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Tag: Afghanistan
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“La paix soit avec vous ma sœur”, ou le récit d’un terroriste occidental
Le livre de Chris De Stoop «Elles sont si gentilles monsieur» concernant la traite des être humains était bouleversant. Son dernier livre, «La paix soit avec vous ma sœur» (Vrede zij met u zuster, non encore traduit), l’est tout autant. Le récit raconte le road trip de Muriel Degauque, une jeune fille du Hainaut qui part pour Fallujah, en Irak, afin de commettre un attentat suicide.
Muriel a grandi dans la détresse du Hainaut et, après quelques pérégrinations, elle trouve «l’islam» comme alternative, et se donne entièrement à cette religion, ou du moins à l’interprétation spécifique qu’elle lui a donnée. Dans le petit cercle des islamistes radicaux de Saint-Josse (à Bruxelles), après les attentats du 11 septembre 2001 et les guerres en Afghanistan et en Irak, elle est touchée par cette radicalisation. Le livre de Chris De Stoop donne parle aussi de jeunes bruxellois qui partent vers la Syrie afin d’aller lutter en Iraq. Ils arrivent dans le réseau d’Aboe Mazen, surtout intéressé par une femme. Alors qu’en Syrie les hommes doivent attendre un mort de martyre, leurs amis en Belgique doivent leur verser de l’argent et aller au chômage pour la plupart. Ici, toutes les personnes d’origine étrangère sont mises dans le même sac par les autorités. De Stoop ne fait que constater, il laisse au lecteur d’être choqué par l’abus, par le racisme sous-jacent ou par les deux.
Muriel et son homme, Issam, prennent leur voiture, une Mercedes blanche, et partent vers l’Irak. Ils traversent l’Italie, prennent le bateau vers la Turquie et se dirigent ensuite vers la Syrie. De là, ils partent vers l’Irak. Ils espèrent y mourir et pouvoir ensuite atteindre le paradis. Muriel meurt finalement, dans un attentat suicide avec la Mercedes dont elle est l’unique victime.
Ce livre est peu politique mais avec ce récit d’une terroriste belge, il donne une meilleure image d’un petit groupe qui se radicalise et est totalement séparé d’une société qui n’a pas pu lui offrir d’avenir. La traduction de ce livre en français devrait arriver sous peu.
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Au Kazakhstan, la résistance contre le régime dictatorial grandit
Début septembre, Tanja Niemeier s’est rendue au Kazakhstan avec l’eurodéputé Joe Higgins, en tant qu’attachée parlementaire de la fraction européenne de GUE/NGL (Gauche Unitaire Européenne). Ce pays est pour le moment président de l’Organisation pour la Sécurité et la Collaboration en Europe (OSCE), mais est lui-même caractérisé par la répression et le pillage des matières premières. Nous en avons discuté avec Tanja.
Peux-tu brièvement nous expliquer la situation politique et économique du Kazakhstan?
Tanja: “Le Kazakhstan est une ancienne république soviétique devenue indépendante à la chute du stalinisme. Potentiellement, c’est un pays riche avec de grandes réserves de richesses naturelles (le pays dispose de la onzième réserve de pétrole et de gaz au monde).
“Cette énorme richesse ne profite pas à la population. Un travailleur dans le secteur du pétrole gagne en général moins de 200 dollars par mois. Toute l’industrie a été vendue aux grandes multinationales qui pillent le pays. Les seuls à grignoter quelques parts du gâteau sont les oligarques et les bureaucrates qui ont vendu l’industrie.
“Le président Nazarbayev est issu de la bureaucratie stalinienne de la période Gorbatchev. A la chute de l’Union Soviétique, il est devenu président de l’Etat indépendant de Kazakhstan au lieu de président du Soviet Suprême. En 1991, il a remporté les élections présidentielles avec 91,5% des votes, sans adversaire. Il a depuis ‘‘gagné’’ chaque élection et est au pouvoir depuis plus de 20 ans.
“Ces dernières années, l’influence de la Chine voisine et de la Turquie ont augmenté, mais cela n’a entraîné aucune amélioration du niveau de vie de la population. Les entreprises chinoises appellent de plus en plus leurs propres travailleurs, ce qui favorise l’exacerbation des tensions ethniques. Le chômage et le sous-emploi augmentent rapidement en conséquence de la crise économique mondiale.”
En tant que président de l’OSCE, le Kazakhstan doit surveiller l’observation de la démocratie dans le reste de l’Europe. Mais il semble quand même bien que le régime a des côtés dictatoriaux….
Tanja: “Toute opposition est activement réprimée. Ainsi, lors de notre visite, un militant des droits de l’homme a été arrêté pour nous avoir parlé. Le régime ne voulait pas qu’il puisse témoigner des violations des droits de l’homme dans les prisons du Kazakhstan.
“Dans ces prisons, tout le monde est soumis à un régime brutal de violence et de torture dans des prisons surpeuplées, le vol d’un GSM pouvant envoyer quelqu’un en prison pour trois ans. Un ancien prisonnier nous a raconté qu’il avait été frappé pour avoir refusé de lécher le crachat d’un gardien. En août, des protestations ont eu lieu dans les prisons de la région de Karaganda, certains prisonniers ont été jusqu’à s’ouvrir les veines ou le ventre en signe de protestation.
“Officiellement, le Kazakhstan est une démocratie, mais la pratique est toute autre. Le droit de protester existe, mais une autorisation n’est en général accordée que pour protester à des dizaines de kilomètres, en rase campagne. Il peut officiellement exister un parti d’opposition contre le parti présidentiel, mais il faut réunir 40.000 signatures (avec numéros de cartes d’identité) et il y a un seuil électoral de 7%, que les plus grands partis d’opposition n’obtiennent pas ‘‘par coïncidence’’.
“Le Parlement a proposé en juin d’interdire toute forme de critique contre le président et sa famille, à vie et même après la mort de Nazarbayev. Sa famille a aussi reçu une immunité totale et ne peut donc pas être poursuivie en justice.
“La réaction de l’Occident peut se résumer ainsi : ‘entendre, voir et se taire’. Le Kazakhstan est devenu président de l’OSCE sans aucune critique de la part des 56 Etats membres. L’accès aux réserves pétrolières et gazières ainsi que le rôle du pays comme poste d’approvisionnement des troupes d’occupation en Afghanistan sont les choses les plus importantes pour l’Europe et les Etats-Unis.’’
Comment réagit le mouvement ouvrier?
