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Tag: Asie
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En Bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes. Aujourd’hui, il est notamment question des réactions patronales et syndicales face à la carte blanche des élus du PS, de la Gay Pride de Hong Kong et d’une mystérieuse ”Bande des 8”…
Quand le patron des patrons remercie le PS…
Cela date d’une dizaine de jours, mais on comprend de mieux en mieux pourquoi Peter Timmermans, à la tête de la fédération patronale belge FEB a déclaré au sujet de la carte blanche des 94 parlementaires du PS : ‘‘C’est un message positif de la part du PS en disant : nous voulons faire un effort.’’ Et effectivement, le PS semble bien plus préparé à satisfaire leurs exigences que celles des travailleurs !
Les syndicats avertissent
A nouveau en réaction à cette carte blanche, mais cette fois-ci du côté syndical. ‘‘Nous voulons que vous compreniez enfin qu’il n’y a rien de pire pour le socialisme qu’un parti qui se dit de gauche, porté au pouvoir par des centaines de milliers de voix qui espèrent un changement de société, mène aveuglément une politique de droite. Nous serons dans la rue (là où vous n’êtes plus) pour vous le rappeler chaque fois que cela sera nécessaire!’’ C’est ce que disent Alain Lambert et Francis Wégimont (de la CGSP), Manuel Morais (du SETCa Wallonie), Nico Cué (de la FGTB Métal) et Paul Lootens (de la Centrale Générale). Il faudra se préparer à aller à de nombreuses reprises en rue ! Quand donc est-ce que les syndicats rompront tous leurs liens entretenus avec le PS ? Au pouvoir depuis la fin des années ’80, Di Rupo & Co ont plus que largement eu le temps de prouver qu’ils n’étaient plus du tout du côté des travailleurs…
La bande des 8
Le site Express.be a publié un article intéressant ce mercredi, au sujet de la ‘‘bande des huit’’, ‘‘à la solde des marchés financiers, et qui haïssent la démocratie.’’ en relayant les termes de Pepe Escobar sur le site Asia Times Online: " ‘‘Merkozy’’, responsable de 48% du PIB de l’Europe, et la bande des 8 sont maintenant les détenteurs de première classe d’un pouvoir néo-colonial." Les huit, ce sont Merkel, Sarkozy, Lagarde (FMI), Draghi (BCE), Barroso (Commission européenne), Van Rompuy, Rehn (Commissaire européenne à la finance) et Jucker (qui préside l’Eurogroupe). ‘‘ Aucun n’a été élu, et tous sont des technocrates « de la modernité liquide » à la solde des marchés financiers, et qui haïssent la démocratie. Ils ont très peu de considération pour les contribuables européens, comme l’a résumé Herman van Rompuy en une phrase, à propos de l’Italie : ‘‘le pays a besoin de réformes, pas d’élections.’’ Cela, c’est ce qui était traduit en français. Mais sur le site original, on trouvait encore : ‘‘Le néolibéralisme hardcore, comme imposé par le gang des huit, est similaire à un traitement par la mafia : ils vous brisent d’abord les rotules – en amputant les droits sociaux. Ensuite ils vous prennent à la gorge – en amputant les droits politiques. Pour ceux qui sont condamnés à une austérité sans fin – les électeurs européens – il ne reste plus grand-chose qu’une bonne vieille grève générale et de crier leur rage dans les rues.’’ Effectivement, une grève générale européenne serait une très bonne idée…
Le régime du Sri Lanka remercie la Belgique pour son soutien
Alors que le régime sri-lankais est sous le feu de la critique pour crimes de guerre et massacres à l’encontre du peuple tamoul, ce dernier sait reconnaître ses amis et parmi eux le gouvernement belge. Une mission économique est ainsi venue dans notre pays. L’ambassadeur a même eu l’occasion de parler à une réunion du club d’affaire le Cercle de Lorraine, le 9 novembre dernier. L’ambassadeur y a remercié le gouvernement belge pour avoir, en janvier 2009, permis le lancement du Belgolux-Sri Lanka Business Council. En novembre 2010, une mission économique belge s’est rendue au Sri Lanka, la plus importante mission économique au Sri Lanka depuis la fin de la guerre qui a durement frappé le pays. Les hommes d’affaires du Sri Lanka qui ont visité notre pays les 16 et 17 novembre ont été assistés par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Rishad Bathiudeen. La Belgique est le quatrième marché d’exportation du Sri Lanka dans l’Union européenne, avec une augmentation des échanges commerciaux de l’ordre de 29% entre 2005 et 2010. Mais concernant les crimes de guerre au Sri Lanka commis par le régime, notre pays reste bien pudiquement silencieux…
2.500 manifestants à la Gay Pride de Hong Kong
En Asie aussi, les LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transexuels) manifestent pour leurs droits. A Hong Kong, le week-end dernier, 2.500 manifestants ont occupé les rues. La photo ci-dessous représente la délégation de Socialist Action, section du CIO à Hong Kong.
Il y a 100 ans
Dans la Gazet van Antwerpen, on trouve une rubrique consacrée à de précédents articles publiés le même jour dans le passé. Cette semaine, on a pu lire un article consacré à un évènement qui s’est déroulé il y a 100 ans: le 7 novembre 1911, un meeting s’est tenu dans un café anversois. Un activiste politique russe était venu récolter des fonds pour son organisation, les bolcheviques ; Vladimir Lénine. Hélas, nous n’avons pas eu plus d’informations dans la Gazet sur les contacts qu’il avait à l’époque dans la région.
Vidéo de la marche des jeunes pour l’emploi de Jarrow
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Ils organisent notre misère, organisons notre lutte!
Selon la Banque Nationale, fin 2010, le Belge avait en moyenne 66.700 euros d’économies et de placements. Mais où sont mes 66.000 euros ? Et les vôtres ? En fait, ce chiffre reflète surtout le fossé gigantesque entre riches et pauvres dans un pays où, selon l’Union Européenne, il y a 2,2 millions de personnes sous le seuil de pauvreté et où le patron de Delhaize gagne en 3 jours plus que ce que gagne en un an une caissière avec une ancienneté de cinq ans…
Nous avons derrière nous les mobilisations syndicales contre la proposition de norme salariale scandaleuse de 0,3% et, maintenant, l’indexation automatique des salaires, déjà vidée d’une bonne partie de sa substance, est dans le collimateur de l’Union Européenne. Mais pour nos patrons, il en va autrement. Ainsi, le patron le mieux payé du Bel20, Carlos Brito d’AB Inbev, a reçu l’an dernier pas moins de 4,4 millions d’euros. Le second est le patron de GDF Suez, propriétaire d’Electrabel : 3,1 millions d’euros en 2010. Ensuite arrive le patron de Belgacom (2,5 millions d’euros), celui de Dexia (1,8 millions d’euros) ou encore celui de Bpost (1,07 million d’euros). A tout cela, il faut encore rajouter les bonus, les stocks options, les primes de bienvenue et autres parachutes dorés.
S’il existe une reprise économique très incertaine et fragile, elle profite aux spéculateurs et grands actionnaires, car le cauchemar continue pour la toute grande majorité de la population mondiale. Et même si nous ne subissons pas encore en Belgique des plans d’austérité de l’ampleur de ceux qui frappent le Royaume-Uni (plus de 100 milliards d’euros en moins dans les dépenses d’Etat en quatre ans…), la Grèce (qui en est à son quatrième plan d’austérité!), l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne, les effets de la hausse des prix, de la pénurie d’emplois, de la multiplication de l’emploi précaire et mal payé,… sur le niveau de vie des travailleurs sont tout de même dévastateurs.
