Your cart is currently empty!
Tag: 7 octobre 2015
-
Construire sur le succès du 7 octobre: lutter pour gagner!
Environ 100.000 militants syndicaux manifestaient ce 7 octobre 2015 à Bruxelles, un an après la formation du gouvernement antisocial de droite Michel I. Cette mobilisation fut un énorme succès et, pour beaucoup, un succès inattendu : le nombre de participants dépassait largement les attentes. Le succès de cette manifestation a démontré le potentiel dont peut disposer un nouveau plan d’action avec pour objectif la chute du gouvernement et la fin de la politique d’austérité.
Par Tim (Bruxelles), article issu du mensuel Lutte Socialiste
La force de notre nombre
Ils ne l’admettront jamais, mais on peut être certains que le succès de la manifestation du 7 octobre a pesé sur les discussions gouvernementales concernant le budget 2016. La classe ouvrière belge a montré qu’elle reste une force dont il faut tenir compte, même ce gouvernement patronal pourtant expérimenté en matière de provocations ne peut le nier. La manifestation a démontré non seulement que les attaques que le gouvernement a menées cette dernière année ne sont toujours pas acceptées par la population, mais aussi que beaucoup sont prêts à résister de façon toujours plus active face à celles-ci.
Une manifestation nationale a comme objectif de montrer le potentiel d’une telle lutte. Une manifestation réussie comme celle du 7 octobre donne un nouvel élan aux militants dans leurs capacités à mener cette lutte. L’atmosphère lors de la manifestation était dynamique et agréable, avec une bonne présence des trois syndicats, et tant de néerlandophones que de francophones. C’est un signal important envoyé à ceux qui ont essayé de créer des divisions entre militants des différents syndicats ou des différentes régions : la volonté de lutter est générale, par-delà les frontières syndicales et linguistiques.
Alors que la manifestation du 6 novembre 2014 était l’expression du fait que le public syndical traditionnel n’était pas seul à descendre dans la rue en opposition au gouvernement, la leçon la plus importante de la manifestation du 7 octobre 2015 fut que le nombre de nouveaux et souvent jeunes militants qui jouent un rôle actif dans la lutte de classe a augmenté. Ces nouveaux militants, qui ont joué un rôle crucial dans le succès du plan d’action de l’année passée, sont restés actifs et forment la nouvelle avant-garde dans la lutte contre ce gouvernement et sa politique d’austérité.
Il nous faut des mots d’ordre clairs !
Mais une telle avant-garde a besoin de mots d’ordre clairs, d’un plan d’action et d’un programme politique qui peut nous permettre de gagner la lutte. A cette fin, elle regarde en premier lieu vers la direction syndicale, mais celle-ci n’a pas l’intention d’offrir de tels éléments. Même dans les luttes d’un seul secteur, comme à la SNCB, la direction syndicale refuse de prendre ses responsabilités : au lieu de réagir aux agressions de la direction de la SNCB et d’Infrabel, elle se laisse diviser et n’offre aucune perspective pour la lutte au sein des entreprises. De cette manière, chaque lutte au niveau d’une entreprise, d’un secteur ou même nationale est condamnée à échouer. Ceci permet au gouvernement et au patronat de se réorganiser et de frapper encore plus fort.
La lutte fin 2014 nous a appris qu’un plan d’action crescendo est la clé vers un mouvement de lutte réussi. Les actions régionales maintenant annoncées sont un premier pas dans la bonne direction, mais davantage d’engagement et de planification est nécessaire afin d’en faire un véritable succès. Pourquoi pas, à l’occasion de ces journées, organiser de nouvelles réunions de militants régionaux ? Pourquoi ne pas déjà distribuer le matériel lors de ces réunions pour mobiliser sur les lieux de travail ? Il existe déjà en effet beaucoup d’écrits et de tracts qui explicitent les attaques de ce gouvernement, et qui appellent à une mobilisation large.
Les assemblées du personnel avec arrêt de travail sont une bonne manière de convaincre les collègues de participer afin de faire un succès de ces actions régionales et pour, ensuite, évaluer les actions et décider collectivement de la stratégie future à adopter. Des actions basées sur des grèves de 24h ou 48h montreront au gouvernement et au patronat que nous sommes sérieux et qu’ils n’auront pas une minute de paix aussi longtemps que ce gouvernement de casse sociale restera au pouvoir.
Une alternative politique
Un plan d’action réussit entraine de suite la question du programme politique à proposer. Le succès du dirigeant de gauche du parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, nous montre qu’une politique radicale anti-austérité peut trouver un soutien de masse. Pourquoi ne pas faire de ce type de programme le moteur de notre plan d’action ? Dans une de ses premières interviews, le patron du VOKA, Michel Debaere disait : ‘‘Huit de nos dix recommandations fédérales et quatorze de nos dix-sept recommandations régionales flamandes se retrouvent dans les accords gouvernementaux.’’
Pourquoi le mouvement ouvrier ne pourrait-il pas contrer cela avec ses propres revendications et n’essayerait-il pas de récolter un soutien de masse en ce sens ? Ces revendications devraient partir des besoins réels qui vivent parmi la population, et pas des miettes que le gouvernement et le patronat veulent bien nous donner.
Le mouvement ouvrier pourrait ainsi, par exemple, prendre comme revendications de départ celles qui existent déjà dans la conscience collective, ou qui sont avancées par des organisations du mouvement ouvrier ou dans des luttes sectorielles. Il s’agirait par exemple de mettre en avant la revendication de l’organisation femme du mouvement Femma qui propose l’introduction d’une semaine de 30h/semaine sans perte de salaires. Ou l’introduction d’un salaire minimal basé sur ce qui est réellement nécessaire pour vivre convenablement en Belgique, c’est-à-dire 1.500€ net par mois. Amener la question d’un investissement massif dans les transports publics et dans les énergies renouvelables comme partie intégrante d’une politique progressiste pour le climat. Refinancer publiquement l’enseignement et la recherche. Nationaliser le secteur financier, le secteur énergétique et les principales multinationales afin de financer cela.
De cette manière, des revendications qui naissent et grandissent dans les mouvements de lutte peuvent être combinées et en être le moteur. Ceci combattrait également les divisions entre la Flandre et la Wallonie, entre les différentes couleurs syndicales, entre les générations ou entre les travailleurs d’origine belge ou étrangère, afin de tous nous réunir dans une lutte unitaire contre ce gouvernement et le patronat.
Notre parti a acquis au fil des ans une grande expérience dans le soutien et le développement de telles campagnes. Nous avons ainsi déjà abordé en profondeur dans ce journal la campagne qui est parvenue à introduire un salaire minimum de 15 dollars de l’heure à Seattle, aux Etats-Unis. C’est le type d’expérience qu’un parti comme le PSL pourrait introduire dans un tel mouvement: comment gagner un soutien de masse pour notre programme avec des revendications concrètes et compréhensibles? Si un petit parti comme le nôtre peut le faire à Seattle, pourquoi le mastodonte qu’est le mouvement ouvrier belge ne pourrait-il pas le faire ici ?
La discussion n’est pas de savoir s’il y a de l’argent pour appliquer un tel programme. Le pourcent le plus riche au monde possède autant que le reste de la population mondiale. Il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui, mais celles-ci sont simplement mal réparties. Nous avons besoin d’un parti capable d’organiser les masses pour qu’elles revendiquent leur part du gâteau. Nous voulons, avec le PSL, jouer un rôle actif et organisateur dans cette lutte. Mais nous voulons également défendre la nécessité d’une rupture radicale avec le système capitaliste et défendre la nécessité d’une alternative socialiste.
