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  • La nouvelle structure de la SNCB prépare la libéralisation

    Vers une répétition de la débâcle Fyra à plu s grand e échelle ?

    Avec sa réforme des chemins de fer, Paul Magnette (PS) s’est heurté aux syndicats. Sa réforme n’est en rien une amélioration, ni pour le personnel, ni pour les voyageurs. C’est une préparation à la libéralisation, et les soucis rencontrés cet hiver par les trains Fyra ont illustré ce que cela signifie. Nous en avons parlé avec un cheminot.

    La structure proposée avec deux entités (SNCB et Infrabel) singifie la disparition d’une autre (le Holding). Positif ?

    ‘‘Il n’y aura pas de disparition d’une entité, simplement son remplacement par HR Rail, qui aurait à gérer le personnel détaché à la SNCB ou à Infrabel. Ce mini-holding aura son propre directeur et le nombre de postes de direction resterait identique. Cette réforme est dans la continuité de celle de 2005, quand les trois entités ont été introduites. La ponctualité et les services ont-ils été améliorés depuis lors ?’’

    ‘‘La réforme pave la voie vers la libéralisation du trafic national. Infrabel serait responsable du réseau (voie ferrée et accès), la SNCB serait opérateur de l’espace ferroviaire pour d’autres. Au gouvernement d’alors décider ce qui est un service public et ce qui ne l’est pas, par exemple en accordant des subventions publiques à des entreprises privées.’’

    ‘‘Selon Magnette, la restructuration est au bénéfice des usagers. C’est faux, les problèmes de retards et les problèmes techniques resteront.’’

    ‘‘La libéralisation menace directement la prestation de services. La libéralisation du transport de marchandises, le fret, a entraîné un effondrement du volume de transport par chemin de fer. La vente de Logistics ne va rien améliorer. Le trafic diffus (le transport dans un seul train de marchandises prises dans plusieurs entreprises différentes) est menacé car il n’est pas intéressant commercialement. Toutes ces marchandises arriveront sur les routes, ce qui promet des embouteillages et, avec 10.000 camions supplémentaires, un pic de pollution atteint tous les jours.’’

    ‘‘Le transport international de voyageurs a été libéralisé. Il s’agit donc d’un service purement commercial qui ne reçoit plus aucune dotation publique. Directement, les prix ont augmenté. Il faut maintenant payer 7 euros de frais d’administration supplémentaires en achetant son billet au guichet. Pour de meilleurs services ? Le train Fyra (train libéralisé entre Bruxelles et Amsterdam) clarifie amplement que c’est faux.’’

    ‘‘En 2007, la direction a décidé de réduire le pourcentage d’équipement mis de côté pour entretien. Mesure destinée à disposer de plus de matériel, cela signifie surtout moins d’entretiens et plus de problèmes techniques. Dans les ateliers, la productivité devra augmenter de 4% avec moins de personnel. En 2012 environ 1.200 cheminots n’ont pas été remplacés après leur départ, soit une centaine par mois.’’

    ‘‘La dernière opération d’austérité avait pour but d’économiser 100 millions d’euros. Sous la pression des syndicats et de l’opinion publique, le nombre de trains supprimés a été réduit de 962 à 193. Mais le gouvernement fédéral devra bientôt trouver de nouveaux milliards. Quelle sera la contribution de la SNCB ?’’

    Tu parlais déjà des trains Fyra. Ce n’est pas normal ce genre de soucis pour un nouveau service ?

    ‘‘Beaucoup de gens se demandent – à juste titre – pourquoi il fallait supprimer le train Bénélux pour une ligne généralement plus coûteuse et où les réservations sont obligatoires. Le train Fyra n’est pas exploité par le secteur privé, mais par une collaboration entre la SNCB et les chemins de fer néerlandais. Mais c’est une ligne commerciale. Pour assurer les profits sur cette ligne il fallait supprimer la concurrence du train Bénélux.’’

    ‘‘La direction et les politiciens rejettent très vite la responsabilité sur les autres et sur le constructeur. Il se peut qu’il y ait un problème de ce côté. Mais quelles sont les solutions ? Le plus évident, le maintien du train Bénélux, n’a même pas été évoqué, cela va à l’encontre de la logique de libéralisation. La seule alternative, c’est le train local Anvers-Roosendaal.’’

    ‘‘Pourquoi ne pas construire nous-mêmes les trains dont nous avons besoin ? Avec Ford-Genk et ArcelorMittal sous propriété publique, ce ne serait pas un problème.’’

    A la mi-janvier, l’élaboration d’un plan d’action syndical a été annoncée. Où en est-on ?

    ‘‘Suite à une négociation prévue avec le ministre Magnette, la CGSP-Cheminots avait organisé une journée d’information le 10 janvier. Mais Magnette proposé avant cela sa réforme au conseil des ministres sans tenir compte de la position des syndicats. Pas moins de 300 cheminots ont participé à la journée d’information pour rejeter la proposition et pour appeler à l’action.’’

