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  • Des socialistes qui se remplissent les poches renforcent la droite

    De vrais socialistes luttent pour un autre système !

    La longue suite de scandales sur la cupidité des politiciens a durement frappé le PS. Rien d’étonnant : certains ont été jusqu’à arrondir leurs fins de mois au détriment des plus faibles comme les sans-abris ! Pire encore, les responsables se disent ‘‘socialistes’’. Si le PS subit une sévère punition électorale, ce n’est pas parce qu’il se réclame du socialisme, mais parce qu’il n’a plus rien à voir avec cela.

    La logique néolibérale de rentabilité et de salaires de haut vol a contaminé le secteur public. Rien d’étonnant non plus : tous les partis traditionnels – dont les sociaux-démocrates – ont adopté et appliqué le néo-libéralisme. Les services publics étaient des entreprises publiques: le service a cédé la place à la chasse aux profits. Les politiciens traditionnels se sont comparés aux managers du secteur privé pour qui le moindre souffle de vent est prétexte à une augmentation.

    La colère contre toutes ces rémunérations exagérées est d’autant plus grande qu’elles sont dévoilées à la suite d’années d’austérité qui ont vu fondre les conditions de vie des travailleurs et de nos services publiques. Alors que ces derniers ployaient sous le manque de moyens, des politiciens ont continué à se servir dans les caisses. La manœuvre est connue, c’est une étape vers la privatisation complète qui verra les profits et les salaires démesurés aller vers les grandes entreprises. Nous exagérons ? Pensons à la N-VA qui, à Anvers, souhaitait transférer la gestion des personnes sans-abri à la société G4S… La menace est pour l’instant écartée, mais l’accueil des personnes sans-abri en a néanmoins souffert (voir en page 5). Que cela soit au profit de politiciens du PS ou d’actionnaires, cet enrichissement au détriment des plus démunis nous semble tout aussi scandaleux.

    Les choses ne se résument pas à quelques personnalités aux mains sales. C’est tout le système qui est problématique, son fonctionnement garantit la croissance des inégalités et les excès de toutes sortes.
    Cette colère a soutenu l’envol de la popularité de ‘‘vieux socialistes’’ tels que Bernie Sanders, Jean-Luc Mélenchon et Jeremy Corbyn. Le PS et le SP.a peuvent bien théoriquement être ‘‘socialistes», ils ont cependant depuis longtemps vidé le terme de son contenu. Si Sanders, Corbyn et Mélenchon ont pu bénéficier d’un aussi formidable écho, c’est parce qu’ils ont très clairement pris les intérêts de la majorité de la population comme point de départ de leur approche politique. Il peut paraitre contradictoire au premier abord que le socialisme connaisse un renouveau au moment même où le PS s’effondre. Mais la social-démocratie ne sait plus depuis longtemps ce que signifie le socialisme.

    Pour leurs opposants, le programme de Corbyn, Sanders ou Mélenchon est ‘‘impayable’’ et ‘‘irréaliste’’. Cet ‘‘argument’’ est devenu le dernier rempart des partisans sociaux-démocrates du néolibéralisme. Ces derniers n’ont en revanche jamais considéré que les innombrables diminutions d’impôts pour les grandes sociétés ou les régimes fiscaux favorables aux plus riches fussent inestimables. Visiblement, disposer d’un enseignement de qualité et accessible, d’un bon logement, de transports en commun pleinement opérationnels, etc., tout cela est accessoire.

    Cela fait des décennies que l’on nous martèle que tout fonctionnerait tellement mieux une fois intégrée la logique de rentabilité et de profit. L’horrible réalité a été dévoilée lors du drame de l’incendie de la tour Grenfell à Londres : soumettre les logements sociaux à cette approche équivaut à considérer les mesures de sécurité comme des dépenses de trop. Cette catastrophe n’a pas été causée parce que des règles ont été violées ou que différentes normes de sécurité existent au Royaume-Uni, mais parce que les autorités néolibérales payent les régimes fiscaux favorables aux plus nantis (comme les promoteurs immobiliers) en allant puiser dans les fonds publics au détriment de la sécurité ou des investissements d’entretien nécessaires.

    Nous n’en sommes encore qu’au début du renouveau des idées socialistes. Toutes ces revendications ‘‘old school’’ tout au plus considérées jusqu’il y a peu comme pittoresques suscitent un grand enthousiasme. La (re)nationalisation d’industries ou de services, l’enseignement gratuit, etc. font appel à l’imagination. Mais tout cela reste conditionné à la stratégie à adopter pour en faire une réalité. Corbyn défend la renationalisation du rail, mais uniquement à mesure de l’expiration des licences d’exploitation accordées au privé. Son passage à l’énergie renouvelable passerait par une expansion progressive du contrôle public sur l’énergie au côté des géants du privé actuels. Mélenchon fait essentiellement reposer son projet sur l’argument selon lequel des salaires plus élevés pourraient parvenir à stimuler l’économie et sur des dispositions légales pour contrôler les entreprises.
    Ces revendications représentent un bon début, mais l’enthousiasme pour de tels programmes existe en raison de l’aperçu qu’il donne pour une rupture complète et immédiate avec la casse sociale et l’exploitation capitaliste. Faire face aux changements climatiques, pour ne prendre qu’un exemple, exige de ne pas s’en remettre au ‘‘marché libre’’ pour assurer une transition énergétique rapide. En effet, cela nécessite des investissements publics massifs.

    Riposter au chantage et au sabotage du capitalisme exige d’adopter une position ferme. Nous ne pourrons pas passer à côté de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Les gains de ces secteurs pourraient alors être utilisés pour réaliser les investissements cruciaux nécessaires dans les services publics et la recherche scientifique, tandis que le contrôle démocratique des travailleurs est essentiel pour protéger les secteurs nationalisés du sous-financement et de la corruption. Les véritables socialistes ne se remplissent pas les poches, ils luttent activement pour une société socialiste ! Rejoignez le PSL !

  • Trump peut être vaincu. Toute la question est de savoir comment…

    100 jours après être entré à la Maison-Blanche, Donald Trump dispose du plus faible soutien pour un président de toute l’histoire des Etats-Unis. Ce n’est en rien surprenant, il a déjà été élu en tant que deuxième politicien le plus haï. Sa grande chance fut d’avoir pour adversaire une politicienne tout aussi détestée: Hillary Clinton. Vous êtes en droit de penser que Trump ne tiendra jamais le coup toute la durée de son mandat. Et c’est vrai. Trump et son cabinet peuvent être renversés. Cela exige juste de disposer de la stratégie appropriée. Dans le cas contraire, il n’est pas exclu que Trump puisse même bénéficier d’un second mandat en 2020.

    Par Bart Vandersteene, porte-parole du PSL etspécialiste des luttes sociales aux USA

    L’entrée en fonction officielle de Donald Trump, fin janvier, fut l’occasion des plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Des millions d’Américains sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère et leur révolte. Les marchés boursiers étaient par contre à la fête, les yeux pétillants à l’idée de nouvelles réductions d’impôts et mesures de déréglementation financière. Trump n’était pas le favori d’une bonne partie de l’élite dirigeante, c’est vrai. Mais les capitalistes peuvent se montrer flexibles. Une fois Trump élu, ils ont essayé d’exploiter la situation à leur avantage.

    Pour l’establishment, le plus gros problème, ce sont les troubles sociaux et les mobilisations de masse. Pour y faire face, il peut faire appel à la direction du Parti démocrate. En essayant de se placer à la tête du mouvement anti-Trump, cette dernière vise à éviter qu’il s’aventure dans des eaux plus radicales. Mais l’autorité de la direction démocrate a elle aussi reçu quelques claques sévères. L’intérêt du mouvement social exige qu’il construise ses propres organisations, des organisations indépendantes des deux partis de Wall Street.

    Trump essaye d’imposer ses vues

    Ces dernières semaines, Trump a surtout fait parler de lui concernant la politique étrangère, domaine où il a adopté un style fait de déclarations martiales et d’interventions militaires. Intimider d’autres pays est une manière classique et sanglante de détourner l’attention des problèmes intérieurs. À cet effet, Trump semble changer son approche, initialement plutôt isolationniste, en faveur d’une politique étrangère plus interventionniste.

    L’offensive menée contre les soins de santé, le Trumpcare, est probablement la mesure dont l’impact sera le plus retentissant et qui suscitera le plus de résistance. L’Obamacare avait ses limites, mais ce système garantissait tout de même l’accès de millions d’Américains à une certaine forme de soins de santé, en permettant aux entreprises privées de transférer certaines factures vers d’autres assurés ou vers les autorités publiques. La réforme de Trump ne vise pas à corriger les éléments les plus faibles de l’Obamacare, c’est tout l’inverse. L’accès aux soins de santé sera dramatiquement réduit.

    Jamais encore le pays n’a connu un tel soutien en faveur d’un système universel de soins de santé publique à la place du mécanisme actuel reposant sur des assureurs privés. Bernie Sanders a pu bénéficier d’un écho phénoménal en se prononçant sur ce sujet. Mais le Parti démocrate exclut cette approche car elle signifie de heurter de plein fouet l’industrie pharmaceutique et le secteur des assurances.

    Sanders est devenu l’homme politique le plus populaire des États-Unis, avec 57% d’opinions favorables. Tous les sondages mettent en avant qu’il aurait remporté la présidentielle s’il s’était retrouvé à la place de Clinton contre Trump, avec une moyenne de 56% contre 44%. Qu’un homme politique âgé de 75 ans qui se réclame ouvertement du socialisme devienne l’homme politique le plus populaire de ce pays en dit long sur l’attrait exercé par les idées socialistes. Cela en dit également beaucoup sur le dégoût qu’a la classe des travailleurs des deux grandes familles politiques traditionnelles. Républicains et Démocrates défendent une politique tout entière dévouée à la défense des intérêts de la petite élite capitaliste. Pour 62% des Américains, le Parti républicain a perdu contact avec les gens ordinaires. Le verdict est tout encore plus spectaculaire pour le parti démocrate: 67%. La victoire de Trump ne doit pas être confondue avec un enthousiasme pour son programme, ce fut l’expression du rejet massif de toute la clique de l’establishment démocrate personnifié par Clinton.

    Cette situation impose de créer un nouveau mouvement politique de masse socialiste, indépendant des démocrates et des républicains et sur lequel le monde de l’argent n’aurait aucune prise. Malheureusement, Bernie Sanders continue à nourrir l’illusion que le Parti démocrate peut être réformé. Beaucoup de militants sincères se retrouveront ainsi dans un cul-de-sac. Pendant ce temps, des milliers d’Américains rejoignent les organisations explicitement socialistes, à l’instar de notre organisation soeur, Socialist Alternative. Il existe un énorme potentiel pour des actions de masse contre Trump, son cabinet et sa politique. Dans tout le pays, des manifestations de masse et des actes de désobéissance civile ont eu lieu. Grèves et actions sur les lieux de travail doivent maintenant se développer afin d’accroitre la pression. La lutte contre le Trumpcare pourrait servir de catalyseur.

    Toute forme de résistance et d’opposition à Trump qui porte l’empreinte des démocrates et / ou du clan Clinton sera vouée à l’échec. On ne peut lutter contre Trump et poser les bases d’une alternative progressiste en se basant précisément sur ce qui a assuré sa victoire.

  • Le manifeste travailliste de Corbyn, un pas important dans la bonne direction

    Mobilisons pour lutter en faveur d’un changement socialiste !

    Le dirigeant du Labour, le Parti travailliste, Jeremy Corbyn a présenté son manifeste de campagne vers les élections du 8 juin prochain en déclarant que le Labour était « un parti pour le plus grand nombre » (« party for the many ») alors que les Tories (les conservateurs) sont le « parti des riches ».