Nous défendons :
• La restauration totale de l’indexation, des négociations salariales libres et un salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
• Pas de sape des contrats de travail par la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires !
• Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation !
• Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée !
• Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois !
• Stop à la chasse aux chômeurs ! Ni dégressivité, ni service obligatoire à la communauté mais la répartition collective du temps de travail vers les 30h. par semaine sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences !
• Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité !
• L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’assurent aucune garantie pour l’emploi. Pour une économie planifiée démocratiquement gérée et contrôlée par la collectivité dans le cadre d’un socialisme moderne et démocratique ! -
[INTERVIEW] Impact de l'austérité à l'Institut Royal Météorologique
Pascal Mailier est délégué syndical, météorologue et chef de travaux à l’IRM, l'Institut Royal Météorologique de Belgique. Nous l’avons rencontré à la manifestation nationale en front commun du 7 octobre et lui avons posé quelques questions.
Propos recueillis par Pierre (Namur)
Pourrais-tu nous expliquer en quelques mots quel est le rôle de l’IRM ?
Pascal Mailier : L’Institut royal météorologique de Belgique (IRM) est un des 10 établissements scientifiques fédéraux (ESF) qui relèvent du SPP Politique scientifique. Notre mission principale, qui est clairement définie par arrêté royal, consiste avant tout à assurer la sécurité et l’information de la population et à donner un appui aux autorités dans le domaine de la météorologie et de la climatologie. Le public nous connaît surtout pour nos prévisions et avertissements météorologiques diffusés dans les médias. Mais nous sommes aussi très sollicités par les autorités, par exemple le Centre de Crise du gouvernement, et des secteurs-clés de l’économie comme l’énergie et le transport. Sans nous, il n’y aurait tout simplement pas d’avertissements en cas de conditions météorologiques dangereuses (canicules, tempêtes, orages, neige, brouillard, verglas, pluies diluviennes, etc).
C’est un service qui travaille pour le pays 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous avons aussi acquis une expertise dans le domaine des prévisions climatiques. Ce type d’expertise est devenu très important dans le contexte actuel de réchauffement global. Une équipe de chercheurs permet aussi à l’IRM de rester à la pointe au niveau des connaissances scientifiques et de disposer des outils les plus performants. À côté de la météorologie, de la climatologie et de la gestion des réseaux d’observation, l’IRM a encore d’autres missions de service public et de recherche scientifique à remplir dans le domaine de la géophysique, notamment l’étude du magnétisme terrestre. Sur le plan académique, nous participons activement à l’enseignement dans les universités et collaborons à plusieurs programmes de recherche nationaux et internationaux. Finalement, l’IRM défend les intérêts de la Belgique au sein d’institutions internationales comme l’Organisation météorologique mondiale, EUMETSAT et le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme. Deux de ces organisations internationales, à savoir EUMETNET et ECOMET, ont d’ailleurs choisi d’établir leur siège chez nous !
Environ 200 personnes travaillent à l’IRM, dont une bonne quinzaine sont affectées au service des prévisions. Malheureusement, malgré l’importance de notre établissement pour le pays, le nombre d’employés à l’IRM est en chute libre, non seulement suite aux mesures d’austérité, mais aussi aux départs volontaires causés par un mécontentement croissant au sein du personnel, statutaire ou non. Depuis plusieurs années, toutes les fonctions dirigeantes – y compris notre Directeur général – sont occupées par des « faisant fonction » ou des « ad interim » . Cette politique délibérée de maintien d’une situation de « provisoire permanent » en évitant de nommer des fonctions de management a contribué à la longue à une dégradation de l’ambiance de travail et du moral des travailleurs vu le manque d’actions décisives, de vision et de perspectives.
Par quelles mesures d’austérité êtes-vous touchés ?
La clique ultra-libérale actuellement au pouvoir n’a que le mot « croissance » aux lèvres, mais c’est clairement l’effondrement des services publics fédéraux qu’elle vise sans avoir l’honnêteté de l’avouer. Le diktat d’austérité imposé dogmatiquement par gouvernement « Charles De Wever » fait particulièrement mal. Sur le plan des effectifs, les réductions punitives du budget « Personnel » de 4% en 2015 et de 2% chaque année suivante sans tenir compte des besoins spécifiques des établissements sont particulièrement handicapantes. Sans compter une dotation en chute libre qui doit s’accompagner d’une diminution vertigineuse sur les frais de fonctionnement (environ 13,5 millions d’euros sur 5 ans pour l’ensemble des ESFs). Il ne s’agit pas ici d’un simple régime : on nous met brutalement au pain sec et à l’eau !
Conséquences ? Elles sont tout à fait comparables à ce qui arrive aux anorexiques : tout se déglingue ! Si on veut démolir le service public fédéral, il n’y a pas de meilleure manière de s’y prendre ! Dans certains services – par exemple les ressources humaines, la comptabilité, l’équipe d’entretien – on n’a plus le personnel nécessaire pour fonctionner normalement. Le service des prévisions a atteint le seuil critique en-dessous duquel il ne peut plus tourner correctement. Les conditions de travail se dégradent bien entendu à vue d’oeil. La charge de travail de certains collaborateurs les mènent dangereusement près du point de rupture, et je ne serais pas surpris que des cas de burn-out se déclarent bientôt à l’IRM comme cela s’est produit chez nos voisins de l’Observatoire royal de Belgique.
Les économies imposées sur le fonctionnement de base commencent aussi à causer des soucis concernant notamment la sécurité et l’hygiène – l’état et l’équipement de certaines toilettes est lamentable – je passe les détails ! Ce n’est pas du tout la faute du personnel d’entretien qui fait vraiment son possible avec un effectif réduit. Vu le sous-investissement systématique, nous craignons également des répercussions négatives sur la qualité du service. Je pense entre autres aux instruments des réseaux d’observation et à leur entretien. Pour la petite histoire, mon PC aurait déjà dû être remplacé depuis 2 ans – je suppose qu’on attend qu’il tombe en panne ?
Comment le personnel réagit-il à ces mesures ?
Le réveil a été lent, mais pas mal de collègues commencent réellement à se poser des questions sur l’avenir des ESFs. Ces inquiétudes se reflètent d’ailleurs dans la recrudescence des demandes d’affiliation. Ce qui m’a aussi frappé, ce sont les départs soudains d’agents statutaires qui ont décidé de démissionner de la fonction publique fédérale pour aller travailler dans le secteur privé. Le manque de perspectives professionnelles résultant des mesures d’austérité n’y est pas pour rien.
Comment vois-tu ton rôle de délégué syndical ? Nous nous sommes rencontré à la manifestation nationale du 7 octobre, que penses-tu qu’il faudrait donner comme suite au mouvement ?
J’ai été positivement surpris et encouragé par le grand nombre de participants à la manifestation du 7 octobre, mais en revanche je dois dire que mobiliser les collègues de l’IRM pour la manif n’a pas été facile. D’après les multiples discussions que j’ai eues lors de la distribution de nos tracts, il y a plus d’une raison pour cette inertie. La première, et à mon avis la plus inquiétante, c’est l’impression qui règne que quoiqu’on fasse, ça ne servira à rien puisque le gouvernement n’écoute pas. Je pense qu’il n’y a rien de plus toxique pour la démocratie que ce sentiment d’impuissance ! En plus, le bourrage de crâne anti-syndical diffusé par les partis de droite et la presse populiste stigmatisent les syndicats comme des saboteurs de l’économie, avec leurs grèves qui empêchent les braves gens de travailler et leurs revendications folles qui mettent notre compétitivité en péril. Il est vrai que ce gouvernement propage un message culpabilisateur simpliste à caractère religieux qui fait mouche dans l’inconscient collectif judéo-chrétien : le diable (les socialistes) nous a conduits au péché (la dette publique), et pour avoir l’absolution du Père (la Commission européenne) il va falloir faire pénitence et souffrir (faire des économies). Il y a aussi la promesse d’un paradis après avoir d’abord nécessairement mordu la poussière.
