Attaquer les services publics, c’est s’en prendre à chacun d’entre nous !
On le sait, l’objectif et la tactique du gouvernement Michel I est la même que celle du gouvernement précédent : nous faire payer la crise des capitalistes ! Même si le rythme est plus soutenu et les attaques plus frontales que précédemment, le même refrain thatchérien nous est seriné : ‘‘il n’y a pas d’alternative’’… Toujours le T.I.N.A. de Thatcher (there is no alternative) qui sert de prétexte à saper nos conditions de vie et accroître davantage les inégalités.
Par Maud (Bruxelles), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste
Le patrimoine de ceux qui n’en n’ont pas
Et pour mener ces attaques brutales, quelle cible pourrait être mieux choisie que les services publics? En effet, s’il est un secteur qui assure une certaine redistribution des richesses et la solidarité en garantissant l’accès pour tous à des droits fondamentaux tels que l’enseignement, la santé, l’eau,… c’est bien celui des services publics. Le gouvernement ne s’y est pas trompé en y imposant, outre le saut d’index, des restrictions budgétaires à tous les secteurs (administrations publiques, justice, enseignement, …) à tous les niveaux (fédéral, régional et local) notamment en ne remplaçant pas 4 fonctionnaires sur 5 et en allongeant les carrières tout en rabotant les pensions qui pourtant figurent déjà parmi les plus basses en Europe. La spécificité des pensions du secteur public est attaquée. La bonification des diplômes et la non-valorisation des prestations contractuelles allongeront les carrières pour une pension moindre, au final. On constate une nouvelle harmonisation par le bas.
Les services publics qui nous garantissent un minimum de vie décente sont maintenant présentés comme des charges afin de continuer à les individualiser, à les privatiser davantage, à creuser les inégalités et aller encore plus vite vers une société à deux vitesses.
Les attaques menées contre ce secteur nous concernent tous. Comme usagers, ce sont nos services publics, que nous finançons avec nos salaires différés (précompte, taxes). Pour les travailleurs de ce secteur, c’est donc une double peine. Et quand il s’agit des travailleuses, c’est triple sanction puisque en plus, elles auront, en général, à assumer les tâches qui ne seront plus prises en charge par les services publics.
Un secteur sous pression de tous côtés
Partout dans le secteur, les conditions de travail se dégradent, les exemples ne manquent pas. On a pu le voir avec l’action des accompagnateurs de train qui subissent des agressions répétées lors des contrôles de titres de transport. S’ils n’étaient pas en sous-effectif et pouvaient exécuter les contrôles en binôme, le risque d’agression pourrait être réduit.
Il faut dire que les chemins de fer sont particulièrement touchés par les mesures d’austérité. On le constate aisément face aux suppressions de trains matinaux ou du soir, de petites gares, aux nombreux retards enregistrés, à l’état de propreté des trains sans compter un matériel moins sécurisé parce que moins bien entretenu. On voit donc une remise en cause du service public et déjà une sous-traitance de nombreux services. Le citoyen est poussé vers les transports individuels. Pour saper la capacité de réaction face à ces économies à tout va, le gouvernement n’hésite pas, au passage, à pousser en avant une sape de l’action collective en remettant à l’ordre du jour le service minimum.
Quand on sait que le personnel des chemins de fer éprouve les plus grandes difficultés à pouvoir prendre ses congés et accumule de nombreuses heures supplémentaires, on voit très bien comment, si un service minimum était imposé, il deviendrait impossible d’encore pouvoir organiser une action de protestation. Ce n’est pas d’un service minimum dont nous avons besoin mais d’une politique de transport axée sur les besoins de la population et pas sur la chasse aux profits ! Il nous faut un service maximum !
Au niveau local, dans les villes et communes, les suppressions d’emplois ont commencé. On assiste à une précarisation (recours abusif aux contrats précaires et manque d’emplois statutaires) et une flexibilisation de l’emploi occasionnant une surcharge de travail pour le personnel restant en fonction, avec pour conséquence la dégradation des services à la population. Et la tendance risque peu de s’inverser quand on pense, outre les coupes budgétaires, aux nombreux exclus du chômage qui doivent se tourner vers les C.P.A.S., ce qui va grever davantage le budget local.
L’enseignement et la culture sont également fort touchés par la diminution des subventions qui leur sont allouées. Ceci a déjà mené à l’augmentation du minerval dans les universités flamandes, sans compter le manque de places dans les écoles et la hausse des tarifs scolaires et parascolaires. Comme c’est le cas aussi pour les crèches.
Le secteur de la justice est quant à lui au bord de la ‘‘faillite’’, ce qui a conduit à une première en Belgique: une journée d’action du pouvoir judiciaire le 20 mars dernier, à la veille du Conclave budgétaire.
Vers la grève du 22 avril
Le rassemblement syndical du 19 mars a marqué le coup d’envoi du second plan d’action. Il faut espérer que ces actions ne se mènent pas en ordre dispersé, le privé d’un côté, le public de l’autre.
Une action de grève des services publics est annoncée pour le 22 avril prochain. Si la CGSP espère voir les autres syndicats la rejoindre pour cette action, il faudrait aussi une unité large des travailleurs de tous secteurs pour pouvoir déstabiliser le gouvernement jusqu’à sa chute et marquer notre refus de toute politique d’austérité! Ce n’est que par la lutte de tous les travailleurs avec ou sans emploi que nous pourrons imposer nos propres revendications et montrer au gouvernement qu’il y a des alternatives à l’austérité !
Malgré une retombée de la tension construite par le premier plan d’action, l’opposition aux nombreuses mesures anti-sociales du gouvernement reste présente. Le potentiel est là. Il nous faut un deuxième plan d’action plus dur et plus massif, graduel, menant à une grève générale nationale de 48 heures éventuellement reconductible pour balayer le gouvernement Michel et toute la politique d’austérité!
En dépit du vent et de la pluie, au moins 20.000 personnes se sont retrouvées ce dimanche dans les rues de Bruxelles à l’occasion de la Grande Parade organisée par Tout Autre Chose / Hart Boven Hard. Cette manifestation a réuni un horizon très diversifié de militants, illustration claire que la colère ressentie face à l’austérité appliquée par tous les gouvernements est très large.