Tanja: “Malgré la répression et le manque d’une tradition de syndicats indépendants, la résistance grandit. Nous avons récemment vu éclater une vingtaine de mouvements de grèves plus larges. Pendant une grève des ouvriers pétroliers à Zhanaozen, au début de l’année, les travailleurs ont revendiqué la renationalisation de leur entreprise sous contrôle ouvrier. On assiste donc à une radicalisation malgré la répression.
“Ce n’est pas seulement sur le lieu de travail qu’on est passé à l’action, la résistance bouillonne dans les quartiers aussi. Beaucoup de simples travailleurs sont au bord de la faillite. Ils ont été stimulés pour faire des prêts ou prendre des hypothèques, qu’ils ne savent plus rembourser aujourd’hui. Quand les banques ont des problèmes, le gouvernement offre des garanties mais quand ce sont de simples travailleurs, ils ne reçoivent qu’une féroce répression contre leurs protestations.
“De cette croissance de la résistance est né le mouvement ‘‘Kazakhstan 2012’’, dans lequel les membres de “Résistance Socialiste”, l’organisation-sœur du PSL, jouent un rôle important. ‘‘Kazakhstan 2012’’ essaye de lier les différentes résistances et de promouvoir l’idée de syndicats indépendants. Ils sont à l’avant plan de l’organisation des travailleurs et des pauvres contre le régime, ce qui leur attire pas mal de violence et de répression. La solidarité internationale sera une part importante de la lutte pour le socialisme au Kazakhstan. »
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INTERVIEW : Cindy Sheehan à propos du capitalisme, d’Obama et de la nécessité d’un nouveau parti.
Cindy Sheehan a commencé à faire parler d’elle en 2005, en organisant un camp de protestation aux abords du ranch de Georges Bush. Elle voulait tout simplement lui demander pourquoi il avait envoyé son fils mourir en Irak. Elle s’est présentée aux élections du Congrès en tant que candidate indépendante face à Nancy Pelosy (une des figures de proue du parti démocrate) en 2008, a tout de même obtenu 16% des voix et a devancé le candidat républicain.
Soacialist Alternative (CIO-USA)
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Des fuites confirment que les Etats-Unis s’enfoncent de plus en plus dans le bourbier
Le site web WikiLeaks a publié plus de 90.000 documents concernant la guerre en Afghanistan. Ils révèlent que les talibans sont plus que jamais depuis le début de la guerre en 2001. Les Etats-Unis ont cherché à cacher les preuves de cette puissance croissante.
Les USA cachent aussi leurs propres horreurs. Des centaines de personnes ont perdu la vie dans des ‘‘incidents’’, c’est-à-dire qu’on leur a tiré dessus sans raison. Les documents parlent d’au moins 195 morts parmi les civils, mais le nombre réel est sans doute bien plus grand. Les documents parlent notamment d’une fusillade de soldats polonais contre un village en 2007, lors d’un mariage. Parmi les morts se trouvait une femme enceinte.
Au moins 180 documents abordent les problèmes rencontrés avec les services secrets pakistanais (ISI). L’ISI a été impliqué dans l’entrainement des terroristes kamikazes, dans l’introduction d’argent en contrebande, dans l’organisation d’attentats,… Ce soutien est utilisé par le régime pakistanais pour renforcer sa position parmi la population pathane.
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Pour Cindy Sheehan, le capitalisme est à la source de la plupart des problèmes actuels et la seule alternative à ce système se nomme ‘socialisme’. Un nombre sans cesse croissant d’Américains remettent en cause le capitalisme, et cette tendance est encore renforcée par le fait que nous subissons actuellement la pire crise économique depuis 1929. Il n’est dès lors pas étonnant d’apprendre que 37% des américains pensent que le socialisme est le meilleur système économique possible.
Au cours de cette interview, Cindy parle, entre autres, de l’urgent besoin de rompre avec le parti démocrate et de construire un nouveau parti qui représenterait des millions de travailleurs et qui pourrait s’opposer aux banques, aux institutions financières et aux assurances, mais aussi de l’absolue nécessité pour les forces de gauche de présenter des candidats indépendants aux élections de 2010 et de poser la question de l’alternative la plus forte et la plus sérieuse possible pour les présidentielles de 2012.
Quelles sont vos opinions sur les politiques intérieures et étrangères d’ Obama? A-t-il tenu sa promesse de mettre fin à la politique du ‘Grand Capital’ de l’ère Bush?
«L’Irak n’avait plus ni cohésion ni logique quand Obama est entré en fonction en 2009. Les alentours avaient été ‘nettoyés ethniquement’ avec 1 million de morts et à peu près 5 millions de personnes contraintes quitter leurs villages, pour se rendre dans une autre région d’Irak ou même dans un pays voisin. Pendant la campagne électorale, Obama avait promis à maintes reprises que la première chose qu’il ferait en tant que président serait de programmer le retrait des troupes d’Irak, sur base d’un calendrier avec des dates concrètes. Il est au pouvoir depuis 16 mois et on n’a toujours rien vu venir. De plus, il avait également promis le retrait total des troupes de combat endéans les 16 mois.
Concernant l’Afghanistan, 2009 a été la pire année en termes de morts, tant civils qu’américains. Obama a triplé le nombre de soldats par rapport à l’époque de Bush et a demandé deux rallonges budgétaires d’urgence (l’une d’entre elles doit encore être approuvée), ça aussi, il avait promis de ne pas le faire. Et là, on ne parle même pas du fait qu’il a triplé le nombre de drones d’attaque dans le nord du Pakistan.
Ce sombre constat vaut aussi pour sa politique intérieure. Dans son équipe économique figurent de nombreux membres de l’élite néolibérale tels que Timothy Geithner (ancien vice-président du Comité fédéral pour le marché libre et ancien directeur de la politique du développement du Fond Monétaire International, NDT), Robert Rubin (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, NDT) ou encore l’effrayant Larry Summers (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, notamment connu pour avoir déclaré «Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable.», NDT). Les institutions financières continuent à être renflouées et le chômage est toujours de 9,9% (chiffre officiel, la réalité est plus importante). Et la ‘réforme des soins de santé’ n’est rien d’autre qu’un cadeau aux compagnies privées.
Un des principaux arguments de ceux qui font l’apologie du parti démocrate est qu’il faut élire les démocrates pour ne pas que la Cour Suprême penche trop à droite. Mais les deux premières personnes qu’Obama a nommées sont connues pour leurs positions de droite.