Maintenant qu’on a des écoles publiques, la sécurité sociale, etc, on a vécu dans un confort relatif qui donne à penser que ces acquis sociaux sont garantis pour toujours. Malheureusement rien n’est plus faux, mais au lieu de se replier derrière les grands discours accusateurs il faut convaincre par nos actions quotidiennes, c’est-à-dire par l’exemple, que la conservation de ces acquis est un combat permanent dans lequel les syndicats ont toujours un rôle fondamental à jouer. Je pense aussi que malgré certaines constantes de la société comme la lutte des classes, les syndicats paraissent trop souvent comme des dinosaures qui répètent toujours les mêmes slogans et stratégies fossiles. Le monde est en évolution rapide et je crois que nous devons être plus créatifs et innovateurs dans nos actions.
A lire aussi :
« […] Le potentiel pour de nouvelles actions a été confirmé aujourd’hui [7 octobre 2015]. Organisons les actions provinciales prévues avec autant de militants et de collègues que possible, avec des assemblées du personnel et des réunions militantes interprofessionnelles afin de préparer un plan d’action jusqu’à la chute du gouvernement et avec lequel développer la discussion sur l’alternative politique qui fera entendre nos “recommandations”. »
100.000 manifestants contre le gouvernement: on peut stopper l’austérité… avec un plan d’action jusqu’à sa chute« […] La volonté de combattre existe toujours. Mais pour cela, il faut que les directions syndicales prennent la lutte véritablement au sérieux et commencent à la structurer de façon convenable. Sinon, nous risquons de foncer droit dans le mur et de subir des défaites majeures. »
Après la manif des 100.000 du 7 octobre: Ensemble, nous pouvons gagner !« […] Nous subissons actuellement le meilleur de ce que la bourgeoisie et son gouvernement peuvent réaliser en termes de stratégie par des moyens « normaux » : un gouvernement de droite, une presse aux ordres, le ban et l’arrière-ban des faiseurs d’opinions mobilisés pour convaincre du bienfait de l’austérité. Malgré ça, les sondages d’opinions ne sont pas géniaux pour ce gouvernement. Mais nos réponses ne sont pas encore à la hauteur des attaques. En utilisant mieux nos outils et nos atouts, nous pouvons construire des victoires. »
Le contre-feu du patronat et du gouvernement -
Après la manif des 100.000 du 7 octobre: Ensemble, nous pouvons gagner!
Les 100.000 manifestants du 7 octobre et la grève provinciale à Liège le 19 octobre ont une fois de plus confirmé que ce n’est pas la volonté de lutter contre ce gouvernement de droite qui manque chez les travailleurs ! Ni au nord, ni au sud du pays, ni dans le public, ni dans le privé. Oui, ensemble, nous pouvons gagner !Par Eric Byl
Le gouvernement avait clairement laissé entendre que le nombre de manifestants du 7 octobre allait être observé à la loupe. Lui aussi avait senti la morosité présente chez de nombreux travailleurs face aux maigres résultats du pourtant magnifique plan d’action de l’an dernier. Mais il a dû changer de ton après la manifestation.
Dans le cortège syndical, l’atmosphère est passée de la déprime à l’enthousiasme quand la barre des 70.000 a été franchie, puis celle des 90.000 et enfin celle des 100.000. Non pas que cette morosité ait disparu dans les entreprises, au contraire. Mais ce que les syndicats, les délégués, les militants et la gauche avaient sous-estimé, c’est l’impact du plan d’action précédent sur l’engagement de toute une série de militants syndicaux. Si nous n’avions pas vécu le plan d’action de l’automne dernier, nous aurions pu croire que les directions syndicales n’ont pas réussi à faire chuter le gouvernement à cause de leur incompétence. Nous savons maintenant que c’est parce qu’elles n’ont pas d’alternative et qu’elles ne peuvent s’entendre sur un plan d’action pour faire basculer le rapport de force.
Comment a réagi le gouvernement? Avec plus de confiance et d’arrogance! Les 100 euros de plus d’argent de poche issus de la nouvelle réforme fiscale, nous les payons par la sécurité sociale et cela ne compense en rien la perte représentée par le saut d’index, l’augmentation de l’âge de la retraite et l’augmentation des tarifs des services publics. Et de ces quelques sous, il faudra retirer la taxe soda, la hausse des prix de distribution de l’électricité, etc. Le nouvel accord social du ‘‘Groupe des dix’’ (1) comprend l’extension des contrôles de l’Onem aux temps partiels et la baisse des taux ‘‘légalement’’ garantis des pensions complémentaires, à l’avantage des patrons. A en croire les directions syndicales, il faudrait maintenant presque faire front avec le patronat pour que le gouvernement respecte cet accord ! Comment peut-on en arriver là ?
La FGTB wallonne a le mérite de pousser pour un plan d’action à la hauteur de celui de l’automne 2014. Cependant, le sommet de la CSC privilégie la négociation, alors que nous ne faisons que battre en retraite socialement. La FGTB flamande n’ose pas entrer en action sans la CSC flamande. Mais la direction de la FGTB ne fait pas ce qu’il faut pour que ce plan d’action devienne réalité : organiser des assemblées générales interprofessionnelles ainsi que sur les lieux de travail, ouvertes à tous. On pourrait y discuter du constat de l’échec de la concertation et de l’élaboration d’un plan d’action à la base pour réunir nos forces. Avec ce plan, il serait possible d’attirer ce travail syndical interprofessionnel vers les quartiers pour également mobiliser les non-syndiqués.
Le fait que cela ne soit pas le cas laisse le champ libre à ceux qui espèrent que le gouvernement ne sera pas reconduit aux prochaines élections. Nous pensons qu’il s’agit d’une stratégie désastreuse qui permettra au gouvernement de monter les grévistes et les non-grévistes ainsi que les syndicats les uns contre les autres tout en jouant sur les tensions linguistiques et en dépeignant notre résistance comme du sabotage et du vandalisme. Pour la droite, c’est le scénario rêvé pour sortir renforcée des prochaines élections. C’est cette stratégie qui permet au gouvernement d’oser utiliser les juges et la police, alors que ceux-là sont eux aussi touchés. Quelques 10.000 emplois sont menacés à la police pour être confiés aux cow-boys du privé. La seule stratégie qui peut mettre fin à ce tsunami antisocial, c’est un plan d’action avec l’objectif de faire tomber ce gouvernement!
(1) Groupe des dix : un des lieux de la ‘‘concertation sociale’’, qui réunit cinq représentants des trois syndicats (CSC, FGTB et CGSLB) et cinq représentants des fédérations patronales.
-
Après la manif des 100.000 du 7 octobre: Ensemble, nous pouvons gagner !
Les 100.000 manifestants du 7 octobre l’ont une fois de plus confirmé : ce n’est pas la volonté de lutter contre ce gouvernement de droite qui manque chez les travailleurs ! Ni au nord, ni au sud du pays. Que ce soit dans le public ou dans le privé. Oui, ensemble, nous pouvons gagner !Tract du PSL distribué à l’occasion de l’appel à la grève lancé par la FGTB à Liège
La mobilisation a surpris tout le monde. Le gouvernement avait encore fait savoir, en se frottant les mains, que le nombre de manifestants allait être observé à la loupe. Tout comme la direction syndicale et beaucoup de militants et délégués syndicaux, il avait senti la morosité, la déception éprouvée face aux maigres résultats du pourtant magnifique plan d’action de l’an dernier. Mais, le 7 octobre, il a dû changer de ton. Dans le cortège syndical, l’atmosphère est passée de la déprime à l’enthousiasme quand la barre des 70.000 a été franchie, puis celle des 90.000 et enfin des 100.000.
