Tag: Belgique

  • Des colleurs du PSL agressés par une députée ECOLO à Ixelles.

    A Ixelles, les différentes listes qui se présentent aux élections doivent déposer leur matériel électoral (à savoir les têtes souriantes de politiciens et carriéristes de profession sur fond rouge,vert,bleu ou orange) pour que la commune les fasse afficher par ses ouvriers.Tout en étant assez sceptique par rapport à cette mesure, les membres du Parti Socialiste de Lutte ont déposé leurs affiches dans la commune afin qu’elles soient collées sur les panneaux prévus à cette fin.

    A notre grand embarras, nos militants se sont progressivement aperçus que la commune refusait systématiquement de coller nos affiches en réservant la quasi totalité de l’espace disponible aux visages sympathiques des têtes de liste des quatre grands partis.

    Il est difficile de ne pas voir dans ce refus systématique de nous accorder une tribune une forme particulièrement odieuse de boycottage. Bien entendu, nos militants ne sont pas dupes. Ils savent très bien que les partis traditionnels n’ont aucun intérêt à laissez la parole à de véritables militants capables de dénoncer leur responsabilité dans la crise économique qui touche durement des milliers de travailleurs et leur famille en Belgique.

    Afin de protester contre la politique d’affichage des communes, une trentaine de membres du cartel PC-PSL-LCR-PH s’étaient par ailleurs réunis hier à la place Fernand Cocq , afin d’interpeller les conseillers communaux sur cette situation particulièrement fâcheuse. Il est inutile de dire que la commune a refusé d’accueillir les militants de gauche qui discutaient à l’extérieur avec les passants. Quelle a été notre surprise lorsque nous nous sommes apercus que les partis traditionnels non seulemnt refusaient systématiquement de nous accorder un minimun de visibilité mais de plus, s’employaient à systématiquement arracher nos affiches.

    Alors qu’ils étaient en train de coller leurs affiches à l’emplacement prévu à cet effet, les militants du PSL ont été pris à partie par une jeune femme qui s’est présentée comme députée Ecolo. La femme en question qui siège au parlement de Bruxelles Capitale en tant que mandataire Ecolo, s’est adressée aux membres du PSL avec une certaine agressivité dédaigneuse.

    Elle a menacé à plusieurs reprises de faire appel aux forces de l’ordre si les affiches n’étaient pas arrachées sur le champs. Les militants du PSL ont bien entendu commencé par ignorer les protestations hystériques de la députée et ont posé en souriant pour la photo qui constitue la preuve du crime que les militants du PSL ont commis dans le territoire des Écologistes. Lorsqu’ils ont demandé à la deputée en rage qui était censé coller leurs affiches vu que la commune ne s’en chargeait pas, l’élue a rétorqué qu’il fallait déposer une plainte au conseil communal. Il nous semblait clair que la commune n’allait pas accepter une quelconque plainte émanant d’une formation «non conventionnelle».

    C’est alors que la députée ECOLO n’a pas voulu entendre de raison et s’est jetée sur nos affiches de façon hystérique avec la ferme intention de les arracher de ses propres mains.

    Bien entendu il n’a pas été question pour les militants du PSL de céder au Diktat d’Ecolo. Dans un premier temps, ils ont vécu l’évènement avec humour. Puis, en voyant la politicienne de profession, rouge de rage dans son manteau vert, proférer des propos injurieux et exprimant son dégoût pour les listes à sa gauche, les deux militants PSL ont préféré la laisser seule avec sa haine de la gauche et du militantisme. Inutiles ont été nos appels au calme, inutiles encore nos tentatives de discuter. La députée ECOLO n’a voulu entendre aucune raison et a préféré quitter les lieux en brandissant un doigt accusateur et menaçant contre les deux membres du PSL.

    A la lumière de ce triste évènement, peut-être ne serait-il pas illégitime de s’interroger sur une possible attaque contre nos droits démocratiques qui pourraient découler d’une victoire électorale de ce parti traditionnel…

    A travers le comportement loin d’être exemplaire d’une de ses députées, ECOLO semble en effet prêt à assurer les tâches de surveillance et de patrouillement qui incombent à la police fédérale. Jusqu’où vont-ils aller dans leur processus de droitisation ?

    Vont-ils interdire aux militants de gauche de distribuer leurs tracts électoraux, vont-ils (comme c’est déjà le cas à Ixelles) empêcher les membres des partis de gauche de tenir une petite table d’information dans un marché sur une place publique ?


    Depuis la publication de cet article, nous avons eu échos de quelques réactions suscitées par l’utilisation du terme "hystérique" dans le texte. Il n’a jamais été dans l’intention de l’auteur de faire quoi que ce soit comme remarque sexiste, ce terme lui semblait tout simplement le plus approprié au vu de la situation. Pour plus d’informations sur l’importance que nous consacrons à la lutte antisexiste et pour les droits des femmes, nous conseillons de consulter la rubrique "femmes" de ce site.


    • Le socialisme, réponse aux crises environnementale et économique Une critique d’ECOLO
  • Chine : Des milliers d’étudiants à Nankin affrontent la police

    Les autorités sont angoissées à l’approche du vingtième anniversaire du massacre de Tiananmen

    Des milliers d’étudiants ont affronté la police dans la ville chinoise méridionale de Nankin (1), après que les agents de l’administration de la ville aient battu des vendeurs de rue. L’incident s’est produit lundi 18 mai au soir, en période de grande alerte pour les autorités «communistes» au fur et à mesure que se rapproche l’échéance du 4 juin, qui marquera le vingtième anniversaire du massacre de Tiananmen du 4 juin 1989.

    Article de chinaworker.info

    Cinq étudiants, y compris une fille de l’Université d’aéronautique et d’astronautique de Nankin, ont été battus par la sécurité de la ville, qui désiraient nettoyer la place devant l’université. Ceci a mené à une manifestation et des barrages forts de plusieurs milliers d’étudiants de cette université. Un affrontement sanglant s’est ensuite produit entre la police anti-émeute et des milliers d’étudiants, affrontement qui s’est poursuivi jusque dans la nuit de lundi à mardi à 1h du matin. Trente étudiants ont été blessés, et une voiture de police a été détruite par les manifestants. L’incident a été confirmé auprès du Centre des Droits de l’Homme de Hong Kong et par le commissariat de la Zone de Développement de Nankin de même que par le bureau de sécurité de l’université.

    Police aggressive

    L’incident entier semble avoir été provoqué par des tactiques agressives de la part des autorités de la ville et de la police. Les photos publiées sur internet et dans le South China Morning Post (de Hong Kong) montrent des manifestants étudiants brandissant des pancartes en anglais et en chinois, avec le slogan «Non-violence et non-coopération», inspiré par le mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis mené par Martin Luther King.

    Soulignant à quel point les manifestations étudiantes sont sensibles dans cette période de pré-4 juin, les dirigeants du gouvernement provincial sont arrivés à l’université, afin de s’assurer que le mouvement de protestation soit bien tué dans l’oeuf. Les étudiants disent que tous les professeurs ont été mobilisés pour leur donner des travaux et éviter une nouvelle manifestation. Près d’une centaine de policiers anti-émeute se tenaient à l’entrée de l’université. C’était là le deuxième incident de troubles estudiantins en Chine en moins de dix jours. Le 7 mai, des centaines d’étudiants de l’Université de Zhejiang ont organisé une manifestation sur les routes menant à Hangzhou, à la suite du meurtre d’un étudiant par un chauffard. Cet accident a attiré un énorme intérêt sur internet.

    Alors que le déclenchement de ces troubles n’apparaît pas comme étant à première vue politique, ces deux exemples illustrent à quel point la situation est tendue sur les campus à travers toute la Chine, alors que le coût des études monte en flèche, constituant un fardeau pour de nombreuses familles sous la forme d’années d’endettement. Les perspectives d’emploi pour les diplômés s’évaporent également, en conséquence de la grave crise économique.

    Tiananmen -1989, les sept semaines qui ébranlèrent le monde

    Un nouveau livre de chinaworker.info

    Ce livre (en anglais) de 96 pages republie le témoignage de Stephen Jolly, qui était présent lors des gigantesques manifestations estudiantines d’avril-juin 1989 contre l’autocratie et la corruption, et complété par de nouveaux articles de Vincent Kolo et de Chen Mo. Ce livre peut être commandé sur le site chinaworker.info (et sera sans doute disponible auprès de nos membres en Belgique à partir de cet été).


    (1) Nankin, 6 million d’habitants, non loin de Shangai, ancienne capitale de Chine et toujours aujourd’hui considérée comme capitale officielle du gouvernement en exil de la République de Chine (Taïwan)

  • Solidarité avec les travailleurs d’IKEA!

    Hier matin, nous nous sommes rendus à l’IKEA d’Hognoul, en région liégeoise, où le personnel est en grève depuis vendredi. Alors que la magasin va avoir près de 6.000 m² de surface en plus, la direction a décidé de supprimer 50 emplois… Pour les travailleurs, IKEA utilise le prétexte de la crise pour restructurer.

    Reportage photos

    Quand nous arrivons sur le piquet, l’acceuil est fraternel. Nos tract, avec en en-tête "Devons-nous payer pour leur crise?" sont bien reçus et font écho à un sentiment largement partagé par les travailleurs. Le plan de crise d’IKEA, des "mesures préventives" selon la direction, passe très mal. En 2008, IKEA avait réalisé un chiffre d’affaire de 87 millions d’euros. Pour l’instant, les prévisions parlent d’un chiffre d’affaire équivalent à 87% de celui de l’année dernière pour 2009, soit 80 millions d’euros. "La crise a bon dos", nous explique Jean-Marie Lefevre, délégué CSC-CNE.

    Il poursuit: "La détérioration des conditions de travail que l’on prévoit est inacceptable. 50 emplois sont supprimé, dont tous les CDD, des heures de travail sont supprimées, les malades ne sont plus remplacés, de même que les travailleurs en formation, des pauses sont jetées à la poubelle,… la liste est longue. On demande aussi une grande polyvalence et mobilité interne aux travailleurs en remplacement d’un service "coup de feu" maintenant supprimé. Tout cela alors que la surface du magasin va passer de 33.000 m² à environ 39.000!"