    ‘‘Au lieu de discuter de la manière de mener les actions, la direction nationale a finalement rejeté toute idée d’action en opposant simplement la ‘‘grève au finish’’ à la possibilité de poursuivre les négociations. Comme s’il n’y avait pas d’autres options ! Résultat : la proposition de Magnette sera négociée. Les syndicats veulent entre autres éliminer diverses incertitudes concernant le statut du personnel. L’absence d’opposition conséquente face aux propositions de Magnette ne va pas aider à gagner la confiance du personnel et des usagers…’’

    ‘‘Un grand groupe de militants préconise un plan d’action pour lutter pour une structure intégrée (ou unique). Les régionales (comme celle de Charleroi ou d’Anvers) ou les militants de la CGSP qui s’étaient réunis et avaient voté pour l’action peuvent prendre l’initiative de préparer des sessions d’information et des campagnes de sensibilisation pour les usagers. Cela peut augmenter la pression pour l’action et pour l’organisation d’un comité national de la CGSPCheminots afin de décider d’un plan d’action avec assemblées générales du personnel, tractage dans les gares, solidarité avec d’autres secteurs, grèves,…’’

  • Le scandale de la hausse des prix: leur avidité nous prend à la gorge!

    Pour peu qu’on aborde la question des salaires, les patrons et leurs alliés politiques hurlent au scandale du ‘‘handicap salarial’’ et exploitent bien vite les données des pays voisins. Mais – c’est marrant – si on parle de la hausse des prix, cette même logique ne vaut plus… Que les prix augmentent plus vite en Belgique que dans les pays voisins, ça, ça ne dérange pas le patronat.

    Par Nicolas Croes

    En janvier 2011, la facture annuelle d’une famille de 4 personnes se chauffant au gaz était de 1.463 euros à Bruxelles contre… 1.007 euros à Londres ! La Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) affirme ainsi, chiffres à l’appui, que le gaz est moins cher de 31 % à Londres, et de 7 % à Paris (et sensiblement plus cher à Amsterdam et Berlin, de 1 et 4%).

    Selon l’Observatoire des Prix, l’inflation totale en Belgique a été de 2,3% en 2010, contre 1,4 % en moyenne dans les pays voisins. Précision utile, la tendance à la hausse s’est accélérée vers la fin de l’année (l’inflation était de 3,4% en décembre), et se poursuit en 2011… L’indice des prix à la consommation (IPC) en janvier s’est élevé à 3,7% dans notre pays, contre 2,3% dans la zone euro. En 2009, les denrées alimentaires comme la viande, le fromage, le lait et les oeufs étaient 20% plus chères en Belgique que dans le reste de l’Europe. En cinq années, l’alimentation est devenue 16,8% plus chère dans notre pays ! A lui seul, le prix des pommes de terre a augmenté de 44%…

    Alors, c’est vrai, il y a des prix qui baissent. Les télévisions à écran plat par exemple. Mais chacun conviendra que ça cale fort peu le ventre et tient mal sur une tartine. Les produits alimentaires non transformés (fruits et légumes,…), par contre, ont augmenté de 3,5% en 2010 (contre 1,9% dans la zone euro).

    L’énergie coûte plus cher, les loyers coûtent plus chers, les terrains à bâtir coûtent plus chers, la nourriture coûte plus cher, les transports en commun coûtent plus chers, etc. Avec nos salaires et nos allocations, on peut faire beaucoup moins de choses aujourd’hui qu’avant.

    Le CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) a ainsi récemment mis en lumière que 44% des sondés d’une de ses enquêtes déclarent qu’ils mettent moins d’argent de côté qu’auparavant, une augmentation de 18 % par rapport à l’enquête réalisée début 2010. On constate aussi que plus d’économies sont faites par les ménages concernant l’argent pour les soins de santé. De plus en plus de familles n’arrivent plus à payer leurs factures. L’an dernier, 2.362 familles flamandes ont ainsi eu leur eau coupée, soit quatre fois plus qu’en 2009.

    Pourtant, la société regorge de richesses, mais ce n’est pas dans nos poches qu’il faut la chercher. Les grosses entreprises belges de l’indice boursier Bel 20 ont, ensemble, réalisé en 2010 un bénéfice de quelque 16,357 milliards d’euros soit… 33,1 % de profits en plus qu’en 2009 ! Voilà où passe notre argent, et voilà où il faut aller le rechercher ! Pression sur nos salaires, hausse des prix,… ça suffit ! Luttons pour de meilleurs salaires, pour notre pouvoir d’achat, et pour mettre fin à cette course folle aux profits qui nous conduit droit à l’abîme.

    • Pas touche à l’index ! Pour un index qui représente le coût réel de la vie !
    • Pour un salaire minimum net de 1.500 euros !
    • Abolition de la TVA sur les produits de première nécessité !
    • Pour de vrais revenus de remplacement, liaison des allocations au bien-être !
    • Pour un programme massif publiquement financé de construction de logements sociaux de qualité !
    • Abolition des Intérêts notionnels et des autres cadeaux néolibéraux aux patrons !
    • Pour un impôt sur les grandes fortunes !
    • Pour une répression sévère de la fraude fiscale !
    • Pour la semaine des 32 heures, avec embauches compensatoires et sans perte de salaire !
    • Pour la nationalisation des secteurs clés de l’économie comme les secteurs bancaire, énergétique, alimentaire,… Ceux-ci doivent être orientés en fonction des besoins, pas des profits.
    • Pour une société socialiste sous le contrôle démocratique des organes des travailleurs et de leurs familles !
  • Le trafic international de déchets tue

    COTE D’IVOIRE

    Six personnes décédées officiellement – mais officieusement il y en aurait 75 – et des milliers d’autres intoxiquées, tel est le résultat d’une pollution causée par le déversement de déchets extrêmement toxiques à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire.