Quelle a été votre expérience personnelle avec les dirigeants du parti démocrate quand vous êtes devenue une des figures du mouvement anti-guerre en 2005 ? Comment ont-ils répondu à votre demande de stopper la guerre après qu’ils aient pris le contrôle du Congrès en 2006 ?
J’ai rencontré des dizaines de sénateurs démocrates (Clinton, Kerry, Reid, Levin,..) et des députés (Pelosi,…), ils m’ont tous dis: "Cindy si tu nous aide à avoir la majorité au Congrès, on t’aidera à mettre fin à la guerre."
Après le mois d’août 2005, alors que le sentiment anti-guerre et anti-Bush n’avait jamais été aussi haut, les démocrates ont utilisé cette atmosphère pour récupérer de courtes majorités dans les 2 Chambres. Qu’ont-ils fait avec ces majorités? Ils ont financé les guerres, fait en sorte que le syndicat du crime de Bush n’ait pas à se justifier, voté l’acte de modernisation de la FISA et le renflouements des "banksters" et bien d’autres choses.
Après que la première rallonge budgétaire destinée à la guerre ait été votée en 2007 (avec des associations comme Moveon.org – une organisation citoyenne liée au parti démocrate – militant en faveur) j’ai quitté le parti démocrate pour de bon. La guerre continue et, maintenant, les démocrates sont au pouvoir tant à l’exécutif qu’au législatif.
Au cours de ces dernières années, l’opposition à la guerre en Afghanistan s’est intensifiée et une majorité d’Américains sont toujours opposés à la guerre en Irak. Pourtant, le mouvement anti-guerre est en crise et les protestations (meetings, manifestations ou autres) sont de tailles très réduites. D’après vous, que se passe-t-il?
En 2008, pour le 5e anniversaire de la guerre en Afghanistan, des organisations anti-guerre ont déclaré qu’une large manifestation à Washington "embarrasserait" les démocrates qui se battaient alors pour la présidence et pour une plus large majorité au congrès. En fait, le mouvement institutionnel anti-guerre, que j’appelle le mouvement pacifiste industriel, est aussi lié au parti démocrate que les syndicats traditionnels.
Presque tout les dirigeants du mouvement anti-guerre (mais pas moi) ont soutenu Obama et ont fait campagne pour lui. Maintenant, ces organisations commencent à comprendre qu’il n’est finalement peut-être pas meilleur que Bush. Mais je vous garantis qu’en 2012, ils le soutiendront à nouveau.
Vous avez participé à une élection contre l’actuelle présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi et vous avez battu le candidat républicain et obtenu le score de 16% des suffrages. Pouvez-vous nous parler de votre expérience en tant que candidate anti-guerre indépendante ?
La réponse à cette question pourrait constituer un livre, mais on peut tirer quelques leçons principales: le système fédéral est conçu de telle façon qu’il ne peut pas être battu à son propre jeu. Les lois en vigueur rendent pratiquement impossible pour un troisième parti (ou un candidat indépendant) de se que se présenter au scrutin.
Un candidat ne peut être payé par la campagne et, à moins qu’il ne soit un candidat "officiel", celui-ci ne peut avoir d’autre travail. Je me suis donc présentée et ai mené campagne 10 mois avec un très petit revenu. Mon unique carte de crédit a surchauffé…
Je pensais que me présenter contre Nacy Pelosi serait un bon moyen de faire connaitre les limites et la corruption qui règne dans le système du "bipartisme", mais les médias m’ont totalement passée sous silence.
Pensez vous qu’il est temps de construire un parti indépendant des républicains et des démocrates ? Comptez-vous vous présenter en 2012 et ainsi proposer une alternative de gauche en faveur des travailleurs ?
Je pensais déjà qu’il en était grand temps il y a un moment. Actuellement, il y a une réelle atmosphère anti-establishment, malheureusement récupérée par la droite.
Oui, j’ai monté une équipe de professionnels pour la campagne et nous allons commencer très bientôt.
Que pensez-vous du Parti Vert?
J’aime le programme du parti mais il semble (et beaucoup de membre de ce parti sont d’accord avec moi) que ce parti ait été infiltré par des démocrates qui veulent le discréditer ou le faire virer à droite.
Vous avez publié deux éditions de votre livre "Les 20 plus gros mythes de la classe des voleurs et les arguments pour la révolution". Pourquoi dites-vous que nous avons besoin d’une révolution?
Parce que je pense que le système ne peut être réformé. La classe des capitalistes (que j’appelle la classe des voleurs) a acquis un contrôle très profond sur chaque aspect de notre société, et les USA ont le plus grand écart de revenu entre riches et pauvres de tout les pays capitalistes industrialisés. Ma révolution est une révolution des travailleurs (la classe volée) qui démarre de la base pour reprendre le pouvoir et redistribuer équitablement les richesses et ressources.
Vous avez popularisé l’idée de la nationalisation des banques pendant votre campagne de 2008. Quelles réactions avez vous eues concrètement, dans la rue, quand vous propagiez cette idées ? Etes-vous pour la nationalisation d’autres secteurs de l’économie ?
Je pense que les richesses d’une région ou d’une nation appartiennent à la population. Je pense que l’industrie devrait être sous le contrôle démocratique des travailleurs.
Je pense aussi que les gens "ordinaires" ont le instinctivement le sentiment que c’est la seule façon de faire. Enormément de personnes ont perdu leur boulot, leur maison et toute la sécurité qu’ils avaient et ils observent les riches devenirs toujours plus riches, alors que les pauvres deviennent sans cesse plus pauvres. Je pense que le plus gros avantage d’une campagne présidentielle clairement socialiste est qu’on peut vraiment expliquer aux gens que ce n’est pas eux le problème. Le problème, c’est le capitalisme, pas le capitalisme de "copinage" ou l’"avarice" capitaliste. Le copinage et l’avarice sont inhérents au capitalisme. Le seul et unique objectif de ce système est le profit.
Donc vous pensez que le capitalisme est la source des problèmes de la société. Mais Quelle est l’alternative ? Le socialisme démocratique ?
Oui c’est l’alternative.
Vous avez commencé à lire "Ma vie" de Léon Trotsky, un des dirigeants de la Révolution russe de 1917 et adversaire acharné de la dictature stalinienne qui a usurpé le pouvoir. Que pensez-vous de lui ?
J’ai seulement lu la première partie du livre. Selon moi, Trotsky est un auteur engageant et motivant, bénéficiant à l’évidence d’un intellect hors du commun. J’ai hâte d’arriver à la partie où il aborde les luttes politiques.