    Un projet préliminaire du manifeste avait fuité et les médias de droite avaient lancé d’impitoyables attaques contre Jeremy Corbyn, ce qui avait mis en pleine lumière les politiques défendues dans ce texte. Dans les médias sociaux, la discussion était enthousiaste. Le Labour a grimpé dans les sondages jusqu’à obtenir 32% selon Opinium et ORB, et 35% selon un sondage ComRes réalisé après la fuite.

    L’expérience des membres du Socialist Party (parti-frère du PSL) est qu’un nombre plus important de personnes sont désireuses de s’arrêter et de discuter en prenant un tract ou en achetant notre journal maintenant que le manifeste du Labour est arrivé dans la presse. Nous sommes confiants envers le fait que les grandes lignes politiques de ce texte peuvent être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes.

    Un million de personnes supplémentaires se sont inscrites sur les registres électoraux pour participer au vote depuis que la tenue de ces élections a été annoncée, dont 42% de jeunes. Une des raisons qui explique cela est qu’une nouvelle génération atteint l’âge d’être électeur. L’introduction de ce système où il faut soi-même effectuer les démarches pour figurer sur les listes d’électeurs avait entrainé la chute d’un quart du nombre de jeunes sortant de l’école sur ces listes. Au moins une partie de cette couche s’inscrit cette fois-ci. Il est également probable qu’ils s’inscrivent afin de voter pour le programme défendu par Jeremy Corbyn, le Labour étant nettement en avance sur les conservateurs parmi les moins de 40 ans.

    Les médias de droite ont immédiatement lancé leur offensive. Sans surprise, le quotidien The Daily Mail a crié que le Labour nous ramènerait aux années 1970, ce à quoi de nombreuses personnes ont répondu que c’était déjà mieux que les conservateurs, qui veulent nous renvoyer en 1870 ! Les grandes entreprises et leurs représentants politiques remueront ciel et terre pour empêcher que Corbyn soit victorieux. La Première-ministre conservatrice Theresa May avait qualifié les fuites du manifeste travailliste de « politiques socialistes désastreuses ». Selon elle, les travailleurs ordinaires allaient être « consternées » en en prenant connaissance.

    Des politiques populaires

    En réalité, les conservateurs et les riches qu’ils représentent sont terrifiés par la popularité de ces politiques. Les élections récentes en France et aux États-Unis de même que le référendum sur l’Union européenne ont été utilisés par les travailleurs et les jeunes pour exprimer leur révolte contre l’establishment capitaliste. Cette colère de classe basique va plus loin pour de nombreuses personnes qui sont à la recherche d’une alternative favorable à la classe ouvrière. C’est cela qu’a illustré le soutien monumental dont ont bénéficié Bernie Sanders aux USA et Jean Luc Mélenchon en France.

    Les sondages actuels montrent que si les gens soutiennent les politiques défendues dans le manifeste travailliste, ils sont sceptiques vis-à-vis de Jeremy Corbyn lui-même. Ce n’est guère surprenant, compte tenu de l’offensive dont il est victime à chaque minute. L’entourage de Corbyn se plaint des attaques des médias, mais ils ne réfutent pas suffisamment celles qui viennent de l’aile droite de leur propre parti.

    Malheureusement, le message anti-austérité de Jeremy Corbyn (qui l’a déjà porté à deux reprises à la tête du parti travailliste) n’a pas été suffisamment audible pour la majorité de la population au cours l’année écoulée. Les innombrables tentatives de trouver un compromis avec l’aile pro-capitaliste et blairiste du Parti travailliste ont étouffé sa voix. C’est un euphémisme. Ce scepticisme parmi la population provient également de la méfiance éprouvée envers les promesses de n’importe quel politicien.

    Une campagne audacieuse pourrait surmonter cela. Corbyn et ses soutiens syndicaux (au Royaume Uni, les syndicats choisissent le parti qu’ils soutiennent et lui versent une cotisation, NDT), comme le secrétaire général du syndicat UNITE (premier syndicat du pays)), Len McCluskey, doivent se présenter dans des rassemblements de masse et sur les lieux de travail en parlant de la riposte contre les riches et leur « système truqué », selon l’expression de Corbyn. S’ils défendent hardiment les emplois, les droits des travailleurs, le droit au logement et les services publics, ils pourraient défier les prétendus «experts» qui se prononcent contre le manifeste travailliste et l’emporter.

    Theresa May avait appelé à la tenue d’élections anticipées en pariant que, comme le laissaient entendre les sondages, elle serait en mesure de sérieusement accroître sa majorité parlementaire. Mais, comme le Socialist Party l’a expliqué dès le début, il s’agit d’une stratégie très risquée.

    La vidéo d’une femme issue d’un milieu ouvrier et affligée d’un handicap faisant face à Theresa May et critiquant les coupes budgétaires dans les allocations d’invalidité est devenue virale sur internet. Ces images en disaient beaucoup sur la vie réelle et l’atmosphère qui prévaut parmi la classe ouvrière.

    Theresa May reprend parfois à son compte des mesures politiques qu’elle a décrites précédemment comme « désastreuses », en version édulcorée, notamment au sujet des logements sociaux, des «droits des travailleurs» et des plafonds sur les prix de l’énergie. Concrètement, Corbyn a défini quel est l’ordre du jour politique. Le débat politique a été considérablement poussé vers la gauche.

    La presse conservatrice fait tout son possible pour discréditer Jeremy Corbyn au sujet de la défense. Mais lorsque ce dernier a parlé de l’échec de la stratégie du « bombarder d’abord, discuter ensuite » en expliquant qu’il s’agit d’une recette « pour augmenter, et non diminuer, les menaces et l’insécurité », il n’a pas seulement touché une corde sensible parmi la jeunesse, mais aussi auprès des millions de personnes qui s’étaient opposées à Tony Blair et à la guerre en Irak et qui avaient ensuite déserté le Labour. Corbyn a aussi déclaré s’opposer à toute nouvelle poignée de main avec Donald Trump, ce qui est à n’en pas douter également fort populaire auprès des centaines de milliers de personnes mobilisées contre le milliardaire raciste et sexiste.

    Malheureusement, ce manifeste illustre aussi que des concessions ont été faites à la droite du parti, dans l’espoir vain de parvenir à une unité. De nombreux partisans de Corbyn seront par exemple déçus que le manifeste s’engage à renouveler le programme de dissuasion nucléaire britannique Trident. Alors que la renationalisation des chemins de fer est très populaire, il est seulement question de renationaliser les sociétés ferroviaires au fur et à mesure que les franchises expirent. Bien que le manifeste spécifie qu’un certain nombre d’allocations sociales seraient revalorisées et que le système de sécurité sociale serait réformé, aucun engagement général n’existe quant au retour sur les précédentes réductions de budgets dans la sécurité sociale.

    Les militants du droit au logement sont déçus que le manifeste ne s’engage pas à abroger la Loi de 2016 sur le logement et l’aménagement du territoire (fortement critiquée notamment en raison de la réduction du nombre de logements sociaux que cette loi a impliqué, NDT). Corbyn avait initialement déclaré qu’un gouvernement travailliste construirait un million de nouveaux logements dont une moitié de logements sociaux dépendant des municipalités. La formulation du manifeste est beaucoup plus vague. Le Socialist Party affirme que nous avons besoin d’un million de logements sociaux ! De même, concernant le contrôle des loyers, le manifeste promet de contrôler les loyers à la place de fixer un plafond aux niveaux de loyer.

    Il s’agit de retraites concédées face à l’opposition blairiste. Mais la popularité d’autres mesures politiques et le virage de l’ensemble du débat politique vers la gauche en réponse à celles-ci, illustre qu’il n’a jamais été nécessaire d’accepter de pareils compromis avec la droite du Labour.

    Le Socialist Party soutient pleinement l’approche anti-austérité de Jeremy Corbyn. Depuis qu’il a été élu dirigeant du labour, nous avons fait tout notre possible pour soutenir le parti anti-austérité en formation dans sa lutte contre la droite du Parti travailliste.

    Les représentants de l’establishment capitaliste existent tant au sein du Parti travailliste qu’en dehors. Comme l’a montré le coup de l’été dernier tenté contre Corbyn, la grande majorité des députés travaillistes espèrent désespérément avoir l’occasion de l’abandonner. Contrairement à ce qu’ils clament, ces élus de droite n’agissent pas de la sorte parce que Corbyn serait «inéligible» mais précisément en raison de ses chances d’être élu.

    Nous avons défendu la démocratisation du Parti travailliste, la réadmission des socialistes expulsés et l’introduction d’une resélection obligatoire des députés (la possibilité par la base de mettre en cause la réinvestiture d’un député sortant, NDT). Si cela avait été effectivement appliqué, l’aile anti-austérité du Labour serait aujourd’hui dans une position bien plus favorable.

    L’aile droite ose prétendre représenter la clé d’un succès électoral alors qu’elle veut à nouveau appliquer les mêmes vieilles politiques d’austérité qui ont vu l’équivalent français du Labour, le PS, tomber à 6% des voix lors du premier tour des élections présidentielles. Après sept ans de misère conservatrice, les électeurs n’ont aucun intérêt à voter pour une version « light » de l’austérité et des politiques conservatrices dont les conséquences négatives rappellent le souvenir du temps où le New Labour était au pouvoir.

    Une personnalité de l’aile droite du parti a, sans honte, anonymement décrit le nouveau manifeste travailliste dans la presse comme ainsi : «tout cela se résume à une belle quantité de cadeaux pour tous les groupes spécifiques. Tout est concentré sur les «incapables pauvres» et rien ne s’adresse à la grande majorité qui travaille dur.»

    Le député bliriste Ben Bradshaw (Exeter) a déclaré qu’il n’avait rien à faire avec ce programme et qu’il produirait son propre manifeste, à l’image de ce grand nombre de députés de droite qui éditent des tracts locaux sans mentionner Jeremy Corbyn et les politiques qu’il défend. La députée de Walthamstow, Stella Creasy, affirme quant à elle sur ses tracts qu’elle a «combattu et remporté la bataille du domaine Butterfields», alors que c’est la lutte courageuse des locataires, soutenue par le Socialist Party, qui a mené à conduit à la victoire et a empêché leur expulsion. D’autres élus, tels que Wes Streeting et John Woodcock, déclarent ouvertement qu’ils ne vont pas soutenir l’accession de Jeremy Corbyn au poste de premier ministre.

    Jamais auparavant il n’a été plus clair que le Parti travailliste représente aujourd’hui deux partis en un: un parti pro-capitaliste blairiste et un nouveau parti anti-austérité en formation.

    En 2016, Tony Blair a déclaré que si Jeremy Corbyn devenait premier ministre, ce serait «une expérience très dangereuse» qu’il ne serait pas prêt à risquer. Il n’est pas surprenant qu’il fasse tout pour essayer d’empêcher cette victoire, en suggérant même que des électeurs travaillistes envisagent de soutenir les libéraux-démocrates ou les conservateurs s’ils sont favorables au maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne. L’aile pro-capitaliste n’abandonnera jamais son combat pour étrangler la formation d’un nouveau parti qui soit anti-austérité. Plus aucune concession ne doit lui être accordée ! Nous avons besoin d’un parti dévoué à la défense des intérêts de la classe ouvrière, pas à ceux des milliardaires!

    Le Brexit

    Un programme clairement anti-austérité – reposant sur les intérêts de la classe des travailleurs – devrait également préciser quelle est l’approche du Parti travailliste à l’égard du Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne). Les travailleurs qui ont voté pour le Brexit ont principalement agi de la sorte en raison de leur révolte contre toute la misère qu’ils ont subie au cours de cette dernière décennie. Le Socialist Party a soutenu que Jeremy devrait préciser qu’il se battait pour un Brexit dans l’intérêt de la majorité sociale, celle des travailleurs et de la classe moyenne.

