Tag: Avortement

  • Droit à l’avortement au Portugal : un « bon » modèle ?

    ROSA “Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité”, une campagne lancée par nos camarades de Socialismo Revolucionario, la section portugaise du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Alors qu’auparavant les Portugaises pratiquant un IVG étaient passibles de trois ans d’emprisonnement, depuis le référendum de 2007 au Portugal, l’avortement était devenu légal et gratuit : jusque 10 semaines sur demande. A l’époque, 59,24% des Portugais avaient approuvé la proposition, un engagement électoral du Parti socialiste au pouvoir et son Premier ministre, José Sócrates.

    Par Brune, Bruxelles

    Lors du référendum, seulement 43,61 % des électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes. Comme l’abstention était supérieure à 50%, selon la Constitution portugaise, ces résultats n’étaient pas « juridiquement » contraignants et le Parlement pouvait légalement décider de les ignorer. Sócrates avait néanmoins confirmé qu’il élargirait les circonstances dans lesquelles l’avortement était autorisé. Cette décision ne venait pas de nulle part : le contexte social, la crise économique de la même année et les nombreuses mobilisations et la campagne pour le « Oui » ont poussé les sociaux-démocrates de « gauche » à légiférer.

    Depuis 11 ans d’existence, ce droit a été souvent menacé, et depuis 2015 le vote d’un projet de loi par le Parlement restreint le droit à l’avortement au Portugal ; les femmes devaient désormais payer les frais d’opération et se soumettre à un examen psychologique avant d’avorter.

    Parmi les examens en question, l’obligation également de se rendre au Planning familial avant l’interruption de grossesse. Par ailleurs, lors du premier rendez-vous pour l’IVG, les femmes se verraient détailler clairement, par écrit et à l’oral, les allocations auxquelles elles auraient droit dans le cas où elles décideraient d’aller au bout de leur grossesse ! Cela reflète les limites du mouvement de 2007 : alors que la campagne pour le « Oui » a vu de nombreuses jeunes femmes se mobiliser, le mouvement a atterri une fois le vote obtenu.

    Malgré cette attaque sur le droit à l’avortement, une militante de notre section-sœur au Portugal (Socialismo Revolucionario) nous fait part lors de la semaine de discussions de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) notamment sur la victoire du « Oui » en Irlande, de ce qui semble être contradictoire à la légalisation de l’avortement : il existe depuis quelques années une décroissance des avortements au Portugal. Beaucoup prennent aujourd’hui chez leur médecin la pilule abortive, celle-là même qui a joué un rôle décisif dans la législation des 12 semaines en Irlande.

    D’un autre côté, malgré l’existence des 10 semaines, beaucoup de femmes migrantes n’y ont pas accès, de par leur précarité. La gratuité ne concerne en réalité que les femmes « portugaises ». 10 semaines est aussi relativement bas en comparaison avec les Pays Bas ou l’Angleterre qui proposent respectivement 22 et 24 semaines sur demande. Cela entraine une « fuite » des femmes portugaises qui se rendent en Espagne pour se faire avorter une fois les 10 semaines passées. Cela concerne surtout les plus aisées d’entre elles, qui peuvent se permettre de voyager.

    Le problème de l’austérité se pose également, avec les coupes budgétaires beaucoup d’hôpitaux ou services de natalité ferment, ce qui restreint –surtout dans les zones rurales- l’accès à l’avortement. Notre approche « pro-choix» est plus que jamais importante dans la lutte pour les droits reproductifs et les droits des femmes en général : la précarité s’aggravant ; beaucoup de familles au Portugal et ailleurs se voient dans l’impossibilité d’avoir des enfants, les coûts étant trop élevés. L’absence de crèches, des services de mauvaise qualité, ne font qu’aggraver la situation. C’est pour cela qu’il est important de rappeler que le mot « choix » signifie non pas que l’accès à l’avortement mais aussi l’accès à des conditions de vie dignes afin de ne pas être contraint à avorter.

    Aujourd’hui, des conditions de vie « dignes » ne sont pas à l’agenda des gouvernements, même celui de « gauche » du Portugal.
    C’est pourquoi il est essentiel de faire le lien entre la lutte contre l’austérité (et pour des services publics gratuits et de qualité) à la lutte contre ce système. Les droits des femmes au Portugal ne sont pas plus assurés qu’ailleurs ; si le mouvement qui a vu le « oui » l’emporter en 2007, comme celui qui a fait du référendum de 2018 une victoire historique en Irlande ne continue pas sur sa lancée, les capitalistes et leurs alliés politiciens vont reprendre ces droits fondamentaux durement obtenus.

    Le droit à l’avortement en est un, et son interdiction est une expression de l’oppression des femmes sous le capitalisme, parce que celles-ci ne peuvent pas faire de choix sur leur propre corps. La lutte contre le sexisme doit être liée à la lutte contre le système qui produit cette même oppression : le capitalisme. C’est pourquoi ROSA en Belgique, en Irlande et récemment au Portugal défendent un féminisme socialiste, pour en finir définitivement avec la racine de toutes les oppressions, le système capitaliste.

  • Argentine. Le Sénat vote contre la dépénalisation de l’avortement : le combat continue

    « Éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir » : voici le cri de millions de femmes qui se mobilisent depuis des mois dans les rues d’Argentine. Cette marée verte très combative exige que « survivre à un avortement ne soit pas un privilège de classe », ce que le Sénat argentin a refusé ce 9 août 2018.

    Par Célia (Bruxelles)

    En effet, alors que la Chambre des députés l’avaient approuvé en juin dernier, seuls 31 sénateurs contre 38(1), ont voté pour la légalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).

    L’avortement n’est complètement légal que dans 3 pays d’Amérique latine, Cuba, Guyane et Uruguay, ainsi que dans la ville de Mexico City et dans le département de la Guyane française.

    En Argentine, depuis 1921, l’avortement n’est permis qu’en cas de viol et de danger pour la vie de la mère ; et même dans ces deux cas, le médecin peut refuser de vous traiter. Les risques que courent les femmes qui avortent clandestinement sont nombreux, 135 femmes internent des hôpitaux publics chaque jour pour des complications suites aux avortements clandestins, elles risquent également jusqu’à 4 ans de prisons. Et, selon Amnesty International, 3000 femmes seraient mortes dans les 25 dernières années de ces avortements clandestins(2).

    L’Argentine est gouvernée par Mauricio Macri depuis décembre 2015. Macri est membre du parti Propuesta Republicana(3), parti de droite conservatrice qui fait partie de la coalition Cambiemos(4). Celle-ci représente la majorité des voix contre l’avortement au Sénat. Macri rêvait, au début de son mandat, de faire de l’Argentine, le « supermarché du monde »(5), cette politique économique de recherche d’investisseurs n’a permis que l’inflation et l’augmentation du nombre de pauvres. Le président a déjà du faire face à 3 grèves générales. En septembre 2016, il y avait déjà 1,4 millions de nouveaux pauvres alors que Macri n’était au pouvoir que depuis 10 mois. La pauvreté touche à présent 13 millions d’Argentins sur une population de 44 millions, soit 32,9 % de la population. C’est le 25 juin dernier, qu’a eu lieu la plus grande grève générale des trois qu’a connu ce gouvernement et qui a paralysé tout le pays.

    La situation des femmes ne s’améliore pas dans cette Argentine qui est en pleine crise économique. Et c’est dans ce contexte économique, également depuis 2015, qu’est né « Ni Una Menos »(6), ce collectif qui a mobilisé des milliers de femmes pour lutter contre le sexisme et qui s’est répandu dans de nombreux pays d’Amérique latine depuis. Les femmes argentines (ainsi que les chiliennes depuis avril dernier), étudiantes et travailleuses, se mobilisent depuis des mois pour exiger au gouvernement Macri la fin de l’éducation sexiste et le droit à l’avortement légal et gratuit pour toutes. Dans le pays du pape François 1er, l’Eglise a un impact énorme et les femmes refusent de n’être que des objets reproductifs. Elles exigent de pouvoir avoir accès à une éducation non sexiste, à une santé gratuite, à pouvoir disposer de leur corps comme elles le désirent, à pouvoir décider quand elles veulent avoir des enfants grâce à des contraceptifs gratuits et à pouvoir avorter en toute sécurité sans risquer de mourir ou d’être blessé.

    Seule la lutte permettra aux femmes d’obtenir ces droits et de lutter contre le capitalisme qui engendre le sexisme qu’elles vivent au quotidien, sur leurs lieux de travail et dans leurs universités et écoles. Les Argentines ont montré une capacité à se mobiliser de manière incroyable. Ces mobilisations ont fait également écho dans le monde entier puisqu’il y a eu des actions dans une centaine de pays le mercredi 8 août. Le vote négatif du Sénat n’arrêtera pas cette lutte et cela a déjà été démontré par les manifestantes qui se sont directement mobilisées après le vote. Et ce, malgré l’extrême violence qu’elles subissent de la part des « pro-vies » qui les insultent et les frappent depuis des mois.
    Dans le cadre du capitalisme, seule la lutte révolutionnaire permettra de garantir des vrais droits et afin de les gagner sur le long terme sans devoir sans cesse avoir peur de les perdre, il faudra casser avec ce système et construire une société réellement égalitaire et sans classe sociale.

  • Après la victoire du “oui” en Irlande, un référendum sur l’avortement en Irlande du Nord ?