    "L’ambiance est mauvaise depuis longtemps déjà. La communication est pitoyable et on n’a vraiment pas l’impression d’être grand chose pour la direction. Au début de la semaine passée, nous avons tenu des assemblées générales pour informer le personnel. Les problèmes sont à tous niveaux. Au national, la délégation n’est pas respectée. Les Conseils d’Entreprise reportent sans cesse les points que nous voulons discuter. Et puis, au niveau local, il y a ce fameux plan de crise, très drastique, alors que tous les magasins IKEA en Belgique rapportent de l’argent."

    Vendredi, les travailleurs décident alors spontannément de débrayer. L’une d’entre eux nous explique "Pour agrandir, les conditions étaient de 50 emplois en plus, pas en moins! Pourtant, IKEA est toujours en bénéfice. Et puis, derrière cette attaque contre nous, c’est aussi la clientelle qui est visée. Le service aux clients va être déprécié. D’ailleurs, ils sont nombreux à le comprendre, même si parfois ils ont fait un long voyage pour arriver ici" La délégation syndicale s’est de suite rangée derrière les travailleurs, mais au delà du magasin, ou du secteur de la distribution, chacun comprend bien que la problématique est beaucoup plus globale.

    "Beaucoup de clients sont aussi solidaires parce qu’ils ont eux-mêmes des problèmes. Ici, le mal-être est présent partout dans la société, et on doit tous réagir." Ici et là, on parle encore de la manifestation du 15 mai dernier, à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats, avec le regret qu’il n’y a pas de perspective pour une véritable lutte généralisée. Un plan d’action discuté dans les entreprises pour éviter que les travailleurs ne doivent payer la crise aurait indéniablement du succès.

    Un autre point de discussion a bien entendu concerné le prolongement politique des luttes. Peu de travailleurs parlent du PS, et la moindre référence au Pacte des Générations ou aux Intérêts Notionnels suffit à faire fondre la moindre illusion, et l’appel pour un nouveau parti des travailleurs reçoit beaucoup d’attentions.

    Aujourd’hui, une réunion a leiu avec la direction. L’affaire reste à suivre…


  • Sri Lanka: le dirigeant de l’United Socialist Party sur une liste noire de personnes à abattre!

    Les journées de célébration de la victoire sont une humiliation pour tous les Tamouls

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (Committee for a Wrokers’ International – CWI) a reçu une copie d’une infecte communication publiée par des chauvinistes cinghalais au lendemain de la défaite des Tigres de Libération de l’Îlam Tamoul (Liberation Tigers of the Tamil Eelam – LTTE). Parmi les portraits des personnes qu’ils veulent voir abattues se trouvent des militants d’ONGs, des politiciens indiens et cinq politiciens sri lankais, dont notre camarade Siritunga Jayasuriya, secrétaire général de l’United Socialist Party (USP, CIO-Sri Lanka).

    Par Elizabeth Clarke, CIO

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    Une liste noire de personnes à abattre diffusée par les chauvinistes cinghalais.

    Au deuxième rang, tout à la droite et le poing levé, se trouve Siritunga Jayasuriya…
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    Comme nos lecteurs le savent certainement, l’USP a maintenu une position courageuse en défense des droits de tous les tamouls et en faveur d’une lutte unie contre le féodalisme, le capitalisme et l’impérialisme par une politique socialiste. L’USP a fait des critiques quant aux méthodes et à l’approche des LTTE, mais a protesté contre la politique guerrière du régime de Rajapakse et le massacre de milliers de civils tamouls. Il a aussi accusé les immenses camps inhumains dans lequel le gouvernement retient encore prisonniers des centaines de milliers de réfugiés.

    «Ils ne célèbrent pas simplement une victoire militaire sur les LTTE», a affirmé Siritunga dans une déclaration publique, «mais une victoire communautaire sur la nation tamoule. C’est une humiliation pour tous les tamouls, y compris ceux des Collines, du Sud et de l’Est.

    Aucun Tamoul ne se réjouit de cette soi-disant victoire, à part les trois judas qui se sont rangés du côté du gouvernement Rajapakse – Thondeman du Conseil des Travailleurs de Ceylan basé dans la région des plantations de thé, Karuna, un ex-dirigeant des Tigres qui a maintenant été nommé à un poste de Ministre, et Douglas Devananda, un politicien tamoul qui va vraisemblablement devenir le Ministre en Chef, véritable pantin à la solde du régime, de la «province» septentrionale du Sri Lanka.

    Mon nom est repris par des Ministres à la télé, et hurlé par des hordes frénétiques dans les rues. Je suis perçu comme un «traître», un «non-patriote», même comme un «pleutre» qui doit être abattu. Tout cela, parce que je me suis dressé contre ce gouvernement chauviniste et autocratique.

    Nous craignons pour les vies des gens dans les camps – dont beaucoup vont mourir privés de nourriture, d’eau, et de soins médicaux. Des jeunes vont être accusés de sympathie pour les LTTE et seront portés «disparus» par le régime,… C’est de cette manière que le gouvernement Rajapakse cherche à «résoudre» la question nationale. Nous l’avons défié en lui demandant d’expliquer en quoi consistait sa «solution» politique, et il est resté silencieux. Nous allons poursuivre jusqu’au bout notre campagne pour des droits égaux pour tous les tamouls.

    Nous ne nous laisserons pas taire par les menaces de mort et les insultes. Les travailleurs et les pauvres cinghalais qui se réjouissent aujourd’hui imaginent que la paix signifie la prospérité et une vie meilleure pour eux-mêmes. Mais ils ne vont pas seulement devoir subir plus de privations pour rembourser la dette de guerre du gouvernement et la crise capitaliste, mais les mesures d’urgence du gouvernement vont de plus être utilisées contre toute personne qui tente d’organiser des grèves ou d’autres actions. Notre parti se bat pour survivre face au bombardement de propagande dont nous sommes victimes. Nous nous réjouissons de la campagne de solidarité internationale qui a été lancée dans le Tamil Nadu (1) au début de cette année, et l’enjoignons à poursuivre son oeuvre.

    Nous demandons aussi à tous les lecteurs de cette horrible nouvelle de considérer le fait de soutenir notre parti dans une des plus sombres périodes de son histoire. Nous allons nous préparer à une nouvelle période de lutte unifiée contre ce gouvernement dictatorial et contre le système capitaliste qui engendre la guerre et l’oppression, que nous avons déjà bien assez subies.»

    Les donations afin de soutenir par des mesures urgentes nécessaires pour défendre l’USP et son secrétaire, Siritunga Jayausriya, contre les attaques physiques, doivent être envoyées à la Campagne Sri Lanka. Donnez en ligne (ajoutez « Campaign Sri Lanka » dans la boîte à commentaires) ou envoyez un chèque à «Campagne Sri Lanka», Committee for a Workers’ International, PO Box 3688, London, Britain, E11 1YE.

    Pour de nouveaux articles (en anglais) sur la situation au Sri Lanka, allez visiter la page www.stoptheslaughteroftamils.org; d’autres articles seront postés de temps à autre sur le site socialisme.be.


    (1) Considéré comme le berceau de la civilisation tamoule, le Tamil Nadu est un Etat du sud de l’Inde, fortement urbanisé et industrialisé fort de 65 millions d’habitants, dont 90% de Tamouls, et ayant pour capitale la ville de Chennai (anc. Madras).



    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • L’histoire du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    Le CIO est une organisation socialiste internationale qui comprend des sections dans environ quarante pays sur tous les continents.

    Lors du Congrès de fondation du CIO en avril 1974, quatre sections existaient alors (Grande-Bretagne, Allemagne, Irlande et Suède) et des membres étaient présents de Belgique, d’Inde, d’Espagne et du Sri Lanka, des pays où aucune section n’existait encore.

    Au moment de notre neuvième Congrès Mondial (en janvier 2007), des représentants de sections du CIO de tous les continents étaient là : d’Allemagne, d’Angleterre et Pays de Galles, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Brésil, du Cachemire, du Chili, de Chypre, d’Ecosse, des Etats-Unis, de France, de Grèce, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakstan, de Malaisie, du Pakistan, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Tchéquie, d’Ukraine et du Venezuela.

    Les origines du CIO sont ancrées dans la lutte menée par Léon Trotsky contre la progression du Stalinisme. L’isolement de l’Union soviétique combinée à l’arriération du pays héritée du tsarisme a permis l’émergence du régime totalitaire stalinien. La lutte de Trotsky et de ses partisans contre ce régime a conduit à la fondation de la Quatrième Internationale, organisation internationale créée pour la défense de la démocratie ouvrière et du socialisme. Peu de temps après la fondation de la Quatrième Internationale a éclaté la seconde guerre mondiale et de nombreux militants, dont Trotsky lui-même, ont été assassinés tant par les fascistes que par les staliniens.

    La dégénérescence de la Quatrième Internationale

    Après la guerre, les dirigeants de la Quatrième Internationale survivants ont été confrontés à d’énormes difficultés dans la compréhension des changements qui étaient survenus dans la situation mondiale. Ils n’ont pas réussi à saisir le caractère de la croissance économique d’après-guerre en Occident, ni à comprendre les raisons du renforcement du stalinisme en Russie et en Europe de l’Est. Cette incompréhension s’est également vue dans l’analyse des révolutions du monde néo-colonial ainsi que dans l’analyse du rôle décisif de la classe ouvrière dans le changement de société.

    En effet, la longue croissance économique exceptionnelle de l’après-guerre amena de substantielles améliorations dans le niveau de vie de la classe ouvrière, tout au moins dans les pays capitalistes développés. Beaucoup de ‘marxistes’ en tirèrent un peu vite la conclusion que les travailleurs salariés s’étaient ‘embourgeoisés’, et ne pouvaient dès lors plus constituer le moteur d’un changement socialiste de société. Ce fatalisme les poussa vers la recherche de nouvelles forces sociales pouvant se substituer au mouvement ouvrier.

