Tag: Belgique

  • Plus de moyens publics pour l’enseignement !

    Non à la commercialisation croissante ! –Non aux coupes budgétaires !

    L’enseignement est de nos jours un des secteurs les plus importants du pays. Quelque 300.000 personnes y travaillent et ses budgets s’élèvent à quelque 15 milliards d’euros par an. La crise économique fait de ce secteur une proie très attrayante pour les entreprises à la recherche d’un endroit sûr pour investir leurs profits. Pour la même raison, on doit s’attendre après les élections à une série d’attaques et de coupes budgétaires, notamment contre l’enseignement. Nous voulons mettre en avant notre alternative et, dans ce dossier, aborder le pourquoi et le comment de notre programme sur l’enseignement.

    Par Tim (Gand)

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Coupes d’austérité en pratique : le crédit-études

    Depuis cette année académique, le crédit-études a été introduit en sourdine dans l’enseignement supérieur flamand (soyons vigilants du côté francophone!). Il s’agit d’une mesure qui vise à limiter de façon drastique les possibilités d’études. Le ministre Vandenbroecke présente cela comme une mesure sociale afin d’empêcher le gaspillage. La réalité est toute autre. Nous en avons parlé avec quelques étudiants de l’Université de Gand qui s’opposent au crédit-études.

    « Le crédit–études a été introduit dans le cadre de la libéralisation de l’enseignement supérieur et du décret de financement de Vandenbroecke. Chaque étudiant reçoit 140 points au début de ses études, en plus d’un bonus de soixante points pour un débutant. Au début de l’année, on déduit soixante points, que l’on reçoit à nouveau à la fin de celle-ci, mais seulement si on passe l’année en première session. Différents autres mécanismes sont prévus pour retirer des points.

    Sans points d’études, soit l’institution peut refuser l’étudiant, soit l’obliger à payer deux fois les frais d’inscription. Les universités de Gand et de Louvain ont déjà déclaré vouloir rigoureusement appliquer cette politique. Les universités et les hautes écoles ne recevront plus de financement pour les étudiants qui n’auront plus de points d’études.

    Cette mesure est surtout un désastre pour les étudiants qui travaillent et pour ceux issus d’un milieu social plus faible et qui ont plus de difficultés à réussir dans l’enseignement supérieur. Il n’existe aucune compensation ou situation d’exception pour ces étudiants. En outre, cette mesure ouvre la possibilité d’augmenter de façon masquée les frais d’inscription. Il ne s’agit donc pas du tout d’une mesure sociale, mais d’un coup d’austérité sur le dos des étudiants, qui limite l’accès à l’enseignement supérieur surtout pour les plus faibles dans la société. Pour un étudiant qui a des parents nantis, ce n’est pas un problème de payer deux fois les frais d’inscription. »

    Rendre l’enseignement accessible à tous

    Aller à l’école, ça coûte de l’argent. L’ « enseignement gratuit » qui « offre sa chance à chacun » dont ont tant parlé les différents ministres de l’enseignement est un rêve à mille lieux de la réalité. Aujourd’hui, une famille de salariés modestes est quasiment incapable d’assurer des études supérieures à plusieurs enfants. Le système des bourses d’étude n’est pas adapté pour remédier pleinement à pareille situation.

    La Fédérations des Etudiants francophones (FEF) a calculé l’an dernier qu’un étudiant en Belgique francophone dépense en moyenne entre 7.000 et 12.000 euros chaque année pour ses études alors qu’une bourse est de 3.500 euros au maximum. En Flandre, le nombre d’étudiants boursiers a chuté de 25 à 15% de la population étudiante entre 1989 et 2004, et ce n’est pas parce que ceux qui en ont besoin sont moins nombreux…

    Résultat : plus de 80% des jeunes doivent travailler pour pouvoir payer leurs études, ce qui peut prendre des formes extrêmes. En Belgique, il existe peu de chiffres sur les étudiantes qui se prostituent pour pouvoir payer leurs études mais, aux Pays-Bas, la situation est telle que l’arrivée massive des étudiantes dans les bureaux d’escort-girls a provoqué une baisse des prix. Beaucoup de filles ne gagnent plus que 9 euros de l’heure en vendant leur corps ! Selon des données récentes, quelque 400 étudiantes ‘travaillent’ dans la prostitution à Anvers et 200 à Gand. En France, on estime à quelque 40.000 les étudiant(e)s qui se prostituent plus ou moins occasionnellement, soit 1 étudiant(e) sur 50. Ce sont bien entendu des cas extrêmes, mais une grande partie des étudiants sont confrontés aujourd’hui à la combinaison d’études trop chères et d’un emploi précaire mal payé.

    Les choses ne sont pas meilleures dans l’enseignement obligatoire : septembre est un mois de lourdes dépenses pour de nombreux parents. Malgré les promesses et les demi-mesures, envoyer un enfant à l’école demeure financièrement pénible. En moyenne, dans notre pays, l’éducation d’un enfant coûte entre 250 et 400 euros par mois, dépenses qui sont loin d’être couvertes par les allocations familiales et autres. C’est aussi la raison pour laquelle de nombreuses mères célibataires flirtent avec le seuil de pauvreté et sont contraintes de repousser des dépenses fondamentales (les coûts médicaux par exemple). Elles ont aussi souvent moins d’argent pour offrir à leurs enfants une éducation décente.

    EGA/ALS : des étudiants combatifs pour un enseignement accessible à tous !

    Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL, est présent dans toutes les universités du pays et dans quelques Hautes Ecoles (sous le nom d’Actief Linkse Studenten en Flandre). Nos camarades étudiants militent pour la gratuité des études, soutiennent les luttes des travailleurs, et en particulier celles du secteur enseignant, ou encore celles des sans-papiers qui occupent des locaux dans certaines universités ; ils organisent aussi des conférences et des formations marxistes.

    Aujourd’hui, en Belgique, les frais d’inscription pour l’enseignement supérieur restent encore relativement bas par rapport aux pays avoisinants. C’est pour cela que beaucoup d’étudiants allemands, hollandais et français viennent en Belgique afin de pouvoir encore jouir d’un enseignement à prix abordable. Cependant, avec la crise économique, il est prévisible que tant la Communauté flamande que la Communauté française voudront augmenter les frais d’inscription après les élections. Nous mobiliserons parmi les étudiants pour stopper ces mesures, mais nous ne nous croisons pas les bras en attendant. Nous participons ainsi à la campagne Respact qui vise à réduire le coût des études (voir la dernière page de ce journal).

    Autre exemple ; nous avons pour la cinquième fois participé aux élections du Conseil étudiant de la VUB afin de populariser nos arguments parmi les étudiants, avec succès. Ces dernières années, nos représentants au Conseil ont, avec les militants syndicaux de la CGSP, ont été à l’initiative des mobilisations contre le décret de financement de Vandenbroecke, la réduction des dotations à la VUB, etc.

    Mais étudier coûte bien plus cher que le seul paiement des frais d’inscription. Dans toutes les universités et les hautes écoles, on assiste à une augmentation continuelle des frais des kots, des repas, de l’infrastructure sportive, des services médicaux,…

    EGA/ALS participe partout aux luttes contre ces mesures et s’oppose au comportement des directions qui ne font que transférer les coupes d’austérité du gouvernement sur le dos des étudiants au lieu de rejoindre activement la mobilisation contre ce gouvernement.

    Le PSL/LSP est en faveur de mesures comme l’introduction d’un salaire étudiant. Certains opposants au salaire étudiant rétorquent que cela bénéficierait aussi aux familles riches, mais dans un système où celles-ci ne représentent qu’une couche très réduite de la population, c’est une mesure générale comme la sécurité sociale ou un salaire étudiant qui protège le mieux possible les familles en difficultés financières. Nous sommes également pour d’autres mesures générales comme des transports en commun gratuits pour tous, un système de soins de santé national gratuit et des investissements massifs pour développer des logements sociaux à prix abordable – au bénéfice tant des étudiants que du reste de la population – afin que ces coûts ne soient pas un frein sur les études.

    Stop aux coupes budgétaires!

    Les réformes consécutives de l’enseignement ont aussi des conséquences néfastes pour les conditions de travail du personnel enseignant, administratif et technique du secteur. Depuis la communautarisation de l’enseignement, les ministres (le plus souvent soi-disant socialistes, comme Onkelinx et Di Rupo…) ont fait disparaître des milliers d’emplois dans l’enseignement secondaire en Communauté française. Inutile d’insister sur quelle charge de travail et quelle pression cela représente pour ceux qui restent.

    La même chose vaut pour l’enseignement supérieur : les réformes entraînées par le processus de Bologne font porter plus de travail sur le dos du personnel des universités et des hautes écoles. En outre, on introduit constamment de nouvelles règles de contrôle qui conduisent à une pression administrative insupportable, et ce malgré le fait que l’enseignement et la recherche sont dans notre pays de haute qualité. Qui plus est, on peut douter de l’efficacité de ces mesures. Le personnel administratif qui doit se charger de gérer ces réformes en est souvent victime aussi : le financement de l’enseignement ne suit pas les tâches supplémentaires des universités et les hautes écoles, ce qui met une pression de travail supplémentaire sur ceux qui travaillent dans les services administratifs et techniques.

    L’école n’est pas une usine

    L’enseignement sous le socialisme

    L’enseignement n’est jamais indépendant de la société dans laquelle il existe. Dans la société capitaliste, l’enseignement a avant tout pour fonction d’imposer la discipline et de fournir des ‘produits tout faits’ pour le marché du travail. De préférence des travailleurs qui ne sont pas trop critiques et qui peuvent aussi être facilement influencés en tant que consommateurs. Dans une société socialiste, les priorités seraient différentes. Une telle société serait organisée par la population travailleuse, activement impliquée dans la gestion et l’organisation de la production et des entreprises, mais aussi des autres institutions comme l’enseignement, la santé, la justice,… Cette société serait bien plus démocratique que la nôtre, parce que les richesses seraient gérées collectivement et que les gens pourraient donner leur opinion et participer aux choix sur tout ce qui concerne leur quotidien. L’enseignement y jouerait un rôle important : former des individus critiques, capables de se forger leur propre opinion et de la proposer de manière claire et respectueuse. Chaque individu devrait pouvoir développer ses talents amplement, pour se servir de ceux-ci dans le sens du progrès global de l’ensemble de la société.

    C’est sur cette base que l’enseignement a été réorganisé dans les premières années qui ont suivi la révolution de 1917 en Union Soviétique. Les obstacles au libre accès à l’enseignement ainsi que toutes les traditions conservatrices ont été abolies : pas de frais d’inscription, du matériel gratuit, des voyages d’études, plus d’examen d’entrée ni d’uniformes scolaires, etc. Les élèves plus âgés ont été impliqués dans l’apprentissage de la matière scolaire par les plus jeunes, de manière à ce que les jeunes apprennent à vivre de manière solidaire. La musique et le théâtre ont été promus pour contribuer à favoriser une expression publique claire, sans timidité. Les universités ont été transformées en écoles populaires où chacun pouvait suivre les cours et participer de manière illimitée, où chaque sujet et chaque capacité étaient proposés à l’apprentissage. Le but était d’abolir les barrières artificielles entre le travail manuel et intellectuel pour que chacun puisse se développer en un individu complet et varié.

    Hélas, avec l’avènement de la dictature stalinienne, beaucoup de ces mesures ont été restreintes ou supprimées, mais quelques éléments sont malgré tout restés, comme les investissements massifs dans l’enseignement et l’accès à l’enseignement à tous les niveaux. Ce n’est pas un hasard si l’enseignement en Union Soviétique était un des meilleurs du monde, avec une série de scientifiques renommés dans de nombreuses disciplines.

    Aujourd’hui, nous luttons pour un enseignement qui applique ces idées, en sachant que ce type d’enseignement ne sera réalisable que dans une société où la population pourra décider collectivement et démocratiquement de ce qui est produit et de comment le répartir.

    Cette société s’appelle une société socialiste.

    [/box]

    Ces dernières années, l’enseignement a dû avaler un tas de réformes néolibérales : le rôle de l’enseignement en tant que service public responsable de la formation et du développement de la société a été constamment mis sous pression par les coupes budgétaires continuelles ainsi que par l’introduction d’une logique de marché.

    Les réformes de Bologne visent à remodeler l’enseignement supérieur européen selon le modèle anglo-saxon : quelques institutions renommées et élitistes et beaucoup d’institutions de second rang pour la majorité de la population. Le Partenariat Public-Privé mis en place pour rénover les bâtiments scolaires suit cette même logique.

    Ce genre de mesure est officiellement destiné à réduire les dépenses d’investissements dont les écoles ont cruellement besoin (même si l’on devra rembourser aux banques 2,5 milliards d’euros pour 1 seul milliard prêté…). Un autre objectif est d’instaurer parmi la population l’idée que les entreprises auraient un rôle essentiel à jouer dans l’enseignement. Que ces entreprises soient principalement intéressées par le profit maximum qu’elles espèrent tirer de leurs investissements – et pas par les besoins réels des élèves et des enseignants – n’a, semble-t-il, guère d’importance.