La colère qui découle de cette situation est immense, et on a pu la voir s’exprimer aux quatre coins du globe ces derniers temps : au Wisconsin (Etat-Unis) ou encore à Londres, avec une manifestation de 700.000 personnes, la plus grande manifestation depuis les années ’80. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le processus révolutionnaire a illustré de manière éclatante l’actualité et la puissance des mobilisations de masse ainsi que la force de la classe ouvrière quand elle entre en mouvement. De l’Amérique à l’Asie, de nombreux travailleurs entrent en lutte les yeux tournés vers ces régions.
Mais en Belgique aussi, les actions syndicales de ces derniers mois ont pu démontrer que quelque chose se produisait sous la surface des choses. La colère est présente, l’envie d’en découdre également. Mais les militants syndicaux savent que pour transformer la colère et la rage en action efficace, il faut bien plus qu’une promenade à Bruxelles. Une large campagne de sensibilisation dans les entreprises ainsi qu’un plan d’action soigneusement planifiés et préparés avec la base sont nécessaires pour construire le puissant rapport de force dont nous avons besoin.
En ce mois de mai qui débute par la Fête internationale des travailleurs, quelques semaines à peine après les commémorations de la grève générale de l’hiver 60-61 en Belgique, le passé nous rappelle que ce sont les mobilisations de masses et la pression des grèves et de la rue qui nous ont permis d’obtenir des acquis sociaux. Regardons ce passé et tirons-en les leçons nécessaires pour mieux lutter au présent et nous forger le meilleur avenir qui soit : un avenir dénué de l’exploitation capitaliste, un avenir socialiste.
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Japon. Tremblement de terre & cauchemar nucléaire
Le système capitaliste est incapable de faire face aux désastres naturels – pour un contrôle démocratique sur l’aide et la reconstruction
Le tremblement de terre massif qui a ébranlé le Nord-est du Japon ce vendredi 11 février et les destructions causées par l’un des plus puissants tsunamis jamais vu est la “pire crise depuis 1945”, selon les termes employés par le Premier Ministre japonais, Naoto Kan. Les terribles évènements du Japon soulèvent de nombreuses questions concernant les folies du capitalisme, et plus particulièrement le développement massif du nucléaire – qui n’est jamais entièrement sûr – dans une région connue pour ses secousses sismiques.
Par des correspondants du CIO en Chine, Hong Kong et Taiwan, de chinaworker.info
L’épicentre du tremblement de terre de ce vendredi est situé dans la préfecture de Miyagi, à 400 kilomètres au nord-est de Tokyo. Il aurait atteint 8.9 sur l’échelle de Richter, ce qui en fait le 5e séisme le plus puissant depuis 1900. Sa puissance a été telle qu’elle a, aux dires des géologues, fait bougé 2,5 mètres l’île principale de l’archipel du Japon et que l’axe de rotation de la terre lui-même a bougé de 10 cm. Depuis lors, il y a eu au moins 67 autres chocs, d’une magnitude de 5, y inclus le puissant contrecoup d’une magnitude de 7 qui a lancé un tsunami d’une hauteur de 10 mètres qui a englouti de nombreuses villes côtières de l’Est du pays. La vague monstrueuse a causé d’incroyables destructions aux docks, aux chemins de fer et autres, des navires de plusieurs milliers de tonnes étant tout simplement balayés. Au moins deux trains ont totalement été engloutis dans les eaux. La puissance de l’onde de choc a été ressentie jusqu’à la côte pacifique des Etats-Unis, causant même la mort d’un homme qui filmait les vagues en Californie.
Les premiers reportages sur le réseau de télévision japonaise NNT parlaient de 1.000 personnes décédées. Mais des dizaines de milliers de personnes sont toujours disparues. Dans la préfecture de Miyagi, fortement touchée, la police a déclaré qu’il y avait encore de “nombreuses” personnes disparues et dans la préfecture de Sanrikucho, la région la plus touchée, un million de personnes sont toujours recherchées. La police a parlé de centaines de milliers de personnes évacuées et que le nombre de bâtiments et de routes détruits était incalculable. Deux millions de maisons sont toujours sans électricité, dans le froid hivernal. Le Shinkansen (train à grande vitesse) et d’autres moyens de transport majeurs sont toujours hors d’état pour la troisième journée consécutive. Les zones affectées par la catastrophe incluent la ville de Tokyo, où de nombreux travailleurs n’ont eu d’autre choix que de marcher pour rejoindre leur foyer après le travail, parfois à plusieurs heures de marche.
Les explosions de Fukushima – ‘le troisième plus grave incident nucléaire de l’histoire’
Mais il y a aussi les explosions dans deux réacteurs nucléaires. Le jour suivant le séisme (le 12 mars), le réacteur n°1 a explosé à la centrale nucléaire de Fukushima, à cause d’une fissure dans l’unité de refroidissement. Une seconde explosion a été rapportée, sur le même site hier (le 13 mars). Le porte-parole du gouvernement Yukio Edano a révélé qu’il pourrait y avoir une “fusion partielle” des barres de combustible au réacteur n°1 de Fukushima.
Le gouvernement a annoncé l’état d’urgence dans la région ainsi que l’évacuation de tous les habitants dans un rayon de 20 km autour du complexe de Fukushima, soit un total d’environ 300.000 personnes. Des fuites radioactives ont été officiellement confirmées, mais le Premier Ministre Kan a déclaré que le niveau n’était pas “élevé” et a assuré la population que cela était “fondamentalement différent de l’accident de Tchernobyl” – une référence à la catastrophe nucléaire de 1986 en Ukraine. Quelque 160 personnes évacuées sont examinées, suspectées d’avoir été irradiées. Les expertes disent qu’il s’agit du troisième plus grave accident nucléaire de l’histoire, après Tchernobyl et la crise de Three Mile Island, en 1979 aux Etats-Unis. Le niveau de radiation par heure dans les centrales affectées au Japon est égal au niveau normalement autorisé en une année. Même les navires et avions américains envoyés pour prendre part à l’effort d’aide ont été déplacés des zones côtières en raison du taux trop élevé de radiations, qui constitue une menace pour le personnel US.
Au moment d’écrire ces lignes, 11 des 55 réacteurs japonais étaient à l’arrêt, et on parle d’un incident à une troisième centrale à Ibaraki, à 120 km au nord de Tokyo. La méfiance et le scepticisme à l’encontre du gouvernement se répandent. C’est bien compréhensible dans ce pays, le seul à avoir subit une attaque nucléaire, avec toutes les horreurs que cela suppose.
Cet incident souligne les dangers du nucléaire, qui n’est en rien une solution à la crise énergétique et constitue de nombreux risques pour les hommes et la nature. Les désastres naturels, comme les séismes et les inondations, ou encore les guerres, peuvent causer de dangereuses déstabilisations des centrales nucléaires, avec des dégâts à long terme pour la société humaine. Sous les conditions capitalistes, depuis que les énergies fossiles se raréfient, on assiste à un virage en direction de l’atome. Cette tendance a été renforcée par la pression pour diminuer les émissions de gaz carbonique et pour sembler plus “verts” au vu de la croissance des inquiétudes concernant le climat.
En Asie et dans le Pacifique, au Japon mais aussi en Chine, en Russie et aux USA, il y a une extension massive du nucléaire. Dans son dernier plan quinquennal, la Chine a prévu de largement étendre ses capacités nucléaires. Il est globalement question de construire 350 nouveaux réacteurs nucléaires pour les 20 prochaines années. L’industrie nucléaire se frotte les mains en imaginant les profits à venir, mais les experts avertissent des nombreux dangers.
