d’handicapés mentaux qui s’occupent de leur enfant déficient à la maison. Ils avaient une institution où ils pouvaient déposer leur enfant une ou deux nuits pour souffler un peu, et une des premières conséquences des coupes budgétaires était, entre autres, la suppression de cette institution. Angela Merkel a déclaré que l’Allemagne devait donner l’exemple pour le reste de l’Union Européenne avec son plan d’austérité. Ces assainissements vont très certainement empirer la situation dans les autres pays, et pas seulement en Allemagne.

    Essai après essai, les entreprises veulent augmenter leur profitabilité, avec l’aide des gouvernements. Dans les environs de Venise, une commune a été jusqu’à interdire de faire des châteaux de sable. La raison est toute simple: les amendes rapportent de l’argent. Cela indique à quel point de désespoir se retrouvent parfois confrontées les autorités. Ce n’est certes pas un élément de ce type qui va déclencher une révolution, mais il suffit parfois d’une étincelle, aussi absurde soit-elle. Le doute qui subsiste dans l’esprit de la bourgeoisie est de savoir jusqu’où elle sera capable d’attaquer les travailleurs sous l’argument "Vous êtes obligés d’accepter les coupes, sinon c’est la Grèce qui vous attend". Cette menace est même utilisée aux Etats-Unis.

    La Grèce est le maillon faible du capitalisme européen. La situation qui s’y développe est un test pour la bourgeoisie et pour la classe ouvrière, mais aussi pour le CIO: comment une de ses sections peut-elle réagir et adapter son intervention dans une telle situation. La grève du 5 mai était la plus grande depuis 25 ans, de même que la taille des manifestations. L’attaque du Parlement avait été le fait de travailleurs du service public. Il y a aussi eu des mouvements de masse dans les secteurs de l’enseignement, des hôpitaux,… En fait, tous les secteurs les plus importants, du privé ou du public, ce sont mis en action durant cette période. A Athènes, il y a eu des mobilisations contre le gouvernement chaque semaine. Nous sommes dans une phase où les commentateurs ont peur que l’expérience grecque rate son coup à cause d’une trop grande mobilisation. Les jeunes, les travailleurs et les commentateurs font le parallèle avec l’Argentine du début de ce siècle. Mais le gouvernement tient bon, parce que les directions syndicales n’ont aucune idée de la manière de réagir, aucune réelle stratégie ni alternative.

    Nos slogans sont "abolition de la dette – nationalisation du secteur financier", tout en appelant à des actions communes pour rassembler les grévistes. La lutte est actuellement en pause, mais le sentiment général est que les luttes recommenceront en septembre. Nous devons aussi renforcer la revendication de nationalisation sous le contrôle démocratique de la population du secteur financier. C’est une revendication qui avait suscité un grand enthousiasme quand Joe Higgins en avait parlé lors d’un grand meeting de la formation large de gauche grecque Syriza. Nous sommes les seuls à accorder autant d’attention à cela. Une banque publique ou des mesures visant à rester dans le cadre de la compétition entre banques sont des mesures insuffisantes.

    De sombres perspectives économiques

    Tous ces budgets d’austérité seront incapables de solutionner quoi que ce soit. Les capitalistes se réfèrent à la Suède ou au Canada au début des années ‘90, et ils caricaturent ce qui y a été réalisé. A l’époque, le capitalisme était en croissance, différence fondamentale avec aujourd’hui. Les éléments actuels de rémission du capitalisme sont avant tout circonstanciels et non structurels, on ne parle pas de croissance des moyens de productions.

    De toute façon, avant même de discuter de cette soi-disant reprise économique, de sa nature et de sa durée, il faut bien se rendre compte que, pour l’écrasante majorité des travailleurs et des jeunes, la reprise économique n’a pas ouvert de meilleures perspectives d’avenir. Cela est tout au plus considéré comme un évènement temporaire. Même dans les pays où la reprise a été plus importante, quand on regarde les chiffres, on se rend compte qu’il s’agit pour beaucoup d’un écran de fumée. Ainsi, dans les médias, on s’est moqué de la reprise économique allemande comme d’un conte de fée. Cette année sera certes un record en termes d’exportations des automobiles allemandes, mais les ventes au sein même du pays vont reculer de 30% pour cette année. La fragilité de la reprise est notamment illustrée par l’utilisation de la capacité de production de l’économie allemande, qui se situe sous les 80% alors que la moyenne était précédemment de 84%. De plus, aucune certitude n’existe quant à la durée de cette reprise économique. Nous devons regarder tous ces chiffres avec beaucoup de prudence. Par exemple, selon les chiffres, le pays qui a connu la plus forte progression de sa production industrielle est Singapour (+64% en une année), mais ce n’est que le reflet de l’ampleur de la chute connue l’année d’avant! Aucun commentateur bourgeois n’a en fait de réelle confiance dans le système. Le dernier rapport du FMI a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions économiques.

    Le mieux auquel s’attendre, c’est une stagnation avec un chômage de masse. Mais nous nous dirigeons vers une nouvelle récession, et très probablement vers une nouvelle crise bancaire. Les Etats réinterviendront encore avec l’argent de la collectivité (comme ils l’ont déjà fait), mais une nouvelle crise bancaire combinée à une récession aurait un grand effet. Le résultat serait une nouvelle dégradation importante du niveau de vie des masses, mais l’impact politique serait également énorme. Ce serait une défaite gigantesque pour la classe capitaliste et cela provoquerait une remise en question encore plus grande du système capitaliste, avec la recherche d’une alternative.

    La dette publique a remplacé la crise des dettes financières. Mais quelle classe sociale est responsable de cette dette publique? D’un pays à l’autre, les conditions sont différentes, mais c’est généralement une conséquence du renflouement des banques. C’est encore une conséquence du fait que l’Etat a dû garantir la faillite financière et immobilière. Nous devons expliquer que la crise n’est pas provoquée par les pensionnés grecs ou par les travailleurs des services publics. Il y a 3 ans, en 2007, tous les Etats avaient un déficit d’à peine plus de 1%. Depuis lors, la moyenne est montée de 1.7% à plus de 8%, malgré l’absence d’augmentation des pensions par exemple.

    Les plans d’austérité vont encore aggraver les conséquences de la crise. Les keynésiens classiques ont raison de dire que le problème fondamental, c’est la demande insuffisante. Le prix Nobel d’économie Paul Krugman a raison d’affirmer que les capitalistes sont repartis vers la politique de Hoover en 1929: liquider les acquis des travailleurs. Il a aussi raison quand il indique que les politiques actuelles vont poser les bases d’une seconde crise, beaucoup plus profonde.