    Après la victoire du “oui” en Irlande du Sud, les activistes pro-choix de ROSA en Irlande du Nord défendent l’abrogation de l’interdiction de l’avortement.

    L’Ecole d’été du Comité pour une Internationale, qui a eu lieu la semaine dernière à Barcelone pour la deuxième année consécutive, rassemble lors d’une semaine de discussions intenses des marxistes du monde entier, des membres des sections sœurs du PSL dans divers pays. Sur les événements politiques de l’année passée, mais aussi sur les perspectives mondiales à venir, les discussions permettent d’échanger les expériences et de comprendre comment la lutte s’organise.

    Par Brune (Bruxelles)

    L’une des nombreuses commissions organisées durant cette semaine portait sur la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande du Sud ; et comment la section sœur du PSL, le Socialist Party en Irlande – et son organisation féministe socialiste ROSA – ont organisée la plateforme pour le « Oui », contre le 8ème amendement à la Constitution qui, depuis des décennies, empêchait les Irlandaises d’avoir accès à un droit fondamental, celui de faire leurs propres choix sur leurs corps.

    Laura Fitzgerald est revenue sur divers détails qui ont permis de faire tourner la roue de l’Histoire du bon côté, comme l’organisation d’actions par ROSA (Train et Bus pour la pilule abortive) depuis des années pour conscientiser sur la non-dangerosité de la pilule ; mais aussi l’organisation de stands et le placardage par milliers avec l’image de Savita (une jeune femme décédée des suites d’une fausse couche qui aurait pu être résolue si l’avortement avait été légal), et qui rappelait à quel point le 8ème amendement avait un impact direct et dangereux sur les femmes et leur corps.

    Après la victoire du référendum historique en Irlande du sud, avec une participation tout aussi historique, la pression exercée sur l’establishment est telle que des événements importants pour donner aux femmes et aux femmes enceintes en Irlande du Nord le droit de choisir ont assez vite pris place.

    La Cour suprême (du Royaume-Uni) a dû reconnaître que le déni du droit à l’avortement dans les cas d’anomalies fœtales mortelles et de viols est une violation des droits de l’homme. La Chambre des communes (Chambre basse du Parlement du Royaume-Uni) a tenu un débat d’urgence sur la question du déni du droit à l’avortement en Irlande du Nord – cinquante ans après que le droit de choisir a été conquis en Grande-Bretagne, ce n’est que maintenant qu’il est considéré comme une urgence !

    Il est important de noter que les députés ont également déposé des amendements au projet de loi sur la violence domestique –ce qui décriminaliserait l’avortement dans tout le Royaume-Uni en abrogeant les articles 58 et 59 de la loi sur les infractions contre la personne. Ce projet de loi prévoit actuellement une peine d’emprisonnement à vie pour avoir subi un avortement en dehors des exemptions légales ou jusqu’à cinq ans pour avoir aidé quelqu’un à le faire. Même d’éminents conservateurs ont été forcés d’appuyer ce changement proposé.

    Les partis locaux sous pression

    Les partis locaux ressentent également la pression. Le DUP (Parti unioniste démocrate) n’a aucune raison de prétendre parler au nom du peuple d’Irlande du Nord ou même de ses propres électeurs sur cette question. Par exemple, Sammy Wilson – qui a prononcé un discours vicieux à la Chambre des communes où il a clairement montré sa haine et son mépris pour les femmes qui ont subi un avortement – est le député d’une circonscription où 73 % des électeurs appuient l’accès sans restriction à l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse ! Il y a quelques mois seulement, Michelle O’Neill disait que le Sinn Féin “n’est pas en faveur de l’avortement”. Maintenant, elle prétend être la championne de la question.

    Le Sinn Féin n’a pas dirigé le changement, mais a été entraîné dans le sillage du mouvement. En juin, le parti a tenu une conférence qui a soutenu l’accès sans restriction à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Cependant, en décembre, les députés du Sinn Féin ont refusé d’appuyer cette proposition au comité parlementaire du Sud chargé d’examiner la question, adoptant une position plus conservatrice que les représentants des principaux partis de l’establishment. Le Sinn Féin reste opposé à ce que Westminster légifère pour l’accès à l’avortement ici, insistant sur le fait que c’est un problème pour Stormont (Parlement d’Irlande du Nord)- en d’autres termes, les femmes et les femmes enceintes doivent continuer d’attendre le changement. En ce qui concerne le mariage homosexuel, Sinn Féin a demandé à Westminster de légiférer pour l’égalité en Irlande du Nord. Alors pourquoi cette différence ???

    Une récente conférence du SDLP (Parti social-démocrate et travailliste) a réaffirmé sa position “pro-vie”, mais a accordé à ses représentants élus le droit de voter avec leur conscience sur la question. L’UUP (Parti unioniste d’Ulster) et l’Alliance ont une position similaire. Ce n’est pas suffisant – la seule personne qui devrait avoir le choix sur la question de l’avortement est la personne enceinte elle-même. Le mouvement pro-choix ne peut pas faire confiance aux politiciens qui, depuis des décennies, refusent de faire confiance aux femmes.

    Mouvement de masse : la clé du changement

    Dans la foulée du référendum en Irlande du Sud, notre réponse doit être d’intensifier notre campagne. C’est pourquoi ROSA et Women on Web ont organisé le Bus4Choice qui a défié la loi, avec des activistes prenant des pilules abortives pour souligner leur disponibilité et démontrer leur sécurité. Parallèlement à un mouvement de masse comprenant des protestations et des grèves, cette désobéissance civile a joué un rôle clé dans le déplacement du débat sur le droit à l’avortement dans le Sud.

    Les militants pro-choix et les syndicalistes doivent s’organiser pour mobiliser le plus grand nombre possible de personnes dans la rue avant tout vote sur la dépénalisation. Il est essentiel de rechercher également la solidarité du mouvement syndical au Royaume-Uni. Les politiciens ne devraient pas douter que, si les droits en Irlande du Nord continuent d’être bafoués, ils seront confrontés à une campagne de désobéissance civile qui rendra la loi inapplicable.

    Aujourd’hui, malgré la division qui existe encore parmi la classe ouvrière de l’Irlande du Nord et du Sud, entre catholiques et protestants, la lutte pour l’avortement peut également permettre de faire le pont entre les deux ; puisqu’il y a un intérêt commun certain entre ceux-ci, celui de se battre pour un droit fondamental. La dépénalisation en Irlande du Sud donne déjà aujourd’hui une impulsion à la lutte en Irlande du Nord. Il n’est pas du tout exclu que des mouvements de soutien provenant de l’Irlande du Sud comme en Angleterre viennent mettre davantage de pression sur l’establishment.

    Durant la discussion de notre école d’été du CIO, le syndicat le plus important en Irlande, ICTU, a été cité ; nos camarades irlandais appellent celui-ci, avec l’aide de la base du syndicat qui peut faire pression comme le fait le référendum aujourd’hui sur les politiciens au Royaume-Uni, à prendre position sur le droit à l’avortement en Irlande du Nord afin de stimuler les mobilisations de masse pour ce droit fondamental encore aujourd’hui bafoué pour les femmes d’Irlande du Nord, et plus particulièrement les femmes de la classe ouvrière.

    Le Socialist Party (parti-frère du PSL) soutient la dépénalisation complète de l’avortement, mais nous devons aller plus loin et construire des mobilisations de masse un peu partout pour garantir que les avortements deviennent gratuits, sûrs, légaux et accessibles ici en Irlande du Nord.

  • Comment le référendum irlandais sur l’avortement a été gagné : ‘‘Ce n’était pas une révolution silencieuse’’

    Ruth Coppinger

    Le 25 mai dernier, le référendum irlandais sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse s’est conclu par un résultat historique : 66% des participants ont voté en faveur de l’abolition de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement. Le Premier ministre Varadkar a parlé d’une ‘‘révolution silencieuse’’. Ce faisant, il désirait laisser entendre que ce changement s’était produit sans lutte sociale. C’est que le Premier ministre n’aime pas trop les manifestations et les conflits sociaux… Notre camarade Ruth Coppinger, députée de Solidarity, a réagi : ‘‘La réalité, cependant, c’est que le mouvement contre l’interdiction de l’avortement faisait activement campagne depuis des années, en luttant contre un parlement conservateur et des médias hostiles.’’

    Par Sander (Termonde)

    L’atmosphère a sans aucun doute changé au cours des 20 dernières années. Mais l’establishment irlandais était particulièrement réticent à abandonner ses liens historiques avec l’Eglise catholique. Cela ne s’est fait que lorsqu’il n’était tout simplement plus possible de continuer. L’ancien establishment catholique conservateur a été durement frappé par les efforts de milliers d’activistes qui avaient tourné le dos au lobbying en constatant que cela était insuffisant. Cette campagne de terrain a duré des années et a conduit au résultat phénoménal du référendum. Parmi les jeunes de moins de 25 ans, 87% ont voté en faveur de l’avortement et, parmi les femmes de moins de 25 ans, 90% ont voté ‘‘OUI’’. La participation des jeunes femmes a quasiment doublé par rapport aux élections législatives de 2016.

    Un vent nouveau souffle sur l’Irlande : celui de l’action collective pour s’attaquer aux problèmes sociaux. Des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des jeunes et des femmes, se sont activement impliquées dans la campagne depuis la mort de Savita Halappanavar en 2012, une jeune femme décédée après qu’un avortement lui soit refusé alors que cela aurait pu sauver sa vie. Depuis ce moment, les groupes d’action et les manifestations se sont succédé. Ruth Coppinger, membre de notre parti-frère irlandais explique : ‘‘Le mouvement n’était pas silencieux, mais la plupart des politiciens faisaient la sourde oreille’’.

