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  • Grèce : Des néo-nazis accusés du meurtre de sang froid de Pavlos Fyssas, militant de gauche et rappeur

    La gauche et le mouvement organisé des travailleurs ont besoin d’un puissant front antifasciste

    Dans la nuit du 18 septembre 2013, la commune de Keratsini (dans le Pirée, la deuxième plus grande ville de Grèce, qui abrite son plus grand port) s’est vue submergée par des dizaines de milliers d’antifascistes venus d’Athènes et de tout le Pirée. La ville, proche d’Athènes, est forte d’une grande histoire de luttes et de traditions de la classe ouvrière. Les antifascistes exprimaient leur colère à la suite du meurtre de sang froid de Pavlos Fyssas, rappeur et militant antifasciste.

    Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Pavlos Fyssas était connu pour ses textes antifascistes engagés et ses idées de gauche. Il a été attaqué par des crapules d’Aube Dorée face à de nombreux témoins, y compris 4 policiers armés qui n’ont rien fait pour empêcher son assassinat.

    Un partisan d’Aube Dorée a été arrêté par la police le 18 septembre et a avoué le meurtre. Il a été arrêté sur le champ. Malgré ses blessures fatales, Pavlos a pu désigner son assassin à la police. De nombreux témoins oculaires étaient également présents, l’attaque ayant eu lieu sur une place du centre. Après avoir admis son meurtre, le suspect a déclaré être membre d’Aube Dorée. Il visitait leurs bureaux locaux ‘‘5 à 10 fois par mois’’. La police a fouillé la maison du suspect après le meurtre et a trouvé des écrits d’Aube Dorée et du matériel du parti. Les médias racontent que le suspect a téléphoné à sa femme pour lui dire de vider la maison de tout le matériel avant que la police arrive et de le transférer chez un membre de sa famille, dirigeant local d’Aube Dorée.

    Les médias grecs ont déclaré que le suspect était payé par Aube Dorée pour attaquer des immigrés sur commande et provoquer des conflits avec des militants de gauche. Une pratique commune dans le parti, qui paye des gens pour participer à ses descentes quand cela est jugé opportun.

    Pavlos Fyssas est le premier militant grec à être assassiné par des partisans d’Aube Dorée. Jusqu’à présent, ils concentraient leurs attaques sur les immigrés, dont ils ont déjà tué un certain nombre. Mais depuis l’année dernière, ils ont commencé à se concentrer davantage sur les militants de gauche et les antifascistes. Le 18 septembre, la gauche grecque et le mouvement antifasciste ont connu leur première victime mortelle.

    Pavlos Fyssas était rappeur et musicien, il écrivait et chantait des textes contre le fascisme. Il est né, a grandi et a vécu à Keratsini, un quartier ouvrier de la ville du Pirée. Il était en train de regarder un match de foot dans un café du centre-ville quand des voyous d’Aube Dorée l’ont reconnu. Ils l’ont pris pour cible à cause de ses textes, et ont envoyé des messages afin de mobiliser leur gang pour attendre Pavlos hors du café.

    Pavlos et ses amis, qui ont senti que l’atmosphère devenait dangereuse, ont décidé de quitter le café pour être accueillis par 30 à 40 gros bras. Pavlos a été poignardé en plein cœur. Les médecins ont qualifié le coup porté de ‘‘professionnel’’.

    Deux nuits auparavant, dans un autre quartier ouvrier du Pirée, Aube Dorée a attaqué un groupe de 30 membres du parti communiste (KKE) qui collaient des affiches. On estime qu’environ 50 d’entre eux les ont attaqués avec de battes de baseball cloutées, et 9 personnes ont été hospitalisées. Parmi eux, le leader du syndicat des métallurgistes, qui habite le quartier.

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    Soutenez les comités antifascistes grecs !

    Aujourd’hui, des dizaines de comités antifascistes existent déjà en Grèce. En dépit de leurs ressources extrêmement limitées, ils tentent d’organiser l’auto-défense contre la violence fasciste, de mettre en place divers projets sociaux destinés à atténuer les difficultés sociales extrêmes, d’organiser une lutte commune des travailleurs et de leurs familles (Grecs ou immigrés) contre la politique de casse sociale de la Troïka. Xekinima – l’organisation-sœur du Parti Socialiste de Lutte (PSL), des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et de leur campagne ”Résistance Internationale” – a mis tout son poids dans la construction de ces comités antifascistes.

    La crise du capitalisme ne se limite pas à un seul pays, et le développement de la situation politique et sociale en Grèce est crucial pour le reste de la classe des travailleurs en Europe et au-delà. Utilisons notre arme la plus puissante – la solidarité – pour renforcer ce combat. Ce soutien doit être concret afin de permettre l’édition de tracts, d’affiches, les locations de salles,…

    Contribuez à ce combat antifasciste en effectuant une donation sur le compte n° 001-2282409-75 de notre campagne antifasciste Résistance Internationale avec pour mention : ‘‘Grèce’’.

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    Ce n’était qu’une question de temps avant que des membres et des partisans d’Aube Dorée soient impliqués dans l’assassinat d’un militant de gauche. C’était aussi une question de temps avant qu’ils décident de lancer de telles attaques pour reprendre l’initiative après avoir essuyé quelques défaites dans la période passée.

    Après le succès d’Aube Dorée aux élections de mai et juin 2012, des comités antifascistes ont vu le jour, et à de nombreuses reprises des militants d’Aube Dorées ont été chassés des quartiers. Leurs manifestations ont été contrées et annulées par ces mêmes comités. A un autre moment, des immigrés sont repoussés les gros bras d’Aube Dorée. A Chania, en Crète, le chef des nazis locaux a été jeté à la mer par les antifascistes.

    Aube Dorée veut reprendre l’initiative

    La récente attaque contre les membres du parti communiste peut uniquement s’expliquer par une tentative de reprendre l’initiative. S’ils ont pu envoyer 9 membres du parti sur 30 à l’hôpital alors que le parti communiste est réputé comme l’une des forces les plus organisées de la gauche, forte de militants déterminés et dotés du sens du sacrifice, alors les fascistes seront considérés comme les nouveaux maîtres des rues.

    Le plus tragique, c’est que le parti communiste (KKE) ne mène pas de réelle campagne antifasciste, et l’attaque qu’ils ont essuyée n’a pas conduit à une campagne antifasciste sérieuse. Les fascistes ont donc atteint leur but : semer la peur et la démoralisation.

    La vérité, c’est qu’Aube Dorée peut seulement se permettre ce genre de démonstration de force car les partis de gauche sont en léthargie en ce qui concerne le problème du fascisme. Le KKE tout comme Syriza (la coalition de gauche radicale) sous-estiment le danger du fascisme, comme si l’expérience des années 1930 n’avait pas existé.

    Syriza a fait des pas en avant vers une meilleure compréhension du problème et a développé quelques campagnes antifascistes. Mais elles ne suffisent pas et, fondamentalement, ce sont les militants qui décident de prendre des mesures antifascistes, ce n’est pas grâce aux mots d’ordre clairs de la direction de Syriza.

    Il n’existe pas d’unité de gauche sur le problème du fascisme. Le KKE, mais aussi ANTARSYA (l’alliance de gauche anticapitaliste) refusent de s’allier avec les autres forces, particulièrement Syriza, pour lutter contre le fascisme. Ils ne comprennent pas qu’une campagne et un front antifasciste doivent se développer dans tout le spectre de la gauche et au sein de la classe ouvrière organisée. Il n’y pas non plus de mesures pratiques telles que des comités de défense, alors que les fascistes s’entraînent aux armes à feu sous la protection d’entreprises privées. Il ne pourra pas y avoir de réponse au fascisme à moins que la gauche décide de lutter non seulement contre la Troïka et le gouvernement grec, mais aussi contre le système capitaliste lui-même, qui est à la base de la réémergence de la menace fasciste. Une fois de plus, les partis de gauche sont hélas à des kilomètres de la réalité.

    Malgré ces faiblesses des partis de gauche ‘‘officiels’’ concernant ce problème, des milliers d’antifascistes organisent des campagnes et des comités dans les villes. Après le meurtre de Pavlos, leur lutte ne sera que plus déterminée. Il y a de bonnes raisons de croire que la mort de Pavlos réveillera nombre de ceux qui jusqu’alors n’avaient pas réalisé la situation critique vers laquelle se dirige la Grèce. Voilà la meilleure façon d’honorer la mémoire de Pavlos : lutter pour ce pour quoi il a lutté, une meilleure vie sous une alternative au capitalisme, une société socialiste.

    Pavlos a perdu la vie debout, en se battant. Il n’a pas plié une seconde devant les fascistes. Selon des témoins, ses derniers mots ont été ‘‘Vous voulez vous battre comme des hommes, battez-vous un contre un.’’ Mais les fascistes ne se battront pas un contre un. Ils n’en ont pas le courage, lâches comme ils sont.

    Pavlos Fyssas restera un combattant pour notre cause. Il sera sur nos bannières et dans nos slogans. Nous nous assurerons que sa mort n’aura pas été vaine !

  • Grèce : ‘Initiative 1000’ – Une initiative ambitieuse de la gauche grecque

    Construisons un front unique des forces de gauche sur un programme qui mette fin à la crise capitaliste!

    Xekinima (la section du CIO en Grèce) joue un rôle central au sein d’une initiative destinée rapprocher les différentes forces de la gauche grecque afin de lutter pour un front unique, essentiellement basé autour de Syriza, la coalition de la gauche radicale qui est actuellement le parti d’opposition de gauche au plus haut dans les sondages, et sur un programme qui rompt de manière décisive avec le capitalisme.

    Andros Payiatsos, Xekinima (CIO en Grèce)

    Cette initiative est appelée "Initiative 1000" en raison du nombre d’individus qui ont signé la "Déclaration de l’initiative" originelle.

    "L’initiative" a tenu son premier meeting public le 29 novembre 2012 à Athènes. Malgré la pluie battante, 600 personnes ont participé au lancement très réussi. Des meetings ont ensuite eu lieu dans beaucoup d’autres endroits en Grèce pour mettre en place des comités locaux de l’Initiative. Le texte qui suit est une traduction éditée d’un article d’Andros Payiatos, de Xekinima, publié en novembre, peu après une conférence de presse pendant laquelle ”Initiative 1000” a formellement été lancée.


    Le lundi 5 novembre 2012, les membres de différentes organisations de la gauche grecque et des militants indépendants ont lancé "Initiative 1000" qui tire son nom du millier de personnes qui ont signé une déclaration initiale.

    Ce lancement ambitieux prend place à une époque d’attaques sans précédent contre les conditions de vie, les droits et les vies de millions de Grecs menés au désespoir par les politiques de l’élite dirigeante et de la Troïka (le FMI, l’UE et la BCE). Dans une société en proie aux flux et reflux, aux tournants rapides et aux changements dans la situation, la gauche est confrontée à des tâches et à des défis gigantesques.

    Les travailleurs et les jeunes discutent ouvertement de la mesure dans laquelle la gauche grecque est capable d’offrir des réponses adéquates à la crise. ”Initiative 1000” a été mise en place pour intervenir dans ce débat, non pas comme "un parti de plus" essayant juste de recruter des membres et en concurrence avec le reste de la gauche (SYRIZA, KKE, ANTARSYA, etc.) et fragmentant encore plus la gauche; cette initiative appelle à la coopération sur base d’un programme qui fournisse une voie de sortie à la crise catastrophique, un programme basé sur la nécessité de défendre les intérêts de la classe ouvrière et des opprimés.

    Initiative 1000 – Les points fondamentaux

    Comme le stipule la déclaration de l’Initiative 1000, les points fondamentaux de l’accord sont résumés ainsi:

    Tous les signataires :

    • Pensent que toute solution à l’implosion sociale et économique qui prend place en Grèce en cette période ne peut être trouvée que sur base d’une rupture avec le système capitaliste actuel.
    • Une telle solution ne peut être trouvée que sur base d’un front unique des forces de gauche et sur base d’un programme qui appelle à la fin de cette crise qui engloutit les masses travailleuses ainsi qu’au renversement du régime capitaliste actuel.
    • La crise est à l’échelle mondiale et elle frappe toute l’Europe. Nous luttons pour un changement révolutionnaire en Grèce qui puisse être le déclencheur de processus similaires dans le monde entier. Ainsi, nous nous battons pour la coordination la plus large possible et pour une lutte commune des mouvements de masse qui se développent mondialement.
    • Nous soutenons la coopération la plus forte possible et l’unité dans l’action de toute la gauche grecque, sur base d’un tel programme politique radical, mais également la lutte quotidienne pour la survie de la population et sommes pour l’organisation d’actions de solidarité avec ceux qui sont le plus durement touchés par la crise.
    • Nous soutenons la perspective d’un gouvernement de gauche (dans la conjoncture actuelle, cela est identifiée généralement avec Syriza), tout en sachant que ce développement ne serait pas "le bout du chemin", mais le commencement de luttes de masse.
    • La gauche doit rechercher la coopération la plus large possible de ses forces dans la lutte contre les Memoranda, la Troïka et la classe dirigeante grecque, en commençant par la revendication de "Pas de sacrifices pour l’Euro!"
    • Nous appelons toutes les forces et tous les militants (dont les sans-parti) de gauche en accord avec les idées présentées par l’Initiative – indépendamment d’à quel parti (ou tendance politiques) ils appartiennent – à soutenir et à étendre la campagne pour les buts et les tâches mentionnés ci-dessus.

    Unité

    Une caractéristique centrale d”’Initiative 1000” est qu’elle vise à l’unité, en transcendant le "Mur de Chine" diviseur existant entre les différents partis politiques historiquement devenu, en particulier en Grèce, un obstacle presque insurmontable à la communication effective des différentes forces de la gauche.