    En cas d’augmentation des dépenses publiques: qui va payer ? Si on fait payer les bourgeois, ils vont se retirer et arrêter d’investir. L’idée générale est de s’en prendre aux travailleurs et à leurs familles, mais il faut s’attendre à ce qu’un tsunami de résistance accompagne le tsunami d’austérité. De plus, malgré toutes les coupes, les déficits des budgets des Etats seront encore plus profonds à la fin de l’année qu’au début et les milliards retirés de l’économie par les plans d’austérité vont peser sur elle. La Chine est le seul pays à avoir connu une bonne reprise sur base des investissements d’Etat, mais cette reprise se place dans le contexte d’une grosse surchauffe de l’économie.

    Remontée de la lutte des classes

    Quant aux travailleurs, l’impact de la crise les frappe de plein fouet. Ceux qui retrouvent un emploi après l’avoir perdu connaissent des conditions de travail bien pires. En Grèce, la possibilité d’un effondrement complet des conditions de travail n’est pas à exclure. En Espagne, 90% des emplois disparus concernaient les couches de travailleurs précaires, mais une bonne partie de la population connait ces conditions. Tous les regards se portent vers le sud de l’Europe, et l’atmosphère combative qui y existe est inspirante. En Angleterre, certains Tories (les conservateurs) ont même été jusqu’à dire qu’ils allaient faire des manifestations contre leur propre gouvernement suite à l’annonce d’attaques contre les budgets des écoles! Tout a été utilisé pour décrédibiliser le mouvement qui se développe en Grèce. Mais toute cette propagande capitaliste a ses limites. Jusqu’ici, les capitalistes se basaient beaucoup sur l’idée que les richesses se répartiraient, que ‘‘demain sera meilleur’’. Cette idée est en train d’être réduite en morceaux.

    Aujourd’hui, les protestations se généralisent. Grèce, Portugal, Espagne, France,… les luttes se développent, mais les directions syndicales jouent un rôle de frein. Lors d’une grande manifestation à Bologne, en Italie, le dirigeant syndical local a notamment dit "personne ne remet en cause qu’il doit y avoir des coupes budgétaires, mais il faut les faire autrement". Avec des dirigeants pareils, on n’est pas encore sortis de l’auberge. Quand Rosa Luxembourg décrivait le rôle des dirigeants sociaux-démocrates durant la première guerre mondiale, elle était particulièrement virulente. Mais que dirait-elle aujourd’hui? L’attitude des dirigeants syndicaux actuels est de compliquer la situation. En Belgique, cela a laissé une certaine ouverture pour approfondir la crise communautaire et aux USA cela s’exprime avec le Tea Party. En Hongrie et en Grèce, l’extrême-droite se renforce. Des questions comme l’immigration commencent à devenir des questions clés, auxquelles nous devons apporter une attention toute particulière.

    Le mouvement de résistance ne se développe pas partout de la même manière. En Grande-Bretagne par exemple, les mesures mises en avant par le gouvernement actuel sont les plus dures depuis 1922, ce qui avait jeté les bases pour la grande grève générale de 1926. Nous en sommes encore loin aujourd’hui. Le niveau de conscience des masses a fortement chuté depuis la chute du mur. Avant, une grève générale posait très rapidement la question du pouvoir et de la confrontation avec l’Etat capitaliste. D’une certaine manière, toutes les grèves générales font cela. Mais l’absence actuelle d’un facteur subjectif de masse, même sous la forme d’un parti réformiste très confus, complique les choses.

    Le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes qu’il engendre. Il connaît sa plus grande crise, mais la conscience des masses n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne signifie toutefois pas dire qu’on ne peut pas vaincre la bourgeoisie, comme en France, en 1995, quand le premier ministre Alain Juppé avait connu une défaite avec son ‘‘plan Juppé’’.

    Nouveaux partis des travailleurs, ouverture pour les idées socialistes

    Un des points cruciaux pour reconstruire la conscience des masses est la création et le développement de nouvelles formations politiques larges capables d’orienter des couches larges de la population dans les luttes afin qu’elles puissent apprendre de leur expérience pratique de lutte. Mais il existe le danger de l’électoralisme. Le point le plus important est de maintenir une orientation claire vers les entreprises et le monde du travail. Ces nouvelles forces peuvent se développer très vite, mais également s’effondrer très vite, comme l’illustre l’exemple de Rifondazione Comunista en Italie. Cette formation avait un grand potentiel, qui a beaucoup souffert de sa participation au gouvernement capitaliste de Prodi ainsi qu’à des coalitions locales. Aujourd’hui, l’état général de l’opposition est tel qu’il n’est pas impossible que Berlusconi remporte d’autres victoires malgré les scandales, les conséquences de la crise économique, les attaques contre les travailleurs,…

    L’espace laissé vacant par le mouvement ouvrier se rempli d’autre chose, et nous avons eu différents exemples dans plusieurs pays. Nous pouvons comprendre ces développements au vu de la pourriture des anciens dirigeants politiques. En Italie, il y a le Mouvement Violet. Vu la chute du PRC, il est quasiment inévitable de voir même des couches syndicales développer un état d’esprit antiparti et antipolitique. On peut également voir se développer des tendances au terrorisme, comme en Grèce où l’on assiste à des attentats contre des commissariats ou des banques. L’absence de formulation d’une riposte face à la crise par les directions syndicales est à dénoncer dans ces actes. Les camarades grecs ont ainsi parlé de dirigeants syndicaux qui appelaient à faire grève, mais qui étaient incapable de participer aux actions car les travailleurs les attaquaient dès qu’ils les voyaient pour leur mollesse.

    Pour l’instant, ce sont surtout les organisations d’extrême droite ou populistes de droite qui connaissent une petite poussée. Même si des organisations de gauches de masses existaient, avec le racisme latent dans la société, ces organisations auraient de toute façon connu une poussée dans un premier temps. La question nationale refait également son apparition (Ecosse, Belgique, Pays Basque,…)

    Les choses ne se développent pas qu’en Europe. Au Moyen-Orient, face à la corruption des régimes en place, de plus en plus de travailleurs sont ouverts à nos idées. En Russie, une opposition se développe contre Poutine. Au Kazakhstan également, avec une petite organisation, nous avons pu lancer une organisation ouvrière de masse, Kazakhstan 2012. En Chine, de gigantesques usines existent, avec des conditions de travail véritablement horribles. Des filets ont par exemple été fixés sous les fenêtres d’une usine Foxconn où 12 travailleurs se sont suicidés cette année. L’Etat est bien conscient du problème et essaye de créer de nouveaux syndicats "patronaux", pour tenter d’étouffer la contestation. Mais les grèves continuent de se développer.

    Dans toute une série de pays, de grands mouvements ont déjà pris place. Plusieurs syndicats ont déjà appelé à une grève générale en septembre. Dans d’autres pays, on parle surtout de manifestation ou de journée d’action (de la part des directions syndicales), d’où l’importance de la manifestation du 29 septembre à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats. Il est important de voir comment nous allons intervenir dans ces évènements et comment cadrer cela dans les évènements qui forment la conscience et la combativité de la classe ouvrière. Nous ne devons pas seulement intervenir pour construire le mouvement mais aussi pour voir quel élément mettre en avant et pourquoi. Il est important de comprendre que les attaques antisociales peuvent provoquer différents types de réactions à différents moments.

