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Tag: Bologne
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Retour sur la nouvelle gouvernance à l'ULB.
Il y a, depuis ce jeudi 17 octobre, un changement majeur qui s’est opéré au sein des institutions de l’ULB. Et c’est, hélas, un changement négatif pour le personnel, les étudiants et pour l’enseignement en général. Ainsi, le Conseil d’Administration a voté la réforme de gouvernance “efficacité et démocratie” mais nous pouvons traduire ce titre par “vision managériale d’un service public pour le rendre plus compétitif, plus performant et plus rentable”.
Par Maxime (Bruxelles)
Pour accomplir ce but, l’état de la direction de l’ULB posait problème, il a fallu le régler… ou plutôt le “réformer”… Donc, pour rendre toute opposition aux projets néolibéraux des autorités universitaires impossible, la nouvelle gouvernance consiste à :
- Diviser le CA en deux, un Conseil qui gère l’académique et un autre qui gère l’administratif, en réduisant le nombre de représentants du personnel et des étudiants.
- Renforcer l’exécutif, avec l’arrivée d’un nouveau Directeur Général externe à l’ULB.
- Accorder plus de places aux « experts », les technocrates.
Cela rend tout débat d’ensemble impossible (l’académique et l’administratif étant pourtant liés). La nouvelle gouvernance attaque aussi les conditions de travail du personnel administratif, technique, de gestion et spécialisé comme l’ont dénoncé les syndicats. Les autorités nient tout lien entre cette réforme et le processus de marchandisation de l’enseignement commencé par la Déclaration de Bologne. Il ne faut pas être dupe. Les autorités nient l’évidence même.
Sur le climat autoritaire
Les conditions dans lesquelles c’est opéré le vote de la réforme sont fort significatives de la nature si “démocratique” de la nouvelle gouvernance. Tout d’abord, lors de la contestation étudiante de ce lundi 14 octobre qui réclamait seulement le report du vote précédé par des débats contradictoires et un référendum, les autorités de l’ULB ont fait appel à la police, pour ‘‘se protéger’’ des étudiants qui ne réclamaient rien de très anti-démocratique. Et la police n’y est pas allée de main morte, elle a laissé tomber la “méthode douce” pour utiliser gaz, matraques et chiens. Une belle preuve de répression musclée, d’une force inouïe, disproportionnée et de violence gratuite. Il y a eu plusieurs blessés.
Après ça, une petite victoire a été obtenue par le blocage vu que le vote a été reporté… au jeudi 17 octobre. La deuxième petite victoire forte de symboles est le fait que le CA a dû voter la réforme en zone neutre, place Royale, et sous surveillance policière. Malgré l’opposition exprimée -du personnel et des étudiants- à travers leurs actions: blocage du CA, du rectorat par les syndicats, assemblées générales et manifestation…
Bref, nous sommes face à un bon signal pour la démocratie et l’enseignement à l’ULB et en Belgique en général…
Revendications:
- Non à la réforme pourrie !
- Construisons une mobilisation massive pour gagner !
- Unité des étudiants avec le personnel !
- Pour un contrôle et une gestion démocratique du personnel et des étudiants, avec des délégués révocables à tout moment par l’assemblée qui les a élus, pour enfin connaître une vraie démocratie à l’université !
- Pour un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB minimum !
- Pour une société où les richesses sont gérées et réparties démocratiquement par la population !
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De la démocratie à l’ULB… La réforme de gouvernance c’est quoi ?
Depuis mars 2012, les autorités de l’ULB préparent en coulisses une réforme qui va changer de fon en comble la direction universitaire. Selon les autorités, son objectif est de répondre plus efficacement aux nouveaux défis que doit relever l’université. Ce processus est défini par les autorités même comme une « réforme structurelle »… Une expression qu’on a déjà entendu quand il s’agit de privatiser les services publics, geler les salaires…
Tract d’EGA-ULB
Une politique qui s’encadre dans la nouvelle gouvernance européenne dirigée par la Troïka (Commission européenne, Banque Centrale Européenne, FMI). Ici, la réforme de gouvernance s’inscrit dans un projet bien plus large, commencé par le processus de Bologne, de privatisation de l’Université publique et de gestion managériale de notre enseignement. La réforme consiste à : Diviser le CA en deux, en réduisant le nombre de représentants du personnel et des étudiants. Renforcer l’exécutif, avec l’arrivée d’un nouveau Directeur Général externe à l’ULB.
Accorder plus de places aux « experts », les technocrates Ce packet de « réformes structurelles » est une claire attaque à la démocratie interne de notre université (qui était déjà loin d’être parfaite).
Que faire ?
Les Etudiants de Gauche Actifs se mobilisent en première ligne contre cette nouvelle gouvernance. Face à la mobilisation étudiante, les autorités de l’ULB n’ont pas hésiter à appeler la police (qui est bien connue pour ses « méthodes douces ») pour réprimer sauvagement le mouvement de blocage du CA. Tout ça n’est pas acceptable. La seule réponse face à cette déclaration de guerre, c’est l’organisation d’un mouvement étudiant avec des perspectives politiques claires qui soit capable de bloquer le CA jusqu’au report du vote. Et ainsi débuter une campagne plus large pour obtenir un référendum et la mise en place de débats démocratiques au sein de la communauté universitaire en défense de la démocratie interne.
Nous n’avons aucune illusions dans le référendum, c’est seulement un moyen pour renforcer le mouvement de résistance. Ce n’est pas à une minorité de gouverner comme elle l’entend l’ULB. Les Etudiants de Gauche Actifs revendiquent la nécessité d’une véritable démocratie au sein des institutions universitaires. La seule démocratie possible est celle du personnel et des étudiants. Il nous faut un plan d’action collectif pour réveiller la communauté étudiante face à cette attaque néolibérale contre nos intérêts. L’université n’est pas une entreprise, mais un service public pour la société. Ce n’est pas aux technocrates et aux capitalistes de la gérer, mais à nous, le personnel et les étudiant.
Nous invitons la communauté universitaire à se retrouver lors d’une As- semblée Générale pour préparer notre riposte !
Quand ? Jeudi 17 octobre à 12h !
Où ? Sur le campus du Solbosch au Chavanne !
Revendication:
- Non à la réforme pourrie !
- Construisons une mobilisation massive pour gagner !
- Unité des étudiants avec le personnel !
- Pour un contrôle et une gestion démocratique du personnel et des étudiants, avec des délégués révocables à tout moment par l’assemblée qui les a élus, pour enfin connaître une vraie démocratie à l’université !
- Pour un refinancement publique de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB minimum !
- Pour une société où les richesses sont gérées et réparties démocratiquement par la population !
Vidéo de la répression policière à l’ULB
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[INTERVIEW] ITALIE : ''La crise systémique a fait exploser le paysage politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti sérieux et combatif pour les aider à résister à l’austérité.''
Même si l’Italie est l’un des pays européens les plus touchés par la crise, les évènements qui s’y passent actuellement sont moins connus que ceux d’Espagne, du Portugal ou de Grèce, notamment à cause de l’absence de lutte de masse contre l’austérité brutale. Nous en avons discuté avec Giuliano Brunetti, membre de ControCorrente, le parti-frère du PSL en Italie. Dans cette interview, il nous parle de la situation de crise que subissent les travailleurs et leurs familles, du processus de décomposition/recomposition du paysage politique ainsi que des luttes récentes et en cours, en développement.
Interview réalisée par Stéphane Delcros
Socialisme.be : Que signifie l’austérité pour les Italiens ?
Giuliano : D’un point de vue général, la crise a fortement frappé en Italie. En 2012, le niveau de consommation est tombé à son niveau le plus bas depuis la deuxième guerre mondiale. La production industrielle a chuté et le nombre de travailleurs sans emplois a explosé. La situation est surtout difficile pour les pensionnés, les jeunes travailleurs du Sud, et spécialement les femmes.
Selon l’institut national des statistiques, 52% des pensionnés italiens reçoivent moins de 1.000€ par mois. Le nombre de travailleurs sans emplois s’élève officiellement à 2,9 millions, soit 11,1% ; chez les jeunes, le chiffre est de 36,5%. Mais il faut considérer que les gens qui travaillent ne serait-ce qu’une heure par semaine ne sont pas considéré comme sans emplois. Dans le Sud du pays, plus d’une femme sur deux est sans emploi.
C’est devenu incroyablement difficile de trouver un job pour un jeune ou un travailleur sans-emploi. Les petites entreprises familiales, qui représentent 90% des entreprises du pays, sont chaque jour en train de fermer par centaines, parfois par milliers, car la production fonctionne pour moins de la moitié de la capacité de production. Les travailleurs de l’usine de Fiat à Melfi (Turin), par exemple, travaillent deux jours par mois. Dans le secteur public, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui sont supprimés, et on attend une nouvelle suppression d’une centaine de milliers d’emplois, avec les 30 milliards d’euros d’économie budgétaires prévues dans le secteur des soins de santé.
Le gouvernement Monti, soutenu par toutes les fractions politiques principales de la classe capitaliste italienne, a assuré, en un an, l’introduction d’un nombre extraordinaire de réformes antisociales sur les pensions et les salaires. Le gouvernement a réussi le démantèlement de l’article 18 du statut des travailleurs. Cette article de la législation sociale sauvegardait les travailleurs des grosses entreprises contre les licenciements illégaux menés par les patrons. Mais aussi, et peut-être même pire, le gouvernement a réussi à faire passer une réforme constitutionnelle, qui est la traduction, dans la législation nationale, du Pacte budgétaire européen (le Traité d’austérité), avec la nécessité de réduire la dette publique italienne au niveau de 60%, ce qui veut concrètement dire qu’entre 40 et 45 milliards d’euros d’économies vont être mises sur la table chaque année d’ici à 2020 par la coalition gouvernementale qui va diriger le pays.
Ceci, bien sûr, si on ne prend pas en compte la possibilité d’une lutte généralisée qui développera inévitablement du moment que les conséquences de la crise deviendront de plus en plus visibles et que des couches de jeunes activistes et de travailleurs rentreront dans l’arène politique.
D’un point de vue social, du fait de l’échelle des attaques et de la crise, du fait de l’appauvrissement généralisé de la population italienne, l’Italie, avec la Grèce, l’Espagne et le Portugal, est l’un des pays européens les plus touchés, même si nous n’y avons pas encore vu le même type de réaction généralisée comme celles qui se sont développées dans les autres pays PIIGS.
Pourquoi justement, contrairement aux autres pays du Sud de l’Europe, n’y a-t-il pas encore eu de grand mouvement contre l’austérité en Italie ?
Il n’y a pas d’explication simple à cela, il faut prendre plusieurs éléments en compte. Tout d’abord, il faut se rendre compte que Berlusconi n’a pas été chassé du pouvoir sur base d’une fronde du peuple. Son gouvernement était une coalition entre des représentants du grand capital et du petit capital, avec la Ligue du Nord. Après les nombreux scandales et provocations dont il usait largement, il n’avait pas la force de résister à une mobilisation de masse contre l’austérité nécessaire pour les intérêts des capitalistes italiens.
Les classes dominantes italienne et européenne ont donc décidé à l’unanimité de trouver un outil plus respectable pour imposer l’austérité. Ils ont alors choisi un vieil homme poli et respectable, Monti, mais en dessous de l’image du bon grand-père se cachent les intérêts de la Troïka et des grandes banques et entreprises qu’il représente. Aujourd’hui, c’est donc seulement un gouvernement du grand capital. Les ministres sont presque tous des grands banquiers. Le ministre de la justice, par exemple, a un patrimoine de 7 milliards d’euros. Mais la bourgeoisie se rend compte qu’elle n’a pour le moment pas d’outil politique. L’euphorie après le départ de Berlusconi a en fait été très courte.