    Le manifeste s’inscrit dans ce sens – en parlant de donner la priorité aux emplois et aux conditions de vie, de protéger les droits des travailleurs et de «toutes les communautés» – mais il fait encore des concessions à l’aile droite en ne précisant pas clairement le rôle de l’UE dans l’instauration de la politique d’austérité.

    Le manifeste contribue à défendre «les avantages du marché unique et de l’union douanière» sans expliquer le moindre rejet des règles néolibérales de l’Union européenne. Le manifeste parle beaucoup de la défense de la protection des travailleurs dans l’UE, mais il ne fait aucune mention de la législation européenne qui a conduit la course vers le bas en terme de conditions de salaire et de travail, à l’instar de la «directive des travailleurs détachés» ou des diverses directives de la privatisation des services publics. Le manifeste s’oppose par contre très clairement au racisme et défend les droits des migrants européens.

    Les politiques défendues dans ce manifeste pourraient transformer la vie de la majorité des gens (salaire décent, logement abordable, services publics décents et plus encore). Mais un parti anti-austérité socialiste doit aller plus loin pour résoudre tous les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et leurs familles.

    Par exemple, l’actuel plan concernant l’énergie consiste à assurer le contrôle du gouvernement sur les réseaux de distribution par étapes au fil du temps et à «soutenir la création» de sociétés d’énergie publiques dans chaque région, opérant avec des entreprises privées. Cependant, continuer à fonctionner au sein d’un marché privé où domine la soif de profits rendra impossible de contrôler ce qui arrive à l’approvisionnement en énergie, à ses prix et à son impact sur l’environnement. Pour assurer un accès authentique à l’énergie tout en investissant dans un plan visant à l’expansion rapide des énergies renouvelables, il faudrait une nationalisation démocratique de l’ensemble du secteur.

    Les plans économiques du manifeste de Corbyn sur l’investissement impliquent un rôle significativement plus important de l’État dans l’économie par rapport à ce qui a été défendu pendant des décennies. Ces propositions sont toutefois extrêmement modestes pour défier la propriété privée des secteurs clés de l’économie. Les manifestes travaillistes de 1945, 1972 et 1983 comprenaient des engagements de nationalisation beaucoup plus élargis. Mais la différence est telle en comparaison de ce qu’a défendu le Parti travailliste sous la direction de Tony Blair et les conservateurs que ce manifeste a le potentiel de secouer toute la société de haut en bas.
    Ce manifeste affirme que les choses n’ont pas à être ainsi et c’est cela que craignent tant les conservateurs et les blairistes. Ce manifeste ouvre la porte à la discussion sur la manière dont pourrait être différemment organisée la société.

    Mener campagne en faveur du manifeste de Jeremy Corbyn signifie de s’opposer non seulement aux conservateurs mais également aux représentants du capitalisme à l’intérieur du Parti travailliste. Cela signifie de continuer à se battre pour un parti en mesure de réaliser ce programme. Cela signifie de mener campagne pour des politiques de type socialistes.

    Lorsque les conservateurs et les médias capitalistes attaquent ces politiques comme étant inabordables, ils expriment en fait que ces mesures sont préjudiciables aux profits gargantuesques de l’élite capitaliste. L’argent ne manque pas au Royaume Uni. Les mille personnes les plus riches de Grande-Bretagne possèdent 658 milliards £ – 83 milliards £ de plus en un an! Les mesures fiscales de Corbyn et McDonnell visent à prélever £ 48,6 milliards supplémentaires dans leurs poches.

    Nous soutenons les projets de Jeremy Corbyn de taxer les grandes sociétés et les plus riches. Durant la plupart des années 1970, les grandes entreprises étaient imposées à 52%. Mais ce pourcentage a été réduit jusqu’à 20% aujourd’hui. Même avec les augmentations de taxe prévues par Corbyn et McDonnell, les grandes entreprises seraient encore moins imposées en Grande Bretagne que dans les autres pays du G7.

    Mais il faut reconnaitre que les « marchés » – c.à.d le capitalisme – n’accepteront jamais docilement de voir l’imposition et la régulation des grandes sociétés et des riches considérablement augmentés, ni même que des entreprises privées soient prises sous contrôle public.
    Un système truqué

    Le « système truqué » dont parle Jeremy Corbyn est géré par et pour un petit nombre de riches et d’entreprises. Aujourd’hui, un petit groupe de personnes en Grande-Bretagne et dans le monde entier possèdent et dirigent les industries, la science et la technique dans le seul but de maximiser leurs profits.

    Au niveau mondial huit personnes possèdent plus de richesses que la moitié la plus pauvre de l’Humanité. Nous connaissons le plus grand fossé entre riches et pauvres qui ait jamais existé dans l’histoire humaine. Environ 125 grandes entreprises dominent complètement l’économie. L’infime élite qui possède ces entreprises et ses laquais sont déterminés à stopper l’arrivée de Jeremy Corbyn au pouvoir.

    Les milliardaires qui tentent déjà de bloquer la diffusion des idées défendues par Jeremy Corbyn feront tout leur possible pour saboter leur mise en œuvre s’il est élu. Même les modestes objectifs de ce manifeste vont trop loin à leur goût. Ils sont surtout terrifiés par l’effet que cela pourrait avoir sur les attentes de la classe des travailleurs, qui pourraient être grandies et qui pourraient pousser Corbyn à aller bien plus loin que ce qu’il imagine actuellement.

    Il faudrait s’attendre à des tentatives visant à démettre Corbyn de ses fonctions de premier ministre. Ils utiliseraient aussi le sabotage, avec des mesures telles que la grève des investissements et le retrait de leur argent des banques. L’énorme pression qui a été en son temps instaurée sur le gouvernement dirigé par SYRIZA en Grèce est un avertissement pour tout gouvernement disposé à remettre en cause les intérêts des plus riches.

    Voilà pourquoi la lutte pour les politiques défendues par Corbyn et autres nécessitent la mobilisation active et massive du mouvement des travailleurs. Cela signifie d’être prêt à aller plus loin en adoptant des mesures de type socialistes.

    Cela impliquerait de nationaliser les grandes banques et sociétés financières, avec compensation uniquement sur base de besoins prouvés. Une étape cruciale pour résoudre la crise économique serait de placer sous propriété publique démocratique les quelque 125 grandes entreprises qui contrôlent environ 80% de l’économie britannique. À la différence des nationalisations du passé, il faudrait cette fois-ci les placer sous contrôle démocratique populaire en impliquant les travailleurs, les syndicats et la collectivité.

    Ce ouvrirait la voie à la possibilité de développer un plan démocratique et socialiste de production et d’échange qui pourrait très rapidement transformer la vie de millions de personnes.

  • Élections présidentielles américaines: les candidats les plus impopulaires de l’histoire

    99procent

    Briser le système des deux partis par un parti de masse des travailleurs

    Dans la dernière phase du processus électoral pour la présidentielle américaine, tous les projecteurs pointent vers le duel entre Clinton et Trump, les candidats des deux grands partis. Cette manière de considérer les choses est toutefois biaisée. En effet, 45% des électeurs (près de la moitié !) se considèrent comme indépendants des deux grands partis, contre 32% il y a 8 ans. L’enthousiasme pour les deux grands candidats est limité : seuls 43% de ceux qui veulent se rendre aux urnes se disent enthousiastes à l’idée de le faire. La recherche d’une alternative n’est pas terminée.

    Par Bart Vandersteene, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Trump contre Clinton

    L’événement le plus sensationnel de cette campagne électorale – le large écho dont a bénéficié l’appel de Bernie Sanders pour une révolution politique contre la classe des milliardaires – est relégué à l’arrière-plan. Les médias ne laissent de place que pour le spectacle du combat entre Donald Trump, le populiste grossier et raciste, et Hillary Clinton, la candidate de l’establishment soutenue par Wall Street.

    L’argument principal de Clinton? Elle n’est pas Trump. L’argument principal de Trump? Il n’est pas Clinton. Pour Trump, Clinton est la candidate rêvée car elle lui permet de surfer sur le sentiment anti-establishment qui gronde parmi la population. Quant à Clinton, elle peut compenser le manque d’enthousiasme de sa campagne par l’horreur suscitée par Trump. Ce sera à peine susceptible de convaincre les électeurs à se rendre aux urnes pour y voter pour Clinton.

    En ces temps troublés, on ne peut faire de prédictions exactes. Les instruments traditionnels de l’establishment fonctionnent de moins en moins efficacement. La faiblesse de l’establishment souligne encore plus celle de sa favorite, Hillary Clinton. Le grand mystère qui entoure sa santé alimente l’idée qu’elle ne peut être crue sur parole à aucun moment. De récentes révélations concernant l’intervention militaire en Libye, du temps où Clinton était Secrétaire d’État, ont démontré que ces opérations ont contribué au développement de l’État Islamique. Le scandale des e-mails pend encore au-dessus de sa tête. Mais, surtout, Clinton est l’incarnation parfaite de l’arrogante élite dirigeante.

    L’Establishment contre Trump

    Trump n’est pas le candidat préféré de l’élite qui trône au sommet de la société. Même les frères Koch, archi-conservateurs et bailleurs de fonds du Tea Party, se sont prononcés contre lui et pour Clinton. Ils se disent effrayé que Trump ‘‘détruise la société libre’’. Sont-ils pour autant en désaccord avec son racisme, son sexisme, sa haine de la communauté LGBT+ ? Pas du tout. La société libre dont parlent les Koch & Co, c’est le néolibéralisme effréné et les traités d’échange néolibéraux comme le TTIP, l’ALENA et le TPP.

    L’ALENA, signé sous la présidence de Bill Clinton, a eu de dévastatrices conséquences pour la classe ouvrière américaine. Ce fut par contre une bénédiction pour les grands capitalistes. AU Au moins un million d’emplois ont disparu, la plupart en direction du Mexique où la population locale s’est vue exploitée à de très bas salaires. Aux États-Unis, la menace de délocalisation sert d’arme contre les salaires et les conditions de travail. Aujourd’hui, 53% des Américains estiment préférable de laisser tomber l’ALENA. Trump utilise ce genre d’éléments dans son cocktail de slogans populistes (contre le libre-échange, contre les migrants, contre les syndicats,…) qui désigne une succession de boucs émissaires pour instrumentaliser les sentiments anti-establishment d’une grande partie de la population américaine. Tout comme en Europe, le populisme de droite américain ne peut être combattu en reposant sur le ‘‘moindre mal’’. L’establishment est incapable de répondre à l’aversion croissante qu’il provoque. Une alternative de gauche doit être construite.

    Le pays le plus riche et le plus inégalitaire au monde

    Pour la majorité du peuple américain, l’avenir n’est pas des plus roses. Mais une infime minorité s’en sort bien. Très bien. Le nombre de millionnaires (des ménages qui disposent d’actifs nets pour une valeur d’un million de dollars en plus de leur résidence principale) a continué d’augmenter chaque année. Il a atteint les 10,4 millions de foyers en 2015. En 2008, 5,9% des ménages se considéraient eux-mêmes millionnaires, contre 9% actuellement. Ce n’est pas en raison d’une forte croissance économique bénéficiant à tout le monde, comme le suggère le proverbe américain ‘‘Une marée soulève tous les bateaux’’. Il faut y voir le résultat d’une répartition extrêmement inégale des richesses. Comme le dit Marx : ‘‘L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité et de dégradation morale pour la classe dont le produit propre est, d’emblée, capital.”

    La majeure partie du peuple américain est amère. Toutes les promesses de prospérité ont été balayées tandis que les élites s’enrichissent. Bernie Sanders a parlé à l’imagination de millions d’Américains avec son appel à une révolution politique contre la classe de milliardaires. Clinton n’a eu sa nomination comme candidate officielle du Parti démocrate que fin juillet, sur le fil. Elle et la direction du parti se sont révélées incapables de cacher toutes les manipulations qui lui ont facilité l’investiture. Des milliers de courriels divulgués par Wikileaks ont prouvé que les primaires démocrates ont été falsifiées et que Sanders a fait campagne sur un terrain très hostile.