    Cette crise économique et sociale a aussi son impact politique avec la chute du soutien des partis au pouvoir en Allemagne, en France, en Italie ou même au Japon. La semaine dernière, des élections se sont déroulées pour le parlement japonais. Le premier ministre, élu depuis juillet seulement, a reçu une raclée électorale de grande ampleur, parce qu’il a commencé à parler d’assainissements et du doublement d’une taxe. Quant aux conservateurs britanniques, ils avaient banni le terme "austérité" de leur vocabulaire pendant la campagne, mais ce n’était qu’une opération de communication. Dans différents pays, il y a de grands changements d’état d’esprit très rapide, et une des conséquences de ce processus est que cela mine le soutien des gouvernements en place. Du point de vue des mouvements futurs, l’intervention des camarades de Chypre était intéressante, avec un gouvernement de centre-gauche qui essaye de prendre des mesures également contre les riches, mais qui est de suite bloqué au Parlement. Ce qui est encore possible, ce sont des gouvernements élus sur base de populisme,… mais qui peuvent provoquer des mouvements sociaux importants. C’est entre autres le cas de la Grèce, où le gouvernement est en place depuis 9 mois seulement, élu sur base du moindre mal et de la promesse de ne pas appliquer l’austérité, et a suscité des mouvements sociaux de grande ampleur.

    Ce que le capitalisme nous propose, c’est un monde où chacun est en lutte contre chacun. Notre tâche est de préparer la classe ouvrière pour prendre le pouvoir et s’émanciper. En ce sens, la moindre erreur théorique se paye très cher dans la pratique. Mais nous avons réussi à démontrer ce que nous sommes capables de faire. Dans une telle période, un petit groupe avec des idées claires et qui est enraciné dans les masses peut avoir un impact énorme. A la fin des années ’80, dans des circonstances spécifiques, nous avons pu diriger un mouvement de masse contre la Poll Tax en Angleterre, un mouvement qui a rassemblé 18 millions de personnes, et nous étions à l’époque quelques milliers dans le pays. Cette école d’été a pour vocation de nous préparer à cela. A travers son expérience de lutte, la classe ouvrière va arriver à la conclusion que la seule façon de sortir de ce système, c’est la voie vers le socialisme.

  • Manifestation “Respact” contre le coût élevé des études

    Les ministres de l’enseignement et leurs partisans ont assiégé Louvain ces derniers jours. Ce sommet de l’enseignement était consacré à une évaluation des accords de Bologne pour l’enseignement supérieur. Le comble, c’est que cette réunion a empêché aux étudiants de Louvain d’accéder aux bibliothèques, en pleine période d’écriture de mémoires et de préparation d’examens… Différentes organisations étudiantes, organisées dans la plate-forme "Respact", avaient appelé à protester contre la commercialisation de l’enseignement et le coût élevé des études.

    La ville de Louvain se préparait depuis déjà plusieurs jours à une grande confrontation, qui n’est finalement pas arrivée. L’appel pour de grandes manifestations est en grande partie resté sans réponse et les petits groupes de provocateurs de troubles de l’ULB n’ont pas pu compter sur la participation des étudiants. En fait, les mesures de sécurité mises en place à Louvain étaient disproportionnées face au nombre de participants. L’hélicopter n’a pas eu de la peine à suivre les quelques deux cents manifestants.

    L’action la plus importante de la journée a été la manifestation nationale qui a pris place à Bruxelles à l’initiative de la campagne Respact, une coupole rassemblant des organisations étudiantes et des syndicats. Dans différentes villes, le matin, quelques actions et manifestations se sont déroulées pour emmener plus d’étudiants à la manifestation nationale et obtenir plus de soutien pour la suite de la campagne. L’organisation étudiante du Parti Socialiste de Lutte, Etudiants de Gauche Actifs, a également participé à ces actions locales.

    La manifestation de Bruxelles a rassemblé moins de monde que ce qu’avaient espéré les organisateurs. A la place des 10.000 manifestants annoncés, la police a parlé de 1.900 et les organisateurs d’un petit 4.000, ce qui en soi est une bonne présence pour une mobilisation d’étudiants si tard dans l’année académique. Si les ministres veulent entièrement limiter les protestations contre leurs sommets, ils doivent peut-être se réunir en juin la fois prochaine.

    Les Etudiants de Gauche Actifs ont participé avec une délégation combative et des revendications politiques claires. Nous luttons pour plus de moyens publics pour l’enseignement (7% du PIB) afin d’aller vers un enseignement gratuit et de qualité, accessible à chacun. Nous nous opposons aussi à la commercialisation de l’enseignement supérieur et la mainmise agrandissante du privé sur notre éducation. Nous sommes ainsi pour le retrait pur et simple des accords de Bologne.

    Nous sommes intervenus dans le cortège avec notre mensuel, l’Alternative Socialiste, et avons également récolté du soutien financier. Un peu plus de 120 exemplaires de notre journal ont été vendus, un bon résultat pour une manifestation de cette taille. Nous avons aussi obtenu plus de 100 euros de soutien.

  • Pour avoir un avenir, il faudra lutter ensemble!

    Dupont, Simonet, VandenBroucke, à quand les 7% du PIB dans l’enseignement ?

    La Commission européenne l’affirme : «La dégradation de la situation économique est appelée à avoir des incidences importantes sur les conditions de vie des jeunes, en matière de chômage et d’éducation, les rendant plus vulnérables à l’exclusion et moins à même d’améliorer leur sort». Et en guise de solution ? Rien. Pour les différents gouvernements, la priorité va toujours aux banques, aux actionnaires, aux patrons. On comprend leur crainte d’avoir à se retrouver à vivre la situation qu’il nous forcent à subir… A eux les plans de sauvetage donc. Mais aux frais de qui ? Devinez…

    Par Thibaud (Liège)

    En Belgique, les élections freinent un peu l’ardeur des politiciens, mais la note de la crise du capitalisme nous sera présentée peu de temps après. Dans les budgets qui auront à souffrir : celui de l’enseignement. Logique, l’économie a de toute façon besoin de moins de diplômes, diminuer les moyens publics créera une barrière de fait : les plus pauvres connaîtront plus de difficultés pour pouvoir accéder à l’enseignement.

    7% du PIB et abolition du processus de Bologne !

    La situation est déjà loin d’être bonne comme cela : en Belgique, le budget consacré à l’enseignement est tombé à 4,9% du Produit Intérieur Brut alors qu’il représentait 7% en 1980. La politique néolibérale est évidemment la cause de cette baisse. Moins de rentrées d’argent signifie restructurations, licenciements et donc dégradation des conditions de la qualité de l’enseignement. Mais pour augmenter le financement public de l’enseignement, on ne peut vraiement pas compter sur les partis traditionnels…

    A cela s’ajoute le processus de Bologne, qui vise essentiellement à la création d’un marché de l’enseignement européen concurrentiel avec le reste du monde. En conséquence, beaucoup ont affublé les accords de Bologne du sobriquet de «cheval de Troie de la privatisation». Pour préserver l’enseignement, on doit le tenir hors des griffes du secteur privé et de la soif de profit. Bologne ne doit pas être amendé, mais retiré !