    Cette Initiative a été lancée par:

    • Aristeri Paremvasi, ARAN (une tendance de ARAN – Renouveau de la Gauche et ANTARSYA, l’Alliance Anti-capitaliste)
    • Kommunistiki Ananeosi (Refondation Communiste – une des organisations constituantes d’ANTARSYA)
    • Paremvasi (Une nouvelle organisation de gauche mise en place par ceux qui ont été exclus de KOE, une organisation maoïste qui milite dans Syriza, au début de l’année 2012, et qui participe à MAA, formation créée par l’ex-dirigeant de Syriza, Alekos Alavanos)
    • Xekinima (section du CIO en Grèce)

    Peu après son initiation, un grand nombre "d’indépendants" (c’est-à-dire de gens qui ne sont membres d’aucun parti de gauche) ont exprimé leur soutien à l’Initiative et ont signé sa déclaration.

    L’accord d’un si grand nombre de camarades de parcours politiques à gauche différents sur base d’une telle structure commune (que ce soit politiquement et tactiquement) est sans précédent!

    Il existe certainement des difficultés, ainsi que des doutes sur ses perspectives d’avenir. Mais la question dominante pour tous ceux impliqués dans l’Initiative 1000 est la compréhension commune des tâches historiques auxquelles est confrontée la gauche grecque.

    Le programme

    Voici ci-dessous certains des points-clé du programme politique pour lesquels lutte Initiative 1000 (extraits du texte fondateur de l’Initiative):

    • Non-reconnaissance de la dette et cessation de paiement immédiate.
    • Abolition de tous les Memoranda et de toutes les mesures d’austérité appliquées.
    • Abrogation de tous les contrats de prêts et des accords néo-coloniaux.
    • Nationalisation du système bancaire.
    • Allègement de la dette drastique pour tous les foyers de la classe ouvrière, les petits patrons, les agriculteurs aux exploitations de petite et moyenne taille et pour tous ceux qui ont été touchés par la crise.
    • Taxation élevée du capital, fin du secret bancaire pour les gros dépositaires et réduction massive des dépenses d’armement.
    • Nationalisation de tous les secteurs stratégiques de l’économie et des entreprises stratégiques.
    • Démocratie réelle, avec l’institutionnalisation du contrôle et du management sociaux par les travailleurs, dans tous les secteurs de l’activité économique.
    • La création, sur les bases mentionnées ci-dessus, d’un plan progressif de reconstruction de l’économie au bénéfice et dans l’intérêt de la classe ouvrière et du peuple.

    C’est seulement à l’aide d’un tel programme que la société grecque peut éviter le désastre social et économique dans lequel nous sommes entraînés par la classe dirigeante grecque, l’Union Européenne et le FMI. Ce n’est que de cette façon que les salaires des travailleurs, les retraites, les acquis sociaux (comme la santé et l’éducation) et les relations de travail et les droits démocratiques essentiels peuvent être sauvés.

    Initiative 1000 et le reste de la gauche

    Le programme politique avancé et défendu par l’Initiative 1000 et cité plus haut la distingue des politiques exprimées par la majorité à la direction de Syriza.

    L’Initiative se distingue du sectarisme et de l’isolationnisme du KKE (le Parti Communiste Grec) et d’Antarsya (l’Alliance Anti-Capitaliste) en mettant en avant la nécessité de la coopération dans la gauche et d’un ”Front Unique”.

    L’Initiative 1000 ne met pas en avant son programme en concurrence avec les forces de gauche existantes, en essayant de recruter des membres des partis existants, mais essaie d’intervenir et d’influences les débats politiques qui prennent déjà place dans les rangs de la gauche.

    Elle veut aider et unir ses forces avec les individus et les courants d’idées, dans les partis et formations de gauche actuelles, qui luttent pour des idées similaires à celles de l’Initiative.

    L’Initiative 1000 a déjà gagné beaucoup de partisans mais aussi un certain nombre ”d’ennemis”. Les idées de l’Initiative sont déjà attaquées à l’intérieur de Syriza, d’Antarsya (où il y a déjà eu des menaces d’expulsions émises afin d’effrayer d’éventuel signataires de la Déclaration de l’Initiative) et ailleurs.

    Nous demandons à tous ces camarades qui ont attaqué l’Initiative d’essayer de rester ouvert d’esprit et de permettre l’expression libre et l’échange d’idées parmi les membres du parti afin qu’ils puissent se faire leur propre idée sur ces questions.

    Ils devraient avoir confiance en la capacité des membres de base et des cadres des organisations et des partis de gauche. Ils devraient aussi montrer de la confiance envers la capacité des travailleurs ordinaires de juger de ce qui est bien ou pas, en particulier parce que les ”gens ordinaires” sont ceux pour qui la gauche est sensée se battre.

    La gauche doit avoir confiance dans les instincts de classe des opprimés. Leur droit à décider de ce qu’ils pensent est le cours normal des choses. Ce devrait être une valeur fondamentale de la gauche. Sans cela, la gauche a perdu la guerre avant même d’entamer la première bataille. De ce point de vue, Initiative 1000 devrait être bien accueillie par toutes les forces de la gauche.

    Besoin de coordination et d’action

    L’Initiative 1000 ne cherche pas à se limiter aux idées et aux débats. Les discussions à travers les blogs, les sites internet et les autres médias sociaux sont nécessaires et importantes mais ont aussi de sérieuses limites : elles n’incluent pas largement les opprimés et sont limitées aux cadres et aux dirigeants de gauche qui ont la capacité, le temps, etc., d’y participer.

    L’Initiative 1000 a besoin du sang frais des mouvements réels. C’est pourquoi il est important d’avoir fixé l’objectif de construire des comités locaux de groupes de sympathisants ou de partisans de l’Initiative 1000 et de prendre des initiatives audacieuses que ce soit à un niveau local, dans les lieux de travail ou dans le parti de gauche auquel on appartient.

    Xekinima (section du CIO en Grèce) participe activement à cette initiative précisément parce que nous pensons que seule une politique de gauche est apte à fournir une sortie de crise ainsi qu’à défier le pouvoir du capital (national et multinational) sur base de la reconstruction socialiste de l’économie et d’une société socialiste.

    La crise économique actuelle est une crise internationale qui a commencé aux USA, en 2007, et n’est pas près de se terminer. Le capitalisme implosant mène maintenant des sociétés entières à la barbarie, y compris des sociétés qui pensaient appartenir au ”monde développé”. La perspective socialiste est la seule solution pratique et réaliste à la crise pour la société grecque, pour l’Europe du Sud, l’Europe elle-même et le monde entier.

    Toutes les composantes de la gauche en accord avec ces vues doivent se rassembler, communiquer et coordonner leurs activités, au-delà des divisions d’organisations et de partis. C’est le seul moyen pour que le mouvement des travailleurs et des opprimés affronte l’avenir avec optimisme, confiant de ses capacités à remporter les batailles à venir.

    Les membres de Xekinima ont déjà signé la Déclaration de l’Initiative 1000 et nous discutons de la meilleure voie pour continuer, toucher une audience plus large, etc. Nous demandons à tous nos amis et lecteurs à faire de même.

  • [INTERVIEW] Grèce : Un tremblement de terre politique fait s'effondrer le soutien aux partis pro-austérité

    La gauche a face à elle de grandes opportunités

    Lors des dernières élections grecques, deux tiers des électeurs ont voté contre les partis favorables à la politique d’austérité. Un grand transfert de voix s’est opéré vers la gauche. Le texte ci-dessous reprend une interview réalisée de notre camarade Andros Payiatsos (de la section grecque du CIO ”Xekinima”).

    Par Niall Mulholland

    Que représentent le résultat de ces élections ?

    Les élections parlementaires grecques ont constitué un véritable tremblement de terre politique, une répudiation totale des partis pro-austérité et de la ‘Troïka’ (Fonds Monétaire International, Union Européenne et Banque Centrale Européenne). Ce résultat arrive après des années de mesures d’austérité qui ont entraîné une chute drastique des conditions de vie de la population. A titre d’exemple, 51% de la jeunesse est actuellement sans emploi et la pauvreté atteint une échelle de masse.

    Les partis de la coalition gouvernementale sortante ont subi une diminution massive de leur soutien. Le parti conservateur traditionnel, la Nouvelle Démocratie, est passé de 33% en 2009 à 18,85% (c’est-à-dire 108 parlementaires, en comptant également les 50 sièges de bonus reçus automatiquement par le premier parti selon la loi électorale grecque). Le Pasok, la parti social-démocrate traditionnel, s’est écrasé et est passé de 43,9 % aux dernières élections à 13.18% (41 sièges). Au cours de ces trois dernières décennies, le vote combiné des deux partis “dirigeants” a toujours été compris entre 75% et 85% des suffrages totaux. Le Laos, le petit parti d’extrême-droite qui a rejoint la Nouvelle Démocratie et le Pasok dans la coalition gouvernementale d’austérité de ces derniers mois a quant à lui perdu tous ses députés.

    Les plus grands gains électoraux concernent Syriza (une coalition de la gauche radicale), qui est passé de 4,6% à 16,78% (52 sièges). Le Parti Communiste (le KKE) a obtenu 8,48% (26 députés). La Gauche Démocratique, qui est une scission de droite de Syriza datant de 2010 (mais qui est également opposée aux mesures d’austérité) a reçu 6,1% des voix. Ce déplacement de suffrages vers la gauche illustre le potentiel réellement gigantesque pour une alternative socialiste conséquente face à la crise capitaliste et aux mesures d’austérité.

    Cependant, le parti néofasciste Aube Dorée a obtenu 6,97% en instrumentalisant l’atmosphère anti-austérité. Il s’agit d’un avertissement sérieux pour l’entièreté du mouvement ouvrier. Pour la première fois, ce parti d’extrême-droite entre au Parlement avec pas moins de 21 sièges. Les Grecs Indépendants, une récente scission de droite nationaliste issue de la Nouvelle Démocratie, est également entrée au parlement avec 10,6% (33 sièges).

    Ces élections révèlent une polarisation croissante sur base d’une ligne de fracture gauche-droite. Mais de nombreux travailleurs et jeunes n’ont vu aucune alternative viable dans ce scrutin et ont tout simplement refusé de voter pour un parti. L’abstention a atteint des sommets plus élevés que prévus et a atteint le record de 35%, tandis que les votes blancs et invalides ont atteint les 2,4%.

    Pourquoi Syriza a-t-il obtenu autant de suffrages?

    Syriza a reçu du soutien au cours de ces deux dernières semaines de campagne électorale, principalement en appelant à la constitution d’un ‘gouvernement de gauche’ contre le ‘memorandum’ de la troïka.

    Les partisans de la section grecque du CIO, Xekinima, ont été les pionniers d’un appel à la gauche pour la création d’un ‘front unique’ durant tous ces derniers mois. A la différence des dirigeants de Syriza, Xekinima n’a pas appelé à la ‘renégociation’ des mesures d’austérité, mais pour l’arrivée d’un gouvernement de gauche basé sur un programme qui défend les travailleurs et leurs familles. Cela inclut de renoncer à rembourser la dette, de stopper toutes les attaques antisociales, de nationaliser les principales banques et entreprises sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs, et de lutter pour une Europe socialiste, à l’opposé de cette Union Européenne des patrons, et donc, au final, de rompre avec les diktats de la Troïka et avec le capitalisme en général.

    Les autres principales forces de gauche en Grèce, le Parti Communiste (KKE) et Antarsya (Coopération de gauche anticapitaliste) ont toutes les deux adopté une attitude sectaire et ont rejeté les proposition d’unité de gauche de Syriza. Mais si la gauche avait constitué un bloc électoral, elle aurait très probablement été en mesure de former un gouvernement aujourd’hui ! Avec des millions de travailleurs appelant de leurs vœux l’arrivée d’un gouvernement de gauche opposé aux mesures d’austérité, le KKE et Antarsya ont payé le prix de leur approche sectaire dans les urnes. Leur soutien électoral est resté identique : le KKE a gagné 1% de plus (sous les 19.000 voix) pour atteindre les 8,48% (26 sièges) et Antarsya a fini sa campagne avec 1,19%, sans remporter un seul siège.

    Un nouveau gouvernement peut-il être formé?

    Selon la constitution grecque, la Nouvelle Democratie, en tant que plus grand parti au Parlement, a reçu trois jours pour tenter de constituer un nouveau gouvernement. Mais son dirigeant, Antonis Samaras, a annoncé le lundi, après quelques heures seulement, que son parti avait échoué dans sa tentative de créer un gouvernement de ”salut public”.

    Au vu du verdict anti-austerité des élections, aucun parti ne peut entrer en coalition pour le gouvernement sans au moins appeler à renégocier le ‘memorandum’ avec la Troïka.

    Cette dernière peut bien être préparée à renégocier certains aspects de la politique qu’elle a imposée, mais uniquement avec des concessions mineures. La Troïka n’acceptera pas de voir ses revendications centrales être lancées à la poubelle concernant le repayement de la dette colossale de la Grèce, ce qui ne pourrait se faire qu’au prix d’une plus grande attaque contre le bien-être, les emplois et les conditions de vie de la population. La question de la participation de la Grèce à l’Eurozone et même à l’Union Européenne elle-même serait plus que probablement rapidement mise à l’agenda.

    La politique grecque entre dans des eaux bien troubles. L’invitation à constituer un gouvernement est retombée sur les épaules de Syriza, le second parti du pays. En cas d’échec, l’initiative arrivera ensuite au Pasok, et ensuite, si un nouvel échec survient, au président grec, qui peut essayer de rassembler lui-même une coalition.

    Les forces combinées de Syriza et du KKE, même avec la Gauche Démocratique, ne sont pas suffisantes pour former une majorité gouvernementale. De toute façon, le KKE a refusé de rencontrer Syriza.

    Cette situation peut éventuellement conduire à de nouvelles élections. La classe dirigeante craint également cette éventualité, car Syriza peut devenir le plus grand parti du pays.

    Que doit maintenant faire la gauche?

    Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, a déclaré qu’il voulait constituer une “coalition de gauche” pour rejeter les mesures "barbares" associées à l’accord conclu avec l’UE et le FMI.

    Xekinima (la section du CIO en Grèce) soutien l’appel pour un gouvernement de gauche, mais cela doit alors être une coalition décidée à combattre toutes les mesures d’austérité et l’Europe des patrons, à rejeter le paiement de la dette, à mener une politique favorable aux travailleurs, à ne pas ‘renégocier’ pour des coupes budgétaires ‘plus généreuses’ qui signifierait la poursuite de la dégradation des conditions de vie de la population grecque. La direction de Syriza doit s’opposer à toute coopération avec les partis des patrons, ce qui ne pourrait entraîner que des conséquences désastreuses.