Le sentiment général qui existe aujourd’hui dans la société est la peur. Ceux qui ont le privilège d’avoir un emploi défendent leur salaire, qui est souvent un moyen de survie pour trois générations, et ils le défendent à tout prix, souvent en acceptant une réduction de la paye, ou une limitation de leurs droits si c’est la condition pour pouvoir ramener du pain à la maison.
L’entièreté du système politique est en décomposition. Tous les partis principaux, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, sont confrontés à des scandales de corruptions. Cette situation nous ramène au grand chamboulement politique d’il y a 20 ans, quand la classe dominante, la presse et le système judiciaire ont détruit le système politique qui avait géré l’Italie après 1945. Les partis politiques qui sont aujourd’hui en désintégration avaient alors été mis sur pieds.
L’Italie des Valeurs, un parti populiste et moraliste dirigé par le l’ancien magistrat Antonio Di Pietro, a beaucoup perdu. Son dirigeant fait face à à des accusations de vols ; il est notamment accusé d’avoir acheté une douzaine de propriétés avec l’argent du parti.
Le Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Berlusconi, tout puissant il y a si peu, a perdu près de 70% de ses votes dans la récente élection régionale en Sicile. Le parti est sévèrement touché par une montagne sans précédent de scandales qui impliquent également les gouvernements régionaux du Latium (Rome) et de Lombardie (Milan) où les directions locales du PDL ont été forcées à démissionner après avoir admis le vol de millions d’euros des caisses régionales pour leur usage personnel. Berlusconi semble maintenant incapable de revitaliser son parti, qui est en désintégration visible et en proie à des luttes de factions.
Même la Ligue du Nord , le parti raciste d’Umberto Bossi, qui avait construit sa crédibilité politique ces deux dernières décennies en attaquant ‘les voleurs de Rome’, est devenue une organisation de voleurs, le type même d’organisation qu’il dénonçait. L’argent du parti a été investit dans l’achat de diamants en Angola, et le jeune fils idiot de Bossi, le chef du parti, a été promu conseiller régional de Lombardie alors qu’il n’avait que 21 ans et qu’il a raté trois fois ses examens finaux à l’école.
Dans cette situation complexe et rapidement mouvante, une partie de l’élite italienne qui a des doutes sur Bersani, le nouveau leader de la coalition de centre-gauche (PD), essaie désespérément de reconstituer son propre parti politique. Après les gros scandales de corruption des années ’90, la classe capitaliste n’a jamais réussi à avoir son propre outil politique pour remplacer la Démocratie Chrétienne, pour parler en son nom.
Montezemolo, précédent président de l’organisation des patrons, et propriétaire de Ferrari, a organisé la conférence de fondation de son nouveau mouvement appelé ‘Italia Futura’, en présence de 5.000 personnes, dont le secrétaire général pourri du syndicat CISL, qui a ouvertement lancé l’idée de la nécessité de reconstituer un gouvernement ‘technique’ sous la direction de Mario Monti lui-même.
Cette perspective, étant donné l’augmentation des soutien pour le Parti Démocrate, ne semble pas la plus probable au stade actuel, mais ne peut être complètement exclue. Monti lui-même a déclaré qu’il était prêt, si on lui demandait, à servir une nouvelle fois le pays après les élections générales du printemps prochain.
C’est la situation qui a mené à la spectaculaire percée du Mouvement Cinq Étoiles du comédien milliardaire et populiste Beppe Grillo qui est devenu le premier parti politique à Palerme dans le Sud profond et qui est crédité de 20% des votes dans les élections à venir. En fait, même le Mouvement Cinq Étoiles fait face à des complications internes, mais qui ne devraient pas affaiblir leur soutien électoral en ce moment.
Il y a un manque total de confiance dans toute forme de parti politique et d’institution, y compris dans les confédérations syndicales qui sont vues comme faisant partie de l’establishment. Il y a le sentiment que des grands changements sont en train de se faire et les travailleurs et les gens ordinaires ont peur de ces changements, qui signifient habituellement une chute dramatique des standards et conditions de vie.
Même le Parti Démocrate (PD), qui a vu son soutien dans la société augmenter autour des élections primaires, est vu avec scepticisme, et certainement sans enthousiasme. La popularité de Monti a brutalement chuté, même s’il reste le politicien le plus populaire. Les membres du Parti Démocrate ont choisi Bersani, un ancien communiste, pour mener le PD aux prochaines élections. Mais il ne faut avoir aucune illusion dans ce Bersani. Il a déjà plus d’une fois prouvé sa capacité à défendre sa classe, et ce n’est pas la nôtre. Ancien ministre du gouvernement Prodi, Bersani s’est rendu responsable du processus de privatisation, notamment des pharmacies et des taxis. Et lui et son parti, ensemble avec le parti de Berlusconi, ont soutenu toutes les mesures antisociales du gouvernement Monti.
Cette situation politique complexe et l’absence totale d’instrument politique pour les gens ordinaires est une des raisons qui explique l’absence relative de réponse des masses ou, pour être plus précis, la guerre de classe unilatérale que les banquiers et les patrons ont lancé contre les travailleurs et leurs familles.
Des luttes, plus locales et sectorielles, se sont tout de même développées récemment.
Oui, d’importantes batailles ont été menées dans le secteur industriel comme la lutte victorieuse des mineurs du Sulcis en Sardaigne qui ont occupé le puit, avec de la dynamite collé à leurs corps pour défendre le seul puit de charbon qu’il reste dans le pays. Ils ont gagné là un répit temporaire.
La bataille est encore en cours entre les travailleurs, les patrons, les institutions et le système judiciaire à l’Ilva à Tarente, une gigantesque usine de production d’acier en Europe, représentant 40% de la production sidérurgique d’Italie. On y a notamment vu des occupations des usines. C’est une expression de l’énorme colère qui vit parmi les travailleurs. Les juges ont ordonné la fermeture d’Ilva à Tarente à cause de problèmes environnementaux. L’usine est ultra-polluante, des centaines de travailleurs sont morts de cancer dans cette région. Mais fermer Ilva signifierait la décapitation complète de la production industrielle de l’Italie du Sud, la disparition de 20.000 emplois à Tarente et des licenciements sur les autres sites d’Ilva à Gênes et près de Turin.
Chez Fincantieri à Gênes, les travailleurs ont stoppé avec succès un plan de privatisation qui aurait signifié la fermeture du chantier naval de Sestri. Nos camarades ont été impliqués dans cette lutte majeure et ont joué un rôle-clé dans la défense de ces emplois.
Dans toutes ces luttes, la FIOM (syndicat des ouvriers du métal de la fédération syndicale CGIL) a joué un rôle important même si elle était assez isolée dans la société. La direction de la FIOM est confrontée à une contradiction majeure : d’un côté elle fait partie de la direction collective de la CGIL, qui tente de freiner les luttes, et de l’autre, elle doit répondre à l’avant-garde des travailleurs la plus combattive et la plus avancée. Cette contradiction va inévitablement devenir plus aiguë à un certain moment.
Le 14 novembre dernier, la grève générale européenne a été très bien suivie dans certains pays d’Europe du Sud. Comment était la mobilisation en Italie ?
Le 14 novembre, on a connu 4 heures de grève générale organisée par la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL), la principale confédération syndicale. C’était beaucoup trop peu au regard de l’ampleur de la politique d’austérité du gouvernement. La FIOM, le secteur public et les télécommunications, qui sont les secteurs les plus importants, ont eux étendu leur grève jusqu’à 8 heures de grève générale.
Les autres confédérations syndicales (CISL, UIL et UGL) n’ont pas pris part à la grève, pas plus que l’USB, un syndicat dont la base est plus radicale et qui attire quelques-uns des membres les plus militants de la CGIL et des jeunes travailleurs précaires.
La participation générale à la grève du 14 était assez faible, étant donné la faiblesse de la mobilisation qui était improvisée. Beaucoup de travailleurs se sont demandés quel était l’intérêt de prendre part à la grève de la CGIL, puisque ce même syndicat n’a rien fait lorsque le gouvernement Monti, soutenu pas le Parti Démocrate, a procédé à des attaques sur les pensions, les salaires et la législation sociale.
De ce que nous savons de sections importantes du syndicat qui n’ont pas pris part aux actions de grève, c’est que les travailleurs ont mis en question la raison même de la grève: ”pour quoi faisons-nous grève?” Et pour beaucoup: ”quel intérêt à faire grève aujourd’hui, alors que mon syndicat n’a même pas levé le petit doigt quand mon salaire a été attaqué?”
La jeunesse a-t-elle pris part à cette grève ?
Même si le mouvement étudiant n’est pas directement concerné, durant la semaine passée, on a vu une vague d’occupations d’écoles et d’instituts par des étudiants en colère. L’État italien dépense 1,2% du PIB pour l’éducation, ce qui a pour conséquences une situation où l’école tombe littéralement sur la tête des étudiants, où le papier toilette et le savon manquent et où on impose aux étudiants de contribuer ‘volontairement’ à certaines dépenses. Le mouvement étudiant est une expression claire de la colère qui se développe parmi les jeunes, mais il n’est pas encore certain que ce mouvement se généralise pour le moment.
Les dernières initiatives prises à gauche vont-elles dans la voie de la formation d’un nouveau parti des travailleurs ?
La question d’un nouveau parti politique est un aspect important de la stratégie de la classe capitaliste dominante. Mais c’est une question réellement vitale pour le mouvement ouvrier et les secteurs progressistes de la société dans la période turbulente dans laquelle nous entrons.
Les différentes tentatives qui ont été lancées ces derniers mois pour construire une nouvelle arme pour coordonner et organiser la résistance dans la société ont malheureusement toutes résulté en confusion et alliances politiques contre-nature. Le Comitato No Debito (Comité contre le payement de la dette) dans lequel nous intervenons et dans lequel nous jouons un rôlé-clé, surtout à Bologne et à Gênes, aurait pu être un bon outil. Malheureusement, le sectarisme de certains de ses membres fondateurs (Sinistra Critica et FalceMartello, sections italiennes respectivement du Sécretariat Unifié de la Quatrième Internationale et de la Tendance Marxiste Internationale) et l’incapacité de traduire le refus du payement de la dette aux banquiers en revendications politiques concrètes ont conduit à une situation de faiblesse. Le comité a organisé une manifestation nationale contre le gouvernement en octobre, qui s’est révélée être un certain succès politique. Mais il est peu probable que ce comité puisse émerger comme une force motrice pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs dans la période à venir.
Une autre tentative de créer une formation de gauche a été initiée par un groupe d’intellectuels de gauche regroupés autour du journal national Il Manifesto. L’initiative a organisé une conférence de fondation de l’ALBA (Alliance, Travail, Biens Communs, Environment) qui tente de remplir le vide politique à gauche.
Le parti de la Refondation Communiste (RC) a essayé de construire son propre outil politique pour revenir au Parlement. Ils ont lancé la Fédération de la Gauche, une alliance électorale avec un autre parti communiste et deux forces plus modestes. Mais cette alliance était mort-née, et la RC essaie maintenant de construire une autre alliance politique sous le nom de ‘Le changement, c’est possible’, autour de Luigi De Magistris, ancien député européen et actuel maire de Naples. Malheureusement pour la RC, un tel développement va probablement pousser leur crédibilité un peu plus vers le bas. Ils avaient déjà perdu énormément lors de leur engagement dans les gouvernements néolibéraux sous la direction de Romano Prodi.
Toutes ces tentatives ratées de lancer une nouvelle formation politique de gauche ont résulté en faillites complètes. Cela va peut-être ralentir le processus de construction d’un outil politique pour les travailleurs combatifs dans la prochaine période, mais cette question reste ouverte dans la société et ne peut pas être évitée. Les luttes industrielles et sociales seront la clé dans le développement d’une telle force.
