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  • Paris: reportage photo de la manifestation du personnel enseignant et des jeunes (2)

    Ce jeudi se sont déroulées de grandes manifestations en France contre les économies faites sur le dos de l’enseignement. De Belgique, des membres et sympathisants des Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du Mouvement pour une Alternative Socialiste, sont partis participer à ces mobilisations à Paris et à Lille. A Paris, quelques dizaines de milliers de manifestants ont défilé, peut-être 10.000 à Lille. La colère est grande contre les attaques du gouvernement Sarkozy. Cette année, 13.500 emplois vont disparaître à cause de diverses mesures d’assainissement. Cela conduit de plus en plus à un enseignement d’élite pour les riches et un accès restreint à un enseignement valable pour le reste. Nous publions ici quelques photos de la manifestation qui a pris place à Paris.

    Kjel (Courtrai)


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  • STOP A LA DIMINUTION DU FINANCEMENT PUBLIC DE L’ENSEIGNEMENT

    La CGSP de la VUB organise une première action ce mardi 18 novembre à 14h à la Gare du Nord à Bruxelles contre les nouvelles coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur, celles ci ont été annoncées par Frank Vandenbroucke (Spa), le ministre de l’enseignement supérieur flamand. Ainsi des centaines d’emplois vont passer à la trappe et les coûts des études vont encore augmenter pour les étudiants.

    Par les Etudiants de Gauche Actifs

    Alors que Vandenbroucke avait suscité la colère des étudiants et du personnel en 2006, ce qui avait entrainé des manifestations de plusieurs milliers de personnes contre son plan de commercialisation de l’enseignement supérieur, voilà qu’il repasse à l’attaque. Pour arrêter la vague de protestation Vandenbroucke avait à ce moment signé un accord qui promettait une indexation conséquente des budgets des universités et des hautes écoles.

    Aujourd’hui il entend ne pas tenir ses promesses et veut que l’indexation des budgets pour l’année prochaine soit limitée à 1,9% alors qu’elle devrait être de 3,34%. Pour la VUB cela représente une perte nette de 2 millions d’euros sur le budget de l’année prochaine, ce qui signifie qu’une cinquantaine d’emplois seront menacés de disparaître. Pour des institutions plus grandes comme l’université de Gand la facture s’élèvera à plusieurs dizaines de millions d’euros de perte.

    Tant le fédéral que les communautés ont déjà sorti ensemble plus de 20 milliards d’euros de leur chapeau pour sauver les grands actionnaires mais quand il s’agit du pouvoir d’achat ou de l’enseignement; subitement c’est impossible de trouver des moyens.

    Au début des années 80’, le financement public de l’enseignement s’élevait encore à 7% du PIB. La politique néolibérale menée depuis lors à été une politique de transferts des moyens appartenant à la collectivité vers le privé, et ce sous forme de diminutions de charges et autres cadeaux aux patrons. Aujourd’hui le financement public s’est rétrécit à moins de 5% alors que la population estudiantine a plus que doublé.

    Les diminutions des moyens publics accordés à l’enseignement mettent les directions des institutions sous pressions, celles ci doivent donc couper dans les budgets sociaux et dans l’emploi, ce qui mine la qualité de notre enseignement. Les bourses d’études ont été détricotées, les kots sont devenus chers, vétustes et en nombres insuffisants, le prix des repas devient toujours moins abordable,… Bref les conséquences de cette politique les étudiants et leurs familles les ressentent fortement dans leur portemonnaie. L’augmentation du coût des études a déjà fortement restreint l’accès à l’enseignement supérieur. Vandenbrouck veut aller encore plus loin sur le chemin d’un enseignement toujours moins accessible, plus cher et de moindre qualité.

    En Italie, un mouvement de masse s’oppose aux coupes monstrueuse dans le financement public de l’enseignement voulu par le gouvernement de Berlusconi sous le slogan “Nous, on ne payera pas votre crise”. En Belgique aussi nous devons passer à l’action car seule la lutte paye. Un mouvement d’ensemble du personnel et des étudiants sera nécessaire pour stopper la politique d’austérité dans l’éducation de Vandenbroucke.

    EGA appelle les étudiants de toutes les provinces à participer à l’action de la CGSP-VUB.

    Rendez- vous à 14h à la Gare du Nord.

    Départ:

    • 13h30 VUB Plaine
    • 13H30 VUB Jette
    • 13H ULB (PUB)
    • 14H Gare du Nord

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  • Des huissiers employés pour casser les piquets de grève

    Le porte-parole de Carrefour était on ne peut plus clair le weekend passé: avec une requête unilatérale et des astreintes juridiques, l’entreprise peut briser un piquet de grève. Ce n’étaient là que des mots mais samedi, à la filiale de Carrefour de Sint-Pieters-Leeuw, les ordonnances du juge ont effectivement été notifiées de façon arbitraire à des personnes présentes. Parler à un client devant le magasin suffisait pour se voir notifier une contrainte.

    Par Geert Cool

    Des dizaines de militants syndicaux et de sympathisants ont reçu de telles ordonnances des huissiers qui avaient reçu du juge la compétence de recourir à la force publique pour interdire chaque empêchement ou chaque obstacle à l’entrée des locaux, du parking,… Tomber en panne sur le parking tombait donc également sous la compétence des huissiers qui peuvent dès lors imposer une astreinte.

    Tiré par les cheveux? Et bien non, car cela faisait partie de la décision juridique remise aux militants syndicaux. La direction de Carrefour a fait appel à quelques avocats du cabinet Claeys & Engels pour casser la grève. Une requête a été dressée dans laquelle trois arguments sont utilisés:

    • violation de la liberté de commerce, d’industrie et du droit de propriété,
    • violation du droit de travail et de salaire des travailleurs non-grévistes et
    • violation du droit au travail des tiers entreprises et clients.

    Base juridique: un décret de… 1791

    Le principal argument est celui du droit d’industrie et de commerce. Les avocats se basent pour cela sur le décret D’Allarde de 1791 (introduit chez nous après l’annexion à la France en 1795). La raison pour laquelle les ordonnances de ce décret ont aujourd’hui force de loi chez nous nous échappe. A partir du décret D’Allarde, il n’y a qu’un petit pas vers une autre loi datant de 1791, la loi Le Chapelier qui déterminait que chaque attroupement de travailleurs était interdit parce que cela allait à l’encontre du «libre exercice de l’industrie et du commerce». C’est exactement le raisonnement que Carrefour suit et qui, curieusement, a été soutenu par les juges bruxellois.