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Manifeste avec Etudiants de Gauche Actifs – Secondaire, le 29 septembre à Bruxelles – Contre L’EUROPE DES BANQUES & DES MULTINATIONALES
La Belgique accueille la présidence de l’Union Européenne pour 6 mois. Partout en Europe, les gouvernements ont distribué l’argent public pour sauver les énormes profits des banques.
Tract des Etudiants de Gauche Actifs
L’UE et le FMI (Fonds Monétaire International) essayent de forcer les Grecs à accepter une diminution très forte de leur niveau de vie pour les profits d’une petite poignée. Cela illustre que l’UE ne roule que pour les grandes entreprises et leurs actionnaires. Aujourd’hui c’est aux travailleurs et aux jeunes de payer la crise du capitalisme. Le chômage et la pauvreté s’accroissent et touchent plus fortement les jeunes.
En Belgique, les 20 milliards d’€ d’aides aux banques (qui représentent plus que le budget de l’enseignement secondaire et supérieur) impliquent une diminution des moyens pour l’enseignement – alors qu’il n’y a pas assez de place dans les écoles et que celle-ci sont surpeuplées -, pour les soins de santé, pour les pensionnés… une diminution énorme du niveau de vie alors que le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi large qu’actuellement.
En Grèce, en France, au Portugal, en Espagne… les protestations se généralisent. Ce 29 septembre aura lieu une journée d’action européenne à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats. Les jeunes sont appelés à prendre la tête de la grande manifestation européenne de 100.000 personnes qui aura lieu à Bruxelles. Cette journée d’action doit constituer le point de départ d’une résistance unifiée des jeunes et des travailleurs à l’échelle européenne.
Mobilise autour de toi (tes amis, ta famille, tes camarades de classe, etc.) pour prendre part à cette manifestation avec les Etudiants de Gauche Actifs – Secondaire. Non à cette Europe des banques et des multinationales !
Contre l’Europe de la guerre à Gand !
EGA et les organisations de paix organisent une manifestation à Gand contre le ministre ‘Crembo’ et le sommet européen des ministres de la guerre ! Le Ministre de la Défense belge, Pieter De Crem, a renforcé la présence belge en Afghanistan alors que la situation de la population afghane ne cesse d’empirer à cause de la guerre. On nous parle de défense de la démocratie et de la liberté, mais cette guerre ne défend que les intérêts des capitalistes. Assurer la domination économique et politique de la région est la seule chose qui compte, et tant pis pour la vie de civils innocents.
Jeudi 23 septembre, à 19h, au Zuid à Gand
Action environnement contre Luminus à Liège !
EGA organise une action contre le fournisseur d’électricité Luminus qui construit des nouvelles centrales thermiques ultra-polluantes. Le nouvel exemple du désastre causé par BP dans le Golfe du Mexique montre que la course aux profits entraîne pollution et dérèglements climatiques.
Mercredi 15 septembre, à 13h30, devant le siège de Luminus, n°37 Boulevard d’Avroy à Liège
Contre la Millionaire Fair à Anvers !
EGA organise une action des jeunes pour l’emploi contre la Millionaire Fair. On n’est pas tous logé à la même enseigne : le 25 septembre, à Anvers, les millionnaires pourront fêter une année d’énormes profits tout en sabrant le champagne au Palais des Expositions dans un luxe décadent, alors que les effets de leur crise frappent les jeunes de plein fouet.
Samedi 25 septembre, à 14h, Palais des Expositions d’Anvers
Marches des Jeunes pour l’Emploi à Bruxelles et Charleroi !
Le chômage et la précarité augmentent fortement chez les jeunes. On est jeté à la porte des entreprises comme de vulgaires kleenex, afin de préserver les rémunérations d’actionnaires à l’avidité illimitée qui ne se soucient pas qu’on ait une vie et un avenir. C’est pourquoi EGA, avec les Jeunes FGTB, les JOC (Jeunesses Ouvrières Chrétiennes) et d’autres partenaires organise des marches des jeunes pour l’emploi locales à Bruxelles et à Charleroi.
Jeudi 14 octobre, à 18h, Place Anneessens à Bruxelles – Jeudi 28 octobre, à 18h à Charleroi
Pourquoi rejoindre EGA ?
L’avenir que nous réserve le capitalisme est fait de guerres, de misère, d’exploitation et de désastres écologiques. De bonnes conditions de vie dans un environnement sain, un emploi décent, un enseignement gratuit et de qualité… sont autant d’aspirations qui se heurtent violemment aux limites de ce système basé sur la course aux profits d’une petite élite.
Ce n’est pas une fatalité. Pour changer cela, nous devons agir et nous organiser politiquement. Les Etudiants de Gauche Actifs luttent quotidiennement parmi la jeunesse pour en finir avec ce système et pour construire une société harmonieuse où la production est démocratiquement organisée afin de satisfaire les besoins de tous, une société socialiste. Rejoins-nous !
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Capitalisme en crise : socialisme ou barbarie ! (1)
Chaque jour, le capitalisme démontre l’ampleur de sa faillite : extrême pauvreté, guerres, famine, destruction de l’environnement,… Nous refusons ce constat, nous opposons résolument au capitalisme et luttons pour une société socialiste démocratique. Dans ce cadre, notre réflexion et nos actions sont basées sur le marxisme. Ce dossier vous présente nos critiques contre le capitalisme ainsi qu’un petit aperçu de ce qu’est notre vision du socialisme. Ce texte est largement basé sur le livre «Le socialisme au 21e siècle» de notre camarade britannique Hannah Sell.
Qu’est-ce que le capitalisme?
En 300 ans d’existence, le capitalisme a changé la face du monde à coups de voies ferrées, de lignes électriques, d’avions, d’ordinateurs,… Au cours du dernier siècle seulement, l’économie mondiale est devenue 17 fois plus grande !
Cependant, malgré les capacités technologiques actuelles, malgré tout le potentiel aujourd’hui présent, 1,2 milliard de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable, 841 millions de personnes sont sous-alimentées et jusqu’à 28 millions d’Africains sont infectés par le virus du SIDA. Alors que le capitalisme consacre des milliards d’euros au bombardement d’une population pauvre comme celle d’Afghanistan, au même moment, ce système n’a aucune solution pour la pauvreté, la faim ou les maladies. En fait, le capitalisme est même une menace pour l’avenir de la planète. L’avidité conduit à une production aveugle qui ne tient aucun compte de l’homme ou de l’environnement.