    L’impasse du Parti démocrate

    Clinton a choisi le très néolibéral Tim Kaine comme candidat vice-président, illustration claire que le Parti démocrate n’a pas été poussé vers la gauche… La plateforme du parti pour les présidentielles a bien intégré quelques maigres concessions, mais elles sont non contraignantes. Avec Kaine, Clinton a opté pour un allié politique qui a l’approbation de Wall Street, auquel il a déjà à plusieurs reprises prouvé sa soumission.

    Le Parti démocrate tente de créer l’impression que Trump est sa plus grande préoccupation. Si c’était véritablement le cas, Sanders était alors le meilleur candidat, comme l’ont montrés tous les sondages. La plus grande préoccupation était, dans la pratique, rien de plus que de veiller à ce que le parti soit toujours aux mains de l’élite dirigeante. Sanders était le bienvenu pour attirer de nouveaux électeurs, mais il fallait politiquement le désamorcer. La direction du parti y est parvenue. Clinton a été couronnée candidate présidentielle et Sanders a finalement accepté de la soutenir.

    Kshama Sawant (Socialist Alternative), élue conseillère de la ville de Seattle, a déclaré: ‘‘J’ai soutenu la campagne de Bernie Sanders aux primaires démocrates, j’ai parlé à des meetings et j’ai pris l’initiative du Movement4Bernie, mais je pense que nous ne pouvons pas le suivre dans sa décision de soutenir Hillary. Notre révolution politique serait de ce fait transformée en son contraire et serait canalisée pour soutenir l’agenda néolibéral des démocrates. Soutenir des politiciens corrompus acquis à l’establishment, ce n’est pas une manière de leur infliger une défaite. Cela renforcera la droite et lui permettre de pousser l’agenda politique encore plus à droite.’’

    La meilleure manière de poursuivre la révolution politique est de construire le plus large soutien possible à la candidate du Parti vert Jill Stein. Sa campagne est la meilleure voie de faire valoir la nécessité d’un parti de masse des travailleurs et de la jeunesse.

  • USA: La Convention démocrate la plus contestée depuis 1968

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    Il nous faut un nouveau parti des 99% pour vaincre la classe des milliardaires

    La Convention nationale démocrate (DNC) s’est retrouvée engloutie dans la controverse, les tensions et la contestation. A l’intérieur du DNC, à l’extérieur de ses portes et dans toute la ville de Philadelphie, dans le métro, dans les bars, les restaurants et les hôtels, la polarisation politique est évidente. À bien des égards, cette DNC est la plus controversée depuis 1968. Cela ne fait qu’à nouveau souligner les bouleversements qui prendront place dans les années à venir dans l’opposition à l’establishment.

    Par Patrick Ayers, Socialist Alternative (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux Etats-Unis)

    Protestations à Philadelphie.
    Protestations à Philadelphie.

    Des milliers de personnes ont participés aux actions de protestation à l’occasion de la DNC. En dépit d’une chaleur à certains moments véritablement étouffante, quatre manifestations ont eu lieu quotidiennement du centre-ville vers le parc FDR (Franklin Delano Roosevelt), aux portes de la muraille militarisée entourant la DNC.

    Les plus grandes manifestations ont eu lieu le dimanche et le lundi, avec la participation de milliers de personnes, la grande majorité d’entre eux n’étant membre d’aucune organisation traditionnelle de gauche. Cette foule représente une nouvelle génération de militants réveillée par la campagne de Bernie Sanders et maintenant prête à aller au-delà. Le slogan le plus populaire était de loin : “Hell No, DNC, nous n’allons pas voter pour Hillary!” Le hashtag #Demexit (en référence au Brexit) est devenu très populaire.

    La candidate du Parti Vert Jill Stein était très présente avec un profil énergique dans ces manifestations. Les manifestants l’ont traitée comme une rock star. La grande majorité des manifestants, venus des quatre coins des États-Unis, semblent décidés à la soutenir. Nombreux sont toutefois ceux qui sont prêts à la soutenir en signe de protestation tandis que d’autres entretiennent toujours l’espoir que le Parti démocrate peut être réformé. Socialist Alternative (CIO-USA) a participé à toutes les manifestations, en appelant à soutenir Jill Stein et à construire un nouveau parti des 99%, comme outil essentiel pour développer des mouvements sociaux de masse afin d’aboutir à une véritable révolution politique.

    Le “Walk-out”

    La DNC a provoqué la colère de nombreux partisans actuels et anciens de Bernie Sanders, non seulement à l’extérieur de ses murs mais aussi en son sein. Des centaines de délégués sont sortis de la convention en signe de protestation le mardi soir (le «Walk-out»).

    Quelques jours avant que les délégués du Parti démocrate ne se réunissent à Philadelphie, les emails de la direction du parti publiés par Wikileaks ont révélé au grand jour ce que la plupart des partisans de Bernie avaient déjà soupçonné: la direction du parti a truqué le processus des primaires en la faveur d’Hillary. Les délégués ont subi une pression énorme pour rejoindre la campagne d’Hillary avant même d’arriver à Philadelphie. Pourtant, de nombreux partisans de Bernie ont résisté et s’opposent à la manière dont ils ont été traités.

    Bernie a joué le rôle de pacificateur en chef de l’establishment du parti, mais il a échoué. Beaucoup de ses partisans ont hué son soutien à Hillary le lundi matin lors d’une réunion de pré-convention de ses délégués.

    Depuis lors, la DNC est allée plus loin pour imposer l’unité en instrumentalisant la peur de Trump, l’autorité morale des dirigeants progressistes et la pure et simple discipline imposée. Nina Turner, partisane de Bernie de premier plan et sénatrice de l’Ohio du Parti démocrate, s’est vue dépouillée de ses droits de même que d’autres partisans de Bernie qui ont protesté à l’intérieur de la salle de la Convention.

    Les choses ont atteint leur point culminant le mardi. La DNC avait bloqué les tentatives faites par les délégués de Bernie de proposer démocratiquement une alternative à la nomination de Tim Kaine à la vice-présidence. Tim Kaine a derrière lui une longue liste de prise de position contre le droit des femmes de décider de leur corps ou encore en soutien à la peine de mort et aux politiques économiques pro-entreprises. Sa nomination a été considérée comme une nouvelle trahison. En ne permettant aucune discussion démocratique sur sa nomination, la DNC a livré un exemple de plus de l’arrogance indéfendable des dirigeants du Comité national démocrate antidémocratique.

    Après le vote effectué le mardi soir, des centaines de délégués ont quitté la Convention. Les actions de la direction du parti ont créé l’atmosphère pour ce débrayage, mais il ne s’agissait pas totalement d’une action spontanée – aucune protestation efficace ne l’est jamais vraiment.

    Kshama Sawant, «Bernie or Bust» (Bernie ou rien), Occupy Wall Street, Movement4Bernie et Socialist Alternative avaient aidé à organiser ce départ collectif. Les membres de Socialist Alternative Pam Keely et Kshama Sawant ont été cités dans Vox.com: «Nous devions le faire», a déclaré à VICE Pam Keeley, déléguée de Bernie Sanders de l’État de Washington, l’une des organisatrices du walk-out. «Nous en avons eu assez de l’hypocrisie, des mensonges, d’être utilisés pour recueillir des votes et des fonds de campagne pour être ensuite jetés comme des ordures. C’est essentiellement un soulèvement de la base.» Elle a précisé qu’environ 80 délégués ont quitté la Convention mais que «plusieurs centaines» en ont été empêchés par la police.

    Selon un délégué, Sanders lui-même a envoyé un e-mail demandant à ses délégués de ne pas quitter la Convention. Mais certains de ses partisans sont profondément désenchantés de leur ancienne icône et sont convaincus que le candidat a quitté la voie qu’il a aidé à tracer.

    «La raison pour laquelle les gens se sont retrouvés derrière Bernie Sanders était que son message était un message de rébellion contre un establishment détesté», a expliqué Kshama Sawant, élue socialiste au Conseil de la ville de Seattle qui a soutenu le débrayage, a déclaré VICE. «Il n’était pas logique pour Bernie d’attendre que ses partisans soutiennent son choix (en faveur d’Hillary) et disent :« Toute cette révolution politique, c’était super pour quelques mois, mais maintenant, plions-nous devant la quintessence même de cet establishment que nous détestons.»

    Une foule de près de 5.000 manifestants se sont rassemblés devant la DNC dès que le débrayage a été connu. Socialist Alternative fut l’une des rares organisations présentes parmi cette foule énergique. Les chants et slogans ont résonné sans interruption en dépit des tensions avec la police, du spray au poivre et des arrestations. La foule a ensuite rejoint Black Lives Matter. Jill Stein s’est adressée à la foule sous les vivats tandis que les manifestants ont occupé les carrefours.

    La DNC et la police n’ont pas permis aux manifestants et aux délégués oppositionnels toujours à l’intérieur de se retrouver le mardi soir. Les délégués ont organisé un sit-in à l’intérieur de la tente des médias de la DNC, puis ont été dispersés et envoyés dans des directions différentes. Mais le mercredi et le jeudi, de nombreux délégués oppositionnels ont rejoint les manifestations en dehors de la DNC.

    Il nous faut un parti des 99%

    La Convention de 1968 a été considérée comme un tournant radical du mouvement contre la guerre du Vietnam. De même, les bouleversements qui ont accompagné la DNC de 2016 et plus généralement les élections présidentielles elles-mêmes constituent un point tournant historique pour la gauche dans la société américaine.

    En dépit de la capitulation de Bernie Sanders, beaucoup de ses partisans n’ont pas sombré dans la défaite sans combattre. L’establishment du Parti démocrate va tout faire pour contrecarrer et piéger toute véritable révolution politique.

    Il est maintenant temps d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Pour gagner notre révolution politique, nous ne pouvons pas compter sur un seul individu. Pour mener à bien la révolution politique, nous avons besoin de notre propre organisation de masse indépendante. Nous avons besoin d’un nouveau parti des 99% pour aider à canaliser la colère croissante de millions de personnes, choisir nos propres candidats, construire des mouvements sociaux de masse à la base et vaincre la classe des milliardaires et son système à deux partis.

  • Des délégués quittent la Convention démocrate: pas de soutien pour Hillary !

    La nuit dernière, à Philadelphie, de nombreux délégués ont quitté ensemble la Convention nationale du Parti démocrate après qu’Hillary Clinton ait été officiellement nominée candidate démocrate aux élections présidentielles. Bernie Sanders avait mené une campagne de gauche au cours des primaires mais, dorénavant, il fait tout pour enrayer la colère contre l'establishment du parti. Il a décidé de soutenir la candidate de Wall Street et a promis de mener campagne en sa faveur. Un grand nombre de délégués élus durant ces primaires sur base du programme de la «révolution politique contre les milliardaires», selon le slogan de Sanders, pensent différemment. Ils ne sont pas prêts à jeter leurs idées politiques par-dessus bord. Leur départ collectif de la Convention démocrate a notamment été soutenu par Occupy Wall Street, la campagne «Bernie or Bust» (Bernie ou rien) et Movement4Bernie. Ci-dessous notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative, organisation-soeur du PSL) explique pourquoi ce départ collectif était nécessaire. (Cet article est paru la veille sur le site counterpunch.com).

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    Appel de Kshama Sawant: quittez la Convention démocrate !

    C’en est assez ! Soutenons les délégués courageux qui vont quitter la Convention (anti)démocrate pour protester contre des élections truquées.

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    Tract en faveur du débrayage collectif.

    Un débat sérieux et de grande importance fait rage parmi les Sandernistas (les partisans de Bernie Sanders) depuis que Bernie a approuvé la candidature d’Hillary il y a deux semaines. Ces questions deviennent plus pressantes encore avec l’ouverture de la Convention démocrate.