    L’establishment et les médias établis tentent maintenant de réécrire le cours de l’histoire par crainte que les gens en tirent confiance en eux et réalisent qu’ils peuvent se battre de la même manière sur d’autres sujets. Ils ignorent également les diverses propositions législatives soumises dans le passé par, entre autres, Solidarity, le groupement plus large dans lequel est actif notre parti-frère le Socialist Party qui compte trois députés (Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry). Lorsque la pression est devenue trop forte, l’establishment a tenté de canaliser la discussion avec la mise sur pied d’une Assemblée citoyenne. Mais, sous la pression du mouvement, cette dernière a recommandé de reconnaître l’avortement sur demande jusqu’à 12 semaines. L’organisation d’un référendum était devenue inévitable.

    Le thème des pilules abortives a constitué un élément important de la campagne. La campagne féministe-socialiste ROSA, lancée en 2014, a organisé des actions pour populariser l’usage des pilules abortives. Ces dernières étaient peut-être illégales, mais elles sont vite devenues courantes. ROSA s’est rendu en Irlande du Nord en train pour y acheter ces pilules et ensuite les distribuer dans toute la République d’Irlande pendant des manifestations de désobéissance civile. La diffusion des pilules abortives a triplé et a eu un effet décisif.

    Le droit à l’avortement a bénéficié d’un soutien croissant. Des dizaines de milliers de personnes sont devenues des activistes et ont popularisé le sujet, y compris par le biais de l’art et de la culture. Ruth Coppinger commente : ‘‘Les médecins et les politiciens des partis établis ont dominé les débats officiels, mais la victoire a été obtenue grâce à la participation active de dizaines de milliers de personnes. C’était un mouvement social et politique à part entière.’’

    Enfin, la députée explique : ‘‘En prétendant que tout a été obtenu dans le calme, l’establishment veut balayer la leçon-clé : les manifestations, l’approche combative et l’implication de la base peuvent arracher des résultats. Ces méthodes peuvent également être appliquées contre d’autres formes de discriminations et d’inégalités. Cela peut concerner des revendications telles que la séparation complète de l’Église et de l’État dans l’enseignement, les soins de santé et d’autres domaines, la fin de cette culture sexiste où les femmes gagnent moins que les hommes et sont présentées comme des objets sexuels, de même que la fin d’un système économique où une élite richissime contrôle la richesse et le pouvoir politique.’’

  • [DOSSIER] Comment le OUI a-t-il remporté le référendum irlandais sur l’avortement ?


    Le référendum sur la suppression de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement (le 8e Amendement) qui s’est tenu le 25 mai dernier a abouti à une éclatante victoire pour le camp du OUI. 66,4 % des participants au référendum se sont prononcés en faveur de son abolition contre 33,6 % dans le camp opposé, alors que le taux de participation était de plus de 64 %, soit le taux le plus élevé jamais enregistré pour un référendum en Irlande. Ce résultat est quasiment l’exact opposé de celui de 1983 qui a imposé l’interdiction de l’avortement. Mais, cette fois, près d’un million de personnes de plus y ont participé. Le gouvernement a déclaré avoir l’intention de légiférer pour permettre l’avortement jusqu’à 12 semaines sans conditions, conformément aux propositions de l’Assemblée citoyenne (mise en place en 2016 pour débattre de l’IVG, NDT). Cela ne peut être interprété que comme un puissant vote pro-choix.

    Les politiciens de l’establishment et les médias essaient désespérément de réécrire la véritable histoire de la lutte radicale qui a donné naissance à ce changement. Ce qu’ils redoutent par-dessus tout, c’est que la population en tire confiance et réalise qu’elle est capable d’organiser par elle-même de puissantes luttes de masse sur toutes les questions clés de société et même d’entrer en confrontation ouverte avec l’ensemble du système capitaliste lui-même, un système qui repose sur le principe de l’inégalité.

    Ruth Coppinger prend la parole à un rassemblement au lendemain de la tenue du référendum. “Nous sommes rentrés dans l’Histoire!”

    Ruth Coppinger – membre du Socialist Party et députée de Solidarity (un mouvement plus large auquel participe le Socialist Party et qui dispose actuellement de trois élus au Parlement irlandais : Ruth Coppinger, Paul Murphy et Mick Barry) – a été consciemment exclue des médias nationaux durant la durée de la campagne alors qu’elle est une des figures clés du mouvement. Cet article, écrit par des membres du Socialist Party, tente de remettre les pendules à l’heure. Au côté d’autres activistes, le Socialist Party a joué un rôle vital dans la campagne nationale de ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) dont l’impact a été considérable. Le Socialist Party et ROSA ont également fait partie du groupe Together4Yes.

    Document du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour Internationale Ouvrière)

    35 ans après le précédent référendum sur la question, l’envie de se débarrasser du 8e amendement à la Constitution était largement partagée. On trouvait peu de contrastes entre les villes et les campagnes, car les attitudes avaient également changé dans les petites villes et les zones rurales. Une seule circonscription a voté NON alors qu’en 1983, toutes avaient dit OUI à l’interdiction, sauf une. Même dans la province de Connaught/Ulster, traditionnellement la plus conservatrice, la question a été nettement tranchée avec 59% en faveur du OUI et 41% pour le NON.

    Le OUI a été particulièrement représenté dans les zones urbaines. Dans la plupart des villes, le OUI se situait aux alentours des 70 %. 9 des 10 circonscriptions les plus favorables au OUI étaient à Dublin, l’autre étant celle de Wicklow, à 74,26 %. Le pourcentage global de OUI à Dublin était de 75,5 %. Dans le quartier dublinois de Stoneybatter, composé de communautés ouvrières ainsi que d’une nouvelle population plus jeune qui s’installe dans la région, le vote a été de 92% en faveur du OUI.

    Le OUI a été très marqué dans la classe moyenne et la classe ouvrière. Les chiffres indiquent qu’il est plus élevé dans le premier cas, bien qu’au cours de la campagne, il était évident que le sentiment sur la question était plus fort parmi la classe ouvrière, dont les femmes ont été au cœur de la révolte.

    Les jeunes femmes au coeur de la lutte

    65% des hommes et 70% des femmes qui ont voté l’ont fait en faveur du OUI. Dans l’ensemble, 87 % des participants de moins de 25 ans ont voté OUI et 90 % des jeunes femmes ! Au cours de ces dernières années, ce sont les jeunes femmes qui ont constitué la force motrice de ce mouvement et tout particulièrement durant la dernière phase, celle de la campagne référendaire elle-même (le référendum s’est tenu le 25 mai 2018 et avait été annoncé en janvier de la même année, les modalités ayant été définies en mars, NDT).

    En comparaison des dernières élections générales de 2016, le nombre de jeunes femmes qui ont participé au vote a massivement augmenté de 94%. Les jeunes transgenres et les élèves du secondaire étaient également au premier plan et le journal dublinois Gay Community News (GCN) a estimé que 91 % des membres de la communauté LGBTQI+ qui ont voté l’ont fait en faveur du OUI.

    La campagne ROSA a mené une intense campagne, autour de manifestations, d’action, d’affichages, mais aussi de stands de sensibilisation tenus en rue.

    Ce changement est le fruit d’intenses années d’efforts et la campagne formelle elle-même a été longue, étalée sur deux mois, à partir de la fin du mois de mars, lorsque le gouvernement a officiellement signé l’arrêté fixant les modalités du référendum.

    Dès le lancement de la campagne, le camp du NON s’est fait remarquer par des affiches misogynes dégoûtantes avec des photos de fœtus et des titres qui criaient ‘‘Permis de tuer ? Votez non’’, ‘‘Ne choisissez pas la mort – Votez non’’, ‘‘En Angleterre, 1 bébé sur 5 est avorté – Votez non’’, ‘‘Si tuer un enfant à naître au bout de six mois vous dérange, alors votez non’’.

    Mais, le 25 mai, les électeurs ont rejeté sans la moindre équivoque possible la campagne extrêmement bien financée du NON (qui disposait notamment de ressources et de publicités liés à la droite religieuse américaine). Ce référendum a fait des vagues partout à travers le monde entier.

    Le média en ligne américain Vox a déclaré : ‘‘Le sentiment favorable à l’abrogation était particulièrement élevé parmi la jeunesse et les électeurs urbains, suggérant qu’une nouvelle majorité de gauche et laïque avait supplanté les générations plus âgées catholiques plus conservatrices’’.

    De profonds changements

    Ce résultat reflète les changements survenus en Irlande au cours de ces dernières décennies. En fait, l’amendement de 1983 à la Constitution était dans un sens un coup politique de la part de la droite cléricale et des politiciens conservateurs avec le soutien de l’Église. Ils craignaient que l’Irlande change ses attitudes sociales et se sont donc précipités pour obtenir une interdiction de l’avortement avant qu’il ne soit trop tard.

    Le monde, et avec lui la société irlandaise, a énormément changé depuis lors. Mais la société officielle irlandaise et l’establishment politique ont refusé de refléter ce changement par des modifications significatives de la Constitution et de la législation. L’ampleur du changement qui a été imposé à l’establishment politique est indiquée par le fait qu’il y a tout juste cinq ans, la Loi sur la protection de la vie durant la grossesse est entrée en vigueur et que cette loi prévoyait que toute personne qui pratiquait un avortement pouvait être emprisonnée pendant 14 ans !