    Sous l’impulsion des mouvements de libération nationale qui explosèrent dans le monde colonial et semi-colonial (Asie, Afrique, Amérique Latine) dans les années’50 et ’60, les dirigeants de la Quatrième Internationale glissèrent vers un soutien acritique à la direction – souvent fortement influencée par le stalinisme – de ces mouvements. Les mouvements à prédominance paysanne et les méthodes de guérilla furent ainsi érigés en modèles, tandis que l’épicentre de la révolution mondiale fut déplacé vers le monde colonial et semi-colonial. Mao Zedong (en Chine), Fidel Castro (à Cuba) ou Hô Chi Minh (au Vietnam) furent ainsi présentés comme des «trotskistes inconscients», pendant que le réveil de la classe ouvrière en Europe, exprimé à merveille par l’immense grève générale des travailleurs français en mai’68, prit de court les dirigeants de la Quatrième Internationale, aveuglés par des perspectives erronées.

    Une série d’erreurs politiques de ce type eurent comme conséquence l’effondrement de l’organisation et un fractionnement de celle-ci dans des dizaines de groupes différents.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) puise quant à lui ses racines chez des troskistes britanniques qui n’ont pas ignoré la nouvelle situation, mais n’ont pas cherché à l’exploiter de façon opportuniste pour obtenir des succès faciles ou chercher des raccourcis. Nous ne nous sommes pas non plus limités à l’analyse de la situation, mais avons cherché sans cesse à intervenir autant que possible dans les luttes pour diffuser les idées du marxisme parmi les travailleurs et la jeunesse.

    Notre organisation a pendant longtemps été très petite et uniquement active en Grande-Bretagne ; pour autant, nous avons toujours conservé et exprimé sur le terrain une attitude internationaliste intransigeante. Dès ses débuts, notre journal anglais «The Militant» consacrait un nombre significatif de ses colonnes à la couverture des luttes au niveau international. Nous avons ainsi gagné davantage de militants, établi des contacts successifs dans d’autres pays, et à la fin des années ‘60, la possibilité de mettre en place les fondations qui ont été à la base de la création et de la croissance ultérieure du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    L’entrisme

    Pour construire ses forces, le CIO a appliqué différentes tactiques à différents stades de son évolution, en fonction des conditions objectives du moment, tout en maintenant à tout moment une orientation consciente vers le mouvement ouvrier, en particulier vers ses couches les plus combatives.

    Avant que la vague néo-libérale des années ’80, puis le tournant majeur représenté par la chute du stalinisme dans les années ’90, ne viennent affecter durablement la composition et le programme des partis sociaux-démocrates, ces derniers exerçaient encore une grande attraction sur un nombre important de travailleurs et de jeunes. Les partis sociaux-démocrates correspondaient typiquement à la définition que donnait Lénine de «partis ouvriers bourgeois» : des partis ouvriers de masse, bien que dominés par une direction réformiste et bureaucratique. A la base, les rangs de la social-démocratie comprenaient encore beaucoup de travailleurs activement engagés pour le parti, et étaient encore traversés de vifs débats politiques. Celui qui voulait être actif dans le mouvement ouvrier pouvait difficilement passer à côté de cette réalité.

    La tâche des révolutionnaires demande d’être en contact le plus étroit possible avec les travailleurs. Par conséquent, les militants du CIO étaient d’avis qu’il était préférable de militer à l’intérieur même de la social-démocratie, en défendant conséquemment et ouvertement un programme marxiste, plutôt que de s’isoler en dehors de ces partis. A l’inverse d’autres groupes, cette tactique d’«entrisme» dans la social-démocratie n’a jamais été pour nous une panacée, ou un prétexte pour succomber aux idées réformistes et masquer le programme révolutionnaire. Bien au contraire, nous avons toujours mené notre travail drapeau déployé, défendant nos positions marxistes dans le but de combattre l’influence exercée par la direction bureaucratique sur ces partis d’une part, afin de gagner les travailleurs et les jeunes organisés dans ces partis à nos positions d’autre part. C’est ainsi que nous avons par exemple acquis une solide base de soutien au sein des Jeunesses Socialistes du Labour Party en Angleterre dans les années ‘70, ou de celle du SP en Flandre dans les années ‘80.

    Pourtant, dès le milieu des années ’80, mais surtout après la chute du mur de Berlin, la situation a commencé à tourner. La chute des régimes staliniens a ouvert la voie à une offensive idéologique majeure de la part des représentants du capitalisme, et a servi d’excuse aux dirigeants des organisations de la social-démocratie pour retourner définitivement leurs vestes. Les idées de lutte, de solidarité et de socialisme furent mises de côté au profit d’une adhésion aux principes du libre-marché. La trahison des directions ouvrières traditionnelles a laissé place à un vide et à la confusion politique.

    Dans ces conditions, l’idée selon laquelle les travailleurs et les jeunes en lutte se dirigeraient en premier lieu vers la social-démocratie devenait de plus en plus invraisemblable. C’est pourquoi petit à petit, la plupart des sections du CIO ont opté pour la création d’organisations révolutionnaires indépendantes et ouvertes, tout en appelant, dès le début des années ’90, à la formation de nouveaux partis larges des travailleurs, sur base de l’analyse de cette bourgeoisification des anciens partis ouvriers.

    Liverpool et la lutte contre la Poll Tax

    Un élément important dans le développement de quasiment toutes nos sections est notre engagement dans les différentes formes de lutte. Notre rôle n’a d’ailleurs pas seulement été limité à une participation active aux luttes car dans beaucoup de cas, notre organisation a su jouer un rôle crucial.

    Les mouvements de lutte les plus importants que nous avons eu à diriger jusqu’à présent se sont déroulés en Grande-Bretagne, notamment contre Margaret Thatcher lorsqu’elle était Premier ministre. Au milieu des années ‘80, nos camarades (dont l’organisation s’appelait à ce moment-là Militant) ont dirigé la lutte de la commune de Liverpool contre les plans d’assainissement, une lutte accompagnée d’actions de grève et de manifestations massives. Plus tard, nous avons aussi été fortement impliqués dans la campagne contre la Poll Tax (un impôt introduit par Thatcher mais rejeté en masse par la population). Une campagne massive de désobéissance civile avait été organisée à tel point que 18 millions de personnes n’ont pas payé la Poll Tax. Les manifestations ont rassemblé jusqu’à 250.000 personnes. Grace à cela Thatcher a été contrainte de retirer cette taxe et même de prendre la porte.

    Cette lutte avait été organisée en opposition à la direction du Labour Party (le parti travailliste) et à la plupart des dirigeants syndicaux. A Liverpool, ils ont même appelé les Conservateurs en soutien pour combattre la protestation. Avec la Poll Tax, ils n’ont pas réussi à en faire autant. Notre lutte contre les dirigeants pro-capitalistes du mouvement ouvrier a toujours été une donnée importante dans le développement de notre organisation.

    Mais ce genre de lutte est bien plus difficile dans beaucoup de pays tels que la Grèce, l’Espagne, l’Afrique du Sud et la Suède. La direction des organisations ouvrières établies avait peur d’une répétition du succès rencontré en Grande Bretagne où, durant plus de 15 ans, nous avons pu diriger les sections jeunes du parti travailliste et où, dans les années ’80, nous avons pu faire élire trois camarades au parlement sous le slogan : «un parlementaire ouvrier à un salaire d’ouvrier».

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a toujours été impliqué dans différents domaines des luttes. Parfois, nous avons même été les précurseurs autour de nouveaux thèmes, comme pour une campagne contre la violence domestique. D’autres initiatives ont également été très importantes, comme la fondation de «Youth against Racism in Europe» («Jeunes contre le racisme en Europe», en Belgique : «Blobuster» et «Résistance Internationale»), une organisation anti-fasciste internationale qui avait organisé une manifestation européenne à Bruxelles en octobre 1992 à laquelle 40.000 manifestants avaient participé.

    À côté de nos campagnes sur les lieux de travail et dans les quartiers, les membres du CIO participent aussi aux élections. Dans se cadre là, nous insistons sur le fait que les élus du CIO participent activement aux mouvements de lutte et gagnent un salaire identique à celui des travailleurs qui les ont élus. En ce moment, différents membres du CIO sont élus dans des conseils communaux en Grande Bretagne, en Irlande, en Suède et en Allemagne. Jusqu’il y a peu, nous avons également eu un député au parlement irlandais, Joe Higgins.

    Lutter contre les dictatures et la division de la classe ouvrière

    Dans d’autres pays, nous avons activement contribué à la lutte contre les dictatures, comme lorsque nous nous sommes impliqués pour la construction de syndicats combatifs en Afrique du Sud à l’époque du régime de l’apartheid. D’autres camarades ont clandestinement milité au Chili contre le régime de Pinochet. Au Nigéria, après l’annulation des élections présidentielles de 1993 par les généraux, l’opposition démocratique a soutenu l’appel de nos camarades pour une grève générale.

    Dans certains pays, nous avons été confrontés à des situations extrêmement difficiles. Ainsi nos camarades d’Irlande du Nord et du Sri Lanka ont dû s’opposer à la division nationale ou religieuse. Nous avons toujours défendu la nécessité de l’unité des travailleurs dans les luttes et la résistance contre la répression d’Etat. Nous avons été les seuls dans la gauche à défendre une position constante et principielle à propos de la question nationale en partant des intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble.

    La chute de l’Union Soviétique a conduit à une situation mondiale fondamentalement différente et a eu d’énormes répercussions sur toutes les organisations politiques. Face à ces évènements, bon nombre d’organisations et d’individus ont été désorientés, confus, et ont abandonné la lutte pour le socialisme en capitulant face à l’idéologie de la classe dominante. Le CIO a analysé et tenté de comprendre la signification de la chute du bloc de l’Est : entre autres le renforcement de la position de l’impérialisme américain et le virage à droite de nombreuses organisations ouvrières. Mais nous avons toujours défendu la nécessité du socialisme comme seule alternative au capitalisme et avons toujours cherché à l’expliquer le plus largement possible.