    Marie Francart

    Dans la nuit du 19 au 20 août, un navire russe, le Probo Koala, battant pavillon panaméen (de complaisance évidemment) et affrété par une société immatriculée en Espagne, arrive au port d’Abidjan. Officiellement, sa cargaison est composée de 528 m3 d’eux usées contenant des hydrocarbures. En réalité, il s’agit de sulfure d’hydrogène, un produit très toxique et dangereux. Pourtant, à peine arrivés en terre africaine, ces produits sont transportés et ensuite déversés – en toute légalité – dans sept décharges d’Abidjan par une société locale.

    Quelques heures à peine après les déversements, une odeur nauséabonde d’œuf pourri se répand et les riverains sont victimes de violents malaises : maux de tête, diarrhées aigues, problèmes gastriques et difficultés respiratoires. Les centres hospitaliers se retrouvent rapidement débordés par l’afflux des malades et impuissants face au mal puisque, pendant longtemps, ils sont privés d’information quant à la nature exacte de la pollution.

    Qui sont les vrais responsables ?

    Les responsables en amont sont évidemment en premier lieu les patrons de la société multinationale Trafigura, qui a affrété le Probo Koala. Ils prétendent que les déchets sont des résidus issus du nettoyage de cuves de bateau. Pourtant, lorsque, quelques jours auparavant, alors que le navire était amarré en port d’Amsterdam, des tests avaient révélé la présence de produits toxiques inhabituels, qu’il aurait fallu stocker puis traiter à Rotterdam – ce qui allait coûter la somme de 285 000 dollars – la société a préféré « ignorer » le problème et envoyer le navire poursuivre sa route pour finalement aboutir à Abidjan où il a vidangé ses résidus. Actuellement, la société continue de réfuter toute responsabilité, arguant qu’Abidjan est un des ports les mieux équipés d’Afrique de l’Ouest. Or les responsables de Trafigura ne sont pas naïfs, le seul but de cet acte criminel était de s’épargner un maximum d’argent par rapport à ce que le traitement des résidus dans un pays européen leur aurait coûté.

    Mais les patrons de Trafigura ne sont pas les seuls à tremper dans cette eau sale. Les autorités ivoiriennes semblent elles aussi, mouillées jusqu’au cou dans cette affaire. D’ailleurs pas un seul Abidjanais ne doute que les ministres et responsables portuaires ont touché des pots-de-vin au passage, au mépris de la santé des habitants.

    En effet, le 16 août, alors que, le Ministre des Transports reçoit un courrier l’informant de l’arrivée de la cargaison et de la nécessité de traiter les résidus comme des « eaux chimiques », il donne l’autorisation pour le transport des produits dans des camions citernes pour des « eaux usées ». Le lendemain, les autorités ivoiriennes font savoir à la population qu’un traitement chimique sera effectué sur la ville pour désinsectiser (tuer les moustiques) et qu’il ne faudra pas s’inquiéter des mauvaises odeurs !!! Quelle hypocrisie ! Puis, dans la nuit du 19 au 20 août, les chauffeurs des camions-citernes commencent leur travail de transfert et de déversement, escortés par des agents de forces de sécurité. La suite, on la connaît …

    Mobilisation populaire et boucs émissaires

    L’ampleur du drame (le nombre de gens gravement malades) a amené la population à se mobiliser. Elle a commencé à organiser des séances d’information d’abord et des manifestations pacifiques ensuite, au nom du « droit à la vie ». La principale revendication de ces manifs est que les responsables soient publiquement désignés. Mais que peut-on attendre des représentants politiques dans un pays déchiré par la guerre civile depuis quatre ans et où les milices armées du pouvoir ont mis la population au pas ? Finalement, face à cette crise, le gouvernement de transition a démissionné. Mais alors à qui la population peut-elle s’adresser ?

    Il y a bien eu sept arrestations de responsables, deux dirigeants de Trafigura et des patrons d’entreprises travaillant sur le port d’Abidjan. Mais à part ces responsables-là, ce sont surtout les chauffeurs de camions qui ont transporté les produits toxiques qui sont stigmatisés et présentés comme les ennemis publics numéro un. A la télévision et à la radio, des avis de recherche, donnant les numéros d’immatriculation des camions passent d’ailleurs en boucle, invitant la population à venir témoigner à la police. Bien sûr, ces travailleurs ont fait un sale travail et se sentent coupables, mais comme le témoigne l’un d’eux : « On n’a pas pensé un instant que le produit n’était pas bon : tout s’est passé en plein jour, sous le contrôle des corps de police. Cela n’avait rien de clandestin. Si on avait su ce qu’on transportait, jamais on ne l’aurait fait. »

    L’affaire du Probo Koala n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque année, 4 ou 5 cas comparables de déversements (ou de tentatives de déversements) sont signalés. Selon les données collectées par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la quantité de déchets dangereux exportés est passée de 2 millions de tonnes en 1993 à 8,5 millions de tonnes en 2001. Le trafic illicite de déchets rapporte des milliards de dollars. Et ce n’est pas non plus pas un hasard si les déversements ont lieu surtout dans des pays d’Afrique et de l’ex-Union Soviétique – là où les règles de sécurité sont minimales et la corruption maximale – au mépris de la santé de la population. La mondialisation du commerce a produit la mondialisation du trafic des déchets et celle-ci non plus ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.