    La question centrale est de savoir si nous devrions suivre l’exemple de Bernie pour soutenir la politique pro-entreprises d’Hillary Clinton ou plutôt continuer la révolution politique en construisant un mouvement indépendant du Parti démocrate. Alors que j’ai soutenu la campagne de Bernie durant les primaires démocrates, que j’ai pris la parole à des rassemblements de Bernie et que j’ai lancé le Movement4Bernie, je crois que nous ne pouvons tout simplement pas le suivre dans sa décision de soutenir Hillary. Notre révolution politique risque maintenant d’être transformée en son contraire et canalisée en soutien à l’ordre du jour néolibéral de la Convention démocrate.

    Soutenir des politiciens de l’establishment corrompu n’est aucunement un moyen de vaincre la droite, cela ne fera que l’encourager tout en permettant à l’agenda politique d’être poussé plus loin à droite. Cette stratégie du moindre mal a échoué et c’est ce qui a poussé les 99% de la population au stade que nous connaissons aujourd’hui. L’indignation est grande face à la politique de l’establishment qui a permis à un populiste de droite de se trouver aux portes de la présidence.
    Nous ne pouvons pas continuer dans cette impasse.

    Comme l’a illustré le choix de Clinton de Tim Kaine comme colistier, elle et la direction du Parti démocrate n’ont en aucune manière significative été «poussés vers la gauche» au cours de la primaire, en dépit de quelques concessions limitées concernant le texte de plate-forme (qui est non-contraignant) ainsi que les réformes mineures des règles au sujet des super-délégués.

    Avec Tim Kaine, Hillary Clinton a choisi son jumeau politique néolibéral et a reçu l’approbation de Wall Street. Comme pour souligner la signification politique de ce choix de vice-président, et peut-être aussi comme signal pour les entreprises américaines, Tim Kaine a clairement exprimé son soutien total au Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et à la déréglementation bancaire quelques jours à peine avant sa nomination. Donald Trump va instrumentaliser les orientations politiques anti-travailleurs et pro-entreprises de Clinton et Kaine contre eux au cours des élections générales. La Convention démocrate lui offre une cible proche de la perfection.

    Les révélations de Wikileaks concernant la direction du parti démocrate ont clairement démontré la manière dont sont truquées les primaires démocrates, du début à la fin. Des milliers de mails ont exposé la partialité absolue d’une direction de parti corrompue. Ils ‘agit d’un terrain tout à fait hostile pour un opposant socialiste démocratique.

    Les fuites ont aussi complètement exposé l’hypocrisie de la direction du Parti démocrate, qui prétend officiellement que sa priorité est de vaincre Trump. Elle a violemment et antidémocratiquement soutenu Clinton, en dépit du fait que les sondages montraient que Sanders était plus à même de vaincre n’importe quel candidat républicain.

    Avec l’attention du pays et du monde concentrée sur la Convention démocrate à Philadelphie, nous avons maintenant des décisions sérieuses à prendre face à de puissantes opportunités. Les actes des délégués et des militants de Bernie Sanders tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la convention ont le potentiel de faire de cette semaine une page de l’Histoire.

    Des milliers de personnes rejoignent les manifestations et les rassemblements dans les rues de Philadelphie. De nombreuses actions de protestation ont aussi lieu à l’intérieur de la Convention, notamment contre le Traité Trans-Pacifique avec une action qui a temporairement interrompu la procédure.

    Mais la manifestation la plus puissante de toutes sera pour les délégués et les militants de totalement rejeter l’establishment démocrate néolibéral en sortant de la Convention avec le plus grand nombre possible.

    Les délégués sont organisés pour une telle une action de débrayage, et plusieurs centaines de délégués peuvent collectivement quitter l’événement. Cela exigera un vrai courage. La Convention est un énorme spectacle soigneusement scénarisé par la noblesse du Parti, y compris des gens comme Michelle Obama et Elizabeth Warren. Mais cette année, peut-être en reconnaissance du soulèvement politique qui a eu lieu, la direction démocrate est allée jusqu’à donner à l’événement un verni populaire, certains travailleurs et militants pouvant eux aussi prendre la parole. L’ampleur et le caractère intimidant de cet événement de 50.000 personnes auront sans aucun doute un impact psychologique.

    Mais ceux qui oseront passer à l’étape audacieuse de marcher hors de la Convention et des politiques néolibérales seront accueillis par un rassemblement de militants, de livestreamers, de journalistes et autres. Les médias de masse ont déjà contacté Movement4Bernie en prévision de l’événement. J’espère vous y voir.

    Les délégués ont dû s’organiser en cachette, les dirigeants du parti ayant lancé une forte campagne d’intimidation contre tout délégué plaidant pour la tenue d’actions de protestation ou soutenant un autre candidat. La menace de voir leur statut de délégué révoqué a été explicitement évoquée. Mais l’organisation de cette sortie collective est devenue un peu plus connue la semaine dernière quand Occupy Wall Street s’est exprimé en faveur de cette action sur sa page Facebook et sur Twitter, de même que «Bernie or Bust» et Movement4Bernie.

    L’un des arguments les plus courants porté contre ce débrayage est que les délégués renonceraient en quelque sorte à leur chance de se battre pour la politique de Bernie et perdraient ainsi leur voix. Mais ce débrayage se déroulera bien après les votes de la plate-forme et des nominations. Après cela, la Convention ne devient qu’une cérémonie antidémocratique : The Hillary Show ™

    La peur de Donald Trump va decider de nombreux votes aux élections présidentielles de novembre, comme cela a encore été illustré par les authentiques réactions d’effroi face à l’horrible spectacle de la Convention nationale républicaine de la semaine dernière. Le danger du populisme de droite est réel. Mais c’est aussi pour cette raison qu’il serait tout à fait contre-productif de soutenir Clinton et la direction du Parti démocrate.

    Ces dernières décennies, l’establishment démocrate a rejoint les républicains dans la réalisation du projet néolibéral sans être défié par la gauche.

    Si les 99% de la population continuent de soutenir les politiciens néolibéraux sur base d’une approche de moindre mal, cela ne fera que créer plus d’espace pour le populisme de droite, comme nous l’avons vu dans d’autres pays. Cette année, l’absence de résistance de gauche au Parti démocrate signifierait que l’espace anti-establishment serait largement ouvert aux candidats de droite comme Donald Trump et le libertarien Gary Johnson. Johnson est déjà crédité de 9% dans certains sondages. Ce serait une catastrophe. Les millions de votes anti-establishment pour Trump et Johnson pourraient aider à consolider la base pour le populisme de droite et offrir le potentiel d’un nouveau parti de droite similaire au Front National en France. Ce danger a déjà été illustré en 2009 avec la croissance du Tea Party, lorsque la droite a exploité la véritable fureur face aux plans de sauvetage de Wall Street pour construire une nouvelle force politique, tandis que la gauche était occupée à excuser Obama.

    Nous avons absolument besoin de vaincre la droite, mais cela nécessite une stratégie sérieuse. Pour réussir, nous aurons besoin de construire les mouvements sociaux les plus forts possibles et d’assurer qu’ils soient complètement indépendants des deux partis de Wall Street. Nous aurons besoin de construire notre propre parti politique de masse des 99%, un parti qui œuvrera aux côtés de ces mouvements plutôt que contre eux. Concrètement, en ce moment, nous avons besoin de construire le soutien le plus large possible pour la candidate du Parti Vert Jill Stein, dont la campagne est la continuation claire de notre révolution politique.

    Un nouveau parti de masse des 99% devra rejeter tout l’argent et l’influence du monde des entreprises et combattre sans ambiguïté pour nos intérêts. Voilà ce que Bernie a commencé à faire dans ces primaires, et c’est la raison pour laquelle il bénéficié d’un soutien large et véritable non seulement de la part d’électeurs démocrates mais aussi d’indépendants et même de certains républicains. Il n’y a pas de “secret” pour expliquer pourquoi il se porte beaucoup mieux dans les sondages contre Trump qu’Hillary. Le soutien d’Hillary pour le «libre-échange» et les politiques pro-entreprises et anti-travailleurs est clair aux yeux de tous. Bernie a été en mesure d’apporter un défi historique à la direction du Parti démocrate en dépit de toutes les attaques antidémocratiques menées contre sa campagne précisément parce qu’il a appelé à une révolution politique contre la classe des milliardaires.
    Malheureusement, Bernie n’a pas continué sur cette voie et a appelé à voter pour l’establishment que nous combattons.

    Les choses sont maintenant entre nos mains. Pour arracher les choses pour lesquelles nous nous battons, notre mouvement devra se tenir sur ses propres pieds et aller au-delà de Bernie en commençant à poser les bases de la construction de propre parti, un parti de masse des 99%.

    Et pour ce faire, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer des moments comme celui-ci. Un débrayage de centaines de délégués de la convention combiné à des manifestations de masse, comme cela se passe déjà dans les rues de Philadelphie, constituera une prise de position audacieuse en direction de l’indépendance politique des travailleurs et des jeunes.

    Ça suffit. Joignez-vous à moi pour soutenir les délégués courageux qui sortiront de la Convention antidémocratique et de ce processus truqué.

  • Bernie abandonne la révolution: il est temps de soutenir Jill Stein

    BernieClintonLe soutien de Bernie Sanders accordé à Hillary Clinton a profondément déçu des millions de ses partisans. Beaucoup de ceux qui se sont sentis inspirés par son appel à une révolution politique avaient jusqu’ici entretenu l’espoir qu’il refuserait de se ranger derrière la candidate favorite de Wall Street. Mais ces espoirs se sont effondrés.

    Article de Kshama Sawant initialement publié sur le site CounterPunch.org.

    Non seulement Sanders a-t-il décidé de soutenir son adversaire néolibéral, il a aussi commencé à faire campagne en sa faveur, avant même la tenue de la Convention nationale démocrate, jusqu’où il s’était précédemment engagé à poursuivre la lutte. Apparaissant au meeting de Clinton du New Hampshire, il a signifié son intention de l’accompagner sur le sentier de la campagne.

    Le soutien énergique de Bernie à Hillary fait suite à des mois de campagne menée contre ses liens étroits entretenus avec Wall Street et le Big Business aux USA. Il a déclaré: «Hillary Clinton fera une présidente remarquable et je suis fier d’être avec elle aujourd’hui.» Le cœur de son discours était fait d’une comparaison thème par thème des deux candidats pro-entreprises. Il a souligné les dangers réels de la politique de Trump, en disant par exemple que l’approche de Trump face au changement climatique «serait un désastre pour notre pays et notre planète.»

    Il ne peut y avoir aucun doute au sujet du constat dressé par Bernie de la menace représentée par le populisme de droite de Trump, mais il a tout à fait tort concernant la façon de guérir la maladie. Nous ne parviendrons pas à vaincre la droite de façon décisive en soutenant les politiciens de l’establishment comme Hillary Clinton. C’est l’indignation massive ressentie contre la politique brutale pro-Big Business appliquée par l’establishment politique, dont Hillary est correctement considérée comme une des chefs de file, qui a créé la base de la montée en puissance de Trump. C’est également ce à quoi nous avons assisté il y a quelques années seulement avec la croissance du Tea Party, né de la fureur consécutive aux plans de sauvetage de Wall Street alors tandis que la gauche était occupée à trouver des excuses aux politiques pro-entreprises d’Obama.

    Le Parti démocrate (anti-démocratique) ne sera jamais un outil efficace pour vaincre la droite, que ce soit avant ou après les élections. L’expérience a démontré à maintes reprises que ce parti est en fait un allié de longue date de celle-ci. Pour vaincre la droite, il nous faut construire de puissants mouvements de masse unitaires ainsi qu’un nouveau parti politique pour les 99%, un parti qui travaillera aux côtés de nos mouvements plutôt que contre eux.

