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  • L’avortement interdit au Texas : il faut transformer la colère en action de masse


    L’avortement a été interdit au Texas pratiquement du jour au lendemain. Toutes les cliniques de l’État, déjà peu nombreuses, ont interrompu leurs services d’avortement. Les États voisins, comme la Louisiane et l’Arkansas, voient déjà augmenter le nombre de patientes du Texas désireuses d’avorter. Des millions de femmes sont désormais terrifiées à l’idée de devoir se tourner vers l’avortement clandestin extrêmement dangereux pour interrompre une grossesse.

    Par Grace Fors, Socialist Alternative (ASI-USA)

    La Cour suprême américaine a décidé de ne pas bloquer la mise en application d’une loi anti-avortement très restrictive au Texas. Le projet de loi 8 du Sénat (le «Texas Senate Bill 8» ou S.B.8) interdit tout avortement après la détection des battements du cœur du fœtus, généralement entre cinq et six semaines de grossesse, y compris dans les cas de viol et d’inceste. Entre 85 et 95 % des avortements ont lieu après cette période. La plupart des femmes ne savent pas qu’elles sont enceintes à ce moment-là.

    Si cela n’était pas assez barbare, ce qui est particulièrement stupéfiant dans ce projet de loi, c’est son mécanisme d’application. Alors que depuis des années, une douzaine d’États républicains ont adopté des projets de loi similaires sur le « battement de cœur » qui ont été bloqués par les tribunaux, la loi du Texas fait passer l’application de la loi de l’État à des citoyens à titre privés. La loi permet à des citoyens de dénoncer, contre une récompense, ceux qui aident les femmes à avorter, la prime pouvant atteindre les 10.000 dollars par cas. Même un chauffeur Uber qui a emmené quelqu’un à un rendez-vous pour un avortement pourrait être poursuivi.

    Un rappel à l’ordre

    La menace d’un renversement de l’arrêt Roe contre Wade a plané au-dessus de nos têtes ces dernières années. Il s’agit d’un arrêt historique rendu par la Cour suprême des États-Unis en 1973 sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement. Un fanatique religieux déséquilibré et un prédateur sexuel ultraconservateur ont été nommés à la Cour suprême par l’ancien président Donald Trump sans que les Démocrates ne réagissent. La Cour suprême, hautement antidémocratique, a maintenant ouvertement démontré qu’elle était disposée à céder aux fanatiques de droite anti-avortement. Les perspectives de l’affaire Dobbs contre Jackson Women’s Health Organization, qui déterminera si les États peuvent interdire l’avortement après 15 semaines, sont dorénavant beaucoup plus sombres.

    De nombreuses Lois ont été adoptées par des républicaines dans les divers Etats du pays et sont en attente d’un affaiblissement de l’arrêt Roe contre Wade. Elles entreraient directement en application si cela devait advenir. Les récents événements du Texas sont la faille qu’ils attendaient avec tant d’impatience. Les lobbyistes « pro-vie », c’est-à-dire opposés à l’avortement, contactent déjà les groupes texans pour les aider à rédiger des lois similaires. Le modèle texan pourrait bientôt être exporté dans des dizaines d’États.

    Les travailleur.euse.s et tout particulièrement les jeunes femmes sont enragé.e.s à travers le pays. Mais il manque dramatiquement une direction politique afin de canaliser en action concrète l’opposition des 70% d’Américains face aux attaques contre l’avortement. Les principales organisations de défense des droits reproductifs ont publié des vidéos sans lancer aucun appel à l’action.

    Après un bref moment de choc et de surprise face à l’interdiction soudaine de l’avortement, il est clair pour des millions de personnes au Texas et dans tout le pays que des manifestations de masse et même une journée d’action coordonnée sont nécessaires pour commencer à riposter et défendre les droits reproductifs et les droits des femmes.

    Soulevons-nous pour riposter !

    Nous sommes confrontés aux plus graves attaques contre les droits reproductifs des femmes depuis des décennies, mais la situation n’est en aucun cas désespérée. Nous pouvons protéger nos droits et garantir des avortements légaux dans tout le pays. Mais cela nécessite de construire un mouvement de masse de l’ampleur du mouvement des femmes des années 1960/70 qui a permis de remporter l’arrêt Roe contre Wade en 1973 en dépit d’une Cour suprême conservatrice durant la présidence de Richard Nixon. Le pays a été secoué par des mobilisations de masse, des grèves alors que des organisations radicales de base étaient engagées dans la bataille.

    C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Notre mouvement devra exercer une pression énorme sur les Démocrates qui contrôlent la présidence et le Congrès pour qu’ils agissent, ainsi que sur la Cour suprême qui s’apprête à se prononcer sur l’affaire Dobbs.

    Un mois avant de remporter la présidence, Joe Biden, alors candidat, s’est engagé à faire de l’arrêt Roe contre Wade « la loi du pays ». Avec le contrôle de la présidence et du Congrès, Joe Biden et les Démocrates n’ont aucune excuse pour ne pas tenir leur promesse.

    Nous devons exiger que les Démocrates agissent. Parmi les nombreuses autres promesses non tenues, ils n’ont jusqu’à présent pas réussi à instaurer un salaire minimum fédéral de 15 dollars de l’heure, à adopter une législation radicale sur le climat, à protéger les droits syndicaux, à augmenter le taux d’imposition des grandes entreprises ou à rétablir le financement fédéral du Planning familial. À moins qu’un mouvement de masse ne se développe et qu’une pression immense ne soit exercée sur l’administration Biden, nous pouvons ajouter la protection du droit à l’avortement à cette liste.

    Les dirigeants démocrates doivent faire tout ce qu’il faut pour adopter des protections radicales du droit à l’avortement. Ils peuvent agir maintenant pour inscrire l’arrêt Roe contre Wade dans la loi, mais comme nous l’avons vu, ils utiliseront toutes les excuses possibles pour ne pas agir. Nous ne pouvons pas leur laisser un pouce de marge de manœuvre pour contourner ce problème, nous avons besoin de manifestations et de grèves de masse pour exiger que les Démocrates codifient immédiatement cet arrêt. Les progressistes au Congrès doivent utiliser tous les moyens de pression dont ils disposent pour exiger que l’establishment agisse. En outre, nous devons mobiliser des manifestations de masse dirigées vers la Cour suprême, qui se prépare à prendre une décision dans l’affaire Dobbs. Pour déterminer les tactiques de notre mouvement, nous pouvons nous inspirer du récent mouvement des femmes en Pologne, où les femmes ont organisé une grève de masse pour protéger le droit à l’avortement.