    Lutter ensemble pour un enseignement gratuit et de qualité

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP) est présent parmi le personnel de l’enseignement à travers nos militants syndicaux, parmi les étudiants avec nos cercles Etudiants de Gauche Actifs (EGA-ALS) et parmi les écoliers avec la campagne Résistance Internationale (RI-IV).

    Nous travaillons avec un programme concret basé sur les expériences quotidiennes de nos membres et sur leurs discussions avec leurs collègues, enseignants comme étudiants. Dans notre programme, nous ne partons pas de ce qui est réalisable avec les minces budgets dont disposent les ministres, et nous ne voulons pas intéresser le monde des affaires à l’enseignement. Nous prenons au contraire comme point de départ les intérêts du personnel et des étudiants : comment peut-on rendre le système éducatif de meilleure qualité et accessible pour tous ? Comment l’enseignement peut-il jouer un rôle dans le développement des talents de chacun et former des individus critiques et ayant une vie sociale riche et active ?

    Mais le PSL, EGA et RI ne se limitent pas à discuter des réformes et de l’organisation dont l’enseignement a besoin. Nos militants sont souvent aux premiers rangs des luttes contre les coupes d’austérité et les réformes néolibérales. Nous voulons stimuler l’opposition active des jeunes et des travailleurs et nous défendons une réponse vraiment socialiste. Il n’est donc pas étonnant que nos militants se soient trouvés à l’avant-plan lors de la lutte contre le plan Vandenbroecke en Flandre (destiné à diminuer les subventions pour l’enseignement supérieur), lors de la lutte contre les privatisations à l’Université libre de Bruxelles l’année passée ou, il y a quelques années, lors de la lutte contre l’augmentation du minerval intermédiaire à l’Université de Liège.

    Avec la crise économique qui touche le monde entier aujourd’hui, beaucoup de multinationales visent le secteur de l’enseignement. Après avoir mis le chaos dans l’économie privée, nombre de capitalistes s’orientent à nouveau vers les services publics. La pression pour réduire les budgets de l’enseignement et privatiser les secteurs les plus juteux sera énorme dans les prochaines années.

    Rejoindre une organisation comme la nôtre, c’est se préparer à lutter contre les (contre)-réformes au détriment du personnel et des étudiants et lutter pour un enseignement orienté vers les intérêts de l’ensemble de la société.


    • Site électoral du PSL
  • MEETING LCR-PSL à Liège

    NON à l’Europe du Capital! – Ce n’est pas à nous de payer leur crise!

    La LCR et le PSL se présentent ensemble aux élections européennes du 7 juin prochain. Ensemble nous voulons, tout comme d’autres organisations et mouvements sociaux, populariser la nécessité d’un plan d’urgence sociale qui fasse payer cette crise, la plus grave depuis les années ’30, aux capitalistes et à eux seuls.

    Nous voulons aussi utiliser la campagne et la tribune électorale pour avancer un programme de rupture avec cette Europe du capital, moyen de régression sociale et outil qui a servi à aboutir à la catastrophe actuelle.

    Face à cette situation, nous défendons l’urgence de mobilisations, de luttes sociales leur coordination à l’échelle européenne. Mais ces luttes des travailleurs/euses ainsi que les résistances à l’exploitation capitaliste et à toutes les oppressions doivent être traduites sur le terrain politique. C’est pourquoi nous voulons également utiliser ces élections pour débattre de la nécessité d’une nouvelle force politique résolument à gauche de la social-démocratie et des verts.

    Au-delà de cette campagne, nous espérons pouvoir poursuivre ce débat avec d’autres organisations, mouvements, délégations syndicales,… en commençant par soutenir ensemble les luttes sociales qui ne manqueront pas de surgir au cours des prochains mois.

    La construction d’une nouvelle force politique résolument à gauche ne se pose pas qu’en Belgique. En France, par exemple, s’est constitué le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), où se retrouvent des milliers de personnes, surtout des jeunes, qui ont répondu à l’appel d’Olivier Besancenot et de la LCR française. Le NPA a également été rejoint par l’organisation-soeur du PSL en France: la Gauche révolutionnaire. C’est ainsi que notre campagne unitaire LCR-PSL pour les européennes se fait en lien étroit avec le NPA.

  • III. NOTRE PROGRAMME

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • IV. NOTRE FONCTIONNEMENT INTERNE

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – III. Notre programme

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Le point de départ de notre parti n’est pas notre structure organisationnelle, mais nos idées. Nous nous battons et nous recherchons un soutien pour ces idées et pour notre programme parce que nous sommes persuadés qu’ils constituent nos meilleures armes dans la lutte contre les attaques des capitalistes sur nos conditions de travail et de vie et pour pouvoir changer de société.

    Mais les idées ont besoin d’une organisation pour pouvoir devenir une force sociale. Nos structures ont pour objectif de constituer une organisation efficace et consciente ayant pour but la réalisation de notre programme.

    L’unité de base du PSL/LSP est la section locale. C’est par le biais de la section que le parti communique et qu’il obtient une image concrète, dans son ensemble, de l’atmosphère et de la conscience présente dans la société et dans les différentes couches de la classe ouvrière à un moment donné. La section locale réunit les membres qui sont actifs dans différents domaines – à l’école, à l’université, sur leur lieu de travail, dans les comités de quartiers,… – et élabore une stratégie sur la manière de développer le parti dans un quartier ou une ville.

    L’engagement de chaque membre auprès de sa section est donc très important. Il veille à ce que chacun acquière l’expérience et la formation nécessaires, dans la théorie comme dans la pratique. Il veille aussi à ce que le parti puisse, à tout moment, par le biais de ses membres, faire une évaluation de la lutte des classes et puisse prendre les initiatives appropriées.

    Ce sont les sections qui élisent les délégués pour les Congrès nationaux et les Conférences nationales où les perspectives, le programme et les priorités du PSL/LSP sont discutés et décidés et où une direction nationale est élue.

    Cette direction a pour tâche de centraliser l’expérience de tout le parti et, sur base de cette expérience, de donner une orientation au parti et, par le biais du parti, à la lutte de la classe ouvrière, avec laquelle le parti reste organiquement liée grâce à ses membres.

    Dans la mesure du possible, il est demandé à chaque membre de participer activement à sa réunion de section hebdomadaire, de vendre le journal du parti (l’Alternative Socialiste), de l’utiliser comme un moyen pour introduire nos idées et nos slogans dans la société et de faire une contribution financière mensuelle, une cotisation, dont le montant dépend de la situation et des possibilités de chacun.

    L’organisation d’une section comprend différentes tâches, de la présidence à la trésorerie, en passant par la responsabilité du travail jeune voire le suivi du travail syndical, selon la composition sociale de la section. La force et l’énergie d’une section ne sont pas seulement déterminées par le nombre de membres qui la compose. Le nombre de camarades qui participent activement aux tâches de la section est également très important. Si un seul camarade est responsable de chaque aspect du fonctionnement – la convocation des membres, les campagnes de récolte du fonds de lutte, la formation politique,… – cela réduit considérablement le fonctionnement et les possibilités.

    C’est en impliquant chaque membre au maximum que nous serons en mesure de convaincre le plus de monde possible de notre programme. Sur base de perspectives et d’un programme corrects, des interventions actives dans la lutte des classes et de la volonté de se battre pour nos idées, nous voulons, dans la pratique, gagner la confiance des couches les plus combatives et les plus conscientes de la classe ouvrière. Notre capital est constitué de membres formés et combatifs ayant une implantation dans la classe ouvrière.

    Les statuts

    Le PSL/LSP travaille selon les principes du centralisme démocratique. Cela signifie un processus décisionnel aussi démocratique que possible et une exécution centrale des décisions. Cela exige un engagement aussi grand que possible des membres lors de toutes les activités du parti et une centralisation de cette expérience dans les structures nationales du parti. Ces structures nationales sont, à leur tour, indispensables pour donner, sur base de cette expérience accumulée, une direction politique et organisationnelle à tout le parti. Réagir comme un seul homme – une seule femme – cela peut transformer une bonne idée en une arme redoutable dans la lutte pour le renversement de la société capitaliste.

    Ci-dessous sont retranscrits les statuts du PSL/LSP. Des statuts ne sont évidemment pas une garantie suffisante du fonctionnement démocratique d’une organisation. Les circonstances matérielles dans lesquelles cette organisation doit travailler, les traditions du mouvement ouvrier et la formation des militants sont beaucoup plus importants que les statuts, qui doivent donc être considérés au maximum comme un outil.

    En réalité, ils reflètent la forme d’organisation la plus appropriée à un moment donné et sont donc, en ce sens, plutôt un instantané qu’un principe à appliquer indéfiniment. Il va de soi que le fonctionnement en tant que parti socialiste révolutionnaire dans une "démocratie" parlementaire exige d’autres structures organisationnelles que le fonctionnement sous une dictature militaire. Aucune structure ne pouvant prévoir tous les développements possibles, nous ne pouvons qu’essayer d’agir au maximum de la manière politique la plus correcte possible.

    De plus, l’utilisation des statuts et règlements sont limités à leur minimum absolu, c’est-à-dire à ces situations dans lesquelles nous ne réussissons pas, via la discussion politique collective, à arriver à un même avis, quand nous sommes obligés de prendre une décision à la majorité pour pouvoir agir efficacement. Les statuts doivent offrir une méthode de travail avec laquelle il est possible, malgré les désaccords, de mener campagne collectivement.

    Ci-dessous sont également retranscrits les statuts du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Le PSL/LSP a approuvé ces statuts. La lutte pour le socialisme peut bien commencer sur le plan national, elle finira inévitablement dans l’arène internationale. Nous sommes persuadés que seul un "parti mondial", comme le Comité pour une Internationale Ouvrière veut le construire, constitue un instrument efficace contre le capital international.

    Les statuts du PSL/LSP doivent donc être lus en relation avec ceux du CIO.

    Statuts du PSL/LSP

    But et principes

    1. Le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij est une organisation révolutionnaire qui se base sur la classe ouvrière avec laquelle elle lutte pour l’instauration d’une société socialiste, où les travailleurs seront au pouvoir, en Belgique et dans le monde. Pour écraser l’Etat bourgeois et le remplacer par un État ouvrier démocratique, pour nationaliser les moyens de production, la classe ouvrière a besoin d’un parti révolutionnaire de masse.

    2. Le PSL/LSP est pour la lutte, la solidarité et le socialisme et vise à faire partager ces idées à la classe ouvrière et à ses organisations de masse politiques et syndicales.

    3. Le PSL/LSP est pour la plus grande unité possible des travailleurs: tout effort de la bourgeoisie et de la bureaucratie pour diviser la classe ouvrière selon le nationalisme, la race, la langue, le sexe ou de quoi que ce soit, représente un poison, mortel qui doit être tué dans l’œuf par les marxistes. Sur la base des droits égaux pour tous, nous défendons les droits démocratiques de la classe ouvrière contre la répression de l’État capitaliste.

    4. Le PSL/LSP défend le point de vue selon lequel la question nationale en Belgique ne peut être résolue qu’à partir d’une transformation socialiste de la société. Ce n’est que sur cette base qu’il est possible de réaliser les aspirations démocratiques et économiques de chaque minorité et d’établir une base pour vivre ensemble de manière égalitaire et volontaire.

    5. Le PSL/LSP se fonde sur les idées du marxisme: la lutte pour le socialisme est une lutte internationale, qui ne peut être menée jusqu’au bout que par la classe ouvrière. Nous sommes pour une fédération socialiste mondiale. C’est seulement sur cette base que les richesses du monde pourront être utilisées pour satisfaire les besoins de chacun. Cette sécurité matérielle permettra à chacun de développer de manière optimale toutes ses potentialités.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière – CIO/CWI

    6. Le PSL/LSP est la section belge du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) et oeuvre avec les autres sections à la construction d’une nouvelle internationale socialiste révolutionnaire.

    Principes d’organisation

    Le Congrès National

    7. Le congrès national est convoqué au minimum une fois tous les deux ans et est composé de délégués élus par les sections selon les modalités définies par le Comité National. Le Comité National peut organiser entre deux Congrès Nationaux des Conférences Nationales pour discuter avec les membres sur un aspect déterminé de la situation politique ou du travail

    8. Pendant la période de discussion ouverte pour le Congrès National, le Comité National édite un bulletin interne de discussion ouvert à toutes les contributions. Les modalités pratiques telles que le délai de rentrée des textes et le nombre de pages maximum est réglé par le Comité National lors du lancement de la discussion.

    9. Le Congrès National est l’organe souverain du PSL/LSP. Le Comité National sortant est dissout automatiquement par l’ouverture du Congrès National. Celui-ci organise ses travaux. Le Congrès national élit le Comité National, une Commission de contrôle et une Commission de contrôle financier. A la fin des travaux du Congrès National, celui-ci est dissout par un vote.

    10. A chaque instant, le Comité National peut convoquer un congrès extraordinaire qui a l’autorité d’un congrès statutaire.