La crise systémique du capitalisme a fait exploser le paysage politique. Toutes les formations politiques majeures paient en fait le prix de leur participation à la défense des intérêts capitalistes ces vingt dernières années. Ces chamboulements politiques et l’austérité paralysent temporairement la majorité des travailleurs. Mais nul doute que notre classe se mettra en mouvement dans la prochaine période. Les travailleurs auront alors plus que jamais besoin d’un parti sérieux et combatif pour les aider à résister à l’austérité. Et nous serons présents, avec ControCorrente, pour stimuler la mise sur pied d’un tel outil, tout en avançant la nécessité de balayer ce système pour une société qui défende les intérêts de tous.
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La journée du 14 novembre en Italie : La Cgil a à peine mobilisé, mais les travailleurs et les jeunes ont rempli les places
Le 14 novembre, dans une trentaine de villes italiennes, des centaines de milliers de travailleurs et d’étudiants ont manifesté contre le gouvernement, contre les politiques d’austérité et de coupes budgétaires, en réponse à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES).
Giuliano Brunetti, ControCorrente (CIO-Italie)
Ici, en Italie, la principale confédération syndicale du pays, la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL), a pris part à la journée d’action en appelant à une ”grève générale 4 heures”. Cette décision de prendre part aux mobilisations européennes du 14 novembre est positive, mais elle n’efface en rien la forte responsabilité de la CGIL et de ses instances dirigeantes à cette étape particulière de la crise. En effet, quatre heures, c’est très peu étant donné l’ampleur de la crise et des attaques antisociales. Il est toutefois à mentionner que certains secteurs, comme le commerce, les télécommunications, les écoles et la fonction publique, ont étendu la grève à 8 heures.
La faible adhérence à la grève est liée à plusieurs facteurs, et tout d’abord à la faiblesse de la mobilisation. En réponse à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats, la CGIL a décidé un peu plus de 10 jours à l’avance de lancer un mot d’ordre de grève symbolique, en laissant peu de temps à ses délégués syndicaux pour expliquer aux travailleurs les raisons de cette protestation spécifique. Ils n’ont pas d’organisé de réunions sur les lieux de travail pour expliquer la plate-forme de revendications et sérieusement préparer la mobilisation des travailleurs. De plus, les termes utilisés pour préparer cette journée du 14 novembre étaient vagues et très généraux.
Dans la plate-forme de la grève, la CGIL a déclaré: ”La CGIL est contre le démantèlement de l’État providence, contre la privatisation des services publics et contre l’attaque contre les négociations collectives. Elle se prononce en faveur d’une gouvernance économique favorable à la croissance, pour une politique de redistribution des richesses par l’impôt, pour une politique industrielle ambitieuse, le partage de la dette par le biais des euro-obligations et pour le respect des négociations collectives."
Les travailleurs de la Cgil n’ont pas manifesté pour exiger des euro-obligations, mais pour affirmer leur volonté de défendre les retraites, les salaires, l’enseignement, les soins de santé et les transports publics !
La timidité de la Cgil dans l’organisation des manifestations, des grèves et des protestations contre un gouvernement qui – du point de vue des attaques contre les conditions de vie et les droits des travailleurs est allé beaucoup plus loin que le précédent gouvernement Berlusconi – n’a pas été oubliée. Beaucoup de travailleurs n’ont pas oublié l’absence criminelle de présence de la part de la direction de la CGIL en cette année de boucherie sociale sous la direction du gouvernement Monti. Ils se demandent à juste titre où était la Cgil lorsque le gouvernement a attaqué les pensions, lorsque le gouvernement a démantelé le statut des travailleurs ou a laissé désespéré des dizaines de milliers de ”esodati”, ces travailleurs qui ont été laissés sans salaire ni pension.
La présence de la FIOM, la section très militante des métallos de la CGIL, est à souligner. Elle a activement participé aux grèves et aux manifestations dans près d’une centaine de villes. À Pomigliano (Naples), là où se trouvent les plus importantes usines de Fiat et où les membres de la FIOM ont souffert de graves discriminations et de violations de leurs droits en raison de leur appartenance syndicale, la Fiom a organisé une grande manifestation à laquelle ont participé le Secrétaire général de l’organisation, Maurizio Landini. C’est qu’au-delà de l’attaque généralisée contre les conditions de vie et de travail des travailleurs, la FIOM s’oppose également fortement au contrat national que la Federmeccanica (l’organisation patronale de la métallurgie) est sur le point de signer avec confédérations syndicales Cisl et Uil.
En ce qui concerne les divers «syndicats de la base», l’absence totale de l’USB (Unione Sindicale di Base) est à noter. Cette dernière a choisi de boycotter la journée d’action afin de ”ne pas collaborer avec les syndicats jaunes.” Cette décision n’a pas été de nature à aider au développement d’un mouvement radical de la classe ouvrière en Italie. La COBAS (Confédération des comités de base), pour sa part, a par contre pris une part active à la lutte en amenant la majorité de ses membres dans les rues, en particulier dans le secteur de l’éducation.
La participation aux manifestations a été particulièrement forte dans l’enseignement, notamment en raison des importantes réductions budgétaires en cours dans le secteur, et qui ont déjà été à la base des manifestations étudiantes massives au début du mois d’octobre et de la grande manifestation qui a déferlé dans les rues de Rome le samedi 10 novembre. A Rome, ce 14 novembre, environ 50.000 personnes, principalement des étudiants aux côtés de nombreux travailleurs du secteur public, ont bloqué toute la ville et ont essayé d’atteindre le bâtiment du parlement.
Une répression policière brutale
Malgré le caractère relativement pacifique de la manifestation, la police a reçu l’ordre de charger et de disperser les manifestants. De grandes quantités de gaz lacrymogènes ont été envoyées à hauteur des yeux de manifestants non-violents et désarmés. Les charges de la police ont laissé des dizaines de personnes à terre, les manifestants ont été encerclés par des agents de police et des lâchement frappés au visage avant d’être emmenés pour identification. Beaucoup de jeunes manifestants ont signalé des blessures multiples, des visages gonflés, des dents cassées et des fractures.
La violence policière n’est pas le fait de quelques fanatiques isolés, la police a obéi à des ordres spécifiques, le gaz lacrymogène qui a été tiré dans la foule en fuite a même été tiré du siège du ministère de la Justice. Cette violence, visible sur des centaines de vidéos, est non seulement injustifiée, mais également une confirmation de la volonté politique d’effrayer les jeunes manifestants à leurs premières manifestations. ControCorrente, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Italie, exprime son entière solidarité avec les manifestants violentés par la police. Parmi les blessés se trouvent de nombreux étudiants du secondaire.
A Milan, la grève a créé de graves perturbations de la circulation, l’événement a réuni des travailleurs de la CGIL, des étudiants, les travailleurs de l’hôpital San Raffaele ainsi que les travailleurs des transports, y compris les cheminots.
La participation aux manifestations des autres villes fut remarquable. A Turin, une manifestation de 20.000 personnes a défilé à travers la ville. A Naples, une grande manifestation a traversé la vieille ville, avant d’occuper la gare centrale de Piazza Garibaldi. De grandes manifestations ont aussi été organisées à Bologne, Gênes, Cagliari, Florence, Bari et Catane.
Les étudiants, principalement du secondaire, avec leurs enseignants, ont exprimé leur volonté de défendre l’enseignement public contre la politique du gouvernement (augmenter des heures de travail, démantèlement des contrats de travail, etc.)
Malgré la timidité des bureaucraties syndicales, le 14 novembre a été un succès politique relatif en Italie, il a montré au grand jour la volonté de lutter et de résister qui se répand à la base de la société, à Alcoa, à Sulcis, chez Ikea, chez Coop, parmi les métallos, les enseignants , les travailleurs précaires et temporaires, ainsi que chez les jeunes et les étudiants.
Maintenant, il est important de resserrer les rangs et d’immédiatement préparer une stratégie de mobilisation pour une prochaine journée de lutte. Nous devons nous préparer pour une grève générale de masse de 24 heures afin de commencer à inverser le rapport de force dans la société et de clairement mettre en avant la seule force capable de stopper les attaques contre nos droits, le démantèlement de l’éducation publique, la santé et le transport, etc. Seule une mobilisation totale et bien préparée de la classe ouvrière est capable de renverser les politiques actuelles d’austérité, qui continueront à être appliquées par le nouveau gouvernement – qu’il soit technique ou politique – qui sortira des urnes le printemps prochain.
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ULB : Déclaration commune d'EGA, des Etudiants FGTB, des JAC et de Comac
Ce 21 septembre 2012 notre université accueille le Premier Ministre belge, M. E. Di Rupo, ainsi que le ministre de l’enseignement supérieur, M. J.-C. Marcourt. Notre université étant aujourd’hui confrontée à des questions de logement étudiant, de personnes sans papiers et de politique d’enseignement supérieur globale, nous tenons à faire entendre notre voix. Pour cela, nous nous rassembleront pour interpeller ces messieurs lors de leur visite.
De l’actualité de l’ULB
Nous désirons tout d’abord pointer du doigt les problèmes posés par le plan de logement de l’ULB déposé l’an dernier. Cette dernière a décidé d’étendre son offre de logement par des partenariats publics-privés.
Nous déplorons que ces choix politiques vont entraîner une augmentation globale de cent euros du loyer mensuel moyen dans un kot universitaire, c’est à dire de près de trente-cinq pour cent.
Nous souhaitons ensuite rappelé l’existence de d’occupations de personnes sans papiers sur le campus. Celle-ci sont sujettes à une précarité extrême.
Nous mettons aussi en avant le processus international dans lequel l’enseignement supérieur est pris depuis plusieurs années. Les dispositions prisent notamment par le processus de Bologne tendent à transformer les savoirs en marchandises standardisées échangeables. L’étude des textes en faveur de ces processus révèlent des volontés d’augmentation des droits d’entrées dans les établissements d’enseignement supérieur, des encouragements à la présence des entreprises privées dans l’enseignement et la recherche, et des économies sur les filières d’enseignement peu rentable. En 2009, plusieurs centaines de cours ont été retirée des cursus universitaires à l’ULB.
Nous voulons enfin souligner l’évolution des politiques d’emploi prise dans le cadre du plan d’austérité. Celles-ci visent à retarder l’âge de la retraite des travailleurs en emploi et rendent plus strict l’accès aux allocations chômage, dans un contexte de chômage massif, particulièrement parmi les jeunes. Des effets des politiques du gouvernement
Nous tenons à dénoncer ces conséquences et ces politiques orchestrées par les gouvernements dont messieurs J.-C. Marcourt et E. Di Rupo font partie.
1. Le sous-financement de l’enseignement supérieur, devenu chronique depuis vingt ans, rend difficile toute politique d’envergure des établissements d’enseignement supérieur et les poussent à des économies massives. Elles les poussent à se tourner vers des entreprises privées pour trouver des sources de financement alternatif aussi bien pour leur activité d’enseignement, de recherche que de services.
Ce sous-financement cause deux problèmes très graves :
- une faiblesse globale des établissements à mettre en place des politiques sociales efficaces visant à la démocratisation de l’enseignement supérieur.
- une présence de plus en plus importantes des entreprises privées dans les établissements, menaçant l’indépendance de l’enseignement et de la recherche.
2. La politique migratoire répressive des gouvernements belges successifs sont responsables des conditions de précarités extrêmes de plusieurs milliers de personnes en Belgique. Les personnes sans papiers se retrouvent sur un territoire sans le moindre droit, ce qui permet à des employeurs cupides de les exploiter. La chasse organisée par les polices dont ils sont la cible obligent les sans-papiers à vivre dans une clandestinité source d’abus divers et de conditions de vie précaires.
3. Les mesures d’austérité prises par les autorités belges depuis la crise économique permettent de répondre aux demandes du patronat. L’allongement de l’âge de la pension va provoquer dans les années à venir une augmentation du chômage des jeunes travailleurs, déjà fortement touchés. La précarité générale de la jeunesse provoquée par ce genre de politique se renforce encore plus avec l’allongement de l’ancien « stage d’attente » à 12 mois.