  • Schiphol. Des sans-papiers meurent dans un incendie, piégés comme « des rats dans une cage » !

    Le centre de détention et d’expulsion a failli au niveau des normes de sécurité.

    Elizabeth Bakker, CIO, Amsterdam

    Un pompier âgé et fatigué avait les larmes aux yeux, malgré les années d’expérience. Il secoua la tête en disant : « Quelque chose a terriblement mal tourné ce soir ». Un autre secouriste déclarait : « C’était vraiment terrible ; on a dû sortir tous les prisonniers morts de leur cellule. Ils n’ont pas eu la moindre chance. »

    Après ce terrible incendie au centre de détention de l’Aéroport International de Schiphol, près d’Amsterdam, 11 corps attendaient d’être transportés à la morgue pour identification. Bon nombre d’entre eux ont été transportés hors des bâtiments sur des civières improvisées, telles que des portes de bâtiments. Le feu, qui se déclara peu après minuit ce 27 octobre, a tué 11 personnes et en a blessé 15.

    Le centre de détention est en réalité un centre d’expulsion. Il a été construit pour incarcérer les contrebandiers de drogue (la plupart venant d’Amérique Latine) qui essayent d’introduire de la cocaïne en l’enfermant dans des capsules en plastique qu’ils avalent. Par la suite, il a été employé pour enfermer des immigrés « illégaux ».

    Le feu a fait rage pendant trois heures dans environ 12 cellules occupées. Cette prison se compose de préfabriqués. Environ 300 personnes étaient détenues dans ce centre. Une aile entière a été détruite, montrant clairement la mauvaise conception et prouvant que les pompiers ont été appelés trop tard : les cellules ne peuvent être ouvertes uniquement à la main et les couloirs sont très étroits.

    L’organisation européenne de protection des détenus, après avoir discuté avec quelques survivants , a conclu « qu’ils étaient pris comme des rats dans une cage ». Il y avait clairement un manque de personnel dans le bâtiment, et ceux qui travaillaient ne connaissaient pas la marche à suivre en cas d’incendie. Un des prisonniers interrogés a indiqué que les gardes ont sous-estimé l’incendie. Quand les prisonniers ont dit qu’ils sentaient de la fumée, les gardes ont refusé de les croire. Le syndicat du secteur public (ABVAKABO) a précisé que les détenus en cellule provisoire courent plus de risques que ceux qui sont dans des prisons « normales ». Il y a moins de gardes et leur formation est moins importante. Le porte-parole des syndicats, Dieter, a déclaré que trois gardes étaient responsables de 43 prisonniers.

    Lors des incendies précédents (il y en a eu deux dont un quand le bâtiment n’était pas encore utilisé), les organisations de secours avaient déjà pointé du doigt le fait que les bâtiments ne répondaient pas aux critères de sécurité. Quelques mesures ont été prises après cela, mais elles étaient clairement insuffisantes.

    Cette tragédie est une conséquence directe de la manière dont les petits contrebandiers de drogue (souvent désespérément pauvres) et les immigrés « illégaux » sont traités par les gouvernements partout en Europe. La politique de « les enfermer et les renvoyer chez eux » est responsable des conditions de détention du centre d’expulsion de Schiphol. Beaucoup de demandeurs d’asile meurent une fois retournés dans leur pays d’origine. Mais les gouvernements n’en ont que faire. Ce désastre a rendu visible à chacun le destin des immigrés. Beaucoup de Hollandais ouvrent les yeux sur la propagande raciste et anti-immigrés de la plupart des partis politiques et d’une partie des médias et du gouvernement. Pour dévoiler cela, la population hollandaise a manifesté courageusement contre les traitements infligés aux immigrés la nuit après le désastre de la prison de Schiphol.

    Les socialistes demandent une enquête indépendante par les syndicats et les organisations de défense des droits des sans-papiers pour cet incendie, mais que celle-ci puisse aussi se faire au niveau de la politique que mène le gouvernement.

    Les syndicats et la gauche doivent faire campagne contre les lois racistes concernant l’immigration et les conditions barbares dans lesquelles les immigrés et les demandeurs d’asile sont détenus. La lutte contre la politique du gouvernement hollandais doit continuer et s’intensifier, unifiant les travailleurs de tous les milieux. Un salaire, un logement, un travail décents ainsi qu’une sécurité sociale solide doivent être disponibles pour tous !

  • Le néo-libéralisme mis en cause. Union européenne: une claque magistrale!

    La victoire du NON au référendum sur la constitution européenne, le 29 mai dernier en France, est une claque magistrale infligée par les travailleurs et les jeunes aux institutions capitalistes de l’Union européenne. Le taux de participation élevé (70%), les 56% de NON à la constitution sont sans appel. L’Europe capitaliste est K.O. debout ! Chirac et la classe politique et médiatique peuvent aller se rhabiller : ils ont mal mesuré le ressentiment des classes défavorisées envers les institutions européennes. Depuis des années, celles-ci incarnent, pour une masse croissante de travailleurs et de jeunes, les privatisations, la casse des services publics, les coupes dans les budgets sociaux, la compétition forcée avec les pays à bas salaire,…

    Peter Delsing

    Le NON aux Pays-Bas (63%), le 1er juin, a été le clou du cercueil. En quelques semaines, une atmosphère de crise a gagné les bourgeoisies européennes. L’eu(ro)phorie est bien loin !