    Après 1983, l’existence du 8e amendement et la domination de la politique par les partis conservateurs (y compris lorsque les travaillistes sont devenus membres de l’establishment dans les années 1990) ont fait en sorte que beaucoup de personnes ont eu le sentiment de devoir, à contrecœur, accepter cette ‘‘solution irlandaise hypocrite à un problème irlandais’’, c’est-à-dire que l’avortement ne serait pas autorisé en Irlande dans un avenir proche au motif que les gens pourraient se rendre en Grande-Bretagne pour y pratiquer l’avortement.

    Mais, en 1992, il y a eu le “cas X”, dans laquelle une mineure violée a d’abord été empêchée de se rendre en Grande-Bretagne pour un avortement, mais y a ensuite été autorisée, après que la Cour suprême décide que le 8e amendement autorisait l’avortement lorsqu’il y avait menace pour la vie de la mère. Toutefois, l’interdiction est restée fondamentalement intacte.

    Les jeunes femmes qui ont grandi dans les années 90 et 2000, à l’époque du ‘‘Tigre celtique’’ (terme qui désigne l’Irlande pendant la période de forte croissance économique entre les années 1990 et 2001-2002, en référence aux ‘‘Tigres asiatiques’’ des années ‘80 et ‘90), ne l’entendaient cependant pas de cette oreille. De plus en plus de voix se sont élevées en faveur de l’émancipation des femmes et d’un État laïque moderne, ce qui signifiait le droit de décider sur son corps et le droit à l’avortement. Depuis lors, les jeunes femmes ont été une dynamique clé pour faire avancer la société irlandaise.

    Savita – le premier point tournant

    Affiche de la campagne ROSA : “Savita compte. les femmes comptent.”

    Le tragique décès de Savita Halappanavar en octobre 2012 à l’hôpital universitaire de Galway a constitué un moment extrêmement important. Savita a été trouvée éprouvant des douleurs intenses en train de faire une fausse couche. Elle a demandé qu’un avortement soit pratiqué, mais celui-ci lui a été refusé. La décision prise dans l’affaire X précise que l’avortement ne peut être autorisé que lorsqu’il y a “un risque réel et substantiel” pour la vie d’une femme.

    En plus de dire que la santé d’une femme n’a pas d’importance, cette position juridique signifie que dans le temps nécessaire pour juger ou décider qu’il y a bien un “risque réel et substantiel” pour la vie, les conditions de santé peuvent empirer et il peut donc être trop tard. En fin de compte, la décision dans l’affaire X n’offrait aucune garantie aux femmes, et Savita n’aurait été sauvée que si on lui avait permis de recourir à l’avortement lorsqu’elle en avait fait la demande.

    La mort de Savita a suscité une énorme colère et des dizaines de milliers de jeunes, en particulier des jeunes femmes, se sont mobilisés pour exiger des changements. La position généralement partagée par nombre de militants de longue date et éminents du mouvement pro-choix et pour le droit à l’avortement à l’époque était d’exiger que la décision prise dans le “cas X” soit légiférée, pour aider à formaliser et clarifier ce qui était permis dans le 8ème amendement.

    Le Socialist Party, en particulier par l’intermédiaire de Ruth Coppinger, alors conseillère municipale, a adopté une position totalement différente en affirmant que l’abrogation immédiate du 8e amendement était nécessaire pour donner rapidement lieu à une législation prévoyant le droit à l’avortement. Ces idées ont reçu une réponse très forte de la part des jeunes femmes mobilisées par la mort de Savita.

    En réponse à la mort de Savita et à la crise politique qu’elle a créée, le gouvernement Fine Gael – parti travailliste a adopté la loi sur la protection de la vie pendant la grossesse mentionnée ci-dessus, qui n’a fait que mettre dans la législation la décision limitée de 1992. C’était tout à fait insuffisant. Les mobilisations de la jeunesse, et des jeunes femmes en particulier, contre les terribles mauvais traitements et l’injustice dont Savita a souffert ont changé la dynamique. C’était le début du mouvement vers l’abrogation qui a culminé avec le vote en faveur du OUI le 25 mai dernier.

    Accroître la pression politique

    En 2014, il devenait de plus en plus accepté dans le mouvement que le 8e amendement devait être abrogé immédiatement. Ce sentiment a considérablement été renforcé lorsque Ruth Coppinger a remporté l’élection partielle dans la circonscription de Dublin-Ouest en mai 2014 et est entrée au Dáil (le parlement), rejoignant ainsi Joe Higgins. Elle a été rejointe par deux autres députés, Paul Murphy qui a remporté une élection partielle historique en octobre 2014 et Mick Barry, élu en 2015. Ruth Coppinger, au nom de l’Anti Austerity Alliance (AAA, précurseur de Solidarity) et du Socialist Party a présenté divers projets de loi concernant l’avortement, l’abrogation de l’interdiction et des cas d’anomalies fœtales mortelles. Cela a instauré de nouvelles pressions sur le gouvernement. Sa réponse a été de mettre en place une Assemblée citoyenne chargée d’élaborer des propositions concernant l’avortement.

    Le gouvernement espérait que cette Assemblée ne présente que des propositions permettant l’avortement dans des circonstances exceptionnelles. L’Assemblée étant constituée d’une centaine de personnes ordinaires de la population, le gouvernement entendait donc mettre ensuite l’accent sur la composition de l’Assemblée pour dire que l’ampleur du changement accepté plus largement dans la société ne dépassait pas ce cadre.

    L’Assemblée a toutefois représenté les changements qui étaient déjà à l’œuvre dans la société irlandaise. Ses recommandations étaient vigoureusement pro-choix. Parmi celles-ci : l’autorisation de pratiquer des avortements sur demande jusqu’à 12 semaines et pour des raisons socio-économiques jusqu’à 22 semaines. Ces recommandations devaient être envoyées à une commission (parlementaire) qui, à son tour, devait envoyer un rapport au gouvernement.

    Pas de recul face aux propositions de l’Assemblée des Citoyens

    Sachant que ce serait un champ de bataille où, comme l’a dit un journaliste, le travail de la commission ‘‘serait essentiellement de diluer les propositions au point qu’elles ne soient pas politiquement toxiques’’, Ruth Coppinger, en tant que membre de la commission représentant Solidarity et le Socialist Party, s’est attelée à la tâche d’accroître la pression pour accepter la proposition des 12 semaines sur demande. Si l’on pouvait faire pression sur la commission pour qu’elle l’accepte, cela permettrait de prendre en charge 92 % des grossesses en situation de crise affectant les gens du Sud (l’avortement étant encore illégal en Irlande du Nord).

    La commission parlementaire s’est réunie à l’automne dernier et a publié son rapport final juste avant Noël. Grâce à la pression incessante émanant du mouvement des jeunes femmes, qui avait reçu une attention toute particulière de la part de Ruth Coppinger, la commission a soutenu la proposition de l’Assemblée citoyenne pour permettre l’avortement à la demande jusqu’à 12 semaines.

    De son côté, le gouvernement a déclaré qu’il publierait les grandes lignes de la législation 12 semaines avant la tenue d’un référendum visant à abroger l’interdiction, de sorte qu’il n’y aurait pas de confusion quant à ce qui serait mis en œuvre en cas d’abrogation.

    Les pilules abortives – le deuxième point tournant

    L’establishment politique se trouvait face à un sérieux dilemme. Il était clair que maintenir le statu quo n’était plus tenable, mais ils étaient très hésitants quant à la marche à suivre. Le 8ème Amendement continuait à créer des injustices flagrantes et parfois même des crises politiques qui menaçaient les gouvernements et la base des partis. Il était nécessaire de se défaire de cette source d’instabilité.

    Mais, parallèlement, l’establishment ne désirait pas endosser la responsabilité de la mise en œuvre du droit à l’avortement. Son approche était généralement très timide en redoutant de saper sa base de soutien. Permettre un droit limité à l’avortement dans un contexte de changement d’attitude sur le sujet allait toutefois vraisemblablement créer des situations et des crises plus inacceptables encore. En fin de compte, ce sont les pilules abortives qui ont pris la décision pour la commission.

    Depuis 2014, le mouvement féministe socialiste ROSA, initié par le Socialist Party, s’est engagé dans une série d’actions extrêmement médiatisées qui ont créé une prise de conscience au sujet des pilules abortives, illégales en Irlande mais entièrement sûres et pouvant être auto-administrées.

    ROSA a notamment organisé un ‘‘train des pilules abortives’’ et des bus qui ont parcouru le pays (en référence au ‘‘train de la contraception’’ de 1971, quand un groupe de féministes s’était rendu à Belfast y acheter des préservatifs pour les ramener en république irlandaise et défier l’Etat de les arrêter, NDT). Au moment où la commission parlementaire était en pleines délibérations, des études ont montré que, quotidiennement, 10 Irlandaises se rendaient chaque jour à l’étranger pour y bénéficier d’un avortement tandis que 5 prenaient des pilules abortives en Irlande. Cela signifiait concrètement que l’avortement était devenu une réalité en Irlande plus que jamais auparavant. Il était même probable que l’utilisation des pilules abortives allait encore connaitre une augmentation. Les actions de ROSA ont été essentielles pour que l’utilisation des pilules abortives soit mieux connue.