    Le féminisme socialiste est plus nécessaire que jamais

    Notre lutte pour la libération des femmes doit aller au-delà de la question de l’accès à un avortement libre, sûr et légal. Cette interdiction et d’autres frapperont davantage les femmes pauvres et issues de la classe des travailleur.euse.s, celles qui souffrent déjà de la crise du logement et du manque de crèches. Nous avons besoin d’une lutte féministe socialiste pour des soins reproductifs gratuits et de haute qualité, y compris des services publics de garde d’enfants, le contrôle des loyers et des logements publics de bonne qualité. Nous devons mettre fin à la spéculation sur les soins de santé et assurer une transition immédiate vers un système de soins de santé pour tous. Nous devons également lutter contre le racisme, la transphobie et la terreur d’Etat contre les migrants, car toutes les formes d’oppression ne servent qu’à diviser la classe des travailleur.euse.s.

    La génération actuelle de jeunes femmes n’est pas vendue au féminisme libéral qui limite ses revendications à l’accès des femmes aux postes dirigeants de la société capitaliste. Une soif de changement est visible partout autour de nous, pour un changement fondamental qui mette un terme décisif aux crises et à l’exploitation. Sous le capitalisme, chaque conquête péniblement arrachée par un mouvement social, tel que l’arrêt Roe contre Wade, peut être brisé par la volonté de la classe dirigeante. Pour obtenir une véritable libération de l’oppression de genre, la colère doit être canalisée contre le système capitaliste lui-même dans une lutte puissante pour une transformation socialiste de la société.

  • Le droit à l’avortement a été arraché par la lutte… C’est la lutte qui le fera sortir du code pénal !

    Action de la Campagne ROSA cet été face aux bureaux de la N-VA contre le chantage de De Wever concernant le droit à l’avortement.

    L’incertitude demeure quant au sort du projet de loi visant à étendre la période d’avortement légal à 18 semaines, à réduire le délai de réflexion d’une semaine à 48 heures et à supprimer complètement l’avortement du droit pénal. Quel parti mobilisera le soutien populaire pour partir en action ?

    Par Anja Deschoemacker

    Parmi les auteurs du projet de loi, au moins deux familles politiques ne peuvent bénéficier d’aucune confiance. En 2018, la famille libérale (Open VLD / MR) a choisi la cohabitation au sein du gouvernement Michel et a favorisé un ‘‘assouplissement’’ de la loi (qui est resté théorique) au lieu d’un vote au Parlement. Au début de l’année, Paul Magnette a indiqué qu’il était possible pour le PS que cette discussion soit considérée dans le cadre des négociations gouvernementales avec le CD&V, parti qui s’est toujours opposé à tout assouplissement. Quant au SP.a, il est prêt à tout pour entrer dans un gouvernement et le passé des partis ‘‘verts’’ suggère qu’ils sont eux aussi prêts à mettre cette question de côté pour un strapontin au gouvernement.

    Reste donc Défi et le PTB/PVDA. Mais ils n’ont jusqu’ici pris aucune mesure visant à exercer une pression sur le terrain. L’histoire de la lutte pour le droit à l’avortement nous apprend pourtant que la construction d’un mouvement est fondamentale. La lutte idéologique se mène dans les médias classiques et les réseaux sociaux, c’est vrai, mais c’est surtout la mobilisation de la rue qui permet d’avancer.

    Le droit à l’avortement obtenu après 20 ans de lutte

    Le droit à l’avortement a été l’une des plus importantes batailles de la deuxième vague féministe dans le monde dans les années 1960 et 1970. En Belgique aussi, des organisations telles que Dolle Mina et le Vrouwen Overleg Komitee (Comité consultatif des femmes) ont défendu ce droit fondamental sous le slogan “baas in eigen buik” / ‘‘Mon corps, mon choix’’.

    Certains médecins autour du docteur Willy Peers, qui ont ouvertement déclaré en 1973 qu’ils pratiquaient des avortements, ont joué un rôle important. L’arrestation de Peers a conduit à la création d’un comité de soutien qui a mené campagne pour sa libération et pour la légalisation de l’avortement avec des actions de soutien, des pétitions, des soirées d’information, des manifestations,… C’est ainsi que le thème s’est imposé dans l’actualité.

    En 1977, la militante de Dolle Mina Anne Léger fut arrêtée pour propagande en faveur du droit à l’avortement. Ses brochures orientaient les femmes vers deux cliniques pratiquant l’avortement aux Pays-Bas, ce qui était interdit par la loi. Son arrestation a conduit le mouvement à un nouveau sommet. Elle fut acquittée grâce à une intense campagne de solidarité. Dans les années qui ont suivi, l’avortement a été pratiqué dans plusieurs hôpitaux sans véritable persécution. Dans les années 1980, une série de procès ont été intentés contre des médecins et des infirmières. Sous la pression de la mobilisation, des accords ont été conclus.

    Chez les partis traditionnels pro-avortement, les droits des femmes sont sacrifiables

    Cependant, les deux familles politiques qui prônaient le droit à l’avortement – les sociaux-démocrates et les libéraux – ont choisi l’opportunité de rejoindre un gouvernement avec le CVP (le CD&V aujourd’hui), le parti anti-avortement par excellence qui était incontournable à l’époque. Cela n’a changé que vers la fin des années 1980. Ce n’est qu’en 1990 que la loi rendant l’avortement possible a été votée, avec une majorité de sociaux-démocrates et de libéraux contre le CVP et le PSC (le CDH aujourd’hui).

    Chez les partis traditionnels, la possibilité d’aller au pouvoir a toujours prévalu sur une attitude de principe à l’égard des droits des femmes. Ils n’ont jamais pris la tête du mouvement. C’est toujours le cas. Les sociaux-démocrates et les libéraux défendent ce droit en paroles, mais pas en actes.