La morosité dans les entreprises est toujours bien réelle. Mais ce que les syndicats, les délégués, les militants et la gauche avaient sous-estimé, c’est l’impact du plan d’action précédent sur l’engagement de toute une série de militants syndicaux. Si nous n’avions pas déjà vécu le plan d’action de l’automne dernier, nous pourrions presque croire que la direction syndicale est incapable de saisir ce potentiel. Il est possible de facilement faire tomber ce gouvernement, tous ensemble. Mais les directions syndicales ne sont capables ni de procurer une alternative à ce gouvernement ni de s’entendre sur un plan d’action pour vraiment faire basculer le rapport de force.
La faiblesse appelle l’agression
C’est ce qui explique l’arrogance grandissante de ce gouvernement de droite. Si nous avions reçu la soi-disant augmentation de notre salaire net autant de fois que le gouvernement en a parlé, nous serions tous riches ! En comparaison de la perte représentée par le saut d’index, l’augmentation de l’âge de la retraite, l’augmentation des tickets de train et des autres services publics,… qui – elles – sont bien réelles, cela ne représente qu’un peu d’argent de poche prélevé sur notre sécurité sociale ! Et de ces quelques sous, il faudra retirer la taxe soda, la hausse des prix de distribution de l’électricité, etc.
Et maintenant arrive le nouvel accord social du «Groupe des dix» qui comprend l’extension des contrôles de l’Onem aux temps partiels (les femmes étant particulièrement touchées) et la baisse les taux garantis des pensions complémentaires (le deuxième pilier des pensions). Après nous avoir tous poussés vers le deuxième pilier, les dirigeants syndicaux ont laissé tomber la garantie de taux fixes sans la moindre compensation ! Et à les en croire, il faudrait maintenant presque faire front avec le patronat pour que le gouvernement respecte le «résultat de la concertation sociale»! Comment peut-on en arriver là ?
Pour un nouveau plan d’action !
La FGTB wallonne pousse pour un plan d’action à la hauteur de celui de l’automne 2014 depuis le printemps dernier. Mais le sommet de la CSC refuse de faire quoi que ce soit et privilégie la prétendue négociation alors que nous ne faisons que battre en retraite, comme ce fut le cas avec la conclusion de l’accord salarial de février dernier. Nous n’y avons rien gagné. La FGTB flamande, de son côté, n’ose pas entrer en action car elle pèse moins lourd que la CSC flamande. La FGTB wallonne a au moins le mérite d’élaborer son plan d’action et même d’avoir distribué à Liège une lettre ouverte aux militants et affiliés de la CSC appelant au front commun par la base.
Mais assurer que ce plan devienne une réalité – c.à.d organiser des assemblées générales, interprofessionnelles ainsi que sur les lieux de travail, ouvertes à tous pour y discuter du constat de l’échec de la concertation et de l’élaboration d’un plan d’action à la base pour réunir nos forces – ça, elle ne le fait pas. Elle livre ainsi une arme aux mains de la direction de la CSC qui peut dire à loisir «oui, mais attention, la FGTB ne consulte pas la base». Elle donne aussi une arme à des centrales syndicales de la FGTB en Flandre qui n’ont pas envie de bouger et déforce celles qui voudraient au contraire y aller.
La manière dont la riposte est organisée aux chemins de fer en est un exemple. Depuis longtemps, les militants combattifs poussent la direction syndicale à sérieusement organiser la riposte contre la libéralisation du transport de marchandises et bientôt aussi du transport de voyageurs. On pousse depuis longtemps à l’unité des divers secteurs confrontés à la libéralisation tels que les ports, les aéroports et les chemins de fer. Et qu’est-ce-qui se passe à la SNCB ? On y appelle bien à la grève, par le sommet, en rajoutant même une grève de 48 heures. Mais n’aurait-il pas été plus intelligent et efficace de d’abord organiser des assemblées du personnel et de formellement voter la grève ?
Evidemment, pour la direction de la CSC, c’est toujours trop tôt. Mais en agissant ainsi, on lui offre la possibilité d’obtenir un meilleur écho. Bien entendu, le patronat utilise cette «division des syndicats» pour tester, pour la première fois, le recours à un juge pour casser une grève. L’enjeu n’est pourtant pas des moindres. La SNCB prévoit d’économiser 633 millions d’euros pour 2019, soit environ 20% des moyens de fonctionnement totaux. Alors que l’encadrement légal prévoit 38.000 travailleurs, il n’y en a actuellement que 34.000 et ce nombre devrait encore fondre! Le statut des travailleurs est également menacé, de même que le droit de grève, indirectement.Avec tout ça, il serait tout de même logique de réunir tout le monde pour discuter d’une riposte à hauteur de l’attaque.
La volonté de combattre existe toujours. Mais pour cela, il faut que les directions syndicales prennent la lutte véritablement au sérieux et commencent à la structurer de façon convenable. Sinon, nous risquons de foncer droit dans le mur et de subir des défaites majeures. Nous espérons ne pas alors entendre dire «ce n’est pas de notre faute, c’est la base qui n’a pas voulu suivre».
Une chose est claire, les militants de base et les délégués doivent d’urgence mettre de l’ordre dans leurs rangs et assurer que les militants élus aux élections sociales soient des militants combattifs pour qui le travailleur constitue la préoccupation centrale, et qui osent le dire tel quel à leur secrétaire syndical.Nous défendons :
• La restauration totale de l’indexation, des négociations salariales libres et un salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
• Pas de sape des contrats de travail par la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires !
• Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation !
• Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée !
• Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois !
• Stop à la chasse aux chômeurs ! Ni dégressivité, ni service obligatoire à la communauté mais la répartition collective du temps de travail vers les 30h. par semaine sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences !
• Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité !
• L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’assurent aucune garantie pour l’emploi. Pour une économie planifiée démocratiquement gérée et contrôlée par la collectivité dans le cadre d’un socialisme moderne et démocratique ! -
[PHOTOS] 7/10. Une manifestation massive avec une bonne délégation jeune
La manifestation d’hier fut massive, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous étions 100.000 dans les rues de la capitale! Tout comme l’an dernier lors de la manifestation du 6 novembre, le cortège était ouvert par une forte délégation de jeunes parmi lesquels les Étudiants de Gauche Actifs (EGA). Voici ci-dessous quelques photos de cette délégation.Photos : Emily
-
100.000 manifestants contre le gouvernement: on peut stopper l'austérité… avec un plan d'action jusqu'à sa chute
La participation à la manifestation d’aujourd’hui a dépassé toutes les attentes, y compris les nôtres. Il était déjà certain que la colère contre le gouvernement de droite n’avait pas disparu, mais il était moins sûr que celle-ci puisse également être activement reflétée dans la participation à une manifestation. En l’absence de mots d’ordre clairs pour un plan d’action et en l’absence d’une véritable alternative aux partis austéritaires, nous avions craints une participation limitée. Le gouvernement avait annoncé à l’avance qu’il y aurait «décompte». De Tijd avait écrit : “Si le taux de participation est décevant, il sera difficile pour les syndicats de prétendre que la colère populaire contre la politique menée est encore grande.” Michel, De Wever et Peeters ont-ils comptés correctement? Nous n’avons pas reproduit les 150.000 de l’année dernière, mais avec 100.000 participants, c’était une fois de plus une manifestation massive.