    11. A la demande d’un tiers des membres du Comité National ou d’un quart des sections, le Comité National doit, dans les trois mois de la requête, organiser un Congrès extraordinaire.

    Le Comité National

    12. Le Comité National est élu par le Congrès National selon les modalités élaborées au Congrès National même sur base des principes du centralisme démocratique. A part les membres effectifs, on peut aussi élire des candidats membres avec voix consultative. Entre deux Congrès, le Comité National a l’autorité du Congrès National. Il est responsable de la direction politique et du développement de l’organisation au niveau national.

    13. Le Comité National a le droit de coopter avec une majorité simple de nouveaux membres au Comité National. Le nombre est limité à un maximum d’un tiers du nombre des effectifs. Le Bureau Exécutif peut inviter des camarades au Comité National quand le Comité National l’accepte et au moment de la présentation de l’ordre du jour.

    14. Entre deux Congrès Nationaux, le Comité National peut créer des groupes de travail ou commissions non élus qui peuvent contribuer au travail du PSL/LSP. Ces organes travaillent sous l’autorité du Comité National et doivent s’y rapporter. (Il y a aujourd’hui, entre-autres, un comité de rédaction, une commission femme, un comité jeune et des groupes syndicaux actifs, ceux-ci peuvent cependant à l’avenir être complétés ou partiellement remplacé par de nouveaux organes).

    15. Le Comité National élit en son sein un Bureau Exécutif. Entre deux réunions du Comité national, le Bureau Exécutif a l’autorité du Comité National.

    16. Chaque membre du Bureau Exécutif a une tâche bien définie par celui-ci.

    La Section

    17. La structure de base du PSL/LSP est la section, constituée au minimum de trois membres sur base géographique. Tout membre participe à sa section et applique les décisions de celle-ci. La section dirige le travail de ses membres. Toute création d’une nouvelle section, toute division d’une section devenue trop grande ou toute dissolution de section est décidée par l’instance supérieure: le Bureau de District ou à défaut le Bureau Exécutif.

    18. Chaque section se réunit de façon hebdomadaire. Elle détermine en son sein les responsabilités. Elle applique les décisions des instances supérieures et développe une activité politique sur son terrain d’intervention. A la demande d’un tiers des membres, le responsable de section doit convoquer une réunion de section dans les deux semaines.

    19. Est membre celui ou celle qui accepte les buts, les principes de base et les statuts du PSL/LSP, qui paie des cotisations et travaille sous la direction de ses instances officielles.

    20. L’adhésion se fait par la section. Tout recrutement est ratifié par le bureau de district ou à défaut par le Bureau Exécutif.

    21. Chaque membre paie une cotisation mensuelle. Le Congrès National fixe un objectif mensuel moyen selon le revenu. Sur base de cet objectif le trésorier local aura une discussion régulière sur la situation personnelle du membre pour fixer un montant concret. Le PSL/LSP applique des devoirs financiers vis- à-vis du CIO selon les décisions des instances du CIO.

    Le District

    22. Le Comité National peut décider de grouper dans un District un groupe de sections sur base géographique. Le Congrès de District est convoqué par le Comité de District et se réunit au moins une fois tous les deux ans. A ce Congrès de District, un Comité de District est élu sur base d’une discussion politique sur les perspectives et les objectifs. Le Comité de District peut élire un Bureau de District qui aura l’autorité du Comité de District entre deux réunions. Le Comité de District et le Bureau de District travaillent selon le cadre tracé par les structures nationales élues.

    La Commission de contrôle

    23. Le Congrès National élit une Commission de contrôle composée de trois membres ne faisant pas partie du Comité National. La Commission de contrôle doit examiner toute plainte ou soupçon sérieux et, sur base de cette enquête, remettre un avis au Comité National ou au Congrès National. La Commission de contrôle ne prend aucune décision et informe le Comité National de toutes ses activités.

    Principes de fonctionnement

    24. Le régime intérieur du PSL/LSP à l’échelle nationale, régionale et locale est régi par les principes et la pratique du centralisme démocratique. Représentant le maximum de démocratie possible dans la discussion intérieure pour l’élaboration d’une ligne politique, et la discipline la plus ferme dans l’application de cette ligne, après qu’elle ait été déterminée, il comprend la procédure suivante:

    • a) l’élection de toutes les instances de direction par des assemblées et congrès appropriés, avec la réélection périodique statutaire, et la possibilité de démettre des instances à tout moment par les instances qui les ont élues. Des rapports périodiques de ces instances à leurs mandataires;
    • b) l’interdiction des mandats impératifs;
    • c) le caractère strictement obligatoire des décisions des instances supérieures par les instances inférieures; l’exécution immédiate des décisions, mais avec un droit d’appel aux instances supérieures, ces appels ne justifiant pas un retard dans l’exécution des directives;
    • d) la prise de décision de chaque instance par la majorité simple et pour autant que le quorum soit atteint.
    • e) Tant qu’il satisfait aux conditions pour être membre, tout membre a le droit de faire connaître des opinions différentes à l’intérieur des structures de PSL/LSP, aussi bien oralement que par écrit. Ceci inclut le droit d’utiliser le bulletin interne. Des tendances et des fractions peuvent, à leur demande, être reconnues par le Comité National. Ce ne peut pas être fait à la légère. Cela ne peut se faire que sur base d’une plate-forme écrite, autour de divergences importantes et après une période de discussion orale et écrite pour éclaircir les divergences.
    • f) La minorité doit appliquer de façon disciplinée les décisions majoritaires, mais a le droit inaliénable de se positionner en tant que groupe, de s’organiser en tendance ou même en fraction sur base d’une plateforme écrite, et de disposer des droits démocratiques tels que: – présenter ses positions à toute l’organisation dans un bulletin intérieur pendant la période de discussion dans l’organisation; – avoir la possibilité sur le plan national d’intervenir dans les discussions préparatoires au Congrès après consultation préalable du Comité National; – être représentées au Comité National en ce qui concerne les tendances et les fractions.
    • g) le droit pour les membres ayant à répondre à une sanction disciplinaire de prendre connaissance à l’avance des accusations portées contre eux et de présenter leur défense;
    • h) une information aussi complète que possible sur les développements et les activités de l’Internationale,
    • i) aucun permanent ni aucun membre titulaire d’un mandat public ne peut disposer d’un salaire supérieur à celui d’un travailleur moyen qualifié. L’organisation décide de l’utilisation des indemnités résultant d’un mandat.

    Sanctions

    25. Tout membre qui ne répond plus aux conditions minimales (être actif, soutenir financièrement) depuis trois mois ne peut participer aux votes. Après six mois, il peut être radié de l’organisation par sa section. Tout membre qui refuse d’appliquer le centralisme démocratique ou qui met en danger l’organisation peut être exclu pour raison disciplinaire par sa section. La décision d’exclusion doit être ratifiée par l’instance supérieure: le Bureau de District ou à défaut le Bureau Exécutif. Tout membre exclu pour raisons disciplinaires à un droit d’appel devant le Congrès National.

    26. Un rapport écrit des décisions prises par chaque réunion d’une instance statutaire doit être tenu à disposition des membres de la réunion, de toutes les structures supérieures et de toutes les structures qui ont le droit de révoquer cette structure supérieure.

    27. Chaque mois, les trésoriers des sections doivent faire un rapport écrit. Le Comité National fait parvenir un rapport financier au Congrès National.

    28. Les statuts peuvent être modifiés par le Congrès National par une majorité simple.

    29. Pour tous les cas où les statuts nationaux ne prévoient pas de solution, les statuts du CIO entrent en vigueur.

    Statuts du Comité pour une Internationale Ouvrière

    (adoptés au Congrès mondial de novembre 1993)

    1. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’appuie sur les idées fondamentales de Marx, d’Engels, de Lénine et de Trotsky ; sur les principales décisions des quatre premiers Congrès de fondation de la III° Internationale et des documents du Mouvement marxiste depuis 1938

    2. Le CIO se considère comme l’embryon de la future Quatrième Internationale et est composé de sections nationales qui s’efforcent de construire, dans leur pays respectif, des partis ouvriers révolutionnaires de masse. Il se fonde à chaque niveau sur les traditions du centralisme démocratique.

    Affiliation

    3. Le CIO est composé de militants révolutionnaires membres d’une organisation unifiée. Tous les membres sont organisés dans des sections du CIO qui agissent dans les différents Etats nationaux.

    4. Chaque section nationale se fonde sur le programme et s’accorde avec les structures définis et établis par le Congrès Mondial du CIO.

    5. Là ou il n’existe pas de section nationale, des individus peuvent adhérer au CIO et travailler sous la direction du Secrétariat International (SI). Des membres individuels du CIO doivent travailler à constituer un groupe qui peut adhérer au CIO comme section nationale.

    6. Les organisations nationales sont normalement des sections à part entière du CIO. Cependant, quand des groupes sont encore en cours de formation ou encore en discussion avec le CIO, ils peuvent poser leur candidature pour être reconnus comme section sympathisante.

    7. Le Comité Exécutif International (CEI) est mandaté pour prendre toute décision concernant l’affiliation, avec droit d’appel final au Congrès Mondial. 8. Un Congrès Mondial doit être tenu au moins tous les trois ans. Le Congrès Mondial représente l’autorité suprême au sein du CIO et ses documents politiques et ses résolutions sont impératives pour chaque section nationale.

    9. Les sections à part entière sont représentées aux Congrès et aux Conférences sur base des modalités déterminées à chaque occasion par le CEI, en tenant compte de la taille, de l’influence et de l’importance respective de chaque section. Le nombre maximum de délégués par section est limité à cinq.

    10. Les sections sympathisantes ont des déléguées consultatifs avec droit de parole mais avec droit de vote consultatif.

    11. Les délégués présents au Congrès mondial sont habilités à voter sur base d’une voix par délégué. Ceci vaut pour chaque section sauf dans les conditions suivantes :

    • a) Les sections qui, en raison de certaines circonstances spécifiques, sont dans l’impossibilité d’envoyer au Congrès Mondial l’entièreté de leur délégation habilitée peuvent se voir accorder un vote par procuration à concurrence du nombre de délégués dont elles ont droit. Une telle procuration doit être attribuée à un délégué de la section choisi par la même instance que la section qui élit les délégués.
    • b) Le CEI décide de l’attribution d’un tel système de vote par procuration et des conditions sous lesquelles il peut être accepté. Les sections qui adoptent une telle procédure devront informer la Commission des mandats à l’ouverture du début du Congrès Mondial qui présentera le fait dans son rapport lors de la première session du Congrès.

    12. Les délégués seront élus par leur section nationale lors d’une réunion appropriée du Comité Central (CC), d’un Congrès ou d’une Conférence Nationale

    13. Pour désigner des délégués effectifs une section ne peut avoir plus de trois mois de retard de cotisations, sauf si le CEI en décide autrement.

    14. S’ils ne sont pas élus comme délégués effectifs, les membres du CEI, de la Commission internationale de contrôle (CIC) et les vérificateurs des comptes, peuvent participer au Congrès en tant que délégué consultatifs. Ils auront le droit de parole. Les membre du CEI auront un droit de vote consultatif.

    15. Aucun mandat impératif ne peut être imposé à un délégué au Congrès Mondial.

    16. Le CEI élira une Commission des mandats pour le Congrès. Celle-ci doit comprendre trois membres et doit soumettre un rapport complet soumis au vote au début de la première session du Congrès.

    17. Le Congrès élira un présidium qui organise ses activités.

    18. Les décisions sur toutes les questions sont prises à la majorité simple des délégués effectifs.

    19. Des invités des sections nationales ou de pays ou il n’existe pas encore de section peuvent aussi être présents au Congrès avec l’accord préalable du CEI ou du SI.

    20. Un Congrès Mondial extraordinaire peut-être convoqué par le CEI et doit l’être aussi à la demande d’un tiers des sections à part entière affiliées au CIO

    Le Comité exécutif international

    21. Un CEI sera élu à chaque Congrès Mondial. Il sera composé de membres dirigeants des sections nationales et/ou des permanents du CIO. Le CEI sera composé d’une part de membres effectifs avec droit de vote effectif et de candidats membres avec droit de vote consultatif.

    22. Le CEI se réunira au moins deux fois par an pour discuter des développements internationaux majeurs et pour évaluer et guider le travail de chaque section nationale.

    23. Entre deux Congrès Mondiaux, le CEI est l’autorité suprême. Il a l’obligation de préparer les documents et les résolutions à présenter au Congrès Mondial. A travers le SI, il est aussi responsable pour la publication régulière d’un bulletin.

    24. Le CEI à le droit de coopter des membres additionnels à la majorité simple des membres effectifs du CEI.

    25. Une réunion extraordinaire du CEI peut-être convoquée par le SI et doit être convoquée à la demande d’un tiers des membres effectifs du CEI.

    Le Secrétariat International

    26. Le CEI élit un Secrétariat International responsable du travail quotidien de l’organisation. Entre deux réunions du CEI, le SI a le pouvoir de prendre, au nom du CEI, toutes les décisions nécessaires entre deux réunions du CEI. Le SI attribuera des responsabilités à ses membres qui seront soumises à l’approbation du CEI. Le SI présentera à chaque réunion du CEI un rapport complet de ses travaux.