    Avec la formation d’un gouvernement fédéral encore hypothétique, il faut encore voir si un vote prendra place au Parlement et s’il bénéficiera d’une majorité. Le 11 juillet, le président de la N-VA Bart De Wever a donné le ton avec des déclarations qui ont tout du chantage : son parti ne négociera pas avec un parti qui approuve ‘‘une loi que je trouve vraiment honteuse’’. La note De Wever / Magnette qui a été acceptée cet été comme base de formation d’un gouvernement pour la ‘‘bulle des cinq’’ (N-VA, PS, SP.a, CD&V et CDH) aurait mentionné une extension du droit à 16 semaines. Qu’en est-il de la dépénalisation complète et du délai d’attente ? Pourquoi 16 et non 18 semaines ?

    La seule issue est de construire un mouvement de lutte. Sans aucune pression extra-parlementaire, les partis pourront utiliser ce droit fondamental des femmes comme monnaie d’échange. Nous appelons donc le PTB/PVDA à s’engager dans le développement de cette pression extra-parlementaire. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) suit l’affaire de près et appelle toutes les organisations féministes à se tenir prêtes à lancer une campagne à l’automne.

  • Mons. L’avortement est un droit !

    A la suite de l’action menée par le Conseil des femmes ce mercredi à Bruxelles et d’une autre menée en soirée le même jour face au siège de la N-VA à l’initiative de la Campagne ROSA, un rassemblement a eu lieu hier à Mons à l’initiative des Nouvelles Antigones pour dénoncer la manière dont la législation sur l’avortement est prise en otage par des marchandages entre partis politiques.

  • Action : L’avortement est un droit, pas un jeu politique !

    Photo : ODP news

    Ce 15 juillet, la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avait pris l’initiative d’un rassemblement devant le siège de la N-VA à Bruxelles pour dénoncer la manière dont la législation sur l’avortement est prise en otage par des marchandages entre partis politiques. Le projet de loi d’assouplissement est utilisé comme un point de rupture dans la formation du gouvernement fédéral. Les femmes doivent pouvoir prendre les décisions qui les concerne, De Wever & Co n’ont rien à dire à ce sujet !

    La journée avait commencé par une action du Conseil des femmes menée par une vingtaine de participantes avec une présence de la Campagne ROSA. Ensuite, environ 70 personnes se sont réunies à l’appel de la Campagne ROSA devant le siège de la N-VA à Bruxelles.

    La semaine dernière, quatre partis alliés (CD&V, CDH, N-VA et Vlaams Belang) ont renvoyé pour la troisième fois la loi dépénalisant totalement l’IVG devant le Conseil d’Etat. Cela a pour conséquence le report du vote qui était attendu jeudi passé et qui leur aurait été sans doute défavorable.

    Cette proposition de loi représente un pas en avant dans la mesure où:

    • elle prévoit de supprimer toute sanction pénale en matière d’avortement (contrairement à celle de 1990 qui proposait une dépénalisation partielle) ;
    • elle propose d’étendre le délai durant lequel nous pouvons procéder à un avortement. Il passerait de 12 semaines actuellement à 18 semaines ;
    • elle réduit le délai de réflexion obligatoire avant de pouvoir avorter. Il passe de 6 jours à 48 heures.

    De cette façon, le vote de cette loi pourrait mettre fin à la situation dans laquelle, chaque année, de nombreuses femmes doivent se rendre à l’étranger pour pratiquer un avortement (on estime qu’il s’agit de 500 personnes). Cette solution coûteuse qui n’est pas accessible aux femmes les plus pauvres. Par ailleurs, au vu de l’intensité des luttes féministes observées ces dernières années, ce n’est pas anodin que certains partis traditionnels proposent de plus en plus de mesures progressistes concernant les femmes.

    La Campagne ROSA a toujours défendu une approche pro-choix, dépénalisant totalement l’avortement, en Belgique et dans tous les pays. Nous exigeons un vrai choix : défendre le droit à l’avortement et le droit d’avoir des enfants sans s’appauvrir ! Mais nous sommes également conscients que tant que la discussion sera limitée au parlement, sans réelle mobilisation de la rue, les droits des femmes seront toujours en danger et dans les mains des jeux politiques cyniques des partis traditionnels.

    La Campagne ROSA appelle donc à s’organiser en se mobilisant avec des actions et des manifestations, pour continuer à combattre les partis réactionnaires qui font obstacle au droit à l’avortement. En effet, il s’agit d’un droit fondamental : celui de disposer librement de notre corps.

    Notre lutte féministe ne s’arrête pas à l’adoption de lois au parlement, elle vise également à obtenir un changement radical de société car il ne saurait y avoir d’égalité réelle dans une société capitaliste qui repose sur les inégalités. La Campagne ROSA défend donc un féminisme socialiste et la construction d’une société socialiste démocratique débarrassée des inégalités et des oppressions de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs.

    L’action a été un grand succès mais nous n’en sommes pas encore là. Pour obtenir de vraies victoires, il faut s’organiser ! Rejoignez la Campagne ROSA !

     

  • Avortement jusqu’à 18 semaines ou pas – ce n’est pas à De Wever de décider !

    Avec un peu moins de 25 % des voix aux dernières élections en Flandre, soit 16 % à l’échelle de la Belgique, Bart De Wever se considère toujours comme l’empereur du pays. Il a mis en attente les partis qui souhaitent le prolongement du délai pour un avortement légal, des partis qui constituent une large majorité au Parlement fédéral. Si ces partis procèdent à un vote, la N-VA n’entrera pas avec eux dans un gouvernement fédéral. Selon lui, la proposition dispose d’un soutien de 0,0% en Flandre, alors que les partis pro-avortement y ont obtenu près de la moitié des voix. Il présume que “sa” Flandre a le droit de placer tout le pays sous le signe de la droite conservatrice.

    Il ne joue bien entendu pas qu’avec les cartes qu’il a en main, dont il en a perdu bon nombre par rapport aux élections précédentes et encore plus depuis lors selon tous les sondages. Il joue aussi avec celles du Vlaams Belang et du CD&V. Cependant, après les élections précédentes, il est apparu clairement qu’en dehors de la N-VA, aucun parti n’est disposé à coopérer avec le VB tandis que le CD&V, le traditionnel parti du pouvoir dans le pays, est devenu un petit parti.