    Nous ne sommes donc pas les seuls pour qui ces attaques contre le droit de grève datent du 18e siècle… Le premier et principal argument des avocats de Claeys & Engels commence par une référence au décret D’Allarde. Mais alors que, en 1791, cette loi était liée à une interdiction des travailleurs de s’organiser, elle est aujourd’hui liée aux «faits établis» qui vont de pair avec cette organisation. «Des actes qui empêchent l’employeur de se servir de l’entrée de l’entreprise sont des faits établis qui portent atteinte au droit de la liberté d’entreprise», selon un juriste auquel se réfère la requête.

    La base juridique reste donc à ce jour limitée à un principe général datant de 1791 ainsi qu’à l’interprétation de ce principe par un juriste et au fait que cette interprétation a été suivie par un juge liégeois. C’est un peu faible comme réponse sur le droit de grève et comme base juridique, mais cela a laissé le juge en question de marbre. Ce dernier a ainsi approuvé sans rechigner la requête de Carrefour.

    Comme autre argument, on peut lire le droit de propriété garanti par la Constitution. Est-ce que ce droit a été remis en cause par les piquets de grève? Pour autant qu’on le sache, les militants syndicaux présents n’ont procédé à aucune collectivisation (sans parler de nationalisation). L’argument que la pleine jouissance de la propriété est entravée par des travailleurs qui bloquent une entreprise est en fait utilisé pour faire rentrer des non-grévistes. Apparemment, le patronat voit la force de travail des non-grévistes comme faisant également partie de sa propriété…

    On en vient au deuxième argument: la violation du droit de travail et de salaire des non-grévistes. Pour cela, Carrefour se base sur l’article 23 de la Constitution, dans lequel on trouve par ailleurs également le droit de chacun à «mener une vie digne de l’être humain». Tout le monde «a droit au travail et au libre choix de travail professionnel dans le cadre d’une politique générale d’emploi qui vise, entre autres, à garantir un niveau d’emploi aussi haut et stable possible, le droit à des conditions de travail et de salaire raisonnables, aussi bien que le droit d’information, de concertation et de négociations collectives».

    Pourquoi Carrefour ne reconnait-elle pas le droit à un salaire raisonnable aux travailleurs de la filiale de la Tour Bleue à Bruges? Pourquoi Carrefour ne reconnaît-elle pas le droit de concertation et de négociations collectives en présentant l’action comme un droit individuel et non pas collectif? C’est évidemment un peu faible d’attaquer sur base d’une disposition qu’on ne suit pas soi-même…

    Enfin arrive le dernier argument: «les faits établis violent le droit de travail des tiers entreprises et clients». Pour cet argument, aucune disposition légale n’est citée. Pour résumer, la base juridique est donc un principe général datant de 1791 et une interprétation très unilatérale de l’article 23 de la Constitution. Le droit de grève et le droit de mener des actions collectives doivent s’effacer devant cela.

    Ampleur de la disposition

    Les avocats de Carrefour demandent au juge de préciser la mission de la police pour que celle-ci ne se limite pas à la protection de l’huissier. «Il est donc utile de préciser sa mission (celle du pouvoir public) et de lui ordonner de donner suite aux ordres que l’huissier de Justice lui donne, si nécessaire en utilisant la contrainte physique pour assurer l’entrée pacifique des bâtiments.» Qui décide donc des missions de la police? Le patronat!

    L’ampleur et la durée de la disposition constitue un autre point particulièrement grossier: la durée de validité est d’un mois, dès le 17 octobre, et peut être rallongée si la crainte existe que d’autres «faits établis» puissent être «commis». Jusqu’au 16 novembre, il est interdit aux militants de mener une action à une filiale de Carrefour sur le territoire de l’arrondissement juridique de Bruxelles. A Sint-Pieters-Leeuw, l’huissier a déclaré à un militant arrêté que «mener une action» peut être interprété largement : faire ses courses suffit. C’est littéralement qu’a déclaré ce huissier! Que cette menace puisse de cette façon violer «le droit du client» et «d’accès à l’entreprise» n’est sans doute qu’une coïncidence toute ironique.

    Le fait qu’une intervention juridique est préventivement demandée est tout aussi contestable. Le professeur Gilbert Demez de l’UCL (université de Louvain-la-Neuve) déclarait encore début 2006 dans une interview au quotidien Le Soir que de telles interventions préventives de la justice constituent un dépassement du pouvoir juridique. Il ajoutait encore qu’une intervention juridique n’est utilisée que comme moyen de pression patronal, où ce n’est pas tant la protection des droits qui est en jeu que la limitation du droit de grève. Le professeur Demez était d’opinion que limiter les moyens d’action du «contrepouvoir social» mène à une forme de «dictature»

    La base du droit de grève

    Ce n’est qu’après la Première Guerre Mondiale que le droit de faire grève et de se syndiquer ont été reconnus en Belgique, bien évidemment dans le contexte des mouvements qui ont suivi la guerre, dont la Révolution russe était un des points culminants. Partout en Europe se développaient des mouvements et les travailleurs se sont révoltés dans différents pays. La bourgeoisie avait peur de la force du mouvement ouvrier organisé et elle a donc dû faire des concessions.

    Ainsi a entre autres été instauré le suffrage universel (masculin uniquement), mais la liberté syndicale a aussi été reconnue. En 1921 une loi a garanti «la liberté d’organisation». En même temps, une loi antigrève a été abolie (le fameux article 310 de la loi pénale qui interdisait tout attroupement à une entreprise) et la journée des 8 heures (ainsi que la semaine de travail de 48 heures) a été introduite.

    Le droit de grève est le fruit de la lutte des travailleurs et a plusieurs fois été reconnu juridiquement (entre autres dans la Charte Sociale de l’Europe). Les piquets de grève et les barrages routiers font partie du droit de grève et du droit de s’organiser. Cela a été confirmé par plusieurs Cours de justices en Belgique (notamment la Cour de Cassation en 1997 ou la Cour d’Appel à Anvers en 2004).