    Le NON comme expression des contradictions de classes

    En France et aux Pays-Bas, l’extrême droite et les nationalistes ont fait campagne pour le NON : le néo-fasciste Le Pen et le conservateur de droite De Villiers en France, le populiste de droite Geert Wilders aux Pays-Bas. Mais le NON était principalement l’expression d’un rejet de l’Europe capitaliste par les victimes de la crise. En France, les mobilisations de masse contre l’abolition de la semaine de 35 heures, contre la baisse du pouvoir d’achat et contre les privatisations ont pesé lourd dans le camp du NON. L’opposition à la Constitution est devenue une question sociale : la politique antisociale de Chirac et des autres gouvernements fait partie intégrante de la politique néo-libérale imposée par l’Union européenne. Dans les grandes villes ouvrières comme Marseille, Nice ou Lille, le NON l’a emporté haut la main. Dans les villes plus nanties, avec une forte concentration petite-bourgeoise, comme Paris, Lyon, Strasbourg, le OUI l’a emporté. Dans les quartiers populaires d’Amsterdam (Amsterdam-Nord : 73%, Volewijck et Buiksloterham ; tous deux 79%) le NON l’a emporté sans bavures.

    Il est révélateur que même les commentateurs bourgeois ont été contraints de reconnaître qu’on avait voté contre la politique ‘libérale’. Les résultats de ces référendums ont confirmé l’analyse du MAS: depuis des années nous avons répété qu’une révolte de masse allait se lever contre la politique antisociale actuelle. Les mobilisations de la jeunesse annonçaient une radicalisation plus large chez les travailleurs. Quand nous avons organisé en 2001, à Gand, avec Résistance internationale, une grève et une manifestation de 2.500 lycéens et d’étudiants contre le sommet européen, certains commentateurs ont jugé qu’il s’agissait de protestations "marginales". Ils ont eu tort.

    La crise capitaliste met à mal l’Union européenne

    Toute tentative d’organiser un second referendum en France et aux Pays-Bas a fait long feu ; Cela ôterait toute crédibilité aux institutions capitalistes européennes, avec le risque de provoquer des mobilisations de rue. Ce serait une stupidité pour la bourgeoisie. La Grande-Bretagne, la Pologne et la Tchéquie ont décidé de reporter leur référendum. La victoire du NON en France et aux Pays-Bas a radicalisé les travailleurs. Ceux qui expliquent que le NON est l’expression d’un nationalisme étroit, n’ont rien compris: c’est au contraire l’expression d’une prise de conscience sociale internationale.

    L’Europe ne peut être unifiée sur base de différents états-nations. Plus la crise économique s’approfondira, plus la pression au sein de chaque bourgeoisie pour trouver une issue individuelle pèsera. En Italie, pays officiellement en récession, la Ligue du Nord – pourtant au gouvernement – a préconisé l’abandon de l’euro et le retour à la lire! L’idée derrière cela est d’améliorer la position concurrentielle des exportations italiennes en dévaluant la lire. Ceci (évidemment) au détriment des autres états concurrents européens. Une crise économique profonde, et surtout le spectre de la lutte de classes qui pourra faire chuter des gouvernements, ne manquera pas de pousser à terme l’Union européenne hors jeu.

    Les failles dans la construction européenne capitaliste se multiplient : la constitution est mise au frigo pour longtemps ; l’élargissement de l’Union (à la Turquie, à de nouveaux pays de l’Est) est remise aux calendes grecques ; le sommet de Bruxelles (en juin) a capoté sur le budget européen. Il s’agit de la crise la plus grave de la tentative d’unification capitaliste européenne. Il n’existe plus de noyau "convaincu" de pays forts qui rallient derrière eux les pays indécis, comme dans la deuxième partie des années 90, à l’époque d’une conjoncture économique meilleure. Les intérêts capitalistes nationaux regagnent du terrain. C’est la conséquence de l’aggravation de la crise du capitalisme.

    Les dirigeants capitalistes n’ont rien appris: il est temps de les mettre dehors

    En France, le nouveau premier ministre De Villepin veut inverser le cours en annonçant… de nouvelles mesures d’austérité. Il veut, par exemple, faciliter les licenciements dans les PME ("pour qu’elles embauchent plus vite") et organiser la chasse aux chômeurs.

    Les syndicats doivent riposter à ces nouvelles attaques et défendre réellement les travailleurs. On ne pourra construire un rapport de forces qu’à travers la lutte. Le MAS veut participer à cette riposte. La création d’un nouveau parti des travailleurs à caractère de masse est un élément clé de cette riposte. Nous pensons que ces partis devront adopter un programme de transformation socialiste de l’Europe. Car seule une fédération des états socialistes d’Europe pourra mener une véritable politique sociale.

  • France et Pays-Bas.