    L’opportunité est maintenant très grande pour Syriza de publiquement défendre un programme pour un gouvernement des travailleurs. Il est vrai que, selon l’arithmétique parlementaire, la gauche n’a pas suffisamment de sièges pour constituer un tel gouvernement. De plus, la direction du KKE a jusqu’à présent refusé de coopérer avec Syriza. Une grande pression doit venir des syndicalistes, des activistes des mouvements sociaux et de la base du KKE et de Syriza afin d’insister pour que les deux partis rejettent le sectarisme et toute politique basée sur une ‘renégociation’ de l’austérité. Les militants du mouvement ouvrier veulent une gauche unitaire véritable, préparée à former une nouveau gouvernement de gauche dans un futur proche.

    Un programme qui unirait Syriza et le KKE autour de l’opposition à toutes les mesures d’austérité et tous les diktats de l’UE, du refut du paiement de la dette et de la nationalisation de toutes les principales banques et entreprises sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs pour un changement socialiste de société gagnerait un soutien très large dans la classe ouvrière, parmi les jeunes et la classe moyenne ruinée. Cela inspirerait en outre une résurgence des actions de masse dans les lieux de travail et parmi les différentes communautés.

    Si tentative est faite de constituer une nouvelle coalition d’austérité, autour du Pasok et de la Nouvelle Démocratie, la gauche et le mouvement ouvrier auront besoin d’organiser une opposition massive, avec des grèves générales et des occupations d’entreprises afin de stopper de telles tentatives, pour lesquelles ils n’ont reçu aucun mandat.

    Les élections du week-end dernier ont rendu parfaitement clair qu’un gouvernement majoritaire de gauche est de l’ordre du possible. Si de nouvelles élections se tiennent en juin, les partis de gauche ont face à eu l’opportunité de remporter une majorité. Cela requiert toutefois de ces partis l’adoption de politiques socialistes. Cela signifie aussi un front unique conséquent de la gauche et du mouvement ouvrier contre la menace néofasciste et l’extrême-droite.

    Si la gauche ne parvient pas à offrir une réelle alternative socialiste, l’extrême-droite pourra partiellement remplir l’espace laissé vacant. La classe dirigeante essayera elle aussi de recourir à plus de mesures autoritaires contre la résistance du mouvement ouvrier afin d’imposer sa politique.

  • Grèce : La politique d’austérité sauvage est passée malgré le mouvement de masse

    Lâchant les gaz lacrymogènes et toutes sortes de menaces, le gouvernement Pasok (social-démocrate, parti-frère de notre PS) en Grèce a voté en faveur de nouvelles mesures d’austérité pendant une grève générale de protestation de 48 heures et durant l’action du mouvement des “Indignés”. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Athènes le 28 juin pendant les manifestations syndicales en direction de la place Syntagma (place de la Constitution), non loin des bâtiments du Parlement. Pendant la soirée, près de 50 000 personnes se sont rendues à un concert de “rébellion”. Mercredi 29 juin, des dizaines de milliers de gens ont convergé dans le centre d’Athènes pour y exprimer leur colère. Les confédérations syndicales avaient appelé à une grève de 48 heures. Le soutien était absolument massif. Les transports publics étaient à l’arrêt – sauf le métro, à qui on avait demandé d’amener les gens aux manifestations –, et la participation du secteur public était écrasante.

    Stephan Kimmerle, CIO, Athènes

    Toutefois, la réaction de la police était brutale. Leur objectif était clair – briser le mouvement. Même les médias capitalistes ont déploré la sauvagerie de l’État grec. Encore et encore, la place Syntagma et les rues avoisinantes ont été englouties dans un nuage de gaz lacrymos. Les “forces spéciales” de la police ont attaqué les manifestants, allant jusqu’à leur lancer des pierres. Le concert du soir du 28 juin a été enseveli sous un bombardement de grenades à gaz. Le 29 juin a commencé par l’attaque de la police sur les manifestants à coups de matraques et de gaz tandis que ceux-ci se rassemblaient en vue d’encercler le Parlement comme il avait été décidé.

    La police n’a cette fois pas attendu les provocations de la part de collègues en civil infiltrés ou d’anarchistes. Rien que le 29 juin, 2250 cartouches de gaz lacrymo ont été utilisées contre les manifestations. Et même le soir, tandis que les manifestants tentaient de se remettre des événements en s’asseyant aux terrasses du coin pour se manger un petit souvlaki (kebab grec), ils ont encore dû subir des raids de la “police delta” – escadron spécial de deux flics sur une moto, un qui conduit, l’autre qui donne des coups de matraque et qui balance des lacrymos.

    Mais cette tentative de “donner une bonne leçon” à la nouvelle couche de militants s’est retournée contre l’État. Encore et encore, les manifestants ont tenté de reprendre la place centrale d’Athènes. Une nouvelle couche de militants a développé une réelle détermination, et ceci sera important dans les luttes futures.

    Le mémorandum est passé

    L’objectif du mouvement des Indignés et des syndicats était clair : Non à un “second mémorandum”, c’est à dire à un nouvel énorme plan de coupes budgétaires brutales et d’autres attaques contre la classe ouvrière – un plan dicté par la “troïka” de l’UE, de la BCE et du FMI (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). C’était la nouvelle étape de la résistance. Les opposants ne voulaient pas que la majorité des dirigeants syndicaux (dont la plupart sont toujours liés au parti Pasok au pouvoir) se contente d’appeler à une autre petite grève générale d’une journée dans le seul but de laisser échapper la vapeur, puis de renvoyer tout le monde à la maison en espérant que ça leur ait suffi. Le mouvement des Indignés est donc parvenu à forcer une intensification des actions de résistance afin de tenter d’empêcher les plans des capitalistes européens et grecs et de leurs agents politiques.

    Toutefois, malgré les énormes protestations de rue au cours de la grève générale du 15 juin, qui a vu 250 000 personnes défiler dans les rues d’Athènes, de même que des manifestations partout dans le pays et le mouvement d’occupation des Indignés dans diverses villes majeures, auxquelles il faut ajouter la grève générale de 48 heures et la détermination de dizaines de milliers d’opposants face au gaz lacrymo et à la brutalité policière, le parti Pasok au pouvoir a utilisé sa majorité au Parlement pour voter en faveur du plan d’austérité drastique. 154 des 155 députés Pasok “socialistes” et un député du parti libéral Nouvelle Démocratie ont voté pour, donnant ainsi une majorité de 155 voix “pour” sur 300 députés. Le seul député Pasok qui a osé voté “contre” a été immédiatement exclu de son parti.

    La Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui est un des principaux journaux allemands, a cité dans son édition du 30 juin le ministre grec des Finances, M. Venizelos : « Nous faisons ce qui nous est ordonné et ce qu’on nous permet ». Un peu plus loin, ce journal rapportait aussi le fait qu’un député Pasok avait demandé à savoir à quoi sert son travail, si toutes les décisions sont de toutes manières prises par le FMI, l’UE et la BCE. Commentaire du journal : « En fait, à l’avenir, la Grèce ne sera plus qu’une démocratie limitée. La population grecque peut voter – mais cela ne changera en réalité pas grand’chose ».

    En suivant cette approche, le Parlement a également voté le 30 juin en faveur d’une législation permettant au gouvernement de mettre en pratique le programme de coupes. Cela inclut la création d’une agence de privatisation, dont l’objectif sera de privatiser les compagnies du public et de vendre les actifs détenus par l’État, pour un total de 50 milliards d’euro et ce, d’ici 2015. On a également voté de nouvelles hausses d’impôts, la destruction de 150 000 nouveaux postes dans le public, et une nouvelle coupe dans le budget de la sécurité sociale (qui n’était déjà pas grand chose au départ). Par conséquent, les nouveaux chômeurs grecs devront “vivre” avec un maximum de 450€ par mois (cela étant le plafond maximum d’allocation de chômage), alors que les prix à Athènes sont toujours bel et bien comparables à ceux de Londres. Et cette allocation ne sera versée que pour les premiers douze mois de chômage – après cela, il n’y aura plus aucune allocation sociale, et il faudra aux chômeurs et à de nombreuses autres personnes aller demander l’aumône à l’église, à moins d’avoir une famille et des amis capables de les soutenir.

    Avec les mesures d’austérité qui ont déjà été mises en vigueur jusqu’ici, les conditions de vie des travailleurs, des chômeurs et des pensionnés ont été gravement endommagées. Dans le secteur privé, les salaires ont été baissés de 10-20%.

    Les nouvelles mesures adoptées la semaine passée au Parlement grec préparent le terrain pour encore plus d’instabilité économique, sociale et politique.

    Les effets économiques de la crise et de la politique d’austérité sont dévastateurs. Loin d’initier la reprise tant promise, le chômage continue à augmenter (un nouveau pic est maintenant atteint avec 20% de chômage, dont 39% des moins de 25 ans). La “croissance” économique grecque est d’un misérable +0,2% – bien en-dessous de la moyenne de la zone euro. Les mesures drastiques mises en œuvre sapent en réalité toute possibilité de reprise et poussent la société de plus en plus près de l’effondrement.

    Pour reprendre les termes du magazine britannique The Economist (30/06/2011), ce programme « va très certainement condamner la Grèce à la récession, aux troubles et au final, à la faillite »

    Même les analystes capitalistes considèrent maintenant la stratégie de la troïka plus comme un “avertissement” aux autres pays de la zone euro qui ont des problèmes similaires, plutôt que comme une tentative de résoudre la crise grecque. Cela fournit également aux multinationales une bonne occasion de s’emparer des entreprises d’État grecques, comme la compagnie des télécoms OTE ou la compagnie électrique DEI, selon des termes plus qu’avantageux pour les “investisseurs” étrangers, à seulement 20-30% de la valeur d’avant-crise de leurs actions.

    Wolfgang Münchau dans le Financial Times (27/06/2011, avant le vote du Parlement) faisait ce commentaire : « La stratégie de l’UE réduit le choix des Grecs à ceci : la faillite le mois prochain, ou l’an prochain ».

    Ce délai d’un an semble bien optimiste, comme l’explique l’éditorialiste de The Economist (30 juin) : « Chaque trimestre, avant que les pays de la zone euro et le FMI ne donnent leur paquet d’aide suivant, ils doivent décider si oui ou non la Grèce est sur la bonne voie. Et chaque trimestre il sera de plus en plus clair que la réponse est : non ».

    Le non-paiement de la dette par la Grèce aurait des répercussions gigantesques, et remettrait en question l’ensemble du projet de l’euro et mènerait à de nouveaux revirements économiques et politiques spectaculaires. Mais le non-paiement, tout en offrant au capitalisme grec un certain espace pour pouvoir respirer, n’est pas une issue pour les travailleurs, pour les jeunes, les pauvres et les classes moyennes, à moins que cela ne soit lié à une rupture avec le capitalisme. De même, quitter l’euro tout en restant dans le cadre du capitalisme signifierait une chute du niveau de vie sur base de la dévaluation de l’extérieur plutôt que de l’intérieur.

    Un programme d’austérité forcé à coups de lacrymo

    Pour pouvoir mettre en œuvre les dernières mesures d’austérité, une pression énorme de la part de l’UE et des institutions capitalistes, ainsi qu’une vaste campagne de propagande médiatique ont été utilisées. Ollie Rehn, Commissaire européen pour l’Économie, a bien expliqué son point de vue : « La seule manière d’éviter la faillite immédiate consiste en l’acceptation par le Parlement du programme économique révisé ». Les politiciens des principales puissances européennes ont bien souligné le fait qu’il n’y a pas de “plan B” pour éviter la faillite dans les jours qui viennent. Le gouverneur de la Banque centrale grecque, M. Georgios Provopoulos, a lui aussi déclaré : « Refuser de voter en faveur de ce plan serait un crime de la part du Parlement », car cela signifierait que « Le pays serait en train de voter son suicide ».

    Le Vice-Premier Ministre grec Theodoros Pangalos, a dépeint ce tableau de cauchemar : « Retourner à la drachme signifierait que le lendemain, les banques seraient prises d’assaut par des hordes de gens terrifiés cherchant à reprendre leur argent ; l’armée se verrait obligée de les protéger avec des tanks, parce qu’il n’y aurait pas assez de policiers … Il y aurait des émeutes partout, les boutiques seraient vides, des gens se jetteraient par les fenêtres ».

    Ayant communiqué cet avertissement, le gouvernement Pangalos a donc organisé des émeutes de lui-même par en-haut, avec des ordres clairs demandant à la police de lancer une attaque chimique – les lacrymos – contre les manifestants dans la capitale grecque. Les actions de la police ont été si néfastes que le président de la fédération des pharmaciens d’Athènes – lui-même membre du parti libéral Nouvelle Démocratie – a jugé dangereux l’usage des gaz lacrymos, irresponsable et complètement hors de toute limite. Le syndicat des médecins a confirmé ceci en déclarant qu’une telle intensité dans l’utilisation de ces gaz va même à l’encontre de la Convention de Genève !

    Les attaques brutales perpétrées par la police ont été ordonnées afin d’accomplir les souhaits des grandes puissances capitalistes en Europe et ceux des hommes d’affaires grecs, qui veulent s’assurer que les sommes gigantesques en bons d’État et autres produits de spéculation troqués par les banques, les grosses boites et des pays comme la France, l’Allemagne, les USA, et d’autres, seront protégées ne serait-ce que pour la courte période à venir.

    État du mouvement de résistance

    Après l’échec des espoirs d’empêcher le vote du Parlement en faveur du mémorandum, 10 000 manifestants ont rempli la place Syntagma le soir du 30 juin, ce qui est jusqu’ici une des plus grandes assemblées. Ceci a en soi grandement redonné de la confiance aux participants. Le sentiment de solidarité mêlé aux rapports des batailles des deux derniers jours, tandis que des nuages de gaz flottaient toujours dans l’air, a grandement accru la détermination de nombreux participants.