    Le droit de mener des actions collectives ne peut tout simplement pas être limité. Le Comité Européen des Droits Sociaux a jugé il y a quelques années dans un rapport sur la Belgique que les piquets de grève pacifiques font partie du droit garanti de mener des actions collectives, des astreintes contre un tel piquet de grève ne sont donc pas acceptables.

    Mettre sur pied des piquets de grève et même des barrages routiers fait partie de la liberté d’expression. D’ailleurs, dans le cas des barrages routiers, nous ne sommes pas les seuls à les considérer comme partie intégrante de la liberté d’expression. La Cour Européenne de Justice, qui n’est pas connue pour ses sympathies avec les idées du socialisme, a déclaré que la liberté de manifester (y compris les barrages routiers) ne peut être limitée que de façon exceptionnelle (arrêt de Schmidberger du 02/08/2003). La liberté d’expression lors d’un barrage routier a priorité sur le libre trafic de marchandises et de personnes, a déclaré la Cour.

    Juridiquement, il y a donc une base pour défendre le droit de grève, alors que celle sur laquelle se reposent les casseurs de grève est très, très, limitée. Néanmoins, ces derniers semblent toujours obtenir gain de cause chez les juges. Seuls quelques juges échappent à l’attrait de l’illusion que c’est eux qui décident dans des conflits collectifs. Qu’il s’agit bien d’une illusion est évident : ce sont les patrons qui décident, qui utilisent la justice pour pouvoir recourir à des huissiers ou qui encore peuvent considérer la police comme leur propre milice privée.

    Il faut une campagne

    L’utilisation des astreintes pendant les grèves a déjà plusieurs fois mené à des protestations. En 2002, une pétition syndicale a rassemblé 80.000 signatures et syndicats et patronat ont négocié pour conclure un «gentlemen’s agreement», un accord qui n’est pas imposable. Dans cet accord, le patronat a promis d’éviter de recourir à des interventions juridiques. Il ne reste rien de cet accord.

    Pour la défense du droit de grève, nous ne pouvons pas compter sur la justice, le patronat ou les politiciens traditionnels. Nous soutenons évidemment chaque pas pour la défense du droit de grève, mais il va falloir construire un rapport de force avec lequel on peut en pratique imposer que les patrons n’osent plus utiliser de requêtes unilatérales. Voilà comment le droit de grève a été obtenu et voilà comment il va devoir être défendu.

    Evidemment, il est important de convaincre tous les travailleurs de participer à la grève: s’il n’y a plus de non-grévistes, les huissiers peuvent se mettre eux-mêmes aux caisses de Carrefour. A coté de cela, la force du nombre est importante : notifier une contrainte à 50 ou 100 personnes est encore faisable pour un huissier. Mais que faire s’il y a 1.000 militants ou plus au piquet? Ce n’est pas une option théorique, un appel des syndicats avec une mobilisation générale à une filiale de Carrefour dans la région bruxelloise aurait très certainement un grand effet.


    Comment réagir face à un huissier?

    A côté du droit de mener des actions collectives, il y a aussi des possibilités de résister à un huissier qui veut imposer une astreinte. Un huissier présent à un piquet ne peut pas simplement demander la carte d’identité d’un participant pour effectivement notifier la contrainte. La police n’a droit à faire un contrôle d’identité que pour une infraction ou un crime (par exemple perturber l’ordre public). L’huissier doit pouvoir s’identifier et prouver qu’il est compétent pour l’arrondissement juridique en question. S’il ne peut pas le prouver, il ne peut rien notifier.

  • Congrès du Parti Communiste du Québec (PCQ)

    Des débats démocratiques et ouverts

    Dans sa lutte contre le règne du monde des affaires, le mouvement ouvrier ne peut se permettre de négliger l’internationalisme ni la solidarité internationale. Ceci permet de comprendre pourquoi le MAS/LSP est affilié au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, Comittee for a Workers’ International – CWI). Qui plus est, le CIO et ses sections maintiennent une correspondance animée avec d’autres groupes ailleurs dans le monde, tels que le Parti Communiste du Québec (PCQ).

    Eric Byl, MAS/LSP (section belge du CIO)

    Eric Byl op het congres van de PCQ

    J’ai eu la chance de représenter le CIO au 16ème Congrès du PCQ. J’y étais accompagné d’un camarade de Toronto, qui représentait la section canadienne du CIO. Le congrès s’est tenu au Québec, un pays qui a la taille d’un continent, mais qui n’est peuplé que de 7 millions d’habitants. Je renvoie les lecteurs au site du PCQ pour y trouver les photos du cadre splendide dans lequel s’est déroulé le Congrès. Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au dialecte québécois, mais j’ai été reçu avec une chaleur qui n’était pas sans me rappeler celles des Flamands, des Wallons, des Ecossais, des Bretons ou des Gallois.

    Qu’est ce que le PCQ ?

    Le PCQ a pour origine les partis communistes traditionnels, et s’est également inscrit dans la tradition maoïste. Parmi sa jeune génération, on trouve un intérêt croissant pour les idées du trotskysme. Le PCQ admet ne pas voir atteint la même clarté politique que le MAS ou le CIO. Le parti évolue. Cette évolution se déroule, cependant, de la manière la plus sincère, ouverte, et démocratique qui soit, sans aucune manœuvre sous-jacente. Tout au long du Congrès, j’ai été agréablement surpris par la volonté de considérer chaque proposition et d’adapter chaque formulation afin d’en ôter les obstacles.

    Ce n’est qu’en 2006 que le PCQ a supprimé toute référence au « marxisme-léninisme » de ses statuts. C’est généralement de cette tendance que se réclament les adeptes du « socialisme dans un seul pays », du parti unique et de la discipline autoritaire au sein du parti, ce qui n’a rien à voir avec Marx ni avec Lénine. En supprimant ces références, le PCQ a insisté sur son objectif d’atteindre un socialisme démocratique. C’est également ainsi qu’il se définit dans son journal mensuel, La Voix du Peuple: «révolutionnaire, avec comme objectif le remplacement du capitalisme mondial par un socialisme démocratique».