    Résistance !

    A la mi-novembre, 200.000 étudiants manifestaient à Rome en scandant «nous ne paierons pas la crise». Le 19 mars dernier, les étudiants français ont massivement suivi l’appel à la grève nationale, constituant une part significative des 3 millions de personnes qui ont investi les rues contre la crise et la politique de Sarkozy.

    En Belgique, aucune réaction d’ampleur n’est encore organisée contre la crise et la volonté des patrons et des politiciens de nous la faire payer. Mais ce 28 avril, il y aura à Bruxelles la manifestation Respact, une campagne visant à faire baisser le coût des études. Ce sera une occasion de mobilisation large que notre organisation étudiante, les Etudiants de Gauche Actifs, veut utiliser pour populariser la nécessité d’une lutte globale, étudiants et travailleurs, pour faire payer la crise aux responsables : aux patrons et actionnaires. Participez à cette manifestation et rejoignez notre bloc !

    DEMAIN – 14 H gare du Nord bxl – manifestation "Respact"

  • Simonet, Dupont, Vandenbroucke, à quand les 7% du PIB Pour l’enseignement ?

    28/04 – 14h – Gare du Nord – Manif nationale Respact

    Les étudiants de Gauche Actifs participent activement à la Campagne Respact pour une diminution des coûts des études. Celle-ci organise une manifestation nationale le 28 avril, le jour de l’ouverture du sommet européen des ministres de l’enseignement. Ceux-ci se rencontrent afin de pousser encore plus loin le processus de commercialisation de l’enseignement en Europe, le processus de Bologne.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Affiche (PDF)

    Tract (PDF)

    Stop au processus néolibéral de Bologne

    Avec le processus de Bologne, tous les gouvernements européens ont décidé d’adopter le modèle américain pour l’enseignement supérieur afin de concurrencer celui-ci. L’enseignement américain fonctionne entièrement selon les principes du libre marché où les institutions se concurrencent entre elles pour obtenir les moyens. La conséquence est que deux sortes d’établissements existent : les institutions d’élite pour les riches (Harvard, Yale, …) où tu dois être admis et payer un droit d’inscription astronomique et les institutions pour la majorité qui offrent un enseignement de moindre qualité vu qu’ils ne disposent pas de moyens suffisants et des diplômes de moindre valeur. Dans un tel système de marché, les moyens sont surtout investis dans les formations et la recherche qui permet d’engranger d’importants profits pour le privé.

    Plus de moyens publics : 7% du PIB

    Depuis 1980, le budget pour l’enseignement (avec des hauts et des bas) diminue constamment. En 1980, le gouvernement consacrait encore plus de 7% du PIB à l’enseignement, aujourd’hui c’est moins de 5,5%. Le nombre d’étudiants a pourtant doublé depuis. Ainsi le gouvernement oblige de plus en plus les établissements à licencier du personnel, à en finir avec les services sociaux et à rechercher un financement du privé.

    Les institutions vont aussi chercher une partie du financement perdu chez les étudiants. Les minervaux des masters après masters peuvent monter jusqu’à 25.000 euros. L’introduction du crédit-études en Flandre restreint encore plus l’accès à l’enseignement supérieur. Ainsi, les établissements pourront se voir retirer leurs financements pour une partie des étudiants qui ont des difficultés à réussir en première scession. Ceux-ci peuvent ne plus être admis ou devoir payer deux fois le montant du minerval pour continuer leurs études. Cette mesure est un désastre pour les étudiants qui travaillent ou qui sont issus d’un milieu social plus faible et qui ont plus de dificultés à réussir.

    Ce sont les premières étapes vers l’introduction de droits d’inscription allant de 1500€ à 7000€ pour une première année de bachelier comme c’est le cas en Angleterre ou au Pays-Bas. Dans notre société capitaliste, on essaye de tout réduire en produits qui peuvent être vendus. Ainsi seuls ceux qui ont des parents riches, peuvent se permettre un tel système d’études.

    Ce n’est pas à nous pour payer leur crise!

    Aucun des partis traditionels n’est préparé à consacrer 7% du PIB à l’enseignement. Au contraire, ils déboursent des milliards pour sauver les actionnaires des banques et des entreprises et veulent nous présenter la facture. Des coupes dans les dépenses publiques sont déjà annoncées pour après les élections, le budget de l’enseignement ne sera probablement pas épargné. Nous devons nous préparer à lutter comme les étudiants en Italie, en France, en Espagne et ailleurs en Europe le font. C’est en descendant massivement dans la rue au côté des travailleurs qu’on pourra faire payer la crise aux responsables, les capitalistes.


    EGA soutien la campagne électorale du Parti Socialiste de Lutte !

    Pour obtenir un enseignement gratuit et de qualité pour tous, nous avons besoin de construire des outils de lutte démocratiques et d’une lutte d’ensemble avec les travailleurs. Mais nous avons aussi besoin d’une force politique qui défende nos revendications. Les 7% du PIB pour l’enseignement est au coeur de la campagne du PSL qui a des candidats sur ses listes qui ne les défendent pas seulement en parole mais aussi de façon conséquente sur le terrain.

  • Plus de moyens publics pour l’enseignement !

    Non à la commercialisation croissante ! –Non aux coupes budgétaires !

    L’enseignement est de nos jours un des secteurs les plus importants du pays. Quelque 300.000 personnes y travaillent et ses budgets s’élèvent à quelque 15 milliards d’euros par an. La crise économique fait de ce secteur une proie très attrayante pour les entreprises à la recherche d’un endroit sûr pour investir leurs profits. Pour la même raison, on doit s’attendre après les élections à une série d’attaques et de coupes budgétaires, notamment contre l’enseignement. Nous voulons mettre en avant notre alternative et, dans ce dossier, aborder le pourquoi et le comment de notre programme sur l’enseignement.

    Par Tim (Gand)

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    Coupes d’austérité en pratique : le crédit-études

    Depuis cette année académique, le crédit-études a été introduit en sourdine dans l’enseignement supérieur flamand (soyons vigilants du côté francophone!). Il s’agit d’une mesure qui vise à limiter de façon drastique les possibilités d’études. Le ministre Vandenbroecke présente cela comme une mesure sociale afin d’empêcher le gaspillage. La réalité est toute autre. Nous en avons parlé avec quelques étudiants de l’Université de Gand qui s’opposent au crédit-études.

    « Le crédit–études a été introduit dans le cadre de la libéralisation de l’enseignement supérieur et du décret de financement de Vandenbroecke. Chaque étudiant reçoit 140 points au début de ses études, en plus d’un bonus de soixante points pour un débutant. Au début de l’année, on déduit soixante points, que l’on reçoit à nouveau à la fin de celle-ci, mais seulement si on passe l’année en première session. Différents autres mécanismes sont prévus pour retirer des points.