Les forces productives ont amplement été développées, mais elles ne sont pas systématiquement utilisées. Seul compte le profit à court terme. De leur côté, les gouvernements et les politiciens traditionnels sont au service des intérêts du capital et c’est à cet objectif que l’appareil d’Etat ou le pouvoir judiciaire est utilisé. Le capitalisme est soi-disant un ‘‘marché libre’’ et une ‘‘démocratie’’ mais quelle participation démocratique avons-nous concernant la manière de produire ? Des milliards de personnes à travers le monde n’ont que la liberté d’être exploités ou de connaître la misère et la guerre.
Qu’est-ce que le socialisme ?
Une société socialiste assimilerait l’énorme potentiel des talents de chacun et de la technologie pour édifier une société et une économie au service des besoins de tous. Cela ne signifie pas que tous les problèmes seraient immédiatement résolus, loin de là, mais la suppression du profit marquerait le début de la construction d’une nouvelle société, ce qui n’est possible qu’à l’échelle internationale.
Les marxistes sont en faveur d’une économie démocratiquement planifiée, une économie où les grandes entreprises qui dominent aujourd’hui plus de 80% de l’économie seraient mises sous le contrôle démocratique de la collectivité, ce que nous appelons le contrôle ouvrier. Cela ne signifie toutefois pas que tous les petits commerces, les boulangeries, les boucheries,… seraient nationalisés.
Un régime socialiste nous permettrait d’avoir bien plus à dire que sous la ‘‘démocratie’’ parlementaire capitaliste, qui ne nous accorde que des élections fort médiatisées après quelques années, tout ça pour élire des représentants qui ne défendent pas nos intérêts et qui ne doivent en rien se justifier auprès de leurs électeurs. Pour les marxistes, tout le monde doit pouvoir participer au processus de prise de décision quant à la manière dont sont gérées l’économie et la société.
Les élus devraient toujours avoir à se justifier et être révocables, à tous niveaux, par leurs électeurs. De plus, les représentants ne toucheraient que le salaire moyen d’un travailleur, afin de garder un lien concret avec le quotidien de la majorité de la population. Un parlementaire marxiste (comme notre camarade irlandais Joe Higgins au Parlement Européen) ne gagnerait ainsi que l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.
Les marxistes luttent pour la démocratie des travailleurs, ce qui implique que toute la collectivité travaillerait ensemble à la planification de la production. A tous les niveaux, sur les lieux de travail et dans les quartiers, des comités de représentants seraient organisés, sur les plans régionaux et nationaux, sous le contrôle d’assemblées générales de base. Chacun aurait ainsi la possibilité de réellement participer aux décisions et à la gestion de la société.
Le capitalisme a développé plusieurs outils pour nous faciliter cette tâche, comme l’enseignement, qui fournit un niveau supérieur d’éducation, ou encore les nouvelles technologies, qui rendent la communication beaucoup plus facile et potentiellement bien plus accessible. La planification de l’économie n’est pas une utopie, les grandes entreprises et les multinationales fonctionnent d’ailleurs sur base d’une planification de leurs activités à grande échelle. Mais porter cela au niveau de la société signifie de s’attaquer à leur propriété.
Le socialisme va bien au-delà du simple partage des richesses. Il s’agit également de décider de ce qui est produit et de quelle manière. Nous voulons immédiatement en finir avec le gaspillage consacré à des industries comme celle de la publicité. Nous voulons répartir le travail disponible au lieu de demander à une couche de travailleurs de travailler plus dur et plus longtemps alors qu’une autre couche (y compris beaucoup de jeunes) est au chômage.
Mais aujourd’hui, dans le cadre d’une société où le profit est sacré et où l’humanité souffre sous ses diktats, il n’est pas possible de donner une vue complète de ce que sera une société socialiste. Nous ne pouvons que donner un léger aperçu en mettant en lumière les conditions qui permettront au potentiel existant d’être utilisé dans l’intérêt de la majorité de la population.
Le socialisme n’aboutira-t-il pas à une dictature bureaucratique comme en Russie ?
Les monstrueuses dictatures bureaucratiques et sanglantes de Russie, de Chine, d’Europe de l’Est et d’ailleurs étaient une négation totale du véritable socialisme démocratique. Mais il est fondamental que les marxistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons qui ont conduit à sa dégénérescence bureaucratique. En fait, ce processus trouve ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.
La Révolution russe de 1917 a constitué la première fois où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à instaurer une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde ait jamais connu: ouvriers et paysans dirigeaient la société démocratiquement par l’intermédiaire de conseils ouvriers (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et celui d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.
Les dirigeants bolcheviks Lénine et Trotsky, ont toujours expliqué qu’il était impossible d’instaurer le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pouvait parvenir à survivre qu’en s’étendant aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.
Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes reconnu que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale et que le capitalisme était mondialement menacé. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile du côté des capitalistes et des propriétaires terriens russes afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. 21 pays ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Japon,… ) Pour que les bolcheviks arrivent à remporter la guerre civile (1918-1921), la vague de révolutions qui a déferlé sur toute l’Europe et dans le monde a été décisive. La Révolution russe et l’appel des bolcheviks aux travailleurs du monde entier au soulèvement contre la Première Guerre Mondiale avait mis le feu aux poudres. Les soulèvements révolutionnaires en Allemagne et à travers l’Europe ont entraîné la fin de la guerre et ont forcé les classes dirigeantes à retirer leurs troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.
Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Au lieu de cela, les partis ouvriers de masse en Europe ont été dominés par les dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste. Ainsi, alors que l’Union Soviétique a vaincu la contre-révolution, la jeune république Soviétique est restée isolée. La première guerre mondiale puis la guerre civile avaient laissé le pays dans une situation désastreuse, les masses épuisées, au chômage et affamées. Tout cela a constitué la base pour l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique conservatrice. La bureaucratie, groupée autour de Staline, a concentré le pouvoir dans ses mains dans les années ’20 et ’30 et a démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir.
Les nombreuses révolutions qui, plus tard, ont pris place dans le monde néocolonial et en Europe ont malheureusement regardé la Russie comme le modèle à suivre, et le gouvernement bureaucratique soviétique a pu exporter son modèle stalinien vers la Chine, l’Europe de l’Est, et ailleurs.