    Une situation changée

    Lors de la présentation du rapport de l’Assemblée citoyenne, le juge Laffoy a identifié les pilules abortives comme un facteur clé émergeant. Devant la commission, des preuves ont été présentées qui soulignent l’utilisation accrue des pilules et, entre autres, l’obstétricien consultant Peter Boylan a déclaré qu’à la suite du développement de l’usage des pilules abortives, le ‘‘génie est sorti de la bouteille’’.

    La commission aurait pu proposer une forme limitée d’avortement, moins de 12 semaines, mais avec l’utilisation croissante des pilules abortives, une telle loi aurait immédiatement été inapplicable et dépassée. Ces pilules abortives faisaient de l’avortement jusqu’à 12 semaines un fait établi en Irlande. Il était évident que la majorité des membres de la commission estimaient pouvoir ramer en toute sécurité derrière cette proposition.

    Il s’agissait d’une énorme percée, car cela signifiait que le contexte politique du référendum était une politique pro-choix en attente. Si le référendum pouvait être gagné, l’Irlande serait dans les mois à venir pro-choix. Cela a finalement été le cas, ce qui représente une énorme transformation par rapport à il y a quelques années. C’est probablement le plus grand coup porté en faveur des droits des femmes dans l’histoire de l’État irlandais et cela a d’énormes implications pour l’avenir.

    Le camp du NON et sa campagne toxique

    Au début de la campagne officielle, le sentiment en faveur de l’abrogation était clairement dominant, mais la campagne du Non est passée à l’offensive et a eu un impact. Elle a déterminé quel était l’agenda de la discussion et a mis l’accent sur les délais et l’avortement “à la demande” jusqu’à 12 semaines. Cela a suscité des questions et des doutes et le soutien en faveur du OUI a été réduit à néant. Mais par la suite, la campagne du NON a été si offensante qu’elle a déclenché une riposte active des femmes. La campagne du NON reposait essentiellement sur la diffusion de soupçons envers les intentions des femmes pour les présenter comme des meurtrières.

    Certains défendaient l’idée que la campagne large en faveur du OUI ne devait pas atteindre le niveau du NON. Toutefois, dans le cadre d’une campagne, il faut tenir compte des problèmes réels qui s’installent et qui font l’objet de discussions. La campagne officielle Together4Yes (T4Yes) a poursuivi son approche mais, sur le terrain, les militants, tant à l’intérieur de T4Y que dans d’autres campagnes, sont allés plus loin pour répondre aux arguments du NON, en se concentrant particulièrement sur la réalité de l’avortement en Irlande et sur les raisons pour lesquelles les gens recourent à l’avortement.

    Un sondage à la sortie des urnes réalisé par la chaîne de télévision publique irlandaise RTÉ a indiqué que les témoignages de femmes dans les médias et l’expérience vécue par des proches ont constitué le facteur d’influence le plus déterminant pour 77 % des participants au vote. Cela a clairement démontré que l’idée selon laquelle il fallait une approche prudente en termes d’argumentation était fausse. Toute l’idée de l’existence supposée d’une ‘‘Irlande du centre’’ n’était qu’une pure construction. Les gens réagissent positivement quand une argumentation solide reposant sur l’expérience concrète vécue par d’autres leur est présentée. Cela a encore été illustré par le sondage RTE qui relevait que le droit de choisir était le principal facteur d’influence dans une liste d’options à 62 %, bien au-dessus d’une anomalie fœtale fatale, citée par 39 % des sondés.

    10 jours qui ébranlèrent le monde

    A moins de deux semaines de la fin de la campagne survint un important changement. Le 14 mai, un débat télévisé, durant l’émission The Claire Byrne Live show, a été suivi par 650.000 personnes. Bien qu’il ait été estimé que le camp du NON avait peut-être mieux saisi cette opportunité, nombreux parmi ceux qui ont regardé l’émission ont été profondément choqués par l’approche de certains des militants du NON. L’émission a été l’objet d’un nombre incroyable de 1.277 plaintes, parmi lesquelles 92 % consacrées à sa partialité en défaveur du OUI. Cet événement de même que l’approche de plus en plus brutale des militants du NON dans la campagne ont freiné leur dynamique.

    Quelques jours plus tard, ROSA a accroché son dernier lot d’affiches. L’une d’entre elles qui comportait une grande photo de Savita avec le simple message ‘‘Savita Matters – Women Matter – Vote Yes’’ (Savita compte, les femmes comptent) a été affichée dans tous les principaux centres-villes et à travers toute la ville de Dublin. Ces affiches ont agi eu l’effet d’une sorte de délivrance, une ‘‘riposte’’ que beaucoup attendaient depuis longtemps déjà. Elles ont rappelé aux gens la réalité de ce que signifiait le 8e Amendement ; mais elles ont aussi aidé à donner confiance à beaucoup d’autres pour qu’ils deviennent actifs dans la campagne, soit en militant autour de l’une des initiatives, soit à titre individuel en défendant le OUI jusqu’au jour du scrutin.

    ‘‘Dans les derniers jours de la campagne référendaire sur le Huitième Amendement, des dizaines de petites affiches sont apparues autour de Dublin. L’image était celle de Savita Halappanavar, reconnaissable instantanément grâce à ses cheveux épais et foncés, son large sourire, ses yeux souriants et le point Bindi sur le front. Le message contenait un mot : Oui. Elles étaient frappantes par leur simplicité et leur franchise.’’ Harry McGee, Irish Times, 26 mai.

    D’innombrables conversations

    Les anecdotes relatant la manière dont de jeunes femmes se sont battues pour le OUI avec leurs proches au cours de la dernière semaine de campagne sont légion. Il était clair qu’un élan imparable en faveur du OUI se profilait sous l’impulsion des jeunes femmes.

    La campagne du NON a semé des doutes parmi certaines couches, mais elle n’a pas pu renverser la vapeur et s’opposer au changement de conscience qui s’était développé au fil des années sur cette question. D’autre part, les messages misogynes et agressifs du NON ont créé une vague de réaction qui les a finalement noyés le jour du scrutin.

    Les membres du Socialist Party ont été très actifs, avec d’autres, dans les campagnes de ROSA et de Solidarity, ainsi que dans la vaste campagne Together4Yes. ROSA et Solidarity ont déployé une activité intense dans les collectivités locales, mais surtout dans les centres-villes. Au Parlement et dans leurs circonscriptions, Paul Murphy (Dublin Sud-Ouest) et Mick Barry (Cork North Central) ont tous deux joué un rôle de premier plan dans la campagne du OUI. Dans ces deux circonscriptions, la victoire du OUI fut impressionnante.

    Lancement de la campagne au Liberty Hall.

    La campagne de ROSA a commencé le 14 avril avec un rassemblement national de 500 personnes au Liberty Hall, à Dublin, durant lequel de nombreux orateurs du Socialist Party et du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont pu prendre la parole. ROSA a organisé des actions sur une base quotidienne de même que des manifestations jusqu’aux aéroports de Cork et Dublin, auxquelles 350 personnes ont assisté. Ces marches retraçaient les pas des milliers et milliers de femmes forcées d’aller avorter à l’étranger au cours de ces 35 dernières années. Le jour du décompte des votes, 250 personnes ont assisté à un rassemblement de ROSA au Projects Arts Centre à Dublin et des centaines de personnes sont devenues membres de ROSA.

    L’impact de ROSA

    Le point culminant de l’activité de ROSA durant la campagne fut l’apparition de 15.000 affiches mise en place par des activistes de ROSA et de Solidarity. Celles-ci ont eu un très grand impact et se sont distinguées par leur contenu sans équivoque à tel point qu’elles ont figuré sur la quasi-totalité de la couverture médiatique internationale du référendum.

    La classe des travailleurs, les femmes et les jeunes femmes en particulier ont été les moteurs de ce changement historique de même que d’autres récents bouleversements sociaux, de la lutte contre la taxe sur l’eau (water charge) au référendum sur le mariage égalitaire. Et maintenant cette nouvelle percée historique. La jeune génération, souvent dénigrée par certains sous le terme de ‘‘snowflakes’’ (flocons de neige), s’est retrouvée à la tête d’un mouvement qui a non seulement forcé un establishment politique très réticent à agir mais a également vaincu l’Église catholique. Toute la question est aujourd’hui de savoir quand, et non pas si, cette jeunesse se retrouvera à l’avant-plan d’autres combats qui les feront entrer en conflit ouvert avec le système capitaliste lui-même.

    Qu’en dissent-ils ?

    Pour finir, voici quelques-uns des nombreux commentaires qui ont été envoyés à des membres du Socialist Party ou qui sont apparus dans des forums publics concernant les activités dans lesquelles nous avons été impliqués ainsi qu’au sujet du rôle joué par Ruth Coppinger.

    • ‘‘Merci beaucoup Rosa pour tous vos efforts et votre influence héroïques, inspirants et constants’’.
    • ‘‘J’espère que vous réalisez tout ce que vous avez fait pour les femmes d’Irlande ! Profitez du week-end et offrez-vous quelque chose de spécial ! Je suis si heureuse, reconnaissante et optimiste pour l’avenir.’’
    • ‘‘Chère Ruth, je dois admettre que vous entrerez dans l’histoire comme la voix la plus forte, cohérente et logique de #Repeal… Nous pouvons probablement compter sur les doigts d’une main les thèmes politiques sur lesquelles vous et moi sommes d’accord. L’abrogation en était certainement une. En tant que défenseur inébranlable et passionné de l’abrogation, vous avez rendu un grand service au pays, aux professionnels de la santé ainsi qu’aux femmes”.
    • ‘‘Salut, salut. Je voudrais juste vous féliciter pour votre fantastique campagne d’affichage autour de la ville de Dublin pour le vote en faveur du OUI. C’est à mon avis la plus réfléchie de toutes les campagnes d’affichage. Quand le OUI l’emportera la semaine prochaine, il aura une énorme dette de gratitude envers vous.’’