    Toutefois, le mouvement des Indignés doit faire face à des difficultés et à un revers. Si nous ressassons le fil des événements des dernières semaines, il est clair que la grève générale du 15 juin était le pic mouvement, où toutes les questions cruciales se sont posées.

    Le gouvernement Pasok était comme suspendu. Le mouvement des Indignés et les actions de grève montraient leur force. Mais quelle était l’alternative aux plans du gouvernement ? Tout le monde voulait se débarrasser du gouvernement, et très peu de gens voulaient aussi un retour de Nouvelle Démocratie au pouvoir – mais quelle est l’alternative ? Tandis que la journée du 15 juin se terminait dans les émeutes et les nuages de gaz, forçant la masse des gens à quitter la place Syntagma (bien que des dizaines de milliers soient revenus quelques heures plus tard !), une autre question cruciale se posait : comment le mouvement de masse peut-il se développer de sorte à permettre à la classe ouvrière d’y participer ?

    Étant donné la tactique de frein employée par les dirigeants syndicaux, le rôle des partis de gauche de masse et la faiblesse du mouvement d’opposition de masse, aucune réponse n’a été donnée à ces questions. Un programme pour mettre fin à la dictature des marchés, de la troïka et du capitalisme grec était nécessaire, mais n’a pas été mis en avant par ces forces.

    Une stratégie d’intensification de la lutte après la grève générale de 48 heures était nécessaire afin de montrer la route à suivre, même au cas où le Pasok ferait quand même passer le mémorandum en faveur de la nouvelle politique d’austérité. Les idées et les tactiques sur la manière de construire un véritable mouvement de masse avec la participation active de la classe ouvrière sur les lieux de travail et avec une structuration des assemblées par l’élection de représentants à des organes de masse et par une démocratie complète – tous ces points urgents étaient absents.

    Pour cette raison, et aussi du fait du soutien sans faille à la grève de 48 heures, le taux de participation aux manifestations a été bien plus bas que celui de la semaine passée, au moment de la grève générale du 15 juin. L’humeur a changé au cours des deux semaines qui ont mené à la grève générale de deux jours. Les immenses frustration, amertume et colère quasi-universelles sont toujours bien présentes – contre la vente des services publics à des compagnies internationales et grecques, contre la hausse des taxes et les coupes salariales, et contre une autre chute catastrophique du niveau de vie. Toutefois, le sentiment de victoire qui avait suivi l’annonce de sa démission par Giorgios Papandreou (le Premier Ministre et dirigeant du parti Pasok) pendant la grève générale du 15 juin a été remplacé par une certaine déception lorsque Papandreou est revenu sur cette proposition. Le gouvernement Pasok a été réarrangé, certains ministres ont changé de place. La direction du Pasok tente de restabiliser ses députés, de les forcer à se regrouper afin d’éviter des élections anticipées et de pouvoir s’accrocher au pouvoir.

    Cela a suscité une remise en question dans l’esprit des gens, quant à la possibilité qu’ont le mouvement d’opposition, les assemblées de masse sur les places partout dans le pays, les grèves générales et les manifestations de masse de bloquer les attaques et de changer quoi que ce soit.

    Bien sûr, comme l’Histoire l’a démontré à maintes reprises, la résistance déterminée de la classe ouvrière et la lutte des masses pour leurs propres buts peut forcer les gouvernements et les capitalistes à faire toutes sortes de concessions, voire briser leur pouvoir. Cependant, des méthodes victorieuses doivent être redéveloppées et redécouvertes au cours des nouvelles batailles qui émergent de la crise capitaliste mondiale. Les marxistes peuvent jouer un rôle dans ce processus, et même aider à l’accélérer, afin d’assurer le fait que les leçons cruciales des luttes du passé soient toujours présentes pour la nouvelle génération de combattants de classe.

    Défendre les manifestations

    Un important enjeu auquel a été confronté le mouvement, a été l’utilisation inconsidérée de gaz lacrymos et autres armes chimiques par la police le 15 juin, et la certitude que cela se reproduirait. Cela a été confirmé par la détermination de la police à briser le mouvement et à empêcher les masses de rester sur la place.

    Cela a compliqué la mobilisation pour les manifestations pendant la grève générale de deux jours. Les masses avaient besoin d’une stratégie claire permettant de répondre aux émeutes et à la brutalité policière, de même que d’une alternative politique pour faire chuter le gouvernement, liée à la lutte contre le capitalisme. Au final, le mouvement n’est pas parvenu avant la grève générale de 48 heures à répondre à la question des provocateurs policiers et du petit nombre d’anarchistes qui continuaient à trouver des arguments en faveur de leurs émeutes.

    Après que les 250 000 manifestants du centre d’Athènes aient été expulsés de la place Syntagma le 15 juin par la police, seulement quelques dizaines de milliers ont réoccupé la place plus tard dans la journée. Il était évident que les émeutes avaient joué un rôle en faveur du gouvernement. Clairement, l’État a de bonnes raisons d’envoyer des flics en civil parmi les manifestants pour y démarrer des émeutes, et cela est largement compris en Grèce.

    Une majorité des participants aux assemblées qui ont suivi ont défendu le droit à l’auto-défense par les manifestants, mais ont insisté sur l’appel à des manifestations pacifiques, pour les rendre attractives et pour donner la possibilité à la masse des travailleurs de s’y rendre. Ce n’est que lors des plus petites assemblées sur la place Syntagma qu’une majorité s’est prononcée en faveur des émeutes – les assemblées plus larges ont rejeté cet argument.

    Cependant, toutes les propositions aux assemblées et aux syndicats en faveur de l’organisation d’un véritable service d’ordre pour défendre les manifestations contre la police et contre les provocateurs n’y ont dans la pratique pas trouvé de réponse. Au final, la décision des principales assemblées de la place Syntagma était assez floue pour la plupart des travailleurs et des jeunes.

    Le manque d’une alternative politique

    De nombreux travailleurs et jeunes ont ressenti de la sympathie envers le mouvement, mais ont également vu les risques que comporte la participation aux manifestations, face à une police déterminée et violente. Les travailleurs n’ont pas reçu un programme et des revendications de classe clairs qui puissent les amener à participer au mouvement de manière active. La tactique d’intimidation et le chantage du gouvernement Pasok, son affirmation que l’alternative à son programme serait les tanks dans les rues pour protéger les banques, l’arrêt immédiat des salaires et des allocations des travailleurs du public et des retraités, etc. semblent avoir partiellement fonctionné, parce qu’aucune force alternative de masse – ni les syndicats, ni les grands partis de gauche – n’a proposé la moindre alternative de classe viable.

    Les principaux dirigeants syndicaux sont membres du Pasok, et ce n’est que sur base de l’immense pression de la base qu’ils se sont sentis obligés d’appeler à une grève générale de 48 heures. GENOP, le syndicat des travailleurs de l’électricité de la compagnie DEI (qui appartient toujours jusqu’à présent à 51% à l’État) est parti en grève contre la privatisation. Toutefois, cette action était une grève “silencieuse”. Les grévistes n’ont pas été mobilisés par le syndicat pour participer aux mouvements et aux manifestations, et sont à la place restés chez eux. Leur dirigeants ont également annoncé à l’avance, avant la grève générale de 48 heures, que leur grève ne durerait que jusqu’au 30 juin. L’effet de ce genre de grève a par conséquent été extrêmement limité.

    Le KKE (Parti communiste grec) a décrété que le mouvement d’occupation est “petit-bourgeois” et ne met en avant “aucune proposition” – ni politiquement, ni en tant que stratégie sur la façon de mener la lutte. Il y a un élément de vérité dans cela, mais en l’absence d’une véritable alternative militante, le mouvement des Indignés a fourni un point de référence pour ceux qui voulaient riposter. Les dirigeants du KKE ont été incapables d’appeler au-delà de leurs propres sympathisants, et tout en parlant de manière abstraite de la fin du capitalisme, n’ont fait absolument aucune proposition sur la manière de développer la lutte, ont refusé d’appeler au renversement du gouvernement, et ont insisté sur le fait qu’un éventuel retrait de la zone euro serait “mauvais” pour la Grèce.

    Le dirigeant de Syriza, Tsipras, et sa plus grande composante, Synaspismos (“euro-communiste”), n’ont pas appelé au non-paiement de la dette souveraine due aux banquiers ni à la nationalisation des banques. Synaspismos a tenté de défendre l’institution européenne de manière abstraite, et a aussi défendu le fait qu’il faut selon lui rester dans la zone euro. Le parti reste cloitré dans une logique qui ne sort pas du cadre du capitalisme, un système qui impose la misère et le chômage à la population laborieuse grecque.

    Xekinima, la section grecque du CIO, n’a défendu ni le fait de rester membre de l’UE ou de la zone euro, qui représentent toutes deux l’Europe des patrons, ni le fait de retourner au drachme, l’ancienne monnaie grecque. Seule une lutte unie des travailleurs et des jeunes à travers toute l’Europe et dans le monde entier, contre la politique d’austérité et contre le capitalisme, et une lutte pour une Europe unifiée en tant que membre d’une confédération d’États socialistes, peut apporter une solution définitive à la crise. Cela verrait une véritable coopération internationale entre les travailleurs, sur base d’une économie démocratiquement planifiée.

    Si les travailleurs et la jeunesse grecs parviennent à mettre un terme aux mesure d’austérité draconiennens qui leur sont imposées par les capitalistes européens et grecs, cela pourrait mener à la tentative d’expulser la Grèce hors de la zone euro. Toutefois, cela ouvrirait la porte à une nouvelle étape de résistance de masse à l’échelle européenne afin de forcer les grandes puissances et les classes capitalistes à faire de nouvelles concessions et de remettre en question leur règne en général. Plutôt qu’une “solution nationale” avec le retour à la drachme – ce qui engendrerait une hausse subite des prix et de l’endettement des travailleurs, et des réductions de salaire dues à la dévaluation de la monnaie nationale – il nous faut une stratégie socialiste internationale. Et comme l’a montré la récente résistance de masse à l’échelle internationale – en Égypte, en Tunisie, en Espagne, au Portugal et en Grèce – le potentiel pour une riposte unie existe, tout comme la création instinctive de liens entre ces luttes.

    Les Indignés

    Le mouvement des Indignés a connu un développement rapide depuis l’occupation de la place Syntagma le 25 mai. Les résolutions adoptées par les assemblées ont souvent été contradictoires. Souvent, un pas en avant était suivi par un demi-pas en arrière le lendemain. Cependant, en général, ces résolutions ont reflété un développement de la compréhension des militants : nombre d’entre eux ont vu la nécessité de relier leur mouvement à celui des travailleurs et des grévistes, et cela a été de plus en plus mis en avant. Les revendications politiques se sont développées jusqu’au point où il est maintenant accepté non seulement le refus du paiement de la dette, mais aussi d’appeler à la nationalisation des banques. Des propositions pour aller plus loin, y compris la nationalisation des principales entreprises sous contrôle et gestion des travailleurs, ont été discutées.

    Les premières tentatives d’étendre les assemblées sur le plan local ont été couronnées de succès – organisées par des militants de gauche, des assemblées allant jusqu’à 200 personnes se sont rassemblées dans différents quartiers d’Athènes. Un appel à former des assemblées sur les lieux de travail a lui aussi été lancé, mais a rencontré des difficultés et n’a pas jusqu’ici reçu de véritable réponse, bien que le concept général ait été mis en avant.

    Une première tentative de former un comité de représentants des assemblées locales, des dirigeants syndicaux les plus combatifs représentant les travailleurs communaux, et de l’assemblée de la place Syntagma a échoué. Toutefois, cela a montré la direction à suivre pour aller de l’avant. Un tel comité aurait pu exercer une pression sur les principaux dirigeants syndicaux pour aller plus loin, et aurait pu les mettre en question quant à leur approche.

    En ce qui concerne d’autres enjeux, l’assemblée a été à chaque étape naïve et n’a jamais pris en compte le rapport de forces. Malgré ses annonces, l’assemblée n’a jamais été capable de mobiliser pour des grèves ou des occupations d’entreprise. Il aurait fallu une approche plus habile afin d’attirer les militants syndicaux combatifs et d’exercer une pression plus intense encore sur les appareils.

    À côté de ça, la plus grande faiblesse du mouvement des Enragés a été son incapacité à gérer les émeutes et l’approche soi-disant “apolitique” de certains opposants.

    Comme nous l’avons dit plus haut, une position claire d’auto-défense des manifestations contre la police et les agents provocateurs était nécessaire afin de permettre une participation plus large de nouvelles couches de travailleurs et de jeunes, et d’accroitre la force du mouvement de masse. Au cours des discussions des assemblées, la discussion sur la dynamique politique de centaines de milliers de participants au actions, par exemple, du 29 juin, a reçu très peu d’attention par rapport à l’espace qui a été donné à l’élaboration de plans pour bloquer telle ou telle route, dont aucun ne s’est de toute manière concrétisé faute de participants.

    Bien que les arguments “apolitiques” et l’opposition à “tous les partis” ont en partie perdu du terrain au cours des débats, cette attitude était toujours présente et a agi comme un obstacle par rapport aux besoins et aux développement du mouvement de masse.

    Des mesures telles que le refus de payer les dettes ou la nationalisation des banques, par exemple, sont dirigées contre les intérêts des capitalistes et sont politiques. La nécessité de formuler une alternative au chantage et à la tactique d’épouvantail du gouvernement Pasok et des médias capitalistes exige ne serait-ce que l’ébauche d’une perspective politique claire.

    Le sentiment “contre tous les partis” est compréhensible, étant donné le niveau de corruption, l’hypocrisie et la politique de tous les partis de l’establishment. Les grands partis de gauche ont eux aussi tout fait pour renforcer la méfiance dans les organisations de parti ou dans les “concepts politiques”.

    Toutefois, la revendication de rester “apolitique” a entravé le mouvement et sa progression – au moment où la situation était la plus urgente. La possibilité d’une chute du gouvernement a immédiatement soulevé la question d’une alternative, basée sur l’implication active des travailleurs via leurs assemblées, avec l’extension de ces organes sur le plan local et sur les lieux de travail, avec l’élection de délégués qui représentent l’ensemble du mouvement, à condition de rendre des comptes en permanence aux assemblées qui les ont élus, et être révocables à tout moment.