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Kirghizistan : après le soulèvement révolutionnaire d’avril, l’explosion du conflit ethnique
En avril dernier, le soulèvement des masses avait fait tomber en 24 heures le pouvoir du président Bakiyev. Mis au pouvoir en 2005 suite à un précédent soulèvement populaire contre la politique néolibérale du précédent gouvernement, Bakiyev n’avait jamais lutté contre la pauvreté et la corruption. Au contraire, sous son « règne » de corruption et d’autoritarisme, la pauvreté n’avait fait que s’accroître, les privatisations aux profits de l’élite du Kirghizistan et des capitalistes des pays impérialistes ainsi que les mesures impopulaires s’étaient multipliées. La dernière en date : le doublement du prix de l’électricité.
Par Yann Venier, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Aujourd’hui, Bakiyev est remplacé par un gouvernement provisoire qui a promis la mise en place d’une politique radicale. Mais pour l’instant, la seule mesure réalisée est la réduction du prix de l’électricité, du gaz et de l’eau. Alors que le soulèvement d’avril réclamait la nationalisation des secteurs clés de l’économie, le gouvernement provisoire n’a nationalisé que deux banques aux mains du clan Bakiyev.
Le soulèvement d’avril dernier avait donc suscité beaucoup d’espoir. Mais il aura suffit de deux mois pour que le gouvernement provisoire engendre tout autant de déception, d’autant que la crise s’approfondit de jour en jour : le blocus imposé à la fois par l’Ouzbékistan et le Kazakhstan a entraîné une diminution de 15% du BIP depuis avril. Refusant de s’attaquer frontalement aux intérêts des capitalistes au Kirghizistan, le gouvernement provisoire est incapable de répondre à la situation des travailleurs et paysans de ce pays.
C’est dans ce contexte que se sont développés en juin les pogromes kirghiz contre les populations ouzbeks du sud du pays (dans la région d’Osh et de Jilalabad), région où les soutiens à Bakiyev sont encore forts et où les travailleurs kirghizs expulsés de Russie depuis le début de la crise économique mondiale vivent le chômage et la misère. Ce lumpenprolétariat a grossi la masse des nervis s’en prenant aux Ouzbeks. D’autant que ces derniers quant à eux, exclus durant cinq ans des quelques avantages octroyés aux régions du sud par le pouvoir ont eu tendance à soutenir le renversement de Bakiyev.
A ce jour, officiellement, il y aurait environ170 victimes (les ONG comme la Croix-Rouge parlent de plusieurs centaines de morts), des centaines de blessés et 700.000 Ouzbeks, réfugiés en Ouzbékistan avant que ce pays ne ferment ses frontières, des milliers de commerces, voitures, maisons appartenant à des Ouzbeks incendiés… Face à cela, le gouvernement provisoire a décrété la mobilisation de tous les hommes de moins de cinquante ans et ordonné à la police et à l’armée de tirer pour tuer afin de « rétablir l’ordre ». Cependant, les témoignages sur des policiers ou des militaires participants aux pogromes sont nombreux.
Il est clair que les forces du président déchu Bakiyev, sont à l’origine de ces pogromes afin de déstabiliser le pays et chercher ainsi à reprendre la main. Mais les bureaucrates et les hommes d’affaires du clan Bakiyev, dont les intérêts sont menacés par le renversement du pouvoir ne sont pas seuls ; les barons de la drogue – Osh est la plaque tournante du trafic de drogue d’Asie central à destination de l’Europe – se sont alliés aux soutiens de Bakiyev afin de protéger leurs intérêts qu’ils estiment menacés par le nouveau régime.
Le gouvernement provisoire, dépassé par les évènements, a fait appel aux forces armées de Russie, qui ne manqueront pas de s’installer durablement dans la région et de protéger les intérêts des capitalistes russes et donc la stabilité capitaliste du pays, contre le peuple et par la force s’il le faut. De plus cette intervention est pas du goût ni des Chinois, qui possèdent une frontière avec le Kirghizistan, ni par les forces armées internationales qui occupent militairement l’Afghanistan.
Le gouvernement provisoire a donc refusé de se reposer sur la classe ouvrière et paysanne du pays pour régler la situation. Pourtant des exemples de fraternisation entre Kirghizes et Ouzbeks se sont multipliés durant les pogromes : Kirghizes défendant les Ouzbeks ou défendant ensemble leurs biens contre les émeutiers, etc. Le Comité pour une Internationale ouvrière, au contraire, appelle les travailleurs, les pauvres et les paysans du Kirghizistan, qu’ils soient Kirghizes ou Ouzbeks, à construire leur propre organisation indépendante des capitalistes, avec un véritable programme révolutionnaire et socialiste, et à construire ensemble dès maintenant une force commune de défense face à tous ceux qui commettent ces pogromes où qui les fomentent.
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Venezuela / Colombie : Chavez rompt les relations diplomatiques avec la Colombie
Pour la solidarité internationale et la lutte pour le socialisme!
Le 22 juillet, le président Chavez a annoncé qu’il rompait tout lien diplomatique avec la Colombie. Cette décision a été prise après que le gouvernement colombien ait encore une fois dénoncé à l’OEA (l’organisation des Etats américains) la présence de la guérilla des FARC sur le territoire vénézuélien. Pour le gouvernement colombien, le gouvernement vénézuélien soutient et protège l’ELN et les FARC, qu’il qualifie de terroristes.
Socialismo Revolucionario (CIO-Venezuela)
Avant la période présente de tensions, le Venezuela et la Colombie ont partagé une longue histoire commune dans leur développement en tant que nations indépendantes. Jusqu’en 1830, les deux pays formaient une seule nation, “la Gran Colombia”, un projet d’unité continentale encouragé par Simon Bolivar. Mais après la mort du “Liberator” Bolivar, tant dans le territoire vénézuélien que dans le colombien, les classes dirigeantes ont développé des mouvements séparatistes ce qui a abouti à la fin de “la Gran Colombia” et à la formation des ces deux Etats qui existent toujours aujourd’hui. Le 20e siècle a vu des incidents variés apparaître entre les deux pays voisins, jusqu’à atteindre connaître des situations proches de la guerre, comme avec le conflit de “Caldas” en 1987, quand un bateau colombien a été coulé dans les eaux vénézuéliennes, ce qui avait aggravé la dispute concernant la frontière entre les deux pays au Golfe du Venezuela.
Au cours de ces dernières 100 années, la grande majorité des conflits politiques entre Venezuela et Colombie ont été motivés par des questions territoriales, et largement “gagnées” par la Colombie. Mais c’est depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir et la déclaration de la révolution bolivarienne en 1998 que nous avons vu se développer une période de tensions plus aigües.