    Par opportunisme populiste, le VB s’est exprimé en faveur d’un certain nombre de revendications du mouvement ouvrier, mais le VB n’a pas non plus d’importance pour De Wever. Une majorité au Parlement pour un salaire minimum de 14 euros/h, par exemple, serait tout aussi bien condamnée par De Wever, cette fois-ci en comptant les voix des partis libéraux avec les siennes.

    Ce ne serait qu’un spectacle tragicomique si les partis favorables au droit à l’avortement ne s’en souciaient pas. Le CD&V pourrait alors quitter le gouvernement flamand, s’il osait le faire. Cependant, il est à craindre que les partis traditionnels de la majorité pro-avortement soient à nouveau victimes de chantage de la part de l’empereur autoproclamé de Flandre qui, selon tous les sondages de cette dernière année, ne bénéficie aujourd’hui que du cinquième des voix flamandes.

    La seule façon de sortir de l’impasse est de mobiliser dans la rue le soutien à un assouplissement de la législation sur l’avortement. De Wever est – bien sûr ! – également un adversaire résolu de la mobilisation sociale. Après tout, De Wever ne nous permet d’être infectés par le virus qu’au travail et dans les magasins, en aucun cas lors de manifestations et d’actions de masse.

    Si les partis en faveur de l’assouplissement de la législation sont sérieux concernant ce sujet, le projet de loi sera adopté la semaine prochaine – enfin ! – et l’”empereur” sera là, debout, et nu. Pour le PvdA/PTB – les seuls qui, dans le passé, n’ont pas laissé les petits jeux de pouvoir prendre le pas sur leurs principes – il est important de lancer cette mobilisation et de dénoncer les partis dont le comportement se moque des principes.

  • Pologne : Le report de la loi anti-avortement nous donne le temps de nous préparer

    Nous ne savons pas quand ces projets de loi seront effectivement discutés, mais s’ils le sont à la fin ou après la fin de le confinement, cela signifie que nous devons nous préparer à un été très chaud dans les rues – en luttant pour nos droits.

    Le Sejm vient d’envoyer le projet de loi sur l’interdiction de l’avortement et d’autres projets de loi de droite aux commissions parlementaires pour qu’elles poursuivent leurs travaux, malgré le fait que le PiS dispose de la majorité et de circonstances favorables pour faire passer des lois anti-femmes sans résistance de la rue.

    Nous ne savons pas quand ces projets de loi seront effectivement discutés, mais s’ils le sont à la fin ou après la fin de le confinement, cela signifie que nous devons nous préparer à un été très chaud dans les rues – en luttant pour nos droits.

    Il est temps de discuter des droits reproductifs que nous voulons et de l’éducation sexuelle que nous voulons dispenser à l’école. ROSA Polska défend le droit à l’avortement légal sur demande, à des soins gynécologiques complets entièrement pris en charge par le fonds national de santé, ainsi qu’à une éducation sexuelle couvrant, entre autres, la différence entre le sexe et le genre et la notion de consentement.

    Nous pensons que ces droits ne peuvent être effectifs sans les ressources nécessaires pour les rendre accessibles à tout le monde – c’est-à-dire que nous avons besoin de plus de ressources pour les services publics tels que les soins de santé, l’éducation et les services sociaux afin de garantir à la fois des ressources matérielles décentes dans ces secteurs et une rémunération décente pour les travailleurs publics. ROSA Pologne soutient pleinement les récentes luttes du personnel enseignant et des travailleuses et travailleurs sociaux et les demandes continues du personnel hospitalier.

    Nous tenons à remercier tous les militantes / militants et alliées / alliés internationaux de ROSA et d’ISA qui ont répondu à notre appel à la solidarité, en provenance de 15 pays sur les 5 continents.

    Nous avons besoin d’un féminisme qui se bat non seulement pour l’adoption de lois au parlement mais aussi pour des changements fondamentaux dans la société, pour des moyens d’appliquer nos droits et pour une vie meilleure pour des millions de femmes. À cette fin, nous devons lutter contre le capitalisme – un système qui divise les gens en classes et perpétue les inégalités. C’est le sens du féminisme socialiste. Contactez-nous si vous êtes d’accord !

    #nieZamkniecieNamUst #ROSAPolska #piek?okobiet #NoAbortionBanPoland #LegalnaAborcja #SocjalistycznyFeminizm

  • Pologne : Le droit à l’avortement attaqué en plein confinement

    La restriction de l’accès à l’avortement est à l’ordre du jour du parlement pour le 15 avril

    Depuis 1993, l’avortement est légal en Pologne uniquement en cas de viol (dans les 12 semaines), de danger pour la santé ou de la vie de la personne enceinte ou encore de malformation ou de maladie incurable du fœtus.

    Par Adriana Kaczmarek, Alternatywa Socjalistyczna (section d’Alternative Socialiste Internationale en Pologne)

    Le projet de loi qui sera discuté le 15 avril vise à restreindre davantage le droit existant en supprimant la possibilité d’avortement dans ce dernier cas, que les anti-choix appellent “avortement eugénique”. En fait, il y avait certainement un élément d’eugénisme dans les intentions de ceux qui ont rédigé la loi de 1993 : si l’interdiction de l’avortement leur a permis d’obtenir le soutien de l’Église catholique, dont le poids dans la société était essentiel pour faire accepter le retour du capitalisme, la société qu’ils construisaient n’est pas conçue pour assurer une vie décente à tous en fournissant les moyens nécessaires à la santé et à l’éducation des personnes handicapés. Mais une personne enceinte devrait être la seule à décider de mener sa grossesse à terme ou non, sans que la société ne lui demande ses raisons et ne détermine si elles sont valables ou non.

    Ce n’est pas la première fois que des propositions visant à limiter davantage les droits génésiques sont discutées au Parlement polonais. En 2016, il était même prévu de limiter le droit à l’avortement au cas de danger pour la vie de la personne enceinte, et d’introduire des peines de prison allant jusqu’à 5 ans pour les femmes qui ont recours à l’avortement clandestin. Un mouvement considérable a fait reculer les conservateurs, culminant avec une journée de “grève des femmes”. Depuis lors, des attaques de moindre envergure contre les droits des femmes ont régulièrement eu lieu, par exemple pour restreindre l’accès à la pilule du lendemain.