La majorité des manifestants étaient néerlandophones, Hard Boven Hart étant plus développé au Nord du pays. La Grande Parade a confirmé ce que nous avions déjà constaté durant le premier plan d’action du front commun syndical en novembre/décembre : la résistance contre la politique des Thatcher belges se développe à une échelle nationale. La N-VA aime affirmer qu’il existe deux démocraties en Belgique, c’est bien vrai, mais la ligne de démarcation n’est pas communautaire contrairement à ce qu’affirment les nationalistes flamands. Contre la politique des riches imposées par en haut se construit la résistance de la base de la société.
La Grande Parade a montré une nouvelle fois que le potentiel est bel et bien présent pour un large mouvement anti-austérité. A la fin du premier plan d’action, fin 2014, les dirigeants syndicaux semblaient réticents à poursuivre le combat, ce qui s’est exprimé par la négociation d’accords partiels vides de contenu et par une multitude d’actions et d’appels allant dans tous les sens. Durant toute cette période, le PSL a continué de défendre la nécessité d’un deuxième plan d’action. Les concentrations syndicales des 11 et 19 mars avaient déjà démontré que la volonté de poursuivre la lutte était présente, le succès remporté par la Grande Parade n’a fait que confirmer ce constat.
Tout Autre Chose / Hart boven Hard a illustré la nécessité de construire une solidarité plus large contre la politique d’austérité. Avec leurs actions menées à l’automne dernier, les syndicats ont su tirer à eux bien au-delà des rangs des syndicalistes. Les jeunes avaient ainsi pris la tête de la manifestation du 6 novembre, à la grande joie des syndicalistes. Nombre d’entre eux étaient néerlandophones, dont une importante délégation d’étudiants de Gand. Mais le secteur socio-culturel n’était pas en reste. Tout Autre Chose / Hart boven Hard a su agrandir cette base.
La Grande Parade a renforcé la résistance anti-austérité. Malheureusement, certains dirigeants syndicaux ont utilisé cette mobilisation pour éviter d’organiser une nouvelle manifestation de masse afin de soutenir un deuxième plan d’action. Les directions syndicales ont semblé être à la remorque de Tout Autre Chose / Hart boven Hard. Plus de 20.000 personnes ont bravé la météo ce dimanche tandis que bien d’autres ne sont pas venus au dernier moment au vu des conditions météorologiques, très certainement dans le cas de familles avec enfants. Cela indique que la volonté de continuer les actions est énorme. Pourquoi donc attendre de mobiliser cette volonté de passer à l’action avec un nouveau plan d’action généralisé ?
Les organisateurs de la Grande Parade ont voulu mettre l’accent sur la diversité du mouvement. Nous pensons toutefois que la diversité ne doit pas être régie par des règles imposées mais doit se développer spontanément. Des obligations telles que, entre autres, la limitation du nombre de drapeaux d’organisations, uniquement admis dans le dernier bloc de la manifestation, peuvent se retourner contre nous. Il suffit de penser à la récente mobilisation de la CGSP à Anvers, le 24 mars, où les syndicalistes ont à juste titre dénoncé les règles imposées par la ville pour leur manifestation. Les syndicalistes avaient dû faire savoir à l’avance qui allait prendre la parole à la manifestation, quels slogans allaient être scandés tandis qu’il était interdit d’exhiber des “banderoles ou pancartes provocatrices” ou de crier des “slogans provocateurs”. La liberté des participants de discuter entre eux ne peut que nous renforcer tout en permettant aussi d’affiner le programme dont le mouvement social a besoin. Une approche inclusive et non exclusive nous semble être le meilleur moyen de donner un véritable espace à la diversité du mouvement anti-austérité. De cette façon, nous pouvons également empêcher que des groupes tels que les Berbères et les Kurdes qui étaient présents soient directement relégués en queue de cortège parce qu’ils arboraient des drapeaux.
Après cette Grande parade et cette nouvelle confirmation du potentiel dont bénéficie la résistance à la politique thatchérienne ont suivi des actions syndicales régionales, qui n’ont hélas pas été aussi bien organisées, avec notamment des divisions parmi les sommets syndicaux. La meilleure manière d’y répondre est l’unité de la base pour que la réussite de nos actions force nos dirigeants à développer un nouveau plan d’action. Le gouvernement serait-il capable de survivre à un nouveau plan d’action avec une manifestation nationale massive en front commun préparant une grève générale de 48 heures?
La population grecque démontré qu’il était possible de développer une alternative politique contre l’unité néolibérale. Une approche offensive et unitaire a permis à SYRIZA de diriger le nouveau gouvernement. Marcher dans cette direction est également nécessaire en Belgique, d’où notre soutien à l’appel lancé en 2012 par la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut pour unir tous ceux qui se situent à la gauche de la démocratie chrétienne, de la social-démocratie et des Verts au sein d’un large parti de lutte démocratique et inclusif, dans le respect de tous les participants. Nous regrettons que la PTB ait mis fin au « GO » (Gauche d’Ouverture) du côté francophone après les élections. La discussion concernant la traduction politique de la résistance se poursuivra toutefois et le PSL est prêt à en discuter et à mener des actions avec chacun dans ce cadre.
Pour les très riches, notre pays est en train de devenir non seulement un paradis fiscal, mais aussi un havre de paix au niveau de l’austérité. Dès qu’une idée est lancée pour les faire (un peu, très peu) contribuer aux efforts austéritaires, elle est descendue en flèche. Ainsi, la taxe ‘‘caïman’’ (‘‘taxe de transparence’’, destinée à frapper les revenus tirés de constructions juridiques faiblement imposées détenues par des Belges) a été dépouillée de son contenu avant même d’avoir vu le jour. Pour la N-VA, le ‘‘taxshift’’ (visant initialement à alléger la fiscalité sur le travail) ne visera qu’à nous prendre dans une poche avec la TVA ce qui était précédemment pris dans l’autre. Pendant ce temps, les plus grandes entreprises engrangent d’excellents résultats financiers, de même que les grands actionnaires et les topmanagers.