En plus des grandes délégations syndicales, d’autres couches avaient à nouveau été tirées dans le mouvement, avec une nouvelle belle délégation de jeunes en tête de cortège et, plus loin, notamment une remarquable délégation de sans-papiers. Le potentiel qui est celui de notre lutte a de nouveau été confirmé, et comment! Parmi les manifestants, l’enthousiasme et la confiance ont grandi à mesure que le nombre de participants devenait clair.Malheureusement, la manifestation a de nouveau été marquée par des troubles violents. C’est regrettable, cela offre l’opportunité aux médias de droite de ne pas prendre en compte nos préoccupations tout en criminalisant notre résistance et nos organisations. La plupart des manifestants n’ont que peu, voir rien, remarqué de ces troubles, mais c’est une fois encore le point central pour les médias. Qu’un groupe s’oriente vers des actions désespérées telles que ces confrontations est regrettable. L’absence d’un plan d’action clair de la part des syndicats pour mettre fin à ce gouvernement austéritaire renforce les frustrations et porte aussi une responsabilité dans ces actes désespérés.
La question qui se pose parmi beaucoup, c’est de savoir comment aller de l’avant avec notre lutte contre ce gouvernement de droite. Les négociations qui ont pris place après le précédent plan d’action ont à peine donné quelque chose. Le virage fiscal, le Tax Shift, s’est révélé n’être en rien une mesure destinée à “faire un peu contribuer les riches”. Ce fut une nouvelle attaque contre nos conditions de vie pour distribuer de nouveaux cadeaux aux patrons. De ce gouvernement, nous ne devons rien attendre. Au contraire, il ne sera que plus audacieux à mesure que le temps passera. Il nous faut le combattre jusqu’à sa chute.
Un plan d’action, tel que celui de l’année dernière, sera capable de mobiliser et d’assurer que la pression soit plus forte. L’an dernier, c’est ce qui a assuré que nos thèmes et préoccupations ont été au cœur du débat public. Cela fut aussi le cas en Flandre, où une large majorité de 85% s’est alors prononcée en faveur d’un impôt sur la fortune. Aujourd’hui, la colère est toujours bien là, la baisse de nos conditions de vie devient plus concrète. Le formulaire dévoilé par la CSC cette semaine pour calculer sur son site ce que le gouvernement Michel fait perdre à chacun – une excellente initiative à utiliser entre autres sur les médias sociaux mais aussi pour convaincre les collègues – a été rempli par 40.000 personnes. Le saut d’index, l’augmentation de l’âge de la retraite, les attaques contre les services publics,… sont rejetées par la population. Cette colère est en outre renforcée par de nouvelles attaques antisociales.L’étonnante manifestation d’aujourd’hui offre une nouvelle opportunité aux syndicats d’organiser notre lutte. Vont-ils à nouveau la gaspiller comme ce fut le cas après le précédent plan d’action? Ou alors aurons nous des assemblées du personnel et des réunions militantes interprofessionnelles où la discussion sera possible pour préparer des actions provinciales et d’autres avec en ligne de mire la chute du gouvernement, ce qui permettra aussi de discuter de la construction d’une alternative ?
Le plan d’action doit aller crescendo et avec un point de chute concret : allons nous subir ce gouvernement dans l’espoir qu’il sera rejeté dans quatre ans? C’est un pari dangereux qui a conduit à la gueule de bois il y a peu en Grande-Bretagne, le gouvernement conservateur y a été reconduit de cinq ans. Ou alors allons-nous continuer à nous battre jusqu’à la chute du gouvernement?
Mais sa chute avec le retour d’une tripartite avec le PS et SP.a ne ferait que conduire à une politique d’austérité “light”, à une même politique, mais appliquée plus lentement et avec moins de provocations, pour finalement atteindre le même but. Ce serait naturellement bien pauvre comme résultat. Tant que le mouvement des travailleurs ne va pas lui-même occuper le champ politique et prendre l’initiative à la droite, tant les politiciens que les médias , continueront à nous harceler avec la position patronale qui appelle à plus “d’efforts” et qui ose presque parler de “solidarité” avec les plus riches puisque cela nous serait également bénéfique. De plus, les politiques d’austérité de l’année écoulée n’ont pas conduit à une croissance économique, nous avons maintenant une croissance plus faible que la moyenne européenne.
La semaine dernière, le président démissionnaire de la fédération patronale flamande VOKA, Delbaere, a déclaré dans les médias que le CD&V devait arrêter d’être “gentil” avec les syndicats parce qu’avec les élections sociales “ce ne sera jamais assez”. Mais qu’avons-nous déjà eu? Que le gouvernement mène une politique qui bénéficie aux seuls patrons et plus fortunés, Delbaere ne le nie pas. “Huit de nos dix recommandations fédérales et quatorze de nos dix-sept recommandations régionales sont reflétées dans les accords de coalition. C’est un grand honneur.” Un grand honneur pour eux, un flop total pour nous. Où sont nos dix revendications fédérales et nos dix-sept revendications régionales?
L’appel à une alternative politique fait écho en Europe, de la Grèce à l’Espagne jusqu’en Grande-Bretagne aujourd’hui avec le large soutien pour Jeremy Corbyn et sa rhétorique anti-austérité. Le potentiel pour une expression politique similaire est certainement présent dans notre pays, mais il n’est pas pleinement utilisé. Il y a bien sûr les progrès du PTB, surtout du côté francophone. Mais l’approche fermée envers les forces à sa gauche et son orientation politique qui se concentre davantage sur la formation de coalition avec les partis établis que sur la lutte offensive et audacieuse par en-bas suscite des doutes. Un nouveau parti large des travailleurs dans lequel tous les militants et courants qui s’opposent à l’austérité pourraient oeuvrer dans le respect des spécificités de chacun aurait un grand potentiel. Le PSL fait tout pour poursuivre le débat sur ce point.
Le potentiel pour de nouvelles actions a été confirmé aujourd’hui. Organisons les actions provinciales prévues avec autant de militants et de collègues que possible, avec des assemblées du personnel et des réunions militantes interprofessionnelles afin de préparer un plan d’action jusqu’à la chute du gouvernement et avec lequel développer la discussion sur l’alternative politique qui fera entendre nos “recommandations”.
Reportage-photos par Liesbeth:
Reportage-photos de Jean-Marie :

Reportage-photos de PPICS:
-
Pour gagner, c’est ensemble qu’il faut lutter !
Le mouvement des travailleurs est similaire à une chaîne : il n’est aussi fort que son plus faible maillon. Pour augmenter les chances d’avoir des maillons plus faibles, nous diviser autant que possible est une tactique délibérée du patronat. Avec l’introduction de toute une variété d’échelles de salaire. En montant les intérimaires contre les autres travailleurs. En externalisant certaines tâches à des sous-traitants. En attisant les tensions entre syndicalistes rouges et verts. Aujourd’hui entre en scène la discrimination entre migrants, réfugiés et le reste des travailleurs.Par Geert Cool, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Chaque syndicaliste sait très bien que le personnel est plus fort s’il est uni. Les patrons le savent fort bien eux aussi. C’est pourquoi, au début de l’ère industrielle, il était interdit de se regrouper. Officiellement, les mêmes règles s’appliquaient à tous: les travailleurs ne pouvaient pas s’organiser pour obtenir de meilleures conditions de travail et de salaire et les patrons n’étaient pas autorisés à se coaliser. Il va sans dire que les conséquences n’étaient pas les mêmes pour tous. Les nouvelles attaques contre le droit de grève font ressurgir cette interdiction de s’organiser.