    France et Pays-Bas

    En France et aux Pays-Bas, ils ont voté respectivement à 55 % et 61 % contre la Constitution Européenne. C’était surtout un vote d’opposition des travailleurs et des jeunes. Alors que tout l’establishment politique appelait à voter pour la Constitution.

    Qui a voté contre?

    66 % des français qui gagnent moins de 1.500 euros par mois ont voté contre. Parmi ceux qui gagnent plus de 3.000 euros, il y avait une majorité de votes pour.

    Dans 18 des 25 régions françaises, la différence est claire. Ce sont les régions où les travailleurs sont traditionnellement les plus forts : Nord, Haute Normandie, Languedoc-Roussillon et les départements du sud de la France. Dans le Pas-de-Calais il y a eu 69,5% contre. Dans les banlieues des grandes villes, le camp du « Non » a récolté plus de 70%.

    Le camp du « Non » récolte en outre une majorité parmi les travailleurs à temps partiel, surtout chez les jeunes. Les 18-29 ans ont voté contre à 62 %. Ce n’est pas une coïncidence. Avec la réforme de l’enseignement, il est devenu clair que la « marchandisation » signifie: moins de moyens et prévu surtout pour un enseignement élitaire. Cela va conduire à adapter l’enseignement aux besoins du monde des entreprises, également par l’introduction des accords de Bologne pour l’enseignement supérieur. C’est notament pour ces raisons-là qu’il y a eu des grandes manifestations et grèves lycéennes en France ces derniers mois.

    79 % des travailleurs manuels, 71 % des chômeurs, 64 % des salariés du secteur public et 56 % de ceux du secteur privé ont voté contre en France. C’est donc clairement un vote des travailleurs (et aussi des agriculteurs).

    On constate un phénomène similaire aux Pays-Bas. Il y a de grandes différences à Amsterdam. Dans les parties les plus riches  le résultat est de 50-50. Dans le centre il y a 52 % pour et en périphérie même de 56 à 64 %. Dans les quartiers les plus pauvres il y a un vote pour le Non sans appel: 73% dans le Nord et 71% dans les Sud-Ouest. Dans les quartiers populaires de Volewijk et Buiksloterham il y a eu 79% de Non. 68% des néerlandais qui ont des bas revenus ont voté contre.

    Celui qui prétend qu’il n’y a plus d’opposition de classes, ou qu’elles ne ressortent plus, va avoir du mal pour expliquer la composition des votes pour le Non.

    Les médias essayent de faire passer le résultat des deux référendums comme une victoire de l’extrême-droite. Néanmoins la victoire du vote d’opposition n’est pas une victoire pour le FN de Jean-Marie Lepen en France ou de Geert Wilders aux Pays-Bas. Malgré qu’il soit omniprésent dans les média, Wilders recule en arrière-plan dans les sondage d’opinion aux Pays-Bas. Dans les sondages français, portant sur les raisons pour lesquelles les gens ont voté contre l’UE, il semble que le thème de l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’UE a joué un rôle limité. 18 % des gens qui ont voté « Non » disent que cela les a influencé. Selon les sondages, début 2005, il y avait encore 65 % de soutien pour la constitution en France. En février, ce pourcentage a commencé à diminuer après une série de mobilisations et de grèves contre les plans d’austérité visant la suppression des 35 heures.

    La discussion sur la constitution atteignait un autre niveaux lorsque la CGT ( la deuxième plus grande fédération syndicale) a décidé -contre la volonté des dirigeants nationaux- d’appeler à voter « Non ». L’opposition à la constitution devenait alors un thème social, s’intégrant dans la lutte contre la politique néo-libérale, cristallisée sous la forme des mobilisations contre le gouvernement Raffarin (500.000 participants pour la défense des 35 heures le 5 février et plus d’un million le 10 mars). La confiance dans la politique traditionnelle et dans le patronat a atteint son point le plus bas. Moins de 21 % des travailleurs ont confiance dans leurs patrons. La popularité du président Chirac est tombée à 40 %, le chiffre le plus bas en 8 ans. En même temps, le plus grand parti d’opposition, le PS, connait une crise qui divise ses rangs entre le « camp du OUI » et le « camp du NON ».

    Aux Pays-Bas, la popularité de la coalition gouvernementale CDA (chrétiens-démocrates), VVD (libéraux) et D66 (libéraux de « gauche ») est tombée à 19 %. De plus, le pays connaît une crise économique incessante et fait partie des trois pays qui ont la plus rapide croissance de chômage dans l’UE. Le parti d’opposition PVDA (social-démocrate) et Groen-Links (vert-gauche) ont appelé à voté pour la constitution européenne. Les partisans pouvaient par conséquent compter sur le soutien de 85 % des parlementaires, ce qui est le même pourcentage de parlementaires que ceux qui en Belgique ont approuvé la constitution au parlement fédéral.

    Fin 2004, les travailleurs hollandais avaient déjà montré qu’ils n’acceptent pas sans lutte les énormes mesure austérités du gouvernement Balkenende. Le 2 octobre, 300.000 personnes ont défilé dans les rues pour protester contre la politique du gouvernement. C’était la plus grande manifestation aux Pays-Bas depuis 15 ans. Le camp du « Non » néerlandais s’est trouvé renforcé par le « Non » français. La forte augmentation du nombre de votes pour le « Non » après le résultat en France était une expression de la solidarité internationale. Après le « Non » français et néerlandais, il y a d’ailleurs une tendance similaire au G-D du Luxembourg où le camp du « Non » dans les sondages est en augmentation de 23 % à 45 % (au 9 juin). Les campagnes autour de la Constitution Européenne ont comme conséquences un renforcement de la solidarité entre les travailleurs et les jeunes des différents pays et leur résistance contre le projet européen des grandes entreprises et des riches.