“Les centrales nucléaires japonaises étaient sensées résister aux séismes et être les mieux préparées au monde pour résister aux catastrophes, mais voyez ce qui s’est produit.” a déclaré un porte-parole de Greenpeace. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a averti que 20% des centrales nucléaires au monde se situent sur des zones d’activité sismique (comme les séismes) “significative”.
Le ministre chinois de la science et de la technologie, Wan Gang, a récemment annoncé qu’au cours du prochain plan quinquennal, les investissements dans les alternatives aux énergies fossiles seraient principalement concentrées sur le nucléaire et non sur le vent, l’énergie solaire ou d’autres formes d’énergie renouvelable. La Chine est aussi hautement sous le risque de séismes, et a subi les deux tremblements de terre les plus mortels au cours du demi-siècle dernier (Tangshan en 1976 et Sichuan en 2008). Il est donc particulièrement insouciant de la part des autorités chinoises de construire plus de centrales nucléaires. A Taiwan aussi, la crise nucléaire japonaise provoque un grand débat. Il y existe une grande panique concernant d’éventuelles retombées radioactives. Le parti écologiste a connu un certain progrès dans sa popularité avec son opposition à la construction de réacteurs nucléaires, Taïwan en ayant construit deux juste au-dessus d’une faille sismique.
Sur le front économique, le Japon est en crise depuis 20 ans, et cela va encore être aggravé par le tremblement de terre. La région du Japon la plus affectée a une forte concentration de fer et d’acier, d’entreprises pétro-chimiques, de fabriques, de centrales nucléaires et autres industries clés du pays. Une explosion et un incendie à la COSMO Oil Company, dans la ville de Chiba, a fait fermer la raffinerie. De nombreuses compagnies dans cette region ont été forcées de fermer leurs portes, y compris Mitsui Chemicals, Mitsubishi Chemical, JFE Steel, Sumitomo Metal Industries, Maruzen Oil Company et d’autres grandes entreprises. Nissan Motor et Honda ont annoncé qu’ils allaient stopper la production dès le 14 mars faute de fournitures. Sony et d’autres producteurs d’électronique ont aussi leur chaîne de production affectée par la catastrophe. En raison du poids de l’économie japonaise dans l’économie globale, la catastrophe du 11 mars aura un impact significatif sur les USA, la Chine, l’Union Européenne et d’autres économies.
Quelques économistes parlent en des termes positifs des investissements qui ont suivi le séisme de Kobe en 1996, et voient une possible croissance dans l’infrastructure. Le Premier Ministre a fait écho à cette théorie en disant à la population de ne pas être pessimiste car le Japon connaîtra une sorte de “ New Deal” avec la restauration de l’économie, sur base des travaux massifs nécessaires à la reconstruction. Mais alors que le gouvernement japonais va être force de faire de grandes dépenses d’urgence, ses caisses sont vides, et le pays connaît le plus grand taux de dette au monde (la dette publique équivaut à 200% du Produit Intérieur Brut), juste après le Zimbabwe. Dans un environnement de crise économique globale, ce tremblement de terre peut avoir des conséquences très néfastes pour le capitalisme. Cela a été illustré par la chute massive sur les marches asiatiques, au vu du fait que les spéculateurs ont pris peur.
Ces processus exposent entièrement les conséquences de la soif de profit capitaliste, sans aucune considération pour la vie humaine et l’environnement naturel. La théorie économique capitaliste de la “fenêtre brisée” montre aussi la logique complètement folle du système, où la perspective de profits élevés est acclamée, même si cela doit être réalisé par la destruction économique ou la guerre. Le capitalisme et ses idéologues sont les seuls véritables éléments “antisociaux”.
La reconstruction et l’aide causera de sérieux problèmes spéculatifs. La nécessité d’un grand nombre de projets de reconstruction et d’investissements lies aux assurances provoquera certainement une réduction de liquidités dans l’économie, le tremblement de terre aura donc aussi probablement comme conséquence de pousser le Yen encore plus haut, et affaiblira la position des exportations. Au même moment, les capitalistes lancent partout des attaques massives contre la classe ouvrière – de l’Union Européenne au Wisconsin et d’autres Etats américains – et la classe ouvrière japonaise devra faire face à des mesures similaires de la part de son gouvernement, qui voudra leur faire payer la crise pour sauver les capitalistes.
Nous revendiquons :
- L’auto-organisation immédiate des travailleurs et des communautés locales dans les régions affectées afin de gérer les secours et de démocratiquement déterminer les besoins liés à la reconstruction. Pour la solidarité internationale et le soutien actif à la population japonaise !
- Pour une révision urgente de la politique énergétique et des investissements massifs dans les énergies propres, en alternative au nucléaire! Pour la nationalisation du secteur énergétique sous le contrôle des travailleurs !
- Aucune confiance envers les profiteurs, les spéculateurs et les capitalistes dans l’organisation des secours et de la reconstruction du pays. Luttons pour le socialisme et la propriété démocratique et publique de l’économie japonaise, seule façon de concilier les besoins des travailleurs et le développement de la nature et de la terre.
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Journée Internationale des Femmes : Organisons la lutte!
Ces derniers mois, des millions de femmes sont entrées en résistance contre les effets destructeurs de la crise économique sur leurs vies. Des centaines de milliers de travailleuses surexploitées du textile et d’autres secteurs au Bangladesh, en Chine, au Cambodge et ailleurs ont participé à la vague de grève pour de meilleurs salaires, une vague qui s’est rapidement répandue d’un pays asiatique à l’autre. Des millions de travailleuses ont participé aux grèves générales en France, en Espagne, en Grèce et au Portugal, de même qu’aux énormes protestations contre les attaques sur les services publics partout en Europe. Les jeunes femmes étaient aux premières lignes d’une nouvelle génération qui mène la lutte des étudiants contre les assainissements et les augmentations de minerval en Grande-Bretagne, en Italie et ailleurs. Et, évidemment, des dizaines de milliers de femmes participent aux magnifiques mouvements en Tunisie et en Egypte, entre autres, pour l’obtention de droits démocratiques et sociaux ainsi que pour la fin des régimes dictatoriaux.
Déclaration du Comité pour une Internationale Ouvrière
Il est probable que ces luttes vont s’intensifier dans les mois à venir, surtout dans les pays où la hache de l’austérité frappe le plus durement. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre. Ces quarante dernières années, la vies des femmes a subi d’importants changements sociaux dans les pays capitalistes développés. L’inégalité, la discrimination et l’oppression n’ont pas été éradiqués, mais on a vu se développer l’idée qu’un progrès important avait été obtenu et que cela allait se poursuivre à l’avenir, et même que l’égalité était à la portée des femmes.
La situation dans le monde néocolonial en Asie, en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient est clairement différente. Mais même là, la mondialisation et les changements économiques et sociaux qu’il a engendré – surtout le fait qu’un nombre croissant de jeunes femmes a été tirées hors de leurs maisons pour aller travailler – ont amené l’espoir que les choses puissent peu à peu s’améliorer pour les femmes partout dans le monde.
L’actuelle crise économique mondiale et ses conséquences menacent de rapidement revenir sur beaucoup de ces progrès. Cela va conduire à une détérioration sérieuse de la vie des femmes dans les pays développés et à un véritable cauchemar pour les femmes dans le monde néocolonial.