    27. Le SI désignera tout sous-comité approprié nécessaire à la conduite du travail, à soumettre à la ratification du CEI.

    28. Le SI est responsable de l’engagement des permanents du CIO, à soumettre à l’aval du CEI.

    Droits démocratiques et discipline

    29. Les décisions majoritaires de l’Internationale sont impératives pour tous les membres et les sections. En coopérant à l’application des décisions de la majorité, toutes les minorités ont le droit d’exprimer des opinions dissidentes au sein de l’Internationale. Des membres de sections et des sections nationales ont le droit de faire circuler travers le CIO, avec l’accord du SI/CEI, tout matériel concernant ces opinions.

    30. Toutes les sections et tous les membres ont le droit d’appel auprès des instances supérieures contre toute décision avec laquelle ils sont en désaccord.

    31. Après avoir épuisé toutes les procédures possibles de discussion, les membres ont le droit de former des fractions sur des sujets et des idées spécifiques sur lesquelles il existe des désaccords.

    32. Le Congrès Mondial déterminera les limites de chaque discussion. Préalablement à la convocation d’un Congrès Mondial, le CEI sera responsable pour déterminer les limites et la conduite de la discussion.

    33. Tout membre sujet à une mesure disciplinaire dispose du droit d’appel d’abord auprès de l’instance la plus élevée de la section dont il est membre, ensuite auprès du SI, du CEI et du Congrès Mondial ; entre-temps la sanction reste en vigueur.

    34. Tous les responsables de l’Internationale et les membres des Comités peuvent être révoqués par les instances appropriées qui les ont choisis.

    La Commission internationale de Contrôle

    35. Chaque Congrès Mondial élira une Commission Internationale de Contrôle. Elle ne comprendra pas de membres de CEI, ni de permanents employés pour le CIO. La CIC sera composée d’un panel de camarades permettant à la commission de fonctionner dans les différents parties du monde, et ses membres doivent élire un président.

    36. Au sein de ce panel, un groupe d’au moins trois membres sera choisi par le président de la CIC, en consultation avec le SI, pour entreprendre une enquête. La composition de la commission sélectionnée parmi le panel par le président de la CIC et le SI doit être approuvée à la majorité simple par les membres effectifs de la CIC. Cette approbation sera obtenue sur base d’une consultation des membres de la CIC par le président de la CIC et le SI.

    37. Les fonctions de la CIC devraient être :

    • a) D’enquêter sur toute plainte ou toute recherche particulière qui peuvent être renvoyées devant le SI ou le CEI, et de faire rapport au CEI des résultats de ses investigations et recherches.
    • b) D’enquêter sur les plaintes émanant d’individus, de parties constituantes des sections nationales et/ou de sections nationales contre des mesures disciplinaires prises contre eux par des instances supérieures, et de soumettre leur recommandations sur ces plaintes au SI, au CEI et au Congrès mondial pour une décision finale.

    Conférences Internationales

    38. Le CEI peut convoquer des Conférences Internationales durant la période entre deux Congrès Mondiaux afin de lancer et de développer la discussion sur des questions clés dans l’ensemble de l’organisation internationale.

    39. Le CEI, ou le SI en consultation avec le CEI, peut organiser d’autres réunions ou rencontres internationales de formation et de discussion politique. D’autres activités de solidarité et de campagne peuvent être organisées si le SI/CEI le trouve opportun.

    Finances

    40. Chaque section nationale doit payer des cotisations trimestrielles. Le montant des cotisations est fixé par le Congrès Mondial, par les Conférences Internationales ou par le CEI.

    41. En cas de nécessité, le montant à verser par une section peut être déterminé après consultation entre le SI et les directions nationales, en tenant compte du niveau de vie relative et d’autres considérations opportunes. Ceci doit faire l’objet d’un rapporté à soumettre à l’approbation du CEI.

    42. Des contributions additionnelles peuvent aussi être imposées par le SI/CEI. Le CEI peut décider d’annuler des cotisations ou des contributions.

    43. Lors de chaque réunion du CEI et du Congrès Mondial un rapport financier sera présenté.

    44. Chaque Congrès Mondial élira trois vérificateurs des comptes, qui ne seront ni membres du CEI ni employés par le CIC, afin d’examiner régulièrement les finances du CIO. Les vérificateurs seront membres de différentes sections nationales. Les vérificateurs des comptes présenteront annuellement un rapport à la réunion du CEI et à chaque Congrès mondial.

    Divers

    45. Le CEI peut autoriser la formation de toute structure consultative régionale qui peut être nécessaire pour l’organisation des activités de l’Internationale.

    46. En cas d’urgence, le CEI aura le pouvoir d’amender ces statuts avec l’accord de deux tiers des membres effectifs du CEI et à soumettre à la ratification du Congrès Mondial suivant.

    47. Ces statuts entrent en vigueur à la date du 1er décembre 1993 et peuvent être amendés à la majorité des votants lors d’une prochain Congrès Mondial.

  • II. PERSPECTIVES, TÂCHES ET OBJECTIFS

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    – III. Notre programme

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    MARX et les lois générales du développement du capitalisme

    Le PSL/LSP ne travaille évidemment pas à partir de rien. Marx avait défi ni les lois générales du développement du capitalisme: la concentration continuelle du capital dans de moins en moins de mains (l’accumulation du capital), la tendance de la production à sortir des frontières (ce qui conduit inévitablement à des conflits commerciaux et des guerres), la tendance à la diminution du profit par unité de capital et, par conséquent, le besoin de plus en plus de capital (baisse tendancielle du taux de profit), les crises de surproduction ou la capacité de surproduction (entre autres à cause de l’exploitation de la classe ouvrière et de la partie de notre journée de travail qui n’est pas rémunérée au bénéfice des capitalistes); la création d’une couche grandissante de travailleurs qui ont pour seule source de subsistance la vente de leur force de travail (en fonction des conditions sociales rencontrées).

    Concentration de capital et croissance des profits Le pourcent le plus riche de la population mondiale contrôle 24% de la richesse globale. Aujourd’hui, ces riches capitalistes viennent aussi d’Amérique Latine, du Moyen Orient et d’Afrique (qui a récemment connu la plus grande croissance du nombre de riches) à cause de l’augmentation des prix des matières premières. Ces augmentations ont en fait disparu dans les poches d’un petit groupe de super riches dans le monde néo-colonial. De la même manière, la croissance des pays capitalistes développés a surtout enrichi les milliardaires.

    En 1960, il était estimé que les 20% les plus riches sur le plan mondial possédaient 30 fois ce dont disposaient les 20% les plus pauvres. Vers 1997, cette proportion était de 74/1 tandis que pour la fi n 2005, le rapport était de 150 pour 1. Selon une étude de l’université américaine de Michigan, les 2% les plus riches des Etats-Unis ont depuis 1984 doublé leurs revenus pour atteindre une moyenne de 2,1 millions de dollars en 2005. Quant au 1% le plus riche, leur revenu moyen est de 4,9 millions de dollars par an.

    Le salaire moyen d’un manager américain est maintenant 300 fois supérieur au salaire moyen, différence 10 fois plus grande que durant les années ‘70. En 2007, le revenu cumulé de tous les milliardaires à travers le monde avait augmenté de 35% en une année seulement ! Le capital se retrouve concentré auprès de moins en moins de personnes mais – à cause de la super exploitation du néo-libéralisme – celles-ci sont de plus en plus riches. Il s’agit d’un phénomène mondial.

    En Belgique également, l’élite dominante n’a pas trop de difficultés. Les 10% les plus riches possèdent 50% de la richesse totale. En 2006, les valeurs financières des Belges ont connu un record en atteignant 793,4 milliards d’euros, c’est-à-dire 80.000 euros par Belge (compte d’épargne, actions boursières,…) Beaucoup de travailleurs se demandent sur quel compte se trouve leurs 80.000 euros… Sur celui de leur patron? Ou sur ceux des actionnaires principaux de l’entreprise qui les emploie ? Ou encore sur le compte des politiciens bourgeois ? C’est vrai que ces derniers se sont bien servis avec leurs sièges dans les conseils d’administration des grandes entreprises (entreprises qu’ils ont d’ailleurs toujours bien soigné au cours de leurs carrières politique).

    Au regard du développement des profits, l’origine de cette inégalité sociale n’est pas difficile à trouver. Ces dernières 30 années, depuis le début de la politique néolibérale sous le gouvernement Martens – Verhofstadt de 1981, ont été une véritable « ruée vers l’or » pour les capitalistes et leurs partisans. Une ruée vers l’or en direction de moyens initialement prévus pour la sécurité sociale (pensions et autres allocations) et en direction de notre pouvoir d’achat. En Belgique, les profits des entreprises étaient en 1980 de 241 milliards de francs belges. En 1985, ce chiffre avait déjà augmenté jusqu’à 484 milliards FB, jusqu’à 821 milliards FB même en 1994. Cependant, en 2005, les profits des entreprises avaient atteint… 41 milliards d’euros (environs 1.640 milliards d’anciens FB). Même en tenant compte de l’augmentation des prix, les richesses d’une petite élite ont énormément grandi. L’objectif de la politique néolibérale est limpide. La classe dominante a par ce moyen tenté de rétablir le taux de profit face à la compétition sur un marché qui connaissait depuis 1974- 75 une croissance plus faible ou des périodes de stagnation. Un nouveau développement était seulement possible sur base d’une répartition différente des richesses. Les salaires (directs ou indirects à travers les allocations sociales) – que les travailleurs avaient arraché au cours de leurs luttes – ont alors chuté. C’est sur cette base qu’ont pu exploser les profits de la classe capitaliste. Les super-profits permettent d’ailleurs aussi de comprendre la taille appréciable des salaires des managers : un manager d’une entreprise du Bel 20 empoche chaque année en moyenne 1,5 million d’euros brut.

    La politique néolibérale a signifié un transfert gigantesque de richesse de la classe ouvrière vers un groupe de super-riches tel que jamais encore l’histoire n’en avait connu. Ces capitalistes ne savent que faire de leur prospérité, beaucoup d’entre eux se sont même lancés dans la charité. Probablement veulent ils ainsi «redistribuer» une part de ce qu’ils ont extorqué aux travailleurs, aux bénévoles,… Plus sérieusement, il s’agit là d’un moyen commode pour redorer son blason dans la société au moment où les capitalistes à la richesse indécente sont de plus en plus perçus comme nuisibles pour la société.

    Les riches deviennent plus riches tandis que la classe ouvrière s’appauvrit.

    Il n’est pas ici question d’un d’une paupérisation relative face à une minorité « qui a eu de la chance ». La majorité des travailleurs et des employés auraient d’ailleurs soi-disant eux aussi fait des pas en avant vers de meilleurs conditions de vie ces dernières 25 à 30 années. Les statistiques du gouvernement démontrent pourtant le contraire. D’abord, il ressort clairement que la plupart des allocataires (pensionnés, chômeurs,…) a connu un appauvrissement absolu. 21% des pensionnés sont officiellement sous le seuil de pauvreté et 39% des pensionnés ont une pension inférieure à 750 euros. En 1980, l’allocation moyenne de chômage représentait 41,6% du salaire brut moyen ; en 1999, cela avait diminué jusqu’à 27,9%. L’allocation d’invalidité moyenne était équivalente à 43,9% d’un salaire brut moyen en 1980, tandis qu’en 1999, ce chiffre avait baissé jusqu’à 33,3%.

    Il n’est donc pas surprenant que la pauvreté touche – malgré la croissance des richesses – de plus en plus de personnes. Aujourd’hui, elle représente 15% de la population alors que dans les années ’80, on parlait de quelques 6%. Une situation pareille est honteuse pour un pays soi disant « prospère ». Il faut y voir le résultat direct des attaques sur la protection sociale des divers gouvernements néo-libéraux, avec ou sans le PS, le SP.a ou les verts.

    Mais n’y a-t-il tout de même pas une couche aisée de familles avec deux revenus ayant quand même progressé?

    Les médias nous resservent régulièrement cette soupe. Le fait est qu’aujourd’hui, deux travailleurs sont nécessaires dans une famille pour préserver un certain niveau de vie, et cela en dit déjà beaucoup. En réalité, le pouvoir d’achat des salariés normaux a fortement reculé. Les coûts d’une maison ou les loyers, par exemple, ne se reflètent pas dans les augmentations salariales ou dans l’indexation. «L’index-santé» actuel est devenu une caricature face aux augmentations réelles des prix de beaucoup de produits. Comme le remarquent correctement beaucoup de gens : «Tout devient de plus en plus cher, mais nos salaires ne suivent pas».

    Déjà au début des années 1980, le gouvernement néolibéral de Martens a forcé une dévaluation de la monnaie et l’index a alors subi des manipulations. Entre 1981 et 1985, les salaires réels ont diminué de 13% à 21%, en fonction de leur catégorie. Depuis ce temps, le coût du logement a pris énormément plus de place dans le budget des ménages – parfois jusqu’à 1/4 ou plus du total – et le pétrole, les cigarettes,… ont été retirés de l’index.