  • Pays-Bas: “La coupe est pleine!”

    Aux Pays Bas, après des années de silence imposées par des négociations entre les partis politiques, les patrons et la direction syndicale, le célèbre modèle Polder, utilisé par la bourgeoisie pour maintenir la paix sociale au détriment des conditions de vie des salariés, a été définitivement enterré.

    Jan Van Emous

    Depuis le début des années 80, une modération salariale constante est prônée pour améliorer la compétitivité face aux pays voisins. Aux Pays Bas, les coûts salariaux seraient trop élevés. L’année dernière, le gouvernement Balkenende 2 mettait brutalement fin à ce modèle Polder.

    L’économie néerlandaise a souffert lourdement des récessions précédentes. La réponse du gouvernement a depuis prit la forme d’une attaque massive des acquis sociaux pour un montant historique de 17 milliards d’euros. L’indignation grandissante a mené en 2003 à une manifestation de 25.000 personnes à Amsterdam menée par le groupement de la gauche hollandaise "Renverser le courant". La direction syndicale n’avait cependant pas l’intention d’organiser la résistance puisque, pendant l’automne, elle négociait avec le gouvernement un ajournement de 2 milliards de réduction des dépenses en échange d’une nouvelle modération salariale globale. Pour 2004 et 2005, on n’a concédé aucune marge salariale en dépit des aspirations de la majorité des militants syndicaux.

    Offensive contre les acquis sociaux

    Depuis, le gouvernement a tiré la conclusion qu’il devait renforcer la pression. Au printemps 2004 et dans le budget 2005, on a encore proposé des économies pour 2 à 2,5 milliards d’euros. La situation se détériore sur tous les terrains sociaux: l’enseignement, les soins de santé, les allocations et les pensions font tous l’objet de mesures d’austérité. Les conditions de travail sont aussi dans le collimateur. L’allongement du temps de travail la semaine de 60 heures et la journée de 12 heures est à l’ordre du jour. On décourage fiscalement les prépensions pour les plus de 60 ans. On abolit les dispositions des conventions collectives qui limitent la concurrence salariale au sein d’un secteur.

    Ce printemps a vu la mise sur pied de la plate forme d’action "La coupe est pleine" à l’initiative de militants syndicaux du port de Rotterdam. Ce groupement, auquel participe aussi notre organisation soeur Offensief, a reçu beaucoup d’écho dans l’ensemble du pays. Ce succès pousse maintenant la direction syndicale à soutenir les actions contre le gouvernement afin de garder un pied dans le mouvement. Le gouvernement a clairement choisit d’entrer en confrontation avec le mouvement ouvrier organisé. Il espère sans doute que les syndicats soient incapables d’organiser une résistance digne de ce nom.

    Le premier jour de grève a drainé 60.000 manifestants dans les rues de Rotterdam: 3 fois plus que prévu. A Amsterdam, un jour de grève est organisé et une manifestation nationale est prévue pour le 2 octobre.

    Il faut la grève générale!

    La résistance peut facilement amener des centaines de milliers de personnes dans la rue car le gouvernement Balkenende ne recueille plus la confiance que de 20% des électeurs. Il reviendra aux militants de mettre en avant les bonnes tactiques et les bons slogans pour stopper les mesures d’économie.

    Offensief utilise le slogan: "Dehors le gouvernement!" avec comme sous titre: "Il faut la grève générale! Pas de compromis pourri avec le gouvernement. Le MAS/LSP enverra une délégation à la manifestation nationale du 2 octobre à Amsterdam.

  • Luttes sociales à nouveau à l’ordre du jour

    Le 2 octobre se sont déroulés deux manifestations de masse des travailleurs l’une à Berlin et l’autre à Amsterdam. Des centaines de milliers de travailleurs vont défiler pour s’opposer aux attaques contre leur niveau de vie. Les gouvernements sont déterminés à répondre aux exigences patronales, à pratiquer des coupes budgétaires dans les dépenses sociales, à raboter les salaires, à faire payer la crise aux travailleurs.

    Els Deschoemacker

    En Allemagne comme aux Pays-Bas ce sont les programmes d’austérité les plus sévères depuis la seconde Guerre mondiale. Et ce n’est qu’un début. Les patrons profitent de la crise pour mettre encore plus le couteau sous la gorge des travailleurs. A Volkswagen les salaires on été gelés pour deux ans sous peine de supprimer 30.000 postes de travail. Chez Opel il est aussi question de revenir aux 40 heures sans hausse de salaire.

    Tout cela ne passe pas comme une lettre à la poste. En Allemagne, chaque lundi soir, des manifestations de masse se déroulent dans de nombreuses villes contre les mesures Hartz IV destinées à radier en masse les chômeurs. Le gouvernement Schröder veut contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition. C’est surtout dans l’ex-Allemagne de l’Est que les manifestants sont nombreux car le retour au capitalisme y a provoqué à une extension galopante du chômage et de la pauvreté.