  • Trop c’est trop ! Il faut affronter cette culture misogyne mondiale !

    L’article 40.3.3 de la Constitution irlandaise (le 8e amendement) garantit le droit à la vie de l’enfant à naître, ce qui interdit le droit à l’avortement à moins que la vie de la mère ne soit gravement menacée. C’est la loi la plus stricte d’Europe. 35 ans après que ce changement de constitution a été co-écrit par un archevêque et ensuite envoyé au Pape pour approbation, la lutte pour libérer l’Irlande de son oppression catholique est en cours.

    Par Laura Feeney

    Un référendum historique

    Un référendum a été convoqué pour le 25 mai afin d’abroger ce 8e amendement, mais il aura fallu une longue lutte pour que le sujet soit discuté au Parlement. C’est la pression de la rue qui en est responsable, en grande partie organisée par l’organisation socialiste-féministe ROSA. En Irlande, la campagne ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) a été créée après le décès de Savita Halappanavar, morte à la suite de complications liées à sa grossesse et à l’incapacité du médecin à l’opérer en raison du 8e amendement.

    En réponse à ce flot continu d’injustices horribles, une Assemblée citoyenne a voté en faveur de l’abrogation du 8e amendement et pour un accès non restrictif à l’avortement jusqu’à 12 semaines. Ces recommandations étaient beaucoup plus radicales que celles des politiciens traditionnels. Une commission parlementaire a été mise sur pied tandis que les actions de ROSA et de la députée Ruth Coppinger (élue de Solidarity et membre du Socialist Party) ont souligné quelle était l’utilisation de pilules abortives illégales en Irlande. Cela a eu un impact significatif. Il est évident que l’avortement est déjà pratiqué en Irlande, sa légalisation en rendrait la pratique plus sûre. Les tensions sont vives avant la tenue du référendum qui survient dans un contexte où d’autres développements majeurs sont en cours sur le terrain de la lutte contre le sexisme et de radicalisation, particulièrement parmi les jeunes Irlandaises.

    ‘We stand with her’

    En Irlande du Nord, un procès très médiatisé impliquant une jeune femme de dix-neuf ans face à des joueurs de rugby professionnels a récemment attiré l’attention sur le combat à mener plus largement contre l’oppression sexiste. Ce procès était des plus pénibles pour les victimes d’agressions sexuelles. La jeune femme a été interrogée beaucoup plus longuement que les accusés, le jury a fait circuler ses sous-vêtements et une ancienne députée a déclaré qu’une fille de la classe moyenne ne se serait jamais retrouvée dans une telle situation. Lorsque le verdict a été annoncé, non coupable, la colère fut générale. Des rassemblements ont immédiatement eu lieu avec le hashtag #IBelieveHer (je la crois). Deux jours plus tard, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Dublin et devant le palais de justice de Belfast. Une pétition en ligne réclamant la tenue d’une enquête sur le comportement des joueurs a recueilli 65.000 signatures. L’Irish Rugby Union et l’Ulster Rugby ont dû annoncer que les contrats des deux joueurs, Paddy Jackson et Stuart Olding, étaient révoqués. 30.000 euros ont été récoltés pour le Dublin Rape Crisis Centre dans les deux jours qui ont suivi l’annonce du verdict.

    Les actions ont été absolument monumentales sur l’ensemble de l’île. Elles s’inscrivent dans un sentiment global. En Pologne, les femmes sont également choquées par l’éthique catholique réactionnaire et se battent pour changer leur loi archaïque sur l’avortement. Lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une ‘‘grève féministe’’ a été déclenchée en Espagne et pas moins de 5,3 millions de personnes sont descendues dans la rue pour lutter contre les abus sexuels et l’écart salarial ! En Irlande, durant les manifestations, de nombreuses pancartes reprenaient une citation de la militante Angela Davis : “Je n’accepte plus les choses que je ne peux pas changer. Je change les choses que je ne peux pas accepter.’’ ‘‘Trop, c’est trop !’’ est devenu un cri de ralliement. Ces femmes ne recherchent pas des réformes ou des solutions rapides et bâclées.

    ‘‘Je ne vais pas me rendre à la police. Je ne vais pas affronter l’Ulster Rugby.’’ C’est le message effrayant que la jeune victime a envoyé à son amie au lendemain de son agression. Les femmes savent que le système n’est pas à leurs côtés, mais contre elles. Ces hommes puissants n’allaient jamais être réprimandés dans une culture qui considère tout cela comme du ‘‘discours de vestiaire’’. Nous devons lutter contre ce système d’exploitation qui protège les plus puissants plutôt que les plus vulnérables. La ‘‘culture machiste’’ est ancrée à tous les niveaux de la société capitaliste : y compris les forces de police, les tribunaux et l’État. Nous savons que ces institutions ne sont pas là pour la démocratie ou l’égalité, ce sont des outils pour réprimer la révolte de la classe ouvrière. Les mesures qui ont été prises en réponse à cette situation devraient déclencher un feu dans le ventre de chacun. Le changement est imminent et nous n’attendrons plus. Trop, c’est trop.

  • 28 septembre : Action européenne pour le droit à l’avortement

    Jeudi 28 septembre à 17h30 au Cinquantenaire à Bruxelles.

    Mon corps, mon choix ! – Solidarité internationale.

    Mon corps n’est pas une source de profits :

    • Les femmes ne sont pas des objets !
    • Publicité, porno : stop à la marchandisation du corps des femmes !
    • Non aux violences sexistes et au harcèlement quotidien !

    Pour le droit de s’habiller comme on le souhaite :

    • Mes habits ne sont pas un “oui” ! Stop à la culture du viol !
    • La qualité de l’enseignement ne dépend pas de nos vêtements : arrêtons d’empêcher les jeunes d’assister aux cours en raison de leur tenue !

    Pour un réel choix :

    • Contraception et éducation sexuelle gratuite, accessible et de qualité !
    • Droit à un avortement accessible pour toutes !
    • Nous avons le droit d’avoir des enfants sans risquer de tomber dans la pauvreté : pour des allocations familiales couvrant le coût réel des besoins d’un enfant !

    Contre le sexisme et l’austérité :

    • Des emplois de qualité avec de bons salaires pour tous !
    • Arrêt immédiat de la politique d’austérité !
    • Refinancement massif des services publics (enseignement, crèches, soins de santé, transports en commun,…) !

    La campagne ROSA répond activement à l’appel du 28 septembre, aux côtés de nombreuses organisations féministes belges et européennes. Manifestons en solidarité avec les luttes des Espagnoles, Polonaises, Irlandaises, Américaines,… pour les droits des femmes, la liberté de disposer de leur corps et le droit à l’avortement et à la santé !

    Evénement Facebook de la plateforme

    ROSA Bruxelles : Cortège contre le sexisme à partir de l’ULB-VUB jusqu’au Cinquantenaire.

    15h – Université Saint-Louis (sortie rue du Marais, 109) pour un départ collectif vers l’ULB.

    16h – ULB Solbosch (devant le foyer av. P. Héger).

    16h30 – VUB Etterbeek (Esplanade).

    Pourquoi un cortège jeune au départ de l’ULB en direction du rassemblement quartier européen ?

    Le scandale de l’email pour les proclamations en médecine recommandant que “les jeunes femmes revêtent une robe ou une jupe ainsi qu’un joli décolleté” démontre la nécessité d’une campagne forte, femmes et hommes ensemble, contre le sexisme sur nos campus et nos écoles.

    Départs collectifs de ROSA en train

    – Liège Guillemins : train de 16h01. Réunion ROSA Liège de préparation : dimanche 24 septembre à 14h place du XX août (rdv à la “Fédé”, au n°24).

    – Namur : train de 16h14.

    – Mons : train de 16h22.

    – Gand-Saint-Pierre : rdv à 16h30.

    – Anvers : rdv à 16h20.

    – Louvain : rdv à 16h30.
    Ne nous regarde pas, rejoins-nous !

    Tu veux devenir membre de ROSA (5€) ? Contacte-nous !

    0474 35 30 36 (Emily) ou contact@campagneROSA.be

  • Et si les femmes faisaient leurs propres choix ?

    Malgré l’intérêt nouveau porté au féminisme, les attaques et les restrictions des droits des femmes se font de plus en plus fréquentes. Les déclarations sexistes se multiplient, confortées par l’ascension de réactionnaires tels que Trump, Le Pen ou Fillon. Nous retrouvons chez tous ces dirigeants la volonté de restreindre encore plus l’accès à l’IVG (Interruption volontaire de grossesse), ce qui s’ajoute aux mesures d’austérité soutenues par l’ensemble des partis établis dont les conséquences sont d’autant plus violentes pour les femmes.