    Il n’y a pas beaucoup d’études concrètes sur la chute du pouvoir d’achat de nos salaires, mais ce n’est probablement pas exagéré de l’estimer autour de 30 à 40%. Ceci correspondrait à l’expérience concrète de beaucoup de ménages qui ont besoin de 2 emplois ou d’un emploi et un temps partiel pour préserver un certain niveau de vie. En 1981, les salaires représentaient 59,2% de la production nationale. En 2006, cette partie était arrivée sous la barre des 50%. Et encore, les patrons trouvent que le coût salarial est trop élevé pour leur soif de profit insatiable !

    Le néolibéralisme a conduit à une augmentation énorme de la pression au travail et du stress, en combinaison avec une insécurité d’emploi croissante. Beaucoup de ces problèmes – en fait des problèmes sociaux, liés au capitalisme – se retrouvent au sein de la famille et n’ont certainement pas aidé à développer des relations harmonieuses entre partenaires ou entre parents et enfants. Mais quand un nouveau «drame familial» prend place, tout l’establishment jette les mains dans l’air. On les entend beaucoup moins parler des 17% de Belges qui, à un certain moment de leurs vies, sont confrontés à une dépression. Quant à la responsabilité de la politique néo-libérale dans tout cela (avec la disparition de la protection sociale,…), les médias n’en parlent pas.

    En Amérique Latine comme en Afrique ou encore dans les ex-pays du bloc de l’Est et même dans les pays capitalistes développés, la crise économique commencée au milieu des années ’70 a conduit à une paupérisation de la population. Toutefois, certains idéologues libéraux ont persisté jusqu’à aujourd’hui à affirmer que le marché «libre» a diminué la pauvreté dans le monde. Ils se basent sur des rapports des Nations Unies qui clament qu’en Asie «des centaines de millions de paysans» sont sortis de la pauvreté. Mais cet exemple Asiatique peut être critiqué. En fait, cette prétendue diminution de la pauvreté en Asie est seulement basée sur l’Inde et la Chine. En ce qui ce concerne l’Inde, la méthode de calcul a été modifiée dans les années ‘90. La soi-disante baisse du nombre de pauvres est un point fortement contesté, même entre «économistes du développement» qui ne remettent pas en doute le «libre» marché.

    La Chine est un cas spécial. Sur base de l’économie bureaucratiquement planifiée, le développement de l’agriculture a atteint ses limites dans les années ‘70. La bureaucratie en Chine a commencé à augmenter les prix pour les denrées produites par les paysans, ce qui a entraîné une croissance de la productivité. Beaucoup de paysans sont devenus un peu moins pauvres et sont tombés hors des statistiques des Nations Unies. Mais le fait que la Chine reste essentiellement dépendante des exportations pour sa croissance économique démontre qu’un marché interne n’a pas été créé. Officiellement, les campagnes chinoises sont un peu moins pauvres qu’auparavant. Mais la transition vers le capitalisme a signifié la mort du «bol de riz d’or» (la protection sociale chinoise) sur les plans de l’éducation, des soins de santé, de l’espérance de vie,… Si en Chine également les lois du capitalisme vont de plus en plus jouer, cela ne va que mettre encore plus en évidence – pour ceux qui n’en étaient pas encore convaincus – que combattre la pauvreté dans ce système est une illusion.

    La Chine a connu une forte croissance, précisément parce Le PSL/LSP, un parti pour changer de société 27 qu’elle est devenue «l’usine du monde». Cette position a seulement pu être acquise sur base d’une super-exploitation, du manque de législation sociale et de conditions qui rappellent le 19e siècle en Europe (ou pire encore).

    En conclusion: devenir riche aujourd’hui n’est en rien une question de chance ou d’intelligence. Dans la plupart des cas, cela veut simplement dire que, sur base de sa position de classe comme grand actionnaire ou propriétaire privé, il est possible de manœuvrer pour obtenir des parties sans cesse plus grandes de «travail gratuit». Dans ce processus, les gouvernements – qui aident à miner les salaires et les allocations, vident les contrats de travail et privatisent les services publics – sont les gentils petits toutous du capital.

    Avec leurs salaires, les politiciens sont certains de ne pas ressentir les conséquences de leur politique de casse sociale. L’insécurité croissante et l’absence de perspectives pour l’avenir ont favorisé l’arrivée d’une énorme méfiance vis-à- vis de «la politique» précisément parce qu’il ne s’agit pas d’une politique en faveur des travailleurs et de leurs familles. Ce développement amène aussi une plus grande volatilité lors des élections. La classe dominante possède beaucoup moins d’instruments stables pour pouvoir mener sa politique comparativement à la période de croissance extraordinaire qui a suivi 1945.

    Surproduction et crise économique

    Karl Marx a expliqué dans «Le Capital» comment la classe ouvrière reçoit une valeur (son salaire) qui ne correspond qu’à une partie de la valeur qu’elle produit elle-même (en biens et en services). Ce travail non-rémunéré est la base de la plusvalue des capitalistes. Les capitalistes peuvent acheter une partie des voitures, des machines à laver, des télévisions,… que les travailleurs produisent pendant la partie non-rémunérée de leur journée de travail et qu’ils ne consomment pas, mais ils ne peuvent acheter toute la production. Donc, à un certain moment, une surproduction ou capacité de surproduction survient inévitablement.

    Un autre facteur doit être pris en compte. Sous pression de la compétition, les capitalistes ont une tendance à investir de plus en plus dans de meilleures et de plus modernes machines. De cette façon, ils espèrent augmenter la productivité du travail, diminuer leurs prix et ainsi acquérir une plus grande part de marché. Le problème, c’est que seule la force de travail peut engendrer la plus-value. Les machines se déprécient pendant un nombre d’années calculable. En elles-mêmes, elles ne produisent pas de plus-value, uniquement représentée par le travail non-rémunéré de la classe ouvrière. Quand la plus-value reste égale, tandis que les coûts pour les machines et nouvelles technologies grandissent, le taux de profit (le profit par unité de capital investi) commence à baisser.

    Ces deux éléments ont été à la base, vers les années ‘70, de la fi n de la période de forte croissance économique. Les profits ont aussi été amoindris par un autre développement. Dans les ans ‘60 et jusqu’au milieu des années ’70, les travailleurs ont, dans la plupart des pays industrialisés, livré un combat acharné pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, mais souvent également avec des revendications portant sur un changement radical de société, avec les sommets atteints par mai ‘68 en France, la révolution des œillets au Portugal et la lutte contre le régime des colonels en Grèce. Le patronat et les gouvernements ont donc dû faire des concessions. En Belgique, par exemple, les salaires réels ont augmenté pendant plusieurs années durant cette période. Évidemment, cela a d’autant augmenté la pression sur les bénéfices de la classe dominante.

    Ces développements ont conduit à un point tournant fondamental pour l’économie capitaliste mondiale. Le taux de profi t était miné et la crise économique a causé, en 1974, une forte augmentation du chômage. Le chômage structurel de masse a dès ce moment été un élément permanent, malgré les diverses tentatives des gouvernements pour masquer et manipuler les statistiques. A ce moment, les bourgeois ont opté pour une politique néolibérale, après une première réaction qui a consisté à de nouveau injecter de l’argent dans l’économie, ce qui n’avait seulement produit que des augmentations de prix et de l’inflation.

    Le problème avec les solutions néolibérales pour rétablir le taux de profit, c’est elles conduisent toutes à terme à une crise plus profonde. Faire baisser le pouvoir d’achat des salaires directs et indirects (allocations de chômage, pensions,…), faire travailler les travailleurs plus durement et plus longuement pour le même salaire ou pour un moindre,… tout cela aggrave au final le fossé entre la production et le pouvoir d’achat des masses. Ce phénomène explique pourquoi les économies capitalistes ont également une tendance à connaître des crises de plus en plus graves depuis les années ‘70. Les montagnes de dettes que les gouvernements ont construit dès les années ‘80 ont d’ailleurs été autant de tentatives d’éviter une crise plus profonde et plus rapide. De même, ces dernières années, on a poussé les travailleurs à dépenser les salaires qu’ils n’avaient pas encore gagné (sur base de dettes, d’hypothèques, de différentes formes de crédits,…).

    Le problème n’est pas qu’il n’existe pas assez de richesses dans la société. Par contre, cette richesse est constamment plus invisible pour une majorité de travailleurs. Le taux de dettes des ménages belges a augmenté en 2005 vers le record de 43,1% du PIB. Il y a vingt années, il ne s’agissait encore que de 28,1%. Là où dans le passé une important portion des revenus pouvaient encore être épargnée – aux environs de 20% dans les années ‘80 – cela a également beaucoup diminué dans la période néolibérale. Pourtant, c’est avec cette épargne que de nombreux retraités évitent de sombrer dans la pauvreté.

    Ces dernières années, on remarque même que les capitalistes ont moins investi dans de nouvelles machines et technologies pour augmenter la productivité. Où pourraient-ils encore vendre tout ces produits sur un marché miné ? Ils tentent, au travers d’assainissements, de rassembler ou de garder des fonds chez les grands actionnaires ou alors les prêtent aux banques, ce qui est à la base d’une stratégie de fusions et de reprises. Ils veulent «devenir plus grands» en achetant d’autres entreprises, puis y faire plus de profits avec moins de gens en effectuant des économies d’échelle. Jan Marijnissen, le président du SP hollandais (à la gauche de notre PS) a convenablement qualifié ce phénomène de «capitalisme prédateur». Malheureusement, en tant que politicien réformiste, il croit encore qu’il peut domestiquer «l’animal prédateur».

    L’importance accrue des bourses et de la spéculation financière illustre la dégénérescence du capitalisme qui – à cause de la surproduction – investi moins dans la production réelle. A titre d’exemple, aux Etats-Unis, la part des institutions purement financières dans les profits a grandit de 10 à 15 % dans les années ’50 et ’60 jusqu’à 30 à 40% aujourd’hui.

    A son époque, Marx a mené une vive et intense polémique contre les socialistes utopiques et les anarchistes qui attaquaient les phénomènes visibles du capitalisme, mais ne voulaient pas mener une analyse approfondie du système pour voir quelles forces contradictoires étaient présentes.

    Marx a ainsi polémiqué contre ceux qui plaidaient pour des îlots «socialistes» dans un océan capitaliste comme les entreprises «socialistes» autogérées et les coopératives et/ou communes autogérées par des socialistes ou des anarchistes. Au contraire, il a démontré que le capitalisme engendre sa propre déchéance avec la création d‘un groupe croissant de travailleurs rassemblés dans de grandes unités de production.

    La bourgeoisie a, depuis le début de la crise au milieu des années ‘70, détruit une grande partie de l’industrie. En Belgique, elle a essayé de partiellement remplacer ces emplois en créant des emplois dans «le secteur tertiaire des services». Mais même dans des call-centers ou des PME’s, ces travailleurs ont vu leurs salaires et conditions de travail se détériorer. Les syndicats devraient considérer leur présence et les élections sociales dans les PME’s comme d’une importance majeure.

    Ignorer cela équivaut à laisser l’opportunité à la bourgeoisie d’affaiblir notre lutte. De plus, cela pousse les couches non-organisées de notre classe en direction de solutions individuelles – de fausses solutions – et les rend plus perméables à la vague de propagande droitière contre les grèves.

    Concurrence capitaliste… ou socialisme mondial ?

    En 1848, quand Marx a écrit le «Manifeste du Parti Communiste», la classe des travailleurs salariés n’était même pas encore une majorité dans la société sur le continent européen. Ce qui est particulièrement brillant dans le «Manifeste du Parti Communiste», c’est que l’estimation de la tendance générale du mode de production capitaliste était correcte. Le capital était destiné à conquérir le monde à cause de sa soif d’accumulation et de production de profits.

    Observons la situation telle qu’elle se présente actuellement. En septembre 2007, Janssen Pharmaceutica a annoncé le licenciement de 688 de ses travailleurs. Parmi eux se trouvaient aussi 194 de chercheurs hautement qualifiés. Un délégué syndical du Setca a fait remarquer dans la presse: «Janssen Pharmaceutica a réalisé l’année passé un profit de 250 millions d’euros. Tous ces licenciements sont-ils nécessaires? Ou est ce que Johnson & Johnson (l’entreprise mère, NDLR) veut prendre un chercheur en Inde pour chaque place perdue ici ?»

    En 2006, un autre géant belge, Inbev, a décidé de délocaliser une partie de son administration vers des pays meilleur marché: la Tchéquie et la Hongrie. L’année précédente, Inbev avait fait un profit de 1 milliard d’euros. Les grandes entreprises sont aujourd’hui des «joueurs mondiaux» à la recherche de la production la plus rentable partout à travers le monde. De grandes parties du monde néo-colonial sont trop instables pour cela, à cause du niveau d’instruction très bas et des structures gouvernementales corrompues. Mais, heureusement pour les maîtres du monde capitalistes, il y a encore les nouveaux Etats membres de l’Union Européenne, l’Inde ou encore la Chine où ce qui reste de la bureaucratie stalinienne garde un oeil sur les travailleurs.