    Le gouvernement PiS a été élu en défendant une politique réactionnaire qui fait appel à la couche catholique plus conservatrice, mais aussi et surtout grâce à des promesses sociales telles que l’introduction d’allocations familiales (500 zl ou 110 euros par mois et par enfant), une amélioration significative pour de nombreuses familles. Mais malgré leur rhétorique pro-famille et soi-disant protectrice des enfants, les demandes des enseignants et des travailleurs sociaux ne sont pas satisfaites, les crèches et jardins d’enfants publics sont en pénurie, et maintenant la crise du coronavirus est le prétexte pour faire passer une loi “anti-crise” qui allonge le temps de travail, réduit le temps que les travailleurs peuvent passer avec leur famille et aggrave les problèmes de garde d’enfants.

    Le 15 avril, un autre projet de loi est en discussion, “pour la protection des enfants et des jeunes contre la dépravation et la démoralisation sexuelles” (la prochaine discussion à l’ordre du jour est de permettre aux parents d’emmener leurs enfants à la chasse). Il s’agit d’un “projet de loi citoyen” pour l’interdiction de l’éducation sexuelle. Derrière la pétition soumise au Parlement, il y a une campagne homophobe horrifiante qui met sur le même plan l’éducation sexuelle, les abus sexuels d’enfants et les personnes LGBT. Ceci dans un contexte d’homophobie croissante où un quart du territoire polonais a été déclaré “zone libre d’idéologie LGBT” par ses représentants élus, et où un archevêque a récemment déclaré que “le coronavirus n’est qu’une des menaces actuelles, pas la pire, il y a aussi les guerres et l’idéologie de genre”.

    Ces derniers temps, les femmes polonaises se sont mobilisées avec plus ou moins de succès contre toute atteinte aux droits reproductifs, réclamant la légalisation de l’avortement et un meilleur accès à la contraception. Mais cette fois-ci, le confinement semble donner libre cours aux conservateurs. De même, le Pride and Queerowy Maj (May Queer, une série d’événements pour les droits des LGBT en Pologne) a dû être annulé.

    Dans ce contexte, Alternatywa Socjalistyczna, section polonaise d’Alternative Socialiste Internationale, a décidé de lancer la campagne ROSA en Pologne. Les luttes de ces dernières années ont montré que nous ne pouvons pas compter sur les politiciens bourgeois pour nous obtenir des droits reproductifs, mais aussi que le système économique capitaliste ne peut pas garantir aux femmes le droit de choisir elles-mêmes.

    En Pologne, ROSA fait campagne pour le droit à l’avortement gratuit à la demande, pour la contraception gratuite et le libre accès à celle-ci, y compris pour les mineurs, pour l’éducation sexuelle dans toutes les écoles couvrant toutes les orientations, pour des crèches et des jardins d’enfants en nombre suffisant, tout en liant ces revendications à la lutte pour la défense des services publics et pour un logement et des salaires décents.

    Notre tâche historique est de remplacer le système capitaliste anti-travailleurs et anti-femmes établi en 1989 avec le soutien de l’Église catholique par une société socialiste qui offre une vie décente et des droits démocratiques complets à tous.

  • Dépénalisation de l’avortement : sans lutte, aucune victoire


    Pour la deuxième fois en deux ans, le projet de loi visant à dépénaliser l’avortement et à prolonger la période à 18 semaines semble être victime d’un calcul politique. En 2018, les partis libéraux ont opté à la dernière minute pour un accord à faire conclure au gouvernement fédéral suédois. Celui-ci n’était qu’un statu quo qui leur a évité de soutenir la proposition de dépénalisation qui était alors sur table. Aujourd’hui, c’est Paul Magnette qui affirme dans Le Soir qu’il est “prêt à en parler dans un gouvernement plutôt qu’au parlement” pour tenter de persuader le CD&V de rejoindre un gouvernement arc-en-ciel élargi au CD&V.

    Réaction de la Campagne ROSA

    Le projet de loi qui a été discuté ces dernières semaines a été soutenu par PS/Spa, MR/Open VLD, Ecolo/Groen, PTB/PvdA et Défi, partis qui représentent ensemble une majorité à la Chambre. Mais l’histoire semble se répéter. Parler au CD&V “dans un gouvernement” au lieu de chercher une majorité au parlement, cela signifie que le projet de loi sera enterré. Seul le PTB/PvdA semble pour l’instant défendre un vote afin d’éviter que ce projet de loi ne soit sacrifié dans la formation d’un gouvernement fédéral sans la NVA.

    Le projet de loi en question est favorable à une dépénalisation de l’avortement, à l’extension du délai à 18 semaines et à une réduction du délai de réflexion d’une semaine à 48 heures. De cette manière, les partis qui l’ont présentée entendent mettre fin à la situation dans laquelle, chaque année, des centaines de femmes doivent se rendre à l’étranger pour pratiquer un avortement, une solution drastique mais surtout coûteuse et inaccessible aux femmes les plus pauvres. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutenait cette initiative mais, comme en 2018, il semble bien que cela n’aboutira à rien.

    La Campagne ROSA soutient donc le PTB/PvdA et ses efforts pour que le projet de loi soit voté avant que les partis de l’arc-en-ciel ne se rétractent pour former un gouvernement fédéral. Nous pensons que la seule façon de progresser sur cette question – comme sur d’autres – est d’organiser une véritable pression pour que des partis comme le PS, le Spa, l’Open VLD et le MR ne puissent pas simplement s’en débarrasser. Tant que la discussion sera limitée au parlement, sans réelle mobilisation de la rue, les droits des femmes seront sacrifiés sur l’autel du calcul politique.

    La Campagne ROSA appelle donc le PTB/PvdA, toutes les organisations féministes et les autres partisans de la dépénalisation à mettre sur pied une campagne militante, avec des actions et des manifestations, qui augmentera la pression sur les partis de l’arc-en-ciel de même que le prix électoral à payer pour leur trahison. C’est le seul moyen d’empêcher ces partis de continuer leurs jeux politiques cyniques en instrumentalisant un droit fondamental des femmes, à savoir le droit de pouvoir librement disposer de son corps.