    Sans points d’études, soit l’institution peut refuser l’étudiant, soit l’obliger à payer deux fois les frais d’inscription. Les universités de Gand et de Louvain ont déjà déclaré vouloir rigoureusement appliquer cette politique. Les universités et les hautes écoles ne recevront plus de financement pour les étudiants qui n’auront plus de points d’études.

    Cette mesure est surtout un désastre pour les étudiants qui travaillent et pour ceux issus d’un milieu social plus faible et qui ont plus de difficultés à réussir dans l’enseignement supérieur. Il n’existe aucune compensation ou situation d’exception pour ces étudiants. En outre, cette mesure ouvre la possibilité d’augmenter de façon masquée les frais d’inscription. Il ne s’agit donc pas du tout d’une mesure sociale, mais d’un coup d’austérité sur le dos des étudiants, qui limite l’accès à l’enseignement supérieur surtout pour les plus faibles dans la société. Pour un étudiant qui a des parents nantis, ce n’est pas un problème de payer deux fois les frais d’inscription. »

    Rendre l’enseignement accessible à tous

    Aller à l’école, ça coûte de l’argent. L’ « enseignement gratuit » qui « offre sa chance à chacun » dont ont tant parlé les différents ministres de l’enseignement est un rêve à mille lieux de la réalité. Aujourd’hui, une famille de salariés modestes est quasiment incapable d’assurer des études supérieures à plusieurs enfants. Le système des bourses d’étude n’est pas adapté pour remédier pleinement à pareille situation.

    La Fédérations des Etudiants francophones (FEF) a calculé l’an dernier qu’un étudiant en Belgique francophone dépense en moyenne entre 7.000 et 12.000 euros chaque année pour ses études alors qu’une bourse est de 3.500 euros au maximum. En Flandre, le nombre d’étudiants boursiers a chuté de 25 à 15% de la population étudiante entre 1989 et 2004, et ce n’est pas parce que ceux qui en ont besoin sont moins nombreux…

    Résultat : plus de 80% des jeunes doivent travailler pour pouvoir payer leurs études, ce qui peut prendre des formes extrêmes. En Belgique, il existe peu de chiffres sur les étudiantes qui se prostituent pour pouvoir payer leurs études mais, aux Pays-Bas, la situation est telle que l’arrivée massive des étudiantes dans les bureaux d’escort-girls a provoqué une baisse des prix. Beaucoup de filles ne gagnent plus que 9 euros de l’heure en vendant leur corps ! Selon des données récentes, quelque 400 étudiantes ‘travaillent’ dans la prostitution à Anvers et 200 à Gand. En France, on estime à quelque 40.000 les étudiant(e)s qui se prostituent plus ou moins occasionnellement, soit 1 étudiant(e) sur 50. Ce sont bien entendu des cas extrêmes, mais une grande partie des étudiants sont confrontés aujourd’hui à la combinaison d’études trop chères et d’un emploi précaire mal payé.

    Les choses ne sont pas meilleures dans l’enseignement obligatoire : septembre est un mois de lourdes dépenses pour de nombreux parents. Malgré les promesses et les demi-mesures, envoyer un enfant à l’école demeure financièrement pénible. En moyenne, dans notre pays, l’éducation d’un enfant coûte entre 250 et 400 euros par mois, dépenses qui sont loin d’être couvertes par les allocations familiales et autres. C’est aussi la raison pour laquelle de nombreuses mères célibataires flirtent avec le seuil de pauvreté et sont contraintes de repousser des dépenses fondamentales (les coûts médicaux par exemple). Elles ont aussi souvent moins d’argent pour offrir à leurs enfants une éducation décente.

    EGA/ALS : des étudiants combatifs pour un enseignement accessible à tous !

    Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL, est présent dans toutes les universités du pays et dans quelques Hautes Ecoles (sous le nom d’Actief Linkse Studenten en Flandre). Nos camarades étudiants militent pour la gratuité des études, soutiennent les luttes des travailleurs, et en particulier celles du secteur enseignant, ou encore celles des sans-papiers qui occupent des locaux dans certaines universités ; ils organisent aussi des conférences et des formations marxistes.

    Aujourd’hui, en Belgique, les frais d’inscription pour l’enseignement supérieur restent encore relativement bas par rapport aux pays avoisinants. C’est pour cela que beaucoup d’étudiants allemands, hollandais et français viennent en Belgique afin de pouvoir encore jouir d’un enseignement à prix abordable. Cependant, avec la crise économique, il est prévisible que tant la Communauté flamande que la Communauté française voudront augmenter les frais d’inscription après les élections. Nous mobiliserons parmi les étudiants pour stopper ces mesures, mais nous ne nous croisons pas les bras en attendant. Nous participons ainsi à la campagne Respact qui vise à réduire le coût des études (voir la dernière page de ce journal).

    Autre exemple ; nous avons pour la cinquième fois participé aux élections du Conseil étudiant de la VUB afin de populariser nos arguments parmi les étudiants, avec succès. Ces dernières années, nos représentants au Conseil ont, avec les militants syndicaux de la CGSP, ont été à l’initiative des mobilisations contre le décret de financement de Vandenbroecke, la réduction des dotations à la VUB, etc.

    Mais étudier coûte bien plus cher que le seul paiement des frais d’inscription. Dans toutes les universités et les hautes écoles, on assiste à une augmentation continuelle des frais des kots, des repas, de l’infrastructure sportive, des services médicaux,…

    EGA/ALS participe partout aux luttes contre ces mesures et s’oppose au comportement des directions qui ne font que transférer les coupes d’austérité du gouvernement sur le dos des étudiants au lieu de rejoindre activement la mobilisation contre ce gouvernement.

    Le PSL/LSP est en faveur de mesures comme l’introduction d’un salaire étudiant. Certains opposants au salaire étudiant rétorquent que cela bénéficierait aussi aux familles riches, mais dans un système où celles-ci ne représentent qu’une couche très réduite de la population, c’est une mesure générale comme la sécurité sociale ou un salaire étudiant qui protège le mieux possible les familles en difficultés financières. Nous sommes également pour d’autres mesures générales comme des transports en commun gratuits pour tous, un système de soins de santé national gratuit et des investissements massifs pour développer des logements sociaux à prix abordable – au bénéfice tant des étudiants que du reste de la population – afin que ces coûts ne soient pas un frein sur les études.

    Stop aux coupes budgétaires!

    Les réformes consécutives de l’enseignement ont aussi des conséquences néfastes pour les conditions de travail du personnel enseignant, administratif et technique du secteur. Depuis la communautarisation de l’enseignement, les ministres (le plus souvent soi-disant socialistes, comme Onkelinx et Di Rupo…) ont fait disparaître des milliers d’emplois dans l’enseignement secondaire en Communauté française. Inutile d’insister sur quelle charge de travail et quelle pression cela représente pour ceux qui restent.