    Dans la même présentation, le PCQ écrit qu’il désire se battre pour toute amélioration de la condition des travailleurs, mais argumente aussi en faveur de l’abolition de l’exploitation. Le PCQ appelle au «démantèlement des Etats capitalistes du Canada et des Etats-Unis», et à leur remplacement par des «Etats ouvriers basés sur des conseils des travailleurs démocratiquement élus».«Ces Etats ouvriers pourraient alors combiner leurs forces dans le cadre d’une nouvelle confédération, basée cette fois non pas sur l’exploitation, mais sur la coopération sur une base volontaire». Toutes ces déclarations sont des idées avec lesquelles peuvent s’identifier le MAS/LSP et le CIO. Le PCQ est en faveur d’un Québec indépendant et socialiste, dans le cadre d’une confédération socialiste des Etats nord-américains.

    En même temps, le PCQ doit admettre qu’il a besoin de plus de temps pour arriver à une vision commune en ce qui concerne les événements passés en Union Soviétique et en Chine, en 1956 en Hongrie et en 1968 à Prague. De même quant aux discussions autour du «socialisme dans un seul pays», des fronts populaires par contraste au front unique contre le fascisme, et en ce qui concerne le besoin d’un programme de transition. Le processus de discussions approfondies sur les perspectives politiques, économiques et sociales pour définir à partir de ces discussions quelles sont les tâches concrètes du moment – qui est une tradition chez le CIO et le MAS/LSP – est inconnu du PCQ.

    Toutefois, une similarité importante existe avec le CIO et le MAS/LSP, dans le sens que le PCQ avance lui aussi la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs. Tout comme le CIO et le MAS/LSP, le PCQ fait tout son possible pour promouvoir la création d’un nouveau parti des travailleurs. Que ce soit dans la création du CAP en Belgique, de la fondation du PSoL au Brésil, et dans l’édification du WASG en Allemagne, les sections du CIO ont à chaque fois joué un rôle important. De la même manière, le PCQ a mis sa force militante à contribution dans la fondation de l’Union des Forces Progressistes (UFP) et, ensuite, de Québec Solidaire (QS), qui compte aujourd’hui environ 6500 membres.

    Ouvert et démocratique

    De la même manière que les différentes sections du CIO, le PCQ a fait l’expérience d’autres groupes qui parlaient d’ «unité de la gauche» mais gardaient leurs militants bien en sécurité hors de tout. En outre, d’autres groupes ont tenté d’imposer toutes sortes de restrictions au PCQ, expérience familière au CIO. Comme pour le SAV (section allemande du CIO) dans Die Linke, et le MAS/LSP dans l’alliance UAG (Une Autre Gauche) puis dans le CAP, le PCQ a dû mener une lutte constante au sein de l’UFP, puis également dans QS, pour pouvoir préserver son droit à continuer d’exister en tant qu’organisation indépendante. Heureusement, au sein de l’UFP, ce débat a été mené de manière démocratique et a été soumis au vote d’un Congrès lors duquel une large majorité des trois cents délégués s’est déclarée en faveur des droits du PCQ. Une autre ressemblance frappante est que le PCQ a été confronté aux manœuvres d’autres groupes. Contrairement au PCQ, certains groupes préférèrent ne pas se battre pour le droit à une existence indépendante, tout en manœuvrant afin de faire élire leurs membres soi-disant «indépendants» aux organes exécutifs de QS.

    Le PCQ est un petit parti, et toujours en cours d’évolution. En ce qui concerne la construction et la clarification des idées, beaucoup doit encore être fait, mais ce parti est bien positionné, surtout eu égard à sa longue expérience au sein de l’UFP et de QS. Son attitude dans QS lui a gagné du respect. Son honnêteté, son ouverture et son attitude démocratique lors des débats internes sont des accomplissements immenses, pour lesquels il mérite de l’admiration. Nous allons rechercher une intensification du processus d’échange d’idées et de solidarité avec le PCQ dans la période à venir.

  • Le textile rayé de la carte en Flandre

    Le secteur textile est en train de disparaître en Flandre, envoyant des milliers de travailleurs au chômage. Doit-on simplement accepter ces fermetures et se contenter de négocier de « bons » accords sociaux ? Ou une vraie lutte pour sauver les emplois est-elle possible ?

    Par Benoit (Gand)

    En Belgique, l’industrie textile est un secteur industriel actuellement en grande difficulté. Au premier trimestre 2007, il avait déjà connu une baisse de production de 8 % en moyenne. Ces dernières semaines, plus de 2.000 travailleurs de ce secteur ont été licenciés. En même temps, les directions ont annoncé la délocalisation de certaines productions. L’entreprise Bekaert Textiles, par exemple, a l’intention de produire ses tissus à matelas à moindre coût (lire : à de moins bonnes conditions de travail et de salaire) en Turquie et en Tchéquie.

    Ces fermetures s’expliquent par le recul des ventes dans des pays qui sont les débouchés les plus importants du textile belge : 15% en Grande-Bretagne (notamment à cause de la position très faible de la livre sterling face à l’euro) et même 30% en Espagne. De plus, il est probable que ces deux pays entrent bientôt officiellement en récession. Une baisse des investissements ou de la consommation là-bas aura également des répercussions ici sur la demande de main d’œuvre dans le secteur textile. La suite logique est une spirale négative de baisse des salaires et du pouvoir d’achat ainsi qu’une augmentation du chômage.

    « Comme au chantier naval Boelwerf et pour les mines, on laisse purement et simplement tout tomber »

    Face à la vague de licenciements de ces dernières semaines, les politiciens n’avaient visiblement pas de solution à apporter ; ils n’en ont donc rien dit. Et pourtant, c’est toute une région qui est sinistrée. La fermeture de Domo, à Zwijnaarde, a signifié la perte d’emplois pour 91 ouvriers et 47 employés. Chez Uco, à Gand, 393 personnes ont perdu leur boulot ; la production déménage en Roumanie. Chez Beaulieu, à Wielsbeke et à Ninove, 387 emplois ont volé à la trappe. Une semaine plus tard, Bekaert Textiles, à Waregem, a fermé à son tour : 281 emplois disparus. Et ce n’est pas encore fini.

    Lors de la journée d’action pour le pouvoir d’achat, les travailleurs du textile ont manifesté à Gand. Dans les discours, l’accent a été mis sur l’obtention de bons accords sociaux, mais aucune proposition claire n’est venue pour éviter les fermetures. Pourtant, le MAS pense que c’est possible en se servant des bénéfices engrangés ces dernières années pour maintenir l’emploi et mettre la production sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes. Pour une perte de plus de 2.000 emplois, seuls 158 travailleurs devraient être recasés ? Que fait-on des années d’expérience des autres travailleurs ? Où doivent-ils aller ?