Par Stéphane Delcros
Ce paradis pour les riches signifie un enfer social pour notre classe sociale : la misère est croissante à mesure que grandit l’offensive contre nos conditions de vie et nos acquis sociaux. Chaque jour connaît son attaque ou sa provocation antisociale. Les prépensionnés doivent désormais être disponibles sur le marché du travail, des travailleurs âgés font face à l’éventualité de voir disparaître la possibilité de retraite anticipée et devront donc travailler parfois jusqu’à 10 ans de plus, les services publics sont réduits à tel point qu’un patient psychiatrique mineur a été placé dans une cellule de commissariat en Flandre faute de place en institution, des bibliothèques sont menacées de fermeture,… On peut sortir des exemples par dizaines ; de l’accueil de la petite enfance à l’enseignement, des transports en commun aux tribunaux. A tout cela s’ajoutent encore les attaques contre nos salaires, notamment le saut d’index.
Et qu’on ne s’avise pas de protester contre cette situation ! La FGTB est ainsi un ‘‘club d’idiots, asocial, archaïque et myope’’, selon la députée flamande de la N-VA Annick De Ridder, qui a probablement exprimé là le sentiment profond d’une bonne partie du gouvernement fédéral et des membres des partis dont il est composé. Une déclaration de plus, et certainement pas la dernière, qui souligne les deux visions qui s’opposent en Belgique face à l’austérité brutale imposée. Les contradictions dont il s’agit ici ne sont pas communautaires ou religieuses : ce sont des lignes de fracture basées sur les classes sociales. Un gouvernement de droite dure mène une politique d’austérité brutale dans l’intérêt de la classe la plus riche et en défaveur de toutes les autres, et ceci avec l’ambition non dissimulée de casser les relations de forces sociales dans la société. Cette classe sociale privilégiée contrôle la propagande quotidienne des médias de masse et donne le ton du débat politique. Nous avons pourtant le pouvoir de notre nombre: les victimes de l’austérité sont beaucoup plus nombreuses que ceux qui en bénéficient. Mme De Ridder, il y a bien plus d’idiots asociaux, archaïques et myopes que ce que vous semblez penser !
Ce gouvernement ne fera pas de concessions. Nous devons réussir à construire un mouvement large, bien construit et avec des mots d’ordre clairs jusqu’à sa chute. Repartons sur les principes du premier plan d’action, et construisons un plan d’action plus massif et plus dur que celui de fin 2014. Un agenda d’actions et de grèves allant crescendo, autant de mobilisations construites par la base, à l’aide de séances d’information et d’assemblées générales. Il faut construire l’enthousiasme parmi les rangs syndicaux, mais aussi autour du milieu traditionnel syndical. Impliquer toutes les couches de la société touchées par l’austérité est fondamental pour mener ce mouvement général vers une victoire.
Lors du plan d’action syndical fin 2014, certains groupes de la jeunesse, des écoliers et étudiants, ont rejoint la lutte. Certaines couches du milieu socio-culturel aussi, notamment avec Hart Boven Hard et son pendant francophone, Tout Autre Chose. Leur Parade organisée le 29 mars est une première expérience importante. Malgré des faiblesses organisationnelles et en termes d’orientation politique, ces initiatives comblent un vide important que n’ont pas investi les directions syndicales. Réussir à coordonner le tout dans un mouvement alliant clarté des objectifs et des mots d’ordre à l’agenda d’actions serait un pas majeur vers la chute du gouvernement Michel et de toute la politique d’austérité.
Il existe une alternative à cette politique. Refuser le diktat des marchés et commencer à construire une société basée sur la satisfaction des besoins de l’ensemble de la population en mettant les immenses richesses produites sous le contrôle démocratique de l’ensemble de la communauté par la nationalisation des secteurs-clés de l’économie. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un changement radical de l’organisation même de la société.
La manifestation en front commun syndical de ce lundi 30 janvier à Bruxelles, partie du quartier européen vers les abords de la rue de la loi, a donné le coup d’envoi pour les manifestations provinciales prévues le 1 avril à Charleroi, Liège, Namur, Malines et Gand. 7000 travailleurs de Bruxelles, du Brabant Wallon et du Brabant Flamand y ont participé. Les secrétaires régionaux ont rappelé les revendications: retrait du saut d’index et liberté de négociations salariales, retrait de la mesure d’exclusion des chômeurs des allocations dites d’insertion, une sécurité sociale forte et une bonne protection sociale, maintien et renforcement des services publics sans toucher au statut des fonctionnaires et une fiscalité plus juste. Des délégations de travailleurs sans-papiers en lutte étaient également de la partie.
Il y a encore deux semaines, nous n’y voyions pas clair du tout quant au déroulement de la manifestation. Des délégués nous ont expliqué qu’ils avaient reçu fort tardivement les tracts à distribuer à leurs collègues. La force du plan d’action précédent qui inclut la manifestation de masse du 6 novembre, les grèves provinciales et la grève générale du 15 décembre résidait précisément dans le fait que chaque rendez-vous était connu bien à l’avance, avec du bon matériel d’information et de mobilisation. Les réunions interprofessionnelles aidaient à la préparation. Lors des réunions du personnel, les délégués savaient ce qu’ils avaient à proposer aux travailleurs.
L’atmosphère qui régnait à Bruxelles ce lundi procède d’une volonté d’entrer en action pour faire tomber le gouvernement de Michel 1er et illustre concrètement le potentiel d’un nouveau plan d’action offensif. La prise de position de la FGTB Brabant wallon qui demande une grève générale de minimum 24h reçoit un large écho. Des slogans appelant à une grève générale émanaient de plusieurs délégations, essentiellement des Métallos FGTB, des rangs de la CGSP et des organisations de jeunesse syndicales. Ces slogans ont été scandés lors du parcours et des discours au podium en milieu et fin de cortège
Beaucoup de travailleurs souhaitent des mots d’ordre clairs pour avancer sans se laisser diviser. La proposition du PSL de rejoindre la CGSP le 22 avril et de saisir l’occasion de la grève de 24h des services publics pour organiser avec les centrales du privé une nouvelle manifestation nationale de masse en front commun dans la perspective d’une grève générale de 48 heures afin de balayer Michel 1er était très bien accueillie.