    La même chose vaut pour l’enseignement supérieur : les réformes entraînées par le processus de Bologne font porter plus de travail sur le dos du personnel des universités et des hautes écoles. En outre, on introduit constamment de nouvelles règles de contrôle qui conduisent à une pression administrative insupportable, et ce malgré le fait que l’enseignement et la recherche sont dans notre pays de haute qualité. Qui plus est, on peut douter de l’efficacité de ces mesures. Le personnel administratif qui doit se charger de gérer ces réformes en est souvent victime aussi : le financement de l’enseignement ne suit pas les tâches supplémentaires des universités et les hautes écoles, ce qui met une pression de travail supplémentaire sur ceux qui travaillent dans les services administratifs et techniques.

    L’école n’est pas une usine

    L’enseignement sous le socialisme

    L’enseignement n’est jamais indépendant de la société dans laquelle il existe. Dans la société capitaliste, l’enseignement a avant tout pour fonction d’imposer la discipline et de fournir des ‘produits tout faits’ pour le marché du travail. De préférence des travailleurs qui ne sont pas trop critiques et qui peuvent aussi être facilement influencés en tant que consommateurs. Dans une société socialiste, les priorités seraient différentes. Une telle société serait organisée par la population travailleuse, activement impliquée dans la gestion et l’organisation de la production et des entreprises, mais aussi des autres institutions comme l’enseignement, la santé, la justice,… Cette société serait bien plus démocratique que la nôtre, parce que les richesses seraient gérées collectivement et que les gens pourraient donner leur opinion et participer aux choix sur tout ce qui concerne leur quotidien. L’enseignement y jouerait un rôle important : former des individus critiques, capables de se forger leur propre opinion et de la proposer de manière claire et respectueuse. Chaque individu devrait pouvoir développer ses talents amplement, pour se servir de ceux-ci dans le sens du progrès global de l’ensemble de la société.

    C’est sur cette base que l’enseignement a été réorganisé dans les premières années qui ont suivi la révolution de 1917 en Union Soviétique. Les obstacles au libre accès à l’enseignement ainsi que toutes les traditions conservatrices ont été abolies : pas de frais d’inscription, du matériel gratuit, des voyages d’études, plus d’examen d’entrée ni d’uniformes scolaires, etc. Les élèves plus âgés ont été impliqués dans l’apprentissage de la matière scolaire par les plus jeunes, de manière à ce que les jeunes apprennent à vivre de manière solidaire. La musique et le théâtre ont été promus pour contribuer à favoriser une expression publique claire, sans timidité. Les universités ont été transformées en écoles populaires où chacun pouvait suivre les cours et participer de manière illimitée, où chaque sujet et chaque capacité étaient proposés à l’apprentissage. Le but était d’abolir les barrières artificielles entre le travail manuel et intellectuel pour que chacun puisse se développer en un individu complet et varié.

    Hélas, avec l’avènement de la dictature stalinienne, beaucoup de ces mesures ont été restreintes ou supprimées, mais quelques éléments sont malgré tout restés, comme les investissements massifs dans l’enseignement et l’accès à l’enseignement à tous les niveaux. Ce n’est pas un hasard si l’enseignement en Union Soviétique était un des meilleurs du monde, avec une série de scientifiques renommés dans de nombreuses disciplines.

    Aujourd’hui, nous luttons pour un enseignement qui applique ces idées, en sachant que ce type d’enseignement ne sera réalisable que dans une société où la population pourra décider collectivement et démocratiquement de ce qui est produit et de comment le répartir.

    Cette société s’appelle une société socialiste.

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    Ces dernières années, l’enseignement a dû avaler un tas de réformes néolibérales : le rôle de l’enseignement en tant que service public responsable de la formation et du développement de la société a été constamment mis sous pression par les coupes budgétaires continuelles ainsi que par l’introduction d’une logique de marché.

    Les réformes de Bologne visent à remodeler l’enseignement supérieur européen selon le modèle anglo-saxon : quelques institutions renommées et élitistes et beaucoup d’institutions de second rang pour la majorité de la population. Le Partenariat Public-Privé mis en place pour rénover les bâtiments scolaires suit cette même logique.

    Ce genre de mesure est officiellement destiné à réduire les dépenses d’investissements dont les écoles ont cruellement besoin (même si l’on devra rembourser aux banques 2,5 milliards d’euros pour 1 seul milliard prêté…). Un autre objectif est d’instaurer parmi la population l’idée que les entreprises auraient un rôle essentiel à jouer dans l’enseignement. Que ces entreprises soient principalement intéressées par le profit maximum qu’elles espèrent tirer de leurs investissements – et pas par les besoins réels des élèves et des enseignants – n’a, semble-t-il, guère d’importance.

    Lutter ensemble pour un enseignement gratuit et de qualité

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP) est présent parmi le personnel de l’enseignement à travers nos militants syndicaux, parmi les étudiants avec nos cercles Etudiants de Gauche Actifs (EGA-ALS) et parmi les écoliers avec la campagne Résistance Internationale (RI-IV).

    Nous travaillons avec un programme concret basé sur les expériences quotidiennes de nos membres et sur leurs discussions avec leurs collègues, enseignants comme étudiants. Dans notre programme, nous ne partons pas de ce qui est réalisable avec les minces budgets dont disposent les ministres, et nous ne voulons pas intéresser le monde des affaires à l’enseignement. Nous prenons au contraire comme point de départ les intérêts du personnel et des étudiants : comment peut-on rendre le système éducatif de meilleure qualité et accessible pour tous ? Comment l’enseignement peut-il jouer un rôle dans le développement des talents de chacun et former des individus critiques et ayant une vie sociale riche et active ?

    Mais le PSL, EGA et RI ne se limitent pas à discuter des réformes et de l’organisation dont l’enseignement a besoin. Nos militants sont souvent aux premiers rangs des luttes contre les coupes d’austérité et les réformes néolibérales. Nous voulons stimuler l’opposition active des jeunes et des travailleurs et nous défendons une réponse vraiment socialiste. Il n’est donc pas étonnant que nos militants se soient trouvés à l’avant-plan lors de la lutte contre le plan Vandenbroecke en Flandre (destiné à diminuer les subventions pour l’enseignement supérieur), lors de la lutte contre les privatisations à l’Université libre de Bruxelles l’année passée ou, il y a quelques années, lors de la lutte contre l’augmentation du minerval intermédiaire à l’Université de Liège.

    Avec la crise économique qui touche le monde entier aujourd’hui, beaucoup de multinationales visent le secteur de l’enseignement. Après avoir mis le chaos dans l’économie privée, nombre de capitalistes s’orientent à nouveau vers les services publics. La pression pour réduire les budgets de l’enseignement et privatiser les secteurs les plus juteux sera énorme dans les prochaines années.