Depuis le début de la révolution bolivarienne il y a 11 ans, il y a eu divers incidents au scenario plus ou moins semblable: le gouvernement colombien accuse le Venezuela de soutenir les guérillas qu’il qualifie de terroristes, et le gouvernement vénézuélien répond en disant que l’administration colombienne est d’ultra droite et est un laquais de l’impérialisme.
Au cours de ces dernières années, le gouvernement vénézuélien a aussi déclaré à la communauté internationale qu’il reconnaissait les guérillas colombiennes des FARC et de l’ELN comme des forces belligérantes et non comme des terroristes. Il argumente en disant que les guérillas colombiennes sont des combattants de la liberté armés, luttant contre une classe dirigeante qui attaque les intérêts du peuple. Cela a constitué l’une des déclarations de Chavez les plus sujettes à controverse et une des raisons principales qui explique pourquoi la classe dirigeante colombienne, dirigée par l’ancien président Alvaro Uribe et avec le soutien des USA, ont augmenté leurs attaques diplomatiques contre la révolution bolivarienne.
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Certains pourraient conclure que le conflit actuel entre la Colombie et le Venezuela est un conflit entre la gauche et la droite au niveau régional et international. Nous pouvons dire que cela est vrai en surface, mais des conclusions plus précises peuvent être tirées d’une analyse plus profonde.
Colombie: nouveau président, même agenda
La Colombie est en train d’opérer une transition “démocratique”, le gouvernement dirigé par le président Alvaro Uribe quittant le pouvoir après 8 ans. Mais Uribe avait tenté, en vain, de se représenter aux élections présidentielles avec un referendum constitutionnel permettant une réélection indéfinie, une belle hypocrisie quand on se souvient des critiques qu’avait reçues le gouvernement vénézuélien pour une même tentative! Juan Manuel Santos, le nouveau président colombien, partage les mêmes racines politiques qu’Uribe, et était son bras droit au Ministère de la Défense lors du précédent gouvernement, où il figurait parmi les plus intransigeants face au Venezuela.
Uribe laisse derrière lui des scandales politiques, la crise sociale du para-militarisme et une région déstabilisée, conséquence de l’accord conclu avec les USA leur permettant d’installer 7 bases militaires dans le pays. Cela est vu par les Vénézuéliens comme une menace contre la révolution bolivarienne tout autant que comme une menace envers la stabilité du continent.
La révolution bolivarienne en crise
Au Venezuela, la situation est maintenant très fortement différente, tant sur le plan social que politique et économique. 11 ans après la révolution bolivarienne, le gouvernement n’a toujours pas développé d’économie alternative ni rompu avec le système capitaliste. L’économie du pays continue à être faible et dépendante du pétrole. Les 5 années de croissance économique du Venezuela étaient basées sur des hauts prix pétroliers ainsi que, par extension, sur la spéculation concernant les matières premières, ce qui a eu un rôle significatif dans le développement de la crise capitaliste actuelle. Une récession a suivi, qui a remis à l’agenda plusieurs problèmes qui semblaient être résolu au Venezuela grâce aux programmes sociaux financé par les revenus pétroliers.
Selon les rapports économiques internationaux, dans la région, seules les économies du Venezuela et de Haïti, récemment touchée par un terrible tremblement de terre, restent en déclin. Cela a troublé les eaux du processus bolivarien et ouvert la voie pour une offensive de l’aile droite, dans le cadre des élections parlementaires du 26 septembre prochain où elle pourrait augmenter son nombre de sièges.
Au même moment, même les politiques gouvernementales comme la création de structures similaires à des conseils communaux, le renforcement de l’intervention de l’Etat dans l’économie et d’autres politiques sociales qui avaient été abandonnées au cours de la précédente période de néolibéralisme, avant l’arrivée de la révolution bolivarienne, ont démontré leur insuffisance et les structures étatiques continuent à être de plus en plus touchées par l’inefficience bureaucratique et la corruption. Cela a été illustré dans le cas récent de la PDVAL, une entreprise alimentaire gouvernementale créée par la PDVSA (une compagnie pétrolière gouvernementale). En conséquence de corruption et d’incompétence, des tonnes de nourritures ont été perdues, ce après quoi énormément de gens ont commencé à considérer le gouvernement de Chavez comme étant opaque et manquant de transparence.
Voilà le contexte du conflit actuel. Il s’agit bien du résultat d’une politique de menaces et d’intimidation contre la révolution bolivarienne mais, cependant, derrière la rhétorique diplomatique, le facteur le plus concret de cette situation est la construction de bases pour l’impérialisme américain en Colombie, qui n’a pas provoqué de réponse aussi forte du gouvernement vénézuélien. Les relations entre les deux pays se sont détériorées jusqu’à un point où le commerce entre les deux pays a chuté de 60%.
Une intervention impérialiste ?
Un des éléments clés de ce conflit est représenté par la tentative de l’élite politique dirigeante des deux pays de créer un conflit qui ne sert les intérêts d’aucune population de la région, mais qui a l’avantage de détourner leur attention de la situation qui se développe au Venezuela et en Colombie.
Rien ne peut être certifié concernant une future action de l’impérialisme, mais pour l’instant, avec des Etats-Unis submergés par une crise économique et politique de grande ampleur, militairement embourbés dans les occupations de l’Irak et de l’Afghanistan, en crise ouverte avec le régime iranien, une intervention militaire directe des USA au Venezuela semble hautement improbable. Une telle intervention provoquerait une vague de solidarité internationale qui renforcerait les éléments anti-impérialistes et réveillerait le volcan de la révolution des Andes qui avait menacé d’explosé en 2002-2006, quand différents gouvernements de “gauche” avaient été élus dans la région. Cela referait apparaître la menace du début d’une véritable révolution socialiste, de la libération continentale et internationale et de la lutte pour une fédération socialiste d’Amérique Latine.
Nous n’espérons pas voir se concrétiser la menace de l’impérialisme. Mais dans nos perspectives, actuellement, la plus grande menace pour le processus bolivarien est interne. Les tendances réformistes et “sociales-démocrates” conspirent ouvertement pour prévenir tout développement orienté vers la révolution socialiste. Leur rhétorique, qui se confine à la “libération nationale”, considère le socialisme comme une tâche lointaine alors qu’il s’agit d’une nécessité urgente. Ce type de contradictions a maintenant conduit à une situation où la droite et les contre-révolutionnaires, après des années de défaite, après avoir été proches de l’extinction, sont maintenant plus vivants que jamais, avec une réelle possibilité de revenir au pouvoir au Venezuela.