    Les mouvements de grèves se développent aux Pays-Bas. Une grève régionale a eu lieu à Rotterdam à l’initiative de «De Maat is vol!» (La coupe est pleine!), un mouvement d’opposition des dockers contre la passivité de la direction syndicale.

    Un des plus grands ports du monde a été à l’arrêt, ainsi que les services publics et quelques entreprises privées. Les syndicats attendaient 20.000 participants à la manifestation, il y en a eu 60.000. Aujourd’hui tout le monde se prépare à une deuxième grève régionale, cette fois à Amsterdam. Vu le succès de la précédente et la combativité des travailleurs, on s’attend à une amplification de la grève. Ce mouvement met aujourd’hui en avant la revendication d’une grève générale!

    Pour le patronat et le gouvernement belges: «Etant donné qu’en Allemagne et aux Pays-Bas les gouvernants ont pris de solides mesures d’austérité la Belgique devra suivre pour maintenir “notre” position concurrentielle par rapport aux pays voisins». Mais évidemment le patronat et le gouvernement belges voudraient imiter les programmes d’austérité des pays voisins sans importer les mobilisations sociales. La FEB a mis au point une note stratégique habile où les provocations sont évitées: modération salariale au lieu de blocage des salaires, allongement du temps de travail au lieu de 40 heures hebdomadaires, suppression de la réglementation sur les pensions anticipées au lieu de suppression des prépensions. La FEB a clairement tiré les leçons du SP.a et du PS. L’austérité doit être faite, mais ne doit pas être perçue comme une attaque.

  • Constitution européenne : Un pas de plus pour l’Europe libérale

    L’élaboration de la constitution européenne fonctionne comme un parfait miroir de focalisation des différentes tendances de la politique européenne des capitalistes et de leurs représentants.

    Geneviève Favre

    Tout d’abord l’opposition sur la structure des institutions de l’Union européenne entre les puissances dominantes comme La France et l’Allemagne et les petits pays comme la Pologne ou l’Espagne montre bien le fossé qu’il y a entre la volonté d’unifier les forces européennes et la réalité des divergences d’intérêts économiques et politiques. En effet alors que Chirac et Schröder souhaitent un axe franco-allemand dominant, les petits pays dont ceux qui vont rejoindre l’Union en mai 2004, refusent plusieurs aspects de la nouvelle constitution européenne (comme la restriction du nombre de commissaires à 15 à partir de 2009, ou l’obligation d’opter pour la politique commune de défense plutôt que pour l’Otan.)

    Cependant si concurrences et rivalités existent entre les capitalistes, il y a un terrain d’accord immuable : le renforcement de la casse des services publics, le développement du travail précaire et la facilitation des licenciements. Ainsi la partie de la constitution reprenant notamment les traités de Maastricht et d’Amsterdam, armes européennes contre les acquis des travailleurs, a été adoptée sans débat ni aucune difficulté. De plus une constitution ne vise traditionnellement qu’à définir les structures des institutions et non pas les politiques menées. Cette inclusion dans la constitution elle-même de traités définissant les politiques libérales européennes montre bien que les instances dirigeantes veulent une Europe clairement antisociale. A ceci s’ajoute l’indépendance accentuée de la BCE (Banque centrale européenne) et son alignement sur le libéralisme. Et même si nous n’avons aucune illusion à l’égard du parlement européen, qui est comme les autres institutions de la démocratie bourgeoise au service des classes dirigeantes, on ne peut que remarquer son maintien à une fonction législative très limitée, au profit d’un pouvoir accru du Conseil européen, notamment sur les questions de politiques économiques et sociales.

    L’objectif des capitalistes est clair : renforcer l’arsenal de lois anti-ouvrières dans toute l’Europe et arguer de l’Union européenne pour justifier dans chaque pays les mesures libérales de casse des acquis sociaux et des services publics. Aussi, les divergences actuelles au sein de la majorité en France ne tiennent qu’à une question de forme : comment va-t-on exploiter et museler la classe ouvrière, par des lois nationales ou par des lois européennes ?

    Ce n’est pas un hasard non plus de voir la droite du PS s’accorder avec la position des pro-européens de droite, en voyant dans le projet des " avancées significatives ". Hubert Védrine perçoit en effet ce texte comme " raisonnable " et " le meilleur résultat possible ". Tout au plus des dirigeants du PS désirent amender le texte sans changer les fondamentaux de la politique libérale. Le vieil argument du " C’est mieux que rien " est évidemment mis en exergue, notamment par les Verts. Certaines tensions néanmoins se font sentir à l’intérieur de l’ex gauche plurielle, certains militants prônant, comme le PC, un refus.

    Mais le " non "à cette constitution ne doit pas se faire sur des bases nationalistes (ouvriers et patrons ne partagent aucun intérêt commun , l’union sacrée pour la défense de la souveraineté n’a donc pas lieu d’être) mais sur la nécessité de construire une mouvement européen de défense des intérêts des travailleurs.

    Plus que jamais le sort des travailleurs est lié non pas aux manœuvres et ressorts des capitalistes sur cette question de la constitution mais avant tout dans leurs capacités à construire une réaction générale et massive à l’exploitation capitaliste, dans leurs capacités à mettre en avant une alternative socialiste de renversement du système actuel.

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