  • [USA] Adoption brutale de projets de loi sur l’avortement – Ripostons contre la droite !

    Fin mai, l’Assemblée législative de l’Alabama, sous contrôle républicain, a adopté – et le gouverneur l’a signé – une interdiction quasi totale de l’avortement. Il s’agit désormais de la loi la plus restrictive sur l’avortement aux USA depuis l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême en 1973.

    Par Keely Mullen, Socialist Alternative (USA)

    Ce projet de loi de l’Alabama rend l’avortement illégal à n’importe quel stade de la grossesse – sauf lorsque la vie de la mère est en danger – et menace ceux qui pratiquent des avortements de 99 ans de prison. Il ne s’agit là que d’une des nombreuses récentes lois d’Etats qui tentent apparemment de se surpasser les unes les autres dans leur barbarie. Des projets de loi en fonction des “battements du cœur” ont été adoptés au Kentucky, au Mississippi, en Géorgie et en Ohio, et interdisent les avortements après qu’un battement cardiaque fœtal soit détecté (habituellement entre 6 et 8 semaines), souvent avant même que la mère sache qu’elle est enceinte.

    L’interdiction en Alabama, ainsi que des projets de loi similaires en cours dans d’autres États, contestent directement la loi fédérale – ce qui est exactement leur intention. L’objectif clair de la droite chrétienne – en soutenant ces projets de loi – est de faire pression sur la majorité conservatrice de la Cour Suprême pour qu’elle revienne l’arrêt Roe v. Wade.

    La droite divisée

    Il existe cependant de réelles divisions au sein du parti républicain sur ces projets de loi – en particulier celui de l’Alabama – et en réalité, ils représentent une surenchère de la part des partisans de la ligne de droite dure. Seulement 14 % des Américains appuient une loi extrême comme celle de l’Alabama et les deux tiers des Américains s’opposent à l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade.

    Si le Parti républicain se rangeait derrière ces interdictions extrêmes de l’avortement, ses chances de conserver la Maison-Blanche et de reprendre la Chambre des représentants en 2020 seraient compromises. C’est pour cette raison que la présidente du Comité National républicain a déclarée publiquement qu’elle s’opposait à la loi de l’Alabama et que des personnalités de droite populaires comme la polémiste républicaine Tomi Lahren s’y sont également opposé – en la dénonçant comme trop restrictive.

    La loi d’Alabama sera très probablement annulée par la Cour Fédérale. Plutôt que de l’interdire complètement, la Cour Suprême est quant à elle plus susceptible d’adopter à l’avenir des projets de loi qui restreignent l’avortement.

    Mais il n’y a pas lieu de se reposer sur ses lauriers. Roe v. Wade, qui fut la victoire la plus importante du mouvement pour l’émancipation des femmes des années ‘60 et ‘70, est plus en danger aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment depuis 1973.

    Lorsque la Cour suprême entendra une affaire susceptible de revenir sur cette victoire, il y aura un tollé d’indignation. Il faut toutefois souligner que ce qui a été gagné dans les années ‘60 et ‘70 a déjà été lentement érodé par les lois des États limitant certaines pratiques d’avortement, pénalisant les praticiens de l’avortement, etc.

    Pour gagner le combat historique visant à conserver – et à étendre – les acquis de l’affaire Roe c. Wade, nous devons commencer dès maintenant à construire un mouvement capable de défendre le droit à l’avortement et d’en élargir le champ d’application.

    Une contre-attaque s’impose

    Ces cinq dernières années, nous avons connu une recrudescence de la résistance des femmes aux États-Unis. Les femmes ont participé en grand nombre à aux manifestations contre Trump et une énorme politisation autour de la question du harcèlement sexuel a pris son envol grâce à #Metoo.

    Bien qu’il y ait une grande colère au sujet de la législation anti-femmes en Alabama, en Géorgie et dans d’autres États, et une réelle crainte quant à ses implications, nous n’avons pas encore vu de mobilisation massives pour s’y opposer. Il n’y a eu que de petits rassemblements à travers le pays.

    Malheureusement, la responsabilité de cette situation incombe principalement aux principales organisations comme NOW, NARAL et Planned Parenthood qui, malgré leur visibilité importante, n’ont pas fait d’efforts sérieux pour lancer une riposte coordonnée.

    La direction du Parti Démocrate a joué un rôle épouvantable dans la protection du droit à l’avortement. La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, la démocrate Nancy Pelosi, a ainsi déclaré que les démocrates n’ont pas à “suivre la ligne du parti” sur l’avortement. Certains démocrates ont clairement pris ce laissez-passer à cœur. Le gouverneur du parti démocrate de Louisiane, John Bel Edwards, est par exemple prêt à signer d’un jour à l’autre un projet de loi sur les « battements de cœur du fœtus ». Cela illustre l’absolue nécessité de disposer d’un nouveau parti qui se battra sans pitié et avec constance pour la défense des droits des femmes.

    En l’absence d’une direction combative offerte par les organisations féministes traditionnelles ou l’establishment du Parti Démocrate, de nouvelles forces devront se présenter pour aider à organiser la riposte. Cela pourrait conduire à la création de nouvelles organisations de défense des femmes.

    Il convient également de tirer les leçons des victoires historiques remportées ces dernières années au niveau international en matière de droit à l’avortement – en particulier l’abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise qui interdisait l’avortement – qui étaient tout aussi horribles que la loi proposée en Alabama.

    Les femmes ont non seulement été au centre de la lutte contre Trump, mais elles ont aussi joué un rôle crucial dans une grande partie des récentes grèves des enseignants, des infirmières et des employés d’hôtel.

    Les syndicats devraient rejoindre la lutte pour un avortement gratuit, légal et sûr sur demande dans le cadre d’une lutte plus large visant à obtenir la gratuité des soins de santé. Bernie Sanders a déclaré que sa proposition d’assurance-maladie pour tous inclurait des soins gynécologiques complets et gratuits, ce qui constituerait un grand pas en avant. Les syndicats peuvent utiliser leur poids social considérable pour lutter aux côtés des organisations féministes en faveur de cette revendication, ainsi qu’en faveur de la gratuité et de l’universalité des services de garde d’enfants et des congés parentaux payés pour offrir aux familles de travailleurs un véritable choix.