    La délocalisation révèle de façon aiguë de quelle manière les systèmes de productions capitalistes, depuis le temps de Marx et du «Manifeste du Parti Communiste», sont inter-connectés sur le plan mondial. En même temps, on ne saurais mettre en avant un meilleur argument en faveur de la nécessité de l’organisation internationale des travailleurs. Le PSL/LSP et son organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, perpétuent une tradition de solidarité internationale. Sinon, quelle est la norme? Les salaires et conditions de travail de Pologne? Ou alors ceux de Chine? Les travailleurs doivent résister et s’organiser contre cette spirale négative.

    Les besoins de la classe ouvrière se heurtent à la dictature des grands actionnaires. Pour ce club, beaucoup de profits ce n’est pas encore assez. La rentabilité est relative et la concurrence renforce ce processus. Des actions baissent de valeur ? Les «assainissements» sont, dans ce système concurrentiel, la seule réponse. Ce ne sont pas seulement les ouvriers industriels qui ont à craindre la «logique» folle du capitalisme, mais aussi des employés et de chercheurs hautement qualifiés.

    Comme Marx l’avait déjà démontré, le marché capitaliste traverse les frontières et mène à des tensions commerciales et à des guerres. Si, grâce à la force potentielle du mouvement ouvrier en Europe ou aux Etats-Unis, les pays capitalistes développés sont aujourd’hui épargnés, ce n’est pas le cas du monde néo-colonial.

    Regardons l’intervention de Bush en Irak. Même Alan Greenspan, l’ancien chef de la FED (la Banque centrale américaine), admet maintenant que le motif de la guerre en Irak était «principalement la protection du transfert du pétrole». La seule «moralité» du capital est son chiffre d’affaires. La «lutte pour la démocratie» est seulement une façade pour l’impérialisme, derrière laquelle se cachent les profits des grandes entreprises. Seul le mouvement ouvrier a un intérêt à maintenir et à élargir les droits démocratiques.

    Un conflit commercial existe aussi entre les Etats-Unis et la Chine qui importe des produits bon marché aux Etats-Unis. De leur côté, plusieurs pays d’Amérique Latine essaient de faire des accords de commerce entre eux afin de contrer quelque peu l’influence de l’impérialisme, surtout américain. En Europe, les bourgeoisies nationales ont tenté de limiter la compétition entre elles par l’introduction de l’euro et la création de la Banque Centrale Européenne. Une crise fondamentale du système liée à des révoltes ouvrières vont pousser les bourgeoisies nationales les plus faibles vers la sortie. Ce développement va à terme casser la zone euro et l’Union Européenne, avec seulement la persistance d’un noyau dur.

    La production capitaliste tente de surpasser les frontières, mais elle se heurte toujours au carcan de l’Etat-nation. La propriété privée des moyens de production et l’Etat-nation sont des formes sociales dépassées. Elles doivent être remplacées par une économie démocratiquement planifiée et par le socialisme mondial.

    La majorité de la classe ouvrière et l’avant-garde

    Sur base des lois générales du développement du capitalisme analysées plus haut, Marx a mis en avant la nécessité d’une société socialiste, une société harmonieuse de producteurs et de consommateurs où la production n’est pas dirigée vers les profits d’une petite minorité, mais vers les besoins de chacun.

    Selon Marx, la classe ouvrière est la seule classe capable de réaliser cela au vu de son rôle dans la production. C’est de là que découle sa stratégie visant à essayer de gagner la majorité des travailleurs pour un programme socialiste. En contradiction avec les anarchistes – avec Bakounine, leur plus éminent représentant à ce moment – qui voulaient rendre les travailleurs «conscients» au travers d’actes terroristes, Marx pensait que seule une majorité consciente de la classe ouvrière serait capable de mener une transformation socialiste de la société.

    Le terrorisme, comme l’ont toujours expliqué les socialistes de Marx à Trotsky, est l’arme du petit-bourgeois désespéré ou du «prolétaire en haillons» non-organisé. Ces éléments n’ont pas de confiance dans le mouvement de la masse de la population. Ils essaient, en tant que petite minorité, de forcer le développement de la société. Une révolution socialiste peut seulement aboutir si elle est soutenue par la majorité de la population: la classe ouvrière.

    Bien sûr, entre la constatation de ce qui est objectivement nécessaire – gagner la majorité de la classe ouvrière pour un programme socialiste – et effectivement atteindre cet objectif, il y a encore beaucoup d’obstacles. Tous les travailleurs ne montrent pas le même degré d’initiative. Parmi les travailleurs comme parmi les jeunes, il y a des individus actifs qui sont ont un rôle décisif pour la réaction de groupes plus larges de travailleurs et de jeunes. C’est surtout cette «avant-garde» qui doit dans un premier temps de radicalisation être gagnée à un programme socialiste. Ce n’est qu’à travers celui-ci qu’il est possible de plus tard atteindre et gagner les couches plus larges. En somme, un parti révolutionnaire doit d’abord s’orienter vers l’avant-garde, la partie la plus active et consciente des travailleurs et des jeunes, afin d’atteindre ensuite sur cette base les couches plus larges. Mais il est très important de ne pas isoler cette avant-garde des couches larges avec un programme ultra-gauchiste, mais d’adopter un programme de transition qui offre la possibilité d’entrer en dialogue avec ces couches larges.

    Sous le stalinisme, cette option stratégique a été déformée pour servir les intérêts d’une bureaucratie. Vu l’isolement de la Révolution dans le pays industriellement et culturellement arriéré qu’était la Russie de 1917, une vieille couche de carriéristes a pu envahir le Parti Communiste. Cette couche de carriéristes était principalement constituée de personnes capables de lire et d’écrire, souvent déjà fonctionnaires sous l’ancien régime tsariste. Ils n’avaient évidemment pas fait la révolution (et pour la plupart était même contre). Sous le régime de Staline, ce groupe social a transformé le Parti Communiste en un instrument taillé en fonction de ses propres intérêts bureaucratiques. Tous les éléments de démocratie ouvrière qui existaient encore ont été abolis.

    Pour la bureaucratie, il n’était plus nécessaire de gagner l’avant-garde. Au contraire, les staliniens se sont proclamés eux-mêmes l’avant-garde et ont défini leur parti comme celui de l’avant-garde. Cette approche élitiste a sérieusement discrédité l’idée de gagner les couches les plus conscientes des travailleurs et des jeunes. En réalité, les staliniens ont rompu avec la stratégie qui a été proposée par Marx. Ils ont déformé ses idées pour servir leurs propres objectifs bureaucratiques.

    Des perspectives comme guide pour l’action

    Marx a dévoilés les lois générales du développement du capitalisme et les tâches stratégiques les plus importantes. Ces lois générales de mouvement ainsi que la lutte entre les travailleurs et le capital ne se déroulent pas de façon linéaire. Des moments de progrès et de recul se succèdent.

    Pour une organisation révolutionnaire, il n’est pas seulement nécessaire d’étudier le mouvement général à long terme, mais aussi d’estimer comment les choses vont se développer à court et à moyen terme. C’est sur base d’une telle analyse qu’on peut déduire les tâches concrètes pour aujourd’hui et demain.

    Prenons une comparaison connue. Sur base du nombre potentiel de spectateurs et des réserves financières, on peut en déduire qu’une équipe de football d’un pays riche a plus de chances d’avoir un bon résultat en compétition qu’une équipe d’une petite ville, avec moins de revenus issus des spectateurs et de la publicité. On pourrait appelé cela une «loi de mouvement général».

    L’équipe qui se base seulement sur cette loi de mouvement général et ne se force pas trop ne va pas aller bien loin malgré son futur prometteur. Il est nécessaire que l’équipe comprenne aussi ce qu’elle a à faire aujourd’hui. Si l’équipe joue contre une équipe offensive, elle devra jouer d’une autre façon que contre une équipe avec une attitude défensive. Autrement dit, l’équipe devra aussi estimer à court terme le jeu de l’adversaire et sur cette base décider d’une tactique afin de remporter le match.

    L’idée quelle pourrait acheter quelques nouveaux joueurs l’année prochaine ne changera rien au résultat d’aujourd’hui. De plus, une défaite aujourd’hui aurait aussi un effet sur le nombre de spectateurs et la publicité à l’avenir. Une bonne équipe, donc, n’a pas seulement besoin d’une stratégie à long terme, mais doit aussi estimer tactiquement le jeu de l’adversaire à court terme. Sinon, les bonnes perspectives pour le futur pourraient être transformées en son contraire assez rapidement.

    Pour une organisation révolutionnaire aussi, il est important d’estimer les rapports de forces de façon correcte, d’analyser les développements à court terme et d’élaborer sur cette base une approche tactique. Mais l’adversaire peu aussi essayer de jouer sur la surprise est décider de jouer d’une autre façon. De la même manière, les perspectives d’une organisation révolutionnaire ne sont pas des prévisions exactes, mais une tentative d’estimer les développements de la façon la plus correcte possible, à court et moyen terme, afin d’y ajuster tactiques et objectifs de façon systématique.

    Par exemple, le lancement de Blokbuster, notre campagne antifasciste flamande, a pris place, comme cela a déjà été mentionné, quelques mois avant la percée du Vlaams Blok lors des élections de 1991. Nous avions mis en avant la perspective que, malgré la croissance économique de cette époque, une couche importante de la population des villes connaissait un recul de leur niveau de vie. Une victoire du Vlaams Blok allait probablement provoquer une certaine radicalisation parmi une couche de jeunes. Sur base de ces perspectives correctes, les précurseurs du PSL/LSP ont posé les fondations de la construction d’une organisation révolutionnaire et d’une tradition antifasciste encore largement respectée aujourd’hui.

    Perspectives et tactiques

    Dans les années ’70 et au début des années ’80, il y avait encore une large conscience socialiste auprès d’une couche importante de travailleurs et de jeunes. L’idée qu’il y avait une alternative au capitalisme, même sans être claire à 100% sur ce que représentait cette alternative dans les détails, était acceptée par un groupe important de travailleurs et de jeunes. Durant cette période, les marxistes avaient surtout à confronter leurs points de vue spécifiques avec les réformistes sociaux-démocrates et les staliniens.

    La chute des régimes staliniens et le processus de bourgeoisifi cation de la social-démocratie ont miné cette conscience «socialiste». Aujourd’hui, le rôle des marxistes ne se limite plus à défendre leurs positions contre celles des dirigeants sociaux-démocrates et de ce qui reste des staliniens. Notre tâche est aussi de propager l’idée générale du socialisme.

    De là découle l’appel tactique du PSL/LSP pour un nouveau parti de masse des travailleurs indépendant de la bourgeoisie où tous les courants et individus qui résistent à la politique néolibérale seraient les bienvenus. Cet appel pour un nouveau parti des travailleurs date déjà de 1995. Les membres du PSL/LSP étaient dès lors préparés pour des initiatives comme celle du CAP, le Comité pour une Autre Politique qui avait le potentiel d’aller dans la direction d’un tel nouveau parti des travailleurs, sans toutefois avoir pu y parvenir.

    Nous sommes convaincus que seul un programme socialiste achevé – une économie planifiée et la démocratie ouvrière – peut résoudre les problèmes quotidiens de l’emploi, de la pression au travail, de la chute du pouvoir d’achat, de la crise du logement, de l’éducation plus chère, de la destruction du climat,… Mais nous voulons discuter de cela de façon ouverte avec des couches plus larges de travailleurs, sans mettre en avant des ultimatums comme les groupes gauchistes.

    Mais nous ne pensons pas qu’un nouveau parti des travailleurs ne peut pas avoir comme objectif principal ou pré-condition d’unifier tous les groupes de la gauche radicale. Tout ces courants n’ont pas la même vision de la manière de construire une alternative de gauche, ni la même orientation vers les couches larges de travailleurs, ou encore n’ont pas les mêmes méthodes ouvertes pour arriver à une nouvelle formation. La première tâche des initiatives qui veulent aller en direction d’un nouveau parti des travailleurs est de gagner des couches fraîches de travailleurs et de jeunes à travers des campagnes vers les lieux de travail, les piquets de grève, les quartiers, les écoles et les universités. Au plus il existera de réels courants de gauche voulant participer de façon constructive à ce projet, au mieux cela sera selon le PSL/LSP. Mais, selon nous, il y a une différence fondamentale entre la «recomposition de la gauche» et le lancement d’un nouveau parti des travailleurs.

    Pour le PSL/LSP, des nouveaux parti larges des travailleurs sont des instruments importants pour avoir, à nouveau, une organisation de base, pour donner une voix à la lutte des syndicats sur le terrain national et politique, pour rassembler des travailleurs et des jeunes qui auparavant étaient isolés, pour élever la conscience sur le rôle du capitalisme, et pour entamer la discussion sur une société démocratique et socialiste.