La crise illustre ouvertement ce que le CIO a toujours dit – l’incompatibilité du capitalisme et de réels droits pour les femmes, qu’importe dans quelle partie du monde on se trouve. L’exploitation et l’oppression se trouvent au cœur du système capitaliste, où les profits et la compétition règnent sur tout. Seule une lutte contre ce système et pour une alternative socialiste est capables de réellement avancer.
Pourquoi nous devons nous organiser et lutter
Femmes et travail
Lors des décennies précédentes, l’afflux de femmes sur les lieux de travail a constitué un phénomène global, à tel point que, dans quelques pays, il y a aujourd’hui plus de femmes que d’hommes au travail. Même si les salaires des femmes sont partout resté en moyenne plus bas que ceux des hommes, ce processus a néanmoins conduit à plus d’indépendance économique pour les femmes ainsi qu’à une transformation de leur vision du monde et de la société en général.
Dans a première phase, la crise économique a eu un effet mixte sur l’emploi des femmes. Là où les pertes d’emploi se concentraient surtout dans l’industrie et dans le secteur de la construction, comme aux Etats-Unis, ce sont surtout les travailleurs masculins ont été le plus durement touchés. Là où le secteur des services a particulièrement été dans le collimateur, comme en Grande-Bretagne, les femmes ont dû supporter la plupart des licenciements et le chômage augmenté. Dans beaucoup de pays, maintenant, un véritable massacre est opéré dans le secteur public, ce sont les femmes qui vont en souffrir le plus fortement. Selon des recherches menées en Grande-Bretagne, où un demi-million de travailleurs des services publics vont être licenciés dans les années à venir, 75% de ces licenciements vont toucher des femmes, comme les femmes constituent la majorité du personnel des services publics : enseignants, infirmiers et travailleurs des services communaux. En même temps, les femmes vont être aussi le plus durement touchées par les assainissements dans les budgets des services publics et des allocations.
Indépendance économique
Le chômage croissant et les coupes dans les allocations vont conduire à une pauvreté accrue pour les femmes de la classe ouvrière et pour une partie des femmes des classes moyennes, surtout pour les mères isolées. Là où les chômeuses réussiraient à trouver un emploi, cela sera très probablement un emploi mal payé, temporaire et précaire, avec moins de droits, voire pas du tout, pour des congés de maladie ou de grossesse, pour des congés payés ou les pensions,… Les salaires et les conditions de travail sont fortement sous pression, tant dans le secteur public que privé.
Cela va augmenter la dépendance financière des femmes envers des hommes, et cela peut entraîner de néfastes conséquences sur les relations personnelles. Dans la période précédente, l’emploi, les allocations sociales et les logements sociaux offraient aux femmes une certaine mesure d’indépendance économique qui faisait qu’au contraire des anciennes générations, elles pouvaient quitter des relations malheureuses ou violentes. Depuis le début de la crise économique, il y a eu une diminution du taux de divorce dans nombre de pays (en général, jusqu’à trois quarts des divorces sont initiés par les femmes). Cela illustre qu’il devient plus difficile de quitter une relation et que beaucoup de femmes, comme dans le passé, sont forcées de rester chez leurs partenaires contre leur gré à cause de raisons économiques
Enseignement
L’accès accru à l’enseignement supérieur a constitué un des facteurs clé dans l’encouragement de changements dans la vie et dans la vision des choses des femmes. Maintenant, pour la première fois dans les pays capitalistes développés, une nouvelle génération de jeunes femmes est devant la perspective d’un avenir plus rude que celui de leurs mères. La commercialisation de l’enseignement supérieur, les coupes budgétaires drastiques dans l’enseignement ainsi que l’augmentation du minerval vont rendre beaucoup plus difficile aux jeunes femmes d’aller à l’université et d’obtenir un enseignement de bonne qualité dans l’espoir d’améliorer leurs perspectives de vie. Même si elle réussissent à obtenir un diplôme universitaire, la situation actuelle signifie sur le plan de l’emploi que beaucoup d’entre elles vont arriver dans des emplois temporaires et mal payés, et donc dans une vie d’insécurité et d’exploitation.
Des services publics financés par le public
Malgré de grands changements dans la vie des femmes, elles restent les personnes qui prennent le plus soins des enfants et d’autres membres de la famille. Si la hache néolibérale tombe sur les budgets des crèches, des maisons de repos et d’autres services sociaux, c’est généralement aux femmes de payer les pots cassés. Cela va conduire à ce qu’encore plus de femmes se voient forcées d’abandonner leur travail en dehors de la maison. Cela va rendre encore plus difficile aux chômeuses de trouver un emploi et pour les femmes au travail, cela va encore augmenter la double charge de travail liée aux tâches domestiques. Les assainissements et les privatisations vont conduire à une qualité décroissante des salaires et des conditions de travail des travailleurs de ces secteurs.
La violence envers les femmes
Une femme sur cinq subi à un certain moment la violence de la part de leur compagnon ou ex-compagnon. Dans les pays capitalistes développés, un femme sur sept est violée. Dans quelques parties du monde, le viol de masse est devenu une arme de guerre mortelle. La traite des femmes croissante à la destination de l’industrie du sexe est nourrie par la pauvreté, et va encore être stimulée par la crise économique.
La violence envers les femmes puise ses racines dans l’idée traditionnelle (toujours bien répandue dans beaucoup de sociétés) que les femmes sont la propriété des hommes. Cela est confirmé par la relation économique toujours inégale entre hommes et femmes et par la façon dont le capitalisme est basé sur la propriété privée, sur l’inégalité de richesse et de pouvoir. Le capitalisme utilise souvent la violence pour défendre ses intérêts, comme les travailleuses de textile en Asie et les étudiants en Europe ont pu témoigner de tout près. La pauvreté et le chômage ne causent pas la violence au sein de la famille. Cette violence trouve place dans tous les groupes et classes sociales. Mais ces facteurs peuvent être un motif pour la violence dans les familles et la crise économique peut encore stimuler cela.
Dans beaucoup de pays, l’approche de la violence contre les femmes a radicalement été améliorée ces trois dernières décennies. Des lois progressistes contre la violence familliale ont été votés et il y a une reconnaissance générale que c’est un crime sérieux auquel on doit s’attaquer. Mais les coupes budgétaires drastiques dans les services publics peuvent miner le progrès obtenu. Moins de moyens pour l’accueil des enfants, pour les refuges et autres services publics a pour conséquence de rendre encore plus difficile pour les femmes d’échapper à la violence dans leur foyer (où la grande partie des abus s’effectuent). D’autre part, les assainissements dans les transports publics, l’éclairage des rues, etc. vont conduire à moins de sécurité pour les femmes en dehors de leur maison. Le financement des centres de crise pour victimes de viol et le soutien aux femmes abusées va aussi être sous pression.
Droit à l’avortement, à la contraception, au traitement de fertilité…
Ces dernières décennies, 19 pays ont légalisé l’avortement, mais des millions de femmes vivent encore dans des pays où l’avortement est illégal ou très limité. Mondialement, chaque année, quelque 20 millions d’avortements illégaux se pratiquent, conduisant à la mort de 70.000 femmes et à la mutilation de millions.
Dans quelques pays, les attaques idéologiques contre l’avortement se poursuivent, et il faut les stopper. Mais dans beaucoup de pays, ce sont les coupes budgétaires dans les soins de santé et d’autres services qui vont mettre ce droit en danger. Les assainissements vont aussi conduire à une limitation de l’accessibilité aux traitements de fertilité et à des des fermetures ou des restructurations dans les services publics concernant la contraception et la santé sexuelle, ce qui touchera surtout les jeunes femmes.