Des propositions solutions solidaires des étudiants
La prolongation de ces choix politiques antisociaux sont inacceptables pour les étudiants. Nous avons à proposer des solutions alternatives qui permettent de favoriser une société solidaire.
Une politique du logement étudiant social
Le gouvernement doit investir dans le logement étudiant. Il est temps de construire des kots publics. Ces kots publics doivent être conçu comme une politique sociale, leurs attributions et leurs loyers doivent favoriser la démocratisation de l’enseignement supérieur. Il est nécessaire de freiner la montée interminables des loyers par des blocages légaux. Pour agrandir le parc de logement, la Fédération Wallonie-Bruxelles doit dans un premier temps se porter garante des prêts contractés par les établissements.
Refinancement à hauteur de minimum 7 % du PIB
L’enseignement ne peut avoir de politiques d’envergure sans disposer des moyens nécessaires. Il doit être refinancé au moins à la hauteur des fonds alloués à l’enseignement avant les restrictions budgétaires de la fin des années 80. C’est le seul moyen pour permettre de développer des politiques de démocratisations de l’enseignement.
Blocage des partenariats publics-privés
Les établissement d’enseignement doivent rester des institutions appartenant à la collectivité et indépendant des intérêts privés des entreprises. Des lois doivent être prises pour empêcher l’établissement de contrat rendant dépendant l’enseignement, la recherche ou les services des établissements d’enseignements des acteurs du privé.
Faire payer la crise à ses responsables plutôt qu’aux jeunes
Mettre les jeunes au chômage et sans revenus n’est pas une solution viable pour sortir de la crise. Plutôt que de renflouer les caisses de l’Etat par une diminution des dépenses, qui nuit aux jeunes et aux travailleurs, il est temps de faire payer les seuls responsables de la crise. La taxation des fortunes, la fin du secret bancaire, ainsi qu’une progressivité de l’impôt plus juste sont des pistes à suivre.
Des papiers pour tous, ou tous sans papiers
Le vingt-et-unième siècle n’est plus le temps pour une chasse systématique d’une population sous prétexte de son origine. Cette traque permet de cacher l’hypocrisie de nombreux autochtones qui profitent de l’absence de droit des sans papiers pour les exploiter encore plus durement que les travailleurs avec papiers. Une société humaine moderne se doit d’arrêter tout traitement différé pour les individus : Soit tous reçoivent des papiers et des droits, soit les papiers ne sont plus nécessaires pour avoir des droits.
Rassemblement ce vendredi 21/09
Nous ne sommes pas dupes, et savons que ces solutions sont connues des politiques. Nous nous rassemblons ce vendredi 21/09 pour leur rappeler que leurs responsabilités impliquent des obligations : nous ne sommes pas de simples « gouvernés ». Nous sommes une collectivité, et la politique qui l’organise doit viser à son bien commun. Nous sommes la pour rappeler que cette collectivité, c’est nous, et que le dernier mot nous reviendra !
Sections bruxelloises des Etudiants FGTB
Étudiants de Gauche Actifs
Jeunes anticapitalistes
Comac
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L'enseignement n'est pas une marchandise !
Ce mois de septembre, c’est le début de l’année académique, et des milliers de jeunes entreront pour la première fois dans les auditoires des universités et hautes écoles. Mais alors que le nombre d’étudiants va en s’accroissant, le financement de l’enseignement supérieur ne suit pas. Les auditoires sont régulièrement bondées, il est pratiquement impossible de bénéficier d’un accompagnement, les infrastructures sont déficientes ou délabrées,…
Par Mathias (Gand)
Un récent rapport(1) a dévoilé qu’en vingt ans (entre 1991 et 2010), l’allocation de la Communauté Française pour l’enseignement supérieur a augmenté de 21% seulement alors que le nombre d’étudiants augmentait de 34% et que le Produit Intérieur Brut belge augmentait de 42%. L’allocation des autorités par étudiant a globalement diminué de 10% sur le même laps de temps (particulièrement depuis l’apparition du système de financement par enveloppe fermée en 1999). Cette dernière décennie, la part du PIB consacrée à l’enseignement supérieur est passée de 2% à 1,2% en Belgique.
Aux yeux des autorités publiques, il semble bien qu’investir dans l’avenir à travers l’éducation des nouvelles générations est moins prioritaire que caresser les grands patrons et les actionnaires dans le sens du poil. Comme on pouvait le lire sur une banderole à la dernière grande manifestation des enseignants du secondaire à Liège : ‘‘20 milliards donnés aux banques, 20 ans d’austérité dans l’enseignement. WTF ??’’
Conséquence : les frais explosent pour les étudiants. Selon la Ligue des Familles, le coût moyen des études supérieures (inscription, matériel,…) est compris entre 8.000 et 15.000 euros ! Les bourses d’études sont totalement inadaptées face à ce genre de frais, et il faut déjà être bien en-dessous du seuil de pauvreté pour bénéficier de l’aide maximale… Personne ne nie que l’enseignement manque de moyens, mais peu de voix s’élèvent pour exiger un refinancement public. La plupart des propositions issues de l’establishment s’orientent vers l’augmentation des frais d’inscription. L’ancien recteur de l’Université de Louvain, André Oosterlinck, a même proposé de les doubler en une seule fois !
Et si cette discussion se développe dans l’enseignement de la Communauté Flamande, soyons certains qu’il ne faudra pas longtemps avant de la voir débarquer au sud du pays. Cette offensive sur l’accessibilité de l’enseignement supérieur est d’ailleurs internationale. En Grande-Bretagne, les frais d’inscription ont récemment triplé pour atteindre les 10.000 euros. Le professeur Ides Nicaise, de l’Institut Supérieur du Travail de Louvain, affirme qu’une augmentation des frais d’inscription en Belgique pourrait éviter l’afflux d’étudiants étrangers auquel nous assistions pour l’instant. Mais il fait les louanges de la logique des élites européennes et du processus de Bologne qui a créé un ‘‘marché de l’enseignement’’. Ce marché provoque un cercle vicieux concernant l’accès et la qualité de l’enseignement. Allons-nous laisser notre éducation aux prises avec une logique identique à celle qui a plongé la Grèce dans la misère ?
Ces derniers mois, nombreuses ont été les attaques contre l’enseignement qui ont provoqué des mouvements de protestation massifs : Québec, Chili, Grande-Bretagne, Grèce, Espagne,… Il faut nous aussi nous préparer à occuper les rues pour défendre notre enseignement et exiger qu’il soit gratuit et de qualité. Nous sommes pour un refinancement public de l’enseignement, et revenir aux 7% du PIB tel qu’au début des années ’80 serait un bon début. Luttons ensemble avec le reste de la société contre l’austérité et pour mettre fin à l’avidité capitaliste !
(1) Groupe de travail sur le financement de l’enseignement supérieur en Communauté Française de l’Académie Royale de Belgique, Premier rapport intermédiaire remis au Secrétaire Perpétuel le 15 juillet 2011. www.gauche.be
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Valencia : Le système s'arme
Le capitalisme en crise a commencé à ôter son masque, dévoilant ainsi son vrai visage de répression. Il ya une semaine, les étudiants manifestaient à Valence en riposte aux scandaleuses mesures de réduction budgétaires dans l’enseignement public en conséquence de la politique de casse sociale des néo-conservateurs du gouvernement local de Valence, dirigé par le PP. La violence des forces de ‘‘l’ordre’’ a indigné le monde entier.
Tract de Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne)
Tout a commencé avec l’absence de chauffage dans les classes. Les étudiants ont décidé de mener des actions et ont occupé les rues. En réponse, le gouvernement a ordonné aux organes de ‘‘sécurité’’ de faire ce qu’ils font le mieux : obéir aux ordres venant d’en haut. Ils sont intervenus dans la manifestation avec une brutalité policière sans précédent qui rappelle toutefois celle utilisée il y a longtemps lors de plusieurs manifestations contre le processus de Bologne par la police catalane et d’autres organes de répression de l’État.
Les images disponibles montrent la police trainer des gens par les cheveux pour les embarquer en camionnette afin d’être interrogés et détenus. On voit également des garçons de 14 ans à peine recevoir des coups de matraques.
Après une seconde répression, la police a brutalement investi une école secondaire avec coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. 500 étudiants ont alors décidé de s’enfermer dans la Faculté d’Histoire de l’Université Blasco Ibáñez. Ils ont occupé le bâtiment et ont écrit un manifeste de protestation. Après avoir décidé de rester là, accompagnés d’une poignée d’enseignants et de plusieurs parents, les policiers leur ont demandé de partir. Comme le doyen de l’université a refusé, la police est intervenue, des combats très durs ont eu lieu durant la journée et une partie de la nuit qui a suivi. Enfin, suite à une nouvelle vague de répression, le chef de la police de Valence, accompagné par un délégué du gouvernement, est apparu devant la presse en daclarant : Ils sont l’ennemi !
À mesure que la crise se poursuit et que s’accumulent les politiques antisociales et les coupes budgétaires, l’État capitaliste recourt à toutes sortes de tactiques répressives pour dissuader les gens d’entrer en résistance, même avec une opposition limitée et timide. N’oublions jamais ce que défendent les matraques : ces politiques antisociales sont en train d’épuiser les conditions de vie de la classe ouvrière. Ces politiques facilitent aux patrons l’exploitation du travail par la baisse des salaires, l’augmentation des heures de travail et la poursuite précarisation du travail.
Comme nous le savons, la récente réforme du travail, facilite les licenciements de différentes manières et favorise la flexibilité du travail. Les récentes coupes budgétaires qui ont frappé l’enseignement et la santé minent encore plus la qualité des services sociaux, situation qui n’est que le prélude à une future privatisation. En conséquence, il est inévitable que les protestations sociales se développent.
En réaction, le gouvernement central et les administrations locales ont recours à des mesures répressives et nous imposent l’état d’urgence. Ils veulent nous faire croire que la démocratie se limite à aller voter tous les 4 ans pour quelques parlementaires des grands partis établis en leur donnant carte blanche pour légiférer contre l’ensemble des travailleurs. Ils veulent faire passer toutes sortes de politiques antisociales, à la demande des banques et du FMI, et garder leur légitimité aux yeux du public en écrasant toute rébellion.
ASSEZ ! Il est nécessaire que les gens sortent en rue afin de protester contre les tactiques répressives des gouvernements. Il faut protester contre le caractère profondément antidémocratique des institutions parlementaires, et dénoncer ce système, le montrer à l’opinion publique tel qu’il est véritablement : UNE DICTATURE TOTALITAIRE DES BANQUES, QUI FAIT SAIGNER LA SOCIETÉ POUR UNE POIGNÉE DE RICHES.
Dès lors, Socialismo Revolucionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière) vous appelle à ne pas rester bras croisés à regarder les évènements de votre canapé pendant qu’ils attaquent vos enfants, vos voisins et vos collègues. Vous devez sortir en rue et vous mobiliser.
Nous appelons tous les travailleurs à s’organiser, avec les moyens à leur disposition, dans les syndicats combatifs, dans les assemblées de quartier, les comités de grève, les associations de voisins, les organisations et les partis politiques anticapitalistes, les mouvements des citoyens, etc.
Rester chez soi n’est pas une option lorsque la classe dirigeante croit avoir la légitimité de justifier la répression contre le peuple.
- Non à la brutalité policière contre les jeunes.
- Libération immédiate des étudiants détenus injustement.
- Non aux coupes budgétaires.
- Défendons l’enseignement public.
- Appelons à une grève générale des étudiants dans l’État espagnol.
- Unité des travailleurs et des étudiants.
- Pas de licenciement des enseignants.
- Des fonds publics pour l’éducation publique.
29F Action à Bruxelles en Solidarité avec le "Printemps de Valencia"!
Ce mercredi 29 février, à 11h, devant les locaux de la région de Valencia à Bruxelles, situés dans le quartier européen de Bruxelles au Rond point Schuman, 227 rue de la Loi
- NON à la répression policière des jeunes à Valencia !