[divider]
Les militants FGTB font reculer des réactionnaires anti-avortement de la place du Luxembourg
par Marisa (Bruxelles)
Avant le début de la manifestation syndicale, un groupe de militants anti-avortement venus de Pologne s’était rassemblé au milieu de la place du Luxembourg (le lieu de départ de la manifestation syndicale) avec des banderoles exposant des fœtus morts. Des syndicalistes FGTB qui étaient arrivés en avance pour préparer la concentration ont réagi vivement à cette provocation. Des calicots de la CGSP ALR et du PSL ont été placés devant. De plus en plus de militants de la FGTB sont arrivés et cela a permis d’enlever les banderoles des “pro-vie” et les obliger finalement à quitter la place sous le slogan “No pasarán”. L’action combattive de nombreux syndicalistes montre le rôle que les syndicats peuvent jouer pour la défense des droits des femmes.
Il s’agissait d’un groupe “pro-vie” qui réagissait au rejet de la proposition de l’initiative «One of us» (qui réclame l’arrêt de toute activité impliquant la destruction d’embryons) par la Commission européenne. Nous ne pouvons pas laisser ces mouvements réactionnaires de droite ultraconservatrice continuer à se développer. En Belgique aussi, les mouvements “pro-vie” essayent de se développer, entre autres, en menant des actions d’harcèlement contre les femmes devant les centres IVG. La plate-forme « pro-choix » revendique le droit des femmes à effectuer un libre choix et s’oppose aux mouvements anti-avortement qui culpabilisent et intimident les femmes. Cette plate-forme rassemble des organisations du mouvement ouvrier organisé comme la FGTB, le MOC, des associations pour les droits des femmes et des organisations politiques de gauche dont le PSL.
La lutte pour un vrai choix passe par la défense du droit à l’avortement libre et gratuit partout, y compris en Belgique où il reste soumis à conditions, mais également par d’autres revendications sociales. Par exemple, des salaires dignes, des allocations sociales et familiales couvrant réellement le coût d’un enfant, des services publics permettant aux femmes de combiner travail et famille, une interdiction des intimidations faites aux femmes devant les centres pratiquant l’IVG, une contraception gratuite ainsi qu’une éducation à la sexualité digne de ce nom.
Le nouveau gouvernement grec refuse de persévérer dans l’austérité. La FGTB quitte les négociations du ‘‘groupe des 10’’. Ce changement de cap, il vient des tripes de la société. On peut aussi le voir s’épanouir en Espagne avec Podemos et en Irlande avec l’Alliance Anti-Austérité (AAA). Aux dires des médias, ils ne font que s’isoler : ‘‘Le gouvernement grec se tient seul face aux 18 autres gouvernements de l’Eurozone et aux 27 pays de l’Union’’, ‘‘la FGTB est la seule des six organisations sociales qui est sortie des négociations’’.
Par Eric Byl, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
En ce moment pourtant, le gouvernement grec surfe sur une vague d’enthousiasme. La résistance du gouvernement Tsipras contre les dictats européens est soutenue par 72% des Grecs. Si de nouvelles élections avaient lieu, SYRIZA remporterait 45% (+ 9%) des suffrages. Quel autre parti au gouvernement pourrait en rêver actuellement en Europe? Quel mouvement des travailleurs, quel syndicat, quel mouvement social n’assiste pas à ça avec envie ?
Si même le conseil national de la CSC n’a approuvé l’accord social qu’à 49%, après que le président Marc Leemans ait dû assurer que la CSC continuerait de mener des actions concernant les thèmes qui ne sont pas couverts par l’accord (voir en pages syndicales), qu’est-ce que cela ne doit pas être à la base… La FGTB est isolée ? Vraiment?
Jusqu’à récemment, la tendance dominante au sein du mouvement organisé des travailleurs s’approchait du désespoir: ‘‘Nous avons obtenu tout ce que nous pouvions, mais il n’y a plus rien.’’ Le gouvernement Michel espère que la CSC empruntera cette voie, celle défendue par Di Rupo & Co. Le projet est contrarié. Dans les écoles et les quartiers ou encore sur les lieux de travail, on en a marre depuis déjà longtemps. Si jusqu’il y a peu, il semblait qu’aucune alternative n’existait, ce n’est plus le cas.
Désormais, cette tendance défaitiste est contestée par une autre, celle de l’espoir. Nous ne savons pas si le gouvernement grec durera ou si la population grecque est suffisamment préparée pour tous les scénarios possibles. Spontanément, les Grecs sont descendus dans les rues soutenir leur gouvernement. Mais est-ce fait de manière suffisamment structurée de sorte que la politique du gouvernement soit comprise et activement soutenue dans tous les recoins du pays et même ainsi adaptée si nécessaire?
La solidarité internationale avec le peuple grec sera hautement nécessaire. De nombreux syndicats, y compris IG-Metall (Allemagne), la FGTB et la CNE ont déjà publiquement exprimé leur soutien. Pourquoi attendre avant d’organiser une manifestation européenne? Pourquoi pas par toute la Confédération européenne des syndicats ? Que faire si l’establishment européen pousse la Grèce jusqu’au Grexit?
Aller vers une grève générale européenne?
La lutte menée en commun est la meilleure forme de solidarité. Le nouveau plan d’action de nos syndicats ouvre des perspectives, mais seulement à condition d’être bien organisé. Il nous faut la date d’une nouvelle manifestation nationale! Il nous parvient que beaucoup de collègues souhaitent une nouvelle manifestation nationale depuis celle du 6 novembre. Il serait peut-être possible d’atteindre les 200.000 participants, mais pas si l’appel est tardif et sans enthousiasme. Nous ne voulons pas entendre par la suite: ‘‘on voulait bien nous, mais on n’a pas été suivis.’’