Nos revendications :
- Non à la guerre !
- Les bases militaires US : hors de Colombie !
- Non à l’intervention impérialiste !
- La véritable guerre n’est pas entre les peuples, mais contre le système capitaliste !
- Travailleurs, paysans, indigènes, étudiants et communautés populaires de Colombie et du Venezuela : unité and lutte pour le socialisme démocratique et révolutionnaire !
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92.000 raisons supplémentaires d’être contre la guerre en Afghanistan
Des fuites confirment que les USA s’enlisent toujours plus profondément dans le bourbier afghan
Les États-Unis ont réagi avec colère face à la fuite de plus de 90.000 documents portants sur la guerre en Afghanistan, documents publiés sur le site Wikileaks. Mais cette réaction n’a porté que sur le fait de divulguer ces documents, rien n’a été dit sur le contenu de ceux-ci… Le portrait de la guerre en Afghanistan qui y est dressé n’est pas des plus roses pour les États-Unis et leurs alliés : les talibans sont de plus en plus forts, l’allié pakistanais est peu fiable et les USA perdent du terrain. Cela n’est pas nouveau en soi mais, indirectement, ces éléments sont dorénavant officiellement confirmés.
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23 septembre: manifestation anti-guerre à Gand
Le 23 septembre se déroulera à Gand une manifestation contre le sommet européen des ministres de la Défense. Cette manifestation anti-guerre partira à 19h de ‘Gent Zuid’. Le week-end précédent cette manif, les Etudiants de Gauche Actifs iront manifester à Aalter, la commune d’où provient l’actuel ministre belge de la guerre, Pieter De Crem, dit ‘Crembo’, le départ est fixé au samedi 18 septembre, à 15h à la gare d’Aalter.
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Les 92.000 documents divulgués portent sur une période allant de 2004 à janvier 2010. Ils montrent que les talibans sont en général plus forts qu’initialement attendu, et plus forts que jamais depuis le début de la guerre en 2001. En outre, les États-Unis disposent d’indications claires que des fractions des services secrets pakistanais (ISI) participent activement au soutien des Talibans, alors que le Pakistan est officiellement allié des USA et reçoit d’ailleurs une grosse aide financière dans ce cadre. Les documents font aussi le récit de différents problèmes rencontrés par l’armée d’occupation. Toute cette publication mine fortement la rhétorique du président Obama concernant l’augmentation du nombre de troupes en Afghanistan en vue de parvenir plus rapidement à une résolution du conflit. Au vu de ces documents, les affirmations et promesses de retrait des troupes semblent invraisemblables. L’Afghanistan est un bourbier pour les puissances étrangères d’occupation, aucune solution facile n’existe. Cela ne concerne pas que l’occupant américain, mais aussi ses partenaires, dont les troupes belges.
Les documents indiquent clairement que les troupes d’occupation font tout leur possible pour minimiser les forces des talibans, minimiser l’armement à leur disposition et minimiser leurs campagnes. Selon la nouvelle stratégie d’occupation, les occupants eux-mêmes devraient gagner le cœur de la population locale, mais le nombre d’attaques avec des drones (de petits avions sans pilote qui lâchent des bombes actionnées à distance) s’est intensifié, non seulement au Pakistan mais aussi en Afghanistan.
De telles attaques à l’aveuglette, ainsi que d’autres – comme les fusillades de motards non armés – ont fait des centaines de morts. Les documents parlent d’au moins 195 morts parmi les civils, mais le nombre réel est probablement beaucoup plus grand. Il est notamment question d’une fusillade commise par des soldats polonais en 2007 sur un village alors qu’un mariage y était célébré. Parmi les victimes se trouvait notamment une femme enceinte.
Au moins 180 documents traitent des problèmes rencontrés avec les services secrets pakistanais (ISI). L’ISI a été impliquée dans la formation de terroristes kamikazes, dans la contrebande de l’argent, dans l’organisation d’attentats (dont l’un, en 2008, visait à tuer le président Karzai!) et même dans l’intoxication de la bière pour les troupes occidentales. La véracité de certaines réclamations est douteuse, mais l’implication de l’ISI dans le soutien aux Talibans n’est pas à remettre en question.
Apparemment, l’ISI est suffisamment prudente et tente d’éviter toute preuve tangible. Cet élément rend plus difficile de distinguer faits et rumeurs, mais les indications du soutien pakistanais pour les Talibans sont assez forts. Si les Talibans sont forts, c’est utile pour le Pakistan afin de limiter l’influence des populations non-Pachtounes en Afghanistan (et surtout des alliés Indiens de certains seigneurs de guerre d’autres groupes ethniques). Les Pakistanais peuvent aussi utiliser leur soutien aux Talibans afin de renforcer leur position parmi la population pachtoune au Pakistan, principalement dans la NWFP (la province frontière dans le nord-ouest). Cette population n’a jamais accepté la frontière officielle entre le Pakistan et l’Afghanistan, une frontière résultant des interférences impérialistes.
Obama ne se sent pas responsable, les documents se rapportant principalement à la période précédent son arrivée au pouvoir. Quel argument original… Il est bien vrai qu’Obama n’a été au pouvoir qu’au cours d’une seule des six années couvertes par les documents divulgués. Mais il faut immédiatement préciser qu’Obama continue la politique de son prédécesseur et va même encore plus loin en augmentant les forces d’occupation. Un autre argument des autorités américaines contre cette fuite de documents est la question de la sécurité des troupes américaines en Afghanistan ainsi que les risques encourus par “la sécurité nationale”. Mais ces risques ne sont-ils pas principalement renforcés précisément par ces opérations guerrières en Afghanistan ?
Ces documents décrivent à quel point la situation des forces d’occupation est pénible. Pour Obama et les autres responsables de l’occupation, la publication de ces documents sur internet arrive à un moment bien ennuyeux, alors qu’ils tentent d’augmenter le nombre de troupes et de vendre cela à la population en affirmant que la guerre est un succès et qu’elle peut progressivement conduire à une forme de soutien pour un régime locale et démocrate. Cette illusion est maintenant balayée. Après presque neuf années de guerre et d’occupation, les Talibans sont plus forts et les occupants sont de plus en plus enfoncés dans le bourbier afghan. L’envoi de troupes supplémentaires ne va conduire qu’à l’accélération de ce processus.