La sexualité et le sexisme
Mondialement, des millions de femmes souffrent des limitations terribles de leur sexualité, y compris la pratique barbare des mutilations génitales. Dans beaucoup de pays capitalistes développés, la mentalité concernant la sexualité et les relations personnelles a sans doute été améliorée. En général, les femmes se sentent plus libérées de nombreuses de restrictions morales, sociales et religieuses du passé. Mais sous le capitalisme, la libération sexuelle est déformée par la course aux profits et par l’inégalité. Le système capitaliste transforme tout en marchandise, y compris le corps de la femme, utilisé directement dans l’industrie du sexe et indirectement dans la publicité et la vente. Cela promeut une image spécifique des femmes, une image limitée, stéréotypée et dégradante. L’objétisation des femmes renforce des mentalités arriérées, dont la violence, et affaiblit les femmes dans la lutte pour les droits économiques et sociaux.
Aller en contre-offensive
Les énormes protestations et grèves auxquelles les femmes ont participé illustrent que la destruction des acquis ne se déroule pas comme ça, sans lutte. Les luttes des travailleuses du textile en Asie et des femmes au Moyen-Orient ont démontré que même les travailleuses les plus exploitées sont prêtes à se battre.
Les changements importants dans les attitudes sociales qui ont trouvé place surtout dans les pays capitalistes développés ne peuvent pas être si facilement attaqués. Les femmes (et beaucoup d’hommes) ne vont pas accepter que la place des femmes soit au foyer et non au travail. Les femmes vont se battre pour défendre le progrès économique et social obtenu.
Il va sans doute y avoir des tentatives pour faire revivre de vieux préjugés afin d’affaiblir la lutte, de semer la discorde entre hommes et femmes, surtout sur les lieux de travail. Il faut donc durement se battre contre chaque tentative de diviser les travailleurs sur base de genre et donc de les affaiblir. Une lutte réussie pour défendre les droits des femmes et les élargir n’est possible que s’il s’agit d’une lutte anticapitaliste impliquant toute la classe ouvrière.
Socialisme
Le capitalisme est basé sur la compétition et sur la chasse sans merci aux profits. Il crée l’exploitation, la pauvreté, l’oppression, la violence, la guerre et la destruction de l’environnement. C’est un système pourri, qui limite et détruit les vies des travailleurs et des jeunes, où les femmes subissent une double oppression à cause de leur genre. Les femmes ont alors un double intérêt à la lutte pour une alternative au système capitaliste.
Une alternative socialiste serait basée sur la propriété collective et non privée de la production, sur le contrôle démocratique des producteurs et des consommateurs et non sur la domination par une élite riche. Les besoins, et non les profits, détermineraient ce qui est produit et les relations inégales et hiérarchiques de pouvoir et de riches seraient remplacées par la coopération, l’égalité et le respect mutuel tant sur le plan national que sur le plan international.
La vie pourrait être si différente pour tout le monde, mais aussi spécifiquement pour les femmes. Une économie démocratiquement planifiée libérerait des moyens pour prévoir des revenus décents et l’indépendance économique de chacun. Des services publics organisés et de bonne qualité comme l’accueil des enfants, les soins de santé, l’enseignement, le logement, le transport etc. offriraient aux femmes un véritable choix dans chaque aspect de leur vie. Une société basée sur l’égalité et la coopération poserait les bases pour la fin de toutes les formes de sexisme et de violence contre les femmes. Les femmes seraient finalement réellement libérées.
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10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière
Relations mondiales : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’
Rapport de la discussion sur les relations mondiales au 10ème Congrès mondal du CIO
Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) a commencé la semaine dernière en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela. Malheureusement, les délégués de Bolivie et du Pakistan n’ont pas pu venir, à cause du refus de leur visa.
Sarah Sachs-Eldridge, délégation du Socialist Party (CIO – Angleterre et pays de Galles)
Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.
Les principales discussions lors du Congrès ont porté sur les relations mondiales, sur l’économie mondiale, sur l’Europe, l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique, et sur la construction du CIO.
Le CIO est une organisation internationale socialiste et démocratique. Au cours du Congrès, les documents et les résolutions ont été discutés, amendés, puis soumis au vote. Un nouveau Comité Exécutif International a également été élu.
Nous publierons les versions finales des principaux textes du Congrès. Notre site international (www.socialistworld.net) a déjà publié le projet initial de document de Congrès concernant les relations mondiales. Une version mise à jour de ce document sera publiée par la suite, avec les documents concernant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, la Russie et l’Europe de l’Est, de même qu’un document sur la situation en Afrique.
Ci-dessous, nous publions un rapport de la première discussion du Congrès, celle sur les relations mondiales, rédigé par Sarah Sachs-Eldridge, de la délégation d’Angleterre et Pays de Galles (Socialist Party). D’autres rapports des principales discussions qui ont eu lieu tout au long du 10e Congrès suivront au cours des prochains jours.
Des millions de personnes ont participé aux manifestations et aux grèves en France. Il y a eu des grèves générales en Grèce, au Portugal – la plus grande depuis la révolution de 1974 -, en Espagne et en Inde où une grève générale a impliqué 100 millions de travailleurs. Un immense mouvement partiellement victorieux s’est développé en Afrique du Sud et de nombreuses autres expressions de colère ont éclaté face à la crise la plus dévastatrice depuis les années ’30.
Dans son introduction à la discussion, Peter Taaffe du Secrétariat international (SI) du CIO a cité William Butler Yeats, un célèbre poète nationaliste irlandais, qui avait dit : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’ à propos des évènements d’Irlande. Pour décrire les événements de ces derniers mois, cette phrase reste d’actualité. Les contributions au débat portant sur les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Europe de l’Est ont bien démontré que pas un pays au monde n’a été épargné par la crise économique mondiale.
Une crise prolongée
Les gouvernements de plusieurs pays et régions peuvent bien clamer haut et fort que leurs économies sont à l’abri de tout danger et sur la voie de la reprise, il existe un potentiel pour une nouvelle chute de l’économie mondiale, ou en tous cas pour une stagnation prolongée avec une croissance faible. En fait, il n’y a aucun “remède” clair à appliquer pour la bourgeoisie, et des divisions existent entre et à l’intérieur des différentes classes dirigeantes quant à savoir quelles mesures devraient être prises.
En cette époque de changements rapides, les gouvernements peuvent être enclins à des revirements soudains. La situation est lourde de troubles sociaux et politiques d’une ampleur tragique.
Les relations mondiales sont dans un état d’instabilité croissante. Nous ne vivons plus dans un monde “unipolaire” où le pouvoir ultime des États-Unis, en tant que plus grande économie au monde, est accepté. Ceci peut mener à une hausse des frictions et des conflits.
L’impression prédominante est que nous sommes dans une période de flux. Des luttes de la classe ouvrière ont lieu ou sont à l’ordre du jour dans chaque région du monde. Les socialistes doivent être prêts à ajuster leur tactique et leurs méthodes organisationnelles au fur et à mesure que la lutte de classe se développe et que les conditions objectives changent. De nouveaux mots d’ordre et revendications seront lancés lorsque cela sera requis.
Des changements soudains
Dans son introduction, Peter Taaffe a décrit comment, au cours d’un intervalle relativement court, l’économie irlandaise a été noyée, passant d’une des économies les plus prospères au monde à, non pas la récession, mais la dépression. Dans un sondage effectué il y a six ans auprès de 100 pays, on avait révélé que le peuple irlandais était le plus heureux au monde, sur base de la hausse des salaires et d’une phase de croissance apparemment sans fin. Mais ce 27 novembre, 100.000 manifestants sont descendus à Dublin malgré le froid polaire pour y exprimer leur rage, leur dégout et leur amertume face à la situation complètement différente, dans laquelle la majorité de la population est maintenant confrontée à des coupes sévères dans leur niveau de vie.