    L’argument du gouvernement Pasok comme quoi “il n’y a aucune alternative” a mis en évidence la nécessité d’un programme viable, qui place les immenses ressources de la société entre les mains des travailleurs, afin de développer un plan démocratique pour surmonter la crise économique.

    Le fait est qu’il n’y a réellement absolument aucune solution au problème de la Grèce, et à la crise mondiale du capitalisme. Les attaques internationales sur les travailleurs mettent exactement le doigt sur la nécessité d’une réponse de la part de la classe ouvrière, sur la nécessité d’une coopération internationale pour combattre le capitalisme.

    Ces développements mettent en relief la nécessité pour les Indignés et pour les militants syndicaux combatifs, dans les appareils comme sur les lieux de travail, de transformer leur mouvement en une nouvelle force de masse des travailleurs, qui offre une alternative. Ceci pourrait contribuer à éjecter les dirigeants syndicaux qui sont toujours liés au parti pourri qu’est le Pasok, et à revigorer le débat sur le programme et la stratégie à adopter pour mettre un terme à la misère capitaliste, une bonne fois pour toutes.

    Cependant, avec les assemblées, les contours d’un nouveau centre du mouvement a été vu, qui pourrait aider la lutte à franchir les barrières des structures syndicales conservatrices et bureaucratiques, et de la faillite des partis de gauche. Le mouvement et les assemblées ont été qualifiées de “petit-bourgeois” par certaines personnes à gauche – surtout par le KKE. Il est vrai que la classe ouvrière n’a pas encore imprimé sa marque de manière décisive sur l’orientation principale du mouvement d’opposition. Mais les assemblées sont bel et bien parvenues à défier les dirigeants syndicaux et à remettre en question leur monopole sur les décisions quant au cours que devrait suivre le mouvement ouvrier. Cette tendance pourrait s’avérer extrêmement puissante à l’avenir, si des assemblées de travailleurs de la base devaient se créer dans les usines et les bureaux, en organisant un débat franc et ouvert, en prenant des décisions collectives et en élisant des représentants pour faire appliquer les décisions des travailleurs et pour former la base d’une nouvelle démocratie ouvrière !

    Préparons-nous pour septembre !

    Puisque les méthodes traditionnelles de lutte de masse – via les syndicats et les partis de gauche de masse – sont soit semées d’embuches, soit pas viables du tout, les travailleurs, les jeunes et les chômeurs en Grèce ont été forcés d’inventer, encore et encore, de nouvelles manières d’exprimer leur colère et de chercher une manière de riposter. On a vu cela avec le mouvement du “non-paiement” des péages routiers, qui a duré les trois premiers mois de cette année. Les péages routiers ont été démantelés par des manifestants, et des campagnes de non-paiement ont été organisées dans les bus et dans les trains. Le développement des assemblées et du mouvement des Enragés a vu de nouvelles tentatives d’auto-organisation être mises à l’épreuve. Quelle nouvelle expression de la colère des travailleurs sera créée dans les mois qui viennent ?

    Pour Xekinima, la section grecque du CIO, il faut utiliser la détermination des militants qui refusent d’abandonner la lutte, pour discuter des leçons du mouvement et de la manière de le développer. Après la défaite qu’a été le vote du mémorandum au Parlement, nous allons sans doute assister à une pause dans le mouvement, jusqu’à la fin de la vague de chaleur estivale et des vacances en aout. Mais les membres de Xekinima sont convaincus du fait qu’il est nécessaire d’organiser cette pause de manière ordonnée, de discuter dans les assemblées de l’opportunité d’une éventuelle pause, de sorte à éviter une nouvelle vague de démoralisation qu’engendrerait un déclin désordonné du taux de participation. Pour Xekinima, cette période devrait être utilisée pour préparer de nouvelles assemblées des militants enragés dans les quartiers et sur les lieux de travail, pour prendre un nouveau départ sur base de plans concernant les prochaines étapes du mouvement de la base.

    Xekinima met en avant la revendication selon laquelle le mouvement des Indignés et d’opposition de masse à l’austérité devrait jeter les bases d’un nouveau mouvement ou formation politique, basé sur des revendications anticapitalistes radicales. Selon de récents sondages, seules 47% des masses grecques se disent prêtes à aller voter pour l’un ou l’autre des partis existants, de droite comme de gauche, ce qui illustre le potentiel pour une alternative socialiste déterminée.

    Ce n’est pas que le gouvernement Pasok qui a été pris de court par le mouvement de masse, mais les gouvernements de toute l’Europe. Le mouvement a inspiré les travailleurs et les jeunes à travers toute l’Europe, et dans le monde entier – de la même manière que la rébellion espagnole et la vague révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ont inspiré le mouvement grec. Si les Indignés parviennent à organiser une nouvelle série d’assemblées afin de débattre et de clarifier les idées, et à revenir dans les rues après l’été pour reprendre la lutte contre de nouvelles attaques et contre chacune des tentatives de mettre ce mémorandum en application, alors les possibilités sont là pour que ce mouvement de masse aille beaucoup plus loin.

  • [INTERVIEW] Grèce : Unifions les luttes et renversons le gouvernement

    Depuis le mercredi 25 mai, les places d’Athènes et d’autres villes grecques ont été occupées par des manifestants. Peu de temps après a été réalisée cette interview d’Andros Payiatsos (Xekinima, CIO – Grèce).

    Peux-tu décrire le mouvement de la jeunesse ?

    Cette vague d’occupations est très clairement une réponse aux développements en Espagne, qui étaient à leur tour influencés par les mouvements de masse en Tunisie et en Égypte. Ceci montre la force de l’internationalisme qui existe.

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    L’occupation est également une réponse aux conditions auxquelles est confrontée la jeunesse. Le chômage en Grèce a atteint des niveaux historiques. Selon la fédération syndicale grecque, ce chiffre s’élève en réalité à 22%. Le chômage des jeunes vaut environ le double de cela. Le salaire de base pour les jeunes travailleurs qui ont leur premier emploi est de 520€ net par mois, c’est un salaire de misère.

    Ce mouvement est un développement assez puissant mais il n’est toujours pas clair de savoir dans quelle direction il va évoluer. Sur la place Syntagma où il a commencé mercredi 25 mai, on estime qu’il y avait 50.000 personnes, y compris un certain nombre de gens qui ne sont pas restés tout le temps, puisque l’occupation a duré de 6 heures du soir à 2 heures du matin. Les travailleurs et leurs familles ne peuvent pas rester tout le temps. Il y a eu des manifestations massives dans environ quinze villes grecques, comme Thessalonique, Patras, Volos, etc.

    Ce n’est pas seulement la jeunesse qui participe. Il y a aussi des pensionnés et des travailleurs ; tous essaient d’apporter leur pierre. Il semble que la base a été jetée pour la prolongation des occupations dans les deux villes principales.

    Il y a de très grandes assemblées, auxquelles participent une grande quantité de gens, bien qu’elles durent jusqu’à cinq heures. Des comités sont en train d’être mis sur pied pour prendre en charge les aspects techniques – la nourriture, l’eau, les connections wi-fi, etc. Et les premières tentes ont été dressées sur la place.

    En Espagne, on constate une certaine antipathie envers les syndicats et les partis politiques. Cet élément est-il aussi présent parmi la jeunesse grecque ?

    Tout comme en Espagne, il y a un très fort manque de volonté d’impliquer les syndicats ou les partis politiques. Mais nous pensons que cela n’est que temporaire. Nous croyons que, une fois que tout ceci évolue en un véritable mouvement, la nécessité de lui donner une dimension de masse pour le rendre efficace sera évidente. Et alors, la jeunesse sera forcée de faire appel à la classe ouvrière et aux syndicats. Cet appel sera essentiellement dirigé envers la base syndicale, parce que tout le monde déteste les dirigeants syndicaux, et aussi envers la base des partis de gauche, à cause de l’hostilité à l’encontre des partis de gauche.

    Les membres de Xekinima participent aux comités de coordination de l’occupation dans les deux villes cruciales que sont Athènes et Thessalonique. Une des revendications centrales que nous mettons en avant, dans les assemblées tout comme dans le matériel que nous produisons et diffusons, est que nous voulons la participation des travailleurs ; nous voulons que tous les gens qui sont en grève terminent leur grève sur la place et y restent. Si les travailleurs de l’électricité partent en grève de 48 heures, par exemple, après leur manifestation, nous aimerions qu’ils viennent sur la place pour à la fois fournir et recevoir un soutien et la solidarité.

    Nous sommes certains qu’une telle tactique recevrait une large réponse et je suis également certain que la majorité dans les assemblées soutiendra cette idée et les reprendra à son tour.

    Les gens doivent être très fâchés du fait que le gouvernement grec soit en train de discuter de nouvelles coupes budgétaires et privatisations, non ?

    Oui. Le gouvernement grec est en ce moment en train de discuter d’un deuxième accord avec la “Troïka” du FMI, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne. Ceci signifie en fait qu’après un an de cette politique barbare qui détruit les vies de centaines de milliers de gens, si pas de millions d’entre eux, ils sont arrivés à la conclusion que cette politique ne marche pas.

    L’an dernier, il y a eu quatre vagues d’attaques. Le second accord signifie encore plus d’attaques. Les gens sont désespérés.

    La vitesse à laquelle se déroulent les événements en Grèce est époustouflante. Toutes sortes de mouvement sont apparus, mais à cause du fait qu’ils n’ont aucune direction capable de leur fournir un programme et une stratégie pour la lutte, ils ne se maintiennent pas.

    Et puis, il y a la réaction, sous la forme par exemple d’attaques fascistes comme on l’a vu il y a deux semaines. Ceci ne peut être compris que si l’on considère la société grecque comme une série de convulsions. Les gens sont extrêmement fâchés, mais en même temps extrêmement désespérés. Ils cherchent une issue.

    Quelle a été la réponse aux attaques fascistes ?

    Tout d’abord, je dois dire que ce qui s’est passé a été extrêmement choquant. Pendant près de quatre jours, des nazis – pas de simples populistes de droite – ont commencé à pourchasser tous les immigrés qu’ils voyaient dans les rues, à les frapper à coups de couteau et avec tout ce qui leur tombait sous la main. Ils sont entrés dans des boutiques tenues par des immigrés pour tout y démolir ; c’était un véritable pogrom. La police regardait sans rien faire. Tout Grec qui tentait de protester contre ce fait à la police était, dans les faits, livré aux fascistes pour se faire tabasser puis hospitaliser.

    Ça a vraiment choqué la gauche. Les partis de gauche de masse ont toujours sous-estimé le danger du fascisme. Xekinima a toujours mis en avant le fait que les conditions qui seront créées par la colère, le désespoir et la frustration peuvent mener à une hausse du racisem et du fascisme. Ce développement montre que c’est dès le début qu’il faut se battre contre les fascistes, lorsqu’ils ne sont encore que des petits groupes.

    Maintenant, le problème est qu’il n’y a encore eu aucune réponse sérieuse aux fascistes de la part des partis de gauche ou des syndicats. Malheureusement, malgré les propositions de Xekinima et cinq meetings bien remplis, les divers groupes de gauche refusent de se mettre d’accord sur une action unie. C’est ridicule, scandaleux même. Toutefois, la lutte contre les fascistes doit être menée.

    L’extrême-droite a tenté d’intervenir dans les occupations et de profiter de la confusion qui existe afin de promouvoir des slogans nationalistes. Mais elle a été victorieusement combattue et a dû battre en retraite. La jeunesse et les membres de Xekinima ont réagi et ont répondu aux arguments politiques des fascistes. Il semble qu’ils se soient éloigné de ce mouvement et se préparent maintenant à l’attaquer.

    Quelle issue propose Xekinima ?

    Il y a eu de nombreuses luttes importantes récemment. Les travailleurs des bus ont mené une action de grève pendant trois mois. Mais ils ont été vaincus, vendus par leur direction. Et puis, il y a eu la fantastique occupation de l’hôtel de ville d’Athènes par les intérimaires. Après quatre semaines, eux aussi ont été vendus. Tout ça ne fait qu’ajouter à la frustration.

    Nous avons vu le développement de mouvements, comme le non-payement des péages routiers, qui ont été caractéristiques des trois premiers mois de cette année. Mais ces mouvements aussi se sont éteints, parce qu’aucun des partis de gauche de masse ne leur a accordé le moindre effort.

    Et maintenant, nous avons ce mouvement d’occupation, qui est à nouveau un mouvement spontané de la base. Malheureusement, le KKE (le Parti communiste grec) s’y oppose. Synaspismos, l’autre principal parti de gauche, ne parvient pas à lui donner de direction.

    On a eu des grèves dans de nombreux différents secteurs. Et aussi neuf grèves générales jusqu’ici, la prochaine étant fixée pour le 21 juin. Il y a un mouvement de grève continu ; la jeunesse peut voir le pouvoir de la classe ouvrière.

    Mais en même temps, elle comprend que ce genre d’actions de grève n’est pas assez pour résoudre le problème. Il faut plus que ça. On appelle à une grève générale tous les deux ou trois mois. Mais ce qu’on demande aujourd’hui est une action de grève plus déterminée, qui puisse paralyser le gouvernement et essentiellement, comme nous le mettons en avant lors des assemblées d’occupation, faire tomber le gouvernement.

    Bien qu’il y ait beaucoup de confusion, les gens comprennent que le pays est dirigé par ce que tout le monde en Grèce appelle aujourd’hui “une bande de voleurs et de menteurs”. Le slogan “Dégagez” est partout. Huit personnes sur dix dans la rue sont d’accord avec ça.

    Mais il n’y a pas la même compréhension quant au fait que pour faire chuter un gouvernement, il faut une lutte organisée. Alors, avec Xekinima, nous expliquons que la politique de ce gouvernement, qui représente les multinationales et les banques, détruit tout – absolument tout, sans exagération. Nous disons que si nous voulons la fin de cette politique, nous devons renverser ce gouvernement.