    Le fait d’être forcées de mener à terme une grossesse non désirée peut avoir des conséquences dévastatrices pour les femmes pauvres et les travailleuses. Le rôle de la classe ouvrière organisée est essentiel dans cette lutte.

    Il ne fait aucun doute qu’un nouveau mouvement pour les droits des femmes est en train d’émerger et que les attaques récentes pourraient inspirer l’organisation de ce mouvement et permettre de développer une nouvelle direction combative.

    Bien que ces nouvelles lois seront presque certainement abrogées, des menaces importantes contre Roe v. Wade se profilent à l’horizon et nous devons rapidement mettre sur pied les forces nécessaires pour vaincre ces attaques quand elles surviendront.

    ‘Socialist Alternative’ se bat pour construire l’aile féministe socialiste du mouvement pour l’émancipation des femmes qui s’oriente vers les femmes de la classe ouvrière et souligne le lien qui existe entre la lutte pour la libération des femmes et la fin du capitalisme.

  • Pologne : Luttons pour des droits reproductifs complets!

    Photo : Aparat partyjny

    Déclarations d’Alternatywa Socjalistyczna, section-sœur du PSL en Pologne

    Depuis quelques années des mouvements importants concernant le droit à l’avortement ont pris place en Pologne : notamment lors du fameux « lundi noir » en Octobre 2016 où des dizaines de milliers de femmes défilaient à Varsovie et dans d’autres villes comme à Gdansk, Cracovie ou Poznan. Les femmes, qui s’étaient habillées en noir pour protester le « deuil de leurs droits reproductifs » s’étaient rassemblées pour contrer l’attaque du gouvernement qui tentait d’imposer une nouvelle loi interdisant totalement le droit à l’avortement, déjà fortement restreint dans ce pays où l’église catholique est encore toute puissante. Une grève des femmes avait eue lieu le même jour, inspirée de celle des femmes islandaises en 1975.

    Ce mouvement avait alors eu un impact fort dans la société polonaise. Le gouvernement conservateur du parti Droit et Justice (PiS) s’était empressé de faire annuler le projet de loi, malgré la pression des organisations pro-vies polonaises qui avaient initiées ce projet. Tandis que certains au sein du mouvement femmes appelaient à continuer la lutte, celui-ci avait fini par ralentir et peu d’actions avaient suivies, malgré l’appel à une seconde grève des femmes le 24 Octobre 2016.

    Alors que le gouvernement avait reculé depuis les mobilisations, la lutte des femmes pour le contrôle sur leur corps a été par la suite marquée par deux événements clés en 2018 : le rejet du projet de « Sauvons les femmes » (de la plateforme pro-choice) par le Sejm (le parlement polonais) et le ralentissement du développement du projet « Arrêtons l’avortement » (de la plateforme pro-vie).

    Ces deux projets de loi ont été soumis au parlement polonais en janvier 2018. D’un côté, les réactionnaires demandaient une interdiction de l’avortement même lorsque le fœtus est malformé, tandis que de l’autre, le mouvement « Ratujmy Kobiety » (« Save Women ») revendiquait le droit à l’avortement sur demande jusqu’à 12 semaines de grossesse.

    Comme en 2016, le Parlement a voté pour discuter du projet de loi limitant l’avortement et a rejeté la proposition pro-choix en première lecture. L’opposition libérale traditionnelle (la « Plate-forme civique » et « Nowoczesna ») a joué un grand rôle dans le rejet du projet de loi, car de nombreux députés se sont abstenus, n’ont pas voté ou ont même voté contre. Ils n’étaient pas prêts à adopter une position claire.

    Entre-temps, une majorité de leurs partisans était en faveur d’une loi plus libérale sur l’avortement. Beaucoup de leurs électeurs, qui n’ont jamais été intéressés par cette question, ont été convaincus par les arguments pro-choix au cours des deux dernières années qui ont suivies les mobilisations et ont été surpris de découvrir que leurs députés ne l’étaient pas.

    Le comité « Ratujmy Kobiety » et ses partisans avaient passé des mois à recueillir suffisamment de signatures pour que le projet de loi proposant l’avortement sur demande soit discuté au Parlement, pour que leurs efforts soient aussitôt supprimés par la soi-disant opposition. Cela fut perçu comme une trahison par la couche du mouvement qui avait encore des illusions dans ces partis.

    Dans toute la Pologne cette année, il y a eu des actions organisées par le parti de gauche « Razem » (Ensemble) et des manifestations appelées par « Strajk Kobiet ». Dans leurs discours à Cracovie, « Strajk Kobiet » (les organisateurs de la grève des femmes) a qualifié de “traîtres” les députés libéraux qui ont voté contre le droit à l’avortement, et a remercié ceux qui ont voté pour le projet de loi, appelant à voter pour les candidats pro-choix de n’importe quel parti lors des prochaines élections. Cela les a toutefois mis en décalage avec le mouvement, qui a appris à travers l’expérience la nécessité d’une indépendance par rapport aux partis capitalistes établis.

    Nouvelles mobilisations

    En contrepartie, la proposition d’interdire l’avortement en cas de malformation fœtale (la seule exception possible en Pologne) a été examinée par le comité parlementaire de la « politique sociale et de la famille ». Après l’échec de la précédente tentative de criminaliser l’avortement, la nouvelle initiative des fondamentalistes catholiques a été traitée avec prudence par le parti au pouvoir.

    Malgré tout, en Janvier 2018 la menace de ce projet de loi a été soudainement mise en œuvre par le PiS. Le projet a été adopté dans l’attente de nouvelles procédures parlementaires. Cependant, la date exacte à laquelle le projet de loi pourrait être discuté de nouveau n’a pas été donnée. La commission parlementaire de la justice et des droits de l’homme n’a pas inscrit le projet de loi sur l’interdiction de l’avortement à son ordre du jour de janvier à juin.

    Mais tout cela a changé après que l’épiscopat (la Conférence des évêques) ait demandé au gouvernement d’accélérer le projet d’interdiction de l’avortement. Les députés se sont mobilisés sous le fouet de l’Église catholique et, le 19 mars, ils ont adopté le projet de loi en commission, après une parodie de débat. Les étapes suivantes, à savoir l’approbation du projet de loi par la commission des affaires sociales, puis un deuxième vote au Parlement prévu pour le 23 mars, se sont déroulées en moins d’une semaine, ce qui a laissé très peu de temps au mouvement femmes pour se mobiliser.