    Mais les partis larges de travailleurs ne sont pas immunisés à la pression idéologique et matérielle de la bourgeoisie, comme cela peut déjà se remarquer au niveau international. En Italie, Rifundazione Comunista (RC) a participé au gouvernement néolibéral de Romano Prodi. RC était une scission du vieux Parti Communiste stalinien. Ce parti a adopté une position plus ouverte et se tenait à distance des dictatures de l’ancien bloc de l’Est. Dans les années ’90 déjà, RC avait des dizaines de milliers de membres et pouvait mobiliser, sur ses propres forces, une masse de gens dans les rues.

    Les dirigeants de ce parti tenaient malheureusement au capitalisme. Vu la crise actuelle de ce système, il n’y a presque plus de marges sociales pour acquérir des améliorations sociales permanentes. De nouveaux partis des travailleurs sont beaucoup plus vite confrontés au choix de s’adapter au marché capitaliste et ainsi mener une politique de casse sociale néolibérale, ou de rompre avec ce système et alors se battre pour une transformation socialiste de la société. En clair: réforme ou révolution. Malheureusement, la direction de RC a choisi les postes parlementaires et le carriérisme. Une crise profonde dans RC en a été le résultat, et l’aile droite du parti a dû partir. Il est aujourd’hui assez peu clair de voir dans quelle direction va évoluer RC et si ce parti pourra se débarasser du discrédit de sa participation gouvernementale.

    Le SP, en Hollande, avec des dizaines de milliers de membres Le PSL/LSP, un parti pour changer de société 31 sur papier, présente lui aussi une pensée anti-néolibérale. Ce parti était une alternative au PVDA social-démocrate devenu néolibéral. Mais au sein du SP également, un processus similaire à celui de RC en Italie s’est développé. La direction du SP a dans le passé laissé entendre qu’il était ouvert pour des coalitions même avec le CDA, un parti ouvertement à droite (si toutefois ce dernier devenait un peu plus social). Sur le plan local, le SP participe à des coalitions qui ont mené des privatisations. Il y a beaucoup de mécontentement au sein du SP sur l’absence de démocratie interne. Les vieilles méthodes maoïstes et le parlementarisme de la direction du SP jouent un grand rôle dans ce processus. Plus de 1.000 personnes auraient, à cause des ces problèmes internes, déjà montré un intérêt dans le lancement d’un nouveau parti vraiment socialiste et démocratique. On doit encore voir si la direction de cette nouvelle initiative va mettre en avant les mêmes objectifs, mais la chasse aux sorcières contre les éléments les plus à gauche dans le parti a déjà commencé. Selon le PSL/LSP, il y a un lien entre la forme que revêt une organisation et le programme politique. Si il veut défendre les intérêts des travailleurs et pas ceux d’une élite du parti qui vise des postes parlementaires, un parti doit véritablement fonctionner de façon démocratique.

    En Allemagne, Die Linke, avec Oskar Lafontaine, atteint parfois 15 % dans les sondages. C’est une confirmation du vide politique existant à gauche. Le fait que Lafontaine, comme Chavez, fait des références au «socialisme du 21ième siècle» est très positif. La défense des grèves et des grèves générales marque aussi un pas en avant important. Die Linke peut commencer à organiser une nouvelle génération contre la casse sociale néolibérale. Mais l’alternative de Die Linke reste malheureusement limitée. Le programme du parti défend une sorte d’économie capitaliste mixte, avec un plus grand rôle pour le gouvernement au lieu de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs. En même temps, Die Linke peut être discrédité par sa participation au conseil néolibéral de Berlin, par exemple avec les empois «1 euro» (un euro par heure en plus d’une allocation de chômage déjà très basse). Le parti court le danger d’être vu comme complice des mesures antisociales.

    Selon le PSL/LSP, on peut seulement participer aux conseils locaux sur base d’une majorité socialiste en menant la lutte et en mobilisant les gens dans la rue pour plus de moyens financiers de la part du gouvernement central avec le but d’élaborer un «budget des besoins» qui représente une rupture visible et importante avec la politique néolibérale. C’est ce que nos camarades ont fait à Liverpool dans les années ‘80, alors qu’ils étaient l’aile gauche marxiste du Labour Party, la parti travailliste. Cela doit impérativement être lié à l’idée qu’un changement fondamental n’est possible qu’en brisant, sur le plan national et international, le pouvoir des grandes entreprises et en mettant en place une démocratie ouvrière.

    Le PSL/LSP pense donc qu’il y a une double tâche pour les socialistes révolutionnaires: défendre l’idée d’un nouveau parti des travailleurs, aider activement au lancement d’un tel parti afi n d’établir à nouveau les idées générales de lutte et socialisme, construire en même temps notre propre courant révolutionnaire afin de mettre en avant un programme révolutionnaire achevé et, avec d’autres socialistes, combattre l’influence des bureaucrates et des carriéristes – et leurs idées et méthodes de droites – au sein du nouveau parti. Très certainement dans une situation de victoires électorales, le danger existe que ces couches voient un nouveau parti non pas comme un instrument pour changer de société, mais comme un outil pour acquérir un poste confortable au Parlement.

    Un nouveau parti des travailleurs a donc intérêt à avoir une forte aile gauche marxiste afin de donner le plus de poids possible aux points fondamentaux tels que la démocratie interne et un véritable programme socialiste (ou en tout cas les éléments les plus importants d’un tel programme). Sur base de discussions et de l’expérience en commun, nous espérons à terme convaincre la majorité, aussi dans la société, de notre programme révolutionnaire socialiste.

    Perspectives et objectifs

    Elaborer des perspectives, stratégies et tactiques est une chose, mais tout cela ne vaut rien sans être lié à des tâches et objectifs concrets. Tout comme un entraîneur d’une équipe de football qui, dans le cadre de la stratégie et de la tactique déterminée collectivement, va voir comment chaque joueur peut individuellement contribuer sur base des ses qualités et de ses faiblesse, de la même façon, une organisation révolutionnaire socialiste doit faire le maximum pour utiliser toutes ses qualités et vaincre ses faiblesses.

    On ne doit pas mettre en avant des tâches et des objectifs – par exemple pour la vente du journal, la récolte de soutien financier ou le recrutement de nouveaux membres – impossibles à atteindre. On doit motiver les membres pour atteindre un objectif qui est dans leurs capacités. Ce qu’on fait, on doit bien le faire, sans essayer d’en faire beaucoup trop, en mettant en avant des objectifs à chaque niveau, et finalement pour chacun individuellement en s’assurant que toutes les capacités soient utilisées de façon optimales.

  • Les opportunités de la crise

    Avec les derniers développements de la crise économique capitaliste, l’ambiance médiatique générale est anxiogène. Fort de ce constat, certains médias ont décidé de prendre le contre-pied de la morosité ambiante et de voir la crise comme une opportunité…

    Par Alain (Namur)

    Le Soir a publié plusieurs articles sur le thème : c’est la crise, tant mieux. Ce thème iconoclaste se voulait dépasser le négativisme généré par les mauvaises nouvelles qui tombent chaque jour du front économique. Pour exemple, le FMI a revu encore à la baisse ses prévisions de croissance pour la Belgique : de -1,9% la prévision est passée à -2,5% et la banque ING annonce -2,7%… Cela signifie que le déficit budgétaire qui s’établissait à 12 milliards d’euros va encore augmenter. Malgré cela, le Soir a présenté une vision résolument optimiste basé essentiellement sur les discours de managers du type : derrière chaque situation quelle qu’elle soit, il y a une opportunité… On ne peut qu’être déçu de la faiblesse en termes de contenu des dossiers présentés. À lire les articles, on comprend que le choix éditorial a été effectué par des personnes qui n’ont pas peur de perdre leur emploi ou de voir leur condition de vie se dégrader.

    Mais les autres médias n’ont pas été en reste, RTL-TVI a actuellement une campagne «RTL-positive» qui vise à promouvoir des gens qui font « charité » autour d’eux ou qui par leurs actions mettent un peu de lumière dans ce sombre monde.

    Nous n’avons bien entendu rien du tout contre la solidarité. Mais la charité a ses limites. Il est plus que temps pour la classe ouvrière de s’organiser parce que vivre de charité, ça ne rempli ni bien, ni éternellement le frigo. Il faut dès à présent organiser une marche nationale pour l’emploi afin de résister à la tentative de la bourgeoisie de nous faire payer la crise. Mais cette lutte, les médias acquis au système n’en veulent pas.

    C’est sympathique de la part de la presse de tenter de nous remonter le moral, ajoutons tout de même néanmoins un petit bémol à cette altruisme médiatique…

    Dans son livre : On achète bien les cerveaux, la publicité et les média, Marie Bénilde nous apprend qu’en 10 ans, les dépenses publicitaires ont augmenté de 10 milliards d’euros (chiffre pour la France). En Belgique, le budget annuel pour la publicité est de 9 milliards d’euros. Le secteur de la communication est souvent le premier poste de dépense des entreprises après les salaires. Il est salutaire de se rappeler en cas de doute cet extrait de discours de Patrick Le Lay qui était en 2004 PDG de TF1 : «A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit(…). Or pour qu’un message soit perçu il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible (…). Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible».

    Avec les découvertes récentes sur le cerveau humain et le développement de l’imagerie cérébrale, le neuromarketing a pu faire des bons en avant. Ceci a un impact direct sur les contenu des médias quel qu’il soit. Afin de rendre son "produit" attractif, le média qui vend des espaces publicitaires doit faire attention à « l’environnement programme ». Afin de préparer le cerveau humain à la réceptivité, il faut privilégier les contenus et les formes qui surexpriment l’émotion cela afin de ne pas mettre en éveil le côté rationnel qui pourrait nuire à la réception du message publicitaire. Sans que cela soit affirmé de manière irréfutable, les études menées à ce sujet, conduisent à penser que lorsqu’un individu est placé dans un contexte émotionnellement positif il est plus réceptif au message publicitaire.

    C’est là que les bonnes intentions sont démasquées. La campagne de RTL comme celle du Soir sont une aubaine pour les annonceurs, en effet un message positif est placé à des endroits stratégiques : entre le journal et la météo pour la télé et dans les premières pages pour le Soir. Cela met le consommateur potentiel dans de bonnes conditions pour absorber le message publicitaire.

    Cette manière de procéder du monde publicitaire et des médias ne peut que mériter notre mépris, cela justifie d’autant plus le besoin d’une presse et de médias des travailleurs. Cela pose aussi la question de la recherche scientifique. En effet allons-nous laisser les magnifiques découvertes de la science aux mains du secteur privé ? Il faut que la recherche scientifique bénéficie à l’ensemble de la population et pas le contraire. Il faut donc mettre l’entièreté ce secteur sous contrôle public.

    Les élections européennes et régionales vont être l’occasion de discuter largement de ces thèmes et de populariser l’idée d’un nouveau parti des travailleurs qui serait le relais des aspirations de la classe ouvrière. Ce parti aurait comme première tâche de défendre les intérêts et la vision de notre classe contre tout ceux qui voit la crise comme un moyen de s’enrichir encore et encore sur nos dos.

  • Luttons ensemble pour l’emploi

    32 h / semaine avec embauche compensatoire et sans perte de salaire !

    En quelques mois, la sauvegarde de nos emplois est devenue la principale préoccupation de beaucoup d’entre nous. Les licenciements se succèdent et la crise a maintenant un visage: chacun connaît quelqu’un dont l’emploi est menacé ou qui l’a déjà perdu. En réponse, les patrons veulent élargir le chômage économique aux employés… Certains dirigeants syndicaux sont prêts à en discuter. Mais quand vont-ils commencer à réfléchir à une stratégie syndicale offensive ? On ne va quand même pas devoir aller comme des moutons à l’abattoir?

    Par Peter Delsing

    Le nombre d’entreprises qui recourent au chômage économique partiel pour leurs travailleurs augmente. C’est une grosse morsure dans le budget des ménages, déjà bien amoché par le retard que les salaires ont pris sur l’évolution du côut de la vie ces dernières années. Les familles peuvent encore à peine épargner. Les factures, elles, continuent d’arriver.

    Les pertes d’emplois font les gros titres des journaux. Chaque jour amène sa fournée d’annonces. C’est par dizaines, voire par centaines, que les emplois sautent. Chez DAF à Westerlo (construction de camions), 753 emplois temporaires ont été supprimés, ce qui n’a pas empêché la direction d’annoncer une nouvelle vague de licenciements de 801 ouvriers et 73 employés. La Flandre paye le prix fort pour la grande flexibilité imposée à ses travailleurs par rapport à la Wallonie, où les syndicats sont plus forts et plus combatifs. Le chômage économique n’est pas une solution, les patrons peuvent abuser de cette mesure pour imposer encore plus de flexibilité aux travailleurs restants et aux “chômeurs” provisoires.

    Selon la KBC, 140.000 emplois seront tout bonnement rayés de la carte en 2009 et 2010 en Belgique. L’organisation patronale flamande Voka affirme de son côté que le gouvernement a sous-estimé la déglingue de l’économie et parle de 100.000 emplois en moins uniquement pour cette année. Au niveau européen, il serait question de 4,5 millions d’emplois perdus en 2009… Face a une telle vague de licenciements, il ne peut être question que de réponse collective.