Le gouvernement a vacillé sous les coups du précédent plan d’action, mais la direction syndicale s’est laissée entrainée dans les négociations du prétendu accord social avec une embarrassante marge salariale de 0,8% brut à la clé. Même affaibli, ce gouvernement ne cèdera rien. Il doit être balayé, lui et toute la politique d’austérité. Cela exige des mots d’ordre à hauteur du défi : un plan d’action plus massif et plus dur que le précédent. Continuer la lutte quelques mois encore sans consulter la base à l’avance est une erreur à ne pas reproduire. Celui qui fait grève veut également décider des actions à venir. Et si négociations il y a, les militants doivent pouvoir déterminer où, quand et quoi.
Lors des réunions du personnel, nous voulons non seulement être informés et organiser les actions, mais aussi envisager les mesures nécessaires au bon fonctionnement de notre entreprise, de notre secteur, de notre service, et ce, de manière humaine. En bref, nous voulons impliquer nos collègues dans l’élaboration et le développement d’une alternative à cette société où prime la soif de profits.
Hier, des milliers de militants des syndicats des services publics se sont réunis à Bruxelles pour une concentration militante. la colère est particulièrement grande parmi les travailleurs du secteur public. La CGSP a déjà appelé à une grève générale des services publics pour le 22 avril.
Le PSL a participé à cette action avec un tract spécifique. Nos militants ont vendu 51 exemplaires de notre mensuel et ont réalisé 5 abonnements.
Un nouveau plan d’action pour balayer toute la politique d’austérité !
Pour le gouvernement Michel, il est scandaleux que les dépenses publiques représentent 55% du PIB du pays. Manque de classes pour nos enfants? Manque de greffiers dans nos tribunaux? Manque d’inspecteurs des impôts pour contrôler les entreprises? Prisons surpeuplées? Manques d’arrêts de bus à proximité? Pas de chance. Tant que les dépenses publiques seront au-dessus de la moyenne européenne, ce gouvernement ne va pas céder d’un pouce, même si cela signifie un manque de logements, d’écoles, de soins, de transports ou de moyens pour la justice.
Michel veut épargner 2,3 milliards € dans les services publics. Quatre cinquièmes des fonctionnaires partant en retraite ne seraient pas remplacés, les frais de fonctionnement seraient réduits de 28% et les investissements de 33%. Ce que le gouvernement veut faire à nos pensions est encore à voir mais, de toute façon, nous devrons, comme nos collègues du privé, travailler plus longtemps pour des pensions plus faibles. Dans ce domaine, “harmonisation” signifie nivellement par le bas.
Ce gouvernement veut mettre les services publics à sec et ainsi alimenter les frustrations des usagers. L’opinion publique serait ainsi préparée pour l’externalisation de certaines tâches au secteur privé, comme dnas les prisons ou concernant l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Belgacom et B-Post sont devenues des entreprises performantes, non pas en termes de service et certainement pas en termes de conditions de travail, mais bien concernant les dividendes versés aux actionnaires. Dans d’autres services publics, Michel veut inverser les rapports de force en instaurant un service minimum, en érodant ou supprimant le statut des fonctionnaires et en ouvrant ainsi la voie aux investisseurs privés.
Notre enseignement fonctionne la tête à l’envers. Le travail d’un enseignant offre les meilleures chances de finir en épuisement professionnel. Les parents campent à nouveau devant les écoles afin d’inscrire leurs enfants. Le retard d’investissements est incroyable, nos enfants suivent leurs cours dans des bâtiments délabrés ou dans des salles préfabriquées. Dans l’enseignement supérieur, le personnel ne suit pas l’augmentation du nombre d’étudiants. Avoir un ou plusieurs diplômes est en effet aujourd’hui une exigence absolue sur le marché de l’emploi. Mais les autorités ont l’intention de résoudre le problème en augmentant le seuil financier pour accéder à l’enseignement supérieur.
La réforme de l’État est conçue de telle sorte que la politique austéritaire se produit simultanément à tous les niveaux : fédéral, régional et local. Cela conduit à abuser des contrats précaires, de charges de travail excessives, de licenciements ou de non-remplacement des retraités, de manque de ressources, d’augmentations des tarifs à la population, de fermetures ou de réductions de services, etc.
Les négociations n’ont livré que la division
A l’automne dernier, nous avons ébranlé le gouvernement avec notre plan d’action. Malheureusement, nous n’avons pas fini le travail. À la demande des patrons et du CD&V, les syndicats se sont assis à la table de négociation. Notre moment a été gaspillé. Et pour quel résultat? Un gain de temps crucial pour le gouvernement et, pour nous, une minuscule compensation pour le saut d’index avec une augmentation brute de 0,8% en 2016 dans le secteur privé. A cela s’ajoute, pour la énième fois, l’enveloppe pour les allocations sociales les plus basses, ce qui est déjà un acquis depuis 2005. La FGTB a rejeté l’accord à juste titre, tout comme 46% du conseil national de la CSC. Avec sa déclaration qu’une taxshift ne peut être rien d’autre qu’une augmentation de la TVA, le ministre des Finances Van Overtveldt (N-VA) a livré sa contribution à l’opposition à l’accord au sein des syndicats. Depuis, pas un jour ne passe sans une provocation des partis gouvernementaux.
A l’automne, les dirigeants syndicaux ont appelé à suivre attentivement les mots d’ordre. Maintenant, on dirait qu’ils organisent le chaos. La CSC a ouvert la porte à un fouillis d’accords séparés. Jorissen (président de l’ABVV-metaal) et Dedeyn (président du SETCa) ont estimé que le saut d’index ne valait pas une grève, sans consulter la base de leurs centrales ou le sommet de la FGTB. Il faut bien admettre que certains de nos secrétaires dans les services publics n’étaient pas non plus très chauds quand il fallait lutter tous ensemble. Si nous continuons à ce rythme, tout le monde aura bientôt un accord pourri et quand ce sera au tour des services publics, il ne restera plus personne avec qui combattre.
Les syndicats des services publics peuvent prendre les devants
La force du plan précédent était que que chaque rendez-vous était connu bien à l’avance, avec du bon matériel d’information et de mobilisation. Les réunions interprofessionnelles ont aidé à la préparation. Lors des réunions du personnel, les délégués savaient ce qu’ils avaient à soumettre. Maintenant, ils doivent hélas deviner. Qu’attend t-on de nous pendant les actions provinciales du 31 mars et du 1er avril? Ce seront des manifestations ou autre chose? Avec ou sans grève? Moins de deux semaines à l’avance, nous sommes encore à tâtons dans l’obscurité, ce n’est quand même pas sérieux ?