    Hillary Clinton a la distinction douteuse d’être la deuxième candidate la plus impopulaire de l’histoire du scrutin présidentiel des Etats-Unis, ne cédant la place qu’à Donald Trump. La peur de Trump est le principal facteur de soutien pour Clinton tandis que la peur de Clinton est le pilier principal de Trump.

    La stratégie du moindre mal a été un désastre total pour les 99% de la population. Sans être contesté par la gauche, le Parti démocrate a aidé le Parti républicain à systématiquement pousser l’agenda politique vers la droite au cours de ces dernières décennies. Tout comme la candidate du Parti Vert aux présidentielles Jill Stein l’a correctement exprimé : «la politique basée sur la peur nous a apporté tout ce dont nous avions peur.»

    La campagne de Bernie a ébranlé les fondements de la politique US avec son audacieux défi lancé à l’establishment politique corrompu et à la domination de Wall Street et des super-riches sur la société. Des dizaines de milliers de personnes sont devenues politiquement actives pour la première fois de leur vie et une discussion plus large s’est à nouveau développée au sujet du socialisme. Mais les thèmes défendus par Sanders tels que l’imposition d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure à l’échelle nationale (contre 7,5 $ actuellement, NDT), l’opposition au Partenariat Trans-Pacifique (TPP) et la défense d’une assurance-maladie pour tous ne seront en aucun cas plus près d’être concrétisés par cette capitulation face à Clinton.

    Au lieu de cela, le soutien de Bernie sera instrumentalisé pour soutenir ce même establishment pourri, y compris les dirigeants du Parti démocrate possédés par le monde des entreprises qui l’ont combattu à chaque étape et qui l’avaient encore hué la dernière semaine. En outre, si Jill Stein ne s’était pas présentée ou avait reçu peu de soutien, les sondages montrent que les deux candidats de droite, le libertarien Gary Johnson et le républicain Donald Trump, seraient les bénéficiaires du vote anti-establishment – ce qui contribuerait à la croissance du terreau pour le populisme de droite.

    Le ralliement de Sanders à Clinton est un échec fondamental de leadership. Sanders dispose de la confiance des millions de travailleurs les plus dévoués et engagés ainsi que de la jeunesse. Ils regardent en sa direction. Il a la responsabilité de les conduire dans la bonne voie et non pas dans une impasse politique.

    Alors que mon organisation, Socialist Alternative, et moi-même avons activement soutenu la campagne de Sanders en lançant notamment le «Movement4Bernie», nous avons toujours ouvertement exprimé notre désaccord avec sa décision de concourir aux primaires du Parti démocrate. Nous avons également expliqué que cette erreur pourrait être corrigée à mesure que l’expérience précisait le caractère profondément hostile du Parti démocrate contre toute politique progressiste. Nous avons exhorté Bernie à poursuivre sa campagne comme candidat indépendant ou du Parti Vert dans le cas où il serait vaincu, comme nous nous y attendions, et avons lancé une pétition en ce sens signée aujourd’hui par près de 125.000 personnes.

    L’expérience de ces primaires truquées a totalement exposé le caractère non démocratique, conservateur et pro-entreprises du Parti démocrate. Alors que Sanders a remporté environ 46% des voix, il n’a reçu le soutien que de huit membres démocrates de la Chambre et d’un seul sénateur démocrate. La grande majorité de l’establishment du parti s’est opposée à Sanders et aux millions de travailleurs et de jeunes mobilisés derrière son appel à une révolution politique contre la classe des milliardaires.

    Toute l’expérience de la campagne de Sanders ainsi que le fossé massif entre l’énorme soulèvement de la base des travailleurs et des jeunes derrière Sanders et le caractère conservateur et pro-capitaliste du Parti démocrate a graphiquement mis en évidence le potentiel pour commencer à construire un nouveau parti politique indépendant des intérêts des entreprises et des milliardaires.

    Même si Sanders n’était pas prêt à prendre une telle initiative, rien ne l’obligeait à endosser la candidature d’Hillary Clinton, une candidate de Wal-Mart & Wall Street et pro-guerres. Sanders aurait au moins pu refuser de soutenir Clinton et de mobiliser ses millions de partisans pour des manifestations de masse contre le racisme et la misogynie de Donald Trump, tout en les exhortant à voter pour la campagne de gauche radicale de Jill Stein .

    Une telle mesure aurait été en phase avec une grande partie de sa base. Dans les derniers sondages, près de la moitié de ses partisans étaient se déclaraient opposés à un appel de vote en faveur de Clinton en dépit des énormes pressions exercées par l’ensemble de l’establishment politique et médiatique. Mais au lieu de corriger son erreur initiale de participer aux primaires démocrates, Bernie est allé plus loin dans l’impasse. Son crédit de gauche sera maintenant cyniquement utilisé pour tenter de pousser les «Sandernistas» derrière l’establishment contre lequel ils se sont révoltés.

    Bernie a défendu son soutien à Clinton par des concessions de la plate-forme du Parti démocrate approuvée à Orlando. Pour avoir un sens, cette plate-forme devrait être obligatoirement respectée par les élus du parti. Les politiciens qui votent contre la plate-forme du Parti devraient savoir qu’ils perdraient à l’avenir le soutien du parti. Bien entendu, ce n’est pas de cette manière que fonctionne le Parti démocrate (ou le républicain). En réalité, l’histoire des plates-formes décidées à la Convention démocrate nationale (DNC) se résume à une longue série de vagues promesses invariablement brisées. La plate-forme est habituellement jetée par la fenêtre avant même que l’encre en soit sèche. Hillary Clinton sera libre de choisir quelles politiques mettre en œuvre une fois arrivée au pouvoir, qu’importe ce que dit la plate-forme, et ses décisions seront fortement guidées par ce qui est acceptable aux yeux de ses bailleurs de fonds milliardaires.

    Même si la pression a poussé l’establishment démocrate à faire certaines concessions concernant la plate-forme, celles-ci sont limitées. Les positions claires sur les grandes questions considérées comme hostiles aux entreprises américaines – comme que l’assurance-maladie pour tous, l’opposition au TPP ou encore le rejet de la fracturation hydraulique – ont été bloquées. Et alors que l’imposition d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure a été approuvée, qui croit sérieusement que Clinton va se battre pour son instauration ? Il suffit de jeter un œil à ses donateurs: les banques de Wall Street, McDonalds, WalMart, Target, Big Pharma (les multinationales pharmaceutiques), HMO et Big Oil (les multinationales pétrolières). Qui parmi eux pourra tolérer le que le salaire minimum national soit doublé ?

    Bernie a déclaré, à plusieurs reprises, que «Le Parti démocrate doit s’exprimer sur une conclusion fondamentale: sommes-nous du côté des travailleurs ou des intérêts du Big-Money?» Bernie peut-il affirmer sans rire que le Parti démocrate (ou Hillary Clinton elle-même ) est maintenant parvenu à une conclusion favorable aux travailleurs?

    Nous ne pouvons pas nous permettre de suivre l’erreur de Bernie. Il est temps pour nous d’aller de l’avant.

    Parce que, ne vous méprenez pas, nous devons vaincre la droite.

    Nous allons stopper la croissance du populisme à droite de la même manière que nous allons gagner les revendications pour lesquelles nous nous sommes battus au cours de ces derniers mois. En construisant les capacités combatives et organisées de la classe des travailleurs en de puissants mouvements de masse. Nous démobiliser et remettre notre destin aux mains des politiciens pro-entreprises ne fera qu’encourager la droite.

    C’est la force des mouvements syndicaux et socialistes des années ‘30 et ‘40 qui a forcé à obtenir des concessions majeures du démocrate Franklin Roosevelt, et ce fut la force des mouvements contestataires des années ‘60 et ‘70 qui a arraché des concessions majeures au républicain Richard Nixon. Ces deux fois, les dirigeants de ces partis n’ont pas cédé un pouce de plus que ce à quoi ils avaient été contraints par les mouvements sociaux.

    La raison principale qui explique pourquoi des programmes sociaux ont été gagnés en Europe et ailleurs (ce à quoi a Bernie a souvent fait référence) et n’ont jamais été mis en place aux Etats-Unis est essentiellement que la classe ouvrière américaine n’avait pas encore réussi à construire son propre parti politique et est resté à la remorque du Parti démocrate pro-capitaliste. Des pays comme la Suède, la Grande-Bretagne et la France ont connu la construction de partis de masse socialistes et travaillistes qui se tenaient face aux partis libéraux et conservateurs capitalistes de leur pays. Ils se sont battus aux côtés de mouvements puissants et ont remporté des gains importants. Les élites dirigeantes de ces pays ont accepté l’instauration de programmes publics dans le seul but de conjurer la menace de bouleversements encore plus profonds sous l’impact de l’activité de la classe ouvrière, et non pas de bonne volonté.

    Nous avons face à nous une opportunité historique de commencer la construction d’un nouveau parti de masse des 99%. Nous avons besoin d’un parti basé sur la démocratie véritable, à la direction élue et révocables, qui refuse les donations d’entreprises, qui dispose d’une plate-forme de liaison entre les différents mouvements de lutte et qui est tout à fait prêt à «accueillir le mépris» de Wall Street et des entreprises américaines tout en luttant sans relâche pour nos intérêts.

    C’est pourquoi je soutiens la candidature de la candidate du Parti Vert, Jill Stein.

    Jill Stein se bat essentiellement sur les mêmes questions que Sanders. Elle appelle à l’établissement d’une assurance-maladie pour tous, d’un salaire minimum national de 15 $, d’une transition rapide vers les énergies renouvelables et à la fin de l’incarcération de masse. À certains égards, elle est allée plus loin que Bernie, en particulier concernant l’opposition aux aspects fondamentaux de la politique étrangère des États-Unis ainsi qu’en appelant à l’annulation de la dette des étudiants.

    Il ne fait aucun doute que la campagne de Jill est la continuation claire de notre révolution politique et qu’elle mérite le soutien le plus large possible de «Sandernistas». Plus le vote en faveur de Jill Stein sera fort, plus nous serons en mesure de poser les bases d’un nouveau parti des 99% dans la période qui suivra les élections de 2016.

    Je ne suis pas d’accord avec Jill ou le Parti Vert sur tout, mais les Verts ont un rôle important à jouer pour aider à construire une politique indépendante de Wall Street. Ce n’est pas le moment de jeter l’éponge. La capitulation de Bernie est un véritable revers. Mais nous ne devons pas l’accepter, nous avons un véritable travail à faire et des millions de gens sont à la recherche d’une voie à suivre.

    berkely
    Ces dernières semaines, “Movement4Bernie” et Socialist Alternative ont organisé des dizaines de meetings pour parler de la manière de construire la révolution politique. La photo ci-dessus a été prise à Berkley, en Californie, où 200 personnes étaient présentes.

    Plus tard cette semaine, le «Movement4Bernie» sera relancé sous le nom de «Mouvement pour les 99%», pour refléter son engagement continu dans la lutte pour la révolution politique, avant et après le mois de novembre. Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à assister dans votre région à une réunion «Beyond Bernie» (Au-delà de Bernie, NDT) organisée par le «Movement4Bernie» et Socialist Alternative afin de discuter des prochaines étapes de notre mouvement et d’y participer. J’espère que vous le ferez et que vous considérerez d’adhérer à Socialist Alternative.

    Dans deux semaines à peine, nous serons à la Convention nationale démocrate. De grandes manifestations et des rassemblements auront lieu en dehors, dans les rues de Philadelphie. A l’intérieur, les délégués de Bernie protesteront également contre la direction du Parti démocrate, et certains organisent activement un débrayage en manifestation.

    J’espère que vous pourrez y être en ma compagnie pour protester et saluer les délégués qui franchiront l’étape audacieuse de marcher en dehors de la DNC.

    Mais il est aussi grand temps d’un autre débrayage encore plus grand – un débrayage de masse hors de l’emprise de la politique des entreprises du Parti (anti)démocrate. Il est temps de construire notre propre parti ainsi qu’une véritable révolution, assez puissante pour défier la domination des entreprises, le racisme institutionnel, la pauvreté et les inégalités économiques et pour gagner toutes les choses pour lesquelles notre mouvement se bat.

  • Etats-Unis: primaires non-démocratique & nécessité d’un parti des 99%

    Hillary_Clinton_mainClinton a, comme attendu, remporté la dernière primaire démocrate mardi 14 juin, lui donnant ainsi une majorité de délégués pour être élue candidate du parti Démocrate aux élections présidentielles. Nous reproduisons ci-dessous une tribune initialement publiée le 21 avril sur le site counterpunch.org (au lendemain de la primaire dans l’Etat de New York) qui revient sur la vraie nature de ces primaires, et le combat pour un parti “pour les 99%”.

    Par Kshama Sawant, Socialist Alternative (CIO-USA)

    De plusieurs manières, et malgré une victoire décisive, mardi, confirmant davantage la vraisemblance de sa nomination, Hillary Clinton émerge de la primaire de New York plus endommagée et son parti plus divisé que lorsqu’ils y sont entrés.

    Ce que l’on a nommé la Bataille de New York a permis d’exposer plus ouvertement la réalité douloureuse dont de millions de personnes aux États-Unis prennent conscience – que la primaire du Parti démocrate est truquée en faveur de l’establishment.

    Une discussion qui avait commencé sur l’approche descendante (top-down system) des “super délégués” et l’énorme influence de l’argent du big business a mené à une prise de conscience de la nature généralement anti-démocratique de la primaire démocrate et du parti lui-même – avec son système électoral, la concentration en début de campagne des scrutins tenus dans les états conservateurs, la forte manipulation de l’espace médiatique par l’establishment médiatique, ainsi que l’antagonisme des leaders du Parti démocrate envers les candidats issus de mouvements populaires tel que Sanders.

    Avant que la primaire du 19 avril n’ait même commencé, plus de 27% des New-yorkais (3 millions de personnes) furent exclus par un système électoral contraignant ainsi que par la révocation du droit de vote des électeurs identifiés comme “inactifs”. Dans une circonscription de Brooklyn, les officiels ont noté que 10% des électeurs s’étant présenté-e-s au scrutin ont appris sur place que leurs noms avaient été effacés. Dans le comté où se retrouve Brooklyn, plus de 125 000 électeurs furent retiré-e-s des registres démocrates, menant à une chute massive d’électeurs éligibles, 14% en 5 mois de temps.

    Pendant ce temps, dans le nord de l’état de New York, les plages horaires de plusieurs bureaux de vote dans certaines régions plus favorables à Sanders furent considérablement réduites. De plus, une règle dont très peu de gens étaient conscients dicta que seuls les électeurs enregistrés en tant que démocrates depuis le 9 octobre avaient le droit de vote. Le maire de la ville de New York, Bill de Blasio, ne pouvait s’empêcher de faire la remarque : “La perception selon laquelle plusieurs électeurs ont possiblement été privé-e-s de leurs droits mine l’intégrité du processus électoral dans son ensemble, et doit être corrigée.” Le contrôleur de la ville a promis “d’entreprendre une vérification des opérations et de la gestion du Conseil électoral.”

    Alors que l’avance de 15 points détenue par Clinton représente certainement plus que la somme de ces irrégularités, il est également clair que si les indépendants et les autres exclus du vote avaient eu la chance de s’exprimer, le résultat aurait été beaucoup plus serré et Sanders aurait même pu gagner.

    Les primaires fermées comme celle de New York sont largement défavorables aux mouvements populaires, écartant du processus les millions de personnes enregistrées en tant qu’indépendants qui en sont arrivés à reconnaître le caractère corrompu des deux partis.

    La puissance de l’establishment médiatique new-yorkais s’est pleinement manifestée lors de la primaire alors que celui-ci déclara ouvertement la guerre à Sanders. Même les journaux “progressistes” tel que le New York Daily News se sont rués contre lui, imprimant à répétition des attaques sensationnalistes et diffamatoires sur leurs “unes”.

    Peut-être que le résultat le plus important de la primaire de New York ne fut pas le vote, mais bien l’impact politique de la campagne de Sanders sur les dizaines de milliers de personnes activement impliqués ou suivant la campagne de proche lors des dernières journées et semaines.

    Ce n’est pas qu’à New York

    Les médias au service du big business sont fortement intervenus en appui à Clinton pendant tout le processus de la primaire. Tout d’abord avec un blackout médiatique en 2015, alors que Clinton fut dépeinte comme l’inévitable nominée et que Trump reçut plus de 20 fois la couverture médiatique. Lorsque Sanders arriva à se poser en tant que menace, l’establishment médiatique a tout fait pour tenter de le discréditer. Des attaques incessantes sur ses propositions de projets de loi par des importantes personnalités libérales comme Paul Krugman, jusqu’aux véritables assauts comme celle du Washington Post, le 1er mars, alors qu’un article anti-Sanders fut publié toutes les heures pendant 16 heures.

    Des irrégularités dans les scrutins sont apparus d’état en état. Tandis que certaines furent sans aucun doute exagérées, d’autres avaient des effets réels. En Arizona, où les gens ont attendu jusqu’à 5 heures en file pour voter, plusieurs personnes ont également vu leurs inscriptions au registre changer sans qu’ils en aient connaissance.

    La primaire dans son ensemble est orientée vers les partisans les plus vieux et les plus riches. Au niveau national, moins de 15% des électeurs éligibles participeront aux primaires et caucus démocrates.

    Les travailleurs ont bien vu le caractère pro-business de la direction du Parti démocrate dans toute sa splendeur. Ce n’est pas un accident si, lorsque le sénateur démocrate Jeff Merkley a manifesté son appui envers Bernie Sanders la semaine passée, il était le premier à le faire. En comparaison, 40 sénateurs ont appuyé Hillary, ainsi que 166 représentants de la Chambre. Cet establishment trouve tout à fait inacceptable l’appel, lancé par Sanders, à une révolution contre les milliardaires et les riches donateurs de campagne. Le leadership démocrate se base sur des échanges de faveurs et ils n’ont de cesse d’aller de position élue à carrière lucrative dans les corporations et les lobbies. En même temps, ils utilisent leur influence et leur poids politique afin de s’assurer que les leaders syndicaux et religieux rentrent bien dans le rang.

    Ajoutez à ceci les puissances combinées des super PACs (Comités d’Action Politiques, qui sont des organisations privées de lobby politique aux fonds potentiellement illimités, NdT) de Wall Street et vous avez une primaire et un parti politique qui représentent un terrain hostile pour un candidat du 99%.

    Un simple fait révèle le caractère truqué du système : les sondages nationaux démontrent que Bernie Sanders obtient, et de loin, les cotes de popularité les plus élevés parmi tous les candidats à la présidence, et qu’il l’emporte sur tous les candidats républicains en affrontement direct. Pourtant, il sera vraisemblablement éliminé avant l’élection générale s’il continue de jouer le jeu du bipartisme.

    Une opportunité historique

    Nous arrivons à ce qui pourrait être le moment le plus favorable dans l’histoire des États-Unis pour lancer un nouveau parti de la gauche. Face aux deux grands partis, à l’establishment médiatique et à toutes les grandes institutions capitalistes américaines, la confiance publique s’écroule. Huit ans après la Grande récession, alors que la majorité des travailleurs souffre toujours malgré le rétablissement de Wall Street, toute la colère et le mécontentement accumulés s’expriment par une révolte contre les leaders d’establishment démocrates et républicains.

    Ceci est le contexte de la montée impressionnante de Bernie Sanders, qui a mené la campagne présidentielle la plus nettement à gauche dans l’histoire des États-Unis depuis Eugene Debs (quoique Debs, qui représentait le Parti socialiste, ne cachait pas son mépris pour la domination corporative du Parti démocrate, et ne fit pas l’erreur fondamentale de faire campagne au sein du parti). Ayant débuté sa campagne sans notoriété, avec un maigre 3% des intentions de vote et aucune personnalité politique de renommée nationale pour le soutenir, Bernie a gagné plus de votes et plus de primaires d’Etat, a amassé plus d’argent et a mobilisé plus de volontaires que n’importe quel candidat de gauche dans l’histoire du Parti démocrate.

    Il a été en mesure d’accomplir tout cela avec une authentique plateforme de gauche, tout en refusant les dons corporatifs, en portant l’étiquette socialiste et en prenant comme slogan central un appel à “une révolution politique contre la classe des milliardaires”.

    Même selon les standards du courant politique dominant, la force de la campagne de Sanders est stupéfiante. Clinton débuta la campagne électorale avec ce qui apparut, sur papier, comme une des plus formidables machines électorales corporatives jamais assemblée. Pourtant, dans les derniers trois mois, avec des dons de 27$ en moyenne, Sanders a su rallier une base grandissante de petits donateurs – au-delà de 2 millions de personnes – afin de lever une somme bien plus élevée que celle de Clinton. Au seul mois de mars, Sanders a levé $44 millions contre les $29.5 millions de Clinton.

    L’année passée, n’importe quel expert politique du courant dominant aurait répété le même mythe selon lequel aucun candidat refusant des dons corporatifs n’aurait la moindre chance d’être élu, encore moins un candidat se déclarant socialiste ! Aujourd’hui, ce mythe est enterré.

    Personne ne peut nier le potentiel de l’établissement d’un parti politique de gauche viable à l’échelle nationale, complètement indépendant de l’argent corporatif, mettant de l’avant des projets de lois manifestement de gauche et en faveur des travailleurs. La seule incertitude qui demeure est celle du leadership : est-ce que Sanders prendra l’initiative, et s’il ne le fait pas, le mouvement derrière lui sera-t-il en mesure de rester organisé ?

    Un nouveau parti

    “Je crois que nous devons considérer très sérieusement, particulièrement en tant que personnes de oucleur et individus progressistes, le lancement soit d’un nouveau parti ou d’un nouveau mouvement…”

    Ceci est une citation de Michelle Alexander, auteur du livre The New Jim Crow, en conversation avec Chris Hayes sur la chaîne MSNBC le 1er avril. Trois jours plus tard, dans le New York Daily News, le quatrième plus grand quotidien du pays, la chronique de Shaun King débuta avec cette même citation, à laquelle il rajouta :

    “Non seulement je suis d’accord avec Alexander, mais j’aimerais aller plus loin – je crois que ceci se déroule présentement sous nos yeux. Les progressistes politiques partout au pays, dans leur appui à la candidature de Bernie Sanders, sont en train de rejeter le Parti démocrate… nous devrions former notre propre parti politique dans lequel nous serons fermement et audacieusement contre la peine de mort, où nous serons tous pour un salaire minimum décent dans l’ensemble du pays, où nous serons pour une restructuration complète du système judiciaire, où nous serons en faveur de réformes radicales afin de protéger l’environnement et de ralentir le réchauffement climatique, où nous serons pour l’éradication des riches donateurs dans la politique, où nous serons véritablement prêt à considérer les soins de santé et l’éducation pour tous comme un droit et non un privilège.”

    D’un point de vue politiquement opposé, la chronique de Paul Krugman du 8 avril dans le New York Times a fait l’écho du propos de Shaun King selon lequel un nouveau parti émergeait “sous nos yeux”. Krugman avertissait Bernie qu’il devait atténuer ses attaques contre Clinton au risque de créer une plus profonde rupture dans le Parti démocrate, osant la question arrogante : “Est-ce que M. Sanders se positionne parmi les partisans du “Bernie ou rien” (Bernie or bust) …? Sinon, que pense-t-il qu’il est en train de faire ?”