    Quel chemin suivre ?

    Les faillites placent les travailleurs dans une position délicate parce qu’il serait soi-disant impossible de continuer à faire tourner l’entreprise. Mais si l’on considère les bénéfices de Bekaert par exemple, on obtient une tout autre image. Début août, cette entreprise a annoncé une augmentation du bénéfice net de 73% en 2007 pour atteindre 126 millions d’euros. Avec cette somme, des tas d’emplois peuvent être créés en plus des emplois existants. Pourtant, les licenciements ont été « justifiés » parce qu’il n’y avait pas assez de bénéfices.

    Il existe pourtant des exemples de lutte réussie pour le maintien des emplois dans des entreprises condamnées. Ainsi, les Forges de Clabecq, une entreprise métallurgique du Brabant wallon, a été sauvée après une longue lutte acharnée à la fin des années ’90. Cette lutte, animée par une délégation syndicale très combative, s’est maintenue jusqu’à la reprise par le groupe Duferco.

    Comme le disait Roberto D’Orazio, le délégué principal FGTB, « Cela fait des années que l’on essaye de convaincre les travailleurs de ce pays que les fermetures sont inévitables. Le système mène sans interruption une campagne consciente et programmée de démoralisation. Le message est simple : regardez autour de vous, la résistance des travailleurs est un coup d’épée dans l’eau. Mais à Clabecq, cela s’est passé autrement. Dans nos esprits, il n’y avait pas de place pour l’exclusion, le chômage, la privation et l’injustice. Et finalement, notre combat a connu un une issue positive: le redémarrage de l’usine… »

  • Crise économique. Le PS défend le capitalisme, pas les travailleurs

    Tout le monde connait la chanson de Jacques Dutronc “Je retourne ma veste… toujours du bon côté”. Le PS aussi. Il semble même en avoir fait son hymne en vue des prochaines élections. Alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles économiques, les ténors du PS, après avoir bâfré sans état d’âme à l’écuelle des contre-réformes néolibérales pendant ces vingt dernières années, se sentent aujourd’hui obligés de relever la tête et de se muscler le bras gauche. Pour s’en servir ou pour l’esbroufe?

    Par Alain (MAS-Namur) et Jean Peltier (MAS-Liège)

    Elio et Laurette étaient très en verve au congrès de rentrée du PS pour dénoncer les errements du libéralisme et l’hypocrisie des grands financiers. Dans la foulée, Laurette s’est aussi scandalisée lors de l’émission Mise au point devant les propos provocateurs de Rudy Thomaes de la FEB, qui exigeait que l’on restreigne les coûts des soins de santé. C’était très beau. Mais ces belles colères ne pourront pas faire oublier si facilement à quel point les dirigeants socialistes ont activement contribué à la situation actuelle. Quand ils privatisaient la CGER et Belgacom, quand ils « réformaient » l’enseignement en supprimant des milliers de postes, quand ils donnaient le feu vert à Reynders pour les intérêts notionnels,… Laurette et Elio nous ont montré une toute autre image que celle de courageux Robins des Bois prenant aux riches pour donner aux pauvres !

    Le PS étudie la crise…

    L’Institut Emile Vandervelde, le centre d’étude du Parti Socialiste, a été mis à contribution pour analyser la crise actuelle et élaborer les réponses du PS. Mais lorsqu’on lit cette étude, on a envie de compléter le refrain « je retourne ma veste… » par « toujours du mauvais côté ».

    Le titre de cette étude donne déjà le ton : « Crise mondiale des marchés financiers. Pour un retour à l’économie réelle ! ». L’objectif est répété tout au long du texte : ce « retour à l’économie réelle » doit permettre de « restaurer la confiance… ». Attention, il ne s’agit pas de restaurer le pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires sociaux, encore moins de rétablir la part des salaires dans le produit intérieur brut, qui a diminué en Belgique de près de 7% en 20 ans. Il s’agit de restaurer la confiance… dans un système économique qui fait eau de toute part.

    Toute l’analyse de l’IEV vise à glorifier l’ « économie réelle » ou « productive » (et accessoirement ses gentils patrons !) et à dénoncer la « financiarisation excessive » de l’économie « qui pèse négativement sur l’économie réelle et sur le bien-être social des populations ». Avec un diagnostic à la clé : « la crise actuelle est la conséquence inévitable d’une régulation insuffisante des marchés financiers dominés par une frénésie spéculative ».

    Tout à sa belle indignation, l’IEV passe cependant sous silence quelques points gênants. Le premier est que cette « financiarisation de l’économie » n’est pas un accident de parcours qui serait du à l’avidité de spéculateurs parasites agissant en dehors de « l’économie réelle », mais bien la réponse soutenue par l’ensemble du patronat – qu’il soit « réel », « productif », « financier » ou « spéculatif » à la baisse des taux de profit dans les années ’70 et ’80. Ensuite que toute la politique néolibérale qui a accompagné cette « financiarisation de l’’économie » s’est faite avec la complicité – gênée ou sans complexe – de tous les PS européens. Et enfin que cette crise était prévisible depuis des années mais que les PS n’ont rien fait nulle part pour organiser une réponse collective des travailleurs avant et pendant cette crise.

    …et veut soulager les « bons » patrons

    Ce rapport de l’IEV débouche sur une série de propositions « pour le retour à l’économie réelle ». Il propose ainsi de décourager le crédit purement spéculatif, de forcer les banques d’affaires à la transparence, de créer un organe mondial (excusez du peu) de régulation et de contrôle des marchés financiers, d’établir un prélèvement de faible taux sur les transactions purement financières (noter ici le « de faible taux »), de définir un cadre international ou européen de protection des ménages dans le domaine du crédit, d’agir résolument contre les paradis fiscaux et de créer à cet effet une Task Force (c’est encore plus impressionnant quand c’est dit en anglais) au sein du Service Public Fédéral Finance (pour cela, il faudrait d’abord commencer à engager au sein de ce même SPF Finance qui comme beaucoup de services publics manque de personnel et a été consciemment affaibli par les libéraux pour museler toute lutte efficace contre la fraude fiscale patronale). Il est frappant de voir à quel point ces mesures visent à « réguler » le capitalisme et pas à lutter contre celui-ci. Dans toutes ces mesures, il n’y a rien sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, l’augmentation des salaires et des allocations, le rétablissement complet de l’index, ou encore la diminution du temps de travail avec embauche compensatoire. Et il n’y a non plus pas la moindre proposition visant à organiser une mobilisation et une lutte des travailleurs pour le pouvoir d’achat et l’emploi.