- NON aux assainissements dans l’enseignement !
- SOLIDARITE INTERNATIONALE avec les luttes des étudiants en Espagne !
Action organisée à l’initiative d’ATTAC-ULB, des Etudiants de Gauche Actifs Secondaires & Supérieur – Actief Linkse Studenten & Scholieren (EGA-ALS), de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne – Bruxelles (JOC), de la section Bruxelloise des Etudiants FGTB, de la FEWLA (soutien actif à la lutte du peuple Mapuche).
D’autres actions sont également prévues ce 29 février à Bruxelles:
- 12h action de la CES, Rond point Schuman
- 13h30 action des syndicats devant la banque nationale
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[DOSSIER] Italie, 1920 : Quand les travailleurs occupaient les usines
En 1920, un mouvement d’occupations d’usines historique a pris place en Italie, allant jusqu’à susciter une profonde remise en question du capitalisme. Ce mouvement de masse a pourtant échoué à renverser l’autorité du capitalisme et sa disparition a malheureusement présidé à l’avènement du fascisme. Dans ce dossier, notre camarade Christine Thomas, de la section italienne du CIO (Contro Corrente) revient sur ces évènements et les leçons à en tirer.
‘‘En 1920, la classe ouvrière italienne avait, en effet, pris le contrôle de l’Etat, de la société, des usines et des entreprises. En fait, la classe ouvrière avait déjà gagné ou virtuellement gagné.’’ (Léon Trotsky, au quatrième Congrès de l’Internationale Communiste, novembre 1922 ). De fait, des travailleurs armés occupaient alors les usines, et des paysans s’étaient également emparés des terres. Le parti socialiste italien (PSI) était fort de quelque 200.000 membres à ce moment.
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De l’occupation de places à l’occupation d’entreprises !
Le thème de l’occupation est revenu sur le devant de la scène lors des luttes qui ont pris place au cours de l’année 2011. Nous avons déjà commenté sur notre site, dans notre journal et dans nos tracts cette méthode admirable issues des plus belles traditions du mouvement ouvrier et qui pose la question du contrôle de la société. Vers le mouvement des Indignés ou Occupy, nous défendons de déplacer les occupations de places symboliques vers les lieux de travail. Les pas qui ont été posés en cette direction aux Etats-Unis avec le blocage des ports, notamment celui d’Oakland, sont d’une très grande importance. En Belgique, dans le cadre de la lutte pour la sauvegarde de l’emploi dans la sidérurgie liégeoise, nous défendons l’occupation des sites d’ArcelorMittal en tant que première étape vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs. Les liens ci-dessous développent ces questions.
- De l’occupation de places à l’occupation d’entreprises !
- Du métal, pas de Mittal ! Nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs, sans rachat, ni indemnité!
- Occupy Oakland : De l’occupation à la grève
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Selon les mots de Lénine, le PSI incarnait – de par son opposition à la première guerre mondiale – ‘‘l’heureuse exception’’ des partis affiliés à la Seconde Internationale. En mars 1919, ce même parti avait rejoint l’Internationale Communiste afin d’apporter son soutien à la ‘‘dictature du prolétariat’’. Et pourtant, le mouvement de septembre qui marquait l’étape finale de deux années rouges consécutives (biennio rosso) a échoué à renverser l’instance capitaliste, et sa défaite inaugura la montée du fascisme.
Aujourd’hui, ce mouvement historique est en voie de devenir la ‘‘révolution oubliée’’, y compris par l’Italie elle-même. Beaucoup d’organisations politiques de masse n’existent plus et les marxistes doivent faire face à la tâche difficile de construire des partis neufs sur base des vieux fondements idéologiques de la classe des travailleurs. Mais la crise prolongée du capitalisme en cours – et les luttes qui en découlent – produiront inévitablement de nouvelles forces politiques avec, une fois de plus, l’hypothèse d’un réformisme et d’un centrisme massifs. C’est pour cette raison que, plus de 90 ans après, la révolution italienne mérite la même attention que d’autres révolutions ‘‘manquées’’ plus familières aux militants de gauche.
Le mouvement de septembre commença en fait comme une ‘‘simple’’ lutte économique visant à protéger les salaires dans le secteur de l’ingénierie et de la métallurgie. Le coût de la vie connaissait une progression affolante – en juin 1920, les prix dépassaient de 20 % ceux qui étaient en cours trois mois plus tôt à peine. Les patrons avaient accumulé d’énormes profits pendant la guerre mais, selon une logique qui touchera une corde sensible chez tous les travailleurs d’aujourd’hui, ils s’employaient à rejeter la crise économique d’après-guerre sur la classe ouvrière.
Non seulement ces patrons refusaient d’accorder les 40 % d’augmentation de salaire réclamés par l’union des ouvriers métallurgistes de la FIOM (une section autonome de la principale fédération syndicale (CGL)) mais, quand les négociations furent rompues et que les travailleurs mirent en place un ‘‘va mollo’’ au cœur de leur cadence de travail, les employeurs de l’usine Roméo de Milan décidèrent de fermer l’entreprise et 2000 ouvriers se retrouvèrent à la porte d’un seul coup.
La FIOM riposta en lançant un appel immédiat à l’occupation de 300 usines milanaises. Cette riposte fut perçue par les dirigeants syndicaux comme une manifestation purement défensive qui, au final, coûterait moins cher que l’organisation d’une grève. Ils furent toutefois totalement dépassés par l’ampleur de la lutte qui s’ensuivit.
De nombreuses angoisses qui s’étaient accumulées explosèrent alors. Des usines furent saisies dans les bastions industriels de Turin et de Gênes et au-delà de Florence, à Rome, Naples et Palerme. Le raz-de-marée d’occupations engloutit d’innombrables secteurs industriels dont ceux des produits chimiques, du caoutchouc, des chaussures ou encore du textile, pour ne citer qu’eux.
Finalement, un demi-million de travailleurs tant syndiqués qu’inorganisés, furent impliqués dans cette belle aventure.
Des drapeaux rouges (socialistes) et noirs (anarchistes) se déployèrent au-dessus des usines occupées. Sur le même temps, des ‘‘Gardes Rouges’’ armés contrôlaient les allées et venues aux abords de l’usine, décidant de qui pouvait entrer et sortir. Les travailleurs eux-mêmes maintenaient l’ordre, interdisant l’alcool et punissant ceux qui transgressaient les codes de discipline qu’ils s’étaient fixés ensemble.
Le mouvement est allé plus loin à Turin – surnommée la ‘‘Petrograd’’ italienne en référence à la Révolution russe de 1917 – jusqu’à devenir un véritable mouvement de masse populaire qui impliqua pas moins de 150.000 travailleurs.
Au centre Fiat (à l’époque rebaptisé ‘‘Fiat Soviet’’) les ‘‘commissaires’’ d’atelier organisaient la défense du site ainsi que le transport et le contrôle des matières premières. Les travailleurs de Turin s’organisèrent en conseils d’usine (coordonnés par le ‘‘lavoro di camere’’, une sorte de ‘‘conseil de métiers’’) et des comités de travailleurs prirent la responsabilité de la production, du crédit ainsi que de l’achat et de la vente des marchandises et des matières premières.
Formellement, les capitalistes et leurs représentants politiques au gouvernement étaient aux commandes mais, en réalité, ils ne contrôlaient plus rien. Ils étaient en quelque sorte « paralysés ». Comme le journal national – ‘‘Corriere della Siera’’ – l’a exprimé sans fioriture : le contrôle complet des usines était aux mains des travailleurs.
On tenait là un exemple clair de ce qui constitue une étape cruciale à l’intérieur du processus révolutionnaire, à savoir l’étape du ‘‘double pouvoir’’, où celui qui contrôle la société ressent la nature vacillante de son statut et où le destin s’écrit, soit par les forces révolutionnaires potentielles – qui achèvent la révolution via le renversement de l’ancien régime – soit par la vieille classe dominante qui neutralise les forces qui voulaient l’abattre et se réapproprie le contrôle.
Le mouvement des conseils de l’usine de Turin
Ce qui advint par la suite ne peut être compris que dans un contexte conjoncturel antérieur, et plus particulièrement dans la période de l’immédiat après-guerre. Les patrons avaient délibérément provoqué le mouvement de Septembre en ‘‘enfermant dehors’’ les ouvriers affectés aux centres d’ingénierie. Cette manœuvre patronale avait évidemment pour but de porter un coup décisif à la classe ouvrière.
‘‘Il n’y aura pas de concessions’’, avait déclaré le représentant des patrons à Bruno Buozzi, chef de la FIOM. ‘‘Depuis la fin de la guerre, nous n’avons rien fait d’autre que de baisser nos pantalons. Maintenant c’est votre tour.’’
Comme cela avait été le cas dans de nombreux pays européens, la guerre, mais aussi la victoire remportée par les travailleurs et les paysans contre le capitalisme et le féodalisme en Russie, avaient donné lieu à une situation explosive en Italie. En 1917, des mouvements semi-insurrectionnels avaient secoué le nord du pays tandis que des paysans et des ouvriers se rebellaient au sud. Il a toutefois fallu attendre 1919 pour que le mouvement s’intensifie et se généralise davantage.
La première grande bataille des deux ‘‘années rouges’’ fut remportée par les métallurgistes qui, au printemps de 1919, menèrent des actions de grève et obtinrent la journée des huit heures.
En juin et juillet de la même année, la flambée des prix provoqua un autre mouvement insurrectionnel au nord. Dans de nombreuses régions, des comités de citoyens (sortes de Soviets ‘‘embryonnaires’’) s’emparèrent du contrôle complet des prix.
Au printemps 1920, le climat insurrectionnel gagna encore en intensité, d’où la hausse du nombre de grèves spontanées générées par l’extrême pénibilité des conditions économiques et sociales. La ‘‘courbe des températures’’ en milieu gréviste devait toutefois poursuivre sa montée inexorable : en 1918 on comptabilisait 600.000 grèves, en 1919 on en comptait 14.000.000 et en 1920 on atteignait le chiffre de 16.000.000 !
Sur le plan industriel, Turin était la ville la plus importante d’Italie et, du point de vue des capitalistes, elle fut le lieu originel d’émergence puis de développement du mouvement le plus dangereux.
Dans les usines, les travailleurs s’organisèrent en commissions internes. Il s’agissait d’instances contradictoires dont l’existence débuta en 1906 en tant que comités de revendication affectés aux questions de discipline et d’arbitrage. Ceux-ci étaient dominés par les représentants du syndicat et considérés par la caste capitaliste comme des organes de collaboration de classe, ou encore comme un moyen d’amener les travailleurs à participer aux décisions concernant leur propre exploitation sur les lieux de travail.
Mais pendant la guerre, ces commissions explosèrent et devinrent l’objet d’une véritable bataille qui opposa les ouvriers de terrain aux patrons sur la question de savoir qui exerçait le contrôle dans les usines. Un rôle crucial dans ce mouvement a été joué par l’Ordine Nuovo (l’Ordre Nouveau), un journal fondé à Turin en mai 1919 par Antonio Gramsci et trois autres socialistes. Inspiré par la révolution russe, l’Ordre Nouveau appelait à la démocratisation des commissions internes et à l’établissement de conseils ouvriers élus par l’ensemble des travailleurs, sans pour autant exclure ceux qui n’étaient pas syndiqués.
Les conseils ouvriers ne se bornaient pas à exercer un contrôle sur les lieux de travail, mais devenaient d’authentiques organes de pouvoir au service des travailleurs dans la société toute entière.
L’idée de ces conseils ouvriers se répandit à travers la ville telle une traînée de poudre. Partout dans Turin, dans chaque industrie importante, des élections désignèrent des commissaires d’atelier : il est à noter qu’à son apogée, le mouvement des conseils impliqua pas moins de 150.000 travailleurs dans cette ville… Les capitalistes n’allaient évidemment pas rester bras croisés et accepter indéfiniment l’imposition d’un double pouvoir effectif et permanent à l’intérieur des usines. ‘‘Il ne peut y avoir qu’une seule autorité dans l’usine’’ déclarait le manifeste de la Ligue Industrielle de Turin. ‘‘Les conseils d’ouvriers de Turin doivent être implacablement écrasés’’ clamait de son côté le leader industriel Gino Olivetti.