    Un mouvement spontané tel que l’occupation des places n’est pas assez. Il faut l’organiser, le lier à la classe ouvrière ; il faut le lier aux grèves. Il faut le lier à la revendication de renverser le gouvernement et de s’opposer à tout gouvernement composé de Démocratie nouvelle, le parti capitaliste traditionnel. Et bien sûr, en même temps, nous soulevons aussi le reste de nos revendications politiques, y compris le refus de payer la dette et la nationalisation des banques, liées à l’argument selon lequel la seule issue pour les travailleurs et la jeunesse grecs est de rompre avec le capitalisme.

    Auparavant, nous avons appelé les partis de gauche à collaborer pour faire chuter le gouvernement. C’était lorsque les résultats combinés de la gauche étaient de 25-30% dans les sondages, et lorsque l’idée d’une prise du pouvoir par la gauche pouvait être perçue comme réaliste. Mais à présent, ce n’est pas seulement la jeunesse, mais aussi une grande partie de la classe ouvrière qui est très mécontente de la gauche.

    Dans de récents sondages, 45% des gens ont déclaré qu’ils ne voteraient pas lors des prochaines élections. Dans toute l’histoire de la Grèce, on n’a jamais entendu ça. Le taux d’abstention est normalement de 20-25%.

    Mais lorsque les gens demandent qui va remplacer le Pasok si on le fait dégager, nous répondons que nous autres, les jeunes, les travailleurs, les militants, peuvent remplacer les dirigeants actuels. Sur base de ce mouvement, sur base des comités de représentation de ce mouvement, également soutenus par de grosses sections de la base de la gauche (et même une partie de la direction), nous pouvons fournir la base et les structures pour un nouveau pouvoir qui pourra représenter les masses ouvrières et remplacer le Parlement des “voleurs”. Cette revendication est fort appréciée.


    Cette interview a été réalisée vendredi 27 mai, deux jours après que l’occupation ait démarré. Dimanche 29 mai, une des plus grandes mobilisations de masse qu’on ait jamais vu a eu lieu sur la place Syntagma. Il y avait en permanence entre 50 et 70 000 personnes présentes, mais le nombre total de gens qui ont visité la place est estimé par Xekinima à environ 200 000 !

    L’assemblée générale du vendredi 27 mai, qui était la troisième dans une série d’assemblées quotidiennes, à voté à la quasi unanimité de se lier aux vagues de grèves en développement et d’inviter tous les travailleurs en grève à venir sur la place, de prolonger l’occupation jusqu’à la chute du présent gouvernement, et de refuser de reconnaitre la dette souveraine comme étant la dette du peuple.

  • 10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Relations mondiales : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’

    Rapport de la discussion sur les relations mondiales au 10ème Congrès mondal du CIO

    Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) a commencé la semaine dernière en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela. Malheureusement, les délégués de Bolivie et du Pakistan n’ont pas pu venir, à cause du refus de leur visa.

    Sarah Sachs-Eldridge, délégation du Socialist Party (CIO – Angleterre et pays de Galles)

    Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.

    Les principales discussions lors du Congrès ont porté sur les relations mondiales, sur l’économie mondiale, sur l’Europe, l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique, et sur la construction du CIO.

    Le CIO est une organisation internationale socialiste et démocratique. Au cours du Congrès, les documents et les résolutions ont été discutés, amendés, puis soumis au vote. Un nouveau Comité Exécutif International a également été élu.

    Nous publierons les versions finales des principaux textes du Congrès. Notre site international (www.socialistworld.net) a déjà publié le projet initial de document de Congrès concernant les relations mondiales. Une version mise à jour de ce document sera publiée par la suite, avec les documents concernant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, la Russie et l’Europe de l’Est, de même qu’un document sur la situation en Afrique.

    Ci-dessous, nous publions un rapport de la première discussion du Congrès, celle sur les relations mondiales, rédigé par Sarah Sachs-Eldridge, de la délégation d’Angleterre et Pays de Galles (Socialist Party). D’autres rapports des principales discussions qui ont eu lieu tout au long du 10e Congrès suivront au cours des prochains jours.


    Des millions de personnes ont participé aux manifestations et aux grèves en France. Il y a eu des grèves générales en Grèce, au Portugal – la plus grande depuis la révolution de 1974 -, en Espagne et en Inde où une grève générale a impliqué 100 millions de travailleurs. Un immense mouvement partiellement victorieux s’est développé en Afrique du Sud et de nombreuses autres expressions de colère ont éclaté face à la crise la plus dévastatrice depuis les années ’30.

    Dans son introduction à la discussion, Peter Taaffe du Secrétariat international (SI) du CIO a cité William Butler Yeats, un célèbre poète nationaliste irlandais, qui avait dit : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’ à propos des évènements d’Irlande. Pour décrire les événements de ces derniers mois, cette phrase reste d’actualité. Les contributions au débat portant sur les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Europe de l’Est ont bien démontré que pas un pays au monde n’a été épargné par la crise économique mondiale.

    Une crise prolongée

    Les gouvernements de plusieurs pays et régions peuvent bien clamer haut et fort que leurs économies sont à l’abri de tout danger et sur la voie de la reprise, il existe un potentiel pour une nouvelle chute de l’économie mondiale, ou en tous cas pour une stagnation prolongée avec une croissance faible. En fait, il n’y a aucun “remède” clair à appliquer pour la bourgeoisie, et des divisions existent entre et à l’intérieur des différentes classes dirigeantes quant à savoir quelles mesures devraient être prises.

    En cette époque de changements rapides, les gouvernements peuvent être enclins à des revirements soudains. La situation est lourde de troubles sociaux et politiques d’une ampleur tragique.

    Les relations mondiales sont dans un état d’instabilité croissante. Nous ne vivons plus dans un monde “unipolaire” où le pouvoir ultime des États-Unis, en tant que plus grande économie au monde, est accepté. Ceci peut mener à une hausse des frictions et des conflits.

    L’impression prédominante est que nous sommes dans une période de flux. Des luttes de la classe ouvrière ont lieu ou sont à l’ordre du jour dans chaque région du monde. Les socialistes doivent être prêts à ajuster leur tactique et leurs méthodes organisationnelles au fur et à mesure que la lutte de classe se développe et que les conditions objectives changent. De nouveaux mots d’ordre et revendications seront lancés lorsque cela sera requis.

    Des changements soudains

    Dans son introduction, Peter Taaffe a décrit comment, au cours d’un intervalle relativement court, l’économie irlandaise a été noyée, passant d’une des économies les plus prospères au monde à, non pas la récession, mais la dépression. Dans un sondage effectué il y a six ans auprès de 100 pays, on avait révélé que le peuple irlandais était le plus heureux au monde, sur base de la hausse des salaires et d’une phase de croissance apparemment sans fin. Mais ce 27 novembre, 100.000 manifestants sont descendus à Dublin malgré le froid polaire pour y exprimer leur rage, leur dégout et leur amertume face à la situation complètement différente, dans laquelle la majorité de la population est maintenant confrontée à des coupes sévères dans leur niveau de vie.

    La classe ouvrière irlandaise a montré qu’elle était capable de trouver par elle-même le chemin de la lutte, même lorsque les dirigeants syndicaux ont abandonné de la manière la plus poltronne qu’il soit leur responsabilité qui était de mener celle-ci. La survie du gouvernement, élu il y a moins de deux ans, ne tient plus qu’à un fil.

    La présence en Irlande du CIO et de Joe Higgins, l’eurodéputé socialiste de Dublin, signifie qu’il existe une voix qui est présente afin d’articuler l’opposition à la politique pro-marché, et qu’il existe le potentiel pour défier cette politique lors des élections générales de 2011, autour de l’Alliance de la Gauche Unie (United Left Alliance) récemment établie.

    L’ampleur de la crise économique mondiale, qui a commencé avec la crise des subprimes aux États-Unis en 2007, s’est largement fait ressentie lors de la crise bancaire de 2008. Le CIO a averti du fait que les patrons, dont la rapacité et le système du “tout pour le profit” sont responsables de la crise, ne seraient pas capables de trouver une issue facile pour sortir de cette crise, et qu’ils chercheraient à en faire payer le cout par les travailleurs.

    Cette crise a été si grave que, au départ, il n’était pas évident de voir comment une dépression de l’ampleur de celle des années ′30 pouvait être évitée. Toutefois, de nombreux gouvernements, après avoir jeté un œil par-dessus le gouffre et ayant aperçu le danger de la répétition d’une dépression qui durerait une décennie entière, ont pris peur et ont mis en place de grands plans d’urgence de relance de l’économie afin d’amortir les pires effets de la crise.

    Les travailleurs payent la facture

    De nombreuses contributions ont illustré à quel point les dirigeants ne sont pas parvenus à protéger les travailleurs et les pauvres. Par exemple, depuis le début de la crise, les plans de relance aux États-Unis ont empêché un million de pertes d’emplois, mais huit millions d’autres emplois ont été perdus depuis 2007. Dans les pays de l’OCDE, c’est 17 millions de travailleurs qui ont été virés des usines. On ne tient pas compte ici des travailleurs qui subissent le travail temporaire et/ou précaire, ce qu’on a commencé à appeler aux États-Unis des “jobs de survie”.

    À la grand’ messe du G20 à Toronto, il y a eu un accord général pour cesser l’intervention politique et financière et les plans de relance, et pour passer à des plans d’austérité, destinés à satisfaire les marchés. Il n’y a pas une confiance totale dans cette politique, qui a eu pour conséquence des coupes énormes dans de nombreux pays, suscitant déjà la colère et l’action de la classe ouvrière.

    Mais la colère, la frustration et l’opposition n’ont pas encore trouvé une expression dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière. Ce facteur représente un grand obstacle dans la lutte. Comme le document sur les relations mondiales l’a fait remarquer : ‘‘S’il existait des partis de masse de la classe ouvrière – même à l’image des partis ouvrier-bourgeois du passé – alors, en toute probabilité, les idées réformistes de gauche, centristes et révolutionnaires seraient en ce moment en train d’être largement discutées dans la société, et en particulier dans les rangs du mouvement ouvrier organisé.’’

    La Chine

    Un aspect important de la discussion a été le rôle de l’énorme plan de relance en Chine. Celui-ci a été combiné à une expansion massive du crédit, principalement de la part des banques d’État. L’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’autres projets d’infrastructure a été une tentative de focaliser les mesures d’incitation sur la hausse de la demande intérieure.

    Un impact très important de ce plan a été de donner aux travailleurs la confiance de lutter. L’année 2010 a vu une nouvelle vague de grèves balayer la Chine, d’une nature en grande partie offensive, dans le but d’obtenir de meilleurs salaires. Les travailleurs ont vu l’économie s’accroitre, et en ont réclamé leur part. La croissance de ce mouvement et son développement va être crucial dans le développement de la lutte des travailleurs partout dans le monde.

    Dans sa réponse lors de la discussion, Robert, du Secrétariat International du CIO, a souligné les questions importantes qui sont posées : quel est l’attitude de ces travailleurs par rapport à la lutte pour les droits démocratiques, et syndicaux, par rapport aux syndicats officiels, à l’État et au gouvernement ?

    Toutefois, la discussion a bien clarifié le fait que les conséquences du plan de relance en Chine se sont fait ressentir dans de nombreux domaines. La croissance économique dans toute une série de pays, tel qu’en Allemagne, est liée au plan de relance chinois.

    Anthony, d’Australie, a expliqué le fait qu’une des raisons pour lesquelles l’économie australienne est jusqu’à présent parvenue à éviter les pires effets de la crise qui a touché les autres pays est la force du secteur minier et l’exportation massive de matières premières vers la Chine. Tout ralentissement de la croissance de l’économie chinoise aurait des répercussions désastreuses.

    Après être sortis de 30 ans de guerre civile, la classe ouvrière et les pauvres du Sri Lanka sont confrontés aux conditions les plus difficiles. Siritunga, du Sri Lanka, qui a passé la moitié de sa vie dans cette guerre, a décrit comment les “retombées de la paix” tant promises ne se sont absolument pas concrétisées. Au lieu de cela, le budget de 2010 a vu une hausse des dépenses militaires, qui constituent maintenant près du quart des dépenses de l’État, ce qui illustre la montée de la répression employée par le régime Rajapakse.

    Les puissances régionales, telles que l’Inde et la Chine qui ont soutenu l’effort de guerre, continuent à intervenir au Sri Lanka dans leur propres intérêts économiques et stratégiques, sans que cela ne profite le moins du monde aux populations laborieuses de la région.

    Toute une série de personnes ont pris la parole au sujet de la lutte d’influence entre les États-Unis et la Chine, en particulier dans certaines régions comme l’Asie-Pacifique.

    Derrière les statistiques qui montrent une croissance économique, la Chine est en train d’exporter son modèle de production basé sur la surexploitation de la main d’œuvre, avec des bas salaires et sans aucun droit syndical ou autre pour le personnel.

    André du Brésil et Patricio du Chili ont tous les deux expliqué comment l’exportation de matières premières vers la Chine a eu un effet d’amortir la crise économique mondiale dans toute une série de pays d’Amérique latine. Au Brésil, un processus de “reprimairisation” de l’économie est en cours (un développement du rôle de la place de l’extraction de matières premières), avec une désindustrialisation de plus en plus grande. Si cette tendance venait à se confirmer, elle sera accompagnée d’attaques sur les droits des travailleurs, d’une dégradation de l’environnement, et de traitements horribles pour les peuples indigènes.

    Des mouvements de masse

    Lors des précédents Congrès du CIO, au début des années ′2000, c’était le processus révolutionnaire en cours en Amérique latine qui se trouvait à l’avant-plan de la lutte. Tandis que ce processus s’est pour le moment temporairement ralenti, c’est la classe ouvrière européenne qui est aujourd’hui entrée en action.