Les dirigeants de la FGTB et de la CSC ont facile : alors que l’un signe l’accord social que l’autre rejette, le front commun syndical est maintenu. Mais pourrions nous aussi maintenant savoir ce que le front propose, plus d’une semaine à l’avance de préférence, afin de pouvoir diffuser les informations et l’argumentation ? Pour les services publics, entre autres, temporiser, c’est risquer la catastrophe. Il suffit de regarder autour de nous, vers les collègues, pour se rendre compte que ça ne peut pas continuer ainsi. Nous sommes plus qu’assez pour sérieusement pousser le mouvement de résistance de l’avant.
En annonçant une grève générale des services publics de 24h, la CGSP a finalement brisé la procrastination. Qu’attendent les autres syndicats des services publics pour la rejoindre sans équivoque ? Que le gouvernement plie de lui-même? Pourquoi les syndicats des services publics n’appellent-ils pas les centrales des secteurs privés à organiser une nouvelle manifestation nationale en front commun le 22 avril, annonciatrice d’une grève générale de 48 heures? Voyons voir si le gouvernement saura survivre à ça.
Une alternative politique est nécessaire
Retrait du saut d’index et liberté de négociations salariales, une sécurité sociale forte et une bonne protection sociale, maintien et renforcement des services publics sans toucher au statut des fonctionnaires et une fiscalité plus juste : sans ce minimum, selon les directions syndicales, il n’était pas question d’accord. Plus tard s’est également ajoutée la revendication du retrait de la mesure d’exclusion des chômeurs des allocations dites d’insertion. Alors que le gouvernement a immédiatement fait comprendre que cela était hors de question, les dirigeants syndicaux ont tout de même pris leur place à la table de négociation. Pourquoi donc ? Parce qu’eux-mêmes ne croient pas en l’existence d’une alternative. Ils espèrent obtenir bien plus d’écoute d’un gouvernement comprenant les chrétiens et sociaux-démocrates, mais ils savent que ceux-là aussi estiment qu’il faut travailler plus longtemps, que nos salaires sont trop élevés et qu’il faut attirer les investisseurs avec des cadeaux fiscaux. Faut-il vraiment nous tourner de nouveau vers Di Rupo pour que la N-VA ou des populistes pires puissent ensuite encore instrumentaliser la désillusion consécutive à ses politiques ?
La population grecque a montré qu’il peut en être différemment en votant en masse pour SYRIZA puisqu’il avait offert aux communistes et à d’autres groupes de la gauche radicale de lutter ensemble pour une majorité anti-austérité. Aujourd’hui, dans les sondages, SYRIZA obtient 47%! Cela devrait donner suffisamment de confiance à SYRIZA pour résister à la pression de l’establishment européen, stopper l’austérité et appliquer une politique véritablement socialiste. La FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut appelle depuis plusieurs années à rompre avec les chrétiens-démocrates, les sociaux-démocrates et les Verts pour réunir ce qui se trouve à leur gauche dans un parti de lutte large, démocratique et inclusif qui respecte tous les participants. Le PTB-GO constituait une première étape dans cette direction, mais c’est déjà fini. Le PSL reste disponible pour poursuivre ces discussions avec ceux qui le souhaitent.
Le PSL défend :
– Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
– Pas de sape des contrats de travail pour la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires!
– Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
– Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée!
– Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
– Stop à la chasse aux chômeurs ! Pas de dégressivité, pas de service obligatoire à la communauté, mais la répartition collective du temps de travail vers les 32h/par semaine sans perte de salaire !
– 85% des Flamands sont favorables à un impôt sur les fortunes supérieures à un million d’euros. Nous soutenons cela et souhaitons y coupler la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur financier pour éviter la fuite de capitaux.
– Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique par la collectivité !
– L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’assurent pas de garantie pour l’emploi. Pour une économie planifiée démocratiquement gérée et contrôlée par la collectivité dans le cadre d’un socialisme démocratique !
Hier, une concentration organisée à l'initiative du front commun syndical a eu lieu à Bruxelles. Nous avons déjà publié un rapport de l’événement, voici en plus quelques reportages-photos.
Quelque 10.000 personnes se sont à nouveau réunies aujourd’hui à Bruxelles pour une nouvelle concentration du front commun syndical Place de la Monnaie, là même où avait pris place le rassemblement de fin septembre qui avait précédé le lancement du premier plan d’action contre le gouvernement Michel en novembre/décembre. De nouvelles actions ont directement été annoncées, semblant à nouveau suivre une optique allant crescendo.
Encore une fois, les raisons de participer à ce rassemblement étaient nombreuses : opposition à l’augmentation de l’âge de la pension, aux attaques contre les chômeurs, au saut d’index, à la dégradation de nos services publics ou encore au laxisme vis-à-vis de la fraude fiscale; au côté de la défense du droit à un emploi de qualité, à des allocations sociales qui permettent de mener une vie décente, à une protection sociale forte,… L’arrogance des partis au gouvernement était aussi régulièrement dénoncée, illustrée hier encore par les propos tenus par la députée N-VA Annick De Ridder sur Twitter. Pour elle, la FGTB est un “club d’idiots, antisocial, archaïque et myope”. Ce fut à n’en pas douter un bon dernier coup de pouce pour la mobilisation de ce mercredi, qui ne restera pas isolée.
Photo : MediActivistaLe 19 mars, les services publics manifesteront en front commun à Bruxelles. Le rendez-vous sera à 11h, à nouveau Place de la Monnaie. Ensuite, le front commun a annoncé la tenue de manifestations de masse dans toutes les provinces entre le 30 mars et le 3 avril. Deux dates sont dores et déjà connues : le 31 mars à Bruxelles et le 1er avril à Liège. S’il n’a pas encore été ouvertement question d’une nouvelle grève générale, le mot d’ordre était sur toutes les lèvres, et plusieurs militants ont scandé “grève générale” à plusieurs reprises durant les prises de paroles des dirigeants syndicaux.