L’organisation et la solidarité constituent la base essentielle qui a permis d’arracher par la lutte de nombreuses conquêtes sociales. Ceux qui s’en prennent à la sécurité sociale et à nos conditions de vie sont ceux qui bénéficient des divisions dans notre camp. Ils veulent les renforcer en instrumentalisant la peur de la perte d’acquis sociaux sous la pression migratoire. Quelle manière cynique de se décharger de la responsabilité de leurs politiques.
Le racisme n’est pas neuf. En 1870, Karl Marx décrivait en ces termes l’utilisation des immigrés irlandais par les capitalistes anglais : ‘‘la bourgeoisie anglaise n’a pas seulement exploité la misère irlandaise pour rabaisser, par l’immigration forcée des pauvres Irlandais, la classe ouvrière en Angleterre, mais elle a, en outre, divisé le prolétariat en deux camps hostiles. L’ouvrier anglais vulgaire hait l’ouvrier irlandais comme un compétiteur qui déprime les salaires et les conditions de vie.’’ Pareille division permet de compliquer les possibilités de lutter en commun tout en offrant l’opportunité de mettre pression sur les salaires et les conditions de travail. Remplacez les immigrés irlandais par les réfugiés syriens et la bourgeoisie anglaise par notre gouvernement de droite et vous aurez une idée précise de la façon dont la crise des réfugiés est utilisée aujourd’hui.
Ces divisions dont parle Marx n’ont pu disparaitre que lorsque les immigrés irlandais ont eux-mêmes fait partie du mouvement organisé des travailleurs. C’est cela qui est nécessaire aujourd’hui. Le mouvement des travailleurs est la seule force capable, par la lutte active, de vaincre le racisme. Défendre le droit d’asile de la même manière que le droit d’avoir un emploi, de bons services publics,… pour tous, c’est la seule façon d’éviter que la discussion sur la crise des réfugiés continue de dominer et que, de cette manière, elle puisse semer la division entre collègues au travail.
Dans le combat contre l’austérité et l’exploitation, nos meilleurs alliés sont les autres victimes de ce système de plus en plus inégalitaire. ‘‘Dans les mines, nous sommes tous noirs’’, comme le dit le dicton. Aujourd’hui, les mines sont fermées, mais nous sommes toujours dans le même bateau. Ceux qui nous qualifient de ‘‘profiteurs’’ parce que nous refusons le saut d’index ou l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans sont ceux qui traitent les réfugiés de ‘‘profiteurs’’ pour avoir voulu fuir la guerre et la répression. Mais toutes les études démontrent que seule l’élite capitaliste s’est enrichie ces dernières années. Alors, qui sont les profiteurs?
Nous avons besoin d’une campagne offensive de la part du mouvement des travailleurs. Pourquoi ne pas commencer en invitant les sans-papiers à venir expliquer leur situation dans les délégations syndicales? Ou en renforçant l’organisation syndicale des groupes de travailleurs migrants les plus exploités, comme dans l’Horeca ou le nettoyage? Au sein du mouvement des sans-papiers et de solidarité avec les réfugiés, adopter une orientation vers le mouvement des travailleurs est des plus importants, ce qu’une présence sérieuse lors de la manifestation syndicale du 7 octobre pourrait renforcer. Le PSL essaie déjà de contribuer modestement à cette approche, comme à Anvers avec la campagne Tamil Solidariteit et le travail syndical mené parmi les réfugiés tamouls ou encore, avec les sans-papiers, à Bruxelles, en défendant parmi les réfugiés l’unité avec le mouvement des travailleurs.
Nous devons nous battre pour gagner, avec les syndicats. Pour cela, il nous faut des mots d’ordre clairs et une alternative politique à l’austérité. Vaincre et assurer nos conditions de vie, c’est aussi la seule façon d’en finir avec la politique de ‘‘diviser pour mieux régner’’ de la droite. Ce serait une source d’inspiration pour les luttes à travers le monde afin de poser les premiers pas en direction d’une société socialiste et démocratique où personne ne se verrait forcé de fuir ou d’avoir faim.
-
Profitons du 7 octobre pour construire une lame de fond contre ce gouvernement et toute l’austérité
Le 7 octobre nous serons à nouveau mobilisés contre les mesures Tatchériennes de ce gouvernement. Après le plan d’action de l’automne 2014, beaucoup de questions restent ouvertes. Peut-on arrêter ce gouvernement ? Comment stopper l’austérité ? De quelle alternative disposons-nous face à la politique
de plus en plus brutale du patronat? Nous voulons discuter de ces questions afin de trouver les meilleures réponses. Cela nous permettra, lors du prochain plan d’action, de lutter pour gagner.Par Alain (Namur)
Un plan d’action qui a largement suscité l’enthousiasme
Si on regarde dans le rétroviseur, l’année passée à la même période, l’atmosphère sociale était quelque peu différente. Les discussions dans la société étaient focalisées sur les questions socio- économiques et sur les nouvelles mesures d’un gouvernement ouvertement de droite. Sur les lieux de travail, les lieux d’enseignements mais aussi dans nos
discussions privées, chacun discutait des conséquences des mesures du gouvernement. Là où elles ont pu avoir lieu, les assemblées générales de travailleurs, et même d’étudiants, ont permis de démontrer la volonté de résistance contre ces mesures antisociales.Cette atmosphère a été reflétée par la réussite de toutes les dates du plan d’action. La manif des 150.000 du 6 novembre, les différentes dates de grèves régionales fin novembre/début décembre et la magnifique grève générale du 15 décembre ont démontré que le mouvement ouvrier belge était encore capable de se mobiliser et de modifier le rapport de force en sa faveur. Pas mal de discours ont été balayés : ceux qui pensaient que la division communautaire était fondamentale dans la société en ont eu pour leur compte, ceux qui pensaient (souvent les mêmes) que les syndicats étaient isolés ont aussi dû être surpris par le fait que ces derniers ont réussi à attirer dans l’action différentes couches sociales.
La direction du mouvement n’a pas saisi l’énergie dégagée pour faire bouger les lignes
Au soir du 15 décembre, le gouvernement – même si il ne l’a pas reconnu – était à terre. Aucun commentateur ne pensait possible que ce gouvernement parvienne à tenir toute une législature. La direction syndicale a pensé que ce serait suffisant pour entrer en négociation. Ils sont directement entrés en discussion avec le patronat en signant toute une série d’accords. Cela a laissé le temps à l’ennemi de reprendre son souffle. Le fait qu’une majorité de la population soit en faveur d’une taxe sur les fortunes même parmi les rangs des électeurs des partis de droite a été utilisé comme sortie de secours avec le tax-shift, le virage fiscal. La direction syndicale a dû mettre tout son crédit
pour convaincre les militants de suivre cette orientation. Les militants n’ont suivi que parce que la lutte était toujours de mise. Le potentiel pour mener la suite du combat était bel et bien présent après janvier.Etait-il possible de faire tomber ce gouvernement ?