En mars 1920, alors que les élections se déroulaient sur chaque lieu de travail pour renouveler les commissions internes, les patrons sont montés à l’assaut en annonçant un verrouillage des centres d’ingénierie à travers toute la ville. Un conflit s’ensuivit, non pas centré sur des griefs économiques, mais bien sur des domaines touchant à la fois au contrôle ouvrier et à la reconnaissance des conseils d’usine. En avril, la grève des métallurgistes s’étendit à l’industrie chimique, à l’imprimerie, au bâtiment ainsi qu’à d’autres secteurs, impliquant un demi-million de travailleurs, soit la quasi-totalité de la classe ouvrière de Turin !
Quatre jours plus tard, le mouvement s’étendit au-delà des confins de la ville, atteignant la région du Piémont. Une solidarité spontanée s’organisa à Livourne, Florence, Gênes et Bologne, mais les directions syndicales refusèrent de prolonger la grève et – comme au temps de la Commune de Paris en 1871 – le mouvement des conseils d’usine de Turin resta isolé, coupé du reste du pays. A la différence de la Commune de Paris toutefois, dont l’Histoire nous a appris l’issue fatale (les estimations parlent d’au minimum 20.000 morts et 20.000 déportés après la ‘‘semaine sanglante’’ d’avril 1871, NDLR), les milliers de travailleurs ne perdirent pas la vie, mais l’accord qui mis fin à la grève fut vécu comme une amère défaite.
En dépit d’une reconnaissance formelle des conseils d’usine, cet accord privait les ouvriers de l’exercice d’un contrôle réel sur leur lieu de travail. De plus, après ces journées d’avril, les patrons furent encouragés à aller plus loin dans l’offensive et à reprendre les travailleurs en main. 11.000 industriels appartenant à 72 associations s’organisèrent en une instance centralisée – la Confindustria, qui existe toujours aujourd’hui – qui tint sa première conférence nationale cette année-là. Ces patrons se retrouvaient ainsi unis en une même opposition face aux revendications des travailleurs. Mais la portée des occupations – ainsi que le potentiel révolutionnaire de celles-ci – restaient incontestables et des fissures profondes lézardèrent bientôt la façade du front uni des capitalistes.
Les ‘‘faucons’’, qui comptaient parmi eux Agnelli, le propriétaire de Fiat, poussèrent le gouvernement à adopter une ligne dure et à briser les occupations par la force. Une autre aile redoutait toutefois une intervention de l’armée – et des forces de l’Etat – à l’encontre des travailleurs. Cette aile craignait le risque de voir la situation s’embraser davantage et entraîner dans la débâcle le système capitaliste dans sont entièreté.
Le premier ministre Giolitti, élu trois mois auparavant, adopta plutôt la ‘‘logique de la colombe’’ et choisit de demeurer dans sa maison de vacances, d’attendre et de laisser faire le temps dans l’espoir évident que l’usure gagne la classe ouvrière et que cette dernière se retrouve à devoir se prosterner à ses genoux.
Lorsque Agnelli sollicita l’intervention du gouvernement, Giolitti proposa cependant de bombarder l’usine Fiat afin de la ‘‘libérer de l’occupant’’… ‘‘Non, non’’, s’écria Agnelli. Et Giolitti de résumer lui-même en des termes sans équivoque le fameux dilemme de la classe dirigeante : ‘‘Comment pourrais-je mettre fin à l’occupation ? Il est question de 600 usines dans l’industrie métallurgique. (…) J’aurais dû placer une garnison dans chacune d’elles. (…) Pour occuper les usines, j’aurais dû utiliser toutes les forces à ma disposition ! Et qui aurait assuré la surveillance des 500.000 travailleurs en dehors des usines ? C’aurait été la guerre civile’’. (3) La classe dirigeante était impuissante. La balle était désormais dans le camp des travailleurs…
Se battre avec des mots
L’effet de la radicalisation d’après-guerre sur les organisations ouvrières avait été explosif. A la fin de la guerre, la CGL (le syndicat lié au PSI) comptait environ 250.000 membres. Deux ans plus tard, deux millions de travailleurs étaient enrôlés dans ses rangs ! Au cours de l’été 1920, l’union-anarcho-syndicaliste (USI) – qui rejetait la ‘‘politique’’ – pouvait réclamer 800.000 membres et le syndicat catholique du commerce (CIL) était, quant à lui, passé de 162.000 membres en 1918 à un million en 1920. La croissance du PSI ne fut pas moins spectaculaire : 24.000 membres en 1918, 87.000 en 1919 et 200.000 en 1920. En novembre 1919, le parti remporta une stupéfiante victoire électorale, raflant plus de 1,8 millions de voix et devenant, avec 156 députés, la force parlementaire la plus puissante. Il s’assurait aussi le contrôle de 2000 conseils locaux (soit près d’un quart du total).
Giolitti tablait sur les dirigeants syndicaux, estimant qu’ils seraient capables de retenir la vague d’occupations et de prévenir une insurrection révolutionnaire. En avril, la direction nationale de la CGL, ainsi que celle de la FIOM, s’était montrée hostile au mouvement des ‘‘conseils d’usine’’ qui représentait une menace au niveau de leur contrôle sur la classe ouvrière. Elle avait résisté à toute tentative d’étendre la lutte au-delà de Turin. En septembre, leur principale préoccupation était de maintenir leur contrôle sur le mouvement, de limiter les revendications des occupations aux thèmes économiques (salaires,…), et de prévenir toute volonté de ceux qui désormais exerçaient le contrôle de la société de défier clairement le système capitaliste.
Et le PSI dans tout ça ? Le parti se prononça en faveur de la révolution et caractérisa, très justement, cette période de ‘‘révolutionnaire’’. Les travailleurs contrôlaient les usines, pas les capitalistes ; la classe dominante était déchirée en raison de ses divisions et l’Etat était paralysé. C’était l’heure de la lutte pour le pouvoir.
Mais alors que les mouvements révolutionnaires commencent souvent spontanément, sans aucun véritable ‘‘modus vivendi’’, mener une révolution vers sa conclusion – ce qui pour la classe ouvrière et paysanne revient à prendre le pouvoir des mains de la classe dirigeante capitaliste et à construire un Etat ouvrier démocratique – exige un mouvement conscient guidé par un parti révolutionnaire porté par un programme, une stratégie et une tactique claires. Les bolchéviks en avaient fait la démonstration limpide et éclatante trois ans auparavant en Russie.
Des centaines d’usines furent occupées. Les travailleurs, spécialement à Turin, appelaient ces conseils d’usine à s’étendre davantage. Des initiatives furent développées par la base mais, dans de nombreux domaines, ces occupations d’usine se vivaient séparément les unes des autres et les travailleurs se concentraient exclusivement sur leurs propres questions locales.
Pendant ce temps là, les ouvriers ruraux et les paysans étaient aussi en effervescence, montant au créneau, se battant, manifestant et s’emparant des terres et autres biens fonciers appartenant aux propriétaires terriens. En 1920, 900.000 ouvriers agricoles rejoignirent la CGL. Cependant, ces soulèvements furent pour la plupart vécus en retrait du monde des ouvriers d’usine.
Il existait pourtant un besoin impérieux de voir les occupations gagner tous les secteurs de la société et les conseils des travailleurs s’étendre au-delà des lieux de travail et se coordonner au niveau local, régional et national. La formation de comités de paysans et de travailleurs ruraux (l’Italie était encore majoritairement un pays rural) liée aux conseils de travailleurs aurait pu poser les bases d’un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et des paysans.
Dans sa presse, le PSI a publié des articles stimulants relatifs, par exemple, à la formation de soviets, plans détaillés à l’appui. On trouve encore dans cette presse des déclarations révolutionnaires exhortant les paysans à soutenir les grévistes, ainsi qu’un appel aux ‘‘prolétaires en uniforme’’ à rejoindre la lutte des travailleurs et à résister aux ordres de leurs officiers supérieurs.
Lors du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste – qui se tint durant les mois de juillet et août 1920 – les représentants du parti évoquèrent la révolution imminente. Le 10 septembre, la direction nationale du PSI annonça son intention d’ ‘‘assumer la responsabilité et la direction du mouvement afin de l’étendre au pays tout entier ainsi qu’à l’ensemble de la masse prolétarienne’’. (4) Sur papier, c’est un programme révolutionnaire, mais dont la concrétisation n’a jamais dépassé le stade de l’écrit. La direction nationale du PSI fut qualifiée de ‘‘centriste’’ par Lénine (soit des ‘‘révolutionnaire en paroles’’). En tout cas, la direction du PSI était incapable, ou insuffisamment motivée, de tirer des conclusions pratiques de sa phraséologie révolutionnaire.
Gramsci a expliqué que l’ensemble du PSI avait rejoint la troisième Internationale Communiste, mais sans vraiment comprendre ce qu’il faisait. Une grande partie du parti était encore dominée par les réformistes ou les ‘‘minimalistes’’ (qualifiés ainsi parce qu’ils adhéraient au ‘‘programme minimum’’ du parti, lequel se bornait à une logique de revendications démocratiques, tout en ignorant – ou en le concédant du bout des lèvres – le ‘‘programme maximum’’ de la révolution socialiste). L’existence même d’un programme ‘‘minimum’’ et ‘‘maximum’’ – sans aucun rapport entre eux – aide à comprendre pourquoi le PSI a réagi comme il l’a fait en septembre.
Dirigés par Turati et Treves, les minimalistes étaient essentiellement concernés par le travail visant à gagner du soutien électoral pour obtenir des postes au Parlement et dans les conseils locaux. Selon eux, les réformes concernant la classe ouvrière devaient être garanties par le Parlement plutôt que par la lutte des classes qui, quand elle avait lieu, devait se limiter aux créneaux économiques ‘‘sûrs’’, c’est-à-dire qui ne représentaient aucune menace pour le système capitaliste. La base principale était – sans surprise – réformiste dans le parti parlementaire ainsi que dans la CGL qui avait été mise en place par le PSI en 1906.
A côté des réformistes, et, pour la plupart, à la tête du parti, se trouvaient les ‘‘maximalistes’’ dirigés par Serrati. Ils défendirent le programme maximum de la révolution socialiste, mais à la mode typiquement centriste. La principale préoccupation de Serrati était de maintenir l’unité du parti à tout prix ‘‘pour la révolution’’, même si cela équivalait à faire des concessions aux minimalistes. Ainsi, lui et les autres dirigeants centristes ignorèrent-ils les conseils de Lénine qui prescrivaient l’expulsion des réformistes et prônait la constitution d’un parti unifié autour d’un programme communiste clairement défini. En plus de tout ceci, il fallait compter avec les communistes regroupés principalement autour d’Amadeo Bordiga, sans oublier les partisans de Gramsci…
Une autre caractéristique du centrisme est l’indécision. Pendant les ‘‘journées d’avril’’, la direction avait adopté une position passive, permettant au mouvement des conseils d’usine de se retrouver complètement isolé à Turin, et par conséquent vaincu. La confiance de l’aile ‘‘minimaliste’’ du parti se renforça et cela conduisit aussi à une augmentation du soutien à l’égard des anarchistes en réaction. L’immobilisme du PSI en avril constitua un avant-goût de ce qui allait arriver en septembre. Il n’était en aucune manière préparé à la tempête qui allait faire rage à travers le pays. Comme l’a expliqué Trotsky, l’organisation la plus effrayée et la plus paralysée par les événements de septembre a été le PSI lui-même. (5)
"L’organisation centrale du parti n’a pas jugé utile jusqu’à présent d’exprimer une seule opinion ou de lancer un seul slogan", écrit Gramsci, en août. (6) En fait, en dépit de sa base, le PSI ne disposait pas d’organisation réelle dans les usines. En 1918, le parti avait signé un ‘‘pacte d’alliance’’ avec la CGL, désignant deux sphères d’influence artificiellement séparées : le PSI se chargeait de mener les ‘‘grèves politiques’’ et la CGL ‘‘les grèves économiques’’. Naturellement, comme l’occupation de septembre l’avait clairement montré, il n’existait pas de distinction franche entre les deux : une grève qui débute sur une question économique (la ‘‘question des salaires’’, dans ce cas précis) devait rapidement revêtir un caractère plus général et, en tous les cas, un caractère politique.