La classe ouvrière irlandaise a montré qu’elle était capable de trouver par elle-même le chemin de la lutte, même lorsque les dirigeants syndicaux ont abandonné de la manière la plus poltronne qu’il soit leur responsabilité qui était de mener celle-ci. La survie du gouvernement, élu il y a moins de deux ans, ne tient plus qu’à un fil.
La présence en Irlande du CIO et de Joe Higgins, l’eurodéputé socialiste de Dublin, signifie qu’il existe une voix qui est présente afin d’articuler l’opposition à la politique pro-marché, et qu’il existe le potentiel pour défier cette politique lors des élections générales de 2011, autour de l’Alliance de la Gauche Unie (United Left Alliance) récemment établie.
L’ampleur de la crise économique mondiale, qui a commencé avec la crise des subprimes aux États-Unis en 2007, s’est largement fait ressentie lors de la crise bancaire de 2008. Le CIO a averti du fait que les patrons, dont la rapacité et le système du “tout pour le profit” sont responsables de la crise, ne seraient pas capables de trouver une issue facile pour sortir de cette crise, et qu’ils chercheraient à en faire payer le cout par les travailleurs.
Cette crise a été si grave que, au départ, il n’était pas évident de voir comment une dépression de l’ampleur de celle des années ′30 pouvait être évitée. Toutefois, de nombreux gouvernements, après avoir jeté un œil par-dessus le gouffre et ayant aperçu le danger de la répétition d’une dépression qui durerait une décennie entière, ont pris peur et ont mis en place de grands plans d’urgence de relance de l’économie afin d’amortir les pires effets de la crise.
Les travailleurs payent la facture
De nombreuses contributions ont illustré à quel point les dirigeants ne sont pas parvenus à protéger les travailleurs et les pauvres. Par exemple, depuis le début de la crise, les plans de relance aux États-Unis ont empêché un million de pertes d’emplois, mais huit millions d’autres emplois ont été perdus depuis 2007. Dans les pays de l’OCDE, c’est 17 millions de travailleurs qui ont été virés des usines. On ne tient pas compte ici des travailleurs qui subissent le travail temporaire et/ou précaire, ce qu’on a commencé à appeler aux États-Unis des “jobs de survie”.
À la grand’ messe du G20 à Toronto, il y a eu un accord général pour cesser l’intervention politique et financière et les plans de relance, et pour passer à des plans d’austérité, destinés à satisfaire les marchés. Il n’y a pas une confiance totale dans cette politique, qui a eu pour conséquence des coupes énormes dans de nombreux pays, suscitant déjà la colère et l’action de la classe ouvrière.
Mais la colère, la frustration et l’opposition n’ont pas encore trouvé une expression dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière. Ce facteur représente un grand obstacle dans la lutte. Comme le document sur les relations mondiales l’a fait remarquer : ‘‘S’il existait des partis de masse de la classe ouvrière – même à l’image des partis ouvrier-bourgeois du passé – alors, en toute probabilité, les idées réformistes de gauche, centristes et révolutionnaires seraient en ce moment en train d’être largement discutées dans la société, et en particulier dans les rangs du mouvement ouvrier organisé.’’
La Chine
Un aspect important de la discussion a été le rôle de l’énorme plan de relance en Chine. Celui-ci a été combiné à une expansion massive du crédit, principalement de la part des banques d’État. L’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’autres projets d’infrastructure a été une tentative de focaliser les mesures d’incitation sur la hausse de la demande intérieure.
Un impact très important de ce plan a été de donner aux travailleurs la confiance de lutter. L’année 2010 a vu une nouvelle vague de grèves balayer la Chine, d’une nature en grande partie offensive, dans le but d’obtenir de meilleurs salaires. Les travailleurs ont vu l’économie s’accroitre, et en ont réclamé leur part. La croissance de ce mouvement et son développement va être crucial dans le développement de la lutte des travailleurs partout dans le monde.
Dans sa réponse lors de la discussion, Robert, du Secrétariat International du CIO, a souligné les questions importantes qui sont posées : quel est l’attitude de ces travailleurs par rapport à la lutte pour les droits démocratiques, et syndicaux, par rapport aux syndicats officiels, à l’État et au gouvernement ?
Toutefois, la discussion a bien clarifié le fait que les conséquences du plan de relance en Chine se sont fait ressentir dans de nombreux domaines. La croissance économique dans toute une série de pays, tel qu’en Allemagne, est liée au plan de relance chinois.
Anthony, d’Australie, a expliqué le fait qu’une des raisons pour lesquelles l’économie australienne est jusqu’à présent parvenue à éviter les pires effets de la crise qui a touché les autres pays est la force du secteur minier et l’exportation massive de matières premières vers la Chine. Tout ralentissement de la croissance de l’économie chinoise aurait des répercussions désastreuses.
Après être sortis de 30 ans de guerre civile, la classe ouvrière et les pauvres du Sri Lanka sont confrontés aux conditions les plus difficiles. Siritunga, du Sri Lanka, qui a passé la moitié de sa vie dans cette guerre, a décrit comment les “retombées de la paix” tant promises ne se sont absolument pas concrétisées. Au lieu de cela, le budget de 2010 a vu une hausse des dépenses militaires, qui constituent maintenant près du quart des dépenses de l’État, ce qui illustre la montée de la répression employée par le régime Rajapakse.
Les puissances régionales, telles que l’Inde et la Chine qui ont soutenu l’effort de guerre, continuent à intervenir au Sri Lanka dans leur propres intérêts économiques et stratégiques, sans que cela ne profite le moins du monde aux populations laborieuses de la région.
Toute une série de personnes ont pris la parole au sujet de la lutte d’influence entre les États-Unis et la Chine, en particulier dans certaines régions comme l’Asie-Pacifique.
Derrière les statistiques qui montrent une croissance économique, la Chine est en train d’exporter son modèle de production basé sur la surexploitation de la main d’œuvre, avec des bas salaires et sans aucun droit syndical ou autre pour le personnel.
André du Brésil et Patricio du Chili ont tous les deux expliqué comment l’exportation de matières premières vers la Chine a eu un effet d’amortir la crise économique mondiale dans toute une série de pays d’Amérique latine. Au Brésil, un processus de “reprimairisation” de l’économie est en cours (un développement du rôle de la place de l’extraction de matières premières), avec une désindustrialisation de plus en plus grande. Si cette tendance venait à se confirmer, elle sera accompagnée d’attaques sur les droits des travailleurs, d’une dégradation de l’environnement, et de traitements horribles pour les peuples indigènes.
Des mouvements de masse
Lors des précédents Congrès du CIO, au début des années ′2000, c’était le processus révolutionnaire en cours en Amérique latine qui se trouvait à l’avant-plan de la lutte. Tandis que ce processus s’est pour le moment temporairement ralenti, c’est la classe ouvrière européenne qui est aujourd’hui entrée en action.
Là, même en l’absence de leurs propres partis de masse ou même semi-de masse, les travailleurs ont entrepris une action extrêmement audacieuse, et développent d’instinct leurs propres revendications. Andros de Grèce a expliqué comment l’expérience du mouvement de masse en Grèce a mené à ce qu’aujourd’hui, un Grec sur deux est en faveur de la nationalisation des banques, et un sur trois est pour le non-payement de la dette de l’État, pour laquelle on demande à la classe ouvrière de payer la facture. De telles idées ont été capables de se développer même sans que la plupart des partis d’une certaine taille ne les aient mises en avant, à l’exception de la section grecque du CIO, Xekinima.