L’opportunité de faire chuter ce gouvernement était présente, il aurait fallu une direction résolue à élargir le mouvement pour convaincre les réticents et durcir le mouvement. Au lieu de cela, on a laissé passer l’occasion et les thèmes dans l’actualité se sont concentrés sur d’autres sujets. L’attaque terroriste à Charlie Hebdo et le démantèlement sanglant d’une bande de présumés terroristes à Verviers a permis au gouvernement de se ressaisir. La direction du mouvement des travailleurs n’a pas imprimé son programme et son alternative sur cette question, ce qui a laissé l’opportunité au gouvernement de détourner l’attention des problèmes
socio-économique.Aujourd’hui nous sommes aussi confrontés à une situation où les thèmes d’actualités ne sont pas centrés sur le socio-économique, mais plutôt sur les questions de migrations. Face à cette thématique comme face à beaucoup d’autres nous devons partir de la solidarité qui est le pilier de notre classe sociale. Beaucoup de politiciens parlent d’accueil et de solidarité. Nous pensons que pour vivre concrètement cet accueil et cette solidarité de manière inclusive, nous devons défendre nos
mécanismes collectifs de solidarité. La sécurité social est l’instrument privilégié pour redistribuer les richesses créées par les travailleurs. Un emploi décent pour tous, des logements abordables et des services publics gratuits et de qualités sont essentiels pour faire face à la crise de l’accueil. L’arrêt des guerres et des politiques impérialistes est nécessaire pour résoudre la crise migratoire. C’est avec cette approche que nous pourrons unir les revendications des différentes couches qui subissent la crise dans notre société. Pour cela, le 7 octobre est une excellente occasion de défendre concrètement la solidarité dont tous les médias parlent ces temps-ci.La lutte sociale n’est pas sur ‘‘pause’’
Beaucoup de militants combattif sont frustré de ne pas avoir pu poursuivre sur base de l’élan de la grève générale du 15 décembre. Mais nous devons faire attention à ce que nos frustrations ne nous fassent manquer de nouvelles opportunités. Les dossiers chauds sont nombreux sur la table. Avec la révision à la baisse de la croissance économique et les rentrées fiscales moins importantes, les autorités fédérales veulent trouver 456 millions d’euros à économiser (RTBF info, 22 septembre). Le gouvernement a aussi décidé de passer à la vitesse supérieure concernant la destruction de la SNCB et des services publics et de lancer une lourde offensive contre le droit de grève via l’instauration d’un service minimum. Des attaques terribles contre le personnel et contre les usagers sont à l’ordre du jour. Il y aussi la discussion sur le second pilier de pension et sur la flexibilité au travail. Ces dossiers n’ont pas directement le fort potentiel de mobilisation interprofessionnel que pouvaient avoir le saut d’index et l’augmentation de l’âge de la pension. Mais il faut s’attendre à des luttes sectorielles et par entreprises. Le mois de septembre avait ainsi été marqué par les conflits sociaux à Caterpillar, à la FN-Herstal ou encore chez GSK. La ‘‘paix sociale’’ n’est pas à l’agenda.
Le temps passant, les conséquences de l’austérité se feront plus ressentir. La Libre a notamment titré ‘‘60% des exclus du chômage n’ont plus rien’’. l’Institut pour une Développement Durable a sorti une étude sur l’augmentation du nombre de bénéficiaire du RIS (+21% de bénéficiaire et +25% de dépense entre 2010 et 2015). La FGTB corrige chaque mois les chiffres de chômage, en recul uniquement sur base des exclusions du droit à recevoir des allocations. L’augmentation de la pauvreté et la destruction du tissu social va alimenter la colère sociale. Assurons que celle-ci soit organisée afin de stopper les causes qui la font surgir.
Quel type de résistance dans la période à venir ?
Nous n’avons pas face à nous une période qui s’annonce de tous repos. Mais si nous voulons construire un mouvement pour arracher la victoire, nous devons disposer de mots d’ordre et d’une alternative clairs. Le 7 octobre est une bonne occasion pour discuter de ces mots d’ordre et de cette alternative politique. Mais après cette date, nous aurons à saisir chaque opportunité pour développer la lutte. Nous devons nous montrer solidaires de ceux qui seront dans le feu de la lutte avant nous, à l’instar des travailleurs de la SNCB qui ont annoncé un plan d’action avec une grève générale de 48 heures. Nous devons aussi développer une réponse basée sur la solidarité face aux crises de la migration qui ne sont que des symptômes de la crise fondamentale du système capitaliste.
Les élections sociales représentent encore une excellente opportunité de discuter avec nos collègues de la nécessité de construire des délégations combatives. Le véritable adversaire de ces élections sociales, ce n’est pas l’autre couleur syndicale, mais bien le patronat et ses alliés. Nous devons mettre en place des équipes syndicales soutenues par la base qui pourront canaliser la colère présente dans la société vers un nouveau plan d’action. Modifier le rapport de force interprofessionnel, c’est encore la meilleure manière d’obtenir des acquis au niveau des entreprises.
Ce sont ces éléments que le PSL veut discuter avec les militants et les activistes. Pour renforcer ce travail, rejoignez- nous dans nos débats et cafés syndicaux, diffusez notre presse et rejoignez- nous !
-
Contre Michel I : Lutter pour gagner! Avec une réelle alternative et des mots d’ordre clairs!
Tout comme de nombreux militants, le PSL ne ménage pas ses efforts pour faire un succès de la mobilisation du 7 octobre. Il le faut. Après tout, le gouvernement des riches ne cesse de bidouiller notre sécurité sociale, nos salaires et nos conditions de travail. Nous ne sentons pas que nous allons répéter les 150.000 manifestants du 6 novembre 2014. Nous sommes plus susceptibles d’être de 50 à 80.000. Cela reste encore beaucoup plus que tout autre mouvement social. Mais il est temps de réfléchir. De cette manière-là, on ne parviendra pas à arrêter tous ces gouvernements de droite, au fédéral et ailleurs.Par Eric Byl
Tout ce que ce gouvernement touche se transforme en attaque contre la classe des travailleurs. Le virage fiscal (Tax Shift) initialement destiné à également faire contribuer les grandes fortunes est devenu un gigantesque transfert de moyens des poches des travailleurs vers les caisses des entreprises via les accises et l’augmentation de la TVA. Cela a conduit à un record… d’acquisitions d’entreprises. Si une poignée de compagnies d’assurance juge trop élevés les taux ‘‘garantis par la loi’’ des pensions complémentaires (le deuxième pilier), financées par les patrons, le gouvernement permet de les abaisser. Mais si des milliers travailleurs dénoncent l’exploitation, les autorités estiment leur attitude ‘‘conservatrice’’. Celui qui fuit l’exploitation dans son pays elles le qualifient de ‘‘profiteur’’. Celui qui s’enfuit lorsque cette situation tourne à la guerre, elles l’accusent de faire un voyage de plaisance en mer, puisqu’en Turquie, il n’y a quand même pas de guerre, prétend la N-VA. Pendant ce temps, celui qui a commencé à enseigner il y a 20 ans devra travailler de cinq à douze ans de plus que ses collègues qui partaient en pension à l’époque. La principale garantie sur le statut du personnel des cheminots, HR-Rail, ne va pas être supprimée en 2019 comme on l’avait craint, mais peut-être déjà en mars 2016.
Ce sont là suffisamment de raisons pour descendre dans la rue. Entre autres parce l’effet de beaucoup de mesures ne va se faire sentir que maintenant. Mais cette fois-ci il n’y aura pas de mesures symboliques comme l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans ou le saut d’index. La direction de la CSC peut bien prétendre qu’elle reste opposée à ces mesures, en réalité, elle a accepté la situation depuis longtemps. Dans la bouche du sommet de la CSC, ‘‘négocier d’abord, mener des actions ensuite’’, semble essentiellement signifier ‘‘aucune action’’. En mobilisant puis en en y allant seule, la direction de la FGTB pourrait mettre la CSC sous pression, mais cela n’arrive pas. Se pourrait-il qu’elle ne soit que trop heureuse de se cacher derrière l’attitude de la direction de la CSC pour ne pas sortir de son coin ?