    Le CIO a utilisé la méthode d’analyse marxiste pour approfondir la compréhension des événements et des processus qui se sont développés depuis les années ‘90. Contrairement à beaucoup d’autres groupes de gauche, nous avons ainsi non seulement pu conserver nos membres au cours des très dures années ’90, mais nous avons en outre beaucoup renforcé nos organisations ainsi que gagné de nouvelles forces dans différentes régions du monde. La nouvelle période qui se trouve face à nous aujourd’hui va nous permettre de mettre bien plus en avant le précieux héritage que nous avons préservé dans ces années bien difficiles.

    Rejoignez le CIO !

    Mais la construction de nos propres forces ne nous a pas empêché d’avoir des discussions avec d’autres groupes pour, si possible, mener des actions en commun. Si ces discussions conduisent à un accord politique sur les principes fondamentaux, une organisation commune peut alors naître, comme cela s’est passé notamment en Belgique ou en France au cours des années ‘90.

    Le CIO est ouvert à toute personne qui veut lutter pour un monde meilleur, un monde socialiste, et qui est ouverte à discuter de nos idées. Nous avons toujours été préparés à discuter avec différents groupes et individus qui ont acquis une autre expérience que la nôtre dans les différentes luttes et qui veulent construire un mouvement socialiste.

    Alors si vous êtes intéressés par les idées du CIO, n’hésitez pas à nous contacter et à nous rejoindre!


  • Histoire du mouvement LGBT – Les émeutes de Stonewall – 1969

    Pour fêter les 40 ans des évènements de Stonewall, autrement dit la naissance d’un mouvement gay international, le PSL publie un article de Lionel Wright paru originellement dans le magazine de notre organisation-sœur en Angleterre, Socialism Today. Partant des émeutes de Stonewall, cet article nous livre un portrait d’une brulante actualité sur la lutte des LGBT’s, de 1969 à nos jours.

    Dossier par Lionel Wright

    Un événement somme toute assez banal s’est déroulé il y a 40 ans, plus exactement le 27 juin 1969 à Greenwich Village, dans l’Etat de New York, un événement qui était arrivé des milliers de fois auparavant à travers les Etats-Unis au cours des décennies précédentes. Ce jour là, la police a fait un raid contre un bar gay.

    Dans un premier temps, tout s’est déroulé de manière bien réglée, selon un rituel consacré par l’usage. Sept inspecteurs en civil et un officier en uniforme sont entrés dans le bar. Directement, le personnel du bar a cessé de servir les boissons, diluées dans l’eau et excessivement chères, tandis que leurs patrons mafieux, en toute hâte, enlevaient les boîtes de cigare qui servaient de caisses enregistreuses. Les officiers ont exigé les papiers d’identité des clients et les ont ensuite escortés à l’extérieur, jetant certains dans les "paniers à salade" qui stationnaient dehors et poussant violemment d’autres hors du trottoir.

    Cependant, à un certain moment, les soi-disant contrevenants ont décidé de ne plus se laisser faire et ont commencé à résister. Le débat fait toujours rage : quel est l’incident réel qui a suscité l’émeute? Etait-ce une lesbienne habillée en homme qui a résisté à son arrestation, ou une "drag queen" qui s’est arrêtée dans l’embrasure de porte, face aux officiers, et a posé d’un air provoquant, en rameutant la foule ?

    Un vétéran des émeutes et activiste des droits des homosexuels, Craig Rodwell, raconte: "un certain nombre d’incidents se sont produits simultanément. Il n’y a pas eu UNE chose ou UNE personne en particulier, il y avait juste … un embrasement de groupe, une explosion de colère massive."

    La foule de clients éjectés a commencé à jeter des pièces de monnaie aux officiers, en moquerie par rapport au (tristement célèbre) système de récompenses au travers duquel des chefs de police extorquaient d’immenses sommes d’argent aux établissements gays et utilisaient le prétexte de la "morale publique" pour donner une vitrine régulière à leur racket. Bientôt, aux pièces de monnaie ont succédé des bouteilles, des pierres et d’autres objets. Les acclamations ont jailli à mesure que les prisonniers étaient relâchés. L’inspecteur principal de police Pine se rappelle plus tard " je me suis retrouvé à plusieurs reprises dans des situations de combat, mais je ne me souviens pas d’un moment où j’ai eu plus peur que cette fois-là. "

    Pine ordonna à ses subalternes de retourner dans le bar vide pour le saccager. Ils ont aussi brutalement tabassé un chanteur folk hétérosexuel qui avait eu le malheur d’entrer dans le bar à ce moment. À la fin de la soirée, un adolescent avait perdu deux doigts après avoir eu sa main coincée dans une porte de voiture. D’autres ont été hospitalisés après les assauts de la police et les coups de matraques. L’historien des émeutes, Martin Duberman, affirme que la police réservait aux jeunes hommes "féminisés" un "traitement spécial".

    L’inspecteur Pine et ses subordonnés ont presque été brûlés vifs lorsque quelqu’un a jeté un liquide inflammable par la porte du bar pour essayer d’y mettre le feu. Dans le même temps, un parcmètre couché sur le pavé a été utilisé comme bélier de fortune. La foule commença alors à crier "Pouvoir Gay!" Et comme la nouvelle se répandait à travers Greenwich Village, des centaines de gays et de lesbiennes, des noirs, des blancs, des Hispaniques, principalement travailleurs, ont convergé dans le quartier de Christopher Street, aux alentours du bar. La police était à présent plus nombreuse, ayant entretemps reçu le renfort de la Force de Patrouille Tactique (TPF), une équipe de répression des émeutes spécialement formée pour disperser les manifestants protestant contre la Guerre du Viêt-Nam.

    Duberman dépeint cette scène de deux douzaines de policiers anti-émeutes avançant vers Christopher Street, les bras liés à la manière des formations pratiquées par la légion romaine : "Les émeutiers reculèrent lentement dans leur évolution, mais – contrairement aux attentes de la police – ne se dispersèrent pas en courant à toutes jambes…des centaines de personnes… se rassemblèrent pour éviter les coups de matraque, firent le tour du bloc, se retrouvèrent derrière les policiers et les bombardèrent de débris de toutes sortes. Lorsque les flics réalisèrent qu’une foule considérable s’était simplement reformée dans leur dos, ils devinrent particulièrement susceptibles vis-à-vis de quiconque s’approcherait d’eux d’un peu trop près. "

    Mais les protestataires n’étaient pas effrayés. Le scénario se répéta plusieurs fois : la TPF dispersait la foule, seulement pour que celle-ci se reforme à nouveau derrière eux, hurlant des railleries, jetant des bouteilles et des briques, mettant le feu aux poubelles.

    Quand les flics manoeuvrèrent afin de changer complètement de direction, ils se retrouvèrent face à face avec leur pire cauchemar : une rangée de drag queens, les bras étreints, donnant des coups de talons à la manière de fusées aériennes prêtes à décoller, et chantant de leurs voix sardoniques :

    ‘We are the Stonewall girls, We wear our hair in curls, We wear no underwear, We show our pubic hair… We wear our dungarees, Above our nelly knees!’

    La traduction donne ceci: ‘Nous sommes les filles de Stonewall, Nous portons nos cheveux en boucles, Nous ne portons aucun sous-vêtement, Nous montrons nos poils pubiens… Nous portons notre bleu de travail, Au-dessus de nos genoux!’

    "C’était un contrepoids délicieux et plein d’humour et de dédain par rapport à la force brutale de la TPF." (Stonewall, Duberman, 1993). Le soir suivant, les manifestants sont revenus sur les lieux, leurs effectifs gonflés par des milliers d’autres. Des tracts étaient distribués, intitulés "La mafia et les flics hors des bars gay!" Les protestations et les perturbations ont continué avec une intensité variable pendant cinq jours.

    À la suite des émeutes, des discussions intenses ont eu lieu dans la communauté gay de la ville. Pendant la première semaine de juillet, un petit groupe de lesbiennes et de gays ont commencé à évoquer la fondation d’une nouvelle organisation appelée "Gay Liberation Front" (GLF), le Front de Libération Gay. Ce nom a consciemment été choisi en lien avec les luttes anti-impérialistes au Viêt-Nam et en Algérie. Les sections du GLF se sont attelées à organiser la solidarité avec les membres des Black Panthers arrêtés, ont récolté des fonds pour les travailleurs en grève et ont lié la lutte pour les droits des gays à la lutte pour le socialisme.

    Un magazine gay de New York a publié une édition spéciale sur les émeutes, tout en publiant un hommage au livre de John Reed sur la Révolution d’Octobre, "Dix jours qui ébranlèrent le monde". Durant les années suivantes, des lesbiennes et des gays ont mis sur pied un Front de Libération Gay ou un organisme semblable au Canada, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

    Le mot Stonewall est partout entré dans le vocabulaire des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres comme un symbole emblématique de la résistance de la communauté gay face à l’oppression, exigeant une égalité complète dans tous les domaines de la vie. Depuis les émeutes, ce nom a été adopté de nombreuses fois dans différents contextes liés à la question gay, des associations de défense de locataires jusqu’à des clubs de vacances pour gays. De même, un groupe de défense des droits des gays en Angleterre porte le nom de Stonewall, bien que sa stratégie – consistant uniquement à faire du lobbying et du marchandage auprès du gouvernement du New Labour – est loin de l’esprit militant et héroïque déployé par la résistance sur Christopher Street en juin 1969.

    Le GLF n’existe plus aujourd’hui, mais l’idée du "pouvoir Gay" est plus forte que jamais. En attendant, dans beaucoup de pays et de villes, le concept de la "Gay Pride" (littéralement : la fierté Gay) se développe sous la forme d’une marche annuelle.

    La génération actuelle de jeunes lesbiennes, de gays, de bisexuels et beaucoup d’activistes des droits des homosexuels d’aujourd’hui sont nés ou ont grandi après 1969. Et au cours des décennies qui nous séparent des ces événements, la politique aux Etats-Unis est passée à travers une période très différente. Entretemps, la signification réelle des émeutes a été éclipsée par une sorte de légende construite autour de Stonewall.

    Le développement de la contre-culture

    Pourquoi les événements de Stonewall se sont-ils produits à ce moment-là? Comment se fait-il que des actions initialement entreprises par moins de 200 personnes aient pu mener à une protestation aussi large, et donner un coup de fouet au mouvement gay?

    Dans son livre "Politique Sexuelle, Communautés Sexuelles", écrit en 1983, l’historien John D’Emilio a révélé la préhistoire de Stonewall. L’auteur décrit comment le processus d’industrialisation et d’urbanisation ainsi que le mouvement des ouvriers des plantations et des fermes familiales émigrant vers des emplois salariés dans les villes, a rendu plus facile, pour des Américains ayant des attirances pour le même sexe, d’explorer leur sexualité. Avant les années 1920, une contre-culture homosexuelle s’était cristallisée dans la Barbary Coast de San Francisco, le quartier français de la Nouvelle Orléans, ainsi que dans le quartier de Harlem à New York et à Greenwich Village.

    Il existe des preuves évidentes que des personnes ayant des orientations homosexuelles ont existé partout à travers l’histoire. Ce qui a varié considérablement est la vision que la société en avait, et comment les personnes que nous décrivons aujourd’hui comme des homosexuels et des lesbiennes se considéraient elles-mêmes aux différentes étapes de l’histoire.

    La signification du changement social décrit ci-dessus, et de l’apparition d’une contre-culture, consiste, pour le développement d’un mouvement en faveur des droits des homosexuels, en ce qu’un nombre croissant d’individus homosexuels étaient capables de sortir de l’isolement. Ils apprirent progressivement l’existence d’un grand nombre d’autres gays, et commencèrent à se sentir membres d’une communauté gay plus large.

    Dans la société en général, les pénalités pour l’homosexualité étaient sévères. Des lois d’Etat à travers le pays criminalisaient les actes sexuels avec des personnes du même sexe, tandis que de simples gestes de tendresse en public, comme par exemple deux hommes ou deux femmes se tenant les mains, pouvaient mener à l’arrestation. Même se déclarer gay ou lesbienne pouvait aboutir à l’envoi dans une clinique psychiatrique, sans la moindre audition.

    Au sein de cette contre-culture embryonnaire, il y avait moins d’espace pour les lesbiennes que pour les hommes gays, du fait que les femmes avaient généralement moins d’indépendance financière, et il était donc plus dur pour une femme de rompre avec les normes sociales et de s’épanouir dans une relation à caractère homosexuel. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, tout ça changea. Les routines et les normes de temps de paix ayant été rompues, les gays des deux genres trouvèrent davantage d’occasions pour exprimer plus librement leur sexualité.

    Les femmes entrèrent massivement tant sur le marché du travail que dans les forces armées, et disposaient également d’un nouveau pouvoir d’achat, leur permettant entre autres d’explorer leur sexualité. Dans le film-documentaire "Before Stonewall", une ex-militaire lesbienne du nom de Johnnie Phelps relate comment elle fut un jour appelée avec une autre femme pour aller voir le Général-en-chef de son bataillon – qu’elle estimait "être gay à 97 %."

    Le Général Eisenhower – car c’était lui – lui expliqua qu’il voulait "fureter" les lesbiennes du bataillon, et lui ordonna de rédiger une liste à cette fin. Tant Phelps que l’autre femme informèrent poliment le Général qu’elles dresseraient volontiers une telle liste, à condition qu’il soit préparé à remplacer tous les employés de bureau chargés des classements des dossiers, les conducteurs, les commandants, etc, et que leurs noms seraient en haut de la liste! Eisenhower abandonna l’idée. Quelques années plus tard pourtant, pendant la chasse aux sorcières de McCarthy, Eisenhower, en tant que président américain, obtiendra sur son ordre des listes abondantes destinées à prendre des mesures contre des milliers de personnes soupçonnées d’être des communistes ou des "pervers sexuels."

    Répression accrue

    Avec le retour aux conditions de paix, les millions d’Américains qui avaient rencontré des gays et avaient eu des relations de ce type dans le cadre de leur service ou dans l’économie de guerre, virent cette ouverture temporaire au sein de la société américaine toucher à sa fin. La plupart des nouveaux lieux gays issus de la guerre fermèrent leurs portes, en même temps que les gens qui avaient fait leur service étaient démobilisés, et que la plupart des nouvelles venues sur le marché du travail retournèrent des usines vers le foyer.

    L’orthodoxie sexuelle avait subi des entorses majeures, et un âge sombre s’annonçait maintenant pour les homosexuels. Mais le génie de l’expérimentation gay et lesbienne était sorti de sa bouteille. Les choses ne pouvaient plus jamais être tout à fait comme avant. Un des effets de la guerre fut qu’un grand nombre de lesbiennes et de gays qui sortaient de leur service décidèrent de rester dans les villes portuaires afin de conserver un peu de liberté sexuelle, loin des pressions familiales et toute idée de mariage.

    A San Francisco en particulier, la population gay avait solidement augmenté, du fait que beaucoup de lesbiennes et de gays sortis de l’armée s’installaient dans cette ville. En l’espace d’une décennie, ce phénomène – combiné avec une politique moins répressive dans l’Etat de Californie envers les bars gay ainsi que d’autres facteurs, tels que la légitimité donnée à l’homosexualité au travers du mouvement littéraire des "Beats", avec des auteurs comme Jack Kerouac – contribua à faire de San Francisco la "capitale de l’homosexualité" aux Etats-Unis.

    Récemment, en Grande-Bretagne, nous avons vu, aussi bien avec des gouvernements travaillistes que conservateurs, tous deux soutenant le libre-marché, comment l’idéologie de la famille est utilisée comme pilier de soutien au système économique et social. Les attaques des deux partis sur les parents isolés en fournissent un exemple assez clair.

    Dans les Etats-Unis des années 1940 et 1950, la reconstruction de l’après-guerre et le tournant vers la consommation de masse, placés sous le sceau de la Guerre Froide, ont abouti à ce que les autorités promeuvent fortement la structure familiale traditionnelle. L’autre côté de la médaille était une répression accrue contre ceux qui sortaient du "cercle magique" du mariage, de la parenté et du ménage en s’engageant dans des relations homosexuelles.

    Les enquêtes du "House Un-American Activities Committee" ont abouti à ce que des milliers d’homosexuels perdent leurs emplois dans les départements gouvernementaux. L’interdiction d’engager des homosexuels au niveau fédéral est restée en vigueur jusqu’en 1975. D’Emilio a démontré la nature des attaques à l’encontre des homosexuels. Dans le district fédéral de Columbia seulement, il y eut 1.000 arrestations chaque année au début des années 1950. Dans tous les Etats, les journaux locaux publièrent les noms des personnes accusées d’homosexualité, avec pour conséquence le licenciement de nombreux travailleurs. Le service postal ouvrait le courrier des gays et des lesbiennes et transmettait les noms. Les universités tenaient des listes d’étudiants soupçonnés d’être gays.

    L’apparition des Droits pour les Homosexuels

    C’est contre cet environnement hostile que le mouvement en faveur des droits des homosexuels aux Etats-Unis est entré en action. En 1948, Harry Hay, un gay membre de longue date du Parti communiste américain, décida de fonder un groupe défendant les droits homosexuels. C’était le premier chapitre de ce que les gays de l’époque appelaient le mouvement "homophile".

    Comme tous les Partis Communistes dans le monde entier, le parti américain se revendiquait de l’héritage de la révolution russe. Une des premières mesures des Bolcheviks avait été d’en finir avec la criminalisation des gays. Mais dans les années 1930, la montée de la bureaucratie stalinienne s’est concrétisée par une reprise de la politique anti-gay, tant en Union soviétique que parmi les Partis Communistes mondiaux.

    Dans cette situation, déterminé à poursuivre son projet, Hay demanda d’être expulsé du PC. Etant donné son ancienneté, le parti déclina sa demande. Ensemble avec un petit groupe de collaborateurs incluant d’autres anciens membres du PC, Hay lança la "Société Mattachine" (SM) en 1950. Ce nom provient d’un groupe mystérieux de musiciens contestataires du Moyen-Âge, qui n’apparaissaient en public qu’avec des masques, et étaient probablement homosexuels.

    D’Emilio décrit le programme de la SM comme visant à l’unification des homosexuels isolés, à l’éducation des homosexuels pour qu’ils se conçoivent comme une minorité opprimée, et la construction d’une direction à leur lutte, en vue de leur propre émancipation. Hay appelait à une "culture homosexuelle éthique" et comparait cela aux cultures émergentes des peuples noirs, juifs et mexicains aux Etats-Unis. La Société Mattachine organisait des groupes de discussion locaux pour promouvoir ce programme "éthique". Ils soutenaient que "le stress émotionnel et la confusion mentale" parmi les gays et les lesbiennes étaient "socialement conditionnés."

    Malgré la dégénérescence stalinienne du PC, dans lequel Hay avait reçu deux décennies de formation politique, les fondateurs de la SM appliquaient clairement des méthodes marxistes afin de comprendre la position des gays et déterminer des perspectives et une voie pour aller de l’avant. Pour la structure de Mattachine, Hay utilisait les méthodes de clandestinité que le PC avait dû employer face aux attaques des autorités, mais qui se sont aussi développées dans le contexte des méthodes anti-démocratiques du stalinisme dans le mouvement ouvrier.

    Pour combattre la persécution à laquelle les gays faisaient face, la SM était basée sur un réseau de sections agencées sur cinq niveaux. Hay et les autres dirigeants faisaient partie du cinquième niveau, mais étaient inconnus des membres des premier et deuxième niveaux. Pendant trois ans, la SM développa efficacement son réseau de groupes de discussion. La croissance s’accéléra en 1952 après que la SM ait gagné une victoire célèbre contre la police, lorsque des accusations qui s’étaient abattues sur un des membres du groupe à Los Angeles furent abandonnées, suite à une campagne de tractage menée par une organisation de front appelée "le Comité de Citoyens pour l’Interdiction de la Persécution".

    Cependant, l’année suivante, suite à un article écrit par un journaliste McCarthiste à Los Angeles, le "cinquième niveau" décida d’organiser une "convention démocratique." Lorsque cet événement prit place, le groupe de Hay fut critiqué par des éléments conservateurs et anti-communistes, qui exigèrent que la SM prête serment de fidélité, ce qui était une tactique McCarthiste classique. La direction réussit à défaire toutes les résolutions de l’opposition, et la demande pour un serment de fidélité ne put obtenir une majorité.

    Néanmoins, Hay et ses camarades décidèrent de ne pas se présenter pour des positions au sein d’une organisation qu’ils avaient pourtant établie et construite. Cela permit aux conservateurs de prendre le contrôle sur le groupe. Beaucoup de ceux qui avaient soutenu les buts originels de l’organisation partirent dégoûtés, et il fallut deux ans pour pouvoir regagner de nouveaux militants. Si le groupe de Hay était resté actif, il aurait pu offrir un pôle d’attraction pour les militants gays et lesbiennes. Malheureusement, il n’en fut pas ainsi, et le mouvement fit un pas en arrière, perdant ainsi une décennie d’avancées.

    Tandis que les fondateurs de la Société Mattachine avaient préconisé une première version de la "Gay Pride" la nouvelle direction reflétait les préjugés sociaux répandus contre les homosexuels. Le nouveau président de la SM, Kenneth Burns, écrivit dans le journal de l’organisation : "Nous devons nous blâmer pour notre propre situation critique… Quand l’homosexuel se rendra-t-il compte que la réforme sociale, pour être efficace, doit être précédée par la réforme personnelle ?"

    La position de la nouvelle direction était que les gays ne pouvaient pas se battre pour des changements dans la société américaine, mais devaient s’appuyer sur des médecins "respectables", des psychiatres, etc, pour s’assigner les bonnes grâces des autorités, dans l’espoir d’un traitement plus favorable. Mais le problème était que la grande majorité de telles personnalités prétendaient que l’homosexualité était une maladie. Aussi incroyable que cela puisse paraître aux activistes gays actuels, des prétendus "experts" anti-gays étaient autorisés à écrire des articles dans les publications de la SM et à s’exprimer dans les meetings de l’organisation !

    Vers la fin de cette période, lorsqu’un professionnel nommé Albert Ellis affirma lors d’une conférence que "l’homosexuel exclusif est un psychopathe", quelqu’un dans l’audience s’écria : "Nimporte quel homosexuel qui viendrait chez vous pour un traitement, docteur Ellis, serait un psychopathe!"

    La montée de l’activisme gay

    Beaucoup de gays et de lesbiennes qui devaient encore "sortir de l’ombre" – c’est-à-dire s’identifier publiquement comme homosexuel – le firent au travers de la campagne pour les droits civils du mouvement noir, qui débuta dans les années 1950. Dans la décennie suivante, l’influence de la campagne pour les droits civils se fit sentir dans le mouvement gay. L’establishment opportuniste – au travers de gens comme Burns – était de plus en plus remis en question par une nouvelle génération de militants.

    Finalement, tant dans la Société Mattachine qu’au sein d’un groupe conservateur de lesbiennes appelé "Les Filles de Bilitis" (FB), la direction préféra dissoudre la structure nationale plutôt que de voir l’organisation tomber dans les mains de radicaux. Des individus et des sections de la SM et des FB continuèrent alors à se voir sur une base non-encadrée. Ca et là, des dirigeants militants parvinrent à gagner des majorités, souvent après des batailles colossales.

    Dans ce processus, une figure influente était l’astronome Frank Kameny, qui avait été viré d’un emploi gouvernemental dans le cadre des purges anti-gay. Après s’être battu sans succès contre sa victimisation dans les tribunaux, il conclut que le gouvernement américain "lui avait déclaré la guerre" et décida de devenir un militant pour les droits des homosexuels à plein temps. Kameny était répulsif quant à la vieille direction du mouvement homo, et à leur allégeance lâche envers l’establishment médical : "L’esprit plein de préjugés est imperméable à l’information, et n’est pas éducable.", "Les experts réels en matière d’homosexualité sont des homosexuels", affirmait-il.

    Faisant référence aux organisations de la campagne pour les droits civils, Frank Kameny notait : "Je ne vois pas le NAACP et le CORE s’inquiéter de savoir quel chromosome ou quelle gène produit une peau noire, ou de la possibilité de blanchir le Noir." De la même manière que les luttes des Noirs américains avaient vu émerger des slogans tels que "le Noir est Beau", Kameny inventa le slogan "l’Homosexuel est Bon" et persuada finalement le mouvement homo de l’adopter dans l’élan de Stonewall.

    Les militants homos entamèrent des campagnes avec des piquets publics et des affiches, ainsi que d’autres actions directes, et montèrent également une offensive contre les méthodes de persécution de la police et du gouvernement, contre l’interdiction de l’emploi pour les gays et sur toute une série d’autres questions. Les dirigeants conservateurs de la SM et des FB avaient conseillé à leurs membres de garder leur distance de l’environnement ouvrier des bars gay.

    Mais à partir des années 1960, à San Francisco, pour la première fois, les bars gay devinrent des forums importants pour les activistes afin de recruter aux groupes gay et organiser des campagnes. D’Emilio décrit ce phénomène comme "la fusion entre le mouvement et la contre-culture."

    Vingt ans après qu’Harry Hay ait conçu l’idée de la Société Mattachine, la société américaine avait subi une transformation radicale. La montée d’un mouvement des femmes (avec des lesbiennes en vue parmi les organisatrices), le changement parmi la population noire d’un mouvement des droits civils vers un mouvement de "pouvoir noir", – mouvements dont certains embrassaient les idées socialistes – la révolte contre la guerre américaine au Viêt-Nam sur les campus américains, l’influence des événements de mai 1968 en France, ainsi que les effets secondaires d’autres mouvements de rébellion contre l’establishment tels que les hippies, tout ça contribua à donner aux campagnes gays et lesbiennes un caractère plus militant.

    Un courant au sein du Front de Libération Gay soutenait qu’une lutte révolutionnaire contre le capitalisme était nécessaire pour construire une société socialiste et en finir définitivement avec l’oppression de gays.

    Craig Rodwell conclut : "Il y avait un sentiment politique actif très volatil, particulièrement parmi la jeunesse … quand la nuit des Emeutes de Stonewall explosa, tout convergea en cet instant. Les gens demandent souvent ce qu’il y avait de spécial cette nuit-là… Il n’y avait pas une seule chose spéciale. C’était juste que tout venait ensemble et en même temps, un de ces moments dans l’histoire où lorsque que vous êtes présent, vous vous dites : ça y est, c’est ça ce que nous avons tant attendu. "

  • Pour avoir un avenir, il faudra lutter!

    Entre 16 et 18 ans, la moitié des écoliers se disent peu ou pas intéressés par la politique. Les jeunes se moquent de savoir quels partis traditionnels sont au pouvoir, ça ne change pas grand-chose. Mais le désintérêt pour le verbiage quotidien des politiciens et pour la politique traditionnelle est déjà une forme d’opinion. De même que tu ne peux pas te soustraire à la société, tu ne peux pas te soustraire à la politique.

    Tract de Résistance Internationale

    Tract en version PDF

    Pas questions de payer leur crise

    La crise du capitalisme frappe les jeunes de plein fouet. La Commission européenne l’affirme : «La dégradation de la situation économique est appelée à avoir des incidences importantes sur les conditions de vie des jeunes, en matière de chômage et d’éducation, les rendant plus vulnérables à l’exclusion et moins à même d’améliorer leur sort».

    Le mythe, embrassé par tous les partis traditionnels, que le néo-libéralisme entraine la richesse et le bien-être pour tous s’est effondré. Les capitalistes ont mis l’argent dans leurs poches et se sont enfouis avec avant que le bateau coule. Maintenant, ils veulent encore nous faire trinquer pour leur avidité. Pas question de payer leur crise! Voilà pourquoi les écoliers de Résistance Internationale participent à la campagne électorale du PSL (Parti Socialiste de Lutte).

    Nationaliser pour sauver les emplois, pas leurs profits

    Le taux de chômage moyen des jeunes en Belgique est de 21%. Les jeunes sont les premières victimes de leur crise. Beaucoup sont engagés avec des contrats temporaires ou d’intérim. Ces emplois sont les premiers à disparaitre. La hausse du chômage est l’une des principales conséquences de la crise économique et le pire est encore à venir. Et en guise de solution ? Rien. Pour les partis traditionnels, la priorité va toujours aux banques, aux actionnaires, aux patrons.

    Plus de moyens publics pour l’enseignement

    Le budget consacré à l’enseignement est tombé à 5% du Produit Intérieur Brut (PIB) alors qu’il représentait 7% en 1980. La politique néolibérale est évidemment la cause de cette baisse. Dès lors, de nombreux jeunes quittent l’école sans diplôme en poche, les classes sont surpeuplées, les bâtiments délabrés,… Pourtant, la note de la crise du capitalisme nous sera présentée peu de temps après les élections. Dans les budgets qui auront à souffrir : celui de l’enseignement. Pour augmenter le financement public de l’enseignement, on ne peut vraiment pas compter sur les partis traditionnels…

    STOP à la destruction de notre environnement

    L’avenir qui se dessine sur base du constat de la crise environnementale et économique est loin d’être réjouissant : aux pertes d’emplois, à la misère et à la famine s’ajoutent la pollution, les dérèglements climatiques et la disparition d’espèces. La planète des générations futures est un monde imprévisible, à la mécanique naturelle grippée. Le programme des néolibéraux-vert d’Ecolo est constitué d’une suite de revendications vagues (“élargir les marges de manœuvres des Etats” ou mettre en place un “Green Deal” au contenu flou) qui refusent de s’en prendre à la cause réelle de la crise environnementale : le système capitaliste.

    Quelle Alternative ?

    Alors qu’en France c’est le Nouveau Parti Anticapitaliste de Besancenot qui a le vent en poupe, chez nous, beaucoup vont émettre un vote sanction en faveur d’Ecolo. Ecolo qui déclare sans complexe être prêt à gouverner également avec la droite et a déjà démontré qu’une fois au gouvernement, ils ne font pas de réelle différence. A l’occasion des mobilisations lors du dernier sommet européen de l’enseignement, ceux-ci ont déjà avoué qu’ils n’étaient pas prêts à augmenter le budget de l’enseignement. Au contraire, ils sont préparés à faire payer la crise aux travailleurs et à leur famille. Un vote pour Ecolo ne sera pas un vote en faveur des jeunes et des travailleurs, mais restera un vote en faveur des vrai profiteurs : les capitalistes.

    Le PSL défend comme alternative une société socialiste où la collectivité prend la production en mains dans le but de satisfaire les besoins de tous, et non les profits de quelques-uns. Les élections constituent une partie de notre lutte, mais une société socialiste ne peut être obtenue par le simple biais des élections. Pour avoir un avenir, il faudra lutter ensemble, jeunes et travailleurs! Il est nécessaire que la classe des travailleurs prenne en main la lutte pour le contrôle et la gestion de la société.

  • PLAN D’AUSTERITE: Ca va faire mal après les élections

    Tous les partis traditionnels sont d’accord : la crise économique va mener à un déficit budgétaire record. Les revenus des contributions vont baisser : si les revenus de la plupart des gens actifs sont aisément vérifiés et le paiement de leurs impôts étroitement contrôlé, le gouvernement, avec Reynders aux Finances, accepte par contre sans problème que les entreprises soient plus “créatives” avec les impôts pour en payer toujours moins.

    Par Peter Delsing

    e, les dépenses pour le chômage et la sécurité sociale augmentent par contre rapidement. Le déficit de la sécurité sociale pourrait monter cette année à presque 2 milliards d’euros. Comme c’est le cas pour beaucoup d’estimations économiques ces derniers temps, il est fort probable que celle-ci devra encore être revue à la hausse. Sans les réductions de charges sociales patronales qui atteignent 5 à 6 milliards d’euros par an, la situa-tion financière de la sécurité sociale serait évidemment bien plus saine. Comme dans le cas des milliards versés pour les banques, la logique est claire : les bénéfices sont pour le secteur privé, les charges pour la collectivité.

    De son côté, le nouveau gouvernement Van Rompuy doit revoir les prévisions économiques à la baisse. Il y a quelques semaines, il se basait encore sur le pronostic d’une décroissance de 1,9%. Aujourd’hui cela semble encore trop optimiste. Selon le FMI, nous allons atterrir dans “une récession profonde” où la croissance négative atteindrait les -2,5%. Les banques ING et KBC sont encore plus pessimistes : leurs analystes prévoient respectivement une décroissance de 2,7 et 3,2%. Van Rompuy est bien décidé à garder le silence jusqu’aux élections. D’autres avancent de noirs scénarios au sujet des mesures à venir. Le Conseil Supérieur des Finances (CSF) estime que le déficit budgétaire atteindra 4,5 ou même 5% du PIB dans les prochaines années. Ce qui ferait entre 15 et 17 milliards d’euros. Selon le journal De Standaard, nous allons vers “la mère de tous les plans d’austérité”. Le CSF conseille “d’assainir” 3,7 milliards d’euros par an pendant quelques années, ce qui représente une somme bien plus élevée que le Plan Global de 1993 (voir l’article qui sera publié demain).

    Cela s’ajoute au fait que la protection sociale a été fortement réduite. La pauvreté en Belgique, qui atteint aujourd’hui 15%, a triplé depuis les années 1980. Est-ce que ce taux va atteindre 20 ou 25% dans les prochaines années ? Dans la presse, on peut déjà lire des appels à porter l’âge de la retraite à 67 ans. Et cela, à un moment où les sondages montrent que 47% des travailleurs belges éprouvent des problèmes de stress à cause de la charge de travail trop élevée. 21% des retraités sont pauvres. Comment pourrait-on encore “assainir” les pensions ? Il serait plutôt nécessaire de les augmenter à un niveau correct mais cela exige le choix politique d’aller chercher l’argent là où il se trouve : chez les capitalistes et les grands actionnaires qui contrôlent la moitié de la richesse du pays.

    Les dépenses dans les soins de santé seront également touchées par les assainissements. Nous payons déjà personnellement un tiers des frais de santé et cette proportion risque encore d’augmenter. Faute d’un refinancement public de l’enseignement et des soins de santé, l’accès à ces services devient de plus en plus coûteux. Si les gouvernements doivent encore couper dans l’enseignement, le danger d’une forte augmentation des coûts d’inscription dans l’enseignement supérieur devient réel. L’enseignement deviendra un privilège pour les riches, directement au service du monde patronal, et non tourné vers le développement général de l’individu ou de la société.

    Les discussions sur une scission communautaire de la sécurité sociale (en tout ou en partie) seront utilisées pour diviser et affaiblir la riposte des travailleurs et pour pouvoir ainsi “assainir” davantage. Cela se voit clairement dans l’enseignement, déjà “scissionné” et tout aussi attaqué des deux côtés. Les travailleurs doivent s’opposer à ce rideau de fumée communautaire. Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans une lutte nationaliste pour gérer les déficits produits par un capitalisme en crise.

    Rudy De Leeuw (président de la FGTB) a raison lorsqu’il dit qu’il est impossible “d’assainir” encore plus sur le dos des travailleurs et des pauvres. Mais, s’ils le pensent vraiment, lui et les autres dirigeants syndicaux devraient arrêter de négocier les mesures “d’accompagnement social” des plans d’assainissement et des restructurations d’entreprises et organiser une véritable opposition aux plans de régression que les gouvernements vont nous imposer à tous les niveaux au cours des prochaines années. Il nous faut un plan d’action solide couplé à une réponse idéologique claire au capitalisme décrépit : c’est la seule façon d’éviter un retour aux années 1930 avec leur chômage et leur appauvrissement massifs.

  • Qui va profiter des “solutions” des partis traditionnels ?

    Les manchettes des journaux l’affirment clairement : la situation économique du pays est mauvaise et ce n’est pas près de s’arranger ! Petite sélection : “Chômage triplé au port d’Anvers” (première page du Standaard, 8 avril) ; “Plus d’un millier de faillites pour le mois de mars” (Le Soir, 2 avril, p 24) ; “Un quart des ouvriers au chômage” en mai en comptant le chômage temporaire (première page du De Standaard, 26 mars); “La tempête sociale ne faiblit pas” (Le Soir, le 27 mars, p 5).

    Par Anja Deschoemacker

    Les chiffres évoqués en disent long: entre février 2008 et février 2009, il y a eu 23,5% d’heures prestées en moins dans le travail intérimaire et 86,1% de chômeurs temporaires en plus…

    “Comment en finir avec la crise?” devrait donc être une question cruciale pour les élections. Au lieu de cela, tous les partis traditionnelles gardent lèvres closes sur ce qu’ils nous préparent… Pas fous, on ne gagne pas les élections en parlant d’attaques sociales contre la sécurité sociale, la législation du travail, les services publics,…!

    “Horreur budgétaire”

    C’était le titre de la première page du De Standaard le 24 mars, après la fuite qui a rendu public le rapport du Haut Conseil des Finances. Sur base de ce rapport, le gouvernement fédéral actuel a tracé la voie pour obtenir un budget en équilibre en 2015, l’idée étant de patienter jusqu’à la relance de l’économie, même si personne ne sait quand elle arrivera.

    Le HCF préconisait d’y arriver pour 2013 et avait calculé qu’il faudrait pour y parvenir “assainir” d’à peu près 4 milliards d’euros par an – plus que lors du Plan Global 1993 (qui nous avait alors valu entre autres l’introduction de la norme salariale et de l’index-santé aux conséquences tellement néfastes pour le pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires) Par la suite, Verhofstadt et ses gouvernements ont, pendant des années, contourné une partie de leurs difficultés budgétaires en "soldant" les biens publics, comme les bâtiments et les entreprises publiques. Aujourd’hui, cette "solution" est bien moins évidente à appliquer : que reste-t-il encore à vendre ? Dès lors, il va falloir saigner à vif.

    Quelles solutions proposent les partis traditionnels ?

    Le MR et ses frères libéraux du VLD de l’autre côté de la frontière linguistique restent scotchés aux recettes néolibérales : l’introduction de l’intérim dans les services publics, la limitation de l’allocation de chômage dans le temps combinée à la chasse aux chômeurs, le démantèlement de la législation du travail (afin de comprimer les coûts salariaux et aussi de faciliter les licenciements), etc.

    En face, le PS fustige à grands cris “l’ultra-libéralisme”. Mais cela manque un peu de crédibilité de la part d’un parti qui est au pouvoir depuis plus de 20 ans – et qui a l’ambition d’y rester encore au moins 10 de plus…- dont les 9 dernières années avec les libéraux.

    “Pas question d’un plan d’austérité”, déclare Di Rupo dans Le Soir (28/3), pour dire ensuite que la politique du MR – et surtout la mauvaise gestion financière de Reynders, considéré de plus en plus largement comme le pire Ministre des Finances – a "réduit à néant" les effets de l’austérité de la fin des années ‘80 et des années ’90 appliquée par une coalition socialiste et sociale-chrétienne. En d’autres mots : le PS est fier de ses "acquis" durant cette période, comme le Plan Global et les énormes diminutions de charges patronales qui menacent aujourd’hui de couler la sécurité sociale. Le PS est prêt à faire de nouveau un tel "effort" – mais quand il n’y aura plus d’élections en vue.

    Au moins le PS dit-il encore quelque chose contre la politique néolibérale défendue bec et ongle par le MR et le VLD. Ce n’est même plus le cas du SP.a. qui tient les propos les plus contradictoires : il reproche au gouvernement le déséquilibre budgétaire (qui devrait atteindre 4,5% pour cette année) tout en l’exhortant à dépenser plus…

    Et le CD&V, au fait ? Il se tait le plus possible. Il était revenu au pouvoir en promettant une réforme d’Etat audacieuse mais, l’affaire provisoirement terminée en pétard mouillé, le parti a choisi de ressortir son profil passé de père de famille "responsable" – sévère, mais juste – qui applique ce que nécessite "l’intérêt général". Pour eux, un plan d’austérité ne se conçoit pas comme une mesure unilatéralement prise par le gouvernement, mais comme une concertation avec les partenaires sociaux, suivant l’exemple du Plan Global de ‘93.

    Coincé entre le MR et le PS engagés dans une lutte à couteaux tirés pour le leadership dans la partie francophone, le CDH ne se fait presque pas entendre, sauf à travers le plaidoyer de Milquet en faveur de l’extension du chômage économique aux employés.