    Dans d’autres pays, on a déjà compris que les travailleurs sont plus efficaces en action commune qu’isolés les uns des autres. En Irlande, 120.000 syndicalistes ont manifesté contre les attaques du gouvernement et pour la défense de l’emploi (la plus grande manifestation des syndicats dans ce pays depuis 30 ans.) En France, 3 millions de Français ont manifesté le 19 mars contre le gouvernement de Sarkozy. C’était la deuxième journée de grève nationale couplée à des manifestations dans tout le pays.

    Pourquoi donc les dirigeants syndicaux belges n’appellent-ils pas à suivre cet exemple ? Des actions symboliques ne vont pas mettre beaucoup de pression sur les patrons et le gouvernement… Le temps des discours est derrière nous! Nous avons besoin d’un appel pour une grève générale nationale de 24 heures, préparée par une sérieuse mobilisation dans la société et couplée à une manifestation massive pour l’emploi. Cela peut par exemple se faire dans le cadre de la mobilisation internationale de la Confédération Européenne des Syndicats de ce vendredi 15 mai à Bruxelles.

    Au lieu de laisser chaque jour apporter son lot de licenciements, nous devons tous ensemble descendre dans la rue ! Nous devons réclamer l’ouverture des comptes des entreprises qui licencient : qu’ont-elles fait de leurs bénéfices ? Il faut revendiquer la nationalisation des entreprises qui licencient collectivement et exiger la semaine de 32 heures avec embauche compensatoire et sans perte de salaire! Nos emplois et nos revenus, l’avenir de nos enfants, sont plus importants que leurs profits! Si le capitalisme ne peut pas garantir notre niveau de vie, nous devons lutter pour la gestion collective des richesses, lutter pour une autre société, une société socialiste.

  • La Flandre se droitise-t-elle définitivement ?

    Liste Dedecker à 16%, Vlaams Belang à 15%,…

    La liste Dedecker connaît une forte croissance au nord du pays. Dans les sondages de ces derniers mois, elle est au coude à coude avec le Vlaams Belang et le dépasse même: le Vlaams Belang est à 15% tandis que la liste Dedecker fait 16%, loin devant les socialistes et les Verts. Le Belang est donc détrôné du Top 3 des grands partis flamands (qui réunit maintenant le CD&V, l’Open VLD et la LDD). Si ce score se confirme aux régionales de juin, la LDD aurait ainsi doublé ses voix par rapport au score réalisé aux fédérales de juin 2007.

    Jean-Marie Dedecker, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale de Judo, est célèbre depuis longtemps pour son caractère bien trempé. Sa liste ne tient d’ailleurs en majeure partie que sur son aura ainsi que sa rhétorique anti-establishment. Ses attaques contre la gestion politique actuelle font écho à la colère et au ressentiment largement présents dans la population.

    Quoiqu’en disent les nombreux discours sur la Flandre riche et dynamique, tout le monde n’en profite pas : le chômage atteint 6,8% et est en augmentation rapide, particulièrement parmi les jeunes ; 11% des Flamands (soit 647.000 personnes) vivent en dessous du seuil de pauvreté, l’emploi précaire et à temps partiel a fortement augmenté ces dernières années,… Et la crise est déjà en train de mettre à mal la « réussite flamande ». Les partis traditionnels n’ont aucune solution concrète à proposer, une aubaine qu’exploitent le Vlaams Belang et la Liste Dedecker. Mais hors de question pour eux de s’attaquer à la politique socio-économique des partis établis, ils vont eux-mêmes beaucoup plus loin dans les attaques contre les acquis du mouvement ouvrier. Il ne reste plus donc qu’à se démarquer par la surenchère communautaire, l’anti-élitisme et l’exacerbation de la haine raciste.

    Au niveau électoral, le Vlaams Belang a perdu beaucoup de voix au profit de la liste Dedecker. Cela démontre que les voix du VB n’étaient pas un vote d’adhésion totale à ses idées extrémistes, ce que nous avons toujours expliqué. Depuis les années ‘90, la part d’électeurs flottants (ceux qui font du «shopping électoral» et votent souvent de façon différente d’élection en élection) a augmenté, particulièrement en Flandre. Dans les partis traditionnels, cela a renforcé les stratégies de communication orientées vers «l’homme de la rue» qui privilégient les hommes plutôt que les idées et les programmes. Tout cela a ouvert la voie au populisme. Ce populisme est un élément plus important pour le VB que son programme politique radical.

    La liste Dedecker affirmait encore l’an dernier vouloir gouverner avec le Vlaams Belang. Cette année, leur préférence va vers le CD&V et l’OpenVLD, soit les deux plus grands partis flamands. Une participation gouvernementale ne changerait rien au programme bleu foncé de la Liste Dedecker, mais l’exercice du pouvoir à long terme conduira inexorablement au déclin électoral de celle-ci, qui a un programme socio-économique encore plus agressif vis-à-vis des travailleurs et des allocataires sociaux que celui des partis traditionnels (elle veut encore augmenter les baisses de charge pour les patrons, limiter les allocations de chômage dans le temps, ne plus indexer les salaires que sur base du net et non du brut,…) . Une bonne performance de la LDD pourrait par contre mener à une nouvelle droitisation du Vlaams Belang et à la radicalisation de certains groupuscules néofascistes liés au Vlaams Belang comme Voorpost, le NSV, la NSA,…

    Et en Belgique Francophone ?

    Le danger du populisme de droite n’existe pas qu’au nord du pays. Le mécontentement contre la politique traditionnelle existe aussi et est illustrée par le fait qu’un parti-fantôme comme le FN (sans structure, sans véritables militants, sans travail réel,…) arrive tout de même à dépasser les 5% sans rien faire. Le problème qui se pose à un populiste de droite est qu’il doit se faire remarquer au maximum tout en s’assurant un soutien populaire avec des propositions unilatéralement favorables aux riches ! Dedecker parle ainsi le moins possible de son projet socio-économique et attaque le plus possible les autres partis. Ce ne sont pas les occasions qui manquent en Wallonie après les différents scandales qui ont récemment égratigné les partis établis (et pas seulement le PS).

    On a beaucoup parlé de Rudy Aernout et de son LiDé, mais il s’y est pris comme un manche. Lui qui était déjà plus vu comme un technocrate que comme le « bon pote avec qui boire une chope » (ce qui est un peu l’image de Dedecker) a ouvertement parlé en long et en large de son programme socio-économique de droite avec des attaques contre les chômeurs (qui tombent mal à un moment de crise économique) saupoudrées de blagues douteuses sur la misère des gens. Et en termes d’anti-establishment, là aussi, il a fait fausse route et n’a pas mis longtemps avant de rejoindre le MR.

    Aernout a pu bénéficier d’une large couverture médiatique, mais ses méthodes malhabiles et ouvertement opportunistes ne lui ont apporté qu’un extrêmement faible 0,4% d’intentions de vote dans le premier sondage où il était question de lui. Cela ne signifie aucunement que le danger est écarté. Tant qu’aucune force de gauche ne saura orienter le mécontentement de la population vers une lutte active et collective contre les vrais responsables de la misère (les patrons, les actionnaires et les politiciens traditionnels), une force populiste aura toujours un espace pour se développer.

  • Le chômage explose, les revenus de Mr. Mittal aussi

    Si, malgré la crise et le chômage, vous espérez mener la belle vie et palper rapidement quelques millions d’euros, il semble que le plus simple est d’acheter un billet à l’Euromillion. Vous devriez plutôt essayer de devenir patron d’ArcelorMittal. Même si tout s’écroule autour de vous, vous pourriez quand même empocher 500 millions d’euros en 2009.

    Par Jean Peltier

    Le secteur de l’acier a été un des premiers secteurs industriels touchés par la crise. La production mondiale avait atteint un record historique de 1,3 milliards de tonnes en 2007 et il semblait possible de l’égaler en 2008… jusqu’au moment où les effets de la crise financière ont atteint de plein fouet l’industrie. Depuis lors, la demande est en net recul et la production en chute libre : – 25% en décembre dernier. Partout, les grands groupes sidérurgiques mettent leurs entreprises une après l’autre au ralenti ou carrément à l’arrêt. En moyenne, des outils qui frôlaient la surchauffe il y a encore huit mois ne tournent plus en moyenne qu’à 50% de leurs capacités.

    Si aujourd’hui ArcelorMittal n’a encore planifié aucune fermeture définitive en Belgique, tous les investissements sont gelés et la direction a décidé d’accélérer l’application du plan « Speed Up » qui doit permettre d’épargner 250 millions d’euros. Ici comme ailleurs, la vraie question est : qui va payer ? Et la réponse des patrons d’ArcelorMittal n’est évidemment pas différente de celle des autres patrons.

    La première fournée de mesures a été la mise au chômage technique partiel de milliers d’ouvriers, des plans de départs volontaires pour les employés (puisque ceux-ci ne peuvent pas être mis au chômage technique, au grand déplaisir des patrons), l’arrêt des recrutements et le non-renouvellement des contrats temporaires. Pour ces travailleurs et leurs familles, et pour tous ceux qui travaillent dans la sous-traitance, ces mesures signifient des pertes de centaines, voire de milliers d’euros pour l’année.

    Pendant ce temps, ArcelorMittal continue à soigner ses actionnaires. En 2008, ils avaient reçu 7 milliards de dividendes. Ils n’en recevront en 2009 que 1,2 milliard d’euros… dont 500 millions pour le grand patron Lakshi Mittal qui possède à lui tout seul 44% des actions de son groupe. Charité bien ordonnée commence par soi-même…

    Pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter que des entreprises payent des dividendes aux actionnaires quand des dizaines de milliers de travailleurs doivent se serrer la ceinture? Et que l’Etat continue à accorder des cadeaux fiscaux de tous ordres à des entreprises qui licencient à tour de bras tout en continuant à engraisser des actionnaires ? Voilà de bonnes questions à poser – si possible rapidement et dans la rue.

  • Occupation d’usine à La Louvière – Solidarité avec les travailleurs de Royal Boch !

    Solidarité avec les travailleurs de Royal Boch !

    Depuis le 18 février, les travailleurs de Royal Boch occupent leur faïencerie louviéroise. Après avoir été placé sous concordat en novembre dernier, le site est aujourd’hui menacé de fermeture. Le dépôt de bilan aurait dû s’effectuer le jeudi 19 février, mais le Tribunal de commerce de Mons l’a reporté d’une semaine. L’entreprise devrait finalement être déclarée en faillite ce jeudi.

    Par Stéphane D. (Hainaut)

    Le site louviérois est confronté à de moins en moins de commandes, la grande majorité de la production étant déjà délocalisée en Pologne, au Portugal et en Thaïlande. Il s’agit déjà de la quatrième faillite sur ces 30 dernières années… Il y a eu jusqu’à 1.600 travailleurs dans cette usine, pour moins d’une cinquantaine actuellement après les différentes restructurations.

    Nous avons pu visiter le site, dont le processus de dégradation, que ce soit l’infrastructure ou les machines, semble toucher à sa fin. Des murs et plafonds qui s’effritent, de nombreuses fuites laissant s’écouler l’eau les jours de pluie, certaines machines toujours utilisées depuis 50 ans, certaines machines « neuves » présentes depuis 2 ans mais qui ne sont pas opérationnelles,…

    Les travailleurs, en chômage économique depuis le 1er janvier, ont décidé d’occuper l’usine. Ils protestent contre la fermeture probable de leur entreprise et, si tel est le cas, pour obtenir un plan social correct qui n’est pas du tout assuré à ce jour. Beaucoup d’entre eux n’ont connu que cet emploi et sont convaincus qu’ils n’en trouveront pas d’autre.

    Ces derniers mois, des repreneurs se sont fait connaître, mais aucun de manière sérieuse. La Région wallonne n’est pas prête pour sauver les emplois de la faïencerie si aucun investisseur privé ne se manifeste. Royal Boch a des dettes à hauteur de 16,3 millions d’euros, dont 12,3 millions sont réclamés par le baron Frédéric de Mevius, administrateur, dont la famille est un des plus grands actionnaires d’ABInbev.

    La crainte des fermetures et des pertes d’emploi est ressentie partout en Belgique, et même dans le monde, et pas uniquement dans cette usine. Seuls, en luttant chacun dans notre coin, nous ne pouvons rien faire. Une lutte d’ensemble doit être opposée à la volonté générale du patronat de faire payer leur crise aux travailleurs. C’est nous qui produisons les richesses, ce n’est pas à eux d’en profiter en nous pressant au maximum avant de nous jeter ! Une marche nationale pour l’emploi serait un bon moyen de commencer à organiser la riposte générale des travailleurs.


    En soutien avec les travailleurs de la faïencerie Royal Boch

    La Cie maritime et l’atelier théâtre «Les eaux vives» présenteront la pièce «Tu vas encore faire pleurer tout le monde» ce mercredi 25 février, à 19h, à la faïencerie occupée par les travailleurs, à La Louvière.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop