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  • En Grèce, au Portugal, en Espagne… Ce n’est pas aux travailleurs de payer leurs crises !

    Hier après midi, un peu moins d’une centaine de personnes s’étaient réunies à Saint Gilles dans le cadre de la semaine européenne de protestation et de solidarité initiée par des députés européens de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL), appel relayé dans notre pays par le Front des Gauches. Différentes prises de parole ont souligné la nécessité de l’unité des travailleurs ainsi que celle de se préparer à devoir riposter en Belgique également contre les projets d’austérité qui ne manqueront pas de venir avec le prochain gouvernement. Par la suite, le cortège qui a défilé dans les rues voisines a pu compter sur la sympathie des habitants.

    Photos par Arthur (Liège)

  • En Grèce, au Portugal, en Espagne… Ce n’est pas aux travailleurs de payer leurs crises !

    Une Semaine de Protestation et de Solidarité a été lancée dans différents pays européens par 16 eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL). Des partis politiques, des mouvements sociaux et des activistes vont protester dans différents pays (Danemark, Irlande, Suède, Grèce, Portugal, Angleterre et Pays de Galles) contre les attaques sur les salaires, les pensions, le niveau de vie et les services publics. En Belgique aussi, une manifestation se déroulera ce samedi 26 juin.

    Par le Front des Gauches

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    • Tract du Front des Gauches
    • Europe – Initiative pour une "semaine de protestations et de solidarité"
    • Agenda de la semaine d’action
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      Manifestation ce samedi 26 juin – 13h30 – Place Van Meenen, Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

      Une réponse collective et une démonstration de solidarité face aux attaques qui déferlent sur l’Europe est nécessaire afin de réagir contre les tentatives visant à diviser les travailleurs ainsi que pour donner aux travailleurs la confiance de riposter contre les politiques destinées à leur faire payer la crise. En Belgique aussi, quel que soit le gouvernement que nous aurons, même avec les partis les «plus à gauche», tous les responsables politiques sont prêts à économiser 22 milliards d’euros sur le dos des travailleurs d’ici 2015.

      Ces protestations et actions européennes sont organisées autour des revendications suivantes :

      • Les travailleurs, pensionnés, chômeurs, étudiants, jeunes et ceux qui sont socialement exclus ne doivent pas payer pour la crise – il faut la faire payer aux super riches et aux banquiers ;
      • Solidarité avec les travailleurs en Grèce, pour l’unité des travailleurs en Europe;
      • Non à l’austérité, non aux baisses de salaires, non au chômage et à l’augmentation de l’âge d’accès à la retraite;
      • Pas de privatisation des services publics;
      • Stop au renflouage des banques – Nationalisation des banques et des institutions financières dans l’intérêt des travailleurs.

      Cette manifestation se place dans le cadre de la semaine de protestation et de solidarité initiée par 16 eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne. Cet appel est relayé par le Front des Gauches (qui regroupe le PC, le PSL-LSP, la LCR, le PH, le CAP et Vélorution), avec le soutien de Synaspismos-Bruxelles, de la Federazione Comunista del Belgio et du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde.

  • Partager les richesses et pas diviser les travailleurs!

    C’est notamment avec ce slogan que le PSL-LSP a mené campagne avec une affiche bilingue. Particulièrement en Flandre, ce slogan était unique, le seul avec un véritable contenu pour indiquer un choix clair: celui d’être du côté des travailleurs et de leurs familles contre la petite élite richissime.

    Par Bart Vandersteene

    Et qu’il y a de la richesse dans notre pays, nous avons encore pu le vérifier avec un petit article paru dans la presse quelques jours avant les élections : en Belgique, 3,5% des familles sont millionnaires en dollars. Il s’agit du plus grand pourcentage en Europe, juste après la Suisse. Alors que, malgré la crise, les riches se portent bien, le message destiné aux travailleurs est celui de l’austérité. La population est matraquée par la propagande. A la longue, tout le monde est naturellement censé accepter comme un fait acquis que l’on doit faire des économies et ce dans notre sécurité sociale, dans nos soins de santé, dans nos services publics et dans nos pensions. Notre slogan était une approche donnant une réponse en mettant à nu le gigantesque fossé existant entre les super-riches et le reste de la population.

    En Flandre, l’électeur avait le choix entre des slogans de partis tels que ‘ne jamais renoncer’, ‘nous devons aller de l’avant’, ‘un nouveau départ’, ‘oser changer maintenant’, ‘énergie positive’,… Ce sont autant de slogans de cartes postales qui veulent dire tout et leur contraire et sont dans les faits parfaitement interchangeables, puisqu’ils ne disent rien. En Belgique francophone, on pouvait choisir entre ‘l’union fait la force’ (CDH), ‘la garantie du respect’ (MR), ‘nous restons ouverts pendant les transformations’ (Ecolo) ‘un pays stable, des emplois durables’ (PS). Même si le paysage politique est aujourd’hui redessiné, il n’y aura pas de grands changements : tous les partis représentés au Parlement acceptent l’idée que c’est à la population ordinaire de payer pour une crise qu’elle n’a pas provoquée. Les opinions ne divergent en définitive que sur les modalités d’application de ces économies.

    Mais dans les derniers résultats électoraux résident aussi les graines du développement d’une réelle alternative. Les résultats du PTB et du Front des Gauches montrent clairement ce qui peut être possible à l’avenir. Dans une période d’austérité dure avec le PS et le SP.a comme exécutants volontaires de la logique d’austérité, les syndicats doivent se demander combien de temps on pourra encore se satisfaire d’un vote pour le ‘‘moindre mal’’. En Flandre, une proportion croissante des électeurs est à la recherche ‘‘d’autre chose’’. Pour un changement de société dans l’intérêt de la majorité de la population, il ne faut pas regarder en haut, mais construire ce changement à la base.

    Le 29 septembre se déroulera à Bruxelles une manifestation syndicale internationale contre l’austérité en Europe. Le PSL sera présent, avec des campagnes et des initiatives concrètes pour renforcer la lutte contre les assainissements. De ce mouvement peut venir la conclusion politique que nous avons besoin de notre propre instrument politique pour défendre nous-mêmes nos intérêts.

  • Une “Semaine de Protestations et de Solidarité” du 21 au 26 juin

    Afin de soutenir la Semaine de Protestation et de Solidarité, la fraction de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) au Parlement Européen va coopérer avec des partis politiques, des mouvements sociaux et des activistes pour protester partout en Europe contre les attaques sur les salaires, les pensions, le standard de vie et les services publics. En Belgique aussi, une manifestation se déroulera ce samedi 26 juin.

    Une réponse collective et une démonstration de solidarité face aux attaques qui défèrlent sur l’Europe est nécessaire afin de réagir contre les tentatives visant à diviser les travailleurs ainsi que pour donner aux travailleurs la confiance de riposter contre les politiques destinées à leur faire payer la crise.

    Ces protestations et actions sont organisées autour des revendications suivantes :

    • Les travailleurs, pensionnés, chômeurs, étudiants, jeunes et ceux qui sont socialement exclus ne doivent pas payer pour la crise – il faut la faire payer aux super riches et aux banquiers ;
    • Solidarité avec les travailleurs en Grèce, pour l’unité des travailleurs en Europe;
    • Pas d’assainissements, de baisses de salaires, de chômage ni d’augmentation de l’âge d’accès à la retraite;
    • Pas de privatisation des services publics;
    • Stop au sauvetage des banques – nationalisation des banques et des institutions financières dans les intérêts des travailleurs.

    Actions planifiés par les partis de la GUE/NGL pour la Semaine de Protestation et de Solidarité

    Irlande

    Ce samedi 26 juin, une manifestation aura lieu à Dublin, à 13h. Le cortège partira de la Central Bank pour aller vers les bureaux de l’Union Européenne et pour ensuite finir à l’Anglo-Irish Bank.

    Ce jeudi 24 juin, au soir, une manifestation se déroulera à Belfast au bureau de la Commission européenne.

    Grèce

    Ce mardi 22 juin, une journée d’action aura lieu partout en Grèce, pour la sécurité sociale et pour défendre le système de pension. Des protestations prendront place partout dans le pays, aux bureaux de la sécurité sociale de chaque ville et avec de grandes manifestations à Athènes et à Thessalonique.

    Ce vendredi 25 juin, un Festival international aura lieu, avec de la musique et des speechs d’orateurs internationaux et de syndicalistes.

    Ce dimanche 27 juin sera une journée de protestation partout en Grèce contre la privatisation des chemins de fer. De nouveau, des protestations prendront place dans toutes les villes, surtout à Athènes et à Thessalonique.

    Portugal

    Ce samedi 26 juin, dans l’après-midi, une action est prévue à Lisbonne, où 200.000 tracts sur la crise sont distribués avec une contribution de Francisco Louçã et des membres du parlement.

    Suède

    Le Parti de Gauche organise cette semaine un concert et un festival pour attirer l’attention sur la Semaine de Protestation.

    Danemark

    L’eurodéputé Søren Søndergaard organise un meeting public concernant l’appel à la solidarité européenne.

    Autres événements:

    Angleterre & Pays de Galles

    La réunion du Réseau National de Déléguées se déroulera dans le cadre de la solidarité internationale et en solidarité avec les autres actions européennes.

    Belgique

    Le Front des Gauches planifie une action à Bruxelles, ce samedi 26 juin à 13h30, Place Van Meenen, à Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

  • En Grèce, au Portugal, en Espagne… Ce n’est pas aux travailleurs de payer pour la crise !

    Manifestation ce 26 juin à Saint Gilles

    Une Semaine de Protestation et de Solidarité a été lancée dans différents pays européens par 16 eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL). Des partis politiques, des mouvements sociaux et des activistes vont protester dans différents pays (Danemark, Irlande, Suède, Grèce, Portugal, Angleterre et Pays de Galles) contre les attaques sur les salaires, les pensions, le niveau de vie et les services publics. En Belgique aussi, une manifestation se déroulera ce samedi 26 juin.

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    • Tract du Front des Gauches
    • Europe – Initiative pour une "semaine de protestations et de solidarité"
    • Agenda de la semaine d’action
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      Manifestation de solidarité et de protestation

      Ce samedi 26 juin, 13h30

      Place Van Meenen, à Saint-Gilles (Hôtel de ville)

      Cette manifestation se place dans le cadre de la semaine de protestation et de solidarité initiée par 16 eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne. Cet appel est relayé par le Front des Gauches, avec le soutien de Synaspismos-Bruxelles et de la Federazione Comunista del Belgio.

  • Pour l’indépendance réelle et pour le socialisme !

    50 ans d’indépendance formelle de la RD Congo, suka wapi (*) ?

    Ce 30 juin 2010, au regard du bilan de ces 50 ans ‘‘d’indépendance’’, on verra qu’il ne reste plus grand-chose de cette indépendance et que la grande fête du 30 juin 1960 n’aura que peu duré. Depuis lors, le Congo n’a connu que la dictature pro-impérialiste de Mobutu, les guerres, la souffrance et la misère. Pour une réelle indépendance et pour que les énormes richesses du pays reviennent à la population, une société socialiste est nécessaire.

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    République Démocratique du Congo

    Population en 2009 : 68.692.542 (6 fois la Belgique, autant qu’en France)

    Quelques dates :

    • 1885: Léopold II achète le Congo en tant que propriété personnelle, et s’enrichit par la vente de caoutchouc. Entre 1885 et 1908, au moins 5 millions de Congolais meurent des suites de l’exploitation et de la maladie
    • 30 juin 1960: le Congo obtient son indépendance, sous la Présidence de Kasavubu et avec Lumumba comme Premier Ministre. Lumumba est assassiné en 1961
    • 1965-1997: le Général Mobutu prend le pouvoir. En 1971, le Congo est rebaptisé Zaïre. En 1984, la fortune de Mobutu était estimée à 4 milliards de dollars
    • 18 mai 1997: Kabila entre dans Kinshasa avec ses troupes de l’AFDL
    • 1998: début de la guerre civile, lorsque le Rwanda et l’Ouganda se liguent contre Kabila
    • 2001: Kabila est assassiné lors d’une tentative de coup d’Etat, son fils prend le pouvoir à sa suite
    • 2006: Kabila Jr. remporte les élections

    Une indépendance arrachée de haute lutte

    ‘‘L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du Roi Léopold II’’ voilà ce que déclare le roi Baudouin à Léopoldville (Kinshasa) le 30 juin 1960, en affirmant que l’indépendance est le sommet de l’œuvre civilisatrice de la Belgique en Afrique. Un beau mensonge, destiné à justifier la colonisation afin de garder une mainmise ‘amicale’ (sic) sur le Congo et à préserver le prestige de la Belgique sur la scène internationale. La vérité, la voilà : l’indépendance du Congo a été acquise au prix de la lutte implacable du peuple congolais et au prix du sang de nombreux combattants de cette indépendance.

    Ainsi, le 4 janvier 1959, la foule de Léopoldville s’était attaquée aux symboles du colonialisme, police et armée en tête, après l’interdiction et la répression d’un meeting de l’ABAKO de Joseph Kasa-vubu(1), au prix d’une centaine de morts. Ce n’est qu’après cet événement que la Belgique s’est résolue à l’indépendance, en comprenant qu’elle était incapable d’assumer une lutte prolongée. Avant cette date, l’indépendance était inconcevable à court terme. Ainsi, le professeur Van Bilsen, de l’UCL, parlait alors d’une éventuelle indépendance du Congo par l’intermédiaire d’un plan étalé sur 30 années.

    Cette cérémonie du 30 juin à Kinshasa révèle trois choses. Premièrement, la Belgique ne compte nullement abandonner sa mainmise sur le Congo. Deuxièmement, le discours du président Kasa-Vubu montre que la plupart des élites congolaises est prête à vendre cette indépendance que le peuple a obtenue pour quelques privilèges personnels. Le président Kasa-Vubu remercie ainsi Baudouin pour avoir ‘‘aimé et protégé’’ la population du Congo. La troisième chose rétablit la vérité sur l’indépendance du Congo et est révélée dans le discours de Patrice Lumumba(2), qui affirme que ‘‘cette Indépendance (…) nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.’’

    C’est de ce discours, où Lumumba salue les combattants de l’indépendance, ses ‘‘frères de lutte’’, dont nous nous souviendrons ce 30 juin 2010.

    Du colonialisme au néocolonialisme

    Comme l’a annoncé Baudouin, la Belgique ne compte pas abandonner ses ‘‘droits’’ sur le Congo et, plus spécifiquement, sur les richesses minières du pays. Quand il se rend compte que Lumumba, le premier ministre, veut vraiment faire profiter les richesses du pays aux Congolais, l’Etat belge décrète sa mise à mort ainsi que celle de son gouvernement nationaliste. Cela se concrétise tout d’abord par un soutien à la sécession du Katanga (où se trouvent la plupart des richesses minières et la puissante Union Minière) et à celle du Sud-Kasai (où se trouvent les ressources diamantifères) et ensuite par l’assassinat de Lumumba et le soutien au Coup d’Etat du général Mobutu.

    Le régime mobutiste est un régime de dictature et de terreur instauré avec le soutien de la Belgique et des Etats-Unis, à travers la CIA qui travaillait déjà avec Mobutu depuis plusieurs années. La formule qui dit que ‘‘contre des privilèges personnels, les élites congolaises sont prêtes à vendre leur pays aux intérêts occidentaux’’, se vérifie.

    Le régime de Mobutu est soutenu par les puissances occidentales afin de protéger les intérêts économiques occidentaux au Congo (devenu Zaïre en 1971) et pour être la plaque tournante de la CIA contre le ‘‘communisme’’ en Afrique. Ainsi, le Zaïre a par la suite été la base arrière de l’UNITA, qui luttait pour les intérêts occidentaux en Angola contre le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) au pouvoir.

    Grâce à une aide occidentale considérable, le régime de Mobutu peut offrir quelques miettes à la population ; le niveau de vie s’améliore durant quelques années, avec des résultats corrects dans l’éducation par exemple. Mais cette relative et très brève période de réussite n’est due qu’au financement occidental et, quand les régimes occidentaux décident que Mobutu va trop loin et qu’ils le lâchent définitivement après la chute du mur de Berlin et la fin de la ‘‘nécessaire lutte contre le communisme’’, le régime s’effondre.

    Dépourvu du soutien occidental, le Zaïre de Mobutu sombre dans le chaos et la violence : Kengo wa Dondo, le chef du gouvernement du parti unique MPR (et actuel président du Sénat), ‘‘remet de l’ordre’’ dans les finances de l’Etat en pratiquant une politique néolibérale brutale, saccageant tous les acquis des travailleurs et de la population et allant même jusqu’à ne plus payer les fonctionnaires. Cette politique engendre une violence généralisée dans le pays et on assiste aux grands pillages opérés par les FAZ (l’armée officielle), qui n’avait plus touché leur salaire depuis longtemps.

    Cette période où l’impérialisme lâche Mobutu voit aussi l’organisation de la Conférence nationale souveraine (CNS) sensée opérer une transition démocratique pour le pays. On voit alors ‘‘l’opposant’’ de Mobutu, Etienne Tshisekedi (3) et son UDPS, monter en puissance pour finalement accepter de devenir premier ministre de Mobutu à plusieurs reprises. Cela illustre une fois de plus à quel point les élites congolaises sont prêtes à vendre leur pays pour quelques privilèges.

    La fin de Mobutu

    Extrait de l’édito de ce journal en juin 1997

    «Kabila a accompli ce que tous les pouvoirs impérialistes voulaient éviter à tout prix: prendre d’assaut Kinshasa. La position de Kabila est donc forte aujourd’hui. Ce qu’il va ensuite faire reste provisoirement une énigme. Les besoins sont immenses: emplois, salaires, soins de santé, enseignement, logement, transport et communications… L’objectif n’est pas seulement la reprise de l’économie et sa gestion dans l’intérêt des masses, mais aussi la reconstruction d’une économie totalement ruinée.’’

    «Cela ne peut se faire en ouvrant le pays à la dictature du marché et au capitalisme mondial. L’Alliance semble pourtant suivre cette voie: avant la prise du pouvoir, des accords d’exploitation ont déjà été signés avec des entreprises américaines et sud-africaines. Cela ne peut aboutir qu’à des zones franches dans les provinces disposant de richesses minérales où des journées de 16 heures de labeur avec des salaires de famine seront la norme.’’

    «Seul un gouvernement qui nationalise et planifie l’économie en faveur des masses peut offrir une solution. Les ouvriers et les paysans pauvres doivent être impliqués dans la mise sur pied et l’application d’un plan de reconstruction.’’

    «Le Congo devra évidemment faire du commerce avec le capitalisme mondial. Il sera donc soumis à une pression gigantesque. En restant indépendant de l’impérialisme et en mettant l’intérêt du peuple au centre de ses préoccupations, le Congo peut être un exemple pour tous les Africains et un pôle de solidarité internationale.’’
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    Les erreurs de Laurent-Désiré Kabila

    C’est dans ce contexte d’un Etat chancelant que démarre, en 1996, la guerre de l’AFDL, dont le porte-parole est Laurent-Désiré Kabila, qui tenait son maquis d’inspiration maoïste à Hewa Bora au Sud-Kivu depuis les années ’60. En réalité, derrière cet homme se trouvent les armées rwandaise et ougandaise, désireuses de profiter de la faiblesse du Zaïre pour piller les richesses de l’Est du pays (or, coltan, cassitérite, etc.) et pour traquer les génocidaires hutus de 1994 réfugiés au Zaïre. Vouloir ‘‘libérer’’ le pays avec des armées liées à l’impérialisme dans son dos, voilà la première erreur de Kabila.

    La population, qui veut en terminer avec le pouvoir chaotique de Mobutu, accueille favorablement les miliciens de l’AFDL jusqu’à Kinshasa, où le régime passe définitivement aux mains de Kabila le 17 mai 1997. Enfermé dans la théorie maoïste des deux étapes, et redevable envers ses ‘‘amis’’ rwandais, ougandais, angolais, zimbabwéens,… et occidentaux ; Kabila veut accueillir les ‘‘bons’’ capitalistes contre les ‘‘mauvais’’ qui avaient soutenu le régime mobutiste. Il octroie donc des concessions aux sociétés multinationales qui avaient financé la guerre de l’AFDL. Seconde erreur: impossible de libérer un pays du joug de l’impérialisme en l’accueillant à bras ouvert sur son sol ; impossible de développer un pays en permettant à des sociétés assoiffées de profits d’exploiter ses richesses. Un réel développement indépendant passe par la mise sous contrôle des travailleurs des entreprises pour que les richesses produites profitent à la population toute entière, que le développement s’effectue sur base nationale et pour éviter l’exportation des bénéfices vers l’étranger.

    Alors que les Congolais avaient accueilli l’AFDL à bras ouverts pour mettre fin au chaos mobutiste et à la dictature de parti unique du MPR ainsi qu’au ‘‘multi-mobutisme’’ instauré avec la CNS (celles-ci avaient permis la création de parti ‘d’opposition’, tous d’anciens mobutistes convertis à la démocratie comme Kengo, Tshisekedi, Karl-i-Bond, etc.), Kabila échoue à intégrer les masses dans un projet révolutionnaire. Les CPP (comités de pouvoir populaire) devaient, à la base, être le centre du pouvoir de Kabila, son instrument démocratique. Mais, au lieu de cela, les CPP jouent rapidement le rôle de courroie de transmission des ordres du haut vers le bas et non de réel pouvoir populaire. Rien d’étonnant : la lutte de Kabila était avant tout une lutte armée plus qu’un mouvement révolutionnaire populaire.

    Les caractéristiques principales d’une lutte armée sont de ne pas impliquer toutes les masses pauvres mais seulement les combattants ainsi que d’obéir à un système hiérarchique strict où la démocratie n’a pas place. C’est ce modèle qui s’applique désormais à l’ensemble de la société congolaise. C’est la troisième erreur fondamentale de Kabila et, lorsque les alliés rwandais et ougandais se sont retournés contre l’enfant turbulent Kabila, celui-ci n’a pu compter sur aucune base et s’est retrouvé seul, sans réel appui autre que celui de l’Angola jusqu’à son assassinat en 2001.

    Les parrains contre le filleul, le fils contre le gendre

    En 1998, Kabila s’émancipe trop de ses parrains, et ceux-ci décident de lancer une nouvelle guerre de ‘‘correction révolutionnaire’’ (sic). Ainsi nait le RCD, où se retrouvent pêle-mêle les anciens cadres de l’AFDL, des anciens FAZ, des membres de l’UDPS,… Bref, toute la clique pro-impérialiste du pays et tous les aventuriers prêts à gagner quelques privilèges contre services rendus à l’impérialisme. En réalité, les armées rwandaises et ougandaises ne tardent pas à se disputer la part du lion. Les troupes s’entretuent à Kisangani et l’Ouganda crée le MLC dirigé par Jean-Pierre Bemba, gendre de Mobutu. Le vieux Kabila assassiné, le fils prend la relève et, quelques millions de morts plus tard (on parle de 4 millions), on arrive aux accords signés à Sun City en 2002, qui prévoient un gouvernement commun Kabila-MLC-RCD et des élections en 2006. Cet accord a été rendu possible car les différentes parties étaient finalement d’accord sur l’essentiel depuis la mort de Kabila : satisfaire les occidentaux en accueillant les institutions financières internationales et répartir les postes de pouvoir. Quel cynisme ! Le fils de l’ancien président Kabila et le gendre de Mobutu (Jean-Pierre Bemba est également le fils de Jeannot Bemba Saolona, ancien président de l’ANEZA – association nationale des entreprises du Zaïre sous Mobutu, le patron des patrons), ensemble pour l’occident et les privilèges.

    Les élections donnent Kabila vainqueur et celui-ci réalise la politique voulue par l’impérialisme et les institutions financières internationales. Mais il n’y a aucun doute sur le fait que Jean-Pierre Bemba aurait réalisé le même programme, voire encore pire, lui qui est le fruit de l’union entre Mobutu et le patronat zaïrois.

    Un pays sous tutelle

    Aujourd’hui, à qui profitent les richesses du Congo ? Certainement pas à son peuple qui se voit accablé d’une pauvreté extrême. Dans des provinces comme l’Equateur ou le Bandundu, le taux de pauvreté atteint les 90%. Dans l’ensemble du pays, l’espérance de vie atteint péniblement les 54 ans et 1 million de personnes décèdent chaque année du SIDA. Et, en effet, le Congo n’a pas son avenir en main. En acceptant les plans des institutions financières internationales, Joseph Kabila leur a donné les clés de la maison. Aujourd’hui, par exemple, c’est un Canadien qui dirige la Gécamines, ancien fleuron de l’économie zaïroise et société nationale active au Katanga. Celui-ci a pour mission d’octroyer des concessions minières au plus offrant et c’est tout le capitalisme sauvage qui se retrouve au Katanga : du capitaliste belge Georges Forrest aux sociétés chinoises en passant par les multinationales venues d’Inde, du Canada, etc.

    Les programmes sociaux d’éducation, de santé,… sont inexistants. Les fonctionnaires ne reçoivent que rarement leur salaire, s’adonnant à la corruption pour survivre. Les infrastructures promises par Kabila dans ses ‘‘5 chantiers’’ sont invisibles. Rester dans le cadre du FMI ne pourra que faire perdurer cette situation : avec la dette immense laissée par Mobutu (pour construire des villas en Suisse, ce que les bailleurs savaient parfaitement), le Club de Paris – les grands créanciers des pays endettés – possède un moyen de pression extraordinaire pour pousser le régime congolais à libéraliser au maximum son économie, faisant ainsi place aux capitalistes qui pillent le pays. Cette question de la dette empêche également le Congo de toute capacité d’action puisque le budget de l’Etat s’en retrouve amoindri.

    Pour un Congo véritablement indépendant – Pour un Congo socialiste

    50ans après l’indépendance, nous voyons un pays sous tutelle des institutions financières internationales, un pays où la population ne voit pas un franc de ses richesses. En 2011 auront lieu les élections présidentielles et législatives et, quel que soit le vainqueur (Joseph Kabila, un opposant issu du PPRD, du MLC ou de l’UDPS), cet Etat des lieux de changera pas car tous ont la volonté d’être celui qui plaira le plus à l’impérialisme, tous sont prêts à vendre leur pays pour quelques privilèges. Au parlement, tous seront prêts à aller chercher leur enveloppe de dollars pour voter ‘‘comme il faut’’.

    La réappropriation du pays passe par la prise en mains de ses richesses par les travailleurs et le peuple tout entier et par la prise en mains par les paysans des grandes concessions octroyées aux amis de Mobutu.

    La résolution de la question agraire et la nationalisation des concessions minières, voilà ce qui permettra, grâce au profit immense qu’elles produisent, de dégager de l’argent pour construire les infrastructures nécessaires au développement du pays, pour investir dans l’éducation et dans la santé. Cette nationalisation doit être véritable et démocratique, c’est-à-dire entre les mains de ceux qui y travaillent et aux mains du peuple tout entier et non entre les mains de quelques dirigeants corrompus.

    Ce programme doit être réalisé en tenant compte des leçons enseignées par l’Histoire : ne faisons pas confiance aux élites prêtes à vendre le pays pour quelques privilèges ; ne nous allions pas avec des impérialistes, nos intérêts sont opposés ; ne nous allions pas avec des capitalistes, l’appropriation collectives des richesses est le seul gage d’une indépendance réelle ; impliquons les masses au maximum dans ce processus révolutionnaire, elles seules ont la force de résister aux agressions, elles seules peuvent éviter le pouvoir d’une élite corrompue ; la lutte commence au sein des travailleurs des villes par les grèves et les manifestations, la lutte armée n’est qu’un outil périphérique qui, utilisé seul, mène à la dictature.


    (*) Ça se termine où (quand) ?

    (1) L’ABAKO est l’Association des Bakongos, un parti régionaliste de la province du Bas-Congo dirigé par le président Kasa-vubu (1913-1969) qui représentait les positions pro-occidentales et soutenait la dictature de Mobutu.

    (2) Lumumba (1925-1961) était un chef de file du Mouvement national congolais (MNC) qui a remporté les élections en décembre 1959. Opposé à la déclaration d’Indépendance – parrainée par la Belgique – de la riche province du Katanga, il avait fait appel au soutien de l’Union soviétique. La radicalisation de Lumumba a donné lieu à son assassinat soutenu (ou organisé) par l’Occident.

    (3) Etienne Tshisekedi a toujours été un « opposant » au service de l’impérialisme. En 1965, il devient ministre de l’Intérieur sous Mobutu et participe, en 1967, à la rédaction de la nouvelle constitution de parti unique et au manifeste de Nsele qui fonde le MPR, Parti-Etat. Ce n’est qu’en 1982 qu’il fonde l’UDPS pour obtenir le pouvoir qu’il voulait partager avec Mobutu mais que celui-ci monopolisait. Lors de la transition ‘‘démocratique’’ et de la CNS, Tshisekedi sera plusieurs fois Premier Ministre de Mobutu comme demandé par les impérialistes qui voulaient le compromis entre ces deux hommes. Après la chute de Mobutu, l’UDPS a en permanence cherché des alliés contre Kabila. En 2006, l’UDPS soutient Jean-Pierre Bemba au second tour de la présidentielle après avoir boycotté l’élection.

  • Evaluation des élections du 13 juin 2010 : La NVA et le PS ensemble pour assainir 22 milliards d’euros

    Ces élections ont marqué une nouvelle étape de la crise politique. Un seul vainqueur côté flamand : la N-VA de Bart De Wever. Côté francophone, c’est le PS qui a cartonné (35,7% au Sénat et 37,5% à la Chambre). Envolée l’euphorie du Didier Reynders de 2007. Quant à la percée d’Ecolo de 2009, elle ne s’est pas confirmée. D’autre part, le Bureau du Plan estime que 22 milliards d’euros d’assainissement budgétaire seront nécessaire pour retrouver l’équilibre en 2015.

    Texte issu du Comité National du PSL-LSP

    Les résultats électoraux n’étaient pas vraiment surprenant. Ces élections étaient la tantième étape du développement d’une crise politique qui a surtout fait surface depuis 2007 mais qui commençait déjà à bloquer le fonctionnement de l’Etat fédéral en 2004.

    En 2004, des partis différents du niveau fédéral sont arrivés au pouvoir dans les gouvernements régionaux, signe révélateur du fait que la position des différents partis bourgeois devenait constamment plus volatile. Sous la direction d’Yves Leterme, le gouvernement flamand a presque directement entamer une guerre contre le gouvernement fédéral, en mentionnant par exemple la scission de BHV dans l’accord gouvernemental flamand (alors qu’il s’agissait d’une compétence fédérale), mais aussi sur base d’un nombre de dossiers liés au marché de l’emploi. Le gouvernement fédéral avait toujours plus une image d’irrésolution, d’un «gouvernement d’annonces» jamais concrétisées à cause de disputes internes…

    Cette volatilité s’est surtout développée en Flandre. L’année 1999 avait constitué une cassure avec le passé : pour la première fois depuis les années ’50, le CVP n’a pas pu prendre la direction du gouvernement. Guy Verhofstadt est monté au pouvoir avec le gouvernement arc-en-ciel, puis une deuxième fois avec le gouvernement viole. En 2004, le CVP (devenu entretemps) CD&V a regagné la direction en Flandre, de même qu’en 2007 au niveau fédéral, mais en cartel avec la NVA, rentrée au gouvernement flamand en 2009 (après la cassure du cartel imposée par le CD&V). Aujourd’hui, le CD&V (le parti de «monsieur 800.000 voix» en 2007) est tombé sous les 20%, pour la première fois de son histoire et il s’en est fallu de peu que Bart De Wever ne répète le score d’Yves Leterme.

    En comparaison, le paysage politique francophone semble être un oasis de sérénité. L’euphorie de Reynders en 2007 est vite retombée. Ce 13 juin, le PS a cartonné avec un double message : se présenter à la fois comme le défenseur des acquis de l’Etat-providence et comme le défenseur des francophones dans les négociations avec les partis flamands. Son soutien électoral illustre un penchant pour la sécurité et la stabilité, le «vote utile» contre la violence flamande et libérale dans le cadre de l’austérité très dure qui frappe partout en Europe.

    La Belgique est-elle dès lors un «pays à deux pays» ? Oui et non. Les médias, les partis politiques et tout un tas d’institutions sont séparées pour les deux grandes communautés, la situation sociale et économique y est différente, mais les partis politiques bourgeois des deux côtés sont tous au service des intérêts de la même bourgeoisie. Finalement, les intérêts de cette bourgeoisie – stabilité, mais aussi renforcement du taux d’exploitation – forcent les partis à parvenir à un compromis, des deux côtés. Même le dirigeant de la NVA, Bart De Wever, recherche une certaine pacification. Selon ses propres termes, il n’est «pas un révolutionnaire» et la décomposition de la Belgique n’est selon lui pas un processus révolutionnaire, mais bien un processus évolutionnaire dans le cadre du développement de l’unification européenne. Il continue visiblement à croire en une perspective d’unification européenne approfondie sur base capitaliste. Il n’est pas certains que toutes ses troupes sont sur la même ligne mais, pour le moment, Bart De Wever est le roi, y compris vis-à-vis de ses propres rangs.

    Victoire la NVA – un nouveau «parti populaire» en Flandre ?

    Quelle est la stabilité de la position dirigeante de De Wever ? La NVA peut elle remplacer le CD&V comme l’instrument le plus important de la bourgeoisie ? Non. La NVA est un petit parti petit-bourgeois qui représente l’opinion des petits patrons flamands et entre autres «le bons sens» qui dit que quand les choses vont moins bien en Flandre, il faut arrêter de subventionner «la politique socialiste» en Wallonie. Mais il s’agit aussi de la volonté de se débarrasser de certains mécanismes de protection sur le marché de l’emploi (voire de tous), sans trop se soucier de l’impact de ces mesures en termes d’approfondissement de la crise du capitalisme. La NVA combine les revendications de l’organisation patronale flamande Voka – un nationalisme flamand rationnel et chiffré, basé sur l’égoïsme économique – avec une aile plus romantique de nationalistes flamands historiques.

    Il y a une différence entre ces deux ailes. Pour la première, le plus important est une réforme d’Etat socio-économique conduisant à une exacerbation de la concurrence entre régions. Pour la deuxième, il s’agit surtout de dossiers linguistiques ou symboliques. L’échange entre une réforme d’Etat socio-économique et un plan d’austérité (ce sur quoi le PS serait préparé, selon un article de De Standaard basé sur des déclarations anonymes d’un intime de Di Rupo) et certaines concessions de la Flandre dans le cadre du dossier BHV, du financement de Bruxelles et sans doute aussi dans la réforme d’Etat (entre autre le maintien d’une sécurité sociale nationale) est beaucoup moins évident à avaler pour le deuxième groupe que pour le premier.

    La question à poser est la suivante: Bart De Wever est-il prêt à utiliser sa nouvelle position de force afin de servir les intérêts de la bourgeoisie belge ? Si ce n’est pas le cas, nous allons droit vers une période de pourrissement de la situation, une période de chaos et d’instabilité où la Belgique sera constamment plus dans le collimateur des spéculateurs. Cela donnerait le prétexte aux partis bourgeois, avec les verts, pour prendre les choses en main avec un gouvernement d’unité nationale incluant les verts si nécessaire. Dans ce cas, les médias feront tout pour faire porter le chapeau à la NVA et la présenter comme la responsable de la crise tout en soumettant Bart De Wever au même calvaire médiatique qu’Yves Leterme : passer de héro à zéro.

    Les premiers développements – juste avant les élections déjà, mais aussi les jours après – semblent montrer que Bart De Wever est effectivement prêt à servir la bourgeoisie belge: accepter un premier ministre francophone, déclarer que la réforme d’Etat sera basée sur un compromis, assurer que la NVA n’aspire pas à une décomposition du pays à court terme,… La question est alors : peut-il convaincre son parti et sa base ? La véritable question est : combien de temps faudra-t-il pour que Bart De Wever se soumette au calvaire d’Hugo Shiltz ? Avec le Vlaams Belang qui va attaquer chaque concession et les nationalistes flamands déchainés au sein même de la NVA, le travail de sape peut commencer très tôt même si, dans un premier temps, il ne sera pas fort visible à cause du triomphe de De Wever et des concessions qu’il est capable d’obtenir du PS. Ces concessions vont devoir être substantielles pour ne pas être confronté de ses propres remarques du passée sur le «poisson gras» (à obtenir pour la Flandre) et les «cacahuètes» (qu’il fallait au contraire éviter).

    A côté de cela, son parti sera également responsable du plan d’austérité demandé par la bourgeoisie pour les années à venir. Si la coalition la plus probable actuellement devient réalité – la «coalition calque» avec les partis des gouvernements régionaux, qui rejette les partis libéraux dans l’opposition – son parti serait en effet la composante la plus à droite dans ce gouvernement, celle qui va devoir pousser le plus pour les assainissements et moins d’impôts.

    Il est très peu probable que la NVA soit capable de répéter une deuxième fois son score du 13 juin, que cela soit après une formation et une participation gouvernementale “réussie” ou après une formation “non réussie”. Ce parti ne dispose pas de la large assise dans la société et des nombreux relais dans «la société civile» qui ont permis au CD&V de se rétablir après son déclin de 1999. Sa base électorale est quasi totalement nouvelle et provient de tous les partis – le développent et le déclin ultra-rapide de la LDD illustre à quel point ces votes peuvent repartir aussi vite qu’ils sont venus.

    Il est moins facile de prédire qui va reprendre les affaires en main une fois terminée l’illusion De Wever. Tout le monde reconnait que les 30% de suffrages pour la NVA ne sont pas une expression de soutien pour le programme de la NVA. Cela exprime surtout que l’électeur – après que chaque parti flamand et institution flamande lui ait dit et répété qu’il faut une réforme d’Etat pour garantir la sauvegarde du bien-être – a voté pour le parti, et surtout pour la personnalité, qu’il pensait le plus apte à concrétiser cette réforme d’Etat. De toute façon, il n’y avait pas d’autre alternative. Vers où vont se diriger toutes ces voix une fois qu’il est clair que De Wever ne pourra pas apporter de solution face aux problèmes socio-économiques ?

    Une certaine recomposition du paysage politique flamand s’impose pour pouvoir assurer une stabilité. Le CD&V à nouveau rebondir après le score de ces élections, historiquement le plus bas, mais un retour à sa position passée de valeur sûre seule à décider avec qui former un gouvernement est presque impossible. Le SP.a non plus n’est pas capable de prendre la direction, c’est un partenaire de coalition, pas un dirigeant. Quant à l’Open VLD, il va essayer de rétablir son aile droite (tant dans le cas d’une «coalition calque» que dans le cas d’une coalition d’unité nationale), mais les rêves de parvenir à être un «parti populaire» sont de l’ordre du passé. Groen n’est pas réellement considéré, et le parti vert n’est cité que comme «dépanneur» et en conséquence de son lien avec Ecolo. Après une éventuelle période chaotique avec Bart De Wever, ces partis pourraient jouer sur l’argument de la «stabilité» et obtenir ainsi une certaine restauration de leur soutien. Mais si la victoire du NVA démontre bien quelque chose, c’est qu’en Flandre, tous les partis traditionnels sont discrédités jusqu’à l’os.

    Le PS cartonne en Wallonie – Un modèle de stabilité?

    Les partis traditionnels flamands ne peuvent même pas rêver d’un tel score – un tel soutien électoral, c’est de l’ordre du passé pour eux. Ce score montre que le PS est le seul parti bourgeois qui a réussi à maintenir une position d’autorité en tant que défenseur de l’intérêt général. C’est évidemment un parti bourgeois étrange, un parti qui s’est imposé à la bourgeoisie comme le seul capable de maintenir un contrôle sur le mouvement ouvrier socialiste dans son bastion – la Wallonie – et de lui faire avaler les assainissements.

    C’est ce rôle que le PS a joué (avec le SP.a) au cours du Plan Global. Elio Di Rupo s’y réfère d’ailleurs plusieurs fois, notamment quand il affirme que le PS est contre une politique d’austérité libérale, mais qu’il est capable d’assainir. Il se réfère alors lui-même au Plan Global, le plus grand plan d’austérité structurel de l’histoire de la Belgique. «Structurel», car ce plan a un effet d’assainissement permanent, comme avec la norme salariale et l’index-santé (deux des mesures du Plan Global) qui assurent que nos salaires représentent moins d’année en année.

    Il ne faut avoir aucune illusion: le PS veut assainir et va assainir. C’est une question d’emballage. Aux termes de «plan d’austérité», le PS préfère des termes comme «Pacte Social bis» (qui semblent indiquer qu’il s’agit d’une amélioration et non pas d’une détérioration), dans lequel une érosion ultérieure des revenus de la sécurité sociale est compensée par une «Cotisation Social Généralisée» (ce à quoi appelle d’ailleurs CSC et FGTB!).

    Le PS est un parti bourgeois particulier, un parti qui s’est toujours caché derrière “le CVP” ou “les flamands” et derrière l’Europe (ce que font tous les partis bourgeois belges) pour masquer leur responsabilité dans la politique asociale. Cette fois-ci, le PS a mené campagne sans parler des 22 milliards euros d’assainissements qui, aux dires du Bureau du Plan, sont nécessaires pour obtenir l’équilibre budgétaire en 2015 (les autres partis francophones ont adopté la même attitude, à l’exception du Parti Populaire ultra-néolibéral de Modrikamen). Mais cet objectif est néanmoins accepté par le PS au gouvernement fédéral (et il en va de même, indirectement, avec le CDH et Ecolo au niveau des régions). Maintenant, le programme électoral du PS va pratiquement entièrement disparaître à la poubelle, ou peut-être dans une armoire afin de pouvoir ressortir aux prochaines élections, où le PS affirmera qu’il a bel et bien défendu ces revendications sans arriver à convaincre ses partenaires gouvernementaux.

    Le carton du PS a bien des similitudes avec les 800.000 voix de Leterme en 2007, qui exprimaient la recherche de stabilité et de valeurs sûres. C’était une phase du développement de la crise politique, économique et sociale qui était dominante à ce moment. Aujourd’hui, en Flandre, cela a été remplacé par la volonté de changement qui, faute d’une alternative ouvrière crédible, s’oriente vers la formation petite-bourgeoise la plus remarquable et crédible du moment. Le PS, lui aussi, ne parviendra pas à maintenir cette victoire de façon permanente. Avec Elio Di Rupo comme premier ministre, le tour de passe-passe du PS – «le parti d’opposition au gouvernement» – sera beaucoup plus difficile à reproduire. Dans une «coalition calque», Elio Di Rupo est presque certain de devenir premier ministre. Mais même dans le cas d’une coalition d’unité nationale, la seule alternative si la formation d’un gouvernement calque échoue, Di Rupo serait presque incontournable comme premier ministre.

    Ce nouvel épisode pourrait alors constituer un point tournant du développement du PS, un point où la perte graduelle de sa position de force (qui a précédemment conduit à la victoire du MR en 2007 et aussi à la montée du parti petit-bourgeois Ecolo comme joueur sérieux – au moins temporairement) abouti à une position beaucoup plus précaire comparable, mais pas tout à fait, à l’affaiblissement du CVP/CD&V en Flandre. Ce n’est pas tout à fait comparable car au PS, il y a aussi l’élément de la bourgeoisification qui joue. Cette bourgeoisification a totalement abouti au niveau interne, mais le PS a pu jusqu’à présent préserver sa position électorale ainsi que, dans une mesure sans cesse moindre, son image dans la classe ouvrière wallonne. Avec le PS comme partenaire dirigeant de la coalition, ces illusions peuvent être rapidement brisées, certainement au vu des critiques déjà très dures présentes dans les milieux syndicaux à l’encontre du PS.

    Les libéraux dans les cordes – une famille politique bourgeoise en réserve à l’opposition

    Pour la bourgeoisie, c’est un des grands avantages d’une coalition calque. Les deux partis libéraux peuvent bien traverser une crise interne, ce sont tous les deux de loyaux serviteurs de la bourgeoisie. Ce scénario offre une protection relative contre le développement ou le renforcement d’une autre formation petite-bourgeoise, en conséquence de l’affaiblissement à venir de la NVA. Le candidat le plus probable pour profiter de cet affaiblissement est le Vlaams Belang, un problème bien plus grand que la NVA ou la LDD pour la bourgeoisie belge. La NVA et la LDD sont des formations petite-bourgeoises sur lesquelles la bourgeoisie n’a pas une influence directe et dominante, mais ces partis ne traduisent pas leurs éventuels points de vue radicaux (sur le plan social et communautaire) en action radicale.

    La NVA n’est pas “séparatiste” d’une façon dangereuse pour la bourgeoisie. Une décomposition de la Belgique dans l’Europe comme processus plus ou moins naturel accompagné de compromis, c’est une toute autre chose qu’une déclaration d’indépendance de la Flandre unilatérale, ce à quoi appelle le Vlaams Belang. En principe, la NVA et la LDD peuvent être achetés avec des postes pour ensuite être «gouvernés à mort», comme cela s’est passé déjà produit avec succès dans le cas de la défunte Volksunie et du FDF. Mais il est impossible d’intégrer le Vlaams Belang dans un gouvernement sans provoquer des troubles profonds dans la société.

    Y a-t-il une possibilité de compromis concernant BHV, une réforme d’Etat socio-économique et un plan d’austérité structurel?

    y a-t-il possibilité d’un compromis sur tout cela entre Elio Di Rupo et Bart De Wever? La presse, qui la veille des élections encore parlait de l’incompatibilité de ces deux-là, semblait penser 24 heures plus tard que ce serait «difficile, mais faisable». A entendre les déclarations publiques de De Wever et Di Rupo, ils semblent être d’accord.

    Nous avons toujours affirmé que les partis traditionnels peuvent arriver à un tel accord parce qu’ils veulent avant tout exécuter le programme de la bourgeoisie – les divergences d’opinion portent sur la manière de faire (à côté des intérêts de carrière personnelle des politiciens en question). Nous verrons dans les semaines et mois à venir si Bart De Wever est lui aussi prêt à presque tout pour servir la bourgeoisie. Mais le pouvoir est une force d’attraction importante : les multiples postes qui pourraient tomber dans les mains de la NVA sont difficiles à refuser.

    Evidemment, Bart De Wever connait mieux que n’importe qui l’histoire du mouvement flamand dans ces relations avec l’Etat fédéral. Mais la NVA se trouve prise en étau. Si la NVA joue le rôle de «sauveur de la patrie» avec le PS en concluant un nouveau compromis (quelque peu) durable sur les relations entre structures fédérées, un compromis où la régionalisation de compétences et le renforcement de l’autonomie fiscale sera compensé par des mesures renforçant la cohérence fédérale (sinon, il n’y a pas de compromis possible avec les partis francophones et la formation de gouvernement échouera). Cela fera des dégâts dans son soutien stable, nationaliste flamand, et peut même à terme mener au départ de certains nationalistes flamands (et peut-être même à court terme, surtout au vu du fait que des développements prennent parfois place de façon ultra-rapide aujourd’hui). Par contre, si la NVA conserve cette base et ses principes, elle devra dans quelques mois faire face à une attaque d’ensemble des institutions bourgeoises qualifiant la NVA de «provocateur d’instabilité» à un moment de risques économiques énormes. Il n’est pas exclu que la NVA décide quand même de rester de côté faute de concessions suffisantes de la part du PS qui, d’une position très forte, va revendiquer un accord «rationnel» et «équilibré» avec le soutien de la bourgeoisie des deux côtés de la frontière linguistique. Dans ces deux derniers cas, il sera impossible à la NVA de reproduire son score de 30% à de prochaines élections, et Bart De Wever en est conscient.

    La coalition calque est possible pour le PS, mais il parlait dans sa campagne d’un gouvernement d’unité nationale, c’est-à-dire avec le MR. Nous n’avons assisté à aucun duel tel que ceux de 2007 entre les deux partis. Les résultats électoraux offrent d’autres solutions, mais selon quelques messages parus dans la presse, il y aurait toujours aujourd’hui des voix dans le PS pour défendre une coalition avec le MR. Cela offrirait une protection contre les attaques inévitables de la part du MR-FDF lors d’un éventuel compromis sur BHV et la réforme d’Etat. De l’autre côté, la coalition Olivier protègerait plus le PS contre une perte à sa gauche (vers Ecolo et, dans une moindre mesure, vers le CDH par le mécontentement au sein de la CSC et du MOC) à cause du programme d’austérité structurel qui arrive. Sur base des résultats électoraux actuels, la coalition calque offre plus d’avantages au PS.

    Le PS a laissé des ouvertures pour un compromis. En ce qui concerne BHV, le PS est beaucoup moins concerné que le MR et le CDH, mais une scission pure ne serait pas défendable pour le PS, certainement après l’instabilité politique de ces dernières années. Le PS va revendiquer le maintien de la sécurité sociale nationale, mais aussi un démantèlement «national» de cette sécurité sociale avec la proposition d’Onkelinx (réduction de la part de financement basée sur les charges sur les salaires jusqu’à 50% des revenus de la sécurité sociale) et avec une «Cotisation Social Généralisée», une «solidarité» des meilleures salaires avec les salaires bas, des meilleures pensions avec les plus basses pensions (on parle ici de charité, pas de sécurité sociale). Le PS va aussi vouloir certaines mesures symboliques contre le grand capital et/ou les spéculateurs. De l’autre côté, le PS est partisan d’une régionalisation ultérieure de la politique du marché de l’emploi.

    Nous ne pouvons pas encore prédire quel accord arrivera exactement, nous n’avons en ce moment que quelques pièces de puzzle en main, certaines ayant des chances de faire partie d’un accord. Généralement, nous pouvons dire que le PS est d’accord sur le principe de pousser, au moins partiellement, un programme d’assainissement vers les régions et les communautés.

    Conclusion provisoire

    Le PS et la NVA vont sérieusement tenter de parvenir à un accord. Aucun des deux ne peut se permettre de saboter les négociations avec des revendications impossibles et des ultimatums. Leur réussite est très incertaine, mais pas impossible non plus. Si cette phase se termine sans réussite, le prochain pas le plus probable ne sera pas de nouvelles élections, mais bien une tentative de formation d’un gouvernement d’unité nationale. Si cela échoue aussi, ou si ce gouvernement éclate par tensions internes ou par pression externe, nous arriverons de nouveau à une situation de crise politique absolue, et il n’est pas exclu que de nouvelles élections soient alors organisées. Au vu du fait que le prochain gouvernement devra assainir 22 milliards, selon la bourgeoisie, le prochain gouvernement risque d’être instable, qu’importe sa composition.

    La façon dont ces assainissements sont introduits a un effet important sur leurs chances de réussir. Une coalition calque – avec seulement un parti de droite «pur» au vu des liens du CD&V (et en moindre mesure du CDH) avec l’ACW/MOC et l’ACV/CSC – ne va pas chercher une confrontation rapide et dure avec le mouvement ouvrier, sauf sous une pression extrêmement lourde (p.ex. une éventuelle nouvelle vague de problèmes chez les banques, une spéculation internationale contre les valeurs belges,…). Tous les partis gouvernementaux, sauf la NVA, ont des doutes sur le moment où doit s’arrêter la politique anticrise (entre autres les mesures de chômage temporaire) pour être remplacée par l’austérité. Différentes institutions, comme le gouverneur de la Banque Nationale actuellement, avertissent contre une politique d’austérité trop dure et plaident pour un mélange dans lequel de nouveaux impôts prennent aussi une place importante. Ces partis ne vont d’ailleurs pas faire de cadeaux à la NVA sur ce plan. Si la NVA essaie trop de contrarier cela, une certaine mobilisation de la part de la direction syndicale avec des actions symboliques n’est pas à exclure.

    Généralement, sur le plan social, nous devons nous attendre à un “compromis à la belge”, c’est-à-dire à un accord présenté comme étant «équilibré», dans «l’intérêt général» et dans lequel tout le monde a sa «dose de sucre» (en réalité, il s’agit toujours d’un kilo pour le patronat et d’un grain pour les travailleurs) et qui exige des sacrifices de «tout le monde». Ce compromis devra aussi impliquer tous les joueurs, en d’autres termes, il devra s’agir d’un compromis impliquant étroitement les directions syndicales. S’il y a quand même une pression pour mener des actions généralisées, l’argument selon lequel «l’alternative, c’est le chaos» est déjà tout prêt après cette dernière série d’élections.

    Les assainissements vont être élaborés et appliqués aussi graduellement que possible. Avec une réforme d’Etat, ces assainissements seront aussi partagés entre les différents niveaux de pouvoir. Les gouvernements essayeront ainsi d’éviter toute confrontation dure, simultanée et générale. Dans un premier temps, une lutte généralisée est le moins probable.

    Mais la situation, tant sur le plan politique que sur le plan économique, est spécialement instable. Sous la surface, à côté de la peur de l’avenir, il y a aussi une colère qui peut éclater à n’importe quelle occasion, à n’importe quel moment. Le point faible de la classe des travailleurs est et reste sa direction, ou mieux, son manque de direction. Même si les syndicalistes ont massivement voté pour le PS en Wallonie, cela n’est pas à cause d’illusions concernant le fait que le PS serait «leur parti», mais parce qu’il s’agit du «moindre mal».

    En différents lieux en Wallonie et à Bruxelles, tant le MOC que des centrales syndicales socialistes n’ont pas seulement invité le PS pour des débats, mais ici et là également le PTB et, dans une moindre mesure, le Front des Gauches. S’ils l’ont fait, c’est d’une part parce cela ne constitue pas un danger dans l’ambiance actuelle de la société, mais aussi parce que, dans leurs rangs, de nombreuses critiques s’élèvent contre l’appel traditionnel à voter pour le PS. Avec l’appel de Luc Cortebeeck (le président de la CSC) à voter pour des «partis responsables» (CD&V, SP.a, Groen et même VLD), la direction de la CSC en Flandre montre surtout dans quelle mesure elle est un agent de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier. Cela illustre aussi à quel point il est devenu impossible pour cette direction d’appeler seulement à voter pour le CD&V, ce qui va aussi offrir des opportunités pour la gauche à l’intérieur de la CSC.

    Le PSL/LSP doit, dans la situation à venir, attentivement suivre les développements à l’œuvre, et surtout être prêt à intervenir lors des développements rapides de la lutte. Un point central sera notre mot d’ordre que les syndicats doivent rompre leurs liens avec les partis gouvernementaux. Les syndicats et les militants syndicaux en lutte ont un rôle fondamental à jouer dans la construction d’une voix politique capable de représenter la lutte, un outil politique indépendant des partis qui ont choisi le camp du patronat depuis longtemps déjà. D’autre part, si la future réforme d’Etat comprend la régionalisation de secteurs/compétences avec beaucoup de personnel, il faudra aussi mener campagne autour de la nécessité de l’unité syndicale au-delà la frontière linguistique et contre de possibles régionalisations de syndicats.

  • Nous ne voulons pas payer leur crise !

    Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, dans la zone euro et au Japon, les dirigeants politiques ont, en 2009 en 2010, pris pas moins de 3.870 milliards d’euros des caisses des Etats pour soutenir le système financier et économique. Même s’ils ont ainsi pu éviter une dépression mondiale (pour le moment), cela n’a pas débouché sur une nouvelle période de croissance stable. Au contraire, le peu de croissance que nous avons vue était très fragile et fort dépendante des aides de l’Etat.

    Par Els Deschoemacker

    Les dettes des banques ont été épongées par de nouvelles dettes ; celles des autorités publiques. Il est évident que, pour les gouvernements, le plus facile est derrière eux : les caisses de l’Etat ont été pillées, des dettes massives ont été construites, et la crise reste là, sans solution à l’horizon.

    En Belgique aussi, la dette de l’Etat a augmenté très rapidement. «En deux ans, un quart de siècle d’assainissement a été perdu», a ainsi titré le quotidien flamand De Standaard. «Il n’y a plus d’argent, il faut intervenir de façon dure maintenant», a averti l’économiste Geert Noels. Presque tous les partis adhèrent à ce constat. Ceux qui estimaient que l’époque du néolibéralisme (assainir l’Etat au détriment de l’Etat-Providence) était derrière nous et qu’on se dirigeait vers une période de keynésianisme (stimuler la demande avec, entre autres, la création d’emploi par l’Etat ou encore avec des allocations décentes) en sont pour leurs frais. Ce que nous avons vu, c’est un keynésianisme pour la classe capitaliste, qui doit maintenant être payé par un néolibéralisme très dur pour la masse laborieuse.

    Certains partis sont plus prudents que les autres. Mais, en réalité, nous pouvons nous épargner la peine d’étudier les différents programmes des partis. Mieux vaut partir de l’expérience vécue ces trente dernières années de politique néolibérale. Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes – qu’il soit d’unité nationale, sans les libéraux et avec les ‘socialistes’ ou l’inverse, rempli de nationalistes flamands et/ou de revanchards francophones, avec ou sans les verts,… – tous vont chercher les efforts à venir (22 milliards d’euros selon le Bureau du Plan) en grande partie dans notre poche.

    Les développements actuels de la crise du capitalisme laissent très peu d’espace. Les capitalistes mènent une guerre contre la classe ouvrière pour restaurer leurs profits. Pour le moment, la peur ou l’idée qu’il faut des assainissements pour, à terme, pouvoir revenir aux acquis sociaux du passé peut être présente dans une grande partie de la classe. La réalité peut rapidement mettre en pièce ce genre d’idées. Nous allons vers des années de coupes budgétaires extrêmement dures, bien qu’avec un rythme différent dans les différents pays, dépendant des conditions spécifiques et des rapports de force. La croissance faible (dans notre pays, à peine 0,2%) peut rapidement se muer en récession.

    N’y a-t-il pas d’alternative à ce système de misère, de chômage et de pauvreté pour la majorité de l’humanité ? Si. Les nouvelles générations vont devoir réapprendre dans la douleur les vieilles leçons de la lutte des classes. Cela va demander du temps, des luttes et des expériences, mais les idées du socialisme scientifique vont finir par regagner du terrain au sein de la classe des travailleurs.

  • VIDEOS – Le 13 juin, votez Front des Gauches!

    Benjamin Dusaussois

    Ben est 3e candidat suppléant pour la liste Front des Gauches à la Chambre en Hainaut. Dans cette vidéo, il parle de l’emploi des jeunes, du travail précaire, et de la riposte à organiser. Ben est une des initiateurs des Jeunes Antifascistes (JAF) et de la plateforme pour des marches des jeunes pour l’emploi dans le Hainaut.

    Gustave Dache

    Gustave Dache, 4e candidat effectif pour le Hainaut, nous parle de la crise, de la lutte à effectuer pour éviter que ce soit aux travailleurs de la payer, et de l’expérience de luttes passées. Gustave est un vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën. Il a aussi très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.

    Stéphane Ramquet

    Notre camarade Stéphane Ramquet, 5e candidat effectif à Liège, aborde ici la défense des fins de carrière, la lutte contre le chômage par la réduction du temps de travail à 32 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.

    Alexandra Pirard

    Alexandra Pirard est candidate du PSL-LSP sur la liste du Front des Gauches à Liège et est 5e candidate suppléante. Sur cette vidéo, elle aborde la problématique des jeunes et de l’emploi.

    Anja Deschoemacker

    Voici ci-dessous une vidéo de notre camarade Anja Deschoemacker qui aborde plus particulièrement la question nationale et la nécessité de l’unité des travailleurs. Anja est notamment l’auteur du livre "La question nationale en Belgique, une réponse des travailleurs est nécessaire!" Ce travail est disponible sur notre site théorique marxisme.be (voir le lien ci-dessous). Le dernier chapitre consacré au programme défendu par le PSL-LSP sur cette question est particulièrement intéressant à la lumière de l’actualité récente.

    Nicolas Croes

    En Wallonie et à Bruxelles, le PSL se présente aux élections sur les listes unitaires du "Front des Gauches" (qui regroupent également des membres du PC, de la LCR, du PH, du CAP et de Vélorution). Cette vidéo présente notre camarade Nicolas Croes, 3e candidat effectif sur la liste "Front des Gauches" pour le Sénat.

    Elodie Deward

    En Wallonie et à Bruxelles, le PSL se présente aux élections sur les listes unitaires du "Front des Gauches" (qui regroupent également des membres du PC, de la LCR, du PH, du CAP et de Vélorution). Cette vidéo présente notre camarade Elodie Deward, 12e candidate effective sur la liste "Front des Gauches" pour la Chambre à Liège. Elle y aborde la question de lé défense des droits des femmes.

    Simon Hupkens

    En Wallonie et à Bruxelles, le PSL se présente aux élections sur les listes unitaires du "Front des Gauches" (qui regroupent également des membres du PC, de la LCR, du PH, du CAP et de Vélorution). Cette vidéo présente notre camarade Simon Hupkens, 3e candidat effectif sur la liste "Front des Gauches" pour la Chambre à Liège. Il y parle d’une véritable politique de défense de l’emploi, avec la revendication des 32 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires pour lutter contre le chômage et pas contre les chômeurs. Il aborde encore des questions cruciales comme la nationalisation sous le contrôle de la collectivité du secteur financier et du secteur énergétique.

  • AUCUN soutien pour les responsables de la crise économique et politique

    Lors de la dernière réunion du Comité National du Parti Socialiste de Lutte, Anja Deschoemacker (premier candidate effective pour la liste bilingue du Front des Gauches à la Chambre pour Bruxelles-Hal-Vilvorde) a abordé la crise politique. De son intervention, il ressort que lorsque Luc Cortebeeck (le président de la CSC) demande de voter en Flandre pour des «partis responsables» qui ne sont pas impliqués dans la surenchère communautaire, nous devons donc conclure qu’il n’existe aucun «parti responsable» au Parlement. Voici quelques éléments de son intervention.

    Par Anja Deschoemacker

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    Le point de vue du PSL-LSP

    Toute cette discussion sur les ‘‘partis responsables’’ n’est qu’un rideau de fumée. Pour les médias bourgeois, les partis responsables sont ceux qui ont ‘‘le courage’’ d’imposer le programme de la bourgeoisie – une opération d’austérité brutale et structurelle sur le dos des travailleurs et de leurs familles – même au risque de perdre des voix. C’est aussi la raison pour laquelle le consensus concernant des élections simultanées est sans cesse plus large, les différents partis ayant alors l’opportunité de jeter quelques miettes la dernière année de la législature pour faire un peu oublier le reste.

    La prochaine réforme d’Etat concerne surtout la manière de nous faire avaler l’opération d’austérité: assainir aux différents niveaux, chacun à son propre rythme, en donnant par exemple plus de compétences et des responsabilités fiscales aux gouvernements régionaux rend plus difficile l’organisation d’une lutte généralisée du mouvement des travailleurs.

    Nous voulons un parti qui prenne ses responsabilités dans la lutte contre l’appauvrissement des travailleurs et des pauvres qui ne vise qu’à augmenter la richesse d’ores et déjà répugnante d’une infime élite de grands actionnaires ainsi que dans la lutte contre les harcèlements et les discriminations auxquelles sont confrontées toutes les minorités de Belgique.

    C’est l’un des éléments clés de notre appel pour un nouveau parti des travailleurs. Certains disent que le durcissement sur le plan communautaire provient de l’électeur lui-même, mais il faut tout de même admettre qu’il est extrêmement difficile de voter pour un parti qui n’a pas adopté ce profil, d’un côté ou de l’autre de la frontière linguistique.

    Le PSL rejette les harcèlements communautaires, les provocations et les attaques contre les droits des minorités, comme le droit des francophones d’Hal-Vilvorde (120.000 personnes tout de même…) de voter pour les partis francophones bruxellois. Nous pensons que les diverses conditions linguistiques pour obtenir un logement sont discriminatoires et n’offrent aucune solution. Faire baisser les prix du logement ne peut s’obtenir que par une augmentation de l’offre de logements à prix abordables. Ce ne sont pas ‘‘les francophones’’ qui sont responsables des prix du logement en périphérie, mais le caractère privé du marché immobilier. Plus de logements sociaux sans aucune condition linguistique, voilà notre réponse.

    Le caractère institutionnel de la circonscription électorale importe bien moins que la garantie de la défense des droits fondamentaux de la classe ouvrière néerlandophone, francophone et germanophone (tels que le droit à un emploi décent, à un logement abordable, à un enseignement et un accueil d’enfants de qualité, à une bonne pension,… pour tous, qu’importe la langue, l’origine nationale, le sexe ou l’orientation sexuelle). Partout en Belgique, les minorités (néerlandophones en Wallonie et à Bruxelles, germanophones en Wallonie, francophones en Flandre, sans encore parler des nombreuses et diverses communautés immigrées) doivent pouvoir compter sur le respect de leurs droits démocratiques. La classe ouvrière peut vivre harmonieusement dans toute sa diversité, mais uniquement à condition de ne pas accepter que les moyens pour ce faire volent vers l’élite nantie au sommet de la société!

    Vous pouvez trouvez la position détaillée du PSL concernant la question nationale en Belgique sur www.marxisme.be: “La question nationale en Belgique – une réponse des travailleurs est nécessaire.” En contactant la rédaction, vous pouvez également commander ce texte en brochure.

    Ce 13 juin, votez Front des gauches!

    ==> Rubrique "Elections 2010"

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    En Flandre

    Le ‘‘parti responsable’’ cité en premier lieu par Luc Cortebeeck, le CD&V, est très précisément le parti qui a mis le feu aux poudres, en se présentant en 2004 en cartel avec la N-VA, alors que le nationalisme flamand avait presque totalement disparu en tant que force politique!

    La Volksunie n’existait alors plus et ses figures publiques avaient été absorbées par les partis traditionnels. Il ne restait plus que le Vlaams Belang (au soutien électoral construit bien plus sur son populisme et son racisme que sur le nationalisme flamand) et la minuscule N-VA, aux chances de survie fortement limitées.

    Le parti gouvernemental par excellence, le CD&V, était dans l’opposition depuis 1999. Pour se renforcer, il aurait par exemple pu soutenir les revendications du personnel du secteur social. Mais pour prétendre participer au gouvernement, il ne faut pas seulement obtenir des voix, il faut également être prêt à imposer le programme de la bourgeoisie. Le SP.a fait face à la même situation aujourd’hui: il pourrait se renforcer en défendant réellement les droits des travailleurs, mais cela signifierait devenir persona non grata au gouvernement.

    Au lieu de développer une rhétorique sociale, le CD&V s’est donc basé sur son côté flamingant (ce n’était d’ailleurs pas la première fois) et s’est moqué de l’opposition de la CSC et du Mouvement Ouvrier Chrétien contre le cartel. Que ce parti crie aujourd’hui que l’Open VLD se comporte de façon ‘‘irresponsable’’ n’est que pure hypocrisie.

    Chacun à leur mesure, tous les partis flamands ont coopéré à cette surenchère. La circulaire de Leo Peeters (SP.a) impose ainsi aux francophones des communes à facilités de systématiquement devoir demander à recevoir leurs documents en français. Lorsque quelques bourgmestres ont refusé d’appliquer cette circulaire, le ministre Marino Keulen (Open VLD) et, ensuite, le ministre Geert Bourgeois (N-VA) ont refusé de les nommer pour ne pas avoir appliqué la loi (aucun bourgmestre flamand n’a toutefois été sanctionné pour leur boycott illégal des élections). Même Groen, dans plusieurs communes, a voté avec les autres partis pour réserver certains terrains à bâtir pour des néerlandophones !

    Ces mêmes partis ont également collaboré à la stratégie du gouvernement flamand autour de la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde et des relations entretenues avec le gouvernement fédéral.

    En Wallonie et Bruxelles

    Aujourd’hui, c’est surtout le MR qui est pointé du doigt. Là aussi, on trouve essentiellement des appels au «sens des responsabilités» et, là aussi, on est en droit de se demander où trouver ces ‘‘partis responsables’’

    Il est certain que le FDF se base sur le communautaire et qu’Olivier Maingain est un provocateur professionnel au même titre que Bart De Wever. Mais quand le PS reproche au MR d’être ‘‘irresponsable’’ et de se laisser entraîner par le FDF ‘‘extrémiste’’, c’est l’hôpital qui se moque de la charité! La dernière fois que nous avons connu une telle crise politique autour de la question nationale, c’était à l’époque des Fourons, cette commune flamande où le régionaliste wallon José Happart avait été élu bourgmestre, sans être nommé faute d’avoir accepté de passer le test de néerlandais. La réaction du PS a été de faire entrer Happart et ses copains ultra-régionalistes pour stopper la perte de voix du PS vers des listes régionalistes!

    Le FDF joue lui aussi à nouveau un rôle politique important, mais son apogée est cependant loin derrière lui. C’est surtout un parti anti-flamingant qui s’oppose aux concessions de l’Etat belge au mouvement flamand. Sa base se trouve dans le refus des accords linguistiques du début des années ’60, qui n’étaient pas au goût des Bruxellois francophones. Dans les années ’70, le FDF est devenu le plus grand parti de Bruxelles. Repris au gouvernement Tindemans II en 1977, il a coopéré avec la Volksunie au Pacte d’Egmont, jamais appliqué.

    Au début des années ’80, des fissures sont apparues au FDF. Roger Nols a fait sa propre liste à Schaarbeek (fortement basée sur le racisme) et, en 1985, l’aile gauche du FDF (avec entre autres Serge Moureaux) est partie au PS. Le sauvetage du FDF n’est arrivé qu’en 1993, avec l’alliance politique conclue avec le PRL de Jean Gol, une question de vie ou de mort puisque se posait la question d’avoir encore un sénateur élu pour maintenir le financement du parti. En 2000, les élections communales ont été catastrophiques pour le FDF.

    Il a fallu attendre que le gouvernement flamand de Leterme jette de l’huile sur le feu pour que le FDF connaisse une nouvelle percée et, en 2006, Olivier Maingain a remporté le siège de bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert tandis que Bernard Clerfayt a tenu le coup contre Laurette Onkelinx à Schaarbeek. Aujourd’hui, même s’il n’est plus que l’ombre de son pouvoir passé, le FDF pèse lourd dans la position électorale du MR à Bruxelles car, sans lui, le MR rétrécit jusqu’à la taille du CDH (12 à 15%).

    Joëlle Milquet a gagné sa notoriété comme Madame Non. Le CDH aussi se profile sur cette question, comme l’illustre d’ailleurs son slogan principal pour ces élections ‘‘L’union fait la force’’. Ecolo, tout comme Groen, accuse du retard sur ces questions, mais ce parti n’a encore jamais refusé d’invitation du ‘‘front francophone’’.

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