    En Flandre, beaucoup de gens expriment leur dégoût des partis traditionnels en votant pour une opposition de droite. Mais le Vlaams Belang, la Lijst Dedecker et la NVA défendent en réalité des mesures d’austérité encore plus dures. Les écolos de Groen! ont semblé un moment vouloir jouer un rôle d’opposition de gauche mais, à la première occasion qui leur a été donnée d’entrer au gouvernement, leur radicalisme a vite montré ses limites.

    En Wallonie, le mécontentement social est aujourd’hui largement capté par Ecolo, à qui les sondages annoncent une grande percée et qui pourrait atteindre 20% et dépasser le CDH. Il n’est plombé ni par des participations gouvernementales impopulaires, ni par des "affaires" à la mode Van Cau et Lizin. Il n’hésite pas devant une solide touche de radicalisme – il faut "libérer l’économie de la dictature de la finance" affirme leur programme électoral. Mais les mesures concrètes proposées dans leur "New Deal Vert" – mieux encadrer l’activité des banques, interdire les parachutes dorés, réorienter l’économie vers l’énergie renouvelable et le développement durable,… – restent tout à fait acceptables par le patronat.

    Ce paysage politique n’offre pas de choix !

    Ce rapide panorama montre clairement l’absence d’un parti qui ne pense pas d’abord aux profits des entreprises quand on parle de résoudre la crise mais qui considère comme une priorité les intérêts de la grande majorité de la population et veut apporter des solutions à leurs problèmes. Taper du poing sur la table pour défendre l’emploi, exiger des salaires et des conditions de travail corrects, imposer les entreprises qui ont amassé des fortunes incroyables, défendre la sécurité sociale et les services publics, nationaliser les secteurs-clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs et de la population,… tout cela est aussi étranger aux socialistes et aux Verts qu’aux autres.

    Sans parti pour les représenter, les travailleurs et les allocataires sociaux (qui représentent ensemble la majorité écrasante de la population) n’ont face à eux que les jeux des politiciens traditionnels : une petite poussée communautaire, une gesticulation contre le changement climatique, un zeste de proposition sur le droit d’asile,… Mais une réponse générale partant de la division la plus fondamentale de la société – la division en classes sociales aux intérêts opposés – reste totalement absente de cette lutte électorale.

    Il faut un nouveau parti pour les travailleurs

    Dans une situation de crise profonde – cette crise sera peut-être même pire que celle des années ’30 – cela est dramatique. Quel que soit les combinaisons qui sortiront des urnes, cela ne changera rien au fait que le patronat et les partis à son service se préparent à saigner nos droits et notre niveau de vie.

    Pour le moment, notre seul moyen de défense réside dans la préparation de la résistance syndicale: les militants combatifs doivent augmenter la pression sur les directions syndicales. Mais sans instrument politique pour prolonger cette lutte, la défense sera presque la seule option.

    Le PSL/LSP défend depuis longtemps déjà la nécessité de construire un parti de lutte pour les travailleurs et leurs familles. Nous continuerons à populariser cette idée avec nos propres listes LSP du côté néérlandophone et aux régionales à Liège, Mons et Nivelles, et en coopération aux élections européennes en Belgique francophone avec la LCR (liste LCR-PSL) ainsi qu’avec le PC et le PH à Bruxelles (liste PC-PSL-LCR-PH). Ces collaborations ne vont pas conduire à la naissance d’un tel parti large, mais les électeurs auront au moins l’opportunité de voter pour un programme qui défend réellement les intérêts de la grande majorité de la population contre les partis des patrons.

  • Luttons contre l’homophobie!

    Une interview de Mariana Cristina, représentante du travail LGBT de Socialismo Revolucionario, notre section-sœur au Brésil réalisée par Pablo N, de Bruxelles à l’occasion de la rencontre internationale qu’a constitué l’école d’été d’Amérique Latine du CIO.

    par Pablo N

    PN : Bonjour, pour commencer, peux-tu nous expliquer quelle est la situation des LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Transsexuels) au Brésil et quel est le sentiment qui règne dans la population à propos de la lutte contre l’homophobie ?

    MC : Tout d’abord, l’oppression des LGBT diffère de celle des autres groupes discriminés comme les femmes ou les noirs, car les patrons n’utilisent pas directement cette discrimination pour faire de la plus value. De plus, cette oppression est niée dans la population brésilienne. En effet, pour eux, les LGBT ont les mêmes droits que tout le monde. Pourtant, la réalité nous montre que cette oppression existe. Presque personne n’affirme être homophobe, mais peu acceptent d’avoir un homo dans leur entourage proche. Encore récemment, une recherche a par exemple démontré que si l’on demande à des enfants «qui ils ne voudraient pas avoir comme amis» (c-à-d : un «gros», un «petit»,…) la majorité ne veulent pas d’homosexuels comme amis. De plus, les insultes homophobes sont très courantes. On donne ainsi aux homos des noms d’animaux. La violence est également très présente contre les LGBT, particulièrement contre les transsexuels et les travestis qui pour survivre doivent souvent se prostituer et affronter tous les risques liés à cette pratique. Les lesbiennes, elles, subissent plus une violence domestique, nous n’avons donc pas beaucoup de chiffres. Il est très clair que les LGBT souffrent énormément des discriminations au sein même du cercle familial. Ce qui fait aussi qu’ils ne vont pas en justice, ils pensent que leur problème est un problème individuel et familial.

    PN : En Belgique, le mariage civil est légal pour les LGBT, où cela en est-il au Brésil ?

    MC : Il y a effectivement un projet de loi qui est discuté… depuis 18 ans. Lula (le Président actuel du Brésil) a promis beaucoup pour la communauté homo comme l’accélération du projet de loi pour le mariage ou encore un programme «homophobie zéro», mais rien n’a été fait. De plus, contrairement aux ONG, nous pensons qu’il ne faut pas s’attarder sur la partie légale ou le mariage, ce n’est qu’une partie de notre lutte.

    PN : Je sais que le poids de l’Eglise catholique est très important en Amérique Latine et je suppose qu’il en est de même ici, au Brésil. J’aimerais te demander quelle est la réaction de l’Eglise par rapport à la communauté LGBT ?

    MC : L’Eglise catholique est malheureusement un vrai problème dans notre lutte. En effet, au début de cette année par exemple, elle a émis le souhait que l’homosexualité soit détruite cette année. De plus, elle organise aux alentours de la date de la gay pride une «Marche pour la vie» à caractère homophobe avec comme objectif d’avoir une participation plus nombreuse que celle de la gay pride. Heureusement, elle n’y arrive pas. L’Eglise protestante est plus ouverte, elle a voulu lancer une campagne contre l’homophobie, mais suite à une autre campagne pour l’avortement, elle n’avait plus suffisamment d’argent.

    PN : Tu as parlé de la gay pride. En Belgique, cela existe également. Malheureusement, elle devient de plus en plus apolitique et commerciale. Une image capitaliste du LGBT y est mise en exemple. Comment cela se passe ici ?

    MC : Tout d’abord, il existe aussi un marché «LGBT» capitaliste, que nous appelons «Pink» : beaucoup de produits de luxe, des boîtes branchées, etc. Ce phénomène est tellement répandu qu’on dit que l’homosexuel doit «acheter» son homosexualité. Mais bien sûr, c’est une question de classe. Seuls les riches peuvent se permettre d’«être» véritablement homo. A Rio de Janeiro par exemple, il y a les plages de Copacabana et de Paneima qui sont connues pour le tourisme gay et, comme ce sont des riches qui vont là-bas, ils n’ont aucun problème dans la rue, ils peuvent se tenir par la main, etc. Mais les autres homos brésiliens qui ne peuvent pas se payer des apparts sur ces plages se font agresser en rues.

    La gay pride est ici un très grand évènement, chaque année. Elle rassemble plus de 3 millions de personnes (LGBT ou non) et est préparée un mois à l’avance. C’est un évènement très important pour la communauté gay, car c’est le seul jour dans l’année où ils peuvent ouvertement être gays.

    PN : Quelle est votre intervention dans le cortège ?

    MC : Avant, nous dirigions le «mouvement LGBT socialiste» au nom du PSoL (Parti du Socialisme et de la Liberté). En 2006, nous avions un camion avec des parlementaires du PSoL et nos militants distribuaient des tracts autour d’eux. Malheureusement, après une demi journée, tout le monde est trop drogué ou trop saoul, donc nous avons arrêté l’intervention. Mais en 2007, nous n’avions plus de grosse intervention du PSoL, nous nous sommes contentés de distribuer des tracts de Socialismo Revolucionario. Cette année (en 2008) nous avons fait une intervention avec Conlutas (une nouvelle centrale syndicale de gauche), mais les organisateurs de la gay pride ne veulent pas de politique et ont estimé que le camion de Conlutas n’était pas du «bon format». Alors nous avons organisé un cordon humain pour faire passer le char et les organisateurs ont appelé la police. Résultat : 2 personnes arrêtées et un bras cassé chez nous.

    PN : Pourquoi l’intervention avec les PSoL ne prend-elle plus place ?

    MC : En fait, avant, nous avions 2 camarades LGBT qui ne militaient que sur le travail LGBT, mais à cause de la trop grande pression dans le mouvement gay pour ne pas avoir une vision de classe, ils nous ont quitté. C’est ce qui a empêché de nouvelles éditions de l’intervention du PSoL et a considérablement affaibli notre travail LGBT. Pour cela, nous faisons très attention à ce que nos membres LGBT militent non seulement pour leur communauté, mais avant tout pour la classe ouvrière.

    PN : A propos, quel est votre travail LGBT aujourd’hui ?

    MC : Nous sommes en train de nous réorganiser, d’écrire un programme et nous prévoyons une campagne anti-homophobie sur les universités. Nous voulons à l’avenir engager une telle campagne en direction de la classe ouvrière sur les lieux de travail. Nous pensons à travailler à cela avec d’autres organisations dans Conlutas. De plus, ici, à l’école d’été du CIO (d’Amérique Latine) nous avons noué des contacts avec nos camarades chiliens pour un début de travail LGBT international.

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