    Ce rapport de l’IEV a en fin de compte un immense mérite, celui de montrer ce que signifie vraiment le « tournant à gauche » du PS. L’objectif de celui-ci est simplement d’améliorer la gestion du capitalisme en restreignant le pouvoir des patrons « financiers » (chouchoutés par les libéraux) au bénéfice des patrons « producteurs ». Le PS entend donc se poser plus que jamais en soutien des patrons « responsables » et utiliser le crédit qui lui reste auprès des travailleurs pour rester au pouvoir afin d’aider les « bons » patrons à tenir le coup et à relever la tête.

    Face à la faillite du néolibéralisme, le PS n’offre qu’une perspective de replâtrage du capitalisme. Les travailleurs ont besoin d’un autre programme pour une autre société. Et ce ne sont pas Elio, Laurette et les fins penseurs de l’IEV qui le leur proposeront !


    LIENS:

  • Carrefour solde ses employés

    La chaîne de supermarchés Carrefour veut créer un précédent avec l’hypermarché brugeois “Blauwe Toren” (“La Tour Bleue”). Le personnel de cette succursale ne serait pas sous la commission paritaire régulière, mais sous une autre dont les conditions de salaire et de travail sont beaucoup moins avantageuses. Le personnel devra être plus flexible et gagnera facilement 25% de moins.

    La succursale de Carrefour à la Tour Bleue est le 57ième hypermarché de Carrefour en Belgique. La direction du groupe présente ce centre comme un projet vedette dans notre pays : l’hypermarché créera 150 nouveaux emplois et détient un tas de nouveautés.

    Jusque là, pas de problèmes. Mais les conditions de salaire et de travail pour le personnel représentent par contre un problème exceptionnel. Carrefour (par l’intermédiaire d’une franchise appelée Brugge Retail SA, créée par l’entreprise) veut placer le personnel au sein de la commission paritaire 202.01 au lieu de la commission paritaire 312. Une commission paritaire est une structure de regroupement d’un secteur spécifique qui va décider de certaines conditions de paiement et de travail pour tout ce secteur. Tous les hypermarchés dans notre pays relèvent de la CP 312. La CP 202.01 est celle des petits magasins d’alimentation générale et des sociétés de produits alimentaires, la CP 312 celle des grands magasins. Tout le monde sait bien que c’est un grand magasin, mais le personnel devrait néanmoins accepter les conditions des petits magasins d’alimentation générale.

    Les conséquences pour le personnel sont excessives. La flexibilité est augmentée de telle façon que l’horaire hebdomadaire peut être composé de 6 jours de travail au lieu de 4,5. Une journée de travail peut commencer à 5 h du matin ou finir à minuit. Par semaine on travaille 1,5 heure en plus. Le dimanche – avec la possibilité d’être ouvert jusqu’à 40 dimanches par an – le salaire est payé à 100% (au lieu de 300% dans les grands magasins). Pour les employés, ceci représente un salaire d’environ 25% inférieur. Carrefour met désormais aussi son propre personnel en solde.

    Le front syndical commun s’oppose à ce dumping social et met en avant qu’il s’agit en faite d’épargner sur le dos des employés. Cette semaine déjà ont eu lieu des actions, entre autres au siège national du groupe Carrefour à Evere. Le SETCa a correctement déclaré: “Derrière le projet Brugeois « Tour Bleue » de Carrefour se cachent des conditions de travail peu enviables. Des salaires bas, polyvalence, horaires de travail flexibles très difficiles à combiner avec une vie privée saine, beaucoup de travail à temps partiel involontaire…” L’enjeu ne concerne pas uniquement ce magasin, Carrefour veut créer ici un précédent pour pouvoir par la suite couper partout dans la position sociale du personnel.

  • Grève chez CYTEC à Drogenbos

    Depuis le lundi 13 octobre, le personnel de l’entreprise chimique CYTEC Surface Specialities, située à Drogenbos, est en grève. Le déclenchement de la grève fait suite au licenciement, au début du mois d’octobre, d’un employé du site, pour « raisons économiques », et ce sans respect des procédures prévues dans la Convention Collective de Travail de l’entreprise (entre autres le reclassement de la personne licenciée, voire, à défaut, le paiement d’une indemnisation). Le non-respect de la CCT se justifiait aux yeux de la direction par le fait que le dossier de l’employé en question contenait des fautes graves. Après que la délégation syndicale ait exigé d’avoir accès au dossier, il s’avéra que ce dernier ne contenait absolument aucun fait reprochable à l’employé, qui, soit-dit en passant, comptabilisait 21 ans d’ancienneté.

    Par Cédric, MAS-Bruxelles

    La réalité est que ce licenciement s’inscrit en prévision d’une restructuration plus large ; déjà, au cours de l’année, un autre employé du site s’était fait licencier. Ce dernier comptabilisait 31 ans d’ancienneté dans l’entreprise. Ces licenciements isolés ont pour but de créer un précédent, tout en éliminant de la boîte les travailleurs qui coûtent les plus chers. En atteste le fait que la direction refuse de reconduire la CCT pour les deux ans à venir, laquelle offre des garanties en terme de maintien de l’emploi. C’est pourquoi la réaction des travailleurs de l’usine est plus que nécessaire. Une de leurs revendications principale est notamment la reconduction de la CCT pour les deux années à venir. Maintenant que les travailleurs se sont mobilisés pour défendre leurs emplois, la direction se targue du fait qu’elle n’a pas de mandat pour négocier, renvoyant la balle au management américain. Au début du mois, par contre, elle était tout à fait compétente pour licencier un travailleur sans motif valable!

    Ce lundi matin, quelques militants du MAS/LSP se sont rendus sur le piquet en soutien aux travailleurs en lutte. La grève est massivement suivie : sur une entreprise qui compte quelques 525 travailleurs, 98% des ouvriers et 80% des employés ont décidé d’arrêter le travail. De plus, la solidarité ouvriers-employés, parfois mise à mal lors de luttes précédentes, était clairement de mise. Des militants syndicaux provenant d’autres entreprises étaient également sur place en signe de solidarité. Le sentiment de la menace d’une restructuration était largement présent. D’autant plus que le personnel a appris au début du mois qu’un des ateliers de production (PU) était mis en vente. Si celui-ci ne trouve pas repreneur d’ici le 31 décembre, il sera tout bonnement supprimé : une trentaine d’emplois passeraient alors à la trappe.

    Pour intimider les travailleurs et tenter de briser la grève, la direction ne recule devant rien : envoi de mails mensongers à l’ensemble du personnel, recours à la police et à la justice… Elle a même pris l’initiative de faire appel à une firme extérieure pour reprendre la production, ce qui constitue une solide entorse au droit de grève, mais aussi à la sécurité : ainsi, le personnel-cadre fut pendant un temps obligé de reprendre certaines tâches du personnel-ouvrier, pour lesquelles les cadres ne sont pas qualifiés. Quant on sait la dangerosité du site, cela laisse matière à réflexion : un des grévistes présent sur le piquet nous expliquait qu’en cas d’incendie, l’ensemble de la capitale devrait être évacuée ! Le site se trouve ainsi classé juste en-dessous des centrales nucléaires en termes de dangerosité et d’exposition à des produits toxiques…

    De plus, les conditions de travail sur le site se sont sensiblement dégradées depuis que l’entreprise a été revendue par UCB à une firme américaine, celle-ci y ayant introduit de nouvelles techniques de management afin d’augmenter la productivité. La perception comme quoi « Depuis que les Américains sont là, c’est pire » ne doit pourtant pas nous faire perdre de vue qu’en matière de licenciement et de restructurations, UCB n’est pas en reste, elle qui est en train de liquider plus de 500 emplois en Belgique.

    Un des grévistes nous expliquait qu’il s’était fait récemment rappeler à l’ordre par la direction parce qu’ « il ne souriait pas en arrivant au boulot» ; ce dernier nous rétorquait que ça ne le fait pas sourire de travailler pour engraisser une poignée d’actionnaires. En effet, il est impossible de concilier la soif de profit de quelques actionnaires avec la satisfaction, la sécurité et les conditions de travail des salariés.

  • Crise économique et crise d’idées

    Interview de Jean-Claude Marcourt (PS) accordée au journal Le Soir

    Sous le titre-citation «C’est un choc. On réagit», le ministre wallon de l’économie a déballé ses idées sur la crise dans l’édition du 16 octobre du journal Le Soir. Marcourt nous apprend ainsi que le PS déposera bientôt une batterie de propositions de lois. On se réjouit de les lire, parce qu’en guise d’avant goût, on reste sur sa faim avec cette interview. Marcourt possède bien quelques idées ici et là, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne peuvent prêter qu’à rire lorsqu’on les compare à la gravité de la situation. C’est toujours ça de pris.

    Par Nicolas Croes

    Cela n’a l’air de rien, être ministre de l’économie, mais ça demande des compétences qui ne sont pas données à tout le monde. Ainsi, si vous demandez autour de vous ce qu’on pourrait faire face à la crise, personne ne vous répondra : « Il faut revenir à des règles de base où le système sera moins flamboyant quand il monte et moins destructeur quand il descend. Pourquoi ne pas supprimer la dictature des résultats trimestriels, qui obligent les entreprises à se braquer sur des objectifs à court terme ? Les marchés financiers pourraient se contenter de résultats semestriels.»(1) Combien de diplômes doit-on posséder pour pondre une idée pareille?! C’est certain, une telle mesure règlerait bien des choses… Vous voulez des résultats trimestriels ? Et bien non, uniquement semestriels ! Quel coup porté à ceux dont la soif de profit est à la base de la crise actuelle…

    Ne soyons toutefois pas malhonnêtes, ce n’est pas le seul projet ambitieux que propose Jean-Claude Marcourt. Il déclare encore au journaliste qu’il a «déposé hier sur la table du gouvernement quatre mesures visant à aider les entreprises qui ont besoin de crédits. (…) Bref, nous sommes derrière l’activité économique.»(1) Et c’est bien vrai ! Pour soutenir «l’activité économique», c’est-à-dire les patrons et les actionnaires, on peut toujours faire confiance au PS. Qui a privatisé Belgacom ? Di Rupo. Qui est responsable des assainissements et de la perte de milliers d’emplois dans l’enseignement ? Di Rupo et Onkelinx. Qui a déclaré que diminuer les taxes sur les entreprises créait de l’emploi ? Onkelinx. Qui a voté la déduction des intérêts notionnels avec le MR? Le PS.

    Tout pour les patrons

    Le libre marché et le «capitalisme financier» tant décriés aujourd’hui, le PS les connaît comme on connaît un bon pote (inutile d’insister sur le siège de Di Rupo au conseil d’administration de la banque Dexia, mais faisons-le tout de même un peu). Pourtant, sur son blog, Marcourt affirme que «Le libéralisme du « laissez-faire » vient de démontrer ses limites : George Bush voulait toujours moins d’impôts [slogan bien connu en Belgique], une stimulation à outrance de l’offre et plus d’exposition à la libre concurrence pour être plus compétitif.»(2) Il faut un certain culot pour critiquer cette politique néolibérale dont les principes ont été à la base de celle que le PS a appliqué ici : privatisation de La Poste, Pacte des Générations, etc. D’autant plus de la part du créateur du très néolibéral Plan Marshall. La différence de proportion entre les USA et la Belgique tient moins en la pugnacité des élus et des structures du PS qu’en la force et le degré d’organisation des travailleurs.

    Exagération ? Que nenni ! D’ailleurs, plus loin dans l’interview, Jean-Claude Marcourt précise pour qui bat son cœur : «J’ai lancé une invitation aux représentants du patronat, de l’Union wallonne des entreprises et des Classes moyennes, aux représentants des pôles de compétitivité et des organisations syndicales, à réfléchir ensemble à ce qui se passe : comment soutenir nos entreprises?» Soutenir les entreprises? Qui créé les richesses produites par ces entreprises ? Ce ne serait par hasard pas ces mêmes travailleurs qui luttent pour leur pouvoir d’achat ? Pourquoi accorder des milliards aux entreprises et aux banques et rien à nous?