    Par Céline et Julie (Liège)

    Depuis le début de l’année 2017, plusieurs organisations féministes et partis traditionnels travaillent en Belgique au retrait de l’avortement du Code pénal. Cependant, encore actuellement, l’Église continue de s’y opposer fermement. Selon l’évêque de Liège Jean-Pierre Delville, il est important que l’avortement reste un délit punissable car, dans la religion, il s’agit purement et simplement d’un ‘‘homicide’’. Dans la même veine, le chargé de cours de l’UCL Stéphane Mercier a récemment tenu des propos anti-avortement lors de ses cours de philosophie où il affirmait que ‘‘l’avortement est un meurtre donc plus grave qu’un viol’’.

    Un peu plus loin de nous, au Texas, le projet de loi n°25 implique que les médecins auront désormais le droit de cacher à la femme enceinte l’état de santé du fœtus afin d’empêcher celle-ci d’éventuellement choisir d’avorter. À part la culpabilisation des femmes par des hommes de la classe dominante, rien n’est développé en termes d’accompagnement (financier et social) et de structure d’accueil pour permettre aux femmes qui le souhaitent de poursuivre leurs grossesses sereinement sans crainte de tomber dans la pauvreté.

    En tant que socialistes, nous pensons évidemment que l’IVG doit sortir du Code pénal. Laisser les femmes décider ce qu’elles font de leur corps ne doit pas être un délit ! En parallèle, il faut rendre la contraception gratuite, facilement accessible et de qualité alors qu’elle reste très chère pour les plus petites bourses. Selon un document de la Fédération des centres de Planning familial, les contraceptifs tels que la pilule, l’anneau vaginal, le patch contraceptif et la piqûre contraceptive tournent autour de 2 à 30€ par mois. Quant aux contraceptifs tels que les stérilets et l’implant, ils peuvent coûter jusqu’à 148€ remboursés par la mutuelle à condition de pouvoir avancer la somme. Il est également essentiel de mettre à disposition dans les écoles et les quartiers une information objective et de qualité sur la sexualité.

    Nous ne nous limitons donc pas à la défense du droit à l’avortement, nous nous positionnons en tant que pro-choix. Nous défendons également le droit d’élever un enfant dans de bonnes conditions sans vivre avec l’angoisse de ne pas parvenir à boucler la fin du mois comme c’est le cas pour 80% des familles monoparentales belges. Pour cela, une lutte est nécessaire pour obtenir des allocations familiales qui couvrent réellement le coût d’un enfant, des services publics de qualité et de meilleures conditions de travail.

    La lutte pour les droits des femmes est une lutte pour une autre société.

  • Un enfant si je veux, quand je veux ! Mon corps! Mon choix! Ma liberté!

    Le 26 mars 2017, la très mal nommée Marche “pour la vie” a rassemblé 1500 militants anti-avortement dans les rues de Bruxelles. Le droit à l’avortement est dépénalisé depuis plus de 25 ans en Belgique. Nombreux sont ceux qui considèrent que ce droit est acquis et ne saurait être remis en cause. Pourtant, à travers le monde, les attaques des gouvernements populistes de droite ou encore la politique d’austérité en limitent l’accès.

    => Accéder à la suite de cet article sur le site de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité).

  • Pologne. Plus de 140 000 femmes manifestent contre l'interdiction totale de l'avortement

    poland1Les femmes veulent avoir vraiment le choix

    Le projet d’interdire complètement l’avortement a provoquée une explosion de colère massive et incontrôlée en Pologne. Ce lundi 3 octobre, les Polonaises étaient appelées à se mettre en grève, suivant l’exemple des femmes islandaises qui ont mené une grève nationale en 1975. A Varsovie, plus de 50 000 personnes ont manifesté sous la pluie battante, 30 000 à Wroclaw et 25 000 à Cracovie. Des dizaines de milliers d’autres ont manifesté dans tout le pays. A Poznan, il y a eu des affrontements avec la police, tandis qu’à Kielce les manifestants ont détruit une exposition homophobe controversée. Même les estimations réticentes de la police parlent de 98000 manifestants répartis dans plus de 143 manifestations dans tout le pays. Le parti Razem estime par contre que plus de 140 000 personnes sont descendues en rue. Ce sont de loin les plus grosses manifestations en défense de l’avortement qui ont jamais eu lieu en Pologne, loin devant les manifestations de 1993, quand l’interdiction actuelle a été mise en application.

    Paul Newberry, Alternatywa Socjalistyczna (Comité pour une Internationale Ouvrière – Pologne)

    La première vague du mouvement a commencé au printemps avec l’annonce qu’un groupe de pression de droite avait collecté les 100 000 signatures (ils en ont finalement collecté 400 000) requises pour soumettre un projet de loi au parlement polonais visant à interdire totalement l’avortement et à condamner les femmes à des peines allant jusqu’à 3 ans de prison. Pour illustrer la barbarie des propositions, les fausses-couches seraient traités comme des suspicions d’avortement et seraient sujettes à une enquête criminelle.

    Cependant, la Pologne a déjà l’une des législations anti-avortement les plus contraignantes en Europe, ne permettant les avortements que dans les cas de viol, de risques pour la santé ou la vie de la femme, ou de déformation du fœtus. En pratique, même quand ces conditions sont remplies, l’avortement est souvent empêché par les médecins qui exploitent la soi-disant « clause de conscience » et imposent leurs propres croyances religieuses aux patients en leur refusant un traitement vital.

    Cette législation est passée de force au début des années 1990, quand la Pologne était en phase de restauration capitaliste : une contre-révolution économique et sociale accompagnée de quelques réformes démocratiques. Mais l’imposture des réformes démocratiques se révèlent par le fait que malgré l’opposition de la majorité écrasante de la société (plus de 70% de la population était contre l’interdiction de l’avortement et soutenait l’avortement « pour raisons sociales », ce qui signifiait fondamentalement l’avortement sur demande), la loi anti-avortement a été adoptée. A la même période, la religion a été introduite dans les écoles et le concordat a été signé, donnant à l’Eglise d’énormes privilèges matériels et politiques. Les politiciens de tous les partis ont appelé cela un compromis. Cependant, ce n’est pas un compromis mais une honte nationale et cela a créé un enfer pour les femmes.

    Enorme mouvement spontané au printemps

    En réponse à la proposition d’interdiction au printemps, un mouvement spontané massif s’est créé sur les réseaux sociaux. Un groupe facebook, Dziewuchy Dziewuchom, a rassemblé plus de 100 000 membres en moins d’une semaine. Les groupes informels et les initiatives se sont multipliés dans tout le pays. Cela a mené à un série de manifestations impliquant chacune plusieurs milliers de manifestants.
    Un des groupes a décidé de collecter plus de 100 000 signatures pour soumettre un projet de loi d’ « initiative citoyenne » qui libéraliserai la législation, autorisant l’avortement quelque soient les raisons jusque 12 semaines. Bien que beaucoup dans le mouvement n’appelaient qu’à défendre la législation actuelle extrêmement limitée, l’idée d’une initiative citoyenne a finalement été adoptée par l’ensemble du mouvement, qui a réussi à réunir plus de 250 000 signatures et à présenter son projet de loi au parlement.

    Après deux mois de pause pendant l’été, les manifestations ont repris fin septembre quand les projets de loi ont été présentés au parlement le même jour. Cette deuxième vague a commencé quand les « czarny protest » (manifestation noire) qui ont été organisées dans tout le pays. Hommes et femmes s’habillaient en noir en signe de deuil des droits des femmes. Des manifestations se sont déroulées dans beaucoup de villes et les gens postaient des photos d’eux-mêmes habillés en noir sur les réseaux sociaux avec les hastags #CzarnyProtest et #BlackProtest.

    Comme on pouvait s’y attendre, le parlement a rejeté le projet de loi libéralisant le droit à l’avortement, tout en autorisant le projet d’interdiction totale à être examiné en commission. En même temps, ils ont annoncé que la fécondation in vitro pourrait être également interdite de même que la contraception d’urgence. Cela a provoqué énormément de colère contre l’arrogance et le mépris des politiciens et de l’église envers les femmes et a impliqué des couches plus larges qu’auparavant dans les manifestations.

    Les femmes en grève

    A ce moment, suivant l’exemple de la grève des femmes de 1976 en Islande, l’idée d’organiser une grève des femmes a été soulevée. Aucun syndicat n’y appelait, l’idée est venue de l’intérieur du mouvement par des femmes qui n’avaient pas d’expérience syndicale ou d’organisation de grève préalable. Cependant, en raison des lois anti-syndicales et de la difficulté à organiser une grève légale même pour un syndicat, les femmes n’étaient pas encouragées à se mettre en grève réellement, mais plutôt à prendre congé le jour du Czarny poniedzialek (lundi noir). Malheureusement, beaucoup de femmes n’ont pas pu participer à la grève parce qu’elles travaillent sous des contrats précaires et n’ont pas droit à des congés sur demande.

    Finalement, le jour de la grève, OPZZ, l’une des trois principales fédérations syndicales, a exprimé son soutien et a demandé de défendre ses membres des représailles s’ils décidaient de prendre part à l’action. Grace à cela, beaucoup d’employés de l’administration publique, surtout dans les gouvernements locaux, ont pu faire grève. Un certain nombre de cinémas et de petites entreprises ont annoncé qu’ils fermeraient ce jour pour permette à leurs travailleurs de participer. Un nombre beaucoup plus grand de femmes qui n’avaient pas d’autre choix que de travailler se sont habillées en noir pour montrer leur soutien à la grève.