    Krugman et King ont tous les deux raisons. Alors que la “révolution politique contre la classe des milliardaires” de Bernie devient de plus en plus forte, elle menace d’autant plus de se libérer de la camisole de force du Parti démocrate qui, en fin de compte, est dominé par les grandes entreprises.

    C’est pour cette raison que mon organisation, Alternative Socialiste, ainsi que le #Movement4Bernie pétitionnent Bernie pour qu’il poursuive sa campagne jusqu’en novembre en tant qu’indépendant ou avec le Parti Vert avec Jill Stein s’il est bloqué par le processus truqué de la primaire démocrate, et de tenir une conférence afin de discuter la création d’un nouveau parti pour le 99%.

    Si des inquiétudes persistent par rapport au fait que cela pourrait contribuer à la victoire d’un républicain, il n’y a aucune raison qui empêche Bernie de faire campagne dans la grosse quarantaine d’états où la victoire est certaine pour un des deux partis, tout en évitant de se présenter dans les états les plus contestés. Ceci permettrait quand même à une campagne historique de faire le lien avec un nouveau parti politique pour les 99% et de poser les fondations pour un mouvement politique perpétué par la prise de pouvoir de centaines de candidats gauchistes à tous les niveaux du gouvernement, indépendamment de l’argent corporatif.

    Par contre, si malgré la campagne de diffamation portée contre lui, Sanders demeure fidèle au Parti démocrate et soutient Clinton dans l’élection générale, cela signalerait la démoralisation et la désorganisation de tout le mouvement. Oui, nous avons besoin d’une stratégie pour repousser les républicains de droite, mais l’effondrement du mouvement anti-establishment derrière Bernie au sein de la campagne de Clinton – une fausse union avec la candidate de Wall Street et de l’establishment politique – laisserait le champ libre à des populistes comme Trump ou Cruz et l’élargissement leur base militante.

    Si Sanders choisit cette option, les pro-Sanders devront continuer la révolution politique… même sans Sanders.

    Une campagne présidentielle indépendante

    Le temps est venu de briser les règles. Une campagne présidentielle indépendante menée agressivement par Bernie Sanders, liée à l’établissement d’un nouveau parti populaire pour les 99%, pourrait radicalement transformer la politique américaine. Bernie n’aurait pas besoin de gagner l’élection afin de pousser la société des États-Unis vers la gauche. Même le score de 10 ou 15 millions de voix pour ce nouveau parti (et il y a le potentiel pour un gain beaucoup plus important) pourrait porter un coup dévastateur au monopole politique des deux partis du capitalisme américain.

    Partout dans le monde où les travailleurs ont gagné de vastes réformes, comme les systèmes de santé à payeur unique ou l’éducation gratuite ou les congés maternité payés, ce fut grâce à la formation de partis des travailleurs de masse. Au Canada, par exemple, les centrales syndicales ont lancé le Nouveau Parti Démocrate avec la médecine socialisée comme demande centrale. Ils ont gagné moins de 15% des votes, et ont été blâmés pour avoir divisé le vote en faveur des conservateurs, mais afin de limiter l’expansion du Nouveau Parti Démocrate, les conservateurs ont fini par accorder aux travailleurs canadiens leur demande centrale – et ainsi fut créé le système de médecine socialisée au Canada.

    D’un autre côté, si Sanders se retire et soutien Clinton après les primaires, le Parti démocrate sera libre de faire un virage à droite dans l’élection générale, s’appuyant sur la peur des républicains afin de forcer les progressistes à rentrer dans le rang.

    L’enjeu est tout simplement trop important pour laisser filer ce moment. Le capitalisme mène l’humanité vers une catastrophe sociale et écologique. La campagne de Bernie a montré qu’une riposte viable est possible. Ce qui manque est une stratégie ayant pour but d’alimenter et de développer notre mouvement. Le moment est venu pour ce geste audacieux qu’est la création d’une alternative politique militante et ouvrière – un parti pour les millions et non les millionnaires.

  • Bernie Sanders: d’un concurrent de gauche à un nouveau parti?

    movementbernie

    Aux États-Unis, la campagne de Bernie Sanders pour être désigné candidat démocrate aux élections présidentielles fut inédite et a suscité l’enthousiasme de millions de personnes. Enfin autre chose que la politique traditionnelle ! Tout comme dans le reste du monde, la colère est vive contre les inégalités grandissantes, les bas salaires, la pauvreté et la corruption des politiciens néolibéraux.

    Par Peter Delsing, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    À cela, il faut encore ajouter le prix exorbitant des études aux États-Unis. Les perspectives d’avenir de la jeune génération sont gâchées pour le ‘‘crime’’ de s’engager dans des études supérieures. Un étudiant peut sortir diplômé avec une dette de dizaines de milliers de dollars. Ce qui l’attend bien souvent ensuite, c’est d’atterrir dans le nouveau secteur des emplois à faible rémunération.
    Dans ce contexte, l’appel de Sanders pour une ‘‘révolution politique’’ visant à briser le pouvoir de Wall Street a trouvé un incroyable écho. Tant le parti républicain que le démocrate sont sous contrôle de riches bailleurs de fonds. Leur programme est néolibéral et le personnel politique est un instrument au service des intérêts du big business.

    Quand on entretient une relation aussi ouverte avec le grand capital, on fait bien évidemment tout pour exclure les travailleurs et les jeunes du processus politique. Il suffit de voir le déroulement des campagnes d’Hillary Clinton, la candidate de l’establishment démocrate, et de Bernie Sanders, à New York ou ailleurs. Sanders attire à lui une foule de partisans, un nombre dont Clinton ne peut que rêver. Mais cet enthousiasme se heurte à l’hostilité et aux manœuvres de la bureaucratie du parti. Seuls 15% des électeurs potentiels ont effectivement participé aux primaires du parti démocrate. À New York, plus de 3 millions de personnes étaient enregistrées comme ‘‘indépendants’’ et n’ont pu participer à la primaire démocrate qu’à condition de s’être fait enregistrer comme démocrate… en octobre dernier ! De telles pratiques font fi de la dynamique propre à la campagne.

    À cela s’ajoute encore le blocage des médias dominants qui, du moment qu’il n’était plus possible de tout simplement l’ignorer, ont fait déferler un déluge d’attaques sur Sanders, carrément des mensonges le plus souvent. Pour éviter de parler de ses propositions politiques, les médias ont ouvertement remis en cause son jugement et ses capacités à être président, ont repris les déclarations de l’équipe de campagne de Clinton sur le ton ‘‘trop dur’’ utilisé par Sanders dans les débats, etc. jusqu’au point – ridicule – d’accuser la majeure partie de ses partisans d’être ‘‘sexistes’’.

    Que faire suite à la défaite de New York ?

    Quand il est apparu que le silence et les mensonges seraient insuffisants, ce fut le temps de la purge. À New York, les électeurs invalidés se comptent par dizaines de milliers. Sans même le savoir la plupart du temps. Les choses ont atteint le point où le maire démocrate de New York, Blasio, qui n’est pourtant pas fan de Sanders, a reconnu que les irrégularités étaient nombreuses au point de compromettre la légitimité du processus électoral. Dans le comté où se trouve Brooklyn, là où Sanders a grandi, 125.000 personnes ont été rejetées des listes électorales.

    Au final, Clinton a obtenu 58% dans cet État et Sanders 42%. C’est une belle prouesse, mais il lui fallait s’attirer plus d’électeurs âgés et de membres des minorités. Dans le Bronx, majoritairement habité par des Afro-américains pauvres, Clinton est parvenue à obtenir une avance de 39%. Clinton est un nom plus familier, c’est vrai, et beaucoup ont certainement estimé qu’elle serait plus à même de faire barrage au danger de Donald Trump. Les sondages laissent cependant penser le contraire. La famille Clinton possède surtout un vaste réseau de politiciens, de responsables religieux, de figures de quartier,… qui lui sont inféodés. En l’absence d’autre candidat de l’establishment face au souffle de gauche autour de Bernie Sanders, les Clinton ont pu bénéficier de toute la bienveillance des médias, de tonnes d’argent et du vaste réseau démocrate constitué au fil des décennies. La campagne de Sanders n’a pas économisé son énergie dans cette bataille de New York, mais l’élan a été perdu et il sera maintenant beaucoup plus compliqué de rattraper l’avance de Clinton.

    Cela rend d’autant plus urgent de tirer les conclusions politiques et organisationnelles de ce conflit. Ces camps, autour de Sanders et de Clinton, sont inconciliables en raison d’intérêts de classe contradictoires. Clinton est une candidate néolibérale et pro-guerre sortie du sérail de l’establishment capitaliste. Le réformisme radical de Sanders a ouvert la voie à un nouveau mouvement dynamique de jeunes et de travailleurs. Mais, comme toutes les variantes de réformisme, il sous-estime la profondeur et l’étendue de la crise capitaliste.

    Pour briser le pouvoir des banques, il faut les nationaliser sous contrôle des travailleurs. Cela est crucial pour réellement disposer d’un gouvernement au service des de la majorité sociale. Les capitalistes disposent de nombreux moyens pour éluder l’impôt, très certainement s’il devient plus élevé pour eux, ou pour entraver l’activité d’un gouvernement de gauche. Sans placer les grandes entreprises, les principaux leviers de l’économie, sous contrôle public et démocratique, Sanders ne pourrait pas faire face à une nouvelle crise financière et économique. Sans encore parler du fait qu’un président de gauche se retrouverait isolé avec un parlement capitaliste hostile.

    Le parti-frère du PSL aux États-Unis, Socialist Alternative, appelle Sanders à ne pas décourager le mouvement en soutenant la candidature de Clinton en cas d’échec. Avec la campagne Movement4Bernie, nos camarades ont organisé des manifestations locales qui ont soutenu Sanders mais aussi la nécessité de créer un nouveau parti. La classe ouvrière américaine fait face à l’opportunité de se débarrasser du système des deux partis. Sanders, ou le mouvement autour de lui, devrait convoquer une grande conférence pour poser les premiers jalons dans cette direction.

    Nos camarades appellent Sanders à se présenter par la suite comme candidat indépendant ou à opter pour une présentation commune avec Jill Stein, la candidate du Parti Vert (plus radical que ses équivalents européens). Sanders et son mouvement pourraient éviter de se présenter dans les États où Clinton et Trump sont au coude-à-coude et lancer la construction d’un nouveau parti en menant campagne dans les autres États. Les millions d’Américains qui ont considéré la campagne de Sanders comme un phare allumé dans l’obscurité capitaliste représenteraient une force puissante s’ils étaient organisés dans un large parti démocratique des travailleurs reposant sur l’activité des masses et qui défendrait sans relâche un salaire minimum de 15 $ de l’heure, la gratuité des soins de santé, l’imposition des fortunes,… en liaison avec la défense d’une société socialiste démocratique. La rapide évolution qui a pris place aux États-Unis est une source d’inspiration pour beaucoup. La croissance d’une conscience socialiste plus prononcée dans le pays économiquement et politiquement le plus puissant du monde doit nous encourager à mener nous aussi le combat pour une autre société avec le plus grand acharnement.

  • Débat sur "Democracy Now". Sanders doit se présenter en novembre comme indépendant!

    Democracy Now a organisé un débat télévisé qui s'est tenu avant-hier et dont le thème ne manquait pas d'intérêt : que faire pour poursuivre la révolution politique de Bernie Sanders si Hillary Clinton remporte les primaires démocrates, comme cela est le plus probable ? Notre camarade Kshama Sawant, élue de Socialist Alternative à Seattle, figurait parmi les orateurs. Elle a notamment déclaré : "En tant que socialiste, je dirais que nous avons besoin d'un parti des 99%. Une manière fantastique d'initier ce processus serait que Bernie Sanders se présente comme candidat indépendant aux élections présidentielles à partir de novembre", c'est-à-dire quand commencera effectivement la campagne présidentielle.

    Les sous-titres de cette vidéo sont disponibles en anglais.

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