De nombreux collègues, tant de la FGTB que de la CSC, n’ont pas pardonné aux dirigeants syndicaux le fait que les sacrifices effectués durant le Plan d’action de 2014 ont été dilapidés dans des négociations interminables qui n’ont pour ainsi dire rien donné. Un nouveau plan d’action? OK, mais pas pour récupérer des miettes. A quoi peuvent bien servir les assemblées du personnel d’information avant l’action si nous dépendons des médias dominants pour les résultats ? Que les dirigeants syndicaux travaillent sur la communication externe, pourquoi pas? Mais pourraient-ils une fois également se concentrer sur la ‘‘communication interne’’ ou la ‘‘démocratie interne’’ comme nous l’appelons? Il n’y a pas de syndicaliste qui ne comprenne pas l’importance des porte-paroles, mais par porte-parole, nous entendons aussi ‘‘représentant’’, non seulement pour les médias, mais aussi et surtout pour la base, aux assemblées du personnel et aux réunions de militants.Au cours du précédent plan d’action, nous avions déjà averti que le mouvement des travailleurs ne s’utilise pas comme un interrupteur. Il faudra du temps pour reconstruire la confiance et l’enthousiasme de l’automne 2014. Nous devrions être particulièrement clairs sur le fait que nous nous rendons au combat pour gagner. La meilleure manière de le faire est de sortir avec une réelle alternative politique et des mots d’ordre clairs. Nous espérons nous tromper, mais on ne voit pas les dirigeants syndicaux organiser une lutte généralisée pour cet automne. Les militants ne doivent pas se laisser démoraliser. Au niveau sectoriel et au niveau des entreprises, des conflits durs nous attendent. Nous devons utiliser les élections sociales du printemps 2016 pour élire des syndicalistes combattifs. Ce gouvernement ne va pas s’arrêter là. A chaque victoire qu’il engrange il devient encore plus affamé de régression sociale. Les dirigeants syndicaux ont un peu dur à le comprendre, mais ils finiront par se rendre compte que ce gouvernement ne peut pas être arrêté par des arguments mais uniquement par l’action concrète.
-
Stop aux politiques anti-sociales et anti-environnementales !
Le gouvernement Michel transpire l’austérité par tous ses pores, ce qu’il tente notamment de déguiser sous un label éco-responsables. L’Union européenne négocie quant à elle un traité de libre-échange (TTIP) avec le gouvernement américain, en ne consultant que des lobbyistes de grandes entreprises alors que ces tractations restent secrètes au reste de la population. Les impacts sociaux et environnementaux de ces politiques sont désastreux. Il nous faut nous organiser pour une résistance efficace face au néo-libéralisme et, ensemble, construire une autre société.Par Emily (Namur)
Tax shift et éco-fiscalité sont-ils des solutions ?
Avec le tax-shift – sous couvert d’éco-fiscalité et de promotion de la santé – ce sont des mesures d’austérité qui prennent place. L’augmentation de la TVA sur l’électricité est-elle réellement censée nous pousser à nous éclairer à la bougie ? C’est, au 21ème siècle, un besoin de base, et sa consommation ne fluctue du reste que très peu en fonction du prix. L’augmentation des accises sur le diesel couplée à celle des prix et à la réduction de l’offre de transports en commun a-t-elle pour objectif de nous faire adopter le vélo comme moyen de transport ? Avec un nombre croissant d’emplois précaires, d’horaires flexibles et de longues distances à parcourir (il est interdit de refuser un emploi à moins de 60 km de chez soi), ce ne sont plus des mollets en bétons qu’il nous faut, mais se doper et ne plus dormir ! Et ça, on sera unanime, ce n’est pas recommandé.
En plus d’une austérité soi-disant ‘‘verte’’, le gouvernement prend avec des entreprises comme Electrabel des accords secrets (ayant fuité par la suite). Il lui est maintenant permis d’exploiter le réacteur de Tihange 1 dix ans de plus. Ses grands actionnaires reçoivent, en prime, d’immenses cadeaux : 9,3 % du montant de l’investissement en plus de 57 millions € pour une ‘‘étude’’ de Tractabel (1), ce qui fait déjà 113 millions € d’offerts avec l’argent de la collectivité. Ajoutons à cela 30 % sur les bénéfices si le profit est supérieur à 9,3 % et la totalité dans le cas contraire. Par contre, en cas de pertes – même si elles sont orchestrées par des jeux de comptabilité – il revient à 100 % à l’État de les prendre en charge ! Enfin, l’État ne peut pas mettre fin à cet accord contrairement à Electrabel (2).
Renversons ce gouvernement anti-social et anti-environnemental! – 7 octobre : grande manifestation syndicale nationale
L’Union européenne travaille-t-elle pour nous ?
L’Union européenne et le gouvernement américain négocient pratiquement en secret un ‘‘Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement’’, le fameux TTIP. Les dirigeants voudraient nous faire gober que ce qui est bon pour les profits des multinationales et leurs grands actionnaires serait bon pour nous. Avec ce traité, les règlementations sociales et environnementales seront désormais considérées comme des entraves au commerce. À ce titre, une multinationale qui considère une législation contraire au libre-échange pourra assigner un État devant une Cour internationale d’arbitrage privée et lui faire cracher des amendes avec l’argent de la collectivité. Tout pour les profits des plus riches et encore moins de miettes et de démocratie pour nous, voilà de quoi il est question !
Stop à l’Union européenne à la botte des multinationales – Non au TTIP ! 15 octobre : encerclement du sommet européen et 17 octobre : euro-manifestation.
Comment arrêter ces politiques anti-sociales et anti-environnementales ?
Dans ce cadre, lorsque ces mêmes dirigeants organisent un 21ème Sommet climatique, on ne peut y voir qu’une hypocrisie monstrueuse. L’ensemble des partis traditionnels est de la même trempe. Ces derniers défendent la classe des super-riches qui nous imposent une production anarchique qui génère d’énormes gaspillages, basée sur l’exploitation des travailleurs jusqu’à la moelle – tandis que d’autres ne parviennent pas à trouver d’emploi – et où le facteur environnemental est considéré comme une charge plutôt qu’une ressource qui doit perdurer.
Il est nécessaire de mener de front la lutte contre les politiques d’austérité et celle pour la préservation de notre environnement. Si nous souhaitons, par exemple, favoriser un service de transports en commun gratuit et de qualité, il nous faut lutter contre sa privatisation et pour une réelle nationalisation du secteur, sous contrôle démocratiques des travailleurs et des usagers, mais pas seulement. La planification de la production métallurgique doit elle aussi être démocratiquement placée entre les mains des travailleurs et des consommateurs pour nous permettre de construire autant de bus et de train qu’il est nécessaire. Par la construction d’un rapport de force, construisons un mouvement pour la reprise en main de nos entreprises. Un contrôle et une gestion démocratique des secteurs-clés de l’économie, ainsi qu’une planification de la production nous permettront de créer des emplois de bonne qualité socialement utiles et écologiquement responsables.
Étudiants, travailleurs, allocataires sociaux, organisons-nous et luttons pour un changement socialiste démocratique de société.
(1) Tihange 1: le contrat secret entre l’État et Electrabel” in RTBF : http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_tihange-1-le-contrat-secret-entre-l-etat-et-electrabel-exclusif?id=9028884
(2) Electrabel dépouille l’État belge et le citoyen” in Greenpace: http://www.greenpeace.org/belgium/fr/actualites-blogs/actualites/Electrabel-depouille-Etat-belge-et-citoyen/