    Là, même en l’absence de leurs propres partis de masse ou même semi-de masse, les travailleurs ont entrepris une action extrêmement audacieuse, et développent d’instinct leurs propres revendications. Andros de Grèce a expliqué comment l’expérience du mouvement de masse en Grèce a mené à ce qu’aujourd’hui, un Grec sur deux est en faveur de la nationalisation des banques, et un sur trois est pour le non-payement de la dette de l’État, pour laquelle on demande à la classe ouvrière de payer la facture. De telles idées ont été capables de se développer même sans que la plupart des partis d’une certaine taille ne les aient mises en avant, à l’exception de la section grecque du CIO, Xekinima.

    Rob de Russie a décrit le massacre affligeant des services publics, des salaires et des pensions qui s’est produit à travers toute l’Europe de l’Est. Dans toute une série de pays, les mouvements de protestation ont été énormes, avec par exemple le mouvement de masse dans les rues de la Lettonie qui a fait tomber le gouvernement. Mais en l’absence de tout parti ouvrier capable de prendre le pouvoir, c’est tout simplement une autre version de l’ancien gouvernement qui a été mise en place.

    La présence du CIO au Kazakhstan signifie qu’il existe le potentiel pour construire un nouveau parti des travailleurs de masse. La campagne ‘Kazakhstan 2012’, dans laquelle sont actifs les membres du CIO, a lancé plusieurs campagnes visant à défendre la population contre les expulsions de domicile, et à construire des syndicats indépendants. Elle se déclare en faveur de la ‘‘renationalisation de tout ce qui a été privatisé, sous le contrôle des travailleurs.’’ 2012 sera la date des prochaines élections présidentielles, où l’on espère que le régime répressif au pouvoir en ce moment sera remplacé. Un nouveau centre syndical y a aussi été récemment fondé.

    Le Moyen-Orient

    Les dernières fuites organisées par Wikileaks ont brutalement mis au grand jour les frictions qui existent entre les différents régimes du Moyen-Orient, comme le CIO l’avait fait remarquer auparavant.

    Yasha d’Israël a expliqué que les derniers documents suggèrent le fait que le régime israélien est sérieusement en train de se préparer à une attaque contre l’Iran, même si ce scénario est improbable. Robert a décrit comment l’intervention américaine en Irak a mené au renforcement du rôle régional de l’Iran. Mais le régime iranien n’est pas stable, comme l’a bien montré le mouvement de 2009.

    La classe ouvrière égyptienne a trouvé sa force dans le nombre de luttes qui se sont déroulées au cours des dernières années. Le taux de participation de 15% à peine lors des dernières élections montre à quel point aucun des partis politiques ne parvient à susciter le moindre enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Mais comme l’a fait remarquer Igor de Russie, une fois qu’un mouvement va commencer à se développer contre le régime détesté de Moubarak, la classe ouvrière pourrait jouer un rôle très important.

    Avec la “contagion” de la crise économique qui s’étend à partir de la Grèce jusqu’en Irlande, et maintenant potentiellement à l’Espagne, au Portugal, à la Belgique et au Royaume-Uni, c’est la question de la survie même de l’euro qui est posée.

    Illustrant les tours de passe-passe financiers qui ont conduit à la crise économique, Robin d’Angleterre a décrit comment la valeur notionnelle de tous les “dérivatifs” est équivalente à onze fois la valeur de production annuelle mondiale ! Il a expliqué que la crise économique mondiale en cours en ce moment n’est pas juste une crise cyclique faisant partie du cycle normal de croissance et décroissance du système capitaliste, mais que c’est une crise basée sur l’absence de demande. Les plans d’austérité massifs ont réduit le pouvoir d’achat des travailleurs.

    Aron d’Allemagne a fait une contribution au sujet de la tendance vers des mesures protectionnistes, dans la lutte pour une plus grande part du marché mondial. C’est là la trame de fond derrière la “guerre des devises” qui se déroule en ce moment. Les États-Unis ont lancé un autre tour massif de “facilitation quantitative” (c’est à dire, la création d’argent à partir de rien) et tentent d’inonder le monde de dollars afin d’améliorer leurs opportunités d’exportation. Paraphrasant un politicien américain, Aron a résumé ainsi l’attitude de l’administration américaine : ‘‘C’est notre monnaie, mais c’est votre problème’’.

    Cependant, les États-Unis ne peuvent pas simplement claquer des doigts et s’attendre à ce que le reste du monde accoure se mettre en rang. Peter a expliqué que l’État chinois est loin de se porter volontaire pour prendre les coups, et a exprimé la menace comme quoi si la Chine devait réévaluer sa monnaie, le monde assisterait à la fermeture de 40 millions d’usines chinoises, ce qui pourrait entrainer un mouvement de masse de la classe ouvrière chinoise, une perspective qui suscite des sueurs froides chez les gouvernements de tous les pays.

    Les conflits

    Mais la guerre des monnaies n’est pas le seul conflit qui menace le monde. La friction entre les Corées du Nord et du Sud pourrait se développer. L’Irak est une plaie béante et Judy d’Angleterre a montré que la guerre d’Afghanistan, qui est maintenant perçu comme la guerre d’Obama, est impossible à remporter pour l’impérialisme.

    Ceci sape le soutien en faveur d’Obama mais, comme Philip des États-Unis l’a dit, ce n’est pas le seul facteur de mécontentement : il y a aussi la colère croissante de la classe ouvrière et de la classe moyenne face au chômage, aux expulsions de domicile, et à d’autres effets de la crise sur leur vie de tous les jours.

    Sur base de cette expérience, c’est un sentiment anti-establishment qui a dominé les élections de novembre aux États-Unis. Le Tea Party, qui cherche à se faire passer comme l’alternative au statut quo tout en étant en réalité lié à des personnes telles que les dirigeants de la chaine Fox News, chaine droitière et pro-capitaliste, pourrait bien tirer profit de ce sentiment et de l’absence d’une alternative ouvrière de gauche. Toutefois, un sondage a révélé la nécessité urgente et le potentiel pour un tel parti, puisque plus de la moitié des personnes qui y ont répondu déclaraient avoir une mauvaise image du Parti démocrate tout comme du Parti républicain. En fait, le Tea Party a lui-même provoqué deux contre-manifestations à Washington.

    La riposte de la jeunesse

    Ty, des États-Unis, a décrit les batailles héroïques qui se sont déroulées dans le secteur de l’éducation. Des étudiants, des enseignants et des parents se sont organisés contre les coupes budgétaires et contre les attaques brutales contenues dans le programme scolaire Charter.

    Même alors qu’ils sont en train de mettre en place des plans de relance pour les grandes boites, les gouvernements vont tenter de forcer leur agenda néolibéral qui consiste à reprendre l’ensemble des précédents acquis de la classe ouvrière, tels que l’éducation, la santé et les pensions.

    Mais l’action estudiantine aux États-Unis n’est qu’un exemple parmi une nouvelle vague de mouvements de la jeunesse qui est en train de se développer. Vincent de Hong Kong a raconté comment 2.000 étudiants chinois ont démoli la cafétéria privatisée de leur campus lors d’une bataille autour de l’augmentation du prix des bouteilles d’eau. Au Royaume-Uni, les étudiants et les lycéens sont en marche en ce moment-même. En Grèce, en Malaisie, en Italie et en Irlande, les étudiants se battent pour leur avenir.

    Au Nigéria, où l’âge moyen est de 19 ans, la lutte pour l’avenir fait partie de la vie de tous les jours. Segun du Nigéria a dépeint l’horreur de la vie des travailleurs sous le capitalisme dans le monde néocolonial. Toutes les promesses rompues en terme de route, d’écoles, etc. a mené certains vieux travailleurs à commencer à penser que la vie était peut-être meilleure du temps de la colonie. Il a décrit à quel point la privatisation et la soif de profit peuvent devenir extrêmes, avec l’exemple d’une route privatisée de 6 km mais qui compte trois péages !

    Cependant, la classe ouvrière a montré sa force potentielle dans les huit fantastiques grèves générales de la dernière décennie. Le défi est maintenant de mobiliser ce potentiel dans une lutte pour changer la société.

    La crise environnementale

    La crise du changement climatique et la destruction de l’environnement ne sont qu’une des nombreuses preuves qui toutes démontrent à quel point l’idée du capitalisme en tant que système progressiste a été discréditée. Bart de Belgique a proposé des mots d’ordre qui puissent trancher à travers le scepticisme qui peut se développer face à des mesures soi-disant “vertes” telles que les taxes environnementales. Les socialistes doivent lier ce problème à celui de la crise générale, en remettant en question le droit à la propriété privée de la recherche scientifique, et avec des revendications telles que des emplois écologiques et la reconversion des usines.

    La discussion a bien confirmé que le sentiment et la compréhension de la classe ouvrière, de la jeunesse et de certaines couches de la classe moyenne est en train de changer et d’évoluer à travers l’expérience de la crise économique, politique et sociale, et surtout l’expérience des luttes émergentes.

    Le sentiment parmi les travailleurs et la jeunesse

    Les sentiments anti-banquiers, anti-establishment et anti-politiciens sont très vivaces. Sascha d’Allemagne a expliqué qu’il y a un potentiel pour un développement très rapide de ce sentiment, et que parmi certaines couches, il a acquis un caractère anticapitaliste plus prononcé. Au fur et à mesure que s’accentue l’expérience de la pire crise depuis les années ′30 et que pleuvent les coupes budgétaires qui s’abattent sur la classe ouvrière, il va y avoir une mise en question de plus en plus grande de la manière dont ces coupes peuvent être combattues et de quelle est l’alternative.

    Mais cela ne veut pas dire que les attaques violentes sur le niveau de vie vont automatiquement conduire à une plus grande volonté de se battre et une plus grande ouverture aux idées socialistes. Il peut y avoir un effet d’hébétement sous le choc de la crise, comme on l’a vu en Grèce au début de la crise. La question de la direction de la classe ouvrière va également jouer un rôle dans l’évolution d’une conscience combative et socialiste.

    Ce qui est propre à cette situation, c’est le potentiel qu’a la classe ouvrière d’infliger des défaites aux gouvernements, divisés et hésitants. Des revirements soudains de tactique de la part de la bourgeoisie peuvent se produire. Tout en essayant de forcer la mise en œuvre de leur agenda néolibéral, ils peuvent passer en un tour de main de la hache de l’austérité à la planche à billets virtuelle afin de se lancer dans de nouveaux plans de relance. Lynn a souligné le fait que toute une série d’économistes qui naguère prêchaient le monétarisme sont maintenant en train d’appeler à de nouvelles mesures de relance.

    Kevin d’Irlande a décrit la situation du sud de l’Irlande comme étant “en gestation d’une révolte”, et la discussion a amené à la conclusion que, en ce qui concerne l’Irlande comme en ce qui concerne les relations mondiales, nous sommes véritablement entrés dans une période différente.

  • Grèce : Evaluation des récentes élections.

    Lors du premier semestre de cette année, la Grèce a connu pas moins de 6 journées de grève générale. Aux dernières élections, le gouvernement du PASOK a subi une importante perte de soutien, mais malgré l’énorme colère de la classe ouvrière face aux coupes budgétaire, les partis de gauche ne sont pas parvenus à obtenir de réels gains. Quelle analyse tirer ?

    Entretien avec Andreas Payiatsos, membre de Xekinima (CIO-Grèce)

    Papandreou, le premier ministre grec, affirme que les résultats des élections régionales illustrent que le peuple grec soutient sa politique. Quelle est ta réponse par rapport à cela ?

    Il faudra se souvenir de M. Papandreou comme étant le plus grand menteur jamais élu au poste de premier ministre en Grèce ! Lors de ces élections, son parti, le PASOK, a perdu 1.1 million de voix, en comparaison des 3 millions de voix que le PASOK a reçu il y a à peine 12 mois, lors des élections nationales (en passant de 3 012 000 voix à 1 950 000). Si ça c’est une “victoire”, je me demande à quoi ressemblerait une défaite !

    Il faut aussi se souvenir que ce résultat est la conséquence du chantage honteux exercé par ce même premier ministre. Tout au long de la campagne électorale, il a sans arrêt averti que si les résultats des élections régionales ne donnaient pas des résultats satisfaisants pour le gouvernement, alors il appellerait à des élections nationales anticipées avant la fin de cette année. C’était là l’expression de l’inquiétude, si pas de la panique, du parti dirigeant face à la possibilité d’une réelle catastrophe – c’était une tentative de récupérer à nouveau les voix de ceux qui avaient voté PASOK aux élections de l’an dernier.

    Les partis d’opposition ont-ils profité de la perte de soutien du PASOK ?

    Nouvelle Démocratie (ND), qui est le principal parti bourgeois d’opposition, a aussi perdu énormément de voix. Il est passé de 2 095 000 voix à 1 750 000 – donc il a perdu 550 000 voix. Le plus comique est que ce parti, tout comme le PASOK, considère avoir obtenu une victoire !

    En termes absolus, les deux partis de la classe dirigeante, PASOK et ND, ont ensemble obtenus 3 700 000 voix, pour un total de 9 750 000 électeurs, c.à.d 37,9%. C’est là le plus bas pourcentage obtenu par ces deux partis depuis qu’ils ont été constitués en tant que partis de masse à la fin des années ‘70.

    L’effondrement du soutien pour ces partis est un phénomène extrêmement positif. Tout le problème est dès lors le fait que les partis de gauche n’ont pas grandi et n’ont pas été à même de fournir une alternative pour les masses grecques, en colère et désespérées. Les forces de la gauche sont demeurées fondamentalement stagnantes.

    Cela inclut-il l’ensemble des partis de gauche ?

    La gauche, en général, est touchée par ce phénomène, mais de manières différentes.

    Par exemple, Syriza (la coalition de la gauche radicale) a reçu 4,5% des voix, à peu près la même chose que lors des élections nationales d’octobre de l’an passé, mais a en réalité connu une perte dans le nombre absolu de voix – de 73 000 voix au total. La crise au sein de Syriza est profonde et va se poursuivre.

    Le parti communiste (KKE) a gagné 75 000 voix de plus, mais cela ne représente qu’une très faible hausse de son soutien : moins d’1% de l’électorat en plus, et une hausse d’environ 13% par rapport à ce qu’il avait obtenu l’an dernier. Si on était dans un autre contexte, on pourrait éventuellement appeler ceci un progrès. Mais au vu de l’ampleur de la crise qui est aujourd’hui en train d’ébranler l’ensemble de la société grecque, jusqu’à ses fondements, au vu des attaques massives contre les conditions de vie et les droits des travailleurs grecs, cette hausse ne signifie rien.