    Malgré cela, une manifestation nationale a été organisée à Varsovie pour le jour du vote (qui, au moment de la manifestation, a été reporté au mois d’avril). Des milliers de personnes de Varsovie et d’autres de toute la Pologne ont répondu à l’appel et ont envahies les rues. Selon l’estimation la plus courante, 55 000 personnes ont défilé à Varsovie ce jour-là – un chiffre supérieur à celui de la première grève des femmes en 2016. Ce taux de participation montre la colère existante et la perspective de résistance, surtout si l’on considère que la manifestation a eu lieu un jour de travail, avec un préavis très court. Alors que la manifestation nationale était la priorité, des milliers de personnes qui n’ont pas pu se joindre à la capitale ont protesté dans d’autres villes. Notamment 8 à 10 milles personnes ont manifesté à Cracovie, quelques milliers ont marché à Katowice, Wroc?aw, Pozna?, ?ód?, et Gda?sk. De petits piquets de grève ont eu lieu dans des douzaines de villes à travers la Pologne.

    Alors que la manifestation à Varsovie marchait du Sejm jusqu’au siège du parti au pouvoir, des slogans ont été chantés contre l’interdiction, contre l’ingérence de l’Église catholique, pour le choix et pour des soins de santé décents pour les femmes. Des slogans antigouvernementaux plus radicaux ont également pu être entendus.

    Le Rôle de la droite

    Le gouvernement actuel est ouvertement anti-femmes et réactionnaire. Cependant, les idées qui criminalisent ou interdisent totalement l’avortement ne prédominent pas dans la société polonaise ; même la base électorale du parti au pouvoir ne soutient pas l’interdiction. Après le mouvement de 2016, le PiS a commencé à se pencher plus attentivement sur la question, essayant même de donner l’impression qu’ils étaient ouverts à la discussion sur la libéralisation. Cependant, le vrai visage du gouvernement a été montré une fois que le groupe de pression le plus puissant de la réaction – l’Église catholique – s’est exprimé sur la question. Le PiS s’est rapidement remis dans les rangs. Cela a soulevé une grande colère : comment un corps non élu d’hommes âgés (l’épiscopat) pourrait-il avoir plus de poids pour décider des droits reproductifs des femmes que les femmes elles-mêmes ? C’est pourquoi, dans de nombreux endroits, les manifestations ciblaient les curies locales (administrations) de l’Église catholique.

    Face à ces manifestations, le parti au pouvoir a d’abord tenté de discréditer les manifestations en prétendant qu’elles n’étaient “qu’un simple piquet de grève”. La télévision d’Etat est allée jusqu’à présenter les protestations comme des “féministes réclamant le droit de tuer des enfants”. Au fur et à mesure que les protestations se sont déroulées, certains politiciens du PiS ont commencé à assouplir leur position. Un eurodéputé PiS a donné l’impression dans une interview que le PiS ne s’opposerait pas de front au “compromis sur l’avortement” mais laisserait plutôt la Cour constitutionnelle décider. Étant donné que cet organisme est également contrôlé par le PiS, sa décision pourrait aller dans un sens ou dans l’autre.

    Quelle est la prochaine étape ?

    Le taux de participation et la réaction rapide et massive à l’attaque montrent la colère et l’énergie sous-jacente de la résistance contre la réaction. Depuis, le travail sur le projet de loi a été stoppé et, étant donné le bilan de ce gouvernement, il est probable qu’il y ait encore une tentative d’accepter le projet de loi du jour au lendemain pour surprendre le mouvement ou bien de le faire sortir plus tard pour fatiguer le mouvement.

    Les dirigeantes de la ” Grève des femmes ” ont annoncé que si le projet de loi était adopté dans la chambre basse du parlement, elles protesteraient devant le Sénat et organiseraient un mouvement massif, cette fois au niveau local. « Alternatywa Socjalistyczna », la section-sœur polonaise du PSL déclare qu’il est important de construire le mouvement pour donner aux masses l’espoir d’une lutte victorieuse.

    Répéter la même méthode de démonstration à chaque nouvelle attaque sans aucune préparation ou construction entre les deux peut décourager et épuiser les participants. Le mouvement de masse devrait essayer de développer une structure démocratique – comme les comités d’action basés dans les écoles, les lieux de travail et les communautés – qui pourrait discuter et prendre des décisions sur les prochaines étapes, permettant plus d’espace pour une action plus directe, la désobéissance civile, etc. Nous pensons également que la lutte des femmes pour le choix est une question de classe qui devrait être abordée avec les syndicats, ce qui pourrait aider à transformer la « grève des femmes », largement symbolique, en une véritable action de grève.

    L’arrêt de l’attaque actuelle ne résoudra pas les problèmes auxquels sont confrontées les femmes polonaises en matière de droits reproductifs, en particulier ceux des femmes et des étudiantes de la classe ouvrière. Quel que soit le résultat de cette bataille, le groupe de pression fondamentaliste reviendra avec d’autres attaques – comme l’interdiction totale de l’avortement, la restriction de la contraception, etc. Des problèmes sous-jacents comme les lois restrictives sur l’avortement (un soi-disant compromis), un système de santé peu fiable, le manque d’éducation sexuelle et l’insuffisance des infrastructures de garde d’enfants doivent encore être combattus dans le cadre d’un programme socialiste de droits reproductifs complets et de services publics appropriés.

    Nos revendications :

    • Construisons un mouvement démocratique ! Pour la création de comités démocratiques au niveau local, municipal et national
    • Pas de compromis ! Pour la libéralisation du droit – pour des avortements légaux, sûrs et gratuits sur demande
    • Des soins de santé gratuits et de bonne qualité – à bas les médecins qui se cachent derrière leur “conscience” !
    • Accès complet à la contraception gratuite
    • Remplacer la religion à l’école par l’éducation sexuelle obligatoire
    • Traitement de FIV (Fertilisation In Vitro) gratuit pour toutes celles qui en ont besoin
    • Une place garantie pour chaque enfant dans les crèches et les écoles maternelles gratuites de l’État
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