    Rejoindre une organisation comme la nôtre, c’est se préparer à lutter contre les (contre)-réformes au détriment du personnel et des étudiants et lutter pour un enseignement orienté vers les intérêts de l’ensemble de la société.


    • Site électoral du PSL
  • La lutte pour une école de qualité accessible à tous est liée à la lutte des travailleurs contre le néolibéralisme

    La fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, FAPEO, à sorti un cahier de revendications destiné à promouvoir une école plus égalitaire. Ce document nommé «plan Charlemagne» a pu bénéficier d’une certaine couverture médiatique. La plupart des commentateurs ont très peu parlé du fond du texte en lui-même et des problématiques que celui-ci soulevaient, préférant commenter les divergences entres les réseaux en ressortant comme unique information : «Les parents de l’enseignement officiel veulent une révolution pour lutter contre l’échec. Et leur président, Hakim Hedia, propose de structurer l’officiel sur le modèle du libre» (Le Soir du 5 février 2009).

    par Alain (Namur)

    Le sujet mérite pourtant qu’on s’y penche sérieusement ; le document élaboré par la FAPEO soulève plusieurs problématiques qui touchent les parents. Dans son introduction, la FAPEO remarque fort justement que le gouvernement rouge-romain a consacré beaucoup d’argent au désormais célèbre Plan Marshall. Ce dernier a en effet permis aux entreprises de bénéficier d’une aide de l’Etat d’une valeur de 1 milliard d’euros. Cet argent doit s’ajouter aux divers autre cadeaux que le patronat reçoit chaque année. La destination du Plan Marshall ne fait aucun doute. Dans le texte de présentation de celui-ci, on peut lire :

    «Nous avons des terrains disponibles pour l’expansion économique, nous avons de la main-d’œuvre qualifiée, un réseau de routes et de voies de communication parmi les plus denses d’Europe, une situation géographique exceptionnelle, etc. (…)

    Le plan Marshall c’est dès lors 5 axes, interdépendants, à la fois forts et ciblés :

    • la création de 5 pôles de compétitivité, dans lesquels la Wallonie affiche de bonnes performances et souhaite devenir leader à l’échelle internationale ;
    • le soutien à la création d’activités : aider les projets porteurs et les personnes qui ont des idées ;
    • l’allègement de la fiscalité sur l’entreprise et la suppression de la fiscalité anti-économique pour rendre la Région plus attractive pour les investisseurs ;
    • l’encouragement à la recherche et à l’innovation ;
    • l’accentuation de la capacité de formation professionnelle. »

    Face à cela, lorsque les écoles réclament de l’argent pour, par exemple, rénover les bâtiments (2 milliards d’euros) souvent dans un état déplorable, la seule chose que le gouvernent a à leur proposer, c’est un inique partenariat publique/privé (PPP) qui au final n’est encore qu’un autre moyen pour les propriétaires de faire du profit sur le dos de la collectivité.

    Le texte de la FAPEO dresse quelques constats :

    1. Notre système d’enseignement est polarisé entre, d’un côté, les bonnes écoles qui accueillent les élèves les plus favorisés soit de par leur capital financier, soit de par leur capital culturel et, de l’autre, les écoles dites « ghetto », qui accueillent les enfants des milieux populaires.

    2. L’école laisse une partie de son travail à la charge des parents qui doivent, si ils veulent voir la réussite de leurs enfants, faire appel à des professeurs privés ou travailler directement avec leurs enfants afin de remédier aux lacunes qui n’ont pas su être résolues lors des cours.

    3. Le redoublement, qui s’accompagne souvent de relégation vers les filières techniques et professionnels, sont peu efficients dans le sens où ces méthodes ne prennent pas en compte l’envie et les besoins de l’enfant mais visent seulement à opérer une sélection. Le redoublement engendre un coût important à charge de la Communauté Française.

    4. Il y a de cruelles lacunes dans l’enseignement des arts de la culture au sein de l’école qui n’est pas vue comme un espace de développement privilégié pour l’enfant mais bien comme un espace de compétions anxiogène.

    Le constat que dresse la FAPEO est très juste, mais il faut cependant veiller à le remettre dans un contexte plus global. Les institutions sont les reflets de la société qui les engendrent. Et dans le système capitaliste, l’inégalité est le produit naturel de la chasse au profit.

    L’inégalité se manifeste au niveau social par des disparités en termes de capital financier mais aussi en capital culturel. La ségrégation qui s’effectue entre écoles d’élite et écoles défavorisées se renforce par la ségrégation géographique : le manque de logements sociaux tend à créer des quartiers précarisés, ce qui se marquera dans la population scolaire des écoles environnantes. Le chômage de masse pousse les travailleurs à se livrer une rude concurrence. Les parents ont à cœur de placer leurs enfants avec les meilleures chances sur le marché du travail. C’est entre autres comme cela que l’on peut expliquer le succès des écoles « d’immersion » qui dès le plus jeune âge permettent à l’enfant de maitriser le néerlandais. Les familles qui en ont l’occasion tentent de trouver des stratégies qui permettent à leur enfant de partir avec les meilleures chances.

    Les réponses individuelles que trouvent les travailleurs et leur famille ne changent pas le rapport de forces de l’ensemble de la classe ; il faut opposer aux logiques individuelles une logique collective.

    Cette logique collective doit s’inscrire dans le cadre d’une lutte contre l’ensemble des contre-réformes néolibérales. La FAPEO propose que tous les professeurs soient formés au niveau universitaire. Cela va dans le bon sens, mais encore faut-il se rendre compte que le processus de Bologne rend l’enseignement supérieur de moins en moins accessible. Les frais pour une année d’étude en Belgique se chiffrent en moyenne à 4.000 euros par an. A ce prix là, il est difficile de demander un tel sacrifice à tous ceux qui veulent embrasser la profession d’enseignant. Cela prouve qu’il faut un mouvement général de lutte qui regroupe travailleurs, allocataires sociaux et jeunes.

    Celui-ci doit s’opposer à la politique de casse sociale que mènent les politiciens traditionnels. Il faut développer les services publics et en particulier le service public de l’enseignement. Cela ne peut se faire qu’avec beaucoup plus de moyens financiers que l’on peut aller chercher dans les profits des entreprises, des actionnaires et des grosses fortunes par une mobilisation de masse.

    Le PSL met en avant la nécessité de construire un parti large qui organise la lutte de tous les travailleurs et qui soit le prolongement politique de ces luttes et des revendications de la base des syndicats.

  • Non à un enseignement élitiste! Réponse à l’attaque des étudiants libéraux contre Respact

    Suite à l’augmentation galopante du coût des études et aux attaques néolibérales contre l’enseignement supérieur, une trentaine d’organisations ont mis sur pied la plateforme Respact avec comme but l’obtention d’un enseignement supérieur gratuit. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) tirent depuis bien longtemps la sonnette d’alarme quant à l’évolution de l’enseignement supérieur ; une poignée d’écoles d’élite pour les riches, une copie du modèle anglo-saxons en somme. Nous soutenons donc bien évidemment cette plateforme qui a le mérite de mettre en évidence tant les frais directs qu’indirects.