    La seule force de gauche qui ait grandi est l’Alliance anticapitaliste. Celle-ci a attiré la plus grosse part des votes de protestation qui restaient, en particulier provenant d’électeurs Syriza désabusés. Elle est ainsi passée de 25 000 voix en 2009 à 95 000 aujourd’hui – soit une hausse de 400%.

    Ce pourcentage, qui tourne autour de 2% de l’électorat au niveau national, pourrait en théorie être utilisé pour amener des transformations majeures dans la gauche et dans le mouvement ouvrier en Grèce, mais la condition pour cela est que les groupes qui composent l’Alliance anticapitaliste (environ une dizaine, pour la plupart d’orientation maoïste, de même que les sections du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale et de l’International Socialist Tendency (IST) en Grèce) adoptent une attitude sérieuse par rapport aux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière et évitent le sectarisme et l’arrogance politique qui les caractérisent en général. Nous ne pouvons pas être très optimistes par rapport à cette perspective.

    L’abstention n’est-elle pas le réel vainqueur de ces élections ?

    En fait si. L’abstention a atteint un niveau hallucinant, surtout dans les grands centres-villes. Le taux d’abstention général a été de 40% mais à Athènes, par exemple, il a atteint 57%, et 55% au Pirée ! On est devant un phénomène “inouï” – non seulement parce que la population grecque est très politisée, mais aussi parce que le vote en Grèce est obligatoire !

    On a aussi vu des records de votes “blancs” ou “nuls” – dans la région d’Athènes, qui inclut Athènes et le Pirée, ces votes ont atteint 9% !

    Si on prend cela en considération, alors le candidat commun de Nouvelle Démocratie et de la LAOS (Laïkós Orthódoxos Synagermós, Alerte populaire orthodoxe, parti populiste d’extrême-droite) à Athènes n’a en fait reçu que 13,8% des voix sur le total des gens qui auraient pu aller voter, et le candidat du PASOK n’en a reçu que 11,2% ! Au Pirée, le PASOK est arrivé premier avec 12,4% du total des électeurs potentiels, et ND deuxième avec 9,7% de ces voix.

    SYRIZA est en crise – comment cela s’est-il manifesté lors de ces élections ?

    Tout d’abord, il y a eu une véritable chute du nombre absolu de voix, en plein milieu de la crise la plus catastrophique qu’ait jamais connue la classe ouvrière grecque – et alors que la gauche devrait offrir une issue et voir ses forces croître rapidement. Deuxièmement, Syriza s’est présentée divisée dans toute une série de villes et de régions. Par exemple, en Attique, il y avait deux candidats – l’un, Mitropoulos, membre du PASOK mais soutenu par Synaspismos (qui est le plus grand parti dans Syriza) tout seul, et l’autre, Alavanos, l’ancien président de Synaspismos et soutenu par les maoïstes du KOE et par le DEA (un groupe “trotskyste”, scission de la section grecque de l’IST). La majorité des membres du secrétariat central de Syriza, au nombre de 10, y compris deux parlementaires Syriza, se sont distanciés de ces deux factions en lutte, en tentant de développer un “troisième pôle” à l’intérieur de Syriza, basé sur une approche principielle et non sur des ambitions sectaires, et sur un programme à la gauche du programme Syriza officiel. La section grecque du CIO, Xekinima, a joué un rôle énergique dans cet effort.

    Alavanos comme Mitropoulos ont tous les deux obtenus un score extrêmement mauvais lors de ces élections. Le premier a reçu 2,2% des voix, le second 6,2%. C’est une défaite pour tous les deux, bien qu’évidemment les mauvais résultats pour Syriza représentent un recul et ont en général des effets négatifs sur le développement du mouvement.

    Quelles sont les perspectives pour le mouvement ouvrier ?

    Avant que nous ne parlions de ceci, il importe de mentionner le fait que le plus important résultat de ces élections a été la montée du parti néofasciste Chrysi Avgi (Aube dorée). Il a reçu environ 10 000 voix et plus de 5% à Athènes, et dans certains quartiers entre 15 et 20%. Il ne s’est pas présenté sur le plan national, mais dans les régions où il s’est présenté il a obtenu un très gros score. Une partie de ces votes sont évidemment des votes de protestation, mais la situation est dangereuse. Ce groupe n’est pas une organisation populiste, mais un parti ouvertement néonazi, qui utilise des couteaux et des barres de fer lors de leurs activités et campagnes “politiques” au jour le jour. Il est grand temps que les partis de masse de la gauche se réveillent et réalisent le danger que représente le néofascisme, surtout dans ces conditions de grave crise économique et sociale.

    En ce qui concerne le mouvement ouvrier, comme nous l’avons mentionné dans des articles parus plus tôt sur les sites du Comité pour une Internationale Ouvrière, la direction du mouvement syndical en Grèce a décidé de remballer le mouvement contre les coupes budgétaires profondes du gouvernement PASOK. Dans ces conditions, ceci revient à une trahison ouverte – par conséquent le président de la fédération syndicale grecque, la Confédération générale des syndicats (GSEE) est en train de devenir une des personnes les plus détestées dans le mouvement. Toutefois, même lui a été forcé, sous pression de la base, d’appeler à une nouvelle grève générale pour le 15 décembre. Bien entendu, cela n’est que dans le but de laisser échapper la pression, et la direction va dans les faits saboter la grève générale. Elle ne veut pas que cette grève soit un succès, dans le but de pouvoir dire après que les travailleurs ne veulent pas se battre.

    En attendant, la lutte continue. Il y a sans arrêt de nombreuses luttes par des travailleurs de différentes entreprises qui licencient ou qui ferment. Avec Xekinima, la section grecque du CIO, nous sommes impliqués dans toute une série de ces luttes, telle que la lutte contre les licenciements de masse chez Aldi, la chaine de supermarchés internationale basée en Allemagne.

    Le secteur public continue à être troublé, tandis que le gouvernement semble encouragé à massacrer l’emploi par les bouchers du gouvernement Con-Dem britannique. En ce moment, les plus importants processus en cours sont centrés autour des universités, où il y a beaucoup de développements fiévreux, pas seulement parmi les étudiants, mais aussi du côté des enseignants universitaires. Xekinima a produit des milliers de tracts pour une campagne massive dans les universités, appelant à des grèves et à des occupations, pour la création d’un front de tout le secteur de l’enseignement et pour que des liens soient créés entre le mouvement de la jeunesse et le mouvement ouvrier en général, afin de nous débarrasser de ce gouvernement et de sa politique.

  • Grèce : Entretien avec Andreas Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Des millions de travailleurs ont bloqué la Grèce ce 29 juin, alors que le Parlement discutait des réformes concernant les retraites et la législation sociale. Il est question de diminutions des retraites, de recul de l’âge d’accès à la retraite et les patrons pourront licencier plus facilement. Ces mesures d’austérité suivent des diminutions salariales importantes pour les fonctionnaires, une augmentation des impôts et une augmentation de la TVA de 19 jusqu’à 23%. Le gouvernement du PASOK (équivalent grec du PS) veut aussi privatiser les services publics.

    Les travailleurs Grecques ripostent avec six grèves générales en quelques mois.

    Andreas affirmait ‘La grève générale était solide. Toutes les confédérations syndicales du secteur privé et du public ont appelé à la grève, ainsi que la confédération des petites entreprises (qui a même mené campagne et produit des affiches). L’ensemble du pays était paralysé pendant cette sixième grève générale contre les plans d’austérité du gouvernement.

    Environ 20.000 personnes ont participé à la plus grande manifestation, à Athènes, et encore 10.000 à celle organisée par les syndicats liés au Parti Communiste (qui manifeste toujours séparément du reste des travailleurs). C’était une illustration importante de la colère des travailleurs, mais la manifestation était plus petite que celle de mai où plus de 200.000 manifestants avaient occupé les rues d’Athènes.

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    Les camarades de Xekinima (CIO-Grèce) avaient leur propre contingent dans la manifestation, ont vendu leur journal et ont distribué des milliers de tracts qui résumaient la phase actuelle de la résistance. Comme propositions : arrêt du paiement des dettes, opposition aux diktats du FMI, de la Banque Centrale Européenne et du gouvernement du PASOK, la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’industrie sous contrôle et gestion des travailleurs ainsi qu’un appel aux travailleurs de se joindre à la lutte pour une société socialiste.

    Partout en Grèce, des grèves importantes touchent plusieurs secteurs de façon permanente. Presque chaque jour, des grèves et des manifestations se déroulent à Athènes et dans d’autres villes. Les travailleurs des hôpitaux, les enseignants, les journalistes, les dockers, les conducteurs de bus, de tram, de métro et de train, les électriciens, les postiers, les employés des municipalités, les épiciers, les retraités et même des sections de l’armée se sont mobilisés ces dernières semaines.

    Les travailleurs sont en colère contre les attaques du gouvernement du PASOK. Ils pensent qu’il est nécessaire de faire grève maintenant, même s’il n’y a aucune perspective immédiate que les attaques peuvent être stoppées. Beaucoup de travailleurs disent ‘on sera de retour en septembre!’ indiquant ainsi qu’ils ne peuvent pas gagner cette manche de la lutte, mais qu’ils considèrent l’automne comme le début d’une nouvelle phase de résistance contre les plans d’austérité.

    Les jeunes n’ont pas encore rejoint le mouvement, partiellement à cause d’une certaine désillusion après les luttes des jeunes et des étudiants menées ces dernières années, qui n’ont pas été couronnées de victoire. Actuellement, beaucoup d’étudiants sont en examen. Le secteur de l’éducation, très volatile mais possédant des traditions de lutte militantes, pourrait se mobiliser à l’automne.

    Colère contre les privatisations

    Les dirigeants syndicaux utilisent une phraséologie militante pour attaquer le gouvernement, le FMI et la Banque Centrale Européenne, mais ils ne font rien de plus. Dans certains cas, les dirigeants agissent pour éviter que des modes d’action plus radicaux se répandent. Ainsi, il y a eu un ‘sit-in’ des travailleurs des hôpitaux, qui s’est vite répandu d’un hôpital à l’autre, touchant environ 30 d’entre eux. Les membres de Xekinima ont joué un rôle d’initiateur dans cette action, mais elle a été sabotée par des dirigeants syndicaux proches du PASOK.

    La colère parmi les travailleurs contre les privatisations est énorme. Les électriciens ont récemment occupé les bureaux de leurs patrons pour 48 heures et 3.000 d’entre eux ont marché vers le Parlement pour protester contre la privatisation du secteur. Le président du syndicat des électriciens a publiquement affirmé que si le gouvernement voulait faire passer la privatisation, il allait devoir arrêter et emprisonner chaque membre de la direction de ce syndicat pourtant proche du PASOK. Même s’il y a toujours une différence entre les paroles et les actes, c’est une illustration d’un état d’esprit généralisé.

    La gauche a face à elle une opportunité d’agrandir son influence pendant ces mois de mouvement de masse. Mais Syriza, l’alliance dans laquelle Xekinima est impliquée, ne met pas en avant un programme clairement socialiste, même après la démission des dirigeants de droite de Synaspismos, le plus grand parti de l’alliance. Les militants de Xekinima luttent pour un programme plus concret pour cette coalition, incluant la revendication de l’annulation de la dette.

    La gauche – Syriza, le Parti Communiste grec (KKE) et d’autres forces de la gauche radicale – ont une influence importante en Grèce. Ils ont la possibilité de construire un front unitaire contre le sectarisme et le séparatisme traditionnel de la gauche en Grèce, tout en développant un programme socialiste en tant qu’alternative aux attaques drastiques du gouvernement. Ils ont le devoir d’agir maintenant, pendants ces mois d’été de canicule, et de préparer un automne qui, en termes de classe, sera encore plus chaud.

  • Occupation massive des unifs en Grèce

    Depuis le 8 mai, les universités grecques sont occupées par les étudiants. Par ce biais, ils expriment leur opposition aux nouvelles réformes du gouvernement néolibéral de la Nouvelle-Démocratie.

    Emiel Nachtegael

    Tous se rendent fort bien compte que le gouvernement veut imposer des coupes d’austérité dans l’enseignement supérieur. Le gouvernement veut en finir avec les tarifs des repas modestes et les syllabus gratuits. Les étudiants qui ne terminent pas les études dans le cycle de 6 ou 7 ans, ne pourront plus s’inscrire. Les réformes touchent surtout les étudiants salariés des familles plus défavorisées qui doivent souvent avoir un emploi à temps plein pour payer leurs études.

    Le mouvement étudiant en Grèce est un des plus importants de l’histoire du pays. Le 9 juin, 350 facultés étaient occupées et 100.000 étudiants ont participé aux assemblées générales. Le 8 juin, 20.000 étudiants ont défilé à Athènes.

    Le mouvement en Grèce est en phase avec la lutte des jeunes partout dans le monde. Beaucoup de slogans des manifestations font référence à la France où le mouvement des jeunes et des syndicats français contre le CPE a mis le gouvernement à genoux.

    Ce mouvement avait commencé avec l’occupation de la Sorbonne pour ensuite s’étendre avec des actions de grève d’autres étudiants, des lycéens et enfin de la classe ouvrière française entière. Si le CPE était en vigueur aujourd’hui, il aurait ouvert les portes aux contrats ultraprécaires pour tous les salariés, les jeunes comme les plus âgés.

    Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce, mobilise au sein de comités étudiants élus pour l’extension de la lutte à toute la population laborieuse, avec une grève générale par exemple. En Grèce comme en France, le ‘Niet’ des syndicats des salariés sera une condition pour une lutte étudiante victorieuse.

    La victoire en France montre la voie, aussi pour le mouvement dans l’enseignement supérieur en Belgique. Les réformes ici, comme en Grèce, ne signifient rien d’autre que la privatisation de l’enseignement supérieur auquel seule une élite pourra encore accéder.

    Pour plus d’infos mises à jour visitez le site de notre internationale : www.socialistworld.net

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