Mais cette fausse stratégie signifiait que le parti ne se réservait qu’un rôle secondaire – dévolu ordinairement au spectateur voire à la ‘‘pom-pom girl de service’’ – plutôt que de s’approprier le rôle principal : à savoir celui d’un parti révolutionnaire capable de guider le mouvement vers la conquête du pouvoir ainsi que les bolcheviks l’avaient fait en Russie.
Le PSI pouvait bien imprimer des proclamations abstraites et des manifestes pro-soviétiques, concrètement, il ne faisait rien pour promouvoir ceux-ci parmi les travailleurs eux-mêmes, et permettait donc aux dirigeants syndicaux réformistes – qui mettaient toute leur énergie à faire échouer la révolution – de renforcer leur influence.
Cette approche propagandiste abstraite était également manifeste dans l’attitude du parti envers les paysans et les travailleurs agricoles. Dans son emphatique rhétorique révolutionnaire, il appelait en ces termes à soutenir les travailleurs des usines : ‘‘Si demain sonne l’heure des grèves décisives, celle de la bataille contre tous les patrons, vous, aussi, ralliez-vous ! Reprenez les villes, les terres, désarmez les carabiniers, formez vos bataillons dans l’unité avec les travailleurs, marchez sur les grandes villes, soyez du côté du peuple en armes contre les voyous mercenaires de la bourgeoisie ! Car le jour de la justice et de la liberté est proche, et la victoire peut-être à portée de la main… ! " (7) Mais l’influence du parti dans les zones rurales, en particulier au sud, restait minime.
Serrati considérait effectivement que les travailleurs étaient ‘‘socialistes’’ par essence et les paysans ‘‘catholiques’’, renonçant à toute tentative de recruter les masses rurales radicalisées du sud. Lors du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, Serrati rejeta la politique agraire de l’Internationale Communiste au motif que celle-ci était inappropriée par rapport à l’Italie. Un journaliste du ‘‘Corriere della Serar’’ a très bien résumé l’approche du PSI à cette époque en disant que ‘‘les dirigeants socialistes veulent attaquer le régime seulement avec des mots.’’ (8)
Quand une action concrète était nécessaire
Dès la deuxième semaine de septembre, les occupations se répandirent spontanément, mais de nombreux travailleurs urbains devenaient fatigués et impatients, attendant en vain quelqu’un capable de passer enfin de la parole à l’acte et de montrer l’exemple. La situation instaurée par le double pouvoir ne pouvait pas continuer indéfiniment : le temps de l’action décisive était venu.
Le 9 septembre, le conseil de direction de la CGL rencontra certains dirigeants du PSI. Lors de cette réunion, le chef de la CGL, D’Aragona, demanda de but en blanc aux socialistes de Turin : ‘‘êtes-vous prêts à passer à l’attaque, avec vous-même en première ligne, quand ‘‘attaquer’’ signifie très précisément démarrer un mouvement d’insurrection armée ?’’ Ce à quoi Togliatti (un futur leader du Parti Communiste Italien) répondit "Non". (9) Les travailleurs qui occupaient les usines étaient armés et, à Turin, un comité militaire avait même été organisé depuis le mois d’avril. Mais les travailleurs se retrouvaient pour la plupart dans des forteresses isolées, séparées les unes des autres et, comme Togliatti lui-même le soulignait alors, les préparatifs militaires qui s’organisaient étaient purement défensifs.
En Octobre 1917, en Russie, l’insurrection armée (la prise de contrôle des institutions-clés de l’Etat ainsi que des positions stratégiques, comme les télécommunications et les transports) avait été préparée à la manière d’une lutte pour la défense de la révolution contre les forces contre-révolutionnaires. Mais, comme l’expliquait Trotsky, l’insurrection de masse elle-même, "qui se tient au dessus d’une révolution comme un pic au-dessus d’une montagne d’événements’’, est un acte offensif qui peut être "prévu, préparé et organisé à l’avance sous la direction du parti. Une insurrection ne peut être spontanée et renverser un pouvoir ancien, mais la prise du pouvoir nécessite une organisation appropriée ; elle nécessite un plan’’. (10) La première tâche est de convaincre les troupes, ce que les bolcheviks avaient réussi à faire avant l’insurrection.
En septembre 1920, le PSI exprima par écrit – et dans un langage on ne peut plus radical – que l’heure de la ‘‘lutte décisive’’ était proche… mais il ne fit absolument rien pour préparer l’avènement de ce combat crucial. Il n’existait aucune coordination pour l’armement des travailleurs, pas d’approche concrète vers les rangs des forces armées pour qu’ils forment leurs propres comités démocratiques destinés à soutenir la révolution. Il n’existait que des déclarations éthérées et, naturellement, aucun plan pour la formation d’une alternative gouvernementale ouvrière.
Comme cela a déjà été mentionné, le 10 septembre, la direction nationale du PSI vota la prolongation du mouvement. Ce même soir, les dirigeants de la CGL qualifièrent de bluff cette décision de la direction du PSI. Lors d’une réunion commune des deux organisations, les dirigeants de la CGL démissionnèrent et D’Aragona offrit de remettre le contrôle du mouvement au parti : ‘‘Vous croyez que le moment de la révolution est arrivé ?’’, dit-il. ‘‘Très bien : dans ce cas, vous devez en assumer la responsabilité (…) Nous soumettons notre démission (…) Vous prenez la direction de l’ensemble du mouvement.’’ (11) Et que firent les dirigeants du PSI ? Tout comme dans ce jeu révolutionnaire tragique, tout entier résumé par l’expression ‘‘passer le colis’’, ils ‘‘passèrent’’ la question au Conseil national de la CGL !
Umberto Terracini (co-fondateur avec Gramsci et Angelo Tasca de l’Ordre Nouveau) devait déclarer ceci : "Quand les camarades qui menaient la CGL présentèrent leur démission, la direction du parti ne pouvait ni les remplacer, ni espérer les remplacer. C’était Dugoni, D’Aragona, Buozzi, qui dirigeaient la CGL. Ils furent, à tout moment, les représentants de la masse". (12) Et donc, les centristes, qui des heures plus tôt étaient censés se préparer à propager la révolution, étaient en réalité désemparés face à ce qu’il fallait faire par la suite. En l’absence de programme clair, et sans disposer d’aucune stratégie ni tactique, ils étaient voués à capituler inévitablement et à abandonner le contrôle total aux réformistes (qui, eux, avaient un plan) afin d’éviter la révolution à tout prix.
‘‘La direction du parti avait perdu des mois à prêcher la révolution’’, écrivait Tasca, ‘‘mais elle n’avait rien prévu, rien préparé. Quand le vote à Milan accorda la majorité aux thèses de la CGL, les leaders du parti poussèrent un soupir de soulagement. Dégagés désormais de toute responsabilité, ils pouvaient se plaindre – avec force trémolos dans la voix ! – de la trahison de la CGL. De cette manière, c’est un peu comme s’ils avaient quelque chose à offrir aux masses qu’ils avaient pourtant abandonnées au moment décisif, heureux dans cet épilogue qui leur permettait de sauver la face.’’ (13)
La résolution de la CGL, qui transforma une lutte révolutionnaire en une lutte purement syndicale, remporta le vote au Conseil national. Elle sollicita le contrôle syndical afin d’être reconnue et une commission mixte, composée d’employeurs et de représentants syndicaux, fut mise en place pour étudier la question. Lorsque la FIOM organisa un référendum pour voter l’accord final qui mettrait fin aux occupations, celui-ci fut massivement accepté, sans se heurter à aucune opposition émanant du cœur du syndicat lui-même.
La réaction capitaliste fut mitigée. Agnelli était tellement déprimé par toute cette affaire qu’il proposa de transformer Fiat en coopérative, non sans se dispenser de cette interrogation ironique : ‘‘comment pouvez-vous construire quelque chose avec 25.000 ennemis ?’’ (14) Mais les leaders syndicaux refusèrent son offre. Une partie des capitalistes, pourtant, s’insurgeaient contre la question du contrôle des travailleurs. Mais les ‘‘modérés’’ comprenaient bien qu’après presque un mois d’occupations, les travailleurs n’accepteraient rien de moins.
Comme le journaliste Einaudi l’exprima succinctement : ‘‘la raison et le sentiment conseillent aux industriels de céder le contrôle, de mettre fin à un état de choses qui ne saurait plus continuer sans échapper à la décomposition et à la désagrégation.’’
La Commission, en fait, n’a jamais émis une seule proposition et le contrôle des travailleurs fut enterré tandis que la crise économique étranglait l’Italie l’année suivante et que des dizaines de milliers de travailleurs perdaient leur emploi, y compris de nombreux militants (qui comptaient parmi les plus actifs à l’intérieur du mouvement d’occupations).
L’accord qui mit fin aux occupations ne fut pas initialement perçu comme une défaite par de nombreuses sections de travailleurs (et ne fut pas présenté comme tel par le syndicat et les dirigeants du PSI). Les acquis économiques – les hausses substantielles de salaire, les congés payés etc – constituaient d’impressionnantes victoires pour un combat syndical. Mais, naturellement, le mouvement avait le potentiel d’être beaucoup plus que cela et voulait beaucoup plus que cela. C’est seulement au cours des quelques mois suivants, alors que la crise économique commençait à sévir et que les bandes fascistes se mobilisaient contre les travailleurs, que la pleine mesure de la défaite atteignit les consciences.
Les communistes auraient-ils pu s’investir davantage dans leur manière de façonner l’événement ?
Le deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, qui s’est en fait réuni alors que le mouvement était en marche, disposait d’informations très limitées sur ce qui se passait en Italie. Ce n’est que le 21 septembre, alors que les occupations étaient en voie de démobilisation, que l’Internationale publia un manifeste appelant à la formation de conseils d’ouvriers et de soldats, et à l’insurrection armée pour la conquête du pouvoir.
Gramsci n’était pas présent au Congrès, mais Lénine loua son texte sur le renouvellement du PSI, le considérant comme le meilleur qu’on lui ait été donné de lire sur la situation italienne. Pourtant, en septembre, Gramsci jouissait de peu d’influence au sein du parti de même que sur le mouvement lui-même. Le groupe ‘‘Ordine Nuovo’’, qui avait toujours été politiquement hétérogène, s’était désintégré pendant l’été et Gramsci se retrouvait désormais isolé.
En regardant en arrière, quelques temps plus tard, il se fit un devoir de revenir via l’écriture sur les erreurs graves qu’il avait commises et payées cher et en particulier sur l’échec qui mit fin à sa tentative de former – avec un soutien dans tout le pays – un courant organisé au sein du parti. Le groupe, en fait, ne développa jamais vraiment de racines à l’extérieur de Turin et quand le Parti Communiste Italien fut finalement formé en janvier 1921, les idées de Bordiga dominèrent largement celles de Gramsci.
Le groupe de Bordiga était un groupe national et beaucoup mieux organisé, mais politiquement d’ultra-gauche. Il fit campagne pour la formation d’un parti communiste ‘‘pur’’, rigide, et discipliné, et, dans une sur-réaction envers l’opportunisme électoral des réformistes du PSI, préconisa l’abstention (astensionismo), la non-participation du parti aux élections. Le fait qu’en septembre, le journal des Bordiguistes ‘‘Le Soviétique’’ n’ait pas publié un seul éditorial sur les occupations en dit long sur son approche abstraite et sectaire du marxisme (que Lénine attaqua par ailleurs dans son texte ‘‘Le gauchisme, maladie infantile du communisme’’).