    Mathias et Michiel (EGA-GAND)

    L’Alliance des étudiants libéraux flamands (LVSV) a publié une réaction quant à cette plateforme : ils ne sont pas d’accord avec le programme et ont une autre vision de ce que l’enseignement supérieur devrait être. Pour nos "amis" libéraux, l’enseignement ne devrait pas être au service de la population entière, mais devrait suivre les règles du libre marché et donc être au service des bénéfices des patrons. Selon le LVSV, l’augmentation du nombre d’étudiants nuirait gravement à l’enseignement supérieur. Le LVSV craint que si personne ne tombe du bateau, ce dernier coulera avec tout le monde à bord. La crise économique a démontré que les libéraux ne sont pas les meilleurs skippers : au lieu de simplement construire un bateau plus grand, ils construisent une sorte d’arche de Noé uniquement accessible aux riches.

    Cette logique est parfaitement conforme à la pensée néolibérale, pensée que le ministre de l’enseignement supérieur flamand Frank Vandenbroucke défend ardemment ; c’est la même logique qui se trouve derrière le processus de Bologne. Suivant la logique néolibérale, chaque euro investi dans l’enseignement est un euro qui n’est pas consacré aux baisses de charge et autres cadeaux faits aux patrons. Alors que plus de 20 milliards d’euros ont été débloqués en Belgique pour éponger les dettes du capitalisme-casino, le LVSV, d’une hypocrisie totale, déclare que réclamer des moyens supplémentaires pour l’enseignement est un manque de respect vis-à-vis du contribuable!

    Pour nous, il est plus qu’évident que l’enseignement doit prendre une toute autre voie. L’enseignement doit être accessible à tous et doit pouvoir développer les talents et les qualité de chacun. Un premier pas dans cette direction serait de fermer l’enseignement aux intérêts du privé et de rendre en sorte que la richesse sociale produite soit la voie à suivre dans la société. Voilà une critique que nous faisons sur la plateforme Respact: la provenance des 7% du PIB réclamés pour l’enseignement n’est pas précisée. Le petit payeur contribuable devrait bien sûr pouvoir en profiter au lieu de devoir payer. Les moyens nécessaires à ce refinancement pourraient aisément êtres trouvés en instaurant un impôt sur la fortune et en appliquant la tolérance zéro en matière de grande fraude fiscale. Ces mesures, associées à la suppression des intérêts notionnels et des autres cadeaux faits aux riches, génèreraient à coup sûr assez d’argent .En 2007, les bénéfices des 30.000 plus grosses entreprises de Belgique ont atteint 79 milliards d’euros. Les dépenses pour l’enseignement supérieur sont actuellement de 1,2 milliard. L’argent existe. Nous devons juste obtenir une juste répartition.

    La crise économique a clairement illustré la faillite du dogme néolibéral du "laissé faire". La société génère des richesses gigantesques qui ne sont pas utilisées afin de satisfaire les besoins de la majorité de la population, ces richesses servent tout simplement à racheter les dettes des patrons ainsi qu’à grossir leurs profits. Le 29 janvier, 2,5 millions d’étudiants et de travailleurs ont manifesté en France car ils ne veulent pas payer la crise du capital. En Belgique aussi, le patronat tentera de faire payer aux travailleurs et aux étudiants le coût de la crise au moyen d’attaques qui ne manqueront pas de venir ultérieurement. C’est pourquoi nous appelons à manifester le 28 avril contre la commercialisation de l’enseignement et pour un refinancement public à hauteur de 7% du PIB.

  • LES ETUDIANTS NON PLUS N’ONT PAS DE PARACHUTES DORES…

    Des milliards ont été débloqués en quelques jours pour les banques alors que, pendant des années, les gouvernements successifs ont clamé qu’ils n’avaient pas un rond pour l’enseignement, la santé, les transports en commun,… Le pire c’est qu’ils osent encore et toujours ne rien faire en ce qui concerne le pouvoir d’achat. D’ailleurs, ce problème de la hausse des prix n’affecte pas uniquement les travailleurs qui ont organisé la journée d’action du 6 octobre. Elle touche de plein fouet l’ensemble de la population, ainsi que les étudiants.

    Pablo N (Bruxelles)

    En effet, selon une enquête menée en septembre 2007 par la Fédération des Etudiants Francophone, un étudiant paie entre 7.200 et 12.000 € par an pour ses études (la large fourchette s’expliquant entre autres par la loca-tion ou non d’un kot). Cette somme comprend le minerval, les syllabus, les livres, le loyer, l’alimentation, l’accès à la culture, les soins de santé,… La situation est d’ailleurs fort semblable pour les étudiants néerlandophones.

    Tout cela pèse lourdement sur le budget des étudiants et de leur famille et empêche très clairement toute une partie des fils et des filles de travailleurs d’accéder à l’enseignement universitaire. Avec l’inflation actuelle, cette situation ne peut que s’aggraver. C’est pour cela que l’organisation étudiante du MAS, les Etudiants de Gauche Actifs, est signataire et participe à la plateforme ResPACT qui réclame la réduction du coût des études. Cette campagne arrive à point durant une période où le pouvoir d’achat des étudiants et des travailleurs doit être défendu.

    Les problèmes dans l’enseignement ne se limitent cependant pas au coût des études. Ainsi Vandenbroucke, le ministre « socialiste » de l’enseignement flamand, après avoir scrupuleusement mis en œuvre la commercialisation de l’enseignement suite aux accords de Bologne, ne respecte même plus les règles de son propre plan. Celui-ci stipule en effet que les subsides aux universités et aux hautes écoles flamandes doivent être indexés.

    Donc, en toute logique, la VUB verrait son budget augmenter d’environ 3,34%, mais le ministre ne veut l’augmenter que de 1,9 %… Soit un manque de 2 millions d’euros pour l’université, ce qui signifierait très certainement une cinquantaine de licenciements dans le personnel, un chiffre énorme pour un établissement tel que la VUB. Le pire, c’est que ce scénario risque de se reproduire dans toutes les universités et hautes écoles flamandes.

    Comme les gouvernements refusent de refinancer l’enseignement, ce sont les autorités des différentes institutions qui sont obligés d’appliquer des coupes budgétaires dans leurs propres établissements. Si nous voulons rendre les études accessibles et de qualité pour tous, nous devrons rompre avec la logique qui veut transformer les universités et les hautes écoles en centres de recherches et en sous-traitants des grandes multinationales. Pour cela, davantage de moyens publics pour l’enseignement sont nécessaires : il faut un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB. Et, pour offrir une indépendance aux jeunes et offrir une réponse à la baisse du pouvoir d’achat, il nous faut un salaire étudiant. Mais où trouver l’argent ? Là où il se trouve, dans les poches des grands actionnaires qui nous ont volés et qui continuent à nous voler avec la complicité des politiciens.

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