L’annonce de ces nouvelles mobilisations est une bonne chose. Comme le PSL le disait dans le tract distribué aujourd’hui sous le slogan “Ne nous laissons pas diviser : Un nouveau plan d’action jusqu’à la chute de Michel 1er!” : “La force du plan d’action précédent résidait précisément dans le fait que chaque rendez-vous était connu bien à l’avance, avec du bon matériel d’information et de mobilisation. Les réunions interprofessionnelles ont aidé à la préparation. Lors des réunions du personnel, les délégués savaient ce qu’ils avaient à soumettre. Maintenant, ils ne savent même pas où ils en sont.” Voilà maintenant de quoi concrètement alimenter les discussions avec les collègues et donner corps à de nouvelles assemblées de personnel. Ces réunions sont le lieu idéal pour discuter des modalités visant à faire de ces manifestations des réussites historiques, pour affiner le programme de revendication à pousser de l’avant et pour discuter de la suite des actions. Pourquoi ne pas suggérer la tenue d’une nouvelle manifestation nationale massive, en front commun, annonciatrice d’une grève générale de 48 heures, autour du 1er mai par exemple ?
Ce gouvernement a déjà clarifié qu’il poursuivrait sur sa voie antisociale, le plan d’action doit viser à le faire dégager par la grève! Il nous faut d’ailleurs également aborder la question de l’alternative à défendre contre ce gouvernement. Certains dans les sommets syndicaux espèrent obtenir plus d’écoute de la part d’un gouvernement comprenant les chrétiens et sociaux-démocrates. Mais ceux-là aussi estiment qu’il faut travailler plus longtemps, que nos salaires sont trop élevés et qu’il faut attirer les investisseurs avec des cadeaux fiscaux! “Faut-il vraiment nous tourner de nouveau vers Di Rupo pour que la N-VA ou des populistes pires puissent ensuite encore instrumentaliser la désillusion consécutive à ses politiques ?”, avons-nous soulevé dans notre tract. La FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut appelle depuis plusieurs années à rompre avec les chrétiens-démocrates, les sociaux-démocrates et les Verts pour réunir ce qui se trouve à leur gauche dans un parti de lutte large, démocratique et inclusif qui respecte tous les participants. Le PTB-GO constituait une première étape dans cette direction, mais c’est déjà fini. Le PSL reste disponible pour poursuivre ces discussions avec ceux qui le souhaitent.
Photos : MediActivista
Le PSL défend :
Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
Pas de sape des contrats de travail pour la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires !
Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée!
Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
Stop à la chasse aux chômeurs ! Pas de dégressivité, pas de service obligatoire à la communauté, mais la répartition collective du temps de travail vers les 32h/par semaine sans perte de salaire !
85% des Flamands sont favorables à un impôt sur les fortunes supérieures à un million d’euros. Nous soutenons cela et souhaitons y coupler la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur financier pour éviter la fuite de capitaux.
Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique par la collectivité !
L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’assurent pas de garantie pour l’emploi. Pour une économie planifiée démocratiquement gérée et contrôlée par la collectivité dans le cadre d’un socialisme démocratique !
Le premier plan d’action du front commun syndical de novembre/décembre avait ébranlé le gouvernement Michel, mais il en fallait plus pour le faire tomber. La prochaine étape prendra place le 11 mars à Bruxelles, où aura lieu une nouvelle concentration de militants à l’appel du front commun, à l’image de celle de fin septembre qui avait précédé la manifestation historique du 6 novembre. Un deuxième plan d’action offensif et allant crescendo est essentiel pour parvenir à balayer le gouvernement Michel et toute la politique d’austérité.
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
Une concertation sous forme de racket
À la période du plan d’action culminant avec la grève générale nationale du 15 décembre a suivi celle des négociations concernant la norme salariale entre ‘‘partenaires sociaux’’ au sein du ‘‘groupe des dix’’ (qui réunit les instances dirigeantes des organisations syndicales et patronales). Fin janvier, un projet d’accord a ainsi été conclu, prévoyant une hausse des allocations sociales de 2% et une marge salariale de 0,8%. Si la FGTB a quitté la table, la CSC, elle, y est restée, mais sa direction n’a su recueillir qu’une majorité particulièrement maigre en consultant ses structures. En prenant en compte les abstentions, il n’était même pas question de majorité… Un texte avalisé avec si peu d’approbation est inédit à la CSC. En considérant toute la pression qui a été exercée au sein du syndicat vert à grands coups de notes internes soulignant notamment que ce vote était distinct de l’élaboration d’un deuxième plan d’action (notamment contre le saut d’index), pareil résultat ne pouvait qu’illustrer l’écho dont bénéficie l’appel pour un deuxième plan d’action en front commun syndical.
Charles Michel (MR) et Kris Peeters (CD&V) ont voulu, à l’aide des médias dominants, dépeindre les choses autrement en mettant en avant qu’il s’agissait d’un pas important en direction de la paix sociale. Tout a été fait pour donner l’impression que rien ne c’était produit fin 2014, ou si peu, et que la CSC donnait soudainement un soutien plein et entier à l’accord de gouvernement. Le syndicat avait pourtant directement annoncé que le front commun n’était pas brisé et que de nouvelles actions allaient suivre.
Le secrétaire-général de la CNE (centrale des employés de la CSC) Felipe Van Keirsbilck a immédiatement prévenu dans l’émission Matin Première : ‘‘Personne ne croit, même Pieter Timmermans (l’administrateur-délégué de la FEB) dans ses rêves les plus fous, qu’il y aura la paix sociale sur tous les sujets.’’ La pension à 67 ans, le saut d’index, ‘‘la destruction des prépensions’’, le ‘‘vol important qui sera fait sur les travailleurs à temps partiel’’ ou ‘‘la destruction des droits des chômeurs âgés’’ sont autant de sujets sur lesquels la mobilisation sera importante. Il ajoutait : ‘‘Les négociations relevaient davantage du racket que de la concertation. Je mesure mes mots. Derrière la FEB, M. Timmermans et ses collègues savaient que le gouvernement était prêt à imposer une norme de 0% s’il n’y avait pas d’accord. Donc, ils étaient dans un fauteuil, ils n’ont pas négocié. Ils ont imposé toutes leurs volontés. Ils ont donné des cacahuètes.’’