    Et quand le journaliste du Soir lui demande «craignez vous des mouvements sociaux en Wallonie», il répond : «Le monde patronal ne doit pas y trouver de faux prétexte pour restructurer. S’il y a des difficultés, la transparence des chefs d’entreprises à l’égard des travailleurs sera fondamentale. Il faut faire fonctionner la démocratie à l’intérieur des entreprises. Et puis, la Wallonie n’est pas une terre de gréviculteurs, mais de gens qui veulent travailler.» Quand quelqu’un fait grève, Monsieur Marcourt, ce n’est en rien parce qu’on ne veut pas travailler. C’est parce qu’on ne veut plus travailler sous ces conditions! Et quant à la démocratie dans les entreprises, elle ne sera véritable que quand les travailleurs – ceux qui produisent les richesses – seront les maîtres de leurs lieux de travail et que les patrons et actionnaires – ceux qui volent le fruit du travail des autres – seront du domaine du passé.

    Il ne suffit pas de glorifier les luttes du passé sur son blog pour se dire socialiste, il faut soutenir celles d’aujourd’hui. Un chemin tel que celui suivi par Jean-Claude Marcourt conduit face aux travailleurs, pas à leur côté.


    (1) Le Soir, 16/10/08, « C’est un choc. On réagit »
    (2) Blog de Jean-Claude Marcourt, 25/10/08, Le poker menteur du libéralisme

    Liens:

  • Fuite en avant pour sauver la planète ?

    Relance du nucléaire

    De plus en plus confrontés à l’évidence du réchauffement de la planète, les politiciens traditionnels sont à la recherche de toutes sortes de mesure qui leur permettraient de produire de l’énergie plus proprement. Une des solutions avancées est une extension du parc nucléaire en Europe, afin de remplacer les vieilles centrales au gaz et pétrole. Or ceci constitue plus une fuite en avant qu’une véritable solution.

    Par Gilles, MAS Mons

    En Belgique, on trouve deux centrales nucléaires en activité : celle de Tihange (Huy, 3 réacteurs) et celle de Doel (Anvers, 4 réacteurs). Toutes deux ont été construites il y a environ 30 ans et l’âge de la retraite devrait approcher… si ce n’est que les gouvernements successifs n’ont cessé de repousser encore et encore la date de fermeture de ces réacteurs. Alors que la durée d’usage avait déjà été prolongée à quarante ans, le gouvernement Leterme a décidé d’octroyer vingt ans de plus aux centrales belges : il faudra donc attendre jusqu’à 2035 pour assister à la fermeture des centrales (au lieu de 2005 comme initialement prévu).

    Le gouvernement et leurs amis d’Electrabel se justifient en disant que la remise à neuf des centrales coûterait cher et que cette hausse des coûts serait d’office répercutée sur la facture (comme si Electrabel ne pouvait pas se permettre cet investissement !). D’autre part, ils prétendent que les centrales nucléaires sont sûres et non polluantes. Leurs arguments semblent avoir porté, puisque récemment 6 Belges sur 10 se disaient d’accord pour ce maintien. Mais le récent incident de Fleurus (près de Charleroi) a remis en question tous ces beaux discours sécurisants.

    Que s’est-il passé à Fleurus ? Une fuite s’est produite à l’Institut des Radio-Elements (IRE), un établissement public-privé chargé de produire des isotopes radioactifs à des fins médicales, et celle-ci a contaminé toute la région. Ceci représente le plus grave incident nucléaire en Belgique. Cependant la population locale n’a été prévenue qu’une semaine après les faits, avec des avertissements du type « Ne mangez pas les légumes de votre jardin ». L’exploitant a tenté d’étouffer l’affaire jusqu’au dernier moment par crainte des répercussions, tandis que l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) s’est révélée totalement inefficace : incompétence des responsables (beaucoup ont obtenu leur poste uniquement via leurs relations politiques), matériel inopérant, etc.

    Les incidents nucléaires se sont multipliés au cours des dernières années : en 2006 en Suède, on est passé à deux doigts d’un nouveau Tchernobyl lorsque le système de secours de la centrale de Forsmark est tombé en panne. Les scientifiques chargés de la surveillance ont avoué que seul le hasard a permis d’éviter la catastrophe. Cet été en France, des fuites ont été révélées près d’une centrale de la Drome, contaminant le personnel et peut-être les récoltes. Des accidents graves et parfois mortels se sont également produits en Hongrie et au Japon au cours des cinq dernières années.

    Plutôt que de vouloir sérieusement investir dans des énergies inoffensives telles que la biomasse, l’éolien, le marémoteur, le solaire… les capitalistes et leurs politiciens préfèrent se tourner vers des solutions hautement rentables sur le court terme, mais pleines de risques pour le présent comme pour l’avenir. Car où stocker de manière sûre les déchets nucléaires provenant des centrales ? Même les agences de contrôle sont soumises à la loi du profit et des jeux politiques, ce qui les rend inaptes. Et évidemment, on cache tout cela à la population.

    Une production véritablement verte est incompatible avec le système capitaliste. Pour sauver la planète, préparons la révolution écologique ! Qui sera aussi une révolution socialiste.


    Le prestige et les profits avant l’environnement et le pouvoir d’achat

    Sous la pression des entreprises et des politiciens, sans participation ni consultation de la population, plus d’un milliard d’euros des impôts va être consacré au projet de prestige de la liaison Oosterweel!

    Cette liaison doit passer au dessus de certains quartiers et mettre en danger la santé des habitants avec la masse de particules fines diffusée par les voitures et les camions. Résistance Internationale lutte pour plus d’investissements pour des transports en commun gratuits et des solutions comme un tunnel qui pourrait récupérer et purger l’air des particules fines.

    Le 25 octobre il y aura un festival anticapitaliste pour l’environnement à Anvers, nous discuterons entre autres de la lutte contre le projet de la liaison Oosterweel, en plus de discussions sur l’énergie, la surpopulation, la crise alimentaire, les catastrophes naturelles, etc. Un meeting et des concerts suivront en soirée. Participe à nos campagnes sur l’environnement ! (Plus d’infos : 02/345.61.81)


    Liens:

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