Rob de Russie a décrit le massacre affligeant des services publics, des salaires et des pensions qui s’est produit à travers toute l’Europe de l’Est. Dans toute une série de pays, les mouvements de protestation ont été énormes, avec par exemple le mouvement de masse dans les rues de la Lettonie qui a fait tomber le gouvernement. Mais en l’absence de tout parti ouvrier capable de prendre le pouvoir, c’est tout simplement une autre version de l’ancien gouvernement qui a été mise en place.
La présence du CIO au Kazakhstan signifie qu’il existe le potentiel pour construire un nouveau parti des travailleurs de masse. La campagne ‘Kazakhstan 2012’, dans laquelle sont actifs les membres du CIO, a lancé plusieurs campagnes visant à défendre la population contre les expulsions de domicile, et à construire des syndicats indépendants. Elle se déclare en faveur de la ‘‘renationalisation de tout ce qui a été privatisé, sous le contrôle des travailleurs.’’ 2012 sera la date des prochaines élections présidentielles, où l’on espère que le régime répressif au pouvoir en ce moment sera remplacé. Un nouveau centre syndical y a aussi été récemment fondé.
Le Moyen-Orient
Les dernières fuites organisées par Wikileaks ont brutalement mis au grand jour les frictions qui existent entre les différents régimes du Moyen-Orient, comme le CIO l’avait fait remarquer auparavant.
Yasha d’Israël a expliqué que les derniers documents suggèrent le fait que le régime israélien est sérieusement en train de se préparer à une attaque contre l’Iran, même si ce scénario est improbable. Robert a décrit comment l’intervention américaine en Irak a mené au renforcement du rôle régional de l’Iran. Mais le régime iranien n’est pas stable, comme l’a bien montré le mouvement de 2009.
La classe ouvrière égyptienne a trouvé sa force dans le nombre de luttes qui se sont déroulées au cours des dernières années. Le taux de participation de 15% à peine lors des dernières élections montre à quel point aucun des partis politiques ne parvient à susciter le moindre enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Mais comme l’a fait remarquer Igor de Russie, une fois qu’un mouvement va commencer à se développer contre le régime détesté de Moubarak, la classe ouvrière pourrait jouer un rôle très important.
Avec la “contagion” de la crise économique qui s’étend à partir de la Grèce jusqu’en Irlande, et maintenant potentiellement à l’Espagne, au Portugal, à la Belgique et au Royaume-Uni, c’est la question de la survie même de l’euro qui est posée.
Illustrant les tours de passe-passe financiers qui ont conduit à la crise économique, Robin d’Angleterre a décrit comment la valeur notionnelle de tous les “dérivatifs” est équivalente à onze fois la valeur de production annuelle mondiale ! Il a expliqué que la crise économique mondiale en cours en ce moment n’est pas juste une crise cyclique faisant partie du cycle normal de croissance et décroissance du système capitaliste, mais que c’est une crise basée sur l’absence de demande. Les plans d’austérité massifs ont réduit le pouvoir d’achat des travailleurs.
Aron d’Allemagne a fait une contribution au sujet de la tendance vers des mesures protectionnistes, dans la lutte pour une plus grande part du marché mondial. C’est là la trame de fond derrière la “guerre des devises” qui se déroule en ce moment. Les États-Unis ont lancé un autre tour massif de “facilitation quantitative” (c’est à dire, la création d’argent à partir de rien) et tentent d’inonder le monde de dollars afin d’améliorer leurs opportunités d’exportation. Paraphrasant un politicien américain, Aron a résumé ainsi l’attitude de l’administration américaine : ‘‘C’est notre monnaie, mais c’est votre problème’’.
Cependant, les États-Unis ne peuvent pas simplement claquer des doigts et s’attendre à ce que le reste du monde accoure se mettre en rang. Peter a expliqué que l’État chinois est loin de se porter volontaire pour prendre les coups, et a exprimé la menace comme quoi si la Chine devait réévaluer sa monnaie, le monde assisterait à la fermeture de 40 millions d’usines chinoises, ce qui pourrait entrainer un mouvement de masse de la classe ouvrière chinoise, une perspective qui suscite des sueurs froides chez les gouvernements de tous les pays.
Les conflits
Mais la guerre des monnaies n’est pas le seul conflit qui menace le monde. La friction entre les Corées du Nord et du Sud pourrait se développer. L’Irak est une plaie béante et Judy d’Angleterre a montré que la guerre d’Afghanistan, qui est maintenant perçu comme la guerre d’Obama, est impossible à remporter pour l’impérialisme.
Ceci sape le soutien en faveur d’Obama mais, comme Philip des États-Unis l’a dit, ce n’est pas le seul facteur de mécontentement : il y a aussi la colère croissante de la classe ouvrière et de la classe moyenne face au chômage, aux expulsions de domicile, et à d’autres effets de la crise sur leur vie de tous les jours.
Sur base de cette expérience, c’est un sentiment anti-establishment qui a dominé les élections de novembre aux États-Unis. Le Tea Party, qui cherche à se faire passer comme l’alternative au statut quo tout en étant en réalité lié à des personnes telles que les dirigeants de la chaine Fox News, chaine droitière et pro-capitaliste, pourrait bien tirer profit de ce sentiment et de l’absence d’une alternative ouvrière de gauche. Toutefois, un sondage a révélé la nécessité urgente et le potentiel pour un tel parti, puisque plus de la moitié des personnes qui y ont répondu déclaraient avoir une mauvaise image du Parti démocrate tout comme du Parti républicain. En fait, le Tea Party a lui-même provoqué deux contre-manifestations à Washington.
La riposte de la jeunesse
Ty, des États-Unis, a décrit les batailles héroïques qui se sont déroulées dans le secteur de l’éducation. Des étudiants, des enseignants et des parents se sont organisés contre les coupes budgétaires et contre les attaques brutales contenues dans le programme scolaire Charter.
Même alors qu’ils sont en train de mettre en place des plans de relance pour les grandes boites, les gouvernements vont tenter de forcer leur agenda néolibéral qui consiste à reprendre l’ensemble des précédents acquis de la classe ouvrière, tels que l’éducation, la santé et les pensions.
Mais l’action estudiantine aux États-Unis n’est qu’un exemple parmi une nouvelle vague de mouvements de la jeunesse qui est en train de se développer. Vincent de Hong Kong a raconté comment 2.000 étudiants chinois ont démoli la cafétéria privatisée de leur campus lors d’une bataille autour de l’augmentation du prix des bouteilles d’eau. Au Royaume-Uni, les étudiants et les lycéens sont en marche en ce moment-même. En Grèce, en Malaisie, en Italie et en Irlande, les étudiants se battent pour leur avenir.
Au Nigéria, où l’âge moyen est de 19 ans, la lutte pour l’avenir fait partie de la vie de tous les jours. Segun du Nigéria a dépeint l’horreur de la vie des travailleurs sous le capitalisme dans le monde néocolonial. Toutes les promesses rompues en terme de route, d’écoles, etc. a mené certains vieux travailleurs à commencer à penser que la vie était peut-être meilleure du temps de la colonie. Il a décrit à quel point la privatisation et la soif de profit peuvent devenir extrêmes, avec l’exemple d’une route privatisée de 6 km mais qui compte trois péages !