    Le soutien d’OPZZ a probablement aussi enhardi les professeurs, qui ont organisé des photos de groupe avec les écoliers – tous habillés en noir. Dans beaucoup d’écoles secondaires, les écoliers ont organisé leurs propres gréves, quittant l’école au cours de la première leçon, souvent avec le soutien de leurs professeurs. On rapporte que des jeunes femmes ont été menacées par des groupes d’hommes qui leur ont craché dessus à cause de leur participation à la grève.

    A Varsovie, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées tôt le matin devant les bureaux du parti dirigeant, Loi et Justice (PiS). Plus tard dans l’après midi, ils ont marché sous la pluie à travers le centre ville vers la Place du Château, où environ 50 000 personnes se sont rassemblées. C’étaient en particulier des jeunes femmes, des étudiants et des écoliers. Plus tôt, il y avait eu une initiative de peindre des larmes noires sur les visages des manifestants, mais cela n’a pas vraiment eu de succès. A la place, des milliers de ces jeunes femmes portaient deux rayures noires sur chaque joues comme des marques de guerrier. Il y avait une ambiance très colérique et vivante.

    Les manifestants avaient des pancartes faites-maison qui disaient « le gouvernement n’est pas une grossesse – on peut le supprimer », « La révolution est une femme », « Reprenons la Pologne des mains des fanatiques ! », « L’avortement en défense de la vie », « Mon corps, ma forteresse », « Mes ovaires, ce sont mes affaires », « Je ne suis pas un incubateur », « Je ne suis pas votre propriété », « Nous ne mettrons pas au monde si nous en mourrons », « L’enfer des femmes », « Il n’y a rien de mal à pouvoir choisir ».

    Malheureusement, les discours étaient dominés par des célébrités et les partis politiques, comme Nowoczesna, et le mouvement démocratique pro-libéral, KOD. Ce sont des organisations politiques qui ont pris le train en marche et essaient d’utiliser le mouvement en l’instrumentalisant pour leurs propres intérêts. Ils se sont opposés à appeler à l’avortement sur demande, disant que le mouvement devrait se limiter à défendre la législation anti-avortement actuelle. Scandaleusement, les représentant des organisations féministes et des groupes pro-avortement n’ont pas eu de plate-forme, malgré le rôle important qu’ils ont joué depuis des années dans la lutte pour le droit à l’avortement.

    Heureusement, les organisateurs n’avaient prévu qu’une manifestation d’environ 5000 personnes, donc la plupart des gens n’ont pas entendu les discours, de toute façon. Après un moment, les manifestants ont comencé à crier qu’ils devraient marcher vers le parlement, et bientôt la mer de parapluies s’est déplacée, laissant les organisateurs derrière elle. La marche était maintenant illégale, mais la police a sagement décidé de la laisser continuer, en ne faisant que régler la circulation à mesure que la manifestation traversait le centre ville, choisissant sont propre itinéraire et arrêtant tout le trafic pendant l’heure de pointe.

    Environ 10 000 personnes se sont rassemblées devant le parlement sous la pluie. Il n’y avait pas d’orateurs, mais l’ambiance était sonore et colérique. Il y avait des rumeurs que plusieurs milliers de manifestants marchaient vers Teatr Polski, le théâtre où Jaroslaw Kaczynski, le dirigeant du PiS, tenait un meeting.

    L’église a réagi à la Grève des Femmes Polonaises et à la Manifestation Noire en condamnant, la traitant de carnaval du diable, montrant à quelle point elle est en dehors de la réalité. Les évêques étaient dans tous les médias le lendemain, partageant leur connaissance experte du viol et de l’infetilité. Un évêque a déclaré qu’il était extrêmement difficile pour une femme de tomber enceinte suite à un viol parce en raison du stress ressenti par la femme.

    Cependant, le PiS a été complètement pris de court par le mouvement. Il n’avait pas prévu de changer la loi sur l’avortement, du moins pas cette année, mais a été forcé de prendre position par des éléments plus à droite et par l’église, qui ont organisé leur propre « initiative citoyenne ».

    Quelle suite pour le mouvement ?

    A cause de l’échelle du mouvement, le PiS a réagi en annonçant qu’il allait préparer son propre projet de loi en compromis, qui allait probablement autoriser l’avortement en cas de viol et de danger pour la vie de la femme, mais pas dans le cas de malformation du fœtus. Ce n’est bien sur pas du tout un compromis, mais représente une nouvelle restriction de l’interdiction en vigueur et est totalement inacceptable. Cependant, cela montre que le gouvernement commence à ressentir la pression.

    C’est un signe clair que la pression doit ptre maintenue et que la lutte pour le droit à l’avortement doit continuer. Cependant, Nowoczesna et Plateforme Civique (PO, néo-libéral), aidés par KOD, tentent de prendre le contrôle politique et de détourner ce qui a est un mouvement spontané. Les résultats du vote du parlement et les déclarations des représentants de Nowoczesna et de Plate-forme Civique, l’ancien parti au pouvoir, montrent qu’ils n’ont pas leur place dans le mouvement et doivent être stoppés. La stratégie de ne défendre que la législation actuelle doit être vigoureusement combattue.

    D’un autre côté, c’est une erreur d’appliquer une politique « no-logo » qui interdit à toutes les organisations politiques d’intervenir avec leurs drapeaux et leur matériel imprimé dans les manifestations, comme ce fut le cas dans beaucoup de villes. Cela permettra aux politiciens compromis d’entrer par la petite porte, tout en empêchant les organisations plus petites et plus radicales de partager leurs idées et leurs propositions pour le mouvement.

    La grève des femmes polonaises le Lundi Noir a été le climax, jusqu’ici, mais elle a libéré de nouvelles forces qui n’avaient pas encore été présentes dans le mouvement : des milliers de jeunes femmes en colère qui viennent seulement d’entrer en lutte et qui trouvent maintenant leur propre voix et gagnent en confiance. Une tâche immédiate du mouvement est de les aider à s’organiser.

    En ce moment, nous avons beaucoup d’initiatives et de groupes sur les réseaux sociaux très bons mais souvent concurrents. Cependant, souvent, les gens qui ont mis sur pied ces groupes à l’origine en sont les « propriétaires » et contrôlent les événements facebook, décidant s’il y a une politique anti-logo ou non. Souvent, ils censurent aussi les discussions sur les groupes facebook.

    Ce qu’il manque, ce sont des structures démocratiques sur le terrain au niveau local, impliquant les militants de toutes les initiatives différentes qui sont apparues. De tels comités démocratiques devraient se lier au niveau national pour coordonner les activités et planifier la prochaine grande action. Il devrait y avoir une pleine responsabilité démocratique des représentants nationaux de ces comités.

    Un programme de lutte est nécessaire

    Par-dessus tout, seul un programme clair peut être victorieux. Les dernières semaines ont montré que nous pouvons convaincre l’opinion publique, mais pas si nous devons commencer comme Nowoczesna par dire que nous sommes contre l’avortement. Cela équivaut à dire que les partisans de l’interdiction totale de l’avortement ont de bons arguments et signifie l’abandon de la lutte sans lutter.

    Si nous demandons avec assurance l’accès total à l’avortement sur demande et controns les arguments de la droite, nous sommes confiants que nous pouvons gagner les gens à notre côté. Nous devons expliquer le besoin du droit à l’avortement gratuit et sécurisé sur demande, qui sauverait les vies de nombreuses femmes. Cela devrait être lié à la lutte pour un système de santé gratuit décent et de bonne qualité, procuré par des professionnels de qualité et non par des religieux fanatiques qui bloquent les traitements.

    Beaucoup de grossesses non-voulues pourraient être évitées si la contraception est rendue plus accessible. De nos jours, la contraception est trop chère pour beaucoup de jeunes femmes. En même temps, les moins de 18 ans ne peuvent visiter un gynécologue qu’avec le consentement de leurs parents, ce qui les empêchent d’obtenir une prescription d’un moyen contraceptif. C’est pourquoi Alternatywa Socjalistyczna (section-soeur du PSL en Pologne) revendique l’accès universel à la contraception gratuite. Nous demandons aussi l’éducation sexuelle au lieu de la religion enseignée à l’école par des prêtres et des nonnes catholiques.

    Par-dessus tout, les femmes veulent avoir vraiment le choix – pas seulement d’avoir ou non un enfant, mais aussi d’avoir un enfant quand elles veulent en avoir un. C’est pourquoi nous soutenons le droit à la fécondation in vitro gratuite, mais aussi à une place garantie dans de crêches et des écoles maternelles gratuites et publiques pour chaque enfant. Mais des questions sociales et économiques plus larges affectent les choix des femmes. Il est nécessaire de lutter pour des logements sociaux d’Etat de bonne qualité et un salaire minimum décent, ainsi que pour la sécurité de l’emploi. Tous les contrats précaires devraient être abolis et remplacés par des contrats de travail permanents, pour que tomber enceinte ne signifie pas perdre ton emploi.

    Lutter pour ce changement demande de se lier à la classe ouvrière organisée dans les syndicats. Un bon point de départ serait de construire des liens plus étroits entre les syndicalistes de base, en premier lieu du syndicat de professeurs ZNP et de la fédérations OPZZ. Le mouvement devrait aussi atteindre les travailleurs de l’administration publique et de la santé qui ont soutenu la grève du Lundi Noir. Mais une telle lutte signifierait aussi une confrontation avec le système économique, le capitalisme, qui est incapable de garantir des logements et des emplois décents pour les travailleurs en général.

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