Des cacahuètes pour tenter de museler l’opposition
Tout l’enjeu de cet accord social ne concernait pas la marge salariale, mais bien le blocage de la résistance aux politiques d’austérité. Les négociations ont été instrumentalisées dans le but de semer la division entre la CSC et la FGTB ou entre francophones et néerlandophones. Toutefois, malgré tout l’arsenal déployé à cet effet, la sauce n’a pas pris et la pression de la base a su contrarier la tentative. Mais avec les provocateurs professionnels de la N-VA, il n’était pas simple de masquer les objectifs réels du gouvernement et des patrons…
Puis, le projet d’accord était à peine annoncé que le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) expliquait à qui voulait l’entendre qu’il fallait d’abord examiner son impact sur le coût de la main-d’œuvre : ce projet ‘‘doit correspondre à l’accord de gouvernement dans une mesure suffisante.’’ Difficile d’expliquer plus clairement que les négociations ne sont bonnes qu’à servir les visées de ce gouvernement de droite dure en essayant de museler toute opposition à sa politique. Cela a d’ailleurs été dit de façon très explicite par la députée N-VA Zuhal Demir : ‘‘Le dialogue social livre un certain espace, utilisons-le.’’
Un certain espace ? C’est qu’aux dires du gouvernement, les fameuses cacahuètes seraient conditionnées à la garantie de la ‘‘stabilité des secteurs et des entreprises’’. ‘‘Les actions syndicales ne pourront être des grèves’’, a clamé Kris Peeters ; il ne pourra être question ‘‘d’hypothéquer le fonctionnement des entreprises.’’ Le député Egbert Lachaert (Open Vld) a renchéri : hors de question que le pays soit encore paralysé par le ‘‘diktat’’ et les ‘‘prises d’otage’’ des syndicats. Chacun y va de son petit mot, mais la ligne suivie par Michel & Co reste la même : hors de question que le mouvement des travailleurs s’oppose à la prise d’otage des services publics, des travailleurs, des allocataires sociaux, des retraités, etc. commise par le diktat du libre marché et de l’économie de concurrence.
Un deuxième round de résistance sociale
La concentration du front commun syndical du 11 mars sera précédée de sessions d’information dans les entreprises et d’actions de sensibilisation autour de ‘‘la fiscalité équitable et le tax shift, les mesures gouvernementales sur l’assurance-chômage, la disponibilité des chômeurs, la réforme des pensions, le pouvoir d’achat et le saut d’index, la défense de services publics de qualité et les négociations pour les travailleurs du secteur public et de l’enseignement.’’
En dépit du fait que la tension sociale construite par le premier plan d’action soit légèrement retombée et que le gouvernement a su utiliser la menace terroriste pour quelque peu resserrer les rangs autour de lui, la majorité de la population reste opposée aux principales mesures du gouvernement Michel. Un baromètre réalisé pour RTL et Le Soir, par l’agence Ipsos a démontré fin janvier que 58 % des sondés s’opposent au saut d’index (24% l’estimant positif) et que 61 % des personnes interrogées sont contre le recul de l’âge de la pension (contre 37% de partisans).
L’opposition reste donc vive, dans tout le pays. Ce qu’un nouveau plan d’action peut saisir comme potentiel est considérable. Nous avons développé à plusieurs reprises dans ses pages, et dès avant la journée de grève générale nationale du 15 décembre, ce que le PSL veut soumettre à la discussion en guise de prochain pas : un plan d’action plus dur et plus massif que le premier, avec une nouvelle concentration militante (étape dorénavant annoncée), une nouvelle manifestation nationale, des journées de grève régionales et enfin une grève générale nationale de 48 heures, éventuellement reconductible si le gouvernement n’est pas encore tombé.
Il est tout à fait possible de mobiliser l’enthousiasme qui vit chez bon nombre d’entre nous, avec l’annonce de nouvelles actions et au vu du fait que le front commun a tenu bon, en allant massivement distribuer des tracts aux marchés, dans les centres-ville, aux sorties des supermarchés,… Le mouvement organisé des travailleurs est capable de construire un mouvement social impliquant les couches larges de la population autour du noyau des syndicalistes les plus chevronnés. Ce serait une excellente manière de convaincre les sceptiques qui doutent de l’efficacité des actions collectives que nous nous rendons au combat pour vaincre. Cette approche serait renforcée par l’organisation d’assemblées de militants ouvertes – dans toutes les régions et dans tous les secteurs – pour décider des mesures à prendre, de la manière de les appliquer et des revendications à défendre.
Quelle alternative ?
Victor Hugo a écrit : ‘‘C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.’’ Le scandale de LuxLeaks, puis de SwissLeaks, la grève des capitaux (‘‘Le cash des entreprises belges atteint 240 milliards d’euros’’, titrait le magazine Trends Tendances du 6 novembre 2014), etc. ont illustré à quel point ce constat est toujours valable.
Selon la très fade opposition officielle, il faut un rééquilibrage de la taxation du travail vers le capital. Il nous faut une ‘‘véritable révolution fiscale’’, disait la cheffe de groupe CDH au Parlement, Catherine Fonck, semblant faire écho à la proposition de (maigre) taxe sur la fortune du PS. Histoire d’aller au-delà des mots, le PS et le CDH pourraient se retrousser les manches : puisque l’impôt sur la fortune n’existe pas au niveau fédéral, la loi de financement autorise le gouvernement wallon à taxer les grosses fortunes wallonnes. Leurs efforts se bornent à tenter de récupérer la colère sociale.
Une véritable alternative issue du monde du travail peut émerger du mouvement anti-austérité. Le cahier de revendication du front commun doit être discuté et élaboré en Assemblées générales pour fournir un programme véritablement favorable aux travailleurs, tous secteurs confondus. Les moyens existent pour construire un autre modèle que la société capitaliste où s’épanouit la violence de la logique de concurrence et du chacun-pour-soi. Allons les arracher et bâtissons une alternative collective et solidaire.