Cependant, la classe ouvrière a montré sa force potentielle dans les huit fantastiques grèves générales de la dernière décennie. Le défi est maintenant de mobiliser ce potentiel dans une lutte pour changer la société.
La crise environnementale
La crise du changement climatique et la destruction de l’environnement ne sont qu’une des nombreuses preuves qui toutes démontrent à quel point l’idée du capitalisme en tant que système progressiste a été discréditée. Bart de Belgique a proposé des mots d’ordre qui puissent trancher à travers le scepticisme qui peut se développer face à des mesures soi-disant “vertes” telles que les taxes environnementales. Les socialistes doivent lier ce problème à celui de la crise générale, en remettant en question le droit à la propriété privée de la recherche scientifique, et avec des revendications telles que des emplois écologiques et la reconversion des usines.
La discussion a bien confirmé que le sentiment et la compréhension de la classe ouvrière, de la jeunesse et de certaines couches de la classe moyenne est en train de changer et d’évoluer à travers l’expérience de la crise économique, politique et sociale, et surtout l’expérience des luttes émergentes.
Le sentiment parmi les travailleurs et la jeunesse
Les sentiments anti-banquiers, anti-establishment et anti-politiciens sont très vivaces. Sascha d’Allemagne a expliqué qu’il y a un potentiel pour un développement très rapide de ce sentiment, et que parmi certaines couches, il a acquis un caractère anticapitaliste plus prononcé. Au fur et à mesure que s’accentue l’expérience de la pire crise depuis les années ′30 et que pleuvent les coupes budgétaires qui s’abattent sur la classe ouvrière, il va y avoir une mise en question de plus en plus grande de la manière dont ces coupes peuvent être combattues et de quelle est l’alternative.
Mais cela ne veut pas dire que les attaques violentes sur le niveau de vie vont automatiquement conduire à une plus grande volonté de se battre et une plus grande ouverture aux idées socialistes. Il peut y avoir un effet d’hébétement sous le choc de la crise, comme on l’a vu en Grèce au début de la crise. La question de la direction de la classe ouvrière va également jouer un rôle dans l’évolution d’une conscience combative et socialiste.
Ce qui est propre à cette situation, c’est le potentiel qu’a la classe ouvrière d’infliger des défaites aux gouvernements, divisés et hésitants. Des revirements soudains de tactique de la part de la bourgeoisie peuvent se produire. Tout en essayant de forcer la mise en œuvre de leur agenda néolibéral, ils peuvent passer en un tour de main de la hache de l’austérité à la planche à billets virtuelle afin de se lancer dans de nouveaux plans de relance. Lynn a souligné le fait que toute une série d’économistes qui naguère prêchaient le monétarisme sont maintenant en train d’appeler à de nouvelles mesures de relance.
Kevin d’Irlande a décrit la situation du sud de l’Irlande comme étant “en gestation d’une révolte”, et la discussion a amené à la conclusion que, en ce qui concerne l’Irlande comme en ce qui concerne les relations mondiales, nous sommes véritablement entrés dans une période différente.
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Du jamais vu : un plan Renault chez Solvay !
Aux informations du 29 juillet 2010 on pouvait lire « Les résultats de Solvay dépassent les attentes. […] Au deuxième trimestre 2010 le chiffre d’affaire hors activités pharmaceutiques a bondi de 32% par rapport au deuxième trimestre 2009 ». Aujourd’hui on lit : « Solvay : 800 pertes d’emploi dans le monde, 150 à 160 emplois supprimés en Belgique » ! La procédure Renault commence !
Une procédure Renault ? Dans une entreprise dont la bonne santé financière ne fait aucun doute ?
La société Solvay a une image de marque à laquelle elle tient, celle d’une société « sociale » où patron, chefs et employés vivent en parfaite harmonie, les uns travaillant joyeusement, l’autre, reconnaissant, distribuant force de récompenses sous forme d’appointements bien au-dessus de la moyenne nationale et autres avantages sociaux. La société qui tenait au cœur du fondateur Ernest Solvay.
Oui ! Sauf que cela se réfère à l’ancienne société Solvay, celle qui s’appelait Solvay & Cie.
L’entreprise d’aujourd’hui ne correspond plus à cette image paternaliste. Depuis la transformation de la société en société anonyme son « cœur business » a été remplacé par le « core business » ! L’intérêt pour le bien-être des travailleurs a cédé la place à l’importance donnée au portefeuille des actionnaires (en majorité les familles Solvay, Janssen et autres). Graduellement les appointements ont rejoint la « médiane » des rémunérations nationales, les avantages sociaux ont été rognés petit à petit.
Depuis le début des années 1980 l’entreprise n’a de cesse de trouver comment augmenter les dividendes de ses actionnaires. Elle a mis au point un système de « dégraissement » du personnel barémisé sous la forme d’une convention collective de retraite anticipée, système il faut bien le dire, plus avantageux que la pré-pension.
Ces 20 dernières années plusieurs études ont été menées pour « rendre l’entreprise plus performante », pour « diminuer les frais fixes » ! Plusieurs centaines de postes de travail sont ainsi passés à la trappe.
Petit à petit la société Solvay a été fractionnée en Business Units indépendantes, ce qui a aussi permis de morceler la comptabilité. La recherche et l’administration centrale restaient néanmoins centralisées en Belgique. Cette organisation en Units a facilité la vente de diverses activités, personnel compris, qui ne semblaient plus essentielles à l’entreprise.
Depuis peu, même les employés « cadres », qui se voient refuser une représentation syndicale au sein de l’entreprise Solvay, ont été approchés individuellement pour se voir proposer, voire imposer, une retraite anticipée. Les barémisés, qui quant à eux avaient, jusqu’à présent, le choix de partir ou rester, ont aussi vu les propositions de départ devenir plus « impératives ».
Aujourd’hui un sommet vient d’être atteint. Une procédure Renault est enclenchée. La Direction se veut rassurante en insistant sur le fait que toutes les mesures seront prises pour effectuer les licenciements annoncés d’une manière aussi douce que possible. On est en droit de se demander comment puisque tous les travailleurs dans les « conditions » de la retraite anticipée ont été contactés et ont déjà entamé les formalités de départ.
Il s’agit donc de 150 à 160 départs supplémentaires, qui n’entrent pas dans le cadre de la convention collective.
Tout ceci nous donne une idée plus exacte de l’ampleur de la restructuration. Restructuration élaborée à la suite d’une décision de régionaliser les Business Units vers l’Asie et l’Amérique du Sud. Encore un effet pervers de la mondialisation.
Bien que dans l’entreprise Solvay le personnel ne soit pas particulièrement adepte d’actions syndicales, le taux de syndicalisation a toujours été élevé.
L’annonce de ces licenciements est non seulement un coup de massue pour le personnel, mais aussi pour les délégués syndicaux SETCa qui ont une double déconvenue par la perte de l’assistance de leur permanent, celui qui les épaulait depuis un grand nombre d’années. Ce permanent, responsable du secteur industrie, vient d’être lui-même licencié par l’organisation syndicale, pour des raisons fantaisistes. Dans un moment aussi crucial que l’enclenchement d’une procédure Renault, les délégués vont devoir travailler avec des permanents qu’ils ne connaissent pas, des permanents qui ne connaissent pas le terrain, des permanents, enfin, qui sont bien gentils mais qui ne sont pas des foudres de lutte syndicale.
Mondialisation augmentée de bureaucratie ! Sale temps pour les travailleurs et les militants syndicaux de SOLVAY S.A. !