Après les événements de septembre, Bordiga renonça officiellement à l’abstentionnisme et, avec Gramsci, soutint la construction d’un parti communiste de masse. Cependant, son ultra-gauchisme et son sectarisme – son opposition ‘‘de principe’’ à la tactique du front unique – ont continué d’imprégner le jeune Parti Communiste d’Italie, en particulier dans son attitude envers le PSI (qui avait le soutien de la majorité des délégués lors la scission du parti qui donna naissance au Parti Communiste) et envers les Arditi del Popolo – les milices populaires – mises en place pour lutter contre les fascistes.
A quelques semaines de la fin des occupations, les propriétaires fonciers lâchèrent les escadrons fascistes à Emilia. La révolution de septembre et le début de la grave crise économique avaient convaincu une partie de la classe capitaliste qu’elle ne pouvait pas continuer comme avant. Elle ne pouvait pas compter plus longtemps sur l’Etat capitaliste dans sa forme de l’époque et la résistance des travailleurs devait être impitoyablement brisée.
Avec une classe ouvrière affaiblie et démoralisée après la défaite du mouvement, les grandes entreprises et le capital financier commencèrent à financer les voyous fascistes qui, dans les deux ans qui précédèrent l’appel final au pouvoir de Mussolini en Octobre 1922, lancèrent une offensive brutale contre la classe ouvrière, impliquant des attaques violentes envers les organisations de travailleurs et l’assassinat de militants. Les travailleurs italiens eurent à payer au prix fort les fautes de leurs chefs au cours des ‘‘biennio rosso’’ (les deux années rouges) avec, en guise de récolte amère, une domination fasciste qui allait durer 20 ans.
Aujourd’hui, en Italie, après la transformation du Parti Communiste en un ‘‘Nouveau Parti Travailliste’’ de type capitaliste au début des années 1990 et après le déclin du parti de la refondation communiste (Rifondazione Comunista) qui s’ensuivit au cours de la dernière décennie, il n’y a pas de parti de masse de gauche. Mais bon nombre des caractéristiques politiques de la période 1919-1920 demeurent. Parmi celles-ci : la fausse division entre la lutte politique et syndicale, la prédominance de l’électoralisme sur la lutte de masse, la propagande abstraite et une incapacité à se connecter directement à la classe ouvrière.
Une compréhension de cette période critique de l’histoire italienne sera utile pour la nouvelle génération de combattants, non seulement en Italie mais également sur le plan international.
- Gwyn A Williams, Proletarian Order, Pluto Press,1975 p238
- Paolo Spriano, The Occupation of the Factories, Pluto Press, 1975 p72
- Paolo Spriano op cit p56
- Gwyn A Williams op cit p257
- Lev Trotsky, Scritti sull’Italia, Controcorrente, 1990 p29
- Paolo Spriano op cit p34
- Gwyn A Williams op cit p251
- Paolo Spriano op cit p93
- Gwyn A Williams op cit p256
- Leon Trotsky, History of the Russian Revolution, volume three, chapter six, The Art of Insurrection
- Paolo Spriano op cit p90
- Gwyn A Williams op cit p258
- Paolo Spriano op cit p93
- Gwyn A Williams op cit p267
- Paolo Spriano op cit p110
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Augmenter le minerval dans l’enseignement supérieur ?
En Flandre, André Oosterlinck, de la KUL et président de l’Association Louvain, propose de doubler les frais d’inscriptions. Le groupe de réflexion Itinera Institute suggère d’augmenter le minerval et d’en reporter le paiement à la fin des études. Ces idées se rapprochent du modèle anglais où quelques universités de prestiges côtoient toute une série d’unifs-poubelles et des minervals de milliers d’euros, avec pour conséquences le surendettement de beaucoup de jeunes avant même d’entrer totalement dans le monde du travail. A cela, vient s’ajouter l’austérité du gouvernement Cameron qui va couper à la hache dans les dépenses publiques.
par Julien, responsable jeune du PSL à Bruxelles
Pour Itinera, un groupe de philosophie néolibérale, la situation est claire: compte tenu du manque de moyens et de l’austérité à venir, il faut augmenter le financement privé! Le lobby explique que la Belgique est un des pays de l’OCDE dont les dépenses privées dans l’enseignement sont les plus faibles. Il explique qu’ainsi, l’argent récupéré pourra aider les plus pauvres à accéder à l’université. Un tel mécanisme de ‘‘solidarité’’ n’est qu’un moyen pour aller chercher l’argent dans les poches des étudiants les moins pauvres à la place des capitalistes responsables de la crise. L’insertion du privé dans nos unifs signifie que nos cours seront orientés pour augmenter leurs profits. Avec le Processus de Bologne, l’idée d’une université/entreprise progresse, au détriment de la qualité de l’enseignement.
Et monsieur Oosterlinck va dans le même sens: ‘‘Les gens doivent comprendre que les temps ont changé. Nous vivons au dessus de nos moyens. Nous devons prendre conscience que nous allons devoir payer plus pour beaucoup de service.’’ Qui vit au dessus de ses moyens ? Les étudiants qui vivent dans des kots minuscules, mangent des pates tous les jours et doivent travailler pendant leurs études ou les spéculateurs qui ont joué avec de l’argent qu’ils n’avaient pas pour toucher de l’argent que nous n’avons plus ?
Aujourd’hui, les politiciens réfléchissent à comment mener l’austérité, la note de Di Rupo n’étant qu’un avant gout de notre avenir. Et l’enseignement sera touché, quelle que soit la coalition sortante. Les négociations sur la réforme d’Etat et sur la loi de financement vont nous conduire à une austérité à tous les niveaux de pouvoir, alors que nous n’avons pas suffisamment de logements étudiants (835 kots à l’ULB pour 20.000 étudiants par exemple) et que les prix de la nourriture ne cessent d’augmenter.
Le Standaard livre une série de chiffre sur la vie estudiantine: une année de kot coute 6.700 euros ! Les syllabus et les livres de références coûteraient en moyenne 277 euros. Les restaurants universitaires demandent 4,73 euros pour un repas. Pour les étudiants qui font la navette jusque l’unif ou la haute-école, l’année coûte au total 7.752 euros en moyenne ou 2.871 si on ne tient compte que du coût des études et de l’argent de poche.
Le système d’éducation chilien est un exemple en matière de néo-libéralisme, et ce, grâce à Pinochet. Depuis des semaines, un mouvement massif des jeunes s’est levé pour la gratuité de l’enseignement. En Grèce, la troïka (UE, FMI et BCE) maintiennent la pression néolibérale sur les jeunes et les travailleurs pour leur faire payer la dette. On voit venir la promotion d’un financement privé et la transformation des universités en entreprises. La recherche scientifique devra entrer dans la course aux profits. Et pour casser la résistance, la police peut maintenant entrer à son aise dans les campus, chose interdite depuis la fin de la dictature de colonels en 1973. L’année dernière, 1.000 écoles ont été fermées pour cause de sous-financement! Un jeune sur deux est au chômage, on parle fréquemment de ‘‘génération perdue’’… Ce qui mène beaucoup de jeunes à rentrer en lutte, dans les manifestations et les occupations pour une augmentation de la part du PIB orientée vers l’enseignement, qui est de 5% aujourd’hui.
L’expérience internationale nous montre que si nous voulons améliorer notre enseignement, nous devrons lutter. L’austérité à venir aura pour but de rassurer ‘‘les marchés’’, pas les étudiants.
Luttons ensemble, étudiants et personnels pour un financement public de l’enseignement à hauteur de 7%, comme c’était le cas dans les années’70, et contre l’austérité.
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Sauver l’enseignement
Depuis 1980, il faut savoir que le budget pour l’enseignement (avec des hauts et des bas) se réduit comme une peau de chagrin. En 1980, le gouvernement consacrait encore plus de 7% du PIB à l’enseignement, aujourd’hui c’est moins de 5,5%. Ce qui équivaut à 6 milliards d’euros d’économies par ans qui se font cruellement sentir par les étudiants. Les Etudiants de Gauche Actifs appellent activement à participer à la manifestation à l’initiative de la FEF pour une diminution des coûts des études et refinancer publiquement l’enseignement à hauteur de 7% du PIB.
Tract des Etudiants de Gauche Actifs
Manifestation ce 6 Avril 2011, à 14h gare du midi
Dans le secondaire :
Le décret Robin des bois de la ministre Simonet prévoit de diminuer d’un montant de 8 millions d’euros les subsides des 60% des écoles les plus ‘’riches’’ pour les donner aux 25% des écoles les plus pauvres. Comme si, après tant d’années d’attaques budgétaires sur les services publics dont l’enseignement, il restait encore quelque chose de “trop” dans les caisses… La coalition Olivier (PS-CDh-Ecolo) veut ainsi faire croire qu’il fait des efforts mais il n’est en réalité question que de ‘‘faire circuler’’ l’argent d’un côté à l’autre sans remédier au problème fondamental.
Le véritable problème, c’est qu’il y a un manque criant de moyens publics dans l’enseignement, avec en conséquence un manque d’écoles, des classes surpeuplées, un manque de personnel, des bâtiments scolaires délabrés et la multiplication des préfabriqués. Il n’y a pas d’écoles « riches » et d’écoles « pauvres » ! Il n’y a que des écoles pauvres et d’autres écoles très pauvres ! Il nous faut un vrai plan Robin des Bois qui reprend l’argent aux Super-Riches pour refinancer l’enseignement !
Dans le supérieur :
Depuis 1995, le nombre d’étudiants a grimpé de 34,1% dans les universités et hautes écoles, alors que le personnel enseignant a baissé de 1,8%. Le sous-financement chronique auquel fait face l’enseignement supérieur pousse de plus en plus les établissements à licencier du personnel, à en finir avec les services sociaux et à rechercher un financement du privé, quitte à mettre en péril l’indépendance de la recherche et la qualité de nos cursus. On voit déjà aujourd’hui la mise en place de mesures visant à standardiser le nombre de crédits par cours, ce qui revient concrètement à une réduction de l’offre d’éducation, refus d’inscription, privatisation des kots étudiants…
Résistons à l’austérité !
Pourtant de l’argent il y en a : le gouvernement n’a eu aucun problème à débourser 20 milliards d’euros pour les grands actionnaires des banques. Il a donné 9 milliards d’€ de diminution de charge aux grands patrons en 2010; les spéculateurs! Alors que les profits des grandes entreprises et des banques atteignent à nouveau des montants exorbitants, ils veulent nous faire payer leur crise. Peu importe la composition du futur gouvernement, ils sont tous d’accord qu’il faut couper 25 milliards d’euros dans le budget, et faire des économies sur le dos des jeunes et des travailleurs; l’enseignement ne sera pas épargné.
Irlande, Espagne, Grèce, Italie, Grande-Bretagne, France, Autriche… dans tous ces pays, des protestations ont eu lieu ces 12 derniers mois contre les coupes budgétaires dans l’enseignement. Ce qu’il nous faut c’est établir un débat ouvert entre les étudiants et le personnel (aux travers des organisations syndicales) pour préparer une résistance offensive à l’austérité qu’on nous promet. Cette manif est un bon pas pour s’y préparer.
- Pas question de payer leur crise !
- Plus de moyens publics ! 7% du PIB pour l’enseignement !
- Pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous !
- Non au processus de Bologne ! Non aux suppressions de cours ! Pas d’ingérence du secteur privé sur la recherche et sur nos campus !
- Stop aux privatisations des services sociaux, des restos et des kots !
- Pour des investissements publics pour des repas de qualité à prix démocratiques & des kots à prix abordable pour tous !
- Gratuité de l’accès à